Les Qualités Du Croyant (French Edition)
Les Qualités Du Croyant (French Edition)
Les Qualités Du Croyant (French Edition)
Ibn Hibban
© 2021 MuslimLife, LLC
Tous droits réservés.
ISBN : 978-1-952608-17-9
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Table des matières
Les Qualités du Croyant
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Biographie de l’auteur
Introduction
Chapitre 1 : L’Intelligence
Chapitre 2 : La Piété
Chapitre 3 : Le Savoir
Chapitre 4 : Le Silence
Chapitre 5 : La Véracité
Chapitre 6 : La Pudeur
Chapitre 7 : L’Humilité
Chapitre 8 : Le Savoir-Vivre
Chapitre 9 : L’Amabilité
Chapitre 10 : Le Salut
Chapitre 11 : La Plaisanterie
Chapitre 12 : La Solitude
Chapitre 13 : La Fraternité
Chapitre 14 : Éviter les Conflits
Chapitre 15 : La Bonne Fréquentation
Chapitre 16 : L’Amitié
Chapitre 17 : La Visite
Chapitre 18 : S’écarter de l’Ignorant
Chapitre 19 : Prendre Garde au Soupçon
Chapitre 20 : Canaliser ses Désirs
Chapitre 21 : Repousser la Jalousie
Chapitre 22 : Ne pas se Mettre en Colère
Chapitre 23 : L’Indépendance
Chapitre 24 : S’abstenir de Mendier
Chapitre 25 : Le Contentement
Chapitre 26 : La Confiance en Allah
Chapitre 27 : La Patience
Chapitre 28 : Le Pardon
Chapitre 29 : La Noblesse
Chapitre 30 : Ne pas Écouter le Colportage
Chapitre 31 : Accepter les Excuses
Chapitre 32 : Le Secret
Chapitre 33 : La Consultation
Chapitre 34 : Le Bon Conseil
Chapitre 35 : Ne pas Boycotter les Musulmans
Chapitre 36 : L’Indulgence
Chapitre 37 : La Modération
Chapitre 38 : L’Éloquence
Chapitre 39 : Le Gain Licite
Chapitre 40 : L’Honneur
Chapitre 41 : La Générosité
Chapitre 42 : Accepter les Cadeaux
Chapitre 43 : L’Aide
Chapitre 44 : Répondre Favorablement aux Demandes
Chapitre 45 : L’Hospitalité
Chapitre 46 : La Reconnaissance
Chapitre 47 : La Responsabilité
Chapitre 48 : L’Ascétisme
Chapitre 49 : Garder la mort à l’esprit
Conclusion
Nos autres éditions
Biographie de l’auteur
Sa généalogie
Il est Abu Hatim al-Imam al-Hafidh al-‘Allamah Muhammad ibn Hibban
ibn Ahmad ibn Hibban ibn Mu’adh ibn Ma’bad al-Hanzali al-Tamimi al-
Busti.
Sa naissance
Il est né à Bost[1] en l’an 270 de l’Hégire.
Sa mort
Il décéda en l’an 354 de l’Hégire.
Ses enseignants
Il a étudié auprès d’un grand nombre de savants. Voici une sélection de
ses enseignants les plus notables :
Ses élèves
Il eut de multiples élèves parmi lesquels :
« Il n'est pas interrogé sur ce qu'Il fait, mais ce sont eux qui devront
rendre compte [de leurs actes]. »[3]
Quant à ce qui va suivre, il est clair et évident pour le doué de raison que
les temps changent. Ils fluctuent constamment. La mamelle s’assèche après
avoir été pleine. Les branches flétrissent après avoir été fleuries. La force
disparaît après avoir été virile. Le goût devient amer après avoir été sucré !
Des gens ont émergé, prétendant maîtriser l’intelligence et la sagesse en
utilisant l’opposé de ce qu’elles impliquent, tel que le suivi des désirs de leurs
cœurs. Ils ont délaissé les exigences de l’intelligence pour l’angoisse de leurs
poitrines. Ils ont cru que les fondements de la raison incluaient l’hypocrisie,
la flagornerie et leurs branches que l’on peut voir chez leurs représentants à
travers leurs beaux vêtements et leur discours éloquent. Ils ont prétendu que
celui qui maîtrise ces éléments est le doué d’intelligence et mérite d’être
suivi, alors que celui qui ne possède aucun de ces traits est un idiot qui doit
être évité.
Allah est Celui qui accorde le succès et le Guide vers l’intégrité. Je Lui
demande la rectification de l’âme et le pardon contre le châtiment en raison
des péchés. Il est certes le plus Généreux, Noble et Miséricordieux.
Chapitre 1 : L’Intelligence
D’après Sahl ibn Sa’d (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
‘Abd Al-‘Aziz ibn Soulayman al-Abrash m’a récité les vers suivants :
L’homme sagace ne démarre pas une conversation à moins qu’on lui pose
une question. Il ne débat pas beaucoup, à moins que cela ne soit autorisé. Il
n’est pas prompt à donner une réponse, sauf en cas de certitude.
L’homme sage ne rabaisse personne, car celui qui rabaisse le chef ruine sa
vie, celui qui rabaisse le pieu détruit sa foi, celui qui rabaisse son frère abîme
sa réputation et celui qui rabaisse les gens du commun retire sa protection.
Al-Muntasr ibn Bilal ibn al-Muntasr al-Ansari m’a récité ces vers :
Les sages se mélangent aux gens pour l’une de ces deux raisons :
- pour parler d’une situation au sujet de laquelle ils ont besoin d’attirer
l’attention
- pour informer l’ignorant d’une chose importante qu’il a besoin de
connaître.
Allah nous a créés pour être de ceux qui possèdent en eux la magnifique
présence de l’intelligence. Ainsi, celui qui perfectionne ce bienfait dispose
des qualités qui le conduiront à son Seigneur. Certes, il obéit à Allah et
accomplit ce qu’Il veut.
Chapitre 2 : La Piété
D’après Oussamah ibn Sharik (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui)
a dit :
S’il n’y avait pas d’autre raison que le fait qu’Allah expose ce qui se
trouve à l’intérieur d’une personne, que ce soit bon ou mauvais, cela suffirait
pour que l’intelligent le rectifie et le protège.
Muhammad ibn ‘Abdillah ibn Zinji al-Baghdadi m’a récité ces vers :
Si tu affiches le bien
Alors, rends ce que tu caches encore meilleur
Car celui qui dissimule le bien est caractérisé par lui
Et celui qui dissimule le mal est caractérisé par lui.
Une fois que l’homme avisé a rectifié sa personne, il doit coupler cela à la
recherche du savoir et la persévérance sur cette voie. En effet, il n’existe
aucun moyen d’éclaircir les affaires de ce bas monde meilleur pour une
personne que la pureté du savoir.
Al-Fudayl ibn ‘Iyad a dit : « Il n’y a rien de pire que le savant auprès
duquel les gens de sa contrée se rendent et demandent « Où se trouve le
shaykh ? », puis qu’on leur réponde : « Il est avec le gouverneur. » ou « Il est
avec le juge. ». Qu’a donc à faire le juge avec le savant ? Qu’a donc à faire le
gouverneur avec le savant ? Le savant doit être dans sa mosquée en train de
lire le Coran. ».
Muhammad ibn Muhammad ibn ‘Abdillah ibn Zinji m’a récité ces vers :
Le doué de raison ne fournit aucun effort dans son champ d’activité sans
que cela ne soit avantageux pour lui à la fois pour cette vie et pour celle
d’après. Si toutefois il reçoit un bienfait, il ne se montre pas avare dans sa
façon de l’utiliser.
Je n’ai jamais vu quelqu’un d’avare avec son savoir sans que ce dernier ne
lui soit d’aucun profit, tout comme les nappes d’eau souterraines sont inutiles
sans qu’on ne les extraie du sol, ou l’or rouge avant qu’il ne soit extrait de sa
mine, ou la perle précieuse avant qu’elle ne soit extraite de son océan. De la
même façon, le savoir n’est d’aucune utilité tant qu’il est caché et non pas
propagé ou utilisé.
Abu Al-Darda (qu’Allah l’agrée) a dit : « Les gens sont soient des
enseignants, soit des étudiants et il n’y a aucun bien dans ce qui est autre que
cela. ».
Si le doué de sagesse met en pratique les deux derniers outils que j’ai cité
(la piété et le savoir), alors ses efforts doivent se tourner vers la surveillance
de sa langue jusqu’à ce qu’elle soit rectifiée. En effet, la langue est source de
destruction pour un individu.
Abu Al-Darda (qu’Allah l’agrée) a dit : « Il n’y a aucun bien dans la vie en
dehors de l’un de deux hommes : l’homme silencieux et attentif ou l’homme
qui s’exprime avec science. ».
Muhammad ibn ‘Abdillah ibn Zinji al-Baghdadi m’a récité les vers de
poésie suivants :
Si le blâme peut t’être attiré par ce que tu dis
Alors le silence est meilleur, si en ces mots il n’y a aucun profit.
Ne laisse aucune parole apparaître de ta langue sans la dompter
Par une réflexion qui l’a précédée.
La langue possède dix qualités que le sage doit connaître. Il doit utiliser
chacune d’entre elles au bon moment.
Elle est un outil d’expression, un témoin qui informe sur les pensées
cachées, un orateur qui répond à une question, un juge qui rend une décision,
un médiateur par lequel tu connais les besoins, un interprète par lequel tu
peux comprendre les choses, un paysagiste qui retire la haine et l’hostilité
comme les mauvaises herbes, un charmeur qui attire l’amour, une consolation
qui éclaire les cœurs, un réconfort qui repousse la tristesse.
La langue du sage est derrière son cœur, donc si elle veut s’exprimer, elle
doit d’abord s’en remettre à lui. S’il l’approuve, alors il s’exprime, sinon il
demeure silencieux.
L’intelligent se préserve des troubles à tout moment. Or, l’un des plus
grands troubles corrupteurs de la rectitude de l’âme et l’une des plus grandes
causes de la disparition de la piété dans le cœur est l’excès de paroles. Le seul
moyen pour une personne de cultiver la quiétude est de délaisser les choses
qui la conduisent à parler.
Chapitre 5 : La Véracité
D’après ‘Abdullah ibn Mas’ud (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur
lui) a dit :
« Vous devez être véridiques. La vérité mène aux œuvres de bien et les
œuvres de bien mènent au Paradis. L’homme ne cesse de dire la vérité
jusqu’à ce qu’on le mentionne auprès d’Allah sous le nom de véridique.
Le mensonge mène à l’immoralité et l’immoralité mène en Enfer.
L’homme ne cesse de mentir jusqu’à ce qu’il soit considéré auprès
d’Allah comme menteur. ».[10]
Il est facile d’embellir les différentes parties du corps, mais pas la langue.
La langue ne peut être embellie qu’en l’éduquant et la véracité sauve alors
que le mensonge détruit.
Ceux qui maîtrisent leurs langues peuvent devenir des chefs au sein des
leurs. Celui qui ment excessivement ne se laisse aucune place pour
l’honnêteté. Un individu ne ment que s’il n’accorde aucune importance à sa
propre personne.
Le fait que mentir dégrade l’individu aux yeux de ses compagnons et que
même s’il dit la vérité, ils ne le croient pas, devrait suffire à rendre tous les
humains fermes sur la véracité.
La véracité élève la personne dans cette vie et celle d’après, tout comme le
mensonge la dégrade dans ces deux demeures.
« Parmi les préceptes que les gens ont retenus des premières
prophéties : si tu n’as pas de pudeur, fais ce que tu veux. »[11]
La pudeur est une preuve d’intelligence, tout comme son absence est une
preuve d’ignorance.
La pudeur est un mot qui désigne le fait d’éviter toute qualité détestable.
Elle est de deux types :
Ces deux types sont louables, mais l’un est obligatoire, alors que l’autre
est d’une importance secondaire. Ainsi, la pudeur relative aux actes qu’Allah
a interdits est obligatoire et la pudeur relative aux actes que les gens détestent
est un plus.
Si la personne est dotée de pudeur, alors les ingrédients du bien sont
présents en elle. Mais si l’impudique persiste dans son obscénité, alors le bien
est absent et le vice omniprésent. En effet, la pudeur constitue un obstacle
entre l’individu et l’acte interdit. Ainsi, une forte pudeur affaiblit l’attirance
vers les péchés, alors qu’une pudeur faible renforce les désirs.
- Mépriser les gens, car celui qui ne méprise pas les gens ne les regarde
pas de haut.
L’humilité est accessible à tous. Elle amène la paix, ainsi que l’harmonie
et repousse la rancœur, ainsi que la répulsion. Le fruit de l’humilité est
l’amour et le fruit du contentement est le confort. L’humilité augmente la
noblesse du noble, alors que l’arrogance augmente la bassesse du vil.
Comment peut-être arrogant celui qui a été créé à partir d’une goutte de
sperme, qui finit en tant que corps en décomposition et qui, entre ces deux
états, transporte en lui des excréments ?
Chapitre 8 : Le Savoir-Vivre
D’après Ibn Mas’ud (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (paix sur lui)
a dit :
L’homme sagace doit faire preuve d’amour envers les gens en adoptant de
bonnes manières et en s’abstenant des mauvaises, car : « Les bonnes
manières dissipent les péchés comme le soleil fait fondre la glace et les
mauvaises manières gâchent les bonnes œuvres comme le vinaigre gâche le
miel. »[14].
Il est possible qu’une personne adopte toutes les bonnes manières, mais
qu’un seul défaut vienne les gâcher.
Celui qui a besoin de l’aide des autres alors qu’ils l’aiment est meilleur
que celui qui n’a besoin de personne, mais qui est détesté. La raison pour
laquelle les gens ne l’aiment pas réside dans le fait qu’il manque de bonnes
manières. En effet, celui qui manque de savoir-vivre, sa famille et ses voisins
perdront espoir en lui et en viendront à le détester. Ses frères le trouveront
insupportable. Cela au point qu’ils voudront se débarrasser de lui et
espéreront sa chute.
L’intelligent doit être aimable avec ceux qu’il rencontre, sans tomber dans
la flatterie, puisque l’amabilité est une aumône envers une personne, alors
que la flatterie est une nuisance.
Cela est tel que l’a dit ‘Ali ibn Muhammad al-Bassami dans un poème :
‘Ali (qu’Allah l’agrée) a dit : « Ne sois pas double-face, car il s’agit d’un
caractère blâmable. Sois sincère envers ton frère quand tu le conseilles, que
cela soit agréable ou amer. Soutiens-le toujours et reste avec lui aussi
longtemps qu’il reste avec toi. ».
Chapitre 10 : Le Salut
D’après Ibn Mas’ud (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (paix sur lui)
a dit :
« « Al-Salam » est l’un des Noms d’Allah qu’Il a placé sur terre, donc
diffuser le salam parmi vous. Si un Musulman passe par un groupe de
gens, les salue par le salam et qu’ils lui retournent le salut, alors il
possède un degré de supériorité sur eux en raison d’avoir mentionné le
salam en premier. S’ils ne lui retournent pas le salam, alors quelqu’un de
meilleur qu’eux répondra. ».[16]
L’intelligent doit diffuser le salut du salam parmi les gens, car celui qui
salue les membres de la communauté avec le salam reçoit la récompense de
l’affranchissement d’un esclave.
‘Ammar ibn Yasir a dit : « Celui qui possède les trois qualités suivantes
possède la foi : l’aumône en ayant peu de moyens, la justice envers soi-même
et s’efforcer de répandre le salam. ».
L’individu attire l’amour lorsqu’il rencontre les gens autour de lui avec un
visage joyeux. Al-Abrash m’a récité les vers suivants :
Habib ibn Abi Thabit a dit : « Une des formes du bon comportement d’un
homme consiste à sourire pendant qu’il discute avec son ami. ».
Chapitre 11 : La Plaisanterie
Anas (qu’Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (paix sur lui) avait un
servant nommé Anjashah qui avait une belle voix. Le Prophète (paix sur lui)
lui a donc dit :
Le sage doit faire pencher les cœurs vers lui par la plaisanterie et
s’abstenir de se renfrogner et d’avoir l’air sévère.
La plaisanterie louable est celle qui n’est pas ternie par ce qu’Allah le
Tout-Puissant déteste et n’est pas un péché ou une cause de rupture des liens
de parenté.
La plaisanterie blâmable est celle marquée par l’hostilité, qui ôte la beauté,
détruit l’amitié, pousse la personne à se dénigrer elle-même et rend le noble
aigri.
La plaisanterie pour autre que l’obéissance à Allah ôte la beauté, ruine les
amitiés et génère l’amertume et la rancœur.
1- Celle qui est plus savante que l’autre. Dans ce cas, pourquoi débattrais-
tu avec quelqu’un de moins savant que toi ?
2- Celle qui est moins savante que l’autre. Dans ce cas, comment peux-tu
argumenter face à quelqu’un de plus savant que toi ?
Muhammad ibn al-Munkadir a dit : « Ma mère m’a dit, alors que j’étais
jeune : « Ne plaisante pas avec le jeune homme au point de le rabaisser et
qu’il agisse contre toi. » ».
‘Umar ibn al-Khattab a dit : « Celui qui rit beaucoup manque de prestance
et celui qui plaisante beaucoup n’est pas pris au sérieux. Celui qui fait une
chose très souvent est connu pour elle. ».
Chapitre 12 : La Solitude
D’après Abu Sa’id al-Khudri (qu’Allah l’agrée), on demanda au Messager
d’Allah (paix sur lui) :
Un grand nombre de savants passés ont utilisé la solitude à la fois dans son
sens général et spécifique. La raison pour laquelle on se retire du monde
entier réside dans ce que tu connais déjà de la manière de fonctionner des
humains en matière d’entrave au bien et de diffusion du mal.
Celui qui désire se trouver au milieu de telles personnes et qui est trompé
par les gens finira par être pris de remords.
Ibn Abi ‘Ali a dit que Muhammad ibn Ya’qub al-‘Abdi lui a récité ce
poème :
L’homme avisé doit veiller à ne pas négliger les liens qui l’unissent à ses
frères et doit se préparer à partager avec eux les hauts et les bas de la vie.
Celui qui cherche le réconfort auprès de son frère en temps de détresse et de
tristesse, son esprit sera plus apte à combattre la déprime et la repousser.
Le sage ne doit pas considérer comme frère celui qui ne l’assiste pas
durant les temps difficiles et ne participe pas à ses bons moments.
L’intelligent ne doit pas prendre pour frère une mauvaise personne, car les
vicieux sont à l’image des serpents mortels : ils ne contiennent que morsures
et poisons. Lorsque le vil individu fraternise, il apporte rancœur et crainte.
L’homme sagace doit essayer de ne pas se montrer sévère avec ses frères.
Il doit s’efforcer d’abolir son agressivité si elle naît en lui. Il ne doit pas
considérer avec légèreté la rudesse, quelle qu’elle soit, même la plus légère,
car lorsqu’on considère une chose comme étant minuscule, elle s’assemble
rapidement jusqu’à devenir immense. Il doit plutôt faire de son mieux pour
l’éliminer, car il n’y a pas d’intérêt à être honnête sans respect ni d’intérêt à
comprendre sans piété.
Parmi les plus ignorants des hommes se trouve celui qui fréquente ses
frères sans remplir leurs droits et qui cherche une récompense dans
l’ostentation. Il n’y a rien de plus vain que l’amour donné à celui qui n’en
vaut pas la peine et qu’une bonne action faite à l’ingrat.
Chapitre 14 : Éviter les Conflits
D’après Abu Al-Darda (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
Le sage doit savoir que ceux qui l’aiment ne seront jamais jaloux de lui et
ceux qui ne sont pas jaloux de lui ne seront jamais des ennemis. Éviter les
conflits sous toutes leurs formes est meilleur pour l’intelligent que d’en
traverser le chemin.
L’homme sagace n’affaiblit pas son ennemi par des subterfuges et des
ruses, car chercher à affaiblir l’ennemi de cette façon est de la tromperie et
celui qui trompe n’est pas à l’abri d’être trompé. Cela surtout si l’ennemi est
de condition et de moyens modestes. L’individu doit faire preuve
d’indulgence et de patience envers une telle personne, car l’ennemi modeste
mérite la clémence, tout comme l’apeuré qui cherche protection mérite qu’on
lui donne refuge.
Avoir un individu intelligent pour ennemi est meilleur que de serrer la
main l’ignorant. Ahmad ibn Muhammad al-Bakri m’a récité ces vers :
Le sage ne laisse pas les défauts et les mauvais traits de caractère que son
ennemi lui attribue le changer. En effet, ces choses ne sont pas vraies, peu
importe à quel point son ennemi insiste.
Il ne peut connaître le repos tant que son ennemi demeure, tout comme le
malade ne peut connaître le plaisir du sommeil et de la nourriture jusqu’à ce
qu’il se rétablisse.
Chapitre 15 : La Bonne Fréquentation
D’après Abu Moussa (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
Muhammad ibn ‘Abdillah ibn Zinji al-Baghdadi m’a récité ces vers :
Malik ibn Dinar a dit : « Il est préférable de pousser des rochers avec les
gens de bien que de savourer un dessert avec les gens vils. ».
Le sage ne souille pas son honneur ni ne s’habitue aux causes qui mènent
au mal en fréquentant les personnes mauvaises. Il ne néglige pas non plus de
préserver son honneur et d’améliorer sa spiritualité par la fréquentation des
gens bien.
Il est meilleur de passer du temps avec un chien qu’avec quelqu’un qui
n’apporte rien de bon. Celui qui fréquente une mauvaise personne n’est pas à
l’abri, de la même façon que celui qui entre dans un endroit connu pour son
vice sera vu de manière suspicieuse.
Abd Al-Wahid ibn Zayd a dit : « Assieds-toi avec les gens de la religion
ici-bas, car ils ne se laissent pas aller à de mauvaises paroles lorsqu’ils se
réunissent. ».
Chapitre 16 : L’Amitié
Sahl ibn Sa’d rapporte que le Messager d’Allah (paix sur lui) a dit :
- La récompense future
- La joie d’être en compagnie de son frère.
Celui qui entretient de bonnes relations avec ses frères n’a pas besoin de
souvent les visiter, car l’amour est profondément ancré. Si toutefois la
relation est heurtée par un manque de visites, c’est que l’amour était
superficiel.
Quant à celui qui n’a pas développé de relations avec ses frères, il est alors
meilleur pour lui de s’abstenir des visites fréquentes afin de ne pas devenir un
fardeau pénible.
Chapitre 18 : S’écarter de l’Ignorant
D’après Anas ibn Malik (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a
dit :
L’homme sensé ne doit pas dépenser de son temps avec les sots. Il doit
plutôt passer du temps avec les gens intelligents et sages, car même si tu ne
reçois pas une part de leur intelligence, tu recevras la même estime que celle
dont ils jouissent. Quant à l’idiot, même s’il ne te nuit pas par son ignorance,
tu seras critiqué pour l’avoir fréquenté.
Parmi les ignorants se trouvent ceux dont les caractères ne sont pas apaisés
par le calme des autres. Ils ne se dissimulent pas leurs défauts ni ne tirent
bénéfice du fait qu’on ferme les yeux sur leurs fautes.
Le sage ne doit pas s’associer avec ce type de gens, car ils deviennent
effrontés avec ceux qui les fréquentent. Ne vois-tu pas que les gens du
Soudan ne sont pas particulièrement braves, et pourtant ils montrent de
l’audace avec les lions en raison de leur familiarité avec eux ?
En effet, le caractère du doué de sagesse inclut la douceur, la retenue, la
pondération, le calme, le fait d’être digne de confiance, la générosité, la
sagesse, le savoir, la piété, l’équité, la force, la détermination, la politesse, la
clairvoyance, la bonne tolérance, l’humilité, l’indulgence, et la bienfaisance.
Donc, celui qui a reçu le bienfait de l’amitié d’une personne sage doit
attacher sa main à la sienne et ne jamais le quitter, quoiqu’il arrive. Quant au
sage, il ne doit pas s’associer avec celui dont il est impossible de tirer profit.
Chapitre 19 : Prendre Garde au Soupçon
D’après Abu Hurayrah, le Prophète (paix sur lui) a dit :
Ceux qui s’occupent des fautes de leurs frères conduisent leurs cœurs à
s’aveugler. Leurs corps se fatiguent et ils se trouvent des excuses pour leurs
propres défauts. Le plus faible des gens est celui qui critique les autres en
raison de leurs défauts. Celui qui est encore plus faible que lui critique les
gens pour des défauts que lui-même possède. Celui qui critique les gens est
critiqué par les gens.
Penser du bien des gens est bon dans les situations appropriées,
Mais le regret peut, à la fin, te tendre une embuscade après s’être caché.
La méfiance rend le visage répugnant,
Mais sa laideur peut parfois être une protection.
L’homme sagace doit se distinguer des gens grossiers par son savoir-vivre
et ses actes en se tenant éloigné de la recherche des défauts des autres. En
effet, celui qui cherche les secrets des gens verra ses propres secrets être
recherchés. Or, il se peut que ses secrets soient plus grands que ceux qu’il
cherche à découvrir chez les autres. De plus, comment peut-il être approprié
pour le Musulman de critiquer un autre Musulman pour des défauts que lui-
même possède ?
La fille de ‘Abdullah ibn Muti’ al-Aswad dit à son mari Talha ibn
‘Abdillah ibn ‘Awf : « Ô Talhah, je ne connais personne de pire que tes
compagnons. ».
Il répondit : « Montre de la retenue, ne dis pas cela à leur sujet ! Qu’as-tu
vu d’eux pour parler ainsi ? ».
Elle répondit : « Quand tu vas bien, ils sont avec toi, mais lorsque tu
traverses des difficultés, ils t’abandonnent. ».
Il dit : « Tu viens de décrire leurs bonnes manières. ».
Elle dit : « En quoi cela est-ce de bonnes manières ?! ».
Il dit : « Ils nous accompagnent en temps de force, quand nous pouvons
les supporter et nous laissent tranquilles en temps de faiblesse, quand nous ne
pouvons pas supporter leur compagnie. ».
Chapitre 20 : Canaliser ses Désirs
D’après Anas (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
Allah le Très-Haut a créé les humains dotés d’un désir et d’un penchant
envers ce monde éphémère afin de ne pas le gâcher, car il est la demeure des
vertueux, une source de revenus pour les pieux, un endroit qui contient la
subsistance des croyants et des provisions pour les bienfaisants.
Le désir n’augmente pas la richesse. La pire chose qui puisse tomber sur
l’avide est qu’en raison de son désir, il devienne incapable de savourer les
fruits de son labeur. Il se fatigue alors à rechercher une chose qu’il peut ne
jamais atteindre avant que la mort ne le rencontre.
Si l’avide évitait d’être excessif dans son désir et s’en remettait au
Créateur des cieux, alors le Seigneur, le Protecteur, le Tout-Puissant, le
Noble, l’entourerait avec ce qu’il ne poursuivait même pas et avec une
réussite qu’il n’aurait jamais atteinte par sa poursuite cupide.
Il n’y a aucun repos pour celui qui obéit à ses désirs envers ce bas monde.
Il sera condamné dans cette vie et dans celle d’après.
Si le sage ressent de la jalousie envers son frère, il doit faire de son mieux
pour cacher ce sentiment et ne pas le laisser apparaître aux autres.
« Enseigne-moi quelque chose qui n’est pas trop lourd pour moi afin
que je puisse m’y tenir. ».
Le Prophète (paix sur lui) répondit : « Ne te mets pas en colère. ».[29]
Les gens les plus raisonnables sont ceux qui ne se mettent pas en colère.
Ceux qui ont les réponses les plus réfléchies sont ceux qui ne s’énervent pas.
Le caractère colérique est plus nuisible au sage que le feu l’est au buisson
sec. En effet, lorsqu’une personne se met en colère, elle perd son intelligence
et son bon sens, et dit donc : « J’ai autorisé la colère à avoir de l’emprise sur
moi et j’ai fait quelque chose qui m’a déshonoré et m’a apporté ma propre
destruction. ».
Muhammad ibn Ishaq ibn Habib al-Wasiti m’a énoncé ces vers :
Le sage qui affronte ce qui s’oppose à ce que son âme désire doit se
remettre à l’esprit la fréquence de ses péchés et la miséricorde continuelle
d’Allah. Ainsi, sa colère s’apaisera.
Si la colère n’avait d’autre caractéristique blâmable que le fait que tous les
juges sans exception s’accordent sur l’absence du bon jugement chez la
personne en colère, cela aurait été suffisant pour l’éviter à tout prix.
‘Abd Al-Malik ibn Marwan a dit : « L’homme qui ne se met pas en colère
n’est pas patient, car l’individu n’apprend la vraie patience que dans les
moments de colère. ».
Chapitre 23 : L’Indépendance
D’après Sahl ibn Sa’d (qu’Allah l’agrée), un homme demanda au Prophète
(paix sur lui) :
L’homme sensé doit totalement renoncer au désir des biens des autres. En
effet, espérer en une chose dont tu es sûr est de l’indigence, que dire alors
d’espérer une chose que tu n’es pas sûr d’obtenir ?
La plus noble forme de richesse est celle de celui qui n’a aucun besoin des
autres ni de ce qu’ils possèdent. En effet, il n’y a aucune richesse dans le
besoin. Celui qui s’en retient atteindra le sommet de la richesse. Béni est
l’individu dont le cœur est réticent et le regard jamais affecté par le désir.
Celui qui souhaite être libre ne doit jamais désirer ce qu’il ne possède pas,
car le désir est de l’indigence et la renonciation au désir est de la richesse.
Celui qui désire la richesse est humilié et soumis. En revanche, celui qui est
satisfait de ce qu’il possède est modéré et riche.
Le sage s’empêche de convoiter les possessions de ses amis, car cela est
humiliant. Il renonce à celles de ses ennemis, car il s’agit d’un refuge sûr
dont le délaissement est destruction.
L’homme de sagesse ne demande aucune chose aux gens pour laquelle ils
le rejetteraient et ne leur quémande rien qu’ils lui interdiraient. Il doit
s’accrocher à son abstinence, ainsi qu’à son honneur et ne pas chercher à
obtenir quelque chose d’un côté tout en négligeant cette chose d’un autre
côté.
La dernière rencontre est celle avec la mort, mais pire qu’elle est le fait
d’être accablé par le fardeau de la mendicité. En effet, si la mendicité réussit
à faire disparaître le besoin, l’humiliation demeure. En revanche, si elle
échoue, l’individu est soumis à deux humiliations : celle d’avoir demandé et
celle d’avoir été rejeté.
Chapitre 25 : Le Contentement
Ibn ‘Umar (qu’Allah l’agrée) rapporte :
« Le Messager d’Allah (paix sur lui) m’a pris par l’épaule et m’a dit :
Le Prophète (paix sur lui) a ordonné à Ibn ‘Umar dans ce hadith d’être à
l’image de l’étranger ou du voyageur. C’est comme s’il lui avait donné
l’ordre de faire preuve de modération et de frugalité. En effet, l’étranger et le
voyageur ne s’attendent pas à vivre dans l’opulence et le luxe durant leur
absence. C’est plutôt la frugalité qui est la plus probable d’apparaître.
L’un des plus grands et plus importants dons qu’Allah puisse donner à son
serviteur est le contentement. Il n’y a rien de plus apaisant pour le corps que
d’être satisfait du décret d’Allah. Si le contentement n’avait d’autre
caractéristique louable que l’apaisement et le fait d’empêcher de tomber dans
de mauvaises situations, cela suffirait à le rendre obligatoire au sage en toute
situation.
L’homme doué de raison sait que celui qui ne se contente pas de ce qu’il
possède ne se rabaisse pas par erreur. En effet, ses biens ne combleront pas
son besoin de toujours plus. Ainsi, celui qui sait se contrôler sera heureux et
plus satisfait que celui qui possède une fortune.
Le contentement se trouve dans le cœur. Donc celui dont le cœur est libre
de désirs et de souhaits, ses mains seront également libres de désirs et de
souhaits. En revanche, celui dont le cœur est rempli de besoins, ses biens ne
lui seront d’aucun profit.
Quant à celui qui est dénué de contentement, ses désirs, ses efforts et sa
frustration pour ce qu’il pense avoir manqué ne connaissent aucune limite.
Chapitre 26 : La Confiance en Allah
« Allah a écrit les destinées des créatures 500 ans avant de créer les
cieux et la terre. »[33]
Celui qui possède un cœur sain n’aura pas placé pas sa confiance en Allah,
le Tout-Puissant, le Noble, tant qu’il ne s’en sera pas remis à Allah et ce qu’Il
possède auprès de Lui plus qu’à tout autre chose.
Celui qui est privé d’une chose ne l’atteindra pas, même s’il la recherche.
Celui qui se voit octroyer une chose l’obtiendra même sans bouger.
Il est possible qu’un homme soit riche et prospère tout en étant sincère
dans sa confiance en Allah. Cela se produit lorsque ça lui est égal d’avoir ce
qu’il possède ou pas. Lorsqu’il est prospère, il est reconnaissant. Lorsqu’il a
peu, il est satisfait.
Il est également possible que celui qui ne possède rien ne place pas sa
confiance en Allah. Cela se produit s’il préfère la richesse à la pauvreté, qu’il
n’est pas satisfait quand il est pauvre et pas reconnaissant quand il est riche.
Le sage doit être certain que tout prendra fin. Il existe des choses qui se
produiront inévitablement et d’autres qui ne se produiront jamais. Les
créatures n’ont aucun moyen de changer cela. Donc, quand les temps sont
durs, tu dois t’entourer d’un pagne qui possède deux bords : la patience et
l’acceptation. Cela dans le but de recevoir la récompense complète pour cette
action. Combien de fois a-t-il semblé que le monde entier ait été affecté par
une calamité pour que juste après la facilité s’en suive ?
Celui qui n’a pas de patience doit fournir des efforts pour l’apprendre, car
elle est le premier pas vers la satisfaction et le bonheur.
« S’il en est tel que tu le dis, c’est comme si tu leur faisais manger de
la braise, et Allah ne cessera de te donner le dessus sur eux tant que tu
agiras de la sorte. ».[35]
Celui qui souhaite une récompense abondante, une dévotion pure et être
mentionné en bien doit tolérer le poids de la destruction et avaler l’amertume
du combat contre ses désirs en utilisant la Sounnah que nous avons
mentionnée à propos du maintien des relations lorsqu’elles sont rompues : la
générosité face à l’avarice, la douceur face à la dureté et le pardon face à
l’injustice. Cela, car il s’agit des meilleurs comportements des habitants des
cieux et de la terre.
Les gens qui sont les plus libres du ressentiment et de la malice sont ceux
qui sont au-dessus de la vengeance. Les meilleurs des gens sont ceux qui
opposent l’indulgence à l’ignorance et qui est meilleur que celui qui répond à
la maltraitance par la bienfaisance ?
Le plus noble des gens est celui qui craint Allah et la personne noble est la
personne pieuse.
Celui qui régresse dans ces deux traits ou dans l’un d’entre eux ou dans
l’une de leurs branches aura diminué sa noblesse proportionnellement.
Zayd ibn Thabit a dit : « Il existe trois traits qu’on ne retrouve que chez le
noble : l’apparence soignée, la tolérance face aux erreurs et la patience. ».
Le noble admire le noble, mais ne dénigre pas le vil, ne nuit pas au sage,
ne se moque pas de l’idiot et ne s’associe pas au malfaisant.
Ses frères sont importants à ses yeux. S’il sait qu’ils désirent une chose, il
dépense gracieusement pour eux. Il ne transforme jamais l’amitié et l’amour
en hostilité angoissante. Si on lui offre la fraternité, il ne la rompt jamais pour
quoique ce soit.
Le noble provoque des effets louables dans cette vie et des œuvres
plaisantes dans celle d’après. Il est aimé de tous, par les proches et les
éloignés, par les aigris et les satisfaits.
Les ennemis et les critiques s’éloignent de lui. Les sages et les nobles
l’accompagnent.
Je n’ai rien vu qui diminue plus l’honneur que la pauvreté, que ce soit la
pauvreté du cœur ou celle des biens.
Tous les humains se doivent de rester éloignés des causes qui mènent à la
haine et l’hostilité entre les gens, qui les divisent et rompent leur unité.
Le sage ne plonge pas ses pensées dans tout cela et n’accepte pas la
médisance du médisant ni ses ruses, en raison de sa connaissance du
châtiment du médisant dans l’au-delà.
Celui qui colporte entre les gens, ses scorpions ne sont jamais à l’abri
d’un ami et ses vipères ne sont jamais en sécurité
À l’image de celui qui voyage de nuit
D’où il vient et où il va, personne ne le sait
Malheur à l’agrément qu’il donne, car il le viole
Malheur à l’amour qui vient de lui, car il s’envole.
L’homme avisé ne doit pas tenir compte des propos du médisant et doit
s’abstenir de ce qui ne lui est pas approprié tout en chassant les pensées qui
trahissent l’intelligence. Celui qui médit d’une personne en dit plus sur lui-
même que sur la personne qu’il médit.
Cet exemple ainsi que d’autres sont les fruits du colportage, car il déchire
le voile, révèle les secrets, nourrit la rancœur et la méchanceté, dissipe
l’amour, renouvelle l’hostilité, divise les communautés, réveille le
ressentiment et augmente l’aversion.
« Celui qui présente ses excuses à son frère sans qu’il ne les accepte,
aura été pour lui à l’exemple du bienfaisant qui a commis une
erreur. »[38]
Si quelqu’un présente ses excuses pour une offense passée ou une erreur,
le sage doit les accepter et traiter la personne comme si elle n’avait jamais
rien fait de mal. En effet, si on lui présente des excuses et qu’il les refuse,
alors je crains qu’il ne rejoigne pas le Prophète (paix sur lui) au Bassin.[39]
Quant à celui qui fait erreur dans sa conduite envers son frère, il doit lui
présenter ses excuses.
L’individu ne doit pas présenter ses excuses à celui qui ne veut pas les
accepter. Il ne doit également pas répéter plusieurs fois ses excuses à un frère,
car cela ne fait que conduire à la suspicion. En réalité, je préfère que les
excuses soient réduites au minimum en toute situation, car je sais que les
excuses se transforment souvent en mensonges. J’ai rarement vu quelqu’un
s’excuser sans mélanger ses excuses à des mensonges.
Celui qui s’excuse mérite d’être pardonné, car présenter des excuses pour
une erreur nécessite de l’humilité qui elle-même implique de calmer les
sentiments de colère. Si la personne est sincère dans ses excuses, elle sera
humble à la fois dans ses paroles et ses actes.
‘Abd Al-Rahman ibn ‘Anbasah ibn Sa’id rendit visite à Ma’n ibn Za’idah
au Yémen alors que les deux ne s’aimaient pas. Lorsque [Ma’n] le vit, il dit :
« Ô ‘Abd Al-Rahman, avec quel visage es-tu venu à moi ? Et quel bien
attends-tu de moi ? »
Il répondit : « Qu’Allah rectifie le chef. Écoute-moi pendant que je te
récite deux vers d’un poème que m’a récité ‘Abd Al-‘Aziz ibn Marwan. ».
Ma’n dit : « Et quels sont-ils ? ».
‘Abd Al-Rahman récita le poème suivant :
S’il y avait une créature sur cette terre dont les œuvres
Étaient à l’image des tiennes, je lui dirais « Cesse ! »
Mais d’autres cherchent à être excusés
Par ceux qui cherchent la récompense.
Celui qui cherche à emprunter la voie des sages et des intelligents doit
garder ses pensées secrètes. Il ne doit pas dévoiler ce qu’il cache à qui que ce
soit, qu’il considère la personne digne de confiance ou pas. En effet, il se peut
que la relation avec un autre change un jour. Ce dernier révèlera alors ce qu’il
gardait secret par méchanceté envers l’autre.
‘Amr ibn al-‘As (qu’Allah l’agrée) a dit : « Je suis étonné d’un homme qui
essaie de fuir le destin, d’un homme qui voit les défauts de son frère tout en
ignorant les siens et d’un homme qui mentionne les mauvais côtés de son
frère en oubliant ses propres mauvais côtés sans jamais ressentir de remords
pour quoi que ce soit. Je n’ai jamais rien regretté, car je n’ai jamais dévoilé
mes secrets à quiconque. Et comment aurais-je pu blâmer celui à qui je me
confie, alors que c’est moi qui l’aurais chargé du fardeau de mon secret ? ».
Celui qui garde ses secrets s’apercevra que cela améliore sa manière de
gérer ses affaires. En effet, ses fautes seront cachées quand il commettra des
erreurs. Celui doté de contrôle de soi et de détermination garde ses secrets
verrouillés dans son cœur.
Al-Kurayzi récita :
Se montrer trop laxiste avec les secrets est une faiblesse. Celui qui cache
une chose à son ennemi, ne doit pas nécessairement la dévoiler à son ami.
S’il n’est pas religieux, il te trahira. S’il n’est pas intelligent, il commettra
une erreur quant à la meilleure façon d’agir. S’il n’est pas aimé, il se peut
qu’il ne prodigue pas un conseil sincère.
Le sage qui suit la voie des dotés de connaissances doit savoir que la
consultation implique de révéler ses secrets. Il ne doit donc jamais consulter
une autre que l’intelligent, le sincère, l’aimé et le pieux. La guidance du
conseiller est un bienfait. La consultation elle-même est un bienfait
lorsqu’elle est faite auprès de ceux décrits précédemment.
Celui qui cherche conseil, qu’il fasse le maximum d’efforts pour éviter de
le prendre du faible d’esprit, tout comme la personne déterminée ne cherche
pas l’aide du paresseux.
L’un des traits de l’homme avisé est que, lorsqu’une réponse lui échappe,
il consulte le sincère, le sage qui possède un bon jugement, puis le suit,
reconnaît la vérité et ne persiste pas sur l’erreur. Il accepte plutôt la vérité de
la part de quiconque lui amène. Il ne regarde pas l’avis intelligent de haut
même lorsqu’il provient d’une personne basse, car la perle valeureuse n’est
pas entachée du manque de noblesse de pêcheur qui la trouve. Qu’il
accomplisse donc la prière de la consultation et poursuive sur ce qu’on lui a
conseillé.
Chapitre 34 : Le Bon Conseil
D’après Tamim al-Dari (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
‘Ali ibn Abi Talib (qu’Allah l’agrée) a dit : « Ne sois pas déloyal, car il
s’agit d’un trait vil. Montre une affection sincère envers ton frère en le
conseillant, que ce soit pour une chose bonne ou mauvaise, et soit avec lui où
qu’il aille. ».
D’après Anas (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (paix sur lui) a dit :
« Ne vous haïssez pas, ne vous jalousez pas, ne vous tournez pas le dos
et n’ayez pas d’hostilité les uns pour les autres. Ô serviteurs d’Allah,
soyez des frères. Il n’est pas permis à un Musulman de ne plus parler à
son frère au-delà de trois jours. »[44]
Si l’un d’entre eux souffre, les autres ressentent sa douleur. S’il est
heureux, les autres le sont pour lui. La tromperie et le mal sont invalidés par
la soumission à Allah en étant satisfait de tout ce qu’Allah a légiféré.
Les Musulmans ne doivent pas se boycotter les uns les autres en raison
d’une erreur. Plutôt, ils doivent se traiter avec gentillesse, sympathie,
compassion et ne pas rompre.
Ibn Shubramah avait un frère qui avait rompu avec lui. Il lui écrivit alors
le poème suivant :
Il n’est pas permis au Musulman de boycotter son frère plus de trois jours.
Celui qui agit ainsi aura commis ce que le Prophète (paix sur lui) a interdit.
Le meilleur des deux est celui qui salue l’autre le premier avec « Al-Salam
‘Aleykoum ». Le premier à donner le salam sera le premier à entrer au
Paradis.
Celui qui rompt avec son frère une année entière, c’est comme s’il avait
versé son sang. Celui qui meurt en ayant rompu avec son frère entrera en
Enfer à moins qu’Allah lui pardonne et lui fasse miséricorde. La limite au
sein de laquelle il est autorisé au Musulman de boycotter son frère est de trois
jours.
Chapitre 36 : L’Indulgence
D’après Abu Sa’id al-Khudri (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui)
a dit :
Ce hadith est un exemple de ce qui est mentionné dans le livre Fusul al-
Sunan : les Arabes relient un mot à une chose, car il est proche d’être complet
et renie un mot issu d’une chose en raison de l’absence d’un caractère
complet.
Ainsi, le Prophète (paix sur lui) a renié le mot « indulgence » pour celui
qui n’a jamais fait l’expérience de l’erreur ou de la déception, en raison du
manque de complétude, car il est rare qu’une personne qui n’a jamais été
déçue se montre indulgente.
Parmi les exemples qui illustrent l'importance du mot indulgence ainsi que
son statut élevé se trouve le fait qu’Allah le Noble, le Très-Haut, S'est lui-
même nommé par ce mot puis a seulement décrit Abraham et Ismaël dans le
Coran par la qualité de l'indulgence lorsqu'il a dit :
Le sage est patient et indulgent avec les gens. Si cela devient difficile, qu'il
prétende être patient, car ceci l’élèvera au degré de l'indulgence.
« Celui qui a reçu une part de modération a reçu une part de bien et
celui qui a été privé de sa part de modération a été privé de sa part de
bien. »[48]
Celui qui est privé de modération est privé de bien. Celui qui a reçu la
modération a reçu le bien. L'individu peut difficilement atteindre son objectif
sans équilibre entre la modération et l'empressement.
Il n'y a pas meilleur guide que la modération et rien de plus fiable que la
sagesse. À partir de la modération née la prudence, et de la prudence provient
de la fiabilité. Cependant, l'absence de modération conduit à la maladresse, et
de la maladresse née la crainte de l'erreur.
Le hâtif n'avance pas sans dévier de son objectif et de ce qui est important,
cherchant urgemment quelque chose de plus rude, de plus difficile, un
chemin plus compliqué à trouver. Il prend des décisions à la manière du sot.
Celui qui apprend les bonnes manières dans sa jeunesse en tirera profit à
l'âge adulte. En effet, le palmier est plus susceptible de produire des fruits s’il
est ensemencé lorsqu'il est jeune.
Celui qui parle avec éloquence n'est pas considéré de la même manière par
les gens de science et de sagesse que celui qui s'exprime de manière
incorrecte.
La meilleure chose qu'un père peut laisser derrière lui pour son fils est un
bon compliment et de bonnes manières. Cependant, à mon avis, le silencieux
est meilleur que celui qui s'exprime avec éloquence, mais qui ment, tout
comme celui qui ne désire pas les femmes est meilleur que le fornicateur.
Donc, le sage doit illuminer son cœur par le savoir-vivre, de la même manière
que le feu est allumé par le bois. En effet, celui qui n'illumine pas son cœur,
celui-ci sombrera dans les ténèbres.
Celui qui apprend les bonnes manières ne doit pas le faire afin de les
utiliser comme outil d’entraînement en vue d'une compétition. Plutôt, son
intention doit être de profiter à sa personne et de les utiliser pour satisfaire
son créateur.
Ceux qui apprennent les plus les bonnes manières et l'éloquence sont les
savants en raison du temps qu'ils passent à lire des ahadiths et de la
profondeur dans laquelle il plonge dans les différentes branches du savoir.
Chapitre 39 : Le Gain Licite
D’après ‘Amr ibn al-‘As (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (paix sur
lui) :
Il montre également que le fait d'amasser des biens est permis seulement si
ces biens ne sont pas interdits et pour celui qui les amasse et les dépenses
d'une manière qui remplit ses obligations envers Allah.
En effet, les choses les plus importantes dont un individu peut tirer profit
dans cette vie et après sa mort sont la piété et les bonnes œuvres.
D'autre part, sache que la pauvreté est meilleure qu’une fortune issue de
moyens illicites. Un homme riche sans principes est plus méprisable qu'un
chien, même s'il est productif et efficace.
Les gens les plus heureux sont ceux qui, lorsqu'ils sont riches sont
humbles, et lorsqu'ils sont pauvres sont satisfaits, car personne n'a trouvé un
moyen de s'extirper de la pauvreté en étant arrogant.
Cependant, par Allah, ce n'est pas le cas de celui qu’Allah a béni par un
cœur pur et humble, qui voit la récompense préparée pour lui en raison de sa
douleur endurée dans cette vie. Donc, il n'est pas préoccupé par les difficultés
de cette vie ni celles que les créatures lui infligent. La pauvreté conduit à la
dégradation et la richesse conduit au respect.
Chaque caractéristique dont on fait l’éloge quand elle est exhibée par le
riche est considérée comme un vice quand elle est exhibée par le pauvre.
Donc, si un pauvre se montre patient et indulgent, on dit qu'il est niais. S’il
est sage, on dit qu'il est malin. S'il est éloquent, on dit qu'il dit n'importe quoi.
S'il est intelligent, on dit de lui qu'il est dur. S'il est silencieux, on dit qu'il est
bête. S’il est prudent, on dit qu'il est lâche. S’il est déterminé, on dit qu'il est
téméraire. S’il est généreux, on dit que c'est un gaspilleur. S'il est économe,
on dit qu'il est avare.
La pire forme de richesse est celle que le propriétaire n'utilise pas pour
remplir ses obligations. Pire que cela est l'argent obtenu à partir de source
illicite, qui n'est pas utilisé pour les obligations et qui est dépensé pour les
choses interdites.
Investir l'argent et l'utiliser avec modération permet d'avoir une vie saine.
L'homme doit purifier ses biens, car personne n'est au-dessus de ce besoin,
qu'il soit pieux ou mauvais.
Les gens diffèrent au sujet de « l’honneur », mais à mon avis elle est
constituée de deux caractéristiques :
- éviter les actes qu’Allah et les Musulmans détestent
- afficher un comportement qu’Allah et les musulmans aiment.
Le sage doit s'améliorer par son honneur autant qu'il en est capable et cela
est difficile sans argent. Donc celui qui a reçu des biens, mais qui est trop
avare pour les investir dans son propre honneur, a perdu cette vie et celle
d'après. De plus, il n'est pas à l'abri d'être surpris par la mort, séparé de ses
biens et placé dans sa tombe seul. Puis, une fois parti, ses biens sont hérités
par des gens qui les consomment sans faire son éloge et sans le remercier.
Comme cela est regrettable ! Quelle douleur peut être plus grande que celle-ci
?
Le sage doit éviter ce qui conduit les gens à le mépriser, car cela ternit son
honneur. En effet, les actes méprisables sont à l'opposé de l'honneur et
conduisent la réputation d'un individu à être abîmée. Ils l'amènent à la
dégradation et l'humiliation.
Chapitre 41 : La Générosité
D’après Abu Hurayrah (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
Les plus généreux sont ceux qui le sont avec leur argent et prudent avec
l'argent des autres. Lorsque les gens sont généreux, ils sont élevés en rangs.
Lorsqu'ils sont avares, ils sont rabaissés.
Le Prophète (paix sur lui) a averti dans ce hadith de ne pas refuser les
cadeaux qui viennent des Musulmans. Donc, celui qui reçoit un cadeau doit
obligatoirement l'accepter. Puis, il sera récompensé s'il se montre
reconnaissant. En effet, j'aime que les Musulmans se fassent des cadeaux les
uns les autres, car le fait d'offrir fait naître l'amour et disparaître les rancunes.
Donc, le sage doit offrir des cadeaux à ses pairs autant qu'il le peut, dans le
but de gagner leur affection et d'éviter leur hostilité.
« Celui qui soulage un croyant d'un souci parmi les soucis de l'ici-bas,
Allah le soulage d'un souci parmi les soucis du Jour du Jugement. Celui
qui accorde une facilité à son débiteur, Allah lui facilite dans l'ici-bas et
dans l'au-delà. Celui qui couvre un croyant, Allah le couvre dans l'ici-bas
et dans l'au-delà. Allah aide le serviteur tant que le serviteur aide son
frère. »[54]
Celui qui fournit des efforts pour remplir le besoin d'un autre, mais qui en
est incapable sera récompensé comme s’il n'avait épargné aucune douleur ni
dépense pour cela. Même le plus petit effort mérite des éloges.
Les pires gens sont ceux qui abandonnent leurs frères en période de
difficulté et de besoin, tout comme les pires pays sont ceux qui n'ont aucun
sol fertile ni sécurité.
Les meilleurs jours du jeune homme sont ses jours les plus utiles
Concevoir une culture et une production qui dure le plus
Tu n'atteins pas le bien par les mauvaises œuvres
Le fermier ne récolte que ce qu'il sème
Chaque jour est différent
Certain jour le jeune homme connaîtra des bas et certains jours il
connaîtra des hauts.
Le sage sait que celui qui possède un bienfait n'est pas à l'abri de le perdre.
Il sait que les meilleurs œuvres sont accomplies avant qu'on lui demande de
les faire.
Tu dois seulement demander de l'aide en privé et non pas dans des lieux
publics, des assemblées, ou des mosquées. ‘Umar ibn al-Khattab a dit : « Ne
demande pas aux gens dans les assemblées et les mosquées, les exposant aux
yeux de tous. Au lieu de cela, demande-leur chez eux, afin que celui qui
donne, donne et que celui qui refuse, refuse. »
‘Umar ibn Al-Khattab, qu’Allah l’agrée, a dit que si la personne à qui l'on
demande est généreuse, mais incapable d’aider, alors lui demander devant les
autres lui causera de l'embarras et de la gêne. En revanche, si la personne à
qui l'on demande est avare, alors lui demander devant les autres dans une
assemblée ou une mosquée la poussera probablement à donner à la personne
dans le besoin, car celui qui est avare ne donnera pas par piété ou honneur,
mais pour être mentionné et complimenté par les gens.
J'aime que l'homme fasse des efforts pour exceller dans son comportement
et qu'il s'abstienne de refuser de répondre favorablement à la demande d'aide
ou d’argent de quelqu'un. En effet, manquer d'argent est meilleur que
manquer de bons comportements et que de regretter d'avoir manqué
l'opportunité d'aider quelqu'un. L'homme véritablement libre est celui qui est
libéré par ses bonnes manières, tout comme le pire esclave et celui enchaîné
par son mauvais comportement.
Plus une personne donne de ses biens, plus elle devient noble. Si ce n'était
la générosité des bienfaisants, de nombreux pauvres seraient morts.
L’homme avisé doit débuter par les bonnes œuvres et la générosité envers
ceux qui la méritent le plus. Il doit donc commencer par sa famille, puis ses
frères, puis ses voisins et ainsi de suite. Étudie la manière dont les pieux et les
savants donnent l’aumône et accomplissent de bonnes œuvres. Certains
s'abstiennent complètement d'agir d'une manière contraire à l'ordre que nous
avons cité.
Le sage doit donner avant qu'on le lui demande, car répondre aux besoins
de quelqu'un avant qu'il ne demande est meilleur que de remplir sa requête et
s'abstenir de refuser la demande de celui qui est dans le besoin est meilleur
que de l’humilier. La bonne action est embellie par son accomplissement et
par le fait d'en prendre soin après l'avoir accomplie, car en rectifiant sa fin, tu
purifies son début.
Donner après avoir refusé est meilleur que refuser après avoir donné. Les
gens sont de deux sortes en matière de bonnes œuvres accomplies envers les
autres : reconnaissants et ingrats.
Chapitre 45 : L’Hospitalité
D’après Abu Hurayrah (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (paix sur
lui) a dit :
« Celui qui croit en Allah et au Jour Dernier doit honorer son invité,
et celui qui croit en Allah et au Jour Dernier ne doit pas nuire à son
voisin. »[56]
Je préfère que le sage nourrisse les gens et divertisse souvent ses invités,
car nourrir les gens et l'une des formes de générosité les plus nobles et l'une
des meilleures qualités des gens du savoir et de la piété.
Ceux qui sont connus pour inviter les gens gagnent une réputation de
noblesse et de dignité parmi ceux qui les connaissent et ceux qu'ils ne les
connaissent pas. Honorer l'invité élève le statut d'une personne au-delà de
l'imagination, même quand il vient d'un milieu modeste. Il est béni par la
douce louange et l'abondance.
Ceux qui ont atteint une position d'autorité avant l'Islam et après l'Islam,
qui furent célèbres pour leur statut, qui gagnèrent la loyauté des leurs et vers
qui les gens voyageaient de loin comme de près, l’ont atteint en nourrissant
les gens et en honorant les invités. Les Arabes considéraient que le sommet
de la générosité consistait à nourrir les autres et à honorer les invités. Ils ne
considéraient pas une personne comme étant généreuse avant qu'elle n'ait
marché pendant un kilomètre ou deux à la recherche d'un invité.
L’homme sagace doit souvent inviter les gens et nourrir les pauvres, car
les bienfaits d'Allah sont gardés et maintenus en les utilisant pour faire le
bien. Dans le cas contraire, ils retourneront d'où ils viennent. Le regret et la
volonté de les récupérer ne les feront pas revenir. Cependant, celui qui
accomplit les droits d'Allah et les devoirs qui lui incombent par rapport à ses
bienfaits les verra augmenter et ses œuvres s’accumuleront et seront gardées
pour lui pour le Jour du Jugement.
L'un des moyens d’honorer ton invité est de lui tenir une bonne
conversation, de l’accueillir avec un visage souriant, de le servir toi-même,
car il n'y a pas de honte à servir ton invité, tout comme il n'y a pas d'honneur
à le faire te servir ou à demander une compensation pour l'avoir nourri.
« Celui qui ne remercie pas les gens n'a pas remercié Allah ».[57]
Sa’id ibn al-‘As passa par la maison d'un homme à Médine. L’homme lui
demanda de l'eau, il lui en donna donc. Puis, il passa près d'une maison mise
aux enchères. Il interrogea alors le commissaire-priseur : « Pourquoi vends-tu
cette maison ? »
Il répondit : « Le propriétaire est endetté. »
Sa’id ibn al-‘As dit : « Puis-je rencontrer le propriétaire ? ».
Il entra alors dans la maison et trouva le propriétaire assis avec son
créditeur. Il dit au propriétaire : « Pourquoi vends-tu ta maison ? ».
Il répondit : « Je dois 4000 dinars à cet homme. ».
Sa’id ibn al-‘As s'assit avec les deux hommes et discuta avec eux pendant
un moment. Puis, il envoya son servant quelque part et celui-ci revint avec
10 000 dinars. Il en donna 4000 au créditeur et le reste au débiteur. Puis,
Sa’id ibn al-‘As monta sur son cheval et poursuivit son chemin.
Al-Muntasr ibn Bilal m’a récité ce poème :
Celui qui est ingrat vis-à-vis des petites choses sera certainement ingrat
vis-à-vis de grands bienfaits. Les bienfaits n’augmentent pas et ne protègent
pas des épreuves sans que la personne ne se montre reconnaissante envers
Allah et envers celui qui a bien agi envers elle.
Le sage doit se montrer reconnaissant pour les bienfaits qu'il reçoit et faire
l’éloge des bonnes actions autant qu'il en est capable, du mieux qu'il peut.
Donc, s'il en est capable, il accomplira le double de la faveur qui lui a été
faite, sinon, il agira de manière équivalente.
1- Celui qui ne comprend pas les causes des bienfaits et les raisons de faire
preuve de gratitude, en raison d'un manque de compréhension ou
d'expérience avec les proches et les amis. Si c'est le cas, il convient de fermer
les yeux sur cela et de ne pas se disputer avec lui en raison de son manque de
reconnaissance et de gratitude.
La Sounnah, comme nous l'a enseigné l'élu, montre clairement que tout le
monde a des responsabilités et que chacun doit les assumer. Il est donc
obligatoire à quiconque détient des responsabilités envers quelqu'un d'autre
de rester honnête dans sa promesse envers lui.
Les bergers de l'humanité sont les savants. Les bergers des rois sont leurs
raisons. Les bergers des vertueux sont leurs piétés. Les bergers des étudiants
sont leurs enseignants. Les bergers des garçons sont leurs pères. Le protecteur
d'une femme est son mari. Le protecteur d'un esclave est son maître. Tout
berger est responsable de son troupeau.
J'aimerais que celui qui est éprouvé par le fait de devoir travailler avec un
dirigeant lui enseigne l'importance de la crainte et de l'obéissance d’Allah,
ainsi que de l'accomplissement de bonnes œuvres, d'une manière qui semble
que ce soit lui qui apprenne du dirigeant et qu’il lui enseigne le bon
comportement comme si c'était lui qui était guidé par le dirigeant. De cette
manière, il se protégera de la colère du gouverneur. Si cette colère a un motif,
alors il est possible de la calmer, mais s’il n'y a aucune raison derrière elle,
alors il n'y a aucun espoir.
Il n'est pas nécessaire que les citoyens sachent tout ce que le gouverneur
fait concernant la société, car cela ne fera que conduire au chaos et à
l'instabilité.
Parfois, un bel arbre peut être détruit par ses propres fruits succulents. Le
paon peut être tué en raison de ses magnifiques plumes, car en raison du
poids de sa queue il est incapable d'échapper à son prédateur. Celui qui
travaille auprès du gouverneur ne sera pas à l'abri de ses humeurs
changeantes. Les rivières contiennent de l'eau douce, mais quand elles
rejoignent la mer, elles deviennent salées. De même, le savant qui reste
éloigné des portes des rois augmente la lumière de son savoir. En revanche, le
savant qui fréquente les rois couvre son cœur et l'empêche d'acquérir plus de
sciences. Les compagnons des rois ne sont pas à l'abri de leurs humeurs
changeantes. Ceux qui restent éloignés d'eux ne sont pas à l'abri de leurs
enquêtes.
Il est obligatoire pour ceux qui sont responsables des affaires des
Musulmans de revenir à Allah, le Noble et le Très-Haut, à chaque moment et
chaque opportunité, afin qu'il ne soit pas corrompu par le pouvoir.
Il doit également méditer sur la vie de ceux qui furent comme lui et qui
sont venus avant lui. En effet, il ne fait aucun doute qu'il doit se montrer
reconnaissant pour sa situation et qu'il est responsable de son propre compte.
Chapitre 48 : L’Ascétisme
D’après Abu al-Darda (qu’Allah l’agrée), le Prophète (paix sur lui) a dit :
Le sage ne doit pas se laisser séduire par la vie d'ici-bas, son éclat, sa
beauté, sa magnificence. Il ne doit pas se laisser distraire par elle et oublier
l'au-delà et ses bienfaits éternels. Il doit plutôt ne lui donner que peu
d'importance tout comme Allah lui donne peu d'importance, car ce monde
disparaîtra inévitablement. Ses villes tomberont en ruine, ses peuples
mourront, sa magnificence s'écroulera, et ses civilisations disparaîtront.
Le sage ne s'appuie pas sur une telle demeure. Il ne peut trouver le repos
dans un monde doté d’une telle description, surtout lorsqu'il sait ce qui
l'attend dans la vie d'après : ce qu'aucun œil n'a jamais vu, ce qu'aucune
oreille n'a jamais entendu, ce qu’aucun cœur ne peut imaginer. Il s'abstient
donc de cette modeste quantité et aspire plutôt au bienfait abondant.
La vie d'ici-bas est une mer agitée. L'humain flotte au creux de ses vagues
attendant de se noyer. Cette métaphore concerne toutes les créatures et
comme elle est appropriée ! En effet, elle décrit simplement la manière dont
toute chose se dirige vers sa fin.
Celui qui détient trois choses dans sa vie possède tout ce que ce bas monde
a à offrir : sécurité, nourriture, et bonne santé. Seuls les escrocs et les
fraudeurs sont séduits par les choses de ce bas monde. Seul l'avare en a
besoin. Le sage sait qu'on n’échange pas l'éternité pour ce qui est temporaire.
Ainsi, pour lui, se concentrer sur les choses de ce monde qui seront
profitables dans l'au-delà a plus de sens que de réunir tout ce qu'il peut de ce
bas monde sans rien préparer comme bonnes œuvres pour sa vie future. Il n'y
a rien de plus important et significatif que ta vie et il n'y a pas plus grand
échec que de la gaspiller pour autre chose que la vie éternelle.
Celui qui souhaite être libre doit rester éloigné des désirs, même s'ils sont
agréables. Il doit savoir que tout ce qui est agréable n'est pas nécessairement
bénéfique, mais tout ce qui est bénéfique est agréable. Tous les désirs sont
vils sauf ceux qui apportent un retour ou un bénéfice. Il n'y a pas meilleur
retour que le Paradis, que se suffire d’Allah et que de ne pas avoir besoin des
gens.
Le sage doit reléguer ce bas monde à la place qui lui est due, s'abstenir de
se reposer sur lui et d'en avoir besoin, tout en préparant ce qu'il peut pour sa
vie éternelle. Il parvient à cela en s’abstenant du long espoir et en se
rappelant constamment de la mort. L'espoir lointain est à l'image d'un couteau
sur la nuque des humains. L’homme avisé doit donc s'en éloigner, tout en
méditant sur les nations et les générations qui ont précédé, sur la manière
dans toute trace de leur existence a été éliminée, au point que tout ce qu'il
reste d’eux est un souvenir et tout ce qu'il reste de ces villes sont des croquis.
Gloire donc à Celui qui est capable de les ressusciter pour la rétribution
finale.
Chapitre 49 : Garder la mort à l’esprit
D’après Abu Hurayrah (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (paix sur
lui) a dit :
La mort est une coupe qui passe de personne en personne. Chaque âme
doit inévitablement y boire et goûter à son goût. La mort est celle qui tue tous
les plaisirs et ruine les désirs.
Le sage n'oublie pas une chose qu’il attend. Une chose dont il sait qu'elle
peut apparaître à tout moment. Combien de nobles et grands hommes, aimés
et admirés par leur famille, par leurs voisins et par leurs proches, ont cessé de
s'inquiéter au sujet des difficultés de la vie et de ses épreuves lorsque celle
qui subjugue les rois, la conquérante des tyrans, la destructrice des injustes,
les à déchirés de leurs bien-aimés dans les cris, les séparant de leur famille et
de leurs frères sans que ces derniers ne soient capables de les aider ou de les
protéger de l'inévitable ? Combien de nations ont été frappées par la mort et
combien de villes ont été mises à genoux ? Combien de femmes sont
devenues veuves, d'enfants sont devenus orphelins, et de compagnons ont été
abandonnés ?
Ainsi, le sage n'aspire pas à une situation éphémère comme nous l'avons
mentionné. Il n'oublie pas que l'inévitable va se produire un jour au sujet
duquel il n'y a aucun doute qu'il arrive. La mort est un chasseur rapide dont
on ne peut s'échapper et qui ne peut être ralenti.
Ibrahim ibn Yazid a dit : « J'ai vu un Bédouin se tenir près d'une tombe et
il disait :
« Chaque personne dispose d'une tombe pour son décès. Leur nombre
décroît et les tombes augmentent. Tu vois une maison vivante devenir déserte
et une nouvelle tombe apparaître pour le défunt dans la cour. Ils sont donc les
voisins des vivants : leur lieu de repos est proche et leur rencontre est
lointaine. » »
Conclusion
Dans ce livre, j'ai mentionné quelques-uns des nombreux textes qui,
j'espère, conduiront le lecteur à prendre les comportements et les qualités des
gens du savoir et de la sagesse. Ceux qui empruntent le sentier des gens du
savoir trouveront le succès et la prospérité simplement en méditant sur leur
voie et en la mettant en pratique.
Qu’Allah nous place parmi ceux qui recevront la bonne annonce du succès
dans l'accomplissement des obligations dans le but d'obtenir la miséricorde
d’Allah et d'atteindre le lieu de Ses rapprochés. En effet, il s'agit du but
ultime des croyants et du plus grand espoir de ceux qui sont proches de Lui.
Les Bienfaits de l’Épreuve — Al ‘Izz ibn ‘Abd Al-Salam & Ibn Al-
Qayyim