Fourier
Fourier
Fourier
Discours Préliminaire
à la Théorie analytique de la chaleur, 1822.
(Extrait)
“L’étude approfondie de la nature est la source la plus féconde des découvertes mathémati-
ques. Non-seulement cette étude, en offrant aux recherches un but déterminé, a l’avantage
d’exclure les questions vagues et les calculs sans issue ; elle est encore un moyen assuré
de former l’analyse elle-même, et d’en découvrir les éléments qu’il nous importe le plus
de connaı̂tre, et que cette science doit toujours conserver : ces éléments fondamentaux
sont ceux qui se reproduisent dans tous les effets naturels.
On voit, par exemple, qu’une même expression, dont les géomètres avaient considéré
les propriétés abstraites, et qui sous ce rapport appartient l’analyse générale, représente
aussi le mouvement de la lumière dans l’atmosphère, qu’elle détermine les lois de la
diffusion de la chaleur dans la matière solide, et qu’elle entre dans toutes les questions
principales de la théorie des probabilités.
Les équations analytiques, ignorées des anciens géomètres, que Descartes a intro-
duites le premier dans l’étude des courbes et des surfaces, ne sont pas restreintes aux pro-
priétés des figures, et celles qui sont l’objet de la mécanique rationnelle ; elles s’étendent
tous les phénomènes généraux. Il ne peut y avoir de langage plus universel et plus simple,
plus exempt d’erreurs et d’obscurités, c’est-à-dire plus digne d’exprimer les rapports in-
variables des êtres naturels.
Considérée sous ce point de vue, l’analyse mathématique est aussi étendue que la
nature elle-même ; elle définit tous les rapports sensibles, mesure les temps, les espaces, les
forces, les températures ; cette science difficile se forme avec lenteur, mais elle conserve
tous les principes qu’elle a une fois acquis ; elle s’accroı̂t et s’affermit sans cesse au milieu
de tant de variations et d’erreurs de l’esprit humain.
Son attribut principal est la clarté ; elle n’a point de signes pour exprimer les notions
confuses. Elle rapproche les phénomènes les plus divers, et découvre les analogies secrètes
qui les unissent. Si la matière nous échappe comme celle de l’air et de la lumière par son
extrême ténuité, si les corps sont placés loin de nous, dans l’immensité de l’espace, si
l’homme veut connatre le spectacle des cieux pour des époques successives que sépare
un grand nombre de siècles, si les actions de la gravité et de la chaleur s’exercent dans
l’intérieur du globe solide des profondeurs qui seront toujours inaccessibles, l’analyse
mathématique peut encore saisir les lois de ces phénomènes. Elle nous les rend présents
et mesurables, et semble être une faculté de la raison humaine destinée à suppléer à la
brièveté de la vie et à l’imperfection des sens ; et ce qui est plus remarquable encore,
elle suit la même marche dans l’étude de tous les phénomènes ; elle les interprète par le
même langage, comme pour attester l’unité et la simplicité du plan de l’univers, et rendre
encore plus manifeste cet ordre immuable qui préside à toutes les cause naturelles.
Les questions de la théorie de la chaleur offrent autant d’exemples de ces dispositions
simples et constantes qui naissent des lois générales de la nature ; et si l’ordre qui s’établit
dans ces phénomènes pouvait être saisi par nos sens, ils nous causeraient une impression
comparables à celles des résonances harmoniques.(...)”
Séries de Fourier
1.1 Introduction
Les séries trigonométriques sont des séries de fonctions particulières. On va
voir qu’à toute fonction périodique raisonnable, peut être associée. une telle série,
sa série de Fourier. Il est alors naturel de se demander sous quelles hypothèses
une série de Fourier converge et si sa limite est égale à la fonction d’origine.
Commençons par un exemple concret. On considère une barre de métal de
longueur L dont les extrêmités sont maintenues à une température constante T0 .
On suppose que le métal est parfaitement isolé en sorte que la chaleur n’est sus-
ceptible de diffuser que par conduction le long de la barre. On souhaite connaı̂tre
l’évolution de la fonction de répartition de la température U (s, t) en chaque point
0 ≤ s ≤ L et à chaque instant, à partir de la donnée initiale U0 (x) = U (x, 0).
Sous l’hypothèse que le flux de chaleur en tout point de la barre est proportionnel
au gradient de température ∂U ∂x (loi de Newton), Fourier a établi l’équation dite
de la chaleur.
∂U ∂2U
=κ 2
∂t ∂s
où κ est une constante fonction de la chaleur spécifique linéaire et de la conduc-
tivité calorifique de la barre. Il ne s’agit pas de discuter ici de la validité de ce
modèle mais d’examiner ses conséquences mathématiques. Avec les changements
de variables
1
2 CHAPITRE 1. SÉRIES DE FOURIER
∂u
3. Les fonctions u sur [0, π]×[0, +∞) et ∂t sur [0, π]×(0, +∞) sont continues,
4. u vérifie les conditions (1.2) et l’équation (1.1) sur [0, π] × (0, +∞).
Démonstration : Si u1 et u2 sont deux solutions, alors v := u1 − u2 est encore
une solution qui vérifie toutes les hypothèses de régularité de la proposition mais
avec f = 0 dans les conditions aux limites. Il s’agit de montrer que v = 0. On
considère la fonction “énergie”.
Z
1 π 2
E(t) := v (x, t) dx.
2 o
Comme v est continue, la fonction E est continue positive sur [0, +∞). De plus,
comme v ∂v∂t est continue sur [0, π] × (0, +∞), la fonction E est en fait dérivable
en tout t > 0 et
Z π Z π
′ ∂v ∂2v
E (t) = v(x, t) (x, t) dx = v(x, t) (x, t) dx
o ∂t o ∂x
d’après (1.1). D’où après une intégration par parties
Z π 2
′ ∂v π ∂v
E (t) = v − dx.
∂x o o ∂x
De plus, le premier terme de cette dernière expression est nul puisque v(0, t) =
v(π, t) = 0 pour tout t ≥ 0 d’après (1.2). Ainsi, E ′ (t) est négative pour t > 0 et par
suite E est décroissante sur [0, +∞). Or E(0) = 0 donc E s’annulle identiquement
et il en est de même pour la fonction v 2 ≥ 0 continue, puis pour v.
+∞
X 2t
u(x, t) = bp sin(px)e−p
p=1
est solution de l’équation de la chaleur (1.1) avec (1.2) pour conditions aux limites.
Question 1.2.2 Connaissant certaines propriétés des suites (an ) et (bn ), que
peut-on dire de la limite
+∞
X
f (x) := a0 + (an cos(nx) + bn sin(nx)) ?
n=1
4 CHAPITRE 1. SÉRIES DE FOURIER
Proposition 1.2.3 Soient (an ) et (bn ) deux suites de scalaires. On pose pour
n≥0
an − ibn an + ibn
cn := , c−n := et c0 = a0 .
2 2
Alors
P PN
(i) Pout tout N ≥ 0, a0 + N n=1 (an cos(nx) + bn sin(nx)) = n=−N cn e
inx .
P P
(ii) Les séries (|an | + |bn |) et (|c−n | + |cn |) sont de même nature.
Cette seconde inégalité vient de l’observation que an = c−n +cn et ibn = cn −c−n .
Proposition 1.2.4 Soit (cn )n∈Z une famille de scalaires telle que la série trigo-
nométrique associée converge en tout point vers une fonction f . Alors on a les
propriétés suivantes.
(i) f est 2π-périodique.
P k
(ii) Si pour un entier k ≥ 0, la série n (|c−n | + |cn |) est convergente, alors
f est de classe C k et pour 1 ≤ j ≤ k, de dérivée d’ordre j
X
f (j)(x) = (in)j cn einx .
n∈Z
(iii) Si les suites (cn )n≥0 et (c−n )n≥1 sont positives décroissantes et convergent
vers zéro, alors la convergence de la série trigonométrique est uniforme sur
tout intervalle de la forme (ǫ + 2πk, 2π(k + 1) − ǫ) avec 0 < ǫ < π. En
particulier, f est continue sur R\2πZ.
Et de même
q
X q−1
X
−inx
c−n e = −c−p Ap−1 (−x) + c−q Aq (−x) + (c−n − c−n−1 )An (−x).
n=p n=p
X cp + c−p
cn einx ≤ 2
sin(ǫ/2)
p≤|n|≤q
P
et la série (c−n e−inx +cn einx ) converge unifomément sur l’intervalle susnommé.
Ici encore, le problème est délicat en général. Dans ce paragraphe, nous intro-
duisons un bon candidat pour les coefficients cn et nous en donnons quelques
propriétés élémentaires.
Exemple 1.3.2
1. Les fonctions localement bornées et limites simples de fonctions continues,
2. les fonction localement intégrables au sens de Riemann,
3. les fonctions continues par morceaux,
sont toutes des fonctions localement intégrables et de carrés localement intégrables.
Définition 1.3.4
1) Pour f, g ∈ L2 (S 1 ), on définit le produit et la semi-norme
Z 2π p
1
< f, g >:= f (x)g(x) dx ; ||f ||2 = < f, f >.
2π 0
Z 2π
1
2) Pour f ∈ L1 (S 1 ),
notons ||f ||1 := |f (x)| dx.
2π 0
3) On définit, pour n ∈ Z et x ∈ R, la fonction en (x) = einx .
1 si n = m,
Proposition 1.3.5 Pour (n, m) ∈ Z2 , < en , em >= δn,m =
0 sinon.
1.3. DÉCOMPOSITION EN SÉRIE DE FOURIER 7
on retrouve les coefficients cn à partir des valeurs de f sur [0, 2π]. En effet, on a
par linéarité
X X
< en , f >= cm < en , em >= cm δn,m = cn .
|m|≤N |m|≤N
P
Notons
P plus généralement que si la série (|cn | + |c−n |) est convergente alors
f (x) = n∈Z cn en (x) converge uniformément sur sur R et par le théorème d’in-
version des signes somme et intégrale, vu en premier cycle, le calcul ci-dessus
reste valide. On a encore cn =< en , f >.
Z 2π Z
1 1 2π
avec a0 = c0 = f (x) dx ; an := f (x) cos(nx) dx
2π 0 π 0
Z
1 2π
et bn := f (x) sin(nx) dx.
π 0
8 CHAPITRE 1. SÉRIES DE FOURIER
et puisque einT 6= 1, cn = 0.
Proposition 1.3.8
Si f ∈ L1 (S 1 ), alors lim C(f )(n) = 0 et max |C(f )(n)| ≤ ||f ||L1 (T) .
n→±∞ n∈Z
Démonstration : Nous démontrons que la première limite car les deux dernières
s’en déduisent immédiatement par les formules d’Euler.
Commençons par supposer que f est constante. Alors pour λ 6= 0
Z b b
iλx f eiλx
| f (x)e dx| = ≤ 2|f |/λ|
a iλ a
pour ǫ > 0 arbitrairement petit, pour une subdivision a = a0 < a1 < · · · < aN = b
de l’intervalle [a, b] et des scalaires fk ∈ C bien choisis. On en déduit les inégalités
suivantes.
Z b N Z
X ak N Z
X ak
f (x)eiλx dx ≤ ǫ + fk eiλx dx ≤ ǫ + fk eiλx dx
a k=1 ak−1 k=1 ak−1
R ak
et comme chaque terme ak−1 fk eiλx dx converge vers zéro, il existe une constante
A telle que Z ak
| fk eiλx dx| ≤ ǫ/N
ak−1
Alors pour −n ≤ k ≤ n, on a
n
X
< ek , f − fn > = C(f )(k) − < ej , f >< ek , ej >
j=−n
Xn
= C(f )(k) − < ej , f > δk,j
j=−n
= C(f )(k)− < ek , f >= 0.
Remarque 1.3.12 Dans notre présentation, toutes les fonctions périodiques con-
sidérées ont pour période 2π. Bien sûr, on peut développer une théorie de Fourier
analogue pour toute fonction périodique dont une période est un réel T > 0
quelconque.
En effet, si f admet T pour période, alors 2π est une période de la fonction
définie par g(x) := f (xT /2π). On peut lui appliquer les résultats de ce chapitre.
On retiendra les formules pour f : R → C localement intégrable, périodique de
période T .
X +∞
2πinx/T a0 X 2πnx 2πnx
SF (f )(x) = cn e = + an cos + bn sin
2 T T
n∈Z n=1
Z T
1
avec cn = f (x)e−2πinx/T ,
Z T 0 Z
2 T 2πnx 2 T 2πnx
an = f (x) cos dx et bn = f (x) sin dx.
T 0 T T 0 T
Le théorème de Dirichlet
Ce théorème donne une condition suffisante pour que la série de Fourier
d’une fonction converge ponctuellement vers celle-ci. On peut examiner dans un
deuxième temps si la convergence est uniforme, par exemple en utilisant la pro-
position 1.2.4. On verra au paragraphe suivant une autre condition simple qui
garantit l’uniformité de la convergence.
f (x + h) − f (x + 0)
f (x + 0) = lim f (t), fd′ (x + 0) := lim .
t→x,t>x h→0,h>0 h
f (x − 0) − f (x − h)
f (x − 0) = lim f (t), fg′ (x − 0) := lim ..
t→x,t<x h→0,h>0 h
2) Inversement, pour une famille de scalaires (cn )n∈Z et une constante constante
M > 0, on suppose que
∀n ∈ Z, |cn | |n|k+1 ≤ M,
X
Alors f (x) = cn einx est de classe C k−1 et cn =< en , f >.
n∈Z
par l’application
P A : f 7→ (< en , f >)n∈Z (l’analyse spectrale) et de réciproque
S : c 7→ f = n∈Z c(n)en (la synthèse spectrale).
1.4. LES THÉORÈMES D’INVERSION 15
n
X n
1 X
sn (f ) := ck ek ; Sn (f ) := sn (f ),
n+1
k=−n k=0
1
lim Sn (f )(t) = (f (t + 0) + f (t − 0)).
n→+∞ 2
n
X
1 1
sn = Dn ⋆ f ; Sn = Fn ⋆ f avec Fn = Dk .
2π 2π(n + 1)
k=0
16 CHAPITRE 1. SÉRIES DE FOURIER
avec g(x) := 12 (g(x + 0) + g(x − 0)), et cela pour tout α > 0. Pour ǫ > 0, il existe
un réel α > 0 tel que
f (x0 + t) + f (x0 − t) f (x0 + 0) + f (x0 − 0)
max − ≤ ǫ/2.
|t|≤α 2 2
1.5. L’IDENTITÉ DE PARSEVAL 17
dont on trouvera une démonstration dans tout bon livre d’analyse de premier
cycle. Voir par exemple [Whittaker], chapitre 8, paragraphe 8.43.
on peut supposer que 0 < |θ(x)| ≤ M pour tout x. On choisit α assez petit de
sorte que
2α < min (ak − ak−1 ).
1≤k≤N
||f − fn ||2 ≤ ||f − g||2 + ||g − gn ||2 + ||gn − fn ||2 ≤ 2||f − g||2 + ||g − gn ||2 ≤ 3ǫ.
X Z 2π
1
cn (f ) cn (g) = f (x)g(x) dx.
2π 0
n∈Z
X
Démonstration : La série c̄n (f )cn (g) converge absolument car
n∈Z
Enfin, on a
X
cn (f ⋆ g) = cn (f ) cn (g) ; cn (f g) = ck (f ) cn−k (g).
k∈Z
Cette dernière série converge normalement puisque |cn (f )cn (g)| ≤ (|cn (f )|2 +
|cn (g)|2 )/2. On en déduit que f ⋆ g est continue et l’inégalité de Cauchy-Schwarz
montre que |f ⋆ g(x)| ≤ ||f ||2 ||g||2 . De plus, puisque la convergence est normale,
on a X
< en , f ⋆ g >= cm (f )cm (g) < en , em >= cn (f )cn (g).
m∈Z
ce qui établit l’identité annoncée car < em−n , ḡ > =< en−m , g >= cn−m (g).
C(S 1 ) ⊂ B(S 1 ) ⊂ L2 (S 1 ) ⊂ L1 (S 1 ).
Comme ||f ||1 ≤ ||f ||2 , il vient que ||f ||1 = 0, ce qui est la conclusion souhaitée.
fn de fonctions continues qui ne s’annulent en aucun point et telle que ||f − fn ||1
converge vers zéro. Posons gn (x) := |fn (−x)|/fn (−x). Alors gn ∈ C(S 1 ), on a
max |gn | ≤ 1 et
converge vers zéro. D’autre part, |fn ⋆ gn (0)| = ||fn ||1 converge vers ||f ||1 , ce qui
montre que ||f ||1 = 0.
(im)k cm (y). En calculant les coefficients de Fourier des deux termes de l’égalité (1.3),
il vient que
cm (y)P (im) = cm (f ), m ∈ Z,
avec P (X) = X n + a1 X n−1 + · · · + an . En particulier, si P (im) = 0, alors
nécessairement cm (f ) = 0. Le théorème suivant montre que cette condition est
aussi suffisante.
De plus, si cette condition est remplie, les solutions faibles périodiques de période
2π sont exactement des fonctions de la forme
X cm (f ) imt X
y(t) = e + dm eimt ,
P (im)
m∈Z,P (im)6=0 m∈Z,P (im)=0
avec dm ∈ C quelconque.
où C est une constante choisie en sorte que c0 (F ) = 0. Alors F est de classe C 1
par morceaux, continue, et périodique de période 2π. De plus, imcm (F ) = cm (f )
pour tout m ∈ Z. Posons
cm (f )
d0 = 0, dm := , si mP (im) 6= 0,
imP (im)
et choisissons dm quelconque pour les entiers m ∈ Z\{0} tels que P (im) = 0.
Notons que P n’a qu’un nombre fini de zéro ; on a donc P (im) 6= 0 pour |m| ≥ N
avec N assez grand. De plus
X X X |mn−1 cm (f )|
|m|n |dm | = |m|n |dm | +
|P (im)|
m∈Z |m|<N |m|≥N
1 1
2 2 2
X X mn−1 X
≤ |m| |dm | +
n 2
|cm (f )|
P (im)
|m|<N |m|≥N |m|≥N
24 CHAPITRE 1. SÉRIES DE FOURIER
X
est une série convergente. La fonction Y (t) := dm eint est de classe C n et par
m∈Z
construction, on a
X X
Y (n) (t)+a1 Y (n−1) (t)+· · ·+an Y (t) = P (im)dm eimt = cm (F )eimt = F (t).
m∈Z m∈Z
Y (n+1) + a1 Y (n) + · · · + an Y ′ = F ′ = f.
P
La fonction y := Y ′ est donc solution de (1.3). De plus, puisque m∈Z |m|n |dm |
converge, la série qui définie Y est dérivable termes à termes, et la fonction y est
de la forme X
y(t) = imdm eimt ,
m∈Z
Transformation de Fourier
25
26 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
Cette fonction est bien définie puisque cette dernière intégrale est absolument
convergente. Elle est de plus bornée puisque pour tout u ∈ R, |fˆ(u)| ≤ ||f ||L1 .
Démonstration Z: Z
+∞ +∞
1) On a |fb(u)| = −ixu
f (x)e dx ≤ f (x)e−ixu dx = ||f ||L1 .
−∞ R −∞
2) Soit ǫ > 0. Soit A > 0 tel que |u|≥A |f (u)| du ≤ ǫ. Alors
Z +∞ Z A
ˆ ˆ
|f (x + h) − f (x)| ≤ |e−ihu
− 1| |f (u)| du ≤ 2ǫ + |e−ihu − 1| |f (u)| du
−∞ −A
≤ 2ǫ + 2 |sin(hA/2)| ||f ||L1 ≤ 2ǫ + |h|A||f ||L1 ≤ 3ǫ,
Proposition 2.1.5 La transformée de Fourier d’une fonction paire est une fonc-
tion paire. La transformée d’une fonction impaire est une fonction impaire.
Nous pouvons préciser ce dernier résultat. Comme dans le cas des séries de Fou-
rier, la transformation de fourier admet aussi une formulation en termes des
fonctions circulaires.
où f+ (x) = 21 (f (x) + f (−x)) est la partie paire de f et f− (x) = 21 (f (x) − f (−x))
est sa partie impaire.
28 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
Proposition 2.1.7 La fonction fbc est paire, la fonction fbs est impaire et
fˆ = fbc − ifbs .
On retrouve les mêmes propriétés de symétries que pour les séries de Fourier.
Corollaire 2.1.8
1. La transformée de Fourier d’une fonction paire et réelle est une fonction
paire et réelle.
2. La transformée de Fourier d’une fonction paire et imaginaire pure est une
fonction paire et imaginaire pure.
3. La transformée de Fourier d’une fonction impaire et réelle est une fonction
impaire et imaginaire pure.
4. La transformée de Fourier d’une fonction impaire et imaginaire est une
fonction impaire et réelle.
Enfin, en prévision de la formule de réciprocité de Fourier que nous établirons
plus loin, terminons ce paragraphe par une jolie formule.
Proposition 2.1.9 Si f et fˆ sont dans L1 , alors
Z +∞ Z Z
1 ˆ iux 1 +∞ b 1 +∞ b
f (u)e du = fc (u) cos(xu) du + fs (u) sin(xu) du.
2π −∞ π o π o
Démonstration :
Z +∞
R +∞
1
2π −∞ fˆ(u)eiux du = fˆ(u)(cos(xu) + i sin(xu) du
Z−∞
+∞
= (fbc (u) − ifbs (u)(cos(xu) + i sin(xu)) du
Z−∞
+∞
= (fb(u) cos(xu) + fbs (u) sin(xu)) du
Z−∞
+∞
+i (fbc (u) sin(xu) − fbs (u) cos(xu)) du.
−∞
Mais la fonction u 7→ fbc (u) sin(xu) − fbs (u) cos(xu) est impaire. La dernière inté-
grale est donc nulle.
Remarque 2.1.10 D’autre conventions sont possibles pour définir l’intégrale de
Fourier. On aurait tout aussi bien pu choisir les intégrales
Z +∞
1
√ f (x)e−ixu du,
2π −∞
ou bien encore Z +∞
f (x)e−2πixu du.
−∞
Ces trois conventions ont chacunes leurs avantages et leurs inconvéniants, et sont
malheureusement toutes trois largement répandues dans la littérature.
2.2. CALCULS DE TRANSFORMÉES DE FOURIER 29
Cette fonction joue un rôle important dans la théorie des probabilités : elle intervient
dans la définitions des lois dites gaussiennes. Nous allons démontrer soigneusement ce
2
résultat. La fonction x 7→ −ixe−x e−ixu est normalement intégrable. Le théorème de
dérivation montre que fˆ est dérivable et
Z +∞ h i+∞ Z +∞
2 2 2
fˆ′ (u) = −i xe−x e−ixu du = ie−x /2e−ixu − u/2 e−x e−ixu du,
−∞ −∞ −∞
par une intégration par parties. Ainsi fˆ est solution de l’équation différentielle ordinaire
2
linéaire y ′ = xy/2. La fonction fˆ est donc de la forme Ae−u /4 . Il reste à calculer
A = fˆ(0). Nous allons pour cela considérer la fonction auxilière
Z 1 −x2 (1+t2 )
e
F (x) = dt.
o 1 + t2
Par le théorème de dérivation sous le signe intégrale puis le changement de variable u = xt
R1 2 2 2 R1 2 2
F ′ (x) = −2x o e−x (1+t ) dt = −2xe−x o e−x t dt
2 Rx 2
= −2e−x o e−u du = −2 G′ (x)G(x)
Rx 2 R 1 dt
avec G(x) = o e−u du. Ainsi la fonction F + G2 est constante et vaut F (0) = 0 1+t 2 =
S
Proposition 2.3.4 On a S ⊂ L1 ∩ L2 . De plus, si fn −→f , alors ||fn − f ||L1 et
||fn − f ||L2 convergent vers zéro.
Démonstration : On a
M0,0 (f ) + M2,0 (f )
|f (x)| ≤ .
1 + x2
Il s’en suit que ||f ||L1 ≤ π(M0,0 (f ) + M2,0 (f )). Toute fonction de S est donc bien
intégrable et la continuité de l’inclusion S ⊂ L1 découle de l’estimation ci-dessus.
Le résultat analogue pour l’inclusion S ⊂ L2 se ramène au précédent parce que
l’application L2 → L1 qui à f associe f 2 est continue.
Exercice 2.3.6
1
1. Montrer que la fonction f définie par f (x) = exp − 1−x 2 pour |x| ≤ 1 et
∞
par f (x) = 0 pour |x| > 1 est de classe C .
2. Montrer qu’il existe une fonction g : R → [0, 1] telle que g(x) = 0 pour
x ≤ −1 et g(x) = 1 pour xR ≥ 0 (on pourra la construire à partir de la
x
fonction définie par F (x) := 0 f (t) dt).
3. Pour R > 0, on définit une fonction χR : R → [0, 1] en posant χR (x) =
g(x + R) si x ≤ R et χR (x) = g(R − x) si x > −R. Montrer que χR est bien
définie, que χR = 1 sur [−R, R], que χR (x) = 0 pour |x| > R + 1.
4. En déduire que pour tout f ∈ S, il existe une suite fn ∈ Cc∞ de fonctions
S
C ∞ à support compact telle que fn −→f (Considérer la suite χn f ).
Démonstration : Soit f ∈ S
• On a Mk,n (f ′ ) = Mk,n+1 (f ) ; Mk,n (L(f )) ≤ Mk+1,n (f ) + nMk,n−1 (f ). L’égalié
est évidente, l’inégalité vient de la relation
puisque |f (x)| ≤ M1,0 /|x| converge vers zéro quand |x| → +∞.
• Que fˆ soit à décroissance rapide découle immédiatement de l’estimation
n ˆ(p) dn \ p
|(ix) f (x)| = ((−iu) f ) (x) ≤ π(M0,0 + M2,0 )(((−ix)p f )(n) )
dun
M2,0 (f ) M2,0 (f )
D’autre part, on a |f (ka)| ≤ 2 2
≤ . On en déduit que
k a |k|(|k| − 1)a2
X 2 X 1 1
2M2,0 (f ) 2M2,0 (f )
af (ka) ≤ M2,0 (f ) − ≤ ≤ ,
a k−1 k a[A/a] A−a
|k|a>A ka>A
où [A/a] est la partie entière de A/a, unique entier p tel que p ≤ A/a < p + 1.
On a donc, pour a0 > 0 fixé et pour tout 0 < a < a0 ,
X X
lim af (ka) = f (na)a.
A→+∞
a|k|≤A n∈Z
Exercice 2.3.11 On sait que si f (x) = e−x , alors fb(u) = αe−u /4 avec α > 0.
2 2
ˆ
1. Déduire de l’axiome de changement d’échelle que fˆ = 2α2 f .
√
2. Retrouver à l’aide de la formule de réciprocité que α = π.
b ˇ
Mais l’axiome de conjugaison montre que fb = b
h = ĥ = 2π h̄, ce qui montre
l’identité annoncée.
2.4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1 35
correspondante pour fn et gn .
36 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
avec χ = 1l[−1, 1] . Les hypothèses sur f montrent que la fonction t 7→ f+ (t)/t est
intégrable, avec f+ (t) = (f (t) + f (−t))/2. On a alors
Z Z Z
1 R
1 +∞
sin(Rt) 1 +∞
f+ (t) i\
f+ (t)
fˆ(u)du = f (t) dt = sin(Rt) dt = (R).
2π −R π −∞ t π −∞ t π t
En tant que transformée de Fourier, le terme de droite tend vers zéro quand R
tend vers l’infini.
Et cela pour tout R > 0. On a donc fb ∈ L2 et de plus, ||fb||2L2 ≤ 2π||f ||2L2 . Mais
fn ||2L2 converge vers ||fb||2L2 .
cette inégalité, appliquée à fn −f , montre que la suite ||c
Ainsi, en passant une nouvelle fois à la limite dans l’identité ||c fn ||2L2 = 2π||fn ||2L2 ,
on obtient que ||fb||2L2 = 2π||f ||2L2 , ce qui est bien l’identité annoncée.
38 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
En particulier Z Z
+∞ +∞
|fb(u)|2 dx = 2π |f (x)|2 dx
−∞ −∞
pour tout f ∈ L2 .
En physique, le terme de droite peut s’interpréter comme une
énergie. Le terme de gauche est la décomposition en fréquences de cette énergie.
Attention : Bien noter que les transformations de Fourier dans L1 et dans L2 ne
sont pas définies de la même façon. Si f ∈ L1 , alors fb est une fonction continue
sur R. Si f ∈ L2 \L1 , la fonction fb est dans L2 et fb(u) est défini a priori seulement
presque partout. En particuler fb n’a pas en général de représentant continu et ne
converge pas nécessairement vers zéro à l’infini.
Alors
1. ||fb − ϕA ||L2 → 0 quand A → +∞.
2. Inversement, on suppose qu’il existe une suite An → +∞ et une fonction
g : R → C mesurable telle que la suite ϕAn (u) converge vers g(u) pour
presque tout u. Alors g ∈ L2 et g = fb.
Exercice 2.5.6 Soit f ∈ L2 . Montrer que pour toute suite An → +∞, il existe
une sous suite An′ telle que
Z An′
1
f (x) = ′ lim fb(u)eixu du presque partout.
n →+∞ 2π −An′
40 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
Exemples
1) Calculons la transformée de Fourier de la fonction sinc : u 7→ sin(u)/u. Notons
que cette fonction est L2 . De plus sinc = 12 χ
b avec χ(t) = 1 si |t| ≤ 1 et χ(t) = 0
si |t| > 1. Comme la fonction χ est de classe C 1 par morceaux et L1 , le principe
de localisation montre que
Z A 0 si |u| > 1,
1 sin x −ixu
lim e du = 1/4 si |u| = 1,
A→+∞ 2π −A x
1/2 si |u| < 1.
Remarquons qu’il n’existe pas de fonction continue qui coı̈ncide presque partout
avec la fonction πχ. On retrouve ainsi que la fonction sinc ne peut être L1 .
2) Calculons la transformée de Fourier dans L2 de la fonction f (x) := x/(x2 + 1).
On commence par décomposer cette fraction en éléments simples sur C.
x 1 1 1
= + .
x2 + 1 2 x+i x−i
1 i \ u (x),
=− = −iH(−u)e
D’autre part, on a x+i 1 − ix
1 i \−u (x).
= = iH(u)e
x−i 1 + ix
D’où
f (x) = i/2(H(u)e−u\ \−|u| (x),
− H(−u)eu )(x) = i/2 sign(u)e
1 si u > 0,
avec sign(u) = 0 si u = 0,
−1 si u < 0.
Comme la fonction u 7→ sign(u)e−|u| est dans L2 , le théorème d’inversion dans
L2 donne que fb(u) = −iπ sign(u)e−|u| .
3) Si f (x) = χ(x/a)(1 − |x|/a), alors fˆ(u) = sinc2 (ua/2). D’où par le théorème
de Plancherel,
Z +∞
sin au 4 2π 3
du = ||fb||2L2 = |a| .
−∞ u 3
4) Si f (x) = χ(x/a) et g(x) = χ(x/b), alors le théorème de Plancherel donne
Z +∞ Z Z
sin ax sin bx 1 +∞ b π +∞ ¯
dx = f (t)b
g(t) dt = f (t)g(t) dt = π min(a, b).
−∞ x2 4 −∞ 2 −∞
2.6. LE PRODUIT DE CONVOLUTION 41
f[
⋆ g = fb b
g (2.1)
1 b
g = fcg.
f ⋆b (2.2)
2π
De plus, le produit (f, g) 7→ f ⋆ g est continu sur S.
1 ď
Exercice 2.6.6 Montrer que dans S, on a l’identité (f ⋆ g) ⋆ h = 2π f ǧȟ. En
1
déduire une autre preuve de l’associativité, d’abord dans S, puis dans L à l’aide
du lemme d’approximation.
Donnons d’autres exemples où le produit est bien défini. En sus des espaces S,
L1 et L2 déjà introduits, on note
B : L’espace des fonctions mesurables bornées
BC : L’espace des fonctions continues bornées,
Cc : L’espace des fonctions continues à support compact (c’est-à-dire nulle en
dehors d’un segment).
Alors les produits suivants sont encore définis
S ⋆S ⊂S ; C c ⋆ Cc ⊂ Cc ;
L1 ⋆ L1 ⊂ L1 ; L1 ⋆ L2 ⊂ L2 ;
L1 ⋆ B ⊂ BC ; L2 ⋆ L2 ⊂ BC.
De plus, il existe pour chacuns d’eux une inégalité analogue à celle de la propo-
sition 2.6.4 avec les “normes” associées aux espaces considérés, avec notamment
Nous terminons par une dernière propriété, qui illustre l’effet régularisant du
produit de convolution.
Exemples et applications
1) On se propose de calculer la transformée de Fourier de la fonction
sin x
f (x) = e−|x| .
x
On a vu que la fonction x 7→ e−|x| est la transformée de Fourier de la fonction
1
g(x) =
π(1 + x2 )
et que sinc est la transformée de fourier de la fonction χ définie par χ(x) = 1/2
pour |x| ≤ 1 et χ(x) = 0 ailleurs. De plus, g ⋆ χ ∈ L1 comme produit de deux
fonctions L1 et g[ b = f ∈ L1 . Enfin, comme g et χ sont aussi L2 , le
⋆ χ = gb · χ
produit g ⋆ χ est continu. On peut donc appliquer théorème de réciprocité pour
les fonctions L1 . Ainsi
Z +∞ Z 1−u
b [ dt
f (u) = g[⋆ χ(u) = 2π g ⋆ χ(−u) = 2π g(t)χ(−u − t) dt = 2 2
.
−∞ −1−u 1 + t
Démonstration
R +∞ : Supposons f ∈ L1 et fb ∈ L2 . Soit g ∈ S telle que g ≥ 0
et −∞ g(x) dx = 1. Posons gǫ (x) := g( xǫ )/ǫ. Alors f ⋆ gǫ converge vers f dans
L1 quand ǫ → 0. On en déduit en particulier qu’il existe une suite ǫn → 0 telle
que f ⋆ gǫn (x) converge vers f (x) pour presque tout x. D’autre part, puisque
f ∈ L1 et gǫn ∈ L2 ∩ L1 , on a f ⋆ gǫn ∈ L2 ∩ L1 . Aussi f\ ⋆ gǫn = fbgc 2
ǫn ∈ L et
gc g(ǫn u). Le théorème de convergence dominée montre alors que fbgc
ǫn (u) = b ǫn → f
b
2 b
dans L . La suite f gc 2
ǫn est donc de Cauchy dans L , et il en est de même de la
fonction f ⋆gǫn d’après le théorème de Parseval. Il existe donc une fonction f˜ ∈ L2
telle que f ⋆gǫn → f˜ ∈ L2 . Enfin, quitte à extraire une sous-suite, la suite f ⋆gǫn (x)
converge vers f˜(x) pour presque tout x. On en déduit que f (x) = f˜(x) presque
partout, puis que f ∈ L2 .
46 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
En particulier, il existe une fonction continue qui coı̈ncide avec f presque partout.
Démonstration : Puisque fb ∈ L1 , on a aussi que fb ∈ L2 et la proposition
ci-dessus montre alors que f ∈ L2 . Or les transformations de Fourier dans L1 et
dans L2 coı̈ncident sur L1 ∩ L2 . On peut donc appliquer à f la théorie L2 . On a
1 ˇˆ 2 1 ˇ
ˆ
2π f = f dans L et en particulier 2π f (u) = f (u) presque partout.
Z
1 +∞ b 2
Exercice 2.6.12 Pour α > 0, soit Gα (u) := f (x)eixu e−αx /2 dx.
2π −∞
1
1. Montrer à l’aide du théorème de l’échange que Gα (u) = f ⋆ g√α , avec
√ 2
2π
g(t) := 2π exp(− t2 ) et les notations du théorème 2.6.9.
2. En déduire que Gα converge vers f en norme L1 quand α → 0, puis qu’il
existe une suite αn → 0 telle que Gαn (u) → f (u) pour presque tout u.
3. On suppose que fb ∈ L1 . Montrer Rà l’aide du théorème de convergence do-
+∞ ˆ
minée que Gα (u) converge vers 1 f (x) exp(iux) dx quand α tend vers
2π −∞
zéro.. En déduire une démonstration du théorème 2.6.11 plus explicite.
Corollaire 2.6.13 (Unicité)
1) Soient f, g ∈ L1 . Si fb = b
g, alors f = g presque partout.
2 b
2) Soient f, g ∈ L . Si f = b g presque partout, alors f = g presque partout.
Démonstration :
1) Appliquons le théorème 2.6.11 à f − g. On a f − g ∈ L1 et f[ − g = fb − gb =
1
R
1 +∞ \ iux
0 ∈ L . Donc f (x) − g(x) = 2π −∞ (f − g)(u)e du = 0 presque partout.
√
2) Si fb(u) = b
g(u) presque partout, alors 0 = ||fb − b
g||L2 = 2π||f − g||L2 d’après
le théorème 2.5.3. Ainsi f = g dans L2 , puis f (x) = g(x) presque partout.
“F1−1 ”
C0 L1
1111111111111111
0000000000000000
0000000000000000
1111111111111111
000000000000000
111111111111111
0000000000000000
1111111111111111
000000000000000
111111111111111
000000000000000
111111111111111 F2
000000000000000
111111111111111 L2
L2111111111111111
000000000000000
000000000000000
111111111111111
000000000000000
111111111111111
000000000000000
111111111111111 −1
000000000000000
111111111111111 F2
L1 C0
F1
y (n) + a1 y (n−1) + · · · + an y = f
admet une unique solution dans L1 . De plus, elle est de la forme y := E ⋆ f , où
b
E : R → C est l’unique fonction telle que E(u) = 1/P (iu).
Démonstration : Verifions que la fonction E existe. Décomposons la fraction
1/P en éléments simples sur C.
X N
1 ck
= ,
P (z) (z − zk )αk
k=1
avec ck ∈ C, zk = ak + ibk ∈ C, ak 6= 0, et αk ∈ N⋆ .
1 1 1 u−b
Or = = (−a)−n fc
n ,
(iu − a − ib)n (−a) 1 + i u−b n
n −a
−a
tn−1 −t
avec fn (t) = H(t) e .
(n − 1)!
xn−1 (a+ib)x 1
Ainsi F −sign(a) e H(−ax) (u) = par les
(n − 1)! (iu − (a + ib))n
propriétés élémentaires de la transformation de Fourier.
N
X sign(−ak )
On pose alors E(t) := ck H(−sign(ak )t) tαk −1 e(ak +ibk )t .
(αk − 1)!
k=1
déduit que
P (iu) b
F(y (n) + a1 y (n−1) + · · · an y − f ) = P (iu) f (u) − fb(u) = 0.
L’injectivité de la transformation de Fourier montre donc que E ⋆f est solution de
l’équation de l’énoncé. L’unicité vient de ce que l’on connait toutes les solutions
de l’équation homogène associée, qui sont des combinaisons linéaires de fonctions
de la forme Q(x)erx avec P (r) = 0 et Q ∈ C[X] qui sont dans L1 seulement si
elles sont nulles.
∂u ∂2u
=
∂t ∂x2
pour une barre indéfiniment longue. Sa température est donnée par une fonction
θo : R → R à l’instant t = 0 et on cherche une solution pour t > 0. On va
supposer que θo ∈ S et on va chercher une solution qui reste dans S, c’est-
à-dire telle que la fonction x 7→ u(x, t) soit dans S pour chaque instant t ≥
0. Alors, en prenant la transformée de Fourier par rapport à la variable x et
en utilisant la proposition 2.3.8, l’équation de la chaleur se transforme en une
équation différentielle ordinaire
Z +∞
∂ û 2 2
= (iξ) û = −ξ û avec û(ξ, t) = u(x, t)eixξ dx.
∂t −∞
Ainsi
2t 2
û(ξ, t) = û(ξ, 0)e−ξ = θbo (ξ)e−ξ t .
On déduit du corollaire que pour t > 0
Z +∞
1 ξ2
u(x, t) = W (◦, t) ⋆ θo (x) = √ θo (x − ξ) e− 4t dξ
2 πt −∞
1 x2
où W (x, t) := √ e− 4t est le noyau de Weierstrass.
2 πt
2.6. LE PRODUIT DE CONVOLUTION 49
lim u(x, t) = 1.
t→0+
où la somme porte sur les entiers −NA,B,ǫ ≤ n ≤ NA,B,ǫ , où χA est la fonction
égale à 1 sur [−A, A) et nulle ailleurs, et où eλ (t) := exp(2πiλt) pour tous λ, t ∈
R.
2) Si de plus f ∈ L1 , il existe deux constantes A0 > 0 et B0 > 0 telles que
pour tout u ∈ R, pour tous A > A0 , B > B0 , et ǫ > 0, on a
AB
X nπ
fb(u) − 2A aA,B
n,ǫ χ π u − ≤ 2ǫ + ||(1 − χA )f ||L1 .
2A A
n=−AB
D’autre part, nous savons que fb est uniformément contine et que fb(u) converge
vers zéro quand |u| tend vers +∞. Choisissons A0 > 0 et B0 > 0 tels que
π
|u − v| < ⇒ |fb(u) − fb(v)| ≤ ǫ,
2A0
|u| > B0 π ⇒ |fb(u)| ≤ ǫ.
On suppose que
X
||χA (f − fN )||L1 ≤ ǫ ; fN = an en/2A ;
dont on souhaite calculer les coefficients de Fourier an pour tout |n| ≤ N avec le
moins d’opérations élémentaires possible.
L’objectif de discrètisation du problème sera atteint s’il est possible de calculer
ces coefficients uniquement à partir des valeurs f (m/M ) avec M ∈ N⋆ assez grand
et 0 ≤ m < M entier, ce que montre la proposition suivante.
1 X m m 1 si p = n mod M,
eℓ e−n =
M M M 0 sinon.
m∈Z/M
2.7. LA TRANSFORMATION DE FOURIER RAPIDE 53
Nous allons décrire un algoritme qui ne nécessite que O(N log N ) opérations
élémentaires. En voici le principe.
Considérons successivement les valeurs f (0), puis f (1/2), puis f (1/4) et f (3/4),
puis f (1/8), f (3/8), f (5/8) et f (7/8), et cetera...(chaque nouveau point de R/Z
est obtenu en prenant le milieuP de deux points P successifs obetnus aux étapes
précédentes). On a f (0) = an et f (1/2) = (−1)n an . Par combinaisons de
f (0) et de f (1/2), on obtient ainsi la somme des an pour les indices pairs, et celle
pour les indices impairs.
Le théorème suivant généralise cette observation et décrit une procédure qui
permet de calculer des sommes de an pour des ensembles d’indices réduits de
moitié à chaque étape. On obtient donc des sommes contenant un seul indice au
bout de O(log N ) étapes.
Alors ces nombres se calculent par étapes successives suivant l’algoritme qui suit
à partir des nombres f (m/2µ ), où f est la fonction
q
X
f= an en .
n=p
(2j + 4)-ième étape. On construit pour 0 ≤ k < 2j les nombres A(j + 1, k)(fj )
et A(j + 1, k + 2j )(fj ) en exécutant les 2j + 1 premières étapes avec pour
nouvelle fonction fj (t) := f (t + 1/2j+2 ). Puis on pose
B(j + 1, k) := A(j + 1, k)(fj ) ; B(j + 1, k + 2j ) := A(j + 1, k + 2j )(fj ).
Alors les coefficients ak s’obtiennent par ce procédé à la 2µ + 1-ième étape, après
µ2µ+1 opérations élémentaires à partir des nombres f (m/2µ ) pour 0 ≤ m < 2µ .
Démonstration : On a bien
q
X q
X q
X
f (0) = an = A(0, 0) ; f (1/2) = an (eiπ )n = an ζ0n = B(0, 0),
n=p n=p n=p
ce qui montre que les deux premières étapes calculent bien les nombres souhaités.
Montrons que les étapes de rang 2j + 3 et 2j + 4 sont correctent. Notons que pour
n ∈ Z, pour 0 ≤ k < 2j , on a l’alternative exclusive suivante.
n=k mod 2j ⇔ (n = k mod 2j+1 ou n = k + 2j mod 2j+1 ).
Ainsi la somme A(j, k) se décompose sous la forme
X X
A(j, k) = an + an = A(j + 1, k) + A(j + 1, k + 2j ).
n=k mod 2j+1 n=k+2j mod 2j+1
P
Remarque 2.7.5 En particulier, pour f = |n|≤N an en , il suffit de choisir
l’unique l’entier µ > 0 tel que 2µ ≥ 2N + 1 > 2µ−1 . L’algoritme FFT calcule
bien les coefficients de f en
log(2N + 1) + 1
4µ2µ−1 ≤ 4µ(2N ) ≤ 8N = O(N log N )
log 2
opérations élémentaires.
Lemme 2.7.6 Pour toute fonction f : [0, 1) → C et pour tout µ > 0, l’algoritme
de la transformation de Fourier rapide calcule les nombres
µ −1
2X m m
−µ
A(k, µ)(f ) = 2 f e−k ,
m=0
2µ 2µ
Soit maintenant une fonction f : [0, 1) → C quelconque. Nous allons utiliser deux
fois la bijectivité de A. Tout d’abord, A étant surjective, il existe des coefficients
an tels que pour tout 0 ≤ m < 2µ , on a
µ −1
m 2X m
f = an en .
2µ M
n=0
P
Mais l’algoritme FFT doit converger pour la fonction f := an en , et n’utilise
que les valeurs de f aux points m/N . On a donc
théorème de Fejér nous apprend seulement que si f (vue comme fonction res-
treinte à [−A, A) puis étendue en une fonction périodique de période 2A, et enfin
reparamétrée en une fonction périodique de période 1 par une dilatation) est
exactement discontinue aux points di avec
avec bn (µ, f ) := ap , où p est l’unique entier tel que 0 ≤ p < M et p = n mod M .
X
|bn (µ, f ) − bn (µ, fǫ,α | = 2−µ (f − fǫ,α)(m) ,
m∈I
X
≤ 2−µ |f − fǫ,α |(m),
m∈I
X X
≤ 2−µ |f − fǫ,α|(m) + |f − fǫ,α|(m) ,
m∈I1 m∈I\I1
avec
kA
I := {−A + | 0 ≤ k < 2µ }; I1 := {m ∈ I | ∃i 1 ≤ i ≤ ℓ |m − di | ≤ α}.
2µ
58 CHAPITRE 2. TRANSFORMATION DE FOURIER
Mais |di −(−A+k2−µ A)| < α si k, entier, est tel que k2−µ A varie dans l’intervalle
]A − di − α, A − di + α[. L’entier k peut donc prendre au plus [2α2µ /A] + 1 valeurs.
On a donc
2αℓ2µ
#I1 ≤ + ℓ.
A
On en déduit que
1 2αℓ2µ 2α 1
|bn (µ, f ) − bn (µ, fǫ,α )| ≤ ǫ + µ + ℓ M = ǫ + Mℓ + µ .
2 A A 2
Il existe donc deux réels α0 > 0 et µ0 > 0 tel que pour tous 0 < α ≤ α0 et µ ≥ µ0 ,
on a
2A|bn (µ, f ) − bn (µ, fǫ/4A,α )| ≤ ǫ.
Mais quitte à choisir µ0 assez grand, les coefficients bn (µ, fǫ/4A,α0 ) sont pour tout
entier n ∈ Z exactement ceux du polynôme trigonométrique fǫ/4A,α0 . De plus, on
a
||χA (f − fǫ/4A,α0 )||L1 ≤ 2Aǫ/4A + 2α0 ℓM ≤ ǫ/2 + ǫ/2 ≤ ǫ.
Nous pouvons donc conclure comme dans la proposition 2.7.1. Pour µ > µ0 assez
grand et pour |u| > 2µ−1 π/A + π/2A, on a
|fb(u)| ≤ ǫ.
Transformation de Laplace
est définie pour tout ω ∈ R, mais aussi sur tout le demi-plan {ω ∈ C, ℑmω ≤ 0}.
Plus particulièrement, s’il existe une constante C ≥ 0 telle que |f (t)| ≤ Ceat ,
la fonction F associée converge sur le demi-plan {ℑmω < −a}. Ce type de fonc-
tion, bien adapté à la transformation de Laplace, est un bon exemple de fonction
à croissance au plus exponentielle.
59
60 CHAPITRE 3. TRANSFORMATION DE LAPLACE
Linéarité
Jusqu’ici, nous avons toujours considéré la transformée d’une seule fonction à la
fois. Comme pour la transformée de Fourier, d’autres propriétés importantes de
la transformée de Laplace font intervenir deux fonctions. C’est le cas par exemple
de la linéarité. La nature de l’espace E induit ici une petite difficulté. Il faut en
effet prendre garde que si f et g sont dans E, cependant Lf et Lg n’ont aucune
raison d’être définie exactement sur le même domaine de C. On ne peut donc pas
écrire en toute rigueur pour tous c, c′ ∈ C,
L(cf + c′ g) = cLf + c′ Lg.
Toutefois, cette relation est bien sûr satisfaite sur tout domaine de la forme
{ℜez > a} sur lequel Lf et Lg sont toutes deux définies, c’est-à-dire pour a assez
grand, et par suite sur tout domaine de définition commum de Lf et Lg contenant
un tel demi-plan. Nous retiendrons donc la linéarité de la transformation de
Laplace par la formule ci-dessus pour sa simplicité, mais nous garderons à l’esprit
le problème de domaine de définition qu’elle passe sous silence.
Γ(α + 1)
On a donc : L(tα )(x) = .
xα+1
Cette formule reste en fait valable pour x ∈ C \ {0]. La formule générale s’obtient
par modulation. Il vient
n!
L(tn ect )(z) = .
(z − c)n+1
Corollaire 3.2.1
1) Une fonction définie sur une demi-plan de la forme {z ∈ C | ℜez > a}
est une fraction rationnelle propre (c’est-à-dire une fraction R telle que
R(x) → 0 quand x → +∞) si et seulement si elle est la transformée de
Laplace d’un polynôme d’exponentielles.
2) Un polynôme d’exponentielles converge vers zéro en +∞ si et seulement si
sa transformée de Laplace est une fraction rationnelle dont chaque pôle a
une partie réelle strictement négative.
Un polynôme d’exponentielle est de classe C ∞ sur [0, +∞) mais, vue comme
fonction sur R, elle a une singularité en zéro.
Proposition 3.2.2 Soit R = PQ une fraction rationnelle propre. On note do R :=
do P − do Q = −n < 0 son degré et f := L−1 (R) sa transformée de Laplace
inverse (telle que Lf = R). Alors f est de classe exactement C n−2 sur R. Plus
précisément,
f (0+) = · · · = f (n−2) (0+) = 0,
f (n−1) (0+) = lim xn R(x) = ap /bq ,
x→+∞
où ap et bq sont les coefficients dominants de P et Q respectivement.
Démonstration : La dérivée d’un polynôme d’exponentielles est encore un po-
lynôme d’exponentielle. Toutes les dérivées de f restent donc dans E. Ainsi
L(f (n) ) = z n Lf − z n−1 f (0+) − · · · − f (n−1) (0+).
par l’axiome de dérivation. Mais quand x tend vers l’infini, L(f (n) )(x) converge
vers zéro, tandis que la fraction xn (Lf )(x) = xn P (x)/Q(x) converge vers ap /bq .
Il s’ensuit que le polynôme z n−1 f (0+)−· · ·−zf (n−2) (0+) admet une limite quand
z tend vers +∞. Ceci n’est possible que si ce polynôme est constant, c’est-à-dire
nul. On a donc f (0+) = · · · = f (n−2) (0+) = 0 et lim(z n Lf (z) − f (n−1) (0+)) = 0,
d’où le résultat car lim(z n R(z)) = ap /bq .
∞
Fonctions circulaires
Z t : nous allons calculer les transformées de Laplace de sin,
cos, sinc et de sinc ds.
0
⋄ Comme sin′′ = − sin, l’axiome de dérivation montre que : −L sin = L(sin′′ ) =
z 2 L sin −z sin(0) + cos(0) = z 2 L sin +1. De là vient que
1
L sin(z) = ;
1 + z2
z
et L cos(z) = L sin′ (z) = zLcos(z) − sin(0) = .
+1 z2
⋄ On a |sinc(t)| ≤ 1 donc sa transformée de Laplace est définie sur ℜez > 0 et
pour x > 0, par l’axiome du polynôme,
Z +∞
dz π 1
L(sinc)(x) = 2
= − arctg x = arctg ,
x 1 + z 2 x
X
1 (−1)n 1
avec arctg =
z 2n + 1 z 2n+1
n≥0
pour |z| > 1 et donc en particulier pour ℜe(z) > 1. Les fonctions arctg et Lsinc
sont en fait égale au moins sur le demi-plan {ℜe(z) > 1} (c’est une conséquence
du théorème des zéros isolés, hors programme).
Z t
1 1
⋄ Enfin par l’axiome de la primitive, L( sinc(s) ds)(z) = arctg .
0 z z
Séries entières
P
Proposition 3.2.3 Soit f (t) = +∞ n
n=o an t une série entière
P+∞ de rayon de conver-
gence infini. Supposons qu’il existe b > 0 tel que la série n=0 |an | bn!n converge.
Alors Lf (z) existe pour ℜe(z) > b (au moins) et sur ce domaine
+∞
X n!
Lf (z) = an .
z n+1
n=0
+∞
X t2n+1
Application : considérons sin t = (−1)n .
n=o
(2n + 1)!
+∞
X
La série b−2n−1 converge pour tout b > 1 donc pour ℜe(z) > 1,
n=o
+∞
X +∞
(−1)n (2n + 1)! 1 X 1 n 1 1 1
L(sin t) = = 2 − 2 = 2 1 = .
n=0
(2n + 1)!z 2n+2 z n=0 z z 1 + z2 1 + z2
On peut de même calculer les transformées de Laplace des fonctions sin, sint t ,
Rtsin s
√
o s ds, cos t et cetera... Bien que cette méthode ne soit pas à négliger, elle
P n t4n
n’aboutit pas toujours. Par exemple pour cos(t2 ) = +∞
n=o (−1) (2n)! , la condition
de la proposition n’est pas satisfaite, alors que cos(t2 ) a une transformée de
Laplace au moins sur ℜe(z) > 0.
64 CHAPITRE 3. TRANSFORMATION DE LAPLACE
3.3.2 Convolution
Remarque 3.3.3 On notera qu’au passage, on a montré que pour presque tout
t ∈ R, on a Z +∞
f ⋆ g(t) = g(s)f (t − s) ds.
0
3.3. DE FOURIER À LAPLACE 65
3.3.3 Régularisations
Dans le chapitre sur la transformation de Fourier, nous avions déjà observé qu’une
des principales vertus du produit de convolution est qu’il est réguliarisant : le
produit est de classe C k dès que l’une des deux fonctions l’est. Dans le contexte
de la transformation de Laplace, ce résultat est rarement utilisable tel quel. En
effet les fonctions dont on calcule le produit peuvent certes être C ∞ sur [0, +∞)
mais, vues comme fonctions définies sur R, elles sont généralement discontinues
en zéro (exactement si f (0+) 6= 0, car f (0−) = 0). On retiendra cependant la
propriété suivante, que nous utiliserons pour étudier les équations différentielles
ordinaires linéaires.
Proposition 3.3.4 On suppose que f ∈ L∞ ∩E et g ∈ E. Alors f ⋆g est continue.
Démonstration : Soit a ≥ 0 tel que g ∈ Ea et soit b > a. Alors ge−b ∈ L1 .
Comme f e−b est bornée, la convolée (f ⋆ g)e−b = (f e−b ) ⋆ (ge−b ) est continue
bornée, ce qui montre bien que f ⋆ g est continue.
Proposition 3.3.5 Soit f ∈ E et g : R → C une fonction de support dans
[0, +∞) qui, restreinte à [0, +∞), est de classe C 1 . Alors g ⋆ f est dérivable en
tout point t0 où f est continue et
(g ⋆ f )′ (t0 ) = (g′ ⋆ f )(t0 ) + f (t0 ) g(0+).
Démonstration : Nous allons d’abord considérer trois R t cas particulier.
⋄ Supposons d’abord que g = 1. Alors 1 ⋆ f (t) = 0 f (s) ds et comme f est
continue en t0 , 1 ⋆ f est bien dérivable en t0 , de dérivée f (t0 ), ce qui démontre la
proposition dans le cas où g = 1. Rt
⋄ S Supposons que g(t) = t pout t ≥ 0. Alors f ⋆ g(t) = 0 (t − s)f (s) ds. Il en
résulte que
Z t Z t
(f ⋆ g)′ (t) = f (s) ds + tf (t) − tf (t) = f (s) ds = 1 ⋆ g(t),
0 0
ce qui démontre la proposition dans le cas où g(t) = t.
⋄ Supposons que g de classe C 1 sur R (en particulier g(0+) = 0). Fixons ǫ > 0
et supposons que f est continue en t0 ≥ 0. Puisque g′ est uniformément continue
sur le segment [−2, t0 + 1], il existe un réel 1 > α > 0 tel que pour 0 ≤ |h| < α,
pour −α ≤ s ≤ t0 et pour |s − t| ≤ α,
|g′ (t) − g′ (s)| ≤ ǫ.
Le théorème des acroissements finis montre alors que |g(s+h)−g(s)−hg′ (s)| ≤ ǫh.
D’autre part
Z t0 +h Z t0
(g ⋆ f )(t0 + h) = g(t0 h − s)f (s) ds = g(u + h)f (t0 − u) du
0 −α
= g ⋆ f (t0 ) + h (g′ ⋆ f )(t0 )
Z t0
+ (g(u + h) − g(u) − hg′ (u))f (t0 − u) du.
−α
66 CHAPITRE 3. TRANSFORMATION DE LAPLACE
Z t0 +α
′
D où |(g ⋆ f )(t0 + h) − (g ⋆ f )(t0 ) − h(g ⋆ f )(t0 )| ≤ ǫh |f (s)| ds,
0
ce qui démontre la proposition dans le cas où g est C 1 sur R et par linéarité
Lf = Lg ⇒ f (x0 ) = g(x0 ).
3.3. DE FOURIER À LAPLACE 67
On peut définir une transformée de Laplace inverse, que l’on notera L−1 ,
unique aux points de discontinuité près de la fonction d’origine
Dans les problèmes pratiques, très souvent (nous verrons des exemples), la
fonction F est donnée et on cherche la fonction f dont elle est la transformée.
Il est tentant mais délicat d’utiliser la formule de Mellin-Fourier à cette fin, en
remplaçant Lf par F dans l’expression de l’intrégale. Il se présente ici une sérieuse
difficulté.
Théorème 3.3.10 (admis) Soit F une fonction analytique sur ℜez > a. Pour
b > a et r > 0 et t ∈ R, on pose
Z b+ir
1
fr,b (t) = F (z)ezt dz.
2πi b−ir
1
On suppose qu’il existe α > 2 et C ≥ 0 tels que
On suppose de plus que pour un bo > a, fr,bo (t) converge simplement quand
r → +∞ vers une fonction f (t) ∈ E,
Alors pour tout b > a, fr,b (t) converge simplement vers la même fonction f (t)
et F est la transformée de Laplace de f .
C’est la fonction qui coı̈ncide avec f sur [0, 2π) et qui s’annulle ailleurs. C’est donc
une fonction L1 à support compact dont la transformée de Laplace est partout
définie. Or le calcul donne immédiatement L(g) = G(z). D’autre part l’axiome
de translation donne
G(z) = L(g) = L(H(t)f (t)) − L(H(t − 2π)f (t))
= Lf (z) − L(H(t − 2π)f (t − 2π))
= Lf (z) − e−2πz Lf (z).
On obtient la deuxième identité du théorème.
Théorème 3.4.1 Pour f ∈ E, (ak )1≤k≤n , (ck )0≤k≤n−1 ∈ Cn , il existe une unique
fonction y ∈ E, continue sur (0, +∞), telle que
De plus, la fonction y est indéfiniment dérivable en tout point où f l’est. Enfin,
elle vérifie la formule suivante.
−1 Q −1 1
y=L +L ⋆ f,
P P
Démonstration :
Unicité. Si y1 et y2 sont deux solutions dans le sens généralisé du théorème, alors
y := y1 − y2 est une fonction de E, continue sur (0, +∞), telle que y(0+) = · · · =
y (n−1) (0+) = 0 et qui vérifie pour tout t, sauf là où f n’est pas continue,
Le calcul direct montre alors que yf est solution (avec des conditions inilales
nulles.
Système d’équations
La méthode ci-dessus fonctionne tout aussi bien pour les système d’équations
différentielles. Considérons en effet n ≥ 1 équations différentielles d’ordre au plus
p ≥ 1.
Xn X p
(k)
ajik yj = fi , pour 1 ≤ i ≤ n,
k=0 j=1
72 CHAPITRE 3. TRANSFORMATION DE LAPLACE
où akij sont des constantes et les fj sont des fonctions dans E. Ce système a aussi
une ecriture matricielle sous la forme
p
X
Aj y (j) = f, (3.3)
j=0
f1 y1
avec Aj := (akij )1≤i,k≤n ; f = ... ; y :== ... .
fn yn
Pour que le système soit non dégénéré, nous allons supposer de plus que
detAp = det(akip ) 6= 0.
où C est un vecteur colonne de polynôme en z qui dépend des conditions initiales
D’où l’équation
A(z)Y (z) = F (z) + C
Pp
avec A(z) : j=0 z j Aj . Mais cette dernière matrice est inversible pour ℜez > a
dès que a est assez grand. En effet, en développant detA suivant les puissances de
z, on reconnait un polynôme de degré z np et de coefficient dominant detAp 6= 0.
Ce polynôme, non nul, n’a qu’un nombre fini de zéros et ne s’annule pas sur tout
un demi-plan ℜez > a (il suffit de choisir a égal à la plus grande partie réelle des
zéros du polynôme). D’où pour ℜez > a
la matrice A−1 est une matrice de fractions rationnelles propres. Si pour toute
matrice B = (bij ), on note L−1 B := (L−1 (bij )), alors on a ici encore une jolie
formule analogue à celle de la solution d’une unique équation.
y = L−1 (A−1 C) + L−1 (A−1 ) ⋆ f.
Ici, L−1 (A−1 ) est une matrice de polynômes d’exponentielles et f est un vecteur
de coordonnées dans E. On généralise le produit matriciel en posant
Xm
B ⋆ f = (bij )1≤i≤n,1≤j≤m ⋆ (fj )1≤j≤m := ( bij ⋆ fj )1≤i≤n .
j=1
Ici encore, l’analogie avec le cas d’une équation unique est parfait : la solution est
la somme de la solution homogène, et d’une solution particulière donnée par des
conditions initiales nulles. Cette dernière se calcule par un produit de convolution
avec le vecteur f .
111111
000000
000000
111111
000000
111111
00000
11111
00000
11111
00000
11111
f
000000
111111
000000
111111 00000
11111
11111111
00000000
000000
111111 00000
11111
000000
111111 00000
11111
00000
11111
000000
111111
00000000000000000000000000000000000000000000000
11111111111111111111111111111111111111111111111
000000
111111 00000
11111
00000000000000000000000000000000000000000000000
11111111111111111111111111111111111111111111111
m M
Supposons pour simplifier que les conditions initiales sont nulles. Alors les trans-
formées de Laplace des équations ci-dessus donnent le système
2
(z + 2ω12 ) ω12 X 0
= .
ω22 (z 2 + 2ω22 ) Y F
D’où
X 1 (z 2 + 2ω22 ) −ω12 0
= 2 ,
Y z 4 + 2(ω12 + ω22 )z 2 + 3ω12 ω22 −ω2 (z + 2ω12 )
2 F
74 CHAPITRE 3. TRANSFORMATION DE LAPLACE
(ω12 + ω2 )2 − 3ω12 ω22 = ω14 + ω24 − ω12 ω22 > ω14 + ω2 − 2ω12 ω22 = (ω12 − ω22 )2 > 0.
Le polynôme Z 2 + 2(ω12 + ω22 )Z + 3ω12 ω22 a donc deux zéros, distincts et négatifs.
On en déduit que le polynôme P (z) := z 4 + 2(ω12 + ω22 )z 2 + 3ω12 ω22 a exactement
4 racines, simples et imaginaires pures,
r q
±i −(ω12 + ω22 ) ± ω14 + ω24 − ω12 ω22
l’on notera ic1 , · · · , ic4 . De plus, on vérifie facilement que ces racines ne sont pas
zéro du polynôme z 2 + 2ω12 . Ainsi R1 et R2 n’ont que des pôles simples, et il existe
des constantes a1 , · · · , a4 et b1 , · · · , b4 telles que
4
X 4
X
−1 ick t −1
L (R1 )(t) = ak e ; L (R2 )(t) = bk eick t .
k=1 k=1
Remarque 3.5.1 Supposons que f est à support compact, c’est-à-dire que qu’il
existe un instant t0 > 0 tel que f (t) = 0 pour t ≥ t0 . Alors pour t > t0 , l’expression
de x et y ci-dessus s’écrivent sous la forme suivante.
4
X Z t0 4
X Z t0
ick t −ick s ick t
x(t) = ak e f (s)e ds; y(t) = bk e f (s)e−ick s ds.
k=1 0 k=1 0
Ainsi, même si le sytème n’est perturbé par f que sur un temps fini, le système ne
va pas tendre vers sa position d’équilibre, même au bout d’un temps très long : la
perturbation reste essentiellement comparable à la taille de f sur [0, t0 ] à chaque
instant. Pour obetnir un système stable, il faut du frottement, qui amortira le
sytème jusqu’à l’équilibre. Vous connaissiez ce phénomème pour des exemple
simples de fonctions f . La transformée de Laplace permet de traiter ce problème
pour toute les fonctions f en même temps. On peut se poser par exemple la
question suivante : Comment modifier le système ci-dessus pour que le système
soit stable (c’està-dire pour que x et y tendent vers zéro) pour toute perturbation
f à support compact ?