Roelfstra 2310
Roelfstra 2310
Roelfstra 2310
PONTS-ROUTES EN BETON
PAR
Guido ROELFSTRA
Ingénieur civil diplômé EPF
de nationalité hollandaise et originaire d’Amsterdam
Lausanne, EPFL
2001
Préface i
Préface
Des outils pour une gestion optimisée d’un parc de ponts se basent sur la description de l’état
et son évolution dans le temps. Les modèles d’évolution actuellement utilisés sont empiriques
et approximatifs. Dans sa thèse de doctorat, M. Guido Roelfstra s’est fixé comme objectif
d’améliorer cette modélisation par une approche scientifique à l’aide de modèles numériques
et analytiques qui se base sur le comportement physique et chimique et des observations in-
situ. La recherche se situe dans le domaine de la durabilité des ponts en béton qui est un sujet
de grande actualité.
Les éléments novateurs de la recherche de Guido Roelfstra comportent d’abord une approche
segmentielle avec une nouvelle méthode de subdivision des éléments d’un pont en segments
en fonction de la perméabilité et l’épaisseur du béton d’enrobage. Le modèle de corrosion
tient compte des phénomènes de transport, de l’électrochimie de la corrosion de l’acier
d’armature en présence de chlorures et de l’exposition spécifique de l’élément structural. Le
caractère stochastique de ces paramètres et phénomènes est considéré par une approche
probabiliste. Ensuite, l’évolution de l’état est formulée sous la forme de chaîne de Markov en
utilisant le modèle de corrosion. Finalement, la détérioration d’éléments de ponts est simulée
jusqu’à leur ruine.
Préface
Des outils pour une gestion optimisée d’un parc de ponts se basent sur la description de l’état
et son évolution dans le temps. Les modèles d’évolution actuellement utilisés sont empiriques
et approximatifs. Dans sa thèse de doctorat, M. Guido Roelfstra s’est fixé comme objectif
d’améliorer cette modélisation par une approche scientifique à l’aide de modèles numériques
et analytiques qui se base sur le comportement physique et chimique et des observations in-
situ. La recherche se situe dans le domaine de la durabilité des ponts en béton qui est un sujet
de grande actualité.
Les éléments novateurs de la recherche de Guido Roelfstra comportent d’abord une approche
segmentielle avec une nouvelle méthode de subdivision des éléments d’un pont en segments
en fonction de la perméabilité et l’épaisseur du béton d’enrobage. Le modèle de corrosion
tient compte des phénomènes de transport, de l’électrochimie de la corrosion de l’acier
d’armature en présence de chlorures et de l’exposition spécifique de l’élément structural. Le
caractère stochastique de ces paramètres et phénomènes est considéré par une approche
probabiliste. Ensuite, l’évolution de l’état est formulée sous la forme de chaîne de Markov en
utilisant le modèle de corrosion. Finalement, la détérioration d’éléments de ponts est simulée
jusqu’à leur ruine.
Summary
The management of existing road infrastructures is a multidisciplinary activity that involves
structural engineering, material science, management, economics and ecology. The objective
is to achieve maximum availability of road links at minimum societal costs. Recently, tools
(Bridge Management Systems, BMSs) have been developed to help decision makers to
determine the optimal management strategies within available resources.
The condition development model is a key element of the BMSs. Currently, this model is
using empirical approach making use of data collected during inspections and is formulated
with Markov chains. The assessment units are structural elements and these are classified into
condition classes according to their visual appearance. The condition assessment is therefore
rather subjective since no measurements are involved in it. Consequently, the condition
development based on visual inspections will reflect this subjectivity.
In order to improve the objectivity of condition forecasts physical and chemical phenomena
governing deterioration has to be incorporated in the condition development model.
Observations made on a bridge sample representative of the Swiss highway bridges showed
that chloride-induced corrosion is the main deterioration mechanism. For this reason this
research was focused upon modelling the chloride-induced corrosion.
In this research, the condition development model is established, based physical and chemical
phenomena involved in chloride induced corrosion. This analytical model is able to yield
quantitative results on condition development. Accuracy and availability of input data govern
the level of accuracy of such an analytical model. The existing knowledge on chloride
induced corrosion and inspection techniques available on site are examined in order to
develop a simple and reliable condition development model.
Firstly, non-destructive testing methods are used in addition to visual observations, to
determine quantitative values (permeability and thickness of the concrete cover) of parameters
governing the segment deterioration. The structural elements are divided into areas i.e.
segments where the parameters governing chloride-induced corrosion are assumed to be
constant. It is proposed to divide structural elements into segments based on three concrete
cover permeability classes, concrete cover thickness and three types of surface exposures to
chloride contaminated water.
Secondly, a chloride transport model is developed to simulate the real exposure of
reinforcement to chloride contaminated water, taking into consideration the transport
mechanisms of water and chloride ions. Simulations are performed for the various segment
parameters that have been identified in the segmental approach.
Thirdly, a relation is established between the free chloride ion content and the corrosion
initiation probability. Using the results of the chloride transport model, the development of
the corrosion initiation is determined for road bridges segments. An analysis is made to
predict the corrosion initiation time of existing bridges as a function of their segment
parameters (exposure and concrete cover permeability and thickness), but also to establish
recommendations for the construction of new bridges.
Fourthly, the corrosion rate i.e. loss of steel cross-section is then determined according to the
concrete cover permeability and the exposure to chloride contaminated water.
iv Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Fifthly, the results of the presented model are mapped to conditions states as defined in the
BMSs. Three degradation matrices (Markov chains) are determined, corresponding to three
condition developments: favourable, normal and unfavourable. The three condition
developments can be estimated for given quantitative values of the concrete cover
permeability, thickness and surface exposure to chloride-contaminated water. In this way, the
segment parameters may be used in BMSs to forecasts future condition of segments, elements
and the whole structure.
Finally the structural behaviour of the concrete road-bridges until failure is studied. The
determinant failure scenarios are identified for each bridge type and a case study is performed
on the sample representative for the Swiss highway bridges. For this purpose the determinant
segments for the structural safety are identified. Additionally the required concrete cover
depth for a service life of 50 and 100 years is expressed as a function of the permeability and
the exposure to chloride contaminated water.
This research outlines the need to measure the concrete cover permeability and thickness with
non-destructive test methods as well as to determine the exposure to chloride contaminated
water. These values are essential to predict the condition development of concrete road
bridges.
Version abrégée v
Version abrégée
La maintenance d’infrastructures existantes est une activité pluridisciplinaire qui comprend
aussi bien les domaines de l’ingénierie en structures, de la science des matériaux, de la
gestion que de l’écologie. L’objectif est de garantir la fiabilité du réseau routier en minimisant
les coûts pour la société. Récemment, des logiciels de gestion (Bridge Management Systems,
BMSs) ont été développés pour aider les preneurs de décision à déterminer la stratégie
optimale selon les ressources financières disponibles.
Le modèle d’évolution de l’état est un élément clé des BMSs. Actuellement, ce modèle utilise
une approche empirique, qui se base sur les données relevées au cours des inspections, et il est
formulé selon les chaînes de Markov. Les unités d’évaluation sont les éléments structuraux et
ceux-ci sont classés selon des conditions d’état en fonction de leur apparence visuelle. Pour
cette raison, l’évaluation de l’état est plutôt subjective puisque aucune mesure n’y est
impliquée. En conséquence, l’évolution de l’état basée sur les inspections visuelles reflètera
cette subjectivité.
Afin d’améliorer l’objectivité de la prédiction de la condition d’état, les phénomènes
physiques et chimiques, qui gouvernent la détérioration, doivent être incorporés dans le
modèle d’évolution de l’état. Les observations faites sur un échantillon de ponts représentatifs
du parc des ponts des routes nationales suisses a montré que la corrosion en présence de
chlorures est le mécanisme de détérioration prépondérant. Pour cette raison, ce travail de
recherche se concentre sur la modélisation de la corrosion en présence de chlorures.
Dans cette recherche, un modèle d’évolution de l’état basé sur les phénomènes physiques et
chimiques impliqués dans la corrosion en présence de chlorures est développé. Ce modèle
analytique est capable de donner des résultats quantitatifs de l’évolution de l’état. La qualité
et la disponibilité des données déterminent le niveau de précision d’un tel modèle analytique.
Les connaissances actuelles sur la corrosion en présence de chlorures et les techniques
d’inspection in-situ disponibles sont utilisées afin de développer un modèle d’évolution de
l’état simple et fiable.
Premièrement, des méthodes d’auscultation non-destructives sont utilisées, pour déterminer
la perméabilité et l’épaisseur du béton d’enrobage en complément aux inspections visuelles
pour déterminer des valeurs quantitatives des paramètres gouvernant la détérioration. Les
éléments structuraux sont divisés en zones (c.-à-d. segments) où les paramètres sont présumés
constants. Il est proposé de diviser les éléments structuraux en segments en se basant sur trois
classes de perméabilité du béton d’enrobage, l’épaisseur du béton d’enrobage et trois
expositions types aux eaux chargées de sel de déverglaçage.
Deuxièmement, un modèle de transport (pénétration) des ions chlorures est développé pour
simuler l’exposition réelle de l’armature aux eaux chargées de sel de déverglaçage. Ce modèle
tient compte des différents mécanismes de transport de l’eau et des ions chlorures. Des
simulations sont effectuées pour les divers paramètres des éléments qui ont été identifiés.
Troisièmement, une relation est établie entre la teneur en chlorures libres et la probabilité
d’initiation de la corrosion. En utilisant les résultats du modèle de pénétration des ions
chlorures, l’évolution de la probabilité d’initiation est déterminée pour les segments des
ponts-routes. Une analyse est effectuée pour prédire le temps d’initiation des ponts existants
en fonction des paramètres de leurs segments (exposition, perméabilité et épaisseur du béton
d’enrobage), mais aussi pour établir des recommandations pour la construction de nouveaux
ponts.
vi Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Zusammenfassung
Der Unterhalt der bestehenden Infrastruktur ist eine multidisziplinäre Aufgabe, welche die
Bereiche des konstruktiven Ingenieurbaus, der Materialwissenschaften, des Managements und
des Umweltschutzes vereint. Ziel ist es, die Zuverlässigkeit des Straßennetzes zu
gewährleisten und gleichzeitig die Kosten für die Gesellschaft möglichst gering zu halten. In
letzter Zeit wurden Computerprogramme (Bridge Management Systems (BMSs)) entwickelt,
welche die Entscheidungsträger in der Auswahl der optimalen Strategie mit den zur
Verfügung stehenden finanziellen Mitteln unterstützen.
Das Modell für die Zustandsentwicklung spielt eine Schlüsselrolle in den BMSs. Im Moment
verwendet dieses Modell einen empirischen Ansatz, der sich auf Daten stützt, die bei
Inspektionen erhoben werden, und wird in Markov-Ketten ausgedrückt. Die Bauwerke
werden zur Bewertung in Einheiten (Bauteile) unterteilt. Jedes Bauteil wird nach einer
visuellen Inspektionen einer Zustandskategorie zugeordnet. Die Bewertung des Zustands ist
eher subjektiv, da keine Messung vorgenommen wird. Diese Subjektivität spiegelt sich in der
Zustandsentwicklung, die auf den visuellen Inspektionen basiert, wieder.
Um die Objektivität der Vorhersage der Zustandsentwicklung zu verbessern, müssen die
physikalischen und chemischen Phänomene, welche die Schädigungsprozesse beherrschen, in
dem Modell für die Zustandsentwicklung berücksichtigt werden. Beobachtungen, die an einer
Auswahl repräsentativer Brücken der Schweiz vorgenommen wurden, haben gezeigt, dass der
vorherrschende Schädigungsmechanismus Korrosion infolge des Eindringens von Chloriden
ist. Deshalb konzentriert sich diese Arbeit auf die Modellierung dieser Korrosion.
In dieser Forschungsarbeit wurde ein Modell für die Zustandsentwicklung entwickelt, dass
auf den physikalischen und chemischen Phänomenen beruht, die bei der Korrosion infolge
des Eindringens von Chloriden eine Rolle spielen. Dieses analytische Modell ist in der Lage,
quantitative Aussagen über die Zustandsentwicklung zu treffen. Die Qualität und die
Verfügbarkeit der Daten bestimmen die Genauigkeit eines solchen analytischen Modells. Die
derzeitigen Kenntnisse über die Korrosion infolge des Eindringens von Chloriden und die
vorhandenen Inspektionstechniken in-situ werden untersucht, um ein einfaches und
verlässliches Modell für die Zustandsentwicklung zu erarbeiten.
Zuerst werden zerstörungsfreie Prüfmethoden zusätzlich zu den visuellen Inspektionen
durchgeführt, um die quantitativen Werte der Parameter, die den Schädigungsprozess
beherrschen, nämlich Permeabilität und Dicke des Überdeckungsbetons, zu bestimmen. Die
Bauteile werden in Zonen (d. h. in Segmente) unterteilt, in denen die Parameter als konstant
angenommen werden. Kriterien für die Unterteilung sind drei Kategorien der Permeabilität
des Überdeckungsbetons, die Dicke des Überdeckungsbetons und drei typische
Aussetzungsgrade durch tausalzhaltiges Wasser.
Zweitens wird ein Transportmodell für das Eindringen der Chloridionen entwickelt, um
realitätsnah zu simulieren, in welchem Maße die Bewehrung tausalzhaltigem Wasser
ausgesetzt ist. Simulationen werden für die wichtigen Parameter durchgeführt.
Drittens wird eine Beziehung zwischen dem Gehalt an freien Chloridionen und der
Wahrscheinlichkeit der Korrosionsinitiierung hergestellt. Die zeitliche Entwicklung der
Wahrscheinlichkeit der Korrosionsinitiierung wird für die Segmente der Straßenbrücken
ermittelt. Dazu werden die Ergebnisse des Transportmodells für das Eindringen der
Chloridionen verwendet. Eine Studie wird durchgeführt, um die Zeit der
Korrosionsinitiierung der vorhandenen Brücken in Abhängigkeit der Parameter ihrer
viii Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Notations
Majuscules latines :
A coefficient d’adsorption
A24h coefficient d’adsorption à 24 heures
B coefficient de pénétration
CE condition d’état
C(x,t) teneur en ions chlorures en fonction de l’épaisseur et du temps
Cf teneur en ions chlorures libres
C0 teneur en chlorures à la surface
Cs teneur en ions chlorures liés
Ct teneur totale en ions chlorures
D coefficient de diffusion
D0% coefficient de diffusion dans un béton sec
D100% coefficient de diffusion dans un béton saturé
DCl coefficient de diffusion des chlorures
Dw coefficient de diffusion de l’eau dans le béton
DwT coefficient de diffusion de l’eau en fonction de la température
E énergie d’activation
F constante de Faraday
Gd valeur de dimensionnement du poids propre de la structure porteuse
Gm valeur moyenne du poids propre de la structure porteuse
JCl flux d’ions chlorures
Jw flux d’eau
Kad coefficient de transport
L portée, longueur de la travée
M matrice de dégradation (chaînes de Markov)
Md moment de dimensionnement
MR moment résistant
Q charge concentrée
Qa valeur de dimensionnement de l’action concomitante
Qd valeur de dimensionnement de l’action prépondérante
Qr valeur représentative de l’action
R résistance ultime
Rd résistance ultime avec le coefficient de résistance
RCl coefficient de retard
Rw constante du gaz (vapeur d’eau)
Sd sollicitation de dimensionnement avec les facteurs de charge
Sl saturation en eau du béton
Sl,in saturation en eau initiale
Sl,max saturation en eau maximale
T température
VClf vitesse des ions chlorures libres
Vw vitesse de l’eau
WRd travail des moments résistants avec le coefficient de résistance
WSd travail des sollicitations avec les facteurs de charge
Xt vecteur d’état au temps t
xvi Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Minuscules latines :
a masse atomique
aij coefficients de la matrice de dégradation M
cf concentration dans la solution des chlorures libres
cs concentration des chlorures liés
d(t) diamètre de l’armature en fonction du temps
din diamètre initial de l’armature
e espacement des barres d’armature
fc résistance à la compression du béton
fcw,min résistance minimale sur cube
fy limite d’écoulement de l’acier d’armature passive
fy,p limite d’écoulement de l’acier de précontrainte
h humidité relative du béton
hc humidité relative où le coefficient de diffusion diminue de moitié
i courant de densité
m masse d’eau adsorbée
mcorr masse d’acier qui a corrodé
n coefficient de sécurité structural
néq nombre d’échanges équivalents
napt coefficient d’aptitude au service
q charge répartie
t temps
tcorr temps de corrosion
vcorr vitesse de propagation de la corrosion
w teneur en eau [m3/m3]
win teneur en eau initiale [m3/m3]
wcalc flèche calculée
wlim flèche limite selon la norme
wsat teneur maximale en eau évaporable (béton saturé) [m3/m3]
x variable de distance ou de profondeur
xCl profondeur de pénétration du front des chlorures
xi dimensions du vecteur Xt
xw profondeur de pénétration du front d’eau
Majuscules grecques :
Φ1 Coefficient dynamique
Minuscules grecques :
α0 rapport entre D100% et D0%
ε porosité
γ rapport entre les chlorures liés et les chlorures libres
γg facteur de charge du poids propre
γQ facteur de charge de l’action prépondérante
γR coefficient de résistance
ηal viscosité dynamique
ρ densité
ψ facteur de charge de l’action concomitante
Chapitre 1 – Introduction 1
Chapitre 1
Introduction
1.2.2.1 Introduction
Une demande croissante en matière de planification des mesures d’entretien a poussé les
propriétaires de parcs importants d’ouvrages d’art à se tourner vers de nouveaux moyens de
management. Le besoin de gérer de manière scientifique, pour obtenir la maintenance
optimale des ouvrages existants, est amplifié par les ressources financières restreintes qui sont
mises à disposition.
Les premières versions de logiciels informatiques de management, connus sous le nom de
BMSs ont été développées dans les années 80 notamment aux Etats-Unis. Les logiciels sont
principalement constitués de bases de données spécialisées, qui contiennent les informations
sur les ouvrages et le relevé de leur état par inspection visuelle, des modèles de prédiction de
l’évolution de l’état et des modèles d’optimisation des ressources financières au niveau de
l’ensemble du réseau. Les logiciels développés et utilisés en Suisse, ainsi que les principaux
logiciels existants à travers le monde, sont exposés dans les sous-chapitres suivants. La
majorité des logiciels s’inspirent du logiciel PONTIS qui est décrit plus précisément.
Chapitre 1 – Introduction 3
1.2.2.2 PONTIS
PONTIS [PONTIS_93A&B] est un logiciel qui a été développé aux Etats-Unis par la FHWA
(Federal Highway Administration) à la fin des années 80 [FHWA_89]. Il peut être considéré
comme le premier logiciel commercialisé au même titre que DANBRO. A ce jour, c’est le
logiciel le plus répandu. Il est employé dans 38 états américains ainsi que dans différents pays
à travers le monde. Dans certains de ces pays, comme par exemple la Hongrie, la version
américaine a été adaptée à leurs propres caractéristiques [GÁSPÁR_99 et MOLNAR_99]. De
plus, PONTIS a servi de base et de référence dans le développement de la plupart des autres
logiciels.
PONTIS se compose des différents modules décrits brièvement ici :
• Une base de données
La base de données contient l’ensemble des informations. Les ponts sont divisés en
éléments types. Au niveau du pont, la base de donnée contient les informations sur sa
localisation, son année de construction, le type de pont, les matériaux, le gabarit, le
trafic, etc. Au niveau des éléments, la base de donnée contient l’état des types
d’élément par un vecteur dont chaque composant représente le pourcentage du type
d’élément qui se trouve dans chaque condition d’état. Pour chaque type d’élément, des
conditions d’état sont définies. Dans le tableau 1.1, la définition des conditions d’état
pour un élément en béton armé est représentée pour le logiciel KUBA-MS-TICINO
qui utilise des définitions analogues. Etant donné que l’information provient
d’inspections visuelles, les conditions d’état sont définies afin qu’il soit possible de les
identifier visuellement.
• Modèle d’optimisation de la maintenance (réparation et réhabilitation)
Ce modèle détermine pour chaque élément la stratégie optimale de maintenance. Cette
stratégie optimale est obtenue par l’interrelation entre un premier module, qui
détermine l’action optimale pour chaque état de chaque élément, et un second module,
qui calcule l’état stationnaire du parc d’ouvrages résultant des actions optimales du
premier module. L’optimisation dynamique des deux modules aboutit à la stratégie de
maintenance optimale à long terme avec un budget annuel minimal. Un troisième
module est intégré et établit la stratégie optimale pour un ouvrage unique. Ce dernier
module permet d’obtenir la meilleure stratégie possible si le budget annuel est
inférieur au budget annuel minimal ou si l’état du parc d’ouvrages est dans un état
inférieur à l’état stationnaire résultat de la première optimisation.
• Modèle d’optimisation des modifications (améliorations)
Ce modèle optimise les bénéfices apportés par les modifications au niveau des coûts
des utilisateurs ou tout autre niveau d’investissement. Les modifications comprennent
par exemple l’élargissement du tablier et une série d’actions spécifiques optimales
pour les utilisateurs.
• Modèle d’intégration et de planification
Ce modèle réunit les résultats des deux modèles d’optimisation précédents. Il permet
de planifier l’ensemble des projets d’interventions et de gérer le budget. La priorité des
projets est établie par le rapport incrémentiel coûts/bénéfices.
• Modèle de condition d’état et d’interventions possibles
Ce modèle attribue à chaque condition d’état de chaque type d’élément des
interventions possibles. Dans le tableau 1.2, les interventions possibles, pour les
4 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
éléments en béton armé, tels que définis dans le logiciel KUBA-MS-TICINO, qui
utilise le même principe, sont représentées. Le modèle comprend aussi une indication
de l’influence de l’environnement sur l’élément (bénin, faible, modéré ou sévère) et
une liste des interventions d’améliorations possibles (par exemple l’augmentation de la
capacité portante ou du gabarit).
• Modèle de prévision
Ce modèle estime la détérioration des éléments de l’ouvrage. La formulation de
chaînes de Markov est utilisée (chapitre 4). En se basant sur un ensemble de données
d’état d’éléments d’ouvrages, les paramètres du modèle de détérioration sont obtenus
par régression. Le modèle est conçu afin de pouvoir corriger automatiquement les
paramètres du modèle d’après de nouvelles valeurs provenant de l’inspection des
ouvrages.
• Modèle des coûts des utilisateurs
Ce modèle génère les coûts des utilisateurs occasionnés principalement par une
déficience de l’utilisation du pont (par exemple une réduction de la largeur des voies,
un mauvais alignement ou une réduction des charges de trafic suite à une capacité
portante insuffisante). Les coûts des utilisateurs se composent des coûts des accidents
et des coûts engendrés (au niveau du véhicule et du temps perdu pour les utilisateurs)
en cas de détour ou de limitation de trafic.
PONTIS utilise une philosophie qui va du niveau global du réseau au niveau du projet
(« project-level »). Le budget et les exigences sont utilisées afin d’établir la politique
optimale, puis les projets sont planifiés.
1.2.2.3 BRIDGIT
BRIDGIT [BRIDGIT_94 et HAWK_98] a été développé aux Etats-Unis conjointement par le
NCHRP (National Highway Research Program). Il est utilisé dans l’état du Maine et d’autres
états sont en train d’examiner une implémentation. Contrairement à PONTIS, l’approche va
du niveau du projet au niveau global. Les exigences déterminent les projets qui génèrent des
coûts. Ces coûts sont ensuite comparés aux budgets, puis les exigences sont adaptées en
fonction du budget et les projets modifiés. Le budget et les exigences sont utilisées afin
d’établir la politique optimale, puis les projets sont planifiés.
1.2.2.4 DANBRO
DANBRO a été développé au Danemark [HENRIKSEN_99]. Il est concentré sur une approche
au niveau du projet et il est basé sur une approche systématique des inspections (principales,
de routine et spéciales). Des développements récents ont permis d’ajouter une fonction de
classement prioritaire des interventions sur des bases économiques.
Chapitre 1 – Introduction 5
1.2.2.5 FINNRA
Le BMS développé par le Finnish National Road Administration (FINNRA) est fondé sur les
mêmes principes que PONTIS [SÖDERQVIST_99]. Il permet de gérer les 12'500 ponts du
réseau des routes finlandaises. La spécificité du logiciel est sa modélisation de la détérioration
et des interventions de maintenance par une chaîne de Markov tridimensionnelle.
Tableau 1.1 Condition d’état des éléments en béton armé (comme définis dans KUBA-MS-
TICINO [KUBA_98A&B]).
6 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Tableau 1.2 Interventions possibles sur les éléments en béton armé (comme définis dans
KUBA-MS-TICINO [KUBA_98A]).
1.4 Objectifs
Ce travail de recherche présente une approche globale de la détérioration dans le cadre de la
maintenance d’un parc d’ouvrages d’art existant (ponts routiers). L’objectif est d’établir un
modèle de la prédiction de l’évolution de l’état d’un ouvrage d’art (pont) spécifique. Le but
principal regroupe les quatre aspects suivants :
• établir l’état des ponts selon une approche segmentielle en incluant des valeurs
quantitatives obtenues avec les méthodes d’auscultations non-destructives.
• établir un modèle de détérioration de la corrosion de l’armature d’éléments de
structure en béton armé en présence de chlorures, qui est le mécanisme de
détérioration prépondérant. Ce modèle établi, basé sur les phénomènes physiques et
chimiques, est développé spécifiquement pour une application aux ponts-routes en
béton et aux conditions d’exposition réelles.
• formuler les résultats des simulations pour pouvoir être inclus dans les BMS existants.
• étudier le comportement des ouvrages et l’évolution de leur état jusqu’à la ruine pour
permettre d’identifier les segments déterminants des ouvrages (ponts).
1.5 Démarche
L’introduction au chapitre 1 place cette recherche dans le domaine de la maintenance des
ouvrages. La manière de gérer les parcs d’ouvrages est exposée et les différents BMS
existants sont décrits. Une critique des approches utilisées permet d’établir les besoins de
recherche et de fixer les objectifs de ce travail de recherche. Les bénéfices et la démarche
adoptée sont décrits.
Le chapitre 2 traite de l’établissement de l’état des ponts-routes en utilisant une approche
segmentielle. Une méthode de division des ponts-routes en éléments et en segments est
exposée en fonction des paramètres nécessaires à une prédiction de l’évolution de l’état avec
un modèle physico-chimique de détérioration. Ceux-ci peuvent être établis au cours des
inspections visuelles avec des méthodes d’auscultations non-destructive étudiés dans ce
chapitre. Finalement, la méthode est appliquée à un échantillon représentatif du réseau des
Routes Nationales Suisse et les mécanismes de détériorations sont identifiés.
La modélisation de la corrosion en présence de chlorures est faite au chapitre 3. Après une
description du mécanisme de détérioration, la pénétration des ions chlorures est modélisée et
simulée pour les ponts-routes, en tenant compte de la perméabilité du béton d’enrobage et de
l’exposition de la structure. Selon une approche probabiliste, l’initiation de la corrosion est
définie en fonction de la teneur en chlorures libres. L’évolution de probabilité d’initiation est
8 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
déterminée pour les segments des ponts-routes. Sur la base des résultats, une analyse est
effectuée pour prédire le temps d’initiation des ponts-routes existants et aussi pour établir des
recommandations pour la construction des nouveaux ouvrages. Finalement, la vitesse de
propagation de la corrosion est établie en fonction des propriétés des segments.
Au chapitre 4, la détérioration des ponts-routes est modélisé en utilisant les résultats obtenus
dans le chapitre précédent. La formulation sous forme de Markov est établie pour permettre
l’intégration du modèle de détérioration dans un logiciel de management en considérant
l’approche segmentielle du chapitre 2. La perméabilité du béton d’enrobage, l’exposition aux
sels de déverglaçage et l’épaisseur de l’enrobage en sont les principaux paramètres.
Au chapitre 5, des scénarios de ruine sont identifiés sur la base de l’analyse de l’échantillon
représentatif des ponts-routes. L’évolution de l’état des différents types de ponts est étudié
jusqu’à leur ruine. La durée de vie des ponts est analysée en fonction des la perméabilité du
béton d’enrobage et de l’exposition des segments. Sur la base de l’étude effectuée, les
éléments et les segments déterminants de chaque type de pont sont identifiés.
Finalement, les conclusions sont tirées dans le chapitre 6 au niveau des résultats de ce travail
de recherche ainsi qu’au niveau des projections pour les recherches futures dans le domaine.
Chapitre 2 – Etats des ponts-routes selon une approche segmentielle 9
Chapitre 2
2.1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est d’établir une méthodologie pour évaluer l’état de ponts-routes en
béton et de permettre de relever les données nécessaires à la prévision de l’évolution de leur
état. Comme exposé au chapitre 1, une démarche systématique est capitale pour le
développement d’un outil de gestion et de management performant.
Le contenu de ce chapitre est divisé en quatre sections :
• Approche segmentielle
Une méthode de division en éléments et en segments est proposée dans le cadre de
cette recherche. La séquence de division de la structure en éléments puis la subdivision
en segments sont présentés. Les paramètres nécessaires à l’évaluation de l’état du pont
et ceux pour la prévision de l’évolution de l’état sont déterminés.
• Méthodes d’auscultation non-destructives
Les méthodes d’auscultation non-destructives qui ont été utilisées dans le cadre de
cette recherche, pour déterminer les paramètres quantitatifs des propriétés des
matériaux, sont présentés.
• Application à l’échantillon représentatif
Le parc des routes nationales du canton de Vaud est décrit et un échantillon
représentatif est sélectionné. L’approche segmentielle développée est appliquée et les
observations effectuées in-situ sont décrites pour établir une évaluation de l’état du
parc des ponts-routes dans son ensemble.
• Mécanismes de détérioration
Sur la base des inspections de l’échantillon représentatif, les différents mécanismes de
détérioration observés sont évalués pour permettre d’identifier le mécanisme de
détérioration prépondérant de l’évolution de l’état des ponts en béton du parc des
routes nationales : la corrosion des armatures en présence de chlorures.
10 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Ouvrage
Exposition
Propriétés géométriques
Division en segments
Défauts locaux
OBJECTIF
Evaluation de l’état et
prédiction de l’évolution de l’état
Rôle Eléments
Dalles de tablier (dalle, face supérieure, face inférieure et porte-à-faux)
Poutres et caissons
Entretoises
Structural
Piles, piliers et béquilles
Culées (murs de culée, murs en aile et murs en retour)
Fondations (semelles, pieux et tirants d’ancrage)
Bordures
Revêtement
Etanchéité
Fonctionnel
Joints (de dilatation et de raccord)
Appareils d’appui
Glissières
Tableau 2.1 Principaux éléments des ponts-routes.
• Les éléments en béton sont subdivisés en segments selon leurs propriétés
géométriques, les propriétés de leurs matériaux, leur exposition et leurs défauts locaux
relevés au cours d’inspections visuelles (tableau 2.2).
Critère Description
- Dimensions du béton
Propriétés géométriques - Aire et section de l’armature
- Epaisseur de l’enrobage
- Propriétés mécaniques telles que la résistance à la
traction et à la compression
Propriétés des matériaux
- Propriétés physiques telles que la perméabilité du
béton d’enrobage
- Exposition aux conditions météorologiques et aux
Exposition
agents agressifs tels que les sels de déverglaçage
- Défauts locaux (nids de gravier, manque d’enrobage,
Etat
etc.)
Pour un ouvrage neuf, la première division des éléments en segments s’effectue sur la base
des plans et d’hypothèses concernant ses paramètres (exposition et épaisseur d’enrobage). Par
la suite, ainsi que pour les ouvrages existants, la division des éléments en segments est faite
sur la base des observations faites in-situ au cours des inspections principales.
1 2 3 4
30 m
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
2.2.3 Exposition
Le principal mécanisme de détérioration des ponts-routes en Suisse est la corrosion due à la
présence de chlorures (chapitre 2.5). Pour cette raison, les éléments de l’ouvrage sont divisés
en segments selon leur exposition au sel de déverglaçage. Trois zones d’exposition types sont
identifiés :
• Directe
Les zones qui sont directement en contact avec l’eau salée de la chaussée, soit
notamment toutes les zones où de l’eau provenant de la chaussée peut s’écouler et
s’infiltrer.
• Eclaboussures
Les zones qui sont exposées aux projections émises par le passage des véhicules sur la
chaussée mouillée. Ces zones se situent jusqu’à une hauteur de 1 mètre 50.
Les zones qui sont exposées aux coulures (comme par exemple sur la face inférieure
d’un tablier suite à un défaut de goutte-pendante) et aux infiltrations avec des
Chapitre 2 – Etats des ponts-routes selon une approche segmentielle 13
écoulements moins importants que les écoulements possibles au niveau des joints sont
également considérés comme exposés au type d’exposition « éclaboussures ».
• Brouillard
Les zones qui sont exposées aux fines gouttelettes mises en suspension dans l’air par
le passage des véhicules à grande vitesse et qui crée un brouillard salin. Ce brouillard
expose pratiquement tous les éléments et les segments de la structure de l’ouvrage.
Des exemples d’exposition des tabliers de ponts-routes sont représentés à la figure 2.2 et une
synthèse de l’exposition des éléments de ponts-routes est présentée dans le tableau 2.3.
Infiltrations
défaut de l’étanchéité ?
Mauvaise évacuation
des eaux ?
Coulures ?
Infiltration ?
Exposition Eléments
Eléments soumis directement à l’eau de la chaussée
- Bordures
Directe - Face supérieure du tablier en cas d’infiltration (défaut
d’étanchéité)
- Eléments exposés suite à un système d’évacuation de
l’eau défectueux (culées, extrémités de poutres, etc.)
Eléments au bord de la chaussée
- Bordures
Eclaboussures - Piles, piliers et béquilles
- Face inférieure du tablier en cas de coulures et
d’infiltrations
Eléments dans l’environnement de la route
Brouillard salin
- Tous les autres éléments
2.3.1 Général
Le relevé de l’état des ponts-routes, par une inspection principale systématique et périodique,
est effectué dans la plupart des pays. Par exemple, aux Etats-Unis et en Suisse, une inspection
visuelle est faite respectivement tous les 2 ou 5 ans. Le compte-rendu de ces inspections est
uniformisé pour être introduit dans les BMS. A chaque élément d’ouvrage est attribué une
note qui correspond à sa condition d’état. Les manuels d’utilisateurs des BMS contiennent des
listes des conditions d’état avec une description et une photographie représentative de la
condition d’état [KUBA_98B].
Avec le développement du secteur de la maintenance des ouvrages, de nombreuses méthodes
d’auscultation non-destructives ont fait leur apparition. Elles ont l’avantage, par rapport aux
méthodes dites semi-destructives et aux méthodes destructives, de ne causer aucun dommage
à la structure et de pouvoir déterminer de manière simple et directe les mesures in-situ.
En effectuant quelques mesures à l’aide de méthodes d’auscultation non-destructives en
complément aux observations visuelles durant les inspections périodiques, des informations
utiles pour les modèles d’évolution de l’état peuvent être relevées. Dans le cadre de cette
Chapitre 2 – Etats des ponts-routes selon une approche segmentielle 15
laboratoire, l’échantillon peut être séché. Afin de palier à ce problème, les mesures ont été
effectuées sur les ponts après 2 à 3 jours sans précipitations et sans brouillard pour garantir un
béton d’enrobage avec une humidité inférieure à environ 70%.
2.3.2.3 Fonctionnement
L’appareil Torrent a deux chambres (figure 2.3) ; une chambre intérieure (∅ 32 mm) et une
chambre extérieure (∅ 86 mm). Le vide est créé dans la chambre intérieure avec une pompe
d’une capacité de 1.5 m3/h (figure 2.4). Une fois que le vide est presque atteint (pression
résiduelle d’environ 10-15 mbar), l’appareil mesure le retour de la pression dans la chambre
interne, Pi, par écoulement de l’air à travers le béton d’enrobage sur une période de temps qui
est au maximum de 12 minutes. Afin d’éliminer les effets de bords et de s’assurer que l’air
provient directement du béton sous la chambre intérieure, une chambre extérieure est utilisée.
Un pressostat contrôle électroniquement la pression dans la chambre externe, Po, afin qu’elle
soit égale à la pression dans la chambre interne. En faisant ainsi, l’hypothèse peut être faite
que l’air provenant de l’atmosphère et du béton environnant entre dans la chambre externe et
n’influence pas l’évolution de la pression de la chambre intérieure.
Pi
Po Po
Pompe
Mesure de pression
Pressostat
Pressiostat
Chambres
Béton
Tableau 2.5 Mesures de la perméabilité à l’oxygène avec l’appareil Torrent et les mesures sur des
carottes avec la méthode du CEM-Bureau (effectuée par le TFB à Nyon).
• Il est possible de faire des mesures sur pratiquement toutes les surfaces, à l’exception
de certaines surfaces très rugueuses ou des surfaces présentant une importante
fissuration.
• Il est nécessaire de se rendre compte qu’une campagne de mesures prend plusieurs
heures pour un pont-route (une demi journée, voir une journée complète). L’idéal est
de bien identifier à l’avance les éléments et les segments dont on souhaite déterminer
la classe du béton d’enrobage. Plusieurs mesures sont nécessaires pour chaque
élément/segment et la durée de chaque mesure est de 12 minutes. Une telle campagne
de mesures est nécessaire une seule fois sur un pont existant et il serait bénéfique
d’effectuer les mesures progressivement sur l’ensemble du parc.
Au niveau des perméabilités du béton d’enrobage, les mesures mettent en évidence que :
• Il est possible d’établir la classe de perméabilité des différents éléments et segments
d’un pont à l’aide de l’appareil de mesure in-situ.
• La méthode permet d’identifier les segments (zones) qui ont une grande perméabilité
dont l’origine peut être une porosité plus importante, un lessivage de la surface, etc.
• Une grande dispersion spatiale des valeurs a été observée. Pour les segments, les
mesures montrent une distribution normale de la perméabilité avec une variance de
l’ordre de 25%.
éléments affectés, ce ne sont que quelques barres qui ont une faible épaisseur
d’enrobage (moins de 10 mm).
• Certains éléments sont plus sensibles aux problèmes de mise en place de l’armature et
l’on peut trouver des zones entières où l’armature a un faible enrobage. Les principaux
éléments touchés sont les éléments verticaux tels les piles, les béquilles et les murs,
ainsi que les faces horizontales inférieures tels la face inférieure des porte-à-faux et
des dalles.
• L’épaisseur de l’enrobage des étriers des ponts construits dans les années 60 et 70 a
été sous-dimensionné et le soin nécessaire à leur mise en place a été insuffisant. Les
étriers se retrouvent fréquemment très près des surfaces (moins de 15 mm, voir même
apparents) et des dégâts sont apparus ; selon la détérioration, on observe des fissures
en surface, des écaillages, des épaufrures et des étriers apparents corrodés.
Pont cadre - 2 1 3
Pont dalle 2 5 - 7
Pont arc - - - -
Pont à poutre Gerber 1 - - 1
Tranchée couverte - - - -
Ponceau à caisson ou tuyau - - - -
Total 44 (3) 23 (2) 23 (2) 90 (7)
Pont-poutre continu 19 (2) 28 (2) 10 (2) 57 (6)
Pont-poutre simple - - 1 1
Pont à béquilles 1 - - 1
Ponts et Viaducs
Pont cadre 1 3 - 4
Pont dalle - - - -
Pont arc - 2 - 2
Pont à poutre Gerber - - - -
Tranchée couverte - - - -
Ponceau à caisson ou tuyau - - - -
Total 21 (2) 33 (2) 11 (2) 65 (6)
Total 103 (7) 85 (6) 48 (7) 236 (20)
Tableau 2.7 Nombre de ponts sur 3 tronçons des routes nationales autour de Lausanne (ponts
sélectionnés dans l’échantillon représentatif).
Les passages inférieurs représentent 34% des ponts, dont une grande majorité de ponts-cadres
(63/81). Les passages supérieurs représentent 38% des ponts, qui sont principalement des
ponts-continus (42/90) et des ponts à béquilles (34/90). Les ponts autoroutiers et les viaducs
représentent 27% des ponts, dont la plupart sont des ponts-poutres continus (57/65).
Chapitre 2 – Etats des ponts-routes selon une approche segmentielle 21
Dalle (pleine/évidée)
N° 1 / 6 / 8
N° 15
11 / 16 / 17
ou
Type de tablier (section)
Section ouverte
N° 4 / 12 / 13
N° 2 et 3
14 / 20
Section fermée
N° 5 / 7 / 10
N° 9
18 / 19
1 3 1 2 1 3 1 2
2 2
Tableau 2.9 Eléments et segments visibles des ponts-cadres avec le relevé des dégâts observés et
leur origine probable.
24 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
2 1 2
4
4 3 6 4
2 1 2
4 3 4
2 1 5 2
4 3 4
8
1
2 3 2
9
5 4 4 5
7
Segments types d’un tablier en caisson :
1) Face supérieure de la dalle
2) Face inférieure du porte-à-faux
3) Face inférieure de la dalle en travée
4) Face interne de l’âme
5) Face extérieure de l’âme
6) Face supérieure de la dalle inférieure
7) Face inférieure de la dalle inférieure
8) Si observé, zone avec des infiltrations
9) Si observé, zone de coulures
De quelques
Pas d’anomalie due au fluage
années à
Fluage Déformations différées observé sur les ponts de Cas particuliers
plusieurs
l’échantillon.
dizaines
Perte de force de
précontrainte, fissuration, Quelques Pas d’anomalie due à la
Relaxation Cas particuliers
augmentation des années relaxation observée.
déformations
Aucun dégât dû à la fatigue n’a
Fissuration des armatures
Quelques été observé à ce jour. Sensible :
Fatigue et du béton, augmentation
années dalle de roulement et
Cas particuliers
des déformations
précontrainte partielle.
Généralement, les tassements
Déformations Stabilisé après observés n’ont pas d’influence
imposées par Fissuration quelques sur la sécurité structurale, Cas rares
tassement années l’aptitude au service et la
durabilité.
Usure La plupart des équipements et
équipement et Usure Très rapide des revêtements montrent des Tous les ponts
revêtement signes d’usure.
2.6 Conclusions
En conclusion, l’approche segmentielle avec la méthode de division en segments proposée et
son application à l’échantillon de ponts du parc des routes nationales suisse permet d’établir
que :
• L’approche segmentielle avec la méthode de division en segments proposée est un
moyen efficace pour décrire l’état du pont au niveau des inspections visuelles et de
son implémentation dans un système de gestion (BMS). L’application à l’échantillon
représentatif montre que l’approche segmentielle est utilisable dans la pratique et peut
être intégrée dans les systèmes de gestion (BMS) en utilisant la division en éléments,
la subdivision en segments et la détermination leurs propriétés.
• La perméabilité et l’épaisseur du béton d’enrobage doivent être déterminées, par des
méthodes d’auscultation non-destructives en complément aux inspections visuelles,
pour établir les paramètres prédominants pour la prédiction de l’évolution de l’état
(chapitre 3).
• L’ensemble du parc des ponts du réseau des routes nationales du canton de Vaud est
en bon état. Seuls des dégâts locaux ont été observés qui ne mettent pas en cause la
sécurité structurale, l’aptitude au service et la sécurité à l’exploitation (circulation).
• Les équipements (notamment le système d’évacuation de l’eau), le revêtement et
l’étanchéité se détériorent rapidement. Une maintenance adéquate de ceux-ci permet
généralement de garantir une longue durée de vie pour la structure dans son ensemble.
• Des différents mécanismes de détérioration, la corrosion en présence de chlorures de
la structure en béton constitue le mécanisme de détérioration prépondérant du parc des
ponts des routes nationales.
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 31
Chapitre 3
3.1 Introduction
La corrosion en présence de chlorures a été identifiée comme le mécanisme de détérioration
prépondérant pour les ponts du parc des ouvrages des routes nationales. Ainsi, le but de ce
chapitre est d’établir un modèle de détérioration de la corrosion en présence de chlorures qui
tient compte des phénomènes physiques et chimiques.
Le phénomène de la corrosion des armatures est expliqué dans le chapitre 3.2. La chimie du
mécanisme de corrosion en présence de chlorures, l’influence de la carbonatation ainsi que la
détérioration au niveau de la surface du béton et de la structure sont décrits. L’application aux
ponts-routes est faite avec une approche probabiliste présentée dans la figure 3.1. La
modélisation de la détérioration de la corrosion en présence de chlorures se déroule en trois
étapes :
• Un modèle numérique de pénétration des ions chlorures est développé dans le chapitre
3.3 pour une exposition réelle aux ions de chlorures provenant du sel de déverglaçage
répandu sur les routes. Le modèle est spécialement développé pour simuler une
exposition à des variations d’humidité et de teneur en chlorures de l’eau. Le modèle
est calibré avec des mesures et des essais tirés de la littérature. La pénétration des ions
chlorures est simulée avec les trois classes de perméabilité de béton d’enrobage et les
trois types d’exposition définis dans le chapitre 2.2 pour les ponts-routes.
• La corrosion commence au moment où les armatures sont dépassivées. Ce phénomène
se produit lorsqu’un taux critique est atteint au niveau des armatures. Dans le chapitre
3.4, la probabilité d’initiation (figure 3.1) est déterminée en fonction de la teneur en
chlorures sur la base de recherches dans la littérature et appliquée aux simulations de
pénétrations obtenues avec le modèle de pénétration des ions chlorures pour les ponts-
routes.
• La propagation de la corrosion, c’est-à-dire la perte de section des armatures, est
discutée dans le chapitre 3.5. Plusieurs modèles et mesures de pertes de sections
trouvés dans la littérature sont analysés pour établir une table de vitesses de
propagation de la corrosion en fonction de la perméabilité du béton d’enrobage et de
son exposition. Ces valeurs serviront de base à l’établissement de la simulation de la
dégradation du chapitre 4 et des scénarios de ruine du chapitre 5.
32 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Epaisseur d’enrobage
mesurée
densité de probabilité
Perméabilité
enrobage [mm]
mesurée
taux de chlorures
50 %
perméabilité kT [%/ cim.]
10 %
100 % Propagation de la
corrosion
0%
0.5 1 1.5 2 2.5
Oxygène Electrolyte
O2 (humidité)
CORROSION
DE
L’ARMATURE
Dépassivation
de l’acier
carbonatation / chlorures
Dommage
Etat limite
Vitesse de propagation
Temps
Initiation Propagation
OH- OH-
L’anode se forme en principe à l’endroit où la concentration des chlorures est la plus élevée,
dans le cas d’un milieu homogène. Etant donné la grande disparité des propriétés des
matériaux et les défauts locaux possibles, la localisation de l’anode n’est pas aussi précise et a
donc un caractère plutôt aléatoire. En présence de fissuration, l’anode aura une forte tendance
à se localiser au niveau de la fissure. Selon [KELLER_91], le croisement d’armatures est aussi
un endroit préférentiel pour la formation de l’anode.
La cathode est généralement constituée par une zone autour de l’anode où sont consommés
les électrons produits par l’oxydation du fer à l’anode et transmis par l’armature. La cathode a
tendance à se localiser aux endroits avec une teneur en oxygène élevée et/ou avec une faible
teneur en ions hydroxydes. Une dynamique s’installe entre les électrons produits à l’anode
(équation 3.1) consommés à la cathode et les ions hydroxyde produits à la cathode.
Cependant, il n’est pas nécessaire que les ions hydroxydes proviennent de la cathode pour
entretenir la réaction à l’anode, car les ions hydroxydes sont présents dans le béton.
3.2.3 Carbonatation
La carbonatation du béton a une influence sur la corrosion en présence des chlorures qui est
traitée dans le chapitre 3.4. Le mécanisme de corrosion en présence de chlorures a été
identifié comme prépondérant dans le chapitre 2.5 par rapport aux autres mécanismes et
notamment à la corrosion due à la carbonatation. Ceci s’explique par le fait que la corrosion
en due à la carbonatation est un phénomène plus lent que la corrosion en présence de
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 35
chlorures, car : (1) il s’agit d’une corrosion généralisée et (2) la progression du front de
carbonatation est moins rapide que la pénétration des ions chlorures. Les observations faites
in-situ, sur l’échantillon des ponts-routes (chapitre 2.4.2) et sur divers éléments prélevés,
montrent que le front de carbonatation a seulement pénétré de quelques millimètres après
plusieurs dizaines d’années.
La carbonatation du béton est le résultat de la pénétration de gaz carbonique et d’eau dans le
béton. L’hydroxyde de calcium dissout (Ca(OH)2) réagit avec le gaz carbonique (CO2) en
présence d’eau pour former du carbonate de calcium (CaCO3) sous forme solide :
Ca(OH)2 (aqueuse) + CO2 → CaCO3 (solide) + H2O éq. (3.6)
Par la progression de la carbonatation, le pH de l’eau contenue dans les pores du béton
diminue et tombe en dessous de 10. Avec une telle valeur de pH, l’armature est dépassivée et
les réactions de corrosion de l’armature peuvent avoir lieu. La progression du front de
carbonatation est notamment influencée par la teneur en eau du béton, car le gaz carbonique
pénètre sous forme gazeuse et le remplissage des pores par l’eau obstrue le passage des gaz.
La formation et le dépôt du carbonate de calcium n’altère pas le béton en lui même. Le
CaCO3 crée un jointage des agrégats améliorant la résistance et diminuant la perméabilité du
béton.
La modélisation de la progression du front de progression est souvent faite de manière
simplifiée par les lois de la diffusion (lois de Fick). Pour une exposition constante, ainsi que
pour un coefficient de carbonatation D constant dans le temps et dans l’espace, l’équation 3.7
donne une solution exacte de la profondeur de carbonatation x en fonction du temps t :
x = D⋅ t éq. (3.7)
La solution ne tient pas compte de l’exposition réelle de la structure (variation de la teneur en
eau et de la température). Cependant, l’établissement d’un coefficient de diffusion, à partir
d’observations expérimentales ou faites in-situ, permet d’établir un pronostic simple et
empirique de l’évolution de la propagation du front de carbonatation qui est largement utilisé.
3.2.4 Détérioration
La corrosion des armatures génère une détérioration à deux niveaux :
• Au niveau de la surface du béton, les dégâts provoqués par la corrosion des
armatures sont dus aux pressions internes. Ces dernières sont créées par
l’augmentation de volume provenant de la formation des produits de la corrosion
(rouille) dans le cas de la corrosion généralisée, ce qui n’est pas forcément le cas avec
des piqûres localisées de corrosion. L’apparition des dégâts suit généralement
l’évolution suivante :
o apparition de taches de rouille à la surface provenant du transport des produits
de la corrosion par l’eau.
o formation de fissures au niveau de l’armature qui se propagent jusqu’à la
surface du béton.
o éclatement et désagrégation du béton d’enrobage. Les barres d’armatures
corrodées sont mises à nu.
• Au niveau du comportement de la structure, la corrosion des armatures est le
mécanisme qui a la plus grande influence parmi les mécanismes de détérioration
identifiés (chapitre 2.5). La perte de section des armatures modifie la sécurité
36 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
structurale et l’aptitude au service, car les armatures reprennent toutes les tractions
dans le béton. La perte de section des armatures peut entraîner :
o une diminution de la sécurité structurale pouvant conduire à la ruine de la
structure comme dans le cas des scénarios de ruine décrit dans le chapitre 5.
o une augmentation des déformations par la diminution de l’effort de
précontrainte et une diminution de la rigidité des sections.
o une fissuration par l’augmentation des efforts dans les barres d’armatures
intactes ou par la perte de l’effort normal de précontrainte.
3.3.1 Général
Le transport des chlorures dissous dans l’eau est un phénomène complexe. Le béton est un
matériau hétérogène poreux avec une saturation en eau variable. Les mécanismes de transport
dans le béton font intervenir les forces physiques de gravité, de tension superficielle et
électromagnétiques d’une part et les réactions chimiques d’autre part. Dans le béton, les ions
chlorures sont transportés avant tout :
• par l’eau : les ions chlorures dissous sont entraînés par les mouvements de l’eau
• par la diffusion : les ions chlorures se déplacent dans l’eau pour égaliser le gradient
de concentration.
Dans le cadre de cette recherche, un modèle spécifique est développé pour simuler les
conditions d’exposition réelles (cycles d’humidité et de teneur en chlorures de l’eau) en tenant
compte de la perméabilité du béton d’enrobage.
De nombreuses recherches sur l’évolution des structures utilisent une approximation par la
modélisation de la pénétration des chlorures par la solution de l’équation de la diffusion sous
une exposition constante (chapitre 3.3.3.3) qui ne tient pas compte des phénomènes réels.
Dans le cadre de cette recherche, un modèle spécifique est développé pour simuler les
conditions d’exposition réelles (cycles d’humidité et de teneur en chlorures de l’eau) en tenant
compte de la perméabilité du béton d’enrobage.
3.3.2.1 Introduction
Le transport de l’eau dans le béton s’effectue par divers mécanismes de transport en fonction
de la teneur en eau dans le béton et des conditions de bord [JOHANNESSON_98, JANZ_97 et
OBERBECK_95].
Pour un béton très sec (humidité relative < 25-40 %) avec des surfaces de pores complètement
sèches, une couche de molécules d’eau diffusée par vapeur d’eau vient se fixer à la surface
des pores pour former des couches d’eau liées [ROSE_65]. Avec une teneur en eau croissante,
ce phénomène de fixation de la vapeur d’eau à la surface des pores crée une superposition de
couches, qui forment des ménisques liquides (figure 3.5).
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 37
béton
vapeur d’eau
ménisque d’eau
Figure 3.5 Formation de ménisques dans le béton très sec sur la surface des pores.
Lorsque la surface des pores est recouverte de ménisques d’eau et que la pression de vapeur
de l’eau est suffisante à l’intérieur des pores (plus de 40%), il se produit la condensation
capillaire de l’eau. Ce dernier phénomène est la conséquence de la formation de surfaces
courbes dans les pores de différents diamètres qui sont maintenues en équilibre par la tension
superficielle et la pression hydrostatique appelée pression capillaire (figure 3.6).
béton
béton
ménisque d’eau
pression
capillaire
0.6
0.4
adsorption
0.2
0
0 20 40 60 80 100
Humidité relative h [%]
σ
2⋅σ⋅cosθ
h= r⋅ρω⋅g
θ
h σ
r
3.3.2.2 Modélisation
Plusieurs modèles complexes existent pour simuler le transport de l’eau en intégrant la
fixation de l’eau à la surface des pores, la condensation capillaire, la succion capillaire, la
phase liquide et la phase gazeuse de l’eau [JANZ_97, JOHANESSON_98, LUNK_98,
OBERBECK_95 et TANG_96]. Dans le cadre de ce travail, la modélisation du transport de l’eau
est simplifiée par un modèle de diffusion, mais en tenant compte de l’adsorption capillaire, de
la diffusion de vapeur et de deux types d’exposition :
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 39
• D’une part, pour une exposition à un air environnant avec une humidité relative
inférieure à 100%, le transport de l’eau sous forme gazeuse (vapeur) est modélisé pour
l’adsorption et la désorption (séchage) par les équations de la diffusion (lois de Fick).
Le coefficient de diffusion dépend de la température qui influence grandement la
pression de vapeur et le transport de la vapeur (chapitre 3.4.2.3).
• D’autre part, pour une exposition à de l’eau liquide, l’adsorption capillaire. Celle-ci
est régie par d’autres équations que celles de la diffusion. Cependant, dans le cadre de
ce travail, elle est modélisée par la diffusion en faisant varier le coefficient de
diffusion sur l’épaisseur du béton (chapitre 3.3.2.5). La distribution du coefficient sur
l’épaisseur sera calibrée afin d’obtenir des simulations similaires pour les variations
d’humidité considérées ; les durées de variation à la surface relativement courtes (de
quelques heures à quelques jours) et une humidité relative élevée (plus de 50% la
plupart du temps).
La fixation de l’eau à la surface des pores n’est pas considérée dans le cadre de ce travail, car
elle n’a qu’un rôle pour des teneurs en eau faibles qui sont largement dépassées pour les
expositions climatiques des ponts-routes (humidité relative> 50%).
La distinction entre l’eau capillaire et l’eau totale, telle qu’elle est décrite par Johannesson et
Lunk n’est pas considérée [JOHANNESSON_98 et LUNK_98]. En effet, dans les phénomènes
cycliques impliquant la succion capillaire, seul l’eau capillaire contenue dans les grands pores
a la possibilité de s’évaporer avant le début du prochain cycle, étant donné que l’eau contenue
dans les petits pores ne peut se déplacer que lorsque l’eau libre a quitté les pores capillaires.
100%
Coefficient de diffusion D /D
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Humidité relative h [-]
Figure 3.9 Relation entre le coefficient de diffusion et l’humidité relative (α0 = 0.05 et hc = 0.75)
selon [BAZANT_71&86].
L’humidité relative est liée à la teneur en eau (saturation) selon les relations suivantes pour
l’adsorption et la désorption (figure 3.7, équations 3.10 et 3.11) [BAZANT_71&86 et
SAETTA_93]:
w = wsat · h désorption éq. (3.10)
w = wsat · h (1.16·h3 – 1.05·h2 – 0.11·h + 1) adsorption éq. (3.11)
où w est la teneur en eau en kg/m3, wsat est la teneur en eau évaporable et où h est l’humidité
relative.
Classe de Coefficient de
perméabilité du diffusion
béton d’enrobage Dw [10-12 m2/s]
A 60
B 130
C 200
Le transport de l’eau, qui se fait principalement sous forme gazeuse à ce stade, est fortement
influencé par la température. Le coefficient de diffusion est lié à la température par la
relation :
E 1 1
−
Rw To T
DwT = Dw ⋅ e éq. (3.12)
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 41
où E est l’énergie d’activation (énergie minimale nécessaire qui permet le passage d’un stade
à l’autre), Rw la constante du gaz, To est la température à laquelle Dw a été déterminée et T la
température à laquelle le coefficient de diffusion DwT est calculé selon [SAETTA_93 et
TANG_96].
ρ l l , max
S
En effectuant une intégrale de l’équation 3.14 en incluant la relation 3.15, il est possible de
déterminer le coefficient d’adsorption d’un béton initialement partiellement saturé à partir
d’un essai d’adsorption sur un échantillon séché (figure 3.10 et tableau 3.3).
Coef. d'adsorption
A [g/m 2s 1/2]
8.0
Classe de perméabilité
6.0
C
4.0
B
2.0 A
-
- 0.20 0.40 0.60 0.80 1.00
Coefficient d’adsorption A
[g/m2s1/2]
Tableau 3.3 Coefficients d’adsorption des bétons d’enrobage en fonction de la saturation initiale
du béton (0%, 60% et 80%).
Cette relation est confirmée par les recherches de Janz [JANZ_97], qui montrent une
diminution du coefficient d’adsorption en fonction de la teneur en eau initiale win (figure
3.11).
Coeff. diffusion
Coef. diffusion
-12 2
D [10 m2/s]
D ww [10-12m /s]
1.0E-07
1.0E-08
1.0E-09
1.0E-10
1.0E-11
1.0E-12
0 1 2 3 4 5
Coefficient d'adsorption A 24 [g/m 2s 1/2]
Figure 3.12 Coefficients de diffusion uniformes en fonction du coefficient d’adsorption à 24h pour
une saturation initiale de 60%.
Coefficient Coefficient de
Classe de d’adsorption diffusion
perméabilité du A24h Dw,uniforme
béton d’enrobage
[g/m2s1/2] [10-12 m2/s]
A 1.4 2’800
B 2.5 5’300
C 3.7 12’000
Tableau 3.4 Coefficients de diffusion en fonction des coefficients d’adsorption à 24h avec une
saturation initiale de 60% pour les classes de perméabilité du béton d’enrobage.
Les coefficients de diffusion uniformes trouvés (tableau 3.4) sont très élevés. Ils n’ont de sens
que dans les premiers millimètres du béton, où la porosité du béton est plus importante. Les
simulations d’adsorption avec le modèle et un coefficient uniforme ne sont pas exactes.
L’adsorption d’eau à long terme (plus de 24 h) est surestimée et l’adsorption à court terme
(moins de 24 h) est sous-estimée. Il est donc nécessaire d’établir une hypothèse de diminution
du coefficient de diffusion en fonction de l’épaisseur.
Coefficient de diffusion variable en fonction de l’épaisseur
Comme montré ci-dessus, l’utilisation d’un coefficient de diffusion uniforme n’est pas
adéquate pour modéliser l’adsorption capillaire. Il est donc nécessaire d’établir une variation
du coefficient de diffusion en fonction de l’épaisseur.
44 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Dans le cadre de ce travail, l’hypothèse est faite que la valeur du coefficient de diffusion est le
double du coefficient uniforme obtenu précédemment (tableau 3.4). Cette valeur diminue de
manière « linéaire logarithmique » jusqu’à une profondeur égale au double de la profondeur
atteinte par le front de l’eau au bout de 24 heures (figure 3.13).
1.0E-01
B
1.0E-03
A
1.0E-04
0 10 20 30 40 50 60
Profondeur [mm]
Figure 3.13 Coefficient de diffusion en fonction de la profondeur pour les trois classes de
perméabilité de béton d’enrobage.
Classe de perméabilité A Classe de perméabilité B
1.0 1.0
0.9 0.9
Saturation [-]
Saturation [-]
0.8 0.8
0.7 0.7
0.6 0.6
0.5 0.5
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
2h 4h 8h 24 h 48 h 72 h 2h 4h 8h 24 h 48 h 72 h
Classe de perméabilité C
1.0
0.9
Saturation [-]
0.8
0.7
0.6
0.5
0 20 40 60 80 100
2h 4h 8h 24 h 48 h 72 h
Figures 3.14 Simulations d’essais d’adsorption avec un échantillon saturé initialement à 60% pour
les trois classes de perméabilité du béton d’enrobage.
Des essais d’adsorption capillaire sont simulés, avec le modèle développé, en prenant un
béton saturé initialement à 60% et un coefficient de diffusion variable. Les profils de
saturation obtenus sont représentés dans la figure 3.14. A partir des résultats des simulations,
la masse adsorbée ainsi que le coefficient d’adsorption correspondant sont déterminés (figure
3.15 et 3.16). Les résultats obtenus montre que :
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 45
2.5 5.0
2
Masse d'eau adsorbée [kg/m
Classe de
Coeff. d'adsorption A [g/m
Classe de
2.0 4.0 perméabilité :
perméabilité :
C
1.5 C 3.0
B B
1.0 2.0
A A
0.5 1.0
0.0 0.0
0 24 48 72 0 24 48 72
Te m ps [h] Tem ps [h]
surface de béton devient plus poreuse par la perte d’éléments fins de ciment mal
hydratés (problème de cure, érosion, effet des variations de température, du
rayonnement solaire, etc.). Le béton de cœur devient, quant à lui, moins poreux par la
carbonatation et le remplissage (colmatage) des pores par la chaux.
3.3.3.1 Introduction
De nombreux modèles de transport des ions chlorures ont été développés [FLÜCKIGER_96,
JOHANNESSON_98, LUNK_98, NAGESH_98, OBERBECK_95, SAETTA_93 et TANG_96]. Dans le
cadre de cette recherche, un modèle est développé sur la base de ceux-ci pour simuler
l’exposition réelle au sel de déverglaçage.
Les ions chlorures sont présents dans le béton sous deux formes distinctes. Une partie des ions
chlorures qui pénètrent dans le béton se lie chimiquement avec la pâte de ciment et l’autre est
dissoute dans l’eau (chapitre 3.3.3.2).
Le transport des ions chlorures libres s’effectue par deux mécanismes distincts qui sont
modélisés dans le chapitre 3.3.3.5 :
• Les chlorures se dissolvent dans l’eau pour équilibrer la concentration (chapitre
3.3.3.3).
• Les chlorures sont entraînés par les mouvement de l’eau (chapitre 3.3.3.4).
Le rapport γ varie en fonction du temps et des propriétés du ciment. Dans son travail de
recherche, Lunk [LUNK_98] considère la vitesse de liaison dans le cas où le transport est
rapide comme c’est le cas dans la zone d’adsorption (premiers millimètres). Dans le cas de la
diffusion des chlorures (plus grande profondeur), Lunk a déterminé que la vitesse de la
réaction n’est pas à considérer. De nombreuses recherches sur la liaison des ions chlorures
[GUNKEL_89 et TANG_96] montrent que le rapport γ est compris entre 0.4 et 1.0. Des essais à
long terme, comme ceux de Johannesson [JOHANNESSON_98] et ceux de Mangat
[MANGAT_95], montrent que le rapport des chlorures libres et des chlorures liés varie en
fonction du temps dans la plage de rapports précités.
Actuellement, les propriétés des réactions chimiques et leur cinétique n’ont pas encore permis
d’établir des paramètres quantitatifs pour décrire de manière précise le phénomène de liaison
des ions chlorures. Ainsi, dans le cadre de ce travail, un rapport des chlorures liés par rapport
aux chlorures libres est fixé à 0.6, qui est une valeur fréquemment observée à long terme.
Aucune cinétique de la réaction chimique n’est considérée étant donné les grandes
incertitudes, les grandes dispersions des propriétés des matériaux et le manque de
connaissance actuel.
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 47
Bien que la solution de l’équation de diffusion (éq. 3.17) soit valable pour un béton saturé et
une exposition constante, elle est fréquemment utilisée pour prédire la pénétration des
chlorures dans des prédictions de détérioration [ENRIGHT_98, FRANGOPOL_99, PAULSSON_97,
STEWART_98B&C et THOFT_97]. Les coefficients de diffusion, des concentrations d’exposition
et des temps d’expositions employés sont établis sur la base de résultats d’essais ou
d’analyses statistiques de mesures sur les ouvrages. En utilisant cette solution, il n’est tenu
compte ni du transport des ions chlorures avec l’eau ni de l’exposition réelle de la structure.
La concentration au bord c0, le coefficient de diffusion DCl et le temps d’exposition n’ont plus
de liaison avec la réalité. Ainsi pour une prise en compte des phénomènes réels, un modèle
plus complexe doit être développé.
1
zone I zone II zone III
0.5
0.25
0
- 5 10 15 20
Coef. pénétration B [mm/h1/2]
Figure 3.17 Coefficient de retard RCl en fonction du coefficient de pénétration B selon Lunk
[LUNK_98].
En introduisant l’équation 3.23 et le rapport γ entre les chlorures libres et liés (éq. 3.16) dans
l’équation 3.22, on obtient :
Ct = w ⋅ c f + (1 − wsat ) ⋅ γ ⋅ c f éq. (3.25)
Etant donné les deux mécanismes de transport des ions chlorures, l’équation 3.21 peut se
formuler comme :
dw dc f
J Cl = − Dw ⋅ c f − DCl ⋅ w éq. (3.26)
dx dx
où le flux de ions chlorures JCl est égal à la somme du flux lié au transport des ions entraînés
par l’eau et le flux des ions qui se diffusent dans l’eau, Dw est le coefficients de diffusion de
l’eau et DCl le coefficient de diffusion des ions chlorures.
3.3.4 Exposition
80
70
60
50
40
15/4/98 16/4/98 17/4/98 18/4/98 19/4/98 20/4/98 21/4/98 22/4/98
Figure 3.18 Extrait des conditions d’exposition pour le type d’exposition directe des pont-routes.
3.3.4.2 Chlorures
Les éléments sont soumis aux chlorures répandus sur la chaussée et dissolus dans l’eau
résultant des précipitations et de la fonte de la glace et de la neige. Malheureusement, à
l’heure actuelle, les données à disposition concernant le salage des routes nationales ne
donnent que le tonnage de sel répandu sur les routes sur une année complète (tableau 3.7 pour
le canton de Vaud). Ainsi pour déterminer l’exposition au sel de déverglaçage, l’approche
statistique suivante a été utilisée :
1) Sur la base des relevés météorologiques de la station de mesure automatique de Pully
de 1981 à 1998, pour chaque demi-jour (jour et nuit), la température minimale et le
total des précipitations sont déterminés.
2) Pour chaque année, la somme du nombre de demi-jours correspondant aux conditions
météorologiques, où l’on suppose que du sel de déverglaçage a été répandu, est
effectuée. Ces conditions météorologiques sont définies par une borne supérieure de la
température minimale et un total minimal des précipitations.
3) Les conditions météorologiques, donnant la meilleure corrélation entre le nombre de
demi-jours correspondants et le tonnage de sel répandu chaque année, est recherchée.
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 51
Quantité de Quantité de
Année Année
sel [to] sel [to]
1981 4607 1990 2626
1982 2701 1991 1857
1983 3169 1992 1240
1984 5866 1993 2389
1985 5884 1994 1775
1986 6166 1995 5713
1987 2869 1996 4333
1988 3208 1997 2852
1989 741 1998 3011
Tableau 3.7 Quantités annuelles de sel répandus dans le canton de Vaud.
L’analyse des différentes combinaisons de conditions météorologiques a permis d’établir que
la meilleure corrélation (R2=0.69) est obtenue pour une température limite de 2.8°C (figure
3.20) et une mesure de précipitation (>0mm). Ces valeurs n’ont en fait aucune signification
réelle. Elles représentent seulement la température mesurée à la station de Pully qui donne la
meilleure corrélation avec le tonnage annuel de sel répandu. Cependant, elles ont un sens, car
la station météorologique de Pully est située à basse altitude au bord du lac Léman, qui
tempère les variations de température et où les conditions climatiques sont favorables. Ainsi,
il est raisonnable de considérer, dans l’ensemble du canton de Vaud, qu’avec une température
inférieure à 2.8°C mesurée à Pully, les conditions météorologiques dans le reste du canton
impliquent un salage des routes nationales (risque de gel important et précipitations sous
forme de neige).
R2=0.69
80
70
60
Nb de 1/2 jours
50
40
30
20
10
0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000
Quantité de sel [to]
Figure 3.19 Tonnage annuel de sel répandu sur les routes nationales du canton de Vaud et le
nombre de demi-jours (jour/nuit) avec une température minimale inférieure à 2.8°C et
des précipitations (station de Pully).
Il n’y a pas eu de véritables recherches sur la concentration des ions chlorures dans l’eau de la
chaussée des ponts-routes. Dans certaines études (notamment [LUNK_98 et TANG_96]), la
concentration des ions chlorures est considérée comme égale à environ 2% de Cl- soit 3% de
NaCl. Avec une telle valeur, les profils des ions chlorures calculés correspondent aux valeurs
mesurées effectivement sur les ouvrages. Une concentration de 2% correspond à une
température de fusion de –1.8°C selon [BORNAND_98].
52 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
En considérant que l’épandage se fait de manière uniforme sur le réseau vaudois, les demi-
jours de précipitations et de basses températures (37 demi-jours en moyenne), cela correspond
à une quantité de sel de 706 g/m2/an soit 19.1 g/m2/demi-jour. En supposant une concentration
de 2% de Cl-, comme Lunk l’a déterminé pour les routes nationales allemandes [LUNK_98],
cela revient à une épaisseur de la solution de 0.58 mm. Cette concentration des ions chlorures
sera considérée dans la suite de ce travail. Il s’agit d’une simplification de l’exposition réelle
qui se justifie au niveau des résultats obtenus. Cependant, si l’on considère la moyenne des
précipitations sur ces demi-jours qui est de 3.25 mm (par rapport aux 0.58 mm), la
concentration de la solution n’est que de 0.35%. Il est donc probable que le sel se dépose en
surface du béton et que l’eau s’écoule en surface sans entraîner tout le sel. Cette hypothèse se
vérifie par les observations faites de la surface des routes après le séchage ; la route est
blanche de sel.
3.3.4.3 Température
La température influence principalement le transport des gaz dans le béton. Le coefficient de
diffusion de la vapeur d’eau varie en fonction de la température. Hansen [HANSEN_99A] a
montré qu’en considérant un coefficient de diffusion moyen mensuel, le résultat différait peu
par rapport au résultat de simulations considérant des coefficients de diffusions variants tout
au long de la journée en fonction des températures. Ainsi, seul la température moyenne
mensuelle est considérée pour la simulation des conditions d’exposition (tableau 3.8).
En considérant une température moyenne mensuelle, la température du béton d’enrobage peut
être considérée comme uniforme. Le temps d’exposition est suffisamment long pour que
l’équilibre des températures s’installe et il n’y a ainsi pas besoin de simuler le transport de la
chaleur dans le béton pour obtenir un profil des températures.
Température Température
Mois Mois
[°C] [°C]
Janvier 2.2 Juillet 20.1
Février 2.8 Août 19.7
Mars 6.4 Septembre 15.8
Avril 9.3 Octobre 11.5
Mai 13.7 Novembre 6.1
Juin 16.9 Décembre 3.5
Tableau 3.8 Températures moyennes mensuelles (1981-1998 à Pully)
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 53
3.3.5.1 Algorithme
La modélisation numérique unidirectionnelle (figure 3.20) a été effectuée à l’aide d’un
programme en Visual Basic. L’algorithme du modèle est représenté à la figure 3.21. Les
paramètres d’entrée du modèle sont à fournir dans un fichier qui est consulté depuis le
logiciel. Le temps est discrétisé et à chaque pas de temps, la teneur en ions chlorures en
fonction de la profondeur est déterminée en 3 étapes (figure 3.21). Les résultats de la
modélisation sont les diagrammes de teneur en eau, d’humidité relative, de la teneur totale en
chlorures et en chlorures libres en fonction de la profondeur.
Exposition
Précipitations et humidité
100
90
80
70
Elément de béton
60
50
40
15/4/98 16/4/98 17/4/98 18/4/98 19/4/98 20/4/98 21/4/98 22/4/98
Chlorures
1
0.8
Nœuds
0.6
0
14/1/98 28/1/98 11/2/98 25/2/98 11/3/98 25/3/98 8/4/98
Données :
- Epaisseur de l’élément
- Nombre de nœuds
- Classe de perméabilité du béton
- Conditions initiales win. et Ci.n
- Durée et pas de temps
- Type d’exposition
t=t+1
Etape 2 : Transport Cl - avec l’eau
- Etablissement des vitesses de l’eau et des
chlorures en chaque point
- Décalage de la concentration des chlorures
Affichage
valeurs
Chlorures libres
Variation de la concentration
Concentration décalée
Concentration au pas précédent
Nœuds / profondeur
3.3.5.4 Etape III : Transport des chlorures par diffusion dans l’eau
La diffusion est modélisée par le second terme de l’équation 3.25. Le transport des ions
chlorures par diffusion dans l’eau est résolu avec la même méthode numérique itérative que le
transport de l’eau (étape I).
3.3.6.1 Hypothèses
Les diverses hypothèses faites pour l’application du modèle aux ponts-routes sont les
suivantes :
• L’exposition de la surface du béton est celle décrite dans le chapitre 3.3.4. Des
simulations sont effectuées pour les trois types d’exposition identifiés. Les valeurs
obtenues à partir des relevés météorologiques de la station de mesure automatique de
56 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Pully de 1981 à 1998 sont mises en boucle pour obtenir des valeurs pour la totalité de
la durée simulée.
• Le pas de temps considéré est de 1h et les simulations sont effectuées pour une durée
de 200 ans. Les valeurs obtenues avec les simulations à la fin de chaque année sont
mémorisées.
• L’élément est étudié sur une épaisseur de 100 mm avec un maillage de nœuds distants
de 1 mm. Des tests effectués avec le modèle ont montré, qu’avec ce maillage et le pas
de temps utilisé (une heure), les résultats sont similaires à ceux obtenus pour des
maillages plus fins (par exemple 0.1 mm).
• Le test de convergence pour la résolution itérative est rempli si l’écart entre la
nouvelle valeur calculée et l’ancienne valeur est inférieure à 0.005 kg/m3 pour la
teneur en eau et pour la teneur en chlorures.
• Au départ, le béton est saturé de manière uniforme à 80%, ce qui correspond à la
situation d’équilibre avec l’environnement.
• La teneur en eau évaporable maximale, wsat, est de 144 kg/m3 (0.144 m3/m3) pour les
trois classes de perméabilité du béton d’enrobage.
• Le coefficient de retard des chlorures RCl est de 0.7 pour les trois classes de béton
d’enrobage. Il est considéré comme constant dans le temps et sur l’ensemble de
l’élément.
• Les simulations sont effectuées pour les trois classes de perméabilité du béton
d’enrobage définies dans 2.3.2.3. Afin de tenir compte de la dispersion spatiale de la
perméabilité, des simulations sont effectuées pour 13 valeurs représentatives de la
distribution de chaque classe de perméabilité (figure 3.23). Sur la base des
observations faites in-situ (2.3.2.5), la perméabilité suit une loi normale avec une
variance de 25 %. Cette distribution est appliquée aux coefficients de diffusion de
l’eau (diffusion et adsorption capillaire) et des chlorures. Avec cette approche
probabiliste, les 13 simulations effectuées pour chaque classe de perméabilité du béton
d’enrobage permettent d’obtenir une distribution de la teneur en ions chlorures en
fonction du temps.
Classe de perméabilité B
Distribution
1
Loi normale
0.8
0.6
0.4 Echantillon
représentatif
0.2
0
0 5 10 15 20 25
Moyenne
Coefficient de diffusion
de l'eau D w [10 -12 m 2/s]
3) Classe de perméabilité C
2) Classe de perméabilité B
1) Classe de perméabilité A
Figure 3.24 Simulations des teneurs moyennes en chlorures libres en fonction de la profondeur.
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 59
Probailité d'initiation
de la corrosion [%]
100
80
60
40
20
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Teneur en chlorures libres
[%/m asse de cim ent]
Qualité décroissante
non carbonaté
½% carbonaté
Humidité
Toujours Toujours Toujours
sec humide saturé
< 50% ou manque
humidité fortes variations d’oxygène
relative
3.4.2.1 Simulations
L’évolution de la probabilité d’initiation de la corrosion des ponts-routes est déterminée sur la
base des résultats des simulations obtenues avec le modèle de pénétration des chlorures. La
probabilité est obtenue en calculant l’intersection entre la distribution des teneurs en chlorures
libres et la courbe de distribution de la probabilité d’initiation, selon le principe montré dans
la figure 3.1. Pour des épaisseurs d’enrobage variant de 10 à 50 mm, pour chaque classe de
perméabilité du béton d’enrobage et pour chaque type d’exposition, la probabilité d’initiation
est représentée dans la figures 3.28. Le dosage en ciment considéré est de 300 kg/m3.
Remarque : En ce qui concerne l’enrobage à retenir parmi une série de mesures effectuées
in-situ, c’est la valeur moyenne qui est nécessaire pour établir la probabilité d’initiation. En
effet, les mesures qui ont été effectuées in-situ, dans le cadre de cette recherche, ont montré
une petite variation de l’épaisseur d’enrobage (2.3.3). Avec la mise en place d’écarteurs,
l’enrobage varie symétriquement de plus ou moins 2 mm autour de la valeur moyenne. En
calculant la probabilité d’initiation pour une distribution d’épaisseurs d’enrobage, la valeur
obtenue est identique (moins de 1% d’écart) à celle obtenue en calculant la probabilité
d’initiation avec la valeur moyenne de l’enrobage (figure 3.27). Pourtant, dans le cas de barres
proches de la surface (moins de 10 mm) ou alors avec une grande dispersion, il convient
d’étudier le cas de l’enrobage minimal mesuré ou alors d’un fractile de l’épaisseur
d’enrobage.
Probailité d'initiation
de la corrosion [%]
100
80
60
40
20
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Distribution du taux de Taux de chlorures libres
chlorures libres obtenu à [%/m asse de cim ent]
partir de la distribution
Valeur moyenne
d'épaisseur d'enrobage
3) Classe de perméabilité C
2) Classe de perméabilité B
1) Classe de perméabilité A
Tableau 3.9 Erreur relative sur le fractile entre une distribution normale et lognormale.
Le temps nécessaire pour atteindre le fractile 10% représente le temps pour que la corrosion
atteigne une barre d’armature par mètre avec un écartement de 100 mm ou les barres
d’armature d’un ouvrage sur 10 au niveau d’un parc d’ouvrages. Le fractile 10% est la valeur
qui est retenue pour établir le temps d’initiation des scénarios de ruine du chapitre 5. Il s’agit
d’un pourcentage de probabilité d’initiation qui n’est plus négligeable dans l’analyse d’une
situation de risque.
64 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
100 100
Exposition Classe de perméabilité
80 80
Brouillard Eclaboussures A
60 60
Direct
40 40
B
20 20
C
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
Enrobage [mm] Enrobage [mm]
100 100
Exposition Classe de perméabilité
80 80
Brouillard A
60 60
Eclaboussures
40 40 B
Direct
20 20
C
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
Enrobage [mm] Enrobage [mm]
100 100
Exposition Classe de perméabilité A
80 80
B
60 60
Brouillard C
40 40
20 Eclaboussures 20
D
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
Enrobage [mm] Enrobage [mm]
Figure 3.29 Temps nécessaire pour atteindre 10% de probabilité d’initiation (fractile 10%) pour
les classes de perméabilité du béton d’enrobage en fonction du type d’exposition.
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 65
Probabilité [%]
20
Loi normale
15
Loi lognormale
10
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Fractiles 10% Valeur [-]
• Les paliers et discontinuités des courbes proviennent comme pour les simulations des
courbes de pénétration des ions chlorures du fait que la valeur de chlorures libres est
celle mémorisée à la fin de la simulation de chaque année et que chaque année est
différente au niveau de l’humidité et des chlorures appliqués (chapitre 3.3.6.2).
Actuellement, l’état des recherches et des modèles permet d’établir l’influence relative des
paramètres sur la vitesse de propagation de la corrosion, mais ils ne permettent pas d’établir la
vitesse de corrosion de manière absolue et exacte. Les paramètres principaux sont :
• résistivité électrique du béton
• perméabilité du béton (diffusion des ions hydroxydes)
• l’humidité au niveau de l’armature
• l’exposition de la structure
• la température (dans une moindre mesure)
Dans le cadre de cette recherche, les vitesses de corrosion considérées sont basées sur des
mesures d’essais trouvées dans la littérature, notamment [GONZALEZ_95, BALBANIC_96 et
DHIR_94]. Les vitesses considérées sont de deux ordres :
• Pour une étude de la détérioration au niveau de la maintenance d’un réseau de ponts-
routes (chapitre 4), les vitesses de corrosion à considérer sont des vitesses de corrosion
généralisées. Cette corrosion provoque les dégâts sur la surface du béton qui
requièrent des interventions par rapport à la corrosion par piqûres qui ne génère pas
(ou peu) de dégâts à la surface.
• Pour l’étude au niveau de scénarios de ruine (chapitre 5), les piqûres de corrosion
locales sont considérées, car ce type de corrosion risque de réduire rapidement la
sécurité structurale et l’aptitude au service de toute la structure. La probabilité que ce
type de corrosion se produise n’est pas négligeable. Les conditions nécessaires pour
que cette corrosion se produise est une dépassivation très localisée de l’armature qui
conduit à la formation d’une petite anode et d’une grande cathode. Cette anode fournit
de nombreux ions OH- et consomme tous électrons produits à l’anode. Les vitesses de
corrosion sont dans les cas de piqûres de corrosion 4-10 fois supérieures
[GONZALEZ_95&98, BREIT_97 et ANDRADE_96].
Les vitesses de corrosion sont établies en fonction des différentes classes de perméabilité du
béton d’enrobage et du type d’exposition de la structure (tableaux 3.10 et 3.11) ; une vitesse
de corrosion généralisée de 0.004 mm/an correspondant environ à un courant de corrosion de
0.1 µA, 0.02 mm/an à 1 µA et 0.08 mm/an à 10 µA respectivement [GONZALEZ_95]. La
corrosion de la barre est supposée uniforme sur l’ensemble du périmètre ; le diamètre de la
barre diminue de deux fois la vitesse de corrosion.
Classe de Exposition
perméabilité du
béton d’enrobage Brouillard Eclaboussures Direct
d(t) dinit
A 0.004 0.02 0.02
B 0.004 0.02 0.02
C 0.02 0.08 0.08 d(t) = dinit – 2 · vcorr · tcorr.
Classe de Exposition
perméabilité du
béton d’enrobage Brouillard Eclaboussures Direct
Tableau 3.12 Temps de propagation de la corrosion [années] pour atteindre les pertes de section
pour une barre d’armature de 16 mm de diamètre.
La corrosion de la barre d’armature atteint rapidement un niveau très important pour des
vitesses de corrosion élevées et notamment pour les piqûres de corrosion. Le temps
d’initiation d’une telle corrosion sera déterminante pour établir la durée d’utilisation d’une
structure. Pour une vitesse de corrosion moyenne, plusieurs dizaines d’années sont
nécessaires pour que des pertes de sections significatives soient atteintes. Finalement dans les
cas de corrosion lente (généralisée), qui sont plus proches des vitesses de corrosion par
carbonatation du béton, les pertes de sections se font sur l’échelle de la durée d’utilisation
d’un ouvrage.
70 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Figure 3.32 Situations de risque pour la précontrainte des ponts extrait de [MATT_98], coupes
longitudinales et transversale,.
Chapitre 3 – Modèle de détérioration pour la corrosion des armatures 71
3.6 Conclusions
Dans ce chapitre, le développement d’un modèle de la détérioration du béton armé par
corrosion de l’armature en présence de chlorures pour les ponts-routes, ainsi que l’étude des
résultats obtenus, montrent que :
• Le modèle de pénétration des chlorures permet de simuler l’exposition des ponts-
routes au sel de déverglaçage (variations d’humidité, précipitations, salage et
température). La simplicité et la rapidité du modèle numérique permettent de simuler
la pénétration des ions chlorures sur l’ensemble de la durée de vie d’un ouvrage, de
tenir compte des différents mécanismes de transport de l’eau et des chlorures, tout en
considérant la distribution spatiale de la perméabilité du béton d’enrobage. La
formulation du modèle permet une application spécifique aux ponts-routes en
considérant les trois classes de perméabilité et l’épaisseur du béton d’enrobage qui
peuvent être déterminés avec une méthode d’auscultation (chapitre 2.3) non-
destructive, ainsi que les trois types d’exposition qui ont été identifiés (chapitre 2.2.3).
• Une approche probabiliste a permis d’établir l’évolution de la probabilité d’initiation
de la corrosion et les vitesses de propagation en fonction de la perméabilité du béton
d’enrobage, de l’épaisseur de l’enrobage et de l’exposition. Les résultats serviront de
base à l’établissement de la détérioration (dégradation) des segments du chapitre 4 et
des scénarios de ruine du chapitre 5. L’analyse des temps a aussi permis d’établir des
recommandations pour la construction de nouveaux ponts.
• Les résultats et l’analyse de l’évolution de la probabilité d’initiation obtenus avec la
modélisation servent non seulement à la prédiction de l’évolution de l’état d’ouvrages
existants, mais permettent également d’établir des recommandations préventives pour
les ouvrages neufs (chapitre 3.4.3).
72 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Chapitre 4 - Dégradation de l’état et chaînes de Markov 73
Chapitre 4
4.1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est de formuler l’évolution de l’état des ponts-routes obtenue par le
modèle de détérioration du chapitre 3 sous une forme qui permette de l’intégrer dans les
BMSs. La formulation de l’évolution de l’état doit contenir les paramètres des segments
déterminés dans l’approche segmentielle (chapitre 2) et utiliser les chaînes de Markov qui
sont largement répandues dans les BMSs tels que KUBA-MS en Suisse.
Pour atteindre l’objectif, les conditions d’état pour les éléments en béton armé sont définies
dans le chapitre 4.2 telles qu’elles sont utilisées dans les BMSs. Leur relation avec la
probabilité d’initiation et la propagation de la corrosion est établie. La détérioration des ponts-
routes est simulée à partir des résultats du modèle du chapitre 3 sous la forme d’une
dégradation probabiliste de l’état. Une dégradation est une détérioration selon les conditions
d’état. Cette simulation a permis de déterminer trois vitesses de dégradation et trois conditions
d’évolution correspondantes : favorables, normales et défavorables. La classification des
simulations de la dégradation permet d’établir le lien entre les conditions d’évolution et les
propriétés des segments (l’exposition, la classe de perméabilité et l’épaisseur du béton
d’enrobage).
Ensuite, dans le chapitre 4.3, les principes et la théorie des chaînes de Markov sont exposés.
Pour les trois vitesses de dégradation, trois matrices de dégradation sont établies. Une variante
de l’établissement des matrices est proposée et finalement les conclusions sont apportées dans
le chapitre 4.4.
Tableau 4.1 Condition d’état des éléments en béton armé (comme définis dans KUBA-MS-TICINO
[KUBA_98B]).
La transition entre les conditions d’état 3 et 4 correspond à une perte de section de l’armature
de 10%. Cette limite a été fixée, car avec moins de 10% de perte de section, la diminution de
la résistance et le changement du comportement structural est insignifiant pour la plupart des
éléments en béton armé (chapitre 5).
La transition entre les conditions d’état 4 et 5 correspond à une perte de section de l’armature
de 25%. Pour une diminution de section de plus de 25%, la résistance et le comportement
structural de la majorité des éléments en béton se trouvent affectés au point de réduire de
manière significative les marges de sécurité et d’aptitude au service (chapitre 5)
correspondant à une situation qui requiert des mesures d’urgences [SIA_469].
Probabilité [%]
Classe A / direct / 40 mm Probabilité [%]
Classe A / direct / 30 mm
100% 100%
CE5 CE5
90% 90%
80% CE4 80% CE4
70% CE3 70% CE3
60% CE2 60% CE2
50% CE1 50% CE1
40% 40%
30% 30%
20% 20%
10% 10%
0% 0%
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temps [années] Temps [années]
Probabilité [%]
Classe B / direct / 40 mm
100%
CE5
90%
80% CE4
70% CE3
60% CE2
50% CE1
40%
30%
20%
10%
0%
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temps [années]
Figure 4.1 Diagrammes d’évolution de l’état obtenus avec les simulations en fonction de la classe de
perméabilité du béton d’enrobage, du type d’exposition et de l’épaisseur d’enrobage.
76 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Remarque : Les irrégularités des courbes d’évolution proviennent des discontinuités des
courbes de pénétration des chlorures (chapitre 3.4.2).
10 12 14 16 18 20 diamètre [mm]
15
20-10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps [années]
compris entre 10 et 20 mm. Le seul problème est pour la transition de l’état 4 à 5 avec une
vitesse de corrosion de 0.02 mm/an, la différence peut atteindre 20 ans pour une barre d’un
diamètre de 10 mm. Cependant, la condition l’état 5 décrit un problème de sécurité
structurale, ce qui est rarement le cas avec des barres d’armatures de faible diamètre qui sont
souvent constructives.
En conclusion, pour des barres d’armatures d’un diamètre inférieur à 16 mm (comme les
étriers), les simulations surestiment légèrement le temps de propagation. Pour les barres
d’armatures d’un diamètre plus important, le temps de la propagation est sous-estimé de
quelques années et les prédictions sont du côté de la sécurité.
La période pour laquelle les matrices sont optimisées est de 200 ans pour la dégradation lente
avec des conditions d’évolution favorables, 150 ans pour la dégradation moyenne avec des
conditions d’évolution normales et 100 ans pour la dégradation rapide avec des conditions
d’évolution défavorables. Cette période correspond au temps pour que plus de 50 % ait atteint
la condition d’état 5.
Conditions favorables Conditions normales Conditions défavorables
0.94 0.08 0 0 0 0.87 0.13 0 0 0 0.76 0.24 0 0 0
0 0.97 0.03 0 0 0 0.90 0.10 0 0 0 0.74 0.26 0 0
0 0 0.84 0.16 0 0 0 0.81 0.19 0 0 0 0.75 0.25 0
0 0 0 0.95 0.05 0 0 0 0.91 0.09 0 0 0 0.93 0.07
0 0 0 0 1.00 0 0 0 0 1.00 0 0 0 0 1.00
Figure 4.3 Dégradations calculées avec les matrices et les simulations numériques
Figure 4.4 Dégradations calculées avec les matrices pour une optimisation de la transition 2 à 3
et de la transition 3 à 4.
Chapitre 4 - Dégradation de l’état et chaînes de Markov 83
4.4 Conclusions
Dans ce chapitre, le modèle développé au chapitre 3 a été utilisé pour simuler la dégradation
des ponts-routes selon les conditions d’état utilisées dans les BMS et la dégradation a été
formulée selon les chaînes de Markov. L’étude effectuée permet d’établir que :
• Les chaînes de Markov intègrent aisément les approches probabilistes (notamment la
probabilité d’initiation de la corrosion).
• Sur la base des simulations, une relation a été établie entre les paramètres des éléments
en béton armé, définis dans l’approche segmentielle (chapitre 2), et leur dégradation.
• La définition de trois vitesses de dégradation permet de classer l’ensemble des
dégradations selon des conditions d’évolution (favorables, normales et défavorables).
• Par la détermination de trois matrices de dégradation correspondant aux trois vitesses
de dégradation, les résultats du modèle peuvent être intégrés dans les BMS.
• La formulation de chaînes de Markov avec des matrices à coefficients constants
présente une certaine imprécision pour représenter la détérioration. Une variante
d’optimisation a permis d’établir des matrices optimales pour différentes transitions de
conditions d’état.
• La forme des courbes de dégradations conduit à des matrices de dégradation qui n’ont
que deux coefficients non-nuls par ligne. Ainsi, le nombre de matrices possibles est
réduit et le temps nécessaire, pour la détermination de la matrice optimale de la
dégradation par la méthode des moindres carrés, est diminué.
84 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 85
Chapitre 5
Scénarios de ruine
5.1 Introduction
Dans le chapitre 4 et actuellement dans les BMS, les notions de sécurité structurale et
d’aptitude au service ne sont pas inclues en considérant le comportement structural des
ouvrages. La condition d’état 5 est la seule qui fait référence à la sécurité structurale en
déterminant un « état alarmant » (chapitre 4). Aucune autre relation n’est utilisée entre l’état
d’un élément et son comportement. De plus, le rôle structural de chaque élément et de son
armature n’est pas considéré. Cela convient bien dans le cas de la maintenance d’un réseau
d’ouvrages où l’état visuel de l’ouvrage dicte les interventions (durabilité), mais cela fait
défaut lorsqu’il s’agit de traiter des aspects de l’aptitude au service et de la sécurité
structurale.
Une approche au niveau du comportement structural, qui étudie l’évolution de l’état des ponts
jusqu’à leur ruine par l’établissement de scénarios de ruine, comme proposée dans ce chapitre,
permet d’introduire l’échelle du temps et d’établir une durée d’utilisation. L’approche apporte
une meilleure vue sur l’évolution à long terme de l’aptitude au service et de la sécurité
structurale des ponts-routes en béton. Les éléments/segments « déterminants », les points
faibles et les zones clés de l’ouvrage sont identifiés. Une telle approche peut avoir des
répercutions sur la stratégie de maintenance à adopter et conduire à un choix de mesures
d’interventions différent.
La méthodologie et les hypothèses utilisées pour l’établissement des scénarios de ruine sont
exposé au chapitre 5.2. Ensuite, les scénarios de ruine déterminants sont identifiés pour
chaque type de pont et appliqués à l’échantillon représentatif des ponts dans le chapitre 5.3.
Les segments déterminants sont identifiés et l’influence des paramètres sur le comportement
structurel est analysé. Finalement, dans le chapitre 5.4, une analyse globale de l’ensemble des
scénarios permet d’établir les conclusions. Un système pour inclure la sécurité structurale
dans les BMSs est proposé.
86 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
5.2.2 Méthodologie
L’établissement des scénarios de ruine suit le cheminement suivant :
• Sur la base de l’expérience et de la connaissance du parc des ponts du réseau des
routes nationales et particulièrement de l’échantillon représentatif sélectionné dans la
région lausannoise de la structure, les mécanismes de ruine déterminants sont
identifiés pour chaque type de pont (chapitre 2.4).
• En fonction de l’exposition, des propriétés du béton d’enrobage et du système
d’évacuation de l’eau (étanchéité, joints et « goutte-pendante »), qui déterminent les
temps d’initiation et les vitesses de propagation de la corrosion, l’évolution de l’état
est établie pour les mécanismes identifiés.
• La méthode cinématique est utilisée pour analyser les mécanismes de ruine. Elle
s’adapte bien à ce type d’analyse, car en plaçant des rotules (ou lignes de rupture) au
niveau des sections attaquées par la corrosion, elle permet d’obtenir une borne
supérieure de la sécurité structurale. Les mécanismes sont établis afin de se rapprocher
au plus près du comportement de la structure et ainsi obtenir une borne supérieure la
plus proche possible de la solution exacte. Pour les mécanismes des poutres, la valeur
minimale est obtenue selon le mécanisme le plus défavorable en vérifiant que le
moment résistant plastique n’est pas dépassé dans les autres sections que les rotules.
Pour les mécanismes des dalles, la valeur minimale est obtenue par le choix d’une
configuration réaliste des lignes de rupture et la variation de leur géométrie (angle et
taille).
• Une analyse comparative des différents scénarios et des paramètres permet de mettre
en évidence les éléments essentiels des scénarios et de tirer les conclusions.
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 87
5.2.3 Hypothèses
5.2.3.2 Sollicitations
Les actions considérées dans les scénarios de ruine sont les actions liées à une utilisation
normale routière :
• Poids propre de la structure porteuse.
• Poids propre des éléments non-porteurs tels que le revêtement, l’étanchéité, les
bordures, les glissières, etc.
• Actions verticales du trafic, les modèles de charge 1, 2 et 3 selon la norme suisse
[SIA_160]. Les charges de transports exceptionnels, correspondant au modèle de
charge 4 de la norme, n’ont pas été considérées.
Les sollicitations dues aux autres actions n’ont pas été considérées : soit notamment les
pressions du vent, les charges de neige, les variations de température, les chocs, les forces de
freinage, le séisme, etc.
La sollicitation de dimensionnement Sd, pour la vérification de la sécurité structurale,
s’obtient par la combinaison des actions avec des coefficients partiels (facteurs de charge)
[SIA_160]. La sollicitation maximale est généralement obtenue en considérant le poids propre
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 89
modèle de
modèle de
charge 1
charge 2
1.80
3.00
modèle de charge 3
5.2.3.3 Résistance
La résistance des sections de la structure porteuse est déterminée en utilisant les modèles de
résistance de la norme de béton armé et précontraint [SIA_162]. Les valeurs des résistances
des matériaux de la norme de dimensionnement des structures sont utilisées avec une
augmentation de 10% pour les barres d’armature passives. La valeur de la norme utilisée pour
le dimensionnement est conservatrice et des essais sur les aciers en place montrent souvent
une meilleure résistance que les valeurs caractéristiques de la norme. Ces valeurs se basent sur
un fractile de 5% des essais. Pour la précontrainte, une augmentation de 5% seulement de la
résistance a été considérée, étant donné que les propriétés des matériaux ont été établies
initialement de manière plus fine par des essais de qualité [SIA_162/1] et que la rupture est
plus fragile que pour l’armature passive.
En ce qui concerne la résistance du béton, aucune actualisation n’a été considérée. Comme le
montre la figure 5.2, pour une section rectangulaire (pourcentage d’armature de 1%, un béton
B35/25 et de l’acier S500), une augmentation de la résistance du béton de 10% ne modifie la
résistance de la section que de 1.6% par rapport à 8.1% pour l’acier. Ainsi, pour une
vérification de la flexion, une actualisation de la valeur de la résistance du béton peut
généralement être négligée.
Ractualisé/Rinitial
1.5
1.4
Acier f y
1.3
1.2
Béton f c
1.1
1.0
0% 10% 20% 30% 40% 50%
Augmentation de la résistance
5.2.3.4 Corrosion
Comme présentée dans le chapitre 4, la corrosion en présence de chlorures se déroule en deux
phases ; la phase d’initiation et la phase de propagation. Plusieurs hypothèses ont été faites
dans le cadre de cette recherche :
• Les classes de perméabilité du béton d’enrobage (avec leur distribution) et les types
d’expositions définies dans les chapitres précédents sont utilisés.
• Le temps d’initiation de la corrosion est considéré comme le temps pour que 10% de
probabilité de corrosion de l’armature soit atteinte (tableau 3.9).
• La durée de vie de l’étanchéité posée sous le revêtement est estimée à 20 ans. Après
cette période, la face supérieure du tablier est supposée être exposée directement au sel
de déverglaçage. Cette valeur correspond aux observations faites in-situ sur les ponts
du réseau des routes nationales dans le cadre de cette recherche et dans les travaux
effectués au laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA)
[FRITZ_99]. Les ponts montrent des défauts de l’étanchéité par l’apparition locale de
zones humides sous le tablier au bout d’une vingtaine d’années.
• La corrosion est localisée au niveau de la section la plus défavorable pour le
mécanisme de détérioration choisi. Dans certains cas, cette hypothèse a une grande
importance, comme pour l’armature pour le moment négatif sur appui, alors que dans
d’autres cas, comme pour l’armature en travée, l’influence de la localisation est
mineure (chapitre 5.3.1.3).
• La corrosion considérée est celle par piqûres locales (tableau 3.12, reproduit dans le
tableau 5.1).
Classe de Exposition
perméabilité du Brouillard Eclaboussures Directe
béton d’enrobage
Vitesse de propagation [mm/an]
A 0.02 0.1 0.1
B 0.02 0.1 0.1
C 0.1 0.4 0.4
5.2.3.5 Résumé
L’ensemble des hypothèses pour la prévision de l’évolution de la sécurité structurale et de
l’aptitude au service sont résumés dans le tableau 5.2.
Valeurs actualisées
Facteur de charge du poids propre
1.15
de la structure porteuse γg
Facteur de charge du poids propre
1.15
des éléments non porteurs ψ
Facteur de charge du trafic γQ 1.5
Coefficient dynamique Φ1 1.2
Charges de trafic :
- modèle 1 65 kN* / 75kN
- modèle 2 5 kN/m2
- modèle 3 (selon largueur) 2.5 – 3.5 kN/m2
Coefficient de résistance γR 1.2
Résistance du béton fc = 0.65 fcw,min
Résistance de l’acier :
- armature passive fy + 10 %
- précontrainte fy,p + 5 %
fractile 10%
Temps d’initiation
selon tableau 3.9
Durée de l’étanchéité 20 ans
par piqûres
Propagation de la corrosion
selon tableau 5.1
* 65 kN pour mécanisme de ruine sans la juxtaposition de 2 camions
Tableau 5.2 Valeurs actualisées pour l’évaluation de la vérification de la sécurité structurale et de
l’aptitude au service.
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 93
5.3.1.1 Introduction
Les ponts à béquilles constituent une grande partie des passages supérieurs sur les routes
nationales. Le principal système statique de ces ouvrages est composé de plusieurs systèmes
longitudinaux identiques (figure 5.3) qui sont reliés entre eux transversalement. Les systèmes
de tabliers sont la juxtaposition de plusieurs caissons ou de poutres (en I ou en T) souvent
préfabriqués qui reposent chacun sur leurs propres béquilles. Les dalles évidées, qui sont
parfois utilisées, peuvent aussi être considérés comme des poutres en I juxtaposées, qui sont
liées entre elles.
b) Système transversal
a) Système longitudinal
- Poutres en T
- Caissons
- Dalle évidée
MR-/ γR MR-/ γR
Md
Etat initial
Rotule en travée
Formation de rotules
Md
sur les béquilles
Mécanisme
Corrosion
MR,init+/ γR
MRinit-/ γR MRinit-/ γR
Md
Corrosion Corrosion Etat initial
Rotules sur les béquilles
Formation d’une rotule
Md
en travée
Mécanisme
MR,init+/ γR
Mécanisme
MR-/ γR MR-/ γR
Md
MR+/ γR
10 Ø 8 mm
35 fils précontraints Ø 6 mm
( M R+,travée + M R−,béquille ) / γ R
n= (équation 5.7)
M d ,travée + M d ,béquille
M- M-
M- + M +
M+
n = Rd /S d Exposition au brouillard
1.5 4
1.4
Béton d’enrobage classe B
1
1.3 2 5 1) Corr. fils préc. ext. (18 ans)
1.2 3 6 2) Corr. fils préc. int. (42 ans)
3) Corr. câble précontrainte (61 ans)
1.1 Béton d’enrobage classe A
1.0 4) Corr. fils préc. ext. (37 ans)
Classe B Classe A 5) Corr. fils préc. int. (80 ans)
0.9
6) Corr. câble de précontrainte (109 ans)
0.8
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 Début de la redistribution du moment
Temps [ans]
Début de la plastification sous charges
de service
Sécurité structurale insuffisante
Figure 5.9 Evolution du coefficient de sécurité avec la corrosion de la section en travée
pour des bétons de classe de perméabilité A et B.
• Scénario 1b :
Même mécanisme de ruine que le scénario précédent, mais en supposant que l’eau de
la chaussée sur le pont s’écoule en partie le long du bord de la poutre à cause d’un
défaut du système d’évacuation de l’eau (goutte pendante et infiltration sous la
bordure comme observé in-situ) ; l’exposition de la poutre est du type éclaboussures
(figure 5.10).
La vitesse de corrosion, de 0.1 mm/an, modifie grandement l’évolution de la sécurité
structurale par rapport au scénario précédent. pour un béton de classe de perméabilité
B. Après 34 ans, la sécurité structurale est insuffisante pour le béton de classe de
perméabilité B et après 85 ans pour un béton de classe de perméabilité A, alors que les
durées d’utilisation sont respectivement de 120 et 160 ans.
• Scénario 1c :
Le mécanisme de ruine avec la corrosion de l’armature de la poutre au-dessus de la
béquille. La défaillance de l’étanchéité au bout de 20 ans expose les surfaces de béton
de la dalle et de la poutre (par infiltration) à l’eau provenant de la chaussée du pont.
Les temps d’initiation sont très courts une fois que l’étanchéité n’est plus efficace ;
l’enrobage ne constitue pas une protection suffisante. Dans le cas d’un béton de classe
de perméabilité A, la durée d’utilisation de l’ouvrage est de 82 ans.
La sécurité structurale est garantie tant que la précontrainte n’est pas corrodée. Le
temps d’initiation de la corrosion du câble de précontrainte est le garant de la longévité
de l’ouvrage.
Dans ce scénario de ruine, la section en travée ne plastifie juste pas sous les charges de
service. La redistribution des efforts est moindre que dans le cas de la corrosion de
l’armature en travée. Cependant il faut s’attendre à la formation d’une fissuration
importante de la poutre au-dessus de la béquille.
Avec un béton de classe de perméabilité B, les temps d’initiation sont très courts une
fois que l’étanchéité n’est plus efficace ; l’enrobage ne constitue pas une protection
suffisante. Dans le cas d’un béton de classe de perméabilité A, la durée d’utilisation de
l’ouvrage est de 85 ans.
n = Rd /S d Exposition aux coulures
(éclaboussures)
1.5
1.4
1 3
1.3
Figure 5.11 Evolution du coefficient de sécurité avec la corrosion des sections sur les
béquilles en fonction de la classe de perméabilité du béton d’enrobage.
• Scénario 1d :
La combinaison des deux mécanismes de ruine (corrosion en travée et sur les
béquilles) se rapproche le plus de la situation réelle, car des signes d’infiltrations à
travers l’étanchéité ont été observés. Dans la figure 5.12, l’évolution du coefficient de
sécurité est représentée pour le passage supérieur avec des bétons d’enrobage de classe
de perméabilité A et B. La section au centre de la travée est exposée au brouillard salin
et la section sur la béquille aux infiltrations d’eau sous l’étanchéité après 20 ans.
La corrosion de l’armature de la section sur les béquilles a le temps d’initiation le plus
court et a une influence déterminante sur l’évolution de la sécurité structurale. La
comparaison des deux scénarios de ruine montre l’importance de la qualité du béton
d’enrobage dans le phénomène de corrosion en présence de chlorures.
100 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
1.4
Béton d’enrobage de classe B
1
1) Corr. fils ext. (18 ans)
6
1.3 7 2) Corr. armature dalle (25 ans)
2
1.2 3) Corr. câble préc. béq. (33 ans)
3 4) Corr. fils int. (42 ans)
1.1
5) Corr. câble préc. centre (61 ans)
8
1.0 Béton d’enrobage de classe A
0.9
6) Corr. fils ext. (37 ans)
Classe B Classe A 7) Corr. armature dalle (45 ans)
0.8 8) Corr. fils préc. ext. (80 ans)
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
9) Corr. câble préc. béq. (83 ans)
Etanchéité intacte Temps [ans]
10) Corr. câble préc. centre (109 ans)
Début de la redistribution du moment
Sécurité structurale insuffisante
Figure 5.12 Evolution du coefficient de sécurité avec corrosion des sections sur les
béquilles et en travée en fonction de la classe de perméabilité du béton
d’enrobage.
• Rupture d’une béquille arrière :
Les scénarios de ruine impliquant la rupture d’une béquille arrière ne génèrent pas de
ruine de la structure. Les dimensions des travées et les résistances des sections font
que la sécurité structurale est garantie en l’absence d’une béquille. Au centre de la
travée centrale, le moment augmente fortement et la redistribution des efforts entraîne
la formation d’une rotule plastique. Le comportement de la structure est modifié et des
fissures de flexion apparaissent sous les charges de trafic en service. La formation de
ces fissures sera un indice qui devra être identifié au cours des inspections visuelles.
La corrosion de l’armature d’une béquille arrière pourrait provenir de l’infiltration de
chlorures à travers l’enrobage de la béquille qui peut être facilitée par une fissuration
de la béquille provenant de déplacements imposés (tassement du talus). Cependant, la
béquille arrière est fréquemment précontrainte, ce qui limite la fissuration, ainsi la
béquille est peu exposée à des cycles d’humidité et de chlorures.
Dans la présente étude, l’exposition spécifique de la béquille arrière n’a pas été
étudiée. Néanmoins, la béquille arrière doit être considérée comme un segment
déterminant pour la planification des interventions.
• Evolution des flèches :
En ce qui concerne l’évolution des flèches du pont dans les différents scénarios de
ruine, les calculs montrent une rapide augmentation des déformations lorsque la
section de précontrainte corrode. Il est difficile d’estimer les valeurs absolues de cette
augmentation, à cause des imprécisions liées à la longueur du câble affecté par la
diminution de contrainte (suite de la corrosion locale) et à la difficulté de déterminer
précisément les effets différés liés à la perte de l’effort de précontrainte. Cependant,
des estimations de l’évolution des flèches montrent que la diminution du balancement
du poids propre crée une forte augmentation des flèches qui dépassent les limites
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 101
qL2 1 x 2
Charge répartie : ( M + + M − )( x ) = − (équation 5.8)
2 4 L
1 x 2
Charge concentrée : ( M + M )( x) = QL −
+ −
(équation 5.9)
4 L
Ainsi, pour un écart x à partir du milieu de la travée centrale, le rapport de la somme
du moment en x et sur la béquille sur la somme du moment au milieu de la travée et le
moment sur la béquille est donné par :
M+ +M−
2
x
+ −
( x ) = 1 − 4 (équation 5.10)
( M + M ) max L
M- M-
x
(M- + M+)max
M+
L
16 câbles 50 torons Ø 7 mm
b) en travée
n = Rd /S d Exposition au brouillard
1.8
Classe B
1.6
1
2
1.4
Béton d’enrobage de classe B
1.2 1) Corr. armature (42 ans)
2) Corr. précontrainte (79 ans)
1.0
Début de la redistribution du moment
0.8 Début de la plastification sous charges
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 de service
Temps [ans] Sécurité structurale insuffisante
• Scénario 2c :
La corrosion de l’armature au-dessus de la béquille avant, suite à l’infiltration d’eau à
travers une défaillance de l’étanchéité au bout de 20 ans (figure 5.17).
La diminution de la sécurité structurale est rapide pour avec un béton d’enrobage de
classe de perméabilité C ; les temps d’initiation sont courts et la vitesse de propagation
plus élevée que pour les meilleures classes de perméabilité. La durée d’utilisation de
l’ouvrage est de 30, 60 et 120 ans en fonction de la classe de perméabilité.
Dans ce scénario de ruine, comme dans le cas du pont N°2, la section en travée ne
plastifie pas sous les charges de service (figure 5.11). La redistribution des efforts est
moindre que dans le cas de la corrosion de l’armature en travée. Cependant il faut
s’attendre à la formation d’une fissuration importante de la poutre au-dessus de la
béquille. Avant que la sécurité structurale ne devienne insuffisante, il y a une
redistribution du moment.
5.3.2.1 Introduction
Les ponts-poutres continus sont composés de tabliers avec des sections fermées (caisson) et
des sections ouvertes (deux poutres maîtresses). Ces ouvrages ont une importante
précontrainte longitudinale composée de plusieurs câbles qui assurent l’aptitude au service et
une grande partie de la sécurité structurale longitudinale. Ces câbles ont généralement un
enrobage important qui limite la probabilité de corrosion des câbles. La sécurité structurale
longitudinale est ainsi garantie pour une longue durée.
Au niveau de la précontrainte longitudinale, les problèmes viennent surtout des zones
d’ancrages qui peuvent être exposées notamment à des coulures d’eau contaminée par les
chlorures suite à un défaut du joint à l’extrémité de l’ouvrage. Les têtes d’ancrages sont
souvent mal protégées par un béton de mauvaise qualité qui constitue une protection
insuffisante.
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 107
L’élément prédominant relevé par l’inspection de l’échantillon des ouvrages est le système
porteur transversal : la dalle du tablier. Les armatures sont proches de la surface (de 15 à
30 mm) et les surfaces sont exposées au sel de déverglaçage .
modèle de charge 1
Lignes de rupture
a) Coupe transversale
modèle de charge 1
b) Vue en plan
Lignes de rupture
n=
∑W Rd
(équation 5.12)
∑W Sd
Remarque : Au cas où la précontrainte longitudinale est proche de la surface, dans le cas d’un
point haut sur appui ou très exposée par un défaut d’injection ou de défaut local, il se peut que
le mécanisme de rupture longitudinal soit déterminant. Dans ce cas, il faut introduire un
« segment déterminant » au niveau de chaque appui et au milieu de chaque travée. Comme
pour les ponts à béquilles, l’armature principale de précontrainte doit être corrodée avant que
la sécurité structurale soit insuffisante.
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 109
Ø 16 mm e=125
Ø 10 mm e=150
Ø 10 mm e=150
Ø 10 mm e=100
2.0
1 3 5 Classe de perméabilité
1.8 A
C
B Béton d’enrobage de classe C
1.6 1) Corr. arm. trans. (1 an)
2) Corr. arm. long. (5 ans)
1.4
Béton d’enrobage de classe B
1.2 2) Corr. arm. trans (5 ans)
3) Corr. arm. long. (13 ans)
1.0
Béton d’enrobage de classe A
0.8 4) Corr. arm. trans. (15 ans)
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 5) Corr. arm. long. (52 ans)
Te mps [ans]
Bien que la sécurité structurale soit garantie, la différence de comportement est bien
marquée selon la perméabilité du béton. Pour un béton de classe de perméabilité C, le
temps d’initiation est très faible et la vitesse de corrosion très grande. Au bout de 20
ans, les barres sont complètement corrodées, alors que pour un béton de classe de
perméabilité A, le même processus prend 100 ans.
• Scénario 3b :
L’armature supérieure de la dalle corrode suite à un défaut de l’étanchéité (figure
5.22). Il est admis que la face supérieure du tablier soit exposée directement à l’eau de
la chaussée après 20 ans.
La sécurité structurale est largement suffisante à l’état initial par la vérification selon
le mécanisme de ruine. Au bout de 38, 86 et 125 ans, la sécurité structurale devient
insuffisante, montrant l’influence de la perméabilité du béton d’enrobage.
2.0
13 5
Béton d’enrobage de classe C
1.8 1) Corr. arm. trans. (23 ans)
2) Corr. arm. long. (28 ans)
1.6
Béton d’enrobage de classe B
1.4 2 3) Corr. arm. trans (26 ans)
4) Corr. arm. long. (48 ans)
1.2
4 Béton d’enrobage de classe A
1.0 5) Corr. arm. trans. (59 ans)
C B A Classe de perméabilité 6) Corr. arm. long. (116 ans)
0.8
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Etanchéité intacte
Te mps [ans] Sécurité structurale insuffisante
Ø 16 mm , e = 150
Ø 12 mm , e = 150
Ø 12 mm , e = 150
Ø 12 mm , e = 150
Ø 16 mm, e =125
Ø 10 mm, e =150
Ø 10 mm, e =150
Ø 14 mm, e =125
Figure 5.28 Evolution du coefficient de sécurité avec la corrosion de l’armature supérieure suite à
un défaut de l’étanchéité en fonction de la classe de perméabilité du béton
d’enrobage.
114 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
5.3.3 Ponts-cadres
5.3.3.1 Général
La plupart des passages inférieurs sont constitués de ponts-cadres en béton armé sans
précontrainte avec des dalles pleines pour des portées de 5 à 15 mètres. Ces ouvrages sont très
monolithiques et ont des grandes épaisseurs de béton. Sur la base des observations faites in-
situ et de l’étude des plans, il est difficile de concevoir une rupture globale de l’ouvrage.
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 115
Ø 10 mm, e = 200
Ø 12 mm, e = 100
Ø 26 mm, e = 100
Ø 12 et 14 mm
alterné, e = 200
Classe de
Durée ∅ Pourcentage
Type de Elément Segment perméabilité
étanchéité Enrobage Exposition armature critique de
pont clé déterminant du béton
ou protection principale corrosion
d’enrobage
A Direct
Sur béquille mesuré
Poutre [années] B Eclaboussures [mm] 20-30%
avant [mm]
Pont à C Brouillard
béquilles A Direct
Milieu travée mesuré
Poutre [années] B Eclaboussures [mm] 30-40%
centrale [mm]
C Brouillard
A Direct
mesuré
Sur appui [années] B Eclaboussures [mm] 20-40%
Pont [mm]
Dalle du C Brouillard
poutre
tablier A Direct
continu mesuré
En travée [années] B Eclaboussures [mm] >50%
[mm]
C Brouillard
A Direct
Face mesuré
[années] B Eclaboussures [mm] >50%
supérieure [mm]
Pont Dalle du C Brouillard
cadre tablier A Direct
Face mesuré
[années] B Eclaboussures [mm] >50%
inférieure [mm]
C Brouillard
Tableau 5.5 Propriétés des segments déterminants des types de ponts et leur pourcentage critique
de corrosion.
En ce qui concerne la durabilité et donc la durée d’utilisation des ouvrages, l’étude effectuée
dans ce chapitre permet d’établir pour les « segments déterminants » :
• L’étude montre l’effet bénéfique de l’étanchéité sur la face supérieure des tabliers de
ponts-routes. En maintenant cette barrière de protection, par le renouvellement de
l’étanchéité, la durée d’utilisation de l’ouvrage dans son ensemble est garantie,
quelque soit la perméabilité du béton d’enrobage.
Pour se passer de cette protection avec un béton de classe de perméabilité A, un
enrobage moyen de 25 mm est nécessaire pour garantir une durée d’utilisation de 50
ans et un enrobage de 35 mm pour 100 ans. Avec un béton de classe de perméabilité
B, 40 à 45 mm d’enrobage sont nécessaires en moyenne pour 50 ans et 50 mm pour
100 ans. Et avec un béton de classe de perméabilité C, il n’est pas possible de garantir
une durée d’utilisation de 50 ans (tableaux 5.6 et 5.7).
Avec les enrobages recommandés et disposés sur les ouvrages (35 mm), une durée
d’utilisation est seulement garantie avec un béton d’enrobage de classe de perméabilité
A. Pour les bétons des autres classes de perméabilité, une étanchéité est nécessaire.
• En plus de l’épaisseur d’enrobage, c’est la perméabilité du béton d’enrobage qui
influence de manière significative le processus de détérioration. Les différents
scénarios de ruine étudiés ont montrés que pour un béton avec une faible perméabilité,
les temps d’initiation sont grands et que les vitesses de propagations de la corrosion
petites. Au contraire, pour un béton avec une grande perméabilité, les temps
d’initiation courts et les vitesses de propagation de la corrosion élevées. Ainsi, la
durée d’utilisation des ouvrages avec les épaisseurs d’enrobages de 25 mm à 40 mm
observés in-situ sur les ouvrages de l’échantillon est :
o de plus de 80 ans pour un béton d’enrobage de classe de perméabilité A.
o de 40 à 100 ans pour un béton d’enrobage de classe de perméabilité B.
o de 20 à 50 ans pour un béton d’enrobage de classe de perméabilité C.
Chapitre 5 – Scénarios de ruine 119
Classe de Exposition
perméabilité du
béton d’enrobage Brouillard Eclaboussures Direct
A 10 - 15 20 25
B 20 30 40 - 45
C 25 – 30 >> >>
Tableau 5.6 Enrobages moyens nécessaires (en mm) pour garantir une durée d’utilisation
de 50 ans en fonction de la classe de perméabilité du béton d’enrobage et de
l’exposition du segment sans étanchéité.
Classe de Exposition
perméabilité du
béton d’enrobage Brouillard Eclaboussures Direct
A 15 25 35
B 25 – 30 40 50
C 35 – 40 >> >>
Tableau 5.7 Enrobages moyens nécessaires (en mm) pour garantir une durée d’utilisation
de 100 ans en fonction de la classe de perméabilité du béton d’enrobage et de
l’exposition du segment sans étanchéité.
L’ensemble de l’étude sur les scénarios de ruine effectué dans ce chapitre permet de tirer les
conclusions suivantes :
• Pour la détérioration, par la corrosion dues aux chlorures des ponts étudiés dans ce
travail, il y a peu de scénarios et de segments déterminants.
• Au niveau du comportement structural, la corrosion de la précontrainte longitudinale
est peu probable et l’armature passive sert d’indicateur pour d’un processus de
corrosion.
• Le béton d’enrobage (perméabilité et épaisseur) ainsi que l’exposition jouent un rôle
décisif dans la prévision de l’évolution de l’état. Ces paramètres doivent donc
impérativement être déterminés pour chaque segment d’un pont par une inspection
120 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Chapitre 6
Conclusion
Les deux mécanismes de transport des chlorures sont le transport par diffusion dans
l’eau et par entraînement avec l’eau.
Les deux mécanismes de diffusion (de l’eau et des chlorures) sont modélisés par les
équations de la diffusion. Le transport des chlorures entraînés par l’eau est modélisé en
effectuant une translation de la concentration de chlorures. Pour l’adsorption capillaire
de l’eau, un coefficient de diffusion, variable en fonction de l’épaisseur, permet la
modélisation du phénomène par les mêmes relations que la diffusion. Ainsi, la
pénétration des chlorures peut être modélisée avec un modèle numérique simple et
rapide sur l’ensemble de la durée de vie d’un pont.
Une analyse des mesures météorologiques (humidité relative de l’air, température et
précipitations) et des statistiques de salage des routes nationales permet de modéliser
l’exposition pour les trois types d’exposition au sel de déverglaçage identifiés.
Les simulations de la pénétration des ions chlorures sont effectuées pour les trois
classes de perméabilité du béton d’enrobage définies et les trois types d’expositions
identifiés en tenant compte de la distribution spatiale de la perméabilité du béton
d’enrobage (approche probabiliste).
• Initiation de la corrosion
Une définition probabiliste de l’initiation de la corrosion est déterminée en fonction
d’une teneur en ions chlorures libres, sur la base de l’analyse d’études et d’essais
trouvés dans la littérature.
L’évolution de la probabilité d’initiation de la corrosion est déterminée pour les
segments des ponts-routes sur la base des résultats de pénétration des chlorures.
• Propagation
Les phénomènes de propagation de la corrosion par piqûres et de la corrosion
généralisée sont décrits. Sur la base de la littérature, une relation est établie entre les
vitesses de propagation et les paramètres des segments, utilisés dans cette recherche
(l’exposition et la perméabilité du béton d’enrobage).
Pour déterminer l’évolution de l’état des segments des ponts-routes sous une forme utilisable
dans les BMSs, une relation est établie entre les conditions d’état définies dans les BMSs et
les propriétés des segments (probabilité d’initiation et la propagation de la corrosion des
armatures). Ainsi, la détérioration des segments est simulée par une dégradation en classes
d’état. Les simulations effectuées pour les trois classes de perméabilité, les trois types
d’exposition et pour diverses épaisseurs d’enrobage, sont classées selon trois vitesses de
dégradation correspondant à trois conditions d’évolution. Pour chaque vitesse de dégradation,
une matrice de dégradation (chaîne de Markov) est calculée par la méthode des moindres
carrés. Ainsi, trois matrices de dégradation sont déterminées pour des conditions d’exposition
favorables, normales et défavorables.
Le comportement structural des ponts-routes, jusqu’à leur ruine, est étudié par des scénarios
de ruine selon une approche semi-déterministe. Un scénario de ruine est défini par les
propriétés du pont (le comportement de la structure et les propriétés des segments) et les
sollicitations (charges et exposition au sel de déverglaçage). La ruine se produit selon des
mécanismes de ruine qui sont identifiés et analysés sur la base des ponts de l’échantillon du
parc des routes nationales. L’influence des différents paramètres (perméabilité, épaisseur
d’enrobage et exposition) est étudiée pour chaque scénario. L’analyse de l’ensemble des
scénarios permet d’identifier les segments déterminants.
124 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
6.4 Conclusions
Cette recherche mène aux conclusions suivantes :
Au niveau du relevé de l’état des ponts-routes en béton
• L’approche segmentielle pour décrire l’état des ponts-routes est basée sur la
détermination de la perméabilité et de l’épaisseur du béton d’enrobage ainsi que
l’exposition au sel de déverglaçage. Elle permet de diviser facilement la structure en
segments. L’avantage de cette division est que l’ensemble de la surface de chaque
segment a les mêmes propriétés et, par conséquent, la même évolution de l’état.
• Les méthodes d’auscultation non-destructives, utilisées in-situ dans le cadre de cette
recherche (mesure de la perméabilité à l’air et la profondeur de l’enrobage), se sont
révélées pratiques à utiliser et apportent un complément quantitatif aux inspections
visuelles. Elles permettent notamment d’effectuer la division en segments des ponts-
routes selon la méthode proposée.
• L’évaluation de l’état d’un échantillon représentatif du parc des ponts-routes du réseau
des routes nationales suisses a permis d’établir que l’ensemble du parc est en bon état.
Seuls quelques dégâts locaux ont été observés sur les structures, mais la sécurité
structurale, l’aptitude au service et la sécurité à l’exploitation (circulations) ne sont pas
mises en causes. Quant aux fréquents défauts des systèmes d’évacuation de l’eau,
observés in-situ, ainsi que leur détérioration rapide, ils mettent en cause la durabilité
des structures par une exposition plus importante des éléments de la structure.
Au niveau du modèle d’évolution de l’état des pont-routes en béton
• Le modèle de pénétration des chlorures développé permet de modéliser l’exposition
spécifique des ponts-routes au sel de déverglaçage et les différents mécanismes de
transport de l’eau et des chlorures. La simplicité et la rapidité du modèle numérique
permettent de simuler la pénétration des ions chlorures sur l’ensemble de la durée de
vie d’un ouvrage, de tenir compte des différents mécanismes de transport de l’eau et
des chlorures, tout en considérant la distribution spatiale de la perméabilité du béton
d’enrobage par une approche probabiliste.
• La prise en considération de la perméabilité et de l’épaisseur du béton d’enrobage
(mesurés avec des méthodes d’auscultation non-destructives sur l’ouvrage), ainsi que
de l’exposition (observée au cours d’une inspection visuelle in-situ), permettent
d’améliorer la prévision de l’évolution de l’état des segments des ponts-routes en
béton.
• Le développement de modèles, basés sur les phénomènes physiques et chimiques, a
permis d’étudier l’effet des paramètres sur la détérioration des ponts-routes et de
considérer le caractère stochastique des phénomènes par une approche probabiliste.
Au niveau de la dégradation et des chaînes de Markov
• La détérioration des segments peut être formulée selon une dégradation en classe
d’état, définis dans les BMSs, en fonction d’une relation établie entre les conditions
d’état et l’état de la corrosion (probabilité d’initiation et propagation de la corrosion).
Chapitre 6 - Conclusion 125
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1998.
Bibliographie 133
Annexe A
Pont N°18
Figure A.1 Photos des ponts sélectionnés de l’échantillon représentatif des ponts du réseau des
routes nationales suisses.
136 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Annexe B
Les résultats fournis dans cette annexe correspondent aux simulations de la pénétration des
ions chlorures effectuées avec le modèle du chapitre 3, pour les trois types d’exposition (au
sel de déverglaçage) et pour les trois classes de perméabilité du béton d’enrobage. Les valeurs
des coefficients de transport de l’eau et des chlorures sont les coefficients moyens, plus un
écart-type et moins un écart-type.
144 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Figure B.1 Simulations des teneurs en chlorures libres (paramètres plus un écart-type).
Annexe B – Résultats des simulations de pénétration des ions chlorures 145
Figure B.2 Simulations des teneurs en chlorures libres (paramètres moins un écart-type).
146 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Annexe B
Les résultats fournis dans cette annexe correspondent aux simulations de la pénétration des
ions chlorures effectuées avec le modèle du chapitre 3, pour les trois types d’exposition (au
sel de déverglaçage) et pour les trois classes de perméabilité du béton d’enrobage. Les valeurs
des coefficients de transport de l’eau et des chlorures sont les coefficients moyens, plus un
écart-type et moins un écart-type.
144 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Figure B.1 Simulations des teneurs en chlorures libres (paramètres plus un écart-type).
Annexe B – Résultats des simulations de pénétration des ions chlorures 145
Figure B.2 Simulations des teneurs en chlorures libres (paramètres moins un écart-type).
146 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Annexe C
Cette annexe contient l’ensemble des dégradations établies dans le chapitre 4. Les
dégradations sont données en fonction de l’épaisseur de l’enrobage, de la classe de
perméabilité du béton d’enrobage et de l’exposition au sel de déverglaçage.
148 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton
Curriculum vitae
Formation :
1988 - 90 : Maturité fédérale type C (math.-science), CESSNOV
1990 - 95 : Diplôme d’ingénieur civil EPFL - Orientation : Conception et analyse de
structures, EPF-Lausanne
1997 - 98 : Certificat postgrade en “Risque et management des systèmes techniques“,
EPFL / ETH-Zurich / UNI St-Gall
Expériences professionnelles :
Dès 1995, MCS-EPFL, Lausanne
Assistant sous la direction du professeur E. Brühwiler
- Recherche sur la détérioration des ponts-routes en béton
- Réalisation d’essais en laboratoire sur des éléments de structure (colonnes,
renforcement au poinçonnement, murs, tirants et goujons)
- Collaboration à des expertises d’ouvrages existants (bâtiments et ponts)
- Collaboration aux tâches d’enseignement dans le domaine de la maintenance et suivi
de quatre travaux de diplôme.
Publications :
ROELFSTRA, G., BRÜHWILER, E., "Sécurité au poinçonnement de dalles existantes", Ingénieurs
et Architectes Suisses, N°24, pp. 434-440, Lausanne, Novembre 1996.
ADEY, B., ROELFSTRA, G., HAJDIN, R., BRÜHWILER, E., "Permeability of Existing Concrete
Bridges", 2nd International Ph.D. Symposium, Budapest, Hungary, August 25-28, 1998.
ROELFSTRA, G., ADEY, B., HAJDIN, R., BRÜHWILER, E. : "The condition evolution of concrete
bridges based on a segmental approach, non-destructive testing and deterioration models",
Proceedings, International Bridge Management Conference, Denver Colorado, United States,
April 26-28, 1999, section C-2.
154 Modèle d’évolution de l’état des ponts-routes en béton