Le Contrôle Administratif
Le Contrôle Administratif
Le Contrôle Administratif
Introduction
Au début du 20ème siècle, le doyen Maurice Hauriou a écrit : « Non seulement l’administration centrale subsiste,
mais elle conserve un contrôle étendu sur les administrations décentralisées, contrôle qui porte le nom de tutelle
administrative. Ainsi on peut dire que la centralisation reste la règle et que la décentralisation est l’exception ».
Aujourd’hui encore, le constat du doyen Hauriou semble être toujours valable. Il est vrai que le régime des
collectivités territoriales a subi depuis des modifications considérables et que leur autonomie est devenue plus
effective, néanmoins, l’Etat influence encore largement la gestion des affaires locales, notamment à travers les
multiples contrôles qu’il exerce sur ces collectivités.
En effet, la décentralisation, quelle que soit son ampleur, n’implique jamais une liberté pleine et entière des
collectivités territoriales, celles-ci restent malgré tout soumises au contrôle des autorités étatiques.
La réalité de la décentralisation au Maroc n’échappe pas à cette logique. La Constitution du 29 juillet 2011, même si
elle instaure une nouvelle organisation territoriale basée sur la régionalisation avancée et qu’elle consacre les
principes de la décentralisation, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle met en évidence le caractère unitaire de
l’Etat. Ceci donne toute légitimité aux différents contrôles institués sur les collectivités territoriales, soit par la
Constitution elle-même, soit par des textes législatifs ou réglementaires.
A- La nature du contrôle
Le contrôle administratif est un contrôle de légalité exercé a posteriori par le représentant de l’Etat sur les actes des
collectivités territoriales. Le représentant de l’Etat peut contrôler seul et conclure à la légalité de l’acte. Il peut
également, en cas d’irrégularité, entrer dans des négociations avec la collectivité territoriale en question en vue
d’obtenir une rectification de l’acte contesté. Cependant, il n’est pas compétent pour annuler l’acte objet du
contrôle. S’il estime qu’il est entaché d’illégalité il peut, dans le cadre du déféré préfectoral, saisir le juge
administratif qui est le seul compétent pour déclarer son illégalité et pour l’annuler.
B- Le champ d’application
Deux catégories d’actes soumis au contrôle administratif sont à distinguer. D’abord, les actes soumis à l’obligation de
transmission, dont la liste est déterminée exhaustivement par la loi, qui ne sont exécutoires qu’après leur publication
ou leur notification et leur transmission au représentant de l’Etat. Ensuite, les actes non soumis à l’obligation de
transmission et qui sont exécutoires dès leur publication ou leur notification.
1
La reconnaissance du principe d’autonomie locale et de la libre administration des collectivités territoriales exige un
nouveau cadre du contrôle qui jouerait le rôle d’arbitre de la nouvelle politique décentralisatrice. Ce contrôle est
confié aux juges administratifs, qu’il l’est exercé a posteriori non pas sur l’opportunité de l’acte puisqu’il intervient
après que l’acte ait effet. Il s’agit donc du contrôle le plus respectueux envers l’autonomie locale et le plus compatible
avec le principe de libre administration des collectivités territoriales.
En effet, en vertu de l’article 8 de la loi n° 41-90 instituant les tribunaux administratifs, le juge administratif est
compétent pour juger les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des collectivités
territoriales en tant qu’autorités administratives, les litiges relatifs aux contrats administratifs conclus par ces
collectivités et les actions en réparation des dommages causés par leurs actes ou leurs activités, à l'exclusion
toutefois de ceux causés sur la voie publique par leurs véhicules.
Ils sont également compétents pour connaître des litiges nés à l'occasion de l'application de la législation et de la
réglementation des pensions et du capital- décès des agents des collectivités territoriales, de la législation et de la
réglementation en matière électorale et fiscale, du droit de l'expropriation pour cause d'utilité publique, des actions
contentieuses relatives aux recouvrements des créances du trésor et des litiges relatifs à la situation individuelle de
leurs fonctionnaires et agents.
Le contrôle des actes des collectivités territoriales par les juridictions administratives est effectué principalement
dans deux cas : le recours en annulation pour excès de pouvoir qui doit être introduit dans le délai de soixante jours à
compter de la publication ou de la notification à l'intéressé de l'acte attaqué, et l'exception d'illégalité qui ne peut
être invoquée que lors d'une instance juridictionnelle (sans condition de délai).
2
Le contrôle de légalité externe porte sur la compétence de l’autorité qui a pris l’acte et sur la forme et la procédure
suivie pour son édiction. A cette occasion, le juge se livre à une appréciation de la compétence de son auteur. Il
s’assure également du respect des règles de forme (motivation de la décision, procédure contradictoire…).
Le contrôle de légalité interne porte sur le contenu de l’acte. A cet effet, le juge administratif contrôle tout d’abord la
conformité de son contenu au droit en vérifiant l'absence d'erreur de droit ou de fait. Il examine ensuite, dans le
cadre du contrôle de détournement de pouvoir, les intentions subjectives de l’auteur et vérifie que l’acte a été
effectué pour des raisons que retient la loi.
a-Le contrôle de l’autorité chargée de l’intérieur, des walis et des gouverneurs: un encadrement légal
de la décision financière de la collectivité territoriale
Ce contrôle relève des attributions des walis et gouverneurs en vertu des dispositions de l’article 145 de la
Constitution du 2011 et porte sur la légalité des décisions et arrêtés pris par les organes exécutifs et délibérants des
collectivités territoriales.
Dans le cadre du contrôle de légalité, les actes des collectivités territoriales doivent être transmis à l’autorité
gouvernementale chargée de l’intérieur ou son représentant dans un délai de dix (10) jour.
Ce contrôle a pour objectif la vérification de la conformité des actes financiers aux dispositions législatives et
réglementaires applicables en la matière. Si l'organe de contrôle constate des irrégularités, il notifie les remarques à
la collectivité territoriale afin qu'elle procède aux régularisations nécessaires concernant les actes pris. Il peut
également saisir le juge de référé des juridictions administratives pour suspendre l’acte objet de déféré.
Le contrôle de la légalité des actes des collectivités territoriales est censé constituer une garantie nécessaire pour
assurer un meilleur accompagnement des dépensiers locaux, dans la perspective d’une gestion régulière et efficace
des ressources des collectivités territoriales. Cette garantie se répercute positivement sur le contrôle budgétaire et
comptable.
3
chargé du recouvrement,…., est tenu d’exercer, au préalable, le contrôle de la régularité de la perception et de
l’imputation ainsi que la vérification des pièces justificatives prévues par la réglementation en vigueur et par la
nomenclature établie conjointement par le ministre chargé des finances et le ministre de l’intérieur ». Cet article
précise également que le comptable public s’assure, dans les mêmes conditions, de la régularité des réductions et
des annulations de recettes.
Au niveau des dépenses, le contrôle du comptable public est exercé conformément aux dispositions du décret précité
et porte sur les vérifications suivantes:
- l’exactitude des calculs de liquidation
- l’existence de la certification préalable d’engagement budgétaire ;
- le caractère libératoire du règlement.
De surcroit, le comptable public est chargé de s’assurer de :
- la signature de l’ordonnateur qualifié ou de son délégué ;
- la disponibilité des crédits de paiement ;
la disponibilité des fonds ;
- la production des pièces justificatives prévues par la réglementation en vigueur, dont celles comportant la
certification du service fait par l’ordonnateur qualifié.
En plus de ce contrôle, les comptables publics relevant de la trésorerie générale du Royaume assurent une mission
d’assistance et de conseil financier au profit des collectivités territoriales.
A ce sujet, les comptables publics sont appelés non seulement à informer les gestionnaires publics locaux sur l’état de
santé des finances de leurs collectivités mais aussi et surtout à les éclairer sur l’impact financier de leur actes et
décisions.
5
communaux et régionaux au suffrage universel direct194 et en accordant le pouvoir exécutif dans toutes les
collectivités aux présidents élus d’une part ; et en instituant un ensemble de mécanismes permettant l’exercice de ce
contrôle d’autre part.
Ainsi, le citoyen dispose, au moins, de cinq moyens de contrôle de l’action des collectivités territoriales et qui sont
tous institués et protégés par le texte constitutionnel, à savoir : le vote, la saisine de juge administratif et la
présentation des pétitions.
6
services publics et par entreprises les entreprises publiques, les collectivités territoriales dans ce cas peuvent, en tant
que prestataires de services publics, être soumises aux contrôle du Parlement par le biais des commissions
d’enquête.
7
8