Andrianiainaroffinance - ECO - DESS - 12 N° 1763
Andrianiainaroffinance - ECO - DESS - 12 N° 1763
Andrianiainaroffinance - ECO - DESS - 12 N° 1763
UNIVERSITE D’ANTANANA
D’ANTANANARIVO
NARIVO
FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION,
ET DE SOCIOLOGIE
DEPARTEMENT ECONOMIE
Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Economie
Option : « Entreprise, Coopérative et Association »
Présenté par :
Sous la direction de :
Monsieur Maminavalona RANDRETSA
Et de
UNIVERSITE D’ANTANANA
D’ANTANANARIVO
NARIVO
FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION,
ET DE SOCIOLOGIE
DEPARTEMENT ECONOMIE
Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Economie
Option : « Entreprise, Coopérative et Association »
Présenté par :
Sous la direction de :
Monsieur Maminavalona RANDRETSA
Et de
Remerciements
Résumé
Sommaire
Remerciements ------------------------------------------------------------------------------------------------i
Résumé ---------------------------------------------------------------------------------------------------- ii
Liste des tableaux ------------------------------------------------------------------------------------------- iv
Liste des abréviations --------------------------------------------------------------------------------------- v
Introduction générale--------------------------------------------------------------------------------------- 1
PARTIE I : EMERGENCE ET EVOLUTION DU FINANCEMENT AGRICOLE PAR
L’INTERMEDIAIRE DU MOUVEMENT MUTUALISTE-------------------------------------------------- 5
Tableau 1 : Secteur agricole: valeur ajouté aux prix constants (au prix de 1984) ------------------------------------ 19
Tableau 2: Evolution des opérations IMF non mutualistes entre 2002 et 2009 (en millions d’ariary) ---------- 22
Tableau 3: Evolution des opérations IMF mutualistes entre 2002 et 2009 (en millions d’ariary) ---------------- 22
Tableau 4: scénarios de remboursement ---------------------------------------------------------------------------------------- 43
Tableau 5 : Tableau récapitulatif des ressources financières d’une coopérative d’épargne et de crédit ------ 54
Tableau 6 : Tableau récapitulatif sur le crédit ---------------------------------------------------------------------------------- 67
Tableau 7 : Portés et limites d’une gouvernance coopérative ------------------------------------------------------------- 74
v
Introduction générale
1
Emma Andrianasolo, étude de cas sur la microfinance à Madagascar, Mars 2008
2
La microfinance peut offrir une partie de la réponse, car elle possède de grand atout de la
proximité qui repose dès l’origine à travers la formule coopérative. En effet, les institutions
de microfinance mutualistes peuvent et doivent faire preuve de leur efficacité à répondre
aux besoins de financement de l’agriculture (crédit à court terme, à moyen terme, voir
même à long terme). C’est par leur qualité sociale que ces IMF peuvent arriver à satisfaire
pleinement les besoins de leurs membres. Mais, elles doivent en même temps s’assurer de
leur propre survie et de leur propre pérennité dans un environnement évolutif qui les
interpelle. Selon Yaron (1994), l’institution de microcrédit doit répondre à des impératifs
d’accessibilité et de viabilité financière. Impératifs d’accessibilité parce que les membres
ont besoin des services financiers adaptés à leur véritable attente. Viabilité financière parce
que les coopératives doivent s’assurer progressivement leur existence sur le marché par les
biais de productivité et de rentabilité et doivent pour cette raison se donner les moyens de
contrôler leur développement.
Ce mémoire cherche alors à déterminer les facteurs maitrisables pour que les IMF
mutualistes continuent son travail d’intermédiaire financier à leurs membres. Autrement
dit, quelles sont les différentes conditions nécessaires pour qu’une coopérative d’épargne et
de crédit atteigne sa pérennité tout en restant une coopérative ? Afin de traiter cette
problématique, nous allons opter comme thème de recherche « les facteurs clés du
développement d’une coopérative d’épargne et de crédit en microfinance ». Ces
facteurs sont l’ensemble des éléments conduisant l’entreprise coopérative en microfinance
vers son développement sans remettre en cause les principes coopératifs. Les facteurs clés
du développement peuvent être multiples, mais nous allons les résumer dans trois
problématiques, à savoir : la recherche des ressources financières, le crédit, et enfin la
gouvernance mise en œuvre dans une entreprise coopérative.
La gestion d’une coopérative d’épargne et de crédit s’analyse donc autour de trois grands
problématiques : il s’agit du couple « ressources – crédits », complété par le
problématique de la gouvernance, et en tenant compte des caractéristiques de
l’environnement (économique, financière, juridique) dans lequel une COOPEC opère.
Il est à noter que notre étude se consacre surtout sur les institutions de microfinance
mutualistes dans un contexte de financement des activités agricoles. Ces institutions,
inspirées du modèle Raiffeisen dénommée Coopérative d’Epargne et de Crédit (COOPEC),
ont été créées grâce à l’initiative des organisations paysannes en coopération avec les
organismes financiers internationaux pour résoudre les problèmes financiers des paysans.
Mais, au fur et à mesure que ces institutions de crédit aux agriculteurs s’agrandissent en
termes géographiques et en termes de prêts, elles développent de plus en plus des gammes
de services financiers pour des activités non agricoles plus rentables pour une raison de
leur pérennité financière.
4
Pour mener à bien notre étude, nous avons adopté la méthodologie des recherches
suivante :
Enfin, ce mémoire se divise en deux parties comprenant chacune deux chapitres. Dans la
première partie, nous allons aborder l’émergence et l’évolution du financement agricole
par l’intermédiaire du mouvement mutualiste. Tout d’abord, il s’agit d’une étude sur
l’évolution du financement agricole dans un contexte historique. Ensuite, on constate que
grâce à la spécificité de sa structure organisationnelle, le modèle mutualiste ou coopératif
est le mieux placé pour remplir cette mission. Enfin, le développement des systèmes
financiers décentralisés dans le secteur agricole malagasy et l’inaccessibilité des banques et
institutions de microfinance capitalistes pouvant expliquer cette réalité. Dans la deuxième
partie, nous traitons quelques facteurs de succès de ce modèle organisationnel, en
s’appuyant sur les expériences du Réseau CECAM. Ainsi, deux chapitres sont traités
successivement. Le premier concerne l’analyse des facteurs clés, en étudiant les problèmes
en amont et en aval de l’intermédiation financière (couple ressources – crédit). Et le
deuxième concerne nos recommandations au niveau de l’institution elle-même et au niveau
des organismes externes (Etat, bailleurs de fonds).
5
Dans les pays économiquement moins développés, une grande tranche des populations
tirent leurs subsistances dans l’agriculture et dans le secteur informel urbain qui sont
majoritairement marginalisées économiquement et socialement, faute de quoi ils sont
financièrement exclus du système bancaire formel. Pour les mêmes raisons, ces gens sont
dans la plupart des cas obligés de passer un contrat de prêt draconien2 auprès des usuriers
pour subvenir à leurs besoins pressants. Pourtant, les coopératives d’épargne et de crédit
répondent depuis plusieurs décennies à un besoin de la part des populations rurales et
urbaines. Elles ont été créées non seulement pour échapper au crédit chronique des
usuriers, mais elles sont également conçues pour réparer les erreurs du système
économique et financier capitaliste. Elles sont donc autrefois et actuellement devenues des
organisations économiques indispensables au développement économique et social de la
population dans les quatre coins du monde.
Ainsi, cette présente partie se structurera en deux chapitres successifs. Le premier chapitre
vise à éclairer l’évolution du financement agricole dans un contexte historique. Dans le
deuxième chapitre, nous traitons en particuliers les institutions de microfinance
mutualistes, du fait qu’elles sont presque actuellement le seul modèle organisationnel actif
dans le secteur de la microfinance rurale.
2
Un contrat de prêt draconien est un contrat de prêt informel dont le taux d’intérêt appliqué dépasse
largement le taux d’intérêt du marché.
6
Ce chapitre aborde les différentes étapes qui ont conduit vers les formes récentes de la
microfinance. On peut présenter cette évolution en trois étapes :
Les formes traditionnelles de la finance rurale très connues en Afrique par l’usure
et les tontines
L’octroi des prêts subventionnés par les banques de développement aux années 70
L’émergence des organismes spécialisés en microfinance
1.1. L’usure
C’est en raison de non couverture de la totalité des dépenses de la plupart des familles par
leurs propres revenus d’une part, et l’insuffisance ou l’absence des crédits institutionnelles,
surtout en milieu rural, d’autre part, que les familles pauvres recourent le plus souvent à la
finance informelle. La notion de ce dernier met surtout l’accent sur l’absence des relations
contractuelles légales : ce sont le plus souvent des pratiques de prêt qui ne sont pas
obligées de suivre un schéma fixé ; les relations entre les deux reposent sur la confiance ;
elles sont personnelles, non seulement parce que les partenaires se connaissent, mais parce
qu’ils font affaire comme ils les souhaitent ; les montants accordés sont le plus souvent en
espèces avec des durées de crédits très courtes ; l’échange d’actifs entre les deux
participants ne s’effectue pas dans un cadre juridique, mais qui s’appuie sur des relations
personnelles ou sur des solidarités communautaires.
En général, le prêt fonctionne entre les riches et les pauvres, entre des personnes qui se
connaissent mais qui n’ont pas des liaisons familiales en général. Les petits paysans dans
une situation de difficulté doivent « s’endetter pour survivre » auprès des prêteurs
7
informels : paysans voisins comme les gens riches …qui consentent leurs argents ou leurs
biens. Les prêteurs entretiennent un vaste réseau de "clients" qui leurs sont débiteurs des
services les plus divers : prêts d'animaux pour le patinage des rizières ou le labour, avance
de semences, prêts alimentaires à la soudure, commercialisation des produits de la récolte à
un prix "préférentiel", aide et dons lors de décès ou d'autres événements familiaux, etc.3
Les taux d’intérêts qui augmentent selon la distance sociale, pourraient atteindre le double
de la valeur nominale empruntée, généralement désignés, à Madagascar, par le terme «avo
sasaka ». La garantie présentée par l’emprunteur peut être constituée d’animaux ou de
biens d’équipement, voire d’une parcelle de terre ou de l’hypothèque sur la récolte à venir.
D’après Michel LELART4, les pratiques des tontines existaient depuis longtemps partout
dans les pays du Sud. En Asie, plus exactement en Chine, les tontines sont très anciennes.
Des « sociétés pécuniaires » étaient une pratique courante au début du XIXème siècle dans
tout l’empire chinois où tout le monde se réunissait par groupes et mettait ses ressources en
commun. Ces associations souvent créées par un promoteur qui regroupe des personnes qui
vont se prêter et s’emprunter mutuellement pendant un certain temps. En Afrique, un
certain nombre de personnes se réunissent régulièrement et déposent chacune la même
somme chaque fois. Sur cette pratique, tous les membres sont tour à tour déposants et
emprunteurs. Ces « associations rotatives d’épargne et de crédit »5 se caractérisent
principalement par l’importance des relations personnelles qui unissent les participants.
Tous les membres du groupe se connaissent. Ils appartiennent au même milieu, au même
clan, ils habitent le même quartier. Ils décident entre eux d’accepter de nouveaux membres.
Ils se réunissent chez l’un ou l’autre à tour de rôle, car connaître le domicile de chacun
renforce encore la cohésion du groupe. Les tontines sont la forme traditionnelle la plus
efficace de l’épargne et du petit crédit. Elles répondent parfaitement aux besoins locaux et
les remboursements sont excellents car tout le monde se connait et il n’existe que peu de
risque, car elles sont d’une souplesse extrême, à cause de l’importance des relations entre
les membres du groupe.
3
Les CECAM de Madagascar – Février 2000
4
Lelart, mars 2006, pp. 5-22
5
Ou AREC, en anglais ROSCA (Rotating Savings and Credit Association). Cette appellation est due à F.J.A.
BOUMAN, Indigeneous Savings and Credit Associations in the Third World : A Message, Savings and
Development, n°4, 1977, pp. 181-219
8
Le système de financement informel est plus simple et plus flexible par rapport au système
de finance formelle. Toutefois, il présente des limites.
Les critiques de la finance informelle relèvent sur les différentes approches qu’elle adopte.
La finance informelle est une finance de court terme. Elle permet de financer le commerce
qui fonctionne en cycle court, ou les besoins de consommation immédiats de l’emprunteur,
mais non pas les besoins d’investissement au vrai sens du mot, c’est-à-dire à moyen et long
terme. Pour cela, le système ne permet pas au débiteur de s’épanouir. D’un autre côté, les
garanties exigées sont parfois excessives. La prise de possession immédiate par le prêteur
du bien mis en gage est assez fréquente et ne permet plus d'en négocier le prix. La
réalisation de cette garantie va jusqu’à hypothéquer la récolte future.
Ainsi, au cours des années 80, l’essor de la microfinance, plus précisément du microcrédit,
a été débuté par des programmes de prêts subventionnés6. Pour ceux qui plaident ce
courant, ils considèrent que l’équilibre financier (qui implique de faire supporter tous les
6
Un prêt subventionné est un prêt, dont le taux d’intérêt exigé par ce programme est largement inférieur au
taux du marché de crédit bancaire.
9
Avant 1970, le secteur financier rural a été utilisé comme instrument de financement de
politiques interventionnistes avec la mise en place des banques de développement. A cette
époque, le sous –développement rural et agricole était analysé comme le résultat d’une
incapacité des paysans pauvres à épargner et à investir, dont le crédit à faible taux d’intérêt
était alors considéré comme un outil nécessaire au financement de l’innovation et au
développement de la production agricole. Il était aussi un moyen de réduire l’emprise des
usuriers sur les économies rurales. Ainsi, à cette époque, les gouvernements des pays en
voie de développement ont organisé des programmes de crédit subventionné pour financer
les activités paysannes.
7
L’intérêt sur un emprunt, prix à payer pour obtenir une certaine somme d’argents, constitue une charge
financière qu’un investissement doit supporter. D’après les théories économiques, il faut réduire ce prix de
l’argent pour favoriser l’investissement.
8
Koffi Sodokin, 2007, « approches institutionnalistes des inégalités en économie sociales », p.2
10
Selon Robinson (1994)9, les crédits subventionnés nuit au développement. Ils n’offrent
qu’un volume limité de crédits bon marché qui sont seulement accordés en priorité à une
élite locale. Il a aussi démontré que les institutions de microfinance bénéficiant de
ressources subventionnées ont logiquement tendance à être moins efficaces sur le plan
financier, n’ayant guère de raisons de rechercher la pérennité financière. Gentil D (2001)
affirme même que ceux qui revendiquent des taux d’intérêt bas ne comprennent pas les
mécanismes de financement en microfinance. Par exemple, les crédits subventionnés
découragent la mobilisation de l’épargne institutionnelle. La raison est que les taux
d’intérêt rémunérateurs des dépôts sont inférieurs aux taux d’intérêt débiteurs.
9
Robinson (1994), in Koffi Sodokin (2007), p 6
10
Roger GRANCER, étude sur les problèmes de la collecte d’épargne, 1960
11
FARM (décembre 2007), « quelle microfinance pour l’agriculture des pays en développement ? »,
11
A Madagascar, cette offre a été assurée autrefois par le pouvoir public en particulier par le
ministère de l’agriculture. Vers l’année 1975, la BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra)
a été la principale banque agricole et le financement du développement rural lui était
confié par le biais de l’Opération Financement du Monde Rural13. Cette opération s’est
terminée en 1989 avec un résultat mitigé, à cause de différents problèmes, en particulier le
taux de recouvrement des crédits très bas (entre 40% et 50%)14. A partir de ce constat, la
BTM, banque de développement du secteur agricole a été sous capitalisé, qui devenait
ensuite incapables de répondre les besoins des agriculteurs malagasy en matière de crédit.
Elle a été privatisée et rachetée par BOA en 1990.
Alors au cours de l’année 1990, le contexte était marqué par la privatisation des banques
publiques de développement, le désengagement de l’Etat du secteur financier, la
libéralisation de l’activité de service financier et le développement des institutions de
microfinance.
Au regard des limites de la démarche précédente, une nouvelle approche a été adoptée par
des spécialistes en microfinance. Il s’agit de l’approche institutionnaliste ou « financial
system approach ». L’idée principale ici est la conception d’une institution de microfinance
qui fournit des services de crédit et qui gère les dépôts de ses clients de manière efficiente.
Selon des auteurs comme Vogel (1979), Rosemberg (1994) et Christen (1997), cette
conception met surtout l’accent sur l’intermédiation efficiente de l’épargne interne
collectée au sein même des populations concernées15. La microstructure financière est ici
considérée comme une véritable « microfirme » bancaire qui poursuit des objectifs de
12
Servet, (2002), « exclusions et liens financiers »
13
FRASLIN Jean-Hervé « Quel crédit pour les agriculteurs », in Revue Economie de Madagascar n° 2
Banque Centrale/INSTAT, Antananarivo Octobre 1997.
14
Ibdem
15
Vogel (1979), Rosemberg (1994) et Christen (1997), dans Koffi (2007), p.5
12
rentabilité16. Donc, les partisans de cette approche cherchent avant tout à mettre en place
un système d’intermédiation sur des bases pérennes et commerciales.
« Un octroi des prêts, soit pour permettre la constitution d’un fonds de roulement, soit
pour réaliser de petits investissements (par exemple une machine à coudre pour un
artisan). Les prêts sont ainsi octroyés à des individus ou à des groupes appelés groupes
solidaires en raison de l’obligation faite à leurs membres de se couvrir les uns des autres.
Les intérêts appliqués sur ces prêts sont au moins égaux, voire supérieurs, à ceux du
marché bancaire traditionnel. Quant aux garanties, elles peuvent être réelles ou morales
mais elles reposent avant tout sur des mécanismes de pression sociale (groupe solidaire ou
chef du village) et sur la motivation de se préserver un accès à des services financiers
(notamment à des crédits dont les montants peuvent aller croissant) »17.
Pour cette raison, il existe deux types d’institutionnalisations possibles prises par les
institutions financières : les institutions financières non bancaires18 sous formes des
sociétés capitalistes (le plus souvent des sociétés anonymes), les institutions financières
non bancaires sous formes des sociétés mutuelles ou coopératives. Le choix entre ces deux
structures détermine généralement toutes les actions d’une institution dans
l’accomplissement d’intermédiation financière, qui peut provoquer des impacts directs aux
bénéficiaires des services financiers apportés (la politique générale adoptée, les stratégies
mises en œuvre, les zones d’intervention, les bénéficiaires, etc.)
C’est une société privée qui est composée par des investisseurs, appelées actionnaires, dont
la somme des actions ainsi constituée donne le capital social de la société. Son objet est de
fournir des biens ou des services dans le but de dégager des bénéfices que les propriétaires
de l’institution se partageront. Ce sont donc ici, des structures à but lucratif dont la
préoccupation principale de leurs managers est de rentabiliser les actions de leurs
actionnaires. La différence de ce type des sociétés financières non bancaires aux autres
16
Robinson, 1995
17
Labie, 1998, « la microfinance en questions », p.24
18
Dans la réglementation des établissements de crédits, la loi stipule que les institutions de microfinance ne
sont pas des institutions bancaires, donc privé de créer de la monnaie directement.
13
banques commerciales est qu’elles sont constituées pour satisfaire les besoins financiers
des petits opérateurs individuels et micro-entreprises généralement des zones urbaines.
Parallèlement, avec la libéralisation du secteur bancaire, le retrait de l’Etat n’a pas été
compensé par un développement du secteur bancaire commercial en milieu rural et encore
moins vers le financement des activités agricoles. Au contraire, d’un côté, de nombreuses
banques ont même fermé leurs agences rurales (Zeller, 2003), et d’un autre côté, on
constate que des IMF non mutualistes se sont uniquement concentrées dans les zones
urbaines.
Cette inaccessibilité pour le financement des petites activités agricoles s’est expliquée par
plusieurs motifs. Tout d’abord, les investisseurs privés (actionnaires) ont été inspirés par
un objectif classique de la maximisation de profit permettant de dégager des dividendes.
Ensuite, le secteur agricole composé par des petits agriculteurs familiaux présente des
risques bancaires élevés, du fait que ce secteur se singularise des autres secteurs
économiques sur plusieurs aspects : la localisation des ces activités dans des zones
enclavées caractérisées par une faible densité de population et la manque d’infrastructure,
la dépendance du rendement des produits agricoles aux conditions climatiques et la
temporalité de cycle de production, la saisonnalité et la faiblesse des revenus monétaires
par famille, l’instabilité permanente des prix des produits, des garanties peu fiables tant sur
le plan juridique qu’économique.
L’idée coopérative n’est pas un concept nouvel sur le fonctionnement économique d’un
pays. Elle est née pour réparer l’abus du capitalisme et l’échec du socialisme, dont à
l’époque, la vie économique de l’humanité était dominée par ces deux grands systèmes
économiques. Dans les pays du capitalisme libéral, les grandes entreprises nationales ou
internationales appartiennent aux grands patrons19 ; les classes ouvrières quant eux doivent
fournir des efforts pour survivre. Durant cette révolution industrielle, les ouvriers
devenaient de plus en plus concurrents les uns des autres, puisqu’ils subissaient en même
temps la concurrence nouvelle des machines employées par les patrons. Conséquence,
beaucoup d’entre eux perdaient leurs jobs ; ils ont été marginalisés, puisqu’ils n’ont pas eu
accès à des ressources financières.
Ainsi, le coopérativisme est justement né et se propose d’en être une voie alternative en
invitant les hommes à « entreprendre autrement ». Il est de plus en plus perçu comme un
troisième pouvoir, avec celui de l’Etat et de l’entreprise privée, susceptible de jouer un rôle
de premier plan dans l’évolution vers une plus grande maitrise de l’économie (comme le
cas de l’économie Québécois20). Son but est la satisfaction des besoins humains, de
libéraliser les petits groupes vis –à – vis des détenteurs de capitaux ou de l’emprise des
banques privées21. Le mouvement coopératif est composé par des différentes entreprises
coopératives qui sont existées dans tous les secteurs d’activités de l’économie.
Dans le secteur de la microfinance, le modèle mutualiste est basé sur le système de caisses
de crédit mutuel, connu aussi sous la dénomination de coopératives d’épargne et de crédit
ou COOPEC. La coopérative d’épargne et de crédit, qui fait partie du secteur financier
dans plusieurs pays, est l’une des institutions qui offre le service de microfinance dans les
pays en développement. Elle fait de chaque exploitant à la fois un usager et un propriétaire
plutôt qu’un simple emprunteur, et qui était à l’ l’époque jusqu’aujourd’hui un moteur
économique qui facilitera une participation significative aux services financiers des petits
exploitants. Dans la pratique, les coopératives d’épargne et de crédit restent des acteurs
majeurs de la microfinance en Afrique qu’à Madagascar, et leur poids sur le
développement économique d’un pays est jusqu’à présent non négligeable.
19
http://www.cnt-f.org/cooperatives/theorie_economique.html
20
Desroche (1969), développement intercoopératif
21
Emile JAMES (1835), traité d’économie politique : les formes d’entreprises, page -245
15
Ce présent chapitre aborde tout d’abord quelques éléments sur la coopérative d’épargne et
de crédit. Puis, il aborde l’émergence et la situation actuelle des systèmes financiers
décentralisés à Madagascar. Cette étude est appuyée par l’analyse de cas du Réseau
CECAM dans un contexte de financement agricole.
1.1. Définitions
Une coopérative d'épargne et de crédit (COOPEC) est une association de personnes qui
déposent leurs économies dans un fonds commun et empruntent à ce fonds à des taux
d'intérêt minimes. C'est une coopérative financière organisée à partir d'un groupe dont les
membres ont un lien commun d'association, comme par exemple les ouvriers de la même
usine, les paroissiens de la même église ou les fermiers d'une communauté22.
Selon Jacquier (1999), « Une coopérative d’épargne et de crédit (COOPEC) est une
institution financière démocratique et à but non lucratif. Elle est organisée et contrôlée par
ses membres, qui s’associent pour regrouper leur épargne et se faire mutuellement des
prêts à des taux raisonnables23 ».
Une coopérative d'épargne et de crédit est plus qu'une institution financière; c'est un groupe
de personnes qui s'associent pour améliorer leur statut social et économique. Les associés
investissent une petite somme appelée "part sociale" pour être admis; cette opération leur
permet d'être propriétaires de la COOPEC et d'élire un conseil d'administration qui définit
les lignes d'action de la coopérative, et qui peut nommer un gérant.
22
Le Reporter Technique, Mai 85, Vol II, n°1, publié par le Conseil Mondial des Coopératives d'Epargne et
de crédit
23
Jacquier, Christian (1999), p.59-82
16
les décisions quotidiennes, ils doivent déléguer leur autorité; c'est pourquoi ils élisent un
conseil d'administration qui peut lui-même embaucher un gérant.
Les valeurs qui animent le fondement des entreprises coopératives sont la prise en charge
et la responsabilité personnelles et mutuelles, la démocratie, l’égalité, l’équité et la
solidarité. Fidèles à l’esprit des fondateurs, les coopérateurs adhèrent à une éthique fondée
par l’honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale et l’altruisme. Ces valeurs sont
mises en pratique grâce à la constitution des lignes directrices appelées principes
coopératifs24.
Ainsi, le «World Council of Credit Unions» (WOCCU, 2005) a également édicté trois
grands principes de fonctionnement des coopératives d’épargne et de crédit25.
24
C’était le Pionnier Rochdale, fondateur de la coopérative de consommation, qui a étudié en premier les
principes coopératifs. Ces derniers avaient repris et réétudiés quelques années plus tard par l’Alliance
Coopérative Internationale (ACI) : adhésion volontaire et ouverte à tous ; pouvoir démocratique exercé par
les membres ; participation économique des membres ; autonomie et indépendance ; éducation, formation et
information ; coopération entre les coopératives ; engagement envers la communauté.
25
WOCCU (2005), in Anaïs Périlleux (2008), p. 4
17
En bas de la structure, on trouve des clients/sociétaire qui se regroupent pour former leur
caisse locale, appelée aussi coopérative d’épargne et de crédit. La gestion de l’organisation
est fondée sur l’autogestion par des élus bénévoles. Une COOPEC est normalement dotée
d’un conseil d’administration, d’un comité de crédit et d’un comité de contrôle élus parmi
les sociétaires par voix démocratique « un homme – une voix ». Mais, le système
d’autogestion trouve sa limite lorsque ces élus sont des paysans non formés. Il en est
également lorsque l’organisation a atteint d’un certain niveau de développement, la
technicité des opérations impose une professionnalisation de la gestion de l’entreprise.
D’où, il est nécessaire de recruter des techniciens pour encadrer l’opération.
La formation en caisse locale est le premier échelon du mutualisme bancaire, celui par
lequel tous les grands groupes ont débuté (par exemple la Grameen Bank au Bangladesh).
Ainsi, quand, les opérations s’étendent géographiquement que financièrement, une
multitude des caisses locales peuvent s’être regroupées en Union et fédérations, voire
confédérations pour la maitrise de leur croissance. Ces trois dernières constructions sont
des structures de coopération politique, technique et financière entre les caisses locales
pour regrouper leurs forces tout en conservant leur autonomie locale. Sur le plan financier,
le mécanisme suppose que l’union ou fédération soit habilitée par la réglementation à
collecter l’épargne des caisses locales membres et à leur consentir du crédit, c'est-à-dire
jouer la fonction de « caisse centrale » enfin de préserver l’équilibre financier de
l’ensemble du réseau. Sur le plan contrôle et réglementation, c’est à partir de l’union ou
fédération que les autorités monétaires accordent un agrément collectif à un réseau. Ainsi,
l’organe central a une fonction essentielle sur le contrôle de ses affiliés. Cette contrôle peut
aller jusqu’à la mise sous tutelle des affiliés défaillantes.
18
En 201027, à cause des effets de la crise politique de 2009, l’économie malagasy n’a cessé
de se dégrader, avec un PIB/habitants de 444,6 dollars. La croissance de l’économie n’a
affiché que taux légèrement positif de 0,6%, dont le secteur primaire en particulier le
secteur agricole a donné le maximum de contribution à la croissance du PIB avec 0, 4
points de pourcentage. Mais, on constate que l’agriculture n’a cru que de 0,7% après la
forte progression de 10,7% en 2009. Selon le rapport, ce ralentissement provient de l’arrêt
des appuis financiers et la suspension des projets de réhabilitation des grands périmètres
hydro-agricoles.
26
Fraslin, (février 2000). Les CECAM de Madagascar
27
BCM, rapport économique et financier 2009-2010
19
Tableau 1 : Secteur agricole: valeur ajouté aux prix constants (au prix de 1984)
Après avoir été entièrement étatisé en 1975 sous la forme de trois banques publiques. Le
secteur financier malagasy a été progressivement libéralisé à partir de 1990. Les banques
nationales ont été rachetées par de grands groupes étrangers (BTM par BOA, la BNI par le
Crédit Lyonnais, la BFV par la Société Générale) 28 . Actuellement, le système bancaire
malagasy comprend 10 banques primaires chapeauté par la Banque Centrale de
Madagascar (BCM). Ainsi, 7 nouvelles banques ont été créées : la Banque Malagasy de
l’Océan Indien (BMOI), la SBM Madagascar, la Mauritius Commercial Bank Madagascar
(MCB), MICROCRED, Accès Banque Madagascar (ABM), BGFIBANK et la Banque
Industrielle et Commerciale de Madagascar (BICM)29. Il dispose actuellement 163 agences
soit 1 agence pour 115 000 habitants. Ces banques primaires peuvent être classées en deux
grandes catégories à savoir les banques de dépôt et les banques des affaires. Les banques
de dépôt ont pour fonction principale de collecter et de gérer des dépôts d’argent. Elles
peuvent également distribuer de prêt auprès des particuliers que des entreprises. Ces
banques de dépôt disposent actuellement 90% du marché bancaire malagasy. Quant aux
banques des affaires, elles sont généralement spécialisées dans les conseils en matière
d’investissement et des financements des projets d’entreprise. La BCM qui joue le rôle de
banque des banques a été créée en 1773, après l’Institut d’Emission Malgache (IEM), pour
charger de la mise en œuvre de la politique monétaire.
28
Manuel Moyart (octobre 2005), revue de l’efficacité de l’aide pour la microfinance à Madagascar, édition
CGAP
29
BCM, Rapport économique et financier 2009-2010
20
Dans les cas de Madagascar, les banques primaires restent essentiellement tournées vers
les entreprises, et peu de ménages disposent d’un compte bancaire. De plus, ces banques
sont incapables de s’adapter en milieux ruraux et inaccessibles pour les petits agriculteurs
et les petits entrepreneurs malagasy. Pour pallier les carences du système bancaire
classique dans la fourniture de services financiers adaptés aux besoins des faibles revenus,
Madagascar a lancé des programmes de microfinance, après l’échec de la banque de
développement BTM.
Ainsi, vers la fin des années 1980, Madagascar a lancé un projet pilote de promotion de
petits services financiers privés. Le programme consistait à faciliter la mise à la disposition
des ruraux de services financiers à travers l’incitation à l’épargne et le crédit rural30. A cet
effet, les premières institutions de microfinance (IMF) sont apparues dans les années 1990
à Madagascar, au départ, intégrées dans des projets financés par l’aide internationale et
mises en œuvre par des ONG.
Aujourd’hui, il existe deux types d’IMF : les mutualistes et les non mutualistes. Les IMF
mutualistes ont la particularité de proposer des services financiers à leurs membres qui
détiennent chacun une part du capital de l’institution et qui participent, par le biais
d’élections de représentants, aux décisions, à la gestion et à la gouvernance de l’IMF. Dans
la plus part des cas, elles interviennent plutôt dans le secteur agricole comme c’est le cas
dans les réseaux CECAM, OTIV, ADEFI, AECA, TIAVO, …. Tandis que, les IMF non
mutualistes quant à elles sont des sociétés anonymes traditionnelles, dont le capital
appartient à des actionnaires privés ou institutionnels et qui fournissent leurs services
financiers à des clients habités en ville, comme Vola Mahasoa, Accès Banque, MicroCred,
APEM….
Cette motivation s’accompagne par des avantages octroyés par l’Etat aux institutions de
microfinance. Les actions majeures qui ont accompagné cette politique de développement
de la microfinance à Madagascar ont porté sur :
30
Emma Andrianasolo (mars 2008), « étude de cas sur la microfinance à Madagascar : promotion d’un
secteur viable ».
21
L’adoption de nouvelle loi bancaire promulguée en 1995 et la loi sur les mutuelles
d’épargnes et de crédit en 1996.
La réglementation et la supervision de la microfinance incombent à la commission
de supervision bancaire et financière (CSBF) de la banque centrale de Madagascar.
La mutation de responsabilité de la microfinance au ministère de l’économie, de
finance et du budget comme ministère tutelle de la microfinance. Et l’adoption de
la Stratégie Nationale de la Microfinance qui a pour objectif que Madagascar
dispose d’un secteur de la microfinance professionnel, viable et pérenne.
La création de l’association professionnelle des institutions de microfinance
(APIMF) : APIFM pour les institutions de microfinance mutualistes, AIM pour les
institutions microfinance non mutualistes.
Quant au volume de crédit, le secteur, par exemple en 2009, réalise une hausse des
encours de crédit de 28,22% par rapport à l’année précédente. La majorité de ces crédits
est concentrée soit dans le commerce (41,96%), soit dans l’agriculture (17,25%) ou le
transport (8,33%) et le reste se repartissent dans d’autres secteurs d’activités. Les
institutions de microfinance mutualistes offrent à la fois le crédit et l’épargne, tandis que
chez les non mutualistes l’épargne n’a commencé qu’en 2007, comme présente les
tableaux ci-dessous.
31
BCM, Rapport économique et financier 2009-2010.
22
Tableau 2: Evolution des opérations IMF non mutualistes entre 2002 et 2009
(en millions d’ariary)
Opération Encours 1555 1820 2634 2927 4353 16845 32922 72790
crédit
Variation en % - 17,01 44,71 11,13 48,72 286,97 95,44 121,10
Tableau 3: Evolution des opérations IMF mutualistes entre 2002 et 2009 (en
millions d’ariary)
Opération Encours 11 212 19 519 25 382 34 242 40 280 53 248 80 300 72 384
crédit
Variation en % - 74,09 30,04 34,91 17,63 32,19 50,80 - 9,86
En comparant ces deux tableaux, on constate que les mutualistes ont des encours de crédit
plus élevés que les IMF non mutualistes, il en est de même pour la mobilisation d’épargnes
locales. Chez les mutualistes, on voit également que l’épargne est justement peu inférieure
aux encours de crédit, sauf pour l’année 2005 à 2008. Ces résultats sont, en effet, la
résultante de la décentralisation des IMF mutualistes presque dans les 22 régions et même
dans les zones rurales les plus enclavées par rapport aux IMF non mutualistes qui sont
concentrées uniquement dans les grandes villes. On peut en conclure que, malgré les taux
d’intérêts élevés (de 1,33% à 4% par mois selon l’institution) et des garanties matérielles
peu fiables et même inexistantes, le secteur de la microfinance a toujours tendance à
s’évoluer.
23
Le réseau CECAM est l’une des institutions de microfinance qui adopte le statut de la
société coopérative. Le réseau est actuellement une institution de microfinance de niveau
trois et a eu l’agreement de la CSBF. Il finance les activités paysannes, mais avec la
croissance et la diversification le réseau offre également des crédits plutôt commerciaux
pour différentes couches sociales (paysans, artisans, commerçants, coopératives, et petites
et moyennes entreprises, …). Il intervient dans les six provinces de la Grande Ile et couvre
bon nombre des régions, districts, communes, etc. Avec sa structure à trois niveaux
(CAISSE LOCALE – URCECACM – UNICECAM), le Réseau compte actuellement 181
caisses locales regroupées dans neuf URCECAM ou Unités Régionales et compte 134 930
membres, dont 36 369 sont des femmes.
Les CECAM n’étaient donc qu’au début des caisses villageoises composées par des
associations paysannes qui offrent à leurs adhérents des services financiers. Ils ont tout
d’abord créé des groupes de caution solidaire (1986-1989) auxquels l’AVEAMM accordait
des prêts, principalement pour financer les dépenses de production (crédits à court terme
pour l’agriculture ou l’élevage) puis pour l’achat de matériel (crédits à moyen terme pour
des charrues, charrettes, herses, bœufs de trait). La principale caractéristique de cette
expérience était l’adaptation de ses produits pour les besoins spécifiques de leurs membres
notamment en termes de durée des crédits en cohérence avec la durée des cycles vie de
production agricole. Ceci à permis leur croissance avec les aides de plusieurs donateurs
internationaux (Banque Mondiale, WARD, etc. 1992), des ONG nationaux et
internationaux, et les pouvoirs publics malagasy. Sur la base de leur développement et
après la promulgation des lois bancaires et mutualistes, les caisses villageois se sont
progressivement organisés et atteints la forme d’une institution microfinance mutualiste de
base, nommée URCECAM (fin 1996) : Amoron’i Mania (Ambositra), Vakinankaratra
(Antsirabe), Ivon’Imerina (Ambatolampy), Itasy (Miarinarivo), Bongolava
(Tsiroanomandidy) et Sofia (Antsohihy).
32
Ce contexte historique est un extrait de l’œuvre de Franslin sur le Réseau CECAM : Franslin, (février
2000)
24
Rappelons aussi que le Réseau CECAM a développé leurs interventions en milieu rural où
les risques sont parfois élevés, c’est pourquoi, un Fonds Interrégional de Garantie Mutuelle
(FIGAM) a été mis en place associant les six mutuelles pour protéger les patrimoines et de
sécuriser les crédits clientèles. Ce fonds couvre en partie les risques de crédit qui ne
peuvent pas être supportés par une mutuelle régionale, compte tenu de ses fonds propres
disponibles.
La plupart des institutions de microfinance proposent souvent à ses clients des prêts de
courte durée remboursés avec des échéances très rapprochées (mensuelle, si possible
hebdomadaire). Une telle offre de crédit est incompatible avec la plus grande partie des
25
cycles de la production végétale ou animale. La plus part des cultures nécessitent plus de
temps entre le début des dépenses de production et les récoltes. De même, l’élevage bovin,
dominant à Madagascar, s’inscrit sur des cycles longs. Ainsi, le Réseau offre à ses
membres des crédits répondant à un large éventail de besoins, depuis le crédit accessible à
tous jusqu’à des crédits nécessitant une analyse de la capacité financière de l’emprunteur.
Ces types de crédits sont élaborés et octroyés en concertation avec les agriculteurs,
répondent aux besoins de ces derniers, notamment en termes de durée des crédits et
d’échelonnement des échéances, cohérents avec la durée des cycles de production agricole.
Le crédit de production finance les dépenses de culture ou d’élevage, sur une durée de 4 à
10 mois. Il résout les problèmes d’approvisionnement en intrants (semences, engrais,
insecticides, …) et l’achat des matériels agricoles (bœufs, charrues, herses, …). La
Location Vente Mutualiste (LVM), inspirée du crédit-bail, permet l’acquisition de petit
matériel agricole ou de biens d’équipements domestiques ou encore d’équipements pour
les artisans et les commerçants. Le bien, acquis par l’Union Régionale des CECAM, reste
la propriété de cette dernière tant que l’emprunteur n’a pas acquitté la totalité des loyers
correspondants à son achat, étalés sur 18 à 36 mois. Le crédit pour les Greniers Communs
Villageois (GCV) permet de financer le stockage en commun par les paysans des produits
de leur récolte, entre la période de récolte et la période de soudure. Ce produit est conçu
pour faire face à l’instabilité des prix agricoles à Madagascar et au rouage des usuriers. A
part de ces trois crédits le plus sollicité au sein du Réseau, il existe d’autres crédits qui
commencent de développer, comme le crédit construction permettant à un financement
d’une construction, d’un aménagement ou de la finition d’un bâtiment d’exploitation ou
d’habitation, y compris l’achat d’une maison d’habitation. Les crédits commerciaux
s’adressent aux Coopératives agricoles, qui organisent l’approvisionnement en intrants
ainsi que la collecte, le stockage et la commercialisation groupée des produits de leurs
membres. Le crédit commercial individuel permet au sociétaire de financer des activités
à caractère commercial (durée de 3 à 12 mois). D’autres produits permettent d’éviter le
recours aux usuriers en cas besoins imprévue, comme, Le crédit social, un crédit à très
court terme de 3 à 6 mois, permettant au membre de faire face à des besoins urgents,
exceptionnels ou imprévus : frais médicaux, scolaires, dépenses à l’occasion des fêtes
traditionnelles, etc.
En permettant au sociétaire de mieux contrôler ses dépenses et de les étaler dans le temps,
les dépôts sont un bon outil pour la gestion du budget familial. Cependant, ils sont encore
26
Le dépôt à vue (DAV) permet de garder en sécurité une réserve d’argent tout en pouvant
en disposer à tout moment. Le montant déposé est libre, de même le déposant choisit le
moment de ses retraits. Il n’est pas rémunéré. Le dépôt à terme (DAT), ce dépôt rémunéré
est intéressant pour tous les types de patrimoines. Il permet de faire fructifier une réserve
de trésorerie sur une période convenue (au moins 3 mois). Le taux de rémunération est lié à
la durée du dépôt. Le plan d’épargne (PLE), grâce à une épargne constituée au fil des
mois pendant 1 à 3 ans, cette formule permet de réaliser un investissement important, car
en plus du capital constitué pour autofinancer en partie un projet à moyen terme, elle ouvre
l’accès à un crédit. Le dépôt est rémunéré à un taux auquel s’ajoute une prime qui
récompense des versements réguliers et exhaustifs.
3.3. Une institution mutualiste fondée non pas sur l’épargne mais
sur le capital et la caution
Le Réseau CECAM a d’abord été construit pour fournir des services de crédit aux
agriculteurs. Donc, c’est une mutualiste fondée sur l’approche « crédit – épargne ». Dès le
départ, il a majoritairement utilisé des ressources externes. Mais, il a développé aussi
l’appropriation mutualiste du système de crédit par les membres et de leur
responsabilisation, par la mise en jeu de leurs propres ressources et par des processus de
décision d’octroi de prêts très décentralisés et reposant sur les élus.
Pour accéder au produit financier, les agriculteurs et/ou autres fonctions doivent d’abord
devenir membres des CECAM. Pour cela, il leur faut être admis en tant que membre par le
Comité Local, acquitter un droit d’entrée modeste de 2 000 ariary, puis souscrire au capital
social de la mutuelle par une souscription de deux catégories des parts sociales : l’une fixe
et l’autre variable par rapport aux types de crédit, et est calculée au prorata du montant de
crédit sollicité.
Ainsi, en tant que nouveau adhérant, chaque sociétaire doit d’une part souscrire et verser
une « part sociale fixe » d’une valeur de 20 00033 ariary que la tradition malagasy, pour
l’édification des bâtiments communautaires (église, école, dispensaire, …), appelle
« anjara biriky ». D’autre part, chaque demande de crédit s’accompagne un versement
33
Montant d’une part sociale fixe (20 000 ariary) pour les IMF de niveau 3 selon la loi 2005-016
27
Dans cette première partie, on a observé que la forme récente de la microfinance s’inscrit
dans une histoire un peu plus longue. Elle est inspirée à la fois de la pratique financière
traditionnelle des économies du Sud (l’usure et le tontine) que de la pratique bancaire des
économies du Nord (les banques classiques). La finance informelle est une finance de
proximité mais elle a été viciée par les méthodes qu’elle a adoptées (la destination des
crédits, le taux d’intérêt très élevé, …). Quant aux banques classiques, elles sont
inaccessibles pour les ménages ruraux, car les marchés financiers ruraux sont très couteux
pour ceux qui adoptent l’appropriation maximale de profit.
Dans cette dernière partie, nous allons essayer de traiter les facteurs clés du développement
d’une coopérative d’épargne et de crédit dans un contexte de microfinance. Le premier
chapitre concerne l’analyse des facteurs clés qui sont ici traités sous trois angles : les
ressources nécessaires, l’utilisation de ces ressources (crédit), et le fonctionnement de la
gouvernance au sein d’une société coopérative. Et le deuxième chapitre est réservé pour
nos recommandations ; il est composé d’une part par des recommandations au niveau de
l’institution et d’autre part par des recommandations au niveau de l’Etat et des bailleurs de
fonds.
34
Les dépôts obligatoires ou forcés que constituent le capital de la COOPEC sont généralement établis en
deux catégories : la part sociale fixe et la part sociale variable calculé au prorata du montant sollicité.
35
F. Lobez (1997), p. 8
29
Si l’on veut développer dans des proportions notables la microfinance rurale, il faudra
exploiter, aussi efficacement que possible, les sources de financement qui peuvent être à la
disponibilité d’une coopérative d’épargne et de crédit. Mais, s’agissant de choisir entre les
divers moyens de financer l’institution, il faut considérer leur impact sur l’équilibre
financier et la viabilité de l’institution. Les analyses actuelles des problèmes de gestion
financière auxquels doivent faire face les institutions de microfinance coopératives
conduisent à reconsidérer non seulement la gestion de distribution de leurs ressources rares
pour satisfaire la demande de leurs membres, mais elle implique également l’analyse de la
nature et l’origine de ces mêmes ressources.
Ainsi, face à la singularité d’octroi des crédits de campagne pour les activités paysannes,
surtout pendant la période de pointe, une coopérative d’épargne et de crédit doit être
capable de mobiliser des ressources financières au bon moment et en quantité suffisante.
Ces exigences pourraient provoquer des conséquences négatives sur l’activité de crédit et
la solvabilité de l’institution, et donc de l’espérance des produits financiers de l’institution,
si dans la mesure où la stabilité des ressources n’est pas assurée. La recherche des capitaux
est donc fondamentale pour permettre une activité d’intermédiation financière stable. La
structure de ces capitaux est très fortement conditionnée par le statut adopté.
Les fonds propres : ils comprennent en général, d’une part les apports en capital
des membres/usagers sous formes des parts sociales et d’autre part
l’autofinancement de l’institution (résultat de l’exploitation et réserves). Ils
représentent la valeur nette de l’institution.
Les dettes : elles représentent ce qui est dû par l’organisation envers les tiers, soit
sous forme de collecte d’épargne auprès des membres épargnants, soit sous forme
des emprunts contractés auprès des organismes de financement (banques, bailleurs
de fonds, etc.).
30
La première ressource de financement d’une COOPEC est donc constituée par les apports
en capital des membres sous forme des parts sociales. Ce capital n’est rémunéré que par
un intérêt limité qui correspond au paiement d’un service rendu à l’institution, sans plus.
Contrairement au fonctionnement des entreprises capitalistes dans lesquelles leurs
actionnaires cherchent à maximiser leur dividende qui est distribuée à ces actionnaires au
prorata du nombre des actions apportées, la distribution de dividende (surplus) dans les
entreprises coopératives ne représente en conséquence qu’un faible montant. Dans une
optique de viabilité financière, une deuxième source de financement interne est
l’autofinancement par une politique de constitution des réserves. Il est lié étroitement à la
politique de détermination du niveau du taux d’intérêt. Une troisième source de
financement interne que tous les experts en microfinance recommandent à tous les
institutions de microfinance est la mobilisation d’épargne institutionnelle.
Dans toutes les institutions de microfinance mutualistes, les adhérents doivent détenir un
titre qui fait la preuve de leur qualité de membre coopérateur. Elles sont organisées sous
forme d’une société à capital variable remettant à chaque membre une ou plusieurs parts
sociales. En général, il existe deux manières pour former le capital social des institutions
de microfinance mutualistes selon qu’une institution privilégie l’épargne avant le crédit ou
l’inverse.
Dans la pratique, pour former une coopérative d’épargne et de crédit, certaines institutions
de microfinance, dans le souci d’atteindre les couches pauvres de la société, ont demandé
leurs nouveaux adhérents une souscription d’un ou des parts sociales fixes de très faible
montant. Puis, on incite et éduque les membres de déposer leurs économies auprès de
l’institution. Les sommes ainsi économisées par chaque membre constituent une sorte de
garantie financière pour pouvoir bénéficier un crédit. Dans ce cas, l’obligation de
constituer de dépôt préalable présente une condition d’octroi de prêt.
Les coopératives d’épargne et de crédit qui ont pris cette forme privilégient en premier lieu
la mobilisation de l’épargne car elle constitue sa principale source de fonds, garante de leur
développement. Le niveau de leurs fonds propres est faible en ce sens qu’aucun crédit
important ne peut se financer sans un apport conséquent des épargnes préalables des
membres. En d’autre terme, l’épargne préalable précède et alimente le crédit. Ce qui
suppose en effet que leur action stratégique est davantage réorientée en faveur de la
politique du développement de l’épargne. Mais, cette mobilisation peut provoquer des
charges non négligeables pour cette institution. Pour inciter les membres à déposer leurs
économies dans l’institution, elle doit proposer à eux des taux d’intérêts plus attractifs, car
les paysans laissent moins dormir leurs argents. Ainsi, dans la mesure où l’encours de
crédit de cette institution est faible, alors son résultat annuel peut être maigre ou négatif qui
peut défavoriser la viabilité financière, car seul l’autofinancement constitue leurs fonds
propres supplémentaires. Par contre, l’avantage d’une telle stratégie est que les services de
la microfinance peuvent suffisamment pénétrés les couches pauvres de la société. La
constitution des épargnes préalables au crédit constituent une sureté non négligeable pour
les institutions prêteuses.
36
Desroche (1969), p.50
32
obligatoires pour les membres emprunteurs. Cette épargne bloquée varie entre 5 à 12%
suivant les types de crédit et est calculé sur la base du montant sollicité. En effet, le
membre emprunteur ne peut pas toucher ce fonds bloqué jusqu’à ce qu’il libère totalement
sa dette.
1.1.1.2 Une conception mutualiste fondée non pas sur l’épargne mais
sur le capital et la caution
A l’inverse de ce qui est en haut, certains mouvements mutualistes sont persuadés que c’est
probablement le crédit qui peut être à l’origine de l’épargne. Pour ces institutions, ils ont
adoptée une conception mutualiste basée sur le développement de crédit plutôt que sur
l’épargne.
Dans le monde rural, où la majorité des agriculteurs sont issus des foyers pauvres qui ont
des revenus si faible. Ainsi, au moment de la récolte, après paiement de leurs dettes
antérieures, il ne reste souvent plus aucune disponibilité. D’après Robinson (1995), cette
idée est dire que les paysans ont des revenus bas, alors ils leurs sont impossible de pouvoir
épargner suffisamment et de financer l’achat des intrants à leur activité de production37.
Dès lors, les paysans les plus démunis sont à nouveau condamnés à recourir un nouveau
prêt pour faire face à leurs besoins les plus pressants auprès des prêteurs privés38. Ainsi, il
existe alors une pièce manquante au développement des paysans, c’est le crédit.
Certaines institutions mutualistes, comme par exemple le Réseau CECAM, privilégie donc
tout de suite une politique visant le développement de crédit aux agriculteurs. Les
institutions qui ont pris cette forme sont financées, au départ, par des ressources de
financement externes (lignes de crédit auprès organismes financiers internationaux, des
banques commerciales, de l’Etat, etc.). Par contre, à long terme, elles ont des fonds propres
plus stables grâce à l’augmentation des parts sociales variables39 par rapport au montant de
crédit octroyé, qui est considéré comme un moyen pour atteindre la pérennité financière.
La raison est que dans le cas mutualiste, le capital social n’est rémunéré que par de taux
limité (le ratio =
est très faible). Les parts sociales variables sont des apports
37
Koffi Sodokin (2007), cite Robinson (1998), p.5
38
Voir paragraphe ci-dessous,
39
Voir le cas du Réseau CECAM, section 3/chapitre 2/ partie 1
33
Alors, une stratégie de différenciation de taux des parts sociales variables par rapport à la
nature des activités financées peut fortifier le capital social de l’institution. Par exemple,
les capitaux propres des IMF à Madagascar incluant les résultats nets ont évolué
modérément sur l’année 2010 (44 milliards contre 40 milliards en 2009). Ils se sont
néanmoins confortés de 4 milliards ariary (+10%) sous l’effet de l’admission des parts
sociales variables dans le capital social et dans une moindre mesure, de l’adhésion des
nouveaux sociétaires40.
40
Rapport économique et financier 2009-2010
34
Pour permettre une expansion continue et solide d’une entreprise, il faudra réduire
largement les fragilités et les risques de façon à les maintenir à des niveaux acceptables et
que la rentabilité soit assurée. Le niveau de fonds propres41 est un des principaux facteurs
qui déterminent le niveau de risque auquel une institution se trouve confrontée.
Pour prévenir le risque potentiel de défaillance, l’accord de Bâle définit un ratio de levier
maximum de 12 pour 1, ou en d’autres termes, des fonds propres représentent au minimum
8% des actifs pondérés en fonction du risque. Les spécialistes recommandent, dans les
pays peu expérimentés en microfinance, de vouloir commencer par privilégier la prudence
en limitant les ratios de levier et suggèrent un ratio initial d’adéquation de fonds propres de
20% qui pourrait baisser au fur et en mesure des expériences acquises45. Le levier financier
41
Les fonds propres d’une coopérative d’épargne et de crédit sont généralement composés par le capital
social et les bénéfices non distribués.
42
Certaines institutions surtout celles qui travaillent bénéficient des subventions des bailleurs de fonds pour
l’achat de certaines immobilisations.
43
Ledgerwood, (1999)
44
Fonds de roulement net global est égale ressources durables moins emplois stables
45
J. Ledgerwood (juillet 1999), p.29
35
d’une institution se mesure en calculant le rapport entre ses dettes et ses fonds propres. Ces
concepts supposent à priori une distinction claire entre les fonds propres et les dettes. En
outre, ils supposent également, dans la plupart des cas des institutions de microfinance, une
indentification claire de la part des encours de crédit financée par des subventions. Ces
dernières font-ils parties de fonds propres ou sont-ils considérés comme des dettes ?
L’autofinancement d’une entreprise est par définition la somme d’une part des résultats
non distribués et les amortissements des matériels immobilisés. L’idée est de ne pas
distribuer la totalité de surplus d’exploitation et d’en réutiliser à l’extension ou au
perfectionnement de l’entreprise. L’autofinancement dépend alors de la capacité de
l’entreprise de générer un bénéfice ou de subir une perte. Ainsi, pour une coopérative
d’épargne et de crédit, trois facteurs influencent généralement le niveau de son résultat
d’exploitation, donc de la part de bénéfice non distribué : les charges engagées, le niveau
de taux d’intérêt, et le mode d’affectation de surplus d’exploitation.
Les charges engagées d’une institution de microfinance sont composées en général par :
des charges financières qui sont liées directement au crédit octroyé (taux de refinancement,
diverses commissions, taux de rémunération des épargnes volontaires collectées), des frais
généraux et des charges liées aux crédits douteux et litigieux.
Les charges engagées sont composées tout d’abord par les charges financières. Ces
dernières sont ensuite composées, d’une part, par les intérêts sur le refinancement des
lignes de crédit qui est influé par le niveau de taux d’intérêt appliqué. Ce dernier est en
fonction croissante du taux de marché et des primes de risques que les banques ont facturé
pour charges de l’institution. Dans la pratique, les institutions de microfinance rurales sont
confrontées par des risques d’exploitation très élevés qui les interpellent. Ce phénomène
peut décourager les banques de coopérer avec les institutions de microfinance, ou bien la
situation les force d’augmenter autant que possible le taux de refinancement. Une action de
répartition des risques entre les banques et les institutions peut être soulevée, face à ce
problème. En ce qui concerne le taux de marché, il est influé directement par le taux
36
directeur de la banque centrale, qui est à son tour déterminé par la politique économique et
financière du pays. Bref, une action de coopération entre ces trois organismes financiers
peut favoriser le développement de crédit aux agriculteurs. Ainsi, la banque centrale en
tant que banque des banques peut donner sa garantie en faveur des banques qui coopèrent
avec les institutions de microfinance agricoles. En contre partie, ces mêmes banques
doivent accepter d’alléger leurs marges financières par une diminution du taux de
refinancement. Une telle action peut, à leur tour, désavantager l’augmentation de taux
d’intérêt de crédit que les institutions facturent à leurs membres. Une autre composante de
charges financières supportées par l’institution est les coûts liés sur la mobilisation
d’épargne. Dans les institutions mutualistes fondées sur l’épargne, ces coûts constituent
une charge non négligeable du compte de résultat. Par exemple, dans le Réseau OTIV,
l’épargne à vue (ou DAV) qui est un compte très liquide est rémunérée au taux de 4,5%
annuel, calculé sur le solde minimum mensuel, et l’épargne à terme (ou DAT) est
rémunérée au taux de 6 % à 10%. Grâce à la rémunération de DAV au sein du Réseau, au
cours de l’exercice 2005, le niveau du montant d’épargne se situe en hauteur de 68, 81%
de l’encours de crédit, dont 43,16% sont de l’épargne à vue46. Enfin, une dernière
composante des charges financières est le taux concessionnel sur les lignes de crédit des
organismes internationaux. La somme de ces trois charges constitue en général les charges
financières d’une institution, dont leur diminution ou augmentation peut favoriser ou
freiner le développement de crédit aux agriculteurs.
Ensuite, la deuxième partie des charges engagées est constituée par les charges
administratives. Elles sont composées d’une part par des frais de personnel et de
consultants, notamment les salaires et les avantages divers. Dans une entreprise
coopérative, le recours au bénévolat est l’un des moyens pour minimiser autant que
possible les frais de personnel. Ainsi, grâce à l’implication des membres élus sur la gestion
de la société, le nombre des techniciens nécessaire peut réduire, donc les charges salariales
sont d’autant plus faibles. Pour la même raison, ces charges salariales sont d’autant plus
faibles aussi que la productivité47 d’un agent est élevée. Or, lorsque le nombre des
46
Harris (2006), « mémoire de maitrise en gestion ».
47
La productivité désigne le volume d’activités générées (output) pour une ressource ou un actif donné
(input). Deux ratios sont couramment utilisés pour mesurer la productivité : d’une part, le ratio encours de
crédits par agent de crédit et d’autre part le ratio nombre d’emprunteurs actifs par agent de crédit. Alors
37
membres traités par un agent de crédit est très élevé, cela peut se traduire par une
augmentation des pertes sur créances irrécouvrables.
Si les frais du personnel sont d’autant plus faibles que le personnel est plus productif, les
coûts liés à la formation sont élevés, du fait qu’en milieu rural, il est difficile de recruter
des techniciens spécialisés. En outre, il y a de fortes chances d’augmentation des salaires
pour pouvoir continuer d’acquérir des produits et services dont le prix a augmenté sur le
marché.
D’autre part, les frais généraux48 forment également les charges administratives supportées
par une IMF. Ils sont en fonction croissante du niveau d’inflation, de l’éloignement
géographique, du nombre de déplacement effectué par le personnel, etc. L’éloignement
géographique entre siège et caisses locales augmente considérablement les coûts liés au
transport par lequel les salariés doivent se déplacer pour faire fonctionner normalement ces
caisses. L’économie de ces frais est fortement influée par la méthode de gouvernance du
Réseau (centralisation et décentralisation de certaines décisions).
Enfin, il est à noter qu’au fil des ans, la structure de coût d’une IMF a tendance à suivre
l’évolution de l’inflation. De ce fait, d’après Claude Royer49, une institution de
microfinance a besoin d’une évolution semblable au taux d’inflation au niveau de la valeur
nominale de ses revenus pour rester au même point50.
Le coût lié à l’inflation est déterminé par la formule suivante : Coût d’inflation51 = 1 – (1
p
+ taux d’inflation) ou « P » représente le nombre de périodes considérées (généralement
en années).
Par exemple, au taux d’inflation prévisionnel de 12,5% par an, les coûts d’inflation de trois
années suivantes de l’année (n) se présentent comme suit :
plus ces deux ratios sont élevés, plus la productivité génère un montant (produits financiers, crédits) élevé
pour chaque unité (charges d’exploitation, agents de crédit).
48
Les frais généraux sont à ventiler en dix catégories au maximum (selon la proposition du Développement
International Desjardins) : par exemple, loyers, transports, fournitures, eaux/gaz/électricité, commissions,
amortissements, autres)
49
Claude Royer est Directeur des produits et de l’instrumentalisation du mouvement Desjardins Canada.
50
L’inflation se définit comme une augmentation substantielle des prix et de la masse monétaire, ayant pour
conséquence une diminution de la valeur monétaire. Elle trompe alors la valeur réelle des fonds propres et du
portefeuille de crédit d’une institution à une date donnée. C'est-à-dire, l’institution, en octroyant de crédit
dans un contexte inflationniste, a reçu ses revenus en monnaie dévaluée. Par conséquent, elle doit augmenter
son portefeuille de crédits suivant un taux au moins égal au taux d’inflation pour qu’elle puisse rester sur le
même point.
51
L. Joana, 1999, manuel de microfinance.
38
Ainsi, le taux d’inflation de 12,5% l’an se traduit par une diminution de la valeur réelle du
portefeuille de crédits d’une organisation de 12,5% au cours de l’année (n+1) par rapport à
l’année (n). Cette diminution passera à 26,6% au cours de l’année (n+2), et elle sera à
(42,4%) en année (n+3). Cela veut dire que par exemple un portefeuille de crédit de 100
millions ariary à la fin de l’année (n), les valeurs nominales équivalent à cette valeur de
100 millions s’évaluent respectivement comme suit : 112,5 millions ariary pour (n+1) ;
126,6 millions d’ariary pour (n+2), et 142,4 millions ariary pour (n+2). En d’autre terme,
les pertes de valeur réelle de 100 millions au cours de trois années suivantes sont
respectivement de : 12,5 millions ; 26,6 millions ; et de 42,4 millions.
52
La solvabilité d’une entreprise se définit comme le rapport entre les actifs circulants et les dettes à court
terme qui doit être strictement supérieur à 1. Dans le cas contraire, l’institution peut se confronter à un
problème d’illiquidité.
39
conséquent, le résultat d’un exercice diminue voire négatif, ce qui à son tour diminue le
niveau des fonds propres. Selon les spécialistes en microfinance, un taux de
remboursement inférieur à 95% constitue déjà une sonnette d’alarme de la faillite d’une
institution.
Normalement, tout crédit est classé dans le portefeuille à risque (portefeuille à risque =
encours total des crédits en retard/encours de crédits bruts) dès qu’il y a un retard de
paiement à l’échéance. Il montre ainsi quelle part du portefeuille de crédit devrait être
passée en perte si tous les crédits en retard s’avéraient irrécouvrables. En effet, tout
portefeuille classé à risque doit être provisionné pour faire face aux pertes futures. Dans la
pratique actuelle en microfinance, cette provision est constituée à 90 jours de retard. Ce qui
signifie, en effet, que tout portefeuille âgé avant 90% n’est pas provisionné. Or certains
crédits, par exemple à 30 jours d’échéance, peuvent être irrécouvrables. Pour cela, les
crédits douteux ne sont pas couverts à 100% par les provisions constituées ou en d’autre
terme le taux de provision clients douteux et litigieux (CDL) devient inférieur au taux de
100%, donc il est sous-évalué.
Ainsi, une COOPEC doit minimiser autant que possible ce taux d’impayé. En amont, par
l’analyse de la potentialité de l’essor du projet financé, du profil de bénéficiaire, de son
capacité de remboursement, etc. Au cours de la réalisation, par l’action de contrôle
(inspection). En aval, par une action stratégique de recouvrement : par exemple,
restructuration et rééchelonnement du crédit, le recours judiciaire, etc.
Si dans les entreprises capitalistes, les investisseurs cherchent à maximiser autant que
possible le rapport , calculé au prorata du nombre des actions détenus par chaque
Tout d’abord, la distribution de surplus aux membres, s’il y a lieu, n’est pas basée au
nombre des parts sociales apportées par chaque sociétaire, mais elle est calculée
proportionnellement au nombre de transaction effectués par le membre. Ensuite, le capital
n’est rémunéré que par un taux limité.
40
Enfin, dans la pratique actuelle, il existe plusieurs réseaux mutualistes qui ne procèdent pas
à cette distribution pour la raison de pérennité financière de l’institution. De ce fait,
l’affectation du surplus dans son intégralité au poste des réserves fortifie les fonds propres,
donc l’amélioration de la structure du passif. C'est-à-dire, quand le ratio
augmente, suite à une injection des réserves successives, le coût moyen
représente le coût de la dette). Or, dans les entreprises coopératives le coût des fonds
propres est quasiment inexistant ou au moins très limité. L’augmentation de ce poste
constituera donc le chemin vers la viabilité financière d’une COOPEC. On est persuadé
que les coopératives d’épargne et de crédit qui ont un ratio
moins élevé ont
Par exemple, avec un portefeuille de crédits de 10 000 000 ariary (Ar) financé à hauteur de
2 000 000 Ar par fonds propres (supposons que l’institution ne distribue pas de dividende à
ses membres, donc un taux de 0%) et à hauteur de 8 000 000 Ar par des dettes au taux
moyen de 15%. Si la composante des fonds propres est augmentée de 4 000 000 Ar, alors
le taux moyen de chacune de ces deux situations est :
FP = 2 000 000 (0%) et D = 8 000 000 (15%) FP = 4 000 000 (0%) et D = 6 000 000 (15%)
Ainsi, autant qu’une COOPEC accumulera plus des fonds propres grâce à l’augmentation
des parts sociales variables et à l’incorporation des réserves, son coût moyen des
ressources diminuera. Il en est également lorsque le niveau d’épargne obligatoire dans une
COOPEC augmente. Ces facteurs sont très importants pour l’atteinte de la viabilité
financière d’une institution coopérative. Mais, elle est largement aussi délimitée par le taux
d’intérêt appliqué.
Parmi les facteurs qui font l’attention des acteurs du développement de la microfinance, le
taux d’intérêt est l’un des concepts clefs qui conditionne le succès ou l’échec d’une
41
institution. Il est tout à fait vrai que si une coopérative d’épargne et de crédit cherche à
répondre durablement aux besoins de leurs clients, il faut que leurs coûts d’intermédiation
puissent être compensés par les produits de leur activité. Cet objectif est atteint dans des
délais variables, selon les contextes et les publics ciblés. Il implique toujours que l’IMF
soit gérée de façon rigoureuse et professionnelle et qu’elle puisse pratiquer des taux
d’intérêt compatibles avec la recherche de l’équilibre financier53. A cet égard, la
détermination du niveau des taux d’intérêts est aussi fondamentale pour la détermination
du niveau d’autofinancement acceptable sans que ces mêmes taux d’intérêts puissent
défavoriser la rentabilité économique et financière du projet financé.
Ainsi, Rosenberg (1996)55, suite à l’échec des expériences de crédits subventionnés dans
plusieurs pays (Joana, 1999), déterminait le taux d’intérêt viable pour une institution de
microfinance. Pour cet auteur, le calcul de taux effectif annualisé en microfinance dépend
de plusieurs facteurs tels que : les frais généraux (FG), les pertes sur crédit (PC), le coût
des crédits CR (coût des ressources, inflation comprise), le taux de capitalisation souhaité
(K), et enfin les produits de placement (PP). Pour cela, il affirmait que les frais généraux
d’une microfinance efficiente ont atteint entre 10% et 25% du portefeuille de prêt moyen.
Et les institutions dont son taux de créances irrécouvrables est supérieur à 5% ne sont pas
viables.
01 23 34 5
,-./ + 7 22
1 7 23
53
Information tirée de « L’AFD et la microfinance 1988 – 2008 20 ans déjà »
54
Voir section 1 et section 2, chapitre 1 de la première partie
55
Rosenberg (1996), in Rosenberg (2000)
42
La théorie financière nous enseigne que le coût de l’argent se traduit par le taux d’intérêt. Il
désigne donc le prix à payer pour obtenir une certaine somme d’argents. Si le prix est bas,
tout le monde peut s’intéresser à l’acheter, dans le cas contraire, certains gens renoncent à
l’emprunt. De même, les théories économiques affirment que pour favoriser
l’investissement, il faut réduire le prix de l’argent56. Mais, la méthode pratiquée par une
institution pour le calcul des intérêts a aussi des impacts directs sur les activités financés.
Les plus courantes de méthode de calcul sont le calcul des intérêts sur capital restant dû et
le calcul des intérêts sur le capital initial.
Le calcul sur capital restant dû est la méthode qui consiste à calculer l’intérêt à partir du
montant de crédit que l’emprunteur n’a pas encore remboursé. Tandis que, le calcul sur
capital initial est toujours basé sur le montant prêté quelque soit le montant remboursé.
Dans, la pratique actuelle, la majorité des institutions de microfinance utilise la première
méthode de calcul, car il est plus flexible que la méthode sur le capital initial.
Par exemple, avec un crédit de 1 000 000 ariary ; durée 8 mois avec deux paiements;
intérêt de 3% par mois (36% par an) appliqué sur le capital restant dû. Les différents plans
de remboursement peuvent se présenter comme suit, avec :
56
Karin BARLET (avril 2003), les taux d’intérêt dans la micro finance rurale : choix technique ou politique ?
43
N1=5 mois et N2=3 mois (A) N1= 4 mois et N2= 4 mois (D) N1= 3 mois et N2= 5 mois (G)
Principal (P) intérêt (I) P+I Principal (P) intérêt (I) P+I Principal (P) intérêt (I) P+I
300 000 150 000 450 000 300 000 120 000 420 000 300 000 90 000 390 000
700 000 63 000 763 000 700 000 84 000 784 000 700 000 105 000 805 000
1 000 000 213 000 1 213 000 1 000 000 204 000 1 204 000 1 000 000 195 000 1 195 000
N1=5 mois et N2=3 mois (B) N1= 4 mois et N2= 4 mois ('E') N1= 3 mois et N2= 5 mois (H)
500 000 150 000 650 000 500 000 120 000 620 000 500 000 90 000 590 000
500 000 45 000 545 000 500 000 60 000 560 000 500 000 75 000 575 000
1 000 000 195 000 1 195 000 1 000 000 180 000 1 180 000 1 000 000 165 000 1 165 000
N1=5 mois et N2=3 mois (C) N1= 4 mois et N2= 4 mois (F) N1= 3 mois et N2= 5 mois (I)
700 000 150 000 850 000 700 000 120 000 820 000 700 000 90 000 790 000
300 000 27 000 327 000 300 000 36 000 336 000 300 000 45 000 345 000
1 000 000 177 000 1 177 000 1 000 000 156 000 1 156 000 1 000 000 135 000 1 135 000
On peut alors ici envisager au moins 9 scénarios de remboursement, en jouant sur les deux
variables : le principal et la durée qui s’échelonne à chaque versement.
Le scenario (A) procure à l’institution plus d’intérêt (ici 213 000 ariary) que les autres
plans de remboursement. Ainsi, plus la part du principal à rembourser est faible au cours
du 1er versement, du 2ème et ainsi de suite (croissante), combiné avec des durées qui
s’échelonnent chaque échéance décroissantes, alors l’institution aura la chance
d’augmenter autant que possible son intérêt au détriment de l’emprunteur. Par contre, si de
défaut de remboursement se manifeste au cours du contrat, la somme probable perdue sera
plus élevée. Ici par exemple, en supposant que l’emprunteur ne paie plus à partir de la
deuxième échéance, alors le montant susceptible de transférer en perte sera de 763 000
ariary pour un taux de remboursement de 37% (taux = 450 000⁄1 213 000 + 37%M à la
fin du contrat. Ce schéma de modalité de remboursement est réservé pour les activités
moins risquées qui ont une espérance de taux rentable interne (TIR)57 élevé.
57
Taux de rentabilité interne (TIR) d’un investissement est le taux avec lequel, en actualisant le cash flow, on
obtient le montant de l’investissement initial.
44
Par contre, dans le scenario (I), le niveau d’intérêt est en faveur de l’emprunteur qui est ici
de 135 000 ariary. Par rapport au premier scénario, l’emprunteur gagne 78 000 ariary
(213 000 – 135 000) au détriment du résultat de l’institution. Ainsi, par opposition au
scénario (A), plus la part du principal à rembourser est élevé au cours de 1er versement, du
2ème et ainsi de suite (décroissante), combiné avec des durées qui s’échelonnent chaque
échéance croissantes, alors le taux de rentabilité interne (TIR) sera plus forte. Par contre, il
demande un déboursement élevé dans une échéance réduite pour le premier versement (ici
par exemple, l’emprunteur doit rembourser 790 000 ariary pour une durée de 3 mois, alors
qu’il ne débourse que 450 000 ariary pour une durée de 5 mois). Dans ce cas, la probabilité
de non remboursement pourrait apparaitre dès la première échéance dans la mesure où les
activités financées ne génèrent pas des revenus suffisants au cours de cette première
période ou bien lorsque l’emprunteur n’a pas d’autres sources de revenu. Ce scénario peut
être adapté aux activités qui ont une espérance de rentabilité faible.
Les autres scénarios peuvent être considérés comme une solution intermédiaire de deux
extrêmes plans de remboursement (A) et (I). Mais, quelque soit les méthodes abordées,
elles doivent réduire autant que possible le risque encouru par l’institution et aussi de
motiver les clients au remboursement. L’idéal est de trouver le juste équilibre entre ce que
le client est en mesure de payer et ce dont l’organisation de crédit a besoin pour couvrir ses
charges pour réduire le risque d’impayé. Le problème de remboursement implique non
seulement la tarification des produits, mais elle est également influée par la structure de
flux de trésorerie du projet, les conditions de crédit et la fréquence de remboursement58.
58
Voir section « crédit »
45
Pour les mêmes raisons, des taux d’intérêt différenciés doivent être appliqués selon la
destination du crédit. Une activité plus commerciale peut supporter un taux d’intérêt un
peu élevé qu’une activité agricole de faible rentabilité et des revenus incertains. Elle doit
également déterminer un niveau de taux d’intérêt applicable pour chaque zone
d’intervention, sans dépasser les fourchettes proposées pour chaque produit, car dans
certaines régions il existe des paysans qui peuvent supporter de taux d’intérêt élevé.
Selon Labie (1998), dans sa phase de mise en place, un programme de microfinance doit
être appuyé et ne saurait être immédiatement autosuffisant. La question de la suppression
totale de subventions ne se pose clairement que dans une perspective de plus long terme,
qui dépend de la maitrise des aspects méthodologiques de la microfinance. La viabilité est
mesurée par deux ratios successifs : autosuffisance opérationnelle, et autosuffisance
financière.
>;B.8 A BO @/>?8- - 89 BO .9@ >é;8B@
-. A.NN8A-9=@ >é;- 899@??@ +
=P-;Q@A BO @/>?8 - 89 =P-;Q@A B@ N89-9=@D@9 =P-;Q@A 9@ @A A.; 3RS
Ce ratio signifie que les produits d’exploitation (financiers + non financiers) doivent en
mesure de couvrir au moins les trois structures des charges les plus importantes d’une
institution. Lorsque ce ratio est 100%, cela veut dire l’institution est sur le point mort,
c'est-à-dire ni bénéfice ni perte. Lorsque ce ratio est au dessous de 100%, cela veut dire que
le résultat d’une institution se situe encore dans une zone de perte. La différence entre le
46
taux constaté et taux 100% (par exemple un ratio autosuffisance opérationnelle = 80%,
d’où 100-80=20%) signifie que le portefeuille de crédit d’une institution doit augmenter au
moins 20%. Par contre, lorsque ce ratio dépasse le taux 100%, l’institution réalise un
bénéfice. La différence de taux constaté au taux de base 100% (par exemple un ratio
d’autosuffisance opérationnelle = 110%, on a 110 – 100 =10%) indique le degré de
capitalisation de fonds propres de l’institution.
Le coût retraité du capital ne constitue pas un flux réel de trésorerie d’une institution, il
diminue uniquement la valeur réelle d’un résultat incorporé aux fonds propres (diminution
théorique). Par exemple avec un résultat de 2 000 000 ariary et un coût retraité du capital
en hauteur de 500 000 ariary, on a :
Ainsi, avec un coût retraité du capital de 500 000 ariary, le résultat de l’institution devient
de 1 500 000 ariary. Cette diminution se traduit par une diminution du niveau de résultat de
500 000 ariary incorporé aux fonds propres de l’institution, mais elle est compensée par le
47
poste « Provisions pour dépréciation de fonds propres » de 500 000 ariary. Ce qui signifie
que le coût retraité du capital n’affecte pas l’équilibre financier d’une institution. Il est
uniquement pour objet de faire apparaître la viabilité financière réelle de l’institution.
Ainsi, avec un coût retraité du capital de 500 000 ariary, la valeur réelle de l’augmentation
de fonds propres est de 1 500 000 ariary au lieu de 2 000 000 ariary (le résultat de
2 000 000 n’est qu’une augmentation de la valeur nominale). Le coût retraité du capital est
alors un coût caché supporté par les fonds propres de l’institution qui doit être provisionné
pour préserver la dépréciation de la valeur des fonds non immobilisés.
Une fois calculé le coût retraité du capital, on peut alors déterminer facilement
l’autosuffisance financière d’une institution.
ZZ è
>;B.8 BO @/>?8 - 89 B@ ?- >é;8B@
+
=P-;Q@A BO @/>?8 - 89 =P-;Q@A B@ N89-9=@D@9 B - 89A -./ >;X8A89A 3RS =û ;@ ;-8 é B. =->8 -?
Pour les mêmes raisons que l’autosuffisance opérationnelle, ce ratio signifie que les
produits d’exploitation (financiers + non financiers) doivent être en mesure de couvrir au
moins les trois structures des charges les plus importantes d’une institution et les charges
indirectes liées aux subventions et à l’inflation. Lorsque ce ratio est 100%, cela veut dire
l’institution est sur le point mort, c'est-à-dire ni bénéfice ni perte. Lorsque ce ratio est au
dessous de 100%, cela veut dire que l’institution n’est pas encore financièrement viable. La
différence entre le taux constaté et taux 100% (par exemple un ratio autosuffisance
financière = 70%, d’où 100-70=30%) signifie que le portefeuille de crédit doit évoluer plus
de 30% pour atteindre la pérennité financière. Par contre, lorsque ce ratio dépasse le taux
100%, l’institution réalise un bénéfice retraité. La différence de taux constaté au taux de
base 100% (par exemple un ratio autosuffisance opérationnelle = 120%, on a 120 – 100
=20%) indique le degré de capitalisation de fonds propres de l’institution de 20%.
48
Dans le passé, certaines institutions avaient été exclusivement tournées uniquement sur la
distribution des crédits à court terme et quelque peu des crédits à moyen terme à leurs
bénéficiaires. Grâce à l’affectation des crédits à la production, leurs bénéficiaires ont la
chance d’augmenter leur revenu. Ces procédés fournissent une base économique de la
constitution d’épargne, mais ils n’en permettent pas la mobilisation. En effet, l’épargne
constituée dans un tel contexte est une solution à privilégier, les efforts de collecte
d’épargne doivent être maintenus. Cela implique de la part de la COOPEC d’adopter une
véritable logique d’intermédiation financière où l’épargne collecté permet non seulement
de sécuriser et de réorienter l’utilisation des revenus du paysan à des fins productifs
(l’épargne d’un membre peut constituer un grand autofinancement pour son projet à venir),
mais son allocation doit surtout permettre d’engendrer un effet positif considérable sur le
portefeuille de crédit.
Une des caractéristiques d’épargne rurale est sa faiblesse. Les ménages pauvres ont des
faibles revenus pour pouvoir épargner. Mais, un autre problème est sa mauvaise affectation
à des fins non productifs.
Donc, si l’on considère l’ensemble du secteur agricole, l’épargne n’est pas inexistante,
mais elle est plutôt utilisée à des fins improductives. Selon R. Granger, une action en
faveur de l’épargne rurale doit donc s’attacher à la fois à augmenter son montant et à
modifier l’utilisation traditionnelle59. Pour parvenir à cet objectif, la coopérative n’est plus
seulement une institution qui distribue de crédit, mais elle doit en même temps mettre en
place une politique de développement d’esprit d’épargne. Cette politique de
développement est inefficace si la coopérative ne s’est pas efforcée d’agir en vue de la
transformation des mentalités à l’égard de l’épargne.
59
Roger GRANCER (1959), « un problème de crédit agricole dans les pays en voie de développement :
l’action du mouvement coopératif en faveur de l’épargne rurale ».
60
Ibidem
50
Si le procédé ci-dessus est plutôt forcé, un autre procédé pour mobiliser l’épargne rurale se
réalise surtout en élaborant une formule des dépôts plus attractive. Les formes le plus
classique de ces dépôts sont : le dépôt à vue, le dépôt à terme et le plan d’épargne. Pour
cela, il faut que les paysans trouvent sur leurs dépôts des avantages : conditions de retrait,
le taux d’intérêt appliqué, etc. Une des actions mise en œuvre est donc de gagner la
confiance des paysans, d’éduquer les membres de faire la pratique d’épargne. Dans
certains cas, on voit certains clients d’une institution déposant leurs argents chez une autre
banque. Il est donc indispensable de servir un intérêt aux membres déposants. Cet intérêt
doit être servi même pour les dépôts à vue pour inciter peu à peu les membres à effectuer
des dépôts à terme. Par exemple, dans le réseau OTIV, le dépôt à vue est rémunéré au taux
de 4,5 % annuel, calculé sur le solde minimum mensuel. Il est possible d’honorer le dépôt
à vue des membres à un taux rémunérateur raisonnable pour encourager les membres de
mettre ses fonds à la disposition de l’institution. Également, le dépôt à terme et le plan
d’épargne doivent être mieux rémunérés, car ils sont bloqués et ne peuvent pas être retirés
par les membres. Ils constituent une ressource de financement plus stable que le dépôt à
vue. Le taux plus attractif permet non seulement d’accroître les dépôts, mais elle permet
quand même de faire réduire les fréquences de retrait, car certains clients préfèrent investir
en épargnant quand le taux est assez élevé plutôt que d’investir dans d’autres domaines
(comme par exemple le cas du fonctionnaire). Mais, ces taux rémunérateurs d’épargne
doivent être conçus en fonction des coûts supportés par une institution.
Pour le Réseau : en organisant la collecte des ressources des épargnants, il peut financer
des projets mobilisant de capital assez important que l’épargne moyenne collecté auprès
des sociétaires. En collectant des épargnes très larges et en les réinvestissant dans un
portefeuille de crédit diversifié, le Réseau exploite des avantages de la diversification et
minimise le risque de défaut de payement. Selon Georges PETIT, « les institutions dont la
base de dépôts est stable, vaste et variée connaîtra généralement moins de problème de
51
61
La valeur acquise est égale à la valeur nominale plus les intérêts reçus pendant la durée du placement
52
leurs. Autrement dit, les caractéristiques des lignes de crédit (montants, conditions de
remboursement, …) que les banques les offerts doivent être répondus à la situation des
institutions de microfinance pour leur permettre de conduire à leur pérennité financière. Il
en est de même pour le niveau de taux d’intérêt appliqué, ainsi des marges entre taux
prêteur et emprunteur trop étroites ne peuvent pas assurer leur viabilité. Un taux de
refinancement élevé peut conduire les institutions de microfinance à appliquer des taux
d’intérêt élevés, qui à leur tour pourraient avoir de réputation sur la rentabilité des
investissements de leurs clients.
de fonds dans la trésorerie des paysans. Cette diminution engendre également une
diminution importante d’exclusion financière, du fait que les programmes peuvent
atteindre les activités moins rentables des paysans pauvres et moyens. Mais, à long terme,
les conséquences de la suppression d’un taux bonifié sont dangereuses pour l’institution
que pour les paysans. Premièrement, l’institution doit ramener le taux d’intérêt au taux
normal, voire même plus à raison des effets de l’inflation. Deuxièmement, un tel
phénomène est très difficile à expliquer aux yeux des paysans dans la mesure où aucune
information sur l’existence d’une subvention n’a été diffusée aux membres, ceci peut alors
défavoriser la promotion de l’investissement rural. Par ailleurs, la conséquence de
l’existence d’une subvention antérieure peut aussi entrainer une augmentation des clients
clandestins. Troisièmement, un argument contre le taux bonifié est le fait d’attribuer une
subvention aux paysans peut provoquer une dérive sur la rentabilité de leurs activités,
parce que la subvention n’incite pas paysans de prendre sérieusement l’essor de leur projet.
54
Tableau 5 : Tableau récapitulatif des ressources financières d’une coopérative d’épargne et de crédit
Rubriques Descriptions avantages Limites
Part sociale unitaire faible Indigence du capital social
Pénétrations des services de la microfinance aux Absence d’apport en capital complémentaire
conception couches pauvres Coûts liés sur l’épargne non négligeables
mutualiste fondée Incitation des membres de pratiquer peu à peu Faible autofinancement dans la mesure où
sur l’épargne l’épargne institutionnelle l’encours de crédit est largement inférieur à
L’épargne préalable constitue une sûreté du crédit l’encours d’épargne
octroyé
Formation du Capital social solide à long terme Au départ, la vie de l’institution dépend du
Souscription en continu du capital degré de participation en capital des bailleurs
capital social Contribution en capital en fonction de la taille du prêt de fonds (capitaux étrangers)
conception Diminution du risque d’exploitation en fonction Exigence des garanties matérielles élevées
croissante du capital social Donc, augmentation du taux d’exclusion
mutualiste fondée
Politique générale orientée vers le développement de financière
sur le capital crédit au public cible Contribution disproportionnée en capital entre
les riches et les pauvres
Appropriation mutualiste par les membres
riches
taux d’intérêt moyen autosuffisant (produits effet négatif d’un taux d’intérêt autosuffisant
>charges) sur la rentabilité des activités financées
Taux d’intérêt un taux d’intérêt élevé peut encourager l’existence probabilité élevée de rationnement de crédit
appliqué des taux rémunérateurs de dépôts attractifs pour les activités peu rentables
Financement des taux d’intérêts différentiés selon la nature des
crédits (agricole, commercial)
par
L’injection des réserves successives permet à Distribution de dividende symbolique ou nulle
autofinancement l’institution d’atteindre sa viabilité financière à long La valeur intrinsèque d’une part social est
Affectation de la
terme toujours égale à sa valeur nominale
majorité d’un
Equilibre financier solide dû à l’augmentation des le membre démissionné est privé de toucher
surplus en réserves fonds propres les réserves correspondant à ses valeurs
d’actions
Ils présentent une valeur éducative A l’égard des paysans, le dépôt obligatoire est
Dépôts Dépôts obligatoires Même si on force la volonté des membres à réaliser en quelque sorte apparu comme une sorte
une épargne, le dépôt demeure toujours leur d’impôt ou une spoliation organisée à leur
55
propriété détriment.
L’épargne préalable constitue une sûreté du crédit Dans la réalité, ces dépôts ne sont pas
octroyé rémunérés
Ils constituent des sommes non négligeables pour une
institution
Ils permettent aux membres épargnants de réaliser à Les ménages pauvres ont des faibles revenus
terme un investissement important pour pouvoir épargner
Ils permettent aux membres d’étaler leurs la propension à épargner sous des formes
consommations dans le temps et de s’assurer contre autres que monétaire est forte dans les
les événements imprévus campagnes
Dépôts volontaires
Ils constituent des sources de financement stables
pour l’institution
Ils diminuent le coût moyen des ressources si dans la
mesure où les coûts liés à la mobilisation de dépôts
restent inférieurs aux coûts de refinancement
Ils permettent à une institution d’étendre ses activités Des lignes de crédit inadéquates à la
en termes géographiques qu’en termes de prêts spécificité des activités agricoles peuvent
Un compte courant ouvert au nom de l’institution engendrer un impact négatif sur le
permet à cette dernière d’éviter le risque fonctionnement de l’institution.
Banques d’insolvabilité Travailler avec les IMF rurales où les risques
commerciales Une coopération étroite entre la BCM, les banques sont élevés peuvent inciter les banques à
commerciales et les IMF mutualistes constituent appliquer un taux de refinancement élevé
l’une des principales conditions nécessaires pour Une COOPEC a une capacité d’endettement
Lignes de crédit développer l’offre des services financiers aux faible que les entreprises par actions
agriculteurs (partage du risque)
Les bailleurs de fonds sont le partenaire numéro 1 Une institution subventionnée n’a l’intention
d’une IMF mutualiste au cours de démarrage de pérenniser leurs activités
Appuis financiers sur le renforcement institutionnel Des crédits subventionnés risquent de réserver
Bailleurs de fonds de l’organisation (par exemple sur l’implantation des aux élites locales
points de vente) Les crédits subventionnés découragent la
En termes de coût, le taux d’intérêt exigé par les mobilisation d’épargne institutionnelle
bailleurs est parfois faible (taux subventionné)
Section 2 : Le crédit
Les services financiers doivent être adaptés au profil des micro-entrepreneurs, plus
particulièrement au profil des agriculteurs pour que la microfinance favorise le
développement économique de chaque foyer membre.
Une institution, avant de définir les conditions des crédits qu’elles proposent, doit
connaitre tout d’abord le métier à financer et les risques y afférant. Sur notre étude, le
secteur agricole où il est en grande partie composé par des agricultures de subsistance
présente de risque élevé pour le monde de la finance. Des experts sur ce domaine ont
recommandé que le premier objectif de la coopérative de crédit soit un objectif défensif,
puis son deuxième objectif ce sera un objectif offensif62. En d’autre terme, une institution
de crédit doit formuler une sorte de crédit qui permet à ses membres d’échapper au piège
des usuriers, puis une autre sorte de crédit qui finance l’investissement productif.
Le secteur agricole a incontestablement pris une place énorme dans la vie économique et
sociale de la majorité des familles malagasy. Mais, l’agriculture est encore une activité de
subsistance pour la plupart des paysans. Cette principale caractéristique complique l’offre
des services financiers institutionnels, mais constitue aussi une raison fondamentale de la
nécessité du financement du monde rurale.
Sans tenir compte, des conditions climatiques, les points suivants peuvent être considérés
comme facteurs de blocage du développement agricole qui ont des impacts directs sur la
conception des méthodologies d’un crédit :
62
H. Desroche (1969), pp 48 -49
57
Outre, l’écoulement de leurs produits de récolte parce que la majorité des paysans n’ont
pas d’autres alternatifs. Ils sont aussi obligés de passer un contrat de prêt par les
conditions qui lui sont imposées par celui qui détient les moyens. En extrapolant le rapport
de CABALZAR Gion Pieder sur « l’endettement chronique des paysans et son impact sur
la pauvreté rurale à Madagascar63 », l’endettement chronique provoqué par l’usure est un
facteur déterminant la pauvreté. Il signifie des manques à gagner et des pertes sèches
menant dans un cercle vicieux et empêchant tout espoir de développement. Il touche les
paysans, les ouvriers, les fonctionnaires, les petits métiers à Madagascar. Par contre, les
usuriers sont composés par des épiciers, des collecteurs et des commerçants, mais aussi
des paysans plus aisés que les autres, ou n'importe quels voisins. Qui a de l'argent ou du riz
(paddy ou blanc) en surplus, peut être tenté d'entrer dans les circuits juteux de l'usure, que
ce soit pro-activement (en cherchant des clients) ou en répondant à des demandes.
63
CABALZA (2007), « endettement chronique des paysans et son impact sur la pauvreté rurale », colloque
scientifique sur les dynamiques rurales à Madagascar, 23-24 avril 2007.
58
moyennant des taux d'intérêt très élevés: 200% à 300 % (Zeller, 1991)64 pour un crédit
informel (en argent ou en riz) allant de quelques semaines à quelques mois en milieu rural.
Ces emprunts se manifestent sous différentes formes d’endettements. Premièrement, un
emprunt de « riz contre riz » au taux de 100 à 200%. Deuxièmement, un emprunt de
« argent contre riz » au taux de 20 à 300%. Troisièmement, un emprunt de « argent contre
argent » au taux de 50 à 100% pour un mois65. Les deux premières formes d’emprunts sont
très connu le plus souvent, en milieu rural par le terme « vary maintso », dont la valeur du
montant à rembourser ou les quantités de kg à rembourser est/sont évalué(es) à la double
de la valeur initiale, appelé par le terme « avo sasaka ».
Le développement du crédit aux agriculteurs doit tenir compte tous les problèmes ci-
dessus, tout en considérant tous leurs besoins financiers. L’objet du crédit agricole était à
l’origine de promouvoir le développement agricole, en faisant au moins diminuer, tout
d’abord, la pratique des prêts usuriers. Au regard des pratiques courantes de la
microfinance, un produit financier est défini soit en crédit de consommation, si sa finalité
est de couvrir le plus souvent un déficit temporel de trésorerie, soit en crédit
d’investissement (crédit productif), s’il finance des activités productives. Les prêts
essentiellement destinés au financement des dépenses de consommation sont, d’une
manière générale, fournis pour éviter aux membres d’emprunter chez les usuriers. Tandis
que, les prêts destinés au financement des coûts d’une activité productive permettent aux
membres de développer leurs activités agricoles.
D’après H. Desroche, une coopérative de crédit a un double objectif66: d’une part, il doit
permettre d’éradiquer l’endettement chronique généralement à travers les crédits sociaux,
d’autre part, il doit permettre aux membres d’investir sur un projet qui, après paiement de
tous les frais de production, lui laisse une marge bénéficiaire.
64
Zeller (1998), finance rurale et sécurité alimentaire à Madagascar.
65
CABALZAR (2007), « endettement chronique des paysans et son impact sur la pauvreté rurale », colloque
scientifique sur les dynamiques rurales à Madagascar, 23-24 avril 2007.
66
H. Desroche (1969), « le développement intercoopératif »
59
Pour soulever les problèmes, tout d’abord, la COOPEC qui voudrait avoir un vrai succès
doit concevoir, tout d’abord, une sorte des crédits permettant d’éradiquer l’usure et le
67
H. Desroche (1969), « le développement intercoopératif »
60
servage pour dettes. Ce crédit défensif est composé généralement par des crédits non
productifs : crédits de consommation ou crédits sociaux. Les services qu’apporte la
microfinance doivent permettre à priori de résoudre leurs problèmes financiers quotidiens.
Sur ce cas, lorsqu’une institution propose tout de suite l’offre d’un crédit productif, alors il
se peut que deux risques peuvent apparaitre : soit le membre détourne unilatéralement
l’usage du crédit en cours en crédit de consommation, c’est parce qu’il n’a pas de budget
suffisant pour ses dépenses quotidiens, soit il cherche de liquidité de très court terme
auprès de prêteur usurier sur lequel il est probable que le sociétaire débiteur ait l’intention
d’utiliser une partie du crédit institutionnel pour rembourser sa dette envers ce créancier
usurier . Puis, en retour, pour rembourser le crédit institutionnel deux autres alternatifs
peuvent également apparaitre : soit il se rendette auprès d’autre usurier, soit il recourt à un
autre crédit auprès d’autres institutions. Ainsi, les conséquences sont dangereuses pour
tous les contractants. D’un côté, le débiteur qui applique l’endettement croisé devient
esclave de la dette dans lequel il ne pourra pas sortir vivant. D’un autre côté, la trésorerie et
le fonds propre de l’institution, si plusieurs membres sont insolvables, deviennent précaire,
ceci peut, à son tour, causer sa disparition.
C’est pourquoi, les spécialistes demandent d’inclure dans les formules de la microfinance
l’octroi de crédits à de fin non productive, surtout dans le secteur rural où les familles en
situation de pauvreté des pays en voie de développement sont le plus. Selon eux, aux
premiers stades de leur développement, le crédit accordé aux cultivateurs ne peut être
qu’un crédit de consommation, et cela en raison de divers facteurs (en partie inhérents à
l’agriculture de subsistance) : le dénuement qui se traduit parfois par une nourriture
insuffisante, l’imprévoyance, les mauvaises récoltes et autres calamités, un accroissement
rapide de la population, les coutumes traditionnelles de la vie rurale qui entrainent souvent
de lourdes dépenses pour des cérémonies religieuses et sociales68. Mais, le crédit à la
consommation peut produire des effets néfastes, si au cas où les paysans ne trouvent pas
d’autres moyens pour payer leurs dettes. C’est pourquoi, ce type de crédit est le plus
souvent combiné avec d’autres crédits productifs. Pour cette raison, le crédit à la
consommation doit évaluer au strict besoin minimum de l’emprunteur et est attribué dans
un délai de courte échéance. Il s’ensuit que le crédit octroyé aux petits cultivateurs pose un
68
Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture, (1966) « le crédit agricole par
l’intermédiaire des coopératives et autres institutions ».
61
véritable problème tant qu’on n’arrive pas à modifier les conditions dans lesquelles ils
vivent. Il revient alors aux organisations actives en microfinance, de calculer de façon
rationnelle, un portefeuille composé à la fois par des crédits productifs et non productifs.
C’est évidement que le crédit agricole ne reste pas au seul crédit de consommation pour
satisfaire les demandes immédiates, puisque il ne satisfait pas les besoins économiques des
paysans. Le crédit de consommation ne couvre que le besoin immédiat par lequel l’intérêt
risque d’alourdir les dépenses. Le crédit d’investissement ou le crédit productif doit être
sollicité le plus. C’est ce type de crédit qui doit prendre une part importante dans le
portefeuille des produits d’une institution paysanne, car son rôle premier était de rendre
plus productif les agriculteurs.
69
D’après le rapport de Seth RAMANGANAVALONA assisté de Jean Hervé FRASLIN sur le financement
de stockage des récoltes à Madagascar, 27 novembre 2002.
62
Ainsi, tout développement de crédit aux agriculteurs doit baser sur la création des
nouveaux revenus pour les paysans. Dans ce cas, le résultat d’investissement que finance la
microfinance, même si on reste sur les crédits à court et moyen terme, doit apporter au
débiteur une marge suffisante pour rembourser les prêts bancaires et l’intérêt qu’ils portent
d’une part. Et d’autre part, un excédent qui lui permet de satisfaire d’autres besoins. Tout
d’abord, l’injection des crédits, en amont, pour l’achat des intrants (semences améliorés,
des insecticides, des engrais, ….) et/ou pour l’acquisition des biens d’équipement (charrue,
bœufs, sarcleuses, …) peuvent ou doivent leur permettre non seulement à augmenter et à
améliorer les rendements de leur production, mais aussi de changer les méthodes
traditionnelles de culture dont la majorité des paysans ont pratiqué (changement des
cultures « nentim-paharazana par des cultures modernes)70. Ensuite, en aval, comme nous
avons mentionné ci-haut que la commercialisation constitue une condition importante à
tout développement agricole, et à priori au développent de tout crédit aux agriculteurs, il
est évident aussi que le financement ne s’arrête pas en amont de la production, mais il doit
continuer jusqu’à la liquidation des produits. Par exemple, outre le crédit de stockage (cas
du CGV), certaines institutions développent actuellement une relation de crédit aux
coopératives de commercialisation qui approvisionnent et stockent les produits agricoles
des paysans.
70
Selon rapport des experts de l’ONU, le crédit employé comme il convient « se liquide de lui-même ». Aux
étapes initiales de l’amélioration des exploitations, en particulier, le rapport entrées/sorties dans l’agriculture
est d’ordinaire très favorable, et dès lors les exemples ne manquent pas l’augmentation des rendements allant
de 50 à 100% dans les petites exploitations, à la suite d’application judicieuses des engrais, insecticides et
antiparasitaires, de l’emploi de semences améliorés et de la mise en œuvre de méthode des cultures
perfectionnées. Les succès permettent aux agriculteurs non seulement de rembourser à la totalité leurs
emprunts) court terme à la fin de la première campagne, mais encore de reprendre l’année suivante des
méthodes de production sans emprunter. Le premier prêt a permis sa propre liquidation et il a éliminé en
outre toute nécessité ultérieure de crédit pour les mêmes fins. ONU pour l’alimentation et l’agriculture, « le
crédit agricole par l’intermédiaires des coopératives et autres institutions », p. 43
63
l’absence des garanties matérielles et de l’autofinancement. D’autre part, par le fait que ces
prêts exigent d’abondances ressources financières stables, qu’ils comportent de grands
risques et qu’ils sont difficiles à gérer, la plupart des institutions de crédit investissent très
peu dans ces opérations.
Le principe du leasing consiste à séparer la propriété d’un actif acheté avec son droit
d’usage, c’est dire que l’institution reste légalement propriétaire de l’équipement jusqu’à
ce que l’emprunteur s’acquitte totalement de sa dette envers l’institution. Par contre, en cas
de défaillance du débiteur, l’institution peut retirer le bien acquis grâce son droit de
propriété.
d’investissement plus risqué. Cette perception positive de ce crédit est motivée par le fait
que la LVM est une des seules possibilités des ménages d’accéder au financement de
l’investissement. Selon le même rapport, la LVM est habituellement utilisé en combinaison
avec des crédits de court terme : crédit productif, GCV, social, ou crédit commercial. Les
enquêtes qualitatives montrent que l’efficacité du LVM est fortement liée à ces
combinaisons de crédits.
Si les considérations ci-haut consistent à des techniques adoptées pour sécuriser et faciliter
l’octroi de crédit aux agriculteurs, le problème d’offre de garantie matérielle et la faiblesse
de la faculté de remboursement de la part des paysans constituent une véritable contrainte
pour la conclusion définitive d’un contrat de crédit.
Ainsi, d’habitude, tous les établissements de crédit quelque soit leur statut, lorsqu’ils font
de contrat de crédit avec leurs clients, demandent à ces derniers des garanties le plus
souvent des garanties matérielles. Son rôle premier était de sécuriser le crédit, mais aussi
elle peut encourager le débiteur de prendre sérieusement son activité, car dans le cas
contraire des biens mis en garantie risqueraient d’être liquidés publiquement par le système
de vente aux enchères.
Cependant, dans le cas des paysans ruraux, la réalisation hypothécaire des biens ou de
terrain a une difficulté majeure lorsque la garantie est pratiquée dans le cadre juridique que
la plus part des paysans ne connaissent pas. En effet, les titres de propriété ne sont pas
enregistrés ou n’existent pas. Aussi, le chef de famille donne provisoirement une parcelle
66
de terre (riziculteur ou champs) à chacun de ses héritiers sans cadre juridique. Ce qui fait
que la terre appartient à tous sur lequel il n’y a pas d’appropriation personnelle. Le partage
définitif ne s’effectuera qu’après la mort des parents. Cette coutume de la société malagasy
est parfois l’un des facteurs de blocage du développement de crédit agricole, car la
majorité des types de crédit, surtout les crédits à moyen et long terme, sont généralement
octroyer aux agriculteurs ayant de garantie matérielle suffisante et sécurisante, ce qui
donne moins de chance aux agriculteurs qui n’ont pas des biens ou de terre personnel, ou
bien à ceux qui ont mais leurs valeurs sont très faibles. La rareté et la précarité des
garanties matérielles compliquent l’octroi de crédit à Madagascar.
Cependant, dans l’activité d’octroi de crédit, il existe une autre garantie plus importante
que les garanties classiques : c’est la capacité de remboursement des emprunteurs. Toutes
sortes d’octroi de crédit à court ou moyen et long terme doivent être basées, à priori, par le
critère de la capacité de remboursement. Lorsque un montant d’un crédit, offert à un
membre, dépasse largement sa capacité de remboursement, c'est-à-dire que lorsque le
montant du principal et intérêt de chaque échéance est supérieur à l’ensemble des flux de
ce même période, le sociétaire risque de ne pas s’acquitter de la totalité de ses dettes, donc
le taux d’impayés au sein de l’institution risquera d’augmenter. A l’opposé, lorsque le
montant de crédit est largement inférieur au montant d’investissement normalement
nécessaire, l’activité financée sera male exploitée. Ainsi, le montant de crédit est donc
analysé individuellement, et doit être calculé proportionnellement au besoin financier du
projet ou de l’activité financée tout en sachant la valeur probable des flux de liquidité
générés par l’investissement et/ou d’autres revenus produits par d’autres activités. Il en est
de même, pour le montant de chaque échéance et l’échelon de deux échéances successives
67
Elle constitue une alternative à la garantie matérielle Il est difficile de trouver d’un ou des partenaires dignes
Donc, le système peut pénétrer les couches défavorisées de la de confiance.
population L’échec d’un membre du groupe pénalise les activités
Garantie morale par La responsabilité de chacun est engagée sur l’échec ou la des autres membres du groupe
la caution solidaire réussite des activités de tous les membres. Dans certains cas, la responsabilité solidaire n’a pas
joué, ou plutôt si elle a joué, au lieu de jouer dans le
remboursement, elle aurait joué dans le non
remboursement71
Elle constitue une garantie plus importante que les autres Il est très difficile pour un agent de crédit non spécialisé
La capacité de garanties de calculer l’espérance des flux de trésorerie d’une
remboursement activité paysanne.
71
Desroche (1969), p. 57
69
Selon Desroche, la vitalité d’une société coopérative tient à bonne qualité des
communications qui s’établissent entre ces quatre groupes d’acteurs (appelés aussi quatre
pôles) soit entre les sociétaires et les administrateurs, soit entre les administrateurs et les
managers, soit entre les managers et les employés soit entre tout autre circuit puis que les
70
circuits sont nombreux qui peuvent unir l’un ou l’autre de ces pôles72. Les trois derniers
pôles que forment en général les ressources humaines sont un des éléments déterminant de
la performance d’une entreprise.
Par exemple, dès la phase de sa création, le Réseau CECAM a développé les activités
agricoles par le biais de la distribution des crédits aux ménages ruraux. Cette orientation
est bien sûr liée à la formation du réseau et à la vocation de ses fondateurs. Toutefois, cette
vision stratégique a été évoluée au cours du temps en fonction de l’évolution interne et du
contexte du Réseau. Alors, avec sa croissance et la multiplicité de ses membres actuels
(agriculteurs, commerçants, fonctionnaires, petites entreprises), la question du maintien de
sa vocation initiale est déstabilisée. Dès que le réseau a commencé de financer des activités
non agricoles plus rentables, les rapports entre les groupes sociaux qui participent à la
72
Desroche (1969), p 33
73
Gianfaldoni (mars 2008), pp 1-20
74
Denis MALHERBE, l’éthique dans le management des entreprises mutualistes : questions de gouvernance
et de légitimité.
71
gestion et à l’orientation du Réseau ont été modifiés. Le plan stratégique du Réseau doit
intégrer à la fois le poids donné au rural face à l’urbain, la part de portefeuille de crédit
attribuée aux activités agricoles par rapport à celle des activités non agricoles. Ces visions
stratégiques entrainent une cohabitation difficile entre les membres agriculteurs à l’origine
du Réseau et les nouveaux membres non agriculteurs.
Dans une institution coopérative, la multiplicité des groupes sociaux de sociétaire peut
entrainer une vision différente des objectifs suivant leurs priorités. Ainsi, des agriculteurs
membres peuvent être fortement impliqués dans la mission initiale de l’institution. Par
contre, les autres associés non agricoles, les dirigeants salariés risquent d’être rapidement
aspirés par la recherche de la rentabilité financière, en détournant la vision stratégique de
l’institution aux seules activités commerciales. Selon, Lapenu et Dorothée (2005),
« l’entrée des clients fonctionnaires au niveau des ensemblées générales et des comités de
gestion des coopératives rurales comporte un risque potentiel d’utilisation de leur capacité
intellectuelle pour prendre de plus en plus de pouvoir. S’ils s’allient avec les techniciens,
ils peuvent progressivement faire fonctionner les caisses au détriment des populations
rurales et des villages. Mais ils peuvent aussi utiliser cette capacité pour arriver à un
meilleur équilibre entre les élus et les techniciens ». Dans le premier cas, les
administrateurs élus issu des groupes non agriculteurs se coalisent avec leurs managers
pour contrôler le fonctionnement de la coopérative au profit de leurs propres intérêts
(augmentation des pourcentages de crédit pour vocation commerciale, amélioration des
conditions de vie des travailleurs, …). Dans ce cas, la décision risquerait d’être se
concentrée de plus en plus vers le milieu urbain où la majorité des membres sont mieux
formés. Certains dirigeants soucieux de la probabilité défaillance de l’institution peuvent
avoir l’intention d’influencer les administrateurs élus d’investir dans des crédits
commerciaux rentables en oubliant la mission principale de leur institution. Dans le
deuxième cas, tous les administrateurs se coalisent entre eux pour maitriser la croissance
de son institution. Il est bien clair que les désaccords entre tous ces acteurs déclenchent une
crise de vitalité dans l’ensemble coopératif.
Ainsi, la vision stratégique de l’institution peut être évoluée dans le temps, mais ce
changement stratégique doit être décidé par les acteurs. Un réseau coopérative, travaillant
dans des zones géographiques différentes et avec des catégories de clients différentes
(aisés, moyens, pauvres, agriculteurs, commerçants, …), doit préserver la diversité des
intérêts à travers une représentation multiple au sein de son conseil d’administration.
72
L’équilibre des fonctions entre les acteurs, notamment en termes de décision stratégique,
sera important pour maintenir la mission initiale et pour maitriser la croissance de
l’institution.
Sur l’exemple précédent, le réseau CECAM, pour maintenir sa vocation agricole, prévoit
dans son statut une création de catégorie de sociétaire et de collèges garantissant une
majorité aux agriculteurs dans les instances du comité de gestion et du conseil
d’administration. Ainsi, les membres sont repartis en trois collèges : premièrement, un
collège des agriculteurs qui a la majorité des sièges dans les instances de la direction ;
deuxièmement, un collège pour les autres professionnelles ; et troisièmement, un autre
collège pour les personnes morales (PME, coopératives, etc.)
Par exemple, au niveau du Réseau CECAM, la décision d’octroi ou non d’un crédit à un
membre est une responsabilité du conseil d’administration (CA) de chaque Unité Régional
des CECAM (URCECAM), or celui peut déléguer ce pouvoir au Comité locale (KMP) en
dessous d’un certain montant. Tandis que, lorsque le montant sollicité dépasse la capacité
Régional, la décision appartient au Conseil d’Administration de l’UNICECAM. Ainsi, le
Conseil d’Administration Régional constitue à son sein un comité régional chargé d’octroi
de prêt, appelé Comité d’Octroi de prêt Régional (COP Régional). Il en est de même au
niveau local, une Commission locale d’octroi de prêt (COP locale) qui peut être constituée
73
par le KMP. Cependant, chaque décision de prêt doit assister par un ou des techniciens
salariés, généralement le Directeur, le Responsable de Zone, le Responsable de crédit, ou
par d’autres salariés désignés par le Directeur. Ces techniciens doivent analyser
préalablement tous les dossiers de demande de crédit et formulent tous les enjeux, les
avantages et les inconvenants de chaque dossier (Pré – COP). Il est à noter que chaque
dossier est monté par un conseiller salarié de l’URCECAM en respectant le grille
d’analyse, les critères d’octroi de crédit comme : analyse du besoin réel, étude de sa
capacité de remboursement, essor du projet, libération d’une part sociale, analyse de crédit
antérieur (à jour ou en retard), moralité du membre, ses expériences acquises, garantie
exigée, modalité de remboursement, etc.
Ainsi, le respect de procédures en matière d’octroi de prêt est une responsabilité partagée
entre les élus et les techniciens de chaque CECAM, URCECAM, UNICECAM, sous le
contrôle des élus du comité de contrôle, assisté de l’inspecteur.
Pour terminer, la bonne gouvernance est révolue l’un des principaux enjeux du
management stratégique d’une institution de microfinance coopérative. L’idée d’associer
les membres à la définition des services financiers afin de les adapter au mieux aux
caractéristiques et aux besoins réels du membre est un facteur clef du développement. Une
bonne complémentarité et une convergence de point de vue entre les dirigeants salariés et
les élus sont propices aux échanges d’informations et permettent donc d’adapter au mieux
les produits. Par ailleurs, la mise en œuvre de ces innovations en produits doit être
s’appuyée par des techniciens salariés (agents de crédit) bien formés techniquement et
ayant une connaissance fine du terrain. La réussite des Caisses d’Epargne et de Crédit
Agricole Mutuels (CECAM) illustre bien l’intérêt de cette coordination. Par conséquent,
une organisation coopérative, appliquant un mode de gouvernance partenariale avec un
bon équilibre et une bonne répartition des fonctions entre les élus et les techniciens, et
recherchant toujours l’amélioration des conditions de vie des tous les acteurs plutôt que de
profit personnel, crée de la valeur.
74
Chapitre 2 : Recommandations
La durée du crédit est l’une des variables les plus importantes en microfinance. Elle
désigne la période au terme de laquelle le crédit doit avoir été entièrement remboursé. Plus
la durée du crédit tient compte les besoins du sociétariat, plus il sera facile pour lui
d’acquitter facilement le crédit, et plus une COOPEC aura les chances de réduire le taux
d’impayé. C’est pourquoi, il convient, pour les agents de crédit, de concevoir la durée de
remboursement du crédit proportionnellement au cycle d’exploitation de l’activité de leurs
sociétaires.
En d’autre terme, à un cycle d’exploitation de 4 mois par exemple. Si la durée de crédit est
parfaitement adaptée à cette durée d’exploitation et le revenu issu de cette activité est
supérieur au montant de la dette envers l’institution, il est plus facile pour les membres
d’acquitter leur obligation. Par contre, à une durée de crédit de 2 mois par exemple, les
membres ne parviennent pas suffisamment à générer de revenus au moment pour
rembourser leur dette dans la mesure où ils n’ont pas d’épargne ou d’autres revenus
disponibles. Ou, à un octroi de crédit de durée de 6 mois ou plus par exemple, les intérêts
sur l’emprunt deviennent lourds pour les membres qui varient en fonction de la dureté de
crédit. Ainsi, il faut que les responsables d’une institution sachent que des crédits trop
courts ou trop longs au cycle d’exploitation des activités de leurs membres peuvent
entrainer des effets défavorables sur le développement de crédit aux agriculteurs.
En l’absence de propriété individuelle des biens et de la terre, les familles pauvres n’ont
guère la possibilité d’offrir des garanties bancaires. Ce qui fait d’eux une tranche de
clientèle peu intéressante pour le marché des institutions financières rurales. En effet,
76
l’accès au crédit formel est virtuellement inexistant pour la population, dont plus de 50%
sont des pauvres.
Etant donné les deux objectifs quasiment opposés en microfinance, c'est-à-dire, d’une part
la réduction de la pauvreté en réintégrant les pauvres parmi les bénéficiaires potentiels des
services financiers formels, et d’autre part une institution doit être, à long terme,
financièrement viable. La COOPEC doit jouer un rôle clé en adoptant des modèles
flexibles, adaptés aux différentes tranches de population. Il apparait ici qu’on peut donc
avoir au minimum deux catégories de clientèle : premièrement, celles qui ne remplissent
pas les critères de base de bancarisation (garantie, autofinancement, viabilité du projet,
etc.) et celles qui ont de capacité nécessaire pour être client individuel d’une institution.
75
H. Desroche (1969), « Intercoopération et développement »
76
Koffi Sodokin (2007), « approches institutionnalistes des inégalités en économie sociales »
77
D’après le cours avancé sur la microfinance, enseigné par Monsieur Cousin Germain Ravonjiarison au
DESS Entreprise Coopérative Association, mars 2010.
77
raison, l’’expérience en Chine consistait à accorder des prêts d’un montant très faible, à
taux d’intérêt non bonifiés, sans garantie et remboursables à des échéances très rapprochés.
Ainsi, l’organisation des pauvres en groupes s’est révélée très efficace pour le
développement des crédits aux agriculteurs. Le regroupement des pauvres dans un groupe
d’entraide constitue même une phase de pré-coopérative, car grâce à la constitution
d’épargnes successives, les membres disposaient d’un fonds commun important pour la
constitution du capital initial de leur propre organisation.
Dans une économie de subsistance, l’offre de crédit a une difficulté majeure. Les
agriculteurs sont souvent dans l’incapacité de faire face au remboursement de leur dette à
l’échéance. En effet, beaucoup des institutions de microfinance rurales ont constaté, à la fin
d’un exercice, des crédits classés en retard ou des clients abandonnés assez élevés. En
outre, les catastrophes naturelles (comme le grêle ou bien l’insuffisance de pluie durant la
saison peuvent arriver du jour ou lendemain) entrainent une mauvaise récolte du paysan.
Ou, encore certains membres pourraient subitement subir des maladies par lesquelles ils ne
peuvent plus continuer son travail. Peut être aussi que d’autres membres ont de mauvaise
fois par laquelle ils refusent de rembourser leurs dettes, ou bien ils disparaissent tout
simplement. Tous ces blocages de développement de crédit agricole menacent le
fonctionnement normal une institution par l’existence d’un taux d’impayés très élevés.
Ainsi, la gestion des impayés devient de plus en plus difficile au sein d’une institution.
Pour minimiser le portefeuille à risque, il est donc possible de restructurer ou de refinancer
le crédit. Le rééchelonnement ou le refinancement permet alors aux membres, dans le
temps, de recommencer à verser ses remboursements. L’objectif est ainsi de faire acquitter
la totalité de crédit restant au membre défaillant. Mais, ce mécanisme de gestion des
impayés n’est pas utilisable qu’en dernière recours et que le membre défaillant a toujours
l’intention de poursuivre le remboursement de ses dettes jusqu’à ce que le total du crédit
soit libéré. Par contre, il est donc indispensable de mettre l’institution en garde contre les
pratiques généralisées de rééchelonnement et de refinancement des crédits sauf si
seulement le membre subit de cas des forces majeurs, et il a toujours la bonne fois. Selon
Joanna, « … lorsqu’une IMF rééchelonne des crédits, cela signifie que les entrées de
trésorerie correspondant aux remboursements attendus n’ont pas lieu comme prévu. Si
78
plusieurs crédits sont rééchelonnés, l’institution peut donc se retrouver face à des
problèmes de liquidité pouvant conduire à la diminution, voire à l’arrêt des octrois de
crédit, ce qui à son tour peut se traduire par des problèmes d’impayés78.
La réussite d’une IMF repose en grande partie sur une équipe des dirigeants (élus ou
salariés) et personnel compétent et très motivés, intéressés au résultat de leur portefeuille
de crédit. Compétents lorsque la majorité du personnel disposent d’un diplôme d’études
supérieur, auquel s’ajoute une expérience sur le terrain. Très motivés lorsque le contrat de
travail est si intéressent, et surtout lorsqu’il existe un bon rapport entre ces acteurs au sein
de l’institution.
Tout d’abord, le recrutement et la formation des ressources humaines sont des enjeux
cruciaux pour les institutions qui s’implantent en milieu rural. La rareté du personnel
qualifié entraine souvent des coûts importants en recrutement et en formation, puis qu’il est
difficile de trouver du personnel compétent en zone rurale. Par ailleurs, les élus, qui
prennent souvent les décisions, sont des paysans non qualifiés en finance et en gestion de
microfinance. Pour répondre à ces problèmes, les institutions de microfinance rurales
notamment les COOPEC doivent développer la formation de leurs techniciens et de leurs
élus. Cette politique emporte non seulement la maitrise des coûts, mais aussi elle entraine
une amélioration de la productivité et efficacité du personnel. Elle permet également pour
le personnel de remplir correctement leurs fonctions. La formation des élus à leurs
fonctions de définition, de surveillance, et des politiques de développement aux différents
niveaux est importante pour bien maitriser tous les aspects de leurs fonctions et d’éliminer
les possibilités d’interférences.
78
L. Joanna (juillet 1999
79
crédit doivent travailler conjointement pour diminuer les risques d’octroi de prêt. La claire
répartition des fonctions entre les techniciens et les élus fait baisser sensiblement le
favoritisme, les crédits fictifs, etc.
Sans tenir compte du modèle de crédit au groupe, dont la caution solidaire est un alternatif
à la garantie matérielle. Dans la plupart des cas, le rôle que doit jouer la garantie
immobilière est jugée indispensable pour assurer le remboursement des prêts dans les
conditions voulues. Elle est considérée aussi comme une alternative pour éviter
l’augmentation des taux d’intérêts pour une activité trop risquée. Ainsi, il est évident que
tous ceux qui ne sont pas propriétaire aux yeux de la loi ne peuvent prétendre à un prêt. Or,
pour la majorité des paysans malagasy, l’immatriculation est très compliquée, longue et
très couteuse. Ce pourquoi, il est très important que l’Etat à travers les services du domaine
et du tribunal doit faciliter l’accès des paysans au droit de propriété. L’insuffisance ou
l’absence des titres de propriété, de la protection accordée par les tribunaux aux droits de
propriété, peuvent être non seulement un obstacle du développement de crédit aux
agriculteurs, mais elles peuvent également entraver le développement de l’agriculture en
général.
Cette deuxième partie nous permet de connaitre les enjeux des composantes de trois
problématiques que nous avons introduits au début de ce travail. De l’analyse de ces
différentes composantes, nous avons présenté leurs portées et leurs limites dans un tableau
pour chaque problématique étudiée. Puis, à lumière de cette étude, nous avons proposé
quelques recommandations qu’il faudrait poursuivre dans l’optique de la durabilité des
interventions en vue d’un meilleur impact sur la pauvreté.
81
Conclusion générale
La microfinance fournit des services financiers à des personnes non satisfaites par le
secteur financier classique, soit parce qu’elles habitent à des kilomètres du premier guichet
bancaire, soit parce que leurs besoins de crédit et sa capacité d’épargne sont trop faibles
pour intéresser les banques commerciales. Or, l’accès aux services financiers est un
élément fondamental pour réduire la vulnérabilité de ces populations aux aléas de la vie et
pour les appuyer dans le développement de petites entreprises, sources de dynamisme
économique, de création d’emplois et d’augmentation de revenus. Ainsi, la microfinance
s’est imposée dans le champ des politiques internationales de développement comme un
outil qui peut contribuer de façon décisive à la réduction de la pauvreté. Ce service a été
développé dans les pays en voie de développement, soit par l’intermédiaire de coopérative,
soit par l’intermédiaire des établissements de crédit spécialisés dans le secteur. Depuis
quelques années, la professionnalisation et la pérennité financière sont au cœur de leur
avenir, après l’échec de l’approche « poverty lending approach » où les services financiers
aux pauvres doivent être subventionnés.
En nous basant sur ce présent travail, nous avons tenté de déterminer les différents facteurs
clés de réussite d’une entreprise coopérative en microfinance. L’analyse a relevé que la
COOPEC en tant qu’organisation sociale protecteur des intérêts de la société doive être
socialement viable, en tant qu’entreprise elle doive être financièrement viable à long terme.
En ce qui concerne la viabilité financière, une COOPEC est une véritable entreprise
financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et dégager une marge sans appui extérieur
pour être viable à long terme. Faire de bénéfice est la garantie principale de la croissance,
mais il n’est pas suffisant à lui seul d’assurer la pérennité, car les clients des institutions de
microfinance ont besoin des services financiers pour, entre autre, sécuriser leurs
disponibilités et mener principalement des activités économiques. Alors, un taux d’intérêt
débiteur très élevé pour faire plus de profit peut évidemment compromettre l’essor d’un
projet. L’idéal est de trouver le juste équilibre entre ce que le client est en mesure de payer
et ce dont la COOPEC a besoin pour couvrir ses charges. Ainsi, pour profiter autant que
possible les potentialités du développement d’une COOPEC, elle doit planifier sa
croissance, en vue d’étendre la portée de son activité et atteindre ou maintenir un niveau de
rentabilité. Parmi les facteurs favorisant le développement d’une COOPEC, nous tenons à
préciser les deux facteurs suivants: la diversification et la mobilisation d’épargne.
82
Si l’on veut développer également dans des proportions notables la microfinance rurale, il
faudra exploiter aussi efficacement que possible les sources de financement qui peuvent
être à la disponibilité d’une coopérative d’épargne et de crédit. A cela, la mobilisation des
épargnes rurales devrait être priorisée par les institutions, car l’épargne constitue une
source très appréciable. Les institutions de microfinance n’ont plus seulement pour but
d’être des organismes dispensateurs d’argents, elles doivent contribuer à faire naitre et à
développer l’esprit d’épargne.
Il appartiendra donc aux dirigeants des IMF et de tous les acteurs concernés de saisir les
nombreuses opportunités qui s’offriront à eux pour une meilleure intégration du secteur
coopératif dans le système financier national et pour une pénétration plus rapide de la
microfinance dans les différentes régions, communes, …malagasy. Toutefois, si l’ambition
de la microfinance est de transformer les millions de personnes en situation de pauvreté à
des millions des personnes titulaires d’une activité productive, l’Etat devra, à priori, créer
toutes conditions favorables en matière d’investissement et résoudra les problèmes
d’instabilité politico-économique chronique du pays.
Toutefois, les limites de cette étude tiennent à ce qu’elle est uniquement tirée à partir des
expériences du Réseau CECAM. L’étude ignore donc de celles des autres institutions
financières mutualistes actives dans les autres régions. Aussi, certains facteurs clés comme
l’analyse des ressources financières ont besoin d’une analyse quantitative pour mieux
apprécier la situation réelle de cette institution. Mais, en raison de leur caractère
stratégique, nos données financières ne sont que des données globales publiées par la
Banque Centrale.
I
Bibliographie
Ouvrage
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III
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Site web
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www.cgap.org,
www.cgap.org/html/p_technical_guides04.html,
www.banque-centrale.mg
www.madamicrofinance.mg
www.planetfinance.org
www.cerise-microfinance.org
IV
Annexes
Adhésion volontaire et Les coopératives sont des organisations fondées sur le volontariat et
ouverte à tous ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs services et
déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce,
sans discrimination fondée sur le sexe, l’origine raciale, la race,
l’allégeance politique ou la religion.
Pouvoir démocratique exercé Les coopératives sont des institutions démocratiques dirigées par leurs
par les membres membres qui participent à l’établissement des politiques et à la prise de
décision.
Les hommes et les femmes élus comme représentants des membres
sont responsables devant eux. Dans les coopératives de premier niveau,
les membres ont des droits de vote égaux en vertu de la règle « un
membre une voix » ; les coopératives d’autres niveaux sont aussi
organisées de manière démocratique.
Participation économique des Les membres contribuent de manière équitable au capital de leur
membres coopérative et en ont le contrôle. Ils bénéficient d’une rémunération
limitée du capital souscrit et allouent les excédents en tout ou en partie
au développement de la coopérative, à la dotation d’une réserve dont
une partie est impartageable, à l’attribution des ristournes aux membres
au prorata de leur transaction avec la coopérative.
Autonomie et indépendance Les coopératives sont des organisations autonomes d’entraide, gérées
par leurs membres. La conclusion d’accords avec d’autres
organisations, y compris des gouvernements, ou la recherche de fonds à
partir de sources extérieures, doit se faire dans des conditions qui
préservent le pouvoir démocratique des membres et maintiennent
l’indépendance de leur coopérative.
Eduction, formation et Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus,
information leurs gestionnaires et leurs employés l’éducation et la formation requise
pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur
coopérative. Elles informent le grand public, en particulier les jeunes et
les leaders d’opinion sur la nature et les avantages de la coopération
Coopération entre les Pour apporter un meilleur service à leurs membres et renforcer le
coopératives mouvement coopératif, les coopératives œuvrent ensemble au sein de
structures locales, nationales et internationales.
79
CONR : crédits octroyés non remboursés
80
Conformément aux dispositions contenues dans l’article 8 de la loi N° 2005-016, une IMF mutualiste de base est : « une IMF dotée e la personnalité juridique et
réalisant des opérations de microfinance »
81
Conformément aux dispositions contenues dans l’article 8 de la loi N° 2005-016, une Union est « une IMF mutualiste regroupant les IMF mutualistes de base »
82
C’est une IMF mutualiste regroupant les Unions.
VI
Attribution d’une licence par Attribution d’un agrément Attribution d’un agrément
la CSBF sur dossier et par la CSBF sur dossier et par la CSBF sur dossier et
Reconnaissance CSBF inscription au registre du inscription au registre du inscription au registre du
commerce et des sociétés commerce et des sociétés commerce et des sociétés
comme IMF de niveau 1 comme IMF de niveau 2 comme IMF de niveau 3
Surveillance de la CSBF (ou Supervision de la CSBF sur Supervision de la CSBF sur
organisme agréé) sur la base des normes la base des normes
Contrôle externe l’existence d’un système comptables d’audit et comptables d’audit et
interne de gestion, d’une prudentielles prudentielles
comptabilité et d’un crédit
adapté aux activités
Remerciements ------------------------------------------------------------------------------------------------i
Résumé ---------------------------------------------------------------------------------------------------- ii
Sommaire --------------------------------------------------------------------------------------------------- iii
Liste des tableaux ------------------------------------------------------------------------------------------- iv
Liste des abréviations --------------------------------------------------------------------------------------- v
Introduction générale--------------------------------------------------------------------------------------- 1
PARTIE I : EMERGENCE ET EVOLUTION DU FINANCEMENT AGRICOLE PAR
L’INTERMEDIAIRE DU MOUVEMENT MUTUALISTE-------------------------------------------------- 5
2.2. Le recours à l’endettement cyclique auprès des prêteurs privés ruine le développement
de l’économie du ménage rural ---------------------------------------------------------------------------------------- 57
2.3. Le crédit institutionnel adapté au besoin réel des membres constitue un facteur clef du
développement des ménages ruraux et de la COOPEC ---------------------------------------------------------- 58
2.3.1. Les services de la microfinance doivent permettre d’éviter l’endettement chronique
des paysans auprès des prêteurs usuriers : les raisons de crédit à la consommation --------------- 59
2.3.2. Les services de la microfinance doivent permettre aux membres de générer des
revenus suffisants pour améliorer leurs conditions de vie à long terme-------------------------------- 61
2.3.3. Le problème d’offre des garanties matérielles et la faiblesse de la faculté de
remboursement -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 65
2.3.3.1 La garantie matérielle (évaluée de 50 à 150% du montant de prêt) -------------------- 65
2.3.3.2 la capacité de remboursement -------------------------------------------------------------------- 66
Section 3 : Politique de crédit et gouvernance coopérative--------------------------------------------------- 69
3.1. Gouvernance et vision stratégique ----------------------------------------------------------------------- 70
3.2. Gouvernance et décisions d’octroi de crédit ---------------------------------------------------------- 72