Technologies Dites Omics : Chapitre 8
Technologies Dites Omics : Chapitre 8
Technologies Dites Omics : Chapitre 8
Chapitre 8
Le projet sur le génome humain a permis de créer les conditions préalables es-
sentielles à l’analyse systématique de la relation entre génotype et phénotype.
Grâce au séquençage d’ADN de nouvelle génération, il est aujourd’hui possible
de séquencer parallèlement plusieurs centaines de millions de fragments d’ADN
sur un seul instrument et en un seul passage, si bien que les méthodes à haut
débit permettent à présent de déchiffrer une grande partie de la séquence du
génome d’un individu en quelques jours et ce pour un montant de quelques mil-
liers de dollars américains. Pour des raisons techniques, les réactions de séquen-
çage engendrent des erreurs qui ne peuvent être minimisées que par un séquen-
çage multiple (redondant) de la même séquence génomique. Dans ce contexte,
on parle également de «profondeur du séquençage». Celle-ci a une influence sur
le coût du séquençage. Les nouvelles techniques permettent un séquençage très
profond (deep sequencing) en un seul passage et pour un coût acceptable. Cer-
tains chercheurs ont même suggéré une couverture en moyenne centuple pour
une séquence afin d’obtenir une détermination fiable du génome humain, ce qui
serait encore très onéreux à l’heure actuelle.
2 Nous remercions l’Académie allemande des sciences Leopoldina, qui nous a permis d’utiliser dans ce chapitre une
forme abrégée et légèrement modifiée de sa prise de position publiée en 2014 sur la «Médecine individualisée».
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Il est prévisible que dans un avenir très proche, chaque personne pourra faire
séquencer son génome pour un prix abordable. On estime que par rapport à un
génome de référence, tous les génomes de l’humanité contiennent naturellement
environ 15 millions de modifications de composants de gènes individuels (ce
que l’on appelle les SNP (Single Nucleotide Polymorphisms). Ils représentent
environ 0.1 % d’un génome individuel. Les techniques de séquençage per-
mettent également d’identifier de petites variantes génétiques et des variations
du nombre de copies (par exemple des microdélétions et des microduplications,
voir chapitre 7.3.). De plus, chaque génome contient également d’autres modi-
fications génétiques (voir tableau 4), dont l’influence sur le développement de
maladies et sur l’efficacité de médicaments n’est pas encore bien comprise.
Tableau 4: Écarts moyens de la séquence d’ADN d’un génome humain individuel par rapport
au génome haploïde de référence (Meyer U.A. et al.: Omics and Drug Response. Annual Review of
Pharmacology & Toxicology 2013).
8.2. Épigénétique
Il est intéressant de noter que des analyses d’échantillons sanguins ont per-
mis de mettre en évidence que même des jumeaux monozygotes présentent dif-
férents motifs épigénétiques lorsqu’ils deviennent plus âgés. Cela signifie que
l’épigénome peut se modifier sous l’effet de nombreux facteurs non héréditaires
auxquels un être humain est exposé tout au long de sa vie. L’ensemble de ces
facteurs est également désigné par le terme d’exposome. On considère les dif-
férences dans l’exposome comme une explication possible pour le fait que le
même génotype puisse engendrer différents phénotypes. Les techniques de
séquençage d’ADN de troisième génération, telles que le séquençage de molé-
cules individuelles en temps réel (Single-molecule Real-Time Sequencing), per-
mettent aujourd’hui de déterminer des motifs de méthylation entiers au sein du
génome humain. La recherche sur les tumeurs a établi des liens entre les motifs
de méthylation de nombreux gènes et la formation des tumeurs ainsi qu’avec
l’efficacité de certains médicaments. On suppose également que des motifs épi-
génétiques dans le cerveau jouent un rôle dans le développement et la trans-
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Les protéines sont les produits finaux de gènes codants et elles proviennent de
la traduction de l’ARNm. Elles jouent le rôle de catalyseurs et d’agents structu-
rants pour les processus moléculaires vitaux et elles sont déterminantes pour
l’apparence d’un organisme, à savoir pour son phénotype. Ensemble, elles for-
ment le protéome qui, de manière similaire au transcriptome, est très dynamique
et modifie sans cesse sa composition en raison de changements des conditions
(expression génétique, influences environnementales, processus métaboliques,
etc.). Les profils protéomiques reflètent des états physiologiques ou bien des
modifications de cellules et de tissus. Les profils spécifiques peuvent résulter de
processus pathologiques, de traitements médicamenteux ou d’autres influences
et ils permettent de mieux représenter un état biologique que les analyses du
génome ou du transcriptome à elles seules. Ainsi, la protéomique permet par
exemple d’identifier et d’élucider certaines voies de signaux erronées dans des
réseaux de protéines, comme on en détecte fréquemment dans les cellules tu-
morales. Ces techniques nourrissent de grands espoirs d’arriver à corriger ces
processus de signaux modifiés de manière ciblée par voie médicamenteuse
et contrôler cela par l’analyse du protéome. Même si la recherche en protéo-
mique a pris un tournant décisif au cours des dix dernières années en raison
des innovations techniques, l’objectif de représenter le monde des protéines
chez l’Homme de manière complète et précise n’a pas encore été atteint. Les
recherches dans ce domaine se concentrent encore principalement sur des sys-
tèmes cellulaires simples. La détection de protéines souvent présentes en de
très faibles quantités dans des échantillons humains beaucoup plus complexes
nécessite le perfectionnement de procédés en spectroscopie de masse. La ca-
ractérisation du protéome constitue un défi bio-analytique majeur en raison de
l’hétérogénéité biochimique et structurelle des protéines et des variations cau-
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sées par des influences extérieures. Les environ 23’000 gènes codant pour des
protéines humaines sont traduits en fonction des besoins à l’intérieur des cel-
lules par épissage alternatif, par transformation et par modifications chimiques
post-traductionnelles probablement en plus d’un million de protéines avec des
fonctions différentes. En plus de la concentration, c’est également souvent la
localisation cellulaire des protéines qui est décisive pour leur implication dans
des processus pathologiques. Dans ce contexte, l’imagerie moléculaire pourrait
contribuer à une meilleure compréhension, en particulier en biologie cellulaire
fonctionnelle.
Les métabolites (produits métaboliques, par exemple des sucres, des acides ami-
nés, des graisses) sont des produits finaux ou intermédiaires du métabolisme
intermédiaire. Leur mesure permet d’obtenir des informations considérables sur
la réaction de l’organisme par rapport à son alimentation, aux influences envi-
ronnementales, aux maladies et aux thérapies. C’est pourquoi l’analyse de mé-
tabolites fait aujourd’hui partie intégrante du diagnostic médical, par exemple
dans le cadre d’analyses de laboratoire d’échantillons de sang et d’urine. On uti-
lise ces techniques également pour analyser des substances étrangères au corps
telles que, par exemple, des médicaments, leurs produits de décomposition ain-
si que des contaminants environnementaux, des stupéfiants et des substances
addictives et pour obtenir des indications sur leurs effets toxiques. La collecte
de métabolites toxiques s’appuie de préférence sur les procédés de RMN (voir
plus loin), car ils ne nécessitent que de faibles volumes d’échantillon et la pré-
paration des échantillons est comparativement simple.
8.7. Biomarqueurs
Chapitre 9
Conception
Howald Fosco Biberstein, Basel
Traduction
Dominique Nickel, Bern
CVB International, Lausen
Photo de couverture
adobestock – joyt; istock – teekid
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