Rapport Ig SR 2022 120 27689
Rapport Ig SR 2022 120 27689
Rapport Ig SR 2022 120 27689
santé (QVES)
Rapport
N°2022-001R N°2022-120
Juillet 2022
RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
SYNTHÈSE
La qualité de vie des étudiants en santé (QVES) est un sujet de préoccupation croissante, tant dans
les universités et instituts de formation que sur les terrains de stage, en particulier les établissements
de santé. De multiples enquêtes sont réalisées régulièrement auprès des étudiants des différentes
filières, médicales (MMOP : médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie) et paramédicales
(infirmiers, aides-soignants, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, ergothérapeutes,
etc.). Sans être méthodologiquement robustes, ces enquêtes montrent clairement une progression
du mal-être de ces étudiants, exacerbé par la crise liée au Covid et en particulier dû à cinq grandes
sources :
○ les violences sexistes et sexuelles (VSS) qui ont fait l’objet en 2021 d’un plan national
d'action dans l'enseignement supérieur et la recherche ;
○ les risques psycho-sociaux (RPS) vers lesquels convergent les autres sources de mal-
être, revêtant de multiples formes, fatigue, perte de sens, échec, dépression allant
jusqu’au risque suicidaire ;
○ la précarité financière, aggravée par la crise, que peuvent connaître les étudiants en
santé, dont les revenus sont limités et pouvant rarement être complétés par un emploi
compte tenu de la densité croissante des cursus ;
○ les conditions de travail en stages, durant lesquels l’étudiant doit être encadré et
trouver une qualité de vie au travail (QVT) pour mettre en pratique les apprentissages
théoriques, progresser vers l’autonomie et s’épanouir dans l’exercice d’une profession
au service des malades ;
○ les addictions, problématique croissante d’un recours à des substances diverses,
censées calmer le stress et aider à surmonter la pression mais elles-mêmes source
d’échec, de risques sanitaires et psycho-sociaux, parfois de VSS, particulièrement en
milieu festif, et de précarité.
La création du Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA) en juillet
2019, sur la recommandation du rapport du Dr Donata Mara, psychiatre, et sous sa présidence, a
permis de commencer à structurer une organisation visant à recenser des bonnes pratiques,
formuler des recommandations, former des formateurs et construire un réseau territorial de
« référents CNA ». Une plateforme nationale d’orientation et d’écoute, disposant de psychologues
et assistantes sociales, munie d’un site Internet, d’un numéro et d’une adresse mail a été constituée
en avril 2021 à la demande des ministères chargés de la santé et de l’enseignement supérieur.
Ces deux ministères ont décidé en septembre 2021 d’internaliser les missions du CNA, sous leur
pilotage conjoint s’agissant des étudiants en santé, à la DGESIP en partenariat avec la DGOS. Les deux
ministres ont saisi fin 2021 l’IGAS et l’IGÉSR d’une demande d’appui opérationnel, afin de
pérenniser les missions du CNA tout en renforçant la prise en charge de proximité des étudiants en
difficulté, et de contribuer à outiller les différents acteurs de processus clairs et d’un vademecum
des règles à observer.
Les inspecteurs ont travaillé régulièrement avec les équipes des directions d’administration centrale
pour accompagner l’internalisation du CNA, désormais appelé Coordination nationale
d'accompagnement des étudiants en santé (CNAES) pour les étudiants en santé.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Ils ont participé à des réunions du Comité des parties prenantes (CPP) qui réunit régulièrement,
sous présidence alternée de la DGESIP et de la DGOS, les représentants des étudiants, ordres et
conférences.
Ils ont suivi les évolutions du rôle de la médiatrice nationale en santé (et son équipe), en particulier
dans la supervision métier de la « plateforme CNAES » qui lui a été confiée temporairement par les
ministres, ainsi que celui des médiateurs régionaux/interrégionaux. La fonction de médiation
devrait être prochainement complétée de celles d’appui et de conseil, en particulier aux étudiants en
santé, par un décret en cours de finalisation, permettant l’ancrage de la médiation dans la
cartographie des acteurs de référence pour le soutien à la QVES des étudiants.
Ils ont en outre réuni certains des « référents CNA » déjà désignés au sein des établissements pour
mieux identifier les cellules d’écoute locales existantes et leur articulation avec les travaux de
l’équipe interministérielle visant à compléter, consolider, outiller, déployer un réseau structuré
autour de « points d’ancrage » locaux que constitueront les futurs « référents CNAES ». La
mission recommande ainsi d’en désigner dans chaque université et chaque hôpital accueillant des
stagiaires, médicaux et paramédicaux. Elle donne des orientations quant au contenu de leur fiche
mission, sur laquelle un groupe réuni par les directions ministérielles travaille actuellement.
Par ailleurs, l’élaboration de processus locaux, régionaux et nationaux de prise en charge des
difficultés, qui peuvent revêtir des situations très diversifiées, et du vademecum énonçant les règles
doctrinales, a nécessité un travail minutieux d’identification des multiples acteurs et structures, de
leur rôle et de l’articulation entre leurs fonctions pour clarifier, pour les étudiants comme pour leurs
enseignants, encadrants, responsables d’établissements et d’universités ou instituts, les
interlocuteurs et démarches les plus pertinentes. La mission a donc entendu la majorité des acteurs
locaux, régionaux, nationaux et a été à la rencontre de directeurs d’établissements et d’instituts,
encadrants et enseignants, doyens et présidents, conférences et fédérations, ARS et conseils
régionaux, associations, médiateurs, etc. Elle a aussi réuni des étudiants et a ainsi pu disposer d’une
vision pragmatique, transversale, factuelle de la situation réelle à la mi-2022, dans un contexte de
pandémie encore présente, de réformes dans la majorité des filières et de tensions importantes dans
les hôpitaux. Aussi, au-delà de la production des livrables attendus (proposition de processus et
trame de vademecum, auxquels la mission a estimé nécessaire d’annexer un modèle de « livret »
expliquant le rôle et les missions des principaux acteurs, l’ensemble étant à adapter et compléter
localement notamment des coordonnées des personnes et sites ressources), la rédaction du présent
rapport et la formulation de constats et de recommandations est-elle apparue indispensable.
Le premier constat dressé par la mission est celui d’une réalité des difficultés des étudiants en santé
dans la majorité des filières, avec des spécificités identifiées dans plusieurs d’entre elles, en
particulier liées aux tensions hospitalières actuelles pour les stagiaires qui y sont les plus exposés.
Elle a aussi pu observer la mobilisation et la richesse des initiatives locales, régionales et nationales
sur la QVES, qu’il faut saluer, valoriser, mais surtout structurer et optimiser. Les étudiants des
différentes filières n’ont pas tous conscience ni connaissance des démarches, actions, structures
dédiées mises en place, souvent pour la mise en œuvre des différents plans et réglementations
adoptés successivement au niveau national (stratégie nationale pour la QVT, plan VSS, stratégie
nationale de santé, Ségur…). Le rapport en recense une partie et cite des exemples inspirants
d’initiatives aux niveaux local et régional pour clarifier les articulations et donner à chacun, étudiants
et acteurs, les clés permettant de veiller, prévenir, signaler, écouter, orienter, prendre en charge les
souffrances et mettre en place les actions adaptées, assurer le suivi, faire un retour d’expérience
(Retex), capitaliser les actions.
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Un autre constat majeur est l’interconnexion étroite entre le fonctionnement et la qualité de vie au
travail à l’hôpital, où quasiment toutes les filières MMOP et paramédicales effectuent des stages, qui
impacte directement la qualité de vie des étudiants en santé, et par ricochet l’attractivité pour les
métiers de l’hôpital et donc les cursus qui y conduisent.
Cette attractivité est en apparence actuellement soutenue par les réformes (suppression de la PACES,
des épreuves classantes nationales (ECN) et des concours d’entrée dans les formations
paramédicales, etc.) mais d’une part, les capacités d’accueil des universités et instituts de formation
n’ont pas été augmentées en proportion, d’autre part, selon les très récentes enquêtes et les données
de Parcoursup, un nombre important d’étudiants abandonnent en cours d’études, ou désertent
l’hôpital une fois le diplôme obtenu. Une explication souvent évoquée tant par les étudiants que par
les enseignants est la méconnaissance des lycéens et de ceux qui les conseillent de la réalité des
études et des métiers, en particulier au moment des stages à l’hôpital et la confrontation avec la
maladie, la souffrance, la mort. Les tensions en ressources humaines qui s’accroissent en
établissements de santé dégradent encore fortement la QVT et en conséquence la QVES : dureté du
travail, horaires souvent extensifs, gardes, rémunération peu attractive et coûts de logement et de
transport, isolement, exacerbé par la crise Covid, manque de disponibilité des encadrants sont autant
de facteurs de dynamique négative. Les travaux et recommandations de la présente mission visent
spécifiquement l’amélioration en continu du bien-être, dépendant de la qualité de la formation et de
l’accompagnement des professionnels de santé de demain, mais aussi étroitement des réflexions en
cours sur l’hôpital.
Dès lors, les recommandations visent en premier lieu à mieux informer les futurs étudiants et à
mieux former spécifiquement les conseillers d’orientation des lycées aux métiers de la santé et à leurs
contraintes. La mission insiste sur la nécessité de penser les cursus en centrant sur l’essentiel :
l’intérêt des patients. La raison première de s’engager dans une formation pour devenir un
professionnel de santé est de vouloir soigner des malades, leur apporter le réconfort et l’attention
dont ils ont besoin et les meilleurs soins possibles selon les données actualisées de la science, dans
des délais réactifs pour éviter les pertes de chances. L’enrichissement des connaissances a rendu
nécessaire un allongement progressif des durées d’études, un accroissement des exigences et une
spécialisation de plus en plus précoce. Parallèlement, les besoins en santé se sont accrus, tant en
ambulatoire qu’à l’hôpital et en milieu médico-social. Les effets des numerus clausus et processus de
sélection, mais aussi les évolutions sociétales de choix de vie (équilibre vie professionnelle-vie
privée) ont limité le nombre de professionnels de santé. Or, il faut des professionnels diplômés
en nombre suffisant pour d’une part répondre aux besoins des patients, d’autre part
transmettre aux étudiants, les former à la pratique de leur futur métier. Cette situation n’est
satisfaisante ni pour l’épanouissement des étudiants, ni pour l’intérêt des patients et dévalorise
parfois à leurs yeux les soignants.
De plus en plus d’étudiants choisissent de faire leurs études dans des pays moins exigeants, ou moins
sélectifs, ou ayant des systèmes de formation différents, et reviennent après y avoir été autorisés (ou
non) exercer en France. Le recours à des Faisant Fonction d’Interne (FFI), des médecins diplômés
hors UE ou encore des intérimaires mieux payés pour parvenir à répondre tant à l’afflux de patients
qu’aux absences pour arrêt maladie, démission voire changement de métier ajoutent encore au
malaise que ressentent tant les professionnels que les étudiants. Certains, moins motivés, supportent
en conséquence difficilement les sacrifices à faire pour leur vie privée. La prise de conscience de
l’atteinte d’une limite, de la nécessité de concilier la recherche de l’excellence et l’exigence
fondamentale de répondre aux besoins de tous les patients sur tout le territoire a guidé les récentes
réformes.
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Il est indispensable pour les travaux ultérieurs sur les formations de santé d’évaluer
systématiquement et de prendre en compte les impacts des décisions en termes de qualité de
vie des étudiants en santé. La mission suggère de réfléchir à des parcours ouvrant plus
d’opportunités de progression et de valorisation tout au long de la carrière, en particulier pour
les professions paramédicales.
Il serait également intéressant d’envisager, en particulier pour les métiers de santé en tension,
les possibilités de passerelles. L’objectif serait de permettre aux étudiants qui ne s’épanouissent
pas dans une formation de s’orienter vers une autre voie (si possible en tension), De même, les sujets
de cursus plus courts, moins spécialisés d’emblée, et des réorientations professionnelles après
quelques années d’exercice, préférentiellement à l’allongement des études, pourraient être posés.
Les étudiants engagés dans les différentes formations doivent ensuite trouver dans les universités et
instituts et sur leurs terrains de stages des organisations adaptées, coordonnées, accessibles et
connues de leurs interlocuteurs, lorsqu’ils ont besoin d’écoute et de soutien. Cela commence par
l’information qui doit leur être délivrée systématiquement dans toutes les structures lors d’une
journée d’accueil par an, avec un temps d’échanges inter filières. La fourniture d’un guide ou
livret d’accueil adapté à son niveau et à son cursus, dont les étudiants souhaitent disposer sous
format papier et numérique, doit être généralisée. Il comportera le vademecum de l’étudiant en
santé, décliné à partir de la trame proposée par la mission, et les coordonnées des contacts,
structures ressources et d’autres contacts locaux pertinents, en en décrivant les fonctions (le livret
cartographiant les acteurs, établi par la mission, pourra utilement servir de support à cette
description).
De nombreux interlocuteurs de la mission ont appelé son attention sur les changements observés
chez des étudiants de toutes filières, qui peuvent devenir une fois diplômés ostensiblement et
sans en être conscients, peu concernés par le mal-être étudiant voire maltraitants à leur tour.
Aussi est-il recommandé d’instaurer également, lors de la cérémonie de remise des diplômes ou à
distance de celle-ci, un temps d’information sur les devoirs des futurs encadrants de stagiaires.
L’isolement est une source importante de souffrance, qui a été particulièrement, et sans doute
durablement, aggravée durant la crise, tant dans les universités et instituts dispensant des cours en
visioconférence et où la vie étudiante n’est souvent plus très animée, que sur les lieux de stages avec
la nécessité de supprimer des temps de partage dans les services pour répondre en priorité aux
besoins des patients. Il est vraiment souhaitable de redonner aux étudiants le sentiment d’entrer
dans une communauté, en stage et en formation, et de partager avec les autres professionnels et
étudiants tant la description des cas que des moments plus conviviaux.
La place des encadrants est centrale pour les étudiants. Ils doivent être correctement formés,
évalués et coordonnés, ce qui n’est pas toujours possible à tout moment pour toutes les filières. La
mission recommande d’outiller et d’informer les coordonnateurs/responsables des stagiaires et
internes en élaborant un document commun décrivant leurs missions, droits et devoirs, de
permettre les échanges entre eux en les incitant à se connaître et à construire des réseaux, des
groupes de discussion, mettre en place une journée annuelle des coordonnateurs. Le partage, en les
valorisant et avec leur accord, des évaluations positives des étudiants et des bonnes pratiques serait
aussi une source d’amélioration continue de la qualité de leur fonction et de satisfaction, pour eux
comme pour les étudiants.
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La QVES passe aussi par la formation obligatoire des chefs de service, encadrants et maîtres de
stage à la bienveillance, aux propos à éviter, au « wording » (exclure les propos sexistes, insultants,
blessants, dévalorisants type « tu ne seras jamais un bon médecin », etc.), au management des
étudiants. Il convient de généraliser l’intégration dans les objectifs managériaux des encadrants
de la notion de bien-être des étudiants de toutes les filières et annexer aux conventions de stage
des engagements inscrits dans une charte enseignants-étudiants-encadrants sur les lieux de stages.
Comme cela est évoqué tout au long de ce rapport, les conditions de travail en stage sont une
source majeure de risques psychosociaux. Tous les étudiants en santé doivent avoir pour principal
objectif l’intérêt des malades, ce qui exige un rythme de travail, des horaires extensifs, des moments
de pression, l’alternance de moments de satisfaction et de découragement, la confrontation à des
situations très dures, qui nécessitent une force de travail et une certaine souplesse pour répondre
aux besoins parfois impossibles à anticiper et planifier. Il est essentiel que chaque étudiant
s’engageant dans une formation en santé soit clairement informé des exigences inhérentes à ces
professions. Pour autant, être professionnel de santé ne signifie pas être infaillible, et pousser les
limites jusqu’à l’épuisement s’avère toujours contreproductif. La règlementation a
progressivement été affinée, en lien avec les règles européennes, pour permettre de respecter un
indispensable équilibre (en particulier, s’agissant des internes en médecine : maximum de 48h par
semaine lissées sur 3 mois, repos de garde et d’astreinte, temps de formation, séniorisation en
particulier en début d’internat, etc.). Comme l’a réaffirmé très récemment le Conseil d’État, il est
impératif d’informer clairement les encadrants des stagiaires pour s’assurer du respect de ces
obligations réglementaires, déclinées dans le règlement intérieur de l’hôpital, dans une
perspective de sécurisation du travail des internes et dans l’intérêt des patients.
Améliorer la QVES nécessite que chaque étudiant en souffrance soit soutenu le plus précocement
possible, et donc que des procédures claires et connues de tous, coordonnées entre lieux de
formation et de stages soient partout mises en place. Comme évoqué supra, cela passe par la
désignation de « piliers » identifiés par tous, les référents CNAES locaux, au moins un par
université et un par CHU, pour les filières MMOP. S’agissant des professions paramédicales, la
mission recommande de désigner au moins un référent CNAES national par filière. Chacun
constituera lui-même son propre réseau de correspondants dans les différentes filières, et sera le
correspondant des autres référents CNAES et des acteurs régionaux et nationaux, au sein d’un réseau
animé par les ministères. Ils pourront par ailleurs contribuer à la mutualisation des bonnes
pratiques, initiatives, outils des différents acteurs, qui devraient pouvoir accéder à un site de
partage et une banque collaborative d’outils.
Les dispositifs de signalement ou cellules locales doivent être coordonnés entre lieux de formation
et de stages, avec notamment la constitution d’une commission mixte université-hôpital
réunissant les acteurs locaux de la QVES. Les services de santé universitaires (SSU) et les services
de santé au travail (SST) jouent également un rôle central, y compris pour permettre de désigner
un médecin traitant proche du lieu d’étude ou de stage, mais certains étudiants souffrent d’un
manque de ressources, auquel il est nécessaire de remédier.
Par ailleurs, l’amélioration continue de l’accueil et des conditions de travail durant les stages
nécessite la systématisation d’une évaluation institutionnelle des services de stage et des instituts
de formation par les étudiants d’une part, les enseignants d’autre part, sur quelques critères de
qualité de vie. Ces évaluations pourraient, sous réserve d’anonymisation et d’agrégation, être
transmises respectivement par les représentants des étudiants et les doyens à l’ARS afin qu’elle soit
informée des éventuelles difficultés sur les lieux de stages.
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En tout état de cause, elle devrait être informée suffisamment tôt de celles qui seraient
susceptibles de conduire à une demande de retrait d’agrément, afin de ne pas être prise au dépourvu
juste avant le début des sessions suivantes.
Une expression employée par de nombreux interlocuteurs de la mission est celle « d’omerta »,
notamment s’agissant des VSS, situations d’emprise, de craintes de sanctions pour la validation du
stage ou du TP, etc. Si quelques progrès récents sont reconnus, il y a encore des actions fortes à
conduire pour mettre fin à l’impunité vis-à-vis des actes délictueux, les fautes graves y compris de
management ou le non-respect du droit et de la réglementation.
Outre les orientations données dans les processus et le vademecum joints, l’information sur les
suites données aux signalements est en soi pédagogique, l’intervention éventuelle d’un vivier
régional et/ou national de personnes formées à la méthodologie de réalisation d’enquêtes
administratives pouvant également être efficace autant que dissuasive.
Un pack de mesures simples est proposé pour réduire les risques de précarité financière. La
prévention des addictions devrait faire l’objet d’un « plan impactant structurant contre les
addictions » (PISA) ciblant spécifiquement les étudiants en santé.
Enfin, le suivi et l’évaluation régulière de l’impact des mesures prises doivent être pensés
d’emblée afin d’objectiver les améliorations et le cas échéant corriger en temps utile les
orientations et les processus.
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RECOMMANDATIONS DE LA MISSION
Autorité
n° Recommandation Priorité Échéance
responsable
Thème 1 : Impact des réformes des études de santé sur la QVES et orientation des futurs étudiants en
santé
1 Penser les prochaines réformes des études de santé et le 1 Ministères ESR Pour chaque
contenu des formations en évaluant et en prenant en compte et santé projet de
leur impact sur la qualité de vie des étudiants en santé modification
de cursus de
santé
2 Compléter la formation des conseillers d’orientation des 2 Ministères ESR, Courant
lycées aux différents métiers de la santé, dans leurs diversités, santé et 2023
clarifier et expliquer les parcours universitaires pour éducation
contribuer à mieux orienter les futurs étudiants et éviter les nationale
déceptions et abandons
3 Informer clairement les candidats à une formation en santé et 1Ministères ESR, Avant début
rappeler régulièrement aux étudiants les contraintes santé et procédure
inhérentes à ces professions éducation Parcoursup
2023
nationale
Thème 2 : Organisations à mettre en place partout, dans les lieux de formation et de stages, en
coordination
4 Instaurer systématiquement, lorsqu’elle n’existe pas déjà, 1 Ministères ESR Rentrée
dans toutes les structures de formation et de stages la tenue et santé 2022
d’une journée d’accueil par an pour tous les étudiants et
stagiaires des différentes filières, avec un temps d’échanges
inter filières.
5 Rendre systématique la fourniture d’un guide ou livret 1 Ministères ESR Rentrée
d’accueil, papier et accessible sur le site de l’établissement, et santé 2022
comportant le vademecum de l’étudiant et les coordonnées
des contacts, structures ressources et d’autres contacts
locaux pertinents en matière de QVES, en en décrivant les
fonctions.
6 Instaurer également, lors de la cérémonie de remise des 1 Ministère ESR Rentrée
diplômes ou à distance de celle-ci, un temps d’information sur 2022
les devoirs des futurs encadrants de stagiaires.
7 Programmer dans toutes les universités et les établissements 1 Ministère santé Dès que
de santé des temps de convivialité et de partage inter filières possible
Thème 3 : Encadrants formés, évalués et coordonnés
9 Mettre en place des procédures de repérage et 1 Ministères ESR Dès que
d’accompagnement des étudiants en difficulté. et santé possible
10 Rendre obligatoire une formation à la QVES et au 1 Ministère santé Dès que
management des étudiants pour les chefs de service, possible
encadrants et maîtres de stage - Intégrer le bien-être des
étudiants de toutes les filières dans les objectifs managériaux
des encadrants.
11 Inscrire des engagements dans une charte enseignants- 1 Ministères ESR Rentrée
étudiants-encadrants sur les lieux de stages, annexée à la et santé 2022
convention de stage.
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Autorité
n° Recommandation Priorité Échéance
responsable
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Autorité
n° Recommandation Priorité Échéance
responsable
23 Concevoir et prévoir un budget adapté pour un pack de 1 Ministère ESR Rentrée
mesures simples à concevoir, rapidement réalisables, et qui 2022
permettront à un nombre significatif d’étudiants en santé
d’améliorer notablement leur qualité de vie.
24 Adopter un Plan Impactant Structuré contre les Addictions 1 Mildeca 2023
PISA, spécifiquement conçu pour les étudiants en santé.
20 Inciter tous les étudiants à désigner un médecin traitant dans 2 Etablissements Rentrée
la localité de leur résidence d’études 2022
21 Favoriser (application, site Internet, groupes de travail, 2 Ministères ESR 2023
colloques…) la circulation d’informations entre référents VSS, et santé,
référents CNAES, référents addictions le cas échéant, et établissements,
CROUS référents
Thème 7 : Evaluation et suivi
25 Définir au niveau national, puis dans chaque université et 2 Ministères ESR Rentrée
chaque hôpital quelques indicateurs simples et signifiants et santé 2022
pour évaluer périodiquement (au moins une fois par an) les Etablissements
améliorations de la QVES
26 Évaluer et réaliser un bilan national annuel sur les processus 2 Ministères ESR Mi-2023
et les mesures mises en place et les réviser régulièrement et santé,
pour les adapter aux évolutions
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
SOMMAIRE
SYNTHÈSE .............................................................................................................................................................. 3
RECOMMANDATIONS DE LA MISSION ................................................................................................................... 9
SOMMAIRE ..........................................................................................................................................................13
RAPPORT ..............................................................................................................................................................15
1 LA QUALITE DE VIE DES ETUDIANTS EN SANTE : DES DIFFICULTES REELLES, UNE COMMUNAUTE CONSCIENTE
DES ENJEUX, MAIS COORDINATION ET LISIBILITE FONT DEFAUT ..................................................................17
1.1 LES CONSTATS SUR LE TERRAIN : LA MOBILISATION EST IMPORTANTE MAIS LES ORGANISATIONS SONT PEU CONNUES, ET LES
CAUSES STRUCTURELLES DE MAL-ETRE SE CUMULENT .............................................................................................. 17
1.2 UNE REALITE PRESENTE DANS LA MAJORITE DES FILIERES, AGGRAVEE PAR LA PANDEMIE ................................................. 20
1.3 LA MISSION A TRAVAILLE SUR CINQ CHAMPS D’INTERVENTION .................................................................................. 21
1.3.1 Les violences sexistes et sexuelles (VSS) : une prise de conscience et des mesures fortes, mais un défi encore
d’actualité ........................................................................................................................................................21
1.3.2 Les risques psycho-sociaux (RPS) : le cœur de la mission, vers lequel converge l’ensemble des facteurs de mal-
être ...................................................................................................................................................................23
1.3.3 La précarité financière : une question prioritaire et urgente pour les étudiants concernés .............................26
1.3.4 Les conditions de travail durant les stages font l’objet de fortes revendications de la part des organisations
étudiantes ........................................................................................................................................................29
1.3.5 Une problématique croissante à ne pas ignorer : les addictions ......................................................................33
1.4 DES POINTS COMMUNS ET DES SPECIFICITES POUR CHAQUE FILIERE MMOP ET PARAMEDICALE EN MATIERE DE QUALITE DE VIE
DES ETUDIANTS EN SANTE.................................................................................................................................. 34
1.4.1 Une méconnaissance inter filières ....................................................................................................................34
1.4.2 Des difficultés communes à toutes les filières ..................................................................................................35
1.4.3 Quelques spécificités sont marquantes ............................................................................................................35
2 LA THEMATIQUE DE LA QUALITE DE VIE DES ETUDIANTS EN SANTE MOBILISE LARGEMENT ET A FAIT L’OBJET
DE MULTIPLES STRATEGIES, PLANS, DEMARCHES QU’IL FAUT CLARIFIER, COORDONNER ET FAIRE CONNAITRE
AUX ACTEURS DE TERRAIN ..........................................................................................................................39
2.1 UNE MOBILISATION DES ACTEURS POUR UNE MULTIPLICITE DE STRUCTURES ................................................................ 40
2.2 DES ACTIONS DÉJÀ MISES EN OEUVRE PAR LE MESRI ET LE MSS............................................................................... 42
2.2.1 La « Plateforme CNA » : un outil national à repositionner - La médiation : un rôle à renforcer .......................42
2.2.2 L’organisation-cible après internalisation du CNAES est en cours de construction ..........................................44
2.2.3 Plan d’action national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la
recherche 2021-2025........................................................................................................................................45
2.2.4 Stratégie nationale d’amélioration de la QVT – Décembre 2016 .....................................................................46
2.2.5 Charte d’engagement sur la qualité de vie au travail dans les CHU .................................................................47
2.2.6 Loi du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants ORE.................................................48
2.2.7 Feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie .................................................................................48
2.2.8 Le service sanitaire ...........................................................................................................................................49
2.2.9 Plan d’action pour maîtriser les risques psychosociaux des étudiants – Mai 2021 ..........................................50
2.2.10 Rapport Mission Santé Jeunes 2022 .................................................................................................................50
2.2.11 Ségur de la santé, lois OTSS et Rist - Rapport Claris .........................................................................................51
2.2.12 Autres dispositifs ..............................................................................................................................................51
2.3 D’AUTRES INITIATIVES NATIONALES SONT IMPORTANTES A SOULIGNER ....................................................................... 52
2.3.1 Stratégie jeunes CNAM ....................................................................................................................................52
2.3.2 Mutuelles .........................................................................................................................................................53
2.3.3 Des acteurs associatifs utiles, dont la place doit aussi être claire pour les étudiants.......................................53
2.3.4 Autres initiatives nationales .............................................................................................................................53
2.4 DES INITIATIVES LOCALES INTERESSANTES, DONT CERTAINES POURRAIENT ETRE MUTUALISEES ......................................... 55
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RAPPORT
Introduction
Par lettre en date du 15 décembre 2021, les ministres des Solidarités et de la Santé (MSS) et de
l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), ont conjointement saisi
l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport de
la recherche (IGÉSR) d’une demande de mission relative à la qualité de vie des étudiants en santé
(QVES). Muriel DAHAN pour l’IGAS et Fabrice WIITKAR pour l’IGÉSR ont conduit cette mission de
février à juin 2022.
En 2019, les alertes répétées sur la qualité de vie des étudiants en santé avaient conduit les
ministères en charge de l’enseignement supérieur et de la santé, à missionner le Dr Donata Marra,
psychiatre et présidente du Bureau Interface Professeurs-Etudiants (BIPE) de Sorbonne-Université.
Sur sa recommandation et sous sa Présidence (nommée pour deux ans), un Centre National d’Appui
à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA) avait été créé le 15 juillet 2019.
Le CNA avait vocation à proposer dans le champ de la QVES des formations et recommandations à
destination des formateurs, des responsables d’enseignement et des représentants des étudiants, et
à apporter une aide à la diffusion d’informations, au partage des bonnes pratiques, à la recherche et
à l’évaluation de l’impact des politiques d’enseignement et de leurs réformes. Le CNA a reçu une
dotation de 260 800€ 1, notamment destinée à construire un réseau territorial de cellules d’écoute,
avec des référents locaux, et des formations. Il a produit quelques recommandations, travaillé sur les
formations à la prévention des RPS et mis en place en avril 2021 une plateforme destinée à accueillir,
informer, soutenir, accompagner les étudiants en santé, médicaux et paramédicaux, du premier au
troisième cycle, avec un numéro d’appel, une adresse mail et des intervenants qui, selon le site,
« partagent des compétences en médiation, en intervention sociale, en psychologie, et d’autres, afin de
répondre à la diversité des situations rencontrées par les étudiant(e)s, interviennent en respectant la
confidentialité, travaillent en lien avec les membres du CNA et s’appuient sur l’expertise du CNA, et sont
amené(e)s si nécessaire, à proposer à l’étudiant des ressources accessibles au niveau local ou au niveau
national, selon son souhait. ». La plateforme aurait traité 120 appels en trois mois (d’avril à juin 2021),
émanant surtout d’étudiants en médecine et en Institut de formation en soins infirmiers (IFSI).
Toutefois, sur un plan opérationnel, la collaboration entre le CNA et les deux ministères s’est tendue.
Reconnaissant la mobilisation des différents intervenants et la qualité des travaux réalisés par le
CNA, certains griefs cités par les interlocuteurs de la mission ont semble-t-il eu pour effet de dégrader
les relations (absence de propositions, de suivi, d’archive, multiplication des alertes non
constructives, aucun bilan d’activité après deux ans d’existence, etc.). Surtout, le manque
« d’efficience de proximité » et la centralisation du traitement des situations individuelles au niveau
national au lieu d’une construction d’un réseau territorial local et régional réactif, ont conduit les
ministres à décider, fin septembre 2021, de ne pas renouveler la mission du CNA, dont le mandat
avait expiré en mai 2021.
La lettre de mission indique souhaiter, après la disparition du CNA, la pérennisation de ses missions.
1 Financement MESRI et MSS. Seuls 150 000 € environ ont été dépensés ou engagés jusqu’en décembre 2021.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Sous la responsabilité du MESRI, ces missions ont été internalisées dans le département Qualité de
vie étudiante (QVE) de la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion
professionnelle (DGESIP) pour tous les étudiants, et sous le pilotage des deux ministères s’agissant
des étudiants en santé, en partenariat avec le département « Défis sociétaux et environnementaux »
de la DGESIP et le bureau RH3 de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) « Organisation des
politiques sociales développement des RH ».
Les ministres attendaient des inspecteurs différentes actions, très opérationnelles, qui ont été
réalisées pendant la durée de la mission, en particulier :
• Leur articulation avec les référents CNA universitaires et sur les lieux de stages (à commencer
par l’hôpital où la plupart des étudiants en santé effectuent des stages) et entre les niveaux
locaux, régionaux et nationaux, pour structurer la prévention des VSS et des risques psycho-
sociaux (RPS) au bénéfice des étudiants en santé.
• Des échanges avec la médiatrice nationale santé et son équipe, à qui la supervision de la
plateforme nationale d’orientation et d’écoute a été provisoirement confiée, pour envisager
son devenir après confortation des dispositifs locaux et régionaux.
• La participation à deux comités des parties prenantes (CPP), organisés par les deux directions
centrales et pilotés alternativement par l’une ou l’autre. Ce comité réunit notamment les
associations étudiantes, les ordres, les enseignants et les conférences de doyens, que la mission
a tous auditionnés séparément par la suite.
Deux livrables étaient également attendus et sont joints au présent rapport :
• La trame d’un « vademecum », déclinant et expliquant pour les services, les enseignants et les
étudiants, la marche à suivre pour alerter, demander de l’aide ou prendre en charge les
situations signalées par les étudiants.
Par ailleurs, si permettre aux étudiants d’exprimer leurs souffrances et difficultés, et y apporter des
réponses est un impératif, éviter qu’elles ne surviennent est primordial. La mission a étudié et
entendu les représentants de la plupart des filières, médicales et paramédicales 2, et formule dans le
présent rapport des propositions pour contribuer à améliorer le quotidien des étudiants en santé et
mettre fin à des dysfonctionnements.
2 Médicales : MMOP = médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie – Paramédicales : la liste n’est pas réellement fixée et
fluctue au gré de l’universitarisation des différentes filières mais la mission a essentiellement travaillé sur les principales
citées par ses interlocuteurs : soins infirmiers, aides-soignants, kinésithérapie, orthoptie, orthophonie, psychomotricité,
ergothérapie, audioprothèse, pédicures-podologues, préparateurs en pharmacie, techniciens de laboratoire.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
1.1 Les constats sur le terrain : la mobilisation est importante mais les organisations
sont peu connues, et les causes structurelles de mal-être se cumulent
Au cours des entretiens qu’elle a conduits (plus d’une centaine, voir liste des personnes rencontrées
en fin de rapport), ainsi qu’à la lecture d’une abondante documentation et des informations quasi-
quotidiennes dans la presse, la mission a pu constater que le sujet de la QVES des étudiants en santé
est d’une actualité forte et mobilise largement. Tous ses interlocuteurs signalent la priorité qu’ils
accordent à cette mission. La QVES est une problématique dont la réalité est reconnue et connue de
tous : la prise de conscience et la mobilisation sont importantes, avec une volonté d’agir.
Un communiqué du 18 mai 2021 des deux ministres MSS et MESRI sur le mal-être des étudiants en
santé rappelait d’ailleurs un même mot d’ordre : « tolérance zéro : engagement total ».
Selon les entretiens conduits par la mission, le niveau de tolérance face à la charge de travail des
étudiants en santé, à commencer par les internes en médecine, se serait réduit depuis une vingtaine
d’années en raison :
• Pour d’autres, d’un environnement plus dur et de conditions de travail dégradées (plus de
logements d’internat dans les établissements, stress, rythme accéléré par l’afflux de patients,
hiérarchisation, absentéisme de soignants, perte de convivialité et d’esprit d’équipe, manque
de pédagogie et d’attention de certains…) rendant plus difficilement supportables les horaires
étendus, la charge de travail, la confrontation à la souffrance, la violence, la mort.
Il est nécessaire de dépasser ces débats pour prendre acte de l’urgence à restaurer pour
l’étudiant un cadre de travail attentif à l’équilibre entre satisfaction et valorisation liées à
l’exercice d’un métier et soutenabilité physique, psychique, sociale, financière. L’épanouissement et
le bien-être de nos futurs soignants sont une condition de la qualité des soins de demain, l’enjeu est
collectif et majeur.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Une note établie par la FEHAP 3 pour la mission, après interrogation d’établissements et d’étudiants
de toutes filières indique : « De manière générale, le ressenti des étudiants est relativement négatif [...]
souvent accueillis dans de très mauvaises conditions (en particulier en EHPAD 4). Ce facteur, qui n’est
pas le seul, entraîne un risque d’abandon des études dans le domaine, ou un souhait de ne pas postuler
dans le secteur après leurs stages. Cela participe également à diffuser une mauvaise image sur le secteur
de la santé par les étudiants. ». Une élève infirmière est citée : « Il n'y a aucune perspective de parcours
professionnels pendant 40 ans. »
Plusieurs autres facteurs ont été cités à la mission en explication de ce mal-être étudiant.
○ Des réformes multiples, dans toutes les filières de santé, conduites dans l’urgence, « au
pas de charge » selon plusieurs interlocuteurs de la mission.
○ La suppression des concours et le passage via Parcoursup : la plupart des acteurs
étudiants et enseignants des filières paramédicales concernées signalent les avancées
permises par cette réforme, notamment pour une meilleure équité d’accès aux études et
d’attractivité vers des métiers devant voir leurs effectifs augmenter. Toutefois, la
contrepartie serait une moins bonne connaissance du métier vers lequel les étudiants
s’engagent, des déceptions apparaissant par exemple lors des périodes de stage
entraînant une augmentation des échecs, voire des abandons en cours de formation 5.
○ La crise COVID a dégradé considérablement la QVES, fait perdre l’esprit d’équipe et les
opportunités pour les étudiants de s’intégrer, a amplifié des problèmes préexistants, en
particulier en termes de précarité. Par exemple, une enquête de la fédération nationale
des étudiants en audioprothèse 6 sur l’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale
des étudiants de cette formation identifie les conséquences de la crise sanitaire : stress,
dépression, difficultés financières, perte de motivation, idées suicidaires. Le CNA a
également conduit une enquête nationale, en deux étapes, relative aux répercussions de
la crise sanitaire sur les étudiants en santé, et dont les résultats sont préoccupants.
D’autres enquêtes du même type se sont multipliées ces derniers mois pour les
différentes filières médicales et paramédicales.
○ Les tensions hospitalières et l’engrenage négatif induit : la dégradation des conditions de
travail, le stress, l’anxiété, les risques de burn out, les arrêts de travail voire démissions
tant d’autres étudiants que de soignants ajoutent des pressions sur ceux qui restent,
pouvant devenir maltraitants à leur tour ou eux-mêmes abandonner…
annonçant, dès 2023, 13 600 places supplémentaires par an dans les formations sanitaires et sociales, soit 5 870 places en
Ifsi et 5 763 en Ifas), en collaboration avec le ministère de la Santé, le Comité d’entente des formations infirmières et cadres
(Cefiec) a réalisé du 5 décembre 2021 au 4 janvier 2022 une enquête en ligne auprès de l’ensemble des instituts de
formation en soins infirmiers (Ifsi) adhérents au Cefiec, visant à identifier les entrées en formation en soins infirmiers, les
interruptions, les causes et, in fine, l’employabilité des étudiants à l’issue de la formation. Sur l’échantillon des répondants
(214 Ifsi sur 357, soit 59,94 % de la population totale), qui donne une tendance devant être confirmée par d’autres études,
pour la rentrée 2021 sur 18 008 places disponibles, 17 612 places étaient occupées en septembre (97,80 %). Deux mois
plus tard, plus que 15 341 places étaient encore occupées, soit 86,61 %. 2 271 étudiants ont donc quitté leur Ifsi.
6 Impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des étudiants en audioprothèse. Fédération nationale des étudiants en
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Les initiatives visant l’amélioration de la QVES sont nombreuses mais non coordonnées : il existe une
multiplicité d’acteurs et bien que, comme cela sera vu infra, les guichets multiples d’entrée soient
souhaitables pour les étudiants, ces derniers expriment des difficultés de compréhension et de
lisibilité des processus, pouvant conduire à des errances administratives renforçant alors le stress.
○ Tous les entretiens conduits avec des personnels hospitaliers ont commencé par une
alerte sur les tensions hospitalières actuelles, les difficultés de recrutement,
l’épuisement après plus de deux ans de pandémie, le départ voire l’abandon d’agents de
toutes filières générant un climat très dur et des conditions de travail très difficiles, pour
les étudiants comme pour l’ensemble des hospitaliers (qui se répercute sur les patients).
La présente mission n’a pas vocation à approfondir ce sujet qui est largement travaillé
par ailleurs, mais ses préconisations ne peuvent en être détachées, l’amélioration des
conditions de travail à l’hôpital étant un facteur majeur d’amélioration de la
qualité de vie des étudiants en santé.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
1.2 Une réalité présente dans la majorité des filières, aggravée par la pandémie
La plupart des associations étudiantes ou syndicats des filières MMOP et paramédicales réalisent
régulièrement des enquêtes sur la qualité de vie des étudiants.
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Ces enquêtes ne sont pas toujours méthodologiquement robustes, mais permettent d’approcher des
ordres de grandeur. Une réflexion est en cours entre ministères et étudiants pour améliorer la qualité
de ces études et pour que d’autres études plus régulières soient réalisées par des institutions
publiques.
Tous les champs d’intervention ont un impact important sur la qualité de vie des étudiants en santé
et il importe de les décloisonner et de les coordonner pour permettre d’orienter rapidement un
étudiant en demande de soutien :
• Les violences sexistes et sexuelles (VSS), qui demandent un traitement procéduré, pour lequel
le MESRI a décidé d’appliquer une « tolérance zéro » ;
• Les risques psychosociaux RPS, objet principal des travaux réalisés par l’ex-CNA ;
• Les difficultés liées à une fragilité sociale et/ou financière, à des situations de précarité,
aggravées par la crise Covid et elles-mêmes génératrices de RPS ;
• Les questions relatives au droit du travail, aux droits et devoirs des étudiants sur leurs lieux de
stage ;
• Les addictions, pouvant être générées par les RPS et elles-mêmes sources de RPS.
1.3.1 Les violences sexistes et sexuelles (VSS) : une prise de conscience et des mesures
fortes, mais un défi encore d’actualité
Si le phénomène n’est pas récent, l’enseignement supérieur, comme d’autres secteurs de la société,
est secoué depuis quelques années par des révélations de violences sexistes et sexuelles dont des
étudiant(e)s sont les victimes.
La médiatisation d’affaires récentes a jeté une lumière crue sur des situations de VSS survenues le
plus souvent lors d’évènements festifs ou de soirées privées, mais aussi au sein même des
établissements d’enseignement supérieur.
Une vague de témoignages de victimes de VSS dans les instituts d’études politiques (IEP) a
notamment déferlé l’an dernier sur les réseaux sociaux pour dénoncer un silence institutionnel et
l’impunité des agresseurs présumés. Face à cette situation, la ministre de l’enseignement supérieur
a diligenté en février 2021 une mission conduite par l’IGÉSR relative à la lutte contre les VSS dans les
IEP.
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Si l’ensemble des IEP ont été concernés par des révélations de VSS, d’autres établissements publics
d’enseignement supérieur (école normale supérieure de Lyon 9, CentraleSupélec, école
polytechnique…) ont été touchés.
Le secteur de la santé n’est pas épargné par ces dérives comme l’a souligné le rapport établi par
Donata Marra : « Le sexisme a été très présent dans le système de santé et l’est encore, même si tous les
seniors s’accordent à dire que la situation a évolué favorablement. Les propos sexistes pas toujours
approuvés, faisaient « partie du décor » ». Une étudiante y a d’ailleurs consacré sa thèse de docteur en
médecine 10 soutenue en 2018.
Des enquêtes récentes menées par des associations étudiantes viennent confirmer cette situation :
• Ainsi, l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a publié en mars
2021 les résultats d‘une enquête portant sur les violences sexistes et sexuelles dont sont
victimes les étudiant(e)s en médecine. 39 % des répondants déclarent avoir fait l’objet de
remarques sexistes et 32 %, avoir été victimes de harcèlement sexuel dans le cadre
universitaire (provenant majoritairement d’autres étudiants). Plus de 15 % précisent avoir
déjà subi des agressions sexuelles dans leur vie universitaire, notamment lors d’évènements
festifs. 2,7 % des répondants (119 étudiant(e)s) rapportent avoir été violés. En ce qui concerne
le milieu hospitalier, 39 % des étudiant(e)s ayant répondu à l’enquête ont signalé avoir déjà
reçu des remarques sexistes et 30% avoir été victimes de harcèlement sexuel, des chiffres très
proches de ceux relevés dans le cadre universitaire. Enfin, plus de 5 % des répondants disent
avoir été victimes d’agressions sexuelles, là encore majoritairement commises par un
supérieur hiérarchique. Une nouvelle enquête est en cours de publication au moment de la
rédaction du présent rapport.
7https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/mission-relative-la-lutte-contre-les-violences-sexistes-et-
sexuelles-dans-les-instituts-d-etudes-48556.
8https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/une-nouvelle-etape-dans-la-lutte-contre-les-violences-sexistes-et-
sexuelles-dans-l-enseignement-51410.
9 https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/synthese-du-rapport-agressions-sexuelles-l-ens-de-lyon-81586.
10 Violences sexuelles au cours des études de médecine : enquête de prévalence chez les externes d’Ile-de-France. Line Zou
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Ces enquêtes font également état d’un faible signalement des faits dans le cadre des dispositifs mis
en place par les composantes, l’université, l’institut ou l’hôpital. Cette situation est en partie due à
une méconnaissance par les victimes de ces dispositifs mais aussi à un manque de confiance dans
leur capacité à prendre en charge les situations dénoncées. Une forte réticence à signaler sa situation
trouve ainsi et souvent son origine dans la crainte de représailles ou dans le sentiment que cela sera
inutile (personne mise en cause dont l’attitude est parfois connue de longue date, sans qu’elle n’ait
été inquiétée). Ce sentiment d’impunité vis-à-vis de certains agresseurs présumés conduit les
victimes à se confier préférentiellement à des proches ou à ne pas se confier du tout. En outre, des
étudiants peuvent s’inquiéter d’une « extraction » d’un terrain de stage en raison de la difficulté à en
trouver un nouveau.
1.3.2 Les risques psycho-sociaux (RPS) : le cœur de la mission, vers lequel converge
l’ensemble des facteurs de mal-être
Les représentants des étudiants en santé et des internes (dont le statut d’étudiant est prévu par le
code de l’éducation12 et le code de la santé publique 13, tout en étant également un agent public)
expriment depuis plusieurs années des inquiétudes quant aux réformes successives de leurs
formations et aux risques psychosociaux (RPS) auxquels ils sont exposés.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
La mobilisation de nombre d’entre eux durant les deux dernières années a permis de prendre en
charge les patients atteints de Covid, tester ou vacciner la population, mais a exacerbé la fatigue, le
sentiment de fuite en avant, la perte de sens, au-delà du mal-être ressenti par la population étudiante
générale et l’anxiété quant à leur avenir professionnel et personnel.
Avant la crise sanitaire, des études publiées dans le Journal of the American Medical Association
(JAMA) en 2015 et 2016 alertaient déjà sur des taux allant de 7,7 à 65,5 % des étudiants en santé
souffrant d’anxiété et de 9,3 % à 56 % de symptômes dépressifs (en moyenne 27,2 %). Les idées
suicidaires touchaient en moyenne 11% (7,4 à 24,2 %) des étudiants. Une autre enquête du Conseil
national de l’Ordre des médecins (CNOM) en 2016 révélait également que 14 % des étudiants en
médecine et jeunes médecins avaient des pensées suicidaires 14.
En 2016, un rapport de l’IGAS, avec le soutien de l’IGAENR 15, faisait un état des lieux des RPS des
personnels médicaux (et des étudiants) en établissements de santé et rappelait que « les
conséquences sur les personnels médicaux ont des répercussions humaines, mais aussi sur l’organisation
et la qualité des soins. ». Il proposait la création d’une mission nationale chargée de mettre en œuvre
une stratégie et de piloter « des politiques liées à la prévention, au traitement des RPS et à la qualité de
vie au travail » pour l’ensemble des professionnels de santé. La mission recommandait de "dépayser
la prise en charge" en instaurant au niveau régional une organisation autour de médiateurs régionaux
et d’un médiateur national "santé", à l’instar de l’organisation mise en œuvre par le ministère de
l’enseignement supérieur et de la recherche. Cette organisation est aujourd’hui une réalité, et la
mission a rencontré les deux médiatrices, MSS et MESRI, et leurs équipes.
Une stratégie nationale d’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (voir infra) adoptée en
décembre 2016 a notamment conduit à constituer une médiation nationale en santé : après une
mise en place par Edouard Couty, elle est à présent pilotée par Danielle Toupiller, avec un réseau de
médiateurs interrégionaux. Le pilotage et la supervision de la plateforme CNA lui ont été
provisoirement confiés.
En 2017, une enquête réalisée par plusieurs associations d’étudiants et internes en médecine faisait
un constat alarmant : 66,2 % des jeunes et futurs médecins présentaient des symptômes anxieux,
27,7 % présentaient des symptômes dépressifs et 23,7 % affirmaient avoir des idées suicidaires 16.
Une enquête réalisée en 2019 par la filière masseurs-kinésithérapeutes 17 évoque une proportion
d’un étudiant sur cinq qui qualifie sa santé mentale de mauvaise ou très mauvaise, et 61 % d’entre
eux présenteraient des troubles dépressifs.
La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et plusieurs associations d’étudiants ont
publié en décembre 2020 un rapport sur la santé mentale des étudiants en santé « Pronostic mental
engagé ». Ils y précisent que les enseignements peuvent être une source de mal-être pour les
étudiants. Selon ce document, qui liste, par ailleurs de nombreuses propositions d’amélioration :
14 Sur les 18 875 étudiants ayant participé à l'enquête de l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) en 2018, 8 %
d'entre eux a pensé à se suicider, 4 % a parlé à quelqu'un de ses idées suicidaires, et 4 % a fait une tentative de suicide.
15 DESAILLY-CHANSON Marie-Ange, SIAHMED Hamid, avec la contribution de ELSHOUD Stéphane – « Etablissements de
santé Risques psychosociaux des personnels médicaux : recommandations pour une meilleure prise en charge - Mise en
responsabilité médicale : recommandations pour une amélioration des pratiques » - Rapport IGAS - Décembre 2016.
16 En décembre 2020, les étudiants en santé ont publié une lettre ouverte au sujet de la santé mentale des étudiants, co-
rédigée par 14 associations et fédérations représentatives à l’appui d’un rapport pour alerter sur la dégradation de leur
santé psychologique. Souvent liée à une précarité financière et aux conditions de travail, celle-ci a été encore fragilisée par
la crise Covid-19.
17 https://www.ordremk.fr/wp-content/uploads/2019/06/ddp-bien-etre.pdf.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
• 80 % des étudiants en soins infirmiers déclarent que leurs études ont un impact négatif sur
leur vie privée.
• Un tiers des étudiants sages-femmes ne se sentent pas ou peu accompagnés par l’équipe
enseignante.
• Près de la moitié des étudiants en masso-kinésithérapie ne se sentent pas assez soutenus dans
leurs instituts.
Dans une nouvelle enquête effectuée en 2021 18, les symptômes anxieux ont touché 75 % des
étudiants en médecine. 25 % ont présenté un épisode dépressif majeur ou caractérisé dans l’année,
67 % un syndrome d’épuisement professionnel, 25 % ont connu des situations de harcèlement, 23 %
d’humiliation et 4 % d’agression sexuelle.
Tableau 1 : Résultats comparés enquêtes Santé mentale étudiants médecine 2017 et 2021
Le tableau ci-dessus aborde l’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression scale) qui est un
instrument permettant de dépister les troubles anxieux et dépressifs 19.
18 Enquête ISNI (InterSyndicale Nationale des Internes), ISNAR-IMG (InterSyndicale Nationale Autonome Représentative
des Internes de Médecine Générale) et ANEMF (Association Nationale des Etudiants en Médecine de France) réalisée entre
mai et juin 2021 : https://www.isnar-img.com/wp-content/uploads/DP-Sante-mentale2021-int.pdf.
19 Elle comporte 14 items cotés de 0 à 3. Sept questions se rapportent à l’anxiété (total A) et sept autres à la dimension
dépressive (total D), permettant ainsi l’obtention de deux scores (note maximale de chaque score = 21).
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• Comme pour les VSS, le sentiment d’impunité de certaines personnes ayant des
comportements ou des propos inappropriés dans les services hospitaliers, lors des stages, ou
de la part d’enseignants et d’assistants (« tu ne feras jamais un bon médecin »).
• Une trop grande densité du contenu de certaines formations (en particulier orthophonie et
maïeutique).
• L’impact d’évènements dramatiques sur toute la promotion, ainsi que sur les
enseignants et encadrants : il est important de penser aussi à leur apporter du soutien dans
les situations difficiles (suicide, fake news…) et à mettre en œuvre des actions collectives.
• L’allongement des études et les changements multiples des règles peuvent être également
des sources majeures de déstabilisation, désenchantement, découragement.
1.3.3 La précarité financière : une question prioritaire et urgente pour les étudiants
concernés
L’enquête 2020 de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) portant sur les « conditions de vie des
étudiants » a permis d’analyser les réponses de 60 014 étudiants dont 4 328 du secteur santé (filières
MMOP essentiellement). Les résultats de cette enquête montrent que les répondants du secteur santé
ont déclaré des ressources moyennes mensuelles (provenant d’aides de la famille, d’aides publiques,
de revenus d’activité, d’un prêt étudiant ou d’autres ressources) de 999 € contre 919 € pour
l’ensemble des étudiants. Un peu plus de 13 % des déclarants en santé ont indiqué rencontrer de
fortes ou de très fortes difficultés financières contre près de 20 % de l’ensemble des étudiants.
Ces chiffres sont néanmoins à prendre avec précaution en raison du nombre de répondants à
l’enquête et du fait que les étudiants des instituts de formation non intégrés aux universités n’ont pas
été sollicités (soit la majorité des formations paramédicales).
L’enquête réalisée en 2019 par les masseurs-kinésithérapeutes citée supra fait état d’une précarité
financière alarmante dans cette filière.
Il est en outre indéniable que la crise sanitaire a accentué les difficultés financières des étudiants et
la Cour des Comptes a d’ailleurs dédié une partie de son rapport public annuel 2022 au soutien de
l’État à la vie étudiante 20 pendant la crise sanitaire. La Cour considère que « les dispositifs de soutien
ont été nombreux mais leur montée en puissance a été tardive, et ils ont atteint les étudiants de manière
inégale. La gestion de l’urgence a mis en évidence les défauts structurels du système de soutien à la vie
étudiante ».
20 https://www.ccomptes.fr/fr/documents/58760.
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Les associations étudiantes rencontrées par la mission ont toutes fait état des difficultés financières
rencontrées par les étudiants en santé. Elles trouvent notamment leur origine dans :
• Des coûts d’inscription très élevés pour certaines formations, très inégaux, notamment
dans les établissements privés (parfois plus de 10 000 €) 21.
• Le logement qui constitue un poste important dans le budget d’un étudiant et qui varie
significativement selon son lieu d’études (élevé à Paris et dans d’autres grandes villes et
moindre dans une ville moyenne).
• Le coût du logement supplémentaire et/ou du transport lorsque les lieux de stage sont
éloignés du lieu de résidence habituel.
• La nécessité de quitter sa région d’origine pour poursuivre ses études (certaines formations
ne sont pas dispensées dans toutes les collectivités d’outre-mer).
• L’achat de matériels coûteux pour certaines formations comme par exemple l’odontologie
(certaines composantes prêtent les équipements, d’autres non).
Ces problèmes peuvent être bien évidemment accentués en fonction de l’étudiant et/ou de sa
situation familiale (famille elle-même en précarité financière, étudiant en rupture avec sa famille
dont les revenus seront pourtant pris en compte pour le calcul des aides sociales, étudiant aidant
pour un ou des parent(s) malade(s)) ou en cas de redoublement (notamment si un prêt étudiant a
été contracté) ou réduits.
Les étudiants inscrits dans certains instituts de formation paramédicale ont également et
unanimement déploré les problèmes d’accès à certains services universitaires (comme les services
de santé universitaire) malgré le paiement de la CVEC 22 lors de leur inscription.
Des ressources existent mais ne sont pas toujours connues des étudiants. Ils peuvent les identifier en
faisant appel à différentes sources d’information locales et nationales dont :
Les assistantes sociales relevant des CROUS, des établissements hospitaliers, des
universités (le cas échéant) qui ont une bonne connaissance de l’ensemble des
dispositifs susceptibles d’être activés par les étudiants (y compris hors de leur
périmètre d’action immédiat). En complément des renseignements fournis, les
assistantes sociales peuvent également monter les dossiers de demandes d’aide et,
dans certains cas, participer aux commissions d’attribution de ces aides ;
21 La loi n°2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et aux collectivités locales a transféré aux régions, à la hauteur
des financements alloués jusque-là par l’assurance maladie, la responsabilité des formations paramédicales et sociales et
leur a confié le financement des établissements publics, mais pas des établissements privés.
22 Contribution de vie étudiante et de campus.
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D’autres aides significatives peuvent être versées, sous certaines conditions, par les œuvres
universitaires et scolaires 24.
Pour la plupart des étudiants inscrits dans des formations paramédicales (soins infirmiers, aides-
soignants, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues…) et les formations en maïeutique,
les bourses sur critères sociaux sont délivrés par les conseils régionaux, seuls compétents pour
décider de l'attribution des bourses d'études aux élèves et étudiants inscrits dans les établissements
de formation sociale initiale, agréés et financés par les régions. Plusieurs représentants associatifs
entendus par la mission ont regretté que ces bourses ne soient pas versées par les CROUS, à l’instar
de ce qui est fait en région Normandie. Si la décision d’attribution relève toujours de cette région, la
mise en œuvre pratique de la gestion de ces bourses est assurée conventionnellement par le CROUS
qui dispose de la logistique et de l’expertise nécessaires à un paiement rapide de ces aides,
contrairement à ce qui peut être constaté dans d’autres régions selon des déclarations faites à la
mission.
D’autres dispositifs sont ouverts à certains étudiants inscrits dans une filière de santé. Ainsi, le
contrat d’engagement de service public (CESP), créé par la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant
réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires 25, prévoyait que les étudiants
en médecine et en odontologie pouvaient se voir accorder une allocation mensuelle de 1 200 € bruts
à compter de la deuxième année des études médicales. En contrepartie, ces derniers s’engageaient à
exercer dans une zone où l’offre de soin fait défaut, pour une durée égale à celle durant laquelle ils
auront perçu cette allocation, avec un minimum de 2 ans d’engagement, comptabilisée en mois
d’exercice.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Cette disposition a néanmoins été modifiée, en raison de dérives constatées, par l’article 8 de la loi n°
2019-774 du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé 26 et
par le décret n° 2020-268 du 17 mars 2020 relatif au contrat d'engagement de service public prévu
à l'article L. 632-6 du code de l'éducation27. Désormais, les CESP ne peuvent plus être conclus avec
les étudiants du premier cycle mais uniquement avec les étudiants de deuxième et troisième cycle.
Cette évolution est déplorée par les organisations étudiantes qui estiment que cela contribue à
l’aggravation de la précarité chez les étudiants de premier cycle de médecine et d’odontologie, qui
étaient auparavant les principaux bénéficiaires de ces contrats.
Le dispositif des contrats d’allocations d’études permet quant à lui de verser une aide aux étudiants
paramédicaux en dernière année de formation contre un engagement de servir pour une certaine
durée dans un établissement de santé ou un EHPAD à l’issue de leur diplomation. Ce dispositif
concerne des professions en tension comme par exemple celles d’aide-soignant, d’infirmier,
d’infirmier anesthésiste, d’infirmier de bloc opératoire, de masseur-kinésithérapeute, de
manipulateur en électroradiologie médicale, ou d’orthophoniste.
Lors de ses entretiens, la mission a pu constater que les étudiants auditionnés ne connaissaient pas
ou peu tous les dispositifs qui leur étaient ouverts et étaient en attente forte d’un accès à des sources
d’information fiables. Les étudiants en difficulté se tournent souvent vers leurs associations
représentatives ou leurs syndicats pour mieux identifier les aides qu’ils peuvent solliciter. Des
initiatives locales ont été présentées à la mission comme par exemple celle d’un étudiant en
odontologie à Bordeaux28 afin de les aider.
1.3.4 Les conditions de travail durant les stages font l’objet de fortes revendications
de la part des organisations étudiantes
Les conditions dans lesquelles les étudiants sont amenés à découvrir leur futur environnement
professionnel et à perfectionner leur pratique professionnelle ont été abordées par la quasi-totalité
des personnes auditionnées, tant sur le plan national que local.
Des travaux récents ou en cours ont été présentés à la mission. Il s’agit par exemple de la charte
d’accueil des étudiants en santé dans tous les territoires 29 signée le 22 mai 2019 par la Fédération
hospitalière de France, Régions de France, l’association des maires de France et des présidents
d’intercommunalité, les conférences de directeurs généraux de CHU et de centres hospitaliers, les
conférences de présidents de CME, des associations d’étudiants et d’internes 30, le CEFIEC et l’ANDEP.
Cette charte a pour ambition de « formaliser les modalités d’accompagnement des parcours de
formation des étudiants en santé à l’échelle territoriale, avec toujours pour objectif premier la qualité
pédagogique des stages » et est structurée en cinq chapitres (accueil, formation, hébergement,
implication des étudiants dans le territoire, et évaluation) avec 16 engagements.
La fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a engagé de son côté un travail de rédaction d’un guide
sur l’accueil des internes, les établissements de santé privés ayant, depuis 2011, le droit et la
possibilité de former des internes sur leurs terrains de stage.
26 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000038824812.
27 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000041733484/.
28 Manuel « Bien-être et aides sociales pour les étudiants en odontologie » - Jacques Laügt, étudiant à la faculté d’odontologie
de l’université de Bordeaux.
29 https://www.fhf-hdf.fr/wp-content/uploads/2019/07/Charte-daccueil-des-etudiants-en-sant%C3 %A9 %C3 %A0-
l %C3 %A9chelle-territoriale-sign%C3 %A9e.pdf.
30 ISNI, ISNAR-IMG, FNSIP-BM, ANEMF, ANEPF, ANESF, FNESI, FNEK.
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Néanmoins, malgré les multiples initiatives prises tant sur le plan national que sur les différents sites
d’accueil, des difficultés souvent différentes selon les filières et les lieux de stage ont été exprimées
par les associations et représentants étudiants entendus. De nombreux sujets ont été évoqués mais
seuls certains d’entre eux seront présentés ici : l’encadrement sur le lieu de stage, les indemnités
versées aux étudiants externes, internes et issus des formations paramédicales, et la question du
temps de travail et de la séniorisation des gardes des internes en médecine.
• En médecine
L'agrément d'un praticien comme maître de stage universitaire pour l'accueil des étudiants
de deuxième et troisième cycles des études de médecine est délivré pour attester des
compétences de formateur du praticien. Conformément aux dispositions du décret n° 2020-
951 du 30 juillet 2020 relatif aux conditions de l'agrément des maîtres de stage des
universités et de l’arrêté du 22 décembre 2021 relatif aux modalités et conditions de
l'agrément des maîtres de stage des universités accueillant des étudiants de deuxième et de
troisième cycles des études de médecine, le praticien doit notamment attester avoir suivi une
formation à l'accueil, à l'encadrement et à l'évaluation d'un étudiant afin d’être agréé. Les
ministères en charge de l’enseignement supérieur et de la santé souhaitent parvenir à un
ratio d’un praticien agréé-maître de stage universitaire pour trois étudiants en troisième
cycle des études de médecine à l’horizon 2024. Le nombre total de praticiens agréés comme
maîtres de stage universitaires a progressé de 9,6 % entre 2019 et 2021, avec cependant
d’importantes disparités sur le territoire national.
• En pharmacie
Les lieux de stages varient selon la filière suivie : officine, hôpital, laboratoire de biologie
médicale, hôpital, recherche, institutions.
Pour la filière officine, seuls les pharmaciens titulaires d’une officine ouverte au public et les
pharmaciens gérants des pharmacies mutualistes ou des pharmacies de société de secours
minière peuvent prétendre à un agrément et devenir maîtres de stage. La demande est à
formuler auprès de l’UFR de pharmacie concernée qui sollicite ensuite l’avis de l’Ordre.
L’agrément est délivré par le directeur de l’UFR 31.
Pour être agréé, le maître de stage doit signer une charte d'engagement conjointement établie
par les représentants universitaires et ordinaux. L’agrément est nominatif et doit être
renouvelé tous les cinq ans. Il peut être révoqué par décision motivée du directeur de l’UFR
de pharmacie.
31 Article 21 de l’arrêté du 8 avril 2013 relatif au régime des études en vue du diplôme d'Etat de docteur en pharmacie.
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• En audioprothèse
Un rapport IGAS/IGÉSR de novembre 2021 portant sur la filière auditive 32 a formulé huit
recommandations en matière de formation des audioprothésistes, et l’une d’entre elles est
« d’adapter les modalités de réalisation des stages prévus dans le cadre de la formation des
audioprothésistes et harmoniser à l’échelle nationale les critères d’agrément des maîtres de
stage ». La Fédération nationale des étudiants en audioprothèse demande par ailleurs de
mieux répartir les périodes de stage durant la scolarité.
• En soins infirmiers
La FNESI demande la création d’un statut de tuteur en stage 33, les stages représentant 50 %
de la formation en soins infirmiers. Actuellement, le déficit de professionnels sur le terrain
impacte fortement l’encadrement des étudiants en stage.
• En maïeutique
Ces différences ne sont pas comprises et admises par les étudiants qui jugent absolument nécessaire
que chaque filière propose un encadrement de l’ensemble des stages par des tuteurs ou maîtres de
stage préalablement formés tant sur un plan pédagogique que sur celui de l’attitude à observer vis-
à-vis des stagiaires, basée sur la bienveillance et la proscription de comportements inadaptés. Les
étudiants de certaines filières font enfin part de leurs inquiétudes lorsqu’il s’agit de trouver un
terrain de stage (étudiants en master d’orthophonie) en raison de la simultanéité des périodes de
stage conduisant à une saturation de la disponibilité des professionnels.
Des initiatives intéressantes ont cependant été notées. Des enseignants référents individuels de
stage, pour quelques formations, appellent l’étudiant à mi-stage afin de connaître les conditions du
déroulement du stage, certains se déplaçant sur site afin de s’assurer qu’il se passe dans des
conditions satisfaisantes.
• L’indemnisation financière des stages est hétérogène d’une filière à une autre, et d’une
année à l’autre. Par exemple, les indemnités pour les filières médicales 34 de deuxième et
troisième cycles et certaines filières paramédicales sont indiquées en annexe 1.
• Le remboursement des frais de transport n’est pas homogène non plus pour l’ensemble des
étudiants en santé (voir annexe 1).
32https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/evaluation-de-la-filiere-auditive-rapport-2021-206-conjoint-
avec-l-igas-decembre-2021-83197.
33 Avec une revalorisation salariale et un aménagement du temps de travail.
34 Arrêté du 15 juin 2016 modifié par arrêté du 11 septembre 2020 relatif aux émoluments, rémunérations ou indemnités
des personnels médicaux, pharmaceutiques et odontologiques exerçant leurs fonctions à temps plein ou à temps partiel
dans les établissements publics de santé.
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Les obligations de service d’un interne sont fixées à dix demi-journées par semaine dont huit demi-
journées de service effectif dans la structure d’accueil. Les deux autres demi-journées se déroulent
hors stage.
L’une d’entre elles est consacrée à la formation, durant laquelle l’interne est sous la responsabilité
du coordonnateur de sa spécialité. Cette demi-journée est décomptée comme du temps de travail
effectif et est comptabilisée dans les obligations de service de l’interne. L’autre demi-journée consiste
en un temps de travail personnel que l’interne utilise de manière autonome. Cette demi-journée n’est
pas décomptée comme du temps de travail effectif mais est comptabilisée dans les obligations de
service de l’interne.
Le temps de travail de l’interne 35 ne peut excéder quarante-huit heures par période de sept jours,
cette durée étant calculée (« lissée ») en moyenne sur une période de trois mois. L'interne bénéficie
d'un repos de sécurité immédiatement à l'issue de chaque garde et « à l'issue du dernier déplacement
survenu pendant une période d'astreinte » 36. Le temps consacré au repos de sécurité ne peut donner
lieu à l'accomplissement des obligations de service en stage et hors stage 37.
Les résultats d’une enquête de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) publiée en 2020 font
apparaître que les internes en médecine travailleraient en moyenne 58,4 heures par semaine, 40 %
d’entre eux travaillant plus de 60h et 10 % plus de 79h. Ce temps de travail serait également à
moduler en fonction des spécialités allant d’un peu plus de 52h pour les internes en médecine
générale jusqu’à plus de 70h pour les spécialités chirurgicales.
Les internes déplorent que le décompte du temps de travail dans les tableaux de service se fasse en
demi-journées et non en volume horaire précis, ce qui ne permet pas de refléter leur temps de travail
réel. Ils relèvent également que les deux demi-journées de formation sont parfois « sacrifiées » afin
de faire face à la charge de travail dans les services. Ces derniers essaient néanmoins de limiter ces
dépassements d’horaires en faisant appel à des Faisant Fonction d’Internes (FFI) mais cela n’est pas
toujours possible.
Plusieurs internes auditionnés ont regretté l’absence de disponibilité de médecins « seniors » lors de
certaines de leurs gardes, notamment en chirurgie, et principalement durant les deux ou trois
premiers semestres d’internat. Ils considèrent que cette situation est source de stress pour les
internes et est susceptible de faire courir un risque aux malades. Les interlocuteurs institutionnels
de la mission, comme les ARS, ont rappelé que cette situation n’était pas conforme à la
réglementation, que la séniorisation était obligatoire, son absence étant susceptible de conduire à un
retrait d’agrément du service.
35 Ce temps inclut la formation en stage (y compris les temps de garde et d’astreinte), la formation hors stage et les temps
de trajet.
36 Il semble que cette disposition soit diversement interprétée selon les établissements et les spécialités. Les astreintes sont
de fait souvent effectuées en présentiel dans l’établissement, sans généralement donner lieu à un repos de sécurité.
37 Art. R.6153-2 du code de la santé publique.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Plus globalement, et pour l’ensemble des étudiants en santé, l’évaluation systématique des lieux de
stage doit permettre d’identifier les difficultés rencontrées par les étudiants en stage, et notamment
les services posant problème. Le résultat de cette évaluation doit être communiquée à
l’administration des établissements d’accueil, dans un format permettant de garantir l’anonymat des
étudiants auteurs de l’évaluation, afin que des mesures correctives puissent être prises.
La consommation de tabac, alcool, cannabis, cocaïne, protoxyde d’azote 40, methamphétamine/ecstasy 41,
psychotropes, nouvelles drogues type 3-MMC 42, et autres drogues licites ou illicites, à laquelle on peut
ajouter les addictions aux écrans ou aux jeux, sont évoqués par de nombreux interlocuteurs de la mission
comme particulièrement inquiétants, et renforcés depuis la crise Covid. Très peu d’études s’intéressent à
ce problème, qui pourtant compromet gravement la poursuite sereine d’études demandant un niveau de
concentration important 43 :
• Une enquête réalisée en 2017-2018 chez les étudiants en maïeutique relève que 27 %
déclarent avoir augmenté leur consommation d’alcool au cours de leurs études, versus 4 % qui
déclarent l’avoir diminuée.
• La « BOURBON Study » 44 publiée en juillet 2018 a révélé une souffrance psychique chez les
étudiants en médecine, qui pourrait pousser les hommes vers des consommations de drogues
plus en plus détourné pour un usage récréatif dans les milieux étudiants. De nombreux médecins (notamment lors des
Journées de Neurologies de Langue Française - JNLF 2022) alertent régulièrement sur cette nouvelle addiction qui serait
responsable de myélo-neuropathies, voire de polyneuropathies pouvant avoir des séquelles à long terme.
41 Drogue de synthèse de la famille des amphétamines, dont certaines formules récentes très concentrées peuvent menacer
performances.
44 Etude nationale réalisée dans 35 universités françaises sur des étudiants en médecine, entre la première et la dernière
année de l’internat. Les conditions de travail et le stress étaient également étudiés comme facteurs de risque potentiel. G
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alors que les femmes se tournent plus volontiers vers un suivi psychothérapique et des
psychotropes. Elle montre l’usage trop fréquent du cannabis chez les étudiants en médecine
français : 15 % de consommateurs, 5 % de sujets dépendants.
• Le baromètre IPSOS/MACIF 2021 45 indique que 21 % des jeunes vivant en colocation versus
6 % de ceux habitant chez leurs parents consomment régulièrement du cannabis, 15 % versus
3 % sont des consommateurs réguliers de cocaïne et de crack, 11 % versus 3 % pour l’ecstasy,
la MDMA, le GHB, le protoxyde d’azote, LSD, ce taux étant de 16 % pour ceux vivant en
résidence étudiante. Cette étude conclut que « L’effet d’entrainement semble réel sur ce type de
consommations. »
Il s’agit souvent d’un cercle vicieux : le stress, la pression, le mal-être, parfois l’isolement peuvent
conduire à chercher l’évasion ou la détente à travers la consommation de cannabis en fin de journée,
qui devient une habitude ou la consommation d’alcool, de cocaïne ou autres stupéfiants lors
d’évènements festifs étudiants. Cette consommation est elle-même source de mal-être, de difficultés
de mémorisation, de perte de sens, parfois de précarité, et peut également contribuer à l’émergence
de VSS.
1.4 Des points communs et des spécificités pour chaque filière MMOP et paramédicale
en matière de qualité de vie des étudiants en santé
Certains éléments peuvent être mis en exergue pour l’ensemble des filières, tandis que d’autres sont
spécifiques à une filière.
La mission a organisé au cours de ses visites en régions, avec l’aide de ses hôtes, des rencontres avec
des étudiants de toutes filières. L’un des principaux constats est le cloisonnement entre les étudiants,
accentué par la crise Covid. Ils ne se connaissaient pas entre eux et les réunions organisées par la
mission ont d’ailleurs constitué des occasions de rapprochements qui les ont apparemment
enthousiasmés et que la mission a suggéré de renouveler régulièrement, en constituant des groupes
de discussion inter filières par exemple.
Un module est inclus dans leurs maquettes de formation, permettant l’acquisition de compétences
pour conduire des actions de prévention et de promotion de la santé auprès de différents publics. Le
Fond 1, Un Bourbon 2, P Auquier 2, JA Micoulaud Franchi 3, C Lançon 2, L Boyer 2 Venus and Mars on the benches of the
faculty: Influence of gender on mental health and behavior of medical students. Results from the BOURBON national study
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30005328/.
45 Premier baromètre national « Les addictions et leurs conséquences chez les jeunes »* Macif/Ipsos avec des psychologues,
addictologues et la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes) sur les consommations de substances
addictives chez les jeunes de 16 à 30 ans https://www.macif.fr/files/live/sites/maciffr/files/maciffr/LeGroupe/Rapport-
Barometre-MacifIpsos_Addictions2021.pdf.
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service sanitaire peut donc être sollicité dans le cadre de la prévention par les pairs, par exemple
dans le cadre de projets communs à plusieurs filières de formation.
Le degré d’universitarisation est variable d’une filière paramédicale à une autre : intégration totale à
l’université pour les filières audioprothèse, orthophonie et orthoptie à la co-existence
d’établissements publics et privés pour les autres filières. Les associations étudiantes entendues par
la mission souhaitent une universitarisation plus poussée de l’ensemble des filières. Elles sont
rejointes en cela par France Universités qui dans ses « orientations et propositions pour les élections
présidentielle et législatives de 2022 » recommande de « transférer la formation de tous les
professionnels de santé à l’université, qu’il s’agisse des formations paramédicales ou des nouveaux
métiers pour la santé ». Toutefois, cela aura des conséquences en termes de financement par les
conseils régionaux, qu’il importera d’anticiper.
Une difficulté commune aux filières paramédicales est l’impossibilité d’exprimer une préférence
géographique dans Parcoursup, en particulier pour les IFSI et les IFAS (instituts de formation des
aides-soignants). La suppression du concours et de l’épreuve d’oral pour certaines filières a
permis d’intéresser un nombre plus important de futurs bacheliers aux différents métiers de la santé
et de permettre à tous d’y accéder sans concours et sans recours à des organismes de préparation
souvent très onéreux et inaccessibles pour nombre d’étudiants. Toutefois, la contrepartie est que
cette nouvelle procédure ne permet pas, notamment selon les enseignants, de s’assurer de la
motivation et de la compréhension du futur métier. Il semblerait que ces changements aient conduit
à une augmentation du nombre d’entrées dans les cursus mais également à une augmentation du
nombre d’abandons en cours de cursus, les étudiants découvrant en début de cursus ou durant les
premiers stages les exigences du métier préparé.
• Masseurs-Kinésithérapeutes
Les stages en masso-kinésithérapie sont souvent réalisés sur un lieu de stage où il n’y a qu’un seul
stagiaire, notamment dans les cabinets libéraux avec des amplitudes horaires étendues. Une des
principales demandes exprimées dans cette filière est de conduire un travail sur les profils de tuteurs
de stage, en particulier en termes de formation.
Une formation des acteurs relais portant sur la prévention des RPS chez les étudiants en
kinésithérapie a été organisée en distanciel le 20 mai 2021. Elle est renouvelée en juin 2022 en
présentiel. Cette formation est organisée par le Conseil national de l’ordre des masseurs
kinésithérapeutes (CNOMK), la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK) et le
Syndicat national des instituts de formation en kinésithérapie (SNIFMK). Elle s’adresse à des
étudiants et des membres d’équipes pédagogiques volontaires. La formation a pour but de les
sensibiliser et de les initier à la détection des troubles psycho-sociaux chez les étudiants en
kinésithérapie et à leur orientation vers des structures et des personnes qualifiées. L’objectif est que
ces acteurs de la formation aient les clés principales pour détecter, aborder, orienter et accompagner
au mieux des étudiants masseurs-kinésithérapeutes se trouvant dans un mal-être psychique. Les
acteurs relais doivent travailler dans le respect de l’anonymat et les étudiants sont prévenus de leur
existence. Il est envisagé de créer une charte pour ces acteurs relais.
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Certains instituts ont mis en place des référents de promotion. Des enseignants référents (d’une
année ou d’un cycle) ont été parfois désignés et se présentent comme chargés du suivi des étudiants.
• Soins infirmiers :
Selon une enquête réalisée par le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), un
peu plus de 80 % des étudiants entrés en première année d’études de soins infirmiers (SI) en 2016
et 2017 sont sortis diplômés de leur institut trois ans plus tard, en 2019 et 2020. 75 % des
étudiant(e)s en soins infirmiers (ESI) se déclaraient épuisés physiquement et 62 % estimaient que
leur santé psychologique s’était détériorée à l’issue de leur formation. Les arrêts en cours de cursus
seraient ainsi de 20 % pour les élèves infirmiers, versus environ 1 % pour les étudiants masseurs-
kinésithérapeutes (MK).
La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) estime que la confrontation avec
la réalité de l'hôpital, la découverte du métier pendant les stages, est la première cause des abandons
des étudiants lors de leur cursus.
Elle vient de diffuser les résultats d’une nouvelle enquête sur la santé mentale des étudiants en soins
infirmiers (ESI), avec plus de 15 000 répondants, qui montre une forte dégradation depuis 2017 :
Plus de la moitié d’entre eux signalent que leur santé financière est mauvaise ou très mauvaise.
Les étudiants en soins infirmiers ont des formateurs référents. En cas de problème en stage, le lien
de confiance se fait avec les élus de promotion, mais également avec les référents pédagogiques : cela
fait partie intégrante de leur travail, mais ces derniers expriment de plus en plus leur difficulté à
assumer cette mission avec la charge de travail, l’augmentation des étudiants en formation et
l’absentéisme actuel dans les hôpitaux.
La FNESI dispose d’une ligne téléphonique qui fait de l’écoute et de l’orientation (entre 4000 et 5000
appels/an).
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• Orthophonie
Une enquête de la fédération nationale des étudiants en orthophonie (FNEO) a été réalisée en 2021-
2022 : 52,4 % des étudiants ont apporté une réponse à un questionnaire Santé Mentale dans 13 des
21 centres de formation. Elle évoque une forte charge de travail des étudiants (en dernière année, la
maquette indique 68 heures par semaine), rendant difficile la conciliation avec un job étudiant, d’où
certains problèmes de précarité. Le changement d’accès via Parcoursup a été accueilli avec des a
priori dans des centres de formation : 53 % des étudiants concernés notent des remarques
désobligeantes, certains se sentant illégitimes face à d’autres ayant passé un concours. Environ 10 %
des répondants disent avoir été témoins ou victimes de harcèlement. Dans près de 23 % des cas, ce
sont d’autres étudiants qui sont mis en cause, et des maîtres de stage dans les mêmes proportions.
De nombreux étudiants font état d’une dégradation de leur état de santé et il y a désormais des
abandons chez les étudiants orthophonistes, ce qui n’était pas le cas avant.
La FNEO demande notamment un état des lieux généralisé de la filière, une formation des
interlocuteurs des étudiants à leur qualité de vie, leur santé mentale et les problématiques de
harcèlement et de VSS, ainsi qu’un rééquilibrage de la maquette.
• Étudiants/Internes en médecine
Comme évoqué précédemment, les différentes enquêtes concernant les étudiants et internes en
médecine montrent une dégradation de leur santé mentale, en particulier depuis quatre ans : en
période de stage, deux tiers d’entre eux déclarent avoir fait un burn-out, un quart avoir subi un
épisode dépressif caractérisé, un cinquième avoir eu des idées suicidaires, un quart avoir subi du
harcèlement sexuel, et autant une humiliation. La mobilisation durant la crise Covid a
particulièrement marqué nombre d’entre eux.
Les représentants des étudiants et internes en médecine insistent particulièrement sur les questions
relatives aux horaires, aux salaires, à « l’omerta » sur certaines maltraitances, aux capacités de
formation, aux réformes multiples et à l’inadéquation de l’allongement des études envisagé pour
remédier aux déserts médicaux.
• Étudiants/internes en pharmacie :
Comme indiqué supra, l’enquête de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France
(ANEPF) en 2022 sur les VSS a fait l’objet d’une large communication. Les déclarations de 49 %
(quasiment la moitié) des répondants font état d’outrages sexistes, 42 % de harcèlements et de
l’existence de viols. Les auteurs seraient surtout d’autres étudiants, ainsi que des patients, des
enseignants et des administratifs.
En matière de bien-être, les étudiants en pharmacie semblaient déjà aller mal avant la crise sanitaire
dans la mesure où en 2019, 28,2 % d’entre eux présentaient un état dépressif modéré à sévère selon
l’enquête réalisée cette année-là par l’ANEPF. Des suicides d’étudiants ont particulièrement marqué
les étudiants, leurs enseignants et leurs encadrants. Une nouvelle enquête de l’association a été
lancée en 2022 et de nombreux travaux sont en cours pour mieux accompagner tant les évolutions
des différents métiers de la pharmacie, officine, pharmacie hospitalière, biologie médicale, recherche,
industrie, avec pour chacun des lieux de stages spécifiques à ces professions, que les nécessaires
réformes des cursus.
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L’union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) a réalisé une enquête sur le bien-être
des étudiants en 2015, en 2018 et en 2021 46. Les résultats de cette dernière édition montrent que
38% des étudiants utilisent le mot stress pour qualifier leurs études et seulement 20 % celui
d’enthousiasme. 14,4 % des étudiants déclarent par ailleurs avoir eu presque tous les jours une
mauvaise opinion d’eux-mêmes alors que 17,3 % des répondants ont pensé, au moins pendant
plusieurs jours, qu’il vaudrait mieux mourir ou ont envisagé de se faire du mal. En outre, 35 % des
étudiants ayant répondu sont considérés en état dépressif au moment de leur réponse selon l’outil
PHQ-9 (Patient Health Questionnaire) 47 et 45,2 % des étudiants en odontologie présenteraient un
trouble d'anxiété généralisé selon le score GAD-2 (Generalized Anxiety Disorder) 48. Pour 72,2 % des
étudiants sondés, cette situation est directement liée à leurs études.
Certains interlocuteurs de la mission ont tenu à souligner la difficulté à réaliser certains actes ne se
présentant pas toujours durant les stages et pourtant indispensables à l’exercice de la profession. Or,
il apparaît indispensable que tous les étudiants aient pu pratiquer les principaux actes avant leur
diplomation, qui leur ouvre immédiatement la voie à un exercice en pleine autonomie. Certaines
facultés expérimentent une « globalisation » de ces exigences sur l’ensemble des stages, la totalité
des actes devant avoir été effectuée avant le diplôme final.
Ce problème est particulièrement prégnant pour les internes en médecine bucco-dentaire réalisant
des stages au sein de petits hôpitaux mais ne pouvant pas faire de chirurgie, contrairement aux
internes de la même spécialité issus d’un cursus de médecine.
• Étudiants en maïeutique :
Une enquête de l’ANESF49 sur la période 2017-2018 indique que 31 % des sages-femmes (SF)
estiment que les stages sont la cause de l’accroissement de leur stress et sont l’objet de leur souhait
de suspension d’études ou de réorientation pour 20 % d’entre elles et eux. 61 % des étudiant(e)s y
auraient subi de la maltraitance, très majoritairement d’ordre moral et verbal. 41 % des étudiant(e)s
sages-femmes déclarent que leur santé s’est « dégradée », voire « fortement dégradée » au fur et à
mesure de leur formation. Huit étudiant(e)s sur dix se sentent plus stressé(e)s depuis leur entrée en
formation.
Un rapport de l’IGAS 50 portant sur l’évolution de la profession de sage-femme a été publié en juillet
2021 et une mission interministérielle est en cours sur la création d’une sixième année de formation.
• Autres
D’autres filières ont été identifiées en cours de mission mais les délais contraints n’ont pas permis
leur réelle exploration. Par exemple :
46 https://www.unecd.com/dossier_presse/enquete-bien-etre-le-point-sur-nos-etudes/.
47 The PHQ-9 : validity of a brief depression severity measure. Kroenke K, Spitzer RL, Williams JB. J. Gen. Intern. Med.
Septembre 2001.
48 Screening for anxiety disorders with the GAD-7 and GAD-2: a systematic review and diagnostic metaanalysis. Plummer F,
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Le soutien aux étudiants en santé fait l’objet d’attentions multiples depuis plusieurs années et de
nombreuses démarches ont été mises en place, au niveau national, régional et local, qui paraissent
bien maîtrisées par les personnes chargées de les mettre en œuvre. Toutefois, elles sont moins
connues et comprises par les étudiants eux-mêmes, leurs proches, les autres acteurs à l’université ou
sur les lieux de stages.
La mission a rencontré séparément et ensemble dans les établissements visités, des enseignants, des
encadrants, des étudiants de différentes filières médicales et paramédicales : chacun dispose
d’éléments d’informations sur les dispositifs existants mais aucun n’a la même réponse sur le
repérage d’étudiants en difficulté, les voies de signalement, le rôle des différents intervenants locaux,
régionaux et nationaux.
La coordination des actions convergeant vers le soutien aux étudiants en santé nécessite de :
51 monpsy.sante.gouv.fr.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
L’identification, dans les lieux de formation, les lieux de stages, les institutions, des acteurs et
structures impliqués a demandé à la mission un travail minutieux de recensement et de cartographie,
préalable indispensable à la définition des processus, vademecum et livret décrivant les rôles des
acteurs, joints à ce rapport.
Pour lui donner plus de cohésion, de coordination et de clarté, le dispositif doit impérativement
reposer sur une liste mise à jour régulièrement de personnes ressources locales, certaines désignées
référentes faisant elles-mêmes appel à leurs réseaux locaux, ainsi que sur leur formation et le partage
de bonnes pratiques. DGESIP et DGOS travaillent ainsi à constituer ce maillage territorial de
personnes ressources identifiées, couvrant l’ensemble des filières de santé.
Plusieurs types de référents, tous volontaires et bénévoles, existent déjà dans les territoires, les
établissements de santé, les universités, auprès des ARS, etc. Le CNA a lui-même commencé à
construire un réseau de référents pour les RPS des étudiants en santé. Il est donc en théorie
aujourd’hui possible d’identifier, au niveau local, régional et national :
○ Des référents VSS, responsables des missions égalité et diversité des universités, qui ont
été désignés afin de prendre en charge les situations de violences sexistes et sexuelles.
Des dispositifs de prévention, d’écoute et de prise en charge, spécifiques à chaque
université, viennent en appui de l’action de ces référents. Des règles déontologiques
strictes encadrent leur intervention (en matière de confidentialité notamment).
○ Des référents dits CNA, des référents RPS, des référents QVT dans certains
établissements de santé.
○ Les assistantes sociales, principalement au sein des CROUS.
○ Les médecins du travail et autres acteurs intervenant sur le champ de la santé au travail.
○ Des médecins des services de santé universitaires.
Certains des « référents CNA » désignés par le Centre avant sa disparition ont été réunis par
la mission pour notamment :
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Pour les filières paramédicales, le nombre, la diversité et la disparité géographique des instituts de
formation rend l’exercice beaucoup plus complexe, mais des connexions peuvent être envisagées,
notamment sur les lieux de stages hospitaliers. En outre, la désignation d’un ou plusieurs référents
nationaux CNAES pour chaque grande filière de formation paramédicale pourrait permettre à des
étudiants inscrits dans des instituts privés et/ou éloignés des centres universitaires d’avoir un
interlocuteur sur ces questions.
Pour l’heure, la connaissance des personnes constituant ce réseau, son animation, l’articulation entre
elles, la clarification des tâches, les outils, la traçabilité de leurs interventions, les retours
d’expérience à réaliser, etc. sont parcellaires. Afin de constituer et d’animer ce réseau, un groupe de
travail a été récemment mis en place par la DGESIP et la DGOS afin de tenter de regrouper l’ensemble
des acteurs déjà identifiés. Des actions d’animation de ce qui devra constituer une « communauté »
ont été réalisées, notamment pour :
○ La création d’une fiche-mission pour le rôle de « référent CNAES » - Sans intervenir dans
ces travaux en cours, les inspecteurs estiment important d’insister sur :
Les exigences de volontariat, de bienveillance, d’indépendance, de disponibilité pour
les étudiants, de respect de la confidentialité, de prise en charge et de coordination
de chaque situation portée à leur connaissance, de réactivité dans la prise en charge
des difficultés, de suivi des suites données, de Retex ;
• Une plateforme collaborative d’échanges entre les référents, les directions générales et les
acteurs pouvant apporter une plus-value aux référents.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Les processus proposés par la présente mission visent à coordonner les actions et les acteurs, et à
créer un référentiel commun, clair et connu de tous. Il sera bien sûr adapté en fonction des
contingences locales, avec des « points d’ancrage » que constitueront les futurs « référents
CNAES », que la mission recommande (voir partie 3) de désigner dans chaque université et chaque
hôpital accueillant des stagiaires, médicaux et paramédicaux.
Après la disparition du CNA le 31 octobre 2021, il a été décidé, pour une période transitoire, de
maintenir l’activité de la plateforme nationale transdisciplinaire d’écoute, de conseil, d’appui,
d’accompagnement et d’évaluation, le numéro vert (0800 724 900) et l’adresse mail
([email protected]) continuant de fonctionner.
La gestion de l’équipe, le financement des salaires, jusqu’à présent assuré par l'Université Paris-Est
Créteil (UPEC), relève aujourd’hui de la sous-direction de la réussite et de la vie étudiante de la
DGESIP au MESRI, qui a engagé des démarches pour étoffer l’équipe et en prévoir le budget de
fonctionnement pour l’année suivante.
La médiation nationale en santé (voir rôle dans le livret joint) a accepté d’assurer, au moins de façon
provisoire, sur la base d’une lettre de mission élargissant son champ d’action, le conseil et la
supervision « métier » de la plateforme. L’apport de la médiatrice et de son équipe, tous formés
spécifiquement à la médiation, est important de par la méthode de travail, la rigueur, la traçabilité
des situations, le respect de l’anonymat qui constituent les fondements de la fonction.
Les premiers mois de coordination de la plateforme ont permis de structurer son fonctionnement,
d’assurer un pilotage de proximité de l’équipe (aujourd’hui trois personnes et un secrétaire) et
d’assurer un relevé précis de l’activité et des suites données aux sollicitations de la plateforme. Entre
novembre 2021 et février 2022, la plateforme a reçu 12 appels, dont 5 situations ont été réorientées
vers la médiation en santé. Au 1er février, l’activité a concerné 7 situations prises en charge, au-delà
de 2 situations en cours de finalisation durant la même période.
L’équipe de la médiatrice en santé a indiqué avoir constaté au cours de ces premiers mois de
coordination :
Elle a exprimé le souhait d’un maintien de la plateforme, si possible sous sa supervision métier,
considérant que l’équipe actuelle (deux psychologues, une assistante sociale, un secrétaire) est de
qualité et permet d’apporter une réponse de première intention, en évitant que toutes les
sollicitations n’affluent vers les médiateurs ou les ministères. Il est nécessaire de prendre en charge
les demandes dans des délais souvent très courts et avec une connaissance suffisante de tous les
mécanismes et ressorts nécessaires pour les régler efficacement.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
La faible activité actuelle de la plateforme CNAES est sans doute liée à l’absence de communication
vis-à-vis tant des étudiants que des acteurs universitaires, hospitaliers ou sur les lieux de stages. La
question du maintien ou non de cette plateforme ne peut être posée aujourd’hui compte tenu des
actions en cours visant à mettre en place des organisations adaptées, lisibles et compréhensibles,
avec des piliers constitués par les référents CNAES, la plateforme pouvant en constituer un
complément utile, comme cela sera évoqué infra. Il conviendra d’en dresser le bilan d’ici deux ans
afin de réévaluer sa pertinence. La gouvernance devra toutefois être clarifiée et il conviendra de
mettre en place des règles de bonnes pratiques, des processus définis, de formations adaptées et des
évaluations régulières. Il sera notamment indispensable de veiller à une traçabilité sans faille au sein
de toute la chaîne de commandement et de mise en œuvre car les sujets traités sont potentiellement
à risque voire, pour certains, à haut risque.
Les médiateurs régionaux et interrégionaux ont également exprimé leur souhait d’une évolution
de leurs missions et d’une amélioration de la notoriété de la médiation vis-à-vis de la
population et des étudiants : les médiateurs sont en effet des professionnels très expérimentés
dans les domaines hospitalier et/ou-universitaire, rompus aux procédures administratives,
disposant des coordonnées des principaux acteurs locaux, formés, neutres, et disposant d’outils,
notamment méthodologiques, très structurants. La médiation est ainsi un instrument d’égalité, qui
apporte une garantie de prise en compte du point de vue de l’étudiant à égalité avec celui des autres
parties, dans le total respect de la confidentialité des échanges. Les médiateurs sont à la disposition
des étudiants et de la gouvernance hospitalière pour faire évoluer leurs modalités d’intervention et
contribuer à régler dans des délais très réduits (« action-réaction ») des situations pouvant être
complexes, notamment lorsque les étudiants ne souhaitent pas une prise en charge locale. Ils
indiquent être suffisamment nombreux et peuvent assumer un afflux de demandes, sans
besoin de budget supplémentaire.
La mission estime par ailleurs utile de relayer ici les suggestions de la médiation nationale pour
améliorer le dispositif existant, qui apparaissent convergentes avec les recommandations formulées
en fin de rapport :
• Organisation d’une journée d’information et sensibilisation des étudiants en santé sur les
environnements (stage, missions, mémoires, thèses, travaux de recherche…) et les statuts les
concernant.
• Remise à chaque étudiant en début de formation d’une fiche avec les coordonnées des autorités
et interlocuteurs utiles (président de l’université/doyen ou directeur
d’institut/d’école/coordonnateurs de DES ou autres filières/référents locaux…).
• Élaboration d’une charte de déontologie et d’une fiche de signalement pour la prise en charge
opérationnelle des situations à risque (sur le modèle de la démarche initiée et conclue par le
CNG 52 en 2018-2019).
• Création d’un dossier-type pour harmoniser les pratiques des référents locaux.
• Formation par les pairs participant au réseau des référents locaux pour développer et
harmoniser les connaissances sur l’environnement/les sujets associés à la mission confiée.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
• Création d’un vademecum pour les étudiants et les responsables de pôle/service/unité et les
coordonnateurs/tuteurs/maitres de stage.
• Mise en place d’une foire aux questions sur un site dédié, avec actualisation des données
juridiques et de la doctrine pour les représentants institutionnels et les référents locaux.
• Mise en œuvre d’une démarche d’analyse des pratiques professionnelles pour optimiser et
harmoniser le travail des référents locaux, avec une supervision pour partager et sécuriser les
pratiques (sur le modèle de la médiation).
• Identification d’un share point de remontées régionales/nationales sur l’activité des référents
locaux pour piloter, animer, coordonner et évaluer le système, avec des rapports d’activité
élaborés sur la base d’un modèle-type.
Les principes fondateurs de la nouvelle organisation sont les principales missions initialement
confiées au CNA :
De nombreux sujets font actuellement l’objet de travaux pilotés par la nouvelle équipe, notamment
les directrices, sous-directrices, chefs de départements/de bureau de la DGESIP et de la DGOS, ainsi
que deux chargés de mission recrutés dans cette optique. Il sera néanmoins nécessaire de clarifier et
de faire connaître très précisément la répartition des missions et les modes d’intervention de la sous-
direction de la réussite et de la vie étudiante (département de la qualité de la vie étudiante) et de la
sous-direction territoires, sociétés et savoirs (département défis sociétaux et environnementaux) en
matière de VSS.
Certaines réflexions prennent le relais de l’ex-CNA, d’autres émergent à mesure d’une meilleure
connaissance des problématiques (à laquelle la mission a contribué tout au long de ses travaux en
faisant régulièrement des points d’avancement des auditions avec les services ou en l’informant
ponctuellement) :
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
• L’actualisation du site Internet, qui est réalisée pour l’instant par le secrétaire du CNAES
mais qui fait également l’objet de travaux notamment pour en assurer l’hébergement.
• L’articulation avec les différents plans et actions mis en place par les ministères sur des
champs proches afin d’éviter des dédoublements de travaux et de structures. La mission en
décrit certains ci-après, sans pour autant prétendre à l’exhaustivité.
2.2.3 Plan d’action national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans
l’enseignement supérieur et la recherche 2021-2025
La politique de prévention et de lutte contre les VSS est relayée et mise en œuvre au sein des
établissements d’enseignement supérieur par les missions égalité, obligatoires depuis la loi relative
à l'enseignement supérieur et à la recherche de 2013 53, et par la Conférence permanente des
chargé(es) de mission égalité et diversité (CPED).
Ce plan, rendu public en octobre 2021 et doté d’un budget de 7 millions d’euros sur 5 ans (2021-
2025), se décline en 20 actions réparties sur quatre axes prioritaires :
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
En application de ce plan, un appel à projets pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a
été organisé en 2021 à destination des établissements d'enseignement supérieur et de recherche. Un
nouvel appel à projets est mis en place pour 2022, ainsi qu’une campagne de financement intitulée
« Valorisation de l’engagement étudiant et des personnels en faveur de l’égalité et de la lutte contre
les violences sexistes et sexuelles ». En outre, deux inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et
de la recherche ont été désignés afin d’assurer un rôle de veille, d’appui, de conseil et de suivi des
établissements sur ce sujet.
Ces actions viennent en complément de mesures déjà prises par le MESRI en matière d’organisation
de colloques, de publication de guides (vademecum sur le harcèlement sexuel 55, guide sur les
enquêtes 56…), de mise en place d’une cartographie de recensement des dispositifs et d’un réseau de
formation spécialisé sur les VSS et sur l’ESR, et de lancement de campagnes nationales de
communication.
Il convient de noter par ailleurs que le MESRI et le MSS ont publié deux guides à destination des
universités et des CHU pour leur apporter une aide en matière de procédures disciplinaires 57.
Il est utile également de rappeler que la loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction
publique 58 impose à l’État et à l’ensemble des établissements publics l’élaboration d’un plan
d’action relatif à l’égalité professionnelle. L’un des quatre axes obligatoires à intégrer au sein de
ces plans porte sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, avec l’obligation de créer un
dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d’agissements
sexistes 59. Au cours de l’année 2021, le MESRI et les établissements publics sous sa tutelle ont chacun
élaboré leur plan d’action égalité professionnelle comprenant de fait des mesures relatives à la lutte
contre les VSS.
Enfin, le décret n° 2020-256 du 13 mars 2020 relatif au dispositif de signalement des actes de
violence, de discrimination, de harcèlement et d'agissements sexistes dans la fonction publique
précise les conditions de fonctionnement dudit dispositif.
Le sentiment de malaise des professionnels de santé s’exprime depuis plusieurs années et est le plus
souvent associé à leurs difficultés à accomplir un travail de qualité auprès des patients. Le rapport
cité en partie 1 60 estimait que cela conduisait à « des conflits de valeurs, souvent générateurs de risques
psychosociaux ». Afin de répondre aux enjeux et aux attentes des professionnels de santé, il est alors
apparu indispensable de déployer une stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au
travail et d’en faire une priorité politique.
55https://www.cped-egalite.fr/vade-mecum-a-lusage-des-etablissements-sur-le-harcelement-sexuel-dans-
lenseignement-superieur-et-la-recherche/.
56 https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/comment-enqueter-sur-les-violences-sexistes-et-sexuelles-dans-
l-enseignement-superieur-et-la-46158.
57 Guide d’aide à la constitution des dossiers disciplinaires des personnels enseignants et hospitaliers des centres
hospitaliers et universitaires et guide relatif à la juridiction disciplinaire compétente à l’égard des personnels enseignants
et hospitaliers des centres hospitaliers et universitaires et des personnels enseignants de médecine générale – janvier 2022.
58 Loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique.
59 Décret n° 2020-256 du 13 mars 2020 relatif au dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de
santé Risques psychosociaux des personnels médicaux : recommandations pour une meilleure prise en charge - Mise en
responsabilité médicale : recommandations pour une amélioration des pratiques » - Rapport IGAS - Décembre 2016.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Il s’agit d’une stratégie de long terme et non pas d’un plan à application immédiate, comportant trois
axes, dix engagements, et plus de trente mesures. Certaines de ces dernières ont été partiellement ou
totalement mises en œuvre :
• La création au sein de chaque CME d’une sous-commission en charge de la QVT des personnels
médicaux, etc.
L’une des nouveautés consacrées par la loi n° 2019-828 de transformation de la fonction publique
du 6 août 2019 est la définition de lignes directrices de gestion applicables aux professionnels de la
fonction publique et décret n°2019-1265 du 29 novembre 2019 relatif aux lignes directrices de
gestion et notamment la Stratégie pluriannuelle de pilotage des ressources humaines (Article 26).
Exemple : Développer la responsabilité sociale des établissements, faire de la QVT une dimension
structurante du parcours des professionnels.
La loi du 2 août 2021 est venue par la suite renforcer la prévention en santé au travail avec la
création de cellules pluridisciplinaires dédiées à la prévention de la désinsertion professionnelle.
Elles mènent notamment des actions de prévention des risques psycho-sociaux.
2.2.5 Charte d’engagement sur la qualité de vie au travail dans les CHU
Dans la continuité de cette stratégie, la DGOS a fourni dans une note récente 63 des recommandations
pour la mise en place de dispositifs de conciliation locale dans les établissements de la fonction
publique hospitalière. Elle rappelle que les établissements de la fonction publique hospitalière ne
peuvent saisir le médiateur régional ou interrégional pour les personnels des établissements publics
de santé, sociaux et médico-sociaux que « s’ils ont mis en place un dispositif de conciliation locale et
que celui-ci n’a pas permis de résoudre le différend ». À noter que comme évoqué en partie 1, une
modification du décret de 2019 sur les missions de la médiation est en cours et pourrait supprimer
cette exigence pour permettre un recours au médiateur pour une fonction d’appui, sans passer par
une conciliation locale pour les étudiants en santé.
Elle rappelle également que tous les établissements de la fonction publique hospitalière doivent
disposer d’un dispositif de conciliation locale des conflits interpersonnels64. Elle précise que « ce
dispositif peut être propre aux établissements, ou partagé avec d’autres, notamment pour les
établissements membres d’un même groupement hospitalier de territoire, ou simplement avec des
établissements proches ou à faibles effectifs ».
61 Trois de ses experts, dont le président, ont remis leur démission au début de l’année 2022 et ont publié une tribune pour
interrégionaux pour les personnels des établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Elle invite enfin les centres hospitaliers universitaires (CHU) à organiser leur « dispositif de
conciliation locale en partenariat avec l’université et les unités de formation et de recherche de
médecine, odontologie et pharmacie dans les cas où les conflits concernent des personnels hospitalo-
universitaires ».
Les Directeurs Généraux des CHU ont souhaité formaliser la réponse à ces exigences à travers
l’adoption d’une charte 65 qui rappelle que « la qualité de vie au travail constitue, avec la qualité et la
sécurité des soins et la performance économique, l’un des trois piliers fondamentaux de la performance
des établissements de santé. ». Cette charte prévoit douze engagements, dont celui de « définir, dans
chaque CHU, un projet managérial s’adressant à tous les professionnels concernés, médicaux et
non médicaux, y compris internes et étudiants hospitaliers, basé sur un socle de valeurs partagées »
et celui de « Poursuivre les transformations engagées dans la santé au travail en accompagnant le
développement de nouveaux métiers de prévention des risques et de nouveaux outils de pilotage des
situations à risque, en leur sein et au sein des GHT dont ils sont les établissements supports » dont le
« développement de nouvelles missions (référent ou médiateur dans les situations de conflit) ou de
nouveaux groupes de travail chargés du pilotage de ces questions à l’échelle des établissements. ».
2.2.6 Loi du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants ORE
Cette loi visait un accompagnement renforcé des bacheliers, à travers notamment des parcours
personnalisés avec des "contrats de réussite pédagogique", de nouveaux cursus universitaires
innovants, la création de places supplémentaires dans toutes les filières et la mise en place de quotas
boursiers et hors secteurs. L’IGÉSR en a dressé un premier bilan en février 2020 66.
Cette loi a notamment mis en place une Conférence de prévention des étudiants (CPE) 67 :
copilotée par le MESRI et le MSS, elle rassemble une fois par an l'ensemble des acteurs nationaux et
territoriaux, institutionnels, établissements, associatifs, étudiants et les principaux acteurs de la
politique nationale de prévention et de santé en faveur des étudiants et permet de définir des axes
prioritaires. Elle avait initialement pour objectif de favoriser le développement d'actions en faveur
des comportements favorables à la santé des étudiants, en lien avec la stratégie nationale de santé,
les plans nationaux de santé publique et le plan étudiants, et de faire émerger des pratiques
partagées. Les premiers sujets étudiés ont été l'alcoolisation massive (binge drinking), les addictions,
la santé sexuelle, la santé mentale, et la prévention par les pairs.
Dans le prolongement de la stratégie nationale de santé 2018-2022, une Feuille de route santé
mentale (SM) et psychiatrie a été adoptée le 28 juin 2018. Ses objectifs résonnent avec ceux qui sont
évoqués au cours de différents travaux sur la population spécifique des étudiants en santé : le
repérage et la prise en charge précoces des troubles psychiques et la prévention du suicide,
l’amélioration de l’accès aux soins et aux accompagnements, l’amélioration des conditions de vie, de
l’inclusion sociale et de la citoyenneté des personnes vivant avec un trouble psychique.
65 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/charte_d_engagement_qvt_-_vdef6.pdf.
66https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Actus/98/3/RapportIGESR-
ReussiteEtudianteFev20_1312983.pdf.
67 https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/2e-reunion-de-la-conference-de-prevention-etudiante-49107.
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La mission a rencontré la DGS 68, chargée du suivi de ce plan, et le Délégué ministériel à la santé
mentale et à la psychiatrie (DMSMP) qui le met en œuvre 69. Différentes actions de prévention auprès
des étudiants ont été ou sont actuellement mises en œuvre :
• Formations aux premiers secours en santé mentale 70 (PSSM), action née en Australie en
2000 et en vigueur dans 26 pays, ayant fait ses preuves dans le monde et dont le déploiement
en cours auprès des étudiants relais, référents, et encadrants rencontrés semble donner
entière satisfaction.
Aucun rapprochement avec l’ancien CNA ne paraît avoir été effectué dans le cadre de cette feuille de
route, ce qui peut être regretté. La mission estime que les équipes chargées du CNAES devraient
intégrer les actions réalisées dans le cadre de cette feuille de route et établir des échanges
réguliers avec leurs pilotes.
Mis en place depuis fin 2018 dans le prolongement de la stratégie nationale de santé et à partir des
recommandations du rapport du Pr Vaillant, avec l’appui de l’IGAS et de l’IGAENR 71, le service
sanitaire vise à diffuser, partout sur le territoire, des interventions de prévention conduites par des
étudiants.
la fonction publique.
71 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_service_sanitaire_pr_vaillant.pdf.
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Les étudiants rencontrés par la mission se sont montrés enthousiastes quant à cette démarche, qui
leur permet d’acquérir de nouvelles compétences, les pousse à créer une relation de confiance avec
des personnes en bonne santé, à trouver les mots pour les convaincre et à conduire un projet inter
filières. Les filières n’en bénéficiant pas encore paraissent très favorables à l’extension du dispositif
à leur propre formation.
2.2.9 Plan d’action pour maîtriser les risques psychosociaux des étudiants – Mai 2021
Une conférence de concertation organisée par la Conférence des doyens de médecine a réuni le
29 mars 2021 plus de 140 participants pour convenir d’une stratégie visant à lutter contre le mal-
être des étudiants en santé : associations des parents d’étudiants, représentations étudiantes,
conférences des doyens des formations médicales et conférence des présidents d’université,
conférences des directeurs généraux de CHU et de CH, conférences des présidents de CME de CHU et
CH, Ordre des médecins, ainsi que l’ex-CNA à la qualité de vie des étudiants en santé, le médiateur
national pour les personnels des établissements médico-sociaux et les cabinets ministériels 72.
Les travaux ont spécifiquement porté sur les étudiants en santé, davantage exposés aux risques de
troubles anxieux, de dépression et de comportements suicidaires. Un plan d’action a été proposé 73,
visant les structures, le cadre juridique, le fonctionnement des stages et la formation, et les outils de
prévention en articulation avec les SSU et SST. Ce plan se voulait « très opérationnel », et « décliné sur
le terrain…suivi en lien avec le Centre National d’Appui ». Il prévoyait notamment d’harmoniser les
dispositifs locaux de traitement des signalements des établissements d’accueil, cumulé si nécessaire
avec le dispositif de signalement de l’université et ceux déployés localement par les étudiants.
D’autres propositions de ce plan devaient être travaillées en lien avec le CNA et ont été discutées avec
les interlocuteurs de la mission.
Dans le cadre de la Stratégie nationale de santé, le ministre des solidarités et de la santé, en parallèle
de la mission de refondation de notre santé publique confiée au Dr Franck Chauvin, a demandé aux
Drs Pauline Martinot et Aude Nyadanu de « travailler immédiatement à l'installation des sujets de
santé publique au sein de la vie quotidienne de nos concitoyens, notamment des plus jeunes et de ceux
qui en sont le plus éloignés ».
72 https://conferencedesdoyensdemedecine.org/wp-content/uploads/2021/05/Axes-de-proposition-prevention-RPS-
FINAL.pdf.
73 https://conferencedesdoyensdemedecine.org/wp-content/uploads/2021/05/Axes-de-proposition-prevention-RPS-
FINAL.pdf.
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Leur rapport 74 comporte des propositions destinées aux jeunes en général, certaines concernant les
étudiants : déploiement des étudiants-relais-santé (ERS) et des contrats de services civiques
“Ambassadeurs en santé mentale” 75, implication d’étudiants en service sanitaire dans des actions de
promotion de la santé auprès des autres jeunes, diffusion de l’ouvrage « guide Rålbøl, présenté sous
un format de mode d’emploi Ikea, rassemblant les plus grandes problématiques étudiantes, de
l’administratif à la recherche de stages en passant par comment bien se nourrir et gérer son budget en
tant qu’étudiant. »
74 https://solidarites-sante.gouv.fr/ministere/documentation-et-publications-officielles/rapports/sante/article/pour-
une-culture-de-la-promotion-de-la-sante-chez-les-jeunes-en-france.
75 Le rapport indique : « Mis en place dans le Rhône et en Isère, ce dispositif recrute des jeunes en service civique pour les
former et les accompagner à intervenir auprès de jeunes en situation de fragilité. L’approche pair à pair favorise ainsi le
repérage et l’accès aux soins des jeunes vulnérables. »
76 https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_claris_version_finale.pdf.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
• Fil Santé Jeunes 77 et Psycom 78 sont des dispositifs conçus sous l’égide du MSS et de Santé
Publique France, s’adressant plus globalement aux jeunes et comportant des annuaires et liens
de contacts pour trouver aide et écoute. Il paraît également important de les signaler dans les
vademecums et documents à diffuser dans les universités et instituts de formation.
Depuis la rentrée 2019-2020, les quelques 2 954 000 étudiants inscrits en France (dont 365 000
internationaux) 79 sont rattachés au régime général de l’Assurance maladie.
Une convention cadre de partenariat sur la santé des étudiants signée par plusieurs institutions 80
doit permettre « de dynamiser les collaborations existantes, de favoriser l’accès aux soins des étudiants
et de rendre plus lisible l’offre de soins ». Pour les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), elle
se traduit notamment par la création d’un réseau de « référents enseignement supérieur » à l’échelle
départementale. Ce réseau est à l’écoute de ses partenaires de l’enseignement supérieur, en
intervenant notamment dans les établissements, pour les informer sur ses offres et ses dispositifs.
Au niveau national, des relations préexistantes à la convention ont permis de co-construire une
communication nationale à l’attention des étudiants. Trois axes prioritaires d’action ont par ailleurs
été identifiés :
77 https://www.filsantejeunes.com/.
78 https://www.psycom.org/.
79 Données CNAM, la population totale des 16-25 ans s’élevant à 7 000 000.
80 Le ministère de la santé et des solidarités, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le
ministère de l’agriculture et de l’alimentation, la caisse nationale d’assurance maladie, le centre national des œuvres
universitaires et scolaires, la conférence des présidents d’université, la conférence des grandes écoles, la conférence des
directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, l’association des directeurs des services de santé universitaire.
81 https://santepsy.etudiant.gouv.fr/.
82 https://monpsy.sante.gouv.fr/.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
2.3.2 Mutuelles
La souscription à une mutuelle étudiante n'est pas obligatoire et certains étudiants, jusqu'à un certain
âge, peuvent être couverts par la mutuelle santé familiale de leurs parents.
Comme les autres mutuelles, la mutuelle étudiante rembourse en partie ou en totalité les dépenses
non prises en charge par l'Assurance maladie.
Le plus souvent, les mutuelles étudiantes conduisent également des actions de prévention au
bénéfice des étudiants, au côté de l’Assurance maladie. Elles peuvent par exemple financer des
actions en matière de bien-être, de lutte contre les conduites addictives ou les maladies sexuellement
transmissibles. Certaines mutuelles proposent par ailleurs des prestations d’assurance, une aide à la
recherche d’un logement, d’un job d’été ou d’un stage, ou l’accès à des services culturels à prix réduit.
2.3.3 Des acteurs associatifs utiles, dont la place doit aussi être claire pour les
étudiants
La mission a identifié plusieurs associations à but non lucratif (certaines ayant été créées au cours
de la crise Covid) pouvant apporter une écoute, un soutien, une orientation, une aide aux étudiants
en difficulté. Elles sont pour la plupart complémentaires des dispositifs mis en place par les
universités et lieux de stages. Certaines ont conclu des accords avec les ministères, les ARS, la CNAM
ou encore des associations professionnelles (comme par exemple Nightline et l’association SPS). Leur
intégration dans les processus et les vademecums est indispensable si l’on veut clarifier
l’environnement et les acteurs auxquels peuvent s’adresser les étudiants. Quelques exemples
d’associations sont donnés en annexe.
Un Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 a été lancé par le Premier ministre et
la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) fin 2018,
mais il ne comporte pas de mesure spécifiquement tournée vers les étudiants. Il prévoit des programmes
de prévention fondés sur le renforcement des compétences psycho-sociales (CPS) pour protéger les
jeunes contre les conduites à risques, en particulier la consommation ultérieure de substances
psychoactives avec un effet positif sur d’autres comportements (implication et réussite scolaires, estime
de soi, bien-être mental et autres compétences sociales).
Une Charte pour la prévention des conduites addictives et la promotion de la santé en milieu de travail
(Esper) est également proposée par la Mildeca 83. Là encore, le public étudiant n’est pas réellement la cible
principale de ces actions.
Très récemment, le Collège de la médecine générale (CMG) a élaboré avec la Mildeca pour les médecins
généralistes des fiches pratiques autour des addictions aux substances psychoactives, dont tabac,
cannabis, alcool, cocaïne, et consommation de substances psychoactives en périnatalité. Il rappelle les
liens entre trouble de l'usage des substances et trouble psychiatrique, qui touche 3 % de la population
générale.
Au niveau national et régional, le public des jeunes constitue une priorité pour le fonds de lutte contre
83 https://www.drogues.gouv.fr/sites/drogues.gouv.fr/files/atoms/files/charte_esper_0.pdf.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
les addictions (FLCA), en appui du programme national de mobilisation contre les addictions et du
programme national de lutte contre le tabac (PNLT), qui vise à obtenir une première génération d’adultes
sans tabac en 2032 (moins de 5 % d’adultes fumeurs). Toutefois, il ressort des projets soutenus par le
FLCA que ce sont plus particulièrement les jeunes en milieu scolaire, et notamment les collégiens qui sont
la cible d’études. La prise en conscience et la volonté de mieux mesurer et remédier à cette problématique
majeure sont encore très timides.
Un appel à projets Mildeca intitulé « Lutter contre les comportements addictifs des jeunes » 84 a par
ailleurs pour objectif de mettre en place un dispositif pour agir contre les comportements addictifs
étudiants et prévenir les risques liés à ces derniers via la mise à disposition d’un espace de ressources en
ligne, de sessions de formation et d’actions de prévention par les pairs sur les campus. Il se déroule de
janvier 2020 à novembre 2022 pour un montant de 210 000 €.
Il convient également de signaler que des kits de prévention des addictions ont été élaborés par la
CNAM : un kit à destination des chefs d’établissement d’enseignement 85 et un autre à destination des
jeunes, des relais associatifs et des pairs encadrants 86.
Toutefois, il apparaît que ces actions ne constituent pas une force de frappe suffisante pour permettre
une prise de conscience et une politique de prévention, primaire et secondaire, généralisée. Or, selon de
nombreux interlocuteurs de la mission, il est urgent d’agir de façon plus ciblée, coordonnée et volontaire
aussi sur cette problématique.
• La prévention des RPS dans les fonctions publiques 87 (État, territoriale, hospitalière) fait
l’objet de travaux réguliers, dont le lancement récent d’un Plan santé au travail dans la
fonction publique 2022-2025 : il prévoit notamment des mesures « d’incitation des facultés
de médecine à mieux faire connaître la médecine du travail auprès des étudiants en médecine
(campagne d’information et de sensibilisation des étudiants, stage de découverte) ».
• En 2014, le ministère des armées a créé la cellule Thémis 88, permettant aux agents victimes
de harcèlement sexuel, de violences sexuelles et de discriminations à caractère sexuel, de saisir,
par son intermédiaire, l’autorité hiérarchique compétente pour un traitement de sa situation.
Elle propose aux victimes un accompagnement et des conseils administratifs, statutaires et
juridiques. Le cas échéant, elle les met en relation vers les autres services compétents pour lui
apporter l’assistance nécessaire. Depuis le 31 août 2021, le champ de compétence de la cellule
est élargi aux discriminations de toute nature. Les étudiants en santé du Service de santé des
armées y ont accès.
84 https://www.val-de-marne.gouv.fr/Actualites/Appel-a-projets-2021-MILDECA-Prevention-des-conduites-addictives-a-
l-echelle-d-un-territoire.
85 https://assurance-maladie.ameli.fr/sites/default/files/ce_pour_une_rentree_positive_et_reussie_2.pdf.
86 https://assurance-maladie.ameli.fr/sites/default/files/pour_une_rentree_positive_et_reussie_1.pdf.
87 https://www.fonction-publique.gouv.fr/la-prevention-des-risques-psychosociaux.
88https://www.defense.gouv.fr/ mail [email protected] –Tel 09 88 68 55 55.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
2.4 Des initiatives locales intéressantes, dont certaines pourraient être mutualisées
La mission a, au cours de ses entretiens et de ses visites, été informée d’un certain nombre
d’initiatives locales pouvant être déployées dans d’autres régions. Quelques exemples sont donnés
en annexe afin de montrer l’utilité d’une réflexion sur un cadre de mutualisation et d’éviter la
déperdition d’énergie, le dédoublement d’efforts tant financiers qu’humains, les lacunes ou les
inégalités territoriales.
La QVES des étudiants en santé français allant suivre leurs études à l’étranger (notamment en
Belgique, Espagne, Portugal, ou Roumanie) n’a pas pu être étudiée dans le délai de réalisation de la
mission. Il semble toutefois que l’engouement récent pour ces départs soient principalement motivés
par la possibilité d’éviter les processus de sélection français. Le coût élevé, l’éloignement de la famille,
les difficultés de langue parfois, mais aussi la difficulté à revenir exercer en France, l’expérience
clinique pas toujours adaptée aux besoins des patients français, sans parler de l’impact des réformes
des études dans les différentes filières sont indéniablement sources de stress, de doutes, de perte de
confiance. Il semble que nombre de ces étudiants soient en difficulté et ne bénéficient pas de prises
en charge adaptées.
La qualité de vie des étudiants en santé est un sujet de préoccupation aussi dans d’autres pays depuis
quelques années et a donné naissance à des initiatives intéressantes. Ont été déjà cités les
programmes PSSM nés en Australie, ou encore la méditation pleine conscience qui se développe dans
de nombreux pays aujourd’hui. Quelques autres exemples sont décrits en annexe 3.
La conduite de cette mission d’appui opérationnel a permis de disposer d’une vision d’ensemble,
difficile à obtenir par chacun des intervenants, sur ces sujets. Comme le laisse entrevoir la liste en
annexe des personnes rencontrées en quatre mois, les travaux ont été denses et ont permis
l’expression de chacun, au niveau national, régional et local. Les « livrables » attendus par les
ministres et l’ensemble des intervenants sont joints au présent rapport et ont vocation à être adaptés
et déclinés selon les différents lieux et filières pour guider, organiser, coordonner, harmoniser,
former, informer et améliorer la QVES dans tous les lieux de formation et de stages des étudiants en
santé.
La mission souhaite rendre compte de cette vision à travers des propositions concrètes, qui
pourraient alimenter une stratégie ou un plan d’action pour la Qualité de vie des étudiants en santé,
domaine qu’il importe surtout de structurer.
89 https://tribu.phm.education.gouv.fr/portal/share/consentement-tasse-de-th.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Comme cela a été évoqué précédemment, la tension dans les hôpitaux est un facteur très important
de difficultés voire de souffrance des étudiants : sans être en mesure de traiter spécifiquement ce
vaste sujet, la mission insiste sur l’interaction QVES/attractivité pour les métiers de santé/QVT
à l’hôpital. Une dynamique d’amélioration continue de ces trois composantes doit être privilégiée,
faute de quoi les actions proposées ici ne produiront pas tous les effets attendus.
Attractivité
QVES métiers -
Formation
QVT Hôpital
Il importe notamment de poursuivre la mise en œuvre des mesures préconisées dans la stratégie
nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail et de renforcer celles qui sont issues de
la Stratégie nationale de Santé et du Ségur de la Santé.
S’agissant en particulier des études médicales, les dernières années ont privilégié une inflation de
connaissances et de savoirs, parfois au détriment de savoir-faire et du savoir être. Les cursus se sont
allongés et complexifiés, à mesure que montaient les enchères de la constitution d’une « élite de la
santé » via des concours toujours plus sélectifs, laissant de côté (souvent en situation de détresse, de
frustration pouvant perdurer très longtemps) des jeunes pourtant très motivés. Parallèlement, les
besoins en professionnels de santé augmentaient, en ville, à l’hôpital, en EHPAD, pour de multiples
raisons, parmi lesquelles on peut citer notamment :
• Les changements sociétaux qui conduisent dans tous les milieux et toutes les professions à
chercher un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Sans se montrer critiques
vis-à-vis de ces progrès sociaux, les responsables RH sont unanimes à citer ce principe de
réalité : il faudrait aujourd’hui entre 1,5 et 2 équivalents temps plein (ETP), dans la majorité
des métiers de l’hôpital, pour effectuer le travail d’un agent il y a 25 ans.
• Les réorientations de professionnels de plus en plus fréquentes en cours de carrière vers des
exercices non cliniques ou plus rémunérateurs, etc.
• Le nombre d’étudiants en santé en formation augmente mais leurs cursus s’allongent limitant
mécaniquement les effets de cette augmentation. Ils sont nombreux en stages mais il n’y a pas
assez de professionnels disponibles pour les encadrer.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
• Certaines spécialités sont devenues progressivement très étroites : les étudiants devant s’y
engager précocement deviennent des spécialistes pointus d’un organe (en particulier en
chirurgie), au risque de subir une certaine lassitude par rapport à leurs études.
• La sélection reste sévère en France alors qu’en parallèle des étudiants qui sont partis effectuer
leurs études à l’étranger 90 (souvent pour contourner les difficultés d’accès aux cursus)
reviennent exercer dans les mêmes conditions que ceux qui ont effectué leurs études en France.
Pour pallier l’urgence des besoins, des professionnels à diplôme étranger sont même recrutés
dans les hôpitaux, les centres de santé, voire recherchés à l’étranger par les municipalités.
Ce sujet du lien entre parcours (sélectivité et durée) et difficultés psychologiques du jeune existe
aussi sur le paramédical. Ainsi, dans le passé, certaines professions paramédicales étaient accessibles
en apprentissage dès le brevet, permettant à des jeunes, en difficulté scolaire et/ou désireux
d’entrer très vite dans la vie active, d’accéder progressivement à un métier de santé, avec des
perspectives de progression de carrière motivantes. La plupart de ces professions exigent
aujourd’hui un baccalauréat et une sélection à l’entrée.
Sans remettre en cause la légitimité des choix réalisés dans le passé (et qui touchent à bien
d’autres formations), il est important à l’avenir d’évaluer l’impact des décisions sur la qualité de
vie des étudiants en santé, qui doit être concilié avec l’intérêt des patients.
L’éventualité de ne pas s’épanouir dans une formation ou après quelques années d’exercice est en
effet loin d’être anecdotique du point de vue psychologique. Or :
• Un étudiant qui n’aime pas le métier qu’il est en train d’apprendre risque d’être malheureux
pendant ses études et dans son futur métier, alors que mettre en place des procédures de
détection et d’accompagnement (voir processus joint) et lui donner une chance de s’orienter
vers un autre métier de santé sera positif pour lui comme pour les patients et le système de
soins.
• Certains jeunes ont des contraintes ne leur permettant pas d’effectuer un cursus long, mais
pourraient reprendre des études après quelques années d’exercice pour se spécialiser ou
« upgrader » leur diplôme.
• Tous les métiers évoluent et tout professionnel peut avoir envie de changer de spécialité ou de
filière, voire se former à de nouveaux métiers après 10, 15 ou 20 ans d’exercice. Même s’il existe
des formations diplômantes pour professionnels, il semble qu’elles soient difficilement
accessibles (emplois du temps, financements, procédures administratives…).
90 Moniteur des Pharmacies 30/05/22 : « Toutes études confondues, sur les 36 000 étudiants de l'Université Libre de Bruxelles
(ULB), 5000 sont français. En 1ère année de pharmacie, ils représentaient près de 40 % des inscrits en septembre 2021, chiffre
qui a triplé par rapport aux années précédentes. La plupart ont raté leur 1ère année en France. La Belgique accueille tous les
étudiants, sans concours ni dossier d'admission. D'autres ont délibérément choisi la Belgique. Pour Véronique Cabillaux,
professeure à l'ULB, c'est une différence philosophique de politique de l'enseignement supérieur en Belgique et en France : « En
France, il y a souvent des concours d’entrée et un nombre limité d'étudiants », « en Belgique, on considère l’accès à
l’université comme une forme d’ascenseur social, (…) en ouvrant les portes au plus grand nombre. »
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Par ailleurs, comme évoqué supra, si l’entrée via Parcoursup pour les formations
paramédicales a eu des effets bénéfiques pour la majorité des étudiants et a même confirmé
leur intérêt pour ces formations 91, le sujet de la parfaite connaissance et conscience des études
et des métiers n’est pas clos.
Elle formule donc à l’attention des ministères et des participants aux évolutions des études de santé,
la première recommandation suivante, qu’il est essentiel de leur adresser compte tenu de la
spécificité de ces études, qui, bien que passionnantes et pleines de sens, conjuguent des niveaux de
difficulté élevés et des contextes d’exercice souvent durs d’un point de vue humain (confrontation à
la souffrance, à la mort, à des situations de culpabilité, intensité et densité du travail face à l’afflux de
patients, rythmes stressants, etc.) :
Recommandation n°1 Penser les prochaines réformes des études de santé et le contenu des
formations en évaluant et en prenant en compte leur impact sur la qualité de vie des étudiants en
santé.
91 Le Parisien 1er juin 2022 : « Près de 10% des lycéens de terminale ont candidaté à un ou plusieurs IFSI. Le PASS caracole
également en tête des filières demandées avec 663.000 vœux dans cette voie (chaque étudiant a émis 13 souhaits). Près de 30 %
des candidats souhaitent aussi poursuivre leurs études dans le sanitaire et social. "C’est presque stupéfiant. Malgré l’actualité,
les horaires à rallonge, malgré les responsabilités qui pèsent sur les épaules de ces professionnels, ou encore la faiblesse des
rémunérations, ce sont toujours ces filières qui attirent le plus", souligne Bruno Magliulo, ancien inspecteur de l’Éducation
nationale et spécialiste des questions d’orientation. "Certains y voient la générosité et l’esprit d’ouverture d’une génération qui
aime s’occuper des autres. On peut aussi se demander si le fait que ces écoles aient récemment supprimé leurs concours n’attire
pas plus de monde. Cela semble plus facile à certains, car il n’y a plus d’épreuves à préparer.»
92 Office national d'information sur les enseignements et les professions.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
3.2 Des procédures d’entrée dans les études/de recrutement adaptées pour éviter les
erreurs d’orientation
L’intérêt des patients exige un accès à des soins de qualité, partout sur le territoire, à toute heure du
jour et de la nuit, week-end et jours fériés compris. En médecine de ville comme à l’hôpital et en
EHPAD, il faut une organisation, une planification, une anticipation des afflux de patients ou des
absences de personnels complexes, rendant également indispensable une certaine souplesse de la
part de ces professionnels pour, comme ça a été le cas partout durant la pandémie, renforcer les
équipes de façon inopinée.
S’engager dans une profession de santé implique ainsi d’accepter des contraintes qui ne sont
pas les mêmes que celles d’une majorité d’autres professionnels, ce qui doit impérativement
être expliqué à tout candidat à l’une des formations correspondantes.
Recommandation n°2 Compléter la formation des conseillers d’orientation des lycées aux
différents métiers de la santé, dans leurs diversités, clarifier et expliquer les parcours universitaires
pour contribuer à mieux orienter les futurs étudiants et éviter les déceptions et abandons
Recommandation n°3 Informer clairement les candidats à une formation en santé et rappeler
régulièrement aux étudiants les contraintes inhérentes à ces professions
3.3 Des organisations à mettre en place partout, dans les lieux de formation et de
stages, en coordination
Les travaux du Ségur de la santé et de son comité chargé du suivi de la mise en œuvre du protocole
d’accord relatif aux étudiants de troisième cycle signé par le ministre des solidarités et de la santé le
16 juillet 2020 ont permis d’acter des mesures relatives à l’organisation et au contrôle du temps de
travail des internes et des docteurs juniors. Ce protocole prévoit l’élaboration d’un plan d’accueil et
d’intégration des étudiants de troisième cycle impliquant les commissions médicales
d’établissements (CME), devenu obligatoire au sein de chaque établissement et qui doit comprendre,
a minima, les rubriques suivantes 93 :
○ Les modalités d’accueil des étudiants à chaque début de semestre sur leur lieu de stage
(temps d’accueil dédié, présentation de la structure et des référents, etc…).
○ Les conditions matérielles d’accueil : restauration, logement, tenue professionnelle,
chambre de garde…
○ Les modalités d’organisation du temps de travail : bornes horaires du service de jour et
de la permanence des soins, gestion des congés, articulation des demi-journées de stage
hospitalier et du temps universitaire et personnel.
○ Les dispositifs d’accompagnement en matière de santé au travail et l’accès à la médecine
du travail.
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○ Les modalités d’évaluation au cours et à l’issue du stage en lien avec la faculté. Le plan
d’accueil et d’intégration est un document tenu à la disposition des étudiants.
Il conviendrait d’étendre cette obligation à toutes les formations en santé et de construire le
programme de cette journée dans toutes les universités, instituts paramédicaux, hôpitaux, lieux de
stage avec les étudiants, par filière, notamment de :
Améliorer en continu la QVES passe aussi par un changement d’attitude des encadrants, dont certains
semblent trouver ce qu’ils ont vécu durant leurs années d’études plus acceptable une fois diplômés
et adoptent rapidement le discours « on est tous passés par là, c’était pire avant », que les étudiants
en santé entendent de génération en génération.
Il est indispensable de sensibiliser les jeunes diplômés en les appelant à la vigilance afin qu’ils ne
deviennent pas à leur tour maltraitants vis-à-vis des étudiants qu’ils auront à accompagner dans leur
vie professionnelle.
La crise Covid, mais aussi l’informatisation ou encore le développement de la règle des 12 heures 94
ont conduit à réduire les échanges entre professionnels et étudiants de toutes filières. Réinstaurer
des temps systématiques de convivialité (petits déjeuners et cafés dans une salle dédiée, séminaires,
proposition de loisirs hors temps de travail ouverts aux étudiants, etc.) permettront progressivement
de libérer la parole, de discuter de manière informelle des difficultés, de rendre les cadres d’études
et de travail plus agréables, de créer des communautés.
Il importe également de rappeler l’importance des réunions de service et des comités de retours
d’expérience (CREX), qui sont également des temps importants interservices et interfiliarité.
94La durée quotidienne de travail ne peut excéder 9 h (équipes de jour) ou 10 h (équipes de nuit), mais lorsque les
contraintes de continuité du service public l’exigent en permanence (difficultés prolongées de recrutement par exemple),
il peut y être dérogé pour les agents en travail continu, sans aller au-delà de 12 heures par jour. Les temps de transmission,
d’habillage et de déshabillage, de pause et de restauration sont compris dans ce décompte.
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Recommandation n°7 Programmer dans toutes les universités et les établissements de santé
des temps de convivialité et de partage inter filières
Il importe notamment d’intégrer un chapitre relatif à la prévention des violences sexistes et sexuelles
dans les référentiels de maître de stage et d’intégrer une mention sur ces violences dans la charte
d’engagement en vue de l’agrément de maître de stage.
En conséquence, toute nomination à un poste d’encadrant d’étudiants en santé devrait faire l’objet
de cette formation et d’un rappel des bonnes pratiques en matière de QVES.
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Les évaluations managériales devraient y faire référence de façon systématique, en prévoyant des
temps d’échange sur les stagiaires encadrés.
À noter qu’il est nécessaire de désigner des maîtres de stage et de les former pour certaines filières
qui n’en disposeraient pas (sages-femmes en particulier).
Recommandation n°10 Rendre obligatoire une formation à la QVES et au management des
étudiants pour les chefs de service, encadrants et maîtres de stage - Intégrer le bien-être des
étudiants de toutes les filières dans les objectifs managériaux des encadrants.
Il est également indispensable de prévoir dans une charte, signée par l’étudiant, son enseignant
référent et son encadrant principal :
3.5 Une information claire des futurs étudiants et une réglementation respectée
Comme indiqué supra, l’engagement dans les études de santé implique un engagement à mettre tout
en œuvre pour répondre aux besoins des patients et à se montrer parfois souple pour permettre de
leur prodiguer tous les soins dont ils ont besoin. Toutefois, l’épuisement des étudiants, comme celui
des professionnels, est générateur de stress, d’anxiété, de risque de dépression, eux-mêmes pouvant
être la cause d’un absentéisme, qui augmente alors encore la pression sur les autres professionnels
présents. Il va de plus à l’encontre de l’intérêt des patients, leur faisant courir des risques d’erreurs,
d’omissions, de retards à la prise en charge, etc.
Le Conseil d'État a rappelé le 22 juin 2022 95 aux hôpitaux publics qu'ils doivent effectuer un
décompte « fiable et objectif » du temps de travail de leurs praticiens et internes. Il rappelle que le
code de la santé publique 96 prévoit qu’ils établissent à titre prévisionnel un tableau de service
nominatif mensuel comportant leurs périodes de travail et, d'autre part, leur transmet un
récapitulatif tous les trois mois pour les internes. Il estime que cela « implique nécessairement » que
les hôpitaux « se dotent d'un dispositif fiable, objectif et accessible permettant de décompter (...) le
nombre journalier d'heures de travail effectuées par chaque agent ».
95https://www.conseil-etat.fr/fr/arianeweb/CE/decision/2022-06-22/446944
96Arrêté du 30 juin 2015 relatif aux modalités d'élaboration et de transmission des tableaux de services dédiés au temps
de travail des internes
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Les moyens de mesurer le temps de travail, en particulier quant au nombre d’heures que représente
une demi-journée, sous réserve du respect de la limite de 48h lissées sur trois mois, relèvent du
« règlement intérieur » de chaque hôpital et non de l'État, qui n’a pas à modifier le cadre juridique.
Reconnaissant qu’il est « objectivement établi » que la durée établie par le droit européen « n’était pas
respectée dans la pratique », il considère que les recours doivent être exercés devant la juridiction
administrative.
Ainsi, chaque établissement de santé doit à présent s’interroger sur les changements à mettre en
œuvre pour mieux concilier les exigences de fonctionnement et de réponse aux besoins des patients
et respect, tracé, des limites fixées. Le vademecum joint, qui décrit les procédures et devra être
décliné dans les universités et les hôpitaux, permettra de clarifier la marche à suivre par les étudiants
le cas échéant.
Par ailleurs, l’absence de séniorisation, surtout en phase socle, durant certaines gardes d’internes,
est également susceptible de faire courir un risque aux patients lorsque l’interne n’a pas l’expérience
suffisante pour prendre les décisions adéquates dans certaines situations et ne peut obtenir les
conseils adaptés rapidement. Certains internes, surtout lors des premiers semestres, peuvent alors
être démunis, voire marqués pour la suite de leur cursus s’ils n’ont alors pas pris la bonne décision.
Il convient donc de s’assurer également du respect de cette obligation.
Recommandation n°12 Informer clairement les encadrants des stagiaires et veiller au respect des
obligations réglementaires, inscrites dans le règlement intérieur de l’hôpital, en matière d’horaires
et de séniorisation des gardes dans une perspective de sécurisation du travail des internes et dans
l’intérêt des patients.
Une fiche-mission pour ces référents CNAES, élaborée avec les étudiants dans le cadre de groupes de
travail mis en place par les ministères est en cours de finalisation.
Leurs coordonnées devront figurer sur tous les documents, sites Internet, applications, associations
étudiantes, etc. Comme indiqué dans les processus et vademecum, ils seront les piliers vers lesquels
les étudiants ou leurs proches pourront se tourner s’ils ne savent pas à qui s’adresser ou pour trouver
des solutions.
Recommandation n°13 Rendre obligatoire la désignation d’au moins un référent CNAES local par
université et par CHU pour les filières MMOP – Désigner au moins un référent CNAES national par
filière paramédicale.
Chaque structure de formation et de stage adoptera et adaptera les processus selon la trame définie
nationalement.
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Elle élaborera les documents, dont le vademecum décliné à partir de la trame proposée par la
présente mission, à fournir aux étudiants et à mettre à disposition sur le site de l’institution.
Les référents CNAES universitaires et hospitaliers disposeront de la copie des processus établis par
les établissements dont ils relèvent afin d’en assurer la coordination et signaler d’éventuels lacunes,
doublons, ou incohérences.
Recommandation n°15 Veiller à l’accessibilité des étudiants aux SSU et SST, y consacrer des
moyens et augmenter les capacités de formation de médecins, infirmiers et psychologues du travail.
Aujourd’hui, les évaluations de stages sont soit confidentielles et connues que des étudiants entre
eux, soit mises en place par les composantes ou les instituts de formation, sans qu’il n’y ait de retour
vers le terrain de stage. Or, améliorer la QVES au sein d’un service nécessite de pouvoir évaluer à
partir de quelques critères simples les points de fragilité, et d’en parler avec les instances de
l’université ou de l’hôpital, lorsque des difficultés liées à un service sont signalées de manière répétée.
Par ailleurs, certaines ARS, qui estiment être très à l’écoute des étudiants et interagissent
régulièrement avec les hôpitaux et universités, déclarent être en mesure de changer un lieu de stage
du jour au lendemain sans sanction en cas de difficulté pour un étudiant. Or, plusieurs d’entre elles
ont signalé apprendre parfois à la dernière minute qu’une demande de retrait d’agrément était
formulée par une association étudiante, ce qui la met en grande difficulté pour affecter la promotion
suivante, outre les tensions que cela génère au sein de l’hôpital. Il est donc souhaitable qu’une
procédure de signalement en milieu de stage soit définie.
Recommandation n°16 Mettre en place une évaluation institutionnelle systématique des services
de stage et des instituts de formation par les étudiants d’une part, les enseignants d’autre part, en
intégrant des critères de qualité de vie
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Comme développé en partie 2, la mission a pu constater la multiplicité des initiatives mises en place
tant dans les universités, les instituts de formation, les hôpitaux, fédérations, conférences de doyens,
ordres, associations étudiantes et la majorité des acteurs rencontrés. Ces initiatives ne sont en
général pas connues des autres structures et dépendent souvent de la volonté, la créativité, l’énergie
d’un ou de quelques acteurs qui se mobilisent durant la période de leur présence dans la structure.
Perdre le fruit de cette énergie et de ce travail est désolant tant pour la structure elle-même que pour
toutes celles qui auraient pu s’en inspirer ou intégrer les outils mis en place et en réaliser eux-mêmes
l’enrichissement et l’actualisation.
Au-delà des initiatives déjà mises en place, dont certaines ont été citées supra, quelques exemples de
réflexions peuvent être également proposés :
Mettre en situation dans des espaces de simulation les étudiants au cours de leur formation
pour leur permettre d’échanger avec les patients sans le stress de l’exercice professionnel
(notamment en début de carrière ou au cours des stages).
Créer un campus virtuel.
Réfléchir à des modèles de stages partagés entre centres hospitaliers et définir une politique
de fidélisation pour que des étudiants viennent ensuite s’installer dans la province de leur
stage.
Créer des outils pour capitaliser les retours d’expériences afin de ne pas réitérer les erreurs 98,
etc.
Recommandation n°18 Constituer une banque nationale d’outils partagés et créer un site de
partage accessible aux référents CNAES et aux instances régionales et nationales afin de capitaliser
pour le collectif les efforts de chacun et diffuser les messages adéquats.
98 Voir par exemple l’outil « classeur Remed » de la Société française de pharmacie clinique SFPC.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
3.8 Dire clairement quelles sont les sanctions possibles et faire savoir qu’elles sont
appliquées
La sous déclaration constatée des signalements de faits répréhensibles dont sont victimes les
étudiants (notamment en matière de VSS, de harcèlement moral ou de discrimination) trouve la
plupart du temps son origine dans une crainte, justifiée ou non, de représailles de l’auteur des faits,
notamment si ce dernier dispose d’un pouvoir sanctionnant dans le cadre de leur formation, ou est
considéré comme susceptible d’avoir une influence dans la poursuite de leur carrière
professionnelle. Les étudiants pointent régulièrement du doigt l’impunité dont jouissent certaines
personnes mises en cause, dont le comportement est parfois connu de longues dates et qui n’ont
jamais fait l’objet de sanctions disciplinaires ou d’un signalement au Parquet. Donner suite à tous les
signalements, sanctionner tous les actes délictueux, y compris les fautes graves de management et le
non-respect du droit et de la réglementation, et le faire savoir aura un effet pédagogique et préventif
vis-à-vis de leur réitération.
Il convient donc d’organiser et de renforcer les équipes en charge des enquêtes administratives au
sein des établissements et de les professionnaliser afin de permettre une plus grande diversité de
profils d’enquêteurs et de garantir la neutralité et l’objectivité des travaux qu’ils conduisent. La
constitution d’un vivier de personnes pouvant être mobilisées à un niveau régional (par exemple au
niveau des régions académiques) ou national pourrait également être étudiée afin d’enquêter en
toute neutralité dans des situations graves impliquant de façon réitérée des acteurs que
personne n’ose mettre en cause en raison de leur position au sein de la structure ou de leur autorité
dans la profession.
Recommandation n°19 Lutter contre l’omerta et mettre fin à l’impunité vis-à-vis des
comportements maltraitants et des actes délictueux, informer, dans le respect de la réglementation
en vigueur, tous les intervenants des suites données aux signalements – Envisager aux niveaux
régional et national la constitution d’un vivier de personnes formées à la méthodologie de réalisation
d’enquêtes administratives.
En réunion de début d’année, dans les guides et dans les différents formulaires à remplir doit être
rappelée la nécessité de désigner un médecin traitant de proximité. La possibilité de recourir au SSU
sera utilement signalée, avec les coordonnées pour une prise de rendez-vous.
Recommandation n°20 Inciter tous les étudiants à désigner un médecin traitant dans la localité
de leur résidence d’études
3.10 Coordonner la prévention des RPS et la tolérance zéro vis-à-vis des VSS
Une cartographie des dispositifs VSS existants est en cours de mise à jour par le MESR. Des dispositifs
de signalement et de traitement des situations de violences sexuelles, de discrimination, de
harcèlement sexuel ou moral et d’agissements sexistes ont été mis en place dans les centres
hospitaliers. Les services sociaux des CROUS regroupent des assistants sociaux en capacité
d’apporter aux étudiants aide et information en matière de bourses, de logement…
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
Des initiatives spécifiques ont été prises dans certaines filières, comme par exemple la désignation
d’acteurs relais en matière de prévention des RPS chez les étudiants en kinésithérapie, la constitution
de cellules d’écoute et de soutien au sein de certaines UFR de santé. Des référents CNAES sont
nommés ou en cours de nomination, la mission recommandant d’en nommer au moins un dans
chaque université et dans chaque centre hospitalier.
Face à ces multiples intervenants, les deux ministères devront veiller à les mettre en relation par tous
moyens de communication, afin d’éviter les doublons ou les errances administratives notamment
lorsque la distinction entre RPS, VSS, précarité, droit du travail et/ou addiction ne peut être faite
simplement.
3.11 Quelques mesures peuvent avoir un impact important pour prévenir et lutter contre
la précarité des étudiants en santé
Les étudiants en santé n’ont pas toujours connaissance des dispositifs auxquels ils peuvent avoir
accès en matière de prise en charge des risques psychosociaux et de lutte contre les violences sexistes
et sexuelles, mais aussi de précarité : CROUS, assistante sociale, logement, restauration, etc.
Recommandation n°22 Informer largement les étudiants engagés dans des études paramédicales
universitarisées qu’ils ont accès aux services de l’université et du CROUS
Sur le champ de la précarité financière, des mesures simples pourraient changer le quotidien de
nombreux étudiants. Les propositions suivantes évoquées devant la mission pourraient par exemple
être étudiées :
• Envisager d’ouvrir un droit au maintien des bourses l’été pour les étudiants hospitaliers qui
sont en stage.
• Envisager la généralisation des repas à tarification sociale dans les CHU, alignés sur le prix des
repas des restaurants universitaires, à définir à travers des conventions hôpitaux-CROUS.
Recommandation n°23 Concevoir et prévoir un budget adapté pour un pack de mesures simples
à concevoir, rapidement réalisables, et qui permettront à un nombre significatif d’étudiants en santé
d’améliorer notablement leur qualité de vie.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
3.12 La prévention des addictions des étudiants doit faire l’objet d’un « Plan Impactant
Structuré contre les Addictions » (PISA)
Les étudiants en santé constituent une population particulièrement sensible vis-à-vis des addictions
(surtout alcool, cannabis, cocaïne, ecstasy, protoxyde d’azote et autres psychotropes licites et non
licites), qui ont des conséquences majeures pour leur santé, leur qualité de vie, pour la poursuite et
la réussite de leurs études, et pour leur avenir en général. Le sujet des addictions chez les étudiants
en santé doit faire l’objet de mesures spécifiques, urgentes et puissantes. En particulier, les actions
de prévention sont indispensables, notamment :
• Étudier la possibilité de définir une méthode d’identification dans le système national des
données de santé (SNDS) de la qualité d’étudiant en santé 99 pour pouvoir réaliser un suivi
statistique de leur consommation de psychotropes, antidépresseurs, somnifères, médicaments
qu’ils utilisent hors de leurs indications validées, les consultations, etc. afin de disposer, dans
le respect des réglementations en vigueur, de données de base et pouvoir suivre les évolutions
dans le temps.
• Constituer un groupe de travail incluant des étudiants des différentes filières pour concevoir
des messages adaptés, susceptibles de sensibiliser les jeunes aux risques liés notamment aux
premières consommations, y compris en milieu festif.
• Concevoir une communication via les vecteurs de communication qu’ils utilisent (dont
Instagram dédié santé des jeunes, médias, e-news, relais de campagnes dans les bureaux
étudiants, par les organisateurs d’évènements…)
Recommandation n°24 Adopter un Plan Impactant Structuré contre les Addictions PISA,
spécifiquement conçu pour les étudiants en santé.
3.13 L’évaluation des mesures et organisations mises en place doit être pensée d’emblée
Cette évaluation est indispensable et nécessite la définition d’indicateurs simples qui permettront de
suivre l’impact des mesures prises en matière de qualité de vie des étudiants en santé tant au niveau
local que national et d’y apporter, le cas échéant, les corrections ou évolutions nécessaires. La liste
des indicateurs devrait faire l’objet d’une orientation nationale afin de rendre les évaluations
régionales et locales comparables.
Recommandation n°25 Définir au niveau national, puis dans chaque université et chaque hôpital
quelques indicateurs simples et signifiants pour évaluer périodiquement (au moins une fois par an)
les améliorations de la QVES
Recommandation n°26 Évaluer et réaliser un bilan national annuel sur les processus et les
mesures mises en place et les réviser régulièrement pour les adapter aux évolutions
Conclusion
La souffrance de certains étudiants inscrits dans une filière de santé est une réalité alors que leur
qualité de vie est un impératif qu’aucun acteur, à l’université, en institut de formation, à l’hôpital ou
sur les autres lieux de stage, ne peut ignorer.
99 Comme cela a été fait il y a quelques années pour les résidents en EHPAD.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
L’écosystème en cours de mise en place, que le présent rapport et ses livrables contribuent à
construire avec en particulier l’identification claire d’un pilier, le référent CNAES connu de tous dans
chaque université et établissement hospitalier accueillant des stagiaires, devrait permettre de veiller,
de signaler, d’apporter écoute, secours, solutions, et de faire baisser progressivement les difficultés
des étudiants. Le niveau local, organisé, formé, simplifié, doit être le premier mobilisé, mais un
deuxième recours sera possible par un système de réassurance régional et national.
Les études, en particulier de santé, sont un moment crucial dans une vie. La vie étudiante reste bien
entendu pour une majorité des jeunes qui s’y engagent une période heureuse. Ceux qui sont en
difficulté doivent trouver facilement l’écoute, le soutien, l’accompagnement qui les aidera à
poursuivre leurs études plus sereinement. Les mesures proposées visent en particulier à renforcer
la bienveillance et l’attention envers eux tout en maintenant les niveaux d’exigences dus aux patients.
Elles devraient entraîner des changements progressifs de culture de chacun des acteurs
universitaires et professionnels encadrants. Il convient désormais de tout mettre en œuvre pour que
les nouvelles organisations prennent mieux en compte la qualité de vie des étudiants en santé, leur
apportent plus efficacement des solutions, dans des délais les plus réduits possibles, et permettent à
ceux qui rencontrent des entraves de reprendre simplement, rapidement, sereinement leur cursus
et de devenir des professionnels épanouis.
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LETTRE DE MISSION
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Cabinet
Secrétariat général
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Cabinet
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Régions académiques
Région académique Auvergne-Rhône-Alpes
• M. Gabriele Fioni, recteur délégué pour l’enseignement supérieur, à la recherche
et à l’innovation
Régions de France
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ARS Nouvelle-Aquitaine
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• Mme Francine Bellouguet, directrice des soins, pôle ressources humaines en santé
pour le site de Bordeaux
• Mme Nathalie Ehret, chargée de mission, pôle ressources humaines en santé pour
le site de Bordeaux
Ordres
Conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes (CNOCD)
Le Conseil national de l’Ordre des Sages-Femmes n’a pas donné suite aux sollicitations
répétées de la mission
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Fédérations
Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs
(FEHAP)
Unicancer
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Établissements de santé
Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP)
• Pr Rémi Salomon, président de la CME
• Pr Jean-Damien Ricard, président de la commission de la vie hospitalière de la
CME
• Pr Catherine Paugam-Burtz, directrice générale adjointe
• Mme Laetitia Buffet, directrice générale adjointe
• Mme Vannessa Fage-Moreel, directrice des ressources humaines
• M. Marc Dupont, directeur adjoint des affaires juridiques et des droits des patients
• Mme Marie-Cécile Poncet, directrice des ressources humaines médicales à la
direction « patients, qualité et affaires médicales »
• Mme Michèle Jarraya, directrice des centres de formation continue au centre de la
formation et du développement des compétences (CFDC)
• M. Loïc Morvan, directeur des soins infirmiers
• Mme Mathilde Bouchardon, administratrice à l'Assemblée nationale en charge de
la santé
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Universités
Université de Bordeaux
• Pr Dean Lewis, président
• Pr Bernard Muller, vice-président en charge de la vie étudiante et vie de campus
• Pr Jean-Luc Pellegrin, directeur du collège sciences de la santé
• Pr Caroline Bertrand, doyen de la faculté d’odontologie
• Pr Pierre Dubus, doyen de la faculté de médecine
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Université de Franche-Comté
• Dr Isabelle Jacques, maître de conférences, chargée de mission sur
l’accompagnement de la transformation sociale auprès de la présidente de
l’université.
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Mutuelles
Mutuelle générale des étudiants de l'est (MGEL)
• M. Cédric Chevalier, directeur général
• Mme Maryline Komar, directrice du développement
Association GELULES
• M. Ramy Azzouz, président
Experts
• Pr Mathieu Raux, coordinateur adjoint de l'enseignement du diplôme d'études
spécialisées (DES) en anesthésie réanimation médecine préopératoire d'Île-de-
France, directeur médical de crise
• M. Hamid Siahmed, inspecteur général des affaires sociales
• M. Pascal Aimé, inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche
• Pr Jean-Pierre Goulle, membre de l’Académie nationale de pharmacie (par
courriel)
Référents CNA
• Pr Cécile Aubron, médecin réanimateur, université de Bretagne occidentale
• Pr Athan Baillet, rhumatologue, université Grenoble Alpes
• Dr Sylvie Dajean Trutaud, maître de conférences en odontologie, université de
Nantes
• Mme Frédérique Dereux, directrice d’école de sages-femmes, CHU de Lille
• Pr Karine Mahéo, professeure en pharmacie, université de Tours
• Pr Virginie Migeot, professeure de santé publique, université de Poitiers
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Deuxième cycle : Première année 260 € par mois, deuxième année 320 € par mois, troisième
année : 390 € par mois
Les gardes d’externes sont indemnisées 50 € brut en semaine et 100 € brut les dimanches et
jours fériés. Une indemnité d'hébergement de 150 € peut être versée aux externes qui
réalisent leur stage en ambulatoire dans une zone rurale.
Troisième cycle : Les gardes d’internes font l’objet d’une rémunération forfaitaire de 149 €
(semaine) ou 163 € (week-ends et jours fériés), les astreintes réalisées sur site sont
rémunérées 59,50 € par plage de 5h.
II-Montant brut mensuel de l'indemnité de sujétions particulières allouée aux internes et résidents 435,18
pour les 1er, 2e, 3e et 4e semestres et FFI (faisant fonction d’interne)
III-Montant brut annuel de la rémunération des étudiants effectuant une année de recherche 24 684.71
. Majoration pour ceux qui sont non logés et non nourris 1 010,64
. Majoration pour ceux qui sont non logés mais nourris 336,32
. Majoration pour ceux qui sont non nourris mais logés 674,31
Source : Arrêté du 11 septembre 2020 modifiant l'arrêté du 15 juin 2016 relatif aux émoluments, rémunérations
ou indemnités des personnels médicaux, pharmaceutiques et odontologiques exerçant leurs fonctions à temps
plein ou à temps partiel dans les établissements publics de santé.
○ Pharmacie : le taux horaire de la gratification est égal au minimum à 3,90 € par heure de
stage, correspondant à 15 % du plafond horaire de la sécurité sociale (soit 26 € x 0,15).
Les organismes publics ne peuvent pas verser de gratification supérieure au montant
minimum légal sous peine de requalification de la convention de stage en contrat de travail.
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○ Odontologie
Première année du deuxième cycle : 260 € par mois - Deuxième année du deuxième cycle :
320 € par mois
○ Maïeutique
Quatrième année : 260 €, Cinquième année : 320 €
○ Autres filières
D’autres filières ne bénéficient d’aucune indemnité comme par exemple les étudiants engagés dans
des études d’audioprothésistes, de pédicures-podologues, d’aides-soignants, ce qui contraint souvent
les étudiants à rechercher d’autres sources de financement et peut conduire des salariés en
reconversion à ne pas choisir ces voies professionnelles.
100 Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d'État d'ergothérapeute et arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d'État
d'infirmier.
101 Arrêté du 11 mars 2014 fixant le montant de l'indemnité forfaitaire de transport pour les étudiants hospitaliers en
médecine, en odontologie et en pharmacie accomplissant un stage en dehors de leur centre hospitalier universitaire de
rattachement pris en application du décret n° 2014-319 du 11 mars 2014.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
○ Autres étudiants
Des dispositions similaires existent par exemple pour les étudiants ergothérapeutes ou masseurs-
kinésithérapeutes. Néanmoins, des étudiants inscrits dans une même formation mais issus d’instituts
différents ont déclaré devant la mission que la prise en charge de leurs frais de transport sous la
forme du paiement d’indemnités kilométriques n’était pas pratiqué (seul le titre d’abonnement de
transport est pris en considération). Selon l’Union nationale des associations des étudiants en
ergothérapie (UNAEE), quand le lieu de stage est éloigné du domicile, les indemnités kilométriques
ne correspondent pas de surcroît aux frais réellement engagés par l’étudiant.
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• Nightline 102 : Service d'écoute « par et pour les étudiants » ayant recours à des bénévoles, eux-
mêmes étudiants formés à l’écoute active, pour « libérer la parole des jeunes dans le secret de
l’anonymat ». Créé en 2016 sur un modèle existant alors en Irlande, il présente l’avantage de
répondre la nuit jusqu’à 2h du matin. Couvrant progressivement le territoire national,
l’association s’est fixé également une mission d’amélioration de la santé mentale étudiante,
avec des actions de prévention, de plaidoyer, de communication avec les ministères, et conçoit
des campagnes de déstigmatisation, qui parlent aux jeunes. Les écoutants sont encadrés par
des psychologues libéraux qui organisent des comités et des formations, notamment à la
prévention des actes suicidaires.
• Gélules 103 (Guide En Ligne Unifiant Les Evaluations de Stages) : application créée en 2008
destinée à l’évaluation anonyme des lieux de stage, pour les étudiants en médecine et
maïeutique pour l’instant, l’extension aux étudiants en pharmacie étant en cours et des
discussions ayant commencé avec les élèves infirmiers. Elle permet aujourd’hui de repérer des
situations à risque (fonction « bouton rouge), de recueillir des signalements d’incidents en
temps réel et d’alerter par courriel en cas d’évènement indésirable grave (mais cela reste un
outil de dépistage et non de diagnostic). Les signalements sont pilotés par un représentant
étudiant, administrateur local de la plateforme. Seul cet administrateur peut lever l’anonymat
de l’évaluateur dans le cadre d’un signalement. Ces administrateurs sont spécifiquement
formés.
• Association MOTS 104 (Médecin organisation travail santé) : l’association a été créée en
2010 à Toulouse par des médecins afin de prendre en charge l’épuisement personnel et
professionnel des étudiants en santé et médecins appelants. Un numéro d’appel et un accueil
téléphonique (0608 282 589, 24h/24) permet d’entrer en contact avec un écoutant. Après un
premier entretien téléphonique, un questionnaire d’autoévaluation est adressé au médecin
écoutant et un rendez-vous est pris afin d’évaluer la situation et de rechercher des solutions
tant sur un plan juridique, que financier et sanitaire.
• SPS 105 (Soins aux professionnels de la santé) : créée en novembre 2015, l’association a pour
origine le rassemblement d’un groupe d’experts souhaitant partager et défendre la santé des
professionnels de la santé. Elle est reconnue d’intérêt général et vient en aide aux
professionnels de la santé et depuis peu aux étudiants en souffrance. Elle agit également en
prévention pour le mieux-être. L’association peut être contactée via un numéro vert 106 et une
application mobile.
102 https://www.nightline.fr/.
103 https://www.gelules.org.
104 https://www.association-mots.org/.
105 https://www.asso-sps.fr/.
106 0 805 23 23 36.
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• Lipseim 107 (Ligue pour santé des étudiants et internes en médecine) : créée le 2 mai 2020 par
les parents d’une « jeune interne victime d’épuisement professionnel » s’étant suicidée, la ligue
est une association citoyenne qui regroupe des étudiants en médecine, des médecins, des
familles et également toute personne qui considère que la santé des jeunes médecins est un
enjeu national qui concerne tout le monde, que ce soit en tant que citoyen et/ou patient. Elle
conduit des actions de prévention, d’information, de sensibilisation des enseignants, des
médecins seniors, de l’administration hospitalière. Elle mène des campagnes de
communication (réseaux sociaux, médias) sur les conditions de travail (respect des
réglementations, lutte contre le harcèlement, dénonciation des abus) et intervient auprès des
autorités politiques et médicales, pour « dénoncer l’immobilisme du système face à la souffrance
des étudiants ». Enfin elle apporte assistance et orientation aux personnes en souffrance.
• Programme M 108 : ce programme du Groupe Pasteur Mutualité s’appuie sur une initiative déjà
mise en place et éprouvée depuis 30 ans : le Programme d’aide aux médecins du Québec
(PAMQ). Il s’adresse aux médecins, aux internes et aux étudiants en médecine rencontrant des
difficultés professionnelles ou personnelles au quotidien. Il leur propose d’accéder à un
dispositif d’écoute, d’échanges et de rencontres en co-construction avec des médecins
intervenants formés pour aider leurs confrères en difficulté. Un numéro téléphonique national
unique 109 permet de prendre rendez-vous.
• ADOP (Aide et Dispositif d’Orientation des Pharmaciens - numéro vert 0800 73 69 59,
accessible 24h/24, 7j/7,) : créée pendant la crise Covid par des pharmaciens de la région
Auvergne-Rhône-Alpes, elle propose un service d’écoute et d’accompagnement aux
pharmaciens et étudiants rencontrant des difficultés.
107 https://www.lipseim.fr/.
108 https://www.programme-m.fr/.
109 01 40 54 53 77.
110 https://coronapsy.fr/
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
• Des guides sont souvent donnés aux étudiants, mais sont conçus par les équipes sans modèle
et sans l’ensemble des informations pourtant essentielles à connaître pour prévenir ou
secourir le mal-être de certains étudiants. En particulier, ces guides ne fournissent pas tous, ou
de façon incomplète, la liste des acteurs pouvant être sollicités, le rôle de chacun et leurs
coordonnées. Les documents joints à ce rapport devraient constituer une base, à décliner en
fonction des spécificités locales et de filière, pour enrichir systématiquement tous les guides
avec ces informations.
• Différents dispositifs ont été décrits à la mission pour prendre en compte les signalements
d’internes en difficulté (notamment à l’AP-HP, à Bordeaux et à La Réunion).
• Plusieurs UFR de santé ont mis en place des cellules d’écoute et de soutien. Ce sont des
structures regroupant le plus souvent des enseignants, des personnels, et parfois des étudiants
formés pour écouter et orienter, et à même de régler des situations facilement et rapidement.
• Dans les centres de lutte contre le cancer (CLCC), fédérés au sein d’Unicancer, un organisme
de formation commun labellisé « Qualiopi » permet de proposer des formations aux
personnels des CLCC. Unicancer pourrait proposer à d’autres établissements des conventions
pour mutualiser les formations utiles à l’amélioration de la QVES (management, santé mentale,
formation pour affronter la souffrance et la mort, etc.). Une formation des chefs de service
au management via cet institut est obligatoire.
• À Bordeaux :
○ Le doyen fait le lien université-hôpital, il est accessible et les étudiants lui parlent de leurs
difficultés.
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RAPPORT IGAS N°2022-001R/IGESR N°2022-120
○ Des réunions stratégiques sont programmées tous les lundis entre : DG du CHU, son
directeur de cabinet, son secrétaire général, le président de la CME, le DAM 111, le collège
des UFR de santé et lorsque des problèmes liés aux étudiants sont signalés, ils en parlent
– Ces réunions ne sont pas décisionnelles mais uniquement consultatives et permettent
des échanges et un partage d’informations.
○ Film réalisé par des étudiants en psychologie sur le harcèlement en milieu étudiant,
dont la projection est suivie d’un débriefing par un psychologue : le même type d’outil
pourrait être réalisé avec la collaboration d’étudiants pour formuler et diffuser des
messages sur les addictions par exemple.
○ Interprofessionnalité - Olympiades des métiers de la santé : expérimentation d’une
journée inter filières consacrée au sport, offerte à tous les étudiants, pour se rencontrer
dans un cadre moins contraint, sans cours ni stage mais validée. Il pourra être envisagé
par la suite d’ouvrir l’évènement à l’ensemble des personnels du CHU, pour apprendre à
mieux travailler ensemble, en-dehors d’un cadre hospitalier.
○ Ateliers bien être : proposés 2 fois 2 jours par an et animés par des cadres formés et
ouverts aux étudiants.
○ À la demande des internes et de leur syndicat national : mise en place de groupes de
méditation pleine conscience (Mindfulness based on stress reduction, MBSR) pour
les internes, qui semble donner de bons résultats et aide les étudiants à gérer leur stress
et leur anxiété.
○ Disponibilité et expérience d’un SST très actif et attentif aux étudiants.
○ Mise en place du dispositif BALI (bourse à l’emploi sur INTERNET) qui constitue un
mode de recours en urgence en cas d'absences inopinées de courte durée non planifiées
de personnel et lorsqu'elles sont les plus difficiles à remplacer : dimanches, jours fériés
et nuits. Les cadres de santé peuvent, après validation de l'encadrement supérieur,
lancer un appel via BALI. Les personnes intéressées doivent s'inscrire à l'application sur
la base du volontariat. Il s'agit d'infirmiers et infirmiers spécialisés (IBODE 112, IADE 113,
puéricultrices), d’aides-soignants et auxiliaires de puériculture, d’élèves en école IBODE
- IADE. Une évolution vers les externes en santé est envisagée.
○ Mise au point d’une application sur téléphone mobile pour les étudiants leur
permettant de connaître les services, les contacts, et de signaler des difficultés.
- À Lyon :
○ Mise en place d’une formation "Prendre sa juste place d'interne en médecine" aidant le
développement des compétences psychosociales des étudiants en médecine 114.
○ Le nouvel outil de la prime d’engagement collectif prévue par le décret n° 2021-964
du 20 juillet 2021, devrait permettre de récompenser des équipes de soins qui s’engagent
sur des projets permettant d’attirer les infirmiers de demain, et pourrait être mis au
service de la QVT.
d’une formation-action destinée aux internes de premier semestre de la subdivision de Lyon – Camille Alonso – Mai 2022.
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Dispositif soutenu par l’université de Poitiers, le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, l’agence régionale de santé de
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tertiaire en individuel, et d’accompagner les étudiants dans toutes les dimensions pouvant
avoir un impact sur leurs études et la réussite de leur projet professionnel, en coordination
avec les structures/dispositifs responsables des programmes de formations, et en lien avec les
services de la vie étudiante et les soutiens par les pairs. Il permet d’aider à l’élaboration et à la
réussite du projet professionnel et personnel de l’étudiant, et enfin d’aider au développement
de compétences transdisciplinaires favorables à une meilleure qualité de vie et à la réussite de
l‘étudiant.
• À Nantes : Les midis de l’officine qui constituent une innovation pédagogique s’intégrant dans
le processus de développement professionnel au sein de l’UFR des Sciences Pharmaceutiques
et Biologiques. L’objectif de cette opération est d’assurer le trait d’union entre le statut
d’étudiant et le statut de professionnel de santé en accompagnant le passage de la théorie à
l’autonomie complète et à la prise de responsabilité, via des ateliers de partage et de rencontre
« humanisés » afin de faire identifier aux étudiants les besoins de dialogues et les actions à
mener pour y arriver. Cette initiative est ouverte aux étudiants de sixième année de pharmacie.
Une action a également été conduite par des étudiants de sixième année de pharmacie sur le
sujet des violences faites aux femmes. Après avoir eux-mêmes été formés par la directrice de
l'école de sages-femmes au CHU de Nantes, ils ont pu transmettre leurs connaissances à des
futurs professionnels de santé (essentiellement des étudiants en odontologie et de futurs
masseurs-kinésithérapeutes).
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GHEMM. Les quotas de stagiaires pouvant être accueillis sur une même période sont
déterminés en tenant compte de l’activité des services, des personnels et compétences
disponibles, avec une réévaluation annuelle. Une procédure est mise en œuvre pour permettre
à l’étudiant d’accéder aux logiciels métiers et un livret d’accueil, ainsi qu’un portfolio 118, sont
remis aux stagiaires. Au sein du GHEMM, le maître de stage pour les étudiants paramédicaux
est le cadre dit de « proximité » référent du lieu de stage et le tuteur est un professionnel
qualifié et ayant suivi une formation au tutorat. Un questionnaire de satisfaction est rempli par
l’étudiant qui le remet au maître de stage à la fin de son stage. Une attention particulière est
également accordée aux internes avec notamment une standardisation de leur accueil, la
remise d'un livret et d'une pochette d'accueil, l’organisation d’une réunion d'accueil avec le
président de la CME, du DAM et des responsables des services accueillant les internes, des
formations dispensées aux internes chaque semestre, une réunion à mi et à fin de stage afin
d'améliorer leurs conditions d'accueil chaque semestre, avec un point d'attention sur leurs
conditions de travail et d’hébergement.
La Faculté de médecine de Sherbrooke au Québec : dans le cursus commun à tous leurs étudiants
en médecine figure une unité d'enseignement obligatoire appelée "réflexion sur le
développement de sa pratique professionnelle/répondre aux défis de sa pratique
professionnelle". Cinq ateliers incluant des notions de développement personnel figurent au
programme dès la première année après l'admission dans leur programme d'études de médecine 119.
Le rapport de Donata Mara citait également aux Etats Unis la National Academy of Medicine qui a mis
en place un réseau « the Action Collaborative on Clinician Well Being and Resilience » de plus
de 50 organisations de soignants et d’étudiants. Il a pour objectif de mieux comprendre le mal-être
des soignants, de faire connaître ce qui a trait au stress et au burnout, ainsi que les réponses à y
apporter.
Le programme d’aide aux médecins et résidents du Québec (PAMQ) quant à lui, est en place
depuis 1990. Il fait état d’un « accroissement de 20 % des demandes d’aides individuelles, lesquelles
reflètent les difficultés en lien avec la réalité vécue sur le terrain » (rapport annuel 2016-2017).
118 Outil d'autoévaluation rempli par l’étudiant et partagé avec le tuteur et le formateur du suivi pédagogique.
119https://www.usherbrooke.ca/etudes-medecine/programmes-detudes/doctorat-en-medecine/le-parcours-du-
programme/le-parcours-en-image#acc-10516-3236.
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SIGLES UTILISES
ADSSU : Association des directeurs des services de santé universitaire
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