Le Gnosticisme Et La Franc Maçonnerie C
Le Gnosticisme Et La Franc Maçonnerie C
Le Gnosticisme Et La Franc Maçonnerie C
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HS
ANNEX
995 LIBRARY
H37 B
046804
CORNELL
UNIVERSITY
LIBRARY
UNI
LL VER
E SIT
ORN Y
E
RN
24 CO
BY
Cor University Library
HS495 .H37nell
Le gnosticisme et la franc-maconnerie c
Date Due
LE
GNOSTICISME
ET LA
FRANC-MAÇONNERIE .
DÉPOSÉ CONFORMÉMENT A LA LOI
LES LECONS DE L'HISTOIRE .
LE
GNOSTICISME
ET LA
FRANC-MAÇONNERIE
OUVRAGE POSTHUME
DE
M. ÉDOUARD HAUS ,
=
PROCUREUR DU ROI A GAND.
MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE LÉGISLATION DE TOULOUSE ,
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DES ARTS ET DES SCIENCES D'UTRECHT .
CHEVALIER DE L'ORDRE DU CHRIST DE PORTUGAL.
BRUXELLES
H. GOEMAERE , LIBRAIRE - ÉDITEUR ,
IMPRIMEUR PONTIFICAL.
1873
A
リウ ご
H37 .
1.916407
A
PRÉFACE .
83
portantes , ainsi que des honneurs , ceux qui ne sont pas ses
Francs-Maçons.
que le bon sens des peuples périclite, que les grandes idées
(1) D'après M. Eckert (Der Freimaurer Orden, ete . , 1852 , p . 43) : « Aucun
homme d'État ne connaît son époque , il ignore les causes des événements
qui s'accomplissent sur le terrain de la plus haute politique, il ne s'explique
PREFACE.
les castors, les renards , les lions , et surtout les singes (1) .
pas ce qui se fait dans l'administration , dans l'Église, dans l'école , dans
toute la vie politique et sociale des peuples, il ne comprend pas même le
sens qu'ont aujourd'hui certains mots, il ne voit que des faits dont il
n'aura jamais l'intelligence et en présence desquels il ne saura jamais quel
parti prendre s'il n'étudie à fond l'Ordre de la Frane- Maçonnerie et n'en
comprend la nature et l'action . » D'après Mgr Ketteler, évêque de Mayence ,
(Liberté, Autorité, Église, etc. , p . 287 et suiv.) : « Un livre qui, en rem-
plissant toutes les conditions de la science et de la critique , ferait con-
naître l'origine , l'histoire , la nature, les pratiques, les symboles, la situa-
tion de la Franc -Maçonnerie et son influence sur les États modernes,
aurait un mérite inappréciable. Il dissiperait les ombres qui enveloppent
cette société mystérieuse et permettrait de la juger en pleine connaissance
de cause. »
l'examen et de la discussion .
s'envelopper d'ombres .
unique?
dédain.
abus.
48
LIVRE PREMIER .
88
CHAPITRE PREMIER.
LES GNOSTIQUES .
ture par excellence , était une pure lumière , d'où tout bien émanait
(1) Franck, p . 192 , 205 et suiv .; Eckert , Die Mysterien der Heidenkir-
che, p. 80 ; Matter, t. 1 , p. 98 et suiv.; Pluquet, vo Gnostique.
(2) Eckert, p . 49 et 50 ; Ritter, t . I, p. 404 ; Matter, t . I , p. 237 et suiv,
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS-MAÇONS . 3
l'égoïsme (1) .
La philosophie des Pythagore, des Socrate et des Platon , des
des Brahmanes , des Mages, des Grecs, des Juifs et même des
Chrétiens.
(1) Dans ses Études sur l'histoire de l'Humanité, la Grèce, p . 239 , M. Lau-
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS .
rale . Les sophistes et leurs élèves ne firent que refléter les mœurs
rent dit avec raison que « les anciens ne reconnaissaient d'autre principe
que la force, d'autre règle de conduite que l'utile . »
6 LIVRE I.
dité ; les chefs des deux factions qui partageaient les villes, les
gone ou l'étoile à cinq angles ou à cinq pointes (1) . Chez les Gnos-
tels que Saturnin, affirmaient que Dieu avait produit par émana-
tion sept puissances spirituelles qui avaient donné à toutes cho-
base des systèmes gnostiques qui virent le jour par la suite (1) .
avec le Zohar (2) , on voit que les Kabbalistes adoptèrent les ba-
dans lesquelles tout ce qui existe est censé provenir par voie
d'émanation de la lumière suprême ou de Dieu . Avec une pa-
(1) Franck, p . 177 et suiv. C'est là le dieu que les anciens quali-
fiaient de Ame du monde, que les Perses nommaient Ormuzd, les Égyptiens
Osiris , les Indiens Brahma, les Gnostiques proprement dits Demiurge.
(2) Dans toutes les religions anciennes , les deux sexes étaient divinisés ,
soit dans des personnes distinctes , soit dans une même personne .
(3) Ces trois classes répondent , et aux trois classes de dieux des anciens
de l'Orient et de l'Occident , celles des dieux supérieurs , des dieux inférieurs
et des demi -dieux , et à la division tripartite du monde, telle que la conce-
vait les Égyptiens, à savoir l'éther, le ciel et la terre, ainsi qu'à la division
tripartite du cerveau .
(4) Franck , p . 199 , p. 185 et suiv .
(5) Franck, p . 185 et suiv . Ce sont là les principaux dieux des an-
12 LIVRE 1.
aussi colonnes , parce que les émanations étaient rangées sur trois
lignes , les unes après les autres, de manière à figurer trois colon-
nes (symboles intellectuels) ; ensuite la lumière ou le soleil, la
vie animale (2) . Cette théorie que M. Franck trouve des plus bel-
les (3) , indépendamment de son exagération , a un revers qu'il
faut mettre en relief et qui est des plus significatifs. Pour les
même cause, et par suite comme n'ayant pas les mêmes attributs ,
les mêmes facultés, les mêmes droits.
les et religieuses qui n'étaient pas les leurs (1) , et allaient même
fondit bien des fois les Gnostiques avec les Chrétiens , qu'on les
avait chez eux des cènes ou agapes , c'est- à- dire des repas en
dans les antres de ses temples, imite les cérémonies de nos di-
bras (2) ; dans l'autre , l'attribut était la croix X, plus tard appelée
croix de Saint-André, et le récipiendaire était mis au courant
tion suivante : «
< Celui qui prend ce chemin sans regarder der-
rière lui sera purifié par le feu , par l'eau , par l'air , et s'il peut
en tête, et qui lui déclaraient que, s'il voulait revenir sur ses pas ,
où il était reçu par les prêtres qui le félicitaient d'avoir passé par
après que le candidat eut été conduit dans l'assemblée des prê-
de ce grand prêtre , qui était également roi et qui avait été dé-
lors de leur réception , ils avaient juré de ne pas trahir (2). Tels
chéens (4) furent les plus suivies et les plus célèbres, et portè-
rent, pour ce qui regarde le gouvernement extérieur de la secte,
(1) Eckert, Die Geheime, p. 47 et suiv. , p . 246 ; Die Mysterien der Hei-
denkirche, p. 40 .
(2) Le théologien païen Timothée raconte de la manière suivante l'ori-
gine de la grenade . D'un acte sans nom de Jupiter était né un homme sau-
vage. Bacchus voulut dompter cet homme . Pour y parvenir il l'enivra et le
lia avec les parties génitales à un arbre . L'homme s'étant réveillé en sur-
saut, les parties génitales furent arrachées . Le sang qui coula par suite de
la mutilation produisit l'arbre à grenades ou le grenadier, dont le fruit était
réputé pouvoir provoquer la grossesse des femmes.
(3) Parmi ces sectes on peut citer les Frérots , les Begghards, les Aposto-
liques, les Dulcinistes, les Lollards, les Turlupins , les Esprits libres ou les
Hommes d'intelligence .
32 LIVRE I.
joints par la suite . Les deux dernières classes, celles des cheva-
tous les pouvoirs et faisaient des statuts qui étaient les lois su-
Perses) (4) . Dans les classes supérieures , ils adoraient une tête
restres (5) . Comme les Gnostiques , ils avaient affilié à leurs as-
rogés trois fois avant d'être introduits dans le chapitre . Ils de-
tion intime des mystères païens. Il n'est pas douteux qu'il dût
Jusque dans les derniers temps, ils faisaient des voeux en appa-
88
CHAPITRE II.
plétement .
L'Ordre des Francs-Maçons est panthéiste-matérialiste ou , au
(1) Nous entendons parler, non pas des doctrines de tels ou de tels
Francs-Maçons de l'ordre extérieur, mais de la doctrine de l'ordre même.—
Le catéchisme franc-maçon du Maître parfait commence par les demandes
et les réponses suivantes : « D. Qui êtes-vous? R. Je suis maître et con-
nais le grand Jéhovah. - D. Que signifie ce mot ? R. Le nom incommu-
nicable, interprété immensité ; Je signifie le passé, ho le présent, vah l'ave-
nir, ou ce qui a été, est et sera. » (La Franc-Maçonnerie, par Eckert et
Gyr, t. I , p . 65) . On ne perdra pas de vue que c'est là un article de foi ma-
çonnique, consacré par le catéchisme et de plus répété dans les écrits de
Francs-Maçons dignitaires de l'ordre . Le Franc- Maçon Chereau , membre du
souverain chapitre, en expliquant la croix philosophique de chevalier sou-
verain prince Rose-Croix, dit p. 13 : « En pénétrant jusqu'au sanctuaire,
ils (les philosophes païens) avaient appris que la nature se renouvelait à
son propre foyer, le travail de son organisation dépendait continuellement
du grand Jéhovah, âme et matière universelle ; telle a été dans tous les
temps la doctrine des Maçons , toujours en admiration et en contemplation
des merveilles du grand Architecte de l'univers ; telle est à peu près la
doctrine des Maçons actuels. » Aux funérailles maçonniques de Saint- Mar-
tin , l'orateur de la loge, le Franc-Maçon Destriveaux , disait : « Le feu créateur
est l'unique purification dans la nature . C'est dégagé de son enveloppe ma-
térielle, que notre intelligence va rejoindre l'intelligence suprême, répandue
dans tout l'univers , résidant partout, dans une plante comme dans un as-
tre, toujours divisée et toujours entière , existant sous toutes les formes et
n'en ayant aucune. » Le Franc-Maçon Ragon , une des lumières de l'ordre,
disait qu'un pur esprit est le néant, et qu'on ne pouvait concevoir l'esprit
sans la matière, ni la matière sans l'esprit. Le rituel des Franes- Maçons , Tem-
pliers modernes , intitulé Leviticon, porte : « Dieu est tout ce qui est ; cha-
que partie ou division de ce qui est , est une partie de Dieu , mais n'est pas
Dieu même. » Au reste , ce n'est que dans le panthéisme matérialiste ou
dans le matérialisme qu'on peut parvenir à justifier, comme le fait la Franc-
Maçonnerie, les différentes croyances et les différentes théories philoso- -
phiques, qui, dans ces systèmes , sont des révélations d'un même esprit
divin , ou des manifestations d'une même force . Enfin nous verrons, par
les développements suivants et par la démonstration, que les Francs-Ma-
çons sont de vrais Gnostiques, qu'il est certain que , comme le Gnosticisme ,
la Franc-Maçonnerie est panthéiste-matérialiste ou matérialiste .
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS . 37
comme puissance organisée (2) . Depuis lors ils ont exercé une
grande influence .
goïsme .
a fait passer l'Europe par des phases semblables à celles que tra-
versa l'antiquité .
pour ceux qui ne veulent pas de Dieu . Par là , toutes les philo-
sophies et toutes les religions sont mises sur le même rang, éga-
que les autres les traces des mœurs et des vertus de leurs an-
rent plus être remplacés que par des jeunes gens que rien n'a-
vait préparés à l'exercice des vertus et des fonctions de leur
ministère . Le désordre qui se manifesta plus tard dans la magis-
plois civils, qui étaient remplis par des gens de fortune ………
. On
une effrayante mobilité dans les idées et dans les mœurs ... On
voir que les vices dépraveraient les maximes , que l'audace des
rent toutes les haines , toutes les jalousies, toutes les ambitions ;
de l'irréligion et de l'impiété ……
.. En lisant un article de théo-
logien . On s'imaginait que toutes les idées qui n'avaient pas été
jamais les choses avec une certaine étendue et que dans chaque
c'est- à-dire par celles qui vivent constamment aux dépens de tou-
ce règne? Encore une fois, nous ne parlons pas des crimes . Nous
gaîté . Par cela même qu'on était spirituel , on s'est complu dans
tus ont subi les mêmes dégradations que les facultés . Et en les
est son propre centre, tous sont isolés . Quand tous sont isolés ,
plez l'homme dominé par ses sens , assiégé par ses besoins,
sances que cette civilisation les lui rend plus faciles . Vous voyez
que nul ne veut se sacrifier pour les institutions . Quand c'est l'é-
Les Francs -Maçons , tout comme les Gnostiques , sont des in-
terprètes de leur époque . Ils ont fait passer dans leurs doctri-
(1) Voir les rituels et les catéchismes maçonniques . Ainsi , par exemple,
pour l'apprenti maçon, trois Francs- Maçons assemblés font une loge simple,
cinq une loge juste, sept une loge parfaite ; pour le maître maçon une loge
parfaite est composée de neuf personnes . Le récipiendaire est annoncé par
trois coups frappés sur la porte de la loge . Le temple de la franc-maçonne-
rie est censé soutenu par trois colonnes . Ces trois colonnes sont représen-
tées par trois cierges . La parole du maître fut perdue par trois coups . L'ap-
prenti doit faire trois voyages symboliques. Le compagnon est censé monter
sept degrés du temple. Le maître est censé monter un escalier par trois,
cinq et sept degrés. Il y a trois instruments (appelés bijoux) mobiles , qui
sont l'équerre, le niveau hydraulique et le niveau à plomb, et trois instru-
ments immobiles. Les batteries se font par 3 , 5 , 7 , 9 fois d'après les gra-
des. Les santés (appelés feus) sont bues en trois temps . On boit sept santés .
Dans les loges on voit figurer notamment le triangle, le carré long et l'é-
toile à cinq pointes .
(2) Les dénominations de Grand Architecte ou d'Architecte suprême
des mondes, sont employées très fréquemment dans la franc-maçon-
nerie.
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS - MAÇONS . 49
mière d'où tout émane , et qui en réalité n'est autre que l'esprit
divin (2) , que les Francs -Maçons rentrent en plein dans la doc-
sonnes divines vient s'ajouter une classe qui les résume toutes
(1) C'est pour ce motif que les deux colonnes Jakin et Boaz du temple
des Francs-Maçons, colonnes qui représentent deux attributs divins , la Sa-
gesse et la Force, sont censées ornées à leur chapiteau , d'après le caté-
chisme de compagnon de l'ancien rituel anglais , de pommes de grenade,
anciennement emblèmes des parties génitales de l'homme , et de lis, an-
ciennement emblêmes des parties sexuelles de la femme .
(2) Dans le catéchisme de Maître , d'adepte reçoit le premier enseigne-
ment relativement aux attributs divins , la Sagesse, la Force et la Beauté.
Gotthald Salomon , membre de la loge l'Aurore naissanie à l'Orient de Franc-
fort, disait notamment par rapport à ces trois attributs (Voix de l'Orient,
Manuel pour les Maçons . Hambourg, Berendson , 1845 ) : « Pourquoi dans
tout le rituel maçonnique ne trouve- t-on pas la moindre trace d'un chris-
tianisme religieux ? Pourquoi le nom du Christ n'est-il pas prononcé une
seule fois ni dans les serments , ni dans la prière dite à l'ouverture de la
loge ou aux banquets ? Pourquoi les Maçons datent-ils leur ère non de la
naissance du Christ, mais comme les Juifs , de la création du monde ? Pour-
quoi, dans toute la Maçonnerie ne rencontre-t-on pas un seul symbole
chrétien ? Pourquoi le compas, l'équerre et la perpendiculaire ? Pourquoi
n'y voit-on pas figurer la croix et les autres instruments du supplice souf-
fert par les martyrs ? Pourquoi , au lieu des mots : Sagesse, Force, Beauté,
n'a-t-on pas adopté pour devise : Foi, Espérance, Charité? Une Maçon-
nerie chrétienne serait une flagrante contradiction , un cercle carré, une
équerre ronde . »
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS . 51
choisissons comme le guide qui doit nous montrer le chemin vers le sanc-
tuaire et éclairer notre travail , les sept étoiles sont nécessaires pour obte-
nir plus de clarté et de perfection . » Nous verrons plus loin quel est le tra-
vail ou plutôt le but que se proposent les Francs - Maçons. Ce travail ou ce
but consiste à modeler la société sur la Divinité de la Franc-Maçonnerie,
surtout sur la partie de la Divinité qui est le monde visible et auquel prési-
dent spécialement les sept émanations dites de la construction .
(1) Les trois classes dans lesquelles la Divinité est partagée, donnent lieu
à un nombre plus ou moins grand de degrés , de subdivisions ou d'éma-
nations célestes , selon les différents rites ou systèmes des Francs-Maçons .
(2) Ces différents symboles jouent un grand rôle dans les temples maçon-
niques. Les rituels et les décorations des loges les rappellent fréquemment,
A
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS . 53
333
que (2) . Quant aux hommes qui ne sont pas des serviteurs ou
des enfants de la lumière, et c'est là de beaucoup le plus grand
(1) Pour les Francs-Maçons , les hommes , quels qu'ils soient , sont ou des
enfants de la lumière, c'est-à-dire des initiés à la franc-maçonnerie, ou des
enfants des ténèbres, des profanes placés en dehors de la franc-maçon-
nerie . Cette division est d'une grande importance au point de vue des con-
séquences qu'elle produit.
(2) Cette distinction est la base de la division en deux parties des socié-
tés secrètes ou des mystères des Francs-Maçons , dont nous parlerons ci-
après,
54 LIVRE 1.
ture, porte ses investigations jusque dans les secrets les plus
çoit pas la loi , mais qui la donne et qui affranchit tous ses reli-
leste que Dieu créa comme un soleil moral pour éclairer les
mortels assez heureux pour s'abriter sous elle (6). >> « Le vrai
tous les progrès qui se sont opérés depuis cent ans dans le
monde (3) . » « S'il m'était permis d'ouvrir à vos yeux les archi-
aux secours qu'il recevait, paraît - il , des loges . Il sut faire ac-
croire qu'il avait guéri plus de 15000 malades (bien que ses
qu'il était âgé de plusieurs mille années . Pour opérer ses pré-
magie . Il avait dans sa maison une loge où il faisait voir des re-
venants . Il se brûla la cervelle en promettant à ses adeptes qu'il
nait avec les personnages les plus considérables et les plus ins-
tous les chapitres de ses ouvrages par une vision céleste , qua-
ment. On sut , par ses sectateurs , que les richesses qu'il distri-
conde catégorie des Francs- Maçons il faut placer les autres sec-
ternes qui ne les valent pas. Tels sont les novateurs avoués ,
hauts grades des loges . Tels sont les Francs- Maçons qu'on
sont cachés ; l'autre , qui est extérieure , ouverte aux adeptes des
les grades sont variables (2) . Mais les classes qui sont au nom-
rieur et qui a pour chef un Grand - Maître avec des Conseils , l'en-
en est autrement dans les deux autres classes qui forment la di-
Dans l'une , l'attribut est l'épée ainsi que le poignard ; dans l'autre,
l'attribut est la croix X ou la croix de Saint-André ou un autre
20- d'après les grades . Dans les grades inférieurs il y a des épreu-
! ves par les éléments et des épreuves intellectuelles, morales et
& sociales . Les premières consistent à purifier le récipiendaire par
la terre, par l'air , par l'eau , par le feu . A cet effet , on introduit
le récipiendaire dans des lieux obscurs qui sont censés être sou-
un plastron sur lequel est brodé une tête de mort avec un os et un poignard
en sautoir, le tout entouré de la devise vaincre ou mourir. Ils portent aussi
un grand cordon noir avec la même devise vaincre ou mourir. Au bas du
cordon pend un poignard . Le mot de vengeance figure différentes fois dans
les rituels des grades d'élu . Dans les grades de chevalier de l'épée ou de
chevalier d'Orient, il s'agit de la miséricorde ou de la grâce à obtenir pour
les frères qui sont censés être en servitude . Dans les grades de Saint-
André ou d'architecte, il est question spécialement de l'ordre spirituel ou
de la religion ; les emblêmes principaux y sont la croix de Saint-André , le
triangle ou l'étoile flamboyante et des étoiles ou des têtes d'anges . Voir
aussi Eckert et Gyr , La Franc-Maçonnerie, t . I , p . 193. Le Chef suprême ,
placé à la tête de tout l'ordre, est à celui-ci ce que le Grand - Maître est à l'or-
dre extérieur.
64 LIVRE 1.
ainsi que tout son métal (argent) ; on lui bande les yeux et on
fait passer entre les deux colonnes du temple, après quoi vient
dernes qui n'aime pas les expressions trop libres et trop crues.
L'architecte Adonhiram , choisi par Salomon , présidait au paye-
(1) Dans l'histoire d'Adonhiram, qui est racontée dans le grade de maî-
tre ou de vénérable, c'est -à-dire dans le troisième grade de la Franc-Maçon-
nerie symbolique ou extérieure , pour ne pas divulguer la Franc- Maçonne-
rie secrète ou intérieure , et laisser voir que celle -ci renferme les deux clas-
ses les plus élevées, tandis que la Franc-Maçonnerie symbolique comprend
la classe la plus basse, on a appliqué la dénomination de classes aux trois
degrés de la Maçonnerie symbolique , de manière à laisser croire que toute
la Franc- Maçonnerie y était contenue .
1
lis qui sont censés décorer les deux colonnes des temples et
jours , chez une fraction d'entre eux qui a conservé les noms
88
CHAPITRE III .
ET RELIGIEUSES OU MYSTIQUES ,
=
parce qu'il possédait la sainte Écriture (1) . >> <<<Tout ce que le
lui- même porte sur ses aigrettes la poussière pure des pieds des
brahmanes (6 ). » En Perse, les prêtres d'Ormuzd se trou-
les mystères fondés par ces prêtres, et qui étaient censés éma-
ner de la divinité elle -même ou de la nature par excellence, du-
apparente, tout ce qui a été , tout ce qui est et tout ce qui sera,
autre qui tombe sous les sens , qui est apparente et plutôt maté-
Leur dicu, où ce qui est pour eux la nature par excellence , est
appuyé sur trois bases, la Sagesse , la Beauté et la Force, et donne
lence, est appuyé sur trois bases ou divisé en trois classes qui
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS - MAÇONS . 77
ou des enfants des ténèbres qui ne sont rien moins que des
frères .
sorte son corps et, de cette manière , font partie intégrante de son
employées dans les deux classes supérieures , qui sont censées re-
ces quatre éléments, ces neuf degrés , ces trois émanations supé-
flamboyante .
chefs de loges qui, d'après les classes, sont censés être très
dans les loges où ils président, sont assis sur un trône qui est
censé être celui du monde , puisque les loges figurent le monde (1) .
Dieu créa comme un soleil moral pour éclairer les mortels assez
nes sont si pures qu'on ne peut les faire filtrer que petit à petit
des cieux sera son toit, les pôles ses murailles, le trône et
des deux c'est le Brahmane qui est le père et qui doit être res-
( 1 ) D'après les développements qui seront donnés plus loin , livre II, on
verra clairement que , dans la franc-maçonnerie intérieure, les mots Dieu ,
sagesse, lumière, ténèbres , vertu , vice , bien , mal , progrès , etc. , ne sont
que des apparences ou des faux- semblants, des mots qui ont une signifi-
cation opposée à celle qu'y attachent la civilisation chrétienne et le bon
sens des peuples ; de manière , par exemple, que ce que la franc-maçonne-
rie appelle Dieu , lumière , bien ou vertu est, pour les chrétiens , matière,
ténèbres, mal ou vice . C'est ce qui explique comment la franc-maçonnerie
se sert d'un argot ou vocabulaire où les mots sont détournés de leur si-
gnification ordinaire et consacré par l'usage des nations chrétiennes .
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS . 87
ques) (1) ; parce que, chez les anciens , les peuples étaient divisés
(1) Dans les loges , le soleil , la lune et les étoiles sont des symboles de
la lumière ,
88 LIVRE I.
parties, l'une secrète et cachée , l'autre qui tombe sous les sens
autres motifs , parce que la Divinité est appuyée sur ces trois
bases, parce que la nature est soutenue par les dites basse (exem-
l'autel et les deux autres placés en sautoir sur la table, sont les signes ca-
ractéristiques et les emblèmes de ce grade . Ils nous rappellent les Israéli-
tes qui, lors de la construction du temple, tenaient leurs instruments ma-
çonniques d'une main et l'épée de l'autre . Ces armes vous rappellent aussi
que vous vous trouvez dans un ordre militant qui ne peut parvenir aux por-
tes de la nouvelle Jérusalem qu'en se frayant un chemin à travers l'armée
ennemie. La clochette est l'instrument par lequel vous obtenez l'entrée
du temple, et la lanterne sert à vous éclairer . » Dans le catéchisme des
grades inférieurs écossais, on voit que le récipiendaire reçoit un poi-
gnard et une lanterne « pour défendre le temple et pour mourir plutôt
que d'être parjure , pour vaincre et défendre la couronne de Salomon >> et
qu'il achève le travail « en unissant les instruments de la guerre aux
outils du travail , l'épée dans une main et les outils maçonniques dans l'au-
tre . »
(1) Cette dernière interprétation, qui est des plus significatives , est em-
pruntée au rituel des loges et spécialement de la grande loge d'Allemagne
(Eckert et Gyr, La Franc-Maçonnerie, t . I, p . 37 , 163.) .
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS . 99
lement donné plusieurs sens, ils parlent assez par eux- mêmes.
existe des grades élevés où elle s'en mêle (1) . En admettant même
(1) On ne peut pas perdre de vue que la maxime fondamentale des pré-
décesseurs et inspirateurs des Francs -Maçons , c'est-à-dire des mystères des
Gnostiques , était de jurer et de se parjurer plutôt que de révéler les se-
crets de la société secrète « jura , perjura , secretum prodere noli (Eckert,
Die Mysterien etc. , p . 52 , 53 , 79. ) . Pour les initiés à ces mystères , la fin
justifiait et innocentait les moyens . D'ailleurs, la loi suprême de tous les
mystères ou de toutes les sociétés secrètes , a toujours été le secret . C'est
pour sauvegarder le secret, que tous les mystères ont multiplié les ser-
100 LIVRE I.
que des initiés, tels que des grands seigneurs, des princes , des
des les plus élevés où tous les secrets sont connus, y com-
tention sur des sens ou des significations qu'il n'est pas dangereux ,
menis à prêter par les initiés, et ont comminé le plus souvent les peines
les plus atroces contre ceux qui , sans autorisation , dévoileraient les secrets
des mystères . Au surplus, d'après le Procès des Templiers (t. I , p . 115 ,
248 , 167, 168 , 169, 140) , la maxime fondamentale des Templiers était la
même que celle des Gnostiques . Il est à remarquer aussi que les Templiers
avaient deux sortes de livres : ceux des statuts de l'Ordre, qu'ils montraient,
et ceux qui étaient tenus secrets (t . I, p . 176. ) . On comprend comme il est
facile de nos jours aux Francs - Maçons , de se conformer à ces traditions,
et d'employer, par exemple , selon les circonstances, des cahiers d'initia-
tion différents , parmi lesquels il s'en trouve où toutes les choses offensan-
tes pour la religion et les gouvernements sont omises (Neut, La Franc-
Maçonnerie, t. II, p . 37, 38 ; Eckert, Die Geheime Mysterien Gesellschaf
ten, Vorwort, s . 19-25) , et de transmettre par la tradition verbale les se-
crets les plus importants et qu'on ne peut pas confier au papier.
LES GNOSTIQUES ET LES FRANCS -MAÇONS . 101
contre eux - mêmes (1) . » Il est à noter encore que les écrivains
qu'elle veut agir sur les esprits des membres de l'ordre inférieur
88
1
LIVRE II.
88
CHAPITRE PREMIER.
CONSIDÉRATIONS
SUR L'ENSEMBLE DU GNOSTICISME ET DE LA FRANC -MAÇONNERIE
OU SUR LES APPARENCES ET LA RÉALITÉ .
Nous avons dit plus haut que les Gnostiques et les Francs-Ma-
vinité ; que ce qu'ils tiennent comme bon dans les religions , les
Maçons ont fait briller, aux yeux des initiés de l'Ordre extérieur
niquée par Dieu à Moïse , pendant les quarante jours qu'il passa
sur le mont Sinaï , transmise aux soixante et dix vieillards avec
écrit , ainsi que la loi (2) . Les Gnostiques proprement dits se van-
taient d'avoir des connaissances ou des lumières extraordinaires
gieux (2) . Les Francs- Maçons , ici comme ailleurs, n'ont fait que
suivre la voie tracée par les Gnostiques en général . On peut s'en
sage . Voilà pourquoi notre temple est appelé Ision (de Isis ,
confidents (1 ) »
> « Notre institution est l'école de toutes les ver-
les notions fausses que s'en forment les souverains et les sujets ;
cœur des hommes ; ils s'y dévouèrent , afin que la lumière éclatant
dans le monde, liberté , égalité , fraternité . C'est par ces mots que
qui se manifeste par ces mots? N'est-ce pas cette même liberté
que le maçon prise au- dessus de tout? N'est-ce pas la liberté,
n'est- ce pas la fraternité qui ont toujours regné dans nos loges?
que la vie et les travaux de nos ateliers ont toujours été consa-
crés ? (2) »
> « Rappelez -vous que les peuples qui ont levé en 1848
l'étendard de la révolution avaient écrit sur leur bannière vic-
politique, qui aurait pour objet soit la controverse sur les diffé-
<
«< L'Ordre n'a pas pour but des opinions ou des actes dange-
reux pour l'État , la religion et les bonnes mœurs ; tous ses efforts
ont pour but d'intéresser à l'amélioration morale des hommes ;
et le frère de celui qui souffre ; celui qui aime toutes les créa-
tures et n'écrase pas le ver qui rampe à ses pieds ; celui dont le
faible ; celui dont l'âme est capable de grands projets ; celui qui
cœur ; celui-là est l'homme qu'il nous faut pour faire partie de
eşt l'idéal de la parfaite harmonie qui devrait lier les hommes en-
tre eux dans la société humaine . Comme il n'y a qu'une religion ,
leur temps parmi les fous ; c'est ainsi que nous voyons les plus
sages parmi les génies humains, cacher leurs idées et leurs doc-
ceux qui souffrent .... l'Ordre acquitte les dettes des prisonniers
et les rend à la liberté et à la famille ; il rachète des captifs , il
élève les enfants des pauvres , a des crèches et des écoles pour
eux , fait apprendre des métiers aux fils des frères dans le mal-
(1)Rebold, Histoire des trois grandes loges des Francs - Maçons en France,
p . 652 et suiv.
(2) Le Globe, t . IV, p . 204.
(3) Le Franc- Maçon, 3º année, p. 111 .
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME, ETC. 113
l'offrir aux malheureux qui tous les jours lui tendent les bras
tère afin que la main droite ignore ce que fait la main gau-
che (2) . »
> « J'en appelle aux infortunés de tous les pays de la
ils sont instruits par ses bienfaits (3) . >> (< Essayer d'analyser,
sans cessse que ferait- on dans les grandes villes s'il n'existait
ché sous son voile, il ne veut révéler son existence que par le
pêcher qu'on connût leur secret , ont recouru plus d'une fois aux
et fonder leur puissance . Ce n'est pas sans raison que Fichte (1) ,
tion ; mais dans le fond , il enveloppe celui qui l'écoute des té-
de son but, considéré par elle comme son bien suprême , lors-
qu'il s'agit d'employer les moyens , elle fait attention , non à leur
moralité, mais à leur efficacité . Persuasion et mensonge , artifice et
ruse, calomnie et violence , tout lui est bon . Une telle association ne
que les membres initiés ne sont pas tous instruits des intentions
perverses que l'on prend souvent soin de masquer sous les plus
belles apparences ; parce qu'il n'y a que des esprits médiocres qui
se laissent enserrer dans cet étau , tandis que les hommes supé-
ne lui sont garanties que par des hommes qu'il ne connaît nul-
lement, envers qui il contracte des engagements sans réciprocité ,
pose comme caution ; parce que des intrigants et des gens sans
tent les semences des plus grands maux ; parce qu'elles sont l'oc-
aux faits qu'il faut demander vos preuves ; c'est l'ensemble qu'il
est son premier secret ; son existence et ses moyens , son second . »
Le travail qui va suivre n'est que la suite de celui que nous avons
88
CHAPITRE II.
Section première .
des Francs-Maçons .
autre que ces forces mêmes classées avec ordre . Aussi , retrouve-
qui tombe sous les sens ; l'homme céleste ou Adam Kadmon dont 4
le cerveau et le corps sont semblables au cerveau et au corps
jusque et y compris ceux qui ne sont animés que d'une force dy-
namique et matérielle . En se conformant en réalité au matéria-
sance qui tombe sous les sens ; les hommes célestes dont le cer-
Maçons, qui n'ont fait que reproduire les bases du système des
Gnostiques Kabbalistes, ne sont au fond que des matérialistes .
rie, qu'à toutes les époques où ceux- ci ont vu le jour , ils ont
(1) Ce même culte de la matière est exalté par des dignitaires Francs-Ma-
çons, tels que M. Renan , qui écrit : « Le culte du soleil est le seul culte
raisonnable et scientifique... Le soleil est le dieu particulier de notre pla-
nète. » (Revue des Deux-Mondes , 15 octobre 1863. )
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME, ETC. 125
diats de ces chefs d'école, y compris les fils de ces chefs , se livrè-
les Adamites , les Procidiens, les Agapètes ne firent que tirer des
loi que celle d'Adam, celle que l'Éternel avait gravée dans son
cœur . Cette loi est celle qu'on appelle la loi naturelle . Le com-
pas vous avertit que Dieu est le point central de toutes choses .
Par l'équerre il nous est découvert que Dieu a fait toutes cho-
ses égales . La pierre cubique nous avertit que toutes nos actions
doivent être égales. Si vous me demandez quelles sont les quali-
rain bien, je vous répondrai qu'il faut pour cela avoir écrasé la
La plus simple loi de la nature rendait nos pères les mortels les
leur promet la béatitude et leur fait sentir par des paroles cri-
les hommes qui sont soumis à son empire et les trompera jus-
128 LIVRE II.
nèbres des dignitaires maçons ont dit (4) : « Nous n'avons pas
atome est conservé pour faire partie du grand tout …….. Nos âmes
et le verbe haut dans bien des loges, c'est -à-dire dans des tem-
ples maçonniques , et qui plus est , dans des temples de la ma-
fanes et qui , par suite , doit être beaucoup plus prudente et plus
circonspecte que la maçonnerie intérieure ou secrète . On y
entendu discuter, à l'occasion de la réunion des chefs de la ma- .
t. VI, p. 507 et suiv.; Invocation des vénérables lors des cérémonies fu-
nèbres, Dubreuil , Histoire de la Franc-Maçonnerie, t . II, p . 164 .
1
130 LIVRE 11 .
lui ait été accordée pour se livrer entièrement aux plaisirs qui
lui sont communs avec la bête ? Que l'homme cesse de chercher
hors du monde qu'il habite des êtres qui lui procurent un bonheur
que sa nature lui refuse ; qu'il étudie cette nature , qu'il ap-
prenne ses lois, qu'il contemple son énergie et la façon immua-
ceux qui lui sont subordonnés . Cet être était la Nature . Il était
nécessaire de remonter jusqu'à l'arbre pour y chercher les cau-
blait avoir fixé ce point dans son propre sein . Les actions de
une loi de la nature que le soleil éclaire la terre ; que le feu dé-
que de ces règles dans les rapports qu'elles ont avec l'homme,
lui conservent l'existence , et la rendent aussi heureuse que pos-
n'en ont été que de pâles imitations . Il est universel, parce que,
132 LIVRE II.
sur des faits sans cesse patents à nos yeux et à nos sens. Il est
encore équitable , parce que les peines qu'il commine ne sont que
vrage d'un Être infiniment puissant . Tout nous prouve donc que
LA NATURE EST DIEU (1) , disons que cette nature renferme tout ce
logie , n'a fait aucun pas en avant . La superstition influa sur tout
et servit à tout corrompre . La philosophie , guidée par elle, ne
de bon est pillé chez les auteurs païens et que, dans ce qu'elle
se fût faite par écrit , montrer les originaux , les produire en ca-
tion qui est entre le caractère des prêtres et leur conduite géné-
rale et particulière, est le grand principe du discrédit dont ils
turelle), ses dogmes , ses principes sont vos principes , vos dogmes,
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 135
votre loi; c'est à leur propagation que vous avez engagé votre foi
lectuel par l'affirmation d'une idée qui lui fut propre et à la-
planches, quel qu'en soit l'objet , sauf avis contraire de l'Atel ... »
>> car nous n'avons pas encore su conquérir les femmes ; peut-
>> être serons- nous obligés de fermer nos loges . Ah ! s'il s'agis-
>>> jeunes gens du congrès de Liége n'ont pas été reçus Maçons ?
>> Nous leur avons tendu la main et nous leur avons dit : tra-
(1) Autant vaudrait dire que l'homme est supérieur à Dieu ou que Dieu
est subordonné à l'homme . Il est facile de comprendre qu'au fond le frère
Parrot ne croit pas en Dieu .
(2) On verra plus loin des traits de morale indépendante , empruntés à
l'antiquité, au Gnosticisme et à la Maçonnerie elle-même, lorsque nous par-
lerons de la Beauté, de la Force et de la Royauté, et des apparences, ainsi
que des réalités en fait de Gnosticisme et de Maçonnerie,
138 LIVRE II.
» parce que vous avez au-dessus de vous une autorité qui vous
n'a donc pas voté l'art . 1er de la constitution , mais il croit qu'en
inscrivant la liberté de conscience dans cet article , la maçon-
créer une sorte de Panthéon dans lequel elle admettra tous les
140 LIVRE II.
mot Atheos, et que pourtant cet athée est allé mourir sur les
» ces formules ne signifient rien . Nous avons sur Dieu les idées
» par tous (1) ; vivons de plus en plus de cette vie qui est le
>> progrès , sans nous inquiéter de religion etc. » De longs ap-
nom des loges de Lyon . Il dit que les déistes ont été provoqués,
>> par les luttes religieuses , ils n'ont pas pour ce fait rejeté tou-
>> tes les religions, ils se sont bornés à proclamer une religion
>> truelle passe sur bien des inégalités , mais il ne faut pas
mais figurer sur toutes les pl ... quelles qu'elles soient. >> Ce qui
être inutile , un mot vide de sens , puisque elle fait double emploi
Maçons , tels que M. Renan , ont osé aller jusqu'à écrire et à pu-
blier : «
< Dieu , providence, âme, autant de bons vieux mots , un
rer, par le langage , des simples qui adorent si bien à leur ma-
nière.... Les sciences supposent qu'il n'y a pas d'être libre , su-
apparut sur le sol encore créateur sans être allaité par une
femme, songe-t- on aux faits étranges qui durent se passer dans
dans l'ordre des faits , dit une contradiction , comme qui dirait
surdivin dans l'ordre des substances . Qu'est- ce que Dieu pour
144 LIVRE II.
sont les catégories des corps , c'est-à- dire les formes sous les-
matérialisme .
Section II.
les Grecs, aux petits temples portatifs qu'on nommait des Her-
crés (2) . En Phénicie , les jeunes filles, avant leur mariage, de-
n'y a plus de jouissance pour celui qui est mort. Je ne suis plus
sède tout ce que j'ai mangé, tout ce qui m'a diverti , ainsi que les
nes (1) .
taient toutes les impuretés , même celles qui étaient les plus con-
traires à la nature. » En présence des exemples de corruption
se confondaient avec les deux mêmes castes qui étaient les prin- .
était des plus grandes . C'est à l'alliance des prêtres et des rois ou
sence des principaux dieux , qu'il surpasse en éclat tous les au-
(4) IX, 322 ; II , 135. Voir notamment, quant à la subordination des rois ,
et en général des hauts fonctionnaires publics à la caste des prêtres au
moyen des mystères, Eckert, Die Geheime, etc. , p . 87 et suiv . , 93 et suiv. ,
111 et suiv.
(2) VII , 8 , 5.
(3) Ampère, Voyage et Recherches en Égypte et en Nubie, Revue des
Deux-Mondes, 1849 , t . 1 , p . 95 et suiv .; Rosellini , Monumenti storichi dell'
Egipto, t . III, p. 80 et suiv.
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 151
des rois (a) : « Voici comment vous traitera le roi qui régnera
sur vous : il prendra vos fils et les mettra sur ses chariots et
parmi ses gens de cheval, et ils devront courir devant son char.
Il les prendra aussi pour les établir gouverneurs sur des mil-
' ses esclaves . >> Ces traditions despotiques passèrent aux Grecs
autres , la loi n'est pas faite pour ces êtres supérieurs , ils sont
oriental qui consistait pour les sujets de tout rang , alors qu'ils
étaient admis en la présence de l'empereur , à se prosterner
de leur nature divine , et sûrs d'être sauvés quand même ils pé-
saurait ternir l'éclat de l'or . Pour eux , les actions étaient toutes
il a fait dire de sa secte (2) : « Ceux qui , depuis son temps , ont
puisse en parler pour peu qu'elle ait de la pudeur , n'y ayant rien
(1) Leon . Pap . , Serm . XV; August . , Hares . 46 ; Cyrill . , Hieron . , Ca-
tech . 6.
(2) Eusèbe, Histoire des trois premiers siècles de l'Église.
(3) Pluquet, Dictionnaire des Hérésies, vº Marc.
(4) Matter, t . II . p . 261 et suiv.; Pluquet, vo Épiphane,
154 LIVRE 11.
loi animale, et par suite ne vit dans l'homme que le côté ani-
nous qui l'en aurions fait sortir . Mais il en a été tiré depuis long-
quer, dans les interrogatoires que nous publions , que les déné-
gations sont presque toutes identiques , comme si elles étaient
plus profond secret par suite du serment que les initiés étaient
avait encore un autre , que voici : « Dum erit juvenis sæcularis, omnes
pueri clamabant publice et vulgariter unus ad alterum : Custodiatis vobis ab
osculo Templariorum . » (Concil. Britann . , p. 360, Testis 24. )
(1) Eckert, Die Mysterien der Heidenkirche, p. 56 .
158 LIVRE II.
faire secrètement leurs passions ainsi que les passions , des frères
qui avaient du penchant pour les plaisirs . Ces loges avaient en-
Il serait encore temps d'essayer quelque chose , car elle n'en est
qu'au quatrième mois . Ce qu'il y a de plus désolant , c'est que le
n'a pas pour but des actes dangereux pour l'État , la religion et
les bonnes mœurs ; tous ses efforts ont pour but d'intéresser à
faut que le mal moral soit devenu bien grand pour qu'il soit
térieure, c'est- à- dire dans celle qui se trouve sous les regards
pénétrer dans les maisons des artisans comme dans les palais
des riches , dans les chaumières comme dans les châteaux , et
exercer des ravages d'autant plus grands qu'elle s'offre sous des
sance morale qui exerce une grande influence chez les Francs-
(1 ) 7e année, p . 99 .
(2) Annales maçonniques des Pays - Bas, t . V, p. 424.
(3) Neut, La Franc-Maçonnerie soumise au grand jour de la publicité, ·
t . II , p . 7 et suiv. - Dans son Histoire de la Franc-Maçonnerie, p . 149 ,
M. Venturini, sous le pseudonyme de Jeder, dit des souverains : « L'en-
trée des souverains dans l'Ordre est de très bon augure . Quoiqu'ils ne puis-
sent contribuer à la construction du temple maçonnique , ils sont très pré-
cieux pour l'Ordre , soit à cause de leurs richesses, soit à cause de leur
immense influence... Là où le prince boude , il y a mauvaise grâce à vou-
loir trop s'élever , tandis qu'on peut cingler à pleines voiles , dès qu'une
brise favorable s'élève de la cour . Puissent nos augustes hôtes être tou-
jours dispensés de travailler à la sueur de leur front et continuer à rester
inactifs et muets comme la poupée de Martin ! Leur présence produit d'as-
sez heureux effets sur ceux-là surtout auxquels il en coûte déjà beaucoup
de faire quelque chose d'utile dans l'ombre et le silence . Où ils disparais-
sent, l'édifice est menacé, comme une ruche sans reine . »
166 LIVRE II.
gle, où l'on a le droit de dire aux autres dans les loges qu'ils
je crois qu'il est de mon devoir de jeter un coup d'œil sur les
Maçons . On sait combien le premier pas qu'on fait dans l'Ordre est
les souverains , tel était notre but , comme il avait été celui des
ploiter les sentiments religieux, d'exécuter les plans les plus crimi-
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 171
şeconds . »
des enfants des ténèbres , des intrus ou des ennemis , n'ont- ils
pas de motifs pour se plaindre de cet état des choses où ils
ont été contrôlés , soit par la nation , soit par des cours de jus-
tice, soit par l'opinion publique issue du christianisme et
cas mêmes où ils avaient choisi une mauvaise voie et qu'ils s'opi-
sable à tous les pouvoirs qui veulent trop grandir, n'existe même
encore moins des profanes, qu'on n'y connaît que des instru-
ces et les nécessités du moment , sans que l'Ordre lui - même soit
que par le petit nombre de ceux qui sont au timon et qu'on fait
Quant au jeune homme qui ne voulait pas entrer dans leurs as-
que les Illuminés ont en vain essayé d'entraîner dans leur secte,
tait sans pitié la mort de tout individu qui leur faisait ombrage .
port . Elles savaient qu'une monarchie n'est pas refaite par cela
les Amis du peuple et les Droits de l'homme. Chaque pays eut son
plus tard devaient acquérir une si fatale célébrité, tels que les
Sterbini, les Galetti, les Ricciardi, les Ramorino, les d'Apice, les
Romeo et une foule d'autres encore . Là se trouvaient Weithing,
chef de la jeune Italie, institua des clubs dans tous les pays pour
» tion doit se faire dans les grands pays , comme la France , par
>> le peuple ; dans les autres , notamment en Italie, par les prin-
» ces . Le Pape entrera dans la voie des réformes par la néces-
>> que tribunal secret sera compétent , non- seulement pour juger
>> les adeptes coupables , mais pour faire mettre à mort toute
>> personne qu'il aura frappée d'anathème . » Et toute cette or-
montre : <
« un grand événement vient de s'accomplir ; Rossi
(1) Moniteur belge , 24 juin 1870 , p . 2373 , 2374 ; Idem du 25 juin 1870 ,
p. 2387 ; Bien public du 20 juin 1870. Voir aussi la circulaire du 9 juin
4874 de M. Jules Favre, ministre des affaires étrangères ,
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 183
dique . Le comité de Paris prit une part active dans les grèves
règles de conduite , ils les ont trop de fois énoncées pour qu'il
soit nécessaire de démontrer longuement qu'elles sont la néga-
être utilisées que par les travailleurs , c'est- à-dire par les asso-
ciations agricoles et industrielles . Tel est le résumé de la doc-
les perspectives qu'ils étalent aux yeux des gens simples qu'ils
une enquête sur des faits graves, arrivés à Sheffield pendant les
livres à celui qui fit sauter Hellewell . Il fit tirer sur un certain
nombre d'ouvriers qui avaient travaillé en temps de grève . Le
avait sauté . Un jour il trouva , dans ses ateliers, une caisse con-
maison . C'est alors qu'il engagea ses ouvriers à entrer dans l'as-
(1) Nous tenons à rappeler ici ce que nous avons dit ci-dessus au pre-
mier livre de notre ouvrage , à savoir qu'il y a deux sortes de Francs-Maçons,
les uns qui sont des novateurs avoués parmi lesquels il faut comprendre
les Jacobins et en général des démocrates ; les autres qui agissent diffé-
remment et tiennent à la domination aristocratique des hauts grades .
190 LIVRE II.
avec toutes ses horreurs, non -seulement avaient été résolus dans
Section III.
Ordre extérieur (3) . Elles existent encore de nos jours dans les
été et est encore dans les temps actuels ce que l'épée est à la
êtres créés , conserve et détruit les unes par les autres les créa-
tures créées par lui et soumises à son empire ; c'est un jeu auquel
qui doit protéger son peuple, à tuer un frère ou des sujets enne-
mis . >>
Les lois de Manou disaient (2) : « Les souverains qui , dans les
batailles , désireux de se vaincre l'un l'autre , combattent avec le
l'Asie, dit (3) : « Les plus forts choisissent dans les repas ce qu'il
vent ce que les premiers ont laissé . Il n'y a de nobles parmi eux
par les lois de la justice quand une égale nécessité les y oblige,
les hommes ont des dieux . Les dieux , par une nécessité de la
nature , dominent , parce qu'ils sont les plus forts ; il en est de
même des hommes. Ce n'est pas nous qui avons établi cette loi ; ce
n'est pas nous qui les premiers l'avons appliquée ; nous l'avons
cette loi , sachant que vous- mêmes et tous les autres peuples , si
épée (3) : « Celui qui tient en main celle-ci , est celui qui rai-
sonne le mieux sur les limites des territoires . » Le même roi disait
xès voulait que la Perse n'eût d'autres bornes que le ciel , et que
ciens . Les tributs imposés aux peuples vaincus par les Égyptiens
publiquement que toutes les terres portant des blés ou des oli-
rope (4) . Ils admettaient des femmes comme des hommes , mais
c'est qu'on nommait les choses par leur nom et que, lors de la
volonté propre pour suivre celle de l'Ordre (2) . Pour avoir des
vité et leur énergie, attirer de tous les côtés des ouvriers et des
dans leur sein les personnes les plus considérables par leur
comme les mystères anciens , dans les cas où ils ne faisaient pas
que des principes laissés et repris au seuil des loges , que des
que , pour être reçus, ils doivent se dépouiller de tout leur ar-
(1) Moniteur Belge du 24 juin 1870 , p . 2373 et suiv. Quel que soit le
nom du fondateur de l'Internationale , son caractère maçonnique est
incontestable. On n'a qu'à lire la circulaire que le Ministre des affaires
étrangères , M. Jules Favre , adressa le 9 juin 1871 aux agents diplomati-
ques de la république française , pour être convaincu que l'Internationale
est fille de la Franc-Maçonnerie et qu'elle repose sur les mêmes bases.
On sait d'ailleurs que, lorsqu'en 1874 elle dirigea la commune révolu-
14
210 LIVRE II.
bien est bien d'église ; toute profession est une fonction reli-
gieuse (1) . » Pour faire admettre ces principes , les Saint- Simo-
niens les couvraient de la plus belle apparence et les entou-
la plus séduisante . Ils disaient : «< Tous les hommes sont égaux ;
l'homme . Elle doit posséder les mêmes droits , jouir des mêmes
pouvait pas être longue , parce que l'atelier social aurait sur tout
atelier individuel l'avantage qui provient de la vie en commun
dustrie agricole , elle devait être organisée sur les mêmes bases.
Mais pour hâter la réunion des propriétés rurales au domaine
dire que toutes les terres, tous les capitaux seront devenus le
siste encore à côté des ateliers nationaux , tant que dure la situa-
tion transitoire . Mais une fois l'ancienne société détruite et
1
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 217
Section IV.
convents (2) ; sous les mystères des Francs -Maçons , des chefs
comme les biens et ne respectaient les sujets pas plus dans leur
ne trouverez chez eux presque aucun des priviléges que nous ve-
de la religion . Dans les choses qui nous semblent les plus utiles ,
à sa lyre sans que les éphores s'en montrent offensés . Dans les
les mœurs tiennent à tout , il n'y a rien que les lois ne règlent. >>>
rois et des prêtres, et qu'il n'y avait de différence entre ces abso-
celui des prêtres, était concentré dans les mains de grands- prê-
forces vives des peuples, à faire des conquêtes par tous les
sera son toit , les pôles ses murailles, le trône et l'Église ses
dotera l'univers de ses lois, que pour vénérer et bénir ses insti-
qui réserve ses plus grands triomphes , ses faveurs et ses récom-
méritait ses faveurs, tandis que l'autre n'avait droit qu'aux avan-
cité ; elles parlent dans les livres , dans les journaux , dans les
je suis forcé d'avouer qu'il se fait dans notre pays, dans le sens
leur faire croire que les sciences, à force de progresser, ont fini
breux , qui ont été autorisés depuis ce temps , tous, à part quel-
présente.
porte à cette revue , tant qu'elle persistera dans une telle voie. Il y
a plus dans ces derniers temps , des organes spéciaux ont été
foudés pour propager ces tristes doctrines athées ou antichré-
été l'appui des âmes et la base des sociétés , elles les attaquera
res et jusque dans les kiosques. Ces bibliothèques , ainsi que les
organes de la presse philosophique à bon marché, la Morale
les masses , j'ai déjà cité les paroles suivantes et très significa-
230 LIVRE 11.
<< tes dont le chef était entouré , qu'elle avait tout au plus agi
>> titut qui parle ainsi) lorsqu'un jour , demandant dans une
temps dans de plus hautes régions , que l'on compte , dans les
>>> qu'il ne s'agit pas ici des obscurs débats de tel système phi-
qui disaient tout haut ce que d'autres disent tout bas . - Des
faut bien voir ici, l'état des esprits , qui a rendu ces congrès
encore été dit , avec un tel cynisme , depuis le xvin siècle . Ces
jeunes gens, dans leur exaltation et dans leur franchise , ont tout
donnée, à les faire passer dans les faits . Tout ce qui s'est dit
là , sans doute, est monstrueux , et les abonnés du Siècle eux-
mêmes s'en sont émus . Mais , d'où viennent les doctrines qui ont
fait là explosion? Qui donc a formé ces jeunes gens ? Quels livres ,
jour une telle pâture ? Est-il besoin de le dire ? Qui nous les
que ces jeunes gens ont été désavoués ; à tort ou à raison ajou-
Quoi ? quand vous imprimeż , quand vous faites lire dans tous
lement les idées , mais le langage même des écoles et des écri-
encore ce ne sont pas tant les ouvriers qui sont coupables , que
les docteurs . Ah ! l'ouvrier laissé à lui - même , à ses naturels
aura renié Dieu , il sera plus homme , plus vertueux , plus heu-
reux ? Qu'il verra plus clair dans ces difficiles questions sociales
où nous tous , qui l'aimons autant que vous et mieux que vous ,
nous sommes avec lui pour les résoudre par les voies régulières,
ces sociétés sont- elles trouvées trop timides ; en voici une autre ,
celle des libres penseurs , dont j'ai sous les yeux les statuts, qui
»
> ni pesanteur , ni propriétés d'aucune espèce . » Suit le préam-
» qui ont déjà fait tant de bien, c'est que les sociétés des
pour elle une large part de nos félicitations , car nous savons qu'elle
aux grands principes qui servent de lien commun entre tous les
Certes , c'est beaucoup déjà que d'être parvenu , dans une pro-
des mains du prêtre . Nos frères dont les efforts ont été si heu-
jusqu'à présent, grâce aux libertés dont elle jouit et aux avan-
sera des plus utiles . Les principes que nous professons sont en
libre pensée dit : « Jules Tarlier n'a jamais oublié que la ligue
ros , où les jeunes filles sont reçues dès l'âge de douze ans , pour
mer, par une éducation morale à leur façon , des jeunes filles
>> celui d'un libre penseur ; ce n'est pas d'après mon seul désir,
>> croyait, elle aussi , qu'à l'a science et à la justice . Elle était de
» ceux qui , ayant une fois compris ces vérités, ne sauraient plus
c'est que Dieu n'est pour rien dans la morale ; qu'elle serait ,
vient donc pas de Dieu . L'homme n'a aucun besoin d'un être
supérieurà lui pour lui dicter des lois et lui imposer des devoirs .
l'appareil de ses organes , car ils ne lui laissent pas autre chose ;
246 LIVRE II.
elle n'est autre que le respect de l'homme pour lui- même ; rien
de plus . D'ailleurs , ni mérite , ni démérite, ni récompense, ni
pratique………
.. Devant le bon sens du genre humain , si Dieu est, il est
créateur ; s'il est créateur, il est législateur suprême ; et, s'il est
n'oublient qu'une chose , c'est le sens du mot Dieu . Dieu est la jus-
aucun sens . Même dans les lois positives divines , il n'y a pas de
quent. De même que tout homme qui nie Dieu et reste honnête
>> moral ; l'homme qui a une religion peut ne l'être pas. >»
prend pas et n'est pas . C'est une loi sans législateur, un effet
proclamons hautement cette loi intime , gravée par Dieu dans nos
consciences . N'est-ce pas Saint Paul qui a dit : « Les peuples qui
>> en eux-mêmes la loi : Ipsi sibi sunt lex . » Mais Saint Paul ne sépa-
>> suivant ses œuvres . » ..... Tromperie encore que cette autre
La morale commune que vous rêvez pour les uns et les autres
ceptable aux uns et aux autres , c'est une morale décapitée . Non ,
sions . L'intérêt est dans la nature ; les passions aussi sont natu-
trait, isolé de Dieu , plus haut que l'entraînante voix des inté-
produire une morale, qui parle d'une morale pour chaque siècle,
>> comme il est . Son imperfection innée est dans l'ordre, comme
>> l'avortement constant d'une étamine dans une plante . »> Cela
tout qui est- ce qui s'indignera contre une géométrie vivante (1) . »
Puis, il faut voir bientôt après l'application de ce principe à
» SENSATION TOUTE PUISSANTE qui les unit (2) . » Voilà donc les jeunes
>> ROUGIS PAS . » Et n'est-ce pas dans le même sens que , dans un
autre roman, je vois les deux principes que voici : « Un senti-
les nations et de les dominer, et qu'en fait elle lès domine , cette
254 LIVRE II.
sens spécial qu'ils ont reçu , et qui est celui de liberté et d'éga-
L
256 LIVRE II.
duire le lecteur dans une mine que creusaient alors sous les
Maçons ont porté de tout temps sur leur bannière les mots :
Nous avons déjà fait voir ci -dessus, par une citation de Ben-
(1 ) Page 200.
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 261
mais leurs parents, leurs amis , ceux qui les connaissaient , ceux
qui leur avaient parlé, ceux qui par hasard avaient voyagé avec
eux ; qu'il proscrivait , démantelait et dépeuplait des cités entiè-
dans Paris et dans les provinces . Ils étaient payés pour chaque
1
262 LIVRE II.
audace les systèmes les mieux établis . Il voulait qu'on abattît les
pris les femmes et les enfants . Dans le Nord , Joseph Lebon par-
ment de mort inventé par un des frères pour venir en aide aux
tion , enrôla les scélérats tirés des prisons , les déserteurs et les
n'en est pas moins vrai , comme nous l'avons dit plus haut , qu'il
(1) On sait que les Francs-Maçons sont tenus de secourir les frères qui
sont dans la détresse . (Neut , La Franc-Maçonnerie, t . I , p . 40 et 242 ; Ec-
kert et Gyr, La Franc-Maçonnerie, p . 62 ; Labis , Le Libéralisme, la Franc-
Maçonnerie et l'Église catholique, p . 134 et suiv . )
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 267
assez bien exposés par M. Jules Favre, ministre des affaires étran-
gères, dans une circulaire qu'il adressa le 9 juin 1871 aux agents
diplomatiques de la république française . Il résulte de cette cir-
.
publique peut tout et que la liberté n'exclue pas la domination
absolue du pouvoir, c'est- à-dire de ceux qui représentent
mes à ces puissances, non pas pour leur permettre d'agir libre-
ment, mais pour les asservir, les attacher à son char et leur faire
ciens et, avec elle , celle qui s'est inspirée de la liberté des an-
voir maçonnique . Pour être reçu dans les loges, il est obligé de
ments , privé de tout son argent qu'il doit remettre à des prépo-
sés Maçons, et offrant en signe de sa soumission son chapeau et
envers ceux qui occupent les grades suprêmes , par des serments
nant , ainsi que mon opinion personnelle sur leur compte ; je jure
et promets de n'en jamais devoiler la moindre chose à personne,
quelle sont tenus les Maçons dans leurs relations avec leurs
s'entassent sur les grades, où le lien est d'autant plus fort qu'il
venir dire aux autres dans les loges qu'ils ont des choses ni une
des hommes haut placés dans le monde , des hommes dont , par
tous les cas, c'est une chose grave qu'il existe une association ,
rité, alors qu'il serait assez heureux de trouver autre part quedans
un des journalistes fut tué sur la place , les autres restèrent pour
votre vie, vos biens , tout vous reste ; mais de ce jour vous êtes
(1) Nous ne parlons pas ici de la situation morale des États- Unis où il
est permis au matérialisme le plus net et le plus grossier de s'étaler publi-
quement et de mettre en pratique ses conceptions destructives de toute
morale , et où les mandataires du peuple s'exposent à se voir publiquement
reprocher leur conduite scandaleuse dans les termes suivants : « Il est un
fait malheureusement trop vrai . La corruptibilité et la vénalité des manda-
taires du peuple à tous les degrés est la plaie sociale et politique de ces
temps . On sait à n'en pouvoir douter que dans les conseils des villes , dans
les législatures d'État , au Congrès même , il est des consciences et des vo-
tes à la disposition de ceux qui les payent . Quand un intérêt est en cause,
comme une concession de travaux d'utilité publique, un impôt, une taxe etc. ,
immédiatement les intéressés se réunissent formant une coalition . Ils dé-
signent un certain nombre de délégués chargés de plaider leur cause dans
le sein des comités compétents et auprès des membres influents ... Mais à
côté d'eux il y a l'agent secret, chargé de faire au mieux des intérêts enga-
gés l'emploi des fonds que les intéressés ont souscrits et versés. C'est là
qu'il faut chercher la cause de ces fortunes rapides, inexplicables, scanda-
leuses que font en peu de mois certains membres de ces assemblées . (Jour-
nal de Gand, du 11 mars 1870 , reproduisant une lettre datée de New-York le
22 février 1870. )
278 LIVRE II.
que les noms , et le fond des choses est resté . Ceux qu'on appe-
ter ces faits importants sur lesquels nous reviendrons plus loin
intérieure ; car , dans l'un comme l'autre cas , il s'agit d'un même
réelle dans le sort de ceux qui n'admettent pas les vues du pou-
sociation les apparences les plus belles et les plus séduisantes (1) .
Mais pour tous ceux qui savent voir et comprendre , cette alliance
anéantir non-seulement ces fléaux eux -mêmes (les rois , les nobles ,
`le glaive d'extermination tous les recoins qui cachent ses enne-
mis mortels et célébrera la fête de la vengeance sur des monta-
terre que celui du tombeau . S'il est reconnu que les réaction-
naires , et surtout les princes , possèdent de l'argent ou des pro-
l'Église ;
en réalité de la Franc-Maçonnerie .
Ba
CHAPITRE III .
confirmation dans la série des faits dont nous avons parlé dans
2
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 285
grades dont les maximes sont horribles ; c'est lui sans doute
confié . >> Ces paroles sont très -justes, quand on les applique aux
nier pour les grades élevés , c'est-à - dire pour ceux où les initiés
le temps pour les initiés des grades inférieurs, c'est- à - dire pour
trouve attachée ..... Peut - on assez flétrir les hommes qui , portés
sectes (1) . Dans les temps modernes, les Francs- Maçons ont
Maçons n'ont pas reculé devant les assertions les plus osées en
affirmant que les Jésuites , ou les Chrétiens les plus contraires à
tées par les Gnostiques , tels que les Manichéens et les Templiers,
nisme Quel que soit le pays que l'on considère , à cet avéne-
en relief. Dans l'empire romain , les auspices, les fétiches, les sor-
rent la nuit les cimetières pour déterrer les morts ou faire périr
modifier un pareil état des choses , qui existait depuis des siècles
l'Égypte et aux serfs ou aux étrangers des Grecs (1) . Les Gnos-
(1) La Grèce se fit remarquer par les serfs , comme l'Inde par les parias .
A Sparte il y avait les llotes, à Argos les Gymnètes, à Sicyone les Koryné-
phores, en Crète les Mnoites, en Thessalie les Pénestes . A Athènes même,
les citoyens étaient opposés à l'origine aux campagnards exclus de la cité .
Les serfs étaient grees d'origine et se distinguaient parlà des esclaves qui
étaient pris parmi les étrangers ou les barbares . Il n'y avait pas de diffé-
rence en fait entre les serfs et les esclaves. La distinction entre les pa-
rias et les castes et celle entre les serfs ou les esclaves et les membres des
cités reposent sur la même base , celle de l'infériorité d'origine ou de dons
naturels. La distinction entre les profanes et les initiés aux mystères des
Gnostiques et des Francs- Maçons repose également sur l'infériorité d'ori-
gine et de dons naturels . Chez les Gnostiques et les Francs-Maçons, les
profanes sont qualifiés d'enfants des ténèbres, et les initiés , d'enfants de
la lumière . Les sociétés anciennes tenaient les parias, les serfs et les
esclaves dans l'avilissement et ne leur reconnaissaient pas de droits . Les
296 LIVRE II.
tel que la raison et l'expérience nous l'ont montré ..... Il est clair
que la sagesse de la vie est un mal et que la folie est un bien . »>
dédain que les hommes qui exaltent le mérite de la foi , sont hors
favoris qu'il préférait comme les plus agréables aux dieux , n'ob-
âge et qu'il ait fallu parfois une autorité religieuse presque abso-
lue pour les combattre et les réprimer. Quoi d'étonnant égale-
rangées sous la bannière des loges , se sont même servis des Gnos-
que les illuminés ont en vain essayé d'entraîner dans leur secte ;
qui ont réussi.... Damilaville doit être bien content et nous aussi
honnêtes gens et la laisser à la canaille pour qui elle est faite (2) . »
rions bien à ses pieds quelque peu de limon terrestre . Il est des
cas où la trame de l'humanité couvre la réalité primitive . Dans
plus laide chenille peut devenir le plus idéal papillon . Telle est
sont des esprits bornés , décidés à rester tels , des hommes privés .
minel » «
< Notre croyance , disaient- ils , s'écroule . N'est - il pas
» évident que la lutte qui était éteinte se rallume de nouveau?
science (?) va devant elle , comme s'il n'y avait dans le monde ni
ne lui font pas peur ; elle est la lumière et sa présence les dis-
la terre . Il n'y a plus place entre les hommes et Dieu pour une
le chapitre suivant .
de Cyrus à l'égard des vaincus , dit que , pour les maintenir dans
(1) Ritter, Asien, t . IV, sect. I , p . 929 et 930 ; Dubois , Maurs et cou-
tumes des Indiens , t . 1 , p . 67 .
(2) Voir ci-dessus pag. 145 et suiv .
(3) Herod . I , 155 et suiv .
(4) Plutarch. , Apophlegm . , Xerxès, nº 2 .
(5) Xenoph. , Cyrop . , VIII , 1 , 43 et suiv.
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 313
plus douter de son bonheur, fit éclater sa joie par des cris et
les saluaient , les embrassaient, puis , ils s'en allaient les uns
pide et crurent être libres parce que les Romains les déclaraient
ment par les prêtres orientaux dans le système des castes, sont
attire les animaux par des appâts et comme on les prend dans
80
CHAPITRE IV .
Francs - Maçons ont fait briller aux yeux des initiés de l'Ordre
cet objet de tous les voeux et de tous les efforts , ce temple auguste
poussé au comble dans les loges et par les loges ; dans les opi-
des plus jeunes ; dans les différentes sectes qui divisent les
<
«< La foi religieuse du peuple a été détruite d'après le plan de
s'écria : <
« Dites-moi ce qu'a fait l'institution maçonnique depuis
de toutes les vertus . Ici encore , que fait notre institution pour
Si cela est, et je le désire de tout mon cœur, ils sont bien cou--
pables ceux qui laissent tous les frères dans l'ignorance des
les mœurs, sur les États , sur l'humanité entière, ou régime des
théocraties païennes .
faut les gagner ou les perdre dans l'opinion publique ..... Le but
sanctifie les moyens.....On calomniera un homme , s'il est soup-
sont de bonnes gens , que ces gens là , et il nous en faut , ces bon-
nes gens font nombre et remplissent la caisse . Mettez - vous donc
et des vues dans le sens que voici : « Nous nous sommes réunis
pour poursuivre le grand but que s'est proposé l'auguste fonda-
aiment l'œuvre de Dieu . » «< ..... Eh quoi ! n'y aurait- il que les
mes? Est-ce que les sages seuls seront des hommes égoïstes qui ,
de quelle manière une telle alliance est possible . Oui , elle est
possible dès que vous le voudrez , c'est -à- dire dès que vous ne
tage d'offrir à tout homme de mérite une institution qui lui pro-
cure une honorable position ..... Il ne faut pas être surpris que la
la .
lue, que lorsqu'il s'en sera fait des notions exactes , qu'il aura
examiné, trouvé, irrésistiblement senti les fondements qui la
lui font admettre , et qu'il se sera enfin confirmé dans cette cer-
reproche qu'on doit faire à Machiavel , c'est d'avoir cru qu'il fal-
vel a écrit : « Il n'est pas nécessaire qu'un prince ait toutes les
qualités dont j'ai parlé , mais seulement qu'il paraisse les avoir.
point des filets , ni le renard des loups . Il faut donc être renard
pour connaître les filets , et lion pour faire peur aux loups. Un
·
prince prudent ne doit point tenir sa parole quand cela lui
tourne à dommage et que les occasions qui la lui ont fait enga-
des vices qui lui feraient perdre son État , et se garantir des
autres , si cela se peut ; mais s'il n'y a pas moyen, il ne s'en doit
pas trop embarrasser, ni même se soucier d'encourir l'infamie de
ces vices, sans quoi il est difficile de sauver un État ; car tout
bien considéré , telle chose qui paraît une vertu , le ruinerait s'il
fidèles ces embûches , afin qu'ils s'en gardent, tantôt de les dé-
temps de nos pères par les pontifes romains, pour s'opposer aux
associations secrètes des ennemis de Jésus-Christ ; car Clément XII ,
noît XIV ; car le bruit s'était repandu que Clément XII étant
la bulle publiée par Clément XII . Cependant, pour ôter aux sec-
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 333
réussi dès lors ; mais soit que ces sectaires aient eu l'adresse de
cieuses . On doit placer à leur tête celle des Carbonari , qui paraî-
trait les renfermer toutes dans son sein et qui est la plus consi-
Carbonari sous les peines les plus graves, sous quelque déno-
pables efforts n'ont cependant pas encore cessé. Car, dans les
velles séditions que ces sociétés trament sans cesse? N'y redoute-
t-on pas les poignards impies dont ils frappent en secret ceux
qu'ils ont désignés à la mort ? Combien de luttes terribles l'au-
chaque Chrétien , quel que soit leur état , leur rang, leur dignité
<
«< gouverner le monde , mais encore et principalement pour
par les princes, et qu'ils faut transférer à ceux-ci les droits tant
haine seule de la religion qui anime leur zèle, mais l'espoir que
avantage auriez -vous à vous lier avec des hommes qui ne tien-
salue (II Ep . S. Joan . 10. ) ; ce sont les mêmes que nos pères
appelaient les premiers-nés du démon . Gardez - vous donc de
pour vous faire entrer dans les associations dont ils font partie.
aux paroles de ceux qui , pour vous attirer dans leurs assem-
dont nous avons parlé et qu'on prête même dans les grades
ceux qui en font partie . Ainsi ceux qui n'ont pas passé les rangs
<
«
< font ces choses sont dignes de mort , et non -seulement ceux qui
<«< les font , mais même les protecteurs de ceux qui s'en rendent
«< coupables (Ep . ad . Rom. 1 , 32) . » Enfin Nous nous adressons
dans ces associations , soit dans des rangs inférieurs , soit dans
des degrés plus élevés . Nous , qui tenons la place de Celui qui
a déclaré qu'il n'était pas venu appeler les justes , mais les
gue, il ouvrira ses bras pour les recevoir avec tendresse . Pour
faire tout ce qui est en notre pouvoir , et pour leur rendre plus
facile le chemin de la pénitence, Nous suspendons , pendant
Cette absolution ne pourra être donnée que par Nous, nos suc-
office pastoral , ils ont cru qu'il était de leur devoir de mettre
rope entière en feu , ni tant de maux amers qui ont affligé et qui
affligent encore aujourd'hui l'Église . Mais la fureur des méchants
attendu que, par suite de l'ignorance où l'on est peut- être des
coup sûr, elle doit être impie et criminelle une société qui fuit
ainsi le jour et la lumière ; car celui qui fait le mal , a dit l'Apô-
tre, hait la lumière . Combien diffèrent d'une telle association les
lique ! Chez elles, rien de caché , pas de secret . Les règles qui
les régissent sont sous les yeux de tous ; et tous peuvent voir
ils sont dans une bien grande erreur. Ainsi que vous le savez ,
1
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 345
les mêmes peines , que celles qui sont spécifiées dans les Consti-
autres fidèles , plein de sollicitude pour les âmes , Nous les exhor-
Qu'ils sachent bien que tous les affiliés de ces sectes sont
selle . Ces faits avaient une telle portée et étaient si clairs , qu'il
être écarté, afin qu'à vos yeux aveugles apparaisse cette lumière
que vous avez cherchée en vain depuis toujours , mais dont vous
les aîles des ténèbres , pour atteindre le sommet d'où nous pour-
rions enfin plonger librement nos regards sur toutes les régions
de la lumière. Mais ce sommet est devenu inaccessible ; l'obscu-
actuels l'ont détruit , parce qu'ils ont hâté leur travail avec trop
sont pas moins connus que son nom. C'est elle qui a sapé les
parmi les peuples est son ouvrage. Elle a fondé les projets de
sein, elle n'aurait été digne que de pitié mais elle ne cessait.
que l'on avait formé de briser tous les liens sociaux et de détruire
tout ordre, se révéla dans tous les discours et dans tous les
LES BASES ET LE BUT DU GNOSTICISME , ETC. 349
vernement des peuples devait être dirigé par leurs clubs noc-
à cause de cette méprise , l'ont bientôt trahi . Ils ont employé les
précipités vers les emplois et les dignités des chefs les plus élé-
vés ; sous le masque qu'ils avaient dérobé , ils en ont imposé aux
(4)Revue maçonnique, Manuscrit pour les frères, 1828 , pag . 320 et suiv.
350 LIVRE II.
hommes et, comme tels, ils sont sujets à des passions . Pour se
montrer à l'humanité comme personne agissante, la Maçonnerie
le peuple? Est-ce que, par-ci par-là, il n'en est pas sorti une
ses exécrables fonctions ; les frères qui , dans les loges , avaient
ler à nous -mêmes que les Carbonari (1820) sont les enfants per-
armés pour exécuter leur projet (ils ont fondé une alla vendila,
sur les pays où ils osent se montrer . Leur nom seul doit rap-
ces aveux , restriction qui consiste à ne les faire porter que sur
des Francs-Maçons déterminés , sur des individus ou sur des
toute accusation.
les projets de l'Ordre, des sectes qui ont formé le plan de briser tous
remplie.
ment dans les Livres I et II de notre ouvrage, que les faits dont il
s'agit, ainsi que tous les faits semblables que nous avons mis en
lumière, bien qu'émanant de sectes maçonniques , sont imputa-
œuvre pour les dérober aux regards des profanes et des Francs-
88
LIVRE III .
00
CHAPITRE PREMIER.
qu'on les respectât comme celles des esprits les plus distingués
seurs se sont enrôlés les uns après les autres sous la bannière
signes, par image, sans avoir été autorisé par les supérieurs ;
Elle est allée plus loin (2) et a établi la censure, même pour
le plus rusé finit par faire la loi , et le plus faible finit toujours
au surplus , est facilitée de nos jours , comme elle l'a été sous les
Manichéens , par la marche même de la libre pensée et par le
vers les brouillards du matin , ou tel que , dans une éclipse, cet
astre caché derrière la lune répand sur une moitié des peuples
d'ailleurs, sont les mêmes que ceux qui ont été mis en relief
(1) Lucrèce.
(2) Juvénal .
(3) Tacite.
(4) Voir notre ouvrage sur la Libre pensée et le Christianisme, liv . 1 ,
chap. 1, sect . II .
L'AVENIR OU LES DESTINÉES DE LA FRANC - MAÇONNERIE . 365
fond de tous les coeurs . Il ne suffit pas que bien des hommes
mal moral . C'est ici que le Christianisme est surtout digne d'être
admiré et vénéré. Tout en instruisant les hommes , en respectant
tous les biens , et en général tous les maux qui assiégent la porte
du riche, toujours prêts à y entrer et à transformer en misérable
le mal, que vivre c'est lutter et que, pour tous , la vie doit être
une lutte continuelle , d'autant plus forte et plus énergique que
L'AVENIR OU LES DESTINÉES DE LA FRANC MAÇONNERIE . 369
le rang social est plus élevé et que les séductions sont plus nom-
breuses et plus puissantes . >>
rement une époque où les faits parleront avec une énergie ir-
matérialisme , sur la pensée , sur les mœurs , sur les États , sur
tuei et moral , et , par suite , les plus nobles et les plus indispen-
n'entende pas les avertissements réitérés que ses vrais amis lui
Maçonnerie, qui l'aura entraînée une fois de plus dans les abîmes
du matérialisme .
48
CHAPITRE II.
république…………
. Pour la première fois depuis la fédération , le
grande vérité que les préjugés de tous les siècles avaient étouf
qu'un homme et qu'aucun homme n'est au- dessus des lois . Capet
(1) Marat .
374 LIVRE III.
vices. La misère des citoyens n'est autre chose que le crime des
tions qui nous ont précédés. Voyez avec quelle lâcheté elles
que le peuple est bon et que ses délégués sont corruptibles , que
liberté se sont enrôlés , les uns après les autres , sous la ban-
veut l'unité de vue et d'action et que , par suite , elle chasse de ses
plus fort ou le plus adroit ou même le plus rusé finit par faire
chissent , pour la plupart , les uns après les autres, sous la supré-
tée de nos jours , comme elle l'a été sous les Manichéens , par la
secrets (3) , qui est dirigée par des chefs suprêmes qui se tien-
sur les intelligences, sur les mœurs , sur les biens . Par cela même
uns après les autres dans leurs puissants rêts et d'asservir l'hu-
manité entière ( 1) .
Les souverains sont exposés aux regards des peuples qui peu-
les biens . Aussi , aux plus mauvais jours des monarchies , alors
qui se basaient sur l'intérêt public , sur cet intérêt qui est
lié étroitement à l'intérêt des monarques et que ceux-ci doivent
actes et que ces actes finissent toujours par être connus, ils en
manière absolue sur les idées , sur les mœurs , sur les biens . La
qui a traversé les âges pour parvenir jusqu'à nous et qui subsis-
rent de les mettre sous les yeux du pouvoir royal ou impérial (1) .
devoirs passa plus vite qu'ailleurs dans le domaine des faits, par
suite surtout de l'influence des idées chrétiennes . De là ces nom-
de l'ère chrétienne , ils ont fini par se grouper autour des souve-
elle se cache, n'est rien moins que ce qu'elle prétend être , c'est-
réitérés que ses vrais amis lui donnent , et que la Franc -Maçon-
sement vers les souverains qui seront restés fidèles aux tradi-
maçonnique qui aura réussi une fois de plus à faire plier l'hu-
88
CHAPITRE III.
avait nulle part de place pour l'homme et pour des droits invio-
dualité dans les rangs inférieurs de l'Ordre , c'est -à- dire dans la
388 LIVRE III.
prenti Maçon (1) que le Maçon est un homme libre , elle tâche
geant à se présenter dans une attitude qui n'est rien moins que
signe, ni par image , sans y avoir été autorisé par les supérieurs ;
d'un pareil état des choses que les Maçons qui remplissent ces
postes renoncent à toute spontanéité , donnent à chaque instant ,
et publiquement, des preuves d'une véritable servilité, et exer-
régime sous lequel ils vivent et qui , d'après eux, est le régime
de la civilisation et du progrès . Et comme , surtout sous un gou-
ter et à améliorer leur sort, augmente avec une rapidité des plus
protestations les plus énergiques , les théories les plus claires des
sinon sans effets, du moins sans échos . Ceux mêmes qui pensent
tout bas que le Christianisme est le meilleur guide pour les indi-
vidus et pour les peuples , n'osent faire connaître tout haut leurs
L'AVENIR OU LES DESTINÉES DE LA FRANC-MAÇONNERIE . 394
les hommes et les nations à leur perte ? Qu'est - ce autre chose que
loi qui domine toutes les lois et à laquelle l'esprit , pas plus que
mêmes droits que les régnicoles . Les esclaves ont été soumis à
ble et sacré dans sa personne et dans ses biens (1) . Dès les pre-
qui il n'y a d'autres lois et d'autres devoirs , que ceux qui ont
puisque tous les moyens lui sont bons et qu'elle ne recule pas
rents qui réunissent en leur personne tous les titres , s'il est un
siècles, quelles que soient les ressources dont elle use et l'habi-
est fait pour les hommes et que les hommes ne sont pas faits
pour le pouvoir .
98
CHAPITRE IV.
LA FRANC-MAÇONNERIE EN ELLE-MÊME .
(1) Neut, La Franc-Maçonnerie, tom . I , pag. 204 , 237 , 407 , 413 ; t. II,
p. 196 , 186 , 191.
(2) P. 586 , 342.
L'AVENIR OU LES DESTINÉES DE LA FRANC MAÇONNERIE . 399
<< Devant les contradictions sans nombre dont les esprits sérieux
car admettre tous les dieux , c'est une négation . Il rappela que
Laplace répondit à Napoléon qui l'interrogeait <<< Dieu est une
Atheos, et que pourtant cet Athée est allé mourir sur des plages
vous ne serez pas reçu ; » que toutes les vieilles formules ont
presse, ce clavier aux cent voix , est jetée aux gémonies comme
sité illégitime envers ceux qui n'acceptent plus les idées qui
leur semblent arriérées ? N'est- ce pas en imposer que de con-
Dieu lui-même ; mais elle ne l'est pas pour celui qui prend la
de son histoire ; elle ne l'est pas pour plusieurs que l'on appelle
pour celui qui a la conviction que tout ce qu'on dit sur ce qui
et des efforts de l'humanité vers l'infini que nul regard n'a jamais
Franc-Maçonnerie, telles que nous les avons fait connaître dans le Livre II ,
ainsi que les apparences séduisantes et trompeuses dont la Franc-Magon- 、
neric voile d'ordinaire ses bases .
406 LIVRE III
((
« placer au-dessus des différentes religions mais bien au- dessus
lui rappelle l'idée même de l'autorité . Les athées sont des titans
ment lui être reconnaissant pour ses efforts, d'autant plus que
bien des frères et plusieurs systèmes maçonniques (d'après la
leurs mœurs , de leurs usages , par leurs rapports avec les faits
vrai . L'existence de tout rite supérieur aux trois grades est duc
à une longue tolérance qui ferma les yeux sur une usurpation
l'avenir subir une partie du joug . Nous disons une partie , car
teurs, que le joug entier est impossible . Que penser , par exem-
done besoin, pour exister, de l'appui d'une loge , car dès qu'elle
ccsse ses travaux elle entraîne de droit la cessation de tout ate-
hommes qui l'ont illustrée et qui décorent ses fastes, tels que
Ce sont les hauts grades qui , dans les derniers temps , ont attiré
tions eut lieu la même année par suite duquel les associations
tait plus en cette qualité et qui, s'il eût existé encore, pouvait
vous l'étrange courage d'armer les esprits les uns contre les
autres et de mettre en feu la France Maçonnique pour augmen-
plutôt dans les bras que vous tendent les Frères du rite moderne ,
de vous voir aussi membres des deux rites ; ensemble vous tra-
car ils ne vous animent en secret les uns contre les autres , que
pour mieux et plus promptement vous détruire . Les grands
perte qu'ils méditent avec tant d'art , qu'ils travaillent avec tant
beau mot, qu'elle soit une belle et excellente chose . Quel pré-
cieux legs alors vous ferez aux siècles et aux peuples à venir . >>
Malgré toute l'habileté à laquelle on recourut pour réconcilier
résister et sous lesquelles elle est obligée de plier . Ces lois , qui
temps sans que , pour s'en débarrasser, il ne soit fait des efforts
tions sociales les plus hautes et les plus lucratives , elle fournit
à ses adversaires dans la Franc-Maçonnerie de faciles moyens
d'un grand nombre d'individus , qu'on leur ouvre une libre car-
rière, ces individus ne s'arrêtent que lorsqu'ils sont parvenus
mettant même qu'on puisse retenir quelques- uns par ces moyens
loi notamment, dans les temps anciens , chez les Grecs et les
l'antiquité.
Il fait voir les peuples orientaux énervés par les plaisirs des
tre. Ceux qui refusaient l'infamie étaient saisis par une machine
n'avait qu'une forme qu'on ose dire . Les mœurs des femmes
n'étaient pas moins honteuses que celles des hommes . On n'a
mettait des crimes contre nature . Sur les théâtres on voyait dés-
honorer des femmes et brûler des hommes. L'égoïsme le plus
profond avait envahi toutes les classes . Tous les liens , même
dernier éclair lancé par le génie des peuples jadis les plus intel-
Quand on ne vit plus que par les sens et pour les sens , on n'a
plus qu'un mobile , qu'un but , qu'un souci , qu'une idole , c'est
sentiments les plus élevés et les plus nobles pensées. C'est pré-
part anéantit toute énergie , toute résistance dans ceux qui sont
L'AVENIR OU LES DESTINÉES DE LA FRANC - MAÇONNERIE . 425
Maçonnerie .
Si l'on fait accroire aux hommes qu'il n'y a rien au- dessus
qui veulent parvenir à leur tour aux rangs les plus élevés et
plus que par lui , il conserve pendant un certain temps les an-
qui porte :
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TABLE DES MATIÈRES.
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PRÉFACE .
Livre I.
Livre II.
Livre III .
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