Fibrose Pulmonaire Idiopathique
Fibrose Pulmonaire Idiopathique
Fibrose Pulmonaire Idiopathique
COMMUNICATION
Jean-François CORDIER *
L’auteur déclare avoir perçu des honoraires d’Intermune et Boehringer pour partici-
pation comme orateur à des symposiums et réunions scientifiques nationaux et inter-
nationaux.
RÉSUMÉ
La fibrose pulmonaire idiopathique débute après 60 ans, avec une prédominance masculine,
par une dyspnée d’effort progressive. La médiane de survie des patients est de l’ordre de 3 ans
après le diagnostic. Apparue au milieu du siècle dernier, la maladie est liée au tabagisme.
Des mutations des gènes des protéines du surfactant et du complexe télomérase peuvent,
rarement, en être la cause. Des critères diagnostiques internationaux fondés sur l’histopa-
thologie et la tomodensitométrie permettent d’établir un diagnostic certain, probable, ou
possible. Des traitements récents (pirfénidone, nintedanib) ont fait la preuve d’un bénéfice.
Ces progrès thérapeutiques rendent nécessaire un diagnostic plus précoce de la maladie,
fondé notamment sur la présence de râles crépitants de type Velcro à l’auscultation, ou
d’opacités interstitielles en tomodensitométrie lors du dépistage du cancer bronchique.
SUMMARY
Idiopathic pulmonary fibrosis usually develops after 60 years of age, especially in men,
leading to progressive exercise dyspnea. Median survival is about 3 years after diagnosis.
* Centre de référence des maladies pulmonaires rares, Service de Pneumologie, Hospices Civils de
Lyon, Hôpital Louis Pradel, Université Lyon 1, UMR754, 69677 Lyon (Bron), Cedex ;
email : [email protected]
Tirés à part : Professeur Jean-François Cordier, même adresse
Article reçu le 20 juin 2014, accepté le 20 octobre 2014
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This disease emerged in the middle of the last century and is linked to smoking. Mutations
of genes encoding surfactant proteins and the telomerase complex may occasionally be
present. International diagnostic criteria based on histopathology and computed tomo-
graphy (CT) define the diagnosis as definite, probable or possible. Recent treatments
(pirfenidone and nintedanib) have proven beneficial. Therapeutic advances warrant earlier
diagnosis, based on Velcro crackles on pulmonary auscultation or interstitial opacities on
CT screening for lung cancer.
INTRODUCTION
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Fibrogenèse
La physiopathologie complexe [7] de la fibrogenèse ne sera pas développée ici en
détails. En bref, le stade initial de la maladie se caractérise par des micro-agressions
répétitives (fumée de cigarettes, virus) sur les pneumocytes de type I et II de
l’épithélium alvéolaire. Des anomalies génétiques ou épigénétiques, un raccourcis-
sement anormal des télomères favorisé par le vieillissement, une altération de la
capacité de régénération cellulaire peuvent contribuer à cette phase initiale de
la maladie [27,7].
Après l’apoptose des cellules épithéliales alvéolaires, une augmentation de la per-
méabilité vasculaire pour le fibrinogène et la fibronectine entraîne la formation, par
des myofibroblastes, d’une matrice conjonctive extra-cellulaire provisoire. Alors
que, dans le processus normal de réparation des plaies, les myofibroblastes s’élimi-
nent par apoptose avec un retour du tissu à la normale [28], dans la FPI, sous
l’action de facteurs de croissance et de chimiokines, les fibroblastes pulmonaires (et
ceux issus de la moelle osseuse) migrent vers les sites de micro-agression, se diffé-
renciant en myofibroblastes. Ces derniers, regroupés et produisant localement des
dépôts de collagène, constituent les « foyers fibroblastiques » caractéristiques de
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la FPI [28, 7]. Les espaces de parenchyme pulmonaire sain disparaissent progressi-
vement, au profit d’une fibrose collagène extensive et mutilante.
Manifestations cliniques
La dyspnée d’effort, progressivement croissante, et une toux, non productive, sont
les symptômes principaux de la maladie.
L’auscultation révèle des râles crépitants fins caractéristiques, prédominant aux
bases pulmonaires [29], appelés râles Velcro car ils reproduisent le bruit caractéris-
tique de bandes Velcro que l’on disjoint (par exemple sur le brassard à tension ou les
chaussures de sport). Ces râles Velcro sont présents aussi au cours des autres
pneumopathies interstitielles (notamment celles associées à la sclérodermie et à la
polyarthrite rhumatoïde, ou l’asbestose).
Un hippocratisme digital est présent dans 40 à 75 % des cas [30].
Critères diagnostiques
Des recommandations internationales récentes [31] ont défini des critères diagnos-
tiques de la FPI, qui sont fondés sur les caractéristiques cliniques, histopatho-
logiques, et tomodensitométriques de la maladie. Le diagnostic bénéficie d’une
concertation pluridisciplinaire réunissant cliniciens, anatomo-pathologistes, et
radiologues. Ces recommandations internationales ont été traduites et adaptées par
un groupe d’experts français [32]. La plupart des pneumologues français n’exerçant
pas dans le Centre de référence national ou un Centre de compétences régional
adressent leurs patients pour avis spécialisé dans ces centres, ou dans un centre
universitaire [33].
Seule la biopsie par vidéochirurgie permet de disposer d’un matériel suffisant pour
le diagnostic histopathologique. Elle comporte toutefois un risque excessif chez les
patients âgés, au stade d’insuffisance respiratoire, ou ayant des co-morbidités graves.
Des techniques de cryobiopsie par voie endoscopique sont en cours d’évaluation.
Les lésions anatomopathologiques de la FPI prédominent aux bases pulmonaires,
réalisant, à un stade déjà avancé, un aspect caractéristique dit en « rayon de miel ».
Caractéristiques également, les lésions histopathologiques de la FPI définissent le
tableau de PIC qui comporte : une fibrose avec distorsion architecturale du paren-
chyme, avec ou sans rayon de miel, de distribution sous-pleurale et paraseptale
prédominante ; une fibrose disséminée (laissant des espaces de parenchyme sain) ; la
présence de foyers fibroblastiques ; et l’absence de signes (comme la présence de
granulomes) suggérant un autre diagnostic. Ce tableau histopathologique de PIC
n’est toutefois pas spécifique de la FPI : il peut en effet s’observer aussi au cours
de connectivites (et en particulier de la polyarthrite rhumatoïde, plus rarement de
la sclérodermie), et de pneumopathies d’hypersensibilité chroniques [34].
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Les études ci-dessous, qui ont montré un bénéfice du traitement de la FPI avec la
pirfénidone et le nintedanib [35], ont été réalisées chez des patients atteints d’une
forme légère ou modérée de la maladie, a priori plus accessible au traitement.
Malheureusement, une proportion importante de patients ont déjà, lors du diagnos-
tic, une fonction respiratoire plus détériorée que celle retenue pour l’indication d’un
traitement de pirfénidone. Le diagnostic précoce de la FPI devient donc une
nécessité pour que le patient puisse bénéficier du traitement.
Les deux seuls moyens, actuels et réalistes, d’un diagnostic plus précoce de la FPI
sont le dépistage par l’auscultation pulmonaire (qui révèle les râles crépitants fins de
type Velcro) [36], et le dépistage tomodensitométrique accessoire au cours du
dépistage du cancer bronchique [37].
La terminologie de râles Velcro, caractéristiques de la FPI [38] s’applique, à des râles
crépitants fins, inspiratoires, de durée brève (5 ms), de fréquence élevée (650 Hz),
diffus, prédominant aux bases pulmonaires [29]. Les râles Velcro sont un signe
précoce de pneumopathie interstitielle, comme cela a été montré au cours de
l’asbestose [39] et de la polyarthrite rhumatoïde [40]. L’auscultation pulmonaire
systématique, par le médecin praticien, des bases pulmonaires chez le sujet de plus
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L’emphysème pulmonaire, lié lui aussi au tabagisme, peut s’associer à la FPI. Cette
association a fait l’objet, au cours des dernières années, d’études qui ont permis
d’individualiser le syndrome d’emphysème et fibrose pulmonaire combinés prédo-
minant respectivement dans les sommets et les bases [42, 43].
Pratiquement tous les patients sont fumeurs, et en grande majorité de sexe masculin.
Le symptôme majeur est la dyspnée d’effort, avec des râles crépitants à l’ausculta-
tion. Du fait des conséquences opposées de l’emphysème (qui entraîne une disten-
sion du parenchyme) et de la fibrose (qui entraîne une restriction du parenchyme), la
spirométrie (capacité vitale, rapport de Tiffeneau) est peu altérée, contrastant avec
un abaissement majeur du transfert du CO et de la saturation en oxygène à l’effort.
Une hypertension pulmonaire, présente chez la moitié des patients, représente un
facteur pronostique péjoratif [44].
Le syndrome d’emphysème et fibrose pulmonaire combinés peut survenir isolément,
ou au cours de connectivites, principalement de la polyarthrite rhumatoïde, et de la
sclérodermie systémique [45].
Un cancer bronchique peut se développer au cours du syndrome. Les investigations à
visée diagnostique du cancer sont alors plus difficiles du fait de l’altération fonction-
nelle respiratoire rapidement sévère. Le type histopathologique épidermoïde est le
plus fréquent (alors que, dans la population générale, c’est l’adénocarcinome) [46].
TRAITEMENT
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CONCLUSION
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DISCUSSION
M. Jacques ROCHEMAURE
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M. Jacques ROUËSSÉ
M. Jacques-Louis BINET
M. Yves GROSGOGEAT
M. François-Bernard MICHEL
Ne pensez-vous pas que les deux facteurs étiologiques invoqués (tabagisme, reflux gastro-
œsophagien) sont insuffisants pour générer ces pathologies ? Intervention de phénomènes
d’auto-immunité ?
Le tabagisme et le reflux gastro-oesophagien sont des facteurs étiologiques qui ont été
longtemps négligés, mais dont la responsabilité dans le développement de la fibrose
pulmonaire idiopathique est actuellement reconnue.
L’absence de phénomènes d’auto-immunité dans la fibrose pulmonaire idiopathique la
distingue des pneumopathies interstitielles associées aux connectivites (en particulier la
sclérodermie systémique et la polyarthrite rhumatoïde) établies ou frustes.
M. Daniel COUTURIER
Vous avez insisté sur le rôle du reflux gastro-œsophagien dans la fibrose pulmonaire. Quels
moyens objectifs utilisez-vous pour en faire le diagnostic, quelles mesures thérapeutiques
êtes-vous amené à prendre en cas de diagnostic positif ?
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M. Yves LOGEAIS
Les nouveaux médicaments en pathologies pulmonaires graves sont souvent très onéreux
(allusion à l’hypertension pulmonaire primitive). Qu’en est-il de l’esbriet ?
Le coût du traitement par Esbriet est effectivement très élevé, ce qui justifie évidemment
la nécessité d’un diagnostic avéré. En particulier, il n’est pas licite d’utiliser ce médi-
cament dans les autres formes de pneumopathie interstitielle.
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