Resumo Do Livro de Gonseth

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Revue d'histoire des sciences

F. Gonseth, Les mathématiques et la réalité

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F. Gonseth, Les mathématiques et la réalité. In: Revue d'histoire des sciences, tome 30, n°2, 1977. pp. 180-181;

https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1977_num_30_2_1488

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les rendre indépendantes du monde physique. La thèse que l'auteur va défendre


dans ce livre est que l'axiomatique, quoique nécessaire comme méthode
constitutive pour toutes les sciences, n'est pas capable de se suffire à elle-même. Dans les
chapitres II-IV on expose d'une manière détaillée l'axiomatique hilbertienne de
l'espace euclidien. Dans le Ve chapitre on étudie les concepts topologiques de
l'ordre et de la continuité, considérés comme base commune de toutes les
geometries (à l'exception des geometries non archimédiennes) et aussi de la théorie des
fonctions. Cette conclusion va être infirmée plus tard, car on devait renoncer aux
axiomes d'ordre et de continuité afin de construire une base commune pour toutes
les geometries, mais les recherches qui ont abouti à cette décision étaient à peine
ébauchées au moment de la rédaction de ce livre. Le chapitre VI sur les geometries
non euclidiennes apporte de nouveaux arguments pour la thèse que l'axiomatique
est une méthode constitutive de la géométrie conçue comme science du continu,
c'est-à-dire comme image abstraite du monde sensible. L'auteur se refuse
d'admettre que cette science a comme contenu uniquement des relations logiques.
Il se demande dans les chapitres suivants (la théorie et l'expérience ; le temps et
la relativité ; la notion du mouvement et la relativité générale) si l'espace physique
est euclidien ou non, et la réponse est qu'on ne peut prouver
expérimentalement ni l'une ni l'autre thèse, car la recherche scientifique oscille toujours entre
l'expérimentation et la réflexion. Cette situation justifie, selon l'auteur, la
conclusion que les geometries non euclidiennes ne sont pas le résultat arbitraire de la
spéculation et qu'elles trouvent un prolongement naturel dans la théorie de la
relativité. La construction des théories relativistes est une nouvelle preuve de la
capacité de notre esprit de reformuler une philosophie naturelle en accompagnant
la recherche de la nature par des réflexions sur les schémas logiques et sur les
concepts mathématiques.
Le dernier chapitre du livre est consacré aux rapports entre les mathématiques
et la logique. L'auteur effleure ce sujet afin de trouver de nouveaux arguments
pour des conclusions déjà avancées dans les chapitres précédents : les axiomes de
l'arithmétique ou de la théorie des ensembles et ceux de la logique sont inséparables
et on ne peut pas se servir de l'un d'eux pour démontrer les autres. D'ailleurs,
l'intuition des mathématiques et celle de la logique sont de même essence et se
conditionnent réciproquement. C'est sur cette base qu'on peut édifier les
mathématiques comme une réplique consciente d'une activité inconsciente.
La Préface nous offre une rencontre avec la pensée de J. Hadamard, en nous
montrant que, vingt ans après la célèbre dispute autour de l'axiome de choix, son
« idéalisme » d'antan glisse vers une sorte de relativisme, soutenu peut-être par les
théories évolutionnistes d'inspiration biologique.
A. Giuculescu.

Ferdinand Gonseth, Les mathématiques et la réalité, Essai sur la


méthode axiomatique, 1936, Nouveau tirage 1974, Paris,
Librairie Blanchard, 16x24 cm, xi + 386 p. Prix : 50 F.
Ce livre expose la conception de l'auteur concernant les rapports entre la réalité
des objets et la connaissance par les concepts. Les positions principales au sujet
de l'adéquation du connaître à l'être sont formulées par le truchement d'une dis-
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cussion entre trois personnages : Sceptique, celui qui doute de tout ce qui n'est pas
prouvé, Idoine, celui qui est approprié à son objet, et Parfait, qui a trouvé son
entier accomplissement. Le premier thème du débat, c'est la théorie des idées, liée
au problème des fondements des mathématiques, que l'auteur interprète comme
une crise du réalisme platonicien. Les paradoxes du langage et le problème des
significations des mots par rapport aux choses doivent être éclaircis, parce que la
réalité est à construire mentalement et à exprimer par le langage. L'auteur prend
comme exemple la construction de la géométrie qui relève de l'intuition et de
l'abstraction à la fois. Le dialogue des trois personnages continue sur le rapport
entre la vérité et l'intuition dans l'emploi de la méthode axiomatique. La
conclusion en est que le rationnel imite schématiquement le concret, donc entre l'abstrait
et le réel il y a une correspondance, ce qui explique le succès des mathématiques.
Dans le chapitre sur la nature du nombre entier, l'auteur applique la même méthode
et aboutit à la même conclusion. Quant à la logique, l'auteur la définit comme
une science naturelle qu'on pourrait appeler la physique de l'objet quelconque.
D'abord elle a comme but de faire la théorie préliminaire de l'existence objective,
et c'est plus tard qu'elle prend la forme de la logique de la pensée. La dernière
discussion des trois personnages constitue la conclusion du livre : tout concept est
devenir, l'adéquation est sommaire et provisoire. L'idonéisme est à la fois exclusion
et compréhension des points de vues représentés par Sceptique et Parfait et les
pensées que tous ensemble ont exprimées ont reçu une certaine autonomie, suivie
par l'apparition d'un nouvel Idoine, qui reconnaît dans les trois partenaires des
discussions trois étapes de sa propre pensée.
A. Giuculescu.

Jacques Hadamard, Essai sur la psychologie de V invention dans


le domaine mathématique, Paris-Bruxelles-Montréal, Gauthier-
Villars, 1975, 13,5x21 cm, 136 p. (coll. « Discours de la
méthode »). Prix : 26 F.

La réimpression de cette œuvre, tout compte fait importante, du grand


mathématicien Jacques Hadamard tombe à point. Les théoriciens de l'histoire des
mathématiques se penchent actuellement sur les mouvements qui caractérisent
l'évolution des mathématiques en les comparant à ce que l'on croit caractériser
l'histoire des autres sciences. Pensons aux articles de M. J. Crowe, H. Mehrtans
et R. L. Wilder parus dans la revue Historia Mathematica.
Les réflexions d'Hadamard, nourries principalement par celles d'Henri
Poincaré, mais aussi par celles de Paul Valéry, n'ont pas trait au monde des
mathématiques dans son ensemble mais au monde interne du mathématicien au moment
de l'émergence d'une nouvelle idée mathématique. Néanmoins, il nous semble
que cet aspect devrait toujours être à l'arrière-plan des réflexions sur la structure
de l'histoire des mathématiques.
La présente édition est une réimpression de la première édition française
de 1959, elle-même traduction de l'édition originale parue en anglais en 1945.

Louis Charbonneau.

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