Abla Farhoud
Abla Farhoud
Abla Farhoud
Abla Farhoud
in Carmen Boustani, Effets du féminin
2003 | pages 63 à 76
ISBN 9782845864337
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/effets-du-feminin---page-63.htm
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Construction et représentation
du parler d’une femme illettrée
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Abla FARHOUD
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femme s’inscrit dans son projet identitaire et devient présence
dans son récit.
Abla Farhoud s’intéresse à la condition de la femme
orientale, victime et dépossédée de son corps et de ses droits.
Cette topique crée l’axe central de son roman comme elle est la
charnière de ses écrits dramaturgiques. Parlant de sa
protagoniste, la romancière confie :
« J’ai voulu saisir la vérité d’une étrangère qui ne sait ni lire,
ni écrire, ni parler. J’ai voulu connaître sa solitude, ce que je
pense être une solitude absolue. Je me suis faite petite, petite
pour entrer dans ce corps de femme, écouter les battements de
son cœur, son rythme, ses silences, parler comme elle, inventer
sa parole, trouver une langue à sa mesure, une langue juste pour
Dounia, ni arabe, ni français, une langue généreuse qui ne se
comprend qu’avec le cœur »1.
D’ailleurs, Dounia raconte d’abord sa vie avec une vision
des choses aussi innocente que celle d’un enfant. Mais au fil du
récit, elle perd l’innocence et son processus intérieur cherche de
nouveaux chemins. Cette installation douloureuse est comme un
départ à zéro.
Dounia requiert une position de sujet après qu’elle s’est
exclue volontairement du champ de la parole, vivant cette
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majeur un autre code dans un travail de déconstruction du
discours dominant.
En effet, Dounia est renvoyée à sa cuisine et à ses casseroles,
elle s’efface complètement derrière un mari qui l’envahit et
parle pour elle. « Je ne suis pas très bonne en mots. Je ne sais
pas parler. Je laisse la parole à Salim. Moi, je donne à
manger »4. Quand Dounia veut raconter une histoire, son mari
la raconte à sa place. Il prend tout son temps, arrondit les mots
et donne tous les détails. Tout le monde est suspendu à sa
parole. Pour Dounia, les événements qu’elle a vécus, une fois
racontés par son mari deviennent plus importants. Elle est ainsi
complètement dépossédée de sa personnalité. Elle ne se
souvient même plus si un de ses enfants lui a demandé, comme
font les enfants, s’il était aimé plus que ses frères et sœurs.
« Peut-être qu’ils l’ont fait et que sans réfléchir, j’ai répondu : je
ne sais pas, va demander à ton père »5. Dounia réduit son rôle
de mère à faire la cuisine pour ses enfants. Elle ne s’occupe pas
de leur éducation ni de leur formation et elle ne leur adresse
même pas la parole. « Nous n’avons jamais parlé ensemble. Je
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commence à raconter sa vie, les mots sortent défaits de sa
bouche :
« J’oublie des bouts de mots en dedans et personne ne
comprend. Même moi, je trouve que tout est mêlé. Je vois bien
que ce qui est dans ma tête et ce qui sort de ma bouche n’ont
rien à voir, alors je me tais »7.
En tant que femme, Dounia se sent à l’étroit dans les mots. Il
devient évident qu’il y a des choses qu’elle ne peut pas traduire.
Elle rappelle la position de Marie Cardinal dans Autrement dit.
Mais lorsqu’elle poursuit son discours, les mots la captent d’une
certaine façon. C’est tout un fond idéologique qui se trouve
bouleversé. Elle révèle sa condition de femme battue :
« Ce n’était pas la première fois qu’il levait sa main sur moi,
mais cette fois, il se permettait de le faire devant mon père, le
prêtre le plus respecté de la région, et avec son pied, comme on
ne le ferait pas à un chien »8.
Sa fille Myriam a réussi à la mettre à l’aise. Dounia prend
goût à lui raconter ses souvenirs et quand elle est seule, elle
pense aux histoires qu’elle va lui raconter. Elle roule ses
pensées, rassemblant ça et là les morceaux épars de sa vie.
6. Ibid., p. 104.
7. Ibid., p. 15.
8. Ibid., p. 148.
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et l’acte de parler. Entre la joie de déguster la crème glacée et
celle de prononcer des mots, Dounia pivote de l’un à l’autre
dans une sorte de ballet.
Le lecteur trouve un symbolisme rassurant dans le cornet de
friandises considéré comme une récompense à l’acte de parole
de Dounia. Nous ne sommes pas loin des croquettes de riz de la
comtesse de Ségur que les bons enfants mangeaient au dîner en
récompense de leur sagesse.
Dépourvue d’identité et d’instruction, Dounia fait travailler
son imaginaire. Elle considère que ses mots sont les ingrédients
qu’elle utilise pour faire la cuisine, comparant la création
culinaire à la création littéraire.
« Depuis plus de cinquante ans, je fais à manger tous les
jours et chaque fois c’est différent. J’améliore les plats,
j’invente de nouvelles recettes, de nouvelles façons de procéder.
Parfois je me demande s’il y a tant de différences dans les
mots »11.
Ce plaisir de cuisiner semble si proche du plaisir du texte.
En fait, Dounia établit une sorte de réciprocité entre ces
productions respectives. Son langage se réalise d’une manière
systémique par associations et métaphores. Or, selon Freud,
9. Ibid., p. 124.
10. Ibid., p. 10.
11. Ibid., p. 14.
68 EFFETS DU FÉMININ
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catégories mentales.
La métamorphose des mots en légumes a changé les rapports
entre le fictif et le non-fictif. La barrière s’efface entre le
culinaire et les mots qui récupèrent un imaginaire
synesthésique. Cette transgression du code linguistique adopte
une logique de rêve. La reconstruction des mots en objets
produit un effet-femme avec les images utilisées. Tout un
glissement du signifié vers le référent. Dans cette citation,
Andreï Makine énonce une remarque à laquelle nous sommes
sensibles : « la vraie langue poétique, c’est une langue
d’étonnement. C’est la langue de quelqu’un qui n’accepte pas
l’apparence banale des choses »13. En effet, la nourriture dans le
récit de Dounia porte en elle les germes de sa propre
transcendance, qu’il s’agisse d’une branche de persil
prometteuse d’un taboulé libanais, ou de courgettes et feuilles
de vigne aux effluves d’un futur farci qui connote une sorte de
gourmandise verbale.
Cette dynamique lexicale détourne le lecteur de la
représentation habituelle que nous nous faisons d’une langue.
Les métaphores ont ici pour fonction de donner à voir, selon
12. Ibid., p. 5.
13. Andreï Makine, La langue française vue d’ailleurs, cent entretiens
réalisés par Patrice Martin et Christophe Drevet, Casablanca, éd. Emira
Soleil/Tarik Éditions, 2001, p. 301.
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culinaires, Dounia crée d’autres voies lui permettant des
représentations valables au profit d’un clivage douloureux. Les
mots si proches de la concrétude et de la corporéité
maintiennent un lien très fort avec l’élément-moteur originaire
de la représentation. La narratrice vit habitée par la chose
familière, elle n’habite pas la langue mais les objets. Elle crée
ainsi une langue à elle en s’appuyant sur une norme fictive plus
extralinguistique que linguistique.
Il y a quelque chose qui commence à s’écrire et qui va
constituer le lieu des identifications d’un moi au féminin qui ne
soit plus aliéné à l’image proposée par le masculin. Un
imaginaire linguistique romancé par le retour en force d’une
libido qui ne se laisse pas faire si facilement. Le non-dit de cette
femme-objet évolue vers celui de femme-sujet. Le je détruit se
reconstruit dans un récit qui déplie l’événement dans le temps
en l’organisant en logique. Mais le parler de la narratrice reste
dans un ordre libidinal.
Une identité retrouvée se parle. Le je de la narratrice
s’exprime par sa parole condensée dans un langage-femme tel
qu’il lui est assigné par sa culture. L’emploi d’un parler marqué
par un jeu de métaphores trace pour le lecteur les effets de la
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construction prend sa valeur en reliant les éléments essentiels
qui s’en dégagent et qui s’actualisent dans le transfert.
Le lecteur est à l’écoute de cette femme sans instruction
venant d’une autre appartenance géographique et assignée à un
monde restreint à celui de ses petits-enfants. Elle entre dans une
langue conçue pour elle et pour eux. Une langue selon son cœur
qui a une influence sur son comportement dans son rapport aux
autres. La relation qu’elle entretient avec la langue du pays
d’accueil dépend de multiples facteurs. Tout d’abord son âge
linguistique est différent de celui de la tranche d’âge dans
laquelle elle se situe. Puis elle veut redevenir enfant et créer sa
propre langue. Cela renvoie à l’instabilité de son statut
d’émigrée et à l’interaction où se construisent les représen-
tations de cette langue. Au fil de la lecture, son rapport à la
langue présente des caractéristiques tout à fait originales qui
constituent l’imaginaire linguistique de sa position de femme
illettrée.
Dounia recourt à un imaginaire communicationnel par
l’emploi de déformations linguistiques créant une langue
comprise de ses petits-enfants. Ce bilinguisme qui mêle le
français à l’arabe n’est partagé qu’entre eux. Cette langue
privée constitue un territoire personnel et identitaire. Un
imaginaire se déploie ainsi selon les situations affectives d’une
grand-mère à l’égard de ses petits-enfants qu’elle considère
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qui la désigne. Rappelons à cet égard l’observation de Lévi-
Strauss selon laquelle on ne pense pas la même chose en disant
cheese ou fromage, car le parcours affectif et sensoriel et les
racines relationnelles qui caractérisent chaque langue sont très
différents. Que dire lorsqu’il s’agit de prénom quand on sait
toute la charge psychologique que porte la nomination ? Le
prénom de la narratrice traduit en français touche aux
fondements de l’identité. Chacun, chacune peut imaginer le
sentiment d’étrangeté ressenti face à son prénom traduit en
d’autres langues.
Par son inadaptation dans son pays d’accueil, Dounia réduit
son patrimoine à quelques mots. Elle est tiraillée entre la langue
maternelle (celle de l’enfance) et la langue du pays d’accueil
qu’elle ne veut pas posséder puisqu’elle souhaite rester enfant et
donner une image enfantine d’elle-même. Dounia crée un idio-
lecte entre elle et ses petits-enfants que son imaginaire social et
son souci de cohésion fictive projettent comme une langue. Les
mots désarticulés qu’elle échange avec David, son petit-fils,
relèvent de la problématique de l’identité. « “Toi forte, Sitto, toi
plus forte que maman”. Je voudrais lui dire que j’avais été
élevée à la montagne, que c’est pour cette raison que je suis
forte et en bonne santé, mais je n’ai pas trouvé les mots, alors
j’ai dit “Maman toi assis, toujours assis, toujours écrit, pour ça
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langue maternelle, Dounia vit ce qu’on appelle l’angoisse de
l’étranger. Même ses enfants, dès qu’ils passent au français,
deviennent autres, avec une gestuelle tout à fait différente. C’est
un phénomène charnel, sensuel qui nous amène à penser que
l’imaginaire linguistique est un phénomène complexe chez
Dounia, soumise à des influences socioculturelles et psycholo-
giques significatives :
« Chaque fois sans que j’y fasse attention, une question me
revient ; celle-là qui parle, celui-là qui rit dans une langue que
je ne comprends pas, est-ce bien ma fille ? est-ce bien mon
fils ? Est-ce que je suis bien sa mère ? »17.
Mais le moment essentiel de sa naissance à la langue
française à travers un lexique limité et déstructuré est marqué
par l’ambiguïté de la situation d’une femme illettrée qui se met
au premier plan en donnant sa voix à la narration. L’essentiel
pour cette femme solitaire est de communiquer avec son lecteur
par son geste de produire le récit qui sert de matrice à son
roman.
D’un point de vue psycholinguistique, on se demande
comment naît, se constitue et se déroule le dialogue intérieur de
Dounia, femme illettrée qui pense en arabe dialectal libanais,
alors que le livre qui en est la transcription s’écrit dans un autre
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d’enfoui. La fracture inguérissable de Dounia n’est pas la perte
du libanais et l’ignorance du français. Elle remonte à plus loin,
à l’aube de sa vie, quand elle avait besoin de trouver les mots de
sa langue maternelle et qu’elle perdit très jeune sa mère. En
adoptant le mutisme, elle témoigne d’un deuil irrémédiable. Le
combat de Dounia pour sauvegarder son monde intérieur et sa
vocation obstinée consiste à cesser de parler : « Mon pays c’est
mes petits-enfants qui s’accrochent à mon cou, qui m’appellent
Sitto dans ma langue »18. (Sitto est un mot libanais familier qui
veut dire grand-mère.) Face à cet aveu, nous ne pouvons pas
négliger le fait que le pays de Dounia est non seulement ses
petits-enfants, mais surtout sa langue qui lui donne un territoire,
une appartenance.
Sa langue condense en elle des significations multiples.
Celle de sa condition de mère nourricière, de femme au foyer et
de grand-mère. C’est à Montréal, sous l’influence de ses petits-
enfants, qu’elle est née en français. Ce français inventé en un
babil devient la langue de leur affection exclusive, mais il est
incapable de remplacer pour Dounia l’objet perdu témoignage
d’un deuil irréparable. Son mutisme reste en elle un besoin de
pleurer le paradis perdu de l’infans inconscient, une réplique à
sa destinée tragique d’orpheline de mère.
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Les proverbes utilisés rentrent dans la structure interne du
roman. Sur le plan de la structure externe, ils rentrent aussi dans
la composition du titre même du roman, de sorte que le français
correct côtoie le lexique populaire. Dans cette polémique des
langues, le lecteur se trouve face à une ambivalence
carnavalesque qui rappelle Bakhtine. Abla Farhoud est donc
dans la multiplicité. Elle est le lieu de confrontation de plusieurs
langues. Cette insertion du populaire dans le littéraire est pour
la romancière le déclencheur et le moteur de l’écriture.
Par ailleurs, la romancière a voulu transcrire ce proverbe
libanais, « Le bonheur a la queue glissante », en français et en
arabe, « alsaada zailaha amlass ». Ce proverbe constitue le
noyau central du roman dont le récit s’articule autour de l’idée
d’une pauvre paysanne qui regarde d’un œil critique la vie de
ses enfants transformée par la modernité : « mes enfants sont
des modernes. Chacun à sa manière, ils veulent tous attraper
quelque chose qui va encore plus vite quand on va vite, qui
ralentit quand on ralentit, qui a la queue plus glissante que le
bonheur »19. Le roman comprend tout un répertoire de
proverbes et de dictons libanais écrits en arabe et en français qui
sont utilisés par la narratrice ou qui ont inspiré l’auteur. Ce
procédé s’ajoute aux métaphores que la narratrice utilise et peut
être considéré comme une forme esthétique spécifique.
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retrouver dans la science du langage une réalité non
linguistique, celle qui touche aux affects et aux racines. En
effet, les jugements esthétiques portés sur les langues sont
conditionnés par tout autre chose que les qualités intrinsèques
des outils de communication et d’expression. Selon Martinet,
« Ceci vaut bien entendu des jugements esthétiques portés par
l’individu sur sa propre langue, ce qui leur retirerait à peu près
toute valeur s’il s’agissait finalement de se prononcer dans
l’absolu »21.
C’est également ce qu’établit Anne-Marie Houdebine dans
sa théorie de l’imaginaire linguistique en montrant que la
langue est une dialectique esthétique et institutionnelle.
L’article de Martinet est à la base de la théorie de l’imaginaire
linguistique d’Anne-Marie Houdebine dans sa dynamique
interne à une langue entre norme fictive et norme prescriptive.
Ainsi peut-on pour conclure revenir à l’idée que le parler de
Dounia est un parler poétique qui exprime l’essence des choses.
C’est la vie de cette femme au cœur simple qui est portée au
degré presque insoutenable de l’existence. La langue qu’elle
porte en elle, la langue de son âme est riche de strates multiples.
En pensant à son pays, Dounia utilise des mots de tous les jours
pleins de poésie pour se faire comprendre en faisant référence à
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22. Discours prononcé lors de la remise du prix des cinq continents au salon
de Beyrouth, Lire en français et en musique, 17 novembre 2001.