Tout Par Grace Issuu
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CHARLES H. SPURGEON
Tout par
^
grace
Tout par grâce
ELB est un département de BLF Europe
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
ISBN 2-8045-0014-4
Dépôt légal 3e trimestre 2006
Préface
Pourquoi rééditer un auteur du xixe siècle ? Charles.
H. Spurgeon enthousiasmait les foules par l’intensité de ses
prédications. Pouvant attirer plus de 10 000 fidèles, il fut sur-
nommé « le Prince des prêcheurs ». Grâce à ses écrits, nous
aussi pouvons aujourd’hui bénéficier de ses dons d’orateur.
Célèbre évangéliste, il aborde ici son sujet de prédilec-
tion : la grâce* de Dieu. Comme il le faisait dans presque toutes
ses prédications, C. H. Spurgeon avertit et prie instamment
le pécheur de venir à Christ. Les vérités bibliques qu’il y
expose répondent aux aspirations profondes de tout homme.
Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin du message
de l’amour de Dieu en Jésus-Christ !
Nous avons voulu rester fidèles au style particulier de
l’auteur et de son époque tout en l’actualisant quelque peu. En
fin de volume, un petit glossaire fournit des renseignements
sur un certain nombre de termes bibliques qui ne sont pas
toujours familiers au lecteur. Leur première occurrence dans
le texte est signalée par un *.
Notre souhait est que Dieu se serve de cet ouvrage pour
toucher beaucoup de cœurs ! Ceux qui n’ont pas encore fait
l’expérience de la grâce de Dieu pourront y apprendre com-
ment être sauvés. Et ceux qui appartiennent déjà au Seigneur
redécouvriront combien la grâce de Dieu est merveilleuse !
Les éditeurs
9
Chapitre 1
Combien ça coûte ?
J’ai entendu raconter l’anecdote d’un pasteur du nord de
l’Angleterre qui est allé rendre une visite à une femme qui
se trouvait dans un besoin extrême. Son aumône à la main, il
frappe à la porte de son logement. Pas de réponse. « Elle doit
être absente » se dit-il en s’éloignant. Peu de temps après, voilà
qu’il rencontre cette dame à l’église.
– Je n’ai pas oublié que vous êtes dans le besoin, lui
explique-t-il. Il y a quelques jours, je me suis rendu chez vous.
J’ai frappé plusieurs fois, mais personne n’a répondu. J’en ai
donc conclu que vous étiez sortie.
– Oh ! c’était vous ? J’ai effectivement entendu frapper.
Mais comme je croyais que c’était mon propriétaire qui venait
réclamer son loyer, je n’ai pas bougé. Comme je regrette de
ne pas vous avoir ouvert !
Qui ne comprendrait la réaction de cette personne !
Moi aussi, je frappe à votre porte, non pour vous réclamer de
12 Tout par grâce
l’argent, mais pour vous annoncer que le salut est pure grâce,
c’est-à-dire, sans frais, gratuit, pour rien !
Quand un prédicateur s’efforce de capter l’attention de
ses auditeurs, bien souvent ceux-ci réagissent ainsi :
– Bon ! On va encore me sermonner. Voici l’homme chargé
de me réclamer le paiement de mes dettes à Dieu, et comme je
n’ai rien pour les régler, je vais faire semblant de ne pas être là.
Non, ce livre ne vous demande rien ; au contraire, il vous
offre quelque chose. Nous n’allons pas nous entretenir de loi, de
devoir ou de punition, mais d’amour, de bonté, de pardon et de
vie éternelle. C’est pourquoi ne faites pas semblant d’être absent,
ne faites pas la sourde oreille et n’ayez pas un cœur fermé.
Je ne vous demande rien, pas plus de la part de Dieu que
de celle des hommes. Je n’ai nullement l’intention d’exiger
quoi que ce soit de vous ; mais je viens au nom du Seigneur,
vous faire l’offre d’un don gratuit dont la possession fera votre
bonheur présent et déterminera votre destinée éternelle.
« Venez donc et discutons ensemble, dit l’Éternel »
(Ésaïe 1 : 18). Dieu lui-même vous invite à discuter avec lui
au sujet de votre joie actuelle et de votre bonheur éternel. Le
ferait-il s’il ne vous voulait pas du bien ?
Ne refusez pas l’entrée au Seigneur Jésus lorsqu’il frappe
à votre porte. Il y frappe d’une main qui a été percée sur la
croix pour des pécheurs tels que vous. Puisque son seul et
unique but est votre plus grand bien, écoutez-le et venez à
lui. Soyez attentif, et que sa parole pénètre en vous. Peut-être
est-il l’heure pour vous d’entrer dans cette nouvelle vie qui
est le commencement du ciel ?
« Ainsi donc la foi naît du message que l’on entend »
(Romains 10 : 17). Lire est une manière d’entendre ; la foi*
peut naître en vous à la lecture de ce livre.
13
Chapitre 2
Dieu déclare juste
le pécheur
« Et si quelqu’un n’accomplit pas d’œuvre
mais place sa confiance en Dieu qui déclare
justes les pécheurs, Dieu le déclare juste
en portant sa foi à son crédit »
(Romains 4 : 5).
que nous sommes justes, mais pour nous rendre tels, car il a
le pouvoir de déclarer justes les pécheurs.
Un honnête avocat se présentant devant un tribunal où
un innocent est accusé faussement, défendra sa cause et cher-
chera à le justifier des accusations portées contre lui. Le but
de l’avocat n’est pas d’essayer de justifier le coupable, mais
de justifier l’innocent.
Nul sur la terre n’a ni le pouvoir ni le droit de justifier
un coupable. C’est un miracle qui n’appartient qu’à l’Éternel
seul.
Dieu, le Souverain infiniment juste, sait qu’il n’y a pas un
seul juste sur toute la face de la terre, pas un qui fasse le bien et
ne pèche jamais ; aussi, parce qu’il est un Dieu souverain dont
l’amour est infini, il entreprend, non pas l’œuvre de déclarer
juste celui qui est déjà juste, mais celui qui est pécheur. Dieu
a préparé des voies et des moyens qui permettront au pécheur
d’être admis en sa présence comme juste. Il a prédéterminé un
ordre des choses par lequel, avec une parfaite justice, il peut
traiter le coupable comme si, pendant toute sa vie, il n’avait
jamais commis d’offense. En vérité, il peut le traiter comme
s’il était entièrement pur de tout péché. Il déclare juste le
pécheur.
Jésus-Christ vint dans le monde pour sauver des pécheurs.
N’est-ce pas un fait vraiment extraordinaire ?
Pour moi, savoir que Dieu me déclare juste est, chaque
jour, la plus grande merveille dont j’aie jamais entendu parler.
Je réalise que je suis un monceau d’indignité, une montagne
de péchés, un amas de corruption, en dehors de son amour tout
puissant. Et pourtant, j’ai l’entière assurance d’être déclaré
juste par la foi en Jésus-Christ, et regardé comme si j’avais été
toujours parfaitement juste. Je suis devenu héritier de Dieu et
cohéritier de Christ, alors que, par nature, je devrais me ranger
16 Tout par grâce
parmi les plus mauvais. Moi qui suis tout à fait indigne, je
suis traité comme si j’avais été juste. Je suis aimé avec autant
d’amour que si j’avais toujours été pieux, bien qu’autrefois
j’aie été un pécheur. Qui n’en serait pas étonné ?
Or si, d’une part, nous avons du mal à comprendre pour-
quoi Dieu nous porte un tel amour, d’autre part, nous remar-
quons quelle en est la portée pour nous personnellement.
Si Dieu déclare juste le pécheur, il peut donc vous justifier
vous aussi. Car n’est-ce pas votre état ? Tel est votre véritable
qualificatif si vous n’êtes pas converti. Vous avez vécu sans
Dieu, étant le contraire d’un saint, vous avez été et vous êtes
un pécheur. Peut-être vivez-vous dans l’indifférence à l’égard
de Dieu, à l’égard de sa Parole et de sa maison. Peut-être aussi
avez-vous essayé de nier l’existence de Dieu. Vous avez vécu
sur cette terre remplie de témoignages de la présence de Dieu,
en fermant continuellement les yeux devant les évidences
manifestes de sa puissance et de sa divinité. Vous avez vécu
comme si Dieu n’existait pas. En vérité, il vous aurait plu de
pouvoir démontrer, si la chose était possible, qu’il n’y a pas
de Dieu. Après avoir marché de longues années dans cette
voie, il se peut que maintenant Dieu ne représente plus rien
pour vous.
PÉCHEUR ! Ce terme s’applique à vous aussi précisé-
ment que celui d’eau salée s’applique à la mer, n’est-ce pas ?
Mais il se peut que vous apparteniez à une autre catégorie
de personnes. Vous avez suivi régulièrement toutes les prati-
ques extérieures de la religion, mais sans y mettre votre cœur.
Vous êtes donc toujours un pécheur non pardonné. Bien que
vous vous soyez joint au peuple de Dieu, vous n’avez jamais
rencontré Dieu. Vous avez chanté des cantiques, mais vous
n’avez jamais loué Dieu du fond du cœur. Vous avez vécu
Dieu déclare juste le pécheur 17
sans amour pour Dieu et sans égard pour ses exigences dans
votre vie journalière.
Vous êtes exactement celui à qui s’adresse cette bonne
nouvelle, cet Évangile* qui proclame que Dieu déclare justes
les pécheurs. Si vous laissez parler votre cœur, vous serez
frappé de la grande bonté de Dieu qui a pourvu au salut d’un
être tel que vous. Vous vous direz :
– Il déclare juste le pécheur ! Pourquoi alors ne serais-je
pas déclaré juste, moi aussi ?
Remarquez encore que le salut de Dieu ne concerne que
ceux qui en sont indignes, qui n’ont rien fait pour le mériter.
Il est naturel que cette vérité se trouve dans la Parole de Dieu :
quels sont ceux qui ont besoin de justification*, sinon ceux qui
n’ont aucune possibilité de se justifier ? Si quelqu’un se croit
juste, il ne ressent pas le besoin d’une justification. Si vous
êtes persuadé d’accomplir le bien, vous pensez sans doute que
le ciel vous sera accordé d’office. Qu’avez-vous besoin, dans
ce cas, d’un Sauveur et de sa miséricorde ? La justification ?
À quoi vous serait-elle utile ? Dès lors, ce livre vous fatiguera,
car il n’est désormais d’aucun intérêt pour vous. Cependant,
aussi sûr que vous êtes vivant, vous marchez à votre perte !
Vous, homme juste, dont la justice est basée sur vos bon-
nes œuvres, vous êtes ou trompeur, ou trompé, car l’Écriture
qui est infaillible déclare : « Il n’y a pas de juste, pas même
un seul ». Si vous vous croyez juste, je n’ai aucun Évangile à
vous annoncer !
Jésus-Christ n’est pas venu pour chercher les justes et je
ne peux pas, moi, entreprendre ce qu’il n’a pas fait lui-même.
Si je vous appelais alors que vous vous considérez juste, vous
ne voudriez pas venir ; aussi, ce n’est pas en votre qualité de
juste que je veux m’adresser à vous. Considérez plutôt ce qui
vous permet d’avoir cette opinion de vous-même, jusqu’à ce
18 Tout par grâce
que vous voyiez combien elle est illusoire. Une toile d’arai-
gnée est deux fois plus solide que votre soi-disant justice !
Croyez-moi, les seules personnes qui puissent être jus-
tifiées sont celles qui n’ont aucune justice personnelle. Pour
qu’elles soient acquittées devant le tribunal de Dieu, il faut que
quelque chose soit fait en leur faveur. Soyez-en parfaitement
sûr, le Seigneur seul peut faire pour elles ce qui est nécessaire.
Jésus, la sagesse infinie, ne commence jamais quelque chose
d’inutile. Il n’entreprend jamais ce qui est superflu. Justifier
le juste, à quoi bon ? Ce serait le travail d’un fou. Mais jus-
tifier le coupable, voilà une œuvre digne de l’amour et de la
compassion de Dieu ! Justifier le pécheur, c’est un miracle qui
n’appartient qu’à Dieu, et ce miracle, il l’accomplit.
Si un grand médecin découvre des remèdes sûrs et effi-
caces, à qui les proposera-t-il ? Aux gens en bonne santé ? Je
ne le pense pas. S’il s’installe dans un lieu où il n’y a pas un
seul malade, il ne tardera pas à s’apercevoir qu’il n’est pas à la
bonne place. « Les bien-portants n’ont pas besoin de médecin ;
ce sont les malades qui en ont besoin » (Matthieu 9 : 12). De
même, n’est-il pas évident que la grâce et la rédemption*, les
grands remèdes qu’offre Dieu, s’adressent à ceux qui souffrent
intérieurement ? Ces moyens de guérison ne sont pas destinés
aux gens en bonne santé, ils ne leur seraient d’aucune utilité.
Si vous vous sentez spirituellement malade, c’est pour
vous que le grand Médecin est venu dans le monde. Si votre
péché vous a complètement ruiné, c’est pour un être tel que
vous que le plan du salut a été préparé. C’est parce que le Dieu
d’amour avait précisément en vue des pécheurs tels que vous,
qu’il a formé ses plans pour vous sauver.
Supposez qu’un homme riche, au cœur généreux, se
décide à remettre leurs dettes à tous ses débiteurs : il est clair
que cela ne concerne que ceux qui lui sont réellement redeva-
Dieu déclare juste le pécheur 19
bles. L’un lui doit mille euros, un autre lui en doit cinquante,
peu importe, chacun d’eux est libéré de toute dette dès qu’il a
reçu sa quittance. Mais l’homme le plus généreux du monde
peut-il remettre les dettes de ceux qui ne lui doivent rien ?
Ainsi donc, à vous qui n’avez pas de péché, le pardon ne
peut être accordé. En refusant d’admettre votre péché, vous
empêchez le Dieu tout puissant d’exercer son pouvoir de
pardonner ! La grâce n’est que pour les coupables. Le pardon
n’est que pour les pécheurs. Il est absurde de parler de faire
grâce à un innocent, et de pardonner à quelqu’un qui n’a jamais
commis d’offense.
Pensez-vous qu’étant pécheur, vous serez irrémédiable-
ment perdu ? Non, car c’est précisément à vous que le salut
est offert. Si vous convenez que vous êtes un transgresseur, je
voudrais vous faire comprendre que c’est à des transgresseurs
comme vous que la grâce est destinée.
Jésus cherche et sauve ceux qui sont perdus. Par sa mort,
il a payé un prix réel pour de véritables pécheurs. Jamais les
portes de la grâce ne se ferment pour ceux-là. Ce n’est pas
pour des péchés imaginaires que le Seigneur Jésus a donné
sa vie. Son sang a été répandu pour laver des taches noires
comme l’encre, que rien d’autre n’aurait effacées. Celui qui
croit être un pécheur méprisable est précisément celui que
Jésus veut purifier.
Un prédicateur a un jour développé le verset suivant :
« Attention : la hache est déjà sur le point d’attaquer les arbres à
la racine. Tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé
et jeté au feu » (Matthieu 3 : 10). L’impression produite sur ses
auditeurs fut telle que l’un d’eux lui dit :
– À vous entendre, on aurait pu penser que vous vous
adressiez à des criminels. Votre sermon aurait mieux été à sa
place dans une prison.
20 Tout par grâce
Chapitre 3
C’est Dieu qui justifie
Il est vraiment merveilleux d’être déclaré juste ! Si nous
n’avions pas violé les lois divines, nous aurions été justes par
nature et nous n’aurions jamais eu besoin de justification.
Celui qui, toute sa vie, a fait tout son devoir et rien d’autre,
est justifié par la loi morale.
Mais vous n’êtes sans doute pas dans ce cas. Vous avez
trop de loyauté pour prétendre que vous êtes sans péché, aussi
avez-vous besoin d’être justifié.
Si vous vous justifiez vous-même, vous n’arriverez qu’à
vous tromper vous-même : ce n’est même pas la peine d’es-
sayer ! Si vous demandez à vos semblables de vous justifier,
que pourraient-ils faire ? En échange d’un service, certains
accepteraient de dire du bien de vous ; d’autres diront du mal
gratuitement ! À quel prix doit-on estimer la valeur de leur
jugement ?
26 Tout par grâce
même si loin que le frère aîné s’en irrita ; mais le père ne cessa
jamais d’aimer le fils rebelle.
Quelle que soit votre culpabilité, revenez à votre Dieu
et Père, il vous traitera comme si vous n’aviez jamais péché.
Il vous regardera comme juste et vous traitera comme tel.
Considérez ce défi que lance l’apôtre Paul : « Qui accusera
encore les élus de Dieu ? Dieu lui-même les déclare justes »
(Romains 8 : 33). Quand Dieu a déclaré un homme juste, il est
vraiment justifié, il est parfaitement justifié, il est justifié de
droit, il est éternellement justifié.
Le fait le plus remarquable que la terre ait jamais vu,
c’est que Christ, par son sang, efface le péché dès maintenant ;
et que Dieu, pour l’amour de Christ, dans son amour infini
pour les hommes, pardonne aux coupables. Il les justifie, non
d’après ce qu’il voit ou prévoit de voir en eux, mais selon les
richesses de la grâce qui remplit son cœur.
Cela, nous l’avons proclamé, nous le proclamons, et nous
voulons le proclamer tant que nous vivrons : « C’est Dieu qui
justifie » ! Il justifie le pécheur. Comme il n’a pas honte de le
faire, nous n’avons pas honte de le répéter.
La justification, dont l’auteur est Dieu lui-même, est un
fait indiscutable. Si le Juge m’acquitte, qui peut me condam-
ner ? Si le tribunal suprême de l’univers m’a déclaré juste, qui
pourra m’accuser ?
La justification divine est une réponse suffisante aux
exigences d’une conscience angoissée. Le Saint-Esprit a ses
voies et ses moyens pour faire entrer la paix dans notre être
tout entier afin que nous ne demeurions plus dans la crainte.
Étant justifié, nous pouvons faire face aux attaques de Satan et
supporter les outrages des hommes impies. Grâce à la justifi-
cation, nous pouvons mourir. Nous ressusciterons sans crainte
pour affronter le jugement final.
30 Tout par grâce