Item 110 TROUBLES-DU-SOMMEIL 2021 Ex Item 108
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Points clés
2. Il s’agit d’une affection fréquente dont les principaux facteurs de risques sont le sexe masculin,
l’âge et le surpoids.
3. Les SAHOS est responsable de nuits non réparatrices avec des perturbations du
fonctionnement diurne (somnolence, asthénie, troubles de concentrations, troubles de
l’humeur).
4. Le diagnostic, suspecté devant des signes cliniques évocateurs, est confirmé par un
enregistrement nocturne permettant de détecter apnées et hypopnées, de les quantifier et d’en
préciser le mécanisme (obstructif ou central).
6. La prise en charge du SAHOS repose sur des mesures générales hygiéno-diététiques (limitation
de la prise d’alcool, de médicaments, perte de poids) et des mesures visant à améliorer la qualité
du sommeil (mesures d’hygiène du sommeil) combinées à la mise en place de traitements
spécifiques instrumentaux ou chirurgicaux s’opposant à la fermeture des VAS durant le
sommeil.
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INTRODUCTION
I. PHYSIOPATHOLOGIE
Le SAHOS est lié à une obstruction intermittente et répétée des voies aériennes supérieures (VAS)
au cours du sommeil. Le siège de cette obstruction est principalement situé au niveau du pharynx
(voile du palais et/ou en arrière de la base de langue). Le pharynx est une structure anatomique
souple composée principalement de muscles (dont le plus important est le muscle génioglosse). A
l’état de veille comme pendant le sommeil, chaque cycle respiratoire commence par une contraction
des muscles pharyngés (appelés muscles dilatateurs du pharynx) permettant une rigidification du
pharynx ce qui permet de lutter contre la pression négative générée lors de la contraction des
muscles inspiratoires. L’obstruction intermittente et répétée des VAS sont responsables d’apnées-
hypopnées compliquées d’hypoxémie intermittente profonde et répétée et d’une stimulation du
système sympathique qui majorent le risque cardiovasculaire.
Chez les patients présentant un SAHOS, cette contraction est insuffisante pour lutter contre le
collapsus au cours du sommeil. Cette plus grande collapsibilté est le plus souvent en rapport avec
une diminution anatomique du volume des VAS dont les causes sont nombreuses :
• épaississement des parois pharyngées en rapport avec des dépôts graisseux (obésité),
• rétrognatie mandibulaire qui s’accompagne d’un recul du muscle génioglosse,
• hypertrophie amygdalienne et vélaire (en particulier chez les enfants).
L’augmentation des résistances des VAS en rapport avec cette diminution de calibre entraine dans
un premier temps des ronflements par vibration des structures pharyngées lors du passage de l’air.
Chez les patients avec SAHOS vont apparaitre des occlusions complètes (apnées) ou incomplètes
(hypopnées) des VAS.
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Chaque obstruction pharyngée s’accompagne de la persistance voire de l’augmentation des efforts
respiratoires, qui, en majorant les épisodes répétés de pression intra-thoracique négative vont
renforcer les phénomènes obstructifs. La levée de l’obstruction se fera au prix d’un micro-éveil (3 à
15 secondes) qui permettra une rigidification du pharynx et une reprise ventilatoire. Les micro-éveils
répétés, souvent non perçus par le patient, entraînent une fragmentation du sommeil. Il s’ensuit
l’absence d’approfondissement du sommeil, la raréfaction du temps passé en sommeil paradoxal et
l’augmentation du temps passé en sommeil lent léger. Ces anomalies se traduisent cliniquement par
un sommeil de moins en moins réparateur et des troubles de vigilance diurne.
II. DÉFINITION
La définition du SAHOS requiert la présence de signes cliniques évocateurs (éléments détaillés dans
le chapitre diagnostic) et d’une quantité anormalement élevée d’évènements obstructifs (apnées et
hypopnées) au cours du sommeil.
Les apnées et hypopnées sont comptabilisées lors d’un enregistrement nocturne dont les modalités
seront détaillées dans le chapitre « diagnostic » (polygraphie ventilatoire ou polysomnographie).
• Une apnée obstructive se définit comme un arrêt du débit aérien naso-buccal pendant au
moins 10 secondes avec persistance d’efforts ventilatoires pendant l’apnée.
• Une hypopnée se définit comme une diminution de la ventilation ≥30% pendant au moins 10
secondes associée à une désaturation transcutanée d’au moins 3% et/ou à un micro-éveil
(polysomnographie).
Figure 1 : exemple d’apnée obstructive marquée par un arrêt du flux aérien nasal associé à la
persistance de mouvements thoraciques et abdominaux en opposition de phase, responsables
d’une désaturation en oxygène. Cette désaturation apparait retardée par rapport au début de l’apnée
III. ÉPIDEMIOLOGIE
III.1. Prévalence
Le SAHOS est une pathologie fréquente. La prévalence du SAHOS modéré à sévère (IAH au moins
égal à 15/h et symptômes diurnes) estimée à 14% chez les hommes et 6% chez les femmes adultes.
Plus d’un million de patients sont actuellement traités par pression positive continue (PPC) en
France.
• Obésité :
o facteur de risque principal avec une corrélation entre l’IAH et l’indice de masse
corporelle (IMC)
O l’obésité abdominale (ou androïde) est le plus associée à l’IAH.
• Sexe
O prédominance masculine (1/2 à 1/3 en fonction de l’âge)
O la prévalence du SAHOS chez la femme augmente après la ménopause.
• Age
• Anomalies anatomiques des VAS
O rétrognathie, micromandibulie
O hypertrophie amygdalienne
O macroglossie
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III.3 Conséquences et comorbidités
IV. DIAGNOSTIC
• Symptômes nocturnes
O Ronflements
O Pauses respiratoires au cours du sommeil constatées par l’entourage
O Sensations d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil
O Agitation nocturne ou insomnie
O Nycturie (plus d’une miction par nuit).
• Symptômes diurnes
o Somnolence diurne excessive : elle se traduit par un besoin non désiré et parfois
incontrôlable de dormir dans la journée. Elle est évaluée par l’interrogatoire qui pourra
être aidé d’auto-questionnaires dédiés. L’échelle de somnolence d’Epworth (ESE) est
l’outil le plus utilisé (Figure 2). Un score supérieur ou égale à 11/24 est considéré
comme pathologique. Il faut noter que :
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▪ Seulement 50% des patients SAS présentent une somnolence excessive
(ESE>10) (il faut donc correctement interroger les patients pour prendre en
compte la présence d’autres symptômes)
▪ La somnolence diurne excessive est un symptôme fréquent dans la
population générale, les causes étant nombreuses (cf diagnostics
différentiels)
▪ L’ESE n’est pas un outil de dépistage du SAS mais de quantification de la
somnolence.
o Asthénie : symptômes souvent présents mais encore moins spécifique
o Troubles cognitifs (troubles mnésiques et de la concentration)
o Troubles de la libido
o Céphalées matinales
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• Examen clinique : celui-ci permet à la fois de rechercher des arguments en faveur d’un
SAHOS et d’anticiper la stratégie thérapeutique.
o Calcul de l’IMC (obésité si >30 kg/m2), mesure du périmètre abdominal : obésité
abdominale si > 94 cm (homme) ou > 80 cm (femme)
o Examen ORL : recherche un obstacle ou une réduction de la taille des VAS
▪ Rétrognatisme, macroglossie
▪ Hypertrophie du palais mou et de ces piliers avec hypertrophie de la luette
▪ Hypertrophie des amygdales (Figure 1)
▪ Obstruction nasale
Enregistrements nocturnes :
Un enregistrement respiratoire nocturne est nécessaire pour confirmer le diagnostic et guider la prise
en charge thérapeutique. Il permettra de définir l’IAH et préciser le caractère obstructif des
évènements. Celui-ci pourra être réalisé à l’occasion d’une courte hospitalisation ou en ambulatoire.
Les deux principaux examens disponibles sont la polygraphie ventilatoire et la polysomnographie.
La stratégie diagnostique qui précise la place de ces deux examens est décrite dans la figure 4.
• La polygraphie ventilatoire est l’examen de première intention en cas de suspicion de
SAHOS. Elle comprend :
o un enregistrement du flux aérien par des canules nasales (permettant d’identifier les
apnées et hypopnées),
o une analyse des efforts respiratoires permettant de préciser le caractère obstructif ou
central des évènements (sangles permettant de détecter les mouvements
thoraciques et abdominaux le plus souvent),
o un oxymètre de pouls (permet de détecter les désaturations associés au apnées).
• La polysomnographie (PSG) est l’examen de référence (« gold standard »). Il s’agit d’un
examen plus complet mais plus consommateur de temps et plus onéreux, raison pour
laquelle il est proposé pour des situations cliniques complexes ou en deuxième intension.
La PSG comprend un enregistrement des données de la polygraphie ventilatoire décrites ci-
dessus et des capteurs neurophysiologiques permettant l’analyse du sommeil :
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o un électroencéphalogramme,
o un électro-occulogramme (détectant les mouvements oculaires)
o un électro-myogramme mentonnier.
Ces données permettent d’établir la répartition des différents stades du sommeil
(hypnogramme), d’enregistrer les éveils et micro-éveils associés aux apnées et hypopnées.
Figure 4 : stratégie diagnostique chez un patient adulte adressé en consultation pour une suspicion
de SAS.
Examens complémentaires :
Aucun examen complémentaire n’est systématique une fois le diagnostic de SAHOS posé. Les
examens complémentaires supplémentaires seront proposés en fonction du contexte clinique à la
recherche des principales comorbidités :
• Bilan respiratoire : une spirométrie est recommandée chez les fumeurs ou ex-fumeurs et/ou
chez les sujets obèses (IMC >30 kg/m2 ) et/ou si présence de symptômes respiratoires ; une
gazométrie artérielle est recommandée en cas de BPCO associée et d’une obésité sévère
(IMC >35 kg/m2) et/ou en cas de SpO2 d’éveil < 94%.
• Bilan métabolique : chez les patients présentant une obésité (en particulier abdominale) un
bilan biologique métabolique (glycémie, bilan lipidique) et une surveillance tensionnelle devra
être proposée.
• Bilan stomatologie : celui-ci devra être proposé si un traitement par orthèse d’avancée
mandibulaire (OAM) est envisagé.
V. TRAITEMENT
Le traitement du SAHOS doit s'inscrire dans le cadre d'une prise en charge pluridisciplinaire. Il
repose sur des mesures générales permettant de lutter contre les facteurs favorisants et d'assurer
un traitement optimal des autres facteurs de risque CV. En fonction de la sévérité du SAHOS, un
traitement spécifique visant à lutter contre le collapsus des VAS devra être proposé.
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V.1 Mesures générales
• Pression positive continue (PPC) : il s’agit du traitement le plus efficace permettant de lever
l’obstacle des VAS quel que soit son siège. De l’’air mis sous pression est appliqué via un
masque (nasal, narinaire ou bucco-nasal) et agit comme une attelle pneumatique (figure 5).
• Traitements alternatifs : la PPC et l’OAM sont les deux principaux traitements dont l’indication
et la prise en charge sont codifiés. Les traitements cités ci-dessous sont d’utilisation plus
restreintes. Des études sont en cours pour définir leur place dans la stratégie thérapeutique :
o Traitement chirurgical :
▪ chirurgie vélo-amygdalienne : en cas d’hypertrophie amygdalienne majeure
En pratique, cette chirurgie est surtout proposée en pédiatrie, rarement chez
les adultes.
▪ chirurgie d’avancée maxillo-mandibulaire : proposée uniquement chez des
sujets bien sélectionnés (retro-micrognatie avec répercussion également
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esthétique ou sur la mastication, absence d’obésité) en échec de traitement
par PPC et OAM.
o Traitement positionnel :
▪ Certains patients présentent un SAHOS positionnel (survenue des
évènements majoritairement en décubitus dorsal). Un traitement mécanique
(obstacle à type de sphère apposé dans le dos du patient ou système vibrant
détectant le décubitus dorsal) peut parfois être efficace.
o Traitement médicamenteux
▪ Aucun médicament n’est validé actuellement pour le traitement du SAHOS.
▪ Le solriamfetol est un traitement stimulant la vigilance. Il est indiqué en cas
de somnolence persistante chez les patients atteints de SAS dont la
somnolence n’a pas été traitée de façon suffisante par la PPC. Sa prescription
est exclusivement hospitalière (neurologues et médecins du sommeil).
• La PPC est indiquée en première intention chez les patients symptomatiques présentant :
o IAH ≥ 30/h
o 15 ≤ IAH < 30/h associé une somnolence sévère (et/ou risque accidentel) ou des
comorbidités CV ou respiratoires graves.
• L’OAM est indiquée
o en première intention chez les patients symptomatiques présentant 15 ≤ IAH < 30/h
et une absence de somnolence ou de comorbidités graves,
o en seconde intention en cas de refus ou d’intolérance à la PPC.
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