Cours Droit Fiscal International
Cours Droit Fiscal International
Cours Droit Fiscal International
PLAN:
I – LES FONDEMENTS DU DROIT FISCAL INTERNATIONAL
de Fontaine; 17/09/2021
DROIT FISCAL I N T E R N AT I O N A L
INTRODUCTION
LES FONDEMENTS DU DROIT FISCAL INTERNATIONAL
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Les conventions qui n’ont pas obligatoirement un objet fiscal mais qui ont
des incidences fiscales importantes : ainsi s’agissant de la France, le droit
primaire de l’Union européenne mais également le droit dérivé ont une
influence grandissante sur les règles fiscales applicables aux opérations
transfrontières au sein de l’Union mais également avec les États tiers.
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La 1ère convention fiscale était une convention franco-belge de 1843 dont l’objet
était très limité mais elle a marqué le début de la réflexion sur la nécessité de
limiter les doubles impositions.
Cette réflexion s’est ensuite développée qu’entre les deux guerres mondiales sous
l’égide de la SDN (Sociétés des Nations) au sein de laquelle a été créé un comité
fiscal chargé d’élaborer un modèle de convention pour fixer les règles d’imposition
des bénéfices des entreprises exerçant dans plusieurs pays. Ce projet a été établi
en 1935 puis révisé lors d’une conférence tenue à Mexico en 1943. Mais ce modèle
dit de Mexico faisait la part trop belle à l’État de la source des revenus (c’est-à-dire
celui dans lequel les revenus naissent et souvent des Etats en développement) : il
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a donc été amendé par une nouvelle conférence tenue à Londres en 1946. Le
modèle dit de Londres a cette fois été jugé trop favorable aux pays développés.
Au sortir de la guerre les travaux ont continué au sein d’une instance ne réunissant
que les pays développés, à savoir l’OECE (Organisation européenne de coopération
économique créée pour organiser la mise en place du plan Marschall) et devenue
en 1960, l’OCDE (organisation de coopération et le développement économiques.
Ces travaux ont abouti :
- 1963 : projet de convention de double imposition concernant le revenu et la
fortune (Comité fiscal de l’OECE) qui ne sera publié qu’en 1977.
- 1966 : projet de convention en matière d’impôts sur les successions et sur les
héritages.
- 1992 (le comité des affaires fiscales se réunit périodiquement) : nouveau modèle
de convention fiscale concernant le revenu et la fortune sous forme d’un classeur
permettant des mises à jour régulières et en particulier des commentaires qui
tiennent compte de l’évolution des problématiques fiscales internationales. Des
mises à jour ont été régulièrement publiées et intégrées dans le modèle dont la
dernière version date 21 novembre 2017 voir site 0CDE : https://read.oecd-
ilibrary.org/taxation/modele-de-convention-fiscale-concernant-le-revenu-et-la-
fortune-version-abregee-2017_mtc_cond-2017-fr#page1.
La réflexion de l’OCDE ne se résume pas à la simple mise à jour du modèle
conventionnel, mais de nombreuses études y sont également menées de manière
collective (y compris en associant des états non membres) sur la fraude fiscale, la
fiscalité environnementale, la question des prix de transfert, la fiscalité de
l’économie numérique et celle de la collaboration entre administrations fiscales.
Ces travaux font l’objet de publications disponibles sur le site de l’OCDE. L’OCDE
organise aussi des séminaires de formations.
Les derniers travaux d’envergures menés au sein de l’OCDE portent le nom de plan
BEPS (bénéfices érosion and profit shifting) en français Plan d’action concernant
l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice. Initiés en 2013, sous la
direction d’un Français Pascal Saint Amans, il s’est agi de regrouper une centaine
de pays, membres et non membre de l’OCDE, pour réfléchir ensemble à une
réforme des règles de partage des bases imposables posées par les conventions
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fiscales internationales. Partant du constat que ces règles qui datent du XXe sont
devenues obsolètes et présentent des failles que les entreprises utilisent aux fins
de localiser leurs bénéfices dans les pays les moins disant fiscaux (phénomène de
planification fiscale dite agressive), les États se sont proposés, d’une part de les
réviser pour les adapter à l’évolution de l’économie internationale (par exemple, sa
digitalisation) et, d’autre part ce faisant, d’augmenter la prévisibilité et la sécurité
fiscale des opérateurs économiques internationaux de bonne foi dont l’activité est
actuellement compliquée par les réactions désordonnées des autorités étatiques
pour endiguer l’érosion de leurs bases.
Les documents, les rapports produits par les travaux du BEPS n’ont pas valeur
impérative pour les États participant à ces travaux et par conséquent, ils ne l’ont
pas non plus pour les opérateurs économiques.
Pour autant, certaines préconisations du BEPS ont été reprises dans la
« Convention multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux
conventions fiscales pour prévenir le BEPS » (convention dénommée aussi
« Instrument multilatéral ») qui a été signée par 84 États. Cette convention est
entrée en vigueur au plan international le 1 er juillet 2018 après que 5 pays aient
déposé leur instrument de ratification auprès de l’OCDE (Autriche, l’Ile de MAN,
Jersey, Pologne et Slovénie).
La France l‘a signée le 7 juin 2017. Le 5 juillet 2018, la loi autorisant sa ratification
a été votée par le parlement français et les instruments de ratification ont été
déposés le 26 octobre 2019 pour une entrée en vigueur au 1 er jour du 4eme mois qui
suit le dépôt des instruments de ratification à savoir au 1er janvier 2019.
Les modèles conventionnels élaborés sous l’égide de l’OCDE ne se sont
historiquement pas montrés toujours très favorables aux pays en voie de
développement. L’État de la source y renonçait fréquemment à la taxation de
revenus réalisés sur son territoire, ou en limitait l’imposition à une faible retenue à
la source, alors même que les transferts de revenus sont généralement très
déséquilibrés au profit des États développés, pourvoyeur de capitaux.
C’est la raison pour laquelle, en 1967, le Conseil Économique et Social des Nations-
Unies a décidé d’encourager la conclusion de conventions fiscales bilatérales entre
pays développés et en voie de développement adapté aux déséquilibre
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FISCALES EN FRANCE
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multilatéral précité. L’IM a certes permis d’assurer une entrée en vigueur rapide
des préconisations adoptées dans le cadre du BEPS, mais elle induit des éléments
de complexité dans la lecture des conventions bilatérales puisque, non seulement
il n’est pas prévu de consolidation des quelques 121 conventions françaises
(certains éditeurs en proposent néanmoins comme Lefebvre et le BOFIP propose le
texte consolidé de certaines d’entre-elles : ex Convention franco-britannique du 19
juin 2008), mais en outre pour assurer l’adhésion la plus large des États ayant
participé aux travaux de l’OCDE, l’instrument multilatéral se présente comme une
convention « à la carte ». Lors de sa ratification, chacun des États parties a en effet
eu un certain nombre de choix.
Lors de l’application d’une convention fiscale bilatérale à laquelle la France est
partie, il convient désormais de vérifier :
1° que la France a ratifié l’IM (c’est le cas) et que l ‘autre État contractant l’a
lui-même ratifié : à défaut, la convention bilatérale n’a pas été modifiée par
l’Instrument multilatéral et doit être lue dans sa version d’origine.
2°que la convention à mettre en œuvre est « couverte » par l’IM : pour
qu’une convention puisse être modifiée par l’IM, il convient que les deux États la
considèrent comme couverte. Les États ont, lorsqu’ils ratifient l’IM, la possibilité de
choisir les conventions multilatérales qui seront visées, dans le jargon de l’OCDE
ont dit couvertes. L’IM ne couvre pas l’ensemble des conventions ratifiées par la
France, cette dernière ayant fait le choix de n’en viser que 91. Dans la pratique,
toutes ces conventions n’ont pas été modifiées car elles sont conclues avec des
États qui n’ont pas encore signé ou ratifié l’IM (Par ex. États-Unis). Par ailleurs, par
exemple, la Suisse a signé la convention mais n’a pas désigné la convention signée
avec la France comme étant couverte.
3° L’IM impose des normes minimales que tout État contractant doit intégrer
dans ses conventions (3 articles sur 39 : article 6 intégration d’un préambule
rappelant que l’un de but des conventions est aussi d’éviter l’utilisation abusive de
ces dernières (treaty shopping), art. 7 clause dite des objets principaux, art. 16 :
relatif à la procédure amiable).
Certaines mesures en revanche s’appliquent par défaut à moins que l’un des
États contractants ait émis des réserves pour l’exclure (par exemple l’article 12
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convention peuvent parfois ne pas être clairs, ils peuvent aussi recevoir des
acceptions différentes dans le droit des États concernés. Afin de réduire au mieux
l’insécurité sécurité juridique qui pourrait résulter, pour les contribuables, de
l’interprétation des conventions fiscales internationales, il est intéressant de
connaître les méthodes préconisées par la jurisprudence nationale. Reste que ces
interprétations sont, à l’inverse de l’élaboration du texte conventionnel,
unilatérales de telle sorte qu’il n’est pas exclu qu’elles divergent entre autorités ou
juges nationaux et ce faisant paralysent l’application de dispositifs sur lesquels les
États se sont pourtant mis d’accord conventionnellement.
Pour ce qui concerne la France, les méthodes généralement retenues sont les
suivantes :
La France n’a pas ratifié la Convention de Vienne du 23 mai 1963 sur le droit des
Traités qui pose un certain nombre de règles générales d’interprétation des traités
dans ses article 31, 32 et 33, mais ne s’impose donc pas. Pour autant le juge de
l’impôt y fait largement référence lorsqu’il est amené à interpréter des
conventions, les principes fixés par la convention de Vienne, relevant des principes
du droit international coutumier. Par ailleurs, les conventions fiscales fixent
également, conformément à l’article 3-2 du modèle OCDE, une directive
d’interprétation selon laquelle « pour l’application de la Convention à un moment
donnée par un État contractant, tout terme ou expression qui n’y est pas défini a,
sauf si le contexte exige une interprétation différente ou que les autorités
compétentes conviennent d’un sens différent…, le sens que lui attribue, à ce
moment, le droit de cet État concernant les impôts auxquels s’applique la
Convention, le sens attribué à ce terme ou expression par le droit fiscal de cet État
prévalant sur le sens que lui attribuent les autres branches du droit de cet État ».
La méthode la plus fréquemment retenue est la méthode littérale selon
laquelle le juge doit interpréter les dispositions conventionnelles « conformément
au sens ordinaire des mots à attribuer aux termes de la convention dans leur
contexte et à la lumière de son objet et de son but ».
La plupart du temps, le juge s’en tient à une lecture au pied de la lettre, une
lecture stricte de la convention. Ainsi par exemple, le Conseil d’État a cassé pour
erreur de droit une décision de la Cour d’appel de Nancy qui avait considéré qu’une
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lorsque celle-ci se substitue aux impositions sur les bénéfices (CE, plén. Fisc., 24
nov. 2014, n° 368935, min. c/ Sté Lufthansa ; Dr. fisc. 14/2015, comm. 245). Par
exemple encore, dans une décision Sté BNP Paris Bas (CE, 3e et 8e ss.-sect., 12 juin
2013, n°351702, Dr. fisc. 46/2013, comm. 511), le Conseil d’État, saisi d’une affaire
dans laquelle l’administration avait remis en cause la déduction d’une provision
pour dépréciation de titres étrangers détenues par une société française alors
même que la Convention était muette sur la question des pertes en capital, a jugé
que eu égard à l’objet des conventions fiscales internationales qui est répartir le
pouvoir d’imposition entre les États signataires, « une convention fiscale
internationale qui prive la France de son pouvoir d'imposer un gain susceptible
d'être réalisé lors de la cession de titres de participation dans une filiale fait
obstacle à ce qu'une moins-value relative à une telle cession soit prise en compte
pour déterminer le montant net des plus-values ou moins-values de même nature
entrant dans l'assiette de l'impôt en France ; qu'il en résulte qu'une provision
anticipant une telle moins-value ne peut être prise en compte pour la
détermination de l'assiette de l'impôt dû ». Enfin, à propos du terme « assujetti »,
qualité qui conditionne l’accès des contribuables aux dispositions conventionnelles
(cf, infra.), le Conseil d’État a considéré qu’eu égard à l’objet principal des
conventions fiscales, qui est d'éviter les doubles impositions, les personnes qui ne
sont pas soumises à l'impôt en cause par la loi de l'État concerné à raison de leur
statut ou de leur activité ne peuvent être regardées comme assujetties (CE, 9 e et
10e ss.-sect., 9 nov. 2015, n° 370054, min. c/Landesärtekammer Hessen
Versogungswerk, Dr. fisc. 28/2016, com. 421).
Enfin, lorsque les méthode ci-dessous paraissent inopérantes, l’article 3- 2° du
modèle OCDE prévoit à titre subsidiaire le renvoi en droit interne. Sur ce
fondement, le juge pourra se référer au sens qu’attribue aux termes à interpréter
le droit de cet État concernant les impôts auxquels s’applique la Convention. Ainsi
par exemple, quand la convention ne définit pas une catégorie de revenus, le juge
considère qu’il y a lieu de se référer à la définition nationale de la catégorie (CE, 22
mai 1992, SPA Raffaella, n° 63266, RJF 7/92, comm. 960). Cette référence au droit
interne, peut d’ailleurs poser un certain nombre de problèmes : chacun des États
concernés n’étant pas tenu par la position de l’autre État, on peut parfois constater
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Le but historiquement poursuivi par les conventions fiscales est l'élimination des
doubles impositions résultant de l'application souveraine par deux États de leur
droit d'imposer. À telle enseigne que la réflexion sur les instruments conventionnels
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Les doubles impositions internationales des revenus ou des biens trouvent leur
origine dans l’entière souveraineté fiscale des États qui ont chacun toute latitude
pour exercer leur pouvoir d’imposer. On distingue en réalité deux types de doubles
impositions :
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d’un même revenu ou d’un même bien par plus d’un État (commentaires OCDE, C
(23) n° 1). Une telle situation peut se présenter schématiquement dans les deux
hypothèses qui suivent :
1ère hypothèse : Une même personne est considérée par 2 États comme
résidente de chacun d’eux
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Ces situations de double imposition ne peuvent être résolues que par le jeu des
conventions fiscales pour que soit déterminée une résidence unique et répartis
entre les États les droits d’imposer les différents revenus.
2e cas : une personne résidente d’un État perçoit des revenus provenant d’un
autre État (ou possède des biens situés dans un autre Etat)
Les États cherchent normalement à imposer les profits qui naissent sur leur
territoire même s’ils reviennent à des personnes qui sont fiscalement non-
résidentes. Il s’agit de en réalité de percevoir une contribution de ces non-résidents
pour les services offerts par la collectivité (utilisation d’infrastructures, de services
publics locaux). L’imposition des revenus perçus par des non –résidents par le pays
de la source est universellement répandue. En France par exemple, l’article 4A du
CGI dispose que les personnes qui n’ont pas en France leur domicile fiscal sont
assujetties à l’impôt sur leurs revenus de source française. En conséquence, si une
personne perçoit des revenus dans un État alors qu’elle est domiciliée (résidente)
dans un autre, elle risque de se trouver imposée :
Exemple :
Un contribuable résident de France ou fiscalement domicilié en France (expressions ici
équivalentes) a acheté un appartement au Portugal pour le louer lors de la saison
d’été. Par ailleurs, il a investi une partie de son épargne en obligations britanniques.
Ce contribuable risque de se trouver en situation de double imposition juridique à
raison de ces revenus :
- qui seront tous considérés comme imposables en France puisqu’il y est
fiscalement domicilié (art. 4A du CGI)
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La double imposition économique est définie par le Comité des affaires fiscales de
l’OCDE comme la situation dans laquelle 2 personnes juridiquement distinctes mais
économiquement liées sont imposables au titre d’un même revenu ou d’une même
fortune (commentaire OCDE, C (23) n° 2).
C’est une situation plus délicate à appréhender que la précédente car elle met en
jeu 2 contribuables différents. Pour autant, elle n’est pas propre au droit fiscal
international et existe dans des situations purement internes notamment pour ce
qui concerne les revenus distribués par des sociétés. Des techniques différentes
permettent de contrecarrer les effets de cette double imposition : « demi-base »
lorsque le bénéficiaire est une personne physique, régime des sociétés mères-
filiales si le bénéficiaire est une société.
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Bien que l’impact des doubles impositions économiques, soit en pratique très
lourd, le modèle OCDE, ne propose pas de solution de suppression systématique de
ces doubles impositions économiques mais se concentre plus spécifiquement sur
les doubles impositions juridiques,
S’agissant de la double imposition induite par des rectifications relatives à des prix
de transfert, il prévoit néanmoins dans son article 9 qu’un ajustement corrélatif
doit être effectué par l’État de la société bénéficiaire des revenus. Il s’agit pour
l’État en question, ici l’Irlande, d’accepter les redressements effectués par
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Rappel : les situations de double imposition peuvent tout d’abord trouver une
solution dans le droit interne :
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Pour chaque type de revenu (la liste de ces revenus est fixée par la convention
elle-même), le modèle OCDE de convention concernant les revenus et l’impôt sur
la fortune organise une répartition du pouvoir d’imposer entre l’État de résidence
du contribuable et l’État de la source du revenu puis les deux États. Pour appliquer
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S’il est impossible de qualifier le revenu concerné au regard des catégories prévues
par la convention, l’article 21 du modèle prévoit une catégorie « balai » dite
autres revenus qui comprend tous les revenus qui ne sont pas traités sous
une dénomination précise dans la convention ( Voir pour ex : Dès lors que
d’une part la convention franco libanaise ne donnait pas de définition des
dividendes et que d’autre part, en droit français les distributions irrégulières ne
constituent pas des dividendes, les distributions irrégulières faites à une société
libanaise par une société française doivent être rattachées à la clause balai, de
sorte que la France ne pouvait les soumettre à la retenue à la source ( CE, 13 déc.
2002, req. n°224975, SARL Wedge Group-Europée, Dr. banc.et fin. 4/2003, c. 167).
Il en aurait été différemment si la définition conventionnelle des dividendes avait
fait référence, comme la plupart des conventions récentes, aux revenus soumis au
régime des distributions par la législation fiscale de l’État contractant dont la
société distributrice est un résident », comme cela est par exemple le cas de
l’article 11 de la convention franco-britannique du 19 juin 2008) .
- il convient ensuite de déterminer l’État de résidence du contribuable
concerné qu’il s’agisse d’un personne physique ou d’une personne
morale : l’article 4 du modèle OCDE renvoie pour ce faire au droit interne pour
déterminer l’État de résidence puisqu’il prévoit que le terme résident désigne
« toute personne, qui en vertu de la législation applicable dans cet État, est
assujettie à l’impôt dans cet État, en raison de son domicile, de sa résidence, de
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son siège de direction ou de tout autre critère analogue ». L’article prévoit ensuite
des critères conventionnels spécifiques de résidence lorsque la première
démarche conduit à considérer que le contribuable est résident des deux
États concernés (article 4 3°et 4°). Ces critères conventionnels varient suivant
qu’il s’agit d’une personne physique ou morale (conf. supra).
- il convient enfin pour chaque revenu de déterminer l’État de la source ou du
situ : les critères de source dépendent de la nature des revenus. S’agissant
des revenus immobiliers, l’État de la source est celui dans lequel est situé
l’immeuble, concernant les intérêts et redevances, l’État de la source sera celui
dans lequel est domicilié le débiteur des revenus (articles 10 et 11 du modèle
OCDE).
Une fois ces éléments déterminés, la convention sur le modèle OCDE plus ou
moins adapté organise des règles de répartition des compétences fiscales qui
varient suivant les revenus considérés :
Certains revenus font l’objet d’une compétence exclusive de l’un des États
contractants. L’article concerné précise dans ce cas que les revenus ne sont
imposables que « dans cet [autre] Etat » :
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Dans ces deux derniers cas, le modèle OCDE organise la manière dont l’État
de résidence doit supprimer la double imposition résiduelle.
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1 – Exemption dans S
Impôt payé dans S = 0
Impôt payé dans R = 500 x barème = 140 €
2 – Exemption intégrale dans R
Impôt payé en S : 200 x 15% = 30 €
Impôt payé en R sur 300 = 60 €
Impôt total : 30 + 60 = 90 €:
3 – Exemption avec taux effectif dans R :
Dans cette hypothèse, l’impôt est calculé sur le montant total des revenus du
contribuable mais il n’est dû qu’en proportion de la part que représentent les revenus
effectivement imposables en France. Le calcul de l’impôt à payer en R va consister à
calculer l’impôt en R sur le revenu mondial du contribuable et à le multiplier par le
rapport existant entre les revenus imposables en R et le revenu mondial du
contribuable, soit 300/500
Impôt payé en S : 200 × 15% = 30 € ;
Impôt en R sur revenu mondial : 500 x barème = 140 €.
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1 ) Le principe
Dans cette hypothèse, aucun des deux États ne renonce conventionnellement
à percevoir l’impôt mais l'élimination de la double imposition est assurée en
permettant au contribuable de de déduire de l’impôt payable dans l’État de sa
résidence l'impôt payé dans l'État de la source sous réserve que cet impôt
n’excède pas le montant que la Convention autorise ce dernier à percevoir. : il
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1 – Imputation intégrale :
Impôt payé en S : 80 (40% x 200)
Impôt payé en R : 140 (application du barème progressif sur un revenu de 500) – 80
= 60.
Impôt total = 60 + 80 = 140
S’agissant d’une méthode potentiellement dangereuse pour les finances de l’État
de résidence, le Conseil d’État considère qu’elle ne s’applique que si la convention
comprend une disposition expresse (CE, 19 mars 1980, RJF 5/1980, n°401, concl.
Fabre, convention Franco-allemande en matière de dividendes (art. 20, §2). Elle est
actuellement est très peu utilisée par la France, et s’agissant de la convention franco-
allemande, l’avenant du 22 janvier 2016 l’a remplacé par la méthode de l’imputation
limitée).
2 – Imputation limitée :
Le taux d’imposition moyen appliqué par R sur les revenus est égal 140/500 soit
28%, le crédit d’impôt imputable en R est donc limité à 200 x 0,28% = 56 €
Impôt payé en S : 80
Impôt payé en R : 140 – 56 = 84 €
Impôt total = 84 + 80 = 164 soit une double imposition pour 24.
NB :
- l’impôt payé en S n’est pas déductible de l’assiette de l’impôt payé en R, en tant
que moyen de paiement de l’impôt payé en R, le crédit conventionnel est ici considéré
par l’État de résidence comme un revenu imposable.
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revenus de source étrangère ouvrant droit au crédit d’impôt. Plus cet impôt sera
faible plus le crédit d’impôt imputable est également faible. Or les modalités de
son calcul dépendent du droit interne des États et ne sont pas fixées par les
Convention. Les États auront tendance à imputer sur le revenu de source étrangère
le maximum de charges afin de diminuer l’impôt correspondant et les possibilités
d’imputation.
Exemple en matière d’IR : un contribuable perçoit 100 000 € de salaires nets et verse
une pension alimentaire de 10 000 €. Son revenu imposable s’élève alors à 90 000 €
(10% frais profs) et le taux de l’impôt en R est de 30%, : l’impôt en R est donc de
27 000 €. Mais ses revenus sont mixtes puisqu’il perçoit 60 000 € de revenus en R et
40 000 € de sources étrangères imposés en S au taux de 30% soit 12 000 €.
Deux solutions possibles pour calculer le plafonnement du crédit d’impôt imputable :
- soit on considère que les charges de famille pèsent sur tous les revenus et on
proratise la pension alimentaire, Le montant maximal du crédit d’impôt, c’est-à-dire le
montant de l’impôt dû en R sur ces revenus qui trouvent leur source en S, sera de
40 000 – (10 000 x 40 000/90 000) x 30% soit 10 800 €. Il ne pourra donc imputer au
titre du crédit d’impôt conventionnel que 10 800 € et non l’impôt réellement payé en
S.
- soit au contraire on considère que la prise en compte des charges de famille relève
de R, et qu’ainsi elle doit s’imputer en priorité sur revenus réalisés en R. Ces derniers
étant suffisant à compenser la totalité de la pension alimentaire, le montant maximal
du crédit d’impôt sera de 40 000 x 30% = 12 000 €. Dans cette hypothèse, le
contribuable pourra imputer totalement l’impôt payé en S sur l’impôt du en R, Retenue
par le Conseil d’État dans un Arrêt du 26 juillet 2011, n° 308679 et 308754, min. C/ de
Turckheim : Dr. fisc. 2011, n°41, comm. 558), la méthode de la proratisation a été
condamnée par la CAA de Paris dans un arrêt du 7 avril 2016, n°12PA04303, M. B :
Dr fisc. 20/2016, c. 20 au motif qu’elle aboutit à une imposition plus lourde de que
celle qu’aurait payé le contribuable s’il n’avait eu que des revenus de sources
françaises et qu’elle est de nature à dissuader les contribuables d’user de leurs
libertés de circulation.
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Ex en matière d’impôt sur les sociétés : le même débat a agité la doctrine s’agissant
des crédits d’impôt des entreprises : Le CE a en effet jugé que crédit d'impôt
imputable sur l'impôt sur les sociétés doit, en l'absence de toute stipulation contraire
dans la convention fiscale être déterminé en déduisant du montant brut des
dividendes l'ensemble des charges justifiées directement liées à l'acquisition, à la
conservation ou à la cession des titres ayant donné lieu à la perception des dividendes
ce qui a pour effet de diminuer le montant du crédit imputable (CE , plén. fisc., 7 déc.
2015, n° 357189, min. c/ SA Crédit Industriel et Commercial : Dr. fisc. 2015, n° 51-52,
act. 690). Le conseil d’État a refusé de transmettre la QPC relative à cette
jurisprudence pour atteinte à la liberté d'entreprendre (CE, 18 juillet 2018, n°444463,
Sté BNP ParisBas, Dr. fisc. 4/2019, comm. 127). Mais des questions se posent quant à
sa conformité au droit conventionnel et européen, et G. Blanluet, Plafonnement des
crédits d’impôts d’origine étrangère : la règle du butoir à l’épreuve du droit
conventionnel et du droit de l’union européenne, Dr. fisc. 6/2018, c. 166).
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perception, son déficit est diminué du montant des revenus étrangers qui sont
inclus dans son résultat. Cette inclusion induit une diminution du déficit reportable
et donc une imposition différée des revenus correspondant sur les exercices
suivant sans possibilité d’imputer un crédit d’impôt.
Une autre question qui est celle de l’ordre d’imputation des crédits conventionnels
par rapport réductions et crédit d’impôt de droit interne se pose également et n’est
actuellement pas clairement réglée. Si les crédits d’impôts conventionnels sont
imputés en dernier, et dans la mesure où ils ne sont pas reportables ou imputables
sur les revenus, l’élimination de la double imposition risque d’être partielle ( Voir
pour l’imputation prioritaire d’une réduction d’impôt pour investissement
reportable en application de l’article 197 du CGI, jugée entravante au regard du
droit de l’UE : CAA de Paris dans un arrêt du 7 avril 2016, n°12PA04303, M. B :
Dr fisc. 20/2026, c. 20. L’administration a fini par régler le problème par voie
d’instruction et considère que les crédits d’impôts conventionnels en matière
d’impôt sur le revenu sont imputés avant les réductions et les crédits d’impôt de
droit interne (BOI-IR-RICI, 29 juillet 2015, §35).
Pour éviter l'écueil du caractère non rapportable des crédits conventionnels,
certaines sociétés ont tenté de faire valoir qu’en l’absence de report du crédit
d’impôt ou de restitution, le montant de l’impôt payé à l’étranger devait être
considérée comme une charge déductible au sens de l’article 39 du CGI et devait
donc venir augmenter le déficit reportable.
Le Conseil d’État s’est d’abord prononcé sur cette question dans une décision (CE,
12 mars 2014, req. n° 362528, 9e et 10e s.-s., Sté Céline : RJF 6/2014, c. 601) sur
le fondement de la convention franco-italienne. Il a, à cette occasion, admis qu'il
« appartient néanmoins au juge, après avoir constaté que les impositions qu'une
entreprise a supportées dans un autre État du fait des opérations qu'elle y a
réalisées seraient normalement déductibles de son bénéfice imposable en France
en vertu la loi fiscale nationale, de faire application, pour la détermination de
l'assiette de l'impôt dû par cette entreprise, des stipulations claires d'une
convention excluant la possibilité de déduire l'impôt acquitté dans cet autre État
d'un bénéfice imposable en France ». Il conclut que la Cour d’appel n’a pas commis
d’erreur de droit en jugeant que la convention franco-italienne qui prévoyait un
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crédit d’impôt sans réserver expressément le cas des sociétés déficitaires et leur
permettre la déduction, doit être interprétée comme excluant la possibilité de
déduire le crédit d’impôt conventionnel ». Le Conseil d’État a par la suite précisé sa
position puisqu’il juge désormais que cette interdiction ne peut résulter de la seule
mention conventionnelle du fait que les revenus sont imposables pour leur
montant brut en France (CE, 7, juil.2017, n° 386579, min. c/Sté LVMH Moët
Hennesy Louis Vuitton). Il faut donc que l’interdiction conventionnelle soit claire
du genre « n’est pas déductible pour le calcul du revenu imposable » comme dans
la Convention Franco-Italienne.
Le législateur est alors intervenu pour contrer cette jurisprudence et la loi de
finances rectificative pour 2017 a modifié l’article 39-1-4° du CGI (relatif à la
déduction des charges) pour prévoir que ne sont pas déductibles : les « impôts
prélevés par un État ou territoire conformément aux stipulations d’une convention
fiscale d’élimination des doubles impositions en matière d’impôt sur les revenus
conclue par cet État ou territoire avec la France », ce qui remet en cause cette
jurisprudence, sauf pour les impositions qui auraient été prélevées par l’État
étranger en violation des dispositions de la convention (CE, 9e et 10e ch. 12
octobre 2018, n°407903, Sté Smith International France ; Dr. fisc. 24/2019, comm.
297).
c – Autres variantes de la méthode d'imputation
- la méthode du crédit d’impôt fictif, est une méthode dans laquelle le crédit
d’impôt imputable en R ne dépend pas de l’impôt réellement payé par le
bénéficiaire en S et peut même être octroyé en l’absence d’imposition des revenus
en S. Dans ce cas, le crédit d'impôt imputable dans l’État de Résidence est égal à
l'impôt que le bénéficiaire aurait dû payer dans ledit pays si certaines dispositions
particulières prises par l’État de source pour encourager les investissements (loi
d’investissement visée par la convention) ne l’en avaient pas exonéré
partiellement ou totalement Par exemple, l’article 23 2 b de la convention conclue
entre la France et la Turquie du 18 févr. 1987 prévoit que lorsque les dividendes et
intérêts versés à un résidents français bénéficient d’une exonération ou d’une
réduction d’impôt en application de mesures particulières sur le développement
économique, le crédit d’impôt est égal à l’impôt qui aurait dû être payé en
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pas du taux d’imposition à l’étranger (il faut cependant qu’il y ait eu taxation),
mais qui est égal à l'impôt français dû à raison du dit revenu de source étrangère
(résultat équivalent à la méthode de l’exemption). Pour le calcul de ce crédit
d’impôt, on multiplie l’impôt sur le revenu par le rapport entre le revenu étranger
et le revenu net imposable. La convention fiscale conclue par la France avec les
Etats-Unis du 31 août 1994 applique cette méthode : elle attribue aux États-Unis le
droit de taxer certains salaires perçus par un résident français, et son article 24
prévoit que la France peut prendre en compte les revenus ainsi taxés aux États-
Unis pour calculer l’IR, mais qu’elle doit octroyer au contribuable concerné « un
crédit d’impôt égal à l’impôt français correspondant au revenus imposables aux
États-Unis » sans subordonner expressément le droit au crédit d’impôt à
l’imposition effective des revenus aux Etats-Unis. Le Conseil d’État a admis qu’en
l’absence de mention expresse, le crédit d’impôt pouvait être imputé en l’absence
de connaissance exacte de l’impôt payé à l’étranger, (CE, 29 juin 2011, min.c/M.
Chauvin, n°320263, RDF 39/2011, c.532). Pour autant attention certaines
conventions subordonnent son octroi à la condition que le contribuable résident
soit soumis à l’impôt dans l’État de la source des revenus, Le Conseil d’État a jugé
que cette rédaction n’imposait qu’il ait été effectivement imposé mais nécessitait
qu’ils aient été compris dans la base imposable du contribuable sans le résident de
France ait été exonéré à raisons de son statut ou de son activité (CE, avis, 9 e et 10e
ch, 12 fév. 935907 ; Dr. fisc. 30-35, 23 juil. 2020, comm. 329) .
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Impôt payé en S : 60 €;
Impôt payé en R avant crédit d’impôt : 140 (application du barème progressif sur
un revenu de 500)
Crédit d’impôt en R : 140 x 200/500 = 56
Impôt réellement payé en R : 140 - 56 = 84 €
La méthode est ici plus intéressante que la méthode d’imputation totale ou limitée :
l’État R renonce finalement à taxer les revenus de source étrangère alors même que la
taxation dans l’État de source est très inférieure au taux pratiqué par R.
Tout opérateur qui prétend invoquer les dispositions d’une convention fiscale
doit, avant de consulter les dispositions catégorielles qui le concernent, s’assurer
qu’un certain nombre de conditions sont remplies, à défaut de quoi la convention
ne serait pas applicable et ses prétentions valablement écartées :
- l'impôt concerné est visé par la convention (1§) ;
- le contribuable concerné est considéré comme une « personne résidente »
d'un ou des deux États contractants (2 §) ;
- la résidence du contribuable est située dans le champ d'application territorial
de la convention (3§).
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- la convention donne d’abord une définition des impôts concernés : impôt sur les
revenus (bénéfices des entreprises et revenu des particuliers) et sur la fortune en
général. Ce qui implique la plupart des conventions couvrent, du côté français,
l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés et l'impôt de solidarité sur la fortune
à l’exception des cotisations sociales.
Des conventions spécifiques visent parfois les impôts sur les successions. De
rares conventions couvrent également les droits de donation et font référence,
selon les cas, aux « droits d'enregistrement » en général, aux « droits de mutation
à titre gratuit » ou, plus simplement, aux « droits sur les successions et sur les
donations ».
- la convention liste ensuite les impôts concernés pour chacune des parties à la
date de la ratification de la convention, puis prévoit qu’elle s'appliquera « aussi aux
impôts de nature identique ou analogue qui seraient établis après la date de
signature de la convention et qui s'ajouteraient aux impôts actuels ou qui les
remplaceraient » (Conv. modèle OCDE, art. 2, § 4) Les conventions ratifiées par la
France en matière d’impôts sur le revenu et la fortune qui reprennent cette
formulation sont de nature à s’appliquer à la contribution additionnelle à l’IS et à la
contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ainsi qu’ à l’impôt sur la fortune
immobilière qui a remplacé en 2018, l’ISF.
S’agissant des contributions sociales perçues (CSG, CRDS) sur les revenus de
capitaux et d’activité, L’Administration fiscale considère que: « la CSG et la CRDS
sont des impôts sur le revenu [...] par conséquent, ces contributions sont couvertes
par les dispositions des conventions fiscales visant à éliminer la double imposition,
à moins que leur rédaction particulière ne les exclue ») (BOI-INT-DG-20-20-10,
3 juin 2016, § 110) . Pour autant, certains États peuvent ne pas avoir la même
interprétation, ainsi les États-Unis ont considéré que ces prélèvements ne sont pas
des impôts mais des cotisations sociales et ont longtemps refusé de les prendre en
compte pour le calcul du crédit d’impôt conventionnel consenti à leurs résidents
bénéficiaires de revenus français (RM Madame Corinne Narassiguin, n° 7429,
15/01/2013 ; l’International Revenue Service (IRS : administration fiscale
américaine) est revenu sur cette position dans un publication du 19 juillet 2019 cité
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Pour terminer, il convient de préciser que cette analyse n’est pas retenue par
l’ensemble de juges nationaux dans le monde, certains considérant en effet, que
l’objet des conventions n’est pas uniquement d’éviter les doubles impositions,
mais plus précisément de répartir les bases d’imposition entre États signataires
(juge finlandais, Suédois, indien).
3) Critère de résidence et société de personnes :
Des difficultés peuvent survenir lorsqu’il s’agit d’appliquer une convention
fiscale internationale à une société de personnes, la France ayant en cette matière
une analyse qui diffère de celle de ces homologues.
Pour la France, ces sociétés dites semi-transparentes sont des personnes au
sens conventionnel et ont une personnalité fiscale distincte de leurs membres,
elles sont donc considérées comme résidentes françaises lorsque leur siège est en
France quand bien même elles n’y payent pas directement l’impôt et n’y sont donc
pas véritablement assujetties aux sens conventionnel. En conséquence, les
associés de ce type de sociétés, seuls redevables de l’impôt sont taxables en
France au titre des résultats de la société quand bien même ils seraient non-
résidents (CE, 8e et 9e ss.-sect, 9 fév. 2000, req. n°178 389, Sté suisse Hubertus,
Dr ; fisc 15/2000, comm. 310 pour une société suisse détenant des parts dans une
SCI française). La France considère qu’ils ne peuvent invoquer la Convention la
liant avec leur État de résidence, notamment l’article relatif aux revenus innomés
pour s’opposer à leur imposition en France car pour cette dernière sont en cause
non pas leurs revenus, mais les revenus de la société résidente en France (CE, 11
juillet 2011 n°317024, Plén., Société Quality Invest : RJF 10/11 n°1063).
Pour la plupart des autres pays dans le monde, ce type de sociétés
(notamment les partnership anglosaxon) correspond à des structures totalement
transparentes qui ne sont pas des sujets fiscaux en tant que tels. Elles ne sont
donc pas considérées comme résidentes de l’État dans lequel elles ont leur siège.
Seuls les associés sont considérés comme résidents de l’État où ils sont établis
pour la quote-part des résultats qui leur revient. Cette divergence de vue pourrait
avoir des conséquences fâcheuses lorsque des dividendes sont distribués par une
société française à une société de personnes étrangère dont le siège se situe dans
un État reconnaissant la transparence fiscale de cette structure.
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- Il peut engager des procédures juridictionnelles internes. Il est à noter que selon
une jurisprudence française désormais ancienne lorsque la difficulté résulte d’un
problème d’interprétation des dispositions conventionnelles, le juge saisi de la
question se considère comme habilité à procéder à cette interprétation sans avoir
à invoquer la théorie de l’acte clair et sans avoir non plus à se référer au ministre
des affaires étrangères : CE, GISTI, Ass, 29 juin 1990, n°78 519, RJF 8-9/1990, n°
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opposé par les autorités compétente d’ouvrir la procédure amiable soit devant le
juge de l'impôt compétent (art . L 251 F nouveau du LPF) (si les deux
administrations nationales ont refusé d’ouvrir la procédure, soit devant une
commission consultative (si seulement une des administrations a refusé d’ouvrir la
procédure).
Si la procédure amiable est ouverte, la demande du contribuable est
examinée.
- L’administration peut dans ce cadre, de son propre chef, mettre fin à la double
imposition si elle estime les arguments fondés. Mais elle peut aussi tout aussi bien
refuser de donner suite à la demande puisqu’elle simplement tenue de s’efforcer
d’apporter une solution satisfaisante à la demande. Un refus injustifié pourrait le
cas échéant ouvrir droit à indemnisation pour perte d’une chance.
- Si l’administration considère que la contestation est fondée mais qu’elle ne peut
unilatéralement mettre fin à la double imposition, il lui appartient alors d’initier la
phase internationale de la procédure amiable.
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ne dépassant pas 24 mois (délai de rigueur prévu par la directive mais qui peut
être prorogé d’une année).
À l’issue de ce dialogue deux situations peuvent se présenter :
- Soit les autorités compétentes sont arrivées à un accord qui sera notifié au
contribuable qui pourra soit l’accepter, soit le refuser. S’il l’accepte, l’accord
ne sera applicable que sous réserve de son désistement préalable de toutes
les procédures juridictionnelles en cours ;
- Soit les autorités compétentes n’arrivent pas à se mettre d’accord :
Dans cette dernière hypothèse, de deux choses l’une, soit il s’agit d’une
convention ancienne qui ne prévoit pas de convention d’arbitrage et l’élimination
de la double imposition n’est pas un droit de telle sorte que la situation du
contribuable restera en l’état. Soit la convention comprend une clause d’arbitrage,
soit le litige concerne l’application d’une convention liant deux États européen et
l’obligation de moyens pesant sur l’administration deviendra une obligation de
résultats.
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derniers, peu enclins à confier à des arbitres indépendants le soin de répartir leurs
bases d’imposition, question régalienne s’il en est.
Le premier texte contraignant instaurant une procédure d’arbitrale pour la
résolution de doubles impositions a été la convention européenne du 23 juillet
1990 n° 90/436/CEE relative à l’élimination des doubles impositions en cas
de correction des bénéfices des entreprises associées. Son apport est
indéniable, mais cette convention très spécialisée ne concernait que les doubles
impositions résultant de la rectification unilatérale de prix de transfert affectant
des sociétés européennes ou leurs établissements stables. Outre ce champ
d’application territorial et matériel très limité, cette convention ne permettait pas
de résoudre toutes les difficultés collatérales à la double imposition résultant des
rectifications de prix de transfert : intérêt de retard qui courent malgré la procédure
amiable en cours, absence d’intérêts moratoires au profit du contribuable, retenue
à la source sur les bénéfices considérés comme distribués... Par ailleurs, les États
européens avaient pu faire montre d’une certaine mauvaise volonté à l’appliquer,
ce qui avait conduit le Conseil de l’Union Européenne à adopter le 26 décembre
2004 un code de conduite pour la mise en œuvre effective de la convention
d’arbitrage, remis à jour depuis.
Certaines conventions bilatérales comprenaient aussi des clauses d’arbitrage :
ainsi par exemple la convention entre les États-Unis et l’Allemagne datée du 29
Août 1989. La convention du 31 août 1994 conclu entre la France et les États-Unis
comprenait également une clause arbitrale mais cette dernière était restée lettre
morte (FR 32/09, p.37). Finalement, jusque très récemment les rares procédures
arbitrales conventionnelles n’avaient pas été activées, les États faisant preuve
d’une réelle méfiance à leur égard, les considérant comme attentatoires à leur
souveraineté fiscale.
L’augmentation du nombre et de l’enjeux financier des conflits non réglés à
l’issue de la procédure amiable a poussé l’OCDE à intégrer à l’article 25 de la
version révisée en juillet 2008 du modèle de convention OCDE une procédure
d’arbitrage obligatoire. Dans la foulée, certaines conventions ont été révisées. Ainsi
par exemple, la convention du 31 août 1994 conclu entre la France et les États-Unis
a été modifiée par avenant du 13 janvier 2009 introduisant une nouvelle clause
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arbitrale (FR 32/09, p.37). Pour autant le succès de cette nouvelle clause a été
limitée et sur les quelques 3 000 conventions fiscales bilatérales, seule une petite
centaine contenaient une clause d’arbitrage.
Les travaux du BEPS ont poussé plus avant la promotion de ce mode de
résolution des différends fiscaux, et l’article 19 de l’IM qui en résulte prévoit la mise
en place d’un arbitrage obligatoire et contraignant, ce qui devrait normalement
faciliter la mise en place de procédures conventionnelles d’arbitrage, Pour autant
cette clause étant facultative, elle ne s’applique que si les deux États signataires
ont opté pour son introduction dans leurs conventions couvertes. Or, seuls une 20 e
d’États, dont la France, ayant opté pour la mise en place de cette procédure,
l’OCDE évalue le nombre de conventions amendées à, environ, 150 sur les 3 000 €
que compte le réseau conventionnel mondial.
L’Union Européenne, de son coté, a été beaucoup plus volontariste puisque la
Commission européenne a convaincu les États membres d’adopter la directive
2017/1852, directive arbitrage, entrée en vigueur dans l’Union européenne le 1 er
juillet 2019 pour les différents relatifs à des revenus ou des capitaux perçus au
cours d’un exercice fiscal ouvert à compter du 1 er janvier 2018. Cette directive
impose désormais au États membres que toute difficulté d’application d’une
convention fiscale liant deux États membres entraînant une double imposition
(quel que soit l’impôt concerné, qu’il s’agisse d’un contribuable personne physique
ou morale) soit réglée, sur demande du contribuable, par voie d’arbitrage
lorsqu’elle n’a pas trouvée solution par la voie amiable et ce nonobstant la
présence ou non d’une clause d’arbitrage dans la convention en cause.
2 § La procédure arbitrale
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dans les 60 jours qui suivent la nomination de son Président. La commission a alors
six mois à dater de la désignation de son président pour rendre sa décision qui ne
peut être que l’une des propositions faites par les deux États (dernière offre). La
décision est ensuite notifiée au contribuable qui dispose de 30 jours pour accepter
formellement la décision. S’il l’accepte, il doit alors se désister de tout recours
juridictionnel en cours. Sous réserve de cette acceptation, la décision lie donc les
États.
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Les conventions fiscales sont des traités internationaux qui ont en principe la
primauté sur le droit interne (A). Pourtant, si leur application peut parfois conduire
à réduire les obligations fiscales instituées par le législateur français, elles ne
peuvent en principe intervenir qu’à titre subsidiaire (B).
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des cafés Jacques Vabre, D 1975, p. 497) que le juge administratif (CE, 20 octobre
1989 , Nicolo, n°108243, R.J.F. 11/89, n°1266).
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elle lui est simplement incompatible et cette incompatibilité est spécifique aux faits
de l’espèce tranchée par le procès au cours duquel elle a été écartée.
Il en résulte logiquement que les dispositions d’une Convention fiscale
internationale ne peuvent être invoquées qu’en plein contentieux lors d’un litige
fiscal individuel. Elles ne peuvent en revanche pas fonder un contentieux de la
légalité contre une disposition réglementaire au cours duquel le requérant ferait
valoir que cette disposition réglementaire doit être annulée au motif qu’elle a été
prise en application d’une loi non-conforme à une convention fiscale internationale.
Le juge considère en effet « qu’eu égard à l’objet d’une telle convention [fiscale],
un moyen tiré de la méconnaissance de ces stipulations par des dispositions de
portée générale ne saurait être utilement invoqué à l’appui d’un recours pour
excès de pouvoir contre des dispositions réglementaires prises pour l’application
de telles dispositions » (CE, 8e et 9e ss.-Section, 12 juillet 2013, n°359994, M.
Aube-Martin, concl. Bohnert, Rev. Fisc. 2013, n°37, c. 417, cons. 14).
b) Par ailleurs, il convient de remarquer que l’incompatibilité n’est pas toujours
sanctionnée par la mise à l’écart de la loi nationale, Le pouvoir d’interprétation du
juge fiscal lui permet parfois de neutraliser de potentielles incompatibilités entre
dispositifs fiscaux nationaux et conventions fiscales. On rappelle que le juge de
l’impôt se considère compétent pour interpréter les dispositions conventionnelles,
et qu’il ne se considère pour se faire tenu ni par la position de son administration
nationale, ni par celle de l’autorité nationale de l’autre Etat contractant. Or, fort de
ce pouvoir d’interprétation, le juge s’écarte parfois de la directive d’interprétation
fixée à l’article 3 § 2 du modèle OCDE selon laquelle les dispositions
conventionnelles doivent être interprétées « selon le sens ordinaire des mots »
pour faire prévaloir des qualifications internes qui permettent d’éviter que les
dispositions nationales appliquées au contribuable requérant n’entrent en conflit
avec la convention applicable (voir par ex : CE, Aznavour, 28 mars 2008,
n°271 366, R.D.F.2008/17, p.31 et Julie Burguburu, « Mes concerts, mes impôts,
mes … ou quand l’article 155 A pousse sa chansonnette un peu plus loin », R.J.F.
5/08, p.447 ).
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Paris le 18 avril 1989 en contrepartie duquel avait été versée la somme de 400 000
francs non pas à Charles Aznavour mais à une société établie en Grande–Bretagne.
L’Administration fiscale française a alors estimé que le chanteur devait payer des
impôts en France sur ladite somme sur le fondement de l’article 155 A du CGI. Ce
dispositif anti-abus (cf infra) permet à la France d’imposer les revenus versés au titre
de prestations de services – surtout artistiques et sportives - réalisées en France au
nom de la personne qui les a réalisées alors même que la rémunération
correspondante aurait été versée à un tiers et qu’il n’aurait été pas démontré que le
prestataire en aurait en réalité appréhendé tout ou partie. Monsieur Aznavour a fait
valoir, entre autres moyens, que la convention franco-britannique s’opposait à la
taxation en France des sommes perçues par la société britannique en rémunération
des prestations par lui exécutées en France, l’administration fiscale n’ayant pas
démontré l’existence d’un établissement stable de cette société en France. Pour le
débouter, le Conseil d’Etat, contrairement aux conclusions du commissaire du
gouvernement, n’a même pas examiné le moyen, mais fait remarquer que cette
convention ne pouvait être invoquée par Monsieur Aznavour, puisque les sommes
mises à sa charge en application de l’article 155 A ne venait pas taxer les revenus
de la société britannique mais les revenus de l’artiste lui-même. Pour ce faire, le
Conseil d’État a fait prévaloir la fiction juridique créée par l’article 155 A du CGI
(recours au droit droit national pour l’interprétation) qui tient le prestataire, ici M.
Aznavour, pour titulaire des revenus tirés de sa prestation sur la réalité. On peut
soutenir qu’ « une interprétation de bonne foi suivant le sens ordinaire des termes
du traité » ( directive d’interprétation de la Convention de Vienne) exigeait de
considérer que les revenus dont l’imposition était contestée étaient des revenus de
la société britannique et donc des bénéfices d’entreprise au sens cette convention.
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Cette démarche doit être suivie au besoin d'office par le juge même si les parties
ne soulèvent pas de moyens tirés de la méconnaissance du droit interne, et fait du
recours aux conventions internationales un moyen subsidiaire d’élimination des
doubles impositions. .
La Cour de Cassation a refusé de rejoindre la position du Conseil d’Etat et de
consacrer le principe subsidiarité. Dans un arrêt de principe (Cass, ass. Plén., 2 oct.
2015, n° 14-14.256, DGFip c/Mme Eshagh : Dr. fisc. 46/2015, comm. 679) en
matière de droits de succession, elle a précisé « qu’en vertu de la hiérarchie des
normes, il convient de se référer, d’abord, aux conventions internationales ».
L’affaire concernait la succession d’un marocain fiscalement domicilié à Monaco et
qui détenait des parts de sociétés immobilières en France. La Cour considère qu’il
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convient de vérifier d’abord que la convention permet à la France de taxer les dits
biens, et en cas de réponse positive de se poser subsidiairement la question de
savoir si le droit interne permet une telle imposition. Or en l’espèce, l’article 6 de la
convention Franco-monégasque réservant à l’Etat du défunt le droit de taxer les
valeurs mobilières dont il est propriétaire au moment du décès, la France ne
pouvait taxer quand bien même l’article 750 ter prévoit que sont soumis aux droit
de mutation par décès les biens immeubles situées en France, biens immeubles
auxquels sont assimilés (2° al4) les titres de sociétés à prépondérance immobilière
c’est-à-dire celles donc l’actif est principalement constitué en France. Le
raisonnement inverse aurait conduit à la même conclusion en raison du principe de
supériorité, la convention qualifiant clairement les titres en question de biens
incorporels, mais la Cour confirme une interprétation divergente de celle du Conseil
d’Etat.
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en est de même de l’article 165 bis du CGI qui dispose que « nonobstant toute
disposition contraire du présent code, sont passibles en France de l’impôt sur le
revenu tous les revenus dont l’imposition est attribuée à la France par une
convention fiscale internationale ». Saisi d’une double imposition, le juge pourra
donc se dispenser de recourir au raisonnement binaire présenté précédemment et
procéder à un raisonnement raccourci consistant à vérifier en première intention
que la compétence de taxation est bien attribuée à la France par le texte
conventionnel. Dans l’affirmative, il pourra confirmer une imposition non prévue
par les dispositions du code général des impôts. Ce faisant, il ne portera pas
atteinte au principe de subsidiarité puisque c’est sur habilitation du droit français
que la compétence fiscale peut être attribuée à la France par la convention (CE,
Société Zimmer Limited », n°304715 et 308 525, 31 mars 2010, R.J.F. 6/2010, c.
568).
Pour autant, indéniablement l’application de la convention sera donc de nature à
augmenter la charge fiscale du contribuable par rapport à ce qu’elle aurait dû être
si seul le droit français avait été mobilisé.
- Par ailleurs, l’application, même à titre subsidiaire, d’une convention fiscale, peut
conduire à refuser à un contribuable la déduction d’une charge, d’un crédit
d’impôt, d’un avantage fiscal auquel il aurait pu avoir droit en application du droit
interne et donc par voie de conséquence à alourdir sa dette fiscale dès lors que la
France se voit conventionnellement privée de sa compétence d’imposition. On
peut citer l’exemple jurisprudentiel suivant : CE, 12 juin 2013, n° 351702, Sté BNP
Paribas, et concl. Emilie Bokdam-Tognetti, RJF 10/13, p. 787. La société requérante,
la Sté BNP Paris Bas, avait déduit de son bénéfice imposable des provisions pour
dépréciation de titres d’une de ses filiales canadiennes, déduction en principe
autorisée par le droit français (CGI, art. 39). Pour autant, l’administration avait
considéré qu’en application de la convention franco-canadienne cette déduction
devait être refusée, ce qu’a validé le Conseil d’Etat. Il a en effet constaté que, la
convention fiscale applicable réservant la compétence d’imposer les plus-values
sur titres au Canada, par un traitement symétrique des bénéfices et des pertes,
elle impose que les moins-values correspondantes ne puissent être déduites que
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dans ce seul Etat. Cette attribution des pertes à la seule compétence territoriale du
Canada interdisait que des provisions destinées à faire face à de telles pertes
puissent être déduites en France dès lors que le droit français subordonne la
déduction des provisions à la déductibilité des pertes anticipées. Un tel
raisonnement préserve le principe de subsidiarité, la convention venant s’opposer
à l’application de la loi nationale mais confirme incontestablement que subsidiarité
ne rime pas obligatoirement avec non aggravation. Il s’agit en fait d’éviter que des
conventions initialement destinées résoudre des cas de double imposition ne
puissent fonder des cas de double déduction ou de double non-imposition.
Pour autant attention, si la décision BNP Paris confirme que l’application des
règles conventionnelles de répartition du pouvoir d’imposer peut conduire à priver
un contribuable d’un avantage fiscal prévu par le droit français dès lors que celui-ci
ne relève pas conventionnellement de la compétence territoriale française, une
disposition conventionnelle ne peut en aucun cas priver le contribuable d’une
exonération fiscale prévue par la loi française si le pouvoir d’imposer est
conventionnellement confié à la France. Voir pour exemple, TA Montreuil 18
novembre 2011, n°1005653, 10e ch., Griveau, RJF 6/2012, n° 552) : Un résident
chinois avait cédé des titres d’une société française et, à cette occasion, réalisé
des plus-values. Tout en relevant du champ d’application de l’IR français, ces plus-
values étaient exonérées puisque les droits du cédant dans la société n’avaient
jamais dépassé 25% des bénéfices de la société. La convention prévoyant que ce
type de plus–values relevait de la compétence française sans faire référence à une
quelconque exonération, l’administration s’est cru fondée à s’en prévaloir pour
refuser l’exonération. Le Tribunal n’a pas validé l’analyse confirmant que si les
conventions fiscales peuvent contrarier le principe de territorialité retenu par le
législateur français pour tenir compte de l’arrangement entre deux Etats, elles ne
peuvent en aucun cas revenir sur des exonérations légales.
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Le droit fiscal international en tant que droit qui s’applique à des agents ou
des opérations qui mettent en cause au moins deux pays trouve aussi, et de plus
en plus, sa source dans le droit communautaire primaire mais aussi dérivé. En
effet, si au niveau européen, la politique fiscale de chacun des Etats membres
relève de sa souveraineté, leur appartenance à l’Union contraint de plus en plus
leurs choix fiscaux notamment lorsque sont en cause des situations transfrontières
intra-UE, mais aussi au-delà des opérations réalisées avec des pays tiers.
En réalité, les contraintes européennes qui pèsent sur les États membres lors
de l’élaboration des règles fiscales applicables aux opérations transfrontières, que
ces règles soient internes ou même conventionnelles, diffèrent dans leur source et
leur intensité selon les situations :
- soit les règles concernées relèvent d’un domaine qui a fait l’objet d’une
harmonisation au plan communautaire et dans ce cas la latitude laissée à l’échelon
national est réduite ;
- soit, en l’absence même de toute harmonisation, la législation fiscale
nationale ne doit pas constituer une entrave aux libertés communautaires et
notamment aux libertés de circulation. La Cour de justice le rappelle constamment,
si les États membres restent libres de définir leur politique fiscale notamment en
matière de fiscalité directe, ils ne peuvent le faire que dans le strict respect des
principes communautaires (CJCE, 14 février 1995, Schumacker, C-279/93, point 21,
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Rec., p.I-225). L’élimination des entraves fiscales pour toutes les formes d’activités
économiques transfrontalières étant un des objectifs régulièrement réaffirmé par la
Commission européenne, la mise en place de dispositifs fiscaux protectionnistes
devient donc plus en plus difficile.
- soit enfin, encouragée en cela par le « code de conduite dans le domaine de
la fiscalité des entreprises » du Conseil du 1er décembre 1997, la Commission s’est
saisie des articles 107 et 108 du TFUE relatif aux aides d’État pour contrer, sous
couvert de préservation de la concurrence, un certain nombre de dispositifs fiscaux
par lesquels les États cherchent à augmenter l’attractivité fiscale de leur territoire
et qu’elle analyse comme relevant d’une « concurrence fiscale dommageable ».
INTERNATIONALES
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1 § L’harmonisation de la TVA
En matière de TVA, le principal acte législatif communautaire est la sixième
directive sur la TVA du 17 mai 1977 (Journal Officiel L 145 du 13 juin 1977)
refondue par la directive 200/112 du 28 novembre 2006 qui a établi une assiette
uniforme dans toute la Communauté européenne de l'époque. Cette directive a été
modifiée depuis et mise à jour à plusieurs reprises. Il n’est pas question ici de
présenter en détails le mécanisme de la TVA qui s’applique uniformément sur le
territoire de tous les États membres, mais simplement, s’agissant d’un cours de
fiscalité internationale, de rappeler que cette directive laisse peu de marge de
manœuvre aux États en ce qui concerne le traitement, en TVA, des opérations
transfrontières. S’agissant des échanges intra-européens (livraisons de biens entre
assujettis établis dans deux États membres différents ou acquisition par une
personne physique d’un bien dans un État membre autre que celui de sa résidence,
prestations de service transfrontières), la directive met en place, depuis le 1 er
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par les Êtas (navigation aérienne, biocarburant, énergie solaire…). Elle prévoit
ensuite des accises minimales selon le produit visé. La Commission européenne
avait présenté le 13 avril 2011 une proposition de révision de la directive sur la
taxation de l’énergie (DTE) intitulée vers une taxation plus intelligente de l’énergie
dans l’UE. La Commission espérait ainsi restructurer la taxation de l’énergie en UE
de manière à ce que cette taxation puisse d’une part servir les besoins budgétaires
des Etats, et d’autre part les engagements pris au niveau européen en matière de
réduction des émissions des gaz à effet de serre. Il s’agissait de scinder les droits
d’accise en deux taxes distinctes : une taxe minimale qui aurait frappé les
différents produits en fonction de leur impact CO2 (20 € par tonne de CO 2) de sorte
que l’accise minimale aurait été plus faible pour l’électricité solaire, éolienne que
pour l’énergie d’origine thermique, ce qui aurait permis de faire disparaître la
taxation par défaut actuellement pratiquée (l’énergie électrique est aujourd’hui
taxée uniformément, sauf décision d’exonération par l’État membre,
indépendamment de sa source). Une taxe supplémentaire était prévue dont le
montant aurait été fonction du contenu énergétique des produits afin par exemple
de ne plus privilégier, comme c’est le cas aujourd’hui, le charbon qui, a contenu
énergétique équivalent, est moins taxé que le pétrole, La proposition a été retirée
en 2015, mais le Conseil ECOFIN a, le 5 déc. 2019 donné son accord de principe
pour une réforme des principes de taxation de ces produits énergétiques pour
contribuer à la transition vers une UE neutre pour le climat….
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avérée très difficile, l’unanimité requise étant souvent illusoire dans le cadre d’une
Europe à 28 (désormais à 27).
Il n’en reste pas moins que les États membres sont parvenus à un consensus
dans certains domaines où un certain nombre de directives ont adoptées : il s’est
d’abord agit, dans les années 90, d’instaurer des solutions aux impositions dont les
effets auraient été préjudiciable au développement du marché intérieur et depuis
quelques temps de faciliter la lutte contre la fraude et de l’évasion fiscale
internationale. La commission européenne a par ailleurs proposé que les modalités
de calcul de l’impôt sur les sociétés soient harmonisées au sein de l’Union, mais
l’ACCIS n’a pour l’instant pas été adopté.
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Pour certaines doubles impositions, les États membres sont néanmoins arrivés
à un accord et des directives ont été adoptées : trois directives en matière de
fiscalité des entreprises et une pour la fiscalité des particuliers.
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fusionne ou absorbe une société d’un autre État membre sont des opérations qui
engendrent potentiellement un coût fiscal important de nature à dissuader les
groupes transfrontaliers de procéder à ce type de réorganisation. Dès lors que ces
opérations entraîne la disparition de la société absorbée, elles génèrent au plan
fiscal des plus-values taxables, la perte de la possibilité de reporter les déficits, la
taxation des profits de liquidation distribués et pour les associés la taxation des
plus-values sur titres. Si l’État de résidence de la société absorbée peut
parfaitement assurer la neutralité fiscale de ce type d’opérations lorsqu’elle est
réalisée entre sociétés résidentes, il sera moins enclin à ce type de facilité fiscale
lorsque la société qui persistera après l’opération se trouvera sur le territoire d’un
autre État membre. La directive dont il est ici question organise la neutralité fiscale
de telles opérations et oblige à ce titre l’État de résidence de la société absorbée à
s’abstenir de taxer l’opération au moment où elle est effectuée
Les directives qui vise à améliorer les conditions de lutte contre la fraude et
l’évasion fiscale internationale au sein de l’UE, sont nombreuses. Ne seront citées
ici que les principales.
- La directive 2003/48/CE du Conseil, du 3 juin 2003, en matière de fiscalité des
revenus de l’épargne sous forme de paiements d’intérêts mettait en place des
obligations d’échange automatiques d’informations entre administrations
nationales afin que les intérêts perçus par un particulier dans un État autre que
celui de sa résidence soient effectivement taxés dans ce dernier. Cette directive a
d’abord été modifiée en mars 2014 : il s’est alors agit d’améliorer les conditions de
transmission des informations relatives à ces intérêts à l’état de résidence du
bénéficiaire en tenant compte notamment de possibles interposition de personnes
(fiducie par exemple) et d’élargir la liste des revenus concernés par l’obligation
d’échange automatique d’informations aux dividendes et à d’autres type de
revenus du capital, ainsi qu’aux soldes annuels des comptes produisant ces
revenus que ces placements soient détenus par des particuliers ou des entreprises.
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Elle est entrée en vigueur en janvier 2016. Les établissements payeurs de tels
revenus doivent informer l’Administration de leur État d’établissement du nom,
adresse du bénéficiaire ainsi que des sommes versées. L’administration en assure
la transmission à celle de l’État de résidence du bénéficiaire. Finalement la
directive a été abrogée le 10 novembre 2014 et ses dispositions reprises dans le
texte de la directive qui suit.
- Le 12 juillet 2016 a été adoptée par le Conseil de l’Europe une directive 2016/
1164 établissant des règles pour lutter contre les pratiques d’évasions fiscales qui
ont une incidence directe sur le marché intérieur dite ATAD qui met en place un
certain nombre de dispositifs pour lutte contre les pratiques de planification
agressives des grandes entreprises (par exemple obliger les États à intégrer dans
leur législation intérieure une clause anti-abus générale minimale, un dispositif
société étrangères contrôlées (cf. supra), des dispositifs anti-hybrides). Elle devra
être transposée avant le 31/12/2018.
3§ Le projet ACCIS
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Au-delà de ces acquis, en octobre 2001, dans une communication intitulée « vers
un marché intérieur sans entraves fiscales » la Commission avait présenté de
nouvelles initiatives pour l'avenir dans le domaine de la fiscalité des entreprises au
sein de l'Union européenne. La communication constatait que la coexistence de
multiples systèmes fiscaux formait entrave au développement des activités
transfrontalières des sociétés au sein de l’UE notamment en ce qu’elle les obligeait
à des frais de mise en conformité fiscale et excluait la compensation
transfrontalière des pertes. La Commission a ensuite émis l’idée qu’en l’absence
d’une harmonisation des taux, une harmonisation de l’assiette pourrait constituer
une avancée importante et notamment permettrait une concurrence loyale par les
taux. Cette harmonisation réduirait également les risques de transfert indirect de
bénéfices liés à la fixation des prix de transfert intragroupes. Le projet ACCIS,
(assiette commune consolidée à l’Impôt sur les sociétés) a donc fait l’objet d’une
première proposition de directive en 2011 de la commission (COM/2011/121). Selon
cette proposition, les groupes de sociétés réalisant des opérations transfrontalières
intra-UE aurait établir leurs bases d’imposition à l’impôt sur les sociétés dans
chacun des États dans lesquels ils interviennent en appliquant des règles
harmonisées. Il s’agirait :
- de dégager un résultat imposable unique au niveau du groupe. Ce résultat
correspondrait à la somme algébrique des résultats et déficits de chacune des
entités, de sorte que les pertes réalisées dans un État pourrait venir compenser les
profits réalisés dans un autre. Ce résultat devrait être déclaré auprès d’une seule
administration, celle de l’Etat dans lequel est établie la société mère ou son lieu de
direction effective, le groupe concerné n’ayant plus d’obligations déclaratives
auprès de chaque administration étatique ;
- puis d’attribuer à chacun des États dans lesquels une ou plusieurs entités
interviennent une quote-part de ce résultat déterminée en fonction de trois
facteurs : main-d’œuvre (nombre d’employés et masse salariale), immobilisations
corporelles et chiffre d’affaires afin que chacun puisse taxe la base qui lui revient à
son propre taux.
Alors qu’était envisagé la mise en place d’une coopération renforcée sur ce projet
entre au moins 9 États, le dossier s’est enlisé. Les négociations ont cependant été
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NÉGATIVES
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l’Italie pour avoir mis en place des « droits statistiques » qui frappaient les produits
tant à l’importation qu’à l’exportation. Bien que non discriminatoires, ces
constituent selon la Cour une entrave à la libre circulation des marchandises
(CJCE, 1er juillet 1969, Commission c/ Italie, aff. 24/68, Rec CJCE 1969, p. 193,
concl. K Roemer). Ces taxes d’effet équivalent ne peuvent, contrairement aux
restrictions quantitatives, bénéficier des justifications de l’article 36 du TFUE . Les
États ne peuvent donc arguer de la protection de l’environnement, ni même de
raisons sanitaires ou d’ordre public pour en justifier le maintien.
L’interdiction des restrictions à libre circulation des marchandises est telle que
constituent des taxes d’effet équivalent les prélèvements qui sont perçus non pas à
raison du franchissement d’une frontière nationale mais de celui d’une frontière
régionale intra-étatique : voir par ex, à propos de l’octroi de mer (ancienne
version : Voir, M.-J. Aglaé, Octroi de mer : un impôt en sursis ?; Dr. fisc, n°44/2016,
c. 564 ) perçu lors de l’introduction de marchandises sur le territoire des
départements d’outre-mer (C.J.C.E., 16 juillet 1992, Legros et a , c-163/90) quand
bien même l’octroi frapperait les marchandises importées de la France
métropolitaine et les produits étrangers. Voir également CJCE, 9 septembre 2004,
Carbonati Apuani, C-72/03, Rec. p. I-8027 : taxation des poudres de marbre
lorsqu’elles sortent du territoire de la commune de Carrare, y compris lorsqu’elles
ne sont pas destinées à l’exportation. Elle n’a donc pas à être discriminatoire pour
constituer une entrave à la liberté de circulation (C.J.C.E, 20 février 1979, aff. C-
120 /78, Rewe-Zentral AG c/Bundesmonopolverwaltung fûr Brannwein (Cassis de
Dijon), rec. CJCE, I, p.649, pt 14).
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analogues ou répondent aux mêmes besoins : taxes dites discriminatoires qui vicie
les rapports de concurrence entre produit importés et produits nationaux.
À ce titre par exemple, a été jugé prohibée une taxe introduite par la France
sous le nom de « droit de distillation » sur les seuls alcools de céréales, dans la
mesure où elle ne s’appliquait pas aux alcools de vin ou de fruits. La Cour a en
effet considéré que ces produits du fait de leurs caractéristiques entraient en
concurrence avec les produits dont la vente était taxée, de telle sorte que la taxe
avait en réalité pour effet de surtaxer des produits importés (Whisky, Vodka) au
profit des produits nationaux (Cognac, eaux de vie) : CJCE, 27 février 1980,
Commission contre France, aff. 168/78, Rec. CJCE p.347, concl. Reischl. Voir par
exemple aussi, la taxe sur la pollution instaurée par la Roumanie qui frappait les
véhicules lors de leur première immatriculation en Roumanie, dans la mesure où,
selon la Cour, elle décourageait la mise en circulation dans le dit État membre de
véhicules achetés dans d’autres États membres (CJUE, 8 avril 2011, aff. C-29/11 et
C-30/11 Sfichi) : cette taxe applicable aux premières immatriculation en Roumanie
ne s’appliquait pas lors de la ré-immatriculation en Roumanie de véhicules mis en
circulation en Roumanie avant l’entrée en vigueur de la taxe, de telle sorte qu’à
caractéristiques techniques égales un véhicule d’occasion importé en Roumanie
après l’instauration de la taxe et immatriculé supportait la taxe, alors qu’un
véhicule mis en circulation en Roumanie avant l’instauration de la taxe et ré-
immatriculé après n’en supportera pas. Voir également pour une taxe sur la
possession de véhicules de grosse cylindrée introduite par la Grèce au titre de
l’année 2013 et frappant les véhicules de moins de 10 ans, délai calculé à compter
de la date de leur première mise en circulation en Grèce (CJUE, 7 mars 2019, aff. C-
689/19, Elleniko Dimosio, Europe 5/2019, comm. 194).
Al 2 : frappent des produits des autres états membres qui ne sont pas en
concurrence directe avec une production nationale mais dont la taxation pourrait
indirectement favoriser d’autres productions nationales : taxes dites
protectionnistes. Par exemple, a été jugée protectionniste l’institution par la
Belgique d’un taux de TVA plus important sur les vins que sur la bière. Après avoir
admis qu’il ne s’agit pas de produits similaires, la cour a jugé que l’institution par la
Belgique d’une telle taxe avait une incidence sur les rapports de concurrence des
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une imposition plus lourde que ses collègues résidents allemands ayant une
rémunération et une situation familiale identique. La Cour a ici initié sa
jurisprudence selon laquelle si «la fiscalité directe relève de la compétence des
États membres, il n’en reste pas moins que ces derniers doivent l’exercer dans le
respect du droit communautaire » et admis que les libertés de européennes
s’imposent aussi aux politiques fiscales des États membres, notamment en matière
de fiscalité directe.
Les deux libertés européennes les plus communément utilisées par les requérants
pour contester des dispositions fiscales nationales sont la liberté d’établissement
et, de plus en plus fréquemment, la libre circulation des capitaux. Si le
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raisonnement qui peut conduire la Cour à les juger entravantes ne dépend pas de
la liberté invoquée par le requérant, le fondement choisi pour la contestation n’est
pas équivalent.
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plus lourdement taxés que ceux bénéficiant à des sociétés nationales. Pour éviter
cette conclusion, le gouvernement finlandais, faisait valoir que la différence de
traitement des dividendes n’était pas fondée sur la nationalité (résidence-non
résidence) des sociétés bénéficiaires, mais sur une différence objective de
situations entre les SICAV luxembourgeoises et les société locales, la forme
juridique SICAV étant inconnue du droit finlandais. Mais dès lors que « le caractère
comparable d'une situation transfrontalière avec une situation interne doit être
examiné en tenant compte de l'objectif poursuivi par les dispositions nationales en
cause ainsi que de l'objet et du contenu de ces dernières », la Cour qui a considéré
que la disposition était discriminatoire, les différences existant entre une SICAV de
droit luxembourgeois et une société anonyme de droit finlandais, n’étant pas
suffisantes pour créer une distinction objective au regard de l’exonération de la
retenue à la source sur les dividendes perçus. Le contrôle de comparabilité des
situations internes et transnationales, étape fondamentale de l’identification d’une
entrave, laisse au juge une grande latitude, et est parfois difficile à appréhender. …
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calculé en France alors que cela était possible pour des dividendes distribués par
des filiales françaises. L’entrave n’est pas ici constituée par le fait que les
dividendes entrants subissent une double imposition mais par le fait que
l’’élimination de la double imposition économique est assurée de manière
discriminatoire selon l’origine des dividendes perçus (CJUE, 4 octobre 2018, affaire
C-416/17, affaire commission contre France recours en manquement de la
commission). En revanche, dans un autre affaire très récente, la Cour de justice a
refusé de considérer que constituait une entrave à liberté d’établissement la
législation tchèque refusant à une société dans le siège statutaire se situait aux
Pays bas, la déduction des pertes réalisées dans cet État avant que son siège réel,
et donc sa résidence, ne soit transférée en république Tchèque. La cour considère
en effet que cette société ne se trouve pas dans une situation comparable à celle
d’une société dont la résidence aurait préalablement été fixée en République
Tchèque : en effet, du point de vue de la finalité de la règle contestée, à savoir
préserver la répartition du pouvoir d’imposer entre les États membres, la société
ayant modifié son siège réel pourrait être tentée d’imputer les dites pertes dans
deux États différents, ce que ne pourrait pas faire une société dont le siège aurait
constamment été situé en République Tchèque (CJUE, 4e ch., 27 févr. 2020, C-
405/18, Aures Holdings ; Dr. fisc. 10/2020, act. 80).
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2013, aff. C-282/12, Itelcar, Dr. fisc 2013, n°41, act. 539) à condition bien entendu
que la justification passe le cap du test de proportionnalité). Les dispositifs SEC
précités peuvent être justifiés par ce motif. Il s’agit d’ailleurs de la justification la
plus communément invoquée par les États.
- de la nécessité pour les États de garantir la cohérence du système fiscal et la
répartition équilibrée du pouvoir d’imposition entre États membres : voir pour
exemple, CJCE, 28 janvier 1992, aff. 240/90 Bachman, R.J.F. 11/92, c.1589 dans
laquelle la Cour a jugé que la législation belge qui, en matière d’impôt sur le
revenu, subordonnait la déductibilité de cotisations d’assurance maladie et
invalidité à la condition que ces cotisations aient été versées dans cet État membre
constituait une restriction à la libre circulation. Elle a en effet considéré que cette
règle était susceptible de s’exercer au détriment de travailleurs qui, ayant exercé
une activité dans un premier État membre, viennent ensuite travailler en Belgique
et conservent les contrats d’assurance souscrits auprès d’assureurs du premier
État, de telle sorte que cette législation belge risquait de jouer en particulier contre
des ressortissants d’autres Etats que la Belgique (discrimination indirecte à la
nationalité). Mais la Cour a considéré que cette restriction pouvait être justifiée par
la nécessité de garantir la cohérence du système belge dans la mesure où la
législation belge ménage un lien entre la déductibilité des cotisations et
l’imposition des prestations maladie, invalidité lorsqu’elles sont versées par
l’assureur. Or lorsque ces prestations sont versées par un assureur étrangers, leur
taxation est difficile.
c) Test de proportionnalité
Il ne suffit pas pour les États de pouvoir se prévaloir d’une raison impérieuse
d’intérêt général, il faut encore que la gêne qui est occasionnée par la norme
contestée à l’exercice de la liberté concernée soit en rapport et proportionnée à
l’objectif poursuivi. Pour vérifier que cette condition est remplie, la Cour soumet
l’entrave à un test dit de proportionnalité et pour ce faire vérifie souvent que
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l’objectif invoqué n’aurait pu être atteint par des moyens plus adaptés et plus
respectueux de la liberté de circulation mise en cause.
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Les dispositifs fiscaux nationaux peuvent porter atteinte tout aussi bien à la liberté
d’établissement des opérateurs, qu’à la libre prestation de service ou à la libre
circulation des capitaux, et parfois même porter atteinte à plusieurs d’entre elles
simultanément. Quand une entrave est constatée la sanction est la même quelle
que soit la liberté invoquée, mais le champ d’application de ces libertés n’est pas
exactement le même et la rigueur de la Cour peut varier.
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- s’agissant des particuliers : dans un arrêt en date du 6 juin 2000 (affaire C-35/98
Staatssecretaris Van Vinancien et BGM Verkooigen), la Cour a eu par exemple à
condamner une disposition d’une loi néerlandaise qui subordonnait l’octroi d’une
exonération de l’impôt sur le revenu auquel sont soumis les dividendes versés à
des personnes physiques actionnaires à la condition que lesdits dividendes soient
versés par des sociétés ayant leur siège au Pays-Bas. Plus précisément, il s’agissait
d’un contribuable néerlandais qui souhaitait bénéficier de l’exonération des
dividendes d’une société belge dans le cadre d’un plan d’épargne d’entreprise
ouvert aux travailleurs du groupe Petrofina. S’agissant de la France, la disposition
qui interdisait aux ex résidents français cédant leur ex résidence principale située
en France après avoir transféré leur résidence dans un État européen de bénéficier
de l’exonération prévue par l’article à l’article 150 U II 2° du CGI pour ce type de
cessions a été jugé non conforme à la liberté de circulation des capitaux ( TA
versailles, 26 juin 2018, n° 1503365 ; Dr. fisc. 7/2019, comm. 157). La loi de
finances pour 2019 a tiré les conséquences de cette condamnation, et l’article 244
bis A, I, 1 du CGI étend désormais l’exonération résidence principale aux non-
résidents européens si la cession porte sur l’ex-résidence principale, si elle
intervient au plus tard au 31/12 de l’année qui suit le transfert de domicile hors de
France et si l’immeuble n’a en aucune manière été mis à disposition d’un tiers
entre ce transfert et la cession.
S'agissant des entreprises : La Cour de justice a par exemple jugé que la retenue
à la source prélevée par la France sur les dividendes versés à une société
étrangère déficitaire constituait une entrave dès lors qu'elle conduit à une
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l'entreprise (CJUE, 1ère ch, 11 sept 2014, aff. C-47/12, Kronos international Inc,
points 29 et suivants). En pratique, il conviendra donc, pour identifier la liberté
applicable, de déterminer si le dispositif contesté à vocation à s’appliquer aux
seules participations qui permettent d’exercer une influence certaine sur les
activités d’une société ou uniquement à celles réalisées dans la seule intention de
réaliser un placement financier (par exemple parce que la législation ne vise que
les participations de moins de 10%). Si tel est le cas, il conviendra de n’appliquer
que la liberté d’établissement ou la libre circulation des capitaux. En présence
d’une législation dont l’objet ne permet pas de déterminer si celle-ci relève de
manière prépondérante de l’article 49 TFUE ou de l’article 63 TFUE, la Cour
distingue deux hypothèses :
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La question est d’importance, car d’une part, les deux libertés n’ont pas le même
champ d’application territorial et d’autre part, la liberté de circulation des capitaux
admet certaines entraves prohibées quand est en cause la liberté d’établissement.
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Par ex a été reconnu comme non conforme au principe de libre circulation des
capitaux la disposition de l’article 164 C du CGI qui permettait, en France, de taxer
à l’IR les non-résidents non nationaux (en l’espèce une allemande résidente de
Monaco) à raison de la détention d’un immeuble en France (CE, plén. fisc., 11 avr.
2014, n° 332885, min. c/ Mme Lappe, concl. É. Crépey, Dr. fisc. n°25/2014, c. 392.).
La protection des résidents de pays tiers vis-à-vis des entraves à la circulation des
capitaux doit cependant être nuancée pour plusieurs raisons :
- D’abord, parce que l’article 64 TFUE (clause de gel ou de standstill) prévoit que
les États membres restent libres de maintenir dans leur législation des restrictions
existant avant le 31 décembre 1993 en ce qui concerne les capitaux en
provenance ou à destination de pays tiers. Il s’agit en fait de permettre aux États
de maintenir des protections contre les prises de contrôle de leurs entreprises par
des capitaux en provenance d’États tiers. Ainsi par exemple, la Cour a jugé que
l’Autriche pouvait maintenir une législation, existant au 31 décembre 1993, qui
soumet les dividendes distribués aux personnes physiques par des sociétés
résidentes à un taux d’imposition qui est égal à la moitié du taux moyen, tout en
prévoyant une imposition au taux plein pour les dividendes venant de pays tiers
(en l’espèce la Suisse) (CJUE, 24 mai 2007, C-157/05, Holbock) .
- Ensuite, parce que le test de proportionnalité est appliqué avec plus de souplesse
quand sont en cause des opérations réalisées avec des pays tiers, qu’avec des
Etats membres. Ainsi, après avoir jugé que la taxe de 3% sur les immeubles de
sociétés (taxe égale à 3% de la valeur vénale des immeubles détenus en France
destinée à éviter l’évasion en matière d’ISF . Cette taxe ne touchait que les seules
sociétés étrangères sauf si elles fournissaient l’identité de leurs associés et s’il
existait une convention d’assistance administrative entre le pays du siège de la
société et la France) constituait une restriction à la liberté de circulation des
capitaux justifiée par des objectifs de lutte contre la fraude pour ce qui concerne
une société établie au Luxembourg et propriétaire d’un immeuble en France (CJUE,
28 octobre 2010, Etablissements Rimbaud SA, RJF 1/2011, c.128 ), la CJUE a
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permettrait à un résident d’un Etat membre A lié par une convention fiscale à un
état membre B de demander à bénéficier des avantages fiscaux consentis par une
convention bilatérale conclue par l’Etat B au profit des résidents d’un autre état
membre C lorsque ces avantages sont plus favorables. Ainsi, la CJCE a, dans un
arrêt « D » du 5 juillet 2005, affaire C 376/03, Dr. fisc. 2005, n° 29, act. 161 refusé
qu’un résident allemand, imposable sur la fortune aux Pays-Bas pour les biens
immobiliers qu'il y possédait puisse bénéficier de l'avantage fiscal accordé aux
résidents belges propriétaires de biens immobiliers aux Pays-Bas par la convention
bilatérale conclue entre les Pays-Bas et la Belgique. A l’appui de cette position, la
Cour souligne que le fait « que ces droits et obligations réciproques ne s’appliquent
qu’à des personnes résidentes de l’un des deux États membres contractants est
une conséquence inhérente aux conventions bilatérales préventives de la double
imposition ». Les États européens n’ont donc pas à étendre automatiquement à
tous les résidents des autres états membres la même garantie contre les doubles
impositions que celle qu’ils octroient, par voie conventionnelle, aux résident de l’un
d’entre d’eux. La différence de traitement qui en résulte pour ces non-résidents
n’est pas systématiquement discriminatoire dans la mesure où les avantages
consentis par voie conventionnelle sont relatifs, ils participent de l’équilibre
général d’une convention fiscale lequel est déterminé en fonction non seulement
de la spécificité des régimes fiscaux nationaux concernés, mais également de
l’époque à laquelle les CDI ont été négociées et de l’étendue des questions sur
lesquelles les États membres concernés sont parvenus à un accord et ne peuvent
donc être étendus aux résidents d’autre États membres (CJCE, ACT Group
Litigation, 12 décembre 2006, Aff C-374/04, Dr. fisc. 2006, n°52, act. 265).
Cependant, une évolution avait été envisagée dans un sens plus favorable à
l’achèvement du marché intérieur à propos d’une disposition conventionnelle qui
pourrait être analysée « comme un avantage détachable du reste de la
convention » dont l’équilibre de la convention ne dépend pas (CE, 3e et 8e ss.-
sect., 12 mai 2015, n° 366398, Sté Gist Brocades International BV, note Maîtrot de
la Motte, Dr. fisc. 2015, n° 30, comm 499). La Cour a récemment confirmé son refus
de consacrer un tel principe (CJUE, 6e ch., 30 juin 2016, aff. C-176/15, Guy Riskin et
Geneviève Timmermans, Dr. fisc. 27/2016, act. 431).
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- enfin, en présence d’une disposition fiscale d’un État membre entravant une
liberté de circulation prévue par le traité, une convention bilatérale peut être prise
en compte lorsqu’elle neutralise cette entrave. La Cour examine si l’application
combinée de la législation en cause et de la convention bilatérale laisse ou non
subsister la restriction à la liberté de circulation applicable et ce n’est que si la
réponse est positive que la législation interne sera condamnée. Voir pour un
exemple CJCE, 14 décembre 2006, aff. C 170/05, Denkavit internationaal BV et
Denkavit France SARL, point 46 : les sociétés requérantes faisaient valoir que la
législation française qui prévoyait une retenue à la source pour les dividendes
versés par une filiale résidente à une société mère non résidente alors qu’une telle
retenue n’était pas applicable aux dividendes versés à une société mère résidente
était contraire au principe de la liberté d’établissement prévu à l’article 43 TCE. Le
gouvernement Français faisait valoir que si la législation nationale met en place
une entrave à la liberté d’établissement, le jeu de la convention franco-
néerlandaise qui prévoyait l’imputation de la retenue à la source sur l’impôt payé
aux Pays – Bas par la société mère permettait de gommer l’entrave. Saisie d’une
question préjudicielle par le Conseil d’État, et après avoir reconnu que la législation
nationale constituait une entrave injustifiée, la CJCE admet que le moyen tiré de la
convention franco-néerlandaise doive être examiné mais conclut à la contrariété
du dispositif français avec la liberté d’établissement dans la mesure où
l’imputation conventionnelle ne peut se faire qu’à hauteur de l’impôt dû par la
société mère. Or la société requérante étant exonérée d’IS aux pays Bas, la
retenue à la source appliquée par la France restait à la charge définitive.
.
Malgré l’intervention de la CJCE, il demeure que nombre de conventions
bilatérales conclues avec des États tiers à l’UE font apparaître des discriminations
à l’encontre des entreprises des autres États membres, ou d’États tiers, en
violation du droit de l’Union (Work shop, 9 juin 2005, TAXUD E1 /fr doc(05) 2306).
La commission européenne a donc souligné l’importance d’une coordination
européenne des politiques conventionnelles des différents États et confié à un
groupe d’experts la mission de réfléchir aux modalités de cette coordination.
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non résidentes européennes qui sont affiliés dans un autre État de l’UE. Le Conseil
constitutionnel a été saisi de la question de savoir si ces prélèvements sociaux
pouvaient continuer d’être appliqués aux revenus immobiliers perçus par des
résidents ou des non-résidents affiliés dans un État tiers, sur le fondement d’une
discrimination à rebours. Le Conseil a jugé (décision Epoux V, QPC n° 2016-615
QPC du 9 mars 2017) que les contributions en question « ont pour objet d'assurer
le financement de la protection sociale dans le respect du droit de l'Union
européenne qui exclut leur application aux personnes relevant d'un régime de
sécurité sociale d'un autre État membre de l'Union. Au regard de cet objet, il existe
une différence de situation, qui découle notamment du lieu d'exercice de leur
activité professionnelle, entre ces personnes et celles qui sont affiliées à un régime
de sécurité sociale d'un État tiers. La différence de traitement établie par les
dispositions contestées est ainsi en rapport direct avec l'objet de la loi ». Il en
conclut à l’absence de discrimination à rebours et implicitement admis que les
discriminations résiduelles (entre contribuables affiliés en France et affiliés dans un
État tiers) et nouvelles (entre affiliés dans un État membre et dans un État tiers)
résultant de la prise en compte du droit de l’Union puissent être considérées
comme rationnelles au regard de l’objet originel de la loi, à savoir ici remplir les
caisses de la sécurité sociale. L’objet de la loi ayant en quelque sorte été amendé
pour tenir compte de l’obligation dans laquelle se trouve la France de respecter le
droit de l’Union.
Finalement, soucieux de préserver la souveraineté fiscale de la France, le
Conseil Constitutionnel est venu dans ses décision récentes doucher les espoirs de
ceux qui avaient espérer voir dans la sanction des discriminations à rebours un
moyen de contraindre le législateur national à étendre systématiquement les
avantages résultant du droit de l’union à l’ensemble des contribuables. Dans la
continuité du raisonnement déployé dans la décision époux V précitée, il a en effet
clairement explicité que les différences de traitement fiscal résultant des effets
d’une décision du juge européen n’entrainent pas de rupture caractérisée d’égalité
lorsqu’il ne résulte pas « des exigences découlant du droit de l’Union européenne
une dénaturation de l’objet initial de la loi » (au regard duquel doivent être
appréciées les discriminations) et que la différence instaurée initialement est en
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rapport direct avec l’objet de la loi (C. Const., n° 2019-813 QPC, 15 nov. 2019,
Calogéro).
Sans que le fondement ne soit le même, la CJUE,( décision, Jahin, 18 janvier 2018,
aff. C- 645-17) est d’ailleurs sur la même longueur d’ondes et juge que la
différence de traitement instaurée par la France entre les personnes affiliées à un
régime de sécurité sociale dans un pays européen, sur les revenus du patrimoine
desquels ne sont plus applicables les prélèvements sociaux, et les contribuables
affiliés dans un État tiers ne constitue par une entrave à la liberté de circulation
des capitaux. Elle constate en effet que l’imposition appliquée à des contribuables
affiliés dans un État tiers est certes plus lourde que ce que la France est en droit
d’exiger de contribuable affiliés dans un autre État membre, mais considère que
ces deux types de contribuables se trouvent dans une situation objectivement
différente dans la mesure où les premiers « réside (ent) dans un Etat tiers […] et y
est (sont) affilié (s) à un régime de sécurité sociale » (en l’espèce la Chine) et les
seconds, sont seuls « susceptibles de bénéficier du principe d’unicité de la
législation en matière de sécurité sociale, prévu à l’article 11 du règlement
n°883/2004, en raison de son déplacement à l’intérieur de l’Union ».
Les aides qui sont accordées à telle ou telle entreprise ou à tel ou tel secteur par
les États sont en principe interdites par les dispositions de l’article 107 du TFU. Ce
dernier prévoit que « sauf dérogations prévues par les traités, sont incompatibles
avec le marché intérieur, dans la mesure où elles affectent les échanges entre
États membres, les aides accordées par les États ou au moyen de ressources d’État
sous quelques formes que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la
concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions » .
Or il n’est pas rare que les États membres octroient ce type d’aides à leurs
entreprises pour les inciter à développer leur activité à l’international, ou à des
entreprises non résidentes afin de les attirer sur leur territoire. Il arrive même
parfois que ces aides prennent la forme d’incitations fiscales. Encouragée par le
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Tout dispositif fiscal qui « allège les charges normales qui pèsent sur les
entreprises » peut potentiellement constituer une aide fiscale : réduction d’un taux,
exonération ou abattement, mécanisme de provisions et même, mise en place d’un
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Ce territoire a subi par deux fois, les critiques de la Commission pour avoir introduit
un régime de taxation des entreprises constitutif d’un régime d’aide d’Etat :
- Initialement la législation locale prévoyait un régime particulier pour les sociétés
off-shore n’ayant aucune activité sur le territoire, dit régime des « exempts
compagnies » qui étaient exonérées d’impôt, alors que les autres sociétés
résidentes supportaient un impôt de 22%. Ce régime avait été identifié comme
relevant de la concurrence fiscale dommageable entre État et devait être supprimé
en application du code de conduite du 1er janvier 1999. Ce régime a finalement
été supprimé le 1er janvier 2011 après que le régime ait été condamné par la
commission européenne au titre des aides d’État par deux communiqués du 21
janvier et 18 février 2005.
- En 2002, le Royaume-Uni a notifié à la Commission une réforme que le
gouvernement de Gibraltar projetait de mettre en œuvre concernant l’impôt sur les
sociétés pour replacer le régime précité. Il s’agissait de remplacer l’impôt sur les
sociétés existant par un impôt sur les salaires et par une taxe sur l'occupation de
locaux professionnels, tous deux plafonnés à 15 % des bénéfices. Les sociétés
immatriculées à Gibraltar bénéficieraient ainsi d'un taux d'imposition nettement
inférieur à celui de l'impôt sur les sociétés applicables au Royaume-Uni, ce qui leur
conférerait un avantage déloyal. En outre, la taxe étant fondée sur les salaires et
l'occupation de locaux professionnels, les sociétés offshore qui ne sont pas
physiquement présentes à Gibraltar n’auraient de fait été soumises à aucune taxe.
La Commission européenne en 2003 a décidé que le projet de réforme du système
fiscal des entreprises à Gibraltar constituait un régime d’aides d’État incompatible
avec le marché intérieur et qu'il ne pouvait être mis à exécution. Il s’agissait selon
elle d’un régime fiscal « intrinsèquement discriminatoire », alors même qu’il
n’existait pas de dérogation légale au profit des sociétés off-shore. La Commission
et l’Espagne ont alors introduit un pourvoi auprès de la Cour de justice de l'Union
européenne qui a été tranché par la Cour de justice : elle a considéré que le
système fiscal mis en place constituait bien une aide d’État en lui-même (Arrêt de
la Cour (grande chambre) du 15 novembre 2011. Commission européenne (C-
106/09 P) et Royaume d'Espagne (C-107/09 P) contre Government of Gibraltar et
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (affaires jointes) : pt. 101 :
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Enfin, la Commission semble faire peser sur les rulins et et autres rescrits une
présomption de sélectivité. Ces rulings constituent des décisions individuelles, par
lesquelles une administration fiscale nationale s’engage, en général sur demande
d’une entreprise, sur le régime fiscal qui lui est applicable. Les entreprises
recherchent pas ce moyen à sécuriser leur situation en anticipant leurs charges
fiscales et en se mettant à l’abri de potentielles rectifications. N’étant pas publiées,
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par le biais de la taxe procurait un avantage à ces entreprises (et non aux services
d’équarrissage qui bénéficiaient certes d’un avantage financier mais en
contrepartie d’une mission de service public ne pouvant donner lieu à
rémunération directe par les bénéficiaires) (CJCE, 20 nov. 2003, Aff. C-126/01 : Dr.
fisc. 2004, comm. 440, note B. Boutemy et E. Meier). L’État a été condamné à
rembourser les sommes versées au titre de la taxe entre 1997 et 2000 (CE, 15 juill.
2004, n° 264494 : RJF oct. 2004, n° 1061, concl. G. Goulard, p. 726 à 72). En
réaction, les ressources procurées par la taxe ont été dès le 1 er janvier 2001
versées au budget de l’État lequel versait des subventions aux organismes publics
chargés de l’équarrissage. Le Conseil d’État a considéré qu’à défaut d’affectation
contraignant (plus de lien entre montant du financement octroyé et montant de la
taxe) la taxe était devenue une recette du budget de l’État qui n ‘entre plus dans le
champ d’application contrôle de la Commission au titre des aides d’Etat (CE, 27
juillet 2009, n°312 098).
La taxe a finalement été supprimée en 2003 et remplacée par une « taxe
d’abattage » prélevée sur les abattoirs qui assure que le service public est financé
par ceux qui en bénéficient. Selon le Conseil d'État, cette nouvelle taxe ne
constitue pas une aide d'État (V. CE, 23 mars 2005, n° 269059 et 269060, Sté Doux
et Sté Doux frais : RJF juill. 2005, n° 799 ; concl. Vallée : BDCF 7/2005 n° 95).
Les aides d’État qu’elles soient fiscales ou non font l’objet d’un contrôle qui peut,
selon l’article 108 du TFUE s’opérer sous deux modalités distinctes : un contrôle à
priori et un contrôle à postériori.
1§ Le contrôle a priori des aides d’État
Les mesures susceptibles de constituer des aides d’État ne peuvent pas être mises
en application par les États membres sans autorisation préalable de la Commission
européenne conformément à l’article 108 al 3 du traité TFUE. Ils doivent en
principe les notifier à la Commission préalablement à leur introduction dans le droit
français ;
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être des aides d’État prohibées. À ce titre, les États membres peuvent octroyer des
aides dites de minimis pour un montant qui ne doit pas dépasser 200 000 € pour
leur montant cumulé sur une période glissante de trois exercices fiscaux et
100 000 € pour les entreprises intervenant dans le secteur routier. En matière
fiscale, le plafond “de minimis” correspond à un avantage brut en impôt (impôt sur
le revenu, impôt sur les sociétés, impôts locaux, ...) dont bénéficie l’entreprise
grâce à la mesure d’aide et non à une base d’impôt. Le montant d’une aide fiscale
résulte d’une comparaison entre le montant d’impôt dû par l’entreprise après prise
en compte de la mesure d’aide et celui dont elle aurait été redevable si elle n’avait
pas bénéficié de cette mesure. Avant de pouvoir bénéficier du dispositif fiscal,
l’entreprise devra déposer une déclaration attestant des aides perçues au cours
des exercices fiscaux de référence.
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autres entreprises, dans la situation dans laquelle elle aurait dû être si elle n’avait
pas bénéficié de l’aide.
Le délai de prescription en matière d’aides illégales jugées incompatibles est de
10 ans. Les mesures de récupération doivent en principe être exécutées dans les
quatre mois qui suivent la décision de la Commission ordonnant la récupération de
l’aide. Si l’État intéressé n’exécute pas la décision l’enjoignant de récupérer l’aide,
la Commission ouvre une procédure d’infraction contre l’État et pourra le cas
échéant saisir directement la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours
en manquement sans mise en demeure préalable (article 108 et 258 du TFUE),
Cette dernière pourra condamner l’État à des astreintes et même à des amendes.
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