2017-04 BOUKHARI Con - Partie4
2017-04 BOUKHARI Con - Partie4
2017-04 BOUKHARI Con - Partie4
Le code maritime rappel que c’est le connaissement qui va faire foi des
informations sur : les inscriptions propres à identifier les parties, les
marchandises à transporter, les éléments du voyage à effectuer et le
fret à payer 516, de sorte que les éléments intrinsèques du
515
Contrat d’affrètement – l’action en responsabilité – conclusions : droit
d’action en responsabilité du transporteur, page 789.
516
Article 748 CMA : «après réception des marchandises, le transporteur ou son
Page | 286
connaissement vont l’emporter sur toute autre preuve intrinsèque 517.
Il s’en suit, qu’à partir du moment ou un connaissement est émis au
nom d’un transporteur donné, ce dernier endossera la qualité de
transporteur maritime et ne pourra pas se prévoir d’une erreur
d’imprimé 518 à l’égard des intéressés à l’action ou « d’un contrat de
louage de connaissement »519.
Page | 287
les actes judiciaires et extrajudiciaires adressés à l’armateur522, ce
qui fait de lui un représentant de la compagnie de transport à laquelle
appartient le navire dont il est responsable523 dans la limite de ce qui y
est inhérent au navire dont il est capitaine.
522
Article 10 du décret n° 69-679 du 19 juin 1969. Son équivalent art. 584 CMA.
523
Lorsque l’assignation est délivrée à un capitaine en qualité de représentant
« des propriétaires armateurs, affréteurs, sous-affréteurs et tous autres intéressés au
transport maritime », la cour peut interpréter la mention comme désignant le
représentant de l’armateur propriétaire du navire, à l’exclusion des affréteurs – Cass.
Com. 10 mai 1983, n°80-13.569, Bull. civ. IV, n° 139, DMF 1984, p. 269.
524
T. Com. Marseille, 14 juin 2002, Le continent c / CMA CGM et a. BTL 2002, p.
712
525
CA Paris, 5e ch. 6 nov. 2003, n° RG. 2000/06060, Axa et a. / Mbd Amjad
Hossain, BTL 2003, p. 811 ; contra CA Poitiers, 3e ch., 25 Fév.2009, DMF, p. 497 ;
CA Paris 24 sept. 1992, n° RG : 90-6214, La mutuelle agricole de Côte d’Ivoire c/
Delmas Afrique.
526
Art. 18 du décret n° 69-679 du 19 juin 1969. en droit algérien : article 613 du
CMA.
Page | 288
95. Cas de pluralité des transporteurs, la question de connaitre
l’identité du transporteur de la marchandise n’est pas compliquée
quand il s’agit d’assigner le transporteur inscrit dans un connaissement.
Cependant, dans la pratique nous rencontrons des compagnies de
transport maritime qui ont créé « un service commun » ayant pour
objectif l'exploitation de navires appartenant à des sociétés de transport
maritime différentes afin de réaliser un plus grand nombre de traversée.
Parmi ces compagnies, nous pouvons citer pour exemple, le service en
commun entre le Nord Est de l’Asie, l’Australie et la Nouvelle Zélande,
dont le point de départ sera Shanghai, lancé en novembre 2014 par la
CMA CGM et qui consiste à transporter des marchandises en
partenariat avec des navires appartenant aux compagnies suivantes :
China Shipping Container Lines (CSCL), Orient Overseas
Container Lines (OOCL) et Pacific International Lines (PIL), sur un
service 527.
Page | 289
Mais, la difficulté ici consiste pour l’intéressé dans l’action en
responsabilité, d'identifier le transporteur maritime qui a transporté la
marchandise et qui est donc responsable des manquements ou préjudices
subis par celle-ci étant donné qu’il aura un titre de transport comportant
la mention de plusieurs compagnies de navigation 529.
529
Lamy transport tome 2, année 2014, p. 847.
530
CA Bordeaux, 25 févr. 1974, BT 1974, p. 248
531
Cass. com., 28 nov. 1989, no 88-16.082, DMF 1991, p. 290 ; CA Aix-en-Provence,
2e ch. civ., 10 déc. 1992, no 90/4896, World Ranger Shipping et a. c/ L'indépendance.
532
CA Aix-en-Provence, 21 janv. 2010, no 07/18033, Kintex c/ Hidoux, BTL 2010, p.
Page | 290
De manière générale, le connaissement qui indique plusieurs noms de
compagnies comporte souvent une mention indiquant lequel des
transporteurs, figurant dans la liste, est l'émetteur du connaissement (au
moyen d'une croix ou d'une case spéciale).
627.
533
CA Paris, 5e ch. A, 30 mars 1993, no 16392/92, Groupe Concorde et a. c/ Veb
Deutfracht- Seereederei Uberseehafen ; CA Aix-en-Provence, 2e ch., 6 mars 1997, no
94/1593, Klein SPPM c/ CGM). Seules ont la qualité de transporteur les compagnies
membres (CA Paris, 5e ch. A, 2 déc. 1985, DMF 1986, p. 551
534
Voir article 765 du code maritime algérien.
Page | 291
Chaque transporteur est d o n c responsable de la partie du transport
qu'il assure lui-même, il appartient donc à l’intéressé d’assigner
tous les transporteurs qui sont intervenues dans le transport de la
marchandise et demander leur condamnation solidaire.
535
Article 802 CMA : « Le transporteur est responsable des pertes ou dommages
subis pas les marchandises depuis leur prise en charge jusqu’à leur livraison au
destinataire, sauf dans les cas exceptés pas l’article suivant »
536
Cas du connaissement délivré par Maersk Line, l'action intentée par des assureurs
subrogés contre ce qui s'est révélé être une enseigne – dénuée de toute
Page | 292
statut différent de celui de la société mère.
Cette problématique a été posée aux juges algériens qui devaient statuer
sur la qualité à agir contre l’agent de transport implanté en Algérie.
Cela a donné lieu à une série de décisions rendues entre 2004 et 2006
Page | 293
par le tribunal de Sidi M’hammed (Alger) par lesquelles le tribunal
considérait irrecevable l’action dirigée contre un représentant du
transporteur maritime, alors même qu’il appartient à son groupe
armatorial 537.
537
T. de Sidi M’hammed, section commerciale et maritime en date du 08/11/2006,
n° 7290/2005 – CAAR c / Maersk Algérie SPA : « la requête contre la Maersk
Algérie qui n’a pas la fonction de transporteur maritime et qui est de
nationalité algérienne alors que le transporteur est celui qui est indiqué sur le
connaissement (art.748 CMA)..la requête est rejetée pour absence de qualité et
intérêt».
538
Arrêt CA Alger du 06/11/2006 n° 06/3569 – CAAR c/ Maersk
Page | 294
décisions de première instance rendues dans ce sens.
539
Lamy transport, tome 2, année 2014, p.845.
540
Ici, la cour d'appel de Paris relevait notamment une confusion artificiellement
utilisée pour tromper les adversaires (CA Paris, 5e ch., 1er juill. 1994, no 92-
15686, Sartec et a. c/ Uni- Europe et a.)
541
CA Aix-en-Provence, 2e ch., 26 sept. 2006, no 05/16255, Albingia c/ AP
Moller Maersk, BTL 2006, p. 648 ; CA Aix-en-Provence, 2e ch., 25 avr. 2005, no
2005/302, AP Moller c/ La Réunion européenne et a., BTL 2005, p. 356, DMF 2006,
p. 207.
Page | 295
• Une procédure visant une marque commerciale a encore été
validée en raison de la confusion entretenue 542.
542
CA Rouen, 19 oct. 2004, no 03/00882, Kawasaki Kisen Kaisha et a. c/ Bayer
Cropscience
543
Alinéa 1er de l’article 754 du code maritime algérien: « si le transporteur n’a pas
été nommé dans le connaissement, l’armateur du navire à bord duquel les
marchandises ont été embarquées, est présumé être le transporteur ».
544
Cour Supr. Ch. Com.et maritime, arrêt du 25/10/1993, n°111669 : « dans le cas
d’espèce la qualité du transporteur est certaine dans la mesure ou il a été versé la
fiche de renseignement certifiée par le capitaine du navire ».
545
Article 754 alinéa 2 : « il en est de même lorsque le transporteur a été nommé dans
le connaissement de façon imprécise ou inexacte »
Page | 296
connaissement ne permet pas d’identifier avec certitude le nom du
transporteur546.
546
Cour Supr. Ch. Com.et maritime, arrêt du 09/07/1989, n° 39957 ; Cour Supr. Ch.
Com.et maritime, arrêt du 05/03/2002, n° 271334
547
CA Paris, 5e ch., 29 oct. 1998, PFA Assurances et a. c/ Compania de Navigatione
Maritima Navrom, relevant que l'affrètement coque nue avait été publié et que
les constats d'avarie désignaient l'armateur exploitant, confirmé par Cass. com., 8
janv. 2002, no 99-11.109, BTL 2002, p. 51 ; Ch. arb. Paris, 15 mai 2000, no 1032,
DMF 2001, p. 43, s'agissant également d'un affrètement coque nue, l'identité du
transporteur réel étant du reste connue.
548
Cass. com., 21 juill. 1987, no86-10.195, navire Vomar, DMF 1987, p. 573 ; et en
suite de cet arrêt, Cass. com., 22 janv. 2002, no 99-18.463, BTL 2002, p. 113 ; CA
Paris, 5e ch., 16 juin 2004, no 02/01855, Groupama Transports et a. c/ Speed Welle
Shipping et a. ; CA Paris, 5e ch., 18 déc. 2002, no 2001/05206, Navigation et
transports et a. c/ Heron Shipping et a., BTL 2003, p. 322, estimant que l'armateur-
Page | 297
• si la charte-partie est inopposable au porteur du connaissement,
celui-ci peut s'en prévaloir en tant que fait juridique549
Fort heureusement, ils ne sont pas très nombreux, mais ce point mérite
néanmoins d’être développé car il intéresse tant le destinataire dans son
action en responsabilité, tant le transporteur émetteur du connaissement
électronique, ce dernier étant facile à modifier et à falsifier avec les
nouvelles avancées technologiques et informatiques.
Page | 298
pas) de substitution ou d’usurpation de son identité.
Selon la loi, seul celui qui a émis le connaissement et dont le nom y est
inscrit peut être assigné en responsabilité pour les manquements ou
préjudices subis par la marchandise ; nous verrons cependant, que dans
la pratique il existe des cas ou le transporteur indiqué sur le
connaissement n’est pas forcément celui qui l’a émis ni celui qui a
effectué le transport de la marchandise.
Ici la charge de la preuve revient à celui qui est en demande, mais ces
preuves sont bien accueillies par les juges ainsi que le montrent les
cas d’espèces suivants :
Page | 299
pas l'émetteur du connaissement mais qui a conclu en qualité de
transporteur le contrat 551.
551
CA Paris, 26 janv. 1982, DMF 1982, p. 608, note R. A., s'étonnant qu'une telle
confusion puisse se développer dans un milieu portuaire.
552
CA Paris, 26 janv. 1982, DMF 1982, p. 608, note R. A., s'étonnant qu'une telle
confusion puisse se développer dans un milieu portuaire.
553
Art. 739 CMA
Page | 300
100. La prescription légale ; Sauf si le connaissement contient des
stipulations spécifiques, la livraison est l’acte juridique en vertu duquel
le transporteur s’engage à livrer la marchandise au destinataire ou à son
représentant légal qui exprime son acceptation ou pas de sorte que
l’acte de livraison devient le point de départ, pour le destinataire, de
faire ses doléances ou d’engager une procédure contre le transporteur
maritime de la marchandise 554.
554
Art. 739 alinéa 2 CMA.
555
Voir arrêt de la ch. Com. et marit.de la Cour Supr. du 04 /12/2014 n° 0733837
Page | 301
En pratique, arrivé au port de destination convenue, le transporteur
maritime de marchandise procède aux opérations de désarrimage et
de déchargement des marchandises, dans le respect des lois et usages
du port de déchargement 556. Dans le même temps, il devra informer le
destinataire de l’arrivée de sa marchandise par écrit.
Cet avis est en effet important car dans un premier temps, dès sa
réception, le destinataire de la marchandise ou son représentant seront
tenus de procéder aux démarches nécessaires pour le retrait de la
marchandise ; par la suite, cet avis va permettre au transporteur, dans le
cas ou le destinataire ne se présente pas ou refuse de prendre livraison
de la marchandise ou s’il n’est pas connu, de mettre les marchandises en
dépôt, en lieu sûr aux risques et frais du destinataire, en avisant de ces
faits immédiatement le chargeur et le destinataire, si ce dernier est
connu 557.
556
Article 780 CMA
557
Art. 793 CMA
Page | 302
consentement de l’autorité judiciaire compétente, sauf si une caution
suffisante a été fournie par l’ayant droit aux marchandises 558.
558
Article 795 CMA
559
Précisons que le contentieux ici est soumis à la prescription prévue pour les actions
découlant du contrat de transport maritime.
Page | 303
Selon la jurisprudence constante, le transporteur est libéré de sa
responsabilité dès l’instant qu’il est établi que la marchandise est
prise en charge par l’entreprise monopolistique ou plus
précisément 560. Ce qui nous amène à conclure que la prescription de
l’action en responsabilité contre le transporteur maritime court de la
remise entre les mains de la société monopolistique, à condition
toutefois que le transporteur puisse prouver la date de cette remise561.
560
Cass. com. 13 juin 1989, n° 87-11.825; CA AIX 15 févr. 2007 , DMF 2007, 346
561
CA Rouen déc 2004, DMF 2015, 423 , obs. A-L.Michel
Page | 304
constituait l’acte juridique matérialisant la livraison 562.
Dans le même ordre d’idée, nous pouvons citer un autre arrêt de Cour
suprême algérienne qui a censuré l’arrêt de la Cour d’Appel, cette
dernière avait assimilé la remise de la marchandise à l’entreprise
portuaire à la livraison effective au destinataire alors même qu’il n’y
avait aucune contre spécifiant cela, dans les termes suivants : « que les
juges de la cour d’Appel ont confondu entre la remise et le
déchargement, que l’arrêt mentionne que le chargement est effectué
par l’entreprise portuaire oubliant que cela ne signifie pas que le
transporteur maritime doit être déchargé partiellement ou totalement
de sa responsabilité jusqu’à la livraison de la marchandise au
destinataire » 563.
562
Arrêt ch. Com et mariti. De la Cour Supr. Alg. 30/12/1990 n° 72391 société
libyenne « kaltram » c/ « belbao »
563
Arrêt de la Cour suprême alégrienne n° 153230 du 22/07/1997, SAA c/ BCA.
564
CA Paris, 5e ch. B, 30 juin 1994, Crystal Food Import et a. c/ Ned Lloyd Lijnen
BV et a.
565
Cass. com., 18 janv. 1994, no 92-12.008 et, sur renvoi, CA Rouen, 14 déc. 1999,
DMF 2000, p. 798, prenant en compte la date de la remise sous-palan et non celle du
lendemain.
566
CA Rouen, 2e ch. civ., 16 nov. 1995, DMF 1996, p. 915
Page | 305
procède au dépotage et conserve la marchandise dans ses magasins,
la prescription ne commence à courir qu'à dater de sa remise au
destinataire ou à un de ses représentants 567.
567
T. com. Paris, 2e ch. B, 25 juin 1996, La Réunion européenne c/ Delmas
568
CA Aix-en-Provence, 11 juin 1980, BT 1981, p. 14
569
La clause "CY/CY", signifiant "terre-plein portuaire où sont entreposés les
conteneurs à proximité du quai maritime avant chargement ou après chargement du
navire", elle n'implique nullement que le conteneur ait été empoté par le
transporteur maritime, elle intéresse uniquement la localisation du chargement et le
déchargement de la marchandise à transporter
570
CA de Rouen, 2e Ch., 4 mai 2006, n°04/01825, AP Moller-Maersk c/ Gyma
surgelés et a. ; BLT 2006, p. 348 ;
Page | 306
En résumé, la prescription à l'encontre du transporteur maritime ne court
pas :
571
T. com. Rouen, 19 juin 1951, DMF 1952, p. 270
572
CA Paris, 3 nov. 1982, DMF 1983, p. 418
573
CA Paris, 5e ch. B, 30 juin 1994, Crystal Food Import et a. c/ Ned Lloyd Lijnen
BV et a.
574
Article 743 alinéa 2 du C M A : « ..ce délai peut toutefois être prolongé
jusqu’à deux ans par accord conclu entre les parties, postérieurement à l’événement
qui a donné lieu à l’action »
575
Protocole de 1968 : art. 3§6 : « ..Sous réserve des dispositions du paragraphe 6
bis, le transporteur et le navire seront en tout cas déchargés de toute responsabilité, à
moins qu'une action ne soit intentée dans l'année de leur délivrance ou de la date à
laquelle elles eussent dû être délivrées. Ce délai peut toutefois être prolongé par un
accord conclu entre les parties postérieurement à l'événement qui a donné lieu à
l'action… »
Page | 307
contractualisation des délais de prescription mais sans les limiter dans
le temps 576comme l’a fait le législateur algérien 577.
Page | 308
cours581 et qu’en tout état de cause, avoir été accordée dans
le délai de la prescription582.
581
CA Rouen, 2e ch., 6 déc. 2001, CNMP c/ Canada Maritime Limited.
582
Dans l'affaire en question, un manutentionnaire se fondant sur la date d'expiration
de la prescription annale avait accordé un report à partir du 29 janvier 1999. Mais,
parallèlement, l'action récursoire à laquelle il était exposé se prescrivait le 2 janvier
1999 (le délai courant de la date d'un règlement amiable effectué début octobre
1998). Infirmant la décision d'appel, la Haute Juridiction estime le report tout à fait
valable pour la période du 29 janvier au 29 avril 1999 (Cass. com., 30 mars 2005, no
03-21.156, Bull. civ. IV, no 75, BTL 2005, p. 271, DMF 2005, p. 699).
583
Lamy transport tome 2- année2015, partie 4 : transport maritime, chapitre 11 :
contentieux maritime, section 3 : prescription – 884 Prorogation conventionnelle
(report de prescription).
584
Cass. com., 18 oct. 1994, n° 92-16.926, BTL 1995, p. 538.
585
CA Rouen, 2e ch., 18 juin 1992, DMF 1993, p. 357.
586
CA Paris, 5e ch., 2 févr. 2005, no 03/15853, Groupama Transport et a. c/ Unison
Shipping et a., DMF 2005, p. 440. Cette condition ne présentant pas de caractère
abusif, le report est « réputé non avenu, peu important que les droits invoqués par
Page | 309
Une fois que le destinataire a conclu un accord de prolongation du
délai de prescription, peut-on imaginer que cet accord profite au
subrogé de l’une des parties ?
Page | 310
marchandise589.
589
CA Aix-en-Provence, 2e ch. civ., 7 févr. 1990, Rev. Scapel 1991, p. 79
Page | 311
l’empire de la Convention de 1924 qui est muette sur ce point.
Cependant, les juridictions algériennes et françaises font application
de la lex fori qui fixe le délai d’un an 590
Le droit français applique la même règle que le droit algérien, dès lors,
l’article L 5422-18 du code des transports prévoit un délai de trois
mois pour déclencher l'action récursoire592.
590
DMF h.s 2016, P. 73.
591
Article 744 CMA : « les actions récursoires peuvent être exercées même après
l’expiration du délai prévu à l’article précédent, celui-ci n’excédant pas toutefois
trois mois à compter du jour où la personne qui exerce l’action récursoire a réglé la
réclamation ou a elle-même reçu signification de l’assignation ».
592
Cass. com., 12 janv.1988, no 86-14.607 ; CA Paris, 5e ch. B, 6 févr. 1981,
DMF 1981, p. 598 ; CA Aix-en-Provence, 2e ch., 13 févr. 1997, no 93/18149, CMA
c/ Intramar) « alors même que le garanti se trouverait encore dans le délai d'un an ».
593
Cass. com., 7 déc. 1999, no 97-18.035, Bull. civ. IV, no 225
Page | 312
introduite dans le délai légal ou éventuellement prorogé
conventionnellement 594. Lorsque cette condition est remplie, il suffit
que l'appel en garantie soit régularisé dans les trois mois, à compter de
la signification principale 595.
594
Cass. com., 12 janv. 1988, no 86-14.607, BT 1988, p. 488 ; CA Aix-en-
Provence, 2e ch. com., 30 sept. 2003, no 00/02773, Siat et a. c/ Fast Line, BTL 2003,
p. 720 ; CA Rouen, 12 mars 1987, Régie du Chemin de fer Abidjan Niger c/ Cies ass.
; CA Rouen, 29 mai 1986, BT 1987, p. 312
595
CA Rouen, 2e ch. civ., 12 juin 1997, no 9405556, Roussel c/ Uni Europe, DMF
1998, p. 151.
596
Voir arrêt de la ch. Commerciale et maritime de la Cour Suprême Algérienne n°
151318 du 06/05/1997 (code maritime, édition Berti 2010-2011, page 248)
597
Cass. com., 2 oct. 1990, no 88-18.089, BTL 1991, p. 242.
Page | 313
Comme pour tout délai, le délai de l’action récursoire peut être
interrompu ou suspendu selon les règles de droit commun 598.
598
Cass. 1èreciv., 18 septembre 2002, n°00-18.325, Bull. civ.I, n°206. La Cour
après avoir précisé que l’article 2244 « énuméré limitativement les actes
interrompant la prescription », estime que la participation volontaire aux opérations
d’expertises ne peut être assimilée à une citation en justice.
599
CA Versailles, 12ème ch., 17 /03/2005, n° RG 02/06658, SNC TNT France c/
Intégration et Services.
600
Com. 30 juin 2015, FS-P+B, n° 13-27.064
Page | 314
Cet arrêt reprend en réalité une solution affirmée il y a un an et demie de
cela par lequel la Cour de cassation avait indiqué que la mise à
disposition de conteneur ne continue, en principe, pas un contrat
spécifique, mais une obligation accessoire à un contrat de transport601.
En conséquence, l’action visant à la restitution des conteneurs, exercée
par le propriétaire de ces derniers contre le transporteur, obéit, du point
de vue de la prescription, au régime applicable à toute action contre le
chargeur ou le destinataire née du contrat de transport maritime : elle se
prescrit par un an602.
Page | 315
Cependant, la règle selon laquelle le délai de prescription est suspendue
car le demandeur a saisi la mauvaise juridiction, ne peut être transposée
au cas dans lequel le demandeur assigne la mauvaise personne, dès lors
que l’erreur dans la qualité du défendeur n’est pas une exception
permettant de suspendre ou d’interrompre le délai de prescription.
604
Décision du 20/10/2005, n° 2005/3154 dans une procédure engagée suite à une
décision de rejet pour absence de qualité en la personne du défendeur, le tribunal a
réappelé les dispositions du code civil et a retenu l’expiration des délais qui ne
peuvent pas être interrompus dans ce cas. Voir aussi décision rendue par le tribunal
de Sidi M’hammed, section commerciale et maritime n° 2005/3143 du 29/03/2006,
SARL ARCANE / MAERSK.
605
Cass. com., 7 déc. 1999, no 97-18.035, BTL 2000, p. 140 ; CA Paris, 4 mai 1976,
DMF 1977,p. 305.
606
C. civ., art. 2241 tel qu'issu de la loi no 2008-561 du 17 juin 2008 ; Cass. ch. mixte,
24 nov. 2006, no 04-18.610.
Page | 316
détournement de procédure607.
• L’action engagée par l’assureur non subrogé interrompe
valablement la prescription si le paiement de l'indemnité
intervenant avant que le juge statue608. L'assureur condamné en
première instance à indemniser son assuré, et qui accepte cette
décision, a été admis à poursuivre l'instance en appel sans
qu'aucune prescription ne lui soit opposable 609.
• l'assureur qui avait refusé toute indemnisation ne pouvait exercer à
l'encontre du transporteur maritime qu'une action en garantie
soumise à la prescription de trois mois des actions récursoires610.
607
Cass. 2e civ., 16 déc. 2004, no 02-20.364, Bull. civ. II, no 531
608
Cass. com., 23 mai 1989, no 86-17.068, BTL 1989, p. 550
609
CA Aix-en-Provence, 22 nov. 1995, no 93/2705, Navigation et Transport c/ Sud
Marine International.
610
Cass. com., 26 mars 1996, no 94-12.524 et no 94-12.525.
611
C. civ., art. 2242 ; article 317 code civil algérien. Cass. com., 11 juin 2002, no 00-
15.483
612
Cass. 2e civ., 8 avr. 2004, no 02-15.096, Bull. civ. II, no 181.
613
CA Bordeaux, 2e ch., 14 nov. 1990, no 4636/87, Skandia c/ Mariana, BTL 1992, p.
149 Rappelons qu’en cas de radiation de l'affaire, l'instance est seulement «
suspendue »
Page | 317
105. La prescription avec les Règles de Rotterdam ; La nouvelle
convention a gardé les principes de prescription instaurés par la
Convention de Bruxelles originelle et modifiée, mais elle a apporté
quelque modifications en ce qui concerne les délais pour émettre des
réserves à la livraison en précisant que le destinataire ou son
représentant peuvent le faire à tout moment avant ou après la livraison
pour ce qui concerne les dommages apparents et dans le délais de 7
jours pour les dommages non apparents.
Page | 318
Régime Bruxelles 1924 Bruxelles modifiée Rotterdam
juridique
Délai pour Délai pour émettre des Délai pour émettre Délai pour émettre
agir contre réserves à la livraison : des réserves à la des réserves à la
le livraison : livraison :
transporteur 1- pour les dommages 1- pour les 1- pour les
apparents : avant ou au dommages dommages
moment de l’enlèvement apparents avant ou au apparents avant ou
des marchandises et de moment de au moment de la
leur remise sous la garde l’enlèvement des livraison
de la personne ayant droit marchandises et de
à la délivrance selon le leur remise sous la 2- Pour les
contrat de transport ; garde de la personne dommages non
ayant droit à la apparents : dans les
2- Pour les dommages délivrance selon le 7 jours suivants la
non apparents : dans les 3 contrat de transport ; livraison
jours de la délivrance Délai pour agir en
2- Pour les justice :2 ans
Délai pour agir en dommages non suivant la
justice : 1 an suivant la apparents : dans les 3 délivrance des
délivrance des jours de la délivrance marchandises ou la
marchandises ou la date à Délai pour agir en date à laquelle elles
laquelle elles auraient justice : idem que la auraient dues être
dues être délivrées , Convention délivrées.
Délai qui peut être originelle Délai qui peut être
prorogé à deux ans prorogé plusieurs
Action récursoire : fois.
Action récursoire, idem que la
Délai 3 mois pendant ou Convention Action récursoire ;
après la fin de l’action en originelle déterminé par la loi
responsabilité applicable de l’Etat
où l’action est
engagée ;Ou
90jours de la
signification du
règlement.
Page | 319
106. Conclusion Chapitre A :
644CPC, art. 42, al. 1er ; article 37 code de procédure civile et administrative
algérien : « la juridiction territorialement compétente est, sauf disposition
contraire, celle du domicile du défendeur… »
645CPC, art.46 ; Cass. 2e civ. 18 janv. 2001, no 96-20.912, Bull. civ. II, no 10
Article 41 du code de procédure civile et administrative algérien : « tout étranger,
même non résident en Algérie, pourra être cité devant les juridictions
Page | 320
Suprême algérienne rappelle en effet : « qu’est permis de citer
devant les juridictions algériennes chaque étranger même non
résidant sur le territoire algérien, pour exécuter ses obligations
contractées en Algérie avec un Algérien »616;
• en cas de pluralité de défendeurs, le demandeur saisit, à son
choix, la juridiction du lieu où demeure l'un d'eux 617 ;
• Les articles618 qui instituent un privilège de juridiction au bénéfice
des nationaux peuvent aussi trouver place 619 étant donné que la
compétence internationale des tribunaux « est fondée non sur le
droit nés des faits litigieux mais sur la nationalité des parties, sauf
preuve d'une fraude destinée à donner artificiellement
algériennes, pour exécution des obligations par lui contractées en Algérie avec un
algérien »
Voir aussi l’arrêt de la Cour Suprême Algérienne du 27/09/2000, n° 120612,
société GTN c/ société Somane Neptune Allemagne : « .. est permis de citer devant
les juridictions algériennes chaque étranger même non résidant sur le territoire
algérien, pour exécuter ses obligations contractées en Algérie avec un Algérien »
616
Ch. Com. et Mari. de la Cour Suprême Algérienne du 27/09/2000, n° 120612,
société GTN c/ société Somane Neptune Allemagne.
617
CPC, art. 42, al. 2 ; Article 38 du code de procédure civile et administrative
algérien : « en cas de pluralité de défendeurs, la juridiction territorialement
compétente est celle du lieu du domicile de l’un d’entre eux »
618
Articles 14et 15 du code civil, son équivalent en droit algérien articles 41 et 42
du code de procédure civil et administrative aux termes desquels l’article 41: «
tout étranger, même non résident en Algérie, pourra être cité devant les
juridictions algériennes, pour l’exécution des obligations par lui contractées en
Algérie avec un algérien. Il pourra être traduit devant les juridictions algériennes
pour les obligations par lui contractées en pays étranger envers des algériens »,
et l’article 42 indique : « Tout algérien pourra être cité devant les juridictions
algériennes pour les obligations contractées en pays étrangers, même avec un
étranger ».
619
CA Paris, 5e ch., 27 nov. 2002, no 2001/04429, Palimar Shipping et a. c/ Gan et
a., appliquant le privilège édicté par l'article 14 du Code civil après avoir écarté la
clause compromissoire figurant dans la charte-partie ;CA Paris, 5e ch. A, 6 juin
2001, Axa GR et a. c/ Borda Shipping, BTL 2001, p. 679, confirmé par Cass. com.,
8 oct. 2003, no 01-16.028, Bull. civ. IV, no 154 ; CA Aix-en-Provence, 2e ch., 29 juin
2000, BTL 2000, p. 603.
Page | 321
compétence à la juridiction nationale pour soustraire le débiteur
à ses juges naturels »620.
620
Cass. 1re civ., 14 déc. 2004, no 01-03.285, Bull. civ. I, no 311, DMF 2005, p. 423
(Il s'agissait d'un assuré qui, se prévalant de sa nationalité française, avait attrait une
compagnie d'assurances gabonaise devant le tribunal de commerce de Marseille)
621
Article 54 du décret n°66-1078 du 31 décembre 1966 sur les contrats
d'affrètement et de transport maritimes : «Les actions nées du contrat de transport
de marchandises sont portées devant les juridictions compétentes selon les règles du
droit commun. Elles peuvent en outre être portées devant le tribunal du port de
chargement ou devant le tribunal du port de déchargement, s'il est situé sur le
territoire de la République française ».
622
Article 745 CMA : « les actions découlant du contrat de transport maritime
sont portées devant les juridictions territorialement compétentes selon les règles du
droit commun. Elles peuvent, en outre, être portées devant la juridiction du port de
chargement ou devant la juridiction du port de déchargement, si celui-ci est situé sur
le territoire national»
623
CA Aix-en-Provence, 12 avr. 1985, DMF 1986, p. 613 ; CA Bordeaux, 8 janv.
1987, Bank Line c/ Washington International Insurance.
Page | 322
que l’article 745 CMA donne la possibilité de choisir entre le tribunal
du lieu de résidence du défendeur et celui du déchargement ont commis
une erreur dans l’application de la loi »624.
624
Arrêt de la ch. Com. et Mar. de la Cour Suprême Algérienne n°62697 du
16/12/1997
625
Cass 11 juin 2002, droit maritime, exécution et inexécution du contrat page 553,
Monsieur Ph. DELEBECQUE.
626
Droit maritime, exécution et inexécution du contrat page 554, Monsieur Ph.
Page | 323
guidée par la volonté des transporteurs de diriger le contentieux vers
des tribunaux dans le ressort desquels se trouve leur siège social.
DELEBECQUE
Page | 324
principe, pas de difficulté à l’égard du chargeur étant donné que son
acceptation de la clause se manifeste normalement par la signature
qu’il a apposée sur le connaissement, la situation est cependant
différente pour le destinataire.
627
Cass. com. 17/02/2015, n°13-18.086,DMF 2015, 444, obs. S. SANA CHAILLE de
NERE
628
DMF éd; hors série, juin 2016, p. 82.
voir aussi: A. Attalah, Colloque ADBM/AFDM, DMF 2016, n° 777, p.152.
629
art. 23
630
art.25
631
Cass. com. 23 sept. 2014, n° 13-19.108,DMF éd; hors série, juin 2016, p. 82.
Page | 325
que postérieurement à cette étape. D’où le contrôle rigoureux des juges
du fond 632.
632
En effet, la jurisprudence des juges du fond est loin d’être systématique et
s’efforce de s’assurer du consentement à la clause exp: CA Paris 14/04/2015, BTL
2015, 253.
633
Cass. 1ère civil, 3/12/1991, n° 90-10.078.
634
Article de Claire HUMANN, revue droit Maritime Français, décembre 2010,
n°720, page 1012.
Page | 326
conditions générales d’un transport par le destinataire résulte de
l’acceptation par ce dernier sans réserve, des marchandises. En
revanche, cette seule acceptation sans réserve n’emporte pas
nécessairement approbation des clauses "spéciales"635.
C’est sur ce fondement que la Cour d'Aix, saisie d'un litige relatif au
commerce de fruits (avocats chargés au Kenya par un transporteur
635
Idem supra
636
En ce sens notamment Com, 5 mars 1991, Bull n° 96 : "Une cour d’appel a pu
retenir la validité d’une clause d’attribution de compétence territoriale après avoir
souverainement relevé que la convention se rattachait directement aux conditions
générales de vente applicables depuis le début des relations devenues habituelles
entre deux sociétés commerciales et tacitement acceptées pour les litiges pouvant
les opposer", mais également, Com, 30 juin 1992, Bull n° 203 : "la connaissance
par l’une des parties des conditions générales de l’autre partie contenant une clause
de juridiction ne suffit pas, même au cas de relations d’affaire suivies, à lui rendre
opposable cette clause si le contrat n’y fait aucune référence directement ou
indirectement", enfin : Com, 29 juin 1993, Bull n° 271 : "C’est par une
appréciation souveraine qu’une cour d’appel décide que la lettre d’une société
accompagnée du document contractuel adressée à un commerçant constituait une
offre précise, complète et ferme dont l’acceptation par le commerçant était
établie par la signature qu’il avait apposée sous ce contrat sans aucune réserve et
avant toute rétractation"
637
Article de Claire HUMANN, revue droit Maritime Français, décembre 2010,
n°720, page 1012.
Page | 327
belge et déchargés à Marseille) a jugé que le destinataire avait
connaissance ou était censé avoir eu connaissance d'une clause
conforme à l'usage qui attribuait compétence aux juridictions du pays,
la Belgique, où le transporteur avait son siège638.
Cette partie aura pour objectif d e faire le point sur l’équilibre que
devra trouver le juge entre la sécurité du commerce international par
l’interprétation de la clause de compétence et la protection du
destinataire de la clause de compétence à laquelle il n’a pas participé
au regard des règles de droit internationales (a), françaises (b) et
algériennes (c).
638
CA Aix-en-Provence, 2e ch., 28 déc. 2011, no RG : 10/19603, Axa et a. c/ Mark
Gross et a., BTL 2012, p. 127
639
CA Rouen 10 sept. 2015, BTL 2015, 541, DMF 2016, 176;
Page | 328
a) La clause de compétence au regard des règles de droit
internationales :
640
https://www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel_36/rapport_2
001_117/deuxieme_partie_tudes_documents_120/tudes_diverses_123/juge_commer
_5981.html
Page | 329
considéré comme chargeur et donc la signature qu’il aura apposée lors
du chargement de la marchandise manifeste son acceptation de la
clause.
641
Idem supra
642
Voir art. 782 CMA
Page | 330
Que ce passe-t-il si le destinataire ne signe pas le connaissement (par
erreur, oubli ou sciemment) et retire la marchandise qui lui est remise?
La clause de compétence lui-est-elle opposable ? Doit-on dans ce cas
suppléer à cette absence de signature par la signature d’un acte
supplémentaire de la part du destinataire afin de s’assurer de son
acceptation ou le seul retrait de la marchandise suffit pour considérer
que le destinataire acquiesce à la clause de compétence?
643
Une affaire relative à un transport maritime (CJCE, 19 juin 1984, aff. 71/83,
Partenreederei ms. Tilly Russ et Ernest Russ c/ NV Haven-& Vervoerbedrijf Nova et
NV Goeminne Hout : Rec. CJCE 1984, p. 2417 ; Rev. crit. DIP 1985, p. 385, note H.
Gaudemet-Tallon ; DMF 1985, p. 83, note P. Bonnassies), devait permettre à la
Cour de justice de nuancer sa jurisprudence selon différentes hypothèses précises.
L'espèce concernait un transport de bois du Canada en Belgique sous le couvert de
deux connaissements signés uniquement par l'agent américain du transporteur. Au
verso de ces connaissements figurait une clause de compétence en faveur du
tribunal de Hambourg.
La Cour de cassation de Belgique a posé à la Cour de justice la question de savoir
si, compte tenu des usages généralement admis en ce domaine, le connaissement
remis par le transporteur maritime au chargeur pouvait être considéré comme une
“convention (...) écrite” ou comme une“convention (...) confirmée par écrit” entre
les parties au sens de l'article 17 de la convention du 27 septembre 1968.
En l'espèce, les connaissements contenant la clause étaient régis par la convention de
Bruxelles du 25 août 1924 qui n'exige pas la signature du chargeur. Mais, dans sa
Page | 331
Castelliti du 16 mars 1999, la Cour observe que « le consentement des
parties contractantes à la clause attributive de juridiction est présumé
exister dès lors que leur comportement correspond à un usage régissant
le domaine du commerce international dans lequel elles opèrent et dont
elles ont ou sont sensées avoir connaissance » 644.
réponse, la Cour évite toute référence aux règles de droit maritime. Elle apprécie la
validité de la clause uniquement au regard de la convention sur la compétence,
considérant ainsi, implicitement, que, par son domaine spécial, la convention de
Bruxelles de 1968 prime la convention sur le connaissement.
Au regard des différentes conditions posées par l'article 17, la Cour apporte les trois
solutions qui suivent :“Il n'est satisfait à la condition d'une “convention écrite” (...)
que si le chargeur a exprimé par écrit son consentement aux conditions comportant
cette clause, que ce soit sur le document en question lui-même ou dans un écrit
séparé”(pt 16).
Dans le cas “d'une convention verbale antérieure entre les deux parties portant
expressément sur la clause attributive de juridiction, et dont le connaissement,
signé par le transporteur, devait être considéré comme la confirmation écrite,
cette clause satisferait aux conditions posées par l'article 17 de la convention,
même si elle n'était pas signée par le chargeur et qu'elle ne portait donc que la
signature du transporteur”(pt 17).
“Enfin, une telle clause attributive de juridiction non signée par le chargeur peut
encore satisfaire aux exigences posées à l'article 17 de la convention même en
l'absence d'une convention verbale antérieure portant sur ladite clause, à la
condition toutefois que l'établissement du connaissement fasse partie des
rapports commerciaux courants entre le chargeur et le transporteur, dans la
mesure où il serait ainsi établi que ces rapports sont dans leur ensemble régis par
des conditions générales, comportant cette clause attributive de juridiction de
l'auteur de la confirmation par écrit, en l'occurrence le transporteur, et que les
connaissements sont tous établis sur des formulaires pré-imprimés comportant
systématiquement une telle clause attributive de compétence. Il serait, dans un tel
contexte, contraire à la bonne foi de dénier l'existence d'une prorogation de
compétence”(pt 18).
644
Droit maritime, 2ème édition, P. Bonassies et C. Scapel, page 799.
Page | 332
dans les faits le destinataire n’était partie au contrat de transport de
marchandise, il n’en demeure pas moins que si le destinataire "succède"
dans les droits du chargeur qui a lui-même signé le connaissement645,
la clause insérée au connaissement lui sera ainsi opposable.
645
Cette conception non contractualiste, tirée d’une stipulation pour autrui de la
situation du destinataire qui "succède" au chargeur se retrouve dans certains droits
européens : c’est ainsi qu’en droit anglais, le tiers porteur d’un connaissement à
ordre doit être considéré comme "succédant" aux droits et obligations du chargeur
"tout bénéficiaire ou endossataire d’un connaissement négociable acquiert les droits
d’action, et est sujet aux mêmes responsabilités par rapport aux marchandises que
si le contrat contenu dans le connaissement avait été conclu par lui-même" -Bill of
lading Act de 1855). Le droit italien consacre une conception abstraite et formelle de
la situation du tiers porteur au regard tant du contrat que du connaissement "le tiers
porteur possède un droit littéral et autonome en vertu du titre lui-même (article 467
du Code de la navigation italien), ainsi en est-il du droit allemand. En revanche le
droit belge applique la conception française de la stipulation pour autrui et du contrat
de transport.
Page | 333
• même en l’absence de la signature du chargeur, les clauses qui y
sont insérées sont opposables au destinataire si ce dernier a signé
le titre ou s’il est lié par un usage régissant le domaine du
commerce international dans lequel il opère ou il est censé avoir
connaissance646.
646
Cour de Justice des Communautés Européennes en 1984 (arrêt Tilly Russ)
et 1999 (Castelletti). L’acceptation du destinataire, dans cette conception importe
peu. Ce qui compte, c’est de constater que le connaissement a été utilisé par un
destinataire, professionnel du transport maritime. Cette conception abstraite du
connaissement entraîne en outre le fait que la loi applicable à la situation est la loi de
l’émission du titre et non celle du contrat.
647
Réflexions sur une difficulté d’application en matière maritime
:l’opposabilité au destinataire d’un transport maritime des clauses de compétence
insérées dans le
connaissement(https://www.courdecassation.fr/publications_26/rapport_annuel
_36/rapport_2001_117/deuxieme_partie_tudes_documents_120/tudes_diverses_12
3/juge_commer_5981.html)
Page | 334
libérale, voire ultra libérale648.
648
Droit maritime, Précis, professeur Philippe DELEBECQUE, 772 Clauses
attributives de juridiction.
649
Monsieur Rodière R., Traité général de droit maritime, t. 2, no 406 ; Cass.
com., 10 mars 1987, no 85-14.561, Bull. civ. IV, no 70 ; CA Aix-en-Provence, 8 oct.
1989, BT 1990, p. 440.
650
Lamy transport, p. 906 - Clauses attributives de compétence dans le cadre
d'opérations communautaires.
651
Cass. com., 26 mai 1992, no 90-17.352, BTL 1992, p. 476
652
ces stipulations devant être acceptées par le destinataire au plus tard au moment
où il a reçu livraison de la marchandise, soit au moment où il a adhéré au contrat de
Page | 335
des clauses attributives de compétence653.
transport.
653
Cass. com., 29 nov. 1994, no 92-19.987, DMF 1995, p. 209 ; Cass. com., 10
janv. 1995, no 92-21.883, BTL 1995, p. 89, arrêt « Nagasaki »
654
Cass. com., 16 janv.1996, no 94-12.542 ; Cass. com., 25 nov. 1997, no 95-
21.021, Bull. civ.IV, no 310.
655
Cass. com., 25 juin 2002, no 00-13.230, BTL 2002, p. 471 ; CA Rouen, 2e ch., 28
févr. 2002, CP Ships c/ P & O Nedlloyd, BTL 2002, p. 356.
656
Nicolas P.-Y., DMF 1999, p. 101
657
CA Rouen, ch. réun., 8 oct. 2002, Cargill c/ Capitaine du Walka Mlodych, DMF
2003, p. 547, la cour considérant que l'acheteur destinataire avait ainsi manifesté sa
connaissance et son acceptation de la clause compromissoire.
Page | 336
Par un autre arrêt rendu le 4 mars 2003, la chambre commerciale a
rappelé sa position selon laquelle pour être opposable au destinataire,
la clause attributive de juridiction doit avoir été acceptée au plus tard
lors de la livraison. Dans cette affaire, la Cour de cassation a considéré
que la loi française était applicable au contrat de transport et, au regard
de celle-ci, a déclaré la clause de compétence inopposable au
destinataire dans la mesure où « il ne résulte d'aucun texte de droit
interne que le porteur du connaissement, en acceptant la livraison
de la marchandise, succède aux droits et obligations du chargeur
découlant de la clause attributive de juridiction acceptée par celui-
ci»658. Le destinataire ne succède donc plus au chargeur ce qui
constitue un sensible retour en arrière659.
658
Cass. com., 4 mars 2003, no 01-01.043, Bull. civ. IV, no 33, BTL 2003, p.
193, qui approuve CA Paris, 5e ch., 29 nov. 2000, DMF 2001, p. 684.
659
Lamy transport, p. 906 - Clauses attributives de compétence dans le cadre
d'opérations communautaires.
660
qui avait préalablement saisi le tribunal de commerce de Tunis désigné au
connaissement.
661
Cass. com., 7 déc. 2004, no 02-19.825, Bull. civ. IV, no 215, BTL 2005, p. 11
;DMF 2005, p.133, note Remery J.-P
Page | 337
cassation exige un écrit distinct de la part du destinataire.
Page | 338
constitue pas la preuve d’une pareille acceptation » 663.
Il a fallu attendre 2008 pour que les deux chambres mettent fin à cette
divergence. En effet, par deux arrêts rendus simultanément par la
chambre commerciale et la chambre civile de la Cour de cassation en
date du 16 décembre 2008, les deux chambres adoptent la même
énonciation de principe en s'appuyant sur la jurisprudence
communautaire dans les termes suivants : « Attendu qu'une clause
attributive de juridiction convenue entre un transporteur et un
chargeur et insérée dans un connaissement, produit ses effets à l'égard
du tiers porteur du connaissement pour autant que, en l'acquérant, il
ait succédé aux droits et obligations du chargeur en vertu du droit
national applicable ; que dans le cas contraire, il convient de vérifier
son consentement à la clause, au regard des exigences de l'article 17
de la convention de Lugano du 16 septembre 1988»664, autrement dit
en conformité avec un usage commercial 665.
663
Droit Maritime, P. Bonassies et C. Scapel,, p. 800.
664
aujourd'hui, Règl. (CE) no 44/2001, art. 23
665
Cass. 1reciv., 16 déc. 2008, no 07-18.834, BTL 2009, p. 11 ; Cass. com, 16
déc. 2008, no 08-10.460, BTL 2009, p. 7, DMF 2009, p. 124.
666
Il demeure bien cependant d’autres incertitudes, notamment dans le cas où le
Page | 339
Désormais, en droit français, l'analyse de la clause et de son opposabilité
doit être s’appréciée au regard du droit national applicable 667 qui peut
s’illustrer par les exemples tirés de la jurisprudence survenue après les
deux arrêts de 2008:
• à propos d'un transport international de crevettes congelées,
le connaissement à ordre laissé en blanc prévoyait une clause
attributive de compétence à une juridiction anglaise. La
recherche du droit national applicable menant à la loi anglaise,
selon laquelle la transmission du connaissement à un tiers
implique la dévolution de tous les droits et obligations du
chargeur, la stipulation était opposable au destinataire réel668.
• en droite ligne des deux arrêts de 2008, la cour d'Aix, saisie
d'un litige relatif au commerce de fruits (avocats chargés au
Kenya par un transporteur belge et déchargés à Marseille) a
jugé que le destinataire avait connaissance ou était cessé avoir eu
connaissance d'une clause conforme à l'usage qui attribuait
compétence aux juridictions du pays, la Belgique, où le
transporteur avait son siège669;
• lorsque la banque (suisse) émettrice d’un crédit documentaire
droit national applicable ne considère pas le destinataire (par hypothèse, non désigné
au connaissement) comme l'ayant- cause du chargeur.
667
CA Aix-en-Provence, 8e ch. A, 7 sept. 2011, no 09/06787, Deutsche Afrika Linien
GmbH c/ Dole France et a., DMF 2012, p. 252, sur renvoi après Cass. com., 16 déc.
2008, no 08-10.460, précité : « Les juridictions du fond ont suivi le raisonnement.
Ainsi, la loi allemande – applicable au litige – ne prévoyant pas que le
destinataire non désigné au connaissement succède au chargeur, la clause lui est
inopposable ».
668
CA Aix-en-Provence, 2e ch., 9 nov. 2011, no 10/22956 et 10/22960, Covea Fleet c/
AP Moller Maersk, DMF 2012, p. 246.
669
CA Aix-en-Provence, 2e ch., 28 déc. 2011, no RG : 10/19603, Axa et a. c/ Mark
Gross et a., BTL 2012, p. 127
Page | 340
figure au connaissement en tant que destinataire. Devenant
partie au contrat de transport, elle peut se voir opposer la
clause attribuant compétence au tribunal du siège social du
transporteur, stipulation conforme aux usages en la matière selon
la Convention de Lugano 670 du 16 septembre 1988 671.
670
Rappelons que cette Convention, liant les États de la CEE à ceux de l’AELE
contient des dispositions similaires à celles de l’article 23 du Règlement no 44/2001.
671
Cass. com., 12 mars 2013, no10-24.465, BTL 2013, p. 191, étant précisé que pas
moins de 146 connaissements avaient été produits aux débats.
672
selon les termes de l'ordonnance autorisant la saisie.
Page | 341
En réponse à cette difficulté, les juridictions françaises ont retenu le
principe selon lequel la clause de compétence figurant dans la lettre de
garantie prévaut selon les énonciations suivantes: « le P & I Club avait
reçu instruction irrévocable des propriétaires et/ou armateurs du navire
d'accepter de soumettre le litige au tribunal de commerce de Rouen et
que le transporteur ne contestait pas avoir donné cet ordre » 673.
673
CA Rouen, 2e ch., 17 janv. 2002, Sté France Euro Tramp et a. c/ Mutuelles du
Mans et a. BTL 2002, p. 241.
674
CA Paris, 1re ch., 4 févr. 2004, no 2003/17917, Generali France et a. c/ Jolie
Maritime ; même sens, T. com. Marseille, 13 janv. 2006, no 2005F02757, Fortis et a.
c/ Sea Bean Maritime, DMF 2006, p. 856
675
T. com. Marseille, 10 oct. 2003, Axa et a. c/ Oceantramp shipping et a., BTL
2003, p. 703.
Page | 342
De la même manière, les juridictions françaises estiment que les
assureurs du destinataire de marchandises, endommagées pendant leur
transport maritime, subrogés dans les droits de leur assuré, doivent
soumettre le litige à la juridiction convenue entre le destinataire, tiers
porteur du connaissement, qui succède, en l’acquérant, au chargeur dans
ses droits et obligations676.
Page | 343
transporter des conteneurs vers l’Algérie, est, en tant qu’opérateur
habituel, censé connaître les clauses attributives de compétence
figurant au connaissement maritime auquel il peut avoir recours et les
avoir ainsi acceptées 677.
677
CA Versailles du 4 juin 2015, DMF 2016, p. 173, DMF 2016 h.s. p 82.
678
Lamy transport 2015- lettre de garantie et clause de compétence, p. 901.
679
Article 747 CMA : « sous réserves des stipulations prévues ci-après, les
dispositions du présent titre ne sont applicables que dans la mesure où d’autres
stipulations n’ont pas été expressément convenues. Aux transports maritimes
effectués entre les ports algériens et les ports étrangers, les dispositions
Page | 344
De la même manière, l’article 106 du code civil 680 fait de l’accord des
parties une règle de loi et le juge algérien est, en principe, tenu de
faire application des stipulations contractuelles conclues entre les parties.
On constatera ainsi, que cette règle se voit souvent appliquer par les
juges du fond comme a i n s i q u e n o u s l ’ i l l u s t r e l’arrêt de la
Cour d’appel d’Alger de 2014 qui a retenu la validité de la clause de
compétence insérée dans le contrat conclu entre les parties et ainsi
écarté la compétence du tribunal algérien au profit d’une juridiction
étrangère681.
Page | 345
Le problème réside dans les contrats où le destinataire reçoit le
connaissement postérieurement à sa signature par le chargeur de sorte
que la question de l’opposabilité des clauses insérées dans celui-ci
posera problème étant donné que le destinataire n’est pas partie au
contrat de transport maritime de marchandises dès sa conclusion.
Page | 346
contractuelles 682.
Ici, la Cour suprême a fait application est dispositions du
droit commun 683.
• Arrêt de la Cour suprême algérienne rendu en 2010 par lequel
la Cour a rejeté un moyen de la société Sloman Neptune qui
avait soulevé l’incompétence du juge algérien au profit d’un
tribunal étranger en invoquant la clause de compétence insérée au
connaissement ; La Cour Suprême a indiqué que « le
connaissement concerne la relation entre le chargeur et le
transporteur et cette relation ne peut avoir des conséquences
pour le destinataire qui au demeurant n’est pas partie au
contrat de transport, la clause de compétence ne lui est dès lors
pas opposable »684.
• Arrêt de la Cour suprême algérienne de 1999, dans lequel elle
indique que le fait que le destinataire réclame sa marchandise et
la retire en contrepartie de la remise de son exemplaire du
connaissement au transporteur après l’avoir signé au préalable,
n’est pas un élément retenu par les juges algériens pour
apprécier l’opposabilité de la clause de compétence à l’égard
du destinataire685.
682
Arrêt Cour Suprême n° 120612 su 27/09/2000 ;
683
Les articles 41 et 41 du code de procédure civile et administrative.
684
Arrêt de ch. com. et mar. de le Cour Suprême n° 661705 du 03/03/2010,
société Sloman Neptune c/ CAAT et l’entreprise portuaire d’Alger.
685
Arrêt de la ch. Com. et mar. de la Cour Suprême algérienne, chambre
commerciale et maritime, n° 162697 du 16/12/1997, revue de la cour suprême
algérienne, 1999.
Page | 347
113. Conclusion; La Convention de Bruxelles de 1924 ne contient
aucune disposition relative à la compétence des juridictions appelées
à statuer sur la responsabilité du transporteur maritimes, le juge
algérien va donc faire application de ses règles de droit commun. En
conséquence, il peut admettre l’opposabilité de la clause de
compétence si la partie intéressée rapporte la preuve que le destinataire
était partie au contrat de transport, chose qui serait impossible à faire
à moins que le chargeur soit en même temps destinataire de la
marchandise. La solution serait donc de recueillir l’accord préalable
du destinataire au plus tard au moment de la livraison de la
marchandise étant donné que la Convention de Bruxelles de 1924 ne
prohibe pas en matière de compétence juridictionnelle de clauses
dérogeant au droit commun.
Page | 348
rendre une décision rapidement et de manière confidentielle686,
sans oublier la simplicité de la procédure dans la mesure où elle est
soumise à la loi des parties.
686
É. Loquin, Les obligations de confidentialité dans l'arbitrage : Rev. arb. 2006, p.
323 et s.
687
https://www.sav-fsa.ch/de/documents/dynamiccontent/207_le-financement-de-
contenieux-par-des-tiers.pdf.
Page | 349
procès, ce financement n’est cependant pas automatique car il est
soumis à l’acceptation du dossier par l’organisme financeur, de sorte
que les dossiers avec peu de chance de gain seront écartés. N’est-ce pas
là un déséquilibre supplémentaire que subi le destinataire ?
688
Les centres d'arbitrage spécialisés, essentiellement dans les pays anglo-saxons
: les plus réputés d'entre eux sont Society of Maritime arbitrators (New
York depuis 1963), http :www.maaus.com/ ; (LMAA) London maritime
arbitration association, London Court of International Arbitration (LCIA). Certains
centres importants existent également en France avec notamment la chambre
arbitrale maritime de Paris. On trouve également des centres en Asie : Tokyo
maritime arbitration commission, Singapore chamber of maritime arbitration...
689
il existe à notre connaissance un seul Centre de Conciliation, de Médiation et
d'Arbitrage de la CACI.
Page | 350
sociétés étatiques 690 pour ce qui est de l’arbitrage interne, et ouvert à
une catégorie d’entreprises étatiques, comme par exemple l’entreprise
exploitant les richesses du sous-sol du Sahara concernant l’arbitrage
international 691.
690
voir arrêt de la Cour Suprême en date du 07/07/1992 sous le n° 96228.
691
Décret n° 63-364 du 14 septembre 1963 portant publication d’un accord algéro-
français relatif à l’arbitrage et d’une annexe signée à Paris le 26 juin 1963.
692
Loi n° 08-09 du 25 février 2008 portant cde de procédure civile et administrative
(voir livre V, titre II du code)
693
On a noté que la rédaction des nouveaux textes de droit algériens sont très
similaires à ceux du code de procédure civile français.
694
Article 1442 CPC, articles 1007 et 1011 du code de procédure civile et
administrative algérien.
Page | 351
115. La clause compromissoire insérée au connaissement; En
réalité il est rare qu’un connaissement contienne une clause
compromissoire. Elle est plus fréquente dans les connaissements
dits “de charte” qui sont des connaissements simplifiés émis en
considération d'une charte-partie à laquelle ils renvoient. On peut alors
qualifier la clause compromissoire de clause par référence 695.
695
E. Loquin, La clause d'arbitrage par référence : toujours l'incertitude : RTD com.
1993,p. 297. – X. Boucobza, La clause arbitrale par référence en matière d'arbitrage
commercial international : Rev. arb. 1998, p. 495. – V. JCl. Procédure civile, Fasc.
1056
Page | 352
connaissement dit « de charte».
Ces connaissements renvoient ainsi aux conditions de la charte-partie696,
d’où l’application de la clause d’arbitrage dans la charte.
696
C’est le cas notamment des connaissements de la BIMCO. Une clause
compromissoire CMAP est généralement stipulée dans la charte-partie
SYNACOMEX concernant le transport de grains.
697
Arrêt navire PELLA, Cass. com. 21/02/2006, Clunet, Journal du droit
international, n°2/2006, p.283, note C. Legros.
Page | 353
Ainsi, la clause n’est pas opposable par principe au destinataire bien
qu’il n’y ait en général pas personnellement consenti. Cette question
pourrait d’ailleurs se rencontrer dans tous les modes de transport dans la
mesure où tous les contrats de transport de bien se caractérisent par leur
nature tripartite (expéditeur, transporteur, destinataire), les clauses
dérogatoires étant le plus souvent insérées dans le contrat de transport
par le transporteur sans réelle négociation entre les parties 698.
698
arbitrage- clause compromissoire, « arbitrage et transport » par C. Legros , revue
Transidit n°71 -2016.
699
F. Leborgne, « l’action directe en responsabilité dans le groupe de contrats »
Thèse Renne I, 1995.
Page | 354
La question de la validité de la clause compromissoire doit être tranchée
par le tribunal compétent ; Ainsi, en présence d’une clause
compromissoire le juge pourra faire application soit de l’effet positif du
principe de « compétence-compétence » et dans ce cas le juge ne se
contentera pas de se prononcer sur la « nullité manifeste » de la clause
compromissoire, il va déterminer si la clause est valable ou pas en
application des critères de références tels que « les usages » et
« l’acceptation tacite » du destinataire700 ; ou bien en application de
l’effet négatif du principe « compétence-compétence » qui limite le
contrôle du juge sur la « nullité manifeste » de la clause.
700
O. Cacahrd, note sous Cass. 1ère civ. 22/11/2005, Rev. arb. 2006, n°2, p.438.
701
Voir article 809 CPC
Page | 355
L’application de ce principe n’a cependant pas toujours était évidente
et les juges français ont longtemps hésité en ce qui concerne
l’opposabilité à cette clause au destinataire de la marchandise.
Il en résulte que lorsqu'une partie prétend qu'elle n'est pas liée par une
clause compromissoire ou que celle-ci n'est pas valable ou encore
ne lui est pas opposable, de s’adresser en priorité aux arbitres.
702
Voir droit maritime, Ph. Delebecque, page 556
703
Navire Pella, Cass. com., 21 févr. 2006 : BTL 2006, p. 166 ; DMF 2006,
p. 383, obs. Ph. Delebecque ; JDI 2006, p. 283, note C. Legros
704
CPC, art. 1466
705
Art.1458 CPC
Page | 356
saisi alors qu’existe une clause d’arbitrage doit se déclarer incompétent,
et renvoyer au tribunal arbitral, à moins que la clause ne soit
manifestement nulle 706.
706
Cette même règle a été consacrée par l’article 1009 alinéa 2 du code de
procédure civile et administrative dispose : « si la clause compromissoire est, soit
manifestement nulle, soit insuffisante pour permettre de constituer le tribunal
arbitral, le président du tribunal le constate et déclare n’y avoir lieu à désignation ».
707
Jurisclasseur, Fasc. 1269 : COMMERCE MARITIME . – Contrat de
transport de marchandises. Responsabilité du transporteur. – Régime international :
conflits de lois, conflits de conventions, conflits de juridictions.
708
P. Bonassies, Traité de droit maritime, op. cit., n° 1169, p. 755
709
V. Cass. 1re civ., 11 juill. 2006, n° 05-80.890 : Bull. civ. 2006, I, n° 366, p. 314
; D. 2006,pan. 3029, obs. Th. Clay ; RTD com. 2006, p. 764, obs. E. Loquin ; JCP
G 2006, I, 187, n° 10, obs. Ch. Seraglini ; Rev. crit. DIP 2007 p. 128, note F. Jault-
Seseke
710
Cass. 1re civ., 27 avr.2004 : Bull. civ. 2004, I, n° 112
711
DMF 2006, obs. Cachard, p. 856 ; Ph. Delebecque, "Anti-suit injunction" et
arbitrage : quels remèdes ? : Gaz. CAMP n° 12 – Hiver 2006-2007, p. 1.
Page | 357
attribution de compétence ait bien été acceptée par les parties
auxquelles on l'oppose 712.
712
Cass. com., 13 nov. 2002, n° 00-19340, inédit
713
CA Paris, 5 juill. 2006 : JCP G 2006, IV, 2912. – Cass. 1re civ., 11 juill. 2006, n°
05-18.681 :Bull. civ. 2006, I, n° 365, p. 313 ; RTD com. 2006, p. 947, obs. Ph.
Delebecque
714
Loi n° 88-18 du 12 juillet 1988 portant adhésion à la convention pour la
reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères, adoptées par la
conférence des Nations Unies à New-York le 10 juin 1958.
Page | 358
personnes 715.
715
Art. 1006 code de procédure civile et administrative : « toute personne peut
compromettre sur les droits dont elle a la libre disposition. On ne peut compromettre
sur les questions l’ordre public, l’état et la capacité des personnes.. »
716
voir arrête de la Cour suprême n°791649 du 04/07/2012 Voir aussi l’arrêt n°
804074 du 08/11/2012
Page | 359
insérée au contrat de transport maritime de marchandise de sorte que
nous nous baserons sur la jurisprudence concernant la clause de
compétence pour tenter d’illustre nos propos.
717
Arrêt de la ch. Com. et Mar. de la Cour Sup. n° 661705 du 03/06/2010, revue de la
Cour sup. année 2012.
718
Arrêt de la chambre commerciale et maritime de le Cour Suprême n° 661705 du
03/03/2010, société Sloman Neptune c/ CAAT et l’entreprise portuaire d’Alger.
Page | 360
conséquence se voir appliquer des clauses tirées de ce même contrat.
Ici, à défaut d’un accord conclu entre les parties, le juge algérien
appliquera la loi de son pays pour apprécier la validité de la clause
compromissoire.
719
article du professeur Noureddine Belki « l’exécution des sentences arbitrales
internationales et les moyens de recours en droit algérien » - revue de la cour suprême
n° 2/ 2013, p. 48.
Page | 361
même si elle ne l’est pas dans la législation du pays ou s’est déroulé
l’arbitrage720.
720
voir article 1056-2 du code de procédure civile et administrative
721
art. 1051 CPCAA: « Les sentences d’arbitrage international sont reconnues en
Algérie si leur existence est établie par celui qui s’en prévaut et si cette
reconnaissance n’est pas contraire à l’ordre public international »
Page | 362
application de ses lois internes o ù le règlement européen ?
722
Arbitrage et droit de l’Union européenne, sous la direction de Pierre Mayer, p16,
éd. 2012, volume 38.
Page | 363
TITRE II) Les moyens de fond sources du contentieux maritime
de transport de marchandises :
Nous avons vu que l’action contre le transporteur maritime qui n’a pas
honoré son contrat est soumis d’abord aux règles de recevabilité de
l’action telles que prévues au droit commun et dans les procédures
propres au contentieux maritime de transport de la marchandise.
Dans cette deuxième partie, nous verrons qu’une fois les questions de
recevabilité ont été vidées, d’autres questions relatives à la recevabilité
de l’action du destinataire vont être soulevées, à commencer par la loi
applicable au regard des dispositions législatives applicables et au regard
des accords conclus entre les parties (CHAPITRE A) pour enfin discuter
des questions relatives à l’état de la marchandise au moment de sa
livraison au destinataire (CHAPITRE B).
Page | 364
Ici, nous verrons que, même si l’action en responsabilité est justifiée,
elle est limitée par la loi.
C’est à la lumière de ces analyses que peuvent prendre forme les pièces
d’un dossier contentieux que le destinataire ou son représentant
peuvent mettre en forme en vu d’une action en justice.
CHAPITRE A ) Les exceptions de fond tirés de la loi applicable au
contrat de transport de marchandise par mer ( Paramount) :
Page | 365
L’utilisation de ces clauses requiert donc une grande attention en raison
de leur complexité juridique et de leurs enjeux économiques car cela
pourrait causer de nombreuses difficultés menant à un contentieux
long et parfois mêmes inutile.
723
Lamy transport, tome 2, 2016 – ch. 2 : champ d’application des différents textes
en transport maritime
Page | 366
transports étant exclus, en tout ou partie, d’autres étant soumis à
des règles particulières) ;
- aucun texte ne couvre impérativement l’ensemble des modalités
d’une opération de transport maritime moderne. Ainsi les
opérations de préparation et de manutention terrestres ne sont-elles
pas comprises dans le champ d’application de la Convention de
Bruxelles ;
- les parties peuvent être autorisées, dans certaines circonstances et
sous certaines conditions, à adopter les dispositions
conventionnelles dérogatoires au régime qui aurait dû être
appliqué ;
- enfin, une loi de police étrangère peut trouver application à
l’occasion de l’exécution d’un transport 724.
724
Par deux arrêts de la Cour de cassation du 25 juin 2005 l’une émanant de la
chambre civile et l’autre de la chambre commerciale portant n° 02.14-686 pour la
première et n° 00-15-734 pour la deuxième, elles imposent aux juges du fond : 1- la
recherche de la teneur du droit étranger, « soit d’office , soit à la demande d’une
partie qui l’invoque », cette recherche se fait avec le concours des parties et
« personnellement s’il y a lieu » ; 2- donner à la question litigieuse une solution
conforme au droit positif étranger
Page | 367
également référence à la loi du pays où se situe la livraison quand les
critères propres au transport ne sont pas remplis 725.
725
Incidence de la Convention de Rome et du règlement communautaire « Rome1 »,
Lamy transport t.2 ; 591.
726
Cass. com. 04/03/2003, n°01.01.043, bull. civ. IV, n°33, DMF 2004, HS n°8, p71
Page | 368
applicable… »
727
les nouvelles dispositions de la loi 98-05 portant code maritime algérien, par
Fatima BOUKHATMI, DMF, n°610, 1er décembre 2000.
Page | 369
jurisprudence française :
728
CA Aix-en-Provence, 2ème ch., arrêt n° 13 du 14 janvier 2010 n° RG : 07/14620 ,
AG Distribution c/ SNTM (CNAM).
729
TC Paris, 10 sept. 1997 (BTL 1998.183).
Page | 370
of Goods by sea Acte (COGSA) de 1936.
730
Le Connaissement Maritime Et Conflit De Lois Binnaz Topaloğlu, LL.M.
page 308. [Annales XLIII, N. 60, 283-336, 2011],
731
Arrêt de la Cour de cassation, cham. Com. du 10 Juillet 2012 , N° 10-17.325,
809 .sté . CNAN Group c/ Société AG distribution.
Page | 371
aurait les mêmes conséquences en vertu de la loi appliquée,
qui est généralement la loi du for, comme en vertu de la loi
désignée par les règles de conflits 732.
Pour finir, il y a lieu de souligner que si des dispositions
conventionnelles sont intégrées dans l’ordre juridique de l’Etat
signataire, le recours à une règle de conflit devient nécessaire, dès
lors on ne peut résoudre un conflit de lois sans l’aide d’une règle qui
désigne une loi parmi celles qui sont en présence ; le procédé direct ne
se suffit pas de lui-même, il doit être combiné avec le procédé
indirect, même si celui-ci se réduit à donner automatiquement
compétence à la loi du for733.
732
L’équivalence des législations à l’épreuve du droit maritime algérien et du droit
maritime français, professeur Ph. Delebecque, ouvrage « Mélanges en
hommage à Abdallah NABHAMOU », p313-323.
733
P. MAYER , V. HEUZE, Droit international privé, p.101 n° 136.
Page | 372
applicable à l’opération de transport maritime considérée734. Ce sera
un régime tiré d’une convention internationale telle que :
734
Lamy transport T.2, partie 4, chapitre 2, sacion1, art. 595 la clause Paramount :
définition.
735
Revue de droit des transports n° 4, Octobre 2013, form. 4, La clause Paramount
dans les contrats maritimes, Formule par Régis MAHIEU directeur juridique.
736
Carriage of Goods By Sea Act 1992.
Page | 373
clauses attributives de juridiction 737. Cette condition est dès
lors nécessaire, mais elle n'est pas suffisante ;
- la clause Paramount doit avoir été connue et acceptée par
le chargeur ou son représentant, la preuve de cette
acceptation devant être rapportée par le transporteur 738.
Page | 374
« les dispositions de ladite Convention ou de toute autre législation les
appliquant ou leur donnant effet régiront le contrat »740.
En tout état de cause, il existe des différences notables entre les deux
textes (convention de Bruxelles originelle et modifiée) en ce qui
concerne, le mode de calcul et le montant de l'indemnité normalement
due et les cas dans lesquels la limitation légale de responsabilité peut
740
Protocole 1968, art. 10 c
D. 25 mars 1937 : Journal Officiel 8 Avril 1937. – V. JCl. Transport , Fasc. 1252 à
1262, 1268 et 1269
741
Lorsque le connaissement est émis dans un État contractant ou, à défaut, lorsque
le transport a lieu au départ du port d'un État contractant. Les parties peuvent
également donner conventionnellement compétence à la convention, au moyen de la
clause Paramount.
Page | 375
être invoquée.
742
selon la formule de M. Lagarde commentant l’arrêt navire Hilaire-Maurel rendu
le 4 février 1992, source Le Connaissement Maritime Et Conflit De Lois page 321.
J.M. JACQUET : ≪ L’incorporation de la loi dans le contrat ≫, Tavaux du
743
Page | 376
prend en considération la rédaction du nouvel article 10, ce qui conduit
à distinguer les deux hypothèses suivantes746:
746
Lamy transport 2015,partie 4 ; art. 590 - Convention de Bruxelles amendée par le
Protocole de 1968.
747
Cass. com., 15 juill. 1987, no 86-10.409 R, rejetant le pourvoi contre CA
Rennes, 10 oct. 1985, DMF 1987, p. 46 ; CA Aix-en-Provence, 6 déc. 1984,
Navigazione Beta c/ Agrimpex CY Ltd, cette décision reprenant même l'exigence de
la ratification par les deux pays ; CA Aix-en- Provence, 6 juill. 1987, DMF 1988, p.
390 ; CA Paris, 5e ch., 19 déc. 1996, BTL 1997, p. 244, en extrait et CA Montpellier,
2ech., 12 août 1998, Helvetia c/ Setramar.
748
Lamy transport 2015, partie 4 ; art. 590 - Convention de Bruxelles amendée par le
Protocole de 1968.
Page | 377
étant indifférente749.
749
CA Aix-en-Provence, 22 févr. 1985, Feron de Clebsatel c/ Marseille Fret, Rev.
Scapel 1985,p. 35, pour un transport de France vers l'Algérie, pourvoi rejeté par
Cass. com., 10 mars 1987, no 85-14.008, mais ce problème n'avait pas été soulevé en
cassation.
750
Arrêt Cour Supr. Algérie n° 661705 du 03/06/2010, sté. Neptune c/ CAAT et
EPAL.
751
Revue de droit des transports n° 4, Octobre 2013, form. 4 : La clause
Paramount dans les contrats maritimes.
752
A. Chao, Clause Paramount, quand la loi française interfère : BTL 1994, p. 899
Page | 378
jurisprudence visant expressément la clause « Paramount » nous nous
baserons sur la jurisprudence française pour illustrer nos propos comme
suit :
753
Cass. com., 4 févr. 1992, navire Hilaire-Maurel : DMF 1992, p. 289, note P.
Lemaître ; Rev. crit. DIP 1992, p. 495, note P. Lagardère ; DMF 1993, p. 90, obs. P.
Bonassies. – CA Rouen, 8 févr. 1994, navire Hilaire-Morel : DMF 1994, p. 568, note
Y. Tassel.
754
CA Aix-en-Provence, 18 janv. 1994 : DMF 1994, p. 551 ; DMF 1995, p. 179,
n° 49, obs. critiques P. Bonassies. – En sens contraire, V. la jurisprudence
américaine : DMF 1995, n° 18, p. 60 et 33, p. 73
755
CA Aix-en-Provence, 18 janv. 1994 : DMF 1994, p. 720, note Y. Tassel
Les juges du fond ont d'ailleurs maintenu leur position dans un arrêt du 27 septembre
1996 (CA Paris, 27 sept. 1997 : Rev. Scapel 1997, p. 17 ; DMF 1998, p. 50, n° 92,
obs. P. Bonassies) en rejetant l'application de la Convention de 1924 pourtant visée
Page | 379
Ainsi, le contentieux concernant la clause Paramount est
essentiellement focalisé sur l’interprétation du terme utilisé dans le
contrat de transport ou le connaissement. Il est dès lors important
qu’elle soit correctement et précisément insérée dans les documents
contractuels pour que son application ne laisse place à aucune
ambiguïté756.
Page | 380
du pays de déchargement, quand bien même les solutions de ce droit
seraient différentes de la Convention de Bruxelles visée à l'origine dans
le connaissement 758.
Cependant, l’interprétation de ce même terme par la chambre arbitrale
maritime de Paris est différente en ce sens que pour le tribunal
arbitral, celle-ci va au- delà de l’interprétation du terme «
corresponding legislation» et il faut chercher l’interprétation qui doit
être donnée aux autres termes utilisés dans la clause tels que « as
enacted » et « such enactment » 759.
Page | 381
a ratifié le 17 mars 1986 la Convention de Hambourg du 31 mars 1978
sur le transport de marchandises par mer.
761
Clause Paramount - Régime juridique applicable Pierre Raymond – gazette de la
chambre n° 20.
762
Lexis Nexsis jurisclasseur, art. 42 ; fasc. 465.10 : Transport maritime.
763
Clause Paramount - Régime juridique applicable Pierre Raymond – gazette de la
Page | 382
La chambre arbitrale indique en effet, que dans le langage juridique
anglais, l’«enactment» vise la procédure par laquelle un ensemble de
règles est incorporé dans le système juridique national et, ici, la
procédure par laquelle la Convention internationale de 1924 a pu, ou
non, être transposée dans le droit du pays de chargement. Or l’Inde,
comme beaucoup de pays de l’ex- Commonwealth britannique, a
transposé en droit interne dès le 21 septembre 1925 les dispositions de
la Convention de Bruxelles du 25 août 1924. Cette transposition est
littéralement un «copié-collé » de la Convention de Bruxelles dans sa
version originelle et plus précisément les points qui soulèvent
difficultés relevant du régime des obligations du transporteur, les
limites juridiques du transport maritime (de palan à palan),
exonérations et limitations de responsabilité 764.
chambre n° 20.
764
Idem supra
Page | 383
avant d’insérer ce type de clause, il faut d’étudier les cas de figures de
son interprétation à la lumière des conventions internationales visées par
cette même clause.
L’action contre le transporteur maritime qui n’a pas honoré son contrat
est soumise d’abord aux règles de recevabilité de l’action telles que
prévues au droit commun et dans les procédures propres au contentieux
maritime de transport de la marchandise.
Page | 384
la dénaturation de la marchandise ou alors à des détériorations
accidentelles ou chimiques qui font appel à une ou des expertises avant
enlèvement s’il y a lieu ou autres constats ou analyses qui auront
vocation à estimer les pertes ou préjudices subis par la marchandise
(SECTION 2) en cours du transport maritime en vu d’en déterminer la
responsabilité du transporteur (SECTION 3).
C’est à la lumière de ces analyses que peuvent prendre forme les pièces
d’un dossier contentieux que le destinataire ou son représentant peut
mettre en forme en vu de son action en justice.
Page | 385