Cours - Espaces Préhilbertiens Réels

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S PÉCIALES PSI – LYCÉE BUFFON

C OURS A LGÈBRE 4 – E SPACES PRÉHILBERTIENS RÉELS


Dans tout ce chapitre, E est un espace vectoriel réel qui sera, sauf précision, de dimension
quelconque.

I- P RODUIT SCALAIRE SUR UN R- EV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 I- P RODUIT SCALAIRE SUR UN R- EV


1. F ORMES BILINÉAIRES SYMÉTRIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2. P RODUIT SCALAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1. F ORMES BILINÉAIRES SYMÉTRIQUES
3. E XEMPLES INCONTOURNABLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
4. N ORME EUCLIDIENNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 D ÉFINITION 1 Formes bilinéaires symétriques
Une forme bilinéaire symétrique sur E est une application ϕ : E2 → R vérifiant :
II- O RTHOGONALITÉ ............................................................................................. 3
ϕ(·, y 0 ) : x 7→ ϕ(x, y 0 )
½
1. V ECTEURS ORTHOGONAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 ➊ ∀(x0 , y 0 ) ∈ E2 , sont linéaires ; (bilinéaire)
2. S OUS - ESPACES VECTORIELS ET ORTHOGONALITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 ϕ(x0 , ·) : y 7→ ϕ(x0 , y)
➋ ∀(x, y) ∈ E2 , ϕ(x, y) = ϕ(y, x) ; (symétrique)
III- E SPACES EUCLIDIENS ...................................................................................... 4
1. B ASES ORTHONORMÉES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 R EMARQUE : En pratique, on commence par la propriété ➋ (symétrie) et on poursuit avec la
2. S UPPLÉMENTAIRE ORTHOGONAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 linéarité par rapport à l’une des variables, la bilinéarité (➊) s’ensuit.
3. P ROJECTION ORTHOGONALE SUR UN SEV DE DIMENSION FINIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
4. P ROCÉDÉ DE G RAM -S CHMIDT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2. P RODUIT SCALAIRE
5. D ISTANCE À UN SEV DE DIM FINIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
6. F ORMES LINÉAIRES ET ORTHOGONALITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 D ÉFINITION 2 Produit scalaire
Un produit scalaire sur E est une fbs sur E qui vérifie de plus :
➌ ∀x ∈ E, ϕ(x, x) Ê 0 ; (positive)
➍ ∀x ∈ E, ϕ(x, x) = 0 =⇒ x = 0. (définie)
ou de façon équivalente :
➌+➍ ∀x ∈ E \ {0E }, ϕ(x, x) > 0
N OTATION : en général, le produit scalaire des vecteurs x et y se note 〈x | y〉 ou (x|y).

D ÉFINITION 3 Espace préhilbertien réel


Un espace préhilbertien réel est un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire.
Un espace euclidien est un espace préhilbertien réel de dimension finie.

3. E XEMPLES INCONTOURNABLES
n
• Dans Rn . 〈X | Y〉 = xi y i définit un produit scalaire. Expression matricielle :
P
i=1
n
xi y i = X⊤ Y
X
〈X | Y〉 =
i=1
On l’appelle produit scalaire canonique de Rn .

⊳1⊲
A LGÈBRE 4– E SPACES PRÉHILBERTIENS RÉELS S PÉCIALES PSI – LYCÉE BUFFON
• Dans M n R. 〈A | B〉 = tr A⊤ B définit un produit scalaire sur Mn (R) appelé produit sca-
¡ ¢
P ROPOSITION 1 Identités
laire canonique de Mn (R).
Pour tout (x, y) ∈ E2 :
Ce n’est autre que l’analogue du produit scalaire canonique de Rn , en effet son expres-
sion en fonction des coefficients est ¡ • kx + yk2 = kxk2 + kyk2 + 2〈x | y〉 (identité remarquable)
〈A | B〉 = tr A⊤ B =
¢ X
ai j bi j 2 2 2
• kx − yk = kxk + kyk − 2〈x | y〉 (identité remarquable)
1Éi,j Én
2 2
• kxk − kyk = 〈x + y | x − y〉 (identité remarquable)
• Polynômes.
2 2 2 2

X • 2kxk + 2kyk = kx + yk + kx − yk (identité du parallélogramme)
〈P | Q〉 = ak bk 1 2 2 2
(identité de polarisation)
¡ ¢
k=0 • 〈x | y〉 = 2 kx + yk − kxk − kyk
• 〈x | y〉 = 14 kx + yk2 − kx − yk2 (identité de polarisation)
¡ ¢
où les (ak ) et (b k ) sont les coefficients de P et Q définit un produit scalaire sur R[X]. On
l’appelle le produit scalaire canonique de R[X].
• Fonctions continues sur un segment. Si a < b sont deux réels,
Zb
〈f | g〉 = f (t )g (t ) dt P ROPOSITION 2 Inégalité de C AUCHY-S CHWARZ
a Pour tout (x, y) ∈ E2 , |〈x | y〉| É kxkkyk
définit un produit scalaire sur C 0 ([a, b]).
De plus l’égalité a lieu si et seulement si x et y sont liés.
Zb
Pour l’axiome de définition, la continuité est nécessaire : f 2 = 0 =⇒ f = 0 car f est
a
continue sur [a, b].
Ce n’est plus un produit scalaire sur C pm ([a, b]).
P ROPOSITION 3 Inégalité de M INKOWSKI (triangulaire)
Pour tout (x, y) ∈ E2 , kx + yk É kxk + kyk
R EMARQUE De plus l’égalité a lieu si et seulement si x et y sont positivement colinéaires.
La seule propriété non triviale est à chaque fois la propriété ➍ (séparation). On utilise
une des propriétés suivantes (à apprendre par cœur) :
"Une somme (finie) de carrés est nulle ssi tous les termes de la somme sont nuls."
"La somme d’une SATP est nulle ssi le terme général de la série est nul."
R EMARQUE ¯ ¯
"L’intégrale d’une fonction continue positive est nulle ssi la fonction est identiquement nulle." On en déduit l’inégalité triangulaire inversée : ¯kxk − kyk¯ É kx − yk
(valable que l’intervalle d’intégration soit un segment ou pas) et son cas d’égalité : x et y sont positivement colinéaires.
"Un polynôme admettant strictement plus de racines que son degré est le polynôme nul."

P ROPOSITION 4
4. N ORME EUCLIDIENNE
La norme euclidienne est une norme.

D ÉFINITION 4 Norme euclidienne


Soit E un espace préhilbertien réel.
On définit la norme euclidienne d’un vecteur par : kxk =
p
〈x | x〉.
D ÉFINITION 5 Vecteur unitaire
Un vecteur est unitaire ou normé lorsque sa norme vaut 1.

⊳2⊲
A LGÈBRE 4– E SPACES PRÉHILBERTIENS RÉELS S PÉCIALES PSI – LYCÉE BUFFON

II- O RTHOGONALITÉ D ÉFINITION 9 Orthogonal d’une partie


A⊥ = x ∈ E / ∀a ∈ A, 〈x | a〉 = 0
© ª
1. V ECTEURS ORTHOGONAUX Soit A une partie de E. L’orthogonal de A est

D ÉFINITION 6 Vecteurs orthogonaux


Les vecteurs x et y sont orthogonaux lorsque 〈x | y〉 = 0. P ROPOSITION 6 Orhogonalité et inclusion
N OTATION : x⊥y. Si A ⊂ B alors B⊥ ⊂ A⊥

R EMARQUE P ROPOSITION 7
Le seul vecteur orthogonal à tout vecteur vecteur de E est le vecteur nul : Soit E un espace préhilbertien réel et A une partie non vide de E. Alors :
x = 0E ⇐⇒ ∀y ∈ E, 〈x | y〉 = 0
• A⊥ est un sous-espace vectoriel de E,
• A⊥ = (Vect A)⊥ ,
• A ⊂ (A⊥ )⊥ .
D ÉFINITION 7 Familles orthogonales
Une famille de vecteurs de E est orthogonale lorsque ses vecteurs sont orthogonaux
deux à deux.
Une famille de vecteurs de E est orthonormée lorsque ses vecteurs sont orthogonaux P ROPOSITION 8
deux à deux et unitaires. Si F1 , . . . Fp sont des sous-espaces vectoriels 2 à 2 orthogonaux alors ils sont en somme
directe.
⊥ ⊥ ⊥
On note alors : F1 ⊕ F2 ⊕ . . . ⊕ Fp
T HÉORÈME 1 Pythagore
En particulier, F et F⊥ sont en somme directe.
x⊥y ⇐⇒ kx + yk2 = kxk2 + kyk2
Attention, ils ne sont pas nécessairement supplémentaire ! (cf. TD). On verra un peu plus
° n °2 P n
°P °
Si (x1 , . . . , xn ) est orthogonale alors ° xi ° = kxi k2 (réciproque fausse pour n Ê 3) loin qu’une condition suffisante pour qu’ils le soient est que F est de dimension finie.
i=1 i=1

P ROPOSITION 5
Toute famille orthogonale ne contenant pas le vecteur nul est libre.

R EMARQUE
Toute famille orthonormée est donc libre.

2. S OUS - ESPACES VECTORIELS ET ORTHOGONALITÉ

D ÉFINITION 8 Parties orthogonales


Deux parties A et B de E sont orthogonales si ∀a ∈ A, ∀b ∈ B, 〈a | b〉 = 0.
On note alors A ⊥ B.

⊳3⊲
A LGÈBRE 4– E SPACES PRÉHILBERTIENS RÉELS S PÉCIALES PSI – LYCÉE BUFFON

III- E SPACES EUCLIDIENS C OROLLAIRE 2 Double orthogonal


Si F est un sev de dimension finie de E (de dimension quelconque) alors (F⊥ )⊥ = F
D ÉFINITION 10 Espace euclidien
Un espace euclidien est un espace préhilbertien réel de dimension finie.
E XEMPLE DE RÉFÉRENCE : Rn muni de son produit scalaire canonique. C OROLLAIRE 3 Propriétés des orthogonaux
Dans le cas où E est euclidien (de dimension finie n) et F et G sont des sev de E :

1. B ASES ORTHONORMÉES • E = F ⊕ (F⊥ )
• (F⊥ )⊥ = F
T HÉORÈME 2 Existence de BON • dim F⊥ = n − dim F
Tout espace euclidien admet une base orthonormée. • (F + G)⊥ = F⊥ ∩ G⊥ et (F ∩ G)⊥ = F⊥ + G⊥

P ROPOSITION 9 Coordonnées dans une BON 3. P ROJECTION ORTHOGONALE SUR UN SEV DE DIMENSION FINIE
x  y 
1 1
Soit B = (e 1 , . . . , e n ) une base orthonormée de E. Pour x  ...  et y  ...  , on a : D ÉFINITION 11 Projection et symétrie orthogonales
xn B yn B Soient E un espace préhilbertien (de dim quelconque) F un sev de dimension finie de

n
⊤ E (alors E = F ⊕ F⊥ ).
• 〈x | y〉 = xi y i = X Y
P
i=1 • La projection orthogonale sur F est la projection sur F parallèlement à F⊥ .
n
• kxk2 =
P
xi2 = X⊤ X • La symétrie orthogonale par rapport à F est la symétrie par rapport à F parallèlement
i=1 à F⊥ .
n
• ∀i ∈ 1, n , soit :
† P
xi = 〈x | e i 〉 x= 〈x | e i 〉 e i
i=1

P ROPOSITION 10
Soit p un projecteur. p est une projection orthogonale ⇐⇒ ker p ⊥ Im p.
2. S UPPLÉMENTAIRE ORTHOGONAL
On rappelle que si F est un sev de E, F et F⊥ sont en somme directe. Mais ils ne sont pas, en
toute généralité, nécessairement supplémentaires.
P ROPOSITION 11 Expression de la projection orthogonale
Un cas particulier où ils le sont est lorsque F est de dimension finie.
Soit F un sev de dimension finie de E (de dimension quelconque).
L’expression de la projection orthogonale sur F dans une BON B = (e 1 , . . . , e p ) de F est :
T HÉORÈME 3 Supplémentaire orthogonal Xp
Soit E un espace préhilbertien réel (de dim quelconque) et F un sous-espace vectoriel ∀x ∈ E, p F (x) = 〈x | e i 〉e i
i=1
de dimension finie de E.
Alors F⊥ est un supplémentaire de F dans E, qu’on appelle supplémentaire orthogonal
de F dans E.

C OROLLAIRE 1 Théorème de la base orthonormée incomplète


Dans E euclidien, toute famille orthonormée de vecteurs de E peut être complétée en
une base orthonormée de E.

⊳4⊲
A LGÈBRE 4– E SPACES PRÉHILBERTIENS RÉELS S PÉCIALES PSI – LYCÉE BUFFON

4. P ROCÉDÉ DE G RAM -S CHMIDT E N PRATIQUE


Pour calculer un projeté orthogonal sur un sev de dimension finie F, on calcule une BON
T HÉORÈME 4 Procédé de G RAM -S CHMIDT de F à l’aide du procédé de G RAM -S CHMIDT et on applique la formule vue ci-dessus.
Soit E un espace euclidien et F = (e 1 , . . . , e n ) une famille libre de E. Les calculs sont lourds dès que n Ê 3.
Il existe une famille orthonormée
† (u1 , . . . , un ) telle que : A STUCE : on projettera sur le « plus petit » des deux parmi F et F⊥ , l’autre s’en déduira.
∀k ∈ 1, n , Vect(u1 , . . . , uk ) = Vect(e 1 , . . . , e k )
M ÉTHODE ALTERNATIVE : on pourra, si (e i )1ÉiÉn
½ est une base quelconque de F, écrire
Cette famille est unique avec la condition supplémentaire : ∀k ∈ 1, n , 〈e k | uk 〉 > 0.
†
y ∈F
y = p F (x) ⇐⇒
x − y ∈ F⊥
E N PRATIQUE n
• La 1re condition donne y i e i , les inconnues sont les y i
P
On retiendra, en notant p k−1 est la projection orthogonale sur Vect(e 1 , . . . , e k−1 ) : y=
i=1
n
1
u1 = ke 1 k e 1 • la 2e condition donne y i e i orthogonal à tous les e i
P
x−
k−1 i=1
1 ce qui fournit un système linéaire de n = dimF équations en les n inconnues y i qu’il
où v k = e k − 〈ui | e k 〉ui = e k − p k−1 (e k )
P
uk = kv k k v k
i=1 reste à résoudre.
Les calculs sont parfois moins lourds.
R EMARQUE
La matrice de passage de F à U est triangulaire supérieure à coefficients diagonaux
strictement positifs. 6. F ORMES LINÉAIRES ET ORTHOGONALITÉ

P ROPOSITION 12 Dualité orthogonale


5. D ISTANCE À UN SEV DE DIM FINIE
Soit E un espace euclidien et ϕ une forme linéaire sur E.
Il existe un unique a ∈ E tel que
T HÉORÈME 5 ∀x ∈ E, ϕ(x) = 〈x | a〉
Soit E un espace préhilbertien réel, F un sous-espace vectoriel de dimension finie de Un tel vecteur a est dit normal à l’hyperplan ker ϕ.
E et x un vecteur ¯de E.
¯ F → R+
La fonction ϕx : ¯¯ atteint son minimum en un vecteur et un seul ; il
y 7→ kx − yk
s’agit de p F (x). P ROPOSITION 13 Distance d’un vecteur à un hyperplan
|〈x | a〉|
Soit E euclidien et F = a ⊥ un hyperplan de E. Alors d(x, F) = .
kak
D ÉFINITION 12 Distance à un sous-espace vectoriel
Soit E un espace préhilbertien réel, F un sous-espace vectoriel de dimension finie de E
et x un vecteur de E.
On appelle distance de x à F le réel d(x, F) = °inf y ∈F kx −°yk
= °x − p F (x)°
°2
Avec P YTHAGORE, d2 (x, F) = kxk2 − ° p F (x)°
°

⊳5⊲

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