Boîte Chap7 11 Régional de Jadida Doukkala 2010
Boîte Chap7 11 Régional de Jadida Doukkala 2010
Boîte Chap7 11 Régional de Jadida Doukkala 2010
Texte :
Me voila devenu un homme ! J’étais complètement réveillé. J’avais hâte de partir à l’école. Les
vêtements, les chaussures, tout était neuf. Plein de dignité et d’assurance, je précédai mon père dans l’escalier.
La lumière brillait à toutes les fenêtres de la maison. Hommes et femmes commençaient l’année dans
l’activité. Ceux qui resteraient au lit un matin comme celui-ci se sentiraient, durant douze mois, indolents,
paresseux.
L’appel d’un mendiant nous arrivait de la rue. J’entendais le bruit de sa canne. C’était sûrement un
aveugle.
Je perdais mes babouches tous les trois pas. Mes parents voyaient grand. Ni les vêtements, ni les
chaussures n’étaient à ma taille. Mais j’étais heureux.
Une fois dans la rue, mon père me glissa dans la main une pièce de cinq francs et me mit entre les bras
le cierge dont nous avions fait l’acquisition. C’étaient mes cadeaux de nouvel an pour le maître d’école.
Les passants que nous rencontrions me souriaient avec bienveillance. Les boutiques étaient ouvertes,
les rues éclairées. Je faisais de terribles efforts pour retenir mes babouches. De loin, j’aperçus les fenêtres à
auvents de notre école.
Je faillis lâcher mon cierge d’enthousiasme. Des grappes de lumière pendaient et transformaient cette
façade habituellement triste et poussiéreuse en un décor de féerie. Les lampes à huile, diversement colorées,
scintillaient et par leur seule présence créaient un climat raffiné de fête et de joie.
Je hâtais le pas. Les voix des élèves montaient claires dans la fraîcheur du matin. Elles rivalisaient de gaîté
avec les dizaines de petites flammes qui dansaient dans leur bain d’huile et d’eau teintée des couleurs de l’arc-
en-ciel. Cette impression de fête fabuleuse s’accentua lorsque je poussai la porte du msid. J’entrai dans un
univers de rêve. Je n’étais plus le prince unique au gilet de drap amarante. Je devenais un membre d’une
congrégation de jeunes seigneurs, tous richement vêtus, sous la direction d’un roi de légende des cantiques
d’allégresse et des actions de grâce.