MMC Loi
MMC Loi
MMC Loi
Octobre 2016
1
Table des matières
1 Cinématique 4
1.1 Loi du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Le gradient de déformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.1 Produit mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 Transport d'un élément de volume . . . . . . . . . . . 9
1.2.3 Transport d'un élément de surface orienté . . . . . . . 10
1.2.4 Décomposition polaire du gradient de la transformation 11
1.3 Mesures de déformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4 Tenseur des contraintes de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.5 Lois de conservation dans la conguration courante . . . . . . 20
1.5.1 Conservation de la masse . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.5.2 Conservation de la quantité de mouvement . . . . . . . 21
1.5.3 Conservation du moment de la quantité de mouvement 23
1.6 Tenseurs des contraintes alternatifs . . . . . . . . . . . . . . . 24
3 Conservation de l'énergie 29
3.1 Formulation locale du premier principe . . . . . . . . . . . . . 30
3.2 Récapitulatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2
4.4.4 Cas de R3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.5 Thermodynamique des milieux continus . . . . . . . . . . . . . 50
4.5.1 Second principe de la thermodynamique des milieux
continus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
4.5.2 Loi de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
5 Hyperélasticité 53
5.1 Réversibilité des lois hyperélastiques . . . . . . . . . . . . . . 54
5.2 Hyperélasticité isotrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
5.2.1 Description matérielle (S, C) . . . . . . . . . . . . . . . 55
5.2.2 Descriptions matérielles alternatives . . . . . . . . . . . 56
5.2.3 Description spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
5.3 Matériaux Néo-hookéens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3
1 Cinématique
1.1 Loi du mouvement
On considère un corps B qui occupe initialement (à t = t0 ) une région D0
R3 , de frontière régulière notée ∂D0 . Les sollicitations
de l'espace euclidien
appliquées à B s'accompagnent d'un changement de conguration depuis celle
de référence, vers la conguration courante notée Dt . On supposera ici que la
conguration de référence coïncide avec la conguration initiale D0 . Au cours
de cette évolution, un point matériel P appartenant à B passe de la position
X , repérée par ses coordonnées cartésiennes XI dans le repère EI , I = 1, 2, 3
à une position x repérée par ses coordonnées cartésiennes xi dans le repère
ei , i = 1, 2, 3. Il est souvent commode d'identier ei et EI , c'est-à-dire de
travailler dans le même système de coordonnées. La loi du mouvement est la
donnée d'une fonction vectorielle f bijective (non pénétration de la matière)
telle que
x = f (X, t; t0 ) (1.1)
4
sans référence à la position au temps initial. Dans ce qui suit, nous adop-
terons la convention d'écriture suivante : les lettres capitales seront utilisées
pour désigner les composantes des coordonnées Lagrangiennes (se trouvant
dans la conguration de référence), et les lettres minuscules, pour désigner
les composantes des coordonnées Eulériennes (qui se trouvent donc dans la
conguration courante).
Notons que la loi du mouvement permet de passer d'une représentation à
l'autre.
An de visualiser la diérence entre description lagrangienne (ou maté-
rielle) et description eulérienne (ou spatiale) du mouvement, considérons la
traction uniaxiale d'une barre de longueur initiale L = 2. La loi du mouve-
ment de cette barre est dénie par
5
au long de son mouvement, repérée par sa coordonnée X (xe) de la congu-
ration initiale, tandis que sa coordonnée x évolue avec le temps. La tempé-
rature peut être obtenue par deux approches diérentes. Au temps t = 3, la
2
température de la particule repérée par X = 2, est T = 2 × 3 = 18. Alter-
nativement, cette même particule au temps t = 3 est à la position x = 8. La
2
température en cette position et à cet instant est T (8, 3) = 8×3 /(1+3) = 18.
Autrement dit, T (X, t) est la température au temps t de la particule repérée
par X dans la conguration initiale, tandis que T (x, t) est la température au
temps t et au point x de la conguration courante.
T (X, t) = X
∂T x
(x, t) = −
∂t (1 + t)2
ce qui est diérent de zéro. Que peut-on faire de cette dérivée ? Rien du tout.
Elle est en eet la limite du rapport
6
d'une quantité T associée à une particule, ne nécessite, en description la-
grangienne, que de calculer la dérivée partielle ∂T /∂t(X, t), mais demande,
en conguration eulérienne, de considérer la limite de
∂T
T (x + ∆x, t + ∆t) = T (x, t + ∆t) + (x, t + ∆t)∆x + o(∆x)
∂x
Ainsi, la quantité dT /dt
3
dT ∂T X ∂T (x, t) dxi (t) ∂T
(x, t) = (x, t) + = + v · ∇T (1.4)
dt ∂t i=1
∂xi dt ∂t
dvi ∂vi
(x, t) = + v · ∇vi
dt ∂t
7
ce qui est non linéaire par rapport à la vitesse. Nous utiliserons cette expres-
sion lors de l'expression de la conservation de la quantité de mouvement.
Notons également que lorsque les équations de la mécanique sont appro-
chées par une méthode numérique comme les éléments nis, le domaine de
dénition spatial est discrétisé par un maillage qui peut avoir une vitesse vm
quelconque ( i.e. diérente de zéro et de v ). Ce mouvement du maillage doit
être pris en compte dans les équations en remplaçant v·∇T par (v−vm )·∇T
dans (1.4).
Enn, la dérivée particulaire de T exprimée en variables de Lagrange est
confondue avec sa dérivée partielle par rapport au temps :
dT ∂T
(X, t) = (X, t)
dt ∂t
xi = fi (X, t; t0 )
et
xi + dxi = fi (X + dX, t; t0 )
Cette dernière relation permet d'écrire, au premier ordre,
3
X ∂fi
xi + dxi = fi (X, t; t0 ) + (X, t; t0 )dXk
k=1
∂X k
8
pour toute composante i. Donc :
dx
F = (1.5)
dX
ou encore, en utilisant la relation x=X +u :
∂u
F = +I (1.6)
∂X
où I est le tenseur identité.
Le déterminant de F est noté J et est appelé jacobien de la transformation.
[u, v, w] = dét(u, v, w)
9
Figure 1.4: Parallélépipède
Autrement dit,
10
Figure 1.5: Transport convectif d'une surface élémentaire
nda = JF −T N dA (1.8)
F = RU = V R (1.9)
q q
V = F FT, U = FTF (1.11)
11
Les tenseurs de déformation pure jouent un rôle primordial car ils permettent
d'isoler la déformation pure, dans le gradient de la transformation. Cependant
en pratique, ils sont peu utilisés sous cette forme car leur extraction à partir
de F demande un nombre important d'opérations. On considérera en général
leur carré qui sont bien plus simples à évaluer.
Le carré de la longueur d'un segment dans la conguration courante peut
s'écrire :
dl2 = dxT dx = dX T F T F dX = dX T CdX (1.12)
T
où l'on a introduit le tenseur b = F F , ce qui en utilisant la relation (1.11)
2
revient à b = V . Ce tenseur est appelé tenseur des déformations de Cauchy-
Green gauche ou tenseur de Finger, et il s'agit d'un tenseur Eulérien.
12
Figure 1.7: Cinématique de l'extension simple pour un corps carré muni
d'une grille : état initial (gauche) et nal (droite).
avec α = 1/ 1 + (γ/2)2
p
13
1.3 Mesures de déformation
Allongements - Soit M un vecteur unitaire décrivant la direction d'une
bre matérielle dans la conguration de référence. On note
dX = |dX|M
|dx| v
λ(M ) = = uM T C M = |F M | = |U M |
u
|dX| t |{z}
F T F =U T U
(F M1 ) · (F M2 ) M1T CM2
cosθ = =
|F M1 ||F M2 | λ(M1 )λ(M2 )
14
Figure 1.9: Angle de glissement : γ = Θ − θ.
1 ∂u ∂u T ∂u
( +( ) ) + o( )
2 ∂X ∂X ∂X
Les mesures de déformation les plus utilisées appartiennent aux familles
suivantes (dénies par Hill, 1968 et 1978) :
- une famille de tenseurs des déformations lagrangiens, dénis relativement
à la conguration de référence et tels que
( 1
(U m − I), m 6= 0
Em = m (1.16)
ln U , m = 0
15
- une famille de tenseurs des déformations eulériens qui sont dénis relative-
ment à la conguration courante et tels que :
( 1
(V m − I), m 6= 0
Am = m (1.18)
ln V , m = 0
l l
C = ( )2 , b = ( )2 ,
l0 l0
et les déformations sont données par
l − l0 l − l0
E1 = , A−1 = ,
l0 l
1 l 2 1 l0 2
E2 = ( ) − 1 , A−2 = 1−( )
2 l0 2 l
l l
E0 = log , A0 = log
l0 l0
La mesure de déformation uniaxiale E1 qui se rapporte à la longueur ini-
tiale est souvent appelée déformation nominale ou déformation de l'ingénieur.
La déformation logarithmique, ou déformation naturelle, E0 est souvent uti-
lisée. En eet, lorsqu'on a à faire à des déformations importantes, il paraît
naturel de considérer la déformation totale comme la somme de petits incré-
ments de déformations. On a alors :
Z l
dl l
E0 = = log
l0 l l0
16
Figure 1.10: Évolution de diérentes mesures de déformation en fonction du
rapport l/l0 au cours d'une déformation pure homogène. Source : [FOREST].
1
E= ∇X u + ∇TX u + ∇TX u∇X u (1.19)
2
Dans ce que l'on appelle la théorie géométriquement linéaire de la mécanique
des solides, les déformations du corps solide sont supposées être petites. Les
non-linéarités géométriques ne sont donc pas prises en compte. En négligeant
donc les contributions non-linéaires de la relation (1.19), celle-ci se réduit à :
1
E≈ ∇X u + ∇TX u = ε (1.20)
2
L'hypothèse des petites déformations ainsi faite équivaut à k∇X uk 1, ou
encore à F = O(I). Ainsi, le troisième point de la dénition d'une mesure de
déformation implique que toutes les mesures de déformation sont équivalentes
dans la théorie des petites déformations.
Exercice 1.3 En vous basant sur la relation (1.12), montrez la relation sui-
vante reliant la longueur dL d'une bre matérielle dans la conguration de
référence D0 , à sa longueur dl dans la conguration courante Dt :
dl2 − dL2
= M · EM (1.21)
2dL2
17
où M est le vecteur unitaire porté par la bre matérielle dans D0
Exercice 1.4 En vous basant sur la relation (1.13), et avec les mêmes no-
tations que précédemment, montrez que
dl2 − dL2
= m · A−2 m (1.22)
2dl2
où m est le vecteur unitaire porté par la bre matérielle dans Dt .
Le tenseur d'Almansi A−2 est, par dénition, égal à 21 (I − b−1 ).
Exercice 1.5 On considère la transformation suivante
1 1
x1 = (18 + 4X1 + 6X2 ) ; x2 = (14 + 6X2 )
4 4
qui agit comme représenté sur la gure 1.11
Figure 1.11
1. Calculez F et F −1 .
2. Calculez comment se transforment les vecteurs (matériels) de la base
initiale. Calculez les vecteurs réciproques de la base courante.
3. Calculez les tenseurs de Cauchy-Green droit et gauche, C et b, en
déduire les mesures de déformation de Green - Lagrange et d'Almansi.
4. En vous basant sur la relation (1.21), calculez la déformation de Green
- Lagrange associée au vecteur matériel dX2 = (0, 1)T .
5. En vous basant sur la relation (1.22), calculez la déformation d'Al-
mansi associée avec l'élément dx2 , transformé de dX2 .
18
Exercice 1.6 Un solide subit une déformation uni-axiale donnée par
x1 = X1 (1 + βt)
df
t = lim (1.23)
ds→0 ds
19
Il peut être utile, comme nous le verrons plus tard, de décomposer le
tenseur des contraintes en une partie dite déviatorique, qui est de trace nulle
et une partie dite sphérique, de sorte que :
σ = σ D − pI (1.25)
1
p = − tr σ (1.26)
3
∂ρ
+ ∇ · (ρv) = 0 (1.28)
∂t
∂J
où l'on a utilisé le fait que
∂t
= J∇ · v . L'équation (1.28) est aussi appelée
équation de continuité, et peut directement être vue comme une équation
de bilan exprimant la variation locale de la masse volumique sous le ux
convectif ρv .
20
1.5.2 Conservation de la quantité de mouvement
Nous donnons d'abord un résultat mathématique. Soient F (x, t) une fonc-
tion de l'espace et du temps, et ω(t) un domaine borné dépendant du temps.
Cela signie que sa frontière ∂ω évolue au cours du temps avec une certaine
vitesse v. Alors :
Z Z Z
d ∂F
F (x, t) dv = (x, t) dv + F (x, t)v · n ds (1.29)
dt ω(t) ω(t) ∂t ∂ω(t)
21
Développons la ième composant du membre de gauche en utilisant de
théorème (1.31) :
Z Z
d ∂ρvi
ρvi dv = + ∇ · (ρvi v) dv
dt ω(t) ω(t) ∂t
Or,
dvi
où
dt
= ∂v
∂t
i
+ v · ∇vi est ce que l'on a déni comme la dérivée particulaire
de vi . En notation tensorielle, on écrit
Z Z Z
d dv ∂v
ρv dv = ρ dv = ρ + (∇v) · v dv
dt ω(t) ω(t) dt ω(t) ∂t
Z Z
σ · n ds = ∇ · σ dv
∂ω | {z } ω
t
Z
dv
ρ − ρb − ∇ · σ dv = 0 (1.34)
ω(t) dt
Ceci devant être vérié pour tout volume matériel ω, on en déduit que l'in-
tégrande doit être nulle. Ainsi, la forme locale de la loi de conservation de la
quantité de mouvement s'écrit sur le domaine courant :
dv ∂v
ρ = ρ( + (∇v) · v) = ∇ · σ + ρb (1.35)
dt ∂t
22
1.5.3 Conservation du moment de la quantité de mouvement
On considère un point xe x0 et le vecteur position r = x − x0 . On note
H le moment de la quantité de mouvement par rapport à r qui est déni
par : Z
H= ρr ∧ v dv (1.36)
ω(t)
Ce qui signie que le tenseur des contraintes de Cauchy est symétrique. Cette
condition de symétrie a une interprétation physique très simple : regardant
un cube élémentaire autour du point M, la condition d'équilibre ∇·σ = 0
n'est pas susante pour garantir l'équilibre. Il faut également s'assurer de
l'absence de rotation. Si l'on regarde par exemple les composantes σ12 et σ21
sur toutes les faces verticales du cube élémentaire, nous constatons sur la
gure 1.13 qu'elles créent deux couples antagonistes qui doivent forcément
s'équilibrer pour éviter toute mise en rotation du cube autour de l'axe e3 .
D'où σ12 = σ21 et la symétrie de σ.
23
1.6 Tenseurs des contraintes alternatifs
Un matériau est dit élastique si il existe un état de référence sans contrainte,
et si après déformation le tenseur des contraintes ne dépend que du tenseur
des déformations calculé par rapport à cet état de référence. Cependant, le
1 T
tenseur des déformations de Green - Lagrange E = (F F − I) est déni en
2
termes de variables de Lagrange, tandis que σ , le tenseur des contraintes de
Cauchy est exprimé en termes de variables d'Euler. L'objectif de cette section
est donc d'introduire un tenseur des contraintes en variables de Lagrange.
df = tda = σ · nda
Nous cherchons à exprimer df à l'aide de l'élément de surface dS d'aire
dA de la conguration de référence. Or, d'après (1.8), on a :
nda = JF −T N dA
D'où
df = Jσ(F −T N )dA
De plus, comme σ(F −T N ) = (σF −T )N , on est amené à dénir le tenseur
suivant :
Π = JσF −T (1.39)
3
X ∂Xj
Πij = J σip
p=1
∂xp
24
Or, on vient de montrer que df = tda = ΠN dA. On peut donc réécrire
l'équation de bilan sur la conguration initiale :
Z Z Z
dv
ρ0 dV = ΠN dA + ρ0 b dV
ω0 dt ∂ω0 ω0
dv ∂v(X, t)
ρ0 = ρ0 = ∇ · Π + ρ0 b (1.40)
dt ∂t
Pour aller plus loin, on introduit une force ctive dF attachée à l'élément
de surface dS de la conguration initiale, dénie par :
df = F dF ou dF = F −1 df
F dF = JσF −T N dA
D'où :
dF = J(F −1 σF −T )N dA
On est amené à introduire le tenseur suivant, dit tenseur des contraintes
de Piola-Kirchho :
S = JF −1 σF −T (1.41)
Et nous avons
dF = SN dA
qui est l'expression symétrique de
df = σ · nda
25
La diérence essentielle est que dF n'a pas de réalité mécanique. En compa-
rant ces deux expressions à
df = ΠN dA
dv ∂v(X, t)
ρ0 = ρ0 = ∇ · (F S) + ρ0 b
dt ∂t
Enn, lorsque l'hypothèse des petites déformations est faite, c'est-à-dire
lorsque les termes en O(k∇uk) peuvent être négligés, les tenseurs σ, Π et
S sont équivalents.
dv
ρ = ∇ · σ + ρb
dt
En multipliant cette équation par la vitesse v il vient :
1 dv 2
ρ = v · ∇ · σ + ρv · b (2.1)
2 dt
D'autre part, Exercice :
∇ · (σv) = (∇ · σ) · v + σ : ∇v
26
On rappelle, que la divergence d'un tenseur du second ordre σ est un
vecteur, noté ∇ · σ, dont la i ième composante est dénie par
3
X ∂σij ∂σij
[∇ · (σ)]i = =
j=1
∂xj ∂xj
∇v = D + Ω
avec
1 1
D = (∇v + (∇v)T ) et Ω = (∇v − (∇v)T )
2 2
On montre de plus ( exercice) que si A est symétrique et B antisymé-
trique, alors A : B = 0. Il s'en suit, σ étant symétrique, que
σ : ∇v = σ : D + σ : Ω = σ : D
Ainsi, on a montré la relation
∇ · (σv) = ∇ · (σ) · v + σ : D
1 dv 2
et ρ = v · ∇ · σ + ρv · b devient :
2 dt
1 dv 2
ρ = ∇ · (σv) − σ : D + ρv · b
2 dt
Considérons maintenant une partie ω d'un système matériel D, et inté-
grons la relation précédente sur ce domaine à un instant t :
1 dv 2
Z Z Z Z
ρ dv = ∇ · (σv)dv − σ : Ddv + ρv · bdv
ωt 2 dt ωt ωt ωt
Le premier terme peut être réécrit (les termes supplémentaires liés à la dé-
pendance temporelle de ω s'annulent grâce à l'équation de conservation de
la masse) en :
Z
d 1 2
ρv dv
dt ωt 2
27
Le deuxième terme peut être transformé en une intégrale de surface :
Z Z
∇ · (σv)dv = (σv) · nda
ωt ∂ωt
D'où :
Z Z Z Z
d 1 2
ρv dv = (σv) · nda − σ : Ddv + ρv · bdv
dt ωt 2 ∂ωt ωt ωt
Z Z Z Z
d 1 2
ρv dv = t · vda − σ : Ddv + ρv · bdv (2.2)
dt ωt 2 ∂ωt ωt ωt
Reste le terme Z
Pint = − σ : Ddv
ωt
qui est la puissance des eorts intérieurs. Le terme −σ : D =
−σij Dij est donc la puissance volumique (eulérienne) des eorts in-
térieurs. La puissance Pint est nulle dans tout mouvement rigidiant,
puisque on a alors D = 0.
28
Remarquons que cette équation ne contient aucune loi physique nouvelle.
Elle dérive directement de la conservation de la quantité de mouvement.
Dans cette section, nous avons déni la puissance des eorts intérieurs
sur la conguration courante. Par la loi du mouvement, on peut se ramener
sur la conguration initiale, et l'on a, pour un domaine matériel ω (on ne
donne pas la démonstration) :
Z Z
−Pint = σ : D dv = Jσ : D dV
ωt ω0
Z
= Π : Ḟ dV
ω0
Z
= S : Ė dV
ω0
3 Conservation de l'énergie
La conservation de l'énergie constitue le premier principe de la thermo-
dynamique. Les diérentes contributions à l'énergie totale du domaine ω à
l'instant t sont : Z
1
L'énergie cinétique K= ρv 2 dv
ωt 2
La puissance extérieure des eorts appliqués :
Z Z
Pext (v) = t · vda + ρb · vdv
∂ωt ωt
29
L'apport de chaleur Q au système sous la forme d'un apport surfacique
h(x, t, ∂ω) et d'un apport volumique ρr(x, t) d'origine non mécanique
(rayonnement, ...) :
Z Z
Q= hds + ρrdv
∂ωt ωt
Ė + K̇ = Pext + Q (3.1)
Z Z Z Z
ρėdv = σ : Ddv − q · nda + ρrdv (3.3)
ωt ωt ∂ωt ωt
30
transforme, par le théorème de la divergence, l'intégrale de surface en une
intégrale de volume :
Z Z
q · nda = ∇ · qdv
∂ωt ωt
D'où : Z
(ρė − σ : D + ∇ · q − ρr)dv = 0
ωt
∂e ∂ρe
ρė = ρ( + v · ∇e) = + ∇ · (ρev)
∂t ∂t
où l'on s'est servi de l'équation de conservation de la masse (1.28) ∂ρ/∂t +
∇ · (ρv) = 0 pour obtenir la dernière expression.
Par suite, l'équation (3.4) se réécrit en :
∂ρe
+ ∇ · (ρev + q) = σ : D + ρr
∂t
3.2 Récapitulatif
Si on récapitule les formes locales des équations de bilan de la thermo-
mécanique des milieux continus (en l'absence de discontinuité), on a :
Conservation de la masse : ρ̇ + ρ∇ · v = 0
Conservation de la quantité de mouvement : ∇ · σ + ρb = ργ
T
Conservation du moment cinétique : σ = σ
Conservation de l'énergie : ρė = σ : D − ∇ · q + ρr
Ce qui fait 15 inconnues (f (3), σ (6), ρ (1), e (1), r (1) et q (3)), pour
seulement 5 équations ! Il est donc nécessaire d'introduire des relations entre
ces grandeurs an de pouvoir clore le système. C'est le rôle des équations
d'état et des lois de comportement que nous allons maintenant introduire.
31
4 Formulation des lois de comportement
Concentrons nous dans un premier temps sur le problème mécanique.
Celui-ci comporte une équation scalaire (bilan local de la masse) et une équa-
tion vectorielle (bilan local de la quantité de mouvement), soit au total, 4
équations. Les inconnues du problème sont la masse volumique ρ, la trans-
formation f (X, t), et la contrainte σ en chaque point matériel, ce qui fait
10 inconnues. En l'état actuel le problème est donc mal posé, puisque il
manque 6 équations. Ces équations, à trouver, permettent d'exprimer les 6
σ en fonction des inconnues fon-
composantes du tenseur des contraintes
damentales du problème ρ et f . Ces équations, contrairement aux lois de
conservation, n'ont pas un caractère universel. Leur forme dépend de la na-
ture et de l'état du matériau étudié. Elles sont appelées lois de comporte-
ment, et caractérisent les propriétés mécaniques du matériau étudié. Elles
doivent donc être élaborées en forte relation avec l'expérience.
Nous allons voir cependant, que la forme de ces lois n'est pas arbitraire.
Certains principes, considérés comme (quasi-) universels imposent certaines
restrictions sur leur forme. De plus, nous verrons que ces lois mettent né-
cessairement en jeu la grandeur température. Nous aurons alors recours à
deux autres lois universelles, les première et seconde lois de la thermodyna-
mique, pour formuler les lois de comportement, ce qui exigera de connaître
le comportement thermique et entropique de la matière.
F = η∆l˙
32
Figure 4.1: Contrainte en fonction de la déformation dans un matériau
soumis à un essai de traction
f (F ) = |F | − F0
∆l˙ 6= 0 si (f = 0 et f˙ = 0)
Ces comportements élémentaires sont résumés sur la gure 4.2. Il est
possible de combiner ces comportements entre eux, ce qui conduit à des
comportements plus complexes rencontrés dans la pratique : viscoélasticité,
élastoplasticité, viscoplasticité, et élastoviscoplasticité.
33
Figure 4.2: Schématisation des trois comportements élémentaires dans le
cas uniaxial.
34
fonctionnelle de l'histoire du matériau. Remarquons toutefois que cette his-
toire est pondérée par le terme exponentiel qui privilégie les instants proches
de l'instant présent t. Cette perte de la mémoire des sollicitations anciennes
est caractéristique de la viscoélasticité.
F = k∆l + η∆l˙
35
Figure 4.5: Chargement - déchargement d'un matériau de type Kelvin -
Voigt
QT (t)Q(t) = I, et détQ(t) =1
Par exemple une rotation d'angle θ(t) autour de l'axe z s'exprime par
cos θ(t) − sin θ(t) 0
Q(t) = sin θ(t) cos θ(t) 0
0 0 1
Si les horloges des deux référentiels sont synchronisées, ce que l'on sup-
posera dans la suite, alors τ = 0, donc t = t∗ .
37
Remarquons que la norme de la vitesse n'est pas un scalaire au sens précé-
dent puisque c dépend de t.
b∗ = Q(t)b (4.3)
En eet,
u∗ = Qu et v ∗ = Qv
et la relation entre les bres matérielles représentées par u et v doit rester
satisfaite dans le second référentiel. On doit donc avoir
u∗ = C ∗ v ∗
soit
Qu = C ∗ Qv
ou encore
u = QT C ∗ Qv = Cv
d'où l'on déduit
C ∗ = Q C QT
Ceci peut se généraliser à des tenseurs d'ordre n, pour lesquels on
trouve
∗
Zijk··· = Qia Qjb Qkc · · · Zabc··· (4.5)
38
4.2.3 Invariance des lois de la MMC vis-à-vis d'un changement
de référentiel
En plus du principe d'invariance par changement de repère à t xé (Q =
cste, c = cste) assuré par l'écriture tensorielle, les équations constitutives
doivent être formulées de telle sorte que l'expression de la réponse du maté-
riau soit indépendante de l'observateur et de son mouvement, ou, de manière
équivalente, indépendante d'un changement de référentiel (4.1) pour la con-
guration courante. Pour la conguration de référence, les deux référentiels
entre lesquels on fait le changement, sont supposés se correspondre. Cette
condition d'indiérence matérielle est appelée principe d'objectivité.
Le principe d'objectivité conduit à n'introduire dans les équations de
comportement que des grandeurs objectives, i.e. se transformant comme
les coordonnées lors d'un changement de référentiel (4.1), et donc ayant une
signication physique intrinsèque indépendante du mouvement du référen-
tiel. En d'autres termes, une grandeur tensorielle d'entrées a, bi , Cij , Dijk ,
··· est dite objective si elle se transforme suivant les lois (4.2) - (4.5), non
seulement vis-à-vis d'un changement de repère (changement d'axes avec c et
Q constants), mais aussi vis-à-vis d'un changement de référentiel, où cette
fois c(t) et Q(t) dépendent du temps.
f , vectorielles g et tenso-
En résumé, si les fonctions constitutives scalaires
rielles H , dépendant par exemple des grandeurs objectives a, b et C , vérient
Quelques remarques :
Le principe d'objectivité n'est pas une conséquence du principe d'in-
variance de Galilée de la mécanique classique (ou l'on ne considère
que le cas Q = I ).
Seules les équations constitutives de la MMC doivent vérier le prin-
cipe d'objectivité. Les équations de conservation ne doivent pas né-
39
cessairement y obéir. Par contre, leur écriture dans un référentiel non
Galiléen doit être correctement posée (composition des vitesses et des
accélérations : force de Coriolis, etc.)
A∗ij Bji
∗
= Qia Qjb Aab Qjc Qid Bcd = δad δbc Aab Bcd = Aab Bba
∗
Ċ = Q̇ C QT + Q Ċ QT + Q C Q̇T 6= Q Ċ QT
40
La raison de cette non-objectivité est que la diérence entre deux
tenseurs relatifs à deux instants diérents dépend du mouvement du
système de référence (en particulier de sa rotation, via le terme Q̇)
entre ces deux instants. Le problème est que la variation en temps du
tenseur des contraintes de Cauchy σ apparaît dans de nombreuses lois
de comportement. On doit alors fabriquer une dérivée temporelle qui
est objective (voir exercice 4.2).
Grandeurs géométriques
1. Le temps n'est pas une grandeur objective. En eet, t = t−τ 6= t. Le
∗
41
Il en va de même pour la mesure de la surface matérielle dS . Ainsi,
outre les angles et les longueurs, les mesures de volumes et surfaces
sont préservées par changement de référentiel.
4. On dénit le tenseur gradient de vitesse (eulérien) par : L = ∇v .
Montrez d'abord que ce tenseur peut s'écrire sous la forme
L = Ḟ F −1
puis que l'on a
L∗ = Q L QT + Q̇QT
d'où la non objectivité de ce tenseur.
5. Montrer que le tenseur des vitesses de déformation D, partie sy-
métrique de L est objectif.
42
où D est le tenseur des vitesses de déformation. Dans l'hypothèse des petites
déformations, l'expression ci-dessus est viable, puisque les rotations sont né-
gligées. Nous allons voir qu'en grandes transformations, la non-objectivité de
σ̇ conduit à des aberrations.
(a) Élongation pure suivant e1 et e2 . (b) Élongation pure suivant e01 et e02 et
rotation autour de e3 .
Figure 4.6: Déformation plane d'une bre décrite dans deux référentiels
diérents. Source : [PONTHOT].
43
4. En déduire F L , le gradient de la transformation dans le référentiel du
laboratoire.
5. Montrez que LL = Q L QT + ω . Vous expliciterez ω en fonction de θ̇.
6. En déduire la forme de DL et ΩL .
∇
σ = f (σ)D
Soulignons encore une fois que dans le cadre des petites déformations
les rotations sont négligeables, donc Q=I et Q̇ = 0. Dans ce cas, ω =0
et l'inconsistance est levée. Dans le cas général, il faut dénir une dérivée
objective. Un moyen simple est de poser :
∇
σ = σ̇ − Ω σ + σ Ω
44
où Ω = ṘRT est le taux de rotation, où R est la rotation issue de la décom-
position F = RU .
Cette dérivée est dite dérivée de Jaumann, car introduite par Jaumann
en 1903. On peut montrer qu'elle est objective. Il est important de noter
que ce n'est pas la seule dérivée temporelle de tenseur objective qui existe.
L'addition à cette dérivée de produits de tenseurs objectifs (D et σ) fournit
une dérivée objective.
∂ 2f ∂ nf
∂f
σ(x, t) = F (X, s), (X, s), · · · , (X, s) (4.8)
0≤s≤t,n>0 ∂X ∂X 2 ∂X n
avec x = f (X, t). Remarquons que cette expression réduit la dépendance
spatiale de la contrainte à un voisinage arbitrairement petit autour du point
matériel X étudié.
Dans la pratique, on vérie en général qu'il est susant de se limiter au
cas n = 1. On parle alors de théorie du premier gradient et le milieu
continu ainsi modélisé est qualié de matériellement simple. On rappelle
∂f
que l'on a déjà introduit le premier gradient de f, noté F = . D'où :
∂X
σ(x, t) = F F (X, s) (4.9)
0≤s≤t
45
pour toute matrice orthogonale Q.
Classiquement, le principe d'invariance de forme est utilisé, stipulant que
la forme de la loi de comportement est invariante par changement de réfé-
∗
rentiel : F (·) = F(·). Ce qui entraîne,
F (X, s) QT
F Q(s)F (X, s) = Q F (4.10)
0≤s≤t 0≤s≤t
QF(D)QT = F(QDQT )
46
visqueux de Reiner-Rivlin, établie en 1945. La linéarisation par rapport à D
de la loi précédente conduit à la loi des uides de Navier-Stokes :
47
ce tenseur. Une classe importante d'invariants d'un tenseur C sont les inva-
riants principaux, notés en général Ik (C), avec k = 1, · · · , n (n étant la
dimension de l'espace), et dénis comme les coecients du polynôme
avec en particulier
f (C) = f (I1 , · · · , In ) = f (I 1 , · · · , I n )
48
2. Fonction tensorielle d'une variable tensorielle : toute fonction
tensorielle symétrique d'un seul tenseur symétrique est isotrope si et
seulement si elle peut s'écrire
4.4.4 Cas de R3
Toute matrice C, carrée symétrique réelle de dimension 3, possède trois
valeurs propres réelles, λ1 , λ2 et λ3 , racines du polynôme caractéristique
I1 = tr C = C : I = λ1 + λ2 + λ3 (4.15)
1
I2 = det C(tr C −1 ) = (trC)2 − tr(C 2 ) = λ1 λ2 + λ2 λ3 + λ3 λ1
2
I3 = det C = λ1 λ2 λ3
dI1
=I (4.16)
dC
49
dI2
= I2 C −1 − I3 C −2 (4.17)
dC
dI3
= I3 C −1 (4.18)
dC
Le théorème de Cayley - Hamilton s'écrit
C 3 − I1 C 2 + I2 C − I3 I = 0
d'où l'on déduit
1 2
C −1 = (C − I1 C + I2 I)
I3
et
I2
−2 1 I2 2 I1 I2
C = C + (1 − )C + ( 1 − I2 )I
I3 I3 I3 I3
50
La variation d'entropie est due pour partie à des apports surfaciques et
volumiques Z Z
Φ(ωt ) = − φ · nda + ρrs dv
∂ωt ωt
où φ est le vecteur ux d'entropie, et rs une densité de production locale
d'entropie. La production interne d'entropie est alors la diérence
Σ(ωt ) ≥ 0
soit, de manière explicite :
Z Z Z
d
ρsdv + φ · nda − ρrs dv ≥ 0
dt ωt ∂ωt ωt
r
rs =
T
où r est la production de chaleur. Ce qui mène à :
q r
ρṡ + ∇ · −ρ ≥0 (4.20)
T T
On introduit à présent l'énergie libre Ψ de densité massique ψ , à titre d'exemple
(mécanique des solides). On dénit
ψ = e − Ts
et Z
Ψ(ωt ) = ρψdv
ωt
51
1
On peut alors exprimer la variation d'entropie comme ṡ = (ė − Ṫ s − ψ̇).
T
On calcule alors la dissipation volumique d :
q
d = ρT ṡ + T ∇ · − ρr
T
q
= ρ(ė − Ṫ s − ψ̇) + T ∇ · − ρr
T
q
= σ : D − ∇ · q − ρ(Ṫ s + ψ̇) + T ∇ ·
T
où l'on a utilisé le bilan d'énergie (3.4) ρė = σ : D − ∇ · q + ρr.
En remarquant que
q ∇T
T∇ · =∇·q−q· ,
T T
la dissipation se réduit nalement à :
∇T
d = σ : D − ρ(Ṫ s + ψ̇) − q ·
T
On obtient ainsi l'inégalité de Clausius-Duhem qui constitue une
condition d'admissibilité thermodynamique des lois de comportement ther-
momécanique :
∇T
d = σ : D − ρ(Ṫ s + ψ̇) − q · ≥0 (4.21)
T
On distingue deux contributions à la dissipation :
52
5 Hyperélasticité
Un milieu (matériellement simple) est dit élastique si l'état de contrainte
actuel est entièrement déterminé par le gradient de la transformation à l'ins-
tant actuel et non par son histoire passée :
q · nda = Q · N dA ⇒ Q = JF −1 q
D'où l'inégalité locale :
Q r0
ρ0 ṡ0 + ∇X · − ρ0 ≥ 0
T T
En suivant la même démarche que précédemment, on obtient l'inégalité de
Clausius-Duhem en description lagrangienne :
G
D = S : Ė − ρ0 (Ṫ s0 + ψ˙0 ) − Q · ≥0 (5.2)
T
53
La dérivée totale en temps de l'énergie libre est donnée par :
Ceci étant valable pour toute évolution {Ė, Ġ, Ṫ }, les quantités qui mul-
tiplient ces dérivées doivent s'annuler an d'avoir une dissipation D non
négative. On en déduit alors les relations constitutives suivantes :
Ces relations sont des lois de comportement dites hyperélastiques pour les
contraintes et l'entropie. Elles montrent que l'énergie libre est un potentiel
d'élasticité dont découlent les relations contrainte - déformation et entropie
- température. L'énergie libre ne peut dépendre du gradient de température
G.
Ainsi, le travail W ne dépend que des valeurs initiales et nales des variables
d'état et non du chemin suivi entre ces deux extrémités. Si ce chemin est un
54
cycle, i.e.
si E = E , alors le travail fourni sur l'ensemble du cycle est nul :
A B
l'énergie élastique stockée au cours d'une partie du trajet, est intégralement
restituée durant le trajet retour, même si celui-ci s'eectue par un autre
chemin. C'est le caractère réversible du comportement hyperélastique.
ρ0 ψ0 = W (E) = W (C)
Un corps hyperélastique est dit isotrope si son énergie libre est une fonc-
tion isotrope de ses arguments. Le théorème de représentation d'une fonction
scalaire isotrope dépendant d'une variable tensorielle, vu à la section 4.4.3
permet d'écrire W comme une fonction de trois invariants de C (ici préféré
à E) :
W (C) = W (I1 , I2 , I3 )
On a donc, pour un tel matériau :
!
∂W ∂W ∂I1 ∂W ∂I2 ∂W ∂I3
S=2 =2 + +
∂C ∂I1 ∂C ∂I2 ∂C ∂I3 ∂C
I1 = trC,
1
(trC)2 − trC 2
I2 =
2
et
I3 = detC = J 2
La relation reliant les contraintes aux déformations est donc obtenue en
calculant les dérivées des invariants par rapport à C .
∂I1
Calcul de . La dérivée d'un scalaire par un tenseur est un tenseur.
∂C
Dans le cas présent, l'entrée (i, j) de ce tenseur est donnée par :
∂I1 ∂Ckk
= = δij
∂Cij ∂Cij
D'où
∂I1
=I (5.5)
∂C
55
∂I2 ∂tr2 C
Calcul de
∂C
. Remarquons d'abord que
∂C
= 2I1 I . Ensuite,
D'où
∂I2
= I1 I − C (5.6)
∂C
∂I3
Calcul de . Le théorème de Cayley-Hamilton (4.14) s'écrit
∂C
C 3 − I1 C 2 + I2 C − I3 I = 0
Ainsi,
∂I3 ∂trC 3 2
∂trC 2
3 = − trC I − I1 + (I1 I − C)trC + I2 I
∂C ∂C ∂C
= 3C 2 − trC 2 I − 2I1 C + (trC)2 I − CI1 + I2 I
= 3C −1 (C 3 − I1 C 2 + I2 C) = 3C −1 I3 (5.7)
En dénitive,
∂I3
= I3 C −1 (5.8)
∂C
Les relations que nous venons d'établir conduisent à :
S = 2 (W1 + I1 W2 )I − W2 C + I3 W3 C −1
(5.9)
où l'on a posé
∂Wi
Wi =
∂Ii
56
avec
IC = trC = C : I (5.10)
1
IIC = trC 2 /2 = C : C (5.11)
2
3
IIIC = trC /3 (5.12)
on obtient
∂W ∂W ∂W
S=2 I+ C+ C2 (5.13)
∂IC ∂IIC ∂IIIC
De plus, si l'on choisit maintenant W comme étant une fonction des in-
variant du tenseur de Green-Lagrange E,
alors
∂W ∂W ∂W
S= I+ E+ E2 (5.14)
∂IE ∂IIE ∂IIIE
En comparant cette expression à la loi de comportement générale d'un corps
élastique isotrope (voir théorème de représentation),
S = α0 I + α1 E + α2 E 2
∂W ∂W ∂W
α0 = , α1 = , α2 =
∂IE ∂IIE ∂IIIE
Un tel potentiel existe si les fonctions αi vérient les conditions :
σ = J −1 F SF T
57
Ainsi, via (5.13), et en utilisant le tenseur de Cauchy - Green gauche b =
FFT,
∂W −1 ∂W ∂W
σ = 2J FFT + F CF T + F C 2F T
∂I ∂IIC ∂IIIC
C
∂W ∂W 2 ∂W 3
= 2J −1 b+ b + b
∂IC ∂IIC ∂IIIC
Cette expression fait toujours intervenir les dérivées partielles de W par rap-
port aux invariants du tenseur lagrangien C. Cependant, on montre que les
invariants de b sont identiques à ceux de C:
∂w ∂w ∂w 2
σ = 2 I+ b+ b b
∂Ib ∂IIb ∂IIIb
∂w
= 2 b
∂b
58
2. On considère deux chemins de déformation paramétrés par le réel λ,
0≤λ≤1:
S = 2 W1 I + J 2 W3 C −1
(5.16)
et que
µ λ
σ= (b − I) + (log J)I
J J
Que deviennent S et σ pour un matériau incompressible ?
59
Figure 5.1: Contrainte réelle σ11 lors d'essais de compression / traction
uniaxiale. Source : Wikipédia. Voir aussi : L R G Treloar (1944). Stress-
strain data for vulcanised rubber under various types of deformation. Trans.
Faraday Soc. 40 : 5970.
σ ≈ 2µε + λtrεI
60
Figure 5.2: Cisaillement simple
seur des contraintes de Cauchy. Montrez que la pression est non nulle même
si la transformation est isochore (J = 1).
Exercice 5.5 Traction biaxiale sur un élastomère. On considère une plaque
d'un élastomère, de 200 mm de côté dans le plan (X1 , X2 ) et d'épaisseur 10
mm, comme indiqué sur la gure 5.3. Le matériau est supposé incompressible
sous les sollicitations envisagées, et présente un module néo-Hooke de µ =
0, 75M P a. Quelles forces F1 et F2 doit-on appliquer dans les directions X1
et X2 respectivement pour étirer de manière homogène la plaque, de 400 mm
selon X1 et 300 mm selon X2 ? (Indication : quel tenseur des contraintes
choisir ?).
Références
[COIRIER] Coirier, J. Mécanique des milieux continus - 4e édition : Cours
et exercices corrigés. Dunod, 2013.
[FOREST] Forest, S. et al. Mécanique des Milieux continus. École des Mines
de Paris. Cours disponible sur internet.
61
[FORTIN] Fortin A. et Garon A. Les éléments nis : de la théorie à la pra-
tique. Cours disponible sur internet.
62