LArt Des Cymbaliers
LArt Des Cymbaliers
LArt Des Cymbaliers
Méthode
Normand Lalonde
Michel Pilon
Photo : www.drumcorpsplanet.com
INTRODUCTION
Avertissement linguistique
CHAPITRE I La cymbale 9
CONCLUSION
ANNEXE I Partitions
Chère cymbalière,
Cher cymbalier,
J’ai débuté la rédaction de cette méthode en 1988 aux États-Unis, lors d’un rare et précieux congé
survenant en pleine tournée de compétition. Il n’existait pratiquement pas d’ouvrage spécialisé sur la
technique des cymbaliers. Celle de Thom Hannum était formidable, mais ce n’était pas le style que je
voulais développer. Alors j’ai observé, me suis servi de ma propre expérience de cymbalier, j’ai fouiné
en arrière-scène des compétitions, visionné des vidéos et improvisé. Enseigner à plusieurs lignes de
cymbaliers m’a permis d’acquérir les connaissances de cette spécialité.
Bien sûr, il en existe d’autres aujourd’hui, dont celles qui sont présentées sur Youtube. Les méthodes
diffèrent surtout selon les styles, l’une ou l’autre sont probablement excellentes. J’y ai puisé nombre de
renseignements pour en faire la synthèse. Le choix d’une méthode écrite et illustrée se justifie non
seulement par l’absence de textes en français sur le sujet. Pourquoi publier une méthode écrite, vu
l’abondance de vidéos sur Internet? Je crois que la pensée théorique s’acquière mieux par la lecture.
Je vous propose humblement L’Art des cymbaliers, un outil d’enseignement pour les drumlines et les
corps de clairons et tambours francophones.
L’originalité de ma méthode est de proposer un vaste répertoire des types de frappes des cymbaliers,
couvrant le spectre des quatre familles de sons (ouverts, fermés, zischens et tintements) à partir de cinq
positions générales de base (basses, orchestrales, verticales, diagonales et hybrides), celles-ci
correspondant à des angles et repères corporels, et qui sont jouées selon une technique legato ou
staccato.
D’abord, la méthode retrace brièvement l’origine de la cymbale, les procédés de sa fabrication et son
design qui définissent le caractère de chacune. Le répertoire décrit chaque frappe comprenant leur
notation est appuyée par des photographies. Puisque l’instrument possède une grande importance
L’Art des cymbaliers 6
visuelle, les positions de base sont illustrées, ainsi que de nombreux jeux canons et des trucs pour en
créer. La méthode compte plusieurs images originales facilitant l’apprentissage. Elle comprend de
nombreux conseils et s’adresse autant aux instructeurs qu’aux cymbaliers.
J’ai aussi exclu en grande partie la dimension classique déjà largement enseignée, pour en garder des
éléments pratiques aux lignes de cymbaliers et aux percus de la fosse. J’espère que vous y trouverez
des informations et une source d’inspiration. J’entrevois avec joie le jour où cette méthode aura besoin
d’être mise à jour, revue et augmentée, enrichie de documents, etc. Aussi, je suis ouvert à vos
commentaires et questions.
Être membre d’une ligne de cymbaliers exige un esprit d’équipe à tout rompre et surtout d’avoir
beaucoup de plaisir. Vous possédez maintenant un outil pour vous amuser des heures et des heures…
Un merci particulier à l’instructeur émérite Michel Pilon, je lui dois tant d’aventures mémorables
et de grands succès.
1
La Rockline, drumline des Alouettes de Montréal, 2014 (N.L.)
Il ne faut pas s’étonner que la grande majorité des termes cymbalistiques soient des mots anglais, puisque
la technique ici présentée est inspirée de la tradition des corps de tambours et clairons d’Amérique du Nord,
un style de fanfare dominé depuis près de cinquante ans par les groupes états-uniens qui repoussent loin
l’art cymbalier. Il allait de soi dès le départ que les mots originaux, sans équivalents, sorte d’onomatopées
ou d’imitation du son, resteraient inchangés dans le texte. J’ai traduit certains termes, mais j’ai tenu à ce
que la version originale soit indiquée entre guillemets.
Enfin, le masculin est employé uniquement en terme générique et comprend le féminin de manière égale.
Les origines
Plusieurs remontent avant l’époque de la Chine Impériale, ou aux Égyptiens des temps anciens pour
retracer l’origine de cet instrument si particulier. Certaines sources placent sa première apparition à
l'âge de Bronze (2500-1800 avant J.-C.) au Moyen-Orient. Les cymbales ont été principalement
utilisées au Moyen-Orient dans les rites religieux qui adoraient Cybèle, la déesse de la fertilité.
L'influence de ce culte se propagea probablement vers l'ouest… la Grèce, Rome et l'Egypte. D’autres
sources soutiennent que les plus anciens spécimens ont plutôt été retrouvés dans des tombes grecques à
Athènes (-500 avant J.-C.). D’ailleurs, le mot provient du Grec κύμβαλον (kumbalon) signifiant jetés
ensemble.
La cymbale fut certes utilisée dans la musique occidentale en Turquie, par les bandes janissaires. Le
corps d'élite de l'armée Ottomane, formé d’esclaves chrétiens, marchait vers les batailles derrière la
musique d'une bande composée de bois et percussions. La cymbale contemporaine nous vient donc de
l’Empire Ottoman au XVIIe siècle. C’est un arménien, orfèvre et alchimiste de Constantinople qui a
inventé en 1623 un alliage secret pour la fabrication d’un instrument pour la cour du Sultan Mustapha
1ier, et qui fournit ensuite les janissaires qui ont utilisé les cymbales pour effrayer l’ennemi. Le sultan
donna alors à Avedis le nom de Zildjan, soit «celui qui crée des cymbales». En turc, zil signifie
« cymbale », dji, le « fabricant » et ian est le suffixe traditionnel des noms de famille arméniens.
Au début du XXe siècle, la famille Zildjian immigra en Amérique et lança la compagnie éponyme. On
dit que le secret de fabrication de ses cymbales est en principe tenu secret et transféré seulement du
père au fils aîné. Or, Avedis III a transmis l'information à ses deux fils, Armand et Robert. Cela
entraîna une chicane familiale et légale. En 1981, Robert Zildjian fonda Sabian (du prénom de ses
enfants Sally, Billy et Andy). Il reprit l’usine de Meductic (Nouveau-Brunswick) où Zildjian fabriquait
Plusieurs procédés interviennent pour fabriquer différents types de cymbales, avec des qualités
d’alliages variables. La fabrication assistée dorénavant par ordinateur n’a toutefois pas remisé l’artisan
avec son ciseau et son marteau aux oubliettes. Même si l’industrialisation permet de produire
l’instrument complètement de manière automatisée, la plupart des cymbales fabriquées spécialement
pour être frappées l’une contre l’autre sont touchées à un moment donné par des artisans, soit pour les
ciseler, ou les marteler. Certaines sont complètement faites à la main. Il va sans dire que ces cymbales
sont de haute qualité, contrairement à celles qui sont toutes faites à la machine.
La région chinoise de Wuhan est dépositaire d’une autre tradition, celle de la de fabrication de «China
Types», un genre de cymbales renversées. Les manufacturiers chinois fabriquent aussi des cymbales
d’inspiration turque, à partir de la recette B8 ou B20. Certains modèles sont hybrides. Tout est fait à la
main. La qualité sonore est indéniable.
Cette section s’attardera à reconnaître ce qui crée tel ou tel genre de son, sa tonalité, sa durée, etc. La
cymbale est un instrument de percussion idiophone. Ce qui signifie que le son est produit par le
matériau de l'instrument lui-même, lors d'un impact avec soit un objet extérieur différent, comme une
baguette, ou une autre cymbale similaire.
Voyons l’objet : la plaque (cymbale) est une structure rigide qui, lorsque soumis à la physique des
corps solides au moment d’une frappe, entre en vibrations selon plusieurs variables liées à sa
fabrication : la recette du métal, l’épaisseur de la cymbale, sa dimension, la dimension de sa cloche, les
rayons (roulage), le profil, la répartition des particules métalliques par notamment le martèlement, le
type d’objet avec lequel on frappe la cymbale, etc.
L’Art des cymbaliers 11
Comment se produit le son ?
Il est fondamental de savoir que chaque cymbale possède ses propres caractéristiques sonores, mais
celles ayant des sons semblables sont regroupées par modèles. Trois types de cymbales frappées sont
généralement utilisées : les Françaises (très légères) au son chatoyant et éclatant, les Viennoises
(légères) au son clair, et les Germaniques (lourdes) au profond son wagnérien. Les cymbales Marching
sont de gamme AA et se rapprochent du type Viennoise. Il existe de multiples autres modèles aux sons
variés.
Des lignes nodales sans vibration (illustrations) se créent dans la cymbale lorsque cette dernière entre
en vibration. Chaque cymbale possède des patrons nodaux différents et uniques, mais les modèles
identiques suivent des patrons nodaux similaires. On peut reproduire ces lignes en déposant du sable
sur la cymbale et en la frottant avec une corde ou un archet. Le sable se place selon ces lignes.
Les méthodes d’analyse se sont sophistiquées afin de connaître toutes les variantes possibles, pour
créer des modèles inédits et reproduire synthétiquement des cymbales en contrôlant toutes les variantes
et leurs effets réciproques. Par exemple, des physiciens ont calculé les modes de vibration complexes.
À l’observation à l’œil nu, la cymbale vibre lorsqu’elle est frappée. Mais filmée à des microsecondes
par image avec un appareil à interférométrie holographique, la cymbale ondule et devient molle sur ses
rebords comme les horloges surréalistes du peintre Dali, ou comme une méduse ondulant dans la mer.3
Cette image d’ondulations permet de saisir l’importance du fla, lors d’une frappe à deux cymbales. Car
lorsque le joueur frappe ses cymbales ensemble, il doit jouer un fla pour obtenir une qualité
sonore maximale.
2
Gordon REID, «Analysing Metallic Percussion»
3
Voir : «Snare & Cymbal in Super Slow Motion» à http://www.youtube.com/watch?v=osFBNLA7woY
a) Les alliages
Chaque alliage procure un son différent. Chaque fabricant possède sa recette dite secrète. Le bronze est
un alliage qui, dans des proportions variées, est composé traditionnellement de cuivre et d’étain.
Certains n'introduisent que de faibles proportions d'argent, d'or, de nickel ou de titane. L’alliage appelé
B20 est celui des cymbales professionnelles Sabian AA, HH, AAX, HHX et XS20. C’est cette recette
que les fabricants de la lignée turque gardent secrète depuis 1618 ! Elle est faite de 80% de cuivre, 20%
d'étain et de quelques gouttes d'argent. D’entrée de gamme, l'alliage "B8" est composé de 92 % de
cuivre et 8% d'étain. Il est moins onéreux, plus fragile et au son plus aigu. SBR est une gamme de
moindre qualité, mais ces cymbales sont les seules fabriquées avec du laiton par Sabian. Dans l’alliage
MS63, le zinc remplace l'étain, ce qui produit une sonorité chaude chargée d'harmoniques.
Enfin, les secrets industriels font figure d’atouts culturels pour le fabriquant lorsqu’il est question de
l’alliage et du savoir-faire artisanal.
b) Le martelage et le ciselage
Les marteleurs des fabricants sont des artistes dans leur genre. Leur martelage manuel intensif (utilisant
une tête de marteau avec un gros diamètre), doublé d'un tournage ou "ciselage" en passant plusieurs
fois au même endroit, donnera une forme un peu chaotique et unique à chaque cymbale, lui conférera
une couleur expressive, au timbre riche (grave ou sombre). Ce sont les creux induits par les forts coups
de marteaux qui déterminent la quantité des harmoniques graves. Plus le coup sera porté fort, plus la
cymbale sera « sombre » ou grave. Mais si une cymbale de faible diamètre est peu ou pas ciselée, polie
et sans coups de marteau ou dont les coups de marteau sont réguliers, faits par un robot contrôlé par un
ordinateur, on dira alors de la cymbale qu’elle est « sèche » ("dry").
Une cymbale possède plusieurs tons fondamentaux, dont les sons partiels sont si près les uns des
autres, que l’on croirait que la cymbale n’a pas de tonalité. Or, certains de ces tons fondamentaux sont
prédominants. La distribution des molécules dans l’alliage et la forme de la cymbale lui confère un ton
prédominant perceptible au travers des parties microtonales très rapprochées et semblables à un «bruit
blanc».
Le «bruit blanc» contient toutes les notes et harmoniques, ou plutôt, toutes les fréquences en même
temps (telle la couleur blanche qui contient toutes les couleurs et fréquences lumineuses).
En tenant la cymbale par la courroie, on frappe avec le genou légèrement sur le rebord et on écoute
attentivement, ceci pour déterminer la hauteur de ses tons prédominants, soit sa tessiture relative ou
échelle des sons (haut, moyen ou bas). On peut ainsi percevoir une certaine fondamentale, mais si on
frappe ensemble les cymbales, c'est la couleur de l'instrument (timbre) qui les différencie.
Le fait de frapper ensemble une paire de cymbales de même dimension ne pourrait produire un
intervalle énorme, tout au plus, une fraction d'un demi-ton.
Le fuselage ou arc influence le timbre. Plus le profil est courbé, plus le timbre est haut. Les cymbales
plus courbées produisent des vibrations plus rapides… donc une fréquence plus élevée. Mais des
cymbales plates produisent des vibrations plus lentes et une fréquence plus basse. Les cymbales
épaisses ont aussi un soutien plus long que les cymbales minces.
- À cymbale de même diamètre… plus elle est épaisse, plus la note est longue, la réponse et le
soutien sont plus longs. Une cymbale épaisse possède une amplitude de vibration réduite, elle
sera donc à tonalité fondamentale plus aiguë, plus précise et plus sèche ;
- Si l’épaisseur influence le timbre, cette épaisseur n’est pas égale partout, elle varie.
- Diamètre : Un diamètre plus grand produit une tonalité plus grave. Un diamètre plus petit
donne une tonalité plus aiguë.
Un son musical est un son qui possède des propriétés harmoniques lui permettant d'avoir une hauteur
fixe, et est caractérisé par son timbre. Les harmoniques sont des parties produites par un ton
fondamental, qui se rajoute à ce son, dont l’ensemble donne le timbre. Les harmoniques déterminent la
texture des sons.
- La dimension de la cloche contrôle les harmoniques. Plus elles sont riches, plus le soutien est long.
- La grandeur : Les modèles 20 pouces sont davantage lourds, ces cymbales offrent plus de visibilité
et un son riche en harmoniques.
e) Le volume
Déboulonnons un mythe : Les cymbales plus grandes ne produisent pas davantage de volume. Le
volume élevé apparent provient d’autres facteurs (nombre de joueurs, force de l’impact, qualité de la
frappe, ainsi que les qualités des cymbales, dont la tonalité, les harmoniques, la réponse et le soutenu).
f) La réponse et le soutien
Ces deux caractéristiques ont une influence réciproque. La réponse est le laps de temps, le délai que la
cymbale prend pour atteindre sa vibration maximale après l’attaque. Le soutien («sustain») est la
longueur du temps de vibration après la réponse à une attaque, jusqu’à l’évanouissement du son.
En général, une cymbale à réponse rapide (ex. : modèle K de Zildjian) aura un soutien court.
A contrario, le modèle AA Marching de Sabian par exemple, aura une réponse lente et un soutenu long.
L’extrémité (frange) est la partie la plus mince (circonférence) et qui vibre plus. Elle joue un rôle dans
la longueur du soutien.
D’abord, il importe de choisir la même marque pour toute la ligne de cymbales. Ensuite, choisir les
modèles, les grandeurs. Enfin, chacune sera adoptée à l’écoute.
a) Des cymbales légères : Donner la chance aux musiciens de pouvoir soutenir l’effort avec l’aisance
est un choix judicieux, l’énergie est consacrée à la performance et moins à l’effort physique. Je
conseille l’usage de cymbales légères, ayant un diamètre de 16 pouces (enfants) à 18 pouces. Mais
d’excellents groupes jouent avec de grosses cymbales 20 pouces (ex. : Crossmen, Vanguard). La
technique qui s’y rattache sera davantage fondée sur l’effort sportif, l’accomplissement physique.
b) Multiples usages : Un CRASH de qualité, un PING clair et détaché (sans vibrations parasitaires
entre les riding rapprochés), un son sec pour les hi-hats et CHOKES… Telles sont les qualités
généralement recherchées pour une ligne de cymbales. La combinaison de ces éléments permet un
large répertoire de frappes diverses.
Certains modèles ont un usage particulier. Les modèles classiques de marque Sabian (ex. : Germanic,
ou French) ont des applications musicales spécifiques, mais ne sont pas fabriqués pour le ride propre
au jazz, par exemple. Le modèle Flat ride n’a pas de cloche et convient très bien aux riding, mais très
mal aux crashs. Pour un tout-usage, les lignes conventionnelles «Marching» sont donc recommandées,
dont les AA chez Sabian et K chez Zildjian.
c) Renversement : Attention, des cymbales trop minces risquent de se renverser. Pour ramener une
cymbale renversée de sa forme concave à celle convexe, frapper avec le genou à l’intérieur en tenant
les rebords. Celle-ci aura toutefois tendance à se renverser de nouveau.
L’Art des cymbaliers 16
d) Le mariage : Le mariage est l’union de deux cymbales en paires. Il faut choisir ses cymbales en
fonction du son produit par la paire et non pour l’assemblage de deux cymbales aux timbres
individuellement semblables.
e) Le mélange : Après avoir choisi chaque cymbale à l’unité et mariée pour former une paire,
l’ensemble des paires (même de cymbales relativement identiques) produit un mélange.
Un choix de grandeurs offre une gamme riche et diversifiée. Mais à grandeurs différentes, la réponse
sera différente, etc. Généralement, on utilise des cymbales de même dimension pour plus d’uniformité.
CURIOSITÉ : On appelle de très grosses et brillantes cymbales «flashing cymbals». Le cymbalier doit se
tourner la tête en jouant pour ne pas se pincer le nez!
5. L’entretien
Qu’elles brillent n’est pas très important pour un batteur, mais c’est essentiel pour une ligne de
cymbaliers. Cela participe grandement à l’aspect visuel du spectacle. Pour cela, des cymbales au fini
glacé sont toutes indiquées. Il y a trois finitions de cymbales à la mode: mattes, glacées («glossy») et le
fini «earth». Certaines ont des plages de différentes finitions. Il n’est pas possible de rendre un fini mat
brillant, même en frottant très fort.
1. Poches/valises et trépied : Impératives contre le sable, le soleil, l’humidité et contre les chocs. Un
truc : Insérer chaque cymbale dans un vieux t-shirt, que l’on utilisera pour faire disparaître les
marques de doigts après chaque répétition. L’achat d’un trépied spécial destiné à y déposer les
cymbales est recommandé.
2. Entreposage : Éviter les milieux humides et ne rien déposer sur les cymbales.
4. Deux KITS :
5. Le produit nettoyant
Éviter d’employer un produit contenant de l’eau ou une substance corrosive. Cependant, certains
conseillent l'acide acétique (présent dans le vinaigre), dilué avec de l'eau (10 % de vinaigre). Sinon, du
citron (acide ascorbique, malique et citrique) fait l’affaire. L'acide ascorbique est un puissant anti-
oxydant qui réagit en présence d'oxygène. Cette solution permet de stopper et faire reculer l’oxydation.
Celle-ci est remarquable par son vert-de-gris qui n'est pas nocif pour le métal, mais contribue
paradoxalement à le protéger.
Ne pas nettoyer les cymbales signifie les rendre inoxydables, car déjà oxydées. Le dépôt d'oxyde est le
fruit d'une réaction métal/oxygène. Cependant, il est tout de même conseillé de frotter très fort dans les
sillons.
Un produit spécialisé y veillera, tout en contribuant à faire briller le fini glacé. Voici quelques produits
en vente sur le marché. Certains ne sont toutefois bons que pour lustrer la cymbale : Zildjian Cymbals
Cleaner - Paiste Cymbals Cleaner - Sabian Cleaner - Groove Juice - Buckaroo Cleaner - Blitz
À EVITER : Comète, Brasso, Twinkel, Flitz, Graffiti Remover, Fantastique ou Formula 409, Car Wax,
ou tout produit généraliste.
6. Le logo disparaît… Le logo de la cymbale s’efface pendant le nettoyage. Rien n’y faire. À la
limite, repeindre avec le même type d’encre spéciale. Des manufacturiers offrent de le faire pour vous.
7. Pas de brosse : Utiliser des guenilles et les doigts, pas de brosse. Suivre les rainures pour ne
pas altérer la qualité globale de la tonalité de la cymbale. Pour cette même raison, ne pas utiliser une
perceuse équipée d’un mouton.
Finis mat et moderne : Il n’est pas possible de rendre glacée des cymbales mattes sans passer par
l’usine, même en frottant très très très fort! Les rayures des cymbales au fini mat sont plus profondes et
le vert-de-gris s’y incruste. Entretenir périodiquement les cymbales évite l’oxydation de fond, ce à quoi
l’on s’attaque avec hargne lors des grandes corvées de nettoyage. Toutefois, certains manufacturiers
offrent pour un montant forfaitaire de rendre le fini glacé aux cymbales usagées de sa marque,
repeindre le logo ou poser des rivets.
Fini glacé : Les cymbales brillantes méritent un entretien superficiel régulier, ne serait-ce que pour
enlever les empreintes de doigts.
Fini «Vintage» : Les cymbales totalement ou partiellement brunies donnent l’impression de puissance
issue de la matière brute. Cette finition «brûlée» confère un look noirci (malheureusement pour
certaines marques, le fini peut être salissant pour les mains). Lors de leur fabrication, elles sont plus
d'une fois retirées du four pour changer radicalement au niveau moléculaire.
NE JAMAIS frapper l’une contre l’autre les tranches des cymbales. Une encoche sur le rebord d’une
cymbale peut se transformer rapidement en une fissure. Les vibrations sableront en quelque sorte ses saillies
et la faille s’agrandira. En jouant, un éclat peut être fatal pour les yeux. Peut-on réparer temporairement une
cymbale craquée ? Oui, mais plus pour l’usage d’un cymbalier. Il est préférable de la remiser
immédiatement et la destiner au recyclage, comme seul geste responsable. Plusieurs compagnies
récupèrent les vieilles cymbales pour les refondre. Le réemploi d’une cymbale brisée, par exemple pour
équiper une batterie, donc pour un usage autre que celui de frapper cette cymbale avec une autre, est une
solution temporaire. Percer un trou minuscule à la fin de la déchirure, cela arrêtera temporairement la
fente.
1) Le noeud
ATTENTION : Attacher les sangles nécessite la connaissance de la prise Cadets (voir au préalable
la prochaine partie de ce chapitre). Tout cymbalier doit être capable de changer une courroie et de
l’ajuster, ce qui demande un soin régulier. Il s’agit de placer ensemble les quatre languettes de la
courroie et de les passer dans le trou. Ensuite, on dresse un nœud carré.
ILLUSTRATION : À voir les lacets dans l’interstice sous la main, les sangles sont trop lousses.
Resserrer le nœud (sans qu’il ne serre trop la main). La main tenue verticalement, la cymbale ne doit
pas pendre. Rabattre les languettes par-dessus le nœud et retenir le tout au ruban gommé. Glisser
ensuite un petit bout de bâton de pop sicle sous le nœud. Couper les languettes trop longues, en prenant
soin d’en garder des petits bouts pour serrer le nœud. Ajouter une bande de mac tac doré pour
l’esthétique. Appuyer fort sur le nœud, ceci afin que les deux nœuds ne s’accrochent pas lors des
frappes de cymbales.
L’anneau : Parfois, un anneau de métal encercle et protège le trou des nouvelles cymbales. C’est ainsi
moins tranchant pour la courroie, mais si l’anneau est fendu, il vaut mieux l’enlever par sécurité.
Courroies, coussins et gants : Il se vend des courroies de cuir laminé noir, de cuir premium bun, en
nylon, ou en lanières de cuir avec roulements à billes cousues à l'intérieur et qui se glissent dans la
cymbale en quelques secondes. Les sangles en cuir noir laminé (recouvert de plastique) sont plus larges
que celles en nylon. Celles en cuir véritable sont davantage résistantes. Les marching bands utilisent un
simple foulard (bandana).
Certains gants sportifs protègent la palme du pouce et sont rembourrés aux éminences. Mais des
coutures aux mauvais endroits peuvent nuire à la confortabilité. Il est suggéré d’utiliser des gants dont
la paume est rembourrée, principalement la palme entre le pouce et l’index. Certains gans de vélo ont
toutefois une couture mal placée qui fait mal à la main. Des modèles de gants d’haltérophilie et de
certains sports extrêmes sont appropriés.
Il faut insister sur l’importance de vérifier et changer les courroies, car une cymbale peut devenir une
guillotine pour vos orteils. La sangle sera résistante, afin de ne pas blesser la main et pour supporter les
chocs et éviter de déchirer. Le coussin de cuir mesure environ 10 cm de diamètre et est épais de ½ cm.
Des courroies trop serrées bloquent l’arrivée du sang et la main sera engourdie. Aussi, des gerçures
apparaissent à la palme. Avec des courroies desserrées, les cymbales paraissent plus pesantes, le
contrôle de l’instrument sera imprécis.
Un mot sur les ces coussins en mouton : ils absorbent le son, sont gros et chauds l’hiver, tandis que
ceux qui sont en cuir sont plus petits et davantage indiqués à cause de la technique proposée plus loin.
Trépied
Penser à déposer les cymbales sur le gazon, ou une surface coussinée. Les percussionnistes de la fosse
apprécieront le trépied pour y prendre et déposer aisément les cymbales.
a. La prise Cadets
Seule la prise «The Garfield Grip» ou «Cadets Grip», avec courroies et coussins souples en cuir est
recommandée pour l’usage de cette présente méthode technique. Elle distribue le poids de la cymbale
entièrement dans la main, entre le pouce (doigt le plus fort) et l’index. Cette prise est la plus efficace
pour contrôler les cymbales, car elle permet un contact plus direct du cymbalier avec son instrument.
1. 2. 3. 4.
1. Tenir la cymbale en position verticale, et placer entièrement la main dans le plus petit trou que forme la
courroie. Celle-ci glisse au poignet.
2. Tourner la main, de sorte que la paume soit placée de dos au coussin.
3. Pivoter complètement la main vers le bas et tourner la paume vers la cymbale, jusqu’à ce qu’elle touche le
coussin (4). Glisser en même temps la courroie entre le pouce et l’index, ceci exige une légère torsion du
pouce.
b. La prise classique : Cette prise à courroies libre permet de saisir ou de déposer l’instrument
rapidement. Les types de frappes sont limités, le contrôle n’est pas suffisamment solide. Les volumes
des coups joués dans les orchestres symphoniques n’ont rien à voir avec ceux qui sont joués à
l’extérieur. Avec le glossaire traduit de «Cymbals : a crash course» de Sabian (en annexe), il vous ait
loisir de tenter ensuite les extraits des partitions (en annexe aussi) de la Symphonie Nu. 6 de Prokofiev,
d’Une nuit sur le Mont Chauve de Moussorgsky, de Roméo et Juliette de la Symphonie Nu. 4 de
Tchaikovsky.
c. La prise au poing : La prise au poing est utilisée chez les marching bands américains. Le contrôle
des dynamiques est avantageux, les vrilles s’exécutent très aisément (style Yo). Voir YouTube.
Toutefois, la diversité des frappes est beaucoup moins grande que le style drum corps le permet.
d. Le Pistolet : Découper la courroie de sorte à allonger les lacets, ce qui permet de raccourcir l’anse
au point où seuls quatre doigts de la main entrent dans le trou. Ensuite, trois doigts se replient dans la
main (auriculaire, annulaire et majeur). Le pouce en l’air et l’index qui pointe imite un pistolet.
e. La Bandana : Variante de la prise au poing très populaire chez les marching bands. Remplacer la
courroie par un foulard d’abord plié en triangle, puis replier en gardant une bande d’une largeur moins
de deux pouces, jusqu’à ce que le foulard placé au long soit plat et large de deux pouces. Le plier en
deux sur le sens de la longueur. Insérer les pointes dans le coussin et dans le trou de la cymbale.
Ajuster, nouer deux fois, couper les bouts de surplus et gommez les nœuds avec du ruban. Grande
confortabilité pour tourner les cymbales.
À ÉVITER : Poignées de bois ou de métal, en plus d’étouffer le son de la cymbale en étant vissées,
les poignées peuvent endommager le trou. Certaines poignées en métal sont fabriquées pour tourner la
cymbale sur elle-même comme une toupie. Seul avantage, il est plus facile d’attraper ses cymbales
rapidement.
Avant même de frapper les cymbales… le cymbalier doit connaître les positions fixes.
Quoi que le musicien fasse, même au repos, la tenue du corps et la position des cymbales compte pour
un effet visuel. Chaque groupe respectera sa propre conception de positions de marche et manœuvres
(«À l’attention!», «Salut», «Place repos»), etc.
Une posture adéquate à toutes ces positions prévient les maux de dos, des muscles de l’épaule et du
bras. Par contre, une mauvaise posture entraîne beaucoup de fatigue et une baisse de performance. Tout
joueur trouvera pesantes ses cymbales à un moment où à un autre, des exercices physiques sont
recommandés (pompes, redressements assis, etc.). Je ne connais pas de «maladie professionnelle»
particulière aux cymbaliers, sauf le risque de tendinite propre à tout geste risqué, et le pinçage de
l’avant-bras et de la bedaine. Pour ces dernières marques de tendresse, les trous sur le t-shirt sont là
pour le prouver!
5 6
Les Métropolitains, 1993 Waterloo Scout House Cadets, 2017
L’Art des cymbaliers 28
3. La position classique de base pour jouer sans marcher
À partir de la position des pieds «À l’attention» ou «Garde-à-vous!»
ou «Stand-bye», le pied gauche avance à un moment précis pour se
positionner juste avant de jouer. Le cymbalier garde environ 18cm à
20 cm entre les talons, selon sa grandeur relative.
4. Salut
Chaque groupe est invité à créer son propre salut. Cette position est
souvent la dernière impression du groupe, car les cymbaliers sont
souvent à l’arrière lors des sorties de terrain. La ligne peut saluer la
foule sur les rythmes de la drumline lors des défilés, ou lors d’une
remise de prix, etc. Le commandement du salut viendra soit du
8 tambour-major ou du capitaine de la ligne.
7
Stan DENOV, The Art of Playing «
The Cymbals », New York, Henry
Adler Inc.,1963
8
Les Mets : En 1993, les cymbaliers
des Métropolitains de Montréal,
dernière section à sortir du terrain Les Diplomates
avant le tambour-major, saluèrent ainsi
la foule au Championnat senior du
9
DCA tenu à Hershey (PA). Stan DENOV
L’Art des cymbaliers 29
Hulk Hogan : Popularisé par Santa Clara Vanguard (CA).
Soyez créatifs!
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QuickTime™ et un
décompresseur
sont requis pour visionner cette image.
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Dips, 2017
L’Art des cymbaliers 30
5. Les positions de «riding» et de «hi-hats»
RIDING HORIZONTAL LATIN RIDE (HAUT) LATIN RIDE BAS HI-HATS JAZZ RIDE
Il importe de soigner le positionnement de la ligne des cymbaliers lorsqu’elle doit se présenter devant
les joueurs de caisse claire. Les hauteurs et angles doivent toujours être respectés pour leur faciliter leur
jeu. Cela demande une endurance physique et un excellent positionnement des bras. La position de
riding originale prouve que les cymbaliers ne sont pas qu’utilitaires, mais participent à la prestation. Se
présenter devant la ligne de caisse claires et la quitter ensuite peut aussi se faire de manière artistique.
En outre, il doit se développer une assurance mutuelle entre le joueur de caisse claire et «son»
cymbalier. La stabilité est une qualité appréciée par les joueurs de caisse claires. Ainsi la bonne entente
favorisera la musique et d’éventuels coups de baguettes accidentels sur les doigts seront ainsi évités.
Déplacements
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a. b. c. d.
Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir les cymbales aux mains. Pour se déplacer et amoindrir les
efforts, voici quelques positions, à vous de les adopter ou d’inventer la vôtre.
a. Les cymbales sont retournées dos-à-dos, les deux courroies sont tenues par la main droite, soit
en position «Rest Side-Up» ou «Rest Side-Down». Le poing du bras droit est placé sur
l’abdomen ou près de la jambe.
b. Placées en «hi-hat», les flancs des cymbales dans l’abdomen. Les deux bras tendus par-dessus
les cymbales sont tenues par les deux mains de façon parallèle.
c. En «hi-hat» vertical, la courroie de gauche est poussée vers l’arrière dans l’avant-bras, la main
les retient par-dessous. La main droite a la courroie dans la main et ferme le poing.
d. Les deux franges des cymbales sont appuyées en 45o contre les hanches.
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Photo : L’Insolite , 1984 (N.L.)
1. Familles de sons
Nous touchons ici au cœur de cette méthode. D’abord, il y a quatre familles de sons produits par le
cymbalier : les sons ouverts, écrasés, les frottements et les tintements. Dans un chapitre suivant, se
déclineront les repères généraux liés à quatre positions du corps et des bras (basse, haute, verticale et
diagonale, hybride). À partir de chacune de ces positions, plusieurs sortes de coups et variantes sont
possibles. Finalement, la technique à proprement dite sera expliquée, pour jouer les coups de manière
soit staccato ou legato.
- OUVERTS : Le crash est un son ouvert qui doit être jouée en un fla. La cymbale vibre librement
après la frappe, à moins qu’il soit étouffé par le corps après l’impact (Subito silenzio, «Muff» ou
«Choke»*).
- FERMÉS (ÉCRASÉS) : Le «Choke»* est un son fermé joué aussi joué en un fla. Le bord d’une
cymbale s’écrase sur l’autre pour produire un son sec, qui s’éteint plus ou moins rapidement
selon la pression. Les «Hi-hats» font partie de cette catégorie.
- Les FROTTEMENTS sont des sons ouverts et variés, produits par le glissement doux ou rude
d’une partie de la cymbale sur l’autre. Le «Zin» (ou zischen) et les roulements sont de cette
famille. Le volume est doux.
- Les TINTEMENTS sont des sons ouverts (mais sans le fla), produits par l’extrémité ou frange de la
cymbale lorsque frappée contre une autre partie (ex. : la cloche). Le volume du son est plus
court et faible qu’un crash, par exemple. Les cymbales vibrent peu, comparativement à un
crash. Le «Tap » ou le «Ride» (plusieurs «Taps» suivis) sont des tintements.
Aucune notation n’est standardisée spécifiquement pour l’usage des lignes de cymbaliers. Celle établie
pour un cymbalier par la musique classique est spécifique, avec ses symboles propres à son vocabulaire
et à sa technique. Une traduction d’un document de la compagnie Sabian (en annexe) présente le
vocabulaire singulier et la notation originale à ce genre musical.
Tant les volumes, que les frappes et la technique sont très différents de la méthode classique. Dans le
domaine des corps de tambours, chaque arrangeur inscrit ses effets à sa manière. Aujourd’hui, la
difficulté d’adopter une notation universelle s’explique probablement par la méconnaissance de la
technique des cymbaliers, et surtout du fait que les programmes informatiques d’écriture musicale ne
possèdent pas une grande variété de sons et de types de frappes, ni les signes appropriés.
Pour rester simple, David Reeves propose six sortes de frappes dans Stadium 54 :
La notation proposée dans cette présente méthode est plus complexe et beaucoup plus précise, utile à
l’usage des musiciens et des arrangeurs spécialisés dans le domaine des marching drumlines de
compétition. Elle comprend non seulement les types de frappes, mais aussi les marques de mouvements
à inscrire sur la partition (ex. : positionnement, montées et descentes, vrille, etc.).
Nous utiliserons dans cette méthode des termes inventés en anglais, qui n’ont pas d’équivalence en
français et se prononcent assez similairement au son qu’ils désignent, tels des onomatopées. Plusieurs
coups portent des noms très originaux.
a) le type de frappe
b) la durée de la note
c) la technique (legato ou staccato)
d) le positionnement, un jeu et un mouvement
b) Durée de la note : Généralement, les arrangeurs inscrivent une noire ou une blanche pour marquer
un coup dont le son s’évanouit tout seul en quelques secondes, sans se préoccuper de la fin de la valeur
réelle de la note. Quand l’intention est de couper net le son après un coup, la durée de la note sera
limitée par la figure de silence liée après l’attaque.:
Choke ou muff ? : Il y a confusion des termes. Pour le dictionnaire, «choke» signifie «étouffement».
Avec l’usage, l’on distingue maintenant un coup «choke», d’un «muff» ou «subito silenzio».
✓ Subito silenzio : Pour stopper net la vibration des cymbales et provoquer abruptement un
silence après l’attaque, le cymbalier utilise son corps comme appui (sur les bras, ou sur les
muscles pectoraux, sous les aisselles ou sur les hanches). Nous utiliserons plutôt les termes
subito silenzio ou «muff» pour ce type d’effet ressemblant à un étouffement inattendu du son.
Le coup s’écrit avec une croche accentuée, liée à un demi soupir.
Choke : Tandis que le choke (abréviation : «Chk») est un effet de son complètement différent
d’un subito silenzio, tel que l’entendent habituellement les arrangeurs, qui souhaitent plutôt que les
cymbales soient écrasées l’une contre l’autre. Le choke s’écrit avec un petit «x» à la place de la boule
de la note et il est accentué. La longueur de la note sera courte ou longue, selon la pression exercée.
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Les Diplomates
L’uniformité d’ensemble est recherchée pour un impact visuel et sonore maximal. Tout le travail
individuel doit être porté vers l’uniformité de groupe, d’où l’insistance sur une technique unique pour
tous les instrumentistes. Le travail d’ensemble vise à uniformiser visuellement les positions physiques,
à partir d’une excellente posture, et de la précision des positions. L’exactitude rythmique de chaque
mouvement, les angles, la qualité des frappes représentent un tout dont la posture est la charpente.
L’uniformité doit devenir un motus pour les cymbaliers. Cela dépasse la stricte recherche
d’exactitude technique. C’est un travail d’équipe où tous doivent faire unité.
L’uniformité commence par une bonne posture du corps. C’est la structure de base, la fondation sur
laquelle tous les gestes seront dessinés. Déjà, sans jouer, sans bouger, la ligne de cymbaliers doit
projeter une confiance, une assurance de groupe. L’aura d’un groupe uniforme sera autant plus fort que
sa précision. La posture de chaque individu compte donc pour beaucoup. De plus, une bonne posture
évite les problèmes squelettico-musculaires et favorise la performance13.
Dans certains chapitres, il est question de la posture, de certaines positions de base au moment où les
cymbaliers n’ont pas à jouer. L’instructeur de marche a intérêt à bien saisir les particularités de la
section des cymbaliers. Par exemple, la distance nécessaire entre les joueurs, l’angle favorisant tel jeu,
la difficulté de se rendre aller-retour vers les caisses claires, etc. Comment utiliser les cymbales dans le
spectacle ? Etc.
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Lire en annexe : «Ça marche la marche», par Régis Bergeron (Marche et Manœuvres, FAMQ, p. 14)
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Photo Les Diplomates
Chaque type d’effet sonore ne peut être précis sans les points de départ et d’arrêt prédéterminés, que
l’on appellera REPÈRES. Ces données varient selon la grandeur moyenne des joueurs. Les REPÈRES
seront alors ajustés pour une uniformité d’ensemble.
Technique de frappe
La base de la technique legato/staccato se fonde d’abord et avant tout sur deux principes :
La sensation des vibrations et l’écoute sont deux éléments sur lesquels l’emphase sera mise ensuite. Les
cymbales sont d’abord des instruments de manipulation. Même lorsque le cymbalier ne joue pas, quoi
qu’il fasse, ses cymbales sont toujours visibles. Chaque type de frappe correspond elle aussi à une
position prédéterminée de jeu dans l’espace et dans le temps.
Cette position prédéterminée pour chaque type de coup doit être précise pour effectuer une belle frappe.
Le cymbalier entrera en phase avec son instrument sous la condition de contrôler ses frappes avec
précision.
La préparation
• ANGLES : Entre les cymbales, sur un axe central.
• DISTANCES : Entre les extrémités. Au bout des doigts (haut) et vers le poignet (bas).
• HAUTEURS : Niveaux du corps (yeux, épaules, thorax, taille, hanches).
L’attaque
• LA RAPIDITÉ DU COUP implique une exactitude rythmique et un angle correct,
des distances et hauteurs précises.
• LE CONTACT est l’appoggiature (fla) legato ou staccato, ou du tintement,
ou du frottement.
• LA FORCE DE PRESSION exercée influencera le volume et la longueur de la note.
La finition
• LA PROJECTION DU COUP diffuse le son. Elle est implicite au geste legato.
• L’ARRÊT EN POSITION suivante est un retour aux références des REPÈRES.
La plupart des sons ouverts crash et chokes sont le produit d’une frappe jouée avec une appoggiature
(fla ou «flam»).
Un crash de cymbales est produit en jouant un fla («flam» en anglais). Un petit contact («tap») ou
appoggiature précède un accent. (Voir l’illustration ci-haut). Une belle frappe se joue toujours en
effectuant un fla. Sans lui, la frappe sonnera soit : a) comme un «flank» ou «coup plat», lorsqu’une
partie assez large de la frange en frappe une autre (idem avec le coup dit «Smack»); ou se créera une
poche d’air («Puff») quand les deux surfaces se touchent alors simultanément partout. Dans les deux
cas, les vibrations des surfaces sont restreintes.
Pour bien comprendre à quel point le principe de «positionnement» est fondamental, prenons
l’exemple du coup le plus connu, soit le crash en position «Orchestrale».
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Revenons au beau fla : le petit coup («tap») prépare la cymbale à l’accent qui suit une fraction de
seconde plus tard, ceci en vibrant avant l’impact principal, ce qui lui donnera pleine amplitude. La clé
est le positionnement – surtout l’angle optimum - avant la frappe. Si les repères (angles, hauteurs et
distances) sont respectés, le fla sera certain. Ceci évitera par exemple de jouer un «puff», dont la cause
est une mauvaise position et d’angle à l’attaque.
NOTE SECONDAIRE: A contrario de certaines autres méthodes qui enseignent de placer les cymbales
parallèles avant un crash, cette présente méthode laisse tomber ce mouvement de positionnement
inutile.
Les mains, on s’en doute, sont extrêmement importantes pour jouer des cymbales. Portons d’abord
notre attention sur l’amplitude de la main ouverte. Nous verrons plus loin quel rôle joue les doigts avec
la technique legato. La palme du pouce est très sollicitée, d’où l’importance d’excellentes courroies qui
galbent bien la main. Ensuite, il y a ce que l’on nomme communément le coussin de la main, du côté
du pouce : On appelle éminence thénar la saillie musculaire arrondie à la partie antéro-supérieure de
la main, sous le pouce. Quatre muscles la constituent. C’est la partie la plus forte de la main, qui frappe
la plus solidement. On surnomme l’éminence thénar le « Mont de Vénus » en chiromancie.
Par ailleurs, l'hypothénar est le groupe de trois muscles de la paume de la main qui contrôle le
mouvement de l'auriculaire (petit doigt). C’est le « Mont de la Lune » de la bonaventure. Ce petit
coussin, placé au flanc de la main, apporte beaucoup de stabilité. Entre les éminences thénar et
hypothénar, il se crée un creux dans la main, qui épousera éventuellement la cloche de la cymbale. Il y
a enfin le poignet, ou plus précisément le bracelet situé entre le poignet et le début des deux saillies. Le
bracelet servira d’appui aux courroies.
La frappe staccato est directe et dure, l’appoggiature est jouée dans le haut de la cymbale et l’accent
dans le bas est solide (aux éminences et au poignet). Tandis que la frappe legato est plus
évanescente, le tap est joué dans le bas et l’accent joué dans le haut est plus flou, puisque que l’aire
d’influence des doigts est beaucoup plus large.
Pour un meilleur contrôle, les doigts (main ferme ou doigts détachés) peuvent toucher la cymbale
entre les coups, en attente ou lors des jeux. Mais les doigts doivent se détacher des cymbales après
un coup pour laisser la plaque vibrer (en extension). Pour bien faire saisir l’idée de frappe ou d’effet
direct staccato, ainsi que du geste auguste du legato, venons à la base du crash, bien que le concept
s’applique aussi aux autres effets (écrasements, tintements, frottements).
L’anti-Puff
Lorsque les rebords des deux plaques se touchent simultanément, il se crée une succion, un effet de
ventouse, dite «poche d’air» ou «Puff».. Les cymbales ne vibrent pas. Le fla est raté. Une bonne
position et de bons angles évitent le «Puff». Un truc : laisser quelques centimètres de différence entre
les cymbales, en haut des plaques.
Le geste legato
La frappe sera précédée et suivie par un mouvement de vague («flowing») qui projettera élégamment le
son. Une suite de frappes legato prendra l’énergie de chaque frappe pour faire vibrer au maximum les
cymbales et donner visuellement un effet papillon.
La difficulté technique du gestuel legato réside à briser la rigidité mécanique de certains joueurs pour
qu’ils acquièrent de la flexibilité et de la souplesse des bras et poignets. Des mouvements proches du
taï chi peuvent être pratiqué au ralenti pour développer la fluidité des gestes imitant les vagues de la
mer, ou les ailes d’un papillon au vent. Truc : s’entraîner en se plaçant en miroir du joueur qui le
maîtrise bien.
Lors d’une frappe legato, l’angle se retrouve inversé. Techniquement, cela se passe ainsi : De la
position A, on passe à V pour donner le «tap», et en frappant ensuite l’accent, l’angle se retrouvera
inversé (en A), puis on simulera un second crash pour projeter le son.
… Suivi d’un V ;
ATTENTION : Si chaque point de repère est rigoureusement fixé dans le temps, le legato sous-entend un
mouvement fluide, qui n’est pas saccadé16. Chaque joueur doit contrôles ses angles, ses hauteurs, ses
points fixes dans l’espace, ainsi que la qualité du geste legato entre ses comptes. Cela exige aussi un
travail de synchronisation en équipe.
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Toutefois, l’instructeur peut choisir que tous les crash legato ont un point de repère saccadé jute avant la frappe.
C’est un choix de style.
L’Art des cymbaliers 48
CHAPITRE VII
▪ Les positions basses (au niveau des hanches) se nomment «Orchestrales». Le hi-hat Orchestre
est le coup de base #1 des Sept Merveilles.
▪ Les positions hautes. Le crash et le choke «en A» sont les archétypes de cette position où les
coudes par en bas, les avant-bras sont levées forment un V inversé (la lettre A si on veut), avec
les mains au niveau des yeux environ.
▪ Les positions moyennes ou «pointées». L’aire de jeu face au corps se situe au niveau du thorax.
▪ Les verticales, diagonales ou «fanfares» : L’une des cymbales est levée, la main au niveau du
shako et frappe la cymbale placée au niveau des hanches ou plus bas. Quelques variantes.
▪ Ajoutons les positions inusitées, dites hybrides (amalgames hétéroclites, inusitées, etc.).
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17 18
Clinique F.A.M.Q. (N.L.) Les Diplomates (N.L.)
L’Art des cymbaliers 51
Habituellement joué en croches comme on entend
souvent sur un air disco, le bizbop imite le jeu de la
pédale «hi-hats» ou «charleston» comme le nomme
les Français.Il est aussi possible de jouer le bizbop en
étouffant le petit accent qui termine la frappe (le Gliss, Sizzle, Slide ( ff > mf )
«bop» ou «release»). Les bandos jouent le bizbop à Après un léger crash en position orchestrale, écraser
l’envers, soit de pointer l’arrière des deux cymbales, très légèrement les surfaces en glissant les cymbales
position orchestre, en angle vers l’intérieur. du haut vers l’avant, en plein extension des bras,
Le «choke» sera produit ainsi : le petit coup du fla vers lâcher la pression des doigts pour laisser vibrer,
l’intérieur, descendra en bas de l’abdomen, et les glissant ensuite la cymbale vers l’arrière. Selon la
doigts poussent les cymbales à s‘écraser un moment pression des doigts, le son sera ouvert ou fermé et la
l’une contre l’autre. Le bob qui suit est un étouffement longueur de la note contrôlée.
par les deux bras et le corps.
Hi-Hat ( f > pp )
CHOKE stac ( ff > f ) Un classique, la première frappe à connaître des Sept
De la position en A, écraser fermement les cymbales Merveilles. Attention aux «marques de tendresse»
ensemble. Puis les rouvrir au moment voulu pour se laissées sur le ventre, causée par les pincements des
remettre en position suivante. cymbales. Éviter les «puffs» : garder au moins trois
doigts de jeu entre les rebords des cymbales. Les deux
bras bougent lors des frappes, surtout le bras droit. Le
coup est direct. Laisser les cymbales fermées entre les
CHOKE leg ( ff > f ) coups. Maintenir un angle moyen et une force
moyenne. Ne pas trop appuyer les doigts permet de
Idem de la frappe crash legato. Seul le geste legato qui bonnes vibrations. Écouter le son sec.
précède le coup est effectué.
Maëlstrom ( mf > pp )
CRASH staccato ( ff > f ) C’est une roue qui, avec la vitesse de frottement et les
pivots des poignets, crée un effet de toupie.
Le bras gauche place la cymbale au niveau environ du
sternum, la main montrant l’intérieur de la cymbale
qui est décollée du corps de quelques pouces et en
angle. La main droite se place par-dessus, en angle de
45 degrés. Les cymbales entre elles gardent un angle Press Roll ( mf < f )
ouvert pour permettre le fla lors de la frappe directe. Après un roulement, les cymbales sont pressées l’une
Les cymbales reviennent ensuite en position. contre l’autre, selon l’effet ou la longueur de la note
voulue.
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Voir aussi Toupie, dans la section e) Positions hybrides
Positions en «A»
CRASH ( ff > f )
Cette frappe des Sept Magnifiques doit être
maîtrisée, car sur sa base positionnelle repose bon
nombre de types de frappes. Les deux bras sont en
position élevée. Les cymbales forment un triangle
(en A). Deux ou trois pouces séparent les franges
hautes des cymbales. Les franges basses sont
distantes d’environ 24 pouces, de sorte que les
21
coudes sont en position de triangle parfait. La
hauteur moyenne des joueurs détermine la hauteur
des mains de chaque joueur. Cela aura une influence
Lorsque les frappes sont jouées avec autant de
force des deux bras, le volume est plus élevé sur quels seront les muscles nécessaires pour jouer à
généralement. Ces positions requièrent beaucoup hauts volumes, soit à pleine force et en maintenant
d’énergie. Il faut posséder ou acquérir une certaine les bras élevés. Les deux bras sont en action pour
force musculaire. Les joueurs aux cymbales trop frapper violemment les deux plaques, ce qui produit
pesantes éprouveront des ennuis à soutenir l’effort plus de volume. Le staccato rend possible les
si l’on abuse de cette position dans l’arrangement. frappes successives.
Zin en A ( p > pp )
Main gauche en A. La cymbale de droite s’appuie
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d’abord sur le thorax. Placer sa frange haute au-
dessus de la cloche intérieure de la cymbale de
gauche. Appuyer, puis grattez vers le haut. Revenir
en position.
CRASH ( ff > f )
Tin cloche mf > pp )
Position A. L’avant-bras droit sera placé plus bas,
dans un angle plus fermé que pour le Tin ride. La ZIN intérieur ( p > pp )
frange gauche frappe l’intérieur de la cloche à un
endroit prédéterminé, selon le son voulu.
22 Id.
L’Art des cymbaliers 57
Positions en «K» 4. Positions verticales
(diagonales ou «Fanfare»)
Diagonale ( ff > mf )
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23 24
Métropolitains 1992 et 1994, classe senior D.C.A. (N.L.) Voir aussi Toupie dans la section e) Positions hybrides
L’Art des cymbaliers 58
L’Art des cymbaliers 59
hanches. La cymbale de droite tombe et vient s’aplatir
5. Les positions hybrides contre celle de gauche qui tourne (pivot du poignet)
pour se placer de manière inversée (dos au public) en
position du papillon # 5. Celle de droite continue sa
course pour rejoindre l’autre en même temps au point
fixe #3. Au moment de la frappe, le corps et la tête
penchent, comme pour saluer.
Choke dorsal ( ff > f )
Le joueur se tourne en jouant un choke et projette
ses cymbales fermées par-dessus son épaule.
Grinder ou Razor ( pp )
En position «Hi-Hat», laisser reposer la cymbale de la
main droite et retirer le pouce de la ganse, étirer le
bras et l’avancer dans la sangle pour saisir des doigts
le rebord de la cymbale. Placer la cymbale de gauche Slip’n Slide ( ff )
en position tin en «A». Lancer ensuite la cymbale de
droite comme un discobole, en faisant tourner la À partir d’un salut Hulk Hogan, la cymbale de gauche
cymbale suspendue, alors que les doigts de la main placée en bas reste face au public, tandis que bras droit
droite seront relevés, de sorte de laisser la cymbale se déplie pour venir glisser la surface de la cymbale de
tourner librement. Rapprocher cette cymbale (placée droite sur cette de gauche, en frottement et dans un
horizontalement) vers celle de gauche pour quelles se geste diagonal vers le bas.
touchent sensiblement, à l’endroit désiré. Le
frottement ira en diminuant. Il s’agit d’un effet qui
nécessite une écoute attentive et un bon contrôle pour
éviter les légers rebonds créant des «pings» à
l’attaque, et pour que ledit frottement soit constant.
Vaccuum ( mf > pp )
25
25
Les Stentors de Sherbrooke et Les Éclairs de
Québec
L’Art des cymbaliers 61
CHAPITRE VIII
Exercices
Exercice sonore
un crescendo, un decrescendo, ou un
Position HI-HATS
sforzando, il faudra que chaque joueur possède
l’échelle des volumes suivante : Pianissimo,
piano, mezzoforte, forte, fortissimo. Tous les
volumes ne peuvent se jouent dans toutes les
positions. Certaines sont associées à un
volume déterminé (ex. : crash en A = f ou ff).
b) Dans les pages suivantes, les exercices position TAP étouffé. Au début, ne pas
suggérés ont été conçus par Gil Mousseau, pratiquer ces exercices de base en hi-hat, car le
musicien et éducateur chevronné. Ils favorisent son est trop large, l’attaque trop floue.
TOUJOURS PRATIQUER
LES EXERCICES EN MARCHANT
ET AVEC L’AIDE D’UN MÉTRONOME
26
Benjamen PODEMSKI, «Standard Snare Drum Method»,
Mills Music inc., New York, 1940 (édition de 1968), 96 pp.
L’Art des cymbaliers 66
Partitions partagées ( «Split parts» )
Les exercices de base en noire, croche et triolet en partitions partagées («split parts»), telles que
les montées et descentes, sont les mêmes que ceux des grosses caisses. Voici un exemple basé sur
le clave 3-2, où le rythme, les sons différents, les positionnements originaux, les changements de
positions et mouvements du corps peuvent créer des effets intéressants.
Il est amusant de permuter les rôles, selon le nombre de joueurs qui se partageront la partition.
Les changements de positions doivent être aussi précis que les frappes. Le Banana Split en est un
exemple. À partir des claves de votre choix, les combinaisons musicales et de positionnement
sont infinies.
27
27
Clinique de cymbaliers, Québec, 2017
L’Art des cymbaliers 67
CHAPITRE IX
Si les symboles de notation musicale des logiciels de composition sont, présentement, nettement
insignifiants, il est tout de même conseillé que les indications sur la partition restent très
générales, laissant la liberté à l’instructeur d’interpréter le spectacle en choisissant les types de
positions appropriées. La plupart du temps, le choix du type de frappe - sa position s’entend -
s’imposera progressivement en cours d’apprentissage du spectacle musical et chorégraphique.
C’est pourquoi les Sept Magnifiques restent la base la plus simple sur laquelle l’arrangeur
signifiera son intention musicale du départ. Elles comprennent les sons ouverts et fermés. Le
crash ou le choke forte sera joué en position A, le crash ou le choke mezzo en position
orchestrale. Le tap et le zin en position A.
Pour la catégorie pré-novice, l’arrangeur s’en tiendra généralement à appuyer les apothéoses.
Pour toutes les catégories, surcharger la partition de coups exige une dépense physique et des
difficultés d’apprentissage supérieures. Laisser plutôt la partition respirer. Aussi, plusieurs coups
peuvent être plutôt joué sur des cymbales fixes par les percussionnistes de la fosse («pit»).
Une frappe jouée doit être une frappe vue. À partir de la catégorie intermédiaire, les frappes
rapprochées permettent l’usage de partitions partagées («split parts»), d’explorer les effets
visuels et sonores contrastés en mixant diverses positions de frappes. La cohérence d’ensemble
est exigée, mais les partitions partagées peuvent camoufler certaines lacunes individuelles, ou
mettre en valeur l’habileté individuelle.
Numéroter toutes les mesures sauve du temps et des tracas lors des pratiques d’ensemble, car le
début d’un segment des caisses claires commence souvent au milieu d’une partie pour les
cymbaliers, ce qui est très mêlant pour qui doit continuellement mémoriser des comptes et des
attaques isolées. D’où le temps perdu en quiproquos.
Les jeux
Les différentes positions présentées au chapitre de la posture, telles qu’«À l’attention !» «Place
repos», les saluts, les «riding» et celles de transport doivent être saisies avant de poursuivre ce
chapitre sur les jeux.
Même sans bouger, le joueur et ses cymbales sont visibles. En tout temps, les cymbaliers se
donnent en spectacle. Certaines postures sont théâtrales, des mouvements se rapprochent de la
danse. L’artiste manipule des objets brillants et son corps participe à l’évocation musicale.
Voici quelques rudiments élémentaires de positions et de jeux très populaires. Pour les créatifs,
les croquis sont très utiles en phase d’inspiration. Les dessins de bonhommes allumettes ou de
mannequins sont une façon facile d’écrire les mouvements pour s’en souvenir. Ainsi, certains
sites suggèrent des positions et mouvements intéressants28. Enfin, si les jeux canons seront
toujours efficaces, à preuve nombre de lignes qui se ressemblent à s’y méprendre, les jeux du
futur seront davantage liés à la créativité avec des mouvements du corps plus dansant.
a) Les flashes
DOMINOS
DRAGON
Ces jeux s’exécutent en 1 ou 2 temps. Sorte de polaroïd : ouvrir et fermer les cymbales
subitement. Exécuter immédiatement après une frappe ouverte. Plusieurs positionnements sont
possibles. Par exemples, les dominos et les dragons, les fleurs et le V de Vanguard.
28
Positions : dessins de mannequins à https://www.pinterest.com/pin/301459768781310130/
L’Art des cymbaliers 69
b) Les vagues
Il est excellent de pratiquer en tout temps les gestes suivis, comme les vagues harmonieuses, qui
coulent bien. Les vagues peuvent épouser des transitions musicales ou annoncer un
positionnement en vue de frappes.
Le cymbalier meneur, qui souvent bouge à l’aveugle, se fixera des repères précis dans l’espace et
dans le temps. Le meneur a intérêt à ne pas oublier de partir la vague. Le rôle des autres est de
suivre avec fluidité le geste du joueur précédent, avec la préoccupation de ne pas trop tarder, car
la vague doit aboutir nécessairement au dernier joueur. Un beau papillon suivi, par exemple, ne
souffrira pas d’un geste brusque provoqué par une interprétation trop mécanique du suivi et qui
vient casser les battements de ses ailes! Le dernier joueur a l’obligation de terminer le
mouvement à un certain repère ultime, à un moment précis. Des vagues parfaites démontrent une
grande maîtrise d’ensemble.
C) Les papillons
QuickTime™ et un
décompresseur
sont requis pour visionner cette image.
0 1 et 2 3 4 5 6 7 8
Papillon simple : Considérant que le chiffre 1 représente un coup de type crash sur le premier
temps de deux mesures, les points de repère 2 (shako-plume), 3 (diagonale haute), 4 (Jésus), 5
(diagonale en bas), 6 (ouvertes en bas), 7 (se referment), 8 (re-positionnement). Notons que le ET
du 1 est transitionnel et permet l’ouverture en explosion sur le 2. De même la position 7 est une
transition qui mène à la 8.
Pour le papillon suivi, les cymbaliers sont placés l’un derrière l’autre et suivent le geste du
cymbalier #1 avec un léger décalage. Les points de repère du papillon simple ne tiennent plus.
C’est le geste, le mouvement qui compte. Mais ne pas oublier de pousser des doigts pour
maintenir la surface intérieur face au public.
Sens inversé : Exécuter un papillon suivi traditionnel, puis en refaire un autre en inversant le
sens des repères (le 2 est en bas et les 6-7 sont en haut).
Jésus : Exercice important pour renforcer les muscles. Maintenir longtemps en position.
Avion : Les surfaces feront face à l’extérieur, a contrario du papillon. Le corps tournera à 360
degrés et les deux bras seront décalés ou pas (au choix).
Suncoast : Surtout appelé «Rainbow». Tient ici son nom du groupe Suncoast Sound, de Miami
(FL) qui l’a popularisé. En position A, le poignet de la main droite pivote sur son axe, dans le
sens des aiguilles d’une montre. La main droite l’imite, mais en sens contraire. Les coudes
bougent très peu. En file indienne, les joueurs pairs comment avec la main droite tournant dans le
sens horaire, et les cymbaliers impairs l’inverse, soit la droite en sens anti-horaire.
Le Suncoast-papillon s’exécute simplement en agrandissant l’amplitude des cercles tracés par les
cymbales. Les bras sont alors en extension. Les surfaces intérieures n’apparaissent face au public
qu’un court moment, elles projettent surtout sur les côtés en tournant, contrairement à un papillon
ordinaire.
Il s’agit des tourniquets du poignet qui font vriller la cymbale. À exécuter les deux mains
séparément, en décalage de temps, ou en suivis.
- Levée et baissée («Sling Down») : La cymbale de gauche est insérée sous le coussinet de
la droite, D’un tour du poignet en poussant les pouces vers l’intérieur, elles se renversent
ensemble d’une position basse (avant-bas détendus), jusqu’à une position où les avant-
bras sont repliés, les cymbales font face au buste. Inverser le mouvement. Ce mouvement
peut être suivi d’une vrille pour redescendre en position «Rest Side».
- Levée baissée de «Rest Side» : Lever les mains simultanément en effectuant une vrille de
la position «Rest Side-Up», à une autre position de choix (ex. : en position orchestrale).
Revenir en vrille en position de départ. On peut le faire, bougeant les mains l’une après
l’autre, ou en simulant une échelle de levées en quatre hauteurs.
- La Tour «The Tower» ) : Jeu en escalier. Partir de la position «Rest side down». La main
gauche fait une vrille jusqu’en position basse, celle de l’autre suit. Les cymbales seront
alors face à face. La gauche refait ensuite une vrille vers l’arrêt en position moyenne,
suivi de la main droite. Les cymbales sont encore vis-à-vis. La gauche fait encore une
vrille en position haute, suivie de la droite. Puis la droite monte en position verticale, suivi
de la droite. On recommence ce manège en redescendant, mains inversées. Ces
mouvements de La Tour se suivent rapidement en comptant.
- Vrille intérieure : Les cymbales se ferment l’une par-dessus l’autre, comme en Place
repos (sur le temps nu. 1) au niveau des jambes. D’un tour des poignets et en relevant les
avant-bras, elles demeurent ensemble et sont levées au niveau du buste (arrêter sur le
3ième temps). Les baisser en vrille à partir de cette position se fait en un seul temps.
- Vrilles continues : Le gros avantage de la prise au poing et bandana, ce sont les vrilles
continues facilement exécutables. On peut passer de la prise Garfield à la bandana pour
faire tournoyer les cymbales plusieurs tours, mais la courroie sera légèrement trop grande
pour jouer, ne permettant pas un contrôle suffisant.
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http://www.youtube.com/watch?v=e8swOHXjUPA&feature=related
- Crack Addict (sans traduction): Vrilles continues des deux bras qui gesticulent de
manière désordonnée vers le haut et le bas.
- Crazy 8’s :
- Fermé : La cymbale de droite est insérée sous le coussin de l’autre. Lever les deux
cymbales collées, en montrant la face intérieure en formant un 8 dans l’espace,
face au joueur.
- Ouvert : Idem. Mais les cymbales sont ouvertes et distanciées de quelques pouces.
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Am Stram Gram : Ce jeu des Métropolitains de Montréal (senior) créa une sensation au
Championnat DCA en 1994.
Carrousel : Appelée aussi La Pieuvre. Placés vis-à-vis dans un cercle ou en étoile, chaque joueur
fera l’avion à son rythme décalé des autres, de sorte que le bout de la cymbale frappera celle de
l’autre en intermittence.
Loco : L’édition 1988 de L’insolite de Saint-Jérôme mimait les roues d’une locomotive pendant
la pièce de jazz «Take the A Train» de Duke Ellington.
Le Follow Spot : Les cymbaliers entourent le soliste (ex. : Madison Scout Malaguena) d’une
fleur, une seule cymbale ouverte faces au public. L’autre cymbale s’expose subitement lors d’un
accord dramatique.
Jazz Waltz : Le deux bras sont placés en position de papillon # 6 avec les cymbales dos au
public. Les deux bras «valsent» de gauche à droite comme des pendules synchronisés.
Enfin, l’inspiration peut venir d’un geste anodin, voire d’une maladresse lors d’une période de
réchauffement, ceci créé par celui-là même qui manipule l’instrument. L’écriture ne nécessite pas
grand talent en dessin, mais elle est très utile pour se souvenir de l’idée première et découper les
images et temps forts à leurs plus simples expressions. Par exemple, ces séries des mouvements
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Les Métropolitains, 1994 (N.L.)
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Photo : L’insolite 1988 (N.L.)
L’Art des cymbaliers 74
ci-après sont écrits pour une pièce blues et une mélopée. Elles furent gribouillées sur un napperon
de restaurant. Vous pouvez aussi consulter des sites pour vous inspirer.
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Id. et ibidem
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https://www.pinterest.com/pin/301459768781310130/
L’Art des cymbaliers 75
CHAPITRE XI
Le capitaine des cymbaliers est souvent un joueur du centre, à cause de l’influence sonore
centrale exercée sur les joueurs de ses deux côtés, ainsi qu’à sa position stratégique favorisant
l’imitation : grâce à la vision périphérique des autres joueurs, il est toujours dans le champ de
vision de tous. Ceci sécurise la ligne de joueurs en entier.
Rien de plus frustrant pour les cymbaliers que d’être cachés ou coincés dans un espace trop
restreint. Les cymbaliers forment une ligne ou un arc face à la foule. Toutes les autres positions
sont les bienvenues, sauf les suivantes :
- Devant la ligne des joueurs de caisses claires, pour ne pas cacher ces derniers, sauf lors
des «ridings» ;
- Entre la ligne de front et celle des grosses caisses, pour ne pas former de mur de son et
empêcher que la ligne de front n’entende les joueurs de grosses caisses, ni que ces derniers
ne s’entendent entre eux.
- En arrière complètement du groupe pour ne pas les cacher.
3. La direction de projection
En général, les surfaces visibles des cymbales doivent être exposées au maximum face au public.
Il y a des exceptions. Par exemple, les frappes fanfare en position verticale sont beaucoup plus
efficaces visuellement si le joueur est de profil. Le choix du type de frappe dépendra notamment
de la position du cymbalier dans la chorégraphie, du volume désiré, etc.
b) Professionnalisme : Qualité de la
présentation qui génère une réaction
positive (présence effective,
enthousiasme, précision)… bien faire ce
que l’on a à faire!
Mais le travail sans plaisir n'est que corvée. Le travail créateur porte
toujours en lui beaucoup d'émotion, de sueur et de joie. Tout cela se
pratique en privé, mais prends sa puissance libératrice en spectacle.
Bonnes performances!
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Photo : La une du Journal de
Montréal lors du Défilé de nuit du 350e
Anniversaire de Montréal en 1992.
ANNEXE : Partition
BIBLIOGRAPHIE ET CRÉDITS
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(livre et vidéo combinés).
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Stan DENOV, « The Art of Playing The Cymbats », New York, Henry Adler Inc.,1963
Gianluca DI GIULIO, Enrico ESPOSITO, Ciaudio SANTOLINI and Lorenzo SCALISE, «Experimental
vibrational analysis of drum cymbals», Dipartimento di Meccanica, Universita’ di Ancona, ITALY
consulté en ligne le 4 juin 2014 à
Frank EPSTEIN, «Cymbalism», edited by Robert Sonner, Published by Hal Leonard. 106 pages.
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http://david.fournier.ecp04.pagesperso-orange.fr/ProjetCymbale/cdrom/nonlineaire.html
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Thom HANNUM, «The Cymbal: Its Standard and Special Use in Contemporary Marching Ensembles»,
University of Massachusetts, 1984 - 476 pages
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Percussionnist, September 1985, pages 14, 15, 16, 17. 42, 43
Thom HANNUM, «Championship concept for Marching Percussion», Hal Leonard Edition,1989, 48 pp.
Hugo PINKSTERBOER, «The cymbal book : Symphonic repertoire for cymbals», Hal Leonard Corporation,
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Instructional Device for Materials Education, MRS Fall Meeting, Department of Chemistry and Institute
for Research in Materials, Dalhousie University, Halifax, Nova Scotia, 2002