Bernard Montaud Laisse Parler Ton Corps
Bernard Montaud Laisse Parler Ton Corps
Bernard Montaud Laisse Parler Ton Corps
LAISSE
PARLER
TON CORPS ...
Les fondements de la
psychanalyse corporelle
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Laisse parler ton corps
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Laisse parler
ton corps
Les fondements de
la psychanalyse corporelle
EYROLLES
Parcours de Bernard Montaud
V
LAISSE PARLER TON CORPS
VI
PARCOURS DE BERNARD MONTAUD
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VIII
PARCOURS DE BERNARD MONTAUD
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Sommaire
Introduction ............................................................................... .
XI
LAISSE PARLER TON CORPS
XII
SOMMAIRE
Conclusion................................................................................. 225
Bibliographie.............................................................................. 237
Table des illustrations.................................................................... 239
XIII
Introduction
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
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est bien naturel que peu à peu on établisse une certaine expertise
augmentant sans cesse l'efficacité de la technique. Et c'est précisé-
ment ce qui est arrivé !
Au fil du temps, c'est bien le corps qui a été le fil rouge de toute
cette histoire, le fil rouge de toute ma vie ! Le corps du rugby, le
corps de la kinésithérapie, le corps de l'ostéopathie, le corps des
arts martiaux, le corps du yoga avec Josette Martel, le corps de la
méditation (avec, dans toute la France, les groupes d'Assise immo-
bile de l'association Artas que je vais fonder dès 1983) et pour finir
le corps de la psychanalyse corporelle. Le corps, toujours le corps,
comme unique moyen pour explorer la nature humaine et tous ses
fonctionnements.
Quand la psychanalyse corporelle découvre l'existence de quatre
traumatismes fondateurs de notre personnalité, quand elle découvre
la nature particulière de chaque traumatisme, quand elle met en
place un revécu si puissant qu'il conduit à une profonde réconci-
liation bourreau-victime de tout notre passé, quand elle met à jour
les huit couches d'une immersion par le corps dans le subconscient,
quand elle affirme que cette connaissance du passé est indisso-
ciable d'un vrai travail sur le présent, elle se questionne elle-même
en même temps qu'elle interpelle tous les autres courants de la
psychanalyse. Voilà bien l'incroyable chemin parcouru par cette
psychanalyse corporelle que je vais essayer de vous faire découvrir
dans cet ouvrage.Voilà bien l'aventure fabuleuse que m'a fait vivre
cette psychanalyse corporelle durant toute ma vie !
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Chapitre
Ni bourreau, ni victime
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petit garçon, tout seul devant cette force bestiale, tout seul devant
le tribunal des grands !
Cela fait déjà plusieurs séances de psychanalyse corporelle que Gilles
se retrouve dans cette chambre de son passé et que, séance après
séance, il voit réapparaître un à un tous les évènements de cette
soirée. Et voilà, aujourd'hui il a presque tout revu : le repas qui
précédait, la radio qui hurlait, son envie de vomir les épinards et le
caprice qui a suivi, et puis soudain la fuite dans sa chambre, privé
de dessert, la lampe qui tombe ... un peu par vengeance, un peu par
inadvertance, un peu pour que l'on s'occupe de lui, quand même !
À force d'en parler, Gilles le voit nettement maintenant : il l'a
cassée, cette lampe, elle n'est pas tombée ! Mon Dieu, quelle misère,
il le sait très bien que cela va rendre fou furieux son père. Mais au
moins il viendra, et même si c'est pour le frapper, le frapper comme
une bête ... c'est toujours mieux que d'être ignoré! Soudain Gilles
vacille en laissant venir les mots qui parlent de sa séance. Soudain il
voit en toute clarté combien, les dents serrées, il a cassé cette lampe
d'un revers de main vengeur, à cause du dessert dont il fut privé. Il
voit un tout petit bonhomme que personne ne regarde jamais, un
tout petit bonhomme tellement perdu, tellement assoiffé d'amour
qu'au moins avec les coups, au moins avec la haine, il redevient
important aux yeux de ses parents ! Oh, mon Dieu, comme il le
voit, ce pauvre petit garçon, la tête rentrée dans les épaules, et qui
attend déjà la raclée.
Gilles pleure maintenant, et de nouveau, comme il y a quarante ans,
il se protège la tête sous les coups qui redoublent. De nouveau il
roule sur le côté, revivant complètement la scène de son enfance.
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Ni BOURREAU, NI VICTIME
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Gilles à présent s'est assis sur la moquette, et quarante ans plus tard
il voit maintenant en pleine lumière l'enfant battu, tantôt par son
père, tantôt par sa mère. Il voit combien la raclée de ce soir-là, un
peu plus forte que d'habitude, résume à elle seule toute sa petite
enfance, toute la folie de la maison et le terrible secret qui plane
tout le temps. Il voit, il comprend qu'il a toujours été l'incessant
rappel de LA faute. Il voit le «bâtard» partout dans mille détails que,
jusque-là, il n'avait jamais compris. Il voit en cascade une multitude
de souvenirs qui viennent confirmer toute une enfance persécutée
à cause d'un adultère ... seulement un adultère! Oh! que la misère
humaine est grande parfois !
Gilles parle maintenant doucement. Son visage est détendu, ses
mots sont en paix, même s'il raconte encore l'horreur. Il n'y a
plus ni bourreaux ni victime comme dans l'ancienne version qu'il
gardait de son passé. Non, brusquement, il n'y a plus que de la
bouleversante misère humaine, celle d'un papa meurtri, maladroit
à l'infini avec les choses du cœur, celle d'une maman coupable, si
coupable de s'être égarée un instant, celle encore d'un petit garçon
qui demandait seulement un peu de haine, tout simplement un peu
de haine juste pour que l'on s'occupe enfin de lui !
Depuis lors, en ayant perçu la misère qui habitait au fond de leurs
yeux, Gilles a pu renouer avec ses parents. Grâce à cette scène
revécue, à ce passé recompris, il peut maintenant innocenter aussi
bien les bourreaux que la victime, et cela change tout, croyez-nous !
Ainsi a-t-il retrouvé le traumatisme de sa petite enfance, celui que
nous appelons «le traumatisme du secret familial». Ainsi peut-il
désormais mieux comprendre les comportements traumatiques de
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Cependant il faut bien voir, dès le début, que cette forme de psycha-
nalyse se joue à deux niveaux. D'un côté il y a le corps soumis
à des lapsus physiques, c'est-à-dire à des mouvements conscients
mais involontaires que le psychanalyste stimulera pour inviter ces
mouvements à se préciser de plus en plus. Et de l'autre il y al' esprit
conscient de la personne, assistant à tous ces mouvements «sur-pre-
nants »,au point de réveiller des sentiments d'abord confus et géné-
raux, puis de plus en plus précis au fur et à mesure de la finesse des
mouvements.
Ainsi le corps va-t-il traverser différents degrés de sincérité gestuelle,
différents degrés de mime, partant des mouvements symboliques
les plus généraux pour aboutir à des mouvements très concrets
exprimant un revécu corporel racontant jusque dans les moindres
détails une scène traumatique du passé.
Parallèlement aux mouvements du corps, l'esprit spectateur ne
manquera pas, grâce à cette sincérité accrue de la chair, de voir de
plus en plus précisément le film psychique qui se déroule sous ses
yeux. Suivra alors une séance de partage verbal,juste après la séance
physique, où la personne sera conviée à formuler ce qu'elle a vu de
son histoire, dans le but de la conscientiser.
Ainsi - pourrait-on dire - la psychanalyse corporelle se vit tout
autant avec le corps acteur qu'avec l'esprit témoin ou spectateur.
Et quelle chance d'avoir par le corps ce premier témoignage, tant il
est rare que le corps mente ses intimes confidences !
Voilà donc une seconde particularité de cette forme de psychana-
lyse fondée sur le lapsus corporel : elle est capable de réveiller des
images de plus en plus précises de notre passé.
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Chapitre
L'allusion était trop facile pour ne pas la faire ... Ainsi, après le
groupe de Vienne en Autriche, fondateur autour de Freud de la
psychanalyse classique, il y eut bel et bien un groupe de Vienne ...
mais cette fois-ci en France, dans l'Isère, et fondateur de la psycha-
nalyse corporelle !
Retracer les trente-huit années d'exploration qui nous ont conduits
à la psychanalyse corporelle, c'est vous raconter les tâtonnements
d'un jeune kinésithérapeute surpris par le monde émotionnel de sa
clientèle, puis très vite rejoint par quelques amis pour fonder avec
eux une technique corporelle capable de faire revivre à chacun les
traumatismes de son passé.
Mais retracer toutes ces années d'exploration, c'est aussi vous faire
participer à nos grandes questions, vous faire sentir combien nous
fûmes des techniciens de l'image intérieure, cherchant sans cesse les
bons réglages pour obtenir une meilleure netteté sur les écrans de
télévision au-dedans.
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2. Cet historique de la Psychanalyse Corporelle a déjà été évoqué en partie dans !'ou-
vrage LA Psychologie Nucléaire - un accompagnement du Vivant, de B. Montaud et coll.,
éd. Édit' as, 2001.
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Sans le savoir, notre petit groupe de Vienne instaurait déjà les bases
de notre psychanalyse, c'est-à-dire cette relation si essentielle entre
la sincérité du corps, la précision des mouvements-lapsus et les
émotions de plus en plus claires produisant un film de plus en plus
évident sur la télévision intérieure.
Aujourd'hui, nous le savons, le psychanalyste corporel est en vérité
un technicien de l'image intérieure. En invitant le corps à des
niveaux croissants de sincérité, il produit des mouvements-lapsus
de plus en plus précis. Et plus le geste est sincère et précis, plus
l'image dans l'esprit est saisissante de vérité.
Mais à cette époque, soyons honnêtes, même si nous sentions très
confusément que le corps était capable de nous confier quelque
chose, nous étions vraiment très loin de nous douter de ses perfor-
mances incroyables !
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3. Gitta Mallasz, auteur des Dialogues avec l'ange, est une femme d'une grande sagesse,
qui a vécu chez B. Montaud et son épouse durant les cinq dernières années de sa vie.
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psychanalyse corporelle les uns sur les autres, nous avions instauré
déjà un moment de partage verbal après les séances physiques. Dans
ce moment, chacun de nous essayait de formuler le plus clairement
possible tout ce qui avait défilé sur l'écran de sa télévision inté-
rieure durant la séance : souvenirs plus ou moins lointains, bribes
de scènes du passé, émotions fortes, commentaires en tout genre.
Très vite nous fûmes devant la nécessité de faire de même en clien-
tèle, tant la verbalisation juste après la séance avait le mérite de faire
conscientiser l'expérience vécue par le corps. Mais comment n'y
avions-nous pas pensé avant ! Quelle patiente éducation de la vie,
nous conduisant peu à peu à construire un outil de plus en plus
performant !
Ainsi, sous l'effet conJomt de notre technique d'interpellation
corporelle et de la création des cercles de partage verbal après
chaque séance, notre psychanalyse fit apparaître un quatrième plan
de mouvements-lapsus, encore plus profond, encore plus chargé de
sens. Comme si à chaque couche de sincérité nouvelle du corps
correspondait un sentiment de soi de plus en plus brûlant, une
sorte de rencontre de plus en plus intime.
Après le niveau «écran noir» des premiers lapsus corporels, puis
le niveau « titre du film» des seconds lapsus et le niveau «album
photos» des troisièmes résumant le film de notre passé, apparais-
sait maintenant avec cette quatrième famille de lapsus un niveau
«courts métrages». Grâce à cette nouvelle dimension de mouve-
ments-lapsus, durant la séance défilaient sur l'écran intérieur des
bribes de scènes du passé. Mais, comme dans certains rêves où tout
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d'une situation passée. Bien sûr, le film intérieur lui aussi se précise,
au point maintenant de raconter un instant vécu le 8 Août 1970
par exemple. Plus d'un côté les mouvements-lapsus seront précis,
et plus de l'autre le film racontera un événement précis lui aussi,
résumant la douleur de toute une période de notre vie.
Et cela procède d'une étrange mémoire que nous connaissons
tous et qui n'a rien de surnaturel. En effet, si je vous demande
par exemple ce que vous avez fait l'été de vos vingt ans, il vous
faudra un effort de mémoire immense pour vous souvenir de cette
époque. Si au contraire je vous fais entendre le tube à la mode de
cet été-là, immédiatement vous allez retrouver les émois amoureux
et les circonstances précises de cette période. Eh bien, il en est de
même avec le corps dans ce cinquième niveau de lapsus évoquant
un instant concret, si concret qu'il nous replonge alors dans toute
l'ambiance de ce lointain passé.
Désormais les courts métrages étaient devenus de véritables films
policiers. Et tel un inspecteur zélé, chacun pouvait à loisir zoomer
sur tel ou tel détail de sa scène pour essayer d'en comprendre le
meurtre et tous ses mystères. Désormais aussi naissait la notion de
«scène traumatique», ce sommet de douleur d'une période de
notre existence résumant à lui seul toute une époque de notre
passé. Car la mémoire du passé nous apparaissait ainsi, se dirigeant
toujours vers ces trois instants-clefs que sont les traumatismes de la
petite enfance, de l'enfance et de l'adolescence, pour nous donner
un aperçu assez objectif de ce qui nous est arrivé. Et ce fut là un
tout nouveau but de notre psychanalyse, car maintenant il s'agissait
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4. Les différents niveaux de lapsus corporels sont décrits dans le chapitre 4 de cet
ouvrage.
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5. Voir l'ouvrage Ni bourreau ni victime, B. Montaud et coll., éd. Édit' as, 2009.
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Chapitre
Notion de traumatisme
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NOTION DE TRAUMATISME
Notion de traumatisme
Nous avons ainsi mis à jour une véritable «grammaire» du monde
traumatique, chaque traumatisme ayant une place précise, un
contenu et une nature spécifique selon la période de vie concernée.
Nous distinguons, à l'heure actuelle de nos connaissances, deux
catégories de traumatismes : un traumatisme primordial et trois
traumatismes secondaires. Le premier semble déposer un message
que les trois autres ont pour mission de répéter, chacun à leur tour,
aux différents âges de l'existence, un peu comme un vaccin serait
suivi de trois rappels.
Le premier, le traumatisme périnatal, que nous avons qualifié de
«primordial» parce que nous n'en avons pas - pour l'instant du
moins - trouvé d'antérieur, programmerait chacun de nous dans
une personnalité, c'est-à-dire dans une façon toute personnelle de
se comporter dans la vie, dans ses bonheurs comme dans ses souf-
frances. Tandis que les trois autres - celui de la petite enfance, de
l'enfance et de l'adolescence - constitueraient des rappels, réactua-
lisant le programme initial selon les conditions spécifiques à chaque
âge.
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Deuxième principe
Un traumatisme apparaît toujours dans certaines circonstances où
l'enfant rencontre, dans le même temps, deux forces contraires et
d'égale intensité, comme par exemple dans le traumatisme de l'en-
fance où il rencontre autant de plaisir que de honte. Son intériorité
va alors être violemment déchirée entre deux réalités contradic-
toires qui ne peuvent coexister. Par contre, chaque fois qu'une
des deux forces prendra le pas sur l'autre, qu'il aura par exemple
plus de plaisir que de honte, ou l'inverse, cela ne produira qu'un
souvemr.
Ne pouvant éprouver simultanément deux perceptions opposées
s'annulant sans cesse l'une l'autre, il se trouve dans une situation
invivable, une véritable impasse. Il en résulte alors un immense
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7. Les lecteurs qui voudraient connaître les épreuves de la naissance telles qu'elles ont
été observées en psychanalyse corporelle lors des séances de naissances revécues
pourront se reporter à L'accompagnement de la naissance, de B. Montaud, éd. Édit' as,
1997.
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Troisième principe
Le traumatisme est aussi un instant crucial où se détermine un
scénario comportemental, par simple réflexe de survie. Ce scénario
va nous programmer dans une personnalité avec des modalités de
fonctionnement spécifiques à chacun.Ainsi, pour avoir le sentiment
d'exister, et parce que c'est la manière dont nous avons appris à
survivre, nous chercherons désormais systématiquement à retrouver
des situations d'existence comparables à celles de nos traumatismes,
soit en attirant des circonstances identiques, soit en interprétant ce
que nous vivons de façon à toujours relire notre passé.
Si nous reprenons notre exemple de l'enfant martyr, selon la moitié
du monde qu'il va choisir deux destins différents s'ouvriront désor-
mais à lui. Soit il oubliera tout de l'horreur de son martyre, se
trouvant «vilain et méchant» afin de justifier la persécution de sa
maman à son égard, soit au contraire il ne verra plus que la mons-
truosité de cette femme et se mettra à la haïr pour continuer à
supporter cette situation.
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Quatrième principe
Selon un autre point de vue, le traumatisme représente aussi un
sommet d'amour-haine entre soi-même et l'espèce humaine tout
entière. Mais dans ce conflit entre «ce que je pourrais être» et «ce
que le règne humain m'impose», dans ce conflit entre soi et l'autre,
il faut un bourreau de circonstance pour que le traumatisme ait
lieu.
Dans la majorité des cas, ce bourreau de circonstance se trouvera
naturellement parmi les personnes les plus proches de l'enfant : ses
parents, ses grands-parents, ses frères et sœurs, ses oncles et tantes,
ou parfois même un ami de la famille. Et ce sont eux qui, pour des
raisons de proximité permanente, représenteront le genre humain.
Alors arrêtons de culpabiliser les papas et les mamans : ils ne sont
pas de mauvais pères ou de mauvaises mères, ils sont simplement
les représentants d'un règne imparfait. Et cette nuance est de taille,
car ce dont l'enfant va souffrir, bien plus que de la maladresse de
son seul père ou de sa seule mère, c'est de la découverte des secrets
de fonctionnement de notre espèce, de la révélation des limites de
l'homme.
Le traumatisme est donc en fait un processus fondamental d'affron-
tement avec les mécanismes de l'espèce humaine, et les modalités
d'amour-haine - quel que soit le bourreau de circonstance - sont
toujours les mêmes pour tous les hommes. Il nous faut insister :
bien au-delà des parents, c'est avant tout une rencontre fracassante
avec l'imperfection du genre humain, avec les failles de notre fonc-
tionnement, les secrets de notre bassesse. C'est en quelque sorte un
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Cinquième principe
Une autre observation s'est également imposée à nous, comme une
évidence : la différence entre la réalité subjective que vit l'enfant
et la réalité objective de ce qui a eu lieu extérieurement. Même si
dans la plupart des cas les situations dramatiques n'ont lieu que dans
le monde de l'enfant, cela n'enlève rien à la réalité de sa souffrance.
Et il ne faudrait pas pour autant en conclure que l'enfant invente :
ce qu'il vit au-dedans est aussi vrai que ce qui a lieu au-dehors,
et même s'il nous faut faire la part des choses, ce sont bien deux
réalités. C'est notre exigence à faire revivre le passé jusque dans
le moindre détail concret qui nous a permis de découvrir que le
traumatisme, la plupart du temps, provient d'une interprétation du
monde des adultes sans qu'il y ait forcément une manifestation
objective dans les événements extérieurs.
Prenons l'exemple du traumatisme de l'enfance, celui de l' ambi-
guïté sexuelle.Au début de sa psychanalyse corporelle, presque tout
le monde a le sentiment d'avoir subi des abus sexuels. N'est-ce pas
là d'ailleurs le danger de certaines techniques d'investigation dans
le passé qui, en se contentant d'une verbalisation superficielle et
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Sixième principe
Abordons enfin le dernier point concernant les traumatismes, ou
plutôt ce qui les prolonge. Pendant toutes ces années de recherche,
force nous a été de constater qu'au-delà de l'adolescence on ne
trouvait plus de traumatismes. Nos observations, que nous ne
pouvons que brièvement exposer ici, ont mis en évidence que, plus
tard, ce sont seulement des épreuves que l'adulte rencontre. Aussi
convient-il de différencier ces deux notions - le traumatisme et
l'épreuve - si nous voulons comprendre toute la grammaire qm
organise notre nature humaine.
Si chaque étape jusqu'à l'adolescence contient un traumatisme,
celles de la vie adulte semblent comporter chacune son épreuve,
c'est-à-dire un instant crucial qui lui aussi va résumer toute une
période de l'existence.
C'est en fait l'observation de nos cycles comportementaux avec des
traumatismes dépassés ou non qui nous a permis d'apercevoir préci-
sément l'organisation des différentes époques de l'existence. Ainsi
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Épreuve du don
de l'œuvre
Âge mûr
(homme-Tâche)
Adolescence
Épreuve de la crise
de la quarantaine
Traumatisme T4
de l'adolescence Traumatisme
(ojfirmation de soi) de l'enfance
(ambiguïté sexuelle)
Petite
enfance
Traumatisme
de la petite enfance
(secret familial)
Traumatisme
de la naissance
Wimpeifection humaine)
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Chapitre
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d'abord d'émotions sans sens, un peu comme quand on vient d' al-
lumer une télévision et que les chaînes ne sont pas encore réglées,
et qu'il n'y a que de la «neige» sur l'écran. Mais plus les lapsus
corporels vont être précis et concrets, et plus les émotions vont
être associées à des images de plus en plus claires,jusqu'à produire
sur l'écran de la télévision intérieure le film complet d'une scène
traumatique qui s'est déroulée trente ou quarante ans auparavant.
Ainsi, au fil de l'évolution de cette technique nous avons pu,
jusqu'à ce jour, mettre en évidence huit niveaux de lapsus corporels
permettant, comme en écho, de solliciter huit couches de profon-
deur de mémoire qui délivrent chacune une nature d'émotions
et d'images de plus en plus précises et concrètes. Cette mémoire
contient deux grandes parties : une première d'ordre symbolique
et une seconde qui, dépassant le niveau symbolique, exprime alors
un niveau événementiel très concret.
Dans la première partie, le corps manifeste donc des lapsus postu-
raux - mouvements, gestes, postures, tensions - d'ordre seulement
symbolique. Le corps évoque mais ne revit pas encore pleinement
la situation précise du traumatisme. Il faudra attendre la deuxième
partie pour que le corps parvienne à avoir l'audace, dans un ultime
élan de sincérité, de reproduire très concrètement le drame qui
s'est joué dans le passé de la personne, en le mimant de plus en plus
précisément.
Ainsi notre psychanalyse corporelle met-elle en évidence l'impor-
tance de ces deux phases dans la découverte du passé. En effet,
comme nous l'avons évoqué précédemment, il nous est arrivé de
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remplis de son plaisir avec elle, et la petite filles' en est sentie profon-
dément pénétrée.
Ainsi, la psychanalyse corporelle comporte l'exigence que l'inves-
tigation du passé aille jusque dans la dimension précise et concrète
de l'événement, aussi scabreux et sordide qu'il puisse être. Mais
observons maintenant les huit niveaux de lapsus corporels.
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soit en séance, soit dans le cercle de partage qui suit les séances. Il
me semble assez logique, comme pour tous les autres niveaux, qu'il
s'agisse d'un prolongement d'expérience s'additionnant à tout ce
qui vient d'avoir lieu. Comme si la sincérité précédente avait libéré
la sincérité suivante permettant au corps d'inventer de nouveaux
lapsus physiques plongeant la personne dans une nouvelle explo-
ration psychique. Bref, des nouveaux mouvements produisant
de nouvelles images dans la tête, comme pour tous les épisodes
précédents !
Mais de manière générale,je dirais que si les sept premiers niveaux
nous faisaient explorer notre nature traumatique (la nature infé-
rieure de l'humain) comme un reflet dans un impitoyable miroir, le
huitième niveau semble, lui, nous faire traverser le miroir ! Comme
si soudain, de l'autre côté du miroir, il s'agissait d'explorer tous nos
états de grâce (la nature supérieure de l'humain débarrassé de la
tyrannie de son passé). «Es-tu capable de supporter ta Grandeur?
propose le huitième niveau de lapsus. Es-tu capable de rencontrer
tes grâces, tes qualités profondes, toute ta beauté qui n'est visible
qu'au moment où l'on supporte toute la laideur de son histoire?
Es-tu capable de voir qui tu pourrais être enfin si tu acceptes de ne
plus te contenter de tout ce que tu as été?» De nouveau, il s'agit
d'un incroyable retournement de situation en séance : après avoir
vu notre petitesse jusqu'à son comble, il nous est proposé de voir
notre Grandeur jusqu'à son comble aussi. Oh, bon sang, cela ne
semble pas plus facile d'ailleurs, dans toutes les séances que nous
avons déjà conduites jusque-là !
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Sens PHILOSPHIQUE :
Mouvements
----·
sans image
généraux un« j'ai mal » d'être humain
Sens H ISTORIQUE :
------
Mouvements album photos
orientés un « j'ai mal » familial
Sens PSYCHOLOGIQUE :
- -----
Mouvements scènes mélangées
précis un «j'ai mal » d'être moi
Sens PERSONNEL :
Mouvements film d'une scène concrète
concrets un « j 'ai mal » de mai 1973
---- - - - - - "
Sens INDIVIDUEL:
Mouvements film d'une scène revue
concrets saturés un « j 'ai mal » de ce qui est arrivé
Sens MISÉRICORDIEUX :
Mouvements intime conviction de ni bourreau ni victime
paroxysnuques «j e n'ai plus mal de tout voir»
a-- - - - - - -
Sens SPIRITUEL :
Mouvements perception de sa Grandeur
sacrés et de sa Tâche possible
l -- - - - - -
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Chapitre
Techniques de stimulation
des lapsus corporels
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LAISSE PARLER TON CORPS
Selon un tout autre point de vue, nous pouvons dire aussi que le
corps se comporte comme un chantier de fouilles archéologiques.
Et qu'à travers huit couches de terre, huit couches de mémoire,
il permet de retrouver les événements qui dans un lointain passé
ont été déterminants pour la vie d'une personne. Ainsi la mémoire
enfouie au plus profond, dans la huitième couche, n'est-elle acces-
sible que progressivement, grâce à des lapsus corporels ouvrant les
différentes strates du corps les unes après les autres. Il faut donc bien
comprendre le lapsus corporel comme étant la clef d'une couche
de mémoire du corps, chaque lapsus étant spécifique à une couche
bien définie de mémoire corporelle. Voilà pourquoi le psychana-
lyste s'attachera d'abord à réveiller les lapsus physiques, puis ensuite
à les stimuler pour qu'ils deviennent de plus en plus profonds.
Dans notre équation de base «lapsus physique + image psychique
+ verbalisation = conscientisation du passé», il faut donc bien saisir
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ÎECHNIQUES DE STIMULATION DES LAPSUS CORPORELS
l'importance centrale des lapsus, car sans eux, sans ce voyage archéo-
logique du corps, rien ne serait possible. Certes il conviendra de
franchir sept couches de mémoire avant de vraiment voir en toute
lumière la scène traumatique du passé comportant les raisons de
notre personnalité présente. Mais pour le psychanalyste corporel,
ces sept couches de mémoire et les sept formes de lapsus y corres-
pondant sont liées à quatre techniques de stimulation du corps,
quatre façons d'intervenir pour le faire «parler».
En effet, il faut distinguer quatre situations psychanalytiques. Tout
d'abord la technique permettant le réveil des premiers lapsus et
l'éducation du corps à les reproduire sans peur : cette technique
concernera les niveaux 1 et 2 des lapsus. Puis viennent ensuite
les techniques de stimulation des lapsus des niveaux symboliques,
c'est-à-dire des niveaux 2, 3 et 4. Dans un troisième temps arrivent
les techniques de sollicitation des lapsus des niveaux concrets 5 et 6.
Et enfin, dans un quatrième temps, le psychanalyste corporel devra
trouver d'autres formes de stimulation, des techniques vraiment
particulières pour permettre aux lapsus de niveau 7 de pouvoir
s'exprimer.
Si aujourd'hui nous pouvons rassembler dans un seul chapitre une
présentation de toutes ces techniques, c'est parce qu'à chaque fois,
au fil de nos trente-huit années d'expérience, ce fut une véritable
aventure que de résoudre l'énigme de chacun de ces niveaux de
lapsus.
Ainsi, de même qu'un poisson dans l'eau est capable de nager parfois
en surface et parfois en profondeur, le corps choisit de traverser
une séance parfois en restant en surface et parfois en plongeant
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un talon qui cogne, une jambe qui se tord, ou même une tête qui
part à droite ou à gauche, tout cela n'est plus des mouvements rési-
duels et mécaniques résultant d'une crispation du tronc, mais bel
et bien des premiers lapsus chargés de sens. Bref, un «faire involon-
taire» succède à un «sursaut involontaire» !
Il suffira alors de faire savoir au corps cette nouvelle dimension
de lapsus pour que, de nouveau, il tente de se justifier en précisant
ces premiers mouvements chargés de sens, par des mouvements un
peu plus profonds qui constitueront ensuite le troisième niveau de
lapsus. Et il en sera de même pour chaque étage de la psychanalyse
corporelle : le psychanalyste signalera au corps l'apparition d'une
nouvelle profondeur de lapsus, et le corps tentera alors de se justifier
en précisant les lapsus précédents dans le niveau de lapsus suivant.
Mais revenons au premier niveau de lapsus : les spasmes sans sens.
Il faut bien comprendre que la conquête de ce premier niveau va
constituer tout le début de la psychanalyse de chacun. Il faudra parfois
plusieurs séances, voire même chez certains plusieurs sessions, pour
accéder à ce premier niveau de lapsus. Car tant que le corps n'aura
pas appris cette dimension de lapsus involontaires conscients, rien
ne sera possible par la suite. Nous le redisons : ils sont si nombreux
ceux qui veulent tout savoir de leur passé, tout savoir de leur secret
personnel, mais qui en vérité n'ont pas du tout envie de se rencon-
trer ! À cette étape le corps intraitable témoigne par les lapsus sans
sens qu'il faut vraiment chercher si l'on veut trouver.
En fait, dès le début, chacun va d'abord expérimenter tous les faux
lapsus sans sens. Ainsi, à peine l'envie de spasmes involontaires va-t-
elle apparaître que déjà la personne va s'inventer un besoin de tousser,
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justifier par des lapsus encore plus profonds. Déjà dans ces niveaux 3
et 4 les membres commencent à s'exprimer, et le tronc commence
à se mettre en tension, en torsion, comme s'il comportait toute
l'ambiance douloureuse du passé. C'est avec ces nouveaux laps11s
qu'apparaît peu à peu le sentiment historique et global du passé,
puis le sentiment psychologique de sa propre histoire, et que des
images psychiques vont produire des impressions confuses mêlant
tous les traumatismes.
Dans ces deux niveaux de lapsus, tout se passe comme si l'ana-
lysé apercevait au loin, sans trop pouvoir la distinguer, une victime
qui en s'approchant révèle combien elle souffre intérieurement.
Rien n'est encore très concret, seuls des flashs dans le désordre
remontent du passé. Mais une ambiance familiale et une première
définition psychologique de soi semblent apparaître sous l'effet de
ces nouveaux lapsus.
À ce stade des séances, il se manifeste sur le corps deux sortes
de points particuliers, deux sortes de clefs que le psychanalyste va
pouvoir utiliser de différentes manières pour stimuler les confi-
dences physiques. Arrivent tout d'abord des tensions corporelles
illogiques : une hyper-flexion d'un poignet, la rotation exagérée
d'une hanche, d'un pied ou de la nuque, une hyper-extension de
la colonne. Ces tensions illogiques du corps, n'ayant aucun but
de mouvement fonctionnel, semblent seulement contenir l' expres-
sion de l'intensité intérieure de la souffrance personnelle. Par ces
tensions illogiques, le corps exprime l'intensité de souffrance trau-
matique qui l'habite. Aussi avons-nous appelé ces points de stimu-
lation de séance : les points d'intensité.
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ce qui vient d'être vu et revécu. Et il n'est pas rare que durant cette
seconde phase s'expriment soudain tous les sanglots et les prises de
conscience de ce qui vient d'avoir lieu dans l'effort précédent.
Nous pouvons donc dire que peu à peu un rythme à deux temps
s'instaure durant les séances : un temps de «revécu» du corps, et
un temps de « re-vision » de l'esprit. À cette nuance près que plus
l'effort du corps aura été intense, plus le revécu physique sera allé
au bout des limites, et plus la recompréhension sera précise.
La seconde remarque concerne la façon d'atteindre ces deux
niveaux. Durant une séance, il ne faut pas croire que la plongée
dans les couches de plus en plus profondes de lapsus est linéaire et
régulière. Cela n'existe pas, une séance qui passe par les niveaux
successifs de lapsus dans l'ordre chronologique. Au contraire, selon
l'image que nous avions donnée, les séances ressemblent toutes
à la manière dont un poisson nage dans l'eau, tantôt en surface,
tantôt en profondeur, selon ses besoins.Ainsi, chacun traverse certes
d'abord les niveaux 1 et 2, pouvant même avec le temps utiliser des
raccourcis pour atteindre tout de suite le niveau 3. Mais ensuite
chacun, en fonction de sa forme du moment, en fonction aussi de
son courage du moment et de son besoin de savoir, va tenter des
plongées en profondeur, entrecoupées de retours en surface.
C'est un autre rythme de séances qu'il faut connaître, où l'analysé
voyage durant toute une heure à des profondeurs différentes selon
ses peurs, ses envies réelles de voir, ses fuites, etc. Sur une session
de six jours, avec deux séances par jour, nous savons bien les diffé-
rences de séances qui existent déjà entre celles du matin et celles de
l'après-midi, ainsi que les différences de séances qui existent aussi
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Chapitre
Déroulement d'une
psychanalyse corporelle
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d'une femme mis devant le constat que les valeurs motrices qui les
portaient jusqu'alors ne les portent plus, et qu'ils se trouvent doré-
navant devant une impasse : celle d'avoir cru au seul bonheur lié à
une réussite matérielle, sociale et affective !
Quelque chose a besoin d'être utile désormais au-delà du métier,
au-delà de la famille et du petit cercle d'amis. Quelque chose a
besoin d'une autre aventure pour remotiver l'avenir. Oui, mais
quelle Aventure? Là est toute la question de cette crise de la
quarantaine, où l'on sait très bien ce que l'on veut quitter, mais où
l'on ne sait pas du tout ce que l'on doit rejoindre !
Ainsi apparaît peu à peu le besoin de mieux connaître son passé
pour mieux comprendre son présent et son impasse. Et ce besoin
de donner du sens aux événements douloureux de cette période
va amener la personne à une nécessaire connaissance de soi, à une
pratique de développement personnel, qui passera soit par une voie
spirituelle, soit par une psychanalyse. Bien sûr, certains vivent cette
merveilleuse crise existentielle encore plus tôt, et d'autres plus tard,
mais dans tous les cas, ce sont ces personnes-là qui constituent une
bonne part de la clientèle en psychanalyse. Et l'on ne peut pas dire
qu'il s'agit d'une maladie mentale à soigner, mais bien au contraire
d'une «bonne santé» cherchant à s'accomplir.
La psychanalyse corporelle se révèle donc un véritable tremplin
vers un autre niveau de compréhension de soi, permettant seule-
ment ensuite de redonner du sens à toute l'existence. Car cette
magnifique crise de la quarantaine est aussi une aspiration profonde
et nostalgique à une autre dimension de soi. Comme si chacun
savait au fond de lui-même combien après les rêves de réussite
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L'entretien préalable
Avant de commencer une psychanalyse corporelle, il convient que
le sujet soit informé sur les buts et les conditions de ce voyage
intérieur qu'il entreprend vers son subconscient. Le psychanalyste
devra aussi vérifier si la destination qu'il propose et les moyens qu'il
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La notion de session
En 1984, nous nous étions rendu compte qu'une seule séance
hebdomadaire n'offrait pas les conditions optimales pour mener
à bien une psychanalyse corporelle, et aussi combien une séance
individuelle était beaucoup moins performante qu'une séance
collective en petit groupe. Nous avions donc mis en place ce que
nous appelons aujourd'hui des sessions, puis peu à peu élaboré les
conditions les plus favorables pour que ces séjours de travail offrent
le plus de chances de revivre le passé.
Ainsi, depuis lors, la psychanalyse corporelle se fait-elle par sessions,
c'est-à-dire pendant plusieurs jours consécutifs, et à raison de deux
séances par jour.
Il est en effet acquis qu'à un certain niveau d'exigence, tout facteur
favorisant la non dispersion se révèle profitable pour l'introspec.:.
tion. Nos équipes sportives nationales - pour ne citer que cet
exemple - ont recours régulièrement à des stages intensifs, retirés
du monde. Il en est de même en ce qui concerne la psychanalyse
corporelle : il faut aussi un certain temps «d'échauffement», de
«montée en température ». Les séances rapprochées ont alors pour
effet de favoriser un lâcher prise croissant du corps, permettant
ainsi d'atteindre un niveau de sincérité et de dépassement de soi
bien supérieur aux séances étalées dans le temps.
Aujourd'hui, les séances sont donc concentrées dans des sessions
de trois jours, ou de cinq à six jours, avec deux séances par jour,
les sessions de trois jours étant plus particulièrement adaptées aux
personnes qui débutent une psychanalyse corporelle.
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Ah, si vous saviez comme c'est beau à en pleurer d'amour, une telle
circonstance de verbalisation ultime ! Oui, c'est véritablement un
exorcisme qui a lieu, quand soudain un homme devient magni-
fique aux yeux des autres avec sa pire «laideur» ! Je vous assure, dans
de tels moments chacun est vraiment fier d'appartenir à notre si
magnifique espèce humaine.Je vous assure, chacun est alors encou-
ragé à ce genre d'ultime confidence de sa propre histoire, tant il a
envie de ressembler à un tel courage.Je vous assure, c'est une douche
d'amour, en vérité, que chacun reçoit. Et plus de trente ans après,
cela reste pour chaque psychanalyste corporel un rare moment de
bonheur d'avoir pu contribuer à de tels instants.
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La réunion du matin
Cette petite réunion, qui la plupart du temps peut se faire autour
d'un café, aura pour but de relancer dès le matin la personne dans
l'ambiance de ses séances précédentes. Et pour ce faire, nous utilisons
deux moyens.Tout d'abord le «jeu de la présentation», où l'analysé
chaque jour va se présenter comme s'il était le petit garçon - ou
la petite fille - qu'il a retrouvé dans sa scène. Il n'est plus Hervé
Dupont, instituteur de quarante ans, il est le petit Hervé qui a cinq
ans, le jour du décès de sa maman ! Et chaque matin, de présenta-
tion en présentation, ce portrait au fil des séances va s'étoffer.
Le second moyen que nous utilisons lors de ces petites réunions
du matin est non pas l'interprétation des rêves mais la possibilité,
par l'évocation des rêves, de verbaliser des nuances ou des complé-
ments d'informations presque toujours en rapport avec les séances.
Car en fait, dans de tels séjours, nous avons très souvent constaté
combien la vie nocturne ne peut pas s'affranchir de la vie diurne, et
combien si fréquemment les rêves ont des courages que les séances
n'ont pas encore.
Les séances
Chaque séance est composée de trois temps : la séance corporelle
proprement dite, suivie d'un temps de verbalisation puis d'un temps
de bilan écrit.
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La relation psychanalyste-analysé
Il serait bien trop long, dans cet ouvrage de présentation, de décrire
la relation complexe qui se tisse peu à peu entre le psychanalyste et
l'analysé. Mais il est cependant nécessaire d'en dire quelques mots,
ne serait-ce que pour dédramatiser les événements qui surviennent
dans ce genre de relation.
Il est évident que dans la psychanalyse corporelle, encore bien plus
que dans les autres formes de psychanalyse, tout un jeu de projec-
tions - tantôt positives, tantôt négatives - s'opère. De par l'implica-
tion physique du psychanalyste corporel sur le corps des personnes
analysées, il va naturellement se produire un transfert reportant sur
le psychanalyste les émotions et les sentiments appartenant à l'his-
toire que les sujets sont en train de revivre. Ainsi, par exemple, une
analysée sera-t-elle tantôt amoureuse du psychanalyste, comme la
petite fille l'était de son papa, tantôt haineuse envers ce psychana-
lyste, comme cette même petite fille l'a été au moment où son papa
l'a rejetée. Mais c'est bien évidemment dans une certaine confu-
sion que le psychanalyste sera alors assimilé à ce père, aussi bien
aimé que détesté.
Ces mécanismes de projections diverses - ou transferts - doivent
être acceptés et utilisés par le psychanalyste corporel comme un
moyen permettant à la personne d'être enfin elle-même et facili-
tant ainsi le revécu des séances.
Car le psychanalyste corporel, durant les séances, est toujours le
représentant du bourreau qui produisit le traumatisme dans l'his-
toire de chacun. Et ce rôle de «bourreau d'occasion» est certes
propice à toutes les projections négatives. Aussi comprendrez-vous
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Autrement dit, ce n'est pas parce que l'on connaît tous ses trau-
matismes que l'on est capable de transformer, dans le présent, un
instant de petite « guerre » possible en un instant de paix choisie
consciemment. Or à quoi sert la connaissance du passé, sinon à
se reconnaître dans le présent fidèle à la programmation trauma-
tique de son histoire pour apprendre, peu à peu, à désormais être
quelqu'un d'autre libre de son propre passé !
En aucun cas la seule connaissance ou recompréhension du passé n'est
suffisante pour produire une véritable et durable transformation
intérieure de l'être. Pire encore, nous pensons vraiment qu'une
connaissance de son histoire, non suivie d'un travail sur soi, est un
véritable poison. Car à quoi bon savoir compter, si l'on ne compte
jamais rien? À quoi bon savoir lire, si on ne lit pas?
De surcroît, nous avons observé combien nous subissons dans notre
vie quotidienne des forces d'oubli bien supérieures à la force de
compréhension et d'amour vécue durant la psychanalyse. Certes,
pendant un temps nous sommes tous au meilleur de nous-mêmes
en situation psychanalytique, mais très vite les forces de rabaisse-
ment de la vie quotidienne nous font perdre ce point de vue si
élevé goûté lors des sessions.
Or oublier la réconciliation centrale produite par la psychanalyse,
c'est retourner à une existence faite de conciliations usantes, c'est
recommencer à régler ses comptes avec tous les pseudo-bourreaux
de circonstance qui jalonnent notre présent, en mémoire du passé ...
Mais en vérité, nos crises quotidiennes ne serontjamais plus comme
avant, car celui qui connaît la solution est impardonnable de ne pas
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l'utiliser, alors que l'on doit tout pardonner à celui qui hier encore
ignorait tout de lui-même ! L'oiseau enfermé dans sa cage et qui
ne sait pas ouvrir la porte, n'est-il pas excusable d'accepter sa vie
de prisonnier? Alors que l'oiseau qui a la clef de la porte avec lui
est impardonnable de rester enfermé !Voilà le danger de la psycha-
nalyse : elle donne une clef, mais il reste quand même à ouvrir la
porte de sa cage personnelle pour pouvoir s'envoler!
Devant un tel constat - les forces d'oubli de la vie quotidienne - il
nous fallait inventer une psychanalyse ne s'arrêtant pas au revécu du
passé mais permettant aussi un accompagnement, dans le présent,
d'un certain envol. À l'époque du coaching et des accompagne-
ments en tous genres - des mourants, des naissants, des malades et
des vieillards - est-il si ridicule de dire qu'il faut aussi accompagner
le vivant à mieux vivre avec lui-même?
Cette réflexion nous a donc conduits devant la nécessité d'inventer
un accompagnement régulier et d'imaginer des outils de transfor-
mation, tel par exemple le retournement intérieurVPA, permettant
à l'analysé de tenter de transformer son présent depuis la connais-
sance de son passé.
Cette notion de pratique régulière de transformation est à nos yeux
indissociable de la psychanalyse corporelle. Car au-delà des bien-
faits que peut produire cette véritable «hygiène de l'esprit» dans la
vie quotidienne, elle est aussi un moyen de dynamiser la recherche
du passé lors des sessions. En effet, l'intérêt et la curiosité que l'on
porte aux petites douleurs de sa vie quotidienne - qui ne sont
que la répétition du passé dans le présent - vont être de nature à
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Chapitre
Le cas de Juliette A.
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Juliette A.
Quand elle commence sa psychanalyse corporelle,Juliette A. est une
femme réservée d'une quarantaine d'années qui semble toujours à
l'écart même lorsqu'elle est dans un groupe. Elle est infirmière et
vit seule depuis son divorce il y a quelques années. Elle est géné-
ralement habillée de vêtements qui masquent les formes de son
corps et préfère le plus souvent un pantalon à une robe. Juliette
évite tout signe de féminité trop prononcé et ne se maquille que
très rarement. Elle s'exprime peu et semble mesurer en perma-
nence ses mots et ses gestes. Seuls des sourires de complaisance
font parfois leur apparition. Juliette A. appartient à la famille trau-
matique des «rejetés» chroniques. Toutes ses relations sont teintées
de cette empreinte : la recherche permanente du rejet, et en même
temps la crainte que cela recommence !
Nous allons voir que ce sentiment douloureux qui l'habite en
permanence - et le plus souvent de façon inconsciente - s'est
gravé de plus en plus profondément au cours de ses quatre trau-
matismes. Ces traumatismes ne seront pas traités ici dans l'ordre de
leur revécu psychanalytique, mais dans l'ordre chronologique où
ils apparaissent dans l'existence humaine. Pour épargner au lecteur
une fastidieuse lecture de toutes les scènes complètes, nous avons
choisi de relater un seul traumatisme dans sa totalité - celui de l'en-
fance - et d'évoquer seulement en résumé les trois autres - ceux
de la naissance, de la petite enfance et de l'adolescence. Ces témoi-
gnages écrits sont tirés, bien sûr, de nos précieux rapports d'inves-
tigation établis par Juliette elle-même à l'issue de la découverte de
ses scènes traumatiques.
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LE CAS DE JULIETTE A.
Juliette arrive dans sa famille alors que déjà trois enfants sont nés. Les gros-
sesses rapprochées ont d'ailleurs usé et épuisé cette maman qui n'a pas eu
le temps de se remettre de sa grossesse précédente. Dès le début de sa nais-
sance, Juliette comprend qu'elle ne doit pas être un poids supplémentaire.
Dès le début cette toute petite Juliette sait très bien qu'il faut redonner de
l'amour à cette maman épuisée.
Au cours de l'accouchement, Juliette mettra toute sa force à coûte que
coûte préserver cette maman. Ainsi, à cause de l'absence d'aide dans les
contractions maternelles, devra-telle se battre pour sortir, au prix d'efforts
surhumains. Et ensuite, quelle douleur pour elle que d'avoir à choisir de
déchirer ce ventre, au moment de passer ses épaules trop larges ! Mais
comment faire autrement, pour cc sauver sa peau», que de sortir en force,
tant cette petite maman pousse à peine pour l'expulser. .. Ah, l'horreur de
n'être déjà plus sage, discrète et légère ! Ah, l'horreur d'être ce qui déchire
le ventre de maman !
À la sortie du ventre, Juliette déjà coupable découvrira en plus, dans les yeux
de sa maman, que c'était un petit garçon qui était attendu. Brusquement
elle percevra combien, pour sa famille, elle est déjà une charge, un poids,
d'abord à cause de ce ventre forcé, ensuite tout simplement parce qu'elle
est une fille.
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LAISSE PARLER TON CORPS
Mais l'horreur atteindra son comble quand elle va découvrir que ses parents
n'ont pas prévu de prénom pour elle ! Seul le prénom «Christian» a été
envisagé. Quel insupportable message dans ce tout petit détail soudain
perçu ! Juliette vient donc au monde et elle n'a pas d'identité, au point que
ce sera la voisine de chambre qui soufflera son prénom à ses parents. Oh,
mon Dieu, quelle douleur abominable d'être si peu aimée ! Pour sa survie,
Juliette devra désormais être une petite fille sans bruit, une petite fille bien
sage qui ne pèse sur personne. Et même, si c'est possible, elle devra tout
faire pour être comme un petit garçon. Surtout qu'on ne l'entende pas, et
qu'on ne la voie pas ! Juliette «rejetée» d'emblée est née. Comment pour-
rait-elle voir le monde d'une autre manière désormais? Pour être aimée il
ne faut pas être une fille, c'est interdit ! Pour être aimée, il ne faut pas faire
de bruit... sinon c'est le rejet !
Ah, si vous aviez entendu cette femme hurlant : «Je suis Juliette, je
ne suis pas Christian ... pas Christian! Et c'est l'autre qui m'a donné
mon prénom ... même pas ma maman, même pas mon papa ! »Alors
vous mesureriez combien cette intime conviction bouleversante, ce
revécu de la naissance, est soudain une révélation brûlante, éclairant
mille événements de son existence par la suite.
Ainsi Juliette comprendra-t-elle pourquoi les gens ne se souviennent
jamais de son prénom et l'appellent souvent d'un tout autre prénom.
Ainsi mesurera-t-elle combien il est normal qu'un jour un repré-
sentant de l'administration soit venu la voir pour l'informer qu'elle
avait disparu des bases de données informatiques, disparu au point
de ne plus avoir d'existence légale.
Ainsi sera-t-elle presque amusée devant cette logique incroyable
de la vie, en nous confiant aussi combien sans cesse, à son grand
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Ah, la terrible leçon que ce ventre nettoyé dans la fureur ! Et ces mains qui
frottent à n'en plus finir, jusqu'à la douleur, pour enlever toute trace de
chaleur et de plaisir. Elle est folle, cette mamie ! Elle a si mal aussi ! Interdit
de montrer son plaisir, interdit d'en avoir, il faut tout cacher, tout nettoyer...
Voilà bien le message terrible que transmettent les mains de cette pauvre
grand-mère !
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«Oui, c'est ça ! Je suis une petite fille d'environ sept ans. Je suis allée
avec mon frère dans le cabanon en bois, juste derrière la maison. C'est un
endroit où nous allons souvent pour jouer tous les deux. C'est l'été, en fin
d'après-midi, quand après la grande chaleur l'air redevient respirable et que
nous pouvons à nouveau sortir jouer dehors.
Comme souvent dans nos jeux, j'ai enlevé ma petite culotte et je l'ai mise
dans un coin du cabanon. Oh, j'aime bien posséder mon frère de la sorte, le
sentir ainsi tellement à ma merci ! Et puis, nous sommes tellement devenus
complices avec ce petit secret.
Au bout d'un moment, j'ai proposé à mon frère de faire des tours de trot-
tinette dans la cour. Et on a fait des allers et retours le long de la maison,
chacun à son tour.
Oh, mon Dieu ! Comme je me sentais jolie avec cette robe courte à carreaux
blancs et bleus, avec les petites bretelles à volants qui flottaient au vent,
avec mes sandalettes bleu marine et mes socquettes toutes blanches !
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tout dur. C'est incroyable d'avoir un tel pouvoir sur les grands ... et de voir
dans ses yeux combien il est heureux ! Ah ! quel bonheur ce pouvoir, cette
chaleur, cette complicité ...
{À cet instant, dans la verbalisation après sa séance, Juliette est entrée dans
un court silence, tant son témoignage la replongeait dans cet immense
plaisir qui la traversait alors, et puis soudain elle s'est redressée, le visage
horrifié.. .)
Oh, mon Dieu, en un instant tout a changé. En une fraction de seconde
tout a basculé dans l'horreur. J'ai vu les yeux de mon papa: tout d'un coup,
il est devenu fou ! Tout d'un coup, ça l'a dégoûté ! Il a tellement honte de
lui, il a tellement mal, le pauvre. Il est devenu fou furieux ! Il a peur main-
tenant, il a fait du mal, il a fait une faute «cochonne» ! Et je suis devenue
une salope, une allumeuse, dans ses yeux. Une salope ... une vraie salope !
Moi aussi, je vais devenir folle, si ça continue.
Je n'y comprends plus rien, tout se mélange dans ma tête. Tout se fige, tout
devient fou. Je n'ai plus de repère. Je ne sais plus quoi faire. Ce qui était
bonheur immense est devenu une horrible souillure. Tout devient faux,
trouble, ambigu ! C'est de la folie, tout ça ! C'est de la folie ...
Lui aussi, il a eu du plaisir juste avant. Lui aussi, il était heureux quand il
me serrait si fort. Lui aussi, il a aimé ça, cette chaleur du ventre ! Alors ...
(À ce moment-là, au cœur de sa verbalisation, Juliette a pleuré et crié tout ce
que la petite fille n'avait pas pu dire durant ce terrible instant.)
Parce qu'il a aimé ça, lui aussi. .. moi, j'y ai cru ! Pour moi tout était si pur, si
vrai, si normal ! Il n'y avait rien de mal dans ce plaisir... rien de mal. .. c'était
pas« cochon» du tout ! Je le sentais si bien, mon papa, il me serrait si fort.
Et ma main ... quoi, ma main? Elle n'a rien fait de mal. Elle voulait seule-
ment sentir la vie, donner la vie et le plaisir ! Rien de plus ... C'est simple,
non? Et voilà que je suis une salope maintenant, une traînée à ses yeux.
Non, non et non, c'en est trop ! C'est lui, le salaud. C'est un menteur, voilà !
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Parce que moi, je ne suis pas une salope, ce n'est pas possible. J'ai envie
de le frapper, de lui arracher les yeux, de lui donner des coups. C'est lui, le
salaud, un point c'est tout ! Mais il m'attrape par les bras, il me serre si fort
que ça fait mal. Il ne veut plus que je bouge ... plus du tout !
Alors je me suis raidie. Oh, mon Dieu, comme je me suis vidée de la vie !
Voilà à quoi ça conduit, le plaisir ! Le sexe, c'est de la honte, rien de plus,
que de la honte.
Je crois bien que j'ai cru devenir folle, à cet instant. Tellement je devais
renier cette chaleur du ventre, si bonne, si vraie, et choisir la honte, la
culpabilité, la faute, pour garder mon papa. Il fallait arrêter cette douleur
immense, c'était trop, trop dur... et j'étais si petite ! Je le sais, en un instant,
pour ne plus souffrir, pour ne plus être la salope, surtout pas la salope,
j'ai renoncé à la bonne chaleur, à moi-même, je me suis vidée. Oh, mon
Dieu, comme elle était jolie, celle que j'ai perdue à cet instant ! Comme
elle aimait le plaisir ! Il m'a rejetée de ses genoux, et j'ai marché comme
un automate. Jamais plus je n'ai été cette petite fille si pure et si fraîche.
(La verbalisation s'est achevée sur un renversement de situation. Comme si
Juliette, en déplaçant la caméra de ce revécu, apercevait soudain le monde
de son papa e~ malgré son intense douleur, parvenait à quitter sa haine
envers ce bourreau et à découvrir un amour sincère pour la misère de cet
homme... )
Pauvre petit papa, pauvre maman ... Ils savaient si peu s'aimer ! Si peu !
Mon papa ne pouvait pas comprendre le plaisir, c'était au-delà de ses
forces ... Il ne l'a pas fait exprès. Le pauvre, il ne savait pas comment s'en
sortir avec moi ! Pour lui, c'est une perte de temps, le plaisir; pour lui, c'est
perdre la tête.
Soudain, dans les yeux perdus qui me regardent partir, je vois mon papa,
tout mon papa, toute son histoire. Il n'y avait pas de tendresse, pas de
caresses dans sa famille. Et puis, il y avait la peur de finir comme l'oncle
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Jean, ce débauché qui s'est perdu dans le sexe avec des femmes faciles,
celui qui était la honte de la famille, qui n'a jamais su travailler. Ah, celui-là,
quelle honte pour tous! Désormais, tout plaisir sera interdit... C'est ça, mon
pauvre petit papa !
Pour ne pas le perdre, je suis devenue ce qu'il voulait que je sois: une n bien
sage dans son coin», une petite fille qui éteint le feu au fond d'elle et qui
marche, qui vit, comme un automate. Oh, mon Dieu ! comme j'ai tout
éteint, comme j'ai arrêté de grandir, ce jour-là ! J'ai interdit à la femme
d'apparaître. Mon Dieu, comme je suis une handicapée de l'amour... tout
comme eux!»
(Juliette s'est mise alors à ouvrir tout grand ses bras et à nous montrer ses
mains, par lesquelles tout est arrivé. Et elle nous a confié dans un murmure:
de n'ai plus honte d'elles ! Plus honte du tout... Vous avez vu comme elles
sont belles? J'ai tellement envie de vivre maintenant avec elles ! 11)
Dans les jours qui suivirent cet état de «grâce», propre à la fin du
revécu d'une scène en psychanalyse corporelle, Juliette comprit
combien son métier d'infirmière lui offrait des mains si impor-
tantes pour faire le bien, pour soigner. Mais combien aussi, dans
toute sa vie, cette coupable du plaisir ne pouvait pas construire un
couple, ne pouvait pas écouter ses envies, ne pouvait pas devenir
une femme, tout simplement ! Une nouvelle fois nous voyons
combien ce ventre déchiré de plaisir va produire celle qui fait tout
pour être reçue et qui finalement se fait rejeter.
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Mais revenons à Juliette. Bien sûr, d'un côté elle est Juliette A., âgée d'une
quarantaine d'années, infirmière, habitant à Paris, divorcée ... Mais elle est
aussi et surtout un cycle traumatique, avec un nom secret: la petite u rejetée
chronique», qu'elle reproduit sans cesse depuis son enfance. Véritable carte
d'identité de cet être !
Et sa psychanalyse corporelle lui a permis peu à peu de mettre des mots
de plus en plus précis sur son identité intérieure, c'est-à-dire sur les quatre
temps de ce cycle.
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LAISSE PARLER TON CORPS
Et alors j'en veux à la terre entière, mais surtout à cette personne, car je me
suis tellement donnée pour finalement ne rien récolter. Et voilà comment,
dans un quatrième temps, je vais toujours piquer une crise, me retirer brus-
quement dans mon coin, et me retrouver seule !
Alors bien sûr, à force d'être seule, je vais à nouveau me sentir rejetée, et
recommencer un cycle suivant avec une autre personne, ou dans une autre
situation. n
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Revenons à notre Juliette pour comprendre tout cela ... Et d'abord, n'oublions
pas l'énoncé de son cycle traumatique, si nous voulons apercevoir le cycle
Transformé de sa Grandeur possible.
Ce cycle traumatique, elle l'avait défini ainsi :
- temps 1 : d'abord je me sens rejetée.
- temps 2 : ensuite je me conforme à un amour de remplacement pour être
accueillie.
- temps 3 : malgré tout ce que j'ai fait pour être aimée, on me montre que
je me suis trompée. Je suis encore plus rejetée.
- temps 4: j'en ai marre, et je me retire dans mon coin toute seule.
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Selon un autre point de vue, nous pouvons donc dire que les quatre
temps du cycle traumatique sont toujours :
• un temps 1 où l'on est LOIN de l'autre (chacun à sa façon, par
un sentiment ou de trahison, ou d'abandon, ou de rejet, etc.).
• un temps 2 où l'on fait toujours POUR l'autre, pour un amour
de remplacement.
• un temps 3 où l'on fait CONTRE l'autre, pour se venger.
• un temps 4 où l'on fait SANS l'autre, pour ne plus souffrir.
Mais comment sortir de ce cercle «vicieux», tant il ne suffit pas de
l'avoir vu pour soudain en être libre ?
Eh bien, on ne peut en sortir que par la rencontre avec un autre
cycle, le cycle Transformé, qui pourrait bien être une authentique
intelligence de notre Grandeur possible. Mais cette fois-ci une
intelligence consciente, non plus de notre personnalité mais de
notre individualité royale : ce que je pourrais être !
Et les quatre temps de ce cycle deviendraient alors :
• temps 1 : un certain bien-être propre à chacun, comme un bruit
de fond de bonheur. Où chaque rejet, par exemple, pourrait être
vécu comme une liberté retrouvée !
• temps II : au lieu de se vendre à un amour de rechange, chacun
pourrait se donner à un service à autrui. Tout faire pour aider, au
lieu de tout subir pour se faire reconnaître !
• temps III : alors le bourreau de circonstance serait la source d'une
rencontre bouleversante. Et au lieu de vivre l'échec avec l'autre,
chacun pourrait goûter à la réussite avec l'autre.
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Cycle Transformé
IV Je II
4 MOI . , 2
~J~
Cycle traumatique
Temps
3 d'interpellation
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Son second rôle est d'être le lieu de rencontre avec notre boiterie
personnelle - notre cycle traumatique de l'instant - et la porte
d'accès à la transformation possible de cette boiterie subconsciente
en une boiterie consciente conduisant au cycle Transformé. Si,
comme nous allons le préciser, la «résurrection» VPA (Voir-
Pardonner-Agir) est le pont, le passage entre notre petitesse et
notre Grandeur, alors le temps d'interpellation est l'entrée de ce
pont (Schéma n° 4).
En résumé, nous pouvons dire que ce temps d'interpellation est
vraiment un point capital du cycle traumatique, car il constitue le
rendez-vous le plus sacré que nous ayons avec nous-mêmes, la porte
du retournement intérieur entre notre bêtise et notre maîtrise. n
est le rendez-vous secret qui convie chacun à sa Grandeur possible.
Bien sûr, au fil des années, nous avons inventé un certain nombre
d'exercices permettant de réveiller chacun à son temps d'interpel-
lation. Car avant de vouloir retourner intérieurement une situation
douloureuse, il faut d'abord avoir réveillé les organes des sens inté-
rieurs capables de produire cette alchimie de la psyché.
Ainsi commence la deuxième partie de la psychanalyse corpo-
relle : par un apprentissage à surprendre le temps d'interpellation,
véritable ouverture des organes des sens, véritable rencontre avec
soi-même. Tant celui que l'on découvre à chaque temps d'inter-
pellation est exactement le même que l'enfant meurtri revécu dans
la première partie de la psychanalyse. Puis, passée cette première
période de l'accompagnement, débute alors une seconde phase.
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Durant cette période, elle découvrit alors combien elle était sourde
à ses moindres envies, tellement obnubilée par les envies des autres
pour ne pas les perdre. Elle joua alors quelques mois au Jeu de «la
chaise des envies» après chaque mise à l'écart. Cette incroyable
chaise où l'on s'assoit en se posant une seule question : «De quoi
ai-je envie, là, maintenant?» Avec obligation d'exécuter l'envie
perçue. Peu à peu, une femme enfin «femelle» fit son apparition,
signalant par là combien quelques envies avaient dû être exaucées ...
Alors put commencer l'apprentissage de la « résurrection »VPA, de
ce retournement intérieur propre à chaque temps de son cycle
traumatique. Il fut déterminé que ce serait l'amoureuse maladroite
qui constituerait le terrain d'entraînement de son retournement. Et
même si par la suite Juliette s'est appliquée aussi à transformer en
elle l'infirmière, l'amie, puis sa nourriture, sa maison, ses vacances
et bien d'autres choses encore, c'est en femme désormais nouvelle
qu'elle poursuivit son existence. Bien sûr, son traumatisme est
toujours là, mais aujourd'hui, sans aucun doute, il lui arrive de
triompher ... et aussi parfois de perdre. Mais le simple fait de savoir
que l'on peut gagner donne un tout autre goût même à nos échecs !
Au fond, dans la vie comme dans tous les sports, le plus important
n'est pas de perdre ou de gagner, mais seulement d'avoir ... bien
Joué!
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RVPA
<irésurrection» dans l'ordinaire
(les 14 étapes du Chemin de croix intérieur)
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Conclusion
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CONCLUSION
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Bibliographie
FREUD Sigmund
Ll psychopathologie de la vie quotidienne, Gallimard, 1997.
Cinq leçons sur la psychanalyse, Payot, 1979.
JUNG Carl Gustav
Psychologie et alchimie, Buchet Chastel, 1971.
Les racines de la conscience, Buchet Chastel, 1971.
Ma vie, Témoins/Gallimard, 1973.
Psychologie du tranifert, Albin Michel, 1980.
Psychologie de l'inconscient, Georg, 1983.
L'homme à la découverte de son dme, Albin Michel, 1987.
Psychogenèse des maladies mentales, Albin Michel, 2001.
MONTAUD Bernard
L'accompagnement de la naissance, Édit' as, 1997.
Ll Psychologie Nucléaire - un accompagnement du Vivant, Édit'as, 2001
(et coll.).
RANK Otto
Le traumatisme de la naissance, Payot, 2002.
STILL Andrew-Taylor
Philosophie de l'ostéopathie, Sully, 2003.
Autobiographie, Sully, 1998.
SUTHERLAND William G.
Textes fondateurs de l'ostéopathie dans le champ crdnien, Sully, 2002.
237
Table des illustrations
Photos
Photo 1 - Début de séance.................................................... 82
Photo 2 - 1er niveau de lapsus
Les sursauts conscients et invonlontaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Photo 3 - 2e niveau de lapsus
Les mouvements généraux conscients et involontaires................... 88
Photo 4 - 3e niveau de lapsus
Les mouvements orientés conscients et involontaires..................... 92
Photos 5 et 6 - 4e niveau de lapsus
Les mouvements précis conscients et involontaires....................... 96
Photos 7 et 8 - 5e niveau de lapsus
Les mouvements concrets conscients et involontaires.................... l OO
Photos 9 et 10 - 6e niveau de lapsus
Les mouvements concrets saturés conscients et involontaires . . . . . . . . . . 106
Photo 11 - Exemple d'un point d'intensité et d'un point d'image... 138
Photo 12 - Exemple d'un point d'intensité dans le poignet droit
et d'un point d'image dans la main gauche.............................. 148
Photo 13 -Accompagnement du psychanalyste corporel ............ 156
Photo 14 - Verbalisation après la séance corporelle................... 170
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Schémas
Schéma n° l - Traumatismes et Épreuves dans la Spirale de Vie... 74
Schéma n° 2 - Les 8 niveaux de lapsus corporels et les 8 couches
de mémoire........................................................................ 122
Schéma n° 3 - Vers une biologie de la psyché.......................... 202
Schéma n° 4 - La «résurrection> VPA......... .. . . . . .. . ...... .. . .. . . . . . . . . . . 214
RVPA «résurrection» dans l'ordinaire (les 14 étapes du Chemin
de croix intérieur)................................................................. 224
240
Également dans la collection « Comprendre et agir» :
Brigitte Allain Dupré, Guérir de sa mère
Juliette Allais,
Décrypter ses rêves
Guérir de sa famille
Amour et sens de nos rencontres
Au cœur des secrets de famille
Juliette Allais, Didier Goutman, Trouver sa place au travail
Bénédicte Ann, Arrêtez de vous saboter
Dr Martin M. Antony, Dr Richard P. Swinson, Timide? Ne laissez plus
la peur des autres vous gâcher la vie
Laurence Arpi, Mon corps a des choses à me dire
Bernard Anselem,Je rumine, tu rumines. . . nous ruminons
Lisbeth von Benedek,
LA Crise du milieu de vie
Frères et sœurs pour la vie
Éric Bénevaut, Perverses narcissiques
Valérie Bergère, Moi ? Susceptible ?jamais !
Marcel Bernier, Marie-Hélène Simard, LA Rupture amoureuse
Gérard Bonnet, LA Tyrannie du paraitre
Jean-Charles Bouchoux, Les Pervers narcissiques
France Brécard, Se libérer des relations toxiques
Sophie Cadalen, Aimer sans mode d'emploi
Christophe Carré,
LA Manipulation au quotidien, la repérer, la déjouer et enfaire bon usage
Que faire avec un enfant qui vous manipule ?
Marie-Joseph Chalvin, L'Estime de soi
Cécile Chavel, Le Pouvoir d'être soi
241
Claire-Lucie Cziffra, Les Relations perverses
Karine Danan, S'aimer sans se disputer
Michèle Declerck, Le Malade malgré lui
Flore Delapalme, Le Sentiment de vide intérieur
Ann Demarais,Valérie White, C'est la première impression qui compte
Marie-Estelle Dupont, Découvrez vos superpouvoirs chez le psy
Alain Durel, Cultiver la joie
Sandrine Dury, Filles de nos mères, mères de nos filles
Micki Fine, Aime-moi comme je suis
Jean-Michel Fourcade, Les Personnalités limites
Laurie Hawkes,
La Peur de l'autre
La Force des introvertis
Steven C. Hayes, Spencer Smith, Penser moins pour être heureux
Jacques Hillion, Ifan Elix, Passer à l'action
Mary C. Lamia, Marilyn J. Krieger, Le Syndrome du sauveur
Lubomir Lamy,
L'Amour ne doit rien au hasard
Pourquoi les hommes ne comprennent rien aux femmes ...
Jean-Claude Maes,
L' Infidélité
D'amour en esclavage
Virginie Megglé,
Les Séparations douloureuses
Face à l'anorexie
Entre mère et fils
Bénédicte Nadaud, Karine Zagaroli, Surmonter ses complexes
Ron et Pat Potter-Efron, Que dit votre colère?
242
Patrick-Ange Raoult, Guérir de ses blessures adolescentes
Daniel Ravon, Apprivoiser ses émotions
Thierry Rousseau, Communiquer avec un proche Alzheimer
Alain Samson,
La Chance tu provoqueras
Développer sa résilience
Steven Stosny Ph. D., Les Blessées de l'amour
243
Manuel de manipulation à l'usage des gentils
Agir pour ne plus subir : Délogez la victime qui sommeille en vous
Bienveillant avec soi-même : Pouvoir compter sur soi
Fabien Éon,]' ai décidé de faire confiance
Florent Fusier, L'Art de maftriser sa vie
Hervé Magnin, Face aux gens de mauvaise foi
Emmanuel Portanéry, Nathalie Dedebant,Jean-Louis Muller,
Catherine Tournier, Tran.iformez votre colère en énergie positive !
Pierre Raynaud, Arrêter de se faire des films
244
Composé par Sandrine Rénier
Achevé d'imprimer: Îevrier 2018
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Dépôt légal: Îevrier 2018
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Du nouveau dans la psychanalyse !
•
Diplômé en 1973 de l'École de Kinésithérapie de Lyon, Bernard Montaud
fonde en 1982 une technique d'investigation du subconscient qui est devenue
la psychanalyse corporelle. Cette recherche va le conduire à recomprendre
l'intériorité humaine et à fonder la psychologie nucléaire. Il dirige, dans le
cadre de l'institut Français de Psychanalyse Corporelle, la formation des
psychanalystes.
En 1983, il crée l'association Artas, un mouvement spirituel dans la lignée
du Dialogue Inspiré transmis par Gitta Mallasz dont il a été le compagnon
de route. Il na eu de cesse de perpétuer l'enseignement qu'il a reçu auprès
d'elle et de développer la psychanalyse corporelle pour aider tous ceux qui cheminent dans la
quête du meilleur d'eux-mêmes. Auteur de plus d'une quinzaine d'ouvrages qui témoignent
de son expérience intérieure, il est un fervent defenseur de la vie spirituelle et de la foi sous
toutes sesformes.
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