Entente A Presenter
Entente A Presenter
Entente A Presenter
Membres de jury :
1
« Toute société, pour se maintenir et vivre, a besoin
absolument de respecter quelqu’un et quelque chose. »
Fiodor Dostoïevski.
2
A Mes chers Parents …
3
Remerciement :
4
RESUME
5
SOMMAIRE
§2 : Le conseil de concurrence
6
§2 : L’intérêt d’un accord-cadre sur les mesures anticoncurrentielles.
A- L’existence d’accord.
B- L’objet d’accord.
A- L’établissement de la faute
B- L’établissement du préjudice et du lien de causalité
7
A- La Clémence.
B- Les Engagements volontaires.
8
Introduction
Le souci de règlementer le monde de la concurrence reste toujours l’un des
aspects les plus important dont s’intéresse le droit. Améliorer les techniques
pour faire face aux pratiques anticoncurrentielles est un point essentiel pour
organiser la concurrence, l’ententes illicite est la pratique la plus dangereuse
dont l’élaboration d’une politique des ententes soulève d’importantes difficultés.
C’est aux Etats Unis que furent posées au XIXe siècle les premières bases
d’une réglementation de la concurrence, qui se poursuivit par l’élaboration
d’une législation antitrust (anti-ententes), très contraignante pour les entreprises
privées.
Mais pour que le Maroc puisse aspirer à une économie de marché dite évoluée
et compétitive, il est nécessaire d’avoir préalablement instauré les conditions
1
Jean-Bernard BLAISE : « Le statut juridique des ententes économiques » 1964. P : 8.
2
Sanae El Hajoui : « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » 2016. P :30.
3
Lahcen Louchani : « Droit de la concurrence et circuit de distribution au Maroc » 2003. P : 19.
9
adéquates pour que l’entreprise puisse se développer et renforcer ses capacités
compétitives. Et donc il est nécessaire d’adopter une politique économique
basée sur des règles de libre concurrence.
La mesure adoptée par le droit marocain est le clivage entre deux autorités de
la concurrence : le premier ministre, qui a un pouvoir décisionnel, et le Conseil
de la concurrence, qui a un pouvoir consultatif.
L’année 2011 entrera dans les annales du droit marocain de la concurrence sur
un plan substantiel et institutionnel suite à la constitutionnalisation du principe
de la libre concurrence et de la liberté d’entreprendre : « L’Etat garantit la liberté
d’entreprendre et la libre concurrence 9 » et à la constitutionnalisation du Conseil
de la concurrence en juillet 2011 : « Le Conseil de la concurrence en tant
qu’autorité administratives indépendante chargée, dans le cadre de
7
Sanae El Hajoui : « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » 2016. P :34.
8
A.Benalour, Contribution de la politique et du droit de la concurrence à la promotion du développement
économique, CNUCED, 8-12 novembre 2010, P : 1-10.
9
Art 35, §2 de la constitution de juillet 2011.
11
l’organisation d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et
l’équité dans les relations économiques, notamment à travers l’analyse et la
régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des pratiques
anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérateurs de
concentration économique et de monopole 10».
10
Art 166 de la constitution de juillet 2011.
11
Le conseil de la concurrence a organisé plusieurs rencontres avec le monde politique, économique, juridique
et universitaire ainsi qu’avec la presse. Pour plus de détail, voire La Lettre d’information du Conseil de la
concurrence, octobre 2012, n° spécial.
12
Elles ont été promulguées respectivement par les dahirs n°1-14-117 du 2 ramadan 1435 (30 juin 2014),
BORM n° 6280.
12
Pour pouvoir assurer le contrôle des ententes, il faut premièrement définir ces
ententes, chose qui pose un problème ce qui rend le fait de prouver l’existence
d’une entente très difficile dans la mesure où une entente peut se former dans un
simple « déjeuner d’affaire ». Les ententes sont donc polymorphes et
difficilement repérables.
On caractérise l’entente par son effet dangereux sur le marché, car on trouve un
membre qui conserve son individualité, à la concentration, qui soumet tous les
participants à une autorité unique en leur faisant perdre toute liberté dans leurs
décisions économiques. Alors on est face d’une situation qui est contre l’intérêt
du commerçant et de l’ordre économique du pays.
Il faut noter que les articles 6 à 9, de la loi relative à la liberté des prix et de la
concurrence, visent successivement les ententes au sens large d’une part, et
l’abus de position dominante et les exploitations abusives de situations de
dépendance économique d’autre part 13.
13
Emmanuelle CLAUDEL : « ENTENTES ANTICONCURRENTIELLES ET DROIT DES CONTRATS ». Thèse pour le
doctorat. (14 décembre 1994). P : 104.
13
Première partie :
14
Chapitre 1 : La typologie des ententes illicites
14
La CNUCED ou la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, en anglais, UNCTAD
pour United Nations Conference on Trade and Development, elle a été créée en 1964, en tant que mécanisme
intergouvernemental permanent. Elle compte 191 pays membres et est le principal organe de l’assemblée
générale des Nations-Unies concernant le domaine du commerce et du développement. Elle est également
responsable des questions relatives aux PMA (Pays les Moins Avancés). Ses principaux objectifs sont d’aider les
pays en développement à tirer le meilleur parti des possibilités de commerce, d’investissement et de
développement qui s’offrent à eux et de les soutenir pour qu'ils puissent s’intégrer de façon équitable dans
l’économie mondiale.
15
Halmaoui Loubna : « Les différentes menaces à la libre concurrence » P : 57.
15
d) Appliquer, à l'égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales
à des prestations équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage
dans la concurrence,
e) Subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les
partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon
les usages commerciaux, n'ont pas de lien avec l'objet de ces contrats.
L’article 6 de la loi 104-12 interdit l’utilisation de toute pratique
anticoncurrentielle dont l’entente illicite et cela pour la protection de la libre
concurrence et de l’économie du pays (Section 1). Ainsi qu’un conseil de la
concurrence a été mis en place pour renforcer cette protection (Section 2).
Section 1 : Les risques portés par les pratiques anticoncurrentielles.
Max Weber trouve qu’il y a un lien étroit existant entre l’apparition de
l’économie de marché et le processus d’autonomisation d’un droit, désormais
dégagé de la religion, de la morale et de l’économie : l’économie de marché
avait en effet besoin d’un droit « séparé », garantissant les investissements, le
commerce, la sécurité des transactions.
La concurrence entre les entreprises au sein d’un marché économique est très
bénéfique économiquement. Certes, l’abus du jeu concurrentiel et les
agissements malhonnêtes de certains opérateurs économiques peuvent être une
source négative et directe d’un déséquilibre face à la libre concurrence et l’ordre
public économique.
La liberté des prix au Maroc est un principe qui impose aux acteurs
économiques de ne pas conclure d’ententes anticoncurrentielles, et cela pour
protéger la concurrence légale et licite (§1), ainsi que la lutte contre toute
atteinte à l’ordre public économique (§2).
16
§1 : Impact des ententes anticoncurrentielles sur la libre concurrence.
D’après cette liste, on constate que le but de ces trois cas, est d’impacter
indésirablement la concurrence dont le principe général de celle-ci est la liberté.
17
informations stratégiques, est une entente illicite qui peut fausser le jeu de la
concurrence.
Lorsqu’on parle d’un prix concurrentiel, il s’agit d’un prix qui met en équilibre
offre et demande, il est fondamentalement synonyme d’un prix juste et équitable
car il respecte les intérêts librement exprimés à la fois des offreurs et des
demandeurs, et selon les règles de la libre concurrence, le prix d’un produit, bien
ou service, est égal à sa valeur d’opportunité marginale, c’est-à-dire à la valeur,
telle qu’estimée par les acheteurs, que le non-achat à ce prix permettrait de
générer au mieux, y compris en consommation, en loisir ou en toute autre
activité.
L'entente sur les prix16 est une forme particulière d'entente par laquelle les
acteurs producteurs dominants d'un marché se mettent d'accord sur une pratique
de prix concertés visant à limiter les effets bénéfiques de la concurrence pour le
consommateur, notamment en termes de prix. Les formes les plus courantes
d'ententes sur les prix sont le fait de pratiquer des hausses concertées ou de se
mettre d'accord sur la pratique d'un prix minimum, et il est donc nécessaire de
signaler que ces ententes sur les prix sont contraires au droit de la concurrence et
donc contre la règle de base qui caractérise le jeu de la libre concurrence. Au
Maroc, une grande affaire qui concerne une entente sur les prix des carburants, a
été sur table et elle a été traitée par le conseil de la concurrence 17 .
16
L'entente sur les prix est la forme la plus courante d'entente.
17
Entente entre Afriquia, Total et Vivo Energy (Distributeur exclusif de Shell au Maroc).
18
visent à restreindre la concurrence et ses effets bénéfiques pour le
consommateur.
Dans ce cadre, il ne faut pas oublier que les informations non publiées par une
entreprise sont couvertes par le secret des affaires et leur publication à des tiers
peut être une violation des engagements de confidentialité de l’entreprise. Alors
les échanges d’informations directs entre concurrents sont répréhensibles et un
simple échange d’informations sur les prix ou d’informations sensibles
permettant un partage de territoire, de clientèle ou encore de limiter la
19
production ou la capacité peut être considéré comme une entente18, et cet
échange peut porter atteinte aux règles de la libre concurrence.
18
RÈGLES DE CONCURRENCE ET LOYAUTÉ DANS LES RELATIONS D’AFFAIRES RECOMMANDATIONS PRATIQUES
2017, P : 11
19
Marie-Anne Frison-Roche, « Le modèle du marché », Archives de philosophie du droit, 1995.
20
Michel Rainelli, « L’ordre concurrentiel : approche d’un économiste », in L’ordre concurrentiel, Editions
Frison-Roche, 2003, pp. 13 sq
20
perçue comme une liberté que le droit se doit de garantir ce qui explique la
volonté des pouvoirs publics nationaux ou supranationaux de combattre les
entraves à une libre concurrence. Dans ce cadre la concurrence peut être définie
comme étant : « une confrontation entre entreprises dont chacune cherche à
augmenter ses parts de marché le plus souvent au détriment des autres » 21.
21
E. COMBE, Economie et politique de la concurrence, Précis Dalloz, 1re éd., 2005
21
entreprises sont moins incitées à innover, à se dépasser, puisqu’elles ne sont plus
soumises à l’aiguillon de la concurrence ce qui impacte négativement l’ordre
économique du pays.
Le lien entre les ententes prohibées et l’ordre public économique est établi
lorsque la Chambre commerciale de la Cour de cassation de Paris parle de
« trouble à l’ordre public économique engendré par une entente comme celle
alors suspectée dans le secteur des travaux ferroviaires 22.
22
Cass. com., 2 novembre 2011, n° 10-21103, Bulletin 2011, IV, n° 177.
22
et la détérioration subie par l’ordre public économique doivent être pris en
compte »23.
En général, il faut savoir qu’il existe des formes d’ententes et qui sont visées
par l’article 6 de la loi 104-12. Compte tenu de la diversité des ententes
anticoncurrentielles, il serait difficile de fournir d’en déterminer une liste, et
même l’article 6 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence a cité des
exemples mais l’ingéniosité de l’être humain conduira l’organisation de
nouvelles ententes (§2).
L’entente illicite fait partie des pratiques anticoncurrentielles, elle est définie,
par l’article 6 de la loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence, comme
23
CJUE, 7 janvier 2004, Aalborg Portland e.a. c/ Commission, aff. C-204/00 P, C-205/00 P, C-211/00 P, C-213/00
P, C-217/00 P et C-219/00 P, Rec. p. I-123, point 91.
23
étant des accords expresse ou tacite, sous quelque forme et pour quelque cause
que ce soit, notamment lorsqu’elles tendent à limiter l’accès au marché ou le
libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises, faire obstacle à la
formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement leur
hausse ou leur baisse, limiter ou contrôler la production, les débouchés, les
investissements ou le progrès technique, répartir les marchés, les sources
d’approvisionnement ou les marchés publics. Ainsi que d’après le même article,
ces ententes sont prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un
marché.
24
G. RIPERT, "Les métamorphoses économiques et morales du droit privé d'aujourd'hui", Paris, Dalloz, 1959, p.
110.
25
Mme Maissae Bousaouf : « L’instrumentalisation du marché pertinent en droit marocain de la concentration
». Revue Internationale des Sciences de Gestion N°4. (2021). P : 570.
24
besoin de circonscrire un domaine d'appréciation de l'illicite. Selon les termes du
Conseil, "la définition du marché sert principalement à dessiner les contours de
la concurrence potentielle "26.
Alors, pour constater l’existence d’une entente entre des entreprises, il faut
d’abord définir le marché pertinent dont le fonctionnement a été ou risque d'être
affecté par les comportements en cause. La définition du marché suppose que
soient identifiés les produits ou services qui y sont inclus, ainsi que sa dimension
géographique.
26
Emmanuelle CLAUDEL : « ENTENTES ANTICONCURRENTIELLES ET DROIT DES CONTRATS » Thèse pour le
doctorat en Droit 1994 P : 23.
25
En effet, la doctrine et la pratique des autorités françaises de la concurrence ont
établi que la définition du marché́ n'est pertinente en matière d'entente que dans
les cas où il faut se demander si l'entente par son effet est susceptible de porter
atteinte sensiblement à la concurrence et, par ricochet, diffuse un certain pouvoir
de marché. Ainsi, la question se résume à la circonstance de savoir si l'entente
produit un effet sensible sur la concurrence. C'est pourquoi dans les cas où la
preuve démontre que l'entente porte atteinte à la concurrence de par son objet
anticoncurrentiel, la définition du marché devient alors superflue. Il n'est alors
pas nécessaire de définir le marché pertinent dans les cas où l'entente a un objet
anticoncurrentiel. En effet, si le cadre d'analyse du juge est déjà auto-construit
par le caractère restrictif patent d'une clause, point n'est besoin de définir le
marché pertinent. De ce fait, il n'est pas nécessaire de définir le marché pertinent
en cas d'entente emportant une restriction caractérisée de la concurrence. Il s'agit
essentiellement des ententes -cartel- de fixation de prix et de partage de marché.
Ce sont les ententes interdites dont la nocivité sur la concurrence est patente et
dont l'interdiction n'exige pas en conséquence une quelconque circonscription de
la puissance de marché. (Karounga Diawara, 2008). 27
27
Mme Maissae Bousaouf : « L’instrumentalisation du marché pertinent en droit marocain de la concentration
». Revue Internationale des Sciences de Gestion N°4. (2021). P :572
28
Depuis 1990
26
Au contraire, la question de détermination du marché ne se pose pas en droit de
la concentration, car cette délimitation est fondamentale.
27
C’est sur ce marché que les entreprises passent des ententes pour l’exercice de
leurs activités, ces ententes ne sont pas prohibées d’office, mais ce qui est en
revanche interdit c’est le caractère abusif et anticoncurrentiel de ces ententes 29.
29
Actes du colloque organisé par l’institut Marocain du Droit des Entreprises « IMADE » : Le droit de la
concurrence » 2002. P :78
28
A- Les formes des ententes illicites.
Les ententes contractuelles : Ce sont des contrats au sens du droit civil, c'est à
dire des conventions ayant force obligatoire entre les parties. Si d’une façon
générale, le nombre des parties à une convention reste limité, il n'est pas
cependant exclu qu'une convention constitutive d'une entente lie de multiples
opérateurs voire même tous les membres d'une profession ou d'un secteur.
Abstraction faite de leur forme, de leur statut juridique, de leur objet, de la
qualité de leurs signataires, toutes les conventions sont susceptibles d'entrer dans
le champ d'application de l'article 6 de la loi sur la liberté des prix et de la
concurrence.
Peu importe que la convention soit constatée par écrit ou simplement convenue
oralement, expressément ou tacitement. Peu importe également que la
convention ait été établie unilatéralement par une partie dès lors que les autres
parties aient adhéré à cette convention, soit en la signant, soit en l'appliquant.
29
anticoncurrentiel. Si par contre ; seul certaines clauses du contrat sont de nature
à affecter le jeu de la concurrence, la convention peut être maintenue sous
condition de supprimer ou d'aménager les clauses anticoncurrentielles.
1) lorsque le groupement a pour objet statutaire des décisions qui sont par nature
restrictive de concurrence comme par exemple la fixation des quotas de
production ou la détermination d'un barème de prix ;
30
associations ou chambres syndicales qui diffusent des barèmes de prix ou
donnent des consignes de boycotte de certaines entreprises.
31
B- Les types des ententes illicites.
Les ententes de prix (art 6 al.2) : Les ententes visées par cet article sont en
premier lieu les ententes horizontales de prix, c'est-à-dire toutes les formes
d'accords et de concertation intervenues entre entreprises concurrentes et portant
sur leurs prix et leurs conditions de vente tel que les rabais, escomptes et remises
diverses, ou sur les éléments de leur fixation tel que les marges et les coûts de
revient. Les pratiques concertées qui, sans porter directement sur les prix de
vente, ont pour objet ou peuvent avoir pour effet de favoriser artificiellement la
hausse des prix, sont susceptibles de constituer des ententes de prix prohibées.
Les ententes visées par l'article 6 sont en second lieu les ententes verticales de
prix, c'est à dire les ententes convenues entre les fournisseurs et les distributeurs
ayant pour objet ou pour effet de limiter la liberté commerciale des distributeurs.
32
Ces ententes peuvent se traduire par l'imposition d'un prix de revente ou d'une
marge minimum, par les prix de vente conseillés émis par des organismes
professionnels et par les pratiques d'opacité tarifaire.
Les ententes de limitation ou de contrôle des débouchés sont des accords par
lesquels des entreprises concurrentes décident de renoncer à leur liberté
commerciale et de se concerter sur le montant de leurs ventes ou d'autres
recettes comme les recettes publicitaires. Ces ententes peuvent se traduire par
exemple par l'instauration de quotas de vente, d'un système de contrôle des
importations et par la constitution de structures communes de vente. Les
ententes de limitation des investissements et de progrès technique sont en
quelque sorte des accords de crises qui visent à limiter les investissements
excédentaires, à geler les investissements existants ou à fermer certaines usines.
33
Les accords de spécialisation, les accords d'approvisionnement exclusifs et les
accords de non concurrence relèvent également de cette catégorie.
La loi prohibe l’utilisation abusive des ententes entre les entreprises sur le
marché intérieur ou sur une partie substantielle de ce marché.
34
après, il est nécessaire de focaliser les lumières sur l’autorité habilité à intervenir
dans le cadre de la concurrence (§2).
La philosophie de la loi se base sur des principes qui sont simple. Cette loi
entre dans le cadre d’une réforme économique en vue de la promotion d’un
ordre économique concurrentiel au sein d’un système libéral, avec l’idée
fondamentale d’user de la liberté et de ne pas en abuser 30.
La loi sur la liberté des prix et la concurrence constitue pour les entreprises
marocaines un moyen qui leur permet de tirer profit des mesures de la
libéralisation des prix et de la réduction du contrôle de l’Etat.
30
Abid KABADI : « L’interdiction des ententes en droit marocain de la concurrence et ses effets sur
l’entreprise ». Intervention dans le cadre d’Actes du colloque organisé par l’Institut Marocain du Droit des
Entreprises « IMADE ». à Casablanca, le 7 mai 2002.
35
D’après le milieu des professionnels, l’instauration des règles de la
concurrence « s’inscrit dans le cadre de la mise à niveau de l’économie nationale
dans la perspective notamment de la modernisation de l’outil de production et
l’amélioration des circuits de distribution, pour plus de transparence et de
loyauté commerciale 31.
Dans ce cadre et parlant de la liberté des prix, l’Etat n’a plus intérêt de
continuer à prendre en charge les missions de règlementation et de contrôle des
prix. Ce rôle est confié aux opérateurs économiques qui doivent mener une
compétitivité effective sur le marché.
31
Revue de la CGEM info, n° 2261 du 24/11/2000, p : 6.
32
Lahcen Louchahi : « Droits d la concurrence et circuits de distribution au Maroc ». Revue marocaine
d’administration locale et de développement. Première édition, 2003. P : 12.
36
Monopole de fait et de droit,
Difficultés d’approvisionnement,
Dispositions législatives ou réglementaires.
La liste des biens, produits et services dont les prix sont réglementés est défini
par arrêté n° 3086.14 du 29 décembre 2014 du Ministre délégué auprès du chef
du gouvernement chargé des affaires générales et de la gouvernance 33.
Il est obligatoire de noter que cette loi sur la liberté des prix et de la concurrence
repose sur le principe de la transparence des relations liant les différents
opérateurs économiques. Ce principe constitue un moyen efficace de
restructuration économique dans le respect des règles de la loyauté commerciale,
aussi bien dans les relations interprofessionnelles qu’à l’égard des
consommateurs.
33
La liste des biens, produits et services dont les prix sont réglementés est défini par arrêté n° 3086.14 du 29
décembre 2014 du Ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des affaires générales et de la
gouvernance comme suit:
La farine nationale de blé tendre, le sucre, le tabac manufacturé, l’électricité, l’eau potable, l’assainissement
liquide, le gaz butane, le transport de voyageurs par route, les produits pharmaceutiques, les actes et services
médicaux dans le secteur médical privé, les actes pratiqués par les sage-femmes, infirmiers et infirmières du
secteur privé, les livres scolaires, les actes des huissiers de justice, les actes hébraïques, les actes des notaires,
le transport urbain de personnes par autobus, le transport par taxis de 1ére et 2ème catégories, le transport
mixte de personnes, les insertions légales, administratives et judiciaires.
37
communication s'effectue par tout moyen conforme aux usages de la
profession ».
La loi sur la liberté des prix et la concurrence place le cadre juridique dans
lequel les opérateurs économiques, privés et publics, vont procéder à l’exercice
de leurs activités, et dans le même cadre, cette loi prévoit la prohibition des
pratiques restrictives à la concurrence et l’interdiction des pratiques
anticoncurrentielles.
34
Lahcen Louchahi : « Droits d la concurrence et circuits de distribution au Maroc » p : 66
38
services sauf qu’ils sont identiques à ceux qui font l’objet de la vente ou
de la prestation.
Ce qu’il faut bien considérer, c’est que l’état de la position dominante n’est
pas prohibé en lui-même. Le fait d’être en position dominante dénote au
contraire de la part de l’entreprise une grande performance sur le plan
économique.
35
Lahcen Louchahi : « Droits d la concurrence et circuits de distribution au Maroc » p : 68
39
Donc la position dominante est l’expression d’une performance
économique. D’ailleurs, on ne peut interdire la position dominante sous peine
justement de sanctionner les entreprises de les paralyser en quelque sorte, de
bloquer leur développement.
Par contre, la loi interdit qu’une entreprise qui se trouve dans une situation
de position dominante exploite, abuse de cette situation au détriment, bien
entendu, à la fois de ses concurrents et des consommateurs 36.
Il s’agit des pratiques qui portent sur le prix : soit une augmentation artificielle
des prix, soit une baisse artificielle des prix. Il s’agit également des pratiques qui
portent sur les conditions de vente tel que les remises de fidélité 37. On peut
ajouter les pratiques qui concernent les relations commerciales avec des
partenaires. (Le refus de vente, le refus de communication des informations sur
le produit ou sur les conditions de vente, la rupture des relations commerciales
sans motifs valable, les clauses d’exclusivité et enfin l’imposition de prix de
vente ou de conditions particulières au distributeurs).
36
Mohamed MERNISSI : « Détermination de la position dominante et pratiques constituant l’abus de position
dominante ». Actes du colloque organisé par l’institut Marocain du Droit des Entreprises « IMADE » : Le droit
de la concurrence » 2002. P :67.
37
Les remises de fidélité : sont un moyen pour attacher la clientèle, pour qu’elle n’aille justement pas chez les
concurrents. Il s’agit donc d’une pratique anticoncurrentielle.
3838
IDEM, P :71
40
La loi sur la liberté des prix et de la concurrence a institué un contrôle sur la
dimension des entreprises pour empêcher les concentrations excessives qui sont
de nature à faire disparaitre toute concurrence effective sur le marché.
L’opération de concentration peut résulter de tout acte qui a pour objet ou pour
effet de permettre à un ou plusieurs groupes d’entreprises d’exercer directement
ou indirectement une influence déterminante sur une ou plusieurs autres
41
entreprises. Cette formule vise toutes les formes d’intégration intellectuelle, en
particulier les contrats de distributions exclusive, les franchises, et les contrats
de sous-traitance.
Ces seuils sont alternatifs, ce qui signifie que si l'un d'entre eux est atteint, une
notification préalable est en principe requise.
42
Dans une décision n°77/D/19 39, le Conseil a conclu que l'entreprise commune
n'était pas de plein exercice dans la mesure où ses ventes étaient exclusivement
destinées à l'une de ses sociétés mères ;
39
Décision du 12 septembre 2019 relative à la création d'une entreprise commune entre Nareva Enel Green
Power Maroc et l'ONEE.
40
Décision du 26 décembre 2019 relative à la création de deux entreprises communes respectivement par EDF
Renouvelables / Masdar / Green of Africa Investment et EDF Renouvelables / Masdar / Masen Capital .
41
Décision du 30 janvier 2019 relative à la fusion entre Al Omrane Meknès et Al Omrane Fès.
43
Jusqu'à présent, cette exception n'a été acceptée que dans les circonstances
limitées suivantes 42:
Le droit marocain interdit les accords entre entreprises, dans le cas où ces
accords sont susceptibles d’affecter le commerce et qui ont pour objectif de
fausser ou de restreindre le jeu de la concurrence.
Il s’agit particulièrement, des accords, décisions ou pratiques qui fixent les prix
d’achat ou de vente, ou d’autres conditions de transaction, ou qui limitent la
production, les investissements, les débouchés ou le développement technique,
ou qui répartissent les marchés ou les sources d’approvisionnement, ou qui
appliquent des conditions inégales aux partenaires commerciaux, pour prestation
équivalente, ou qui subordonnent la conclusion de contrats avec les partenaires
commerciaux, à des prestations sans lien avec l’objet du contrat.
Si : Une partie équitable du profit résultant de cette pratique est réservé aux
utilisateurs, Et que les entreprises intéressées ne subissent pas de restrictions
autres que les indispensables pour atteindre ces objectifs. Il ne soit pas donné à
des entreprises la possibilité d’éliminer la concurrence, pour une partie
substantielle des produits en cause.
Ils ne seront pas non plus sanctionnés les accords à priori anticoncurrentiels,
qui n’affectent qu’une partie minime du marché dû à la faible position des
intéressés sur le marché en cause, ainsi que les accords collectifs conclus entre
organisations représentatives d’employeurs ou de travailleurs, puisque leur objet
n’est pas de fausser ou restreindre la concurrence (objet social), et également les
accords de recherche et de développement, ni les accords de transfert de
technologie. Ils sont considérés comme compatibles avec la concurrence
puisqu’ils visent à augmenter la compétitivité et à promouvoir l’innovation.
Dans un premier lieu, on a les sanctions civiles, dans la mesure où aux termes
de l’article 10 de la loi 104-12, les ententes prohibées par cette loi sont nulles de
plein droit. Il s’agit là d’une nullité absolue qui implique obligatoirement un
retour intégral à la situation d’avant l’entente. Etant d’ordre public, cette nullité
peut être soulevée par les parties et par les tiers comme elle peut être relevée
d’office par le juge et ce à toutes les phases de la procédure.
43
Article 9 de la loi 104-12
45
L’article 10 al. 2 précise cependant que cette nullité « ne peut être opposées au
tiers par les parties ». Cette précision implique une double conséquence :
§2 : Le conseil de concurrence :
46
Cependant, la création du conseil de la concurrence constitue un saut qualificatif
et une réforme importante visant à renforcer la politique éco-concurrentielle.
- trois membres exerçant ou ayant exercé leurs activités dans les secteurs de
production, de distribution ou de services ;
47
Le président est nommé par dahir, pour une durée de cinq ans renouvelable une
seule fois, et les autres membres du conseil sont nommés, pour une durée de
cinq ans renouvelable une seule fois 44.
44
Article 10 de la loi 20-13.
45
Art 14 de la loi 20-13
48
Outre le pouvoir d'instruire, le Conseil de la concurrence peut mener des
enquêtes concernant les pratiques anticoncurrentielles et le contrôle des
opérations de concentration économique.
49
Pratique de dimension locale affectant le marché :
- le chiffre d'affaires réalisé par chacune des entreprises au Maroc lors du dernier
exercice clos ne dépassera pas 50 millions de dirhams et leurs chiffres d'affaires
cumulés ne dépasseront pas 10 millions dirhams et 50 millions de dirhams.
(Projet décret n 2-14-652 pris pour l'application de loi 104-12).
47
Idem,
50
d'affaires connu au Maroc si cette valeur est plus faible, Les modalités de la
transaction doivent être fixées par voie réglementaire Notons aussi que
L'autorité gouvernementale devra informer l'Autorité de la concurrence des
transactions conclues (article 43, al 4 loi 104-12).
Droit d'évocation :
48
L’article 18 de la loi 104-12 qui stipule que « ... l'administration peut évoquer l'affaire et statuer sur
l'opération en cause pour des motifs d'intérêt général autres que le maintien de la concurrence et, le cas
échéant, compensant l'atteinte portée à cette dernière par l’opération. Les motifs d'intérêt général, autres que
le maintien de la concurrence, pouvant conduire l'administration à évoquer l'affaire sont, notamment, le
développement industriel, la compétitivité des entreprises en cause au regard de la concurrence internationale
ou la création ou le maintien de l’emploi... »
49
Art 18. -al 3. Loi 104 -12.
51
concurrence ; mais dans le même temps elle n'impose aucun délai au conseil de
la concurrence pour transmettre cette décision l'autorité gouvernemental (c’est
une lacune dans l'encadrement des délais de procédures).
Finalement, une fois adoptée, la décision de l'autorité devra être transmise sans
délai au conseil de la concurrence (. art. 18 -al, loi 104 -12).
Selon l'article 109 de la loi n° 104.12 précité : « hormis les cas où les rapports
entre les instances de régulation sectorielle et le conseil de la concurrence sont
réglés par les textes institutifs desdites instances, la compétence du conseil de la
concurrence, telle que prévue par la présente loi, sera appliquée à l'égard des
secteurs relevant des autres instances de régulation à une date qui sera fixée par
voie réglementaire. »
52
Les commissions permanentes du Parlement : Selon l'article 5 de la loi
20-13, le conseil peut être consulté par les commissions permanentes du
Parlement sur les propositions de loi ainsi que sur toute question
concernant la concurrence.
Le gouvernement : le conseil peut donner son avis sur toute question
relative à la concurrence à la demande du gouvernement.
Les conseils des collectivités territoriales ;
Les chambres de commerce, d'industrie et de services ;
Les chambres d’agriculture ;
Les chambres d’artisanat ;
Les chambres des pêches maritimes ;
Les organisations syndicales et professionnelles ;
Les instances de régulation sectorielle : Le conseil recueille l'avis des
instances de régulation sectorielle concernées sur les questions de
concurrence relatives aux secteurs d'activité dont elles ont la charge, dans
un délai qu'il fixe, sans que ce délai soit inférieur à trente (30) jours. Le
conseil peut, le cas échéant, faire appel à leurs compétences et expertises
pour les besoins de l'enquête ou de l'instruction.
Les associations de consommateurs reconnues d'utilité publique, dans la
limite des intérêts dont ils ont la charge.
Par les juridictions : selon l'article 6, le conseil peut être consulté par les
juridictions sur les pratiques anticoncurrentielles définies aux articles 6, 7
et 8 de la loi n°104-12, toutefois, il ne peut donner un avis qu'après une
procédure contradictoire ; mais, si le conseil dispose d'informations déjà
recueillies au cours d'une procédure antérieure, il peut émettre son avis
sans avoir à mettre en œuvre la procédure prévue par la loi n°20-13.
53
Le conseil de la concurrence ne peut être saisi ou se saisir d'office de faits
remontant à plus de 5 ans s'il n'a été fait au cours de cette période aucun acte
tendant à leur recherche, leur constatation ou leur sanction.
54
de l'économie ou au ministre chargé du secteur concerné de mettre en œuvre les
mesures nécessaires à l'amélioration du fonctionnement concurrentiel des
marchés.
Selon les dispositions de l'article 44 de la loi 104-12, les recours contre les
décisions prises par le conseil de la concurrence et celles prises par
l'administration dans un délai de trente (30 jrs) à compter de la date de
notification de la décision devant la chambre administrative de la cour de
cassation en application de l'article 18, les recours contre les autres décisions du
conseil de la concurrence sont portés devant la cour d'appel de Rabat.
55
Section 2 : Le Cadre légal des ententes illicites au niveau international.
Certes que les pratiques anticoncurrentielles tel que les ententes illicites
peuvent s’exercer même sur le marché international, et ces pratiques peuvent
nuire aux entreprises des pays en développement, ce qui nécessite une
coopération internationale afin de lutter contre ces mesures anticoncurrentielles
(§2).
La création de l’OMC dont le Maroc est membre 50, ne s’est pas traduite par
l’adoption d’un arsenal de règles contraignantes destinées à lutter contre les
pratiques commerciales anticoncurrentielles dans le domaine des échanges
internationaux. Toutefois, plusieurs dispositions et instruments subordonnés
intégrés aux divers accords de l’OMC témoignent de l’importance des mesures
visant à garantir le fonctionnement concurrentiel des marchés pour le système
commercial international. Parmi ces accords figurent notamment l’AGCS51,
l’Accord sur les ADPIC 52, l’Accord sur les MIC53 et l’AMP54. La politique de la
concurrence occupe une place importante dans les textes relatifs à l’accession à
50
Le Maroc est Membre de l'OMC depuis le 1er janvier 1995 et Membre du GATT depuis le 17 juin 1987.
51
Accord général sur le commerce des services : « constitue l'annexe 1B de l'accord de Marrakech instituant
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1994. Il s'agit d'un accord multilatéral de libéralisation des
échanges de services. »
52
Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce qui est reproduit à
l'Annexe 1 C de l'Accord de Marrakech instituant l'Organisation mondiale du commerce, signé à Marrakech, au
Maroc, le 15 avril 1994.
53
Accord sur les mesures concernant les investissements et liées au commerce (MIC)
Cet accord reconnaît que certaines mesures visant à favoriser l'investissement limitent et faussent les échanges
commerciaux. Il établit un comité sur les MIC qui, entre autres, surveillera la mise en œuvre de ces
engagements.
54
L'Accord sur les marchés publics à pour objet de garantir l'ouverture, l'équité et la transparence des
conditions de concurrence sur les marchés publics, un certain nombre de Membres de l'OMC ont négocié
l'Accord sur les marchés publics (AMP).
56
l’OMC (à savoir les séries d’engagements que les nouveaux membres doivent
souscrire lorsqu’ils accèdent à l’OMC), dans les examens des politiques
commerciales et autres instances de l’OMC, notamment le Conseil des ADPIC.
Ces dispositions et instances qui reconnaissent déjà de manière précise et
tangible le rôle de la politique de la concurrence dans le système commercial
international55.
55
Robert D. Anderson, William E. Kovacic, Anna Caroline Müller et Nadezhda Sporysheva : « une note en vue de
la session II du 18ème Forum mondial sur la concurrence » tenu les 5 et 6 décembre 2019. P : 10.
56
IDEM, P :17
57
Annexe 3 à l’Accord de l’OMC, « Mécanisme d’examen des politiques commerciales », paragraphe A(i),
consultable à l’adresse : https://www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/annex3_f.htm. À noter que le Mécanisme
n’est pas « destiné à servir de base pour assurer le respect d'obligations spécifiques découlant des accords ni
pour des procédures de règlement des différends, ni à imposer aux membres de nouveaux engagements en
matière de politique » (MEPC, A(i)).
57
Beaucoup de membres de l’OMC considèrent aujourd’hui que la concurrence
joue un rôle essentiel dans le bien-être des citoyens, la croissance économique et
le développement. Il n’est donc guère surprenant que ce changement de
conception des pouvoirs publics et de comportement économique se soit traduit
par une augmentation rapide du nombre de régimes de concurrence ces dernières
années. De surcroît, la dynamique de démonopolisation, de libéralisation et de
privatisation observée dans certains secteurs, les progrès technologiques rapides
et l’ouverture du commerce international ont libéré un potentiel économique
sans précédent, avec les multiples conséquences qui s’ensuivent dans tous les
pays58.
58
Richard Whish et David Bailey, Competition Law (Oxford, 8e édition, 2015), p. 4.
58
matière de pratiques potentiellement anticoncurrentielles et de fusions ayant des
effets transfrontaliers 59.
Alors ce qui parait, c’est que ces activités menées par le Groupe de travail de
l’interaction du commerce et de la politique de la concurrence entre 1997 et
2003, de même que le travail colossal accompli (à l’époque et depuis lors) au
sein du RIC, de l’OCDE, de la CNUCED et d’autres organisations, constituent
sans nul doute une base solide pour examiner ces aspects. Bien qu’aucun
consensus ne se soit dégagé à l’époque sur la nécessité de parvenir à un accord
plus général sur la politique de la concurrence au sein de l’OMC, et même si le
Groupe de travail de l’OMC est actuellement « inactif », ce groupe continue
d’exister et pourrait servir d’espace de réflexion sur ces questions. Et il est
nécessaire d’encourager la poursuite du dialogue sur ces questions dans les
enceintes internationales qui sont ou ont déjà été actives.
59
CNUCED, Groupe intergouvernemental d’experts du droit et de la politique de la concurrence, dix-huitième
session, Genève, 10–12 juillet 2019 : Agreed conclusions, 12 juillet 2019,
https://unctad.org/meetings/en/SessionalDocuments/ciclpd2019_agreedconclusions_en.pdf.
60
Robert D. Anderson, William E. Kovacic, Anna Caroline Müller et Nadezhda Sporysheva : « une note en vue
de la session II du 18ème Forum mondial sur la concurrence » tenu les 5 et 6 décembre 2019. P : 42
59
à même de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles. Les deux parties ont
signé un accord de partenariat en janvier 2020.
60
engendré par la pandémie du Covid–19, cette procédure est plus que sollicitée.
En effet, les Autorités nationales de la concurrence de par le monde se préparent
pour faire face à un nombre considérable de concentrations économiques –
alternatives obligées – dans le contexte de crise économique post pandémie 61.
61
Rapport annuel du conseil de la concurrence 2020. P : 114.
62
Rapport du Groupe intergouvernemental d’experts du droit et de la politique de la concurrence sur sa dix-
neuvième session Tenue au Palais des Nations, à Genève, du 7 au 9 juillet 2021. P :10.
61
§2 : L’intérêt d’un accord-cadre sur les mesures anticoncurrentielles.
La question qui peut être poser dans ce cadre est la suivante : En quoi les
ententes anticoncurrentielles nuisent aux producteurs des pays en
développement ?
Les ententes sont des accords sur la fixation de prix ou la répartition des
marchés entre des fournisseurs en concurrence sur un marché, ces accords font
63
Robert D. Anderson, William E. Kovacic, Anna Caroline Müller et Nadezhda Sporysheva : « une note en vue de
la session II du 18ème Forum mondial sur la concurrence » tenu les 5 et 6 décembre 2019. P : 5.
64
Doc : « OPTIONS EN VUE DE L’INTERNATIONALISATION DE LA POLITIQUE DE LA CONCURRENCE » P :7.
62
augmenter les prix ou réduisent la disponibilité des intrants industriels ou des
installations nécessaires à la commercialisation d’un produit.
Par exemple, dans le cadre des procédures d’appel d’offres (tels que la
construction ou le revêtement, routier), les ententes visent souvent à coordonner
les soumissions présentées par les fournisseurs individuels65.
65
Guide à l’intention des exportateurs des économies en développement : « Lutter contre les pratiques
anticoncurrentielles » 2012. P :4.
66
Idem, P : 3
63
l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce (ADPIC), l’Accord sur les mesures concernant les investissements et
liées au commerce (MIC), l’Accord (plurilatéral) sur les marchés publics (AMP)
et autres instruments de l’OMC. De même, alors qu’en 1997, lorsque le Groupe
de travail a commencé ses travaux, une cinquantaine d’économies seulement
avaient adopté une législation nationale en matière de concurrence, aujourd’hui,
plus de 130 pays membres de l’OMC en sont dotés dont le Maroc est membre
également67.
Il faut noter qu’il y a au niveau international des textes qui sont supérieurs tant
au niveau des textes qui sont supérieurs tant au niveau des pratiques
anticoncurrentielles, qu’au niveau des concentrations avec un certain nombre de
directives que les Etats devraient prendre pour modèle.
67
Robert D. Anderson, William E. Kovacic, Anna Caroline Müller et Nadezhda Sporysheva : « une note en vue de
la session II du 18ème Forum mondial sur la concurrence » tenu les 5 et 6 décembre 2019. P : 2
64
Deuxième partie :
65
Il apparait donc indispensable pour traiter la preuve, de parler de cette dernière
dans le « Public enforcement » et dans le « Private enforcement » (Chapitre 1).
Ainsi qu’il faudra ensuite parler d’autres mécanismes pour lutter contre ces
ententes (Chapitre 2).
68
Jean-Bernard BLAISE : « Le statut juridique des ententes économique » LIBRAIRIES TECHNICHE 1964.P :105.
66
jeu de la concurrence sur un marché déterminé. D’après cet article, on constate
essentiellement que pour l’existence d’une entente illicite, il faut qu’il y ait un
accord entre les entreprises (§1), et que l’objet de cet accord est d’empêcher, de
restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence (§2).
A- L’existence d’accord.
En analysant l’article 6 de la loi 104-12, on constate que celui-ci vise toutes les
actions concentrées, conventions, ententes expresses ou tacites et accords sous
quelque forme que ce soit. Cela indique que le dessin du législateur par cette
accumulation des termes est de faire entrer dans le domaine d’application du
texte un phénomène à savoir l’entente illicite extrêmement varié dans ses
manifestations sans le fait de lier le juge par une formule précise pour que
certaines ententes mal caractérisées tentent d’échapper à être sanctionnées.
Alors, l’entente est un accord entre les membres sans que ceux-ci se mettent
d’accord à se lier juridiquement. Ils ne s’engagent pas, mais décident
simplement d’adopter une certaine ligne de conduite, tant qu’il y aura intérêt et
ils se réservant la possibilité de changer d’attitude à tout moment.
Il s’agit donc d’une autre catégorie d’accord qui révèlent une unanimité
d’intérêt mais qui sont insusceptibles de créer des obligations de nature
juridique.
67
Autrement, en matière économique, le législateur cherche un résultat pratique
mais la seule chose qu’il prend en considération est de réglementer des atteintes
qui sont portées à la concurrence et non pas l’existence d’un lien juridique entre
les membres d’accord.
Dans ces deux hypothèses, qui, en fait tendent à se confondre dans tous les cas
d’ententes verbales, le résultat est identique : l’accord n’emporte aucun effet
nécessaire et l’entente ne sera vraiment constituée que lorsqu’une action
commune, par exemple, l’échange effectif des barèmes et l’alignement des prix
qui doit en résulter, sera venue le compléter.
68
Mais les autorités saisies ne sont pas tenues par les modes de preuve du droit
civil. L’accord pourra être prouvé par tous moyens, y compris les simples
témoignages et les indice. Dans certains cas il sera prouvé directement, dans
d’autres il sera présumé. 69
Une entente ne peut résulter d’une simple situation de fait, comme par
exemple, la tenue d’une réunion au cours de laquelle a été abordé la question de
prix. De même la simple présence à une réunion de concertation sur le prix, de
personnes ignorant l’objet de cette réunion, ne constitue pas de la part de ces
dernières une manifestation de volonté exprimant leur adhésion à l’entente, dès
lors que ces personnes n’avaient pas appliqué par la suite les prix décidés lors de
cette réunion70.
Les parties à l’entente ne sont pas exclusivement celles qui exercent une
activité dans le secteur où s’est conclue l’entente. Le critère d’incrimination
c’est la participation d’une entreprise à l’entente. Mais en tout état de cause,
cette entreprise ne sera sanctionnée que si son accord de volonté est exempt de
vice.
Les ententes entre entreprises d’un même groupe n’excluent pas à priori
l’application de l’article 6 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence dès
lors que ces entreprises du même groupe possèdent leur volonté propre sur le
plan commercial, financier ou technique. L’opinion selon laquelle ces
entreprises forment une entreprise unique auxquelles il ne peut être reproché de
69
Jean-Bernard BLAISE : « Le statut juridique des ententes économique » LIBRAIRIES TECHNICHE 1964. P :110.
70
NOUR-EDDINE TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » 2006, P :3.
69
s’entendre avec elle mêmes, ne semble pas cohérente avec la logique
économique du droit de la concurrence71.
Dans ce cadre d’entente qui prend la forme d’action concertée, la preuve peut
être apportée par tous les moyens. En pratique, la preuve matérielle peut être
fondée sur un ensemble d’indices graves, précis et concordants.
L’impossibilité de faire entrer les ententes dans le moule d’un acte juridique
particulier et unique conduit dès lors les auteurs, dans leur quasi-totalité, à
opérer une distinction fondamentale et à opposer l’entente proprement dite à la
71
NOUR-EDDINE TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » 2006, P :4.
70
forme qu’elle peut revêtir, contrat simple, association, société, et aux organes
qui peuvent être crées pour la gréer. L’entente économique, notion unitaire, peut
revêtir les formes juridiques les plus diverses. Mais il conviendra d’observer en
outre que, parmi ces formes, il n’en est aucune qui lui soit parfaitement
adaptée72.
Il faut distinguée entre les ententes de type sociétaires ou non sociétaire. Dans
l’entente de type non sociétaire, les membres poursuivent des buts différents ;
corrélativement, leurs obligations n’ont pas des contenus identiques. Ainsi en
est-il lorsque des entreprises concluent des contrats d’exclusivité d’achat ou de
vente. Dans la concession exclusive 73.
Dans l’entente de type sociétaire, au contraire, les parties ont en vue un but qui
leur est commun, ou qui, plus exactement, est le même pour tous. Ce sont ces
ententes que l’on désigne généralement sous le terme de « cartels ». Les formes
économiques de cartels, qui sont multiples, ont fait l’objet en économie politique
de classification désormais classiques 74 .
72
Jean-Bernard BLAISE : « Le statut juridique des ententes économique » LIBRAIRIES TECHNICHE 1964. P :130.
73
Jean-Bernard BLAISE : « Le statut juridique des ententes économique » LIBRAIRIES TECHNICHE 1964. P :131.
74
Baudin, Traité précit, T. I, La concentration, par J. Lajugie, P. 934 ; J. Marchai, Cours précit, T.I, P :897.
71
Dès lors, en cas d’existence d’un contrat dont le contenu est une entente illicite,
le problème de preuve ne se pose pas, car l’écrit prouve l’existence d’un accord
entre les parties. Mais, il est nécessaire de noter que c’est très rare de trouver des
entreprises qui décident de conclure un contrat dans ce sens.
B- L’objet d’accord.
L’entente révélée au moment même où elle s’est nouée et qui n’a pas eu le
temps de produire ses effets négatifs (par exemple, des producteurs sont
convenus de ne pas fournir certains distributeurs dans l’hypothèse où ils
s’adresseraient à eux mais n’ont pas encore eu l’occasion de mettre cette
décision en pratique, des entreprises ont décidé d’appeler au boycott d’un
salon professionnel mais n’ont encore lancé aucun appel en ce sens…)
Les accords qui comportent des clauses ou des modalités restrictives de
concurrence doivent être examinés pour vérifier si ces clauses ne vont pas
au-delà de ce qui est nécessaire à l’objectif de protection légitime visé par
l’accord et si, donc, elles ne sont pas restrictives de concurrence. Tel
serait le cas par exemple d’un accord de distribution conclu entre un
75
Nour-Eddine TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » P : 4
72
producteur et un distributeur qui prévoirait la fixation de prix de vente
communs.
Donc, pour considérer une entente comme anticoncurrentielle, il faut que son
objet soit contre l’intérêt du Marché et de la loi de concurrence, plus que son
effet sur le Marché soit néfaste.
Comme il était déjà indiqué, l’entente peut prendre plusieurs formes, à savoir :
une pratique ou action concertée, une convention expresse ou tacite. Ces formes
sont des ententes illicites lorsqu’elles ont pour objet et pour effet d'empêcher, de
restreindre ou de fausser le jeu de la libre concurrence, et non pas seulement par
le seul fait de conclure un accord entre des entreprises pour la réalisation de
leurs activités.
76
Nour-Eddine TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » P : 6
73
économiques de nature à diminuer le nombre d’interlocuteurs sur le marché ou
lorsqu’il favorise des restrictions de concurrence via ses membres.
Dans tous les cas, il faut déterminer l’objectif de cette entente et son effet, car
on distingue toujours entre les bonnes ententes qui peuvent avoir un effet positif
sur le marché et l’économie du pays, par exemple l’entreprise peut utiliser des
moyens qui s’éloignent de l’entente anticoncurrentielle. Bien souvent, il s’agit
de sociétés qui ont de manière structurelle des excédents de production. La
meilleure solution pour cette société est de dire au conseil de la concurrence :
voilà nous sommes tous en excellente capacité de production, parmi nous il y a
des entreprises qui sont relativement performantes et d’autres qui ne le sont pas.
77
Michel GLAIS : « Les bonne et les mauvaises ententes », Acte du colloque organisé par l’Institut Marocain du
Droit des Entreprises, 2002. P :97.
78
« Les poursuites contre les ententes sans preuve directe d'un accord », OCDE, Synthèses, Août 2007.
74
Il existe plusieurs types de preuves directes qui permettent aux autorités de
déceler l'entente. Il est important de souligner qu'il existe « un principe de
neutralité des formes juridiques des ententes » 79. Au Maroc, Il est essentiel
d’assurer la neutralité concurrentielle, car les entreprises publiques participent à
un certain nombre de secteurs économiques clés et ont souvent peu de
restrictions quant à la portée de leurs activités. Récemment, les mesures qui ont
permis de rendre opérationnel le Conseil de la concurrence 80.
Pour que soit identifiée une position dominante, il faut définir une part
substantielle du marché en fonction du marché des produits ou services
concernés et en fonction du marché géographique. Il convient de rappeler que la
79
A. GUILLOTIN, « La preuve et la forme des ententes », La Semaine Juridique Entreprise et Affaires, n°6, 9
Février 2012.
80
Diagnostic du Secteur Privé : « CRÉER DES MARCHÉS AU MAROC ». OCTOBRE 2019. P : 8.
81
Sanae EL HAJOUI : « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » 2016, P : 178.
82
CJCE, 13 février 1979, affaire des Vitamines n° 38, CJCE, 14 février 1978 United Brands 27/79 Rec 207.
75
constitution d’une position dominante (A) n’est pas en soi entachée d’illicéité.
C’est l’abus de domination (B) qui est sanctionné 83.
Pour prouver la position dominante, il faut dans un premier temps, que les
autorités de concurrence démontrent que l'entreprise est en situation de
domination sur un marché, en délimitant ce marché.
Dans un deuxième temps, les autorités doivent démontrer une domination sur
le marché. L'approche traditionnelle de la position dominante a été définie dans
l'arrêt « Continental CAN », comme « un comportement indépendant qui les
mettait en mesure d’agir sans tenir notablement compte des concurrents » 85.
83
Sanae EL HAJOUI : « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » 2016, P : 178.
84
« Une situation de puissance économique détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire
obstacle au maintien d'une concurrence effective sur le marché en cause en lui fournissant la possibilité de
comportements indépendants dans une mesure appréciable vis-à-vis de ses concurrents, de ses clients et
finalement des consommateurs ». CJCE, 13 février 1979, Hoffman Laroche, aff. 85/76.
85
CJCE, 21 février 1973, Continental Can, aff. 6-72.
76
Il est en tous cas indispensable, pour établir l’existence d’une position
dominante, de déterminer le marché en cause. La définition de ce marché
constitue en matière de position dominante, un point de passage obligé du
raisonnement. Il faut donc en préciser les trois composantes : le produit ou le
service constituant le marché, le type de clientèle qui caractérise la demande et
la dimension géographique. Le cas de position dominante le plus caractérisé est
la position de monopole 86.
86
NOUR-EDDINE TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » 2006, P :24.
77
être déclarées en position dominante ou non selon leur environnement
concurrentiel.
87
NOUR-EDDINE TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » 2006, P : 25.
88
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P :24.
89
D.MAINGUY, J-L. RESPAUD, M. DEPINCE, « Droit de la concurrence », Litec, LexisNexis, p.286
78
remplissage et des cartons est conforme aux usages commerciaux. En outre et en
toute hypothèse, à supposer même qu’un tel usage soit établi, il ne suffirait pas à
justifier le recours au système de vente liée par une entreprise en position
dominante. Un usage même acceptable en situation normale, sur un marché
concurrentiel, ne saurait être admis dans le cas d’un marché où la concurrence
est déjà restreinte. »90. A cet égard, la Cour de Justice a notamment jugé que,
pour « une entreprise occupant une position dominante, le fait de lier
directement ou indirectement ses clients par une obligation d’approvisionnement
exclusif constitue un abus dans la mesure où elle prive le client du choix de ses
sources d’approvisionnement et barre l’accès du marché aux autres producteurs
»91.
Dans les cas des pratiques des ventes liées, la position dominante peut être
analyser comme une mise à profit pour éliminer le concurrent et simplifier la
structure de marché. Et pour l’élimination du concurrent sur un marché,
l’entreprise en position dominante peut faire recours à la pratique « des prix
abusivement bas » qui consiste à baisser les prix sur un marché donné, sans se
soucier des pertes réalisées dans le seul but de contraindre le concurrent à quitter
le marché.
« Des prix inférieurs à la moyenne des coûts variables (c’est à-dire de ceux qui
varient en fonction des quantités produites) par lesquels une entreprise
dominante cherche à éliminer un concurrent doivent être considérés comme
abusifs. Une entreprise dominante n' a, en effet, aucun intérêt à pratiquer de tels
prix, si ce n' est celui d' éliminer ses concurrents pour pouvoir, ensuite, relever
ses prix en tirant profit de sa situation monopolistique, puisque chaque vente
entraîne pour elle une perte, à savoir la totalité des coûts fixés ( c' est-à-dire de
ceux qui restent constants quelles que soient les quantités produites ), et une
90
TPICE, 6 octobre 1994, TETRA PAK, aff. T-83/91, point 137.
91
CJCE, 13 février 1979, Hoffman Laroche, aff. 85/7, points 89 et 90 - CJCE, 3 juillet 1991, Akzo, aff. C62/86,
point 149.
79
partie, au moins, des coûts variables afférents à l' unité produite ». 92C'est donc à
partir de cet arrêt que la notion de prix prédateurs fait son apparition en droit
communautaire. La Cour de Justice de poursuivre que « par ailleurs, des prix
inférieurs à la moyenne des coûts totaux, qui comprennent les coûts fixes et les
coûts variables, mais supérieurs à la moyenne des coûts variables doivent être
considérés comme abusifs lorsqu' ils sont fixés dans le cadre d’un plan ayant
pour but d’éliminer un concurrent. Ces prix peuvent, en effet, écarter du marché
des entreprises, qui sont peut-être aussi efficaces que l’entreprise dominante
mais qui, en raison de leur capacité financière moindre, sont incapables de
résister à la concurrence qui leur est faite. »93. La Cour de Justice nous décrit
donc une situation objective, basée sur une analyse comptable. La Cour de
Justice qualifie « d'abusive » une situation économique objective. On peut donc
en déduire qu'il n'y a pas besoin de preuves complémentaires.
92
CJCE, 3 juillet 1991, Akzo, aff. C-62/86, point 71.
93
CJCE, 3 juillet 1991, Akzo, aff. C-62/86, point 72.
80
vente discriminatoires ou la rupture des relations commerciales au motif que le
partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées,
imposition de prix de revente, prix prédateur…). Cette liste n’est pas limitative.
81
En outre, l’infraction d’abus de position dominante ne peut être constituée que
s’il y a un lien de causalité entre le pouvoir de domination de l’entreprise et
l’abus qui lui est imputé. En d’autres termes, l’exploitation abusive soit être
réalisée par l’utilisation de la position dominante.
94
NOUR-EDDINE TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la concurrence » 2006, P : 28.
95
M-A. FRISON-ROCHE, « A propos du règlement communautaire sur l’application des articles 81 et 82 du
Traité : variations sur les lois de modernisation », in La modernisation du droit de la concurrence, L.G.D.J.p.31.
96
CJCE, 3 juillet 1991, Akzo, aff. C-62/86Z
97
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P :26.
82
D’après l'Autorité de la concurrence française, l'application du test coût fait
présumer « l'intention prédatrice ». « Le test apporte donc, dans la ligne de
l'arrêt AKZO ; la présomption que l'entreprise dominante a fait ce sacrifice en
vue d'évincer le ou les concurrents qu'elle cherchait à éliminer » 98. Cela implique
que les entreprises puissent apporter la preuve contraire « qu'il lui est en tout état
de cause, impossible de récupérer les pertes engendrées par la pratique des prix,
pour des raisons qu'elle doit expliquer »99.
98
Cons.conc, 14 mars 2007, déc. n°07-D-09.
99
Cons.conc, 14 mars 2007, déc. n°07-D-09, point 178
100
Sanae EL HAJOUI : « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » 2016, P 191.
101
D.MAINGUY, J-L. RESPAUD, M. DEPINCE, « Droit de la concurrence », Litec, LexisNexis, p.21.
83
règles du droit de la concurrence doit donc venir suivre la politique
concurrentielle menée par les autorités de la concurrence102.
102
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P : 31.
84
fallait mettre en place un contentieux subjectif en faveur des différents acteurs
du marché économique, et ce en plus du droit objectif assuré par les autorités
publiques de la concurrence. Ce changement apparaît comme une source de la
mutation du contentieux concurrentiel.103
A- L’établissement de la faute
103
Benjamine LEHAIRE « L’action privée en droit des pratiques anti-concurrentielles : Pour un recours effectifn
des entreprises et des consommateurs en droit canadien et français », thèse en cotutelle, Doctorat en Droit
104
Arrêt non publier
85
constituant une concurrence déloyale … », D’autre part, la loi 104-12, évoque
les principales pratiques anticoncurrentielles, que l’on va placer sous l’égide de
la « concurrence déloyale ».
Ces faits de concurrence déloyale ne donnent lieu qu’à une action civile en
cessation des actes qui la constituent et en dommages intérêts.
La loi marocaine ouvre la voie judiciaire à toute personne ayant constaté des
agissements pouvant se rapporter à une concurrence déloyale, cette action en
concurrence déloyale, qui doit être portée devant le tribunal de commerce, est
une action en responsabilité civile, nécessitant une faute, un dommage et un lien
de causalité entre les deux.
Le demandeur doit prouver l’existence d’une faute qu’on peut définir comme
tout acte contraire aux usages du commerce, traduisant un excès dans
l’utilisation de la liberté du commerce et de l’industrie. De plus, la simple
usurpation est fautive ainsi que la confusion ou sa simple recherche.
105
La cour de cassation Arrêt n° 588 du 12-04-2000 Dossier commercial n° 3225/94
86
Cour a ainsi appliqué en bon droit les dispositions dudit article, et son arrêt est
suffisamment motivé. ».
Concernant les ententes tacites, les informations sont tellement bien gardées et
secrètes qu'il est impossible pour un consommateur de réunir les preuves
suffisantes à l'établissement de la pratique anti-concurrentielle. D’autant plus
que si les preuves de la pratique ne se situent pas à proximité et que l'entente a
lieu sur un autre territoire que le sien.107
Certes, la loi 104-12 ne prévoie pas des dispositions relatives à l’action privée à
vocation réparatrice des dommages causés par des infractions au droit de la
concurrence. En l’absence de dispositions spécifiques, il nous semble que
l’octroi de dommages et intérêts s’effectuera, pour l’essentiel, dans le respect
des règles classiques du droit de la responsabilité civile.
Afin de veiller à l’émergence d’une action privée plus efficace, il est nécessaire
de surmonter les obstacles d’ordre institutionnel et notamment reconnaitre
106
M. Driss Alami Machichi : « Concurrence : Droits et Obligations des Entreprises au Maroc ».
107
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P : 34.
87
l’autorité de chose décidée aux décisions du Conseil de la concurrence à l’égard
des juges. 108
Cette préférence procédurale s'explique par des raisons simples. Tout d'abord,
d'un point de vue matériel, les compétences d'experts et les outils
d'investigations dont disposent l'autorité spécialisée sont beaucoup plus
importants et performants. Le recours à l'expertise économique aura des coûts
que l'entreprise victime n'aura pas à supporter. 110
110
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P : 35.
111
L.IDOT, « la plainte en droit de la concurrence : opposition ou convergences des systèmes français et
communautaire ? in Mélanges dédiés à L. BOYER, Presses de L'Université des sciences sociales de Toulouse,
p.257.
88
la décision pour faire reconnaître la faute civile devant le juge de droit commun.
« La faute étant établie, les discussions ne porteront plus que sur l'évaluation du
préjudice »112.
Cependant, bien que facilitant indéniablement la preuve d'une faute par les
victimes devant le juge civil, il ne faut pas surestimer cette pratique qui recèle
un désavantage majeur, « le principe de l'opportunité des poursuites » 113. Les
victimes ne sont donc jamais dans la certitude d'obtenir une décision préalable
de la Commission européenne, sachant que la Commission s'oriente aussi vers
des procédures négociées ne reconnaissant pas la faute en tant que telle.
112
L. IDOT, « la plainte en droit de la concurrence : opposition ou convergences des systèmes français et
communautaire ? in Mélanges dédiés à L. BOYER, Presses de L'Université des sciences sociales de Toulouse,
p.257.
113
CJCE, 18 octobre 1979, Gema, aff. 125/78, point 17.
114
Cass. Com., 15 octobre 1996, Sté pompes funèbres générales c/ Sté d'explotation des marbreries
Lescarelles.
115
N. DORANDEU, « le dommage concurrentiel »,Presse universitaire de Perpignan, Collection Etudes, 2000,
p.7.
89
fautives. « D'autant que le dommage « licite » et le préjudice concurrentiel varie
suivant le temps et le lieu de l'observation »116.
L'établissement du dommage est une des plus grandes difficultés que doit
affronter le demandeur dans une action civile. La preuve du préjudice se révèle
encore plus délicate voir « rigide »117.
121
M.NUSSENBAUM, « les difficultés de l'expertise en matière de pratiques anti-concurrentielles » in les
sanctions judiciaires des pratiques anti-concurrentielles, LPA, 20 janvier 2005, n°14, p.37.
122
CJCE, 20 septembre 2001, Courage, aff. C-453/99, point 31.
123
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P : 40.
91
sur le régime probatoire, qui fait figure aujourd'hui d'obstacle majeur dans
l'action civile en réparation des dommages concurrentiels. Ainsi, la Commission
européenne a proposé des réformes qui vont dans le sens d'une réelle facilitation
de l'administration de la preuve. Seulement, ils persistent de fortes limites,
bénéficient aux entreprises en infraction aux règles de concurrence (B)
Les ententes illicites, sont des accords secrets dont les preuves sont bien
gardées par les entreprises en infraction ou par des tiers et dont les victimes ne
peuvent pas accéder facilement à ces preuves. Ces victimes se trouvent dans une
« inégalité structurelle d'informations inhérentes au caractère par nature secret
des ententes et abus de position dominante 124. ». Et cela malgré l’existence
d'outils devant faciliter l'action civile et les mécanismes de pression sont absents
ou peu utilisés.
Ainsi que le juge civil dispose d'un certain nombre « d'outils juridiques » qui
permettent de faciliter l'action civile en matière de réparation des dommages
concurrentiels.
Dans le cas des ententes illicites, le juge peut juger que les pièces produites
étaient floues. On voit donc que les mécanismes existent mais que les lacunes et
124
M.DUMARCAY, « La situation de l'entreprise victime dans les procédures de sanction des pratiques
anticoncurrentielles », Bibliothèque de Droit de l'entreprise, Litec, juillet 2010, p.463.
92
les difficultés à l'obtention des preuves pourraient être surmontées par « une
mise en état active des affaires civiles qui fait souvent défaut » 125.
Alors, établir la preuve reste très possible, mais on peut toujours constater qu'il
y a une véritable insuffisance dans l'administration judiciaire de la preuve.
En Europe, Dans son livre blanc 128, la réforme principale qu'entend engager la
commission européenne repose sur les questions de l'accès à la preuve et sur la
facilitation de l'administration de la preuve par les victimes. Puisqu'elle n'a pas
tenu à réduire le standard de preuve à la charge du demandeur, la commission
125
M.DUPUIS-TOUBOL, « Action civile en matière de pratiques anti-concurrentielles : éléments de
problématique, Site de la Cour de Cassation, Colloques et activités de formation > 2005 :
http://www.courdecassation.fr/colloques_activites_formation_4/2005_2033/intervention_me_dupuis_toubol
_ 8020.html.
126
J.RIFFAULT-SILK, « Les actions privées en droit de la concurrence : obstacles de procédure et de fond »,
Revue Lamy Concurrence, 2006, n°6, p.84.
127
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P : 44.
128
Communication Comm. CE, Livre blanc sur les actions en dommages et intérêts pour infraction aux règles
communautaires sur les ententes et les abus de position dominante, 2 avril 2008, COM (2008) 165 final, p. 3 ;
pt. 1.2
93
européenne souhaite donc mettre en place « un accès raisonné mais efficace aux
preuves ».129 Elle propose donc des innovations, non négligeable.
Dans la mesure où, les données collectées par le demandeur devront permettre
de croire qu'il existe « des raisons plausibles de croire qu'il a subi un préjudice
»131. Cela permettra d'éviter les demandes infondées. Le juge exerce toujours un
pouvoir discrétionnaire sur la nécessité d'ordonner la production de documents
par la partie défenderesse. Le demandeur devra ensuite démontrer que «
l'injonction est la seule voie envisageable pour requérir toutes les preuves
suffisantes »132. C'est la mise en œuvre « d'un principe de subsidiarité » 133.Il ne
129
E. BARBIER DE LA SERRE, « Accès aux preuves : étendue des pouvoirs du juge, pouvoirs et devoirs des
parties, étendue du droit à la divulgation », Revue Lamy Concurrence, 2009, n°18, p.115.
130
Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles ». 2013. P :45.
131
Livre blanc, points 100 à 102
132
Livre blanc, points 103 et 104
133
E. BARBIER DE LA SERRE, « Accès aux preuves : étendue des pouvoirs du juge, pouvoirs et devoirs des
parties, étendue du droit à la divulgation », Revue Lamy Concurrence, 2009, n°18, p.115.
94
pourra s'agir « de catégories de preuves suffisamment précises » 134. La mesure
de divulgation fera l'objet « d'un contrôle de proportionnalité par lequel le juge
vérifiera la pertinence de la mesure demandée »135. « Tout type de documents
pourra être demandé, tant les preuves documentaires que les preuves par témoin
»136. Des restrictions pourront être avancées par le défendeur en invoquant un
motif légitime tenant à la confidentialité des informations.
134
Livre blanc point 2.2., point 105-106.
135
Ibidem point 2.2. ) ^ )^èe 107-109.
136
Ibidem point 2.2. Points 110-111.
137
« Le droit de la preuve devant le juge civil et l'attractivité économique du droit français », Ministère de la
Justice, service des Affaires européennes et internationales, 19 octobre 2005.
95
réparation doit être effective.138 D'autre part, cette proposition crée un dualisme
dans le standard de preuve entre les autorités de concurrence et le juge national
de droit commun. En effet, les victimes qui intenteront une action en réparation
devront en plus de prouver la faute, démontrer la connaissance du fait que le
comportement serait anticoncurrentiel.
138
CJCE, 13 juillet 2006, Manfredi, aff. C-295/04 à C-298/04, point 100.
139
Cons. Conc., Avis du 21 septembre 2006 relatif à l'introduction de l'action de groupe en matière de
pratiques anti-concurrentielles, point.55.
140
C. Grynfogel relève qu’elles sont “rentrées dans les mœurs”, Sanctions du droit communautaire de la
concurrence, Juris-Classeur, Comm. fasc. 287, nos 34 et s.
96
Section 1 : La négociation dans le cadre des ententes illicites.
En effet cette opportunité s’offre pour les contrevenants dans deux cas de
figure : la clémence (A) et les engagements volontaires (B).
A- La Clémence.
La plupart des autorités de la concurrence ont adopté cette procédure, qui selon
les modèles, offrent l’immunité totale ou une réduction des amendes qui, sinon
auraient été infligées au participant à une entente illicite, en échange de la
divulgation librement consentie, avant ou pendant la phase d’enquête,
d’éléments de preuves relatifs à l’entente présumée répondant à des critères
précis141.
141
Programme modèle du REC en matière de clémence, note de bas de page1, consultable sur le site internet
http://ec.europa.eu/competition/ecn/model_leniency_fr.pdf. Une quarantaine de pays dispose de
programmes de clémence répartis sur quatre continents.
97
Il s’agit plus précisément, d’une rémunération d’une entreprise (ou d’une
personne physique) avouant sa participation à un cartel avant ou pendant une
investigation142.
La clémence connait un réel succès dans la plupart des systèmes dans lesquels
elle est introduite, Une question qui se pose notamment à savoir :
Notre sujet est spécialement sur les ententes illicites qui sont les pratiques les
plus graves parmi toutes les pratiques anticoncurrentielles. Cette procédure
s’applique pour toute pratique illicite et contre la concurrence mais s’adapte
exclusivement aux ententes où elle y trouve son assiette.
142
A. VIAFLONT, « Engagements et clémence en droit de la concurrence », 2008, p. 1, consultable sur le site
Internet www.ssrn.com.
98
Dans sa décision du 21 février 2007 dans l’affaire des ententes sur les
ascenseurs et les escaliers mécaniques 143, la Commission européenne à relever
qu’il était manifeste que les sociétés savaient que leurs comportements étaient
illicites et qu’elles prenaient soin d’éviter d’être découvertes. Leurs
représentants se rencontraient habituellement dans des bars et des restaurants, se
rendaient à la campagne ou même à l’étranger et utilisaient des cartes de
téléphone prépayés afin d’éviter une identification des appels
Il faut rappeler qu’il existe une grande difficulté pour apporter la preuve des
ententes illicites, pour cette raison les autorités de concurrence ont procéder à
cette procédure pour faciliter le fait de prouver l’existence d’une entente entre
des entreprises.
Selon, la loi marocaine qui s’inspire du droit européen, une entreprise qui
participe à une entente avec ses concurrents, peut échapper à la sanction en
dénonçant cette infraction au Conseil de la concurrence et en lui fournissant des
éléments de preuve.
144
AL 1 et 2 de la loi 104-12.
145
Les conditions 2, 3, 4, et 5 ont été mentionnées par :
- Nour-Eddine Toujgani : « Les procédures négociées en droit de la concurrence op. cit, P :80.
146
La première affaire de clémence de l’autorité de la concurrence française : le cartel des portes appelé « club
des cinq », qui a été rendue publique le 11 avril 2006. Appliquant pour la première fois la clémence, la société
dénonciatrice « France Portes » filiale du groupe américain Jeld Wen a été exonérée de la sanction pécuniaire.
100
Son rang d'arrivée est attesté par le marqueur, établi dès le début de la
procédure, tout le système reposant sur l'incitation des entreprises à agir vite
pour dénoncer l'entente à laquelle elles participent. Deux types d'immunité
peuvent être délivrées, selon que l'Autorité de la concurrence dispose déjà (type
1 B) ou pas (type 1 A) d'informations ou de preuves lui permettant de déclencher
une enquête.
Du fait du rôle qu'elle a joué dans l'entente, cette société encourait une sanction de 1,25 million d’euros,
néanmoins , une immunité totale lui est accordée compte tenu des éléments probants apportés par celle-ci
"contribuant à établir la réalité de deux cartels (un cartel sur les portes planes et isoplanes et un cartel sur les
portes laquées) et à en identifier les auteurs", elle a ainsi " fait preuve d'une coopération totale avec les
autorités de concurrence à tous les stades de la procédure" et "elle a cessé de mettre en œuvre les pratiques
d'entente à compter de l'ouverture de la procédure et elle n'a pas prévenu les autres membres des cartels
dénoncés". Selon le communiqué du conseil, a consulté sur :
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/11-avril-2006-secteurde-la-fabrication-
de-portes ;
101
B- Les Engagements volontaires.
Cette deuxième procédure n’est pas fameuse telle que la précédente. Elle a pour
objectif de mettre fin aux entreprises qui violent les règles de la concurrence. La
notion « engagement » désigne l’obligation souscrite auprès d’une autorité 147.
En cas d’accord entre des entreprises, cette procédure les mène à s’engager à
cesser le dommage causé à l’économie, et dans la mesure du possible rétablir la
situation de la concurrence telle qu’elle prévalait ex-ante.
147
S. PIETRINI. « Le recours à la négociation en droit de la concurrence : l’exemple des programmes de
clémence » Revue Lamy de la concurrence, 2009, n°21, p. 153.
148
C’est la Loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de Modernisation de l'Economie.
102
En droit communautaire, la jurisprudence a confirmé que « la particularité de la
procédure tenait à la dispense pour la commission de démontrer formellement la
réalité de la pratique 149.
Ensuite cette évaluation sera envoyée à l’entreprise concernée, dès lors cette
dernière pourra accéder à tout ce qui constitue le dossier, pour qu’elle puisse
faire sa proposition d’engagements, au sens où elle est en mesure d’apporter -à
travers ses engagements- une réponse aux préoccupations de concurrence
identifiées dans l’évaluation préliminaire.
149
TPICE, 11 juillet 2007, aff. T-170/06, Alrosa c/ Commission, pts 87 et 100 ; S. Grandvuillemin, « La procédure
d’engagements : états des lieux après le communiqué de procédure du 2 mars 2009 », JCP ( E ), 2009, n°22, p.
1542.
103
Le rapporteur général doit publier un résumé de l’affaire sur le site électronique
et sur un journal d’annonces juridiques afin de permettre aux tiers concernés
d’apporter leurs observations dans un délai qui ne peut pas être inférieur à un
mois à compter de sa publication.
Pour les organismes qui n’ont pas d’activité déclinant un chiffre d’affaires
l’astreinte est fixée dans la limite de cinq mille (5000) dirhams par jour de
retard152.
150
Article 39 de la loi 104-12.
151
Al 4 de l’article 40 de la loi 104-12.
152
Al 5 de l’article 40 de la loi 104-12.
104
§2 : Les procédures négociées pouvant aboutir à une exonération
partielle.
Et selon le cas, l’entreprise peut soit ne pas contester les griefs ou les faits
retenus à son encontre, soit d’avouer sa responsabilité.
La procédure de non-contestation des griefs, est une procédure française qui est
née au Maroc, également avec la loi 104-12 afin de permettre d’accélérer
l’instruction des dossiers et faciliter au conseil l’obtention de la preuve dans le
monde des pratiques anticoncurrentielles dont la plus dangereuse est l’entente
illicite.
153
Autorité, communiqué de procédure du 2 mars 2009 relatif au programme de clémence français, § 9.
105
particulièrement adaptés aux pratiques susceptibles d’être qualifiées d’abus de
position dominante ou de restrictions verticales 154.
C’est la loi NRE155, qui a mis en place cette procédure, figurant après
codification dans l’article L.464-2 III du code de commerce français. Au Maroc
c’est l’article 37 de la loi 104-12 qui mis en place cette procédure.
Le rapporteur général n’est pas tenu de donner une suite favorable à cette
demande puis qu’il en détient le pouvoir d’appréciation de plein droit. Et c’est le
154
F. Zivy, op. cit., § 29, p. 5. V. également le communiqué de procédure de l’Autorité du 2 mars 2009 relatif
aux engagements, § 12.
155
C’est la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques, publiée au Journal Officiel le 15 mai 2001, et appelée
plus communément, la loi NRE, elle a pour objectif de réduire les effets néfastes des dysfonctionnements
internes et de la mondialisation. Fondée sur une exigence de transparence de l'information, cette loi instaure
que les sociétés françaises cotées doivent présenter, dans le rapport de gestion annuel, parallèlement à leurs
informations comptables et financières des données sur les conséquences environnementales et sociales de
leurs activités. La loi NRE, est entrée en vigueur par un décret en date du 20 février 2002 et s’applique depuis le
1er janvier 2003 pour les exercices ouverts à partir du 1er janvier 2002.
106
rapporteur général qui décide s’il peut nouer des discussions avec les parties
concernées. Et tout de même il reste libre d’y mettre fin à tout moment.
Lorsqu’un organisme ou une entreprise ne conteste pas la réalité des griefs qui
lui sont notifiés, le rapporteur général peut proposer au conseil de la
concurrence, qui entend les parties et le commissaire du gouvernement sans
établissement préalable d’un rapport, de prononcer une sanction pécuniaire en
tenant compte de l’absence de contestation. Dans ce cas, le montant maximum
de la sanction encourue est réduit de moitié 156.
B- La Transaction
156
Article 37 al.1 da la loi 104-12.
157
Article 37 al.2 de la loi 104-12.
107
La transaction envisagée par la commission européenne remonte à la
publication d’un projet de communication y afférent en vue de l’adoption de
décisions en vertu des articles 7 et 27 du règlement n°1/2003 158 du conseil dans
les affaires d’entente. Il faut noter que la procédure de transaction est inspirée de
la non-contestation des griefs.
Dès lors, la procédure prend la forme écrite et elle n’a d’intérêt que si toutes les
parties acceptent de négocier et/ou transiger.
158
Règlement (CE) n° 1 /2003 du conseil du 16 décembre 2002 relatif à la mise en œuvre des règles de
concurrence prévues aux articles 81 et 82 du traité. JOUE L1 du 4 janvier 2003.
159
Règlement CE n° 622/2008 de la commission du 30 juin 2008 modifiant le règlement CE n° 733/2004 en ce
qui concerne les procédures de transaction engagées dans les affaires d’ententes, JOUE L173/3 du 1er juillet
2008
160
Communication de la commission du 2 juillet 2008 relative aux procédures de transaction engagées en vue
de l’adoption de décisions en vertu des articles 7 et 23 du règlement CE n° 1/2003 du conseil dans les affaires
d’ententes, JOUE C 167/1 du 2 juillet 2008.
108
soit par une réduction du montant de l’amende encourue ou par une exonération
totale de celle-ci.
Mais dans l’absence des textes clairs dans ce sens et une pratique de la part du
conseil de la concurrence, on va parler de cette procédure dans le cadre
communautaire et cela pour la simple raison que cette procédure concerne
spécialement les ententes illicites qui sont le thème de notre sujet.
110
procédures selon les circonstances (§1), et notamment la question soulevée dans
ce cadre à savoir l’existence d’une possibilité de cumuler entre ces procédures
(§2).
On peut donc citer des cas qui sont les plus souvent à orienter les entreprises
vers cette procédure, notamment celui d’une société prenant le contrôle d’une
autre dont elle découvre qu’elle a participé à un cartel, donc le fait de dénoncer
ne peut être que bénéfique pour elle en vue de l’arrêt des comportements
déviants et l’immunité d’amende.
162
Anne KRENZER, « Articulation avec une transaction ou une demande de non-contestation des griefs », in
comment gérer une demande de clémence, Concurrence N°3-2012 /Pratiques, p. 264.
111
On a aussi le cas où l’entreprise dénonciatrice estime qu’elle a un grand intérêt
à briser la concertation qui prend du recul qu’à y rester. Également, le cas de
l’influence des circonstances extérieures 163.
Le choix d’être l’entreprise dénonciatrice n’est pas facile, cette entreprise est
face à un risque réel, car elle peut se trouver devant une procédure qui finira
sans doute à se voir infliger à des amendes d’ampleur. Donc c’est une question
de poser les avantages et les désavantages, et à comparer les divers types de
risques à l’avantage que représente l’immunité totale.
Les risques dont il est question varient selon la probabilité de se faire prendre
en vue de la découverte des pratiques prohibées, la majoration d’amende
encourue et les représailles des autres membres du cartel et cela dans le cas où ce
dernière comporte des acteurs de marché situés à des stades différents du
processus économique, notamment des distributeurs dont l’un d’entre eux et à la
fois distributeur et producteur164.
163
A titre d’exemples : les menaces directes faites par un salarié licencié.
164
Commission européenne, communiqué de presse IP/10/776 du 22 juin 2010, « Antitrust : Commission Sends
Statement of Objections to Suspects Participants in Window Mounting Cartel ».
112
constater l’odore chronologique dans lequel les entreprises dénonciatrices se
sont présentées.
Le principe ici est : « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès »,
ce qui veut dire qu’une procédure à l’amiable est nécessaire pour éviter la
possibilité d’intervention ultérieure du juge.
Il faut savoir que les engagements dont il est question sont proportionnés aux
déviations anticoncurrentielles en prenant en considération la modestie de ces
165
J. B. Drummen, « Les modes alternatifs de règlement des conflits en droit de la concurrence », JCP €, 2009,
n° 18/19, p.27.
113
dernières en termes de gravité. Mais une telle proportionnalité s’avère difficile à
cerner ou à mesurer, ce qui manifeste une certaine perplexité lors de la
négociation avec l’autorité dotée du pouvoir de sanction.
Ce qui produit des sacrifices pour l’entreprise qui a décidé de s’engager dans
cette procédure car elle ne dispose pas de tous les éléments qu’après l’évaluation
préliminaire. Dans cette phase toutes les parties ont accès au dossier.
Il existe aussi un risque qui concerne le refus des négociations proposées, car
ces derniers passent par plusieurs étapes avant l’approbation.
On peut mettre l’accent sur les avantages aussi, premièrement, cette procédure
permet de diminuer le risque d’être sanctionnée à la réparation du préjudice, ou
à des dommages-intérêts dans d’éventuelles actions indemnitaires futures. Elle
permet aussi à l’entreprise d’ajuster son comportement selon ses propres
appréciassions. Et de plus, se concentrer sur le futur au détriment du passé.
114
Il existe déjà une règle qui laisse l’idée de réunir la procédure de clémence et
une autre procédure d’engagement hors le jeu d’articulation.
A cet égard on ne peut pas comparer l’apport effectué par les demandeurs de
clémence pour arriver à la constatation et/ou la confirmation de l’infraction par
rapport à une simple renonciation à contester les griefs où tout l’effort est déjà
établit à bien par l’autorité de concurrence. Or on peut évoquer la possibilité du
cumul des réductions d’amende en rassemblant les deux procédures dès lors que
l’autorité estime qu’elle permet de simplifier et accélérer l’instruction 166.
Ainsi on ne doit pas oublier que, la non-contestation des griefs ne peut être
prise en complément de la clémence que dans certains cas exceptionnels et selon
l’appréciation du rapporteur général, il ne s’agit guère d’un droit pour les
entreprises, mais d’une discrétion du rapporteur général propre à des situations
particulières, notamment celle d’un champ des griefs significativement différent
de l’infraction révélée par le demandeur de clémence 167.
166
Toufik MOKEDDEM : THESE Pour l’obtention du diplôme de Doctorat en Sciences En Droit Privé : « LES
PROCEDURES NEGOCIEES EN DROIT DE LA CONCURRENCE ETUDE COMPARATIVE ». P : 76.
167
Anne KRENZER, « Articulation avec une transaction ou une demande de non-contestation des griefs », in
comment gérer une demande de clémence, Concurrence N°3-2012 /Pratiques, p. 265.
115
Conclusion
On nous enseigne que de tels travaux nécessitent une conclusion, le travail
touche à sa fin et il est impératif de conclure. Les questions sont-elles toutes
abordées ?
Un essai ne peut tout renfermer, et si sera une étude qui touche un sujet
qui pose plusieurs problèmes.
Cette entente illicite pose des difficultés quant à sa preuve, malgré l’essai du
législateur marocain d’instaurer une loi qui permet de détecter l’existence d’une
entente illicite par son effet sur le marché.
Car il est important que le conseil de la concurrence soit doté des moyens
efficaces pour renforcer les techniques qui détectent les ententes dans le marché
et il devrait disposer de suffisamment de rapporteur et d’enquêteurs pour faire
face d’une manière efficace à ces ententes.
Malgré les progrès constatés au niveau de la loi 104-12, un autre défi qui reste
à soulever à savoir :
116
Quelles sont aujourd’hui les conditions qui doivent être réunies pour
que la sécurité juridique des opérateurs économiques soit garantie ?
Au final, il sera très utile que la loi sur la concurrence et l’autorité compétente
en la matière répondent aux plusieurs questions qui répondent aux garanties de
la sécurité juridiques des opérateurs économiques. Il s’agit d’un débat qui mérite
d’être ouvert.
117
Bibliographie
Les ouvrages :
- Emmanuel Combe : « économie et politique de la concurrence ». Dalloz.
2005.
- Jean-Bernard BLAISE : « Le statut juridique des ententes économique »
LIBRAIRIES TECHNICHE 1964.
- Linda Arcelin : « Droit de la concurrence ; les pratiques
anticoncurrentielles en droit interne et communautaire ». Pu De
Rennes - Didact Droit. 8 Octobre 2009
- Mathilde Cayot, Malo Depincé, Daniel Mainguy : « Droit de la
concurrence ». LexisNexis. 2019.
- Marie-Chantal Boutard-Labarde, Guy Canivet, Emmanuelle
Claudel, Jérémie Vialens : « L’application en France du droit des
pratiques anticoncurrentielles. L.G.D.J. 2008.
- M. Driss Alami Machichi : « Concurrence : Droits et Obligations des
Entreprises au Maroc ». L’Economiste.
- NOUR-EDDINE TOUJGANI : « Guide pratique du droit de la
concurrence » 2006,
- Richard Whish and David Bailey : « Competition Law ». Oxford, 8e
édition, 2015.
118
THESE ET MEMOIRES :
- AZEROUAL Badallah BOUDIZE walid : "DROIT DES
CONTENTIEUX ». Master droit des contentieux, faculté Mohamed V
Rabat. 2014.
- Benjamin Lehaire : « L’action privée en droit des pratiques
anticoncurrentielles : pour un recours effectif des entreprises et des
consommateurs en droits français et canadien ». Thèse de doctorat
en Droit. L’Université Laval (Québec, Canada). Le 11-10-2014.
- Emmanuelle CLAUDEL : « ENTENTES ANTICONCURRENTIELLES
ET DROIT DES CONTRATS ». Thèse pour le doctorat en Droit.
UNIVERSITE DE PARIS X-NANTERRE U.F.R. de SCIENCES
JURIDIQUES, ADMINISTRATIVES et POLITIQUES. 1994.
-
- Hugo Doray : « La preuve dans les pratiques anti-concurrentielles »,
Mémoire dans le cadre du Master II Recherche mention Droit
communautaire et européen. UNIVERSITE MONTESQUIEU-
BORDEAUX IV Faculté de droit, sciences sociales et politiques, sciences
économiques et de gestion. 2012-2013.
- Marie Dumarçay : « La situation de l'entreprise victime dans les
procédures de sanction des pratiques anticoncurrentielles ». LexisNexis.
2010.
- Nicolas Dorandeu : « LE DOMMAGE CONCURRENTIEL ». Presses
universitaires de Perpignan. 2000.
- Toufik MOKEDDEM : THESE Pour l’obtention du diplôme de Doctorat
en Sciences En Droit Privé : « LES PROCEDURES NEGOCIEES EN
DROIT DE LA CONCURRENCE ETUDE COMPARATIVE ».
Université d’Oran 2 Faculté de Droit et des Sciences Politiques. 2016-
2017.
119
Rapport et colloques :
120
Articles et revues.
121
Jurisprudence
Webographie :
- Dalloz.fr
- Mémoireonline.com.
- Thèses.fr.
- Oecd.org.
- Village-justice.com
- Conseil-concurrence.ma.
123
Table des Matières
Introduction…………………………………………………………………….9
§2 : Le conseil de concurrence……………………………………………..46
A- L’existence d’accord………………………………………………………………...67
B- L’objet d’accord……………………………………………………………………..72
A- L’établissement de la faute………………………………………………………….85
B- L’établissement du préjudice et du lien de causalité……………………………...89
A- La Clémence…………………………………………………………………………97
B- Les Engagements volontaires……………………………………………………...102
125
§2 : Les procédures négociées pouvant aboutir à une exonération partielle…105
Conclusion……………………………………………………………………116
Bibliographie………………………………………………………………....118
126
127
128