Une Tasse de Thé - Osho Rajneesh
Une Tasse de Thé - Osho Rajneesh
Une Tasse de Thé - Osho Rajneesh
Une
:tasse de
thé
Le Voyage Intérieur
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OUVRAGES DU MEME AUTEUR TRADUITS EN FRANÇAIS
A paraître:
A paraître:
Une
tasse de
thé
Le Voyage Intérieur
19
C'est par la grâce divine que tu te fraies un chemin vers la lumière intérieure.
Elle est là, totalement présente, et la rencontrer dissipe toutes les ténèbres de la vie.
Chaque pas dans cette voie soulève les voiles, les uns après les autres,
et révèle un monde radieux où tout est nouveau.
En faire l'expérience dénoue les liens,
jusqu'à découvrir que les chaînes n'ont jamais existé.
Ce qui est libéré a toujours été libre!
Nous devons continuer. Le découragement nous saisit souvent dans cette voie,
mais le pèlerin assoiffé finit par atteindre la source. En vérité, l'eau précède la soif
Un autre moine se présenta devant le maître et fut reçu par les paroles suivantes:
«Es-tu déjà venu ici? »
«Oui, Maître», fut la réponse.
Joshu dit: «Prends une tasse de thé, mon frère. »
41
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UNE TASSE DE THÉ 72
Dans la vie, ne nage pas, flotte comme une feuille sur l'eau de la rivière.
Abstiens-toi des sadhanas qui ne sont que sadhanas, c'est la seule vraie sadhana.
Où sont les instincts bestiaux? Qu'est-ce qui est bas? Qu'est-ce qui est élevé?
Tout ce qui est, existe. Il n'y a ni supérieur, ni inférieur.
Qu'est-ce qui est animal? Qu'est-ce qui est divin?
Donc, ne réprouve pas, n'approuve pas. Ne te déprécie pas et ne te flatte pas toi-même.
Toutes les distinctions sont une dissection mentale.
Je te salue affectueusement.
Méditer n'est pas une thème de réflexion, mais une façon de vivre.
Vis dans la méditation quotidiennement, d'instant en instant, laisse-la vivre en toi.
Elle n'est pas quelque chose qui appartient à l'autre monde;
toutes les distinctions de ce genre sont des productions mentales, des spéculations.
Or, la méditation est existentielle,
c'est tout simplement la vie de tous les jours, vécue totalement.
Mes respects.
Evite les pensées du genre «j'agis». Dis-toi plutôt: «je prends refuge dans ce qui est».
Abandonne-toi, abandonne-toi sans retenue. Alors le vide s'installera.
/ Ta respiration et ton corps commencent à se détendre, me dis-tu.
Le mental suivra.
Lorsque l'esprit se calme et se tait, l'indicible fait son entrée.
Mes amitiés à tout le monde. Ecris-moi chaque fois que cela te chante.
Je suis immergé dans la béatitude.
19
C'est par la grâce divine que tu te fraies un chemin vers la lumière intérieure.
Elle est là, totalement présente, et la rencontrer dissipe toutes les ténèbres de la vie.
Chaque pas dans cette voie soulève les voiles, les uns après les autres,
et révèle un monde radieux où tout est nouveau.
En faire l'expérience dénoue les liens,
jusqu'à découvrir que les chaînes n'ont jamais existé.
Ce qui est libéré a toujours été libre!
Nous devons continuer. Le découragement nous saisit souvent dans cette voie,
mais le pèlerin assoiffé finit par atteindre la source. En vérité, l'eau précède la soif
Je te salue.
Je me suis absenté, mais ta lettre m'a suivi. Je suis content qu'elle me soit parvenue.
L'homme passe son temps à désirer, à rêver, mais il ne bouge pas d'un pouce.
A la fin, que lui reste-t-il de tout cela?
Des cendres plein les mains, des larmes plein les yeux.
Mes respects.
Mais Il peut être connu par celui qui devient vide pur.
Nous Le rencontrons dans le royaume du vide, parce qu'Il est vide.
Je demeure dans la béatitude ou, plus exactement, la béatitude existe, moi je n'existe pas.
UNE TASSE DE THÉ 284
Ne crois pas que la mort soit l'inverse de la vie, car ce n'est pas vrai.
Vis la mort d'instant en instant.
C'est en la différant jusqu'à ton dernier souffle que tu suscites l'angoisse en toi.
Meurs au passé à tout moment,
alors tu seras éternellement neuf et jeune, tu renaîtras en permanence.
Il y aura toujours de la lumière, même l'obscurité deviendra lumineuse.
Il y aura toujours de la chaleur, car seul le passé est mort et froid.
Le présent est toujours chaud.
27
Mes respects.
Une religion privée de l'esprit du yoga n'est plus qu'une affaire de moralité.
Elle n'a plus d'âme.
La morale est négative, elle ne peut pas servir de fondement à la vie.
La négation est incapable d'alimenter le vivant.
Au cours de mes entretiens avec Acharya Tulsi, Muni Shri Nathamaljee et d'autres,
j'ai souligné cet aspect et beaucoup de lettres relatives à ce point
me sont parvenues de Rajnagar et du Rajasthan.
Comme tu dis, le travail accompli là-bas porte certains fruits.
Une chose est très claire: les hommes et les femmes sont affamés de vie spirituelle
et les formes actuelles de la religion ne les satisfont pas.
S'ils recevaient la religion authentique,
la conscience humaine pourrait être bouleversée de fond en comble.
Mes respects.
Ecris-moi encore.
Tu attends mes lettres, mais sache que j'attends aussi les tiennes.
UNE TASSE DE THÉ 30
Je ne puis oublier la soif de Dieu que j'ai aperçue dans ton regard,
ni la faim de vérité qui habite ton cœur.
.: C'est une grâce, car il est impossible d'aboutir sans ressentir cette angoisse.
Souviens-t'en, c'est une condition absolue pour que la lumière et l'amour puissent naître.
Ensemble, lumière et amour sont Dieu.
Lorsque l'amour devient illimité, flamme pure et libre de toute fumée, il est divin.
J'ai perçu les prémices de cette croissance en toi
et cela remplit mon âme d'une grande joie.
La semence est là. A présent, elle doit devenir un arbre.
Le temps est peut-être proche.
Celui qui s'oriente vers les profondeurs de son être y éveille l'amour divin
et cet amour remplit sa vie d'harmonie, de beauté, de paix et de poésie.
Son existence n'est plus que musique et devient un réceptacle pour la vérité.
Transmets mon affection à tes proches et que mon amour soit perceptible parmi vous.
UNE TASSE DE THÉ
32
La nuit dernière,
lorsque des milliers de lampes se sont allumées un peu partout dans la ville,
j'ai pensé à celles que tu devais, toi aussi, avoir allumées.
Quelques-unes m'étaient certainement dédiées.
Puis j'ai commencé à les voir ainsi que celles que ton amour entretient en permanence.
Bien-aimé!
J'ai trouvé ta lettre à mon retour. Chaque mot traduit la ferveur de ton cœur.
Poursuis tes efforts en méditant, de plus en plus profondément, c'est l'unique voie.
C'est la seule façon, la seule, de connaître la réalité de la vie.
Mes respects.
Attendre en priant est amour à mes yeux et le vide est la porte du temple divin.
Tu es venue vers moi et je veux t'emmener vers Dieu,
car comment pourrais-tu être proche de moi sans l'être d'abord de Lui?
En vérité, si tu ne t'approches pas du divin,
tu ne peux même pas être proche de toi-même.
Dès que tu l'atteins, tu entres dans la vie pour laquelle tu es née et morte si souvent.
Se trouver soi-même est une deuxième naissance;
le principe de la renaissance est tout simplement cela.
Souviens-t'en: même le plus humble caillou de la route n'est pas simplement un caillou.
Lui aussi attend une nouvelle naissance, car elle le transformera en diamant.
P.-S.
Celui ou celle qui cherche à satisfaire ses désirs court après un mirage.
C'est un voyage d'une mort à l'autre.
Parce qu'il croit que ceci est la vie, l'être humain meurt bien des fois.
Mais lorsqu'il meurt à ses désirs,
il découvre que la mort elle-même est désormais morte pour lui.
37
J'ai reçu ta lettre alors que j'étais assis au même endroit dans le jardin.
Je ne te dirai ce que j'ai pensé que lorsque nous nous reverrons.
Quel parfum émane des souvenirs!
Que veut l'amour? Il veut partager avec tous la félicité qu'il possède.
L'amour veut se donner à tous!
Se donner inconditionnellement, c'est cela l'amour.
Aimer, c'est se consacrer de tout son être au tout,
à l'exemple de la goutte d'eau qui s'abandonne à l'océan.
Un tel amour vibre en moi. Il remplit ma vie de nectar et de lumière.
Il me reste un souhait: que tous connaissent ce que j'ai trouvé!
Transmets mon amour à tes amis.
39
Alors, la séparation est exclue, quelles que soient les distances dans le monde sensible.
Si, entre vous, vous parvenez à cet instant sans distance,
vous y parviendrez avec tous.
L'Un est la porte, le Tout est l'aboutissement.
L'amour commence par l'Un puis se déverse dans le Tout.
L'amour qui unit à l'existence entière, sans exception, est ce que j'appelle religion
et l'amour qui s'arrête où que ce soit est ce que j'appelle péché.
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C'est étrange que tu me demandes pourquoi mon cœur contient tant d'amour pour toi.
L'amour a-t-il Jamais une raison? S'il a une cause, est-ce de l'amour?
0 mon amie insensée! L'amour ne s'explique jamais. C'est son mystère et sa pureté.
Il est divin et appartient au royaume de Dieu, parce qu'il n'a pas de cause.
Quant à moi, je suis plein d'amour comme la lampe est pleine de lumière.
Il faut avoir des yeux pour voir cette clarté.
Tu possèdes ce regard et c'est pour cela que tu as perçu la lumière.
C'est ton mérite, non le mien.
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En t'écrivant: «Que Dieu te rende jalouse de moi», ce n'était pas une erreur.
J'aimerais que la félicité qui m'est advenue attise ta soif de plus en plus.
Reine de Mewal ! Tu n'as aucune raison de t'inquiéter.
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P.-S.
J'irai probablement à Ahmedabad en janvier. Peux-tu m'accompagner?
Il serait bon que nous voyagions ensemble pendant quelques jours.
UNE TASSE DE THÉ 48
/
Je t'envoie mon amour.
Les larmes versées par amour sont des fleurs déposées en offrande aux pieds de Dieu
et les yeux qui les versent reçoivent la vision divine.
Seuls le regard plein d'amour perçoit le divin.
L'amour est la seule énergie qui puisse transcender l'inertie de la nature
et te transporter jusqu'aux rives de la conscience suprême.
Lorsque cette lettre te parviendra, tu seras sans doute partie pour Kashidham.
J'ignore comment se sera passé ton voyage. Avec des chants et des rires, j'espère.
Transmets mes respects à tout le monde.
J'attends les lettres que tu m'as promises.
UNE TASSE DE THÉ 50
Où est la vérité?
Ne la cherche pas. Depuis quand la trouoe-t'oti en cherchant?
Dans la recherche, celui qui cherche est présent. Ne cherche donc pas, mais perds-toi.
Celui qui perd son « moi » trouve la vérité.
Je ne dis pas: cherche et tu trouveras.
Je dis: celui qui se perd lui-même trouvera.
Mais tu as toujours eu peur d'exister, c'est pour cela que l'amour t'effraie.
Tout au long du voyage, j'ai pensé à toi et aux larmes qui s'échappaient de tes yeux.
Rien au monde n'est plus sacré que les larmes de joie et d'amour.
De telles larmes, si pures, ne sont pas de ce monde.
Bien qu'appartenant au corps, elles expriment quelque chose qui n'en fait pas partie.
Que t'offrir en retour?
P.-S.
J'apprends que tu vas venir ici. Viens et viens vite. Qui oserait se fier au temps?
Regarde. Voici le matin, le soleil se lève.
Combien de temps lui [audra-t-il pour se coucher?
UNE TASSE DE THÉ 60
Pour celui qui a l'habitude de sacrifier le présent au futur, le futur ne vient jamais, Î
car tout ce qui devient réel est une fois de plus sacrifié à ce qui n'est pas encore là.
Pour finir,
tu me demandes pourquoi moi aussi je travaille pour les autres et pour l'avenir.
Tout d'abord, sache que je ne travaille pas.
Tout ce que je fais émane de mon état de repos. Je ne nage pas, je flotte.
Personne ne peut jamais rien faire pour autrui.
Si parfois quelque chose se produit à partir de ce que je suis, c'est différent.
Mais là non plus, je ne suis pas «actif».
N'oublie pas qu'à moins de devenir une philosophie de la vie dans sa totalité,
la spiritualité est impuissante et seuls les couards cherchent refuge sous un tel couvert.
Elle doit devenir une force, elle doit se transformer en rébellion,
alors seulement elle pourra être sauvée.
Ne confonds pas impatience et soif Celle-ci est un besoin profond, mais non une lutte.
L'impatience n'est que violence sans aspiration.
Le besoin profond s'accompagne d'une attente, mais non d'exigences.
L'impatience est pleine de revendications et dénuée d'attente.
Le besoin profond déborde en larmes silencieuses.
L'impatience instaure une agitation agressive. Nul ne peut prendre la vérité par la force,
elle s'obtient par le lâcher-prise et non au terme d'un combat.
Elle est conquise par l'abandon total.
' . I /
Le désir d'avoir plus que la simple vie est le résultat d'une vie mal vécue;
de là vient la peur qui obsède l'esprit de l'homme.
Qu'est-ce que la mort pour l'être réellement vivant!
Celui qui vit intensément et totalement n'a pas le temps de redouter la mort.
Il n'a pas non plus le temps de mourir.
Ne pense pas en termes de but, c'est un langage par essence malsain.
Le ciel existe sans explications.
C'est pour cela que les mélodies ne peuvent pas satisfaire l'âme,
que les corps ne peuvent l'assouvir, que les formes ne peuvent l'apaiser.
Dans la vie, ne nage pas, flotte comme une feuille sur l'eau de la rivière.
Abstiens-toi des sadhanas qui ne sont que sadhanas, c'est la seule vraie sadhana.
Où sont les instincts bestiaux? Qu'est-ce qui est bas? Qu'est-ce qui est élevé?
Tout ce qui est, existe. Il n'y a ni supérieur, ni inférieur.
Qu'est-ce qui est animal? Qu'est-ce qui est divin?
Donc, ne réprouve pas, n'approuve pas. Ne te déprécie pas et ne te flatte pas toi-même.
Toutes les distinctions sont une dissection mentale.
Il y a longtemps que j'ai reçu ta lettre, tu dois être fatigué d'attendre une réponse.
Pourtant, l'attente patiente a sa part de joie.
Sur la route qui mène à Dieu, attendre sans mesurer le temps est la vraie sadhana.
Attendre, attendre, attendre.
Un jour, tout viendra tout seul, comme un bourgeon qui éclate au printemps.
Où trouver la vérité?
Il faut la chercher en soi,
à l'intérieur de soi-même,
à l'intérieur de soi-même,
à l'intérieur de soi-même.
.:
N'aie pas peur de devenir vide, c'est la seule issue, la seule voie et la seule destination.
L'unique condition pour fusionner avec le tout est d'avoir le courage de devenir vide.
Ceux qui sont pleins restent vides et ceux qui sont vides sont rassasiés.
Telles sont les mathématiques divines.
Regarde, regarde la vie. Vois ce qu'elle §§1, elle est comme elle est.
Les choses sont «ainsi», ne demande pas qu'elles soient autrement,
elles ne sauraient l'être, quel que soit ton désir.
Le désir est totalement impuissant.
Ah! comment l'agitation pourrait-elle survivre en l'absence de désir?
UNE TASSE DE THÉ 86
L'être humain ne vit pas dans la réalité, mais dans les songes.
Chaque esprit échafaude un monde qui lui est propre
et qui n'existe nulle part ailleurs que dans sa tête.
De jour comme de nuit, le mental patauge dans les rêves.
Lorsqu'ils deviennent trop nombreux,
trop intenses, on parle de maladie mentale, de psychopathologie, de folie.
L'intellect clair et sain est dégagé de toute divagation onirique.
Un jour, un notable alla visiter un hôpital psychiatrique. En passant devant une salle,
le directeur lui dit que les occupants souffraient d'une obsession mécanique.
Intrigué, le visiteur jeta un coup d'œil à l'intérieur.
Il ne vit personne. « Ils sont bien là, Monsieur, dit le directeur.
Sous les lits. En train de réparer les voitures. »
C'est un bon début pour la bataille et je suis content de t'y avoir poussé.
Le sannyas est un défi lancé au monde, c'est une déclaration solennelle de liberté.
Vivre chaque instant dans une totale liberté est sannyas.
Désormais, l'insécurité accompagnera chacun de tes pas: elle est une réalité de la vie.
La mort est l'unique certitude.
L'existence est insécurité, c'est sa joie et sa beauté.
S'entourer de garanties est une mise en bière,
une mort vivante que l'on s'inflige à soi-même.
.:
L'inquiétude n'est pas produite par les facettes redoutables de la vie,
mais par notre attitude à leur égard.
Nous pouvons toujours choisir d'être anxieux ou de ne pas l'être.
Cela ne veut pas dire que l'esprit non-anxieux soit libéré de l'angoisse.
Elle est là, elle fait inéluctablement partie de la vie.
Mais rien ne vous oblige à ployer l'échine sous son poids.
Celui qui s'en est dégagé regarde par-delà: la nuit qui l'entoure est opaque,
comme pour tout le monde, mais son regard est dirigé vers le soleil levant.
C'est pour cela que son âme ne sombre jamais dans les marécages.
En soi, cela suffit: que l'âme ne soit pas engloutie par les ténèbres.
Le corps, lui, ne pourra pas y échapper. De fait, il est déjà la proie de l'ombre.
Les mortels passent leur vie dans le noir;
seuls les immortels sont debout dans la lumière.
S'ils avaient su à quel point les choses peuvent changer avec le temps ...
Elle frappe impitoyablement, mais le mental rusé ne cesse d'esquiver les coups.
N'élude rien, ne te console pas, tous les réconforts sont suicidaires.
Eprouve profondément la blessure que le deuil t'inflige.
Eveille-toi et vis avec cette douleur!
Ce sera dur, comme l'est toujours une mutation.
En vérité, il ne faut pas combattre tes pensées, tes désirs, tes instincts,
c'est négatif et ce qui est négatif ne te sera d'aucune aide.
Que ta conscience grandisse par la méditation,
alors tu gagneras sans livrer aucune bataille.
La victoire obtenue à l'issue d'un conflit n'est pas une vraie victoire,
car ce que tu as réussi a réprimer devra l'être encore et encore.
Le conflit n'a jamais de fin et la lutte génère sans cesse de nouveaux combats.
Dix autres jours s'écoulèrent. «Le coq est-il prêt » demanda le prince.
è
Je dû; que tu peux faire avec toi-même ce que Chi Hsing Tzu a réalisé avec le coq du prince.
Apprends ses secrets!
UNE TASSE DE THÉ 104
Un moine demanda à Hyakujo Yekai: «Quel est l'événement le plus miraculeux du mondeè »
Hyakujo répondit: «Je suis assis ici en compagnie de moi-même! »
Sors des ornières, seuls les morts suivent les sentiers battus.
La vie est une quête constante du neuf
Seul celui qui a le talent de se renouveler à chaque instant vit réellement.
Meurs à tout moment à ce qui est vieux, connu, afin d'être éternellement vierge.
Là réside le secret de la transmutation de la vie.
UNE TASSE DE THÉ 106
Par conséquent, comprends ce qui est et n'aspire pas à ce qui devrait être.
Ce qui devrait être naît de l'acceptation et de l'entendement de ce qui est.
109
Mais sur le sentier divin, même les pierres deviennent des fleurs.
Sur les sentiers du monde, par contre, même les fleurs s'avèrent être des pierres.
Donc, lorsque les pierres pleuvent sur moi, sois heureuse et remercie Dieu!
La vérité est toujours reçue de cette façon-là.
Si tu ne me crois pas, demande à Socrate, à Jésus, à Bouddha, à Kabir, à Mira.
Le lendemain, déambulant dans les ruines de ce qui avait été le rêve de toute une vie
(il avait 67 ans), Edison déclara: « Comme la destruction est utile!
Toutes nos erreurs sont réduites à néant, Dieu merci!
A présent, nous pouvons tout reprendre à zéro! »
La grâce de Dieu est infinie. Il ne nous manque que les yeux pour voir.
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Méditer n'est pas une thème de réflexion, mais une façon de vivre.
Vis dans la méditation quotidiennement, d'instant en instant, laisse-la vivre en toi.
Elle n'est pas quelque chose qui appartient à l'autre monde;
toutes les distinctions de ce genre sont des productions mentales, des spéculations.
Or, la méditation est existentielle,
c'est tout simplement la vie de tous les jours, vécue totalement.
Wittgenstein a dit: « Sur les choses dont on ne peut pas parler, il faut garder le silence. »
Oh! si seulement ce conseil était suivi!
Il n'y aurait plus toutes ces vaines discussions sur la vérité.
On ne peut pas parler de ce qui est.
Ce que les mots sont capables de dire n'est pas et ne peut pas être ce qui est.
Cela existe au-delà des paroles, seul le silence est relié à la vérité.
Je me tairais.
Pour faire l'expérience du silence, il faut avoir une telle simplicité innocente.
115
Ne cherche pas un but dans la vie, mais vis et fais-le sans réserve .
Evite le sérieux et la gravité; danse ton existence.
Danse comme les vagues à la surface de l'océan!
Fleuris comme les fleurs au printemps!
Chante comme les oiseaux; ils le font tout le temps! Sans but, sans raison.
Alors, cela a un sens et tout mystère est résolu.
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119
..
c'est pour cela que j'ai été ton témoin lorsque tu as pris sannyas.
Lorsque toi tu es, Cela n'est pas, parce que toi tu n'es rien d'autre qu'une cécité.
L'ego ne peut pas voir, il ne peut pas être conscient,
c'est simplement un sous-produit de l'existence vécue dans l'inconscience.
L'être humain vit comme un somnambule.
Et dans son rêve, ce qui est une partie s'imagine être le tout.
Le songe fait obstacle à la connaissance du tout.
Commence par prendre conscience de tes actes, de tes pensées, de tes émotions.
Sois consciente, sans plus.
N'apprécies ou ne déprécies pas, sinon tu ne seras pas consciente.
Dans tout choix, la conscience est contaminée, l'obscurité de l'inconscient la pénètre.
Observe donc de façon neutre et silencieuse, sans prendre aucun parti,
afin que ta conscience soit un pur et innocent miroir.
Là, tu ne trouveras plus de « moi-je », mais bien ce qui est.
Et Cela est Dieu.
Le but semble inatteignable et pourtant, le désir ardent d'y parvenir est inné.
Ce besoin est enraciné dans l'âme. En vérité, tu es le désir ardent,
tu es ce besoin et la conscience ne peut s'épanouir que grâce à ce défi,
grâce à cette aventure. Ne perds pas ton temps, commence. Ne suppute pas, commence.
Ne balance pas, commence. Ne regarde pas en arrière, commence.
Ne te laisse pas emporter par le torrent des pensées, contente-toi d'en prendre conscience.
Souviens-toi que tu n'es pas ce flot, tu en es distincte, éloignée.
Tu n'es que l'observatrice.
Regarde les pensées qui passent comme autant de personnes allant et venant sur la route;
observe-les comme tu contemplerais des feuilles mortes tourbillonnant dans le vent d'automne.
Ne sois pas la personne qui les suscite,
ne sois pas celle qui les pense et le calme s'installera de lui-même.
Cet apaisement, ce contentement est ce que j'appelle méditation.
UNE TASSE DE THÉ 132
Dieu est loin parce que nous ne savons pas comment Le percevoir de près.
En vérité, rien ne nous est plus proche que Lui.
Plus encore: Il est l'ici-et-maintenant.
Le terme « Dieu-;: a été inventé pour ceux qui ne peuvent saisir le moment présent.
Les mots, les noms, les doctrines, les religions, les philosophies,
tout cela est fabriqué pour ceux qui ne peuvent L'imaginer qu'à distance.
Ces gens n'ont pas de contact avec le divin, ce sont des presbytes spirituels.
Je vous dis: laissez tomber ce qui est distant.
Tournez le dos aux paradis célestes et aux rédemptions à venir;
voyez ce qui est tout près dans le temps et dans l'espace.
Soyez ici, soyez maintenant et voyez!
Voyez l'instant dans le temps et l'atome dans l'espace.
Dans le quantum de temps, le temps se volatilise;
dans le quantum d'espace, l'espace disparaît.
L'espace n'existe pas. Le temps n'existe pas. Seul l'ici-et-maintenant est.
1,J
UNE TASSE DE THÉ 134
Parce que sa vie est dépourvue de musique silencieuse. C'est une cacophonie.
Parce que sa vie ne connaît pas le vide et est un incessant brouhaha mental.
Parce que sa vie est privée de sérénité, c'est un lancinant carrousel de sentiments.
Parce qu'il court dans tous les sens comme un dément
et ne trouve jamais la tranquillité exempte d'orientation.
Et enfin parce qu'il est gonfl,é d'ego et ignore totalement le divin.
Mon travail n'est que l'œuvre divine, rien n'est moi ou mien.
Jésus a dit: cherche avant tout le royaume de Dieu, le reste te sera donné de surcroît.
Je dis la même chose.
Mais l'esprit humain demande d'abord tout le reste.
Aussi, ce qui doit arriver arrive:
l'homme n'obtient que cela et perd finalement le peu qu'il a pu saisir.
UNE TASSE DE THÉ 142
En anglais, les termes whole (tout), holy (sacré) et heal (guérir) ont une racine commune.
C'est très significatif
Celui qui est entier, intégré, est également guéri. Guérir signifie redevenir un.
Cette unité n'est atteinte qu'en devenant totalement conscient de soi:
la nuit de l'inconscient est chassée et transformée en lumière.
La graine n'est pas seule à être graine. L'homme en est une aussi.
La semence n'est pas seule à germer. L'homme le peut également.
La plante n'est pas seule à [leurir. L'homme en est capable.
La religion est la science de la transfiguration de l'homme en lotus à mille pétales.
.:
150
UNE TASSE DE THÉ
Le non-attachement ne concerne pas ce qui est extérieur, mais tes propres pensées.
Le non-attachement n'a rien à voir avec les objets, c'est une affaire intime.
Le non-attachement ne regarde pas le monde, mais toi-même.
Le fakir se mit à rire: «Je suis tout disposé à quitter tout ceci et à t'accompagner. »
Sur ces paroles, il se leva et partit avec le mendiant,
sans prendre la peine d'enfiler des sandales.
Ils n'étaient pas bien loin que le mendiant fut pris d'inquiétude:
« J'ai oublié mon bol sous ta tente, dit-il. Comment vais-je obtenir de la nourriture?
Attends-moi ici, je retourne le chercher. »
Qui dira si une nouvelle chance te sera donnée dans une autre vie ?
Il faut donc aller jusqu'au bout dans celle-ci.
Si les portes ne s'ouvrent pas cette fois-ci, tu devras tout reprendre dès le début,
la prochaine fois, et il n'est pas du tout certain que je serai de nouveau à tes côtés.
L'ego est nécessaire pour pouvoir éprouver tant le plaisir que la douleur.
Inversement, l'agrément et le désagrément sont indispensables à l'existence de l'ego.
De fait, l'attirance et la répulsion sont les deux faces d'une même médaille.
Le nom de cette médaille est ignorance.
L'univers totalement nouveau révélé dans la méditation n'est pas un apport extérieur.
Il a toujours été là, en toi. Il est le fait même de ton être.
-- Il est l'être
--
en soi.
Que tu t'en rendes compte ou non,
il est hl, mais en tant que virtualité, sous la forme d'une graine.
Il suffit de rendre actuel ce qui est potentiel.
C'est pour cela que l'homme auquel cet univers se dévoile,
l'homme dont la conscience s'épanouit est pris d'un rire tonitruant.
Cela a toujours été là et il ne le savait pas!
C'est pour cela que la méditation est à mes yeux l'art suprême.
UNE TASSE DE THÉ 156
Par une nuit noire, un derviche passait près d'un puits sec
lorsqu'il entendit des appels au secours.
« Qui est là?» cria-t-il en se penchant sur la margelle.
« Je suis un professeur, fit la voix venant du fond.
Comme je ne connaissais pas la route, je me suis trompé
et suis tombé dans ce puits. Me voici immobilisé! »
« Courage, répondit le derviche. Je m'en vais chercher une échelle et une corde. »
« Un instant, s'il te plaît, répondit la voix,
ta prononciation laisse beaucoup à désirer. Fais donc un effort pour te corriger! »
« Si c'est là l'essentiel, riposta le derviche, reste-là en attendant que j'aie pris des leçons. »
Et il partit.
UNE TASSE DE THÉ 158
.:
Un petit garçon entre dans un magasin de jouets, une pièce de monnaie à la main.
Il demande à voir tel jouet, puis tel autre et ne parvient pas à se décider.
« Ecoute, mon garçon, dit le commerçant,
que veux-tu acheter avec ta pièce de monnaie? La lune?»
Le gamin réfléchit puis dit: « Montre voir. »
Bankei ne répondit pas, mais plongea son regard dans les yeux du disciple.
Au bout de quelques minutes de ce silence pesant,
ce dernier sentit son corps se couvrir de sueur.
Il aurait voulu mettre fin à cette situation, mais n'en avait pas le courage.
Bankei se mit à rire: « C'est étrange! J'ai beau chercher,
je ne trouve pas la moindre trace de colère en toi. Montre-m'en un bout, là maintenant. »
«Elle n'est pas toujours là, dit le disciple. Elle me tombe dessus sans avertir.
Comment pourrais-je la produire en ce moment ? »
Bankei rit de nouveau: «Alors, ce n'est pas ta vraie nature. Celle-ci est toujours avec toi.
Si la colère en faisait partie, tu aurais pu me la montrer.
Lorsque tu es né, elle n'était pas en toi et lorsque tu mourras, tu ne l'emporteras pas.
Non, cette colère n'est pas toi. Il y a une erreur quelque part.
Va et réfléchis encore. Cherche encore. Médite encore.»
167
Or, voici le miracle: la mort n'atteint pas celui qui sait vivre.
La seule chose nécessaire est la suivante:
attendre silencieusement comme le Jardinier qui a terminé le semis.
Dans la connaissance, il n'y a pas de «moi», parce qu'il n'y a personne qui connaît.
Un fakir marchait dans la rue d'un village, perdu dans ses pensées,
lorsque des garnements se mirent à lui lancer des pierres.
Pris de court et pas bien costaud de surcroît, il inventa un stratagème:
« Cessez de me harceler et je vous raconterai quelque chose de très intéressant», dit-il. /
« D'accord, firent les gamins, mais pas de philosophie, hein! »
Le fakir leur raconta que le roi organisait un festin
où tout le monde pouvait aller se régaler à volonté.
Sans l'écouter davantage, les enfants partirent en courant vers le palais,
plantant là le fakir qui, pris à son propre jeu,
délirait presque en décrivant les mets raffinés, la musique, les danses . .
Brusquement, il émergea de ses fantasmes
et vit les gamins disparaître au coin de la rue.
Il retroussa sa tunique et se mit à courir lui aussi en se disant:
«Et si c'était vrai, après tout? »
UNE TASSE DE THÉ 180
Nicolas de Cusa avait l'habitude de dire: « Oui, mon Dieu! Oui, mon Dieu. »
Oui, oui et encore oui. Dis oui et sens cette acceptation en toi.
Tu entreras dans le temple divin.
Dis non et tu auras toi-même fermé les portes. Tu te seras refusé au divin. .:
Le « non » est suicidaire, toxique.
Soit un béni-oui-oui. Que ton cœur opine du bonnet à chaque battement.
Inspire «oui», expire «oui» et tu percevras le divin partout autour de toi,
dedans et dehors. Il est là en permanence,
mais Il ne peut pas transgresser l'ordre que tu donnes de pas entrer.
Il ne peut pas te violer.
Avant tout, commence par vivre positivement, autrement dit avec des émotions optimistes.
L'être négatif est autodestructeur et finalement suicidaire.
Sache cependant que la transe qui mime le sommeil profond n'est qu'une fugue.
Et ce n'est qu'une solution provisoire.
La tension sera bientôt de retour, plus éprouvante qu'auparavant,
car les fugues dans l'inconscient ne réduisent pas la faille entre lui et le conscient,
elles l'élargissent.
185
Agis lucidement.
Vois bien tout ce que tu fais quotidiennement: marcher, manger, parler ...
- -
Ta conscience s'élargira.
Le monde suffit comme châtiment, nous n'avons vraiment pas besoin d'enfer.
Un jour, un homme qui avait épousé trois femmes fut poursuivi pour polygamie.
Le roi requéra une peine exemplaire.
L'homme fut condamné à vivre avec ses trois épouses sous un même toit.
Les juges estimèrent que rien ne pouvait égaler en horreur cette situation.
Deux semaines plus tard, le malheureux se suicida.
Amitiés à tous.
189
Le pessimisme est une négation de la vie. Il convient aux mourants, non aux vivants.
La vie a besoin de dispositions optimistes; elle s'en nourrit.
Non seulement elles nous rendent heureux, elles font aussi de nous des êtres créatifs.
Face aux difficultés de la vie (et il y en a!), l'esprit positif développe des ailes.
L'esprit morose se fabrique des béquilles.
1'
1
Voici ce que le maître dit à ses disciples, une fois les trois hommes partis.
Sur ces entrefaites, un jeune homme vint lui demander un peu de fil.
Elle remarqua qu'il tenait une aiguille à la main
et que ses vêtements étaient en effet trop déchirés
pour lui permettre d'aller chercher du travail dans cette tenue.
Elle lui donna donc du fil.
Le jeune homme s'installa un peu plus loin, mais fut bientôt de retour.
Il ne parviendrait pas à rapiécer son pantalon, dit-il, s'il ne trouvait pas un bout de tissu.
La femme lui en donna un.
Une heure plus tard, il revint: «Madame, c'est peine perdue, ce vêtement est en ruine.
Auriez-vous la bonté de me donner un vieux pantalon de votre époux? »
La femme lui en remit un, amusée par son ingéniosité.
Le jeune homme alla se changer dans la grange puis vint se montrer:
le pantalon était trop grand, mais s'il recevait de quoi manger,
il lui irait parfaitement bien.
La femme éclata de rire et lui servit un copieux repas.
Le présent qui est une prolongation du passé n'est pas le présent du tout.
Pour être l'ici-et-maintenant,
le présent doit être discontinu par rapport aux choses révolues.
Le présent réel est jeune, frais, neuf Il ne fait pas partie du temps.
Il est l'éternité elle-même.
Sois quelconque, tellement banale que tu deviennes en quelque sorte «rien ni personne».
Là se trouve l'échappée, c'est là que l'explosion se produit.
Tu es l'extra-ordinaire lorsque «tu» n'existes plus.
207
Un prêtre qui suit des cours de secourisme est interrogé lors d'un examen:
« Que feriez-vous si vous trouviez un homme évanoui? » ·
«Je lui donnerais du cognac», répond-il.
«Et si vous n'aviez pas de cognac?»
«Je lui en promettrais. »
UNE TASSE DE THÉ 210
Vivre en fonction de l'esprit, de l'ego, équivaut dès lors à vivre dans la souffrance.
Le mental est l'enfer.
Prends brusquement conscience de cela et quelque chose de tout nouveau sera là:
tu vivras l'avènement du présent, l'épanouissement de ce qui est.
Il faut avant tout connaître ton être, sinon tu seras à la merci de l'angoisse.
Sache qui tu es, non pas en fonction des autres, mais tel que tu es.
Découvre les faits, dévoile le réel dans sa totale nudité.
La pensée installe des barrières, instaure des divisions et fabrique des préjugés.
Et ensuite, elle est incapable de les surmonter.
Voilà pourquoi toutes les idéologies sont condamnées à l'échec.
L'homme doit apprendre à vivre sans opinions, sans croyances,
qu'elles soient religieuses, politiques ou autres.
Lorsque l'esprit n'est infecté par aucune doctrine,
il peut librement accéder à une nouvelle compréhension du monde,
de la vie et de lui-même.
Dans une telle liberté s'épanouit tout ce qui est bon, tout ce qui est beau.
217
L'homme passe son temps à désirer, à rêver, mais il ne bouge pas d'un pouce.
A la fin, que lui reste-t-il de tout cela?
Des cendres plein les mains, des larmes plein les yeux.
J'ai entendu parler d'un enfant, le petit Toyo. Il avait à peine douze ans
lorsqu'il estima avoir besoin de quelque chose qui l'aiderait à méditer.
Un soir, il alla voir le maître zen Mokurai.
Il heurta doucement le gong pour annoncer sa venue et s'assit devant le maître,
dans un silence respectueux.
Le maître dit: « Toyo, montre-moi le son du battement des deux mains.»
Toyo frappa dans ses mains.
« Bien, dit le maître. A présent, fais-moi entendre le son du battement d'une main. »
Toyo resta muet et immobile. Au bout de quelques instants,
il s'inclina et partit pour réfléchir. Le soir suivant, il revint.
En entrant, il frappa le gong d'une de ses mains. «Non, dit le maître, ce n'est pas cela,»
Le lendemain, Toyo joua de la musique en n'utilisant qu'une seule main.
«Non », fit le maître.
Toyo proposa une nouvelle solution chaque soir.
Mais le maître répondait invariablement: « Non, pas cela. »
Toyo passa ses jours et ses nuits à chercher des sons inédits, mais ils étaient tous rejetés.
La question était tellement absurde qu'aucune réponse ne pouvait être exacte.
Un soir, le onzième, Toyo se présenta de nouveau devant le maître.
Avant même qu'il n'ait ouvert la bouche ou fait le moindre geste,
le maître lui dit: «Non, pas cela.»
Toyo renonça à aller voir Mokurai. Pendant un an, il ne pensa qu'aux sons.
Il les élimina les uns après les autres. Un jour, il n'en resta plus un seul.
Alors se produisit l'explosion de l'illumination. Il avait, lui, cessé d'être.
Il retourna auprès du maître, entra sans toucher au gong,
s'assit, s'inclina et demeura là.
Après quelque temps, Mokurai dit: « Ainsi donc, tu as entendu la voix du silence! »
219
La pensée divise et dissèque sans fin, c'est pour cela qu'elle ne parviendra jamais au tout.
Le tout existe. Les parties n'existent pas, ce sont des vues de l'esprit.
En dehors du mental, il n'y a de parties nulle part.
Aux yeux de l'intellect et à cause de l'intellect, l'un devient multiple ou semble le devenir.
Pour le mental et par le mental, l'un n'est pas concevable.
Cela n'est pas du ressort de la pensée. Cela n'est accessible qu'à l'état de non-pensée.
223
La philosophie ne répondra jamais à tes questions. Elle ne fera que les multiplier.
J'ai entendu parler d'un éminent philosophe qui commençait toutes ses conférences
par la question: « Qu'est-ce que l'esprit? »
Un jour, invité à parler dans un hôpital psychiatrique,
il commença comme à l'accoutumée: «Mesdames et messieurs, qu'est-ce que l'esprit? »
L'auditoire répondit comme un seul homme: « C'est ce que nous avons perdu! »
UNE TASSE DE THÉ 226
A chaque instant, la vie bascule dans la mort, car elle est mort.
En apparence, elle est vie. En réalité, elle est mort.
Ne l'oublie jamais.
C'est cela, la méditation silencieuse.
Et lorsque cela pénètre jusque dans tes rêves, un passage s'ouvre devant toi.
Tu en émerges différente et, un jour, re-nëe.
Souviens-toi que la mort donne une ampleur insoupçonnée à la conscience,
parce que la redécouvrir n'est pas naturel.
La nature a tout prévu pour que nous n'y pensions jamais,
car celui ou celle qui transcende la mort transcende aussi la nature.
Et nul ne peut transcender la mort s'il n'est pas totalement conscient.
Aujourd'hui, l'homme est plus averti que jamais des choses humaines.
Et pourtant, aucun problème n'a été résolu.
Quelque chose est faussé à la base dans cette prétendue connaissance.
,, Pauvre petit oiseau, il vient de subir le choc de sa vie. Il doit me trouver barbare.
Qu'en penses-tu? » dit Bahaudin en se tournant vers le visiteur.
UNE TASSE DE THÉ 236
Une nuit, Mulla Nasrudin rêva qu'il recevait de belles pièces de monnaie.
Il reçut neuf pièces d'or, puis plus rien ne vint.
Il cria: « J'en veux dix! » si fort qu'il s'éveilla.
Dépité de ne plus rien avoir du tout, il ferma les yeux et murmura:
«Bon, ça va, rends-moi les neuf pièces, je m'en contenterai. »
i» pureté, l'innocence n'est pas une exigence préalable, mais une conséquence.
C'est stupéfiant de voir combien de gens sont inconscients ou presque de leur organisme.
Réprimé et privé de vie, celui-ci a cessé d'être une source de joie
et n'est plus qu'un fardeau pesant .
.J'insiste donc: reviens au corps et redécouvre le plaisir de ses mouvements,
de ses mouvements les plus simples.
Fais-en une méditation et cela t'enrichira au-delà de tout ce que tu peux imaginer.
238
UNE TASSE DE THÉ
Ce n'est pas la première fois que je t'invite. Je te connais depuis tant de vies!
Bientôt, toi aussi tu retrouveras de nombreux souvenirs.
Mais pas avant d'avoir sauté.
Trouve ce qui est toujours resté avec toi et qui ne pourra jamais s'éloigner.
Tu riras en voyant l'absurdité de l'esprit humain et l'ineptie de ses efforts!
L'ego intervient habilement en toute chose, chez l'homme et aussi chez la souris!
Un jour, un éléphant plein d'arrogance jeta un coup d'œil méprisant sur la souris
et lui dit: « Tu es la plus chétive et la plus minable des créatures que je connaisse. »
«Ne crois pas que j'aie toujours été comme ça, vagit la souris. J'ai été malade I »
Ce qui ne peut t'être arraché par la mort est la seule chose que tu possèdes vraiment.
Le reste n'est qu'illusion, y compris le « moi »,
ce personnage qui croit détenir ou être quelque chose.
Tout cela sera englouti lors du naufrage final.
Par conséquent, trouve ce qui est réellement tien. Regarde en toi-même et médite.
Elimine tout ce qui est voué à la destruction. Dis: je ne suis ni ceci ni cela.
Continue et lorsqu'il ne restera plus rien à retirer, tu connaîtras l'illumination .
241
Ce vécu est toujours tellement unique et individuel qu'il n'entre dans aucune catégorie.
Paradoxalement, il survient lorsque l'individuel a pris fin!
Nul ne peut l'imiter. Chacun doit le trouver pour soi.
En cela consiste sa beauté, sa liberté, sa virginité.
Il n'est pas nouveau dans le sens qu'il serait opposé à l'ancien.
Il l'est parce qu'il n'appartient pas au temps, il est éternellement frais et innocent, I
de même que chaque fleur est sans pareille, que chaque aurore est unique,
que chaque amour est absolument neuf
L'expérience religieuse authentique n'est pas une réédition du passé,
elle ne tire pas sa substance d'une tradition quelconque,
elle n'est pas produite par l'extérieur.
Elle éclôt à l'intérieur de l'homme, sans aucune cause. Elle jaillit sans condition.
Elle n'est pas un prolongement de l'esprit; c'est une explosion discontinue.
Les nuages s'accumulent; le ciel disparaît à tes yeux,
mais il n'y a pas de lien de cause à effet. Les nuages passent;
le ciel réapparaît à tes yeux; mais il n'y a pas davantage de causalité.
Le ciel n'a jamais rien su des nuages! Ceux-ci ne l'ont à aucun moment affecté.
UNE TASSE DE THÉ 242
Un jour, un lointain cousin de Nasrudin vint en visite, chargé d'un présent: un canard.
Le Mulla le remercia et porta le volatile à la cuisine.
A l'heure du repas, un homme s'annonça: /
« Je suis un ami du parent qui t'a offert le canard. »
Il fut convié à table. La scène se reproduisit plusieurs fois
et la maison du Mulla finit par ressembler à une auberge.
Les gens venaient de partout et étaient invariablement l'ami d'un ami
de l'homme qui avait donné le canard. Mulla en eut assez.
Un jour, un nouveau-venu frappa à sa porte: « Je suis le fils de l'oncle du gendre
de l'ami de ton cousin qui a apporté le canard. » «Entre donc», fit le Mulla.
Ils passèrent à table et Nasrudin dit à sa femme d'apporter la soupe.
L'hôte constata avec horreur que ce n'était que de l'eau tiède:
« Qu'est-ce que c'est que ce potage? » protesta-t-il. « Cela? expliqua Nasrudin,
c'est la soupe de la soupe de la soupe de la soupe de canard.»
UNE TASSE DE THÉ 244
Un jour, Mamiya se rendit auprès d'un maître renommé pour apprendre la méditation.
Ce dernier lui donna pour tâche de s'absorber dans le koan:
« Quel est le son du battement d'une seule main ? »
Mamiya s'en alla et réfléchit longuement. Il revint une semaine plus tard,
secouant la tête pour indiquer qu'il n'avait pas trouvé de réponse.
«Va-t'en! ordonna le maître. Tu ne t'appliques pas assez.
Ton esprit est distrait par des fantasmes d'argent, de nourriture, de plaisirs.
Il vaudrait mieux que tu meures, cela t'éclairerait peut-être. »
Cependant, la graine peut demeurer à l'état de graine, la chance peut être perdue.
Tu es libre d'être ce que tu es en vérité ou bien d'être ce qui n'est pas ta nature profonde.
L'homme a le choix d'être ou de ne pas être.
C'est sa gloire et son fardeau.
Prenons une personne qui se débat contre la colère sans comprendre ce qu'elle est.
Combattre la colère est de la colère et qui plus est, une colère devenue subtile,
d'autant plus puissante et meurtrière qu'elle a perdu ses traits familiers.
Une nuit, Mulla Nasrudiri se promenait paisiblement. En passant près d'un puits,
il eut l'idée d'y jeter un coup d'S il et vit le reflet de la lune dans l'eau tout au fond.
Il se dit: « Je dois la sortir de là pour qu'elle puisse achever son cycle.
Si elle ne décroît pas, le ramadan n'en finira pas
et nul ne saura à quel moment le jeûne peut être rompu. »
Il alla chercher une corde qu'il jeta dans le puits en criant:
,, Attrappe-la ! Tiens bon, voici du secours! » La corde s'accrocha à une pierre de la paroi.
Le Mulla tirait de toutes ses forces lorsque la corde céda brusquement.
Nasrudiri fut projeté sur le sol. Tandis qu'il essayait de reprendre haleine,
il aperçut la lune poursuivant sa course sereine dans le ciel.
« Content d'avoir pu t'aider, dit Nasrudin. Une chance que je sois arrivé à temps, non? »
UNE TASSE DE THÉ 250
Il était une fois une nonne appelée Chiyono qui étudiait depuis des années
et méditait inlassablement pour élucider le mystère ultime de l'existence.
Mais elle demeurait dans l'obscurité.
Ses efforts savants l'occupaient tellement qu'elle n'était pas réceptive au divin.
Elle était à ce point pleine d'ego qu'elle ne pouvait pas l'accueillir.
Plus elle soupirait après l'illumination, plus elle s'en éloignait.
Un soir, alors qu'elle rentrait chez elle chargée d'un vieux seau, l'explosion eut lieu.
Elle contemplait le reflet de la pleine lune dans l'eau
lorsque le bambou qui maintenait les planchettes du seau se brisa.
Le récipient tomba en pièces, l'eau se répandit dans l'herbe.
Le reflet de la lune disparut et Chiyono fit de même.
Elle n'était plus. L'illumination avait fait irruption dans le vide.
Moi, je dis que l'homme est toujours beaucoup plus que ses actes et que ses pensées.
Celui qui ne connaît pas ce plus ne se connaît pas du tout.
Il n'est révélé ni par les actes ni par les pensées,
qui sont tous deux des phénomènes périphériques.
Le plus est le centre, en toute éternité.
Tu peux le découvrir en observant tant l'action que la réflexion,
en étant le témoin des deux.
Non par elles, mais en les contemplant.
Observer est méditer.
255
l
UNE TASSE DE THÉ 256
Comprends-tu. cela?
S! tu ne aisis pas cela maintenant, quand donc comprendras-tu?
Ce n'est pas la première fois que tu poses cette question.
Tu l'as formulée d'innombrables fois dans de nombreuses vies antérieures.
Et tu n'y a toujours pas répondu!
«Et je suppose que c'est encore toi le malheureux qu'il s'agit d'aider? »
«Non, non, protesta le Mulla, pas cette fois-ci. »
«Je suis heureux d'entendre cela, fit le voisin. Voici ma contribution. »
Nasrudin empocha l'argent.
«Dis-moi, s'enquit le voisin, d'où te viennent ces sentiments altruïstes? »
«Eh bien, expliqua Nasrudin, pour tout dire, le créancier du pauvre homme ... c'est moi. »
259
Prends conscience de ton mental avant qu'il ne soit perturbé par une pensée quelconque.
Ou encore: prends conscience de l'intervalle qui sépare deux pensées.
Et tu rencontreras celui que tu es!
Tu rencontreras le divin.
Tous répondirent: « Les médecins ont fait leur constat en bonne et due forme. Il est mort. »
Et l'homme fut enterré.
261
L'amour est ainsi. La méditation aussi. Même la mort est comme cela.
Voilà pourquoi je dis: la mort n'est pas une mort,
elle appartient intrinsèquement à la vie, à ce qui est « un ».
Bouddha a dit: lorsque le mental n'intervient pas, tout est sans blâme.
Que peut-on ajouter?
Mais cette seule pensée suffit déjà pour que l'homme se mette à blâmer tout!
Oui, cela saute aux yeux, l'homme tire de précieuses leçons des expériences qu'il fait!
UNE TASSE DE THÉ 264
Ne redoute pas les pensées et les désirs qui prennent forme en toi.
Crains plutôt de tarder à en prendre conscience.
Continue de méditer.
Ne soupire pas après des résultats, ils viendront tous seuls lorsque les temps seront mûrs.
Les temps sont mûrs. Toi tu ne l'es pas encore.
Quelques années plus tard, il eut un deuxième fils puis un troisième. Et, le moment venu,
il leur donna également un anneau accompagné des mêmes recommandations.
Celui qui adoptait une telle attitude pouvait dire où se cachait le trésor
et déverrouiller la porte en traçant simplement le contour de l'anneau.
Le trésor avait comme autre particularité qu'il était inépuisable.
Il est fort possible que tu appartiennes à l'un ou l'autre de ces trois groupes,
parce que celui qui se met à chercher tombe facilement dans un de ces grands pièges.
Ce sont, fondamentalement, les trois manœuvres de diversion classiques du mental,
inventées pour t'empêcher de méditer.
Sois sur tes gardes.
UNE TASSE DE THÉ 274
Cette fugue te rendra plus mûre. Tu reviendras plus solide grâce à elle.
Les sociétés matérialistes produisent des hommes creux, des êtres intérieurement inertes.
A cause de ce vide inhabité, ils meurent avant d'être vraiment nés.
Le passé n'existe pas, le futur non plus. Seul l'instant présent existe.
Et même pas cela, car sans passé et sans avenir,
il est vain d'appeler quelque chose l'instant présent.
Ne vis pas dans ta tête, sinon tu seras toujours à la traîne.
La vie ne t'attend pas, elle n'a aucune considération pour ton intellect.
C'est pour cela que l'esprit a toujours l'impression qu'il lui manque quelque chose.
Il rate la vie, en permanence!
Un jour, un homme venait d'abattre un arbre lorsqu'un soufi passa par là.
«Regarde ces branches vivaces, chargées d'un feuillage luxuriant, dit le soufi.
Elles sont heureuses parce qu'elles ignorent ce qui vient de se passer. »
Le bûcheron répondit: « En effet, elles ne le savent pas encore,
mais elles finiront bien par s'en rendre compte. »
Le soufi éclata de rire: «Et entre-temps, impossible de le leur faire comprendre! »
Celui qui veut explorer la vérité doit être vide de toute idée préconçue.
En d'autres termes, il doit être libéré de son «moi».
Sinon, il tournera en rond, indéfiniment.
Car le connu ne peut jamais donner accès à l'inconnaissable.
Le connu est le mental. C'est dire que l'esprit est la barrière.
Regarde cela très attentivement.
Prends conscience du cercle vicieux de tes pensées. La transcendance surviendra.
Tout ce que tu sais doit être balayé pour céder la place à ce que tu ignores.
Le connu doit s'effacer devant l'inconnaissable.
La destruction du connu est méditation.
283
Ne crois pas que la mort soit l'inverse de la vie, car ce n'est pas vrai.
Vis la mort d'instant en instant.
C'est en la différant jusqu'à ton dernier souffle que tu suscites l'angoisse en toi.
Meurs au passé à tout moment,
alors tu seras éternellement neuf et jeune, tu renaîtras en permanence.
Il y aura toujours de la lumière, même l'obscurité deviendra lumineuse.
Il y aura toujours de la chaleur, car seul le passé est mort et froid.
Le présent est toujours chaud.
285
Qu'est-ce que j'entends par compréhension? Tout simplement mener une vie naturelle.
Peux-tu t'efforcer d'être naturel? Bien sûr que non.
Tu peux être naturel, tu ne peux pas essayer de l'être. Comprends-tu?
Cela veut-il dire qu'il ne faut pas essayer? Non, car ce serait encore une façon d'essayer.
Une façon indirecte, mais l'intention subsisterait. Cela ne servirait à rien.
Vois clairement ce dilemme et tu en seras débarrassé. N'est-ce pas?
UNE TASSE DE THÉ 286
...
UNE TASSE DE THÉ 288
Diogène arpentait les rues de la Nouvelle Delhi, à la recherche d'un honnête homme.
« Content? » lui demanda un passant.
« Certainement, répondit Diogène. Très content. J'ai toujours ma lanterne. »
/
UNE TASSE DE THÉ 294
Si tu peux agir et vivre comme si tu agissais et vivais en rêve tout en restant le témoin,
tu entreras dans le courant cosmique, le tao.
Celui qui atteint le fleuve de l'existence est libre, libéré du « moi», guéri de l'ego.
Car c'est lui qui amène les grises mines, le «je » est la maladie.
Le tao ou la vie sans ego est béatitude, extase.
C'est pour cela que je t'ai donné un nom absurde!
Je te l'ai attribué sciemment, je l'ai choisi pour que tu ne t'y identifies jamais.
Ce nom est tellement insensé que tu devras t'en passer.
Il sera là, mais ne désignera personne.
Il est tellement fou qu'il ne peut que susciter l'hilarité,
tant chez les autres que chez toi-même.
Swami Krishna Christ! Quel nom!
Il convient parfaitement pour un théâtre onirique, ne trouves-tu pas?
Et Krishna lui-même n'était pas un Krishna et le Christ lui-même n'était pas un Christ.
Ces êtres étaient sans nom, absolument sans «personnalité».
Ils n'étaient «personne», c'est ce qui les a rendu divins.
L'identification à un nom détruit la divinité.
L'homme peut être soit un nom, soit une réalité. Il ne peut pas être les deux à la fois.
Sois réellement un nom et tu perdras ta réalité.
Sois réellement la réalité et tu sauras que ton nom n'est qu'un rêve, maya.
Quant à être un swami, quelle blague!
Du moment que tu te sens à l'aise dans le non-sens, l'absurde est transcendé.
Sois extrêmement méfiante à l'égard des idées reçues, ce sont des pièges.
Elles réduisent ta conscience à l'état d'eau stagnante.
Seule l'eau vive trouvera l'océan.
Ce que je dis n'a rien de nouveau. Ce n'est pas ancien non plus.
Ou alors, c'est les deux: ce qu'il y a de plus nouveau et aussi ce qu'il y a de plus ancien.
Pour le savoir, tu ne dois pas m'écouter.
Alors, tu m'entendras.
UNE TASSE DE THÉ 300
L'instant perdu l'est à jamais et nous avons déjà gaspillé tant de vies.
Alors, décide de décider, décide de te transformer et passe au-delà.
La décision provoque une cristallisation, elle te rend apte à bondir dans l'inconnaissable.
UNE TASSE DE THÉ 304
Ne réprime jamais une pensée, ne la combats pas, sinon elle continuera de t'assaillir.
En luttant contre elle, tu la renforces, tu la provoques, tu l'invites.
Réprime-la et elle reviendra au galop, avec une vigueur redoublée.
Il paraît qu'une certaine publicité destinée aux femmes avait comme slogan:
« Pour hommes uniquement. »
Et l'on dit que quasiment toutes les femmes
se sont empressées d'examiner le produit après avoir lu la phrase en question.
Les rares personnes qui s'étaient abstenues étaient des aveugles.
/
309
La méditation.
Premièrement: pendant dix minutes, respire profondément et rythmiquement,
pas rapidement mais au c~ntra.ire lentement.
Deuxièmement: pendant dix minutes, danse lentement, rythmiquement.
Sois extatique, comme si tu te fondais dans les mouvements.
Troisièmement: pendant dix minutes, répète le mahamantra « hou-hou-hou »
en poursuivant la danse, le mouvement. Ne sois ni grave ni tendue.
Quatrièmement: pendant dix minutes, ferme les yeux et garde le silence.
Ne bouge plus. Reste debout ou assise ou encore allonge-toi, tu as le choix,
mais reste là comme un cadavre. Sens que tu sombres, que tu t'enfonces.
Abandonne-toi, remets-toi entre les mains du tout.
Celui qui passe est le passant. Celui qui reste est l'hôte.
Qui es-tu, le passant ou l'hôte?
..
313
Attar disait: « Tu ne sais rien de ton être réel ni de l'état dans lequel tu ~e trouves.
Tu es comme la cire dans une ruche. Que connaît-elle du feu ~t de la fusion?
Mais lorsqu'elle devient bougie et donne de la lumière, elle §Q!l_. »
UNE TASSE DE THÉ 314
.:
315
.:
Voici une page blanche sur laquelle quelques mots sont tracés.
Tu peux regarder la surface immaculée; tu peux aussi fixer les mots.
Tu peux être consciente du silence qui enrobe la sonate, ou bien écouter la sonate.
Tu peux appréhender l'espace qui englobe un bâtiment, ou bien percevoir le bâtiment.
Tu peux imaginer une maison comme constituée de vide,
ou bien la voir comme un assemblage de murs.
Murmure AUM, lentement, et de même que le son glisse doucement dans l'inaudible,
toi aussi tu entreras dans le monde du silence.
Ou encore, demeure dans l'intervalle qui sépare deux notes
et tu seras toi aussi libéré de toute sonorité.
Ou encore, baigne-toi dans une mélodie ininterrompue,
celle d'une chute d'eau par exemple.
Ou encore, bouche-toi les oreilles et écoute le son qui est à la source de tous les autres.
Brusquement, la musique silencieuse des sphères célestes éclatera en toi.
/
321
Un jour, Riko demanda à Nansen de lui expliquer l'énigme de l'oie dans la bouteille:
si tu mets un oison dans une bouteille et le nourris par le goulot
jusqu'à ce qu'il devienne adulte et remplisse tout l'espace disponible,
comment feras-tu pour le libérer sans le tuer et sans casser la bouteille ?
« RIKO !
cria Nansen en frappant fort dans ses mains.
»
« Oui, maître», répondit Riko en sursautant.
« Regarde! dit Nansen, l'oie est sortie! »
UNE TASSE DE THÉ 322
Ta lettre est arrivée. Je l'ai attendue tous les jours depuis ton départ.
Je sais que tu es loin d'ici et je sais aussi que maintenant,
tu ne peux pas t'éloigner de moi. Cette proximité est la seule chose qui compte.
Les barrières ont été renversées dans ton mental, te voici dans l'état méditatif
Les portes du divin sont désormais ouvertes.
N'hésite pas à faire le plongeon. Tu es absolument prête,
il te suffira d'avoir le courage d'avancer dans l'inexploré, l'inconnaissable.
L'appel de l'au-delà est venu, relève le défi et sois comblée.
Ferme les yeux, sens ma présence, vois-moi et laisse ma bénédiction descendre sur toi.
323
SUR L'AUTEUR
l931 --- Le 11 décembre, Osho (Bhagwan Shree Rajneesh) naît dans une modeste famille
jaïna, à Kuchwada au Madhya Pradesh (Inde). Il passe les sept premières années de sa vie
c~ez ses grands-parents, qui lui accordent une grande liberté et approuvent totalement
l'intérêt intense que l'enfant manifeste pour les questions fondamentales concernant la vie, la
mort, la vérité. Sa grand-mère restera sa plus grande amie et deviendra d'ailleurs une disciple
de son petit-fils.
1953 - Le 21 mars, Osho atteint l'illumination. Il poursuit de brillantes études à l'Université
de Saugar (agrégation en philosophie obtenue avec la plus grande distinction et médaille d'or
des tournois nationaux d'éloquence). Il sera ensuite professeur de philosophie.
1~81 - Osho part pour les Etats-Unis. Création d'une commune en Orégon: Rajneeshpuram,
ville de 5 000 habitants. D'autres centres autonomes s'ouvrent un peu partout dans le monde.
330
1985 - Le 29 octobre, Osho est arrêté pour non respect de la législation sur l'immigration. Il
est expulsé au terme d'une persécution dont les instigateurs et les protagonistes ne manque-
ront pas d'être tous connus un jour. Commence un stupéfiant périple à la recherche d'un pays
d'accueil. Pour des raisons futiles ou invraisemblables et même sans explication aucune (mais
toujours à la suite de pressions exercées par les Etats-Unis), il est déclaré indésirable dans
21 pays au total.
1986 - Le 29 juillet, Osho revient en Inde. Six mois plus tard, l'ashram de Poona, Osho
Mandir, rouvre ses portes et connaît bientôt un nouvel essor.
1988 - Pour la première fois depuis quatorze ans, Osho dirige de nouveau en personne la
méditation au début et à la fin de chaque causerie. Il instaure aussi une technique méditative
nouvelle, la << Mystic Rose Meditation ,,, où les deux expressions les plus refoulées de notre
temps - le rire et les pleurs - sont poussées jusqu'au paroxysme (7 jours de rire, 7 jours de
pleurs), pour faire place nette à 7 jours de silence intérieur.
1989 - Osho décide de ne plus être appelé Bhagwan. Ses disciples choisissent de l'appeler
dorénavant Osho Rajneesh.
Il continue son travail à l'ashram de Poona. Chaque soir, des milliers de personnes venues du
monde entier, disciples et amis, se regroupent dans l'auditorium pour l'écouter ou pour
communier en silence avec lui.