Téléchargez comme PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 312
Sou rce gall ica. bnf.
fr / Bi bl iotheq ue nationale de France
,
PANTOMIMES ..
"An',. - CH.l'X, RUE BBQGEllE, 20. - ----- ,
Pierrot Marquis. - . PANTOMIMES, DE '.
GASPARD' ET CH. DEBURAU Traductioll par M. EMILE GOBY PREFACE PAR M. CHAMPFLEURY
PARIS
E. DENTU, EDITEUR . L1BRAIRE DE LA SOCIETE DES GENS DE LETTRES 3, PLACE DE VALOIS, PALAIS-ROYAL " . - 188 9
,
J'ose (i peine m'inquieter des celebr'es actew's morts, Ce theme de conversation vieilli( considerablement les gens. Par'ler. de madame Sctrah Bernhardt en l'an /900 feni dece1'ller (i ses admirateU1's un brevet de parfait rabclcheur; anssi me s!lisje prive volontairement des emo'tions d'ramatiques glle . m' ellt peut-etre pJ'OCltnJes ceUe legend(tir'e personne. . . Opposer dans dix ails l'allcienne Sarah a une demoiselle . . . Ijuelconque qui gr'impera sur les planches avec sa s(weur de pomme verte, eqU/:vaudrait it .affirmel' que l'herbe des prniries du pl'intemps de /900 n'offre pas la fraicheur de ['herbe printaniere des annees antecedentes. Le nom de madame BemhanZt n' a pas cOlde , ment de ma plume, quoique j'eusse pit parler aveC plus d'aut(wite de Talma ou de madame Bigottini, me fondant sur l'enthollsiasme de mes mais it a riwnque au tra- gedien premier Bmpire, it la vbuJI'I!e danseuse, cetle soif 'immoderee de touteschoses, ceUe ardeln' de tout comprend1e., , , , VIII PANTOMIMES . - de tout apprendre qui, au detriment de son char- . nelle, firent de madame, Be1'nhardt une Pique de la Miran-. dole. ' .
Plume ietee alt vent, Nttt de paille tourllo!)ant dans la . - tempete, polf,vant jouer, ainsi que l'a fait remaTquer un ioul'llaliste ame'ricain,le rOle important du manche it balai . - . . enfourcM par uile sorciere de Macbeth, tOU1' it tOU1' sculp- tew', ae1'onaute, voyageur autow' du monde, auteur dramatique, it n' a guel:e manque' Ii madame Bernhm'dt, pour parfaire ses divers talents, que de jauei' ?J.n solo de contrebasse ou de savoi1' frotter un escaliel', Ayant epuise le repertoire du the(Ure ancie1i . et modeme, l' actrice avisa dans un coin de son imagl:nation La' blanche defroque du Pie1'1'ot des Fllnaimbu'les" Ces hqbits oublies depuis long- , ' ' . temps lui pa'l'urent o//1'i1' la virginite qui convenait Ii sa nature. Le choia; d'u'n poMe fvt {C!-cilement fait dans son entourage 'et ,lors d'une 1'epnIselltation. exceptionnelle d'ttn certain Pi.errot assassin, qui fit couri1' tout Paris au Trocadero, madame Sarah B(}rnhal'dt apparut dans le blanc costwme 'qu' avaient consacl'e les lJeburau. ' Que d' enthousiasme it son e1il1'ee en scene! Que d' ap- plaudissements ! Que de [leurs! Trop cZ'enth01lsiasme! Trop d'applaucZisserrients! Trop de flew's! Le -masque 'israelite de l'actrice ne 1'C'ndait en quoi qtle. ce soit, me (lit-on', la spi1'ituellebonhomie duPien'ot consacre, finesse de' son' regard, sa bouche Ii la {ois ,r;rave et mo- quellse, In sobriete de ses gestes qui rappelle celle des figll1'es
PREFACE IX peintes sur les vases g1'ecs. Pas de liant, point de charme dQms l'ensemble, 1tne (lefroque b l a n c h ~ sur un pm'te-man- teau, des fils de {e1' s'agitant maladroitement sous les plis classiques dn pan talon etoffe, teUe (utla tantaisie quelque peu macabTe qui laisw les spectateurs conste1'nes, sans voix pow' acCiamer, sans mains pOUI' applaudir ... Un desastre! .:- Ah! mes amis, queUe veste! disait Sctrcey. Et pOliTtant ce fiasco, que l' actrice avait Tdve un triomphe, 11: etait-il pas dans. so,,!- essence; s i malvenu qu'il fiit, un 0 hommage rendu it l' ancienne pantomime. II
C'est qu'ils se tTompent ceux-ta qui pm'lent de la 1'ege- neration du theatre de la FoiTe O1t du theatre de la Comedie- italienne.Les erudits en ont cite quelques lazzis; 'les admi- rateuTS de Le- Sage n'ont' trouve dans son repeTtoi1'e du theatre de la Foire que de minces scenarios sans analogie avec la pl'ose du Turcaret. Par contre, it la suite de Wat- . . . tealL et des gillotades de ses imitatew's, le's peintres modernes . . retragaiellt d'un. pinceall complaisant des Pierrotrations . de (antaisie pendant" que les poMes enr.hdssaient dans la rime de leurs sonnets toute uneen umeration d' arlequinades don t le tremoussement {ournissait egalement aux musiciens d'in- genieuses harmonies imitatives. Sous cette bannieTe archatqu6 x. PANTOMIlIIES
marchaient doncpoetes, peintTes et c,ompositeurs; mais Us ne penetrctient guere plus loin que l'epiderme d'un art perdu, , , La regeneration etait venue pou.rtant d'WI acrobate appele Gaspard Debumu: II sut mjeunir ce qui ,subsistait de la pantomime de' son temps, en raviva les nuances effacees, donna une allnre nouvelle au pe1'sonnage enfarille dont il ameliorait l'emploi et devint ainsi le chef d'orchestre (I'/In SextU01' compose d'A1'leqnin, de Cas sa11dre, de Colombine, de Pier1'Ot, de Leanrl1'e et d'une Fee proted1'ice des amow's., Ce petit personnel suntt att nume' pendan:t de longues annees ponr exprimer loute la gcunme des passions et lm'sque De- bttrau monrut, . il legna a son fils tin mottle nettement crense, dans leqnel il etait possible de donner au public des epreuves de second tirage a peine alte1'ees, . , Qui a vu le fils pOllvltit jusqu' (I, un certain poillt se faire un& idee de la maniere de Gaspanl Debnrau.; il en (ut le , ' decalque vivant, Ie poncis dans fa bonne acception du mot; mais on relToi1.vera plus diflicilement, I' allure, le geste et les jeux de physionomie des deux mimes en lisant l' action sommai1'e des liv/'ets,' Qui pottTrait luge?' des developpements . . de Tom Jones, en n'ayant sow; les yeua; que les titres de chapitres dtt 1'oman de Fielding! . . Une misere pOllr les non-inities que de . tels libTettos, si ['imagination d'/tn esp1'it poetique n'en anime les contOli1's desseches, Toutefois, malgre l'anatoniie de ces scenaTios . de pall to- mtmes non imp1'imes du vivant de Gaspard Debllrall, S011 . , PREFACE XI fils entreprit de donnel' corps it des canevas conserves heu- reusement depuis son en(ance dans son cerveau. Ces cadres de petits tableaux de 1n,amrs, de scenes de genre {ormerent un repertoire (acile Ii jouer dams maintes peregrinations a . travers la pl'ovince et, Charles JJeburau empol'ta en France, et (l l' etranger .un prer.ieux souvenir paternel qui .semble avoir jete ulle vive projection sur tous les actes de sa 1lie artis- . tique. La fctmille du mime, qui (t pieusement 1'ecueilli ce theatre 'posthume, m'a demande l'autm'isation cl'y ajouter la Pan- tomime de l'Avocat, expressbnent compusee pour Deburau . , fils a ulle bienheureuse epoque de jWllesse at/' 1m eterllel azul' teint chaque chose de la vie. Un esprit aventur'eux, un croyant, telltait alar's d' ou- vril' un temple (tU Capl'ice, au; fronton duquel etait ecrit: . , Fantaisies Parisiennes : il etU pe,ut-etre plus sagement agi en illtitulqnt son thedtr'e Folies-Martinet. . Pour rn' attirer dalls le jett, on me presenta JJebu1'au, jenne, dislillgue, souple, qui arrivait de province avec itne compagnie de mimes devowis. La Colombine s'appelait rna-. demoiselle Bonheur', un nom d'hewrellx augure. Excite par cette rnlse en ceuvre, une gaie apres-midi de printemps j'ecrivis en deux heures, a ['ombre d'un mmTon- nier des Tuileries, le scenm'io de la Pantomime de l'Avocat. Beau r-eve qui nous tint six semaines en 1'Iipelitions. On aurait dii r.epeter Jtlsqu'a la fin des siecles et ne pas getter les Folies-Martinet par l ~ souffle de la desillusion, XII PANTOl\fJlI1ES - ~ . - - - - - - - - - - ~ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - . . Lesprit (ranc;a{s modifie ne comprenait plus rart disr;ret de l' ancienne pantomime, L' opdrette-botlffe sacrilege s'atta- quait a l'antiquite et, par un etmnge renversement des c ~ o s e s intellectuelles les plus sacrees, Pingard, a son gmnd reg1'et, etuit (m'd d'ouvrir a quelque temps de ta .les pm'tes rouiUdes de l'AcademJe d l'autem' (o1'tune de'( Buqui s'avance, , , CHA1I1PFL EU R Y,
,
ETUDE SUR LA PANTOMIME.
La pall/omime est Ie premier la"gage des homme., . BERNARDIN-DE-SAINT-PIERRE, 1 DE LA PANTOMIME . On a heaucoup ecrit sur la pan tomimc; on a 111aintes fois dis- serte sur !'importance qu'il convient de donner a ce gelll'e de spectacle dans l'ordl'e dramatiq ue. Il n'a .lJUS ete moins disc ute sur l'importance du merite des mimes qui se sont, a differentes . epoques, illustres sur la scene et dont les noms sont l'estes ajuste titl'e celebres, qu'ils s'appellent Hylas ou Roscius, Pylade ou Ba- thylle, Scaramouche ou Dominique, et,- de nos jour3, Gaspard et Charles Deburau, !\iais, si la pantomime a existe dans tous les temps et dans tous les pays, M, Saint-Marc Girardin nous se,mble et!'e duns l'erreur quand il avant:e que la pantomime n'a pas de caractere national. Il suffit, pOUl' s'en cOllvaincre, de jele!' les yeux sur les di1l'e- rentes f a ~ o n s dont eUe a ete comprise selon les epoques et selon les lieux, .. . Chez les Grecs, la panlomime n'est guere que l'accessoire de la clanse; chez les Romains, eUe devient rapidement l'objet d'une culture speciale. Ce n'est toutefois qu'a partir du Ier siecle de notre ere que l'on commen'<ll de designer sous Ie nom de pantomimes, , XIV PANTOMIMES des comediens qui l'essemblaient fort it nos danseurs de ballets et (lui reridaient leur role au moyen du gesle, de la danse, et sans faire usage de la parole. Athenes et Rome eurent dans ce genre de grands artistes; tel ctait leU!" talent qu'ils tlvaient, scIon l'expression de Cassiodore, une langue au bout de cl1[lque doigt. Accueillie it Rome avec la plus gmnde faveu)',.Ia pantomime ne larda pas a y atteindre une cm'taine perfection. _ Pylade de Cilicie et Bathylle d'Alexandrie qui excellerent, Ie premiel' dans la danse grave et pathetique, Ie second dans Ie drame comique enjouc, creerent un gelll'e dramatique nouveau qui, grace a leut's talents, acquit, de leur temlis ll1t:me, ses developpements les plus complets. . AdulCs par la jeunesse romaine, recherches pal' les femmes, les pantomimes se virent encore chantcs parIes poetes. Bientot leu!'::; spectacles se trouverent etablis dans l'Italie en- tiere et dans les provinces les plus reculCes, en Illyrie, en Syrie, et pal'ticulicl'ement ,t Antioche, it Carthage, it Smyrne, a Byzance, it Corinthe, it. Atbenes. . La vogue des speclacles mimes n'a pas eu absolument sa cause . dans la grande etendue des theatres qui rendait difficile l'audition des paroles. C'est un defaut qui amait existe de lout temps et n'aurait pas perm is les representations des grands clnssiques grecs et latins. , Elant donnee Tepoque it laquelie eIle s'est produite, it" convient plutot d'aUribuel' Ie s u c c ~ s des mimes ,t l'extension de la domina- lion romaine et au besoin qui en l'csulla d'avoir pour des repre- sentations, sceniques ayant lieu devant des spectateul's de nalions dilTerentes, une sorte de langue universelle: ce qui expliquel'ait les encouragements prodigues pal' l'empel'eUI' Augusle aces spec- lacles dont Ie niutisme etait, en tous cas, un SUI' g,lmnt contre les allusions politiques, Le pOUYoit' imperial l'estimait du moins ainsi. Mais quancl les pantomimes se vil'ent places si haut dans la favour puhlique, ils se permirent' ces allusions que Ie pouvoir n'avait pas cmes possibles, et Augusle dut sevir. ]) fit fouettel' Hylas et bannit Pylade. Bientot leurs exces devinrent tels que les persecutions se conti- nuerent so us Tibere, Caligula, Neron, Trojan, Domitien, q u ~ leur interdirent Ia scene non point- tnnt pal' crainte de leurs censures que parce qu'ilsajoutaient it la corruption des ll1murs. Les deux celebres mimes de Home, Pylade 'et Bathylie, qui Vi4
ETUDE SURILA.PANTOl\UMH xv
vaient en temps a hi fin du Ie, siecle de notre ere, avaient . chacun fonde une tres il'equentec. lIs se partageaient Ie pu- blic, et bien tot l'entholisiasme qu'ils .exciterent chacun de leur cote fit eclore des factions rival os comme aux courses du cirque, et donna lieu aux plus deplorables exces. . . Chasses de la scene, les pantomimes ne reparut'ent pas nioins conslamment; Ie peuple los redrmandait; leur faveur ne tomba, on somme,'qu'ayecl'empire romain. Ilss'etaient, depuis Domitien, refugies chez les riches particuliers OU i1s figuraient pendailt les repas. II 'Y avait des femmes parmi eux. Les plus s6duisantes ve- naient de l'Asie Mineure, de l'Egypte ou de Cadix. Leurs spec- tacles n'6taient plus alOl's qu'une serie de' scenes scandaleuses, oil . les femmes se montraient nues, et ou les dansesithyphalliques et les priapees ne satisfaisaient memo plus los debauches du Bas- Empire. Sur Ie langage gesticulant des pantomimes, il it ete longuement disserte. Parmi les modernes, l'abbC Vincent Beq ueno, l' Alle- mand Grysar, nos sayan ls Millin etCh. l\Iagnin ont recherche si la chironomio romaine elait un rirt do l'ondro les mots d'une langue a'l'aide d'un alphabet figure ayee les dOigts, ou si Ie mimisme s'adressait aux sens et a l'imagination de tous. II n'est pas dou- teux que c'est it ceUe derniere hypothese qu'll faille se ranger. L'arl du pantomime s'appelait witation, et Plutdrque nous ap- prend que la dause pantomime dait composee de trois parties : Ie pas ou la lilaIche, representant viyement une action ou l'ex- pression d'un sentiment; - la' figul'C ou attitude sculpturale que prenait Ie dallseur a In. fin de la marche; - enfin la demonstra- tion, traduetion des idees par Ie geste. La pantomime n'eut pas .d'autre pretention que d'Mre un diver- tissement, jusq u'au moment ou elle tomba dans la licence la plus eJIrenee. . C'est au VIe s.iecle, a la foire de Saint-Germain, que les panto- mimes firent leur. premiere apparition en France. Us furent long- temps les seuls comediens et nous accoutumerent aux divertisse-. ments du theatre. Venus sans dou te d'Italie, ils en apportnient Ie cote grossier du genre. Leur jeu etait d'un realisme si vif,' leurs postures etaient 81 'grossieres, leurs gestes tellement cyniques que Charlemagne dut, it cause de leur licence, les declarer incapables admis en contre les personnes d'une condition libre. ' Us disparurent entierement devant les trouveres, les jongleurs - XVI PAWl'OMIMES et les menetriel's; leur trace se perd pendant Ie moyen-age ou ce-, pendant d'aucuns pretendent retrouver la pantomime au nombre des amusements de cette epoque. ' La vraie pantomime theatrale ne reparait reellement en France qu'au XVIe sitde, vel's H:i76, avec la premiere troupe d'acteurs ita- liens mandes pal' Henri III a pour distraire sans doute de la politique les membres des trois oJ'(h'es pendant la tenue des ' La pantomime tenait une cel'taine place dans la comedie italienne. Les jeux de physionomie, les postures, les gestes etaient pour beau- coup dans la faveur dont jouissaient les comediens, et les lazzis jouaient un grand r61e dans les pieces de leur repertoire. Bien des siecles auparavant, du temps du roi Theodoric, it etait dejaques- lion de ces histrions -qui uonnaientautant de soufllets et de coups de haton qu'its debitaient de paroles, et faisaient plus rire pat les grotesques mouvements de leurs corps que par les saillies plus ou moins heureuses de leur esprit . ' Les divers personnages de la comedie italienne descendaient en ligne directe de ces histrions. Souvent les sauts, les pirouettes, les culbutes leur tenaient lieu de J'eplique; les bastonnades n'e- taient pas menagees, et la plupart des acteurs fanieux de la Com- medi( ,dell' A Tte fUl'ent des gymnastes de premier ordre. Les Gelosi appeles par Henri 1lI apportaient en henueoup de' points la tradi- tion romaine. ' A Rorne, les acteurs pantomimes portnient des masclues de gran- deur naturelle et appl'opries a leurs rOles. Ces masques n'avaient pas la houche beante comme ceux des auteurs tl'Ugiques ou comiques; on les appelait POUl' cette raison masques muets. Quelques personnages de la comedie italienne porta.ient aussi des masques. Les peintul'es de Pompei nous montrent les pantomim'es legere- . ment drapes, dans des poses variees, deployant une grande force musculaire et accusant de reelles heautes plastiques. Mais en m8me temps qu'ils conserYaient les souYcnirs,.les cos- ,tumes et les attl'ibuts des grotesques antiques, ils inventa.ient des caricatures nou \'eUes, des parodies satiriques. Partie des tl'eteaux, des parades de foire, des mascarades et divertissements de carnaval, la Commedia dell' ATte modCl'liisa et perpetua celle serie de types populaires aujourd'hui cosmopolites. Bologne, ville d'Uniyel'site, enfanla Ie docLeur, Ie pedant ridicule; de Venise, ville commel'<;ante, vint messel' Pantalon, Ie vieux mar- SUR LA PANTOMIMI! '. XVII . chand, magnifique ou avare, mais toujOUl'S dupe; l'Espagne, mai- tresse. alors d'une partie de l'Italie, fournit Ie Matamore, Ie JlI iles gloriosus de Plaute; Naples fut Ie valet fourbe, impudent, intl'i- gant, Ie Zanni contenant la tradition du Theatre antique. D'autres villes, comllle Bergame, foul'llirent les meilleUl's types de Mtise . 'Nous retrouvons ces personnages fondamentaux dans la panto- mime: ils s'appellent Cassandre, Gilles; Pierrot, Arlequin, Colom- binc, Tri velin, etc. Nous concluons done avec Ie savant M. Ch. Magnin, dont les I'enseignements sont si precieux, que. Ie drame populaire ct roturier n'a jamais manque d'egayer, dans les carrefoUl's, a ciel decouvet't, Ia tristesse des serfs et les courts Ioisirs des manants ; theatre indestructible qui a l'evecu de nos jours dans Ie paradis en 'plein vent de Deburau ; LhMLrc qui unit Ia seene ancienne 11,la modernE< ... L'erudition peut trouvcr ,1 ces joclilatol'es, it ces deillsores, ,;1 ces goliardi de nos JOUl'S et du .rnoyen-age, les plus honorables dans l'antiquitegL'ecque, latine, osque, elrusque, sicilienne, asiatique, depuis Esope, Ie sage bossu phrygien, jusqu'a. Macus Ie Calabrais jovial et contL'efait, heros des farces' atellanes, devenu depuis, dans Ies rues de Naples, par lao simple traduction de son , ., nom, Ie tres semillant seigneur Polichinelle. Dominique et Scaramouche fUl'ent les deux mirnes les plus celebres de la Commedia delfA rte. . Venus de Blois it Paris, les Gelosi avaient rc'iu pal' lettres patentes I'autorisation de s'installer a I'h6telde Bourbon, precCdant ainsi de (IUaLre-vingt-deux ans l'epoque ou Moliere inaugul'era sa carriere, dans celte m()me salle', avec les P'rl3cieuses Ridicules. Les Gelosi (jaloux de plnire) furent rapidement it In Il10de. Jls prirent, dit l'Estoile, quatre sols pal' t()te de tous les fralH;ais, et il y avait tel concoUl's, que les' qualre meilleUL'l:l pl'edicateul's de Paris n'en avaient pas tous ensemble aulant quand ils preschaienl. Les coniediens italiens ne jouaient pas'loutefois Ia pantomime muetle comme Deburau la comprit plus tal'd. ' , La Commedia delCArte comportilit des pieces padees, ou plul6t des canevas de pieces sur Iesquels les acteurs bL'odaient. Les lazzi, dont ceux-ci emaillaient Ie dialogue pour amuser Ie public, elaient bien moins des bons mots comme nous l'entendons, que les fan- taisies pittoresques de 1a panto mime. On peut en jugor pal' les exemples suivants: dans une comedie, ,t la fin d'uLl acte, Burattino, personnage comique, arrive avec un b , XVIII PAN TO Mll\lES pallier renlpli de provisions pour l'auberge. Avant de rentrer, il se dispose u manger trois ou quatre bouchees. 11 s'assiecl au milieu de la scene et pose son panicI' it. terre. Deux individus qui Ie guettaient viennent :l lui, Ie saluent avec force politesse ct s'as- seoient it. ses cotes. L'UIl des deux entame la cOllversation et attire son attention, pendant que son compagnoll puise u pleines mains (lans Ie panicI' aux victuaiHes, Le m8rne jeu se repele avec Ie second, et quand Ie paniel' est Yid6, tous les deux se.l'elirent avec les memes saluts, laissant BUl'Uttino constater, un pelllurd, que ses . ]IrovisioIlS sont epuisees et qu'j\ est la dupe de ces deux ltommes 1 ' S1 PO,IS, Dans une autre pioce, au moment ou les cOllvives vont se meUre :\ table, Ie facetieux Arlequin se hMe d'annoncer qU'ull incendie vient cl'eclater dans la cuisine. Tout Ie lnonde ,Y eoUl't. Lui, s'assied it. table, mange goulCnnent et se retire au relour de SOil maitre apros mnintes faceties, Ainsi, il prendla salade, y vel'se . un pot de vinaigre, .qlllltre saliel'es, des fiats de moutarde, tuute [,huile d'une lampe et la lampe elIe-meme, et l'etolll'lle Ie tout ayec sa balle et ses pieds. . Une autre fois, on J'l'appe ,lla l)orle; un valet y courl, revient saisi d'epouvante et culbute Arlequin. Colui-ei pI'end un pould . roti d'une main et Ull chandelier de .l'autre, et va yoir qui ,c'est. A son retour il renverse (IUall'e domestiques, tant il cst em'aye, Tout cola d mille aull'es lazzis sonL l'esLt\s de trudition dans lit pantomime, , - Scaral110uche avait alteint la' perfection supr8me duns l'art d'exprimer, sans Ie secours de la parole, toutes 'les idees pal' Ie seul jeu de ~ a physionomie, Angelo Constuntiili nous foul'llit un exemple de spn lalent : Apres [lVOil' l'Uccommode (mis en ol'dre) tout ce qu'il y a dans la chambl'e, Scaramouehe prend ulle guitare, s'assied sur Ull JilU teui! et joue en attendan t son maitre. Pusq uariel \'len t lou t doucernent deniel'e lui et pal' dessus ses epaules, bat lu mesure, ce .qui epouvante lel'l'iblemellt Scararnouche. En un 1Il0t, c-est. ici au eet incomparable Scal'amouche, qui a etc !'ornernent du thMlre et Ie modele des plus illustres cornediens de SOIL temps qul avalent appris de lui eet art si diflicile ct si necessaire aux pel'sonnes dc leur caraclol'e, de l'emuel' les passions ct de les stwoi [' bien peindrc SUI' Ie visage (e'est une allusion u Moliore) ; e'cst lci, dis-je, au il faisait p<\mer de rire pendanl Ull gros quart d'heure .
sun LA PANTOMIME XIX dans UIlC scenc d' epou vante ou il nc proi'erait pas Ull soul mot. H fliut convenir aussi quc cet excellent acleur lJossedait U un si ltaut degre dc perfection ce morveilleux talent, qu'il touchnit plus de cccurs pal' los soules simpliciLes d'ullo pmo nature quc n'en louchont d'ordinaire lcs Qratours les plus habiles par les charmes 'do la rhetoriquc la plus pel'suashic. Co qui fait diro ,1 un grand princo qui Ie voyait jouor ,1 Romo : ScQmlnuccia non l1(l1'/a 'e dice, gran eose, Scaramouchc ne parle pas et it dit los plus helles choses du monde. )) Et pour llii marC( ucr l'esLimequ'il faisait do lui, ,la comedie elant finie, il Ie manda ot lui fit du CtlITOSSC'U six ch'cvaux dans loquel ill'avait envoy(' quorir. Il a toujours fait les doliccs de tous les princes qui ront connu, ot notre invinciblc lIlonurquc nc s'ost jalllais lassc de 1 ui faire quclquo gdce. )) A la date dc f6G.1, nous trouvons, duns lcs comples de la cour, sur lil, liste des pensions que Ie' roi faisait ,L quelques-ulls dcs comediens italiens: " A Tiberio l<iurelli, di! Scuramouchc, chef de la troupe des ,'eomediens italiens, tant pour lui que pour' sa cOlllpagnie, pour leur entretenement pendant les lilOis d'aYl'il, limi, juin, 3,750 li- \'res. )) , Louis XIV avait d'ailleurs dcs raisons particuliercs pour temoi- gner un personnel a Scaramouehe. Lorsque ce comique vint en France, en -!G39 ct -!GiO, il lui ani nt cette a ven- ture: Un jour qu'il etait avec AlIl'elia (Brigida Bianchi) duns la chambre du dauphin, qui fut depuis Louis XlV, Ie prince, qui avait alors deux ans, fut de si ll1auvaise humeur, que rien ne pou vait apaisel' ,sa colere" et sos cris. Scaramouche elit ,1 la reine que si elle youlait lui pennettre de prendre l'enfant royal dans ses bras, il se Iluttait de [e calmer. La reine l'ayant permis, il fit alors tant de gl'imaces et des figures si plaisanlcs que, non seule- ment l'enfant ccssa de plemer, mais encore qu'i[ fut pris d'unc hilarite dont les l'esuItats gatercut les habits de Scaramouche, ce qui redoubla les eclats de rire de la reine et de Loutes les dames ot seigneurs qui etaient dans l'appartement. Depuis ce jour, chaque ('ois que Scaramouche venait it la cour, il avait orcll'e de se randrc ' aUpl'eS du Dauphin, etc. )) Un autre comedien de la troupe 1La[icnne egalement fort ilIa mode otait alors Dominique. Son talent ogata ccIui de che. II Illultiplia lcs /azzi dans ses llieces, et, dallS lit plUpHl't, ils Igrmaient prcsque la lotulite elu SlJCctacle.
xx AillSi, dans les Quatre Arlequins, c'btait une successiOll de cas- cades de la des quatre sosies qui faisaient taus exactement ]a chose, pLongeaient clans la stupeur Ie veritabLe ArJc- quin, qui finissait par se desespel'er et faire des sauls el des extravagances imites immediatement paries autre;;. ) CetLe tentative Vets un spectacle l)t'esque entierement inime ne semble i1\IS avoil' eu une grunde portee it la premiere represen la- tion. Dominique les accenlu1l. cependant encore plus dans la suite. Dans un recueil de noles laisse pal' lui nous trouvons ces lignos: (( n faut que nous filssions des postures d:esll'opies, de gros ven- tres, de tourner les mains derriere Ie dm, de former des attitudes singulieres; ces cOI'l'eGlions ont filit leur elTet et onl mieux reussi ilia seconde representation. Tout cela est, on Ie Yoit, pUl'ernent fUllambulesque. J"e plus curieux, c'est que ces culbules' et autres singeries rigreables, corilme (lit Gh6rardi, se succ(1daient SUI' la'meme scene oil 5e 'jollaient les chefs-d'ccuvre de 'Ia comedie fralH;aise, des Femmes, Ie Misanthrope, Torture. I'Avare. On suit qll'nlol's, en elret, les com6diens' italiens aILel'llaient avec les comediens fl'llll- ,<als. ' . Dorninique n'etait pas moins bien traitc que Scanunoul;he. Sur Ie lncme com pte de 1664, on Ii t : . ( A Dominique Locatelli ot Dominique "Biancolelli, l1lusieiens (sic) italiens, tant pour eux que pour les autres com6dieils, VOUI' It:UfS apPointements pendant le quartier de janvier, 3,700 livres. On prctend qu'il sa mort Dominique laissa 300,000 lines de hiens! Malgrcles ]ll'ogl'eS de Iu pantomime. dUllS les spectades du genre , italien, Ie mot semble eucorc nouveau en 16iO. Moliere y lhit allusion dans les Amallts magnifiques (al;te Ie .. , scene VI) e\. it. en donne la definition suivante pal' Itt houche de Cleonice: (( Ne vouJl'iez-vous pas, madame; Yoil' un petit essai de In dis- position de ces gens admirables qui veulent 5e donner ,I vous? Ce sont des personnes qui, par leurs pas, leurs gestes et leurs rnou- vements, exprirnent aux yeux choses, et on appeLLe Gela panlomil)1es. J'ai tremble a vous dire ce mot; et il y a des gens de notre cour qui ne ,me Ie pal'donneraient pas. ) En ce qui concel'llC l'ait du mime, 'Moliere n'avait eu garde de negliger ce cote si important de I'art du cOllledien. II est ires certain qu'ill'e(;ut des Je,<ons de Scanunouche. Voil;i, a ,ce sujet, ce que ,llOUS trou\'ons clans Elomil'e hypocondl'e, la vio- SUR LA PA.NTOMIaIE XXI , lenle satire de Leboulanger de Chalussay contre l'aut.eut .. de Tar':' lufe: . . , .. ,. Par exemple, Elomire Vent 'se rendre parfait. <lans Pad de faire I'ire:
Qne fait-ii, Ie matois, dans ce hal'(li dessein? Chez Ie grand ScaL'amonche il va soir et lIlatin, L,I, Ie miroir en main et ce grand homme en face, II n'est contorsion, liosture ni gL'imace . Que ce granrl ecoliel' riu plus grand des houffons Ne fasse et ne refasse en cent et cent : Tantot, pour exprimer les soucis du 1l1enage, De mille et mille plis iL france son visage, . Puis, joignant la pttleur a ces rides qu'il fait, D'un mari malheureux: il rend Ie .vi'ai portrait, Aprcs, pOllssant plus loin cette triste figure, D'un cocu, (l'un jaloux il en fai.t la peintul'e; Tantot, .1 pas comptes, YOUS Ie yoyez chercher . Ce qu'on voit par ses yen x: qu'il craint de rencontrer .. Puis, s'arl'etant tout court, eeumant de coLere, Vous diriez qu'il surprend une femme adulterc, Et 1'0n croit, tant ses yenx peignent bien cet affront, . Qu'it a In rage au' comr et les cornes au front. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , Dans la promiscuitc des deux .iiltcralures, des deux tltclltl'eS, les italiens et Moliere n'avaient pas ete sans se pillet' mut.uellement. Les vieux types de la Commedia dell'Arle avaient successh'e- ment subi de profondes tmnsformations et dans leurs caractcres et dans leul's costumes; et quand Ie genie de Moliere eut Hni pai' rein'porter sur ses 'voisins l'ivaux, ils disparurent sous l'influence de respl'it fraw;ais; ils furent desormais proscrits ,en Italic mellie, aycc moins de l'igueul' tOlttefois qu'en Allemagne, ou; dans line l'eprcsentatio'n solennelle, lepnu\'I'e Al'lequin fut brllle en effigie sur III scene de Leipzig, . Pierrot, Arlequin, Leandre, Cassan\lre, Colombine ne sout plus aujomcl'hui chez nous que l'ombre de ce qu'i1s furenl. dans la . comedic itlilienne; nOliS les avons revus aux Funambules et nux Folies-Nouvelles; en Italic, on les cherche dans quelr[l.les petits theitres ou parmi Ies mnriOflnettes. Au XVlll e siecie, Ia pantomime brille au thcatre italien, Olt nous lrouvons, en 1768, un ncteur du nom de Hoger nssez fameux; de meme SUt' les petits de la foire et des bouievanls, auxquels etaient interdits Ie dialogue et Ie chant.' .
, XXII PANTOMIMES La creation de l'opera en F,"ance avait entraine un genre de spectacle auquel on nvaif donne Ie nom de pantomime; c"ctuit un hallet .mylhologique danse et pal' des acteUl'S masques. Les . roles elaient d(jsignes par des eoslumes de comiention appeJes . ' ' camcteres. Le JlIensonge porlait un habit ganli de masques; il avail des jambes de bois et tenail a Ia main une IanLerne sourelc. La lIJusique pOltait une robe chargee de noLes. Le Vent avait un habit. de plumes, un rnoulin ;1 vent sur la tete, un soulllet it la I'puin: Le Jl{nnde porlait un vetement ornc d'inscriptions gl;ogTnphi- _ fjues; sur Ie CroUI" on lisait Gallia; sur un hnls, Hispania i sur I'autre, Italia; sur Ie vent.re, Germania, et, de I'autre'cote, terra attstmlis incognita. . ' Noverre, alors directeur de i'Academie I'o)'nle de musique, sup': pl'ima les masques et les paniers et les remplfH;a par des costumes . '. , uppropnes nux personnnges. , C'est d'une revolution HlIssi importante dims In pantomime que rapparition de Deburau ,sera plus tard Ie point de depart. , Jusqu'alors, .les restrictions que les Jlrivileges de l'Opera et 'de la Comedie-}'ranr.;aise permettaient, cI'imposel' flUX representations cles scenes de la foire, semblaient. devoir l'elGguCl' Gternellement la pantominle dans Ie Inill1odrnme, imitations des pieces reservees aux grands thGtlLres. Les farces c1nns Ie genre italien n'attiraient plus que Ie JloJlulai re. ' La revolution operee dans Ie ballet par Novenc pel"lllit aux danseurs, en cleml1squant leur visage, de montreL" un grnnd tnlcnt dans l'expression des sentiments par les jeux de ph.l'sionomie. . Aussi ce genre cst-il reste Ie triomphe de In pantomime scrieuse . . Il s'est glisse, meme clans)'opera, temoin Ie r61e de Fenella clans La IIIlteite Portici, compose pOUl" la l\Iontessu, qlli Ie rendait en eiltier par Ie gcste et par les mouvements de la physionomie; de Ie role du Vieux Capoml, ou }?rederick s'est montre admi- rahle, et celui du Mltct (l"Jngo!t'ville, Oll Ie grand com6clien Bouf1(S se montra SOliS qn nouveau jom. II appadenait it Gaspard Deburau de creel' rlf' nos jours]a v())'i- lable pantomime, la pantomime apte it exprirner toutes les pas- sions, au moins.quant it leUl"s physiqu'cs. . Par l'irreguJiere originalite de son talent,' it la plao;a au rang des 'formes les plus remarquables et, selon l'expression de Jules Janin : Dans ee monde ust', il se montra tout neul'. . , .
" , ' II r COMMENT SE JOUE LA PANTOMIME Comme on s'elonnait un jour devant Charles Delmrau de la des bons comediens, la cause'vient, dit-il, que tous les ncteurs ignorent I'art de 1a 'pantomime et ne savent pas accordel' leur physi9nomie et leurs gestes avec les paroles qu'ils pl'onon- cent. J) , J'appelle physionomie, dit Engel, clans son ouvrage Les idees s!tr Ie geste, un art semblable it celui de Ia pantomime, cnr tous Jes deux s'occupent it saisir l'expression de l'ame dans les modi- fications du corps, avec cette diITerence, cepeDdant, que Ie premier dirige ses recherches sur des traits fixes et permanents, d'apres lesquels on peut juger de rhomme en general, et l'autre sur les mouvements momentanes du corps qui indiquent telle situation parliculiere de l'ame. 'J) Examinant egalement Ie rapport du mime au comedien, Engel njoutait : L'art Ie plus v!'Ili et Ie plus par Ie bon gOllt, ,sera it tou- 'jours, it'mon avis, celui dll comedien; et je crains que l'un et J'autre de ces arts ne puissent tltre portes ensemble a leur, per- fection sans que Ie premier voie diminuer la marche de ses aninteurs, et, qui plus est, sans qu'i! perde vel'itablement de son prix. comedien pourrait pi:ntager l'aclmiration clll . public pour la pantomime; co sentiment poulTait l'engager lll'imiter, et Ia peinllll'e des idees, objet essentiel de la pantomime, pourl'nit lui faire oublier I'nrt plus reel et pIllS noble de ['expression. Ou, si cela n'arrivait pas, Ie comedien pOllrrait, du moins" ndopter Ie jell trop riche, trop vif et souvent trop mnrque des pantomimes; earecllli-ci, suivant la judicieuse remarque de l'abbe de Bos, doit, pOUl' devenir intelligible, rjOndre ses demonstrations plus vives et son action plus accusee que Ie simple comedien. Et la vrnie mesure, qui, dans tous les arts, fait la condition essentielle de Ja beaute, se trouve si difficilement sans cela ! La pantomime etant la figuration des idees et des sentiments,
XXIV
PANTOMIMES c'est Ie visage, siege principal de leur expression, qu'ils se manifestent significativement au spectateur ; les mouvement" de la i)hysionomie s'appellent mimes. C'est Ie visage, dit tavater, qui est, sans contredit, la prin- eipale partie de la tete de l'homme. C'est Ie rniroi1; Oll plutot J'ex- pressioll sommaire des mouvements de l';ime. L'esprit s'y en particulier sur Ie front et dans lessourcils; la honte ou la nature morale, tant active que passive, dans les yell x, sm les joues et sur les lev res ; la nature animale dans la partie inferieure du visage, depuis la levre infcrieme jusqu'au col. )) ; .. Tout doit jouer dans Ie visage, lIOUS disait Ie .vieil actcur B0Ufi'C; rien Ile doit en entravel' les mouvements; Ie front surtout doit titre enlierement 4egage, les artistes ne devraient pas l'ou- blier; ainsi moi, je me suis loujours fait raser les cheveux assez haut sur Ie front de maniere ;t ne pas porter de perruques em- pietant sur celte partie de mon visage et lui laissant par conse- quent toute liberte. )). Roscius ;\. Home, Garrick en Angleterre, Talrna chez nous, ne fllrent des comediens fameux, que parce qu'ils furent en meme lemps de scrupuleux ohservateurs de l'art mimique. Assurement, Ie theatre italien oil regnaient Arlequin et Colom- hine n'a jamais dispute la preeminence ;\. la scene il n'a jarnais mis ses eanevas it !'improvisation en parallele avec les chefs-d'reuvre de COl'lleille, de Bacine, de Moliere. Fidele aux primitifs, il a demande it des moyens plus simples, dt ulle nature moins nohle, I'art de pIn ire d'abord au peuple d'en bas, all vrai peuple, sails lettres, mais non sans passion, dont \'ideal est plus pres de la teITe que du clel et ne Iaisse pas d'Hl'e un ideal. Ce peuple qui' ne raisonne point ses emotions, qui n'en- tend rien It l'esthCtique allemande, qui tient aux eflels et lie s'emllatTasse pas deslheories, aime Arlequin clepuis deux siecles, et, de nos JOUl'S, Dehurau l'avait conquis, Deburau fils semble avoil' ajoutc au domnine iJUternel, cal" it a trou\'t:) des udmirateurs dans toutes Ies classes de In sodcte, et le spectacle tl quatre sous est. derenu, dans bieri des villes, Ie spectacle it 4 francs. Nous conviendrolls sans peine que Ie genre de la pantolnillle, s'il est Ie plus dilliciIe, et peut-Hre parce qu'il cst Ie plus tii/TIcile, n'est pas celui qui plait Ie plus, generalement, a cause elu t.ravail comprehensif qu'el\e exige des spectateurs. , 5es manifestations sont exemptcs de la parole [Irticulee, iI aspire it exprimer toutes les pensees, tous les sentiments et. JllS-
f;T'UDE SUR LA PANTOMIME xxv qu'<l leur val'iete de details, .j usqu'a leurs moindres nuances. Sans doute ee n'est pas trop, comllle disait Galais, de la parole jointe tt l'action pour exprimer les nuances de la pensee; aussi Ia pantomime, privee du plus puissant de ces deux moyens, est-eUe obligee de ramasser, de concentret' les forces dont elle dispose. Pat' un heureux privilege qui tient it la dimculte de la pantomime, elle eloigne du discoul's Ie remplissage et les phrases inutiles; eUe ne peu t rendre quc des idees vraiment suhstantiel- les. Voila pourquoi elle est si si ncrvcuse ; voila pOUl'quoi eUe. a sur tout autre Iangagc, l'avantage de Ia precision, de la net- tete, de l'exactitude; voila pourquoi enfin eUe est plus vjhe- mente, plus chaleureuse que l'eloquence meme. Les eomediens ne devraient pas negliget' l'etudede la mimiquc; Ies artistes Iyriques y trouveraient Ia source de Ires grands effets. - . lis devraient toujours avoil' en vue ce grand principe, qu'au the,Ltre Ie comique est heaueoup plus dans la mimique et dans la situation des acteurs que clans Ie dialoguc. . Pourquoi done atIeeter un dedain superbe pour uilart dont la danse n'est quela IJrillante fille? a ecrit un professeur a l'in- stitut des sourds-muets de Paris, M. Ferdinand l3erthier, pour un art,' reflet admirable de l'ame? tfllldis que, en verite, on fait beau- coup trop d'honneur aux ronds de jambes, aux pirouettes et aux entrechats. Ne Ie regarde-t-on par hasard que comme .un delasse- \l1()nt sans port6e, comllle un accessoire utile tout au plus pour relever Ie pretendu merite superieur de la danse? Quelques ges- tes de Talma electrisaient la foule en complelant la tirade. Si je me rappelle mes souvenirs d'enfnnce, je ne sais quel secret instinct, quel ehal'l11e irresistible m'entrairi.ait toujours, mal- gl'e mon infirmite, . vel'S' ce thMtt'e fait specialement pour mes orcilles; Talma eut bien pu devenit dams. h pantomime Ic rival de Garrick, sUl'llomme, a juste titre, Ie Roscius de son epoque; iI etait panenu it rendre', a. l'aide des gestes seulement, dc 1001gS monologues et a. jeter autant de clarto dans les recils que s'il eil ellt articule les mots. Eil j834, quaml Lheric donna au public Ie Sanveltl', piece empruntee en partie a l'Analole de MOle Gay, In. paptomime essaya de rentrer dans la simplicite primitive et de reconquerir cette originalile frappante qui doit former son prin- dpal Parmi lcs autres qui ont montre .quelque talent de pantomime, cHons MOles Volnys, BouJl'e, Mile Dejazct et MOle Dorval, etc . ,
XXVI PANTOMIMES , - .' Mais quel plaisir Ull sourd-muet peut-it go uteI' au theatre? Dans les jeux de la scene tout n'est pas sacrifiG aux plaisil's de l'oreille. On ne I'efusel'a pas sans doute au sourrl-muet. la faculte de jotiir de la pompe du theatre, du prestige des decorations. meme nous accordera-t-oll un sentiment assez delicat pour savourer la volupteuse poesie de la dallse des Taglioni, des DUyel'- nay, des Legallois, des Fanny Essler, des Montessu, une inime incomparable, qui crea, a l'opera, les grands' ballets d'Aubcr, d'Herold et d'Adam. La Taglioni de son cote, cree kl'olepl'ineipal mime du Diei et de La Bayadcre, opera d' Aubel'. Mais hoI's de hi, de l'opera et de ses ballets, on nous abandonnera encore peut-etre Deburau ou tout autre Pierrot du Boulevard. Toutefois, moi, muet, je n'oserai pas toucher au colosse 'enfal'ine des Funambules; mais .ie vous parlerai de Melle Mars, de miss SmiLlson, de Mme Malibran, qui chaque fois' qu'elle jouait un rOle nouveau m'inYitait, pauvre soul'd-muet, a nssister it la representation. Et j'ose Ie dire, au risque de yoir cl'ier haro sur ce hlaspheme, .ie n'etais pas un de ses moins chauds admirateurs. C'est qlle, dans cette granae artiste (elle Ie savait bien) il y avait deux immenses talents, chacun, assez gl'and tout seul POUI' l'emplir lIlle de jluissantes et ravissantes emotions. Son merite n'elait pus tout entier dans son gosier; elle avait une lime de feu, une tlme elec- trique, dont les secousses ebranlaient tout ce qui l'entourait. Elle voulait donc que son comme ellC disait, vint assistei' it toutes les representations; et sitot la toile baissee, sous l'impression pnlpi- tnnte encore de son jeu, j'allais lui 'rendre lin compte naIr de mes sentiments. Diderot, qui n'etait' pns sourd, se plaisait it se faire sourd, pour mieuxjuger flu jen des acteul's, et it se procu'mit ainsi de nouvelles .ionissances. . '. 1I ya dans I'(cuvre du comedien deux parties dislinctes, ([uoique Iiees et confondues ensemble. Par l'une qu'on appelle Ie dtSilit, ['acteur est, j'imagine, l'echo plus ou moins fidele des iMes du poete. II serait supertlll de Ie dire, cette partie n'est pas du res- sort dusourci-muet. Par l'autre, qn'on nilpelle l'actioll, Ie dien devient artiste, inventeul', el'l:ateur. JL saisit l'espl'it de son I'ble, et ;1 ectte idee il donne des formes sensibles, un corps, un visage, maio un corps reel, qui marche, qui agit, un visage vivant, avec une lline qui s'y montre It nll, avec ses doulenl's, ses .ioies, ses craintes, avec toutes ses pnssions honnes ou mauvaises. Celte idee du poHejaillit sous une forme humaine du cerveau elu eome- dien; celui-ci .s'incarne en sa creation, et cette pm'ait ETUDE SUR LA PANTOMnlE XXVII . . devant vons, vivant de sa pro pre vie, sentant de son propre crellr. L'auteur a disparu, je ne Ie vois plus, je ne songe meme plus a Ie chercher; je vois un hommc d'un autre temps, d'un autre pays, que I'art It dli cvoquer avos yeuK. Cet art-Ill, Ie sourd- muet peut I'appl'ecier mieux que vous. Des dilTerences d'appreciation meme sur les caracteres de la pan- tomime, it est resulLe des differenccs lion moins gran des dans la maniel'e de Ia jouel', . NOlls ayons vu, du temps de Gaspard DebUL'au, In pantomime melee it la fois de chant, de dialogue, de danse. Charles Deburau n'y ndmeUnit pas un mot, pas un son, Les exclamations, Ie r1l'e, Ie:; soupil's devaient etl'e mimes, Telle n'est pas; nous Ie savons,' la m6thode italienne et encore moins eellu de la pantomime . n nglaise, Beni soit Ie silence de Ia pantomime! s'ecria1t Xavier Aubryet. ' lL VOllS repose desftlcheux et des bavards, Il fait oubliel' ce vilain aphorisme: Ia a ete don nee it l'homme pour d6guisersa pensee, II a rail' d'etre la mise en pratique de ee' mot si profond of s1 sincere de Royer-Collard: nne 1'aut parler de quoi que ce soit it qui que cc soit. Aussi blamerai-je dans la pantomime cctte corrup- tion mod erne qui cons1ste a -y admettre Ie rire ou Ie cr1 : si j'en- lends dans cette region dn repos absolu pour l'oreille, Ie moindl'e son de la voix humaine, Ie prestige est ['ompu, ,J'irai plus loin: il ne serait meme pns pm'mis it un chien (\'aboyer s'il avait It paraitl'e dans une pnntomime, Ie plaisir sCI'ait qu'il simlildt l'uboiement. C'6tait l'opinion de Charles Dellurau : c'est la notre., Quant a la musique, nous ne partngeons pas du tout l'avis de M, Ferdinnnd Bm'thier. Tout au contraire'de sa proposition nous pensons que la musiclue est I'accompagnement force de la panto- mime; non pas pOUL' lui fnire interpreter les expressions du mime ni pour seconder les mouvements pnssionnes et tumultueux dc son lime , mais parce que ]a pant.omimc etant pnr son essence llLl spectacle destine it frappe\' notre imagination, epe a hesoin du eoncours de l'nrt qui parle pnr-dessus tout a nos sens, . ; A.ux mimes, lisons-nous dans les Souvenirs des funambules, iI , Ihut une musique douce, tantelt-vive et tnntot melancolique, qui ne . trouble pascc monde plcin de calme. ' II est important qu'on ne cherche pns d'autres compositeurs que ccux du XVIIl e sieclc et qu'on a Gretl'Y. I.e chef d'orchestre dCco'uvrira des accords precieux dans la musiqlle allemande et italienne OU siecle passe. ) , XXVIII PANTOllIDIES Et M. Champfleury ajoutait : . Avant les trois grands compositeurs allemands Haydn, Mozart et Beethoven, (lui ont tire des (luaf.uors et des quintettes toutes les expressions dmmatiques que la rnusique de chambre peut donner, it existait un maitl'e, Boccherini, dont les melodies'brillantes ont, par cette raison, passe,de mode. La musique de Boccherini, c'est un ruban coulcudell, consol've au fond -(l'une vieille commode en bois de 1'0so .. Un quintel.le de Boccherini fait sOUl'ire, On serait heureuK de l'entendre la tete recouverte d'une jolie pOI'l'Uque. C'est de 1'exceUente ll1usique pantomimique. Le drame 'de la Pantomime de I'Avocat fut joue au son dos melodies de Boecherini. Mais la musiquo ne samait etre utilisee pendant la representation de la pantomime que pour Toh1pre Ie silence obst.ine de la scene. Heste main tenant la question tant contl'oversee: quels seront los ,camcteres do la pantomime actuolle? Nous a'vons indique au cou I'S de notre etude, pm;' queUes ,phases, diverses eUe ayait passe et comment les Deburau' notammentl'ayaient 'successivement appro- price non pas tant u leur idee qu'a leurs fllcuites memes. Tout en enlevant aux personnages de la Commedia dell'A ?'le une partie de leur earactere originel, lout en les model'l1isant, ces celebres artistes n'etaient pas a\les,juSqU"'L les changer absolument. lIs representaiont comme nous 1'avons dit des types do' tous les temps et de tous les liouK, des types cosmopolites, . Gaspard Deburau les avait donc maintenus dnns Ie genre nou- yeau qu'i! avait donne it la pantomime, comme pal' exemple dans Ie Billet de mille francs, Ie, Songe d'Or, ,los Jotis Soldals, Ie -Tollne liel', etc. ot comme plus'tard son fils,les introcluisiL dans piecos, ainsi quo l'ayaicnt fnit, (l'ailleurs, les autres auteurs de panl.omimes, ClIampfleury dnns la Pantomime de l' Avocat, Horae,e Berlin dnns . Pie/Tot Tarlu/fe, ete. La pailtomime ciassique n'en avait pn's pOll I' cola perdu ses dl'oits. Dans bien des ,pieces de Gaspard et de Chal'les nous retl'OuYons les types primitii:s de Pierrot, Cassandre, Colnm .. bine, Triyelin' etc., entre autres, Pierrot Coil few', les Dupes, les Deux Jocrisses, mais' cela n'aynit pas empeche los critiques de prendl;e parti' pOUl' run ou pour 1'autre do ces deux mimos. Dans In. comedie tl. masques, disent les les types doivent etre invariables; ii.n'y est pas pOl'mis de rieli changer 11 leur caractere ni a leur costume. Ce sont des figures impersonnellcs et d'une generalite absolue; chacune d'elles l'epl'esente d'une exageree et comique; avec l'accent lJue necessite Ie masque, une
XXIX des categories de l'humailite. M. Champfleury passe, nupres d'eux, pour avoir commis une heresie lorsqu'il nous a fait voir PieITot, eleve chez Cnssandre, habille tout de noir, en peLTuque rousse et ne consenant de son type que Ie pltitre qui lui blanchit la face! Celle audace les epouvante. Selon eux, Pierrot doH toujOUl'S (;onserver 8a casaque a gros boutons, ses larges pantalons d'une entiere blan- cheur et son tal1'etas, noir'. Ils admettent bien, - (;ette concession leur para it meme trop large, mais enHn ils la f0l1t - qu'a de certains moments, pOUI' les besoins de la piece, Pierrot s'afl"uble de quelque harde indiquant qu'il veut se traveslir. ' Dails Ie Biliet de mille Deburau pere, subitement enridli, allait en soiree chez une duchessc et, pour (;ette solennite, il endossait un pharamineux ft:ac vert-pom}lle; mais, au commen- cement de In piece, on l'avaitvu avec Ie costume tradilionnel et iL Ie reprennit au deilouement. Eh bien! les purs, les classiques de III pantomime, tl'Ouvaient encore Ia li(;ence un peu forte. La vraie pantomime, disait un autre, n'a, Dieu Jnerci, rien de commun avec un genre de mimique 'allichant la pretention d'ex- primer des idees nbstmites, des theories philosopltiques, sociales, humanilaires, et llj} parvenant qu'a blanchir des systemes passtis de mode et de (;ouleur. De celle-ld je pense, comme Ie rat de La Fontaine; , I Bien ne te sert d'Mre furinc; Cal', quand tu serais sac, je n'approcherais pas. Et si je m'en tiens envers eUe it celte resel'\'e, si je ne dellonce pas plus hautement les .usurpations de mascjue et de titre, eest uniquement par egard pour des eCl'ivains qui, faute de savoil' cCI'ire, ell sont rCduits a faire clIollcer par gestes leurs idees ou Gelles des autres. D'aiUeurs, on ne IrtecOllllait pas impunement les droits du geste et les regles de la mimique; aussi n'eri a-t-elle pas pOUl" , longtemps, cette pantomime [1 idees, ou soi-disant telle, tandis que la 'Pantomime sans idees; celie clont Le type inconscient et legerement bestialse retrouve toujours identique it lui- sous les ruines de nos 'plus antiques monuments, la panto-' , mime se bornant it. inimer des sentiments, cles sensations, tout ce que ni la langue ni la plume ne sauraient dire aussi bien qu'eUe, l'ancienne, la simple, celle-hi immortelle. C'est alle1' un pell loin, et un fait a, d'ailleurs, 1'epondu it co
xxx l'ANTOMIMES pamooxe : c'est regal SUCl:eS obtenu pendant trenLe ails en France et .ll'etranger par Charles Deburau. La pantomime etant ft Ia [ois un spectacle et un aCte, peut s'appliquer partout 011 il Y 11 matiere . ,\. comeilie, et sa difficulte nail des variations u illtl'oduil'e dans la . figuration des caracteles. - TheophiJe Gautier a inditluG les siguilkations allegoriques des types de la pantomime. EJle cst, dit-i1, la Toelle comedic humaine, et, Ilien qu'elle n'emploie pas deux mille pel'sonnages, comllle celie de M. de Balzac, elle n'en cst. pas moins complete. Avec quatre ou dnq types, clle suffit 1\ tout. Cassandre represento Ia fiuuil/e; Leandre, Ie bellatre stupide et l:OSSU qui agree aux pa'rents; Colom- bine, nelGa I j Ia BGatrix, Ie reve poursuivi, Itt fleur de jeunesse et de beaule ; . Arlequin, muscau de singe et corps de serpent, a vcc son masque noir, ses losanges bigalTes, sa pluic de paillettes, J'amour, l'espl'it, la mobilite, I'audace, toules Jes quaJites et tous les' vices brillants; Pierrot, pulc, grele, 'vetu d'habits blafurds, tou- JOUl'S aflame ct toujOUl'S hattu, l'esclavc antique, Ie proletaire, Ie paria, retre passif et desherite qui assisle, morne et SOUJ'/lois, aux orgies et a ux folies de ses maitres. La pantomime de Deburau revivra-t-elle chez nous? Helas ! pourquoi. faut-il qu'i! soit pC/'mis d'en douler! L'anglomanie, .1 laquelle 1I0US devons les l:ourses et les lalons plals, a devoyc notrc gout de ce spectaclc qui avait enchante nos peres. La pantomime anglnise a planle son dJ'apeau chez nous, et ron comt eclnter de l'ire aux grosses charges de ses acrobates j J)endant que Pierrot dort dans son blanc linceul, Auguste, en h!lbit no iI', a ses fanatiques. N'ayant pas compris les expressions fines et spiriLuelles till Pierrot f'raIll"ais, les Angluis se sont bien.gardes dese J'npproprier. 11s s'en sont cree un qlli.rend justement Ie contntil'e du nutre. lis se sout habitues au jeu plus exngcre de leurs downs; leurs pantomimes semt plus riolenles et sontplus dilliciles u rendre ct it (Jeplacer. LClIl' clown ressemble it notre Pien'ot COIllIlle Ie dogue rflssemble [lU (;uniche ;YAuguste que 1I0US leur avons pris est it Pierrot ce que Grille-d'Egout est it i\lme Snngalli. . . <! Le Pierrot anglnis, disait Ch. Baudelaire, Il'est pas Ie pel'soll- nnge ptlle comll1e la lune, il1yslerieux; comme Ie silence, souple et muet eomme Ie serpent, droit ct long comme une potence, au- quel 1I0US avait accoutumes Deburau. Le Pierl'ot anglais urrive l:omme la tempete, torn be comIlle' un paquet, et q uanel it l'i t, il fait trembler la salle. Co rire l'essornhle 11 un joycux lOllnel'l'c .. C'etuit un hOlllllle court et gros, uyunt eJ1L:Ore augrnellte sa Jll'es-
ETUDE sun LA XXX[ tance par. un costume cllarge de rubaus superposes, qui faisaient <tuloul' de sa personne l'oIDee de plumes et du duvet auloul' des oiseaux, ou de la fOUL'l'UL'C autour des ang-orlis, Par-dessus la fa- rine de son visage, it avaH colle cruIl1ent, sans- gradation, S:IIlS transition, deux enOl'mes plaques de rouge 11UL', La bouche elait agrandie pat' une prolongation simulee des levl'es, au moyen de deux bandes de carmin; de sorle que, quand il riait, Ia bouclle nWlit 1'nir de s'ouvl'ir jusqu'aux 0l'eil1e5. Quan.t au moral, Ie fond etait Ie meme que celui que HOUS con- naissons: insouciance ego'isle et neulralite; illde.,accomplissement de toutes les filUtaisies gounnandes'et rapaces au detriment tall- tot de l'Arlequin, tanlot de Cassandre et de Leandre. Seulement, lit o(.L DebuL'au cltt trernpe Ie bout du dOigt pour Ie !echel'; it y plongeait les deux poings et Ies deux pieds; et loutes choses s'cx- pl'imaient ain5i, dans ceLle singulierc piecc, avec emportement; c'etait Iu.1e vertige de l'hypel'bole: Piel'l'ot pas3e au pres d'une femrlle qui lave Ie cal'l'eau de sa porte; apres lui avoir del'1l1ise les poches, il veut fa ire passel' dans les siennes, l'eponge, Ie balai, Ie }laquet et l'ean elle-meme. ) C'est donc un pel'sonnage exagere,' it descend ilielL en Jigne direcle des pa.l;sans lJoullons de Shakespeare. )) Mais noLL'e Picl'rol n'est pas un personnage' vulgail'c; il tielLt line grande place dans Ia dramatique; il tOllche,i la ibis ,t l'extreme poesie et it l'exll'eme realite; il a inspire George Sand et Champ fleury, TMophile Gautier et M, Blondelet, \Vatteau et Gerome. II est lie it tOllS nos souvenirsi!'enfance, et son spectre bianchi, 'buttant de ['aile aurc sa manelle, nOllspoursuit encore jusqu';'t travcrs notre age mUI' dans Iesnuils tlll'bllLentes de l'Opera. Anssi souhaitons-nous de toutes 1I0S fOL'ces Ie retou1' du gblL( public vcrs la pantomime frant;aise, et pllissenotl'e travail elre la premiere pierre d u lroisiemc the,Urc, qui pOl'terai t ecrit,i son fl'onton : THhTlm DEBUllAU (1.). , PAUL HLPPEAU, ("1) Une lentative ('ccenle semble ucvuil' assurcr la realisation prochailie dc lIotre Yom. Nous youlons parler de la fondation till Cerale {unambu- lI-sque, dont Ie bnt cst preciS8mcnt de faire rcvivre Ie genre dc la panlo mimc, et dont les p ['eUliers essais sont de nature a faire bien augurcr .du succes de Cetle entreprise.
P1ERROT COIFJ?EUR
PERSONNAGIlS: PIERROT. ARLEQUIN. CASSANDRE . COLmIBINE. UN PATISSIER .
1 . PIEHROT COlFFEUR
Le theatre repn\sente une pluee publique. - A gauche du public, In mnison de Cassnndre; banc de jardin, cole droit, recouvert d'un tapis; II droite, maison dn coiffeur avec deux chaises. - Enseigne; deux pierres, dont une ell paille. , SCENE Ire Arleqllin et Colombine entrent en c1ansallL; ils s' as-' seyent sur Ie banc de gauche . . PiClTot entre du fond droit, les apef(,;oit enlaces, il saute en l'air d'indignation, se retourne et fait signe a Cas!'landre d'accourir bien vite. - Cassandre, furieux, Ord0l111e a Colombine de rentrer. . , SCENE II Un patissier entre et offre sa marchandise. - Colom- bine supplie Cassandre de lui en offrir. - H.efus et ordre de rentrer dans la maison; elle se retire en Jhisant un entrechat (qui veut d i ~ e : Je m'Pon moque). - Cas- sandre ditit Arlequin de s'en aller, cellli-c"i oMit en ihisant Ie meme signe que Colombine; , 4 PANTOMIMES SCENE Ill . CASSANDRE ET PIERROT Cassandre dit a Pierrot de Ie raser et de Ie coiffer, qu'il a a sortir. Celui-ci lui dit: Avos ordres, l'entrons. - je prefere etre ici. . . Pierrot va chercher une chaise qu'il place au milieu du theatre; puis, apporte un enorme plat it barbe, un blaireall, gros comme un balai et un immeRse rasoir. - Il met une serviette a Cassandre et l' etrangle (jeu de scene.); il savonne Cassandre en lui metlant Ie savon la bouche d'abord, puis dans les yeux. Celui-ci crie, se fache. . Soyez tranquille, je vais reparer tout cela,-et alors il veut enlev.er Ie savon des yeux et lui met les doigts dedans. Cris de douleur de Cassandre, il menace Pierrot. Pierro! veut lui enlever Ie savon de la bouche, mais, cetle Cassandre lui l110rd la main. Hurlements de Pierrot qui pleure comme un enfant. Je va is me venger, dit-il. Il place son cuiI' aulour du cou de Cassandre el commence a aiguiser son. rasoir. - Cris d'effroi de Cassandre qui se penche a Jroite et a gauche, suivant .les mouvements de Piel'rot. .
Enfin, Pierrot commence \ a Ie raser; i1 ecorche Cassandre qui hurle. L'operationfinie, Pierrot debar- , "
Pierrot coiffeur. , I .1' PIERROT COIFFEUR 5 bouille Cassandre, et, quand celui-ci est bien lave, Pierrot lui fait boire Ie contenu du bassin. Cassandre court apres lui. - Pierrot s'esquive. Ii calme Cassandre: . Allons, dit-il, jevais vous mettre vos papillotes et vous coiffer. II m ~ t a Cassandre des papillotes ridicules, puis revient avec un enorme fer tout rouge. En Ie b a l a n ~ a n t pour Ie refroiclir, il brule Cassandre a la main d'abord et au nez ensuite. - Pierrot fail comme si on l'appelait, Cassandre POUl' Ie retenir, prend machinalement Ie fer rouge (cds). Pierrot finit enfin l'operation et presente une glace. - Voyez, vous etes beau. - Il va chercber dans Ia maison Ia canne et Ie chapeau de Cassandre, et illui donne la canne cn la lui. frappant sur Ie pied; douleur de Cassandre; il lui met Ie chapeau. Eon cbapeau etant trop en ar- riere, Cassandre s'incline iegerement pour s'ajnster, tandis que Pierrot lui passe Ia jambe par-dessus Ia tete. - Appelle Colombine,' dit Cassandre. Pierrot entre dans In maison ct ramene Colombine par la main; Cassandre prelld Colombine. par Ie bras droit, Pierrot par Ie bras gauche; ils vont pour sortir mais Arle- quin saisit Golombine par la taille et se substitue a sa place (sortie des trois)
9 PANTOl\IBIES
SCENE IV COLOMBINE. - ARLEQUIN Colombineregarde si Arlequin revienL, enfin il arrive. Arlequin lui ofl're d'aller promener. - Non, je suis faliguee, reponcl Colombine. Alors Al'lequin prend deux chaises qu'il place au milieu du Lheatre et invite Colombine a s'asseoir a ses cotes. . Colombine accepte et se place sur Ia chaise de gau-. che, Arlequin prend la droite. Apres des sermenls d'amour muluels, peu a peu ils . s'endorment et Colombine laisse tomber sa tele sur l'epaule droile d'ArIequin; ceIui-ci enlace Col9mbine de son bras droit; sa main s'appuic sm' \'epaule droite de Colombine. , SCENE V Pierrol entre; - les apercevant ainsi it saute d'in- " . dignatiou. Scene de rage. - II par trois fois pour tuer Ar- Iequin; il n'en a pas Ie courage. . . Enfin, il prend une supreme resolution, il va frapper, - mais Colombine fait un mouvement en $oupirant; - eUe arrete ainsi Ie bras de Pierrot qui se calme petit a petit. II se place derriere Colombine et, se haussant sur PlEHHOT COIFFEUH 7
les pieds, it conlemple avec convoiLise les epaules de Colombine. Scene de contemplation. - II ferme les yeux d 'aboI'd, les rouvre, les I'eferme, . Iutlant contre Ia passion et l ~ jalousie qui l'envahissent; it va puur l'embrasser. 11 se mel a genoux, prend Ie bras' droit de CoIom- bine; il l'embrasse du haut en bas delicatement, -. puis, prenant Ia main de Coiombine, se fait carEsser par. elle. - Frissons! exlase! Enfin Pierrot enlhe doucement Ie bras d'Arlequin, souieve Colombine en- , dormie et veut la rentrer dans Ia maison; mais il ne peut entrer, la porte etant etroite. - Par deux fois it essaie. - Il presente son fardeau au public en di- sant : - Qu'est-ce que je vais en iuire! - Je suis fatigue, - en vouIez-vous? Pierrot se decide, - il a une idee, - et rentre Colombine par Ia hauteur de l'etroite porte, les jambes en I'air. SCENE VL PlERROT, ARLEQUIN, toujours endormi. Pierrot a trouvesa vengeance; - it s'assied it Ia place de Coiombine. - Arlequin croyant toujours avoir affaire a Coiombine, l'enlace de son bras droit et lui passe la main sur la joue. Pierrot lui envoie un coup de poing, mais il se / frappe lui-meme. Arlequin recommence. M e ~ n e .leu de scene, - mais Pierrot .se laisse faire, '- il a son idee.
.8 PANTOMIlI1ES
If place son chapeau sur sa poi trine, - tout en se tordant de rire. Al'lequin, toujours endormi et croyant fenir Colom- bine, passe tres legerement sa main gauche sur Ie ,chapeau de Pierrot. - Fremissements d'ArIequin et rires de Pierrot,qui aussit6t remet son chapeau. Pierrot a assez de ce .leu; - il donne un coup vi- goureux sur la main d'Arlequin. Un instant de calme. Petit it petit, - Arlequin toujours se ra- nime; - il met sa jambe su r celie de Pierrot. Celui-ci rit - et repo,usse Ia .lambe, - Arlequin recommence
Alors Pierrot, regardant Ie pied d'Arlequin, fait une grimace de degout. - et prenant avec une precau- ,tion extreme Ie bout du chausson d'Arlequin, - re- jette Ia jambe. . Al'!equin se reveille, "- il voit Pierrot . .....:.. Furieux, il veut Ie transpercer de sa balle; - mais Pierrot s'esquive, Adequin Ie poursuit. - Lulle' entre les deux , lis sortent ensemble. SCENE VIl LE PATISSIER, PIER ROT, CASSANDRE, ABLEQUIN, COLOMBINE. Le patissier entre avec son panier et s'assied de- vallt Ie banc de gazon - laissan't Ie panier a sa droite. . . patissier prend un bas ci com pte sa receUe. -:- PIERRor COIFFEUR 9 Pierro! entre - sen t l'odeur des gateaux; il en vou- drait, - a pas de loup eL a grancles .enjambees il rampe et s'approche clu panier, - prend un gateau. Mon Dieu, si on me. voyail! - II en goute un. - DiEm que bon! - un n'esL pas assez, - une idee: - Il retire son chapeau el Ie place derrit'l'e lui, - prflllli chat[ue gfl1eau et les gOlHe a un. Cassanclre seul arrive. - Voyant ce qu'a- fail Pier- rot, di : - Ah! voleur! je vais . te refaire et te punir. - II se meL a genoux, ....,.... meL son chapeau par terre et reprend tous les un it. un, -:- faisant ce que Pierrot vient de faire, lesgoutant tous - et regarcler son chapeau. Pierrot conlinue a voler et .a manger. . Arlequin entre en dansant; - il est saisi de Lout ce qui sepasse, - appelle Colombine, - se baisse, prend Irs gateaux clans Ie chapeau de Cassandrc et les mp,t dans Ie tabher de Colombine et sesauve avec elle.
Cassandre et Pierrot, croyant aVOlr les gateaux dans leurs les placent sur leur poitrine. Pierrot et Cassandre s'assoien1 chacun de-leur cOte, . attendant ]e depart du pfltissier pour manger; Ie patis- sier .s'aperQoit qu'on l'a vole, pousse des cl'is, s'adresse a Pierrot qui lui reponcl: moi, volei'! voila Ie voleur, dit-il en montrant Cassandre, ne dites pas que c'est
mOl. Le patissier va pcliment demander a Cassandre de ]e payer. Gassandre monlrant Pierrot lui dit: Voila Ie voleur. Le patissier re10urne it PierroL; celui-ci se rache, 10
I ui don ne un cou p de pied dans Ie derriere en lui disant : - En voila assez. . . Le palissier va a Cas'sandre, celui-ci lui en fai l au- tant et Ie p,ltissier sort roue de coups par Cassandre et Pierrot. Cassllndre est enchante, il va savourer les gflleaux et s'assied devant Ie trou du souffieur. II regarde dans son chapeau, plus rien! stupefaction. Pierrot, toujours son chapeau sur l'estomac, Ie retire ot s'aperQoit qu'il est vole allssi. lis s'accusentmutuellement-IuLlenl- eLTenLrellt chez eux. Entree de Colombine et Arlequin, - dause. , SCENE VIII On entend Ia voix de Cassandre, qui lousse; Colom- bine, effrayee, veut cacher Arlequin; elle pousse Ie banc dans la coulisse; Arlequin en preud la place eL Colombine Ie recou vre d' Ull tapis. EHe s'assied. , SCENE IX Pierrot et, voyant Colombine, appelle Cassan- dre. Cassandre demande a sa fille ce qu'elle fait Ia. - Papa, je prends l'air, dit-elle. Ah! tu prends rair? PreLexLe. Tu attends ton Arle- , quill. - Moue de la jeune fille eL denegalions . . BenLrez chez vous; diL Cassandrel P1ERROT COIFF E UR 11
Colombille refuse;' Pierrot imitant Ie geste autori- taire de Cassandre lui ordonne d ~ renLrer. Colombine sort en faisanl un jete qui touche Ie nez de Pierrot. Pierrot est stupetiriL Cassandre lui demande ce qu'il a. - Voila ce qu'elle m'a fait, et, imitant Colombine, . . il ell voie son pied sur.le nez Je Cassand 1'e .. Cassandre sort une noix de sa poche, veuL la cassel', il ne peut. Alors Pierrot la lui prend et veut la briser avec ses dents; la lloix trop grosse' lui cletraque la m,lchoire; il reste la bouche bean teo Effl'oi, douleurs. Cassandre vent Ie soulager en Ie frappant sous Ie menton, aussitOt la bouche se referme. Cassandre va s'asseoir sur Ie banc represenle par Al'lequin. Pierrot prend une pierre et plaQant la lloix al'enclroit. Oll se tl'ouve elre la tete d'Ariequin, ilIa CJsse enfin, Ia presente a Cassandre et s'assied tl cOte de lui pour manger Ia noix. Arlequin chatouille les mollets de Cassandre qui pousse un cl'i et fait des reproches a Pierrot. - Monsieur; VOllS eLes fon, clit Pierrot. . Arlequin chatouille Pierrot a son tour, rep roches de Pierrot a Cassandre qui jure que ce n'est pas lui. Second chatouillement a Pierrot qui envoie un for- midable souffiet a Cassandre en lui disant : - C'est trop fort! lis se sont leves .et Arlequin s'est decouvel'l (LataiUe entre les trois et sortie d'Arlequinl. - 12 PANTOMIMES SCENE X Pierrot demande a Cassandre la main de Colombine: Cassandre accepte et va chercher sa fille. II lui dit : - Je. donne ta main a Pierrot. Pierrot ravi se met a . genoux et Casf;andre etend les'mains pour les Mnir: SCENE XI . Arlo(luin entre et fait signe a Colombinc qu'il a une leUre a lui remettre. Colombine repond qu'elle ne peut la prendre devant temoins. Alors Arlequin de sa batte et par derriere, tape entre les mollets de Cassandre qui se baisse pour savoir ce que c'est. Arlequin profite de ce pour epingler la lettre sur Ie dos de Cassandre. Colombine enleve la lettre, Pierrot. voit Ie mouve- ment et rentre. Arlequin snrpris se sauve. Cassandl'ecourt apres Arlequin; mais Pierrot a salsl une pierre qu'il lance sur Arlequin; c'est Cassandre qui est atleint dans Ie dos, il va tom ber dans la coulisse. . .
SCENE XU Colombine renLre en lisant la leltre avec ravissement. Cassandre revient porte sur Ie dos de Pierrot. lis von t pour rentrer dans la -maison quand Pierrot PIEURO'!' COIFFEUR 13 s'aperl,ioit que Colombine lit la leUre. II hlche ~ o n fardeau; Cassandre roule a terre ot rentre dans la
malson. Pierrot tout doucement s'approche de Colombine et s'empare de la leUre. II la lit en articulant chaque syllabe precipitam- ment avec des gestes d'indignation, et fait un bond pour aller la porter a Cassandre. Colombine Ie supplie de n'en rien faire avec mille coquetterie's enfantines. Pierrot y consent, mais 11 la condition qu'elle l'em- brassera' sur la joue. Apres mille reticences, Colombine s'execute et, faisanL une grimace de degout, s'essuie la bouche avec sa main. Pierrot" mecontent, fait Ie simulacre d'aller porter la lettre. Colombine Ie supplie. Pierrot exige un baiser sur l'alltre joue, Colombine y consent; Pierrot se pame de bonheur et pour ob- tenir davar;ttage, fait mine d'aller porter de nouveau la lettre. Colombine, les mains jointes et presque a 'genoux, lui di t : - Que vous fauL-i1 done de plus? . - Des caresses encore, des caresses sous Ie menton. Elle s'execute timidement et longuement. Pamoison de Pierrot, Colombine enervee l'egratigne. Pierrot furieIIx, appelle Cassandre et lui fourre la lettre sous Ie nez, pour qu'illa lise. Cassandre indigne ordonne it Colombine de rentrer' ellui dit qu'eUe va etre ch<itiee.
14 PANTOMDIES
XIn Cassandre va un fusiJ, ordonne a Pierrot de tuer ArJequin et . sort. , SCENE XIV Pierrot monte In garde en arpentant Ie theatre jus- qu'au fond. Arrive a .cet endroit, il aper/ioit Arlequin; alors, a grandes enjambees et a reculons, il vient se placer a l'affut a l'avant-scme. - Arlequin entre en dansant, Pierrot fait feu, Arlequin frappe a mort, chancelant, eLonrdi, sau- tant et dansanL, dans une supreme agonie, vient tomber raide mort au milieu dn theatre. Pierrot est stupefait, que faire? Ah! uue Idee. Ii ramasse Ie cadavre et Ie place,contre Ie mllr. Mais Arlequin retombe toujours en avant, ne pou- van t garder l'equilibre. Pierrot Ie repousse chaque fois, veul Ie caler. en lui meUant de Ia 'salive derriere Ia tete comme pour Ie coller au liur. Voyant que tout est inutile, il appeUe Cassandre qui arrive aussit6t., ' Pierro! lui fait voir qu'Arlequin ne lient pas. - 1'ai, une idee, dit Cassandre! Alors il place les deux chaises dossier contre dossier, en les espa/i,mt de la longueur du corps d'Arlequin, moins la tete et les pieds. P H ~ R R O T COln'EUR 15
lis prennent Arlequin. et Ie pl<icent sur les dossiers. Pierrot appelle Colombine. Elle arrive radieuse, Pierrot lui prend Ia main et lui faisant faire gracieusement Ie tour de la scene, lui montre Ie corps de son amant. Colombine recule epouvantee et pleure. Pierrot et Cass-andre remettent Arlequin debout el le placent de nouveau contre Ie mur. . Arlequin, ceUe fois, lie bouge plus. Alors, Cas-sandre prend Colombine pour la marier a Pierro!, mais Ar- lequin bondissanl rejette Pierrot et Cassandre, prend la main de Colombine, et 'Cassandre consen tales henir. lis se mellent a genoux, Cassandreles unil. Pierrot se met assis . par terre au milieu du groupe. Flammes de Bengale .
,
PIERROT MITRON
PANTOMIME EN UN ACTE
. , PERSONNAGES : 1
2 ,
';
\
PIERROT MITRON - EN UN ACTE Le theatre represente l'interieur d'une boulangerie; foul' au, fond, face au public, - a droite, une soupente 011 ron arrive PUI' une echelle. - Matelas, tl'aversin, cou verture .
De chaqne cote du fom:, - ontils de boulangcr, - portes 11 droite ct a gauchc, - premier plan, table il gauche .
CASSANDHE, - COLOl\lBINE, - JANOT. , Colombinc est assise pres de la tablc'et raccommode des sacs a farine; -Janot, gal'c;on boulanger, apporte l'argent de sa tournee - et fait la cour a Colombine sans que Cassandre s'en aperQoive d'abol'd; - mais it les surprend, en train de s'embrasser, - se facbe, chasse Janot, - et sort avec lui ;Colombine les suit en 0. pleurant. SCENE II Pierro! entre de' droite, - se detirant les bras, - Laillant. II dort debout - et dit au public : Moi malin, jc 20 PANTOilHMES vais aller dormir; it gravit l'echeUe a moitie endormi; il met.ses jambes a travers les echelons, manque de tomber, - cascades. - Enfin il arrive - apres mille efforts, - embrasse son oreiJler, Ie presse sur son creur. - Comme je vais bien dormir ! dit"-il. SCENE III , Cassandre filit rentrer Colombine en la grondant et Ia bousculant, Colombine se remet au travail, - " " " Cassandre sort it gauche. SCENE IV COLOl\IBINE, - fer BOSSU Colombine travaille, - Ie bossu s'approche d'eHe doucement; -:- il I'ui prend Ia laille, Colombine se re- tourne"et" Ie souffiete. - Le bossu lui fait la cour, - se" met a ses pieds, lui demande sa main. Vous, dit Colombine, voyez-vous donc. - Elle imite la taille grotesque du bossu. (Ronflements de Pierro!.) Le bossu se releve eperdu : - C'est mon pere, dit Colombine, - sauvez-vous, - il vous tuerait. - Le " " bossu va pour sorlir, mais Cassandre a ferme Ia "porte. - Cachez-vous, -" dit Colombine. - Ah! la, dit Ie bossu, en montrant la soupente. II mon te a l'echeHe, - il est arrive. de Pierro!.) Le bossu roule au bas de l'echelle. - Cachez-vous Le ~ I i trOll.
PIERROT lIIITRON 21 dans Ie four, dit Colombine. - Hesitations et crain- tes du bossu. (On frappe a la porte.) 11 se decide, mais sa bosse l'empeche d'entrer. - Enfin, il y parvient avec Colombine qui lui apIa tit sa bosse avec Ia pelle. SCENE V COLOMBINE, - 2" BOSSli .. qui entre de gauche . Meme scene que la precedente. Ronflements de Pierrot . Le 2e bossu prend son elan et fait Ie saut de trou. SCENE VI CASSANDRE, - COLOMBINE, - PIERROT Cassandre demande Oil est Pierrot. - Je ne sais, dit Colombine.. (Ronflement de Pierrot.) Ah faimlant r- II appelle Pierrot qui ne repond pas .. Cassandre, arme d'un baton, monte a l'echelle; - il tape sur Ie plancher pour reveiller Pierrot qui ou-_ vre un reil. - Oui,oui, tout a l'heure, - soyez tranquille. It se remet a dormir. -.
, I'ANTOMIM.ES . Cassandre exige qu'il se leve, Pierrot ronfle .. Cassandre exaspere Ie frappe, Pierrot se cache dans sa 00uverture; se derobe son matelas; enfin, epuise et reveil/epar les coups, il fait son plus gracieux sou- rire 3. Cassandre. - .Te suis it ordres, dit-il. - A la bonne heure! dit Cassandre, et il redescend. - Mais Pierrot prenant traversiil, frappe ,3. coups redoubles sur Cassandre qui tomue epuise au bas de l'echelle. Pierrot descend. Cqssandre veut Ie frappeI', mais Pierrot derobe derriere un fagot. - Qu'est-ce que vous. avez? vous voyez, je vais allun;ler Ie tim. Quel metier! - il Mille de nouveau, - secoue ses bras pour se donner du courage et com- mence a allumer Ie' feu. Pendant ce temps, Colombine, pour detourner la colere de Cassandre, lui donne l'argent apporte par .Tanol. a coup, on entend du bruit dans l'inlerieur chi four. Pierrut saute en rail', - Cassandre, rempli de peur, se cache derriere Colombine; - Pierrot effraye, re- monte dans sa soupente. (Nouveaux cris, - suivis d'un long gemissemcnt.l Colombine qui compreud tout, se trouve mal dans les bras de Cassandre - qui, voulant la porter dans sachambre, tombe avec son fardeau. . Pierrot descend et les reI eve - puis, enhardi, il ouvre tout doucement, e.t apres de Iongues hesitations, la porte du four.
PIERROT :lHTROi\' ~ 3 , - Horreur! on aper<;oit q u a t r ~ jambes qui s'agitent. Pierrot tombe a la renverse, ainsi que Cassandre. Colombine se trouve mal de nouveau. Cassanclre, revenu a lui et toujours par terre, lui frappe 'les pieds pour la faire revenir a elle. ' Pierrot, indigne de cette familiarite, repousse 'Cas- sandre en Ie faisant rouler, - prend les pieds de Colombine et les lui embrasse. Colombine se ranime en disant : - Ah! vous me' chatouillez! Pierrot est ravi. - Allons, allons, it faut enfourner, dit Cassandre. - Hesitations de Pierrot. Allez-y vous-meme! dit-il. Enlin Pierrot oMit, - prend Ie rclteau pour elaler la braise. ' Tout a coup, il ramene une masse'informe, carbo- nisee. (Effroi general.) , 'Il faut cacher cela, dit Cassandre en presentant un sac a Pierrot qui met les debris dedans et les porte dehors. Pierrot rentre, - se remet au travail et fait tom bel' Ie second cadavre. Cassandre a peur ,-- it craint qu' on ne l' accuse d'un crime. - Va, chercher Ie sac, dit-il. - Pierrot oMit. - On met" Ie second cadavre dans Ie meme sac, et, sur i'ordre de Cassandre, Pierrot l'empol'le et va Ie cacheC'. . ,
24 PANTOlUIMES SCENE VII JANOT, CAS SANDRE, COLOM8lNE Janot, timidement, demande Ja main de Colombine. , - Veux-tu, lui demande Cassandre. Colombine, toujours emotionnee, voitle four, - se trouve mal en poussant un cri. - Vous voyez, dit Cassandre, elle ne veut pas de vous. Peu a peu Colombine se rani me, - elle raconte que deux bossus sont venus et qU'elle les a fait ca- cher la. - Malheureuse! qu'as-tu faiL? elit Cassandre. - Je, te maudis! Colombine, efi'rayee, se precipiLe dans les bras de .Janot, qui la repousse avec horreur. Colombine tombe it genoux et demande pardon it Cassandre et it Janot. SCENE VIII LES l\fEMES, PIERROT ' , 'II raconte qu'il a jete Ie sac clans-l'eau. - Nous l'a- vons ecbappe belle! - Apres tant d' emotions, je vais me coucher. Je suis malade. , II veut remonter it l'echelle.-Cassandre s'y oppose. - Lutte. - Pierrot envoie des coups de pied it Cas- sandre. - Janot Ie protege.
PIERROT i\IITRON 25 Alors Cassandre dit : - J'en ai assez, - mariez- VOllS! . . IX UN NOTAIRE, LES MEMES . . Le notaire vient acheter un pain de quatre livres o' - Colombine Ie sert. - Le notaire veut payer. - Non, dit Cassandre, votre argent et dres- sez-nous un contrat. Le notaire .s'execute. En ce moment on entcnd dans Ie foUl' des rires eclatants. (Elfroi genera!.) . - Alors les deux bossus sorteut du four qui s'a- grandit. Us menacent tout Ie moude .comme des spectres. Chacun tombe it genoux. Alors les deux bossus se mettent a danser. - Nous vous pardonnons, - nous signerons au contrat. . (Signature generale.) Pierrot essuie Ia plume dans Ia perruque du no- taire, - Ia lui met. dans la bouche, comme pour prendre de l'encre. - Pardon, je me suis trompe. II prenel de l'eucre, et apres des hesitations, fait o 0 une Immense croIx. Les bossus se remeltent a danser . Ballet general. 1 0 Pas de deux. - Janot et Colombiue. - , 26 P ANTOllUlIIES , 2 0 Pas des deux bossus. 3 0 Pierrot se met a esquisser un pas en dormant;- bousculant tout Ie monde. . - Ah! j'y renonce, dit-il, je vais me coucher. II reriionfe il l'ecbelle, toujours en manquanl de toinber. Tableau . .:.- Flammes de Bengale. . .
. ARLEQUlN et COLOMBINE entrent en courant. - lIs precedent . CASSANDRE et PIERROT. . Ariequin veut embrasser sa fiancee. - Elle ne veut pas. - Apres Ie mariage, lui dit-elle. Eh bien, donne-moi ceUe fleur que tu as a ton cor- sage. " .' Elle refuse: -. Apres Ie mariage. - 11 la pour- suit ...
SCENE 11 Les memes, CASSANDHE et PIEHHOT. En entrant, Gassalldre bouseule, roule it terre. - On Ie ramasse. . Pierrot est ch1).rge d'une grande poeIe, d'un. panier contenant des ceufs, d'un margotin et d'une Iigne. - It el?t .jaloux d'Arlequin a. qui Cassandre veut donner 30 PANTOMIMES , , sa fille. - Sans qu'Arlequin s'en aperQoive, 'il Ie taquine avec sa Iigne. Celui-ci, croyant que, c:est Cassandre, lui envoie un ' souffiet: Cassandre tombe. Colombine indignee, gifle Arlequio. Pierrot, apres avoir releve Cassandre, provoque . Arlequin. CeJui-ci refuse. - Je ne me bats pas avec un valet, lui dit-il. , Et' pour calmer Cassandre, 'lui donne une montl'e , enorme. Celui-ci s'attendrit, et fait taire fondre sur son' rival. Dans cet te bagarre, il reQoit les 'combattants. Pierrot qui veut horions des deux , . pour' calmer Pierrot qu'eHe aime, lui donne sa fleur, sans etre vue cl'Arlequih. ,- Allons, il fau't manger, elit Cassandre. Pierrot'lui repond-: Je vais vous pecher une belle fri'ture, etj'ai la tout ce qu'ilfaut pour la faire cuire. - Il montre ,egalement les reufs qui sont dans Ie pa- nieI:. ,- 11 prend sa ligne. Oh ! ciel ! il n'a pas - II aperQoit une mouche sur Ie nez de Cassandre. ' - Voila mO,n affaire, lIit-iI,' ne bougez pas ... II attrape la mouche,' mais du nez. de Cassandl'e s'echappe ,un . flot de sang. Colom bine Ie soigne. Cassa'ndre veut frapper Pierrot, mais celui-ci qui a , deja jete sa ligne, lui dit :
, LA 31 . . - N'approehez pas, Qa mord. Puis, s'adressant a Colombine : Prenez votre man- et jouez un air, <ia attire les poissons. Arlequin, pour pJaire a Colombine, se meta danser. Pierrot ravi voit sa ligne attiree sous l'eau. '-- Qa mord ! Qa mord ! En ce moment, une enorme baleine apparait a fleur d'eau. Effraye, il pousse un cri aff'reux. - Cassandre se reveille. - Colombine et Arlequin s'am3lent. - Tous veulent se sauver. - Pierrot erie au secours. A ce moment la bale-ine ouvre llne bouche enorme, tire la ligne, et Pierrot attire fait un plongeon dans Ie ventre de. I'animal. Cassandre, Arlequin et Colombine se sauvent epou_ c
vantes. . . . La baleine grandit Ii vue d'ooil etprend toute Ia , scene. Peu peu Ie cole face au public s'effondre et laisse appataitre l'interieur du monstre, avec Pierrot eva-
noUl. La baleine s' agite dans des convulsions intestinales. Ses soubl'esauts finissent par tirer Pierrot de sa tor- peur. . . - Ou suis-je? Je ne vois pas clair. - All! '-- IJ prend des allumeltes dans Ie pauier et allu me une chandelle. - Quel drole cl'appartement! Mais il y fait chaud. C'est bon.
--:- Ah! J'ai faim ! -ll prenclle margotin, l'allume; casse les ooufs, fait une omelette et la mange, ravi. ,
32 PANTOJlLUES
Mais Ie feu brule la baleine qui s'agite convulsive- menlo Ce qui wocure a Pierrot Ie mai de mer ... - Je suis sur un bateau, dit-il. La baleine recommence ses sauts. II aper<ioit it ses . pieds une cassette. Jl l'ouvre. Elle est pleine d'or .. La baleine, dans un naufrage, avait avale la cassette. 11 joue avec les pieces d'ot'. Il est enchante. Il pourra epouser Colombine. Mais, comment sortir. Il crie : II. Cordon! S. V. P. Tout a coup, Ie bruit d'une musique se fait entendre et calme la baleine. Mais Pierrot, e n t r ~ i n e , se met a danser. Cela exaspere Ie monstre, et l'on aper<,ioit Pierrot rejete petit a petit et rendu a la lumiere. Il t ' '" es sauve ... ltfttSl:qtteimitative. , SCENE III ET DERNIERE Cassandre, Colombine et Arlequin reviennent pour savoir des nouvelles de Pierrot. Colombine Ee lamente. Cassandre la console. Arle- quin jubile. - Allons, dit-il, marions-nous. - Allons chez Ie notaire, repond Cassandre. - Soit! dit Colombine en pleurant. Un notaire se presente. - Dressez-nous Ie contral, dit Cassandre. Et le.notalre, qui n'est autre que Pierrot, a la fa<,ion de 1\'1. Loyal dans Tartuffe, ecrit l'acte sur un genou. Cassanare signe. Colombine egalement. Au moment
LA HALEINE 33 - - - - - ~ - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ~ - - - - - - - - - - - - - - - - de signer Arlequin declare au nolaire qu'il ne sait pas , . ecrlre. - Faites une croix, dit Ie notaire, mais pour cela it me faut ~ e l'argent. ' Arlequin lui donne ulle bourse pleine d'or. Le nolaire, au moment Oil il va faire la croix, Ie repotlssc, rejette sa perruqlle cl sa robe. C'est Pierrot! Colombille veut" s'elancer vers -lui. Cassandre l'en cmpeche. AI01'S, Pierrot se met a genoux, mOlltre la \ cassette pleine 'd' or. Cassandre COllscn t et chasse Arlcquin. , , ApiJthCose, /lammes de Bengale. , , , '. . - \ \
,
LE DUEL DE PIERROT ou LES 26 INFORTUNES PANTOMIME EN 2 TABLEAUX PERSONNAGES COLmmlNE ARLEQUIN 0 CASSANDRE PIERROT UNE BLANCHISSEUSE
J
- LE.DUEL DE PIERROT ou LES 26 IN FORTUNES PANTomME EN 2 TABLEAUX 1 er TABLEAlJ . Le thMtre repre,ente une chamb,'p. ~ C E N E ire Colombine assise it gauche brode ; Cas sandre, en roue de chambre, assis a droite, pres d'une table, sonne Pierrot. Pierrot ouvre la porle du fond et ne bronche pas et dit : Qui, oni, tn peux sonner, mon vienx. Cas sandre sonne et resonne. . Enfin Pierro( se decide, et, a pas lents et allonges, vient se placer a la droUe de Cassandre. Cassandre l'apercevant : - Que fais-tn la, animal, pourquoi me faire attendre? - Mais, j'etais la, j'attends vos ordres. ,
,
, 38 PANTonnlES Cassandre est pris d'une quinte de toux .
- Donne-moi' rna tisane. Pierrot va au fond ot pl'end sur une table, une tasse dans laquelle il verse la tisane, puis prend du sucre; au lieu de Ie meltre dans In tasse, il Ie mange. . Cassandre s'impatiente. Alors, Pierrot prend la cuillerc, remue et remue comme pour faire fondre Ie sucre. II presente In La sse a Cassandre qui boit et rejette la tisane . . - Attendez, lui. dit Pierrot, je vais vous donner voLre sirop. II va Ie chercher au fond, et, tout en descendant, en boit une pal'Lie. Cassandre s' en aperQoit : - Comment, tn bois mon sirop? . - Moi, Monsieur, vous n'avez pas bien vu. Alors, Cassandl'e prend la fiole et lui fait voir une marque qu'il avait faile. - Vous vous trompez, Monsieur. II reprend la fiole, boit de nouveau, efface la marque et en refait une autre avec un morceau de cl'aie qu'il a dans sa poche, puis il monLre lafiole a - Vous voyez, Monsieur, vous n'y voyez plus clair .. - Allons nous promenel', dit Cassandl'e, habille-moi: Pierrot lui met son habit de travers. (Jell de scene prolonge.) Il lui met son chapeau si fort sur la tete quetoute Ia poudre s'envole et que Cassandre est aveugle. PierroL lui presenLe sa canne si maladroitement-qu'elle entre dans l'ceil .de Cassanclre deja aveugle par Ia poudre. - Allons, sortons, dit Cas sandre.
LE DUEl. DE PIERROT 39 ----------:------------- II prenel Ie bras de Colombine, mais Pier rot se sub- stitue a sa place et sort avec Cassandre qui n'y voit . plus clair. SCENE II Arlequin entre et retient Colombine qui allaH suivre Cassandre (scene d'amour, pas de deux.) SCENE 111 Pierrot eL . Cassandre renlrenl. Fureur de ce dernier apercevant Colombine 'avec Arlequin. .. II 01'dOl;llle it Pierr6t de se baltre avec Arlequm . . Peur de Pierrot et refus absolu. Cassandre lui donne une bourse. - Pierrot consent enfin .. - Altendez que je f a ~ s e rna priere. n se met a gen0l:lx, marmotte une priere en se frappant la poiLrine it coups redoubles .. II se releve et va. chercher deux epees. Une im- mense et une toute petite. II croise les deux fers, et presente la pelite a Ade-' qUill qui la prend. . Pierrot se met en garde, ainsi qu'Arlequin qui, voyant son epee, se refugie derriere Colombine. Cassandre intervient. - Je veux, dit-il, un duel au pistolet. II va chercher deux enormes pistolets. 'et ordonne it Pierrot de le's charger. Celui-ci,' au lieu de meUre la poudre et les baIles qu'il escamote, preud dans Ia poche de Cassandre sa \ ,
40 PANTOMIMES boite a pastilles, qu'il mange, et a l'air de charger les, pistolets. On se met en garde. Cassandre frappe trois fois dans sa main. Effroi de Colombine, qui se trouve mal. Les pistolet8 ratent. ' Cassandre ordonne de les recharger, et pendant qu'iI'donne ses soins a Colombine toujours evanouie, Pierrot fait semblant de recharger celui d'Arlequin, il place une chandelle dans Ie sien. Cassandre frappe trois coups encore. On tire. Cassandre regoit la bougie dans l'eei!. Ceei est un true facite a faire. Pendant qu'il toume Ie dos au public pour soigner Coiombine, il S6 place' hti-meme la bougie qui est 1'elenue par un fi I de te1' dans sa perruque, II donne ,Ie signal, tournallt Ie dos au public, Quand on a tire il se re- tourne. Cris, desespoir de Cassanclre ~ - II court it travers la scene en poussant des cris de douleur. Arlequin et Coionibine profitent de l'emoi general pour se sau ver , Pierrot soigne Cassandre et lui retire la bougie. II l'allume pour voir si l'eeil n'est pas endom- mage, il brule Ie llez de Cassanelre. - Ce u' est, rien, lui eli L-it. Je vais v ~ ) U s sau ver; il lui souffle dans l'eeil. - Maintenant vous etes gueri. Cassanelre s'apergoit que Colombine et Arlequin sont partis. COtll'OllS (t leur pott1'snite. - Cassandre et Pierrot sortent en courant. Changement a vue. LE DUEL DE PIERROT 41 IIme TABLEAU Un paysage. Une bianchi.seuse eit la, repassant. - Du lioge est etendu, pnrmi lequel un caraco'de femme, un jupoo, une cornette. - Un berceau est 'pres d'elle, contenant un petit enfant. SCENE Ire La hlanchisseuse repasse. Cassandre et Pierrot accourent comme des tous. 'Cassandre (lemande a la blanchisseuse si elle a vu Arlequin et' Colomhine. La blanchisseuse repond que non. - Allons les chercher ailleurs, dit Cas sandre a Pierrot. Pierrot trouve la hlanchisseuse trcs jolie, lui envoie des baisers et lui di t : Attends, je vais revenir. II veu t , l'enlbrasser, mais elle prend sonbaUoir et Ie menace. PierI'ot et Cassanc1re sortenl. SCENE II , J.Ja blanchisseuse regarde dans Ie berceau si son enfant dort; rassuree, elle preild' du linge qu'elle va etendre (sortie).
, 42 PA NTOi\IDIES SCENE III PlERROT seul. II cherche la blanchisseuse. , " Ellen'est plus lao On.entend les vagissements de l'enfant. Qu'est-ce cela? Il cherche partout. " Les cris de l'enfant redoublenL Pierrot l'aperl,{oit dans Ie berceau; il s'en approche. Hurlements de l'enfant. - Je voisce que c'est. C'est mafigure et mon cos- tume qui lui fOllt peur. II aperQoitle costume de.femme pendu sur les cordes. Quelle idee! " . II ote sa jaquette et s'affuble ell femme. II prend des sen;iettes" et en remplit Ie corsage. Puis, il prend l'enfant dans son berceau et Ie dodeline: Mais tout a coup il fait une horrible grimace et pousse des cris, l'enfant Ie mord. Pierrot exaspere Ie fouette. Il s'aperCioit alors que son jupon est mouille. II Ie secoue et reau tombe. Par une grimace expressive it fait comprelldre que l'enfant s'est oublie; II faut Ie changer. \ II Ie demaillote avec degout et rejette au loin les langes. " II en prend d'autres et l'h"abille en Ie secouant comme un paquet.
'. LE DUEL DE PIEHHOT 43 C'est fini, - it Ie replace dans Ie berceau et se lave les maillS dans Ie baquet de la blanchisseuse . SCENE IV CASSANDRE et PIERROT . Cassandre rentre eperdu. II n'a pas retrouve Colombine, II aperc;;oit Pierrot, toujours deguise en femme. - Elle est joIie, dit-iI, elle est grande, quelle belle gorge! Pierrot rit de Ia meprise de Cassandre ---:- et se met a repasser en faisant des coquetteries. Pierrot se laisse prendre Ia main que Cassandre embrasse avec transpol;t - enhardi, il lui prend Ia Laille.- Cassandre lui demande a l'embrasser. Refus et mines de' Pierrot. - Pour qui me prenez-vous? - je suis une fille honnete. . 11 prencl l'enfant et Ie montrant a Ca8sandre. J' en ai vingt comme cela. - Qa ne fait rien, dit Cassandre, il veut l'embras- ser. - Mais Pierrot apris un fer rouge et c'est sur lui que Cassandre depose son baiseI'. (Cris de douleur.)
SCENE V Entree de Colombine eL d'Ariequin,' lIs se jettellt aux pieds de Cassandre eL Ie supplient de les unir.
44 PANTOMIMES - J'y consens, dit Cassandre, allez au diahle. Arlequin s'approche de Pierrot (toujours eu femme) .et lui demande une plume et du papier pour signer Ie contrat. Alors, Pierrot enleve sa cornette et se fait recon- naitre. Arlequin, pour celChrer son mal'inge, propose de danser. Tout Ie monde y consen t. Cassandre invite Pierrot. Pas de quatre comique. Flammes de Bengale. . , . . J
PIERROT EN AFRIOUE . . '" GRANDE PANTOMIME EN QUATRE TABLEAUX M. Di'.BUR11U remplim Ie r6le du soldat Pilou .
PEIISONNAGES DE LA PIECE LE SOLDAT PITOU. LE CAPlTAINE VEHNET. ALI BEN JACHAR. LE PACHA. JENKI BEY. L'EUNUQUE. UN SERGENT.
DJEDDAH ALI BEN JACHAR. ACGlHASE, COllrtisan. Soldats franga.is ct sold:lts arabes.
. . ,
PIERROT EN AFRIQUE , GRANDE PANTOMIME EN QUATRE TABLEAUX
M. DEBURA U 1'emplira Ie rille du solOOt Piloll
PltEMIElt TABLEAU , La mosquee OU temple arabe. - A droite un dieu. 3 1'3 be j 11 gauche, une irappe pour entrer dans un soutel'rain. - Plusieurs chaises arabes. Au leVel' du rideau, Djeddah, la fiUe ~ I u pacha, est en priel'e; les Bayadei'es l'entourent. Les Arabes sont prosternes devant Ie grand pretre qui lient un grand Ii He a Ia main. Au loin l' on en tend Ie canon qui .tonne. Entre Ali ben Jachar. 11 lientun sabre a la main; il se soulienl a peine, eL vient tomber sur un genou aux pieds ell') Djeddah; il a au bras une affreuse bles- sure. Tous se levent. Djcddah vient 11 Ali, l'aide a se releveret lui prend Ie bras blesse. - Le gl'aud pretre tend a Djeddah un flacon plein d'une liquetir. Djeddah en ver!5e sur la blessure, panse la plaie apres avoir dechire un mol'
48 PA N TOMI l\\ES \ ceau de son echarpe blanche dont eUe bande la bles- sure. Ali se met a genoux, embrassfl ses mains en .igne de reconnaissance. . Djeddah a Ali. ce qui est arrive. Celui-ci raconte qu'il a combat.tu avec Ie plus' de courage possible; mais, hlesse et entoure d'un nombre supe rieur d'ennemis, it a elLI s'enfuil' pour ne pas etre fait prisonnier. Djeclelnh elemande des de son frere Jenki bey. Ali lui repond qlie son frere se bat comme un lion. Djeddnh Ie' felicite.de son courage ct Ie regarde avec amour. Ali met In main sur son cceur en la regartlant, puis dit: - l\fainLenant que ma blessure est pansee, je retourne oLlIe devoir m'nppelle. l\ va pour parl.ir, mais Djeddah Ie retimt en lui disant qu'elle ne veut pas qu'il aille encore s'exposer. Ali est emu et illui dit: Vous savez que depuis long- temps je vous aime; et si je veux me laire tuer pour la cause de votre pel'e j c'est parce que vous ne m'ai- mez pas! )) .. . . Djeddah lui prenl! les mains et lui tlit qu'elle l'aime., elle aussi. Ali les presse sur son cceur et lui 'dit qu'it doit retourner au champ de bataille et se mon trer digne de son amour. II tire de son sein un- bracelet en 0[' orne de brillants, prenel la main de Djedelah et Ie lui attache au bras; puis it dit: - (( Puisque je vous aime et. que vous m'aimez, failes-moi Ie serment- sur ce bracelet que vous serez ma femme. Djeddah jure. Le grand pretre s'avance, preud In main OU est Ie bracelet, et les deux jeunes-. gens se jurent amour 'et fideli teo . - PIEHHOT EN AFRIQUE 49 Le grand pretre les Moil. Tout a coup on entend des coups de feu; l'eu- lluque entre en roulant par terre comme une boule,: il est terrifie. (Scene comique.) II dit que les Fran<;;ais envahissent Ie harem. - Je COUl'S Ie defendre! dit Ali. Mais un cri retentit, f't des soldats arabes entrent tenant Ie soldat Pitou (Pie!'rot) prisonnier. II a les mains Iiees derriere Ie dos. On Ie jeLLe a genoux au milieu du theatre. Ali regarde haineusement Ie soldat. Pierr.ot , t!'emble de tous ses membl'es; il fait des grimaces. L'eunuque s'approche de sa figure, l'autre lui mord Ie nez, et l'eunuque pousse des cris de paon. Ali, furieux, ordOllne qu' on coupe la tete a Pierrot sur-Ie-champ. - Je m'en charge, dit l'eunuque .. .. Il prend un grand sabre et vient Ie faire voir a Pierrot. CeIui-ci fait d'horribles gt'imaces. L'eunuque . passe derriere lui, leve Ie sabre pour Ie frappeI', mais Djeddah l'arrete et demande a Ali Ia gr,ice de Pierrot. - C'est un ennemi, repond Ali. - Au nom de notre amour, je vo.us en prie, dit Djeddah. . Ali finit par consenti!'; il fait grclce de la vie a Pierrot, mais it Ie fait attache!' it un pilier de Ia mos-
quee . . Un coup de feu retentit, et ron anuonce que les Frangais avancent de plus en plus. Ali fait ouvrir Ia trappe du soutel'l'ain, y fait des- . cendre ses soldats et dit qu'il va surprcndre l'ennemi. par derriere. Il baise Ia main de Djeddab et descend it son tOUl', 4
, 50 P A.NTOMIlVIES . . Djeddah appelle l' eunuqueet lui dit de rester a garcler Ie prisonnier. - Mais garde-toi d'essayer de l'assas- siner! II y va de ta tete! Elle soN . . l' eunuque regarde Pierrot et dit; - Enfin! me voila maitre' de toi! Tu seras egorge par moi ! Pierrot lui fait des grimaces d'amitie; mais 1'eu- nuque lui dit que tout cela est inutJle et qu'il faut qu'il y passe. II prend un grand p.oignard a sa cein- ture et l' aiguise par terre. Pierrot, lui, aiguise son pied. 1'e,unuque va pour frapper Pierrot; mais celui-ci lui allonge un coup de pied qui'l'envoie roulel' it terre. Pierrot montre .3. .en Ia lui' designant de sa tete, sa ceinture, OU pendent sa mont1'e, sa chaine. et sa hourse.- Si tu veux ne me .pas faire de mal,. tout cela est a. toi. L'eunuque son poignanl et dit qu'il accepte; puis il depouiUe Pierrot de sa lllontre, de sa chaine. et de son mouchoit. (Scene comique a . Quanel il voit qu'il n'y a plus 1'ien a prendre, il t1'l'e. de nouveau son 'poignanl et va pour' frapper PierI'Ot. l\Iais Djeddah entre, Ie saisit par Ie bras, Ie fait tour- . ncr et l' env01e promener par terre; puis eUe vient tt PierI'ot et Ie detache. - Tu es libre, lui dit-elle, tLl peux partir! Pierrot, fOLl .de joie, les jupes de la jeune fiile. L'eunuque veut. s'interposer, PieI'l'ot lui administ1'e une bonne rae lee , ce qui fait beaucoup 1'ire Djeddah, puis il se dirige vel'S la sortie. Mais, a ce moment,les soldats franQais se precipitent sur Ia scene et, apercevant l'eunuque et ils Ies couchent en joue. Pierrot se jctte au-devant de Djeddah pour la protegeI'.
PIERHUT EN AFHIQUE 5l Le capitaine arrive; il est surpris de voir en ce lieu . Pierrot, qui est son ordonnance. II fait relever les fu- sils. Djeddah et 1e capitaine se regardent. . Le capitaine demande :qui elle' est. Pierrol lui dit que c'est la fille du grand pacha, et Ie capitaine de..., clare a Djeddah qu'elle est sa prisonnierb. Pierrot s'a- . vance Vel'S son capitaine et lui appl'end que c'est a elle qu'il doit de n'avoir pas etc par ce magot. (II montl'8 l'eunuque.) - Vous etes libre, dit alo['s Ie capitaine a Djeddah. La jeune filIe s'incline devant l'officier; leurs re- gards se Ie capitaine et Djecldah meHent In main sur leur cmllr comme si une meme commotion les avait frappes. Pierrot cligne des yeux en sou- riant. . Entrent des solclals qui amcnent un prisonnierarabe. C'est Jenki, fils duo pacha, frere de Djedclah. Celle-ci vient se jeter ,dans ses bras. Geste de jalousie du ca..,; pitaine, qui clemande quel,est ce prisonnier. C'est mon frere, reponcl Djeddah, et eUe supplie . l' officier de Ie meUre en liberte. , ' . Le capitaine ordonn:e Pierl'ot de delier les chaines du prisonnier. Pierrot semble faire des protestations . . - Obeis, lui dit Ie capitaine. . Pierrot porte la main son kepi et fait un tour co- miqne. Le prisonnier ?'avance froidement vel'S Ie pitaine et Ie remercie. Puis il va vel'S Djeddah. Le capitaine lui rend son sabre et lui dit : - Vons pouvez partir, VOllS etes libre! \ Djeddah et son 1'rere vont pOUI' s't310ignel;. Le ca- pitaine tres emll dit ala jeune tWe qu'eUe ne Ie verra 52 PANTOlHHIES peut-etre plus! - Je vous en conjure, laissez-moi un
souventr .. Djeddab se recule pale et lreDiblanle - je nai ricn a vous donner, lui dit-elle. Mais Ie capilaine a remarque Ie bl'acelet qu'eHe porte au bras. Il Ie lui demande. Djeddah regarde Ie bracelet; elle dit qu'elle se souvient du serment qu'el\e a fait a Ali et refuse de donner Ie bracelet. . Le capitaine se desole. Mais Ie frere de Djecldah s'avance vel'S la jeune fille, detacbe Ie bracelet de son bras et Ie tend simplement au capitaine. -Celui-ci Ie preud, remercie Djeddab elu regard et elit au jenne Arabe qu'il va lui remettre un sauf-conduit pour q u 'il puis$e circulcr librement. II met a eet effel un genou a terre, tire. un ~ a l e p i n et ecrit. Pierrot, pendant ce temps, vient derriere lui et essaye de lire ce qu'il ecrit. Le capitaine se relourne. Pierrot se redresse el fait Ie saint militaire; puis il tourne sur ses talons ct va se placer de l'aulre cote. Le capitaine se fache; Pterrot remonte au fond. L'officier teud Ie billet a Djeddab en luijetant un long regard d'amour. Celle-ci sort avec son frere. Le capitaine regarde Ie bracelet, Ie porte a sm.; levres, et Ie place sous son habit du -cole du cceur. Pit:rrot vient alors au c<'lpitaine et lui raconle que, pendan t C[u'il etait attache au pilier, les Arabes d leur chef se son t enfuis par Ie souterrain. Le capitaine ordonne a un sergent de soulever la trappe. Le sergen t obeit mais un coup de feu part et Ie tue net. La trappe retombe. Le capitaine dit qu'il va chereher du
PIERROT EN AFRIQUE 53 renforL et ordonne a Pierrot de rester en faction aupres de la trappe. Pierrot repond qu'il a trop peur; mais Ie capitaine lui reilet'e impel'ieusement son ordre et sort. Pierrot reste seul flagcole sur ses jam bes, regardc de tous les cotes et dit : - Je vais dormir . II S8 place au milieu du thetllre, s'appllie sur son fusil et dil qu'il ne dormira que d'un eeil. II bailie . el fait des grimaces pour ne pas dormir complete- ment. (Scene comique,) 1\'Iais il finit cependant par s'endormir. Un bruit se fait entendre. C'est l'ennuquc qui est monte sur un pilier. En apercevant Pierrot, il degrin- gole, ce qui reveille l'autre en sursaut. II prend son fusil et fait l'escrime dans tous les sens, mais ne voyant 1'ien it 1'eprend sa position. L'ennuque regrimpe sur son pilier et, c1'oyan t Pierrot endormi, il descend tou t. doucement et s' a vance j usque derriere Pierrot, Ie puignard a la main. Pierrot qui a vu son manege se tient sur ses gardes. L'ennuque passe du 'cOte droil pour frapper. Pierrot ouvre l'eeil droit. L'ennuque tremblant passe a gauche, meme jeu de Pierrot. Enfin l'ennllque s'arme de courage et va pour frapper, mais Pierrot Ie saisit par Ie poignet et Ie jette a terre; puis il fait un pas en arriere ct couche son adversaire en joue. L'ennuque se prosterne devant lui, fait de grands saluts, et erie: Alhh! Allah! - Je vais fen donne'r elu .Allah! Allah! dit Pierrot. II invite J'ennuquc a se relever. ,- Pendant que j'eLais attache, lui dit-il, tu m'as pris ma montre el
PANfomMES . mon argent: tu vas me les rendre; et il lecouche . de nouveau en joue . . . L'ennuque s'execute et restitue ce qu'il avait pris. (Tout . cela cst une scene comique ,\ regie!'.) . Quand il a tout rendu, il se met a pleurer, en disant qu'il n'a plus rien et qu'il a faim. Pierrot a derriere son rlos un pain de munition. II se tourlle et dit a l'ennuque de Ie prendre, ce qu'il lait. II y mord a pleines dents; mais il trouve que Ie pain est tres dur et fait des
grimaces dr6les. Pierrot se retourne pour rire. Pen- dantce temps-lil l'ennuque lui plaque Ie' pain dans Ie dos et va pour se sauver, mais Pierrot. lui tire. un coup de fusil dans Ie derriere, et l'autre lorn be. (Scene comique). lIe TABLEAU 1.11 seene rcpresente un jardin tllre, a vee rempart. - A gauche, Ie pavilion du paeha. Une trappe se souleve; c'est l'autre issue du sou- terrain. Les soldats en sorlent et viennent se ranger sur Ie the,Ur'e; leur chef est. a leur. tete. L'ennuque vient annoncer l'arrivee duo pacha. Le pavilion s'ouvre, et on voit entrer' des negresses, qes bayaderes eL puis l'ennuque. Le pacha s'avance a son tour s.outenu par des officiers de sa cour. L'ennuque fait des gumbades pour amuser Ie pacha .
-
PIEHHOT EN AFRIQUE Celui-ci vient s'asseuir sur des coussins prepares pour lui. On lui passe des lettres sur un, plateau ;il les parcourl. Tout, a coqp il se leve fnrieux en en Iisan! une" et annonce que les FranQais sont vainqueurs ct que son armee est decimee. Tous crient : - Allah! Allah! l) En ce moment on entend Ie son du cor. L'eunuque vient ann onceI' que c'est Ie general Ali. Ali vient se . prosterner devant Ie pacha, qui lui demande ensuile des nouvelles de la guerre. Ali fait au pacha Ie recit dll desastre de l'armee arabe. Le pacha entre dans une violente colere; il s'avance vel'S Ie general, l!li reproche d'avoir manque de courage et lui dit qu'il est, un lache . Ali se redresse sous l'insulte comme un lion blesse. II dit au paclla qu'il a lutte a,:ec courage, et, comme preuve, il reieve sa manche et montre sa blessure; puis il enLr'ouvre ses vetements et decouvre sa poitrine cribiee de coups. Le pacha passe sa main sur son front, et demande a Ali. pardon d'avoir doute de lui; puis il lui tend sa main; Ali m ~ t un genou en terre et Ia baise respectueusement. ' Lepacba demande des nouvelles de son fils et de Djeddah sa fille. Ali repond qu'il' n'en a pas, n'ayant pas quitle Ie champ de bataille. Le pacha est tout
SOUCleux. Le cor se fait entendre trois fois. L'eunuque vient
annoncer l'arrivee de Djeddah et de sun frere. Les deux jeunes gens se precipitent dans Ies bras de leur pere. Ali vien. lle prosterner devant Djeddah, lui embrasse Ia main et tend la sienne a' son frere
56 PANTOMDIES Le paeha demande it son ills d'ou il vient. Celui-ci . . fait Ie recit de sa capture et celie de Djeddah; il raconte Ie devouement de I'officier fra})(;ais auquel ils doivent la liberle. Djecldah ajoute que l'officiel' est un beau jeune homme et tres galant. Ali se sent Ie cmur rempli de jalousie. II remarque alors que Djeclclah n'a plus Ie bracelet qu'il lui avait donne. IlIa. prencl par Ie bras et lui demande ce qu'elle en a fait. Djeddah palit. Ali Ia secoue brutalement et renouvelle sa demancle. Djeddah jelte un cri. Le vacha demande ce qui se passe. Ali Ie lui expli- que. Le pacha. ordonne a sa fille de reponclre; mais son frere s'avance et dit : - C'est moi qui ai dl)nne ce bracelet it I'officier frauQais pour qu'il f;e sOllvienne de nom;. ); Ali blemit a cet aveu, tire son sabre et va pour se precipiler sur Ie fils du pacha, mais celui-ci sinl.er- pose et dit a Ali: - (l Si tu oses frapper mon fils, je te fais tr'ancher la tete a l'instant meme. )) Ali s'ineline et demande pardon. Tout a coup, on entend Ie bruit de la fusillade. et I' eunuque accourt annoncer que les IrranQais ont envahi Ie palais. Le tambour ba t la charge. Ali et. Ie fi Is c1 u paeha tirent' leur sabre et se metlent it la tete de leurs soIdats.Le pacha rentre clans Ie pavilion avec, toutes les femmes. Une detonation se fait entendre; les FranQais esca- laden t Ie bastion. ~ f e I e e generale. Les FranQais repous- sent les Arabes. Pierrot apparait, grimpant sur Ie rem- - part; it saute a terre et cherche partout en brandis- sant son grand sabre. Tout il COllP Ie pavilion G'ouvre,
PIEHHOT EN AFRIQUE 57 les bayaderes paraissent, mais se sauvent en poussanL des cris. Pierrot veut eu aUraper une, mais en vain. (Scene comique a regler.) Heste seul, Pierrot voil sortir de l'ouverture de la porte un enorme sabre, puis Ja tete de l'eunuque, qui, peu a peu, s'avance en trembJant. Pierrot lui barre Ie passage. (Scene iJ. volonte.) Pierrot lepoursuiL Le capitaine franQais entre, Ie sabre it la main. II fait Ie tour du theatre avec 5es soldals en cherchant. A ce moment, ~ j e d d a h sort du pavillon et se rencou- tre avec Ie capitaine qui lui dit qu'il est heureux de la revoir, car il I'aime. - Moi aussi, je vous aime, repoud-elle. Le capitaine lui propose de Ie suivre, qu'elle sera sa femme. Djeddah lui dit que c'est impossible. Tout a coup, Ali et Ie fils du paeha enlrent et aperQoivent Ie capiLaine avcc Djeddah ; ils lui tirent un coup de pis- lolet; Ie capita inc n' est pas touche. II tire son sabre; Djecldah se sauve. Un combat s'engage entre les trois, ils sortent en ferraillanL Pierrot arrive toujours a Ia poursuile de l'eumique qui se refugie clans Ie pavilion en fermant la porte au nez de Pierrot. Celui-ci est furieux. A ce moment Ia fenelre du pavilion s'ouvre. Pierrot s'efface ; Ie pacha montre la tete, Pierrot appli- que un coup de plat de sabre sur la fenetre. Le pacha retire sa tete, puis se penche de nouveau; Pierrot Ie sais1t alors, Ie bourre de coups. cle poing et saute par la fenetre clans Ie pavillon. (Grande scene comique iJ. regler.) Le pacha sort du pavillon avec un sabre, Pierrot Ie suit. Combat comique au sabre entre eux deux . . . Pierrot desarme Ie pacha; ceIui-ci veut se sauver,
58
Pierrot Ie terrasse, Ie depouille de sa robe et de son turban dont il s'aff'uble et monte sur Ie dos du pacha qui Ie porte jusqu'au pavilion. Les :Franc;ais l'entrent et terrassent les Arabes. (Tableau.) Le colonel franc;ais fait mettre aux prisonniers la crosse en I'air. Le defile commence. Pierrot y para it monte !;ur une girafe, habille en pacha, suivi par l'eu- nuque qui porte les habits de soldat de Pierrot. Sortie cit!' cortege. Ali et Ie fils du pacha,en toures des soldats, disen t: - Nous nous vengerons!
HIe TABLEAU Lesaron du pacba. Des negres apportent des coussins; les placent a gauche de la scene; Pierrot entre porte sur des cous- sins par des negres. L'eunuque, toujours habille en solclat franc;ais, entre aussi ; it a I'air d'un Suisse. Les negres portent Pierrot jusqu'au milieu du thCft- tre, et lelaissent tomber par terre; Pierrot, furieux, Jeur administre unl') racIee. (Scene cOll!ique.) II va ensuite s'asseoir sur les coussins, appelle l'eu- nuque et lui ordonne de lui apporter it diner. On a pporte les plats. (Repas et scene comique de Pierrot et de I' eun uque. ) Pierrot demande ensuite une pipe; on lui en apporte une enorme. (Scene comique.) Pierrot ordomie que l'on se clivertisse. Les bayaderes
PlERROT EN AFRIQUE dansent un pas arabe .. La clanse finie, Pierrot se fait apporter un. panier de comiques; appelle une a une les bayaderes et .leur en remet a chacune un; il fait une retlexion sur chacune' d'elles: rune est trap maigre; l'autre est trop petite, etc., etc.; entin une grande almee se presente. Dieu I qu'elle est belle. (C'est un homme qui joue ce role.) Ensuite Pierrotappelle les franliais et leur donne a chacun une bayadere, puis il dit: Nous allons faire voir aces moricauds comment ron danse dans notre pays. Ils dansent un quadrille echevele. comique.) Le quadrille est interrompu par Ia generale qui se fait tout a coup entendre. 1'on s'arrele; des coups de teu retenlissent. Chacnn court prendre son arme. Le capitaine entre en combaltanlavec' Ie fils du pacha.- Ali pqursuit Djeddah en Ia menaliant d'un poi- guard; il veul la tuer. Pierrot prevenu arrive et mel en fuile Ali. Le eapitaine revient, entraiue Djeddah. Les soldals se bousculent. Ali entre avec Ie fils du pacha et lui dit: Allons a-Ia forteresse! ) IVe TABLEAU - La scene represente une forteresse avec bastion en pente. . . Le drapeau arabe flotte sur la forteresse. Le pacha, Ali et Ie fils du pacha entrent a la tete du reste de leurs troupes. Voila notre derl}iel'e res- source, dit Ie pacha en montrant la fortcresse.
60 PANTOMDIES Les Arabes se couchent 1:1. plat ventre. Les Frangais arrivent et se placeut devant. la forte- resse; les Arabes tout a coup se levent en poussant Ie . cl'i de guerre. Fusillade generale. Les FranQais monlent a l'assaut. lis jetlent les' Arabes par-dessus les remparls; tous disparaissent. Le capilaine arrive en combattant avec achal'l1ement contre Ali. Pierrot survient ; il va pour monLer 1:1. la forteresse ; l'eunuqlle y parait un drapeau arabe a la main. Pierrot s'ciance a l'assallt et degringole avec l'eul1uque; com- bat comique entre eux deux et les Arabes. (Scene comique it regler.) Pierrot et les Arabes sortent. Lo capilriine revient avec un drapeau' franQais; il monte it I'assaut pour planter Ie drapeau sur la forteresse. Ali paraH et Lire un coup de pistolet. Le capitaine Lombe it la renverse, mais revient a lui. 11 chere-he son drapeau, se lralne a In force des poignets, et, pour ne pas qu'on viennc Ie lui prendre, cache Ie drapeau dans sa poilrine. Mais Ies forces lui manquent, il Lombe sur Ia hampe d u drapeau. Ali est descenelu de Ia forteresse; il croil Ie capitaine mort et veut lui prendre Ie drapeau, mais Pierrot pa- raH et braque sur lui deux pistolets. Ali se sauve, l'autre Ie poursuit. Djeddah -entre et apergoit Ie capitaine; eUe Ie croiL, aussi, mort"; elle se baisse et pose la Lete elu capitaine sur ses genoux. Entre Ie colonel franf,;ais; puis ie pacha, Ali, Ie
PlEUROT EN AFHIQUE 61' fils du paeha v i e n n e I ~ t deposer leurs ani1es a ses pieds. Pierrot reviellt tenant l'eunuque; il Ie jetLe a terre, et .Ie tire par la langue. (Une longue langue en dl'ap rouge.) - Les Arabes sont aussi desarmes. Tableall final - ApothCose .
, ,
- LES DEUX JOCRISSES
P.lNTOMDIIl BURLESQUE E:'I TROIS TADLEAUX PEIlSONNAGES PIETIlO LE GONDOLIEH. MARIET'l'E;. L'\' !lIEllE SHLONE. LE BAILLL JE,\N Lil BLANC. TJIo)IAS LE HOUGE . -
,
,
,
Q. " LESDEUX JOCRISSES PANTOlllME BURLESQUE EN TROIS TABLEAUX " "
PREMIER TABLEAU Au fond un moulin. - "Maison II droite avec fenetre. - Un pont; barque avec les avirons. " Au lever du rideau, Pietro Ie gondolier arrive dans sa barque. II aborde, descend, vient a la porte de la maison et frappe trois. coups dans ses mains. La porte 's'ouvre et Mariette parait. Elle va a Pietro qui lui dil :" - Comme tu es. belle et comme je faime! II la mene a la barque et lui montre son filet plein de poisson. Mariette est joyeuse ; elle lui elil: - Mon brave Pietro, travaille beaucoup, gagne de l'argent, .et no us nous marierons! Pietro 1'attire a lui. La mere Simone entre, aper- les amoureux, -yient les separer et fait rentrer sa" fitle ;" puis elle pousse Pietro jusqu'a sa barque; .- 11 disparaH. (Scene , .
66 l'ANTO')I1MES La mere Simone appelle sa fiIle cL lui donne un panier pour aller aux provisions; eclJe-ci refuse et s'enfuit dans la maison. Simone furieuse la suit. Pietro revient avec sa barque, eond uisan t M. Ie Bailli. Ce dernier descend et va it la porte de Simone. II a une eouronne de rosiere passee dans un bras. II . . . frappe trois appels du pied. Simone parait au troi- sieme coup qui tom be sur son. pied it elle; elle poussc des eris. Le Bailli veut lui friclionner Ie mollet.- Elle se faehe. (Scene comiqlle II regler.) Simone demande au Bailli ce qu'il desire. II lui montre la coui'onne et dit qu'it vient inscrire. les jeunes filles pour Ie concours de rosiere. Simone de- mande a Nre inscritc aussi. (Scene comique a regler.) Simone va chercher sa fille. MarieLLe vient au . . . . Bailli et lui fait une reverence gauche. Le Bailli lui prend Je menton et veut l'embrasser, mais MarieLle se recule et c'est Simone qu'it embrasse. Fureur dll Bailli. Jl son calepin et inscl'it Ie nom de Ma- rielte. -Si vous etes gentille, lui dit-il, je vous ferai avoil' la eouronnc.
Les .deux femmes Ie saluent et rentrent chez elles. Pietro accourt et demande au Bailli de rinserire aussi. (Scene comique.) Puisil fait remonter Ie Bailli dans sa barque; ils s'cloignent. Mariette sort de la . maison avec un panier pour aller aux .provisions. Elle rencontre Pietro et lui annoncc qu'elle va eire couronnee rosiere. lIs se re- jouissent t.ous deux. La mere Simone arrive et les surprend. Mariette se sauve dans la maison. Simone menace Pietro; celuici lui fait un pied denez. Simonc
IJES DEUX JOCRISSES ' 61 court pOUI' lui dOIlIlI.!r un souffiet; en ce moment Thomas Ie Rouge entre et c'est lui 'qui Je re<;;oit. Thomas remon te et redescend Ia scene en. se tenant Ia joue. Simone s'ex,cuse de sa maladresse. -:- Ce n'est rien, lui dit Thomas. Je viens vous demander lit .main de votre fille. - Etes-vous riche? demande Simone. Thomas la prend par la main et lui montre sur 10 coLeau, au loin, une maison qui lui appartient; puis il etend Ia main de l'autre coLe et montre Ie moulin qui tourne. Mais, en ce faisant, il donne un souffiet a -Simone en voulant imite!' Ie moulin. (Scene .comique II regler.) Simone est enchanLee. Elle va chercher sa fille. En Ia voyant, Thomas manque de se trouver mal. Simone l'encourage a faire sa declaration. Thomas s'avance . et salue comiquement. II tire la jambe en arriere et donne lIn coup de piecl a Simone sur Ie mollet. II fait sa declaration, mais Mariette lui tourne Ie dos, ce dont Thomas se plaint a Simone. Celle-ci lui montre Ie gros bouquet qu'il porte a Ia boutonniere et lui dit de l'offl'ir a Mariette, ce qu'il fait; Ia jeune fiUe acceple; Tlwmas est joyeux ef Ie dit it Ia mere Si- mone. Mais en ce moment Pietro entre et MarietLe lui jeLte Ie bouquet. Thomas c1emande un baiser a Marietle. - Venez Ie prendre, dit-elle. II s'avance, mnis c'est un souffiet qu'il r e Q o ~ t , et Mariette relltre dans la maison. Thomas est furieux; il dit a Simone qu'il s'en va .. Simone tache de. Ie calmer; elle lui dit qU'elle donnera une raciee a Ma- rieLte. . Pietro revient avec Ie BaiUi dans sa barque. Quand I' ES its sont al'l'ivcs au milieu du tlieatl'e, Jean Ic Blanc paraiL sur Ie pont. II porte sur les epaules un gros sac de farinc. Arrive au milieu elu pont, il trebuche, et laisse tomber son sac en pleill sur Ie Bailli dans la barque. Celui-ci se demene les jambcscll "I'air. Mariette sort de chcz elle. Jean Ie Blanc vient lui faire une declaration. Mais Pietro Ie prend par Ie bras, 1-'3 falL tOUl'nel' et lui montee Ie Bailli qui se debat clans Ia barquc. Ils vont Ie chercher et l'amenenl Sill' Ie devullL de la scenc. Simone apporte une chaise; Pietl'o ct .Jeau Ie Blanc en Ie faisant asseoir.le pousscnt trop . fort sur la chaise, il tombe a Ia renverse. lis Ie relevent, et Ie pousf',en t cette fois en avant, it tombe SUI' Ie ventre. Pour. Ie relever, Jean Ie Blanc Ie saisit pat' la perruque, mais elle lui reste dans les mains . . (Scene comique a reglCl.) . EllfinIe Bailli finit P3S s'asseoir : Mariette lui apporte une bouteille et un VI'\1're. Pietro preud la bouleille et boit. Jean Ie Blanc Ie fail .loui-ner, prend In' et hoit i1 sou tour. Pietro refait Ie meme jeu; mais ]?ietl'o .en tournan t envoie son derriel'e dans Ie ventre c1u Bailli, qui tombeetva lespiecls de Simone. (Grande cascade comique.) . Le Bailli et Pietro sorten t. Jean Ie Blanc. fait sa declaration a }Harielte; eelle-ej Ie repousse, it va .heurter Simone et la ren verse. II court Ia reiever, et Ia conduit jusqu'a Ia porte de la mai- son et d'uncoup de derriere la pousse dedans.ll veut entrer ailssi, mais Simone lui ferme la pOlte 'au Furieux il dil qu'il entrera quanu meme. 11 se recule .' pour sauter 8Ul' la. porte. et l'enfoncer,. mais il se
I Les deux Jocrisses. LES DEUX JOCHISSES .trouve nez a nez a\'"ec Pietro qui lili demande ce veut a Simone. - .J'aime Mariette, repond-il - Je te defends de penseI' a Mariette, lui dit PietJ'o; elle est man amoureuse. . - Tu ne me fais pas peur, dit Jean Ie Blanc. - Ni toi non plus, reprend Pietro.. . Ils marchent l'un sur l'autre, mais Jean.le Blanc se met a trembler. Pietro rit de sa peur, et lui dlt qu'lls
. vont sc battr'e . .Jean Ie Blanc y consent. Pietro va accrocher' son beret a Ia. matson; l'autre . . . . . . accr-ocbe son cbapeaua un portant, mais Ie. chapeau tombe plusieurs fois. (Scenc comiquc li regie.'.) Enfin ils tombent en garcle. (PlllSicUl'S passes comiqucs.) lis se prennent a bras Ie COl'ps. Simone accourf et veut les separer. Dans Ia bagarre Jean Ie Blanc accroche Ie bonnet de Simone; Ia perruq ue s' enleve en meme temps et Ia bonne femme apparait la tete chauve! lScene comique.) . Chacun se renvoie Ie bOll!let. Simone en youlant Ie ratlraper tom be. Pietro s' enfuit. Simone furieuse applique un soufflet a Jean et rentre Ia maison. "'- Je me vengerai, dit Jean. En sortant il se heurte contre Thomas Ie Ronge. Jean resle en place. Thomas descend la scene; tous les deux prennent des foses de jocrisse,s en se montrant dn doigt. Puis iis se prennent par Ia main ct. descen- .. dant Ie theatl'e avec Jes grimaces comiqnes. . Jean demande a Thomas Ie Rouge ce qu'il vient faire.
- Et toi, que fais-tn? .. '70 PANTOMIMES '. - Moi, repond Jean, je viens pour epouser Mariette. - Toi, mechant blanc-bec! tu n'as pas Ie sou, tan- dis que moi je suis riche! c'est moi qui epouserai Mariette. . - Non, c'est moi! repondit Jean. C'est moi Ie pre- fere. . . Une querelle s'engage entre eux. (Scene comiquc.) . Thomas va frapper a Ia porte de Simone. Jean Ie prend par Ie bras et Ie fait tourner; Thomas de meme a son tour. E n ~ n , Jean lui propose d'y aller ensemble. lis partent tous les deux de front en mal'chant a Ii jocrisse; lIs frappent. Jean frappe sur Ie pied de Tho- mas qui lui administre unsouffiet, puis vient se pla- cer de face a gauche. Simone apparait et sort de ]a maison. Elle vient au-devant des deux jocri.sses. Ceux- ci prennent chacun leur chapeau it Ia main, s'avall- cent mecaniquement et saluant comiquement. Simone leur demandc ce qu'ils veulent. Les deux jocrisses disent tous les deux ensemble qu'ils aiment Mariette. Simone leur demande s'ils ont de l'argent. lis repondent avec Ie meme geste qu'ils en ont beau- coup. . - Alors, je vais chercher rna fille, qui choisira celui qu elle prefere. Jean dit que ee sera Iu!; Thomas dit aussi que 'ce . sera lui. Mariette descend au milieu de Ia scene. Jean se place a Ia droi te de la jeune fiIle,' Thomas a sa gauche. - Que me voulez-volls? dit Mariette. Tous les deux font leur declaration u'amour avec des gesles a Ia jocrisse. lis se mettent a genoux l'un
J,ES DE US JOCRlSSES 71 en face de l'autre et suppliant la jeune fille de spo prononcer. MarieLle leur rit au nez, leur donne a cha- cun un soufflet; tous deux tombent assis par terre. Mariette'va au fond retrouver Pietro. Simone, en_ voulant passer pour rentrer, bute ,contre les brascle Jean qui les levait en signe de resignation; elle fait une culbute en avant et rentre chez eHe. Jean et Thomas soot furieux. lis arpcnLcnt Ie theatre en se bousculan t mutuellement chaque fois qu'ils Ee croisnt. ,(Scene comique a regler,) En fin Jean Ie Blanc se frappe Ie front et dlt: ,J'ai une idee pour nous vellger.' II parle a l'oreille de Thomas, qui se frotte les mains de contentement a l'idee de Jean. Celui-ci explique qu'a la nuit ils yiendl'ont avec des lanternes et des planches pour escalader la fenetre. - Gest entendu, dit Thomas; au plus malin! II frappe dans la main de Jean, qui lui fait faire une promesse. Puis ils se prennent pal' Ie bras et . ' sortent comiqu'ement. Pietl'o qui a econLe Ie complot dit : Nons allons rire ! La nuit est arrivee. Le temps est a l'orage. Le Bailli entl'e, tO,ut grelottant, enveloppe dans son manteau. II bute contre un sac, et fait une cabriole. (Cascade a regler.) 11 va it la porte et frappe. Simone ouvre, reconnait Ie Bailli et lui diL d'elltrel' se rechauffer. 11 entre. Les deux jocrisses arrivent l'un apres l'autre, por- tant chacun une planche et' une lanterne ; ils fon t des grands pas comiques. lis viennent au milieu , , , . 72 P Ai\' T 0 (;\[ E S ' . du theatre et posent leur planche debout, par face au public. lis levent du mouvement leurs lanternes a la hauteur de leur tete pour reconnailre la maison. Pietro frappe du pied par terre. Les deux jocrisses ont peur et se cachent derriere leurs plan-, : ches. L'un commence par allonger Ie bras avec la lan- terne, puis montre la tete. lis posent leurs lanternes pour aller placer leurs planr.hes. Pendant ce . Pietro prend leurs lanterncs et les em porte. Les deux jocrisses se trouventdans I'.obscurite. Ils cherchent mutllellement a tatons avec leurs planches et s'en donnent reciproquement des coups. Le Bailli qui arrive' en reQoit egalement des coups sur Ie derriere et sur la tel e. (Grande scene cOIIlique.) , Enfin Simone sort avec un baton'; elle aperQoit Thomas qui appuie sa planche contre la maison et lut administre une volee ; il s'erifuit. Jean Ie Blanc vient egalement poser sa planche. Le BaiIli lui donne Ull coup de baton. L'autre se retourne, prend Ie Bailli a bras Ie corps; taus deux tombent en roulant run sur l'autre. Simone accourt, croyant frapper Jean, c'est Ie Bailli qu'elle aLtrape. Celui-ci se releve tout meur-, tri. Simone et Ie Bailli veulent s'emparer, de Jean, mais ce dernier se baisse, leur attrape les jambes : taus les deux tom bent. II se sauve. Simone ct Ie Bailli continuent de se cogner, croyant chaclln que c'est Jean Ie Blanc. (Scene corniql:e a regler.)
, LES DEUX JOCHlSSES i3
lIe TABLEAU
Une chambre rustique avec porte et fenCtre au fond. -, Simone entre, tenant a la main un ouvrage de bro- derie ; eUe Ie pose sur une chaise, et appeUe sa fille. Mariette arrive. Simone la gronde de sa 'conduite envers. les deux
Jocflsses. Mariette repond qu'elle aime Pietro et qu' elle veut l'epousel' .. - Jamais, dit sa mere. E ~ l t r e n t des paysans, hommes et femmes, qui ViCli- nent demander leurs outils de travail. , Simone et Marielte les leur distribuent. Mariette prencl une serpette pour aller aux champs; mais Simone lui dit qu'elle restera a la maison. Elle ia fait asseoir sur une chaise et lui dunne ia broderie pour travailler. Mariette ia jette par terre avec un mouvement de coiere. :- Simone vent la baUre, les paysans s'inlerposent. Alors eUe renvoie tout Ie monde, montre une grosse clef a Marietle et lui' dit qu'elle va l'enfermer. La jeune fille supplie sa mere, mais celle- ci n'ecoule rien, sort et ferme la porte a double tour. Mariette se'desole, mais, lout a coup, Pielro frappe it I"a fem1lre ; Mariette la lui ouvre' et il saute dans la . 7<\ PANTOMIMES , chambre. Mariette recule, effrayee de la hardiesse' de son amoureux. Pietro la rassure. n lui raconte qu'il a surpris les projets des deux jocrisses qui vauIent venir Ia nuit pour Ia surprendre. - Je vous aime, . ajoute-t-il, et je saUl'ai vous respecter. J) . Mariette se rassure ; elle se laisse prendre les mains que Pietro lui . En ce moment, on frappe a la porte; Pietro va regar- der par Ie trou de la serrUl'e et revient en disant que c'est Ie Bailli . . . - Cachez-vous, lui dit Mariette, si I'on vous voit ici, je suis perdue de reputat.ion. Pietro va se refugier dans Ia chambre de Ia jeune fille. Le Bailli. qui s'est procure une seconde clef, .ouvre la porte' et entre a reculons. It referme' la porte .. Mariette est toute tremblante. Le Bailli, qui n'est autre que Thomas Ie Rouge, qui s'est procure un costume, porte au bras une couronne de rosiore; It vient vers Mariette en. dissimulant sa figure, et liIi annonce qu'elle a ete procla'!lee rosiore. - Mariette saute de joie. Mais Pietro, qui observe la scene, reconna1t Ie faux BaWi, et il fait un signe it Mariette. Thomas pose ]a couronne s,-!-rla tete de la jeune fille et veut obtenir d'elle un baiser. Mais, sur un . , . signe de Mariette, Pietro paraH, va au faux Bailli, et , lui dit: - Je te reconnais! tu es Thomas ]e Rouge! Stupefaction de . Pietro lui ordonne de deguerpir au plus vite; Ie faux Bailli va pour sortir, mais on frappe a la porte.
- LES DEUX JOCRISSES 75
Pielro va regarder par.Ie trou de Ia serru-re et revient . en disant :. . - C' est Ia Simone ! Inquietudes de Pietro et .de Toomas. II faut vous cacher, dit Mariette nux deux hommes. Pietro rentre dans Ia chambre. Thomas va dans celle qui est de l'aulre cote. Puis Ia portes'ouvre ct Simone paralt. C'est tout simplement Jean Ie Blanc, deguise avec des vetements pareils a ceux de la mere de Mariette. It entre en dissimulant sa figure. II s'approche de la chaise Otl Mariette- travaille, toute tremblante, et lui demande pourquoi elle n'a pas ouvert .. Elle a frai)pe longtemps. dit qU'elle n'a pas entendu. La fausse Simone lui dit : Voici In nuit, it faut te coucher. - Je n'ai pas sommeil, repond Mariette. . . La fausse Simone v'a pour la frapper. . Mariette se met a pleurer. Jean Ie Blanc prend sa jupe pour lui essuyer les yeux, mais il s'aperltoit qu'on voit ses jambes.11 rabaisse la (Cascade comiquc it regler.j La fausse Simone ordonlle alors a Mariette d'aHer so coucher. Cette fois celle-ci oMit. Au moment. OU elle va entrer dans sa chamhre, Jean dit qu'il a une idee. H rappelle Mariette et dit : Je vais te des- habiller. . Mariette s'y refuse. L'autre Ia prend brutalement t la fait tourner, prend une chaise et se en devoir de lui defaire son corsage. (Grande scime comiqnc du deshabillage. Jean Ie Blanc fait toutes les grimaces possibles.) . Le faux Bailli ,voyant cette scene vient a la
76 , P ANTOMDIES
, . Simone -et veut, lui aussi,' conLempler les 'belles epaules de Mariette. Jean se reLourne et se trouve nez a nez avec Thomas. (Scene comique entre les deux affioureux.) Jean finit par faire renlrcr Ie faux Bailli dans sa cachelle et revieilL s'asseoir; il a touL e.nleve, Mariette n'a plus que sa chemise. II fait une foule de contor- sians comiques. It donne a Mariette scs 'veLemenLs et la pousse clans sa chambre, puis il reviellt, tom be . . sur une chaise et soupil'e profondement! II pense qu'it cst seul,. que Mariette est it lui! ct il se <lirige vers la chambre. de Ia jeune fitle. l\fais on frappe bruyamment a la porte. It va regarder par Ie trou de la serrure et dit au faux Bailli f[ui est sorti' de sa cachelte : ' . - -C'est la mel'e Simone! nous SOQlmeS perdus ! 'lis se cachent chacun dans un cojn. La parle s'ouvre, la Simone et Ie vrai Bailli entrent.. Jean et Thomas veulent s'esquiver, maii! Ie Baiili les retient par leurs habits. Simone reconnait Jean Ie Blanc et Thomas. Elle et Ie Bailli eclatent de' rire. Les deux jocrisses font tomber leurs deguise- mellts . . - Je te ferai pendre, dit Ie Bailli a Thomas. - Tu iras en prison, dit Simone it l'autre. ' Taus les deux se jettent a genoux ct demalldent pardon. Ence moment Pietro et Mariette sortent de la . chambre et s'enfuient par la porte' du fond. Simone et Ie Bailli les voierit et courellt apres les fugitifs.' ' ResLes seuls, Thomas et Jean se.regardent comme LES DEUX 77 deux imbeciles. Le bonnet de femme de Jean tombe it terre. lis se meltent it pleurer, et ramassent chacun au 'loin des brides du bonnet pour s'essuyer les yeux, Ie bonnet danse entre eux ; ils dansent aussi. EnHn, ils se mettent it rire et disent: Nous sommes joues, . prenons-en notre parti ! Pietro a enleve Mariette,.: bien sur il va l'epouser. Payons les frais de la noce. Au moins nous nous amuserons ! lIs se meltent d'accord lit-dessus et sorl.eut. . . Illme TABLEAU.
Les paysans et les paysannes reviellnent du travail portaut des fagots. On entend au du bruit et ron voit arriver Pietro ctMariette. lis disent qu'its sont poursuivis et demandent qu'on les cache. Les paysans et les paysannes les font passcrderriere eux .. Le Bailli et Simone arrivent tout essouffies et de- mandent si ron n'a pas vu les deux fugitifs. 'foul Ie monde rep<?nd non. Mais Simone remarque que les paysannes ecartent leurs jupes comme pour caeller quelque chose. Le. Bailli leur dit de s' ecarter, Elles refusent. II tourne autour d'eHes, mais eHes foot Ie meme jeu en conti- . .' nuant de cae her les jeunes gens. (Scene COll1iquc it reglcr,) Simone et Ie BaiBi fioisseot par decouvrir M.ariette et Pietro. Ceux-ci se jettent aux, pieds de Ia mere en
. , ~
78 l' A KTOl\l HI ES la suppliant de les marier. Le Bailli se joint a eux ainsi .que les paysans et les paysannes. Simone emue consent enfin. Mariette et Pietro lui sautent 'au cou, ce qui fait rire les paysans. Thomas et Jean entl'ent et applaudissent bruyam- ment. Tous se retrouvent. Les deux jocl'isses viennent . comiquement compJiniellter les maries. Simone leul' demande d'ou vient leur gaiete. -Nous avons voulu elre malins, nous n'avons ele que ridicules, repond Jean Ie Blanc, et ils proposent de payer les frais de la noce. 'ruut Ie m o n ~ e applaudit ; les paysans prennent les deux jocrisses et les portent en triomphe. Pietro propose de danser avec Mariette. PAS DE DEUX. Les paysar;ts appIaudissenL Les deux jocrisses veu- lent danser aussi. ~ PAS. DES JOCRISSES, . . On applaudit it tout rompre. - Galop general. Jean Ie Blanc fait mettre it terre Ie Bailli, et lui monte sur Ie dos en prenant une pose d'ApolIon .
Tableau final .
.. ,
L' ABB.E- CAPITAINE' otJ LES SEPT PECHES CAPITAUX PANTOMlliE EN TROIS TABLEAUX PERSO:iNAGES :
vicilinnlide. MISS BETT, vieille" Anglaise. LE MARQUIS np SOU&-:SOL. MARGUERITE, sa filiI.'. La scene se passe. SOU5 Louis XIV .
,
" " , , , , , , . .
L'ABBE-CAPITAINE OU LES SEPT PECHES CAPITAUX PANTOMIME EN TROIS TABLEAUX , PREMIER TABLEAU Salon Ires elegant. - Trois porles au fond . . SCENE PREMIERE Reunion nombreuse - On va signer Ie contrat de Max et de Mlle du Sous-Sol. iJfentlet. On amEme l'amiral traine dans une petite voiture cl'ou emergent deux jambes de bois. - sui vent . . les mouvements de la danse . . Pendant la danse, oblige d'assister it la ceremonie, lit son breviaire en tournant Ie dos au public. 6 , 82 P ANTO:lIHlES Le nolaire entre. On signe Ie contrat. - Toul Ie . moude signe - Claude Ie dernier el se retire a droile. (C'est un sosie qui joue l'Abbe a cette scene.) Le marquis emmene sa fille dans ses apparlements sui vide la societe. - L'amiral qu' on emmme fail signe a Max qu'il lrouve la jeune fiUe charmante et qu'il voudrait elre a sa place. - Courage, dit-il en sortant. l> SCENE II
MAX, puis MISS BETT. Max est fOll de bonheur - il regarde par Ie lrou de . la serrure - on desabille sa femme . ...;... Elle est ravis- sante, dit-il.
MISS BETT elltre. Elle fait des Jeux a Max, lui declare sa flam me. - Pourquoi ne m'avez-vous pas epousee? - l\'Ioi, dit Max, jamais de la vie. - J'aurais ele si douce, si tendre! Je vous aime, lui dil-elle. -:- 9a m'est bien egal, reponcl Max. Elle se roule a ses pieds, comme un serpent. - Dans ce mouvement sa perruque tombe et on un crane denucle. - Elle la remel it la diable. - Ah! tu ne veux pas etre a moi - tine seule (ois - ell bien, je me tue. - Elle tire un poignard el se frappe it coups redoubles. . Max est epouvanle, - it va au fond appeler du secours. - Miss se reI eve d'nn honel, - va a une . . L' A B B - C.A P [T A I N E porLe secreLe a droiLe. - QuaLre hommes masques enLrent, .baillonnent Max et l'entralnent. - Ah! tu seras a moi quand et montranl laporte de Marguerite elle lui dit: il ne sera pas a toi ceLte nuit. - Tout pour moi. Elle sort avec un geste conqueranL. , SCENE III
LE MARQUIS, puis L'AMIRAL. I Il cherche Max. - Ou cst-i1? II sonne, un valet parait. - Ou est mon gendre? - Je ne sais. - partout. (Le valet sort.) On ramene l'amiral. Le marquis lui dit qu'il ne sait pas OU est - Si vous voulez, lui repond l'amiral, j'irai Ie rem- placer.- II veut se faire conduire dans In: chambre nuptiale. . - Vous etes fou, lui dit Ie marquis. - 1\lais non, je suis encore tres gaillard. (Coups de canon.) SCENE IV Un officier entre et remet une depeche it l'amil'al. Ce sont les corsaires, - il faut partir sur-Ie-champ.. - on lui apporte son porLe-voix et deux immenses. ,tromblons. - Allons parLons, dit-il, et prevenez votre gendre qu'il me suive. (II sort.)
, 84 PANTOUDIES -
SCENE V Le marquis sonne. - Les valets entrent. - Oil est mon gendre? . . - On l'a cherche dans toute Ia maison, il n'y cst
pas. - Grand Dieu! au moment (l'aller combatlre! --- Mais c' est une desertion; il sera fusilIe, - et rna fille qui est 111 I - C'esl il perdre la tete. SCENE VI Claude lisant ses heures entre. - Le marquis lUi demande oil est son fl'ere. - Mais, chez saJemme. - Non. - Oil peut-il elre? (Coups de canon.) Claude tremble de tout son corps et prie Dieu. - C'est Ie signal du depart, dit Ie marquis. - Et votre frere n'est pas iil; il sera degrade. - Grand Dieu ! . - Puis fusille. Claude chancelle. -Ah! quelle idee, dit Ie marquis? - II va clans Ia . chambre a Max et en ra pporle un uniforme et tout l ~ fourniment. - Vous allez revetir ce costume. - Pourquoi faire, dit l'abbe?
,
. L'ABBE-CAPITAINE . , - Pour aller rem placer votre frere et vous battre a sa place. 9laude chancelle et t0mbe it genoux. Jamais! !" , - Volre fre"re sera fusille, degrade. (Scene de persuasion). Claude se frappe la poitrine, --'-0' demaude une inspi- - ration it Dieu. ' Le marquis Ie prend et l'entraine, a moiLie mort ,de peur.
" Coups de canon.
.II e TABLEAU , Le pont du vaissem amiral. - Canons a tl'ibord et it babord. - Des marins sont dans les huniers 'observant l'horizon. . '. .
. , SCENE Ire. , ,
On emmene I'amir,al, toujours tralne dans sa petite voiture'. . II demande'sa lorgnette, etant en contre-bas du sabord, il n'aperQoit Ie dos d'un marin qui regarde, sur un cabestan. - Rien encore, dit I'amiral. , . , - (;6
SCENE n. Miss vient demander a l'amiral OU est Max. - It est malade, rcpond l'amil'al; - il est couche, il a Ie mal de mer. :....:.. . Oh! je vais Ie soigner. L'amiral Ia retient. . -- SCENE IlL _
Claude parait en officier de marjnc; i I a en etIet QJoe mine blafarde et se souticnt apeinc. -Comment <;ia va-t-il, lui demande l'amiral? - PilS bien,dit Claude, -et il se sauve a un bas- tingage. Le mouvement du rbulis Ie fait pencher en uvant; - il va tomber a l'eau sans un marin. qui -Ie Ll'elien t par les pieds. , L'amiral sort, Claude estsoulage. :..... -Miss lui iProdigue sos soins; .elle est convaincue que c'cst .Max; elle lui declare sa tlamme. Claude,Ia regarde, - se met a rire. - Vous ctes . - folic, lui di t-il, regardez-vous donc. Miss se trouve mal. - Claude lui jettc de l'eau a la figure. GrispaLions . de ,la . vieille Anglaise:- Claude ordonne qu'on Femporte;. on l'entrai.ne, elle bat les marins et so tres tranqtiillemenL SCENE IV.
Claude seu I. II recommence a eLre
Un marin lui conseillc de hoire quelque chose. n nccepte, eL boit un verre d'eau-de-vie. 87 II a fait d'abord la grimace, - recommence. - Ce n' est pas si mauvais, dit-i1. Cependant, il est un peu ctourdi et trebuche .
Coups de canon au lointaiil .. Il tremble ue tous ses membres, tombe a genoux, fait sa priere et se bat In poi trine. Le marin qui croit qll'il. a Ie mal de mer .Ie releve. Mais c'est la peur qui POppl'flSSe, Ie marin lui fait prendre un autre ve,rrc. . . It est complelement gris. (Coups de canon.) Tout Ie monde est sur Ie pont. s'approche de Claude. Si tu es tue, je mour- rai avec toi ), lui dit-clle. Clallc;le, dans son ivresse, se laisse embrasser et rend les baisers machinalement. L'amiral revient el ordonne Ie branle-bas. o Les canonnicrs til'ent; 011 voil arrivel' !'avant diI vaisseau ennemi. L'amiral ordonne a Claude de monter a l'assaut; il , r., vide Ia bouteille ;-il est plcin de courage, il prend une hache. d'abordage et monte a des cordages. On Ie voit; sur Ie bcauprc du vaisseau, faire tomber a In mer huit ou dix corsail'es ; il revient avec Ie dra- peau ennemi. L'amiral Ie felicite. Claude se met agenoux devant lui. L'amirai l'embrasse en faisant sur son dos lin rouIementde tambour avec ses jambes. f8 r Ai\"TO:lIDIES . . IIIe TABLEAU Un salon. SCENE PREMIERE LE MARQUIS ET SA FILLE Marguerite se desole, son pere la console. (lis sOl'tcnt.)
SCENE II CLAUDE .. . Claude entre comme un fou. - Oil suis-je? Ai-je reve? II se remet peu a peu. H va prendre son livre d'heures et se met en priere. SCENE III CLAUDE, MARGUERITF; Marguerite pleure. - Oil est-il? Est-il tue dans 1e . combat? Elle l'aper<;oit, pousse un cride bonheur et se jetLe it son cou. - Claude, qui etait en priere, se . releve avec effroi. - Marguerite Ie culme. - C'est
L' A BB PIT AINE 89 moi qui t' aime. Tu n' as pas etc blessc dans Ie combat? - It se tale Ie corps. (Jeu de scime-trcs proionge.) Non. - Tu es heau, lui dit tu es brave, tu es- pieux! raconte-moi Ie combat. - Quel combat? - Mais celui dont tu efl sorli' vainqueur .. - Ah! oui, oui. 11 se souvient peu a peu .
n exprime qu'il a eu mal au ceeur, - qu'il abu, - et qu'il a tue dix ennemis et a conquis un dra- . peau. (Celte scene est mimee sur de la musique qui exprime tour il tour l'etat 011 it trouvait. - La priel'c, - l'ivresse, - son courage et la lutle qu'il a cue a soutenir.) -
. ...:... Je t'admire, dit Marguerite. Claude embrasse respectueusement -Ia main de sa belle-seeur Celle-ci lui dit en lui presentant sa joue : - Nnn, pas la, lao Claude tressaiUe. -"- Venez vous asseoir pres de moi. (Elle l'entraine sur . uncanape.) QU'avez-vous'? lui dit-elle. - J'ai ... j'ai faim. Ah! je n'y pensais pas. (Elle ordonne qu'on apporle un sou per , - On Ie sert.) Claude devore. Marguerite lUI sert a boire d u champagne. II boit, - mange de nouveau, -' redemande a bojre. - A votre sante, dit-il, et vous, vous ne buvez pas?
, , .,
90 PAN 1M ES - Je n'ai pasde verre, dit-elle, - et timidemEmt lui prend Ie sien .. - Elle Ie retourne et boit a ren-- droit oil Ies levres de Claude se sont placees. IFremisse- ,. semeot de Claude.) Marguerile lui rend Ie verre, et gra- cieusement Ie fait boire au meIDe ou elle a bu. Puis doucement elle l'enlace. . Claude se laisse faire et temoigne d'une sensation qu'il n'a jamais eprouvee: Peu it peuil s'endort. . - Allons la, dit Marguerite. (Montrant la chumiJre nuptiule.) Jl se Iaisse faire, -doucement et virginalement. Ayant peur, elle l'attire vers la porte. ' Il se laisse cond uire machinalemen t. - Tou t it cou P . , il aperQoit l'epee de son frere sur une panoplie. It est reveille tout it fait. II se revolte et se met en fureur contre lui-meme. II se place devant une glace et se frappe. Marguerite croit qu'il .est fou et sort-pour l,lppelel' du secours. ' '
SCENE IV ET DERNIERE .
-Claude se remet cependan t. .11 dit : . ., - Je veux quitter ces lieux, causes de toutes mes . . erreurs. - J'ai commis les sept pecbes capitaux . . - Fliyons (II sort.) . ,- Tout Ie monde arrive. - Ou est-il? .
. . L' ABBE-CAPlT AlNE' .91. En ce moment, Max entre timidement. Il "s'est "echappe des mains des 'valets de Miss. L'amiral Ie felicite, Ie" comble d'honneurs. II H'Y comprend rien. ". Marguerite, rassuree de Ie voir si calme, lui tendla " main qu'il embrasse avec transport. . '-;"'" .. ' .. Miss entre comme une folIe' et, voyant les jenncs maries, se precipite sur l'amiral et a,"ec transport.- Voulcz-vous ma main?}) - L'amiral ac- cepte en ballant des jambes. - Max enlraine sa femme dans la chambre nupliale pendant qu'au loin, on aperc;oit Claude en meditation. Tabfeatl. "
, "
LES NO.CES DE PIERROT PANTOMIME VILLAGEOISE EN CINQ CHANGElIENTS PERSONNAGE5 . PIERROT. l\IATHUlUN. LE BAILL!. FIFINE. LOUISE. , PIEIlHOT perc. MICHEL, frere de Pierrot. SOLDATS. INVITES. ,
. LES NOCES DE PIER.ROT PANTomME VILLAGEOISE EN CINQ CHANGEMENTS'
1 er CIIANGEMENT. Une campagne. - II droite et iI gauche. Des traiteurs dressent Ies tables et meltent Ie couvert. On entend Ie tintement des cloches. Entree du cortege it Ia tete duquel gravement Ie Railli . . II est suivi de Pierrot et de sa femme, ,et de tous les gens de la noce. Mathurin r;ronde les garQons de leur paresse; Ie Bailli poursuit Louise eL se trouve face it face avec Pierro! qui Ie repousse et l'envoie tomber sur un plat de creme qu'apporte un garQon. Celui-ci se fache; Fifine vient Ie cajoler. Pierrot devieht jaloux et promet -une correction it sa femme qui se plaint it sa mere. Pour mettre fin it cette discussion, Ie pere de Pierrot donne Ie signal de se me.ttre it table. Toutle monde s'empresse de prendre sa place .. Pierro! nepeut en
96 P ES trouver . aucnne. Son pere lui remel une pile c!'as- siettes en l'invilant it servir it tahle. Le tambour se fait entendre. Michel, suiv! d'un de ses amis, vient se jeter dans les bras de son pel'e et de son frere. Mathurin invite tout Ie monde a- se remetLre a table. Le Bailli, place entre Louise et la mariee, cajole ses voisines, ce qui excite Ia jalousie de Piel'rot au point qu'il finit par lui casser une assiette sur la tete. Mathurin gronde son fils qui lui renverse une houteille de vin sur la teLe. On apporle Ia jarreliere de la mal'iee, puis on commence les c1anses. Pierrot veut danser avec sa femme, mais un soidat Ia lui enleve . . Le Bailli emmene Louise pour danser avec eUe ... Michel Ie r.epousse et s'em pare de Ia jeune fille . . Le Bailli furieux appelle Ia mere de Louise. Il la lui demande en mariage, et, afin de la (Mcider, il lui montre plusIeurs billets de ban que que Michel arrache ct dont il lui jette les morceaux au nez. Enfin, on commence les dauses. Pendant ce temps, Ie Bailli, voulant se debarrasser de Michel et Ie perdre, place des billets de banque dans son sac pour l'accu- ser ensuite de vol. Cela fait, il sort pour aller querir la garde. Mais une jeune paysanne qui a vu ce qui vient de se passer, ramasse la tabaliere du Bailli, tomMe sans qu'il s'en soit aperQu. Le Bailli revient en scene accompagne d'un officier et de plusieurs soidats. Aussit6t les danses sont inter- rompues. Le sergent Michel est accuse de vol. L'offi- cier lui fait vider son sac dans lequel se trouvent les billets. Michel reste aneanti. On l'arrete et Ia garda I'emmfme. ,LES NOCES DE PIEHHO:r 97 ,
~ Pierrot ne doutant pas que' son frere Michel,ne soit victime d'une mechancete du Bailli, veut lui administrer une correction. II lui porte Ull coup de Mquille, mais c'est' Mathurin qui Ie regoit. Le Bailli se sauve. Pierrot veut s'en aller avec sa femme, mais . son pere Ie force a Ie suivl'e pour tacher de delivrer son frere. 2 e CHANGEMENT Une prison. - Une table et un bane de bois. Un soldat. amene Michel pris'Onnier. On frappe ala porte. Mathurin et Pierrot presentent un Iaisser-pas- ser. lIs sont introduits. Michel embrasseson pere et son frere qui lui proposent de Ie faire evader; mais Ie jeune militaire 'fefuse, n'etant pas coupable. Mathurin envoie Ie soldat chercher du vin, puis on Ie fait boire. . Alors Pierrot 'change d'habits avec son frere et se dispose a Ie faire sortir' a sa place, lorsque Ie BaiIli se, presente. AU5sitot Piel'fot, pour se tirer d'embar- ras', attrape un balai et 5e met a faire l'exercice sous Ie commandement de son pere. Le Bailli appeUe la garde a laquelle il ordonne de faire sortir Mathurin et Pierrot. Celui-ci en s'en allant donne un violent coup de balai sur Ie ventre du Bailli. Le Bailli propose a Michel de Ie rendre a Ia liberLe 7 98 PANTOMIMES
a la condition qu'illui cedera tous les droits a la main de Louise. Mais Miehel, furieux d'uue pareille propo- sition, s'elance sur son indigne rival et va lui faire un mauvais parti'lorsque l'officier arrive avec ses soldats. On emmene Michel, Ie Bailli triomphe.
3 e CHANGEME.NT Un hameau. - Sur l'un des cOtes, une maison. - Au-dessus de la porte' ejt ecrit : Conseit de guene. Mathurin, Pierrot et tous les villageois arrivent pour assister au conseil qui va juger Michel. Plusieurs 1)ffi- ciers superieurs entrent au Conseil, ainsi que Michel entoure de soldats. Le Bailli se dirige vel'S la maison. Mathurin lui de- mande de ne pas perdre son fils. Le Bailli promet d'etre indulgent, mais a la condition que la main de Louise lui sera accordee. On rejette sa proposition. Pierrot veut s'elancer SUI' lui, mais Ie Bailli se refugie dans la maison du Con- seil dont l'entree est defendue tt Pierrot par la senti- nelle. Un roulement se fait entendre; une voix partant de l'inLerieur du Conseil prononce ces paroles: . Le sergent Michel, atleint et convaincu de vol et de voie de fait envers Ie Bailli, est condamne a la de- gradation et a la peine de mort. (Roulement de tambour.) Sortie des meinbres du C'onseil, du BaiBi et de Mi.; chel. On procMe a la degra\lation du condamne, apres' I.KS NO CES DE PIEHHOT 99 quoi on l'emmEme en prison. Tous les assistants sont plonges dans la tristesse la plus profonde. , Uli coup de. feu se fait entendre. Pierrot tombe en defaillance dans les bras d.e son pere. .Michel accourt dans Ie plus grand desordre; on est a sa poursuite. II cherche un endroit pour se refugier. Pierrot, revenu a lui, Ie fait cacher dans un taillis. Aussitot la joie re- naitparmi Ies villagcois; tout Ie monde se met a danser en" rondo La garde arrive; I'officier demande si l'on a vu Ie prisonnier. 1'on continue a danser sans lui repondre. Alors il divise ses soldats sur divers points. Pendant ce temps, Pierrot a fait prendre a son frere Ie costume de paysan et Ie fait evader. Mais Ie Bailli se trouve sur son passage et vetit l'arreter. Les' . villageois, sur un signal de Piertot, lancent tous en- semble leurs chapeaux sur IebaiIli, qui est oblige de prendre Ia fuite.
4 e "CHANGEMENT Une chambre rustique. Michel entre au milieu de ses parents et de ses amis. On frappe a la porte . .Mathurin fait cacher son fils dans une armoire, et, presque au me me moment, Ie Bailli entre en' scene poursuivi par Pierrot, qui a l'ceil poche. Mathurin indique a Pierrot que son frere est cache dans l'armoire. Le Bailli, qui a compris ce signe d'intelli- gence, s'empresse de courir it l'armoire; mais Louise M ,
tOO PANTOMIMES , et Fifine ]e retiennent. Pierrot profite de cette cir- const<:J.llce pour faire descendre Michel dans la cave. Le Bailli, rendu a la liberLe, y descend a son Lour. Pierrot fait remonLer SOil frere par une autre porte de la cave. Le Bailli Ie retient par une jambe. Pierrot, pour lui f'aire lacher prise, ne Lrouve d'autre moyen que de lui jeter un seau d'eau sur la tete. On frappe de nouveau a la porte. L'officier vient reclamer son prisonnier. Pierrot lui dit qu'iI est dans Ia cave, dont il s'empresse d'ouvrir la porte. Le BailJi sort pendant_que Michel se sauve . . Les soldats Ie poursuivent. La petile paysanne qui avait vu Ie Bailli mettre les' billets de banque dans Ie sac de Michel vient pour avoir une explication avec lui. EUe Ie menace de de- voileI' sa conduite. Le Bailli renvoie promener'et court sur les {races du fugitif. La jeunefille fait parL a thurin de la perfidie du Bailli et lui montre sa ta?a- qu'elle a gardee comme preuve a conviction. Mathurin s'empare de la tabatiere et court demander justice au colonel. Tout Ie monde Ie suit. 5 e CHANGEMENT Une place d'armes. - D'un cOte, l'entree de la prison. _. De I'ilutre, l'Hotel de ville surmonte d'un cadran d'horloge .
Michel est ramene dans la prison. Le Bailli est ac- compagne de'la garde. II entre ensuite a I'Hotel de Ville et avance demi-heure l'aiguiUe. du cadran,
LES NOCES DE PIERROT 101 qui une heure et quart. II sort ensuite et dirige vers la prison. Pierrot, a son tour, retarde l'horloge de trois CJ.uarts d'heure. Le Bailli revient avec l'offi(}ler et 1m dit que l'heure du supplice est arrivee. L'officier lui montre Ie cadran et lui fait reconnaitre son erreur. Le Bailli reste aneanti. Pierrot s'applaudit de sa ruse, lance un coup de sa b!lgueUe au Bailli et se sauve. Enfin, deux heures sonnent a l'hol'loge. Mi- chelsort de prison. Tout Ie theatre se garnit de monde. Pierrot, Louise et Fifine sont au nombre des specta- t.eurs. Michel leur fait ses adieux, puis il prend place et commande Ie feu. .
. Dans ce moment, des cris se font entendre dans Ie lointain. Marguerite accourt avec un officier superiel1r porteur de Ia gr.aee de Michel. J '}OFFICIER. <I. Le sergent Michel est innocent. Les billets de ban- que trouves dans son. sac y ont etc mis par le Bailli . lui-meme.
Denegations du Bailli. L'officier fait alors avancer ia jeune paysanne, qUI presente au Bailli sa tabatiere et qui semble lui dire: la reconnais8ez-vous? Le Bailli est force d'avouer sa coupab\e action. II est arrete. Michel re(,ioit les felicitations de tout Ie monde.. Il remercie son capitaine. (Tableau general et final.) o
Lf:S DUPES BALLET-PANTOMIME EN TROIS TABLBAUX !>ERSONNAGES 'PIERHOT. COLIN. COLETTE. SIMONE. MONDOn. BAZILE. MEUNIEH. ,
, . LES DUPES BALLET-PANTOMIME .EN TROIS TABLEAUX , Le theAtre represente nne campagne. - Maison a droite. - Bnissons. . . . PREMJERTABLEAU Colin travaille a faire des fagots. 1l demande a boire. Le bucheron lui en donne; ilboit, puis donne. un fagot au bucheron et lui pit de sortir. Reste seul, il se desole de ne pas voir sa maitresse .. It remonte, l'aper<;oit et se cache. Colette 'entre. Elle.va poser son panier, regarde et n'aperQoit pas Colin qui est cache. Elle parait contra- riee et redescend. Colin, qui a reparu; l'embrasse. Elle paraH facMe et lui fait des reproches de n'etre pas venu plus tot. Elle dit qu'elle est Ia depuis une heure. Il repond qu'll y en a deux qu'il attend. Enfin ils se raccommodent, et elle l'inviLe a danser ; it accepte .
Pas de deux. , A la fin, parait Ia mere Simone, furieuse,qui les separe et menace sa fille. Colin la supplie et luidi t tOO PANTOMIMES qu'il l'aime. Elle lui demande s'il a de l'argent. -' Non, repond Colin. - Alors, laisse-moi tranquille. Puis eUe fait rentrer sa fille. Colin remonte et baise la main de Colette. Fureur de la mere qui force sa fille a renb'er el dit a Colin. qu'elle Ie chasse. Elle rentre chercher son paquet el son bAton. Pendant ce temps, Colin se desespere. Elle revient, lui' jelte SOli paquet et lui dit de s'en aller, puis ellerentre. Ill'ar- rete pour la prier, elle Ie repousse et rentre. Colin s' avance encore et re<;oit la porte sur Ie nez. II regarde la porte avec tristesse, dit qu'il ne verra plus celie qu'il aime, et sort en lui envoyant des baisers. Pierrot arrive par la montagne, descend In scene et dit, en montrant la porte, que celle qu'il aime est la. II frappe. JJa mere Simone paraH. Grandes' saluta- tions. Elle lui demande ce qu'il veut. II lui dil qu'it est riche, qu'il a des moulins a vent, qu'il aime sa fille et qu'il vient demander sa main. Simone lui dit qu'elle va la faire venir. En effet, elle appelle Colette qui paraH. Sa mere lui dit que VOWl un homme riche qui la veul epouser. Elle se met a rire. La mere veu t Ia forcer a saluei' Pierrot; elle se relourne et lui presente Ie derriere de ses jupons. Pendant ce temps, Colin a paru dans lebuisson; il fait des signes a Colette et vient lui em- brasser Ia main. Pierrot a entendu Ie bruit elu baiser; mais Colin s'est de nouveau cache. Pierrot cherche et elit qu'il a entenelu un baiseI'. On 'lui elit qu'il s'est trompe, que ce sont les oiseaux. -La mere dit: . Voyonsl faites volre COUl'. LES DUPES 107 - Pierrot ofire son bouquet a Colette qui l'accepte sur un signe de Colin a qui eUe Ie jette. Celui-ci se cache et l'emporte. Pierrot continue sa declaration, se met. aux genoux de Colette qui rit, Ie frappe sur la tete, Ie fait tom bel' et se sauve dans Ia maison. Sa mere la poursuit en la menac;ant. Colin rit; vient se placer derriere la porte avec son b<.i.ton. Pierrot se releve, arpente Ie theatre en colere, et va pour entrer dans la maison. Mais il . trouve Colin qui en defend l'entree. Colin marche sur lui et lui demande ce qu'il veut .. - Je veux aller voir celIe que j'aime et qui va etre ma femme. - C'est faux, dit Colin. Elle sera pour moi. Col ere de Pierrot. Combat comique entre eux deux. Pierrot linit par se sauveI', poursuivi par Colin (Cascades.- Sortie.) Mondor entre et vient aussi pour epouser Colette. 11 frappe. La mere parait. II lui explique Ie but de sa . visite. Elle fait venir sa fille. Ici s'enchaine un petit . pas a la fin duquel Colette pousse Mondor qui tombe sur son scant. Les deux' femmes sortent. Bazile en tre et se dirige aussi du cOte de la maison, . toujours avec la meme 'intention que les precedents. Mondor l'aper'ioit, l'appelle et lui dit de l'aider a se reI ever, ce que Bazile fait en lui demandant ce qu'il fait la par terre. Mondor lui repond qu'il vient pour epouser Colette .. Bazile dit que c'est lui. lis se fa.chent et vont pour se frapper. Mondor. fait tourner Bazile qui a son tour fait tourner. Mondor (Cascades). Bazile' frappe a la porte de la maison. Simone paraH. Its . veulent parler enseil1ble .. La mere s'impatiente et finit 108 PANTomMES par dire qu'elle va 'chercher sa fille, que celle-ci choi- sira entre eux, ce temps, ils remontent et' descendent la scene, Coletle est amenee par sa mere qui lui dit de choisir lequel des deux elle veut epouser. lIs donnent chacun leur contrat. Elle les lit,. les .dechire et leur en jette au nez les morceaux, puis eUe se sauve. La mere furieuse court apres sa fille et sort. Colin, qui a observe toute ceUe scene, cache derriere Ie bnis- son,:vient encore se poster ala porte'avec son baton. Pendant ce temps, nos deux, personnages ont re- monte la scene, se sont fait toumer en se prenant les bras, puis viennent a la porte. 'C'est Colin qui les rec;oit en leur disant qu'il sera 1'6poux de Colette et 'qu'ils aient a decamper au plus vite. Alors, il montre son balon, frappe sur Ie ventre de Mondor, sur Ie dos it Bazile, les pou.rsuit par la montagne. Bazile sort Ie 'premier, sui vi de Mondor. Jl se retourne, pou'rsuit Mondor. (Cascades jusqu'all ehangement.) JICTABL.EAU
, Inlet'iell!' !'llstiqIlC; , La mere Simone entre avec tous les ouvriers, hom- mes et femmes, les envoie aux champs, donne des . ' faucilles aux 1;1ns, des palliers aux et leur dit de partir. . Colette est sortie de la chambre et cherche it fuir , ' a l'a.ide de toutes ses petites camarades.:Mais sa mere. lui fait descendre la scene, la fait asseoir
LES DUPES 109 et lui dit qu'eUe l' enfermera pour la punir de sa COll- duite -precedente. Colette la prie de lui pardonner. Elle n'ecoute ricn, et sort en fermant la porte en de- hors. , Colette res tee seule se desole, pense a son amant, et vient tomber assise sur la chaise. . On frappe. Elle va voir' a la porte et dit: ' C'est Colin! Et la porte est fermee! ) Elle se rap pelle qll'it i a dans la chambre une au- tre clef. Elle court la prendre et vient ouvrir a Colin qui entre. Ils Lambent dans les bras l'un de l'autre. Colin dit qu'ii a, vu sartiI' la mere Simone qui est aUee aux champs. 11 fait sa cour it Colette, l'atLire a lui, et l'assied sur ses genoux. On frappe. Surprise des deux amants, - C'est ma mere, dit Colette. Colin regarde par Ie trou de la serrure. - {( C'est Pierrot, ) Colin veut se cacheI' dans la chambre .. Colette ren empeche. EUe, a une idee. EUe va habil- leI' Colin avec ses habits de jeune fille. It y consent et recevra son rival. Le travestissement s'execute non sans de Colin. Enfin, c'est ter!Dine. Il embrasse Colelte et celle-ci rentre. Colin vaouvrir la pode exterieure. Pierrot passe sa tete et regarde partout. Voyant Ia. prelendue jeune fiUe seule, il enlre et va pour lui prendre la taille. Mais il reQoit plusieurs taloches sur les mains. Colin, . en faisant Ia .petite fiIle timide, fait Ie tour du theatre, suivi par Pierrot qui finit par Ie ramener pres deJa' chaise, met un genou en terre et veut Ie taire a8seoir fautre. A 'ce moment, on frappe. 110
Pierrot . se leve precipitamment et Colin tombe par terre, se releve immediatement, parcourt Ie theatre et dit a Pierrot: - C'est rna mere! je suis perdue! II . faut vous cachero - Oil, dit Pierrot. II aper(,loit Ia cheminee et va pour s'y fourror. Colin l'arrete et Ie fait tourner. Pierrot se dirige vel'S Ie coffre. Colin Ie saisit par la jambe et Ie fait passer de l'autrc cote. Alors l'idee lui vient de Ie meUre dans la fontaine. Pierrot refuse en disant qu'll y boirait toute {'eau et qu'it en serait gonfle. Colin lui fait voir qu'il n'y a rien dedans. On frappe toujour's.Pierrot se de- cide. (Cascades avec Ie couvercIc.) Eufin, Colin va ouvrir. Entree. de Bazile qui ferme la porte, descend et prend la taille de Colin qui lui . donne des coups de pied dans les jambes. Bazi,Ie fait sa declaration, puis il delllande a Colin s'il veut dan- ser. II accepte . . Pas de tambour de basque. Bazile suit tous ses mouvements; a Ia fin, il re/ioit Ie tambour sur la t ~ t e , au moment oil it veut lui baiser Ia main. On frappe. Colin court a la porte. Bazile s'assied sur Ia chaise, et se cache la figure avec son manteau. Colin revient, lui dit qu'il ne faut pas qu'on ,Ie voie, qu'il faut qu'il se cache. Bazile court a la fontaine; Colin Ie retient, puis a la cheminee, puis encore a la fontaine. Colin finit par Ie conduire au petrin oil il Ie fait' entreI'. Ensuite il va ouvrir: c'est Mondor. Colin va vers la chaise: Mondor descend en scene '. LES DUPES Hi et vient embrasser Colin sur Ie cou: Celui-ci jette un cri, et fait semblant de pleurer: Mondor se met a ses genoux, lui parle de son amour et lui presente un s.ac d'argent que Colin prend et jette dans la coulisse. Mondor veut lui embrasser la main. Colin Ie tire et Ie fait tomber. On frappe. Colin en passant sur Ie dos de Mondor, va voir a la porte. Cette fois c'est la mere Simone! Colin redescend et dil. :- C'est ma mere! Il faut nous cacher. Meme scene que precedem- ment jusqu'a ce que Mondor soit monte dans la che- minee pousse par Colio. Ensuite il va ouvrir, la mere Simone en entrant lui fait de violents reproches de l'avoir fait atLendre si longtemps. Colin, en se cachant . Ie visage, repond .qu'il n'avait pas enteprlu. La mere fu.rieuse, Ie pousse dans la chambre. Entre Ie meunier avec son sac et un garQon avec deux seaux d'eau. L'un va pour videI' son sac dans Ie petrin, l'autre son eau dans la fontaine. Toute la figuration est entree. Bazile ~ o r t du petrin tout plein de farine, et Pier- rot sort de la fontaine la tete toute mouillee et des eponges plein ses poches. La mere Simone est st.upe- faite en les voyant. Pendant ce temps, Colin et Colette sont sortis de Ia chambre et, proteges par leurs amis, se sauvent. Mais la mere les aperQoit fuyant, et se met a leur poursuite. On emporte Ie petrin, et les trois, personnages, apres quelques cascades, sortent en se bousculant.
112 PANTOMIMES IIIe TABLEAU , Decor de campagne. Les paysans arrivent avec Colin et qui se sauvent en apercevant venir la mere Simone. Colette. 'se cache derriere les jeunes filles, et Colin avec les gan;;ons. mere Simone elle cherche parmi' les jeunes gens et aperQoit sa fille. Elle court Ja prendre et veut la baltre, mais Colin vient se jeler a ses pieds, implore son' pardon et demande la main de Colelle. Tous les personnages en scene supplient egalement Simone qui finit par s'attendrir. Elle releve les deux jeunes gens, ies presse sur ,son coour et les unit. Joie de tout Ie monde. On demande que Colin, et Colette dansent quelque chose. I1s consenlent. La mere Simone va s'asseoir; on 8e range de cha- que ('ote., ' Pas de deux .
Apres lequel vient Le pas comique. Puis tout Ie monde se prEmd par la main et on ' fait Ie Vignot,
a la suite duquel Pierrot va s'asseoir au milieu du theatre; Colin et Colette der-riere lui, unis par la mere Simone; Bazile d'un cote, Mondor de 1'autre, et toute la figuration au fond formant Ie chartron tableau. tES JOLlS SOLD1TS PANTOMDIE COMIQUE EN CINQ TABLEAUX
1" TABLEAU.: La le\'on de daose el d'equitalion. c). Les modistes. ~ 3' , La provocatio:J. 4' Le dBel. , 5' Le hal champetl'e.
8 ,
LES JOLIS SOLDATS PANTOMDIE COMIQUE EN CINQ TABLEAUX PREMIER TABLEAU
DU lor TABLEAU PICIIONNET, conscri! du 4' dragons. LA VALEUR, brigadier au meme corps. ADONIS, tambour-major. SAUTRILLON, eaporal et maitre de danse au 65'. . , ". J,ABRELOQUE: MADAME SIMONET, cabaretiere. Une place publiquej d gauche une caserne d'infantm'ic, a dmite un quartier de cavalerie. Sur Ie devant de la scene, quau'e a"bres entoures d'une barriere verte en bois. A gauche un cabaret portan! pour enseigne: Au rendez-vous des lapins. Une taLle, des sieges. Au lever du rideau, on cntend sonller la trompetLe. Lil Valeur sort du suivi de quatre dragons en petite tenue. lIs SOll t . porteurs chacun d'un balai. La Valeur les fait mettre en biltaille, puis il leur donne l' ordre de balayer Ie devan t . d u quartier. Au moment oil ils yont commencer cette operation, La Valeur
,
116 P ANTOlllDIE:S s'aper<;;oit qu'il lui manque un homme. C'est Pie.holl- net. Au meme instant, ce dernier entre en scene, Ie balai sur l'epaule el Ie bonnet de poi ice sens devant derriere. Ses cam"arades fie l'ielit de sa tournure. II regarde a droite et a gauche ce qui les fait rire; en se relQurnant, il atlrape Ia tete de La Valeur avec son balai. C o l e r f ~ de celui-ci, qui menace Pichonnet de Ie meLtre a la salle de police. II lui ordonne de se meUre a l'ouvI'age, ce qu'il s'empresse de faire. Mai's il s'y prcnd si gauchement qu'a tout moment il attrape les iambes du hrigaJier et de ses camarades qui finissent par se facher et Ie menacent de lui donner la savate. Sur ce, il se rebitl'e et les en defie. lis vont pour execuler leur menace, mais Pichonnet s'appuie Ie long d'un arbre, demanche Ie balai et pare avec Ie mandle tous les coups qu'on veut lui poHer. Eufin, poursuivi un instant, il finit par aller tomber sur une des tables qui sout a Ia porte du cabaret. Les camarades Ie relevent, its font la paix. Pichonnet Jeur offre a boire, ce qu'ils acceptent. La Valeur frappe sur Ia table. MillO Simonet sort et leur appol'te du vin.Elle en demande Je prix a Pichonnet, qui dit que c'est Ie brigadier qui regale, ce- dont ce dernier se defend. Pichonnet tire de sa poche une. bourse d'une longueur demesuree. II en sort une piece de viugt sous qui est envelop pee dans dix morceaux de papier, ce qui fait beaucoup rire ses camarades. Lorsqu'il a paye, il veut se permettrc quelques familiarites avec la cabaretiere, mais il re<;;oit un souffiet, qu'il rend a son camarade de droite, croyant que c'est lui qui Ie lui a donne. llsvont pour LES JOLIS SOLDATS 117 se prendre au collet, mais Ie brigadier s'interpose entro eux et les force a se donner une poignee de
mams. Adonis, Sautrillon et Lahreloque sortent de la ca- serne d'infanlerie.- Voila des conscrits qui boivent, elit Adonis. 11 faut nous faire inviter. A cet effet, il va presser la main a La Valeur. SiLot que Pichon net les apergoit, il s'empresse de se lever et de leur offrir sa place. 11 appeUe la cabaretiere et demande deux autres bouteilles. It invite Sautrillon et Labreloque a boire avec eux. Pendant qu'ils boivent, PichonneL est aIle prendre la canne du tambour-major Adonis, qu'iJ cherche aimiter, cegu'il faitgauchement. Adoniscroyant gu'il se moque de lui, se leve et lui donne son pied dans Ie derriere, ce qui Ie fait tomber. Ii se rf.leve furieux et va provoquer Adonis qm lui rit au nez ainsi que ses camarades. La eabareLiere vient lui demander Ie prix des deux bouteilles .qu'it.a fait servirde nou- veau. II tire, une de ses botles dans laquelle it prend . une autre piece de vingt sous qu'il y 'avait cacMe. Tous rient de sa oachette. La Valeur donne ordre a un de ses dragons de rentrer' les balais, puis il. demande a Pichonnets'il veut prendre une legon d'equitation. Ce dernier y consent: A cet effet, il h ~ fait monter sur la barriere de hois verte qui se trom'e devant les arbres. Cette harriere figure Ie cheval. A chaque gaucherie que faiL Pichonllet, La Valeur luiapplique un coup de cravache sur les jamhes, ce qui lui fait faire mille grimaces plus co- l!liques les unes que les autres. II tinit par renoncer. La Valepr lui demande cinquante centimes pour prix 118 PANTOMIMES de Ia le(,ion qu'il vient de lui donner. II lire unl;l piece de dix sous de Ia doublure. de son bonnet de police, . oil il l'avait cachee, et Ia donne en rechignant. Sautrillon vient., comme maitre de danse du regi- ment, lui offrir ses services, ce qu'il accepte. II lui donne aussi une le(,ion. Pichonnet fait mille bevues. Sautrillon engage les conscrits it faire vis-a-.visa Pichonnet. lis forment un quadrille grotesque. A peine la danse est-elle terminee qu'on enlend sonner la trom- pette et baUre Ie tambour. - C'est la soupe qui nous appelle, dit Ie brigadier. En route, La Valeur, rentrons a la caserne. . Les cavaliers et les fantassins renlrent ,dans leurs quartiers respectifs. Pichonnet s'est empare de nou- veau de la canne d'Aclonis; ilIa fait manceuvrer. Celui-ci qui la cherche depuis quelques instants, aper(,ioit Pichollnet qui s'esquive avec; ilIa lui reprend' des mains et lui en applique un bOD coup SUI' les epaules, puis i I ren tre a la caserne. LES JOLIS SOLDATS 119 = 2 8 TABLEAU PERSONNAGES DU 2' TABLEAU
MADAME ROLAND, marehande de modes, maitresse do Labreloque. AMANDA, ouvriel'e en modes, maitresse d'Adonis. CORNELIE, ouvriel'e en modes. CAROLINE, ouvriere en modes, maitresse de Sautrillon. NAi'iON, servante dll 111 m Roland, maitresse de Pichonnet. FOUINARD,' onele de Mm. Roland. PICHONNET. SAUTRILLON. ADONIS. LABRELOQUE. . . Une boutique de marchande de modes. - Au fond, une devanture vitrec, avec des rideaux verts prenant a 18 houteur du deuxieme carreau. Entre Mme Roland. Elle est surprise de ne pas trou- ver ces demoiselles it l'ouvrage. Elle appelle Nanon et lui, ordonne de les prier de se rendre au' magasin. Nanon lui dit qu'elles sont en train de dejeuner. Cependant elle va les appeler. Entrent Cornelie, AmanJa et Caroline. Elles sont porteuses' chacune d'une tete de poupee coiffee d'un chapeau non Elles prennent chacune leur place respective et se mettent a travailler. Mm. Roland 120 PANTOMIMES ," , Jes engage il se depecher,' it seule fin d'etre libre de bonne heure. Elle rentre chez elle snlvie de Nanon. Au meme instant, Pichonnet entr'ouvre la porte de la boutique pour s'as-surersi ces demoiselles sont seules. N'apercevant pas Mmc Roland, il entre, s'ap- proche d'Amanda, et lui donne sur Ie bras un petit coup d'une baguette qu'il porte it fa main. Amanda jette un petit cri; ses compagnes aperQoivent Pichon- net; elles rient aux eclals de voir sa figure grotesque. II fait Ie galapt avec e l I e ~ ; il est meme sur Ie point d'embrasser Cornelie, lorsque Nanon enire, Ie voit et lui donne un grand coup de balai qui l'envoie tom bel' sur un siege sur lequel se trouvait un chapeau pres-:- que termine qu'il ecrase. Desespoir d'Amanda de voir ledit chapeau tout aplati. Pichonnet la rass-ure en lui disant que ce n'est rien, qu'il se charge.de lui don- ner sa forme primitive. A ceL effet il Ie prend et Ie tend sur son genou. Mais Amanda s'empresse de Ie lui reprendre, Entre Mme Holand; ces demoiselles s'empressent. de se mettre it I'ouvrage. PichonilCt leur fait signe de n0 rien craindrf', qu'il va justifier sa presence dans Ie magasin. Pour ce, il va pres de Mme Roland, qui III i demanele ce qu'il y a pour son service. II lui elit qu'il aurait he30in d'un chapeau'. - Est-ce pour VOliS? - Oh! VOlIS plaisantez, repondit-il. Je ne porte pas de tels colifichets. C'est pour une de mes ma1tresses. l\I.mo Roland s'em'presse de lui 'en niontrer plusieurs ; mais aucun rie lui convient: II fail meUre des l'ubaos s u ~ run, puis des fleurs sur un autre. LOi'squ'ils sont arrill1'ges, iI, dit qu'ils' ne'lui conviennellt plus. lien LE.S .TOLlS SOLDATS 121 essaye meme un. Les modistes rient aux eclats de sa figure grotesque. MlIlc Roland, qui commence a cevoir qu'il semoque d'eIle, se fache. Pendant toute cette scene, les trois ouvrieres. et Nanon se sont fait des signes d'intelligence. Piclion- . net leur en fait aussi, ce don t Mille Roland fini t par s'apercevoir. Elle va ouvrir la porte et prie Pichon- net de sortir de chez elle. Mais il lui rit au nez . . Furieuse, eHe prend Ie balai des mains de Nanon pour en frapper PichonneL Mais celui-ci esquive Ie coup qui lui elait destine; il s'enfuit en jetant au nez de l\:[inc Roland Ie chapeau qu'il tenait encore a la main, ce dont les ouvrieres rient de tout leur cceur. Mme Roland, furieuse, gournlande ces demoiselles et les' accuse d'etre de avec Pichonnet. Elles s'en dMendent vivement. . . A ce moment, on voil paraitre devant Ie vilrage de la boutique, au-dessus des les shakos de Sautrillon et de Labreloque, et les casques de Pichon net et. de La Valeur, qui les ont mis au bout de leurs sa- bres et les font danser .. Nanon qui aperQoit leurs coiffures en previent ces demoiselles. Mille Roland qui les observait. aper<;(Olt aussi les coiffures des amoureux. Elle ordonne 11 Nanon d'aller lui cherchor une carafe d'eau. Elle la. lui apporte. Mille Roland la prend et va se pres de la porte d'enlree. Pichonnet voulant s'assurer (Ie nouveau qu'elle est parlie, ouvre doueement In porLe et avance la tete. Au meme instant, Mille Ro- land lui lance la carafe. d'eau dans. Ie visage. II disparait aussitot, airisi que les autres militaires.
122 P ANTO MUlES . Mme Roland entre dans son appartement en riant de la mesaventure du pauvre Pichon net. A peine est-eUe rentree que ces demoiselles quittent leur ouvrage. Nanon ouvre la porte de la rue et fait signe a Adonis, Sautrillon, Labreloque et Pichonnet qu'ils- peuvenl entrer, ce qu'i1s s'empresselJt de faire. Chacun embrasse sa maitresse. Adonis leur dit qu'i1s viennent les chercher toutes pour aller faire une pro- menade hors Paris. Joie des modistes; Amanda en- gage les militaires a quitter Ie magasin, vu que Ia .b/)urgeoise peut venir d'un moment. a !'autre. - Bah! disent-ils, nous nous en moquons. - Pas moi! elit Pichonnet. II veut s'en aller, mais Nanon Ie re- tient. - Une idee, dit-elle, si nous Ie deguisioos en femme! nous somines presque de la meme taille. Je dirai a madame que c'est une de mes parentes. Cette proposition ef;t accueillie avec joie .. Nanon va chercher une de ses robes. Amanda apporte un tablier; Cornlme un cMle; Caroline une ceinture, puis un bonnet, entin un costume complet, dont elles l'affublent. Lorsqu'il est ainsi vetu, il minautle et fait mille singeries. Pichonnet dit qu'il prendrait bien queIque chose, qu'il en sent Ie besoin. Nanon va lui chercher un bouillon et. une bouteille de yin. II boit a meme la bouteille, apres il en off're a Amanda et a Cornlme. Nanon lui fait remarquer qu'il n'est pas honnete d'off'rir a boire a des demoiselles apres avoil' bu a meme. Nanon, qui est allee SUl' Ie pas de la porte, accourt prevenir ces demoiselles que M. Fouinard, !'oncle de madame,. arrive pour faire une visile. Les militaires
LES JOLIS SOLDATS 123 se cachent vivement derriere les chaises de ces de- . . moiselles. ,Quant a Pichon net, il se met pres du comptoir, prend une tete de poupee sur laquelle il y a un chapeau et a l'air de tra.vailler. Entre Fouinard. II papillonne aupres des modistes, passe Ia main sous Ie menton de' Nanon. Arrive pres . de Pichon net, il. Ie considere et s'enquiert qui il est. Amanda lui dit que c'est une nouvelle ouvriere. Ii la tl'OllVe fort a son gOll!; il veu t 5e permettre quelques familiarites, mais chaque fois qu'il avance la main, Pichon net lui donne un bon coup dessus. Sautrillon qui est cache sous "l' etabli, lui pique les mollets a plusieurs reprises. Fouinard tire de sa poche une bonbonniere et en offre a touLes ces demoiselles. Arrive pres de Pichonnet, celui-ci lui fait sauter sa boile avec les bonbons qne SauLrillon et les auLres militaires ramassent et man gent. Entre Mme Roland; surprend Fouinard baisant Ia main de PiL\honnet. Elle lui en fait des repro- ches; il s'excuse. Enfin 'elle, qu'elle a une ouvriel'e de plus. Elle va l'examiner et reconnaH Pichonnet. Fureur de la marchande. Fouinard, qui que c'est un h,omme, veut Ie prendre au collet; mais Pichonnet l'envoie tomber sur un siege, jette sur lui toutes les tetes poupee, Ies chapeaux, puis il s'esquive. Fouinard veut courir apres lui, mais il en est empeche par Adonis qui Ie fait pirouetter. Sautrillon s'est empare d'une grande toile verte qui se trouve sur l'etabli ; il s'envelbppe dedans et se, sauve suivi de Labreloque ... - Confusion generalp. 124 PANTOMIMES ---------------------.- 3 e TABLEAU' DU 3' TABLEAU: LAB01IBE, traiteur invalide. - CRIQUET, SUZETTE, fiUe de LABo)IBE. UIIE BONNE D'ENFANTS. UN PETIT GARCON. PICHONNET. ADONIS. SAUTRlLLON. LABRELOQUE.
Al\IANDA. CAROLINE. NANON. Le village de Romainville. - A gauche, une boutique de traiteur, al'cc ecHe enseigne : Au petit mOl/lin d'amour - Labombe, '-ES/aura/elll'. A droite,' un bane de verdure ail premier plan; :l gauche, nne table et des sieges. Entre Labombe, qui sort de chez lui. II appelle sa fille ainsi que Criquet, son garl1on, et )ui ordonne de prendre sa hoLte pour aller aux p'rovisions, ce que celui-ci s'empres!:le de faire. Labombe recommande a . Suzette de bien garder la maison-pendant son absence. LES JOLIS SOLDATS 125 Criquet et Suzette fOlit des signes d'intelligence, ce . dont Labombe s'aper<;oit. II fait rentrer sa fille et donne un c.oup de bequille a Criquet. lls sorlent tous les deux. A peine sonl-ils parlis que Suzette SOt't. Elle va au fond du theatre pour tacher d'apercevoir Criluet. Au. meme instant entrent Adonis et Labreloque. lls sont tros fatigues ; ils von! s',lsseoir a la table qui est devant la boutique de Labombe, et frappent. Suzette accourt ; iis lui demandent du vin, et elle s'empiesse de les servir. Comme eUe n'apporte que trois verreE, " Adonis en demande un quatrieme pour Piehonnet, il s'aper<;;oit alors que celui-ci n'est pas avec eux. Sall- trillon se love et va regarder s'il ne Ie verra pas. II l'aper<;oit et l'appelle. Pichonnet entre; il pellt it peine se trainer. Il porte sousson bras, enveloppe dans elu papim" un melon. Il dit a ses camarades qu'il a voulu les l'\galer. Adonis s'empresse de deve- topper Ie prelenciu melon, mais il ne trouve qu'une citrouille, ce dont iis rient tous de grand coour. Pichon- uet est furieux de s' etre laisse attraper. - Si je Ie marchand, gare a lui! se Enfin, i1 va pour s'asseoir, mais Adonis s'est em- pare du tabouret, et il s'assied par terre. Il se releve et va se poser sur Labreloque, croyant que Ie siege n'est pas oecupe. Ce dernier l'envoie tomher sur Sau- trillon, qui Ie renvoie tomber sur Adonis. Pichon net se fache. II les provoque tous ; mais on parvient 11 l'apaiser. Ou lui verse un verre de vin ; it trinque avec ses camarades. Pendant ceUe scene, une bonne J'enfant, tenant ,
126 PANTOMIMES pal' la main un peLit gari;ion qui joue avec un poli- chinelle, est venue se reposer sur Ie banc de verdure, . i:t dJ'oite. Pichonuet Ia fait remarquer i:t ses camara- des. lis la trouvent tous fort jolie. Le peliL. gar'ton vient rader aupres des militaires. Adonis lui fait quel- ques caresses; il Ie preud sur ses genoux.. Pendant ce temps, Pichonnct tire doucement du panier que Ie petit gari;ion porte it ta main, une tartine de pain sur lequel est etendu du raisino, et it s'empresse de la manger a l'insu de ses camarades. . Adonis se .1Ewe en disant qu'il va aile l' faire un doigt de COUf a la petite bonne. Mais Pichon net 1'ar- rete et lui dit que cela Ie regal'de; qu'ill'a aperQue Ie premier, qu'elle lui l'evient de droit. Les militaires rient de ses pretentions. Sautrillon engage Adonis a lui ceder cette conquete, curieux de voir comment Pichonnet s'y pren.dra; il Y cQnBent. . . Pichonnet s'avallce gauchemellt pres de la petite bonne qui, l'ayant vu venir a elle, bD.isse les yeux, n'osant lui parler la premiere. Apres. avoir tourne antour du banc, il s'assied pres d'elle. A mesure qu'il avance, die recule. Le peLit garQon, qui va et vient, a Iaisse son polichinelle a terre. Pichonnet s'en empare et Ie fait danser entre ses jambes. II fait mille sirlgeries avec cette mariollnette, .ce dont ses camarades riellt beau coup ; puis il finit . par Ie meUre dans sa poche. Adonis lui fait signe d'etre prus entreprenant. II s'en.hardit;. prend la taille de Ia bonne etva meme pour l'eOlbrasser, mais il rc- ~ o i t un vigoureux souffiet. La petite bonne se leve, cherche son mioche; elle LES JOLIS SOLDATS 127 l'aperc;oit aLlable avec les militaires qui Ie font boire avec eux. Elle Ie prend par la main et sort vivement. avec lui. Mais Pichonnet, excite par ses camarades, court apres elle, a seule fin de l'embrasser, mais c'est l'invalide Lahombe'qui, entrant avec l:'on garQon Cri- quet charge d'une manne remplie de provisions, reQoit Ie baiser, ce qui Ie flatte peu. Aussi donne-t-it un grand coup de bequille sur les epaules de Pichon net qui s'en prend a Criquet et renverse celui-ci avec tout ce qu'il porte. . Labombe furieux, veut corriger Pichonnet; mais ses camarades interviennent en disant qu'ils paieront ]e degat s'il y en a: Cl'iquet, qui a ramasse. ses provi- sions, 1'entre chez lui, ainsi que Ie vieux Labomhe. Entre Nanon porlant un panier dans Iequel il y a' des provisions. Elle regarde a droite et a gauche; en- fin, elle aperQoit les militaires qui se sont attables de nouveau. Elle va frapper sur l' epaule de Pichonnet qui etait en train de boire et qui manque de gler. II se fache contre Nanon. . Adonis demande a Nanon si ces demoiselles vont bientot venir. Elle lui repond qu'eUes la suivent de pres .. Entrent Cornelie, Amanda et Caroline . . Adonis, Labreloque et Sautrilion s'empressent d'al- IeI' au-devallt d'el\es; ils. s'emparent de leurs chilIes et de leurs ombrelIes, et les donnent a Suzette qu'ils viennent d'appeler; ils lui 1'emettent aussi Ie panier de provisions. dont Nanon etait po1'teuse, et d'oil Pi- chonnet a deja soustrait quelque friandises dont il a bourre ses poches.
128 PANTOMIMES Adonis a fait se rafraichir ces demoiselles, pendant que Pichonnet visitait Ie panier de Nanon. Labrelo- que s'est approche de cette derniereoet lui fait remar- quer Ie larcin de Pichonnet. Ce dernier qui les aper- lioit, les croit d'inlelligence pour Ie trom per. II va a Labreloque et lui fait des reproches ainsi qu'a Nanon qui lui jure qu'eIle est innocente. Labreloque rit de de sa jalousie et cheeche it lui faire entendre raison. II lui montee Cornelie dont il est I'amant. Mais Pichollilet est entete, ne veut rien entendre et il pro- voq ne son camarade. Effroi des dames qui s'interpo- sent entre eux, ainsi que Nanon qui cherche 11 calmer Pichonnet, ce qui rend celui-ci plus furieux encore. Enfiu Adonis engage ces trois demoiselles a ne pas s'effrayer, en leur promettant d'arranger l'affaire. Mais il n'en fait rien. II prend Pichonnet a part et lui fait comprendre qu'il doit c1issimuler c1evant des femmes, sans cela Ie duel ne pourrait a v9ir lieu; pour llieux les tromper, il faut avoir l'air de se re- concilier avec Labreloque. A cet effet, II verse deux verres de yin, les met dans la main des deux adver- saires en les engageant 11 boire et a oublier ce qui vienl de se passer. lis boivent tous deux de lllauvaise " grace. . Les femmes se rejouissent de ceHe reconciliation. Adonis les prie d'entrer chez Ie pere Labombe et de faire metlrp. Ie couvert, qu'ils vont les rejoinclre o dans un instant. Elles y consentent. A peine sont-elles entrees dans Ia maison, que ,Pi- chon net jelte bas son habit. - A nous deux, c1it-il a Labreloque, nous allons degaincr. - - L-ES JOLIS SOL OATS 129 . Labreloque cherche de nouveau it lui faire compren- dre qu'il n'en veul llullement a Nanon . .MaisPichon- net, qui croit que ,l'autre a- pcur, in?isle pour se baUre, ce a quoi pal' consentir. . . . lIs vont pour s'aligner, mais Adoriis les separe en leur faisant com prendre que Ie lieu. est mal eho'isi; qu'ils pourraient eLre troubles par ees .demoiselles. II - les engage a Ie snivre dans l'inlerieur du bois; il con- Hait un bon cndroit. lIs y consentenl ct sortent. La- breloque heurte involontairemcnt"Piehonnel: fureur de ee dernierqui veut lui sauter dessus, maiR il en est empecl1e par Adonis et Saulrillon . . , . - , II -. - 130 ,
IVe TABLEAU l'ERSONNAGES DU [V' TABLEAU PICHON NET, ADONIS, J.A VALEun, SAUTlULLON , 1\1. lWMICHON, Un garde champetrc. MADAME FUi\llCHON, COnNELIE, AMANDA, CAnOLINE, NANON. Un bois j a dl'oite un poteau indicatcur a vee celte inscription: Route de Noisy-Ie-Sec: les personnes qui ne savent pas lire sont priees de s'adres- set chez Ie garde du bois. - A droite, un bane de pierrc. Entrent 1\L et Mme Fumichon. Monsieur porte un pa- nier de provisions qu'il depose sur Ie bane de pierre. II etend une serviette a terre et se dis- pose . a y etaler ses comestibles, lorsqu' entre Ie gadr'e champeLre qui reconnait en M. Fumichon. un de ses anciens amis. lll'engage a venir faire son re- pas chez lui OU il sera pI us a son aise. Il accepte, remeL ses provisions dans son panier, et sort avec son epouse et Ie garde champetre . . Entre Adonis .. II regarde s'il est bien seul. Apres s'en etre assure, il fait signe a ses camarades .de se monLrer. Sautrillon arrivent ..
LES JOLlS SQLDATS 131
Adonis leur dit que cet endroit clu bois lui scml?le cxcellent pour y vider leur querelle. It prend Pichon- net a part et l'exhorte a se conduire en brave. II lui demonlre une boUe secrete avec laquel\e on est Stir de tuer son homme. Joie de Pichonnet qui tire au mur. Labreloque rit de Ie voil' s'escrimer ainsi. Il va lui frapper sur l' epaule en lui disant qu'ill'attend. Pichonnet fait Ie crane en ayant l'air de lui dire: Vous etes d o n ~ bien presse de mourir ? lis mettent taus deux habit bas. Adonis prie Labre- loque, qu'il sait tres fort a l'escrime, de se borner a parer seulement les coups de Pichon net. Ils se meltent en garde.Mais Pichonnet qui n'est encore qu'un conscrit, ne peut lutter avec Labreloque, qui se contente de Ie de::.armer. (Cette scene d()it etre fort comique par les lazzis de i'ichonnet qui, furieux de se voir uesarmer, veut fondre de nouveau sur LalJreloque.) Entre Ie gal'de champelre. II s'empresse de les sepa- rer. Colero de Pichonnet, qui Ie provoque a son tour. Pichonnet, voyant qu'il n'est pas de force ~ L l bancal, Pl'opose Ie pistolet. Labrcloque lui dit qu'il acceplcrait de grand cceur,mais qu'il n'a pas de pislolets. Pichonnet prie Ie garde de leur en procurer, lui promettant une piece de vingt SOliS pour sa peine. Adonis prend Ie garde cham petre a part, et lui dit tout bas quelques . mots qui Ie funt rire. Pichon net cl'oyant que c'est. de lui qu'il s'agit se f(lche de nouveau; mais Ie garde pour Ie calmer lui dit qu'il conscnt a lui procurer . des pistolets, qu'il va les alll;lr chercher, PichonneL 131
ren rcmercie et lui donne une poignee de main. Le garde sort. . Entrent M. et :M me Fumicllon. M. l?umichon est tou- jours porteur de son panier, duquel sort Ie man- che d'un gigot. Les mililaires rient beaucoup de ces deux caricatures. Adonis va faire Ie galant pres de Mme Fumichon. Pichonnet sal ue', M. l?umichon el cherche a lier conversation avec lui. II lui muntre Ie ciel comme s'il s'y passait quelque chose d'extraordi- naire, et pendant que I'autre leve la tete, Pichonnet lui enleve Ie gigot qu'il a dans Ie panier, ainsi qu'une bouLeille, de Yin qu'il passe a Sautrillon. Puis, it l' engage a retourner a Paris, car Ie temps est a la pluie. M. et lVpne l?umichon saluent les, militaires puis ils f!Ol'tent. Pendant q\1'il causait avec M. Fumi- chon, Pichonnet lui a enleve tout doucemenf un enorme riflard que celui-ci portait sous son bras. A peine Fumichon est-il parti, que Pichonnet Ie rap- pelle et lui remet son parapluie en faisant mille grlmar.es. Le 'ga1'de champetre revient, porleur de deux 151101'- mes pistolets. qu'il les presente it Pichonnet, qui ne les rega1'de pas sans efl'1'oi, Adonis a tire a part Labreloque et lui a parle bas a l'ol'eille. Pichonnet, que Ia grandeur: des pistolets n'a pas trop rassure, voudrait bien eviter ,Ie combat, mais Labreloque qui vient de ,Ies prendre des mains ,du garde, en off1'6 un a Pichonnet en lui posant Ie canon sur la poitrine. Pichonnet recule' efl'raye, puis ii se ravise en disant qu'iI's ne sont peut-etre pas charges. lViais Ie garde , LES .JOLIS SOLDATS 133 , ,cham petre lui, di t qu'ils l'ont etepar lui et qu'il y a mis quatre balles dans chacun. Grimaee'de Piehon- net, qui tremble. Adonis s'apercevant de sa frayeur, l'erigage a ne pas reeuler. d'une semelle s'il ne veut pas passer pour' un lache, Ce mot donne du courage a Pichonnet qui veut que Ie sort designe> celui qui tirera Ie premier. ' , l\Iais Adonis lui dit que c'est inutile, qu'i1s tireront tous .les deux ensemble ell marchant l'un sur l'autre. Mais Pichonnet reeule toujours cha,que fois que La- breloque avance. Ils se, eouchent In joue; Adonis frappe trois coups sur Ja main pour 'donner Ie signal, mais au second, Pir-honuet l'arrele en lui disant' . qu' on lui a donne peut-etre Ie mau vais pistolet. Le garde !e lui reprend des 'mains ainsi que ~ f l l u i d e Labreloque. Il les couvre d'un mouchoir et chaque combattant, en prend un au' hasard. , " Ils se mettent en joue de nouveau; les coups par tent. Labreloque tombe. Pichonnet chancelle. Il se croil blesse, se tate en tous sens, joie de se trouve'r intact. (Leg pisto\ets n'etaient charges qu'd poudre.) . Labreloque, d'accord avec Adonis et Sautrillon que ces derniers sont alles relever et asseoir, feint d'etre , . blesse mortellement. Le garde cham petre Ie fait remar- quera Pichonnet, en lui disant qu'il n'a pas cinq' minutes a vivre. Desespoir' de Pichonnet qui fouille dans sa poche afin d',y prendre son mouchoir pour, bander la plaie de Labreloque; mais il f'n tire Ie poli- chinelle qu'il y avait mis precedemment, et it Ie jette loin de lui. Entrent Caroline, Amanda, Corne lie et Nanon. Elles 134 PANTOMIMES s'informent de ce qui vient de se passer . .Elles sont effrayees: de voir Labreloque dans un 5i piteux etat. Maii> Adonis leUl' faiL un signe d:lIlle.ligence POUl' les rassurer. Nanon va pour parler a Piyhonnet qui se promene a grands pas 'sur Ie theatre.- Ne m'approchez pas, lui dit-iI,-"je suis un assassin! Elle tache de Ie consoler; il lui raconte ce qui vient de se passer, et dit qu'il ne survivra pas a la mort de son camarade. II preud un des pistolet et fait miIle de vouloir se bruler la cm'velle. Nanon se jetl<3 sur l'arme qu'eUe veut lui arraclwr c1es mains, mClis il h\che Ie chien pour lui faire voir que l'a,rmc n'etait paschargee. Pendan t ce temps, Labreloque a remis son uniforme, . puis il vjent se placer a la droite de Pichon net, tenant Corne lie SOl:S Ie bras. II lui 1rappe sur l'epaule. Pichonnet se retourne; il ne p'euten croi re ses yeux, - Est-ceblen toi, mon ami, Labreloque ! I> Adonis lui explique que el'accorcl avec Ie garde cham petre, les pistolets n'etaient chargesqu'a poudre. lis se donnent . une poignee de main. _ Pichonnet, dans sa 'joie, embrasse Lout Ie monele, jusqu'au garde champetre. It propose c\'aller diner. Tout Ie monde sort.
LA VALEUR. . PICHONNET. ADONIS. LABRELOQUE. LES JOLI5 SOLDATS Ve TABLEAU DU 5" TABLEAU. !1. et MADAME FUMICHON. UNE GROSSE CO fu"IjELIE .
CAROLINE. '. NANON. 135 Une guinguette . ..:... Au-dessus de l'orchestre, une lantern(' aveccette inscription La Pucelaboriease. Bal champetre. Entrent plusieurs jeunes gens et jeunes fllles, puis M. et Mme Fumichon. lis vont se placer a une table,ou ils r:.e font servir de la biere. Plusieurs jeunes gens se moquent de leur mise antique. l\LFumichon veut se facher, mais madame l'engage a se moderer . . Entre La Valeur ayant' une femme a son bras. Il aperc,;oit Fumichonet va lui serrer la main. Mme Fumi- . chon lui fait force reverences. La Valeur et sa mat- tresse s'attablent avec eux et se rafraichissent aussi. Entrent Adonis, Pichonnet, Labreloque et Sautrilloll, sui vis de Cornel ie, Amanda, Caroline et Nanon. Pichonnet aperc,;oit La Valeur auquel il va serrer la , 136 ,PANTOMIMES , . main. Etonnement de La Valeur; de Ie rencontrer a Romainville. 11 lui raconte qu'il a eu une affaire , . d' honneur avec Labreloque; mais tant de tues ,que de blesses il n'y a eu personne de mort. La Valeur demande it Pichonnet, en designant Nanon, quelle est cetle grosse fille. Celui-ci prend un air de fatuite et lui repond : C'esl rna maitresse. La Valeur Ie felicil.e de son choix. La Valeur va saluer Nanon, veut se permettre avec elle quelques familia- rites, mais Pichonnet Ie menace dp lui passer son sabre au travers du corps s'il recommence. La Valeur I'it de sa menace. _ Entre un individu portant sur son dos u,ne grosse caisse et sous son bras, un parapluie. II depose la 'grosse caisse pres de l'orcheslre. Pichonnet Ie montre it ses camarades en ayant I'air de dire : Voyez qurlle caricature ! II l'appeHe et lui souhaite Ie bonjour comme s'il Ie connaissait. II a I'air de lui dire : Comment! vous ne me . reconnaissez pas? Nous nous sommes rencontres dans telle rue, puis dans une autre. La grosse caisse s'aperQoit que Pichonnet 'se moque de lui, et se fache. Mais ce dernier lui porte avec la main quelques botles que Ia grosse caisse pare avec son parapluie. II. finit par en porter un coup assez violent a Pichon net, qui va tom bel' Ie derriere sur la Krosse . caisse qu'il creve et dans Iaquelle il s'enfonce. Ses camarades reri tirent it grand'peine. Fureur du musicien qui reelarne Ie prix de sa peau d'ane. Pichon- net finit, quoique a regret, par Ie payer.
' .. LES JOLlS SOLDATS 137 Les montenl a l'orchestre. L'on se met en place pour Ia contredanse. Pichonnet prend Nanon par la main et va se placer. Les autres militaires en fo'l1 t autant. La contredanse commence. (Quadrille coniique.) . Au milieu de Ia contredanse on entend battre Ia relraite. Aussitot les militaires disent: II faut retour- ner a Paris, il n 'est que temps. . Pichon net tire de son gousset une montre enorme a laqueUe il regarde l'heure.- II est bien huit heures, dit-il, it faut partir! II monte sa montre qui rend Ie . bruit d'un tournebroche, ce qui fait beaucollp rire les danseurs et Ies danseuses. Tout Ie monde demande et exer.ute Ie galop final.
-
, .
, , LES FRANCAIS EN ESPAGNE GRANDE PANTOMIME EN SEPT TABLEAUX .. PERSONNAGES: Le soHat LABINETTE. Le capitaine PAUL. DOLORES. ISABELLE, cameriste. . La cabaretiere. Le colonel LECOMTE. LE GENERAL. Un eapora!. DIEGO LE BOSSU. Soldats espagnols et frangais. Un chef aubergiste. 1" TABLEAU: La demande en mariage. - -
Le camp La provocation. Le duel. L'arrestation du capitaine Paul. La prison et Ie devouement. La victoire - / ..
LES FRANCAIS 'EN ESPAGNE
GRANDE PAl\TOllIME EN SEPT TABLEAUX PAil GASpARD DEllURAU. , . PHEMIER TABLEAU
Un salon chez Ie General. Au lever du rideau, Ia camerisLe range sur un gue'" , ridon de3 ecrins et une corbeille de mariage. Diego,le bassu veut prendre par Ia taille la came- riste qui Ie repouss,e; ils se poursuivent; Isabelle lui donne un souflleL Entre Dolores, la fiUe du general; confusion du bossu; Dolores gronde la cameriste' de' sa bruialite. Le bossu sort en menar,;ant Isabelle. Celle-ci montre les cadeaux a sa maitresse qui repousse les bijoux en disant qu'elle ne lei; acceptera pas :elle n'aime pas Ie comte que son pere veul lui faire epouser; elle en aiine . un autre.,
142 PANTOMlMES Le bossu revient, annon<;;ant l'entree du general. Le general entre, s'avance vers sa fille et l'embrasse aur Ie front. Ii lui demande pourquoi elle est tristfl. Dolores lui repond qu'elle ne veul pas se marier avec Ie comle. Colere du general. Il veut que Ie mariage se fasse. Dolores refuse avec energie. Fureur crois-. sante du general. . Le bossu vient annoncer l'arrivee du comle. Le general se calme; il va au-devant du comte, lui serre la main et lui mqntre sa fille. Le comte vient s'incli- ner deyant Dolores et lui fait sa declaration d'amour. Dolores declare au comte qu'elle ne veut pas se ma- . rier. Indignation de celui-ci. Le general Ie rassure : il forcera bien sa filIe it lui abeir. Le bossu entre, apportant une leUre qu'il remet au general. Inquietude du comle. Le general, eil lisant la . lettre, manifesle Ie plus grand contenlement. II donne l'ordre au bof:,sU de faire entreI', ce que celui-ci exe- cule. Il sort et ramene un capilaine fran<;;ais. Dolores . pousse un cr'i de joie. Fureur du . comte qui a remar- que son mouvement. Le general prosenlc Ic capitaine au comle en disant qu'il est Ie fils d'un general de , ses amis; il presenle Ie comle au capitaine en disant qu'il est Ie fiance de sa fille. Le capitaine salue Ie comle; ils se serrent la main froidement. Ie capitaine se lourne vers Dolores ella com- plimenle sur son mariage. Signe d'inteUigence de la jeune fiUe au capitaine. Le engage ses hOLes it passer dans la salle it manger. Le comte va pour donner la main a Dolores, LES FlUNC.US EN ESPAGNE 143 mais Ie capitaine, plus prompt que lui, s'est deja em- de lei main de la jeune fille et sort avec eUe. " , Fureur du comte, qui jure de, se venger. Le bossu arrive pOUI' Ie consoleI', mais Ie comte Ie bouscule et l'envoie rouler par terre; il sort ensuite. La cameriste, sur ces entrefaites, est entree et se tord de rire-en voyant, la' triste figure du bossu par terre, (Scene comique it regler.) . lIe TABL.EAU La place de la caserne. Assis sur des, banes ou par terre, des soldats fran- jouent aux cartes, d'autres font de l'escrime. On entend des cris joyeux; tous les soldats se levent ct regardent du cote d'ou vient Ie bruit. Pierrot entre, habille en cuisinier de can tine. Il ap- porte une marmite et un panier avec des legumes. A son tablier pendent des usteosiles de' cuisine: II ins- lalle Ie trepied, place la marmite et se met en devoil' d'eplucher les legumes. (Grande scene comique il regler.) Pierrot met les mauvais legumes dal),s la marmite et jelte los bons. Le3 soldats, furieux, lui cherchent querelle. Pierrol trouve un gros ver rouge dans un chou, il Ie jette dans la marmite. Meme jeu des dats. Pierrot, en voulant COul)er une carotle, se coupe Ie
144 .PANTOllUlIIES doigt et pousse des hurlements. Les soldals lui don- nent du linge pour envelopper sondoigL II s'arrange une poupee, ce qui faiL beaucoup rire les soldats. Pierrot, en agitant Ie contenu de In marmite, Iaisse . tomber declans Ie linge de son cloigt. Le cuporal; fu-' rieux, inveclive Pierrot; celui-ci lui donne un soufflet. On tire les sabres du fourreau et l'on tombe en garde. Le cuporal charge Pierrot, qui, en reculant, renverse la marmite. (Scene comique it regler.) Tout. a coup, on ente.nd un roulcment de tambour; les soldats ramassent tout precipitamment el 5e met- . tent en rangs. PierroL va se mettre en grande teuue. Le capitaine vient passer les soldats en revue. II cherche de tOllS cotes Pierrot qu'il n'aperc;;oit pas. Jl demande ou il cst. Pierrot entre a reculons et vient' bousculer Ie capitaine. Ce dernier, fur.ieux, envoie Pierrot dans les rangs. Pierrot bous.cuie les solclats, qui tombent les uns sur les autres. (Scene comiquc it rcgler.) Le capitaine appelle Pierrot et lui di t de se rendl'e avec lui chez Ie general pOUl' Ie diner; il redoute un . guet-apens de la part du comte. II commallde :' Par Ie flanc droit en avant, marche! Sortie comique de Pierrot. .. . .
LES FRANCAIS EN KSPAGNE 145 IIIe TABLEAU Une saUe 11 manger chez Ie general; Le bossu arrive avec les domestiques pour dresser fa table. (Scene comique.) La camerisLe entre, porLant un ponlet sur un plat. Le bossu Ja taquine; elle lui envoie un' souffiet. Le general etant entre, gronde Ie bossu et la came- riste, puis il s'approche de Ja table pour s'assurer que tout est bien. Le comte entre,donnant Ie bras a Dolores. Le ge.:. neral va au-devant d'eux, serre la main au comte et
embrasse sa fille. Le comte fait remarquer qu'il est dix heures et que l' officier franQais n' arrive pas. Le general envoie .le bossu it sa renconLre. . Arrivee du capitaine, qui vient serrer la main au general et baise la main de Dolores, au grand deplaisir du comte, qui enrage. Le general invite tout Ie monde . a se mettre it table. On sert les plats et on fait circuler les vins. Le ca- pitaine a donne son chapeau au bossu; celui-ci,. en cachette, donne un coup de poing au chapeau. pierrot, qui arrive, a vu cela et administre une volee au bossu; qui crie de toutes ses forces: Les convives se levent de table pour separer les combattants. Le capitaine de- 10 146 PANTOMIMES mande pardon pour Pierrot et 1'0n se rassled. Le bossu revient avec un plateau charge de verres et uoe bou- teille de vieux vin. Pierrot lui barre Ie passage et Ie menace de coups s'il ne veut pas lui donner la bou- o 0 teille. (Scene comique a regler.) Pierrot a pris la bouteille' et, apres avoir tini de boire, il met Ie plateau sous son habit. Les invites se sont .leves de table. Le capitaine qui, pendant Ie repas, a ecrit une leUre, Ia donne en cachetle a Ia cameriste pour qu'elle \a remette a Dolores. Mais Ie general a vu la manreuvre; il arrache la lettre des mains de Ia cameriste, Ia lit, entre en fureur. et la tend au comte. Le capitaine est, confus, Dolores tremblante. Le comte s'avance indigne vers Ie capitaine et lui dit : - Vous etes un lache! Vous savez que j'aime Dolores, qu'elle doit etre rna femme, et vons osez lui ecrlfe! Ii lui jette son gant au visage. Le capitaine se recule d'nn pas et lui rend son insulte. Pierrot veut se precipiter sur Ie comte, mais Ie capitaine lui impose silence. - A deux heures, dit Ie comte, je vons tuerai. - A deux heures, repond Ie capitaine, c'ast vous . que j'anrai tue. Le general ordonne au capitaine de sortir. Celui-ci s'eloigne apres avoir fait ses adieux a Dolores. P i e r ~ o t vient se camper devant Ie comte et lui dit: A deux heures, je vous tue! et il s'en va d'nn air fanfaron. Le bossu l'arrete au moment oil il va sortir, Ie fait
LES FRANI;AIS EN ESPAGNE 147 tourner, et aperC,ioit dans la poche de son habit un poulet que Pierr()t avait vole sur la table. (Scene comique entre les deUI.) Pierrot sort. Le general invite sa fille a se retirer et va vers Ie comle. Il lui dit, d'aller venger son honneur et lui jure que Dolores sera a lui. Le comte resle seul appeUe Ie bossu et lui ordonne de Ie suivre. Peur du bossu. (Scene comique.) A Ia tin, Ie comte Ie fait passer devant lui et ils sortent. IVe TABLEAU . Une f o r ~ t . - Une excavation a gauche. Au lever du rideau, des bucherons passent charges de leurs fagots. Le comte, enveloppe d'un grand man- teau noir, entre, suivi du bossu qui est plus mort que vif. Le comte parcourt Ie theatre et apercevant l'ex- cavation dit : - C'est ici! . Il prenel dans son manteau deux pistolets et les donne au bossu. CeIui-ci les refuse. Le comte lui met Ie canon d'un pistolet sur la tempe et lui dit : Je te tue si tu fie m'obeis pas. Le bossu s'execute. Le comte alors lui montre la caverne et l'y fait se cachero 148 PANTOMIMES A ce. moment, Pierrot entre a pas de loup; il se cache et voit tout ce qui se passe. Puis Ie capitaine arrive enveloppe dans un manteau. Les deux adversaires se mettent en tenue de com- brit, et tombent en garde .. Pierrot vient se placer sans etre vu pres de Ia caverne. Le combat commence. Dans une pas:;e, Ie comte . donne un signal au bossu qui braque les pistolets sur Ie capitaine. Mais Pierrot s'empare des armes et les tourne vers Ie comte qui jetle son epee et aban- donne Ie bossu; il se sauve, Pierrot Ie poursuit, tire deux coups de feu sans l'atteindre. Le capitaine remercie Pierrot de lui avoir sauve la vie. Celui-ci repond qu'il n'a fait que "on devoir. Le capitaine va pour s'eloigner en faisant signe a Pierrot de Ie suivre, mais celui-ci, entendant du bruit du cote de la ca'Verne, se cache.' Le bossu se croyant seul sort de sa cachette pour se sauver. Mais Pierrot Ie saisit par les cheveux et lui administre une voIee; a la fin, il lui passe une corde au cou et l'emporte. v e TABLEAU La place de Castille. - Maison a gauche avec plusieurs fenetres. .
Au lever du rideau, plusieurs Espagnols avec leurs iemmes viennent se mettre a table a Ia porte de l'au- berge. L'aubergiste le.ur sert it boira. , TJES FRANCAIS EN ESPAGNE 149 Le bossu arrive enveloppe d'un grand manteau noir. Il s'approche de l'aubergisfe et lui dit de reunir les individus presents, qu'il a a leur parler. On entoure Ie bossu. leur propose de se cacher dans la maison et d'assassiner tous leg .FraoQais qui passeront. Les Es- pagnols ont peur; ils refusent. I,e bossu entr'ouvre son manteau et laisse voir plusieurs bourses bien gar- nies. A la vue de 1'0r, les Espagnols acceptent. Le bossu leur distribue les bourses et leur recommande Ie silence, puis il s'en va en se frottant les mains. Les Espagnols entrent dans la maison, seul l'auber- giste reste avec sa femme pour compter son argent. . Arrive Pierrot avec un billet de logement. L'auber- giste et sa femme se tenant dos ados se retirent en faisant force reverences a Pierrot qui rit aux eclats et imite l'homme et la femme. (Scene comique.) Pierrot cherche partout l'adresse de son de logement; il va frapper a Ia porte de l'auberge. L'au- bergiste se montre, mais il a peur; Pierrot lui fait signe de venir. L'autre refuse. Pierrot lui montre son sabre. L'aubergiste obe.it. Pienot lui montre son billet et lui dit qu'il veut it manger et a coucher. L'aubergiste l'invite a entrer, mais Pierrot voit l'aubergiste et. sa femme tirer leurs cou teaux et se faire signe . qu'il faut Ie tuer. Alors Pierrot appelle l'aubcrgiste et lui dit qu'il prefere man- ger sur Ia table qui est en dehors, en plein air. Refus de l'aubergiste. Pierrot tire son sabre et l'autre s'em- presse, aide de sa femme, d'apporter tout ce qu'il faut.(Scene comique entre Pierrot et I'aubergiste). 150 PANTOMIMES Pendant que Pierrot mange, l'aubergiste cherche a Ie frapper par derriere. Pierrot prend un verre de vin et Ie lui jette a la figure. L'aubergiste pousse un cri et rentre chez lui. Pierrot se to I'd de rire, mais, crai- gnant une surprise, il retoUl'ne sa chaise afin de faire face a la porte. Dolores arrive, enveloppee dans un cMle i elle- aperltoit Pierrot, va vel'S lui et lui frappe sur l'epaule. L'autre, croyant que c'est l'aubergiste, prend une assiette et va pour frapper en se retour- nant; it reconnait Dolores et se con fond en excuses. Dolores demamle OU est Ie capitaine; Pierrot lui dit qu'il va aller Ie chercher, mais, en se retournant pour partir il l'aperltoit au loin el lui fail signe de venir. Celui-ci entre; Dolores se jette dans sos bras. Le capi- taine dit a Pierrot d'aller veiller aux alentours, puis il demande a Dolores Ie motif de sa visite en ce lieu. La jeune fille lui raconte que Ie comte et son pere veu- I.ent Ie faire assassiner. Le capitaine dit qu'il faut fuir et Dolores qu'elle l'accompagnera. Ils wint pour sortir et se trouvent en presence du cornte et du bossu; des soldats les suivent. Le capitaine tire son epee et Ie comte la sienne. Il se battent, Pierrot survient; une melee generale s' engage; Ie capitaine est blesse a la cuisse, il tombe a genoux; Ie cornte va pour l'achever, mais Dolores se precipite et lui fait un rempart de son corps. . Pierrot arrache au comte son epee, Ie charge et Ie force a sortir. En ce moment, Ie general arrive a:vec ses soldats. On fait prisonnier Ie capitaine. La came- riste emmene Dolores qui jure de venger Ie capitaine. Melee entre les Espagnols et les Franc;ais. Pierrot LES FRANt;:A.IS EN ESPAGNE 151 arrive avec son fusil. L'aubergiste ouvre une fenelre au premier etage,vise Pierrot avec son pistolet, Ie coup part et la balle enieve Ie chapeau de Pierrot. Celui-ci lui tire un coup de fusil et Ie manque; il en- fonce la porte d'U]l coup de crosse et entre. - Pour.- suite comique d'une fenetre a l'autre. L'auhergiste sort de la maison, Pierrot Ie suit, l'empoigne par Ie fond de son pantalon; la piece lui reste dans la main et la chemise sort du pantalon. - Les soldats arri- vent avec Ie bossu; ils se jettent sur Pierrot pour Ie faire prisonnier. Scene eomique entre Pienot, les soldats et Ie bossu. On finit par emmener Pierrot en prison; VIe TABLEAU La prison. Le guichetier apporte des tabourets et des chaises. Le bossu entre et s'assure que tout est pret, puis .il f ~ i t un signe a ses solclats qui entrent en conduisant Ie capitaine. CeJui-ci e!;!t tres abattu. 11 se laisse tom- ber sur un tabourct. Le bossu lui demande s'il veut quelque chose. Le capitaine Ie regarde d'un reil me- nagant, l'autre se sauve. Le capitaine demande des nouveiles de Pierrot; on lui repond qu'il est arrete. Decouragement du cap i- taine. " 152 PANTOMIMES All meme instant, on entend un grand bruit; la, porte de la prison s'ouvre et Pierrot est pousse brutale- ment it l'interieur. Le bOSSll veut lui faire des remon- trances, mais Pierro! Ie saisit a la gorge et veut l'e- trangler. Le capitaine delivre Ie bossu qui s'enfuit, puis demande a Pierrot des nouvelles de Dolores. - Je ne sais OU elle est, repond-il. Il se desole d'etre en prison, se frappe la tete contre les mms. Le capitaine Ie console et l' encourage. Des soldats et 10 bossu entrent portant un panier de pro-
VIsIOns. Le bossu pose Ie panier pres du capitaine; Pierrot se precipite sur lui, Ie bossu se sauve, mais dans sa Mte en refermant la porte sa tete se trouve prise entre les deux baUan ts. Pierroflui tire la tete, Ie crible de coups. (Scene comique.) Revellu pres du capitaine, Pierrot lui offre les pro- visions; maiS Ie capitaine refuse. Pierrot se met alors a pleurer, puis a manger. (Scene comique.) On entend rIu bruit au dehors: ce sont des solelats avec Ie general et Ie comte ... lis entrent et on lit nux deux prisonniers Ia sentence par laquelle ils sont condamnes a mort. . . Le capitaine dit qu'il saura mourir courageusement.. II. - Je ne veux pas mourir, dit Pierrot. (Scene comique.) . - Je suis venge dit Ie comte. Le capitaine va pour Ie frapper, mais celui-ci lui met la pointe de son epee sur la poi trine. Le gene- ral s'intcrpose et emmene Ie comte. . Le bossu s'approche du capitaine et lui elit qu'il va chercher un confesseur. . . LES FRANf;AIS EN ESPAGNE 153 Refus du capihtine. Au meme instant, entre un moine avec une barbe grise. II dit qu'il va donner la Le capitaine Ie repousse; Pierrot dit qu'il veut bien la recevoir. Le moine lui donne la (Scene comique.) Ensuite Ie moine ordonne au bossu d'aller querir une voiture; celui-ci sort. . Revenant encore au capitaine, Ie moine Ie supplie de se cont'esser; l'officier engage Ie moine a se retirer .. L'autre se depouille alors de sa defroque et Dolores apparait en costume d'officier, semblable au capitaine. Celui-ci presse Doiores sur son cceur - Pierrot plellre de joie. (Scene comique.) Dolores supplie Ie capitaine de fuir sousIe costume de moine. Jamais, repond-il. . Pierrot et Dolores Ie pres sent ; il finit par cOllsentir et revet la defroque. Au meme instant Ie bossu entre et dit au moine de se retirer. Le faux moine embrasse Ie faux capitaine, serre la main a Pierrot et sort. Pierrot saute de joie. Le bossu ne comprend rien a son contentement. Deux heures sonnent. Les soldats s'avancent; Ie faux capitairie vient se placer au milieu d'eux; Ie cortege Pierro t ne veu t pas marc her. (Scene comique entre lUi, Ie bossu et les soldats.) , ..
154 PANTOMIMES VIle TABLEAU Une fortel'esseavec bastion. Un drapeau espagnol est plante sur Ie bastion. Le general entre et annonce que sa fille s'e'st enfuie; il parait accable. Le comte arrive et vient saluer Ie general. Le general lui demande la grace du capitaine. - Refus du comte. - Je suis d'un grade superieur au votre , dit Ie general, et je veux la grace. Le cornIe lui montre Ie drapeau royal et Ie general s'incline. Le cortege s'avance. Le pretendu 'Capitaine marche d'un pas ferme; il tient un mouehoir sur sa figure. Pierrot se tratne a peine. , Le comte indique la place 011 les condamnes doivent etres conduits pour Ie supplice. Le generall'implore une deuxieme fois. - Nouveau et energique reflls du con;tte qui se tourne en suite vers l'officier et lui demande s'il a quelque chose a dire. - Non, lui est-il repondu. II va alors pour donner Ie signal, mais Pierrot l'arrMe et dit qu'il veut faire encore sa priere. Le comte y consent. Pierrot c9mpte les soldats et fait la grimace. - Enfin, iI se met a genoux. (Scene comique avec lebossu .. LES FRANI;AIS EN ESPAGNE 155 Quand Pierrot a fini, Ie comte commande : Feu! mais a ce moment Dolores retire Ie mouchoir qui cachait son visage; Ie general reconnait sa fille et se precipite au-devant d'elle. - Furimr du comte. Tout a coup les Franc;;ais escaladent Ie bastion; Ie capitaine saute a son tour tenant en main Ie drapeau franc;;ais. llvient vers Ie comte, Ie provoque en combat singulier. Le comte se voit perriu, . mais lulte avec energie. Combat comique de Pierrot avec Ie bossu. Pierrot Ie tue. Le general arrete Ie duel entre Ie capitaine et Ie comte et demandea ce dernier son epee. Le comte la brise, prend un pistolet et se brule la cervelle. Le capitaine epousera Dolores. - Le general donne a Pierrot une grosse bourse d'or. (Scene finale a dglet.)
LA PERLE DE SAVOIE PANTOlIH1E Ei'l 5 TAllLEAUX Tinie de la Grdce de Dieu, drame eu 5 aetas de. M. DENNERY. ~ I u s i q u e de LoIsA rUGET. Cette pantomime est La derniiwe qU'ait ereee CHARLES DEBURAU. PIERROT. ARTHUIL LOUSTALOT. LE COUMANDEUR. LE CURE.
PEUSONNAGES :
MARIE. CHONCHON. LA MERE LOUSTALOT. LA lIlARQUISE.
,
LA. 'PERLE DE SAVOIE PANTOMIME EN 5 TABLEAUX Tiree de la Grllc8 de Dieu, drame en 5 aetes de 1\1. DENNERY. Musique "de LOISA PUGET. Cette pantomime est la aerniere qu'ait crooe CHARLES DEBURAU. PREMIER TABLEAU Une lerme. - Au fond, les montagnes. SCENE Ire LE BAILLI, LE PERE ET LA MERE LOUSTALOT, MARIE Le bailli vient saisir et expulser la famille Loustalot. Le pere et la mere sont atterres. Marie arrive en dan- sant et ne comprend rien au desespoir de ses parents. On lui avoue la verite. SCENE II Les memes. - LE COMMANDEUR En voyant toute ceUe famille en larmes, Ie comman- deur interroge Ie bailli qui lui explique Ie motif de sa
. 160 PANTOMIMES presence. Le commandeur console Marie et rassure ses parents; il ordonne au bailli de cesser toutes poursuites. . II donne une bourse a Marie et se retire avec les . . benedictions de Ja famille.
SCENE 1II Les memes moins Ie COMl\fANDEUR. - LE CURE ET PIERROT Le cure a vu Ie don de la bourse; il comprend et dit aux parents qu'il faut que Marie parte pour Paris avec les enfants du pays, immediatement. Desespoir de Ia mere et du pere ainsi que de Marie. Pierrot dit au cure qu'il part' aussi; mais, avant de partir, il lui 'demande de Ie confesser. (Scene COI!lique.) Le cure lui dit qu'il est un brave garQon et lui donne l'absolution. SCENE IV Les r n ~ m e s . - CHONCHON (avec une grande tartine.) . L'absolution n'est pas encore dopnee que Pierrot, apercevant Ia tartine, la vole et wend toute la confi- ture etalee dessus. Le cure s'ell aperQoit, Ie repri-. mande; Pierrot se frappe la poi trine de nouveau. En- fin! il est pardonne. LA PERLB DE SAVOIE SCENE V , Tous les emigrants en trent en scene. Adieux et benediction de la mere Loustalot fiUe. 161
a sa (Musique de fa Grdce de Dieu, que la mere Loustalot doit mimer vers par vers.) , La mere Loustalot se trouve mal; on entraine Ma- , . rie. La mere 5e reveille et au loin on en tend Marie chanter. (Adieu, Ii la grAce de Dieu.) Air de la Grace de Dieu, Loisa Puget. lci commence ton voyage. Si tu n' allais pas revenir, Ta pauvre mere est sans courage Pour te quitter ..... pour te Mnir. Travaille bien ..... Fais ta priere, La priere donne du creur; Et quelquefois pense Ii ta mere, Cela te portera bonheur . . Va, mOD enfant. Adieu! A la grace de Dieu. t62 P ANTOMlll1ES lIe TABLEAU Une chalfibre de jeune fiHe a Paris: lit Jans une alcove j UIle image sainte a gauche, une vieUe pendue; au fond, chaises. SCENE Ire MARIE et CHONCHON, tres eiegante. Marie lui demande comment elle peut s'habiller aussi richement. Chonchon montrant un carton, lui repond qu'elle est modiste et qu'eHe gagne beaucoup. SCENE II On en tend un son de vielle dans la coulisse. LES MEMiS. - PlERROT Joie generate. lls s'embrassent et dansent la bourree. C'est gentil, dit Pierrot, vous etes bien meublee; moi, je couche sur Ie plancher. }) Comment avez-vous fait? Marie luimontre sa vielle.
Tout it coup, on en tend du dehors trois coups dans la main. Je comprends, dit Cbonchon, c'est un signal. Allons nous-en, Pierrot. lIs se disent adieu. (Sortie.) , , LA PEHLE DE SA VOlE 163 SCENE III AlARIE seuIe. Marie est inquiete, trou,bIee. Le signal des trois coups dans la main se fait entendre de nouveau. Elle Msite. Enfiil elle repond. SCENE IV _ MARIE, ARTHUR. Entree d'Arthur, habiUe en ouvrier riche. II lui dit combien il l'aime. ' Marie lui repond: ' Ce n'est pas cela; donnez-moi ma leQon de lectu reo (lis prennent deux chaises qu'ils placent au milieu de la scene.) . , A ~ t h u r presente une lettre a Marie; elle la lit; epelant avec un doigt, petit a petit; eUe comprend Ie sens de la lettre, se trouble. Arthur veut la prendre . dans ses bras, en lui apprenant que cette lettre est pour elle. Tout a coup, on frappe a la porte'. Fuyez ll, dit Marie. Elle Ie cache dans un cabinet a droite. SCENE V MARIE, LA MARQUISE, LE COMMANDEUR, ARTHUR, cacM. Marie va ouvrir. Entree de la Marquise et du Commandeur. , 1 6 ~ P ANTOMIl\lES . La Marquise examine la chambre ayec curiosite et Vlent demander it Marie de venir jouer de la vielle et danser Ie lendemain chez elle it l'occasion d'une grande fete. Marie accepte. La Marquise lui donne une bourse; elle sort, et Ie Gommandeur, s'approchant de Marie, lui embrasse l'epaule. Rentree de la Marquise, qui a vu Ie mouvement. Le Gomrnandeur se retire en s'ex- cusant. SCENE VI MABlE, ARTHUR Marie reste seule; clle compte son argent, Ie met dans un petit coffret. BientOt, dit-elle, je pourrai retourner au pays. Ah! il fait froid. Vite, couchons- nous I Faisons. rna priere. (Musique de la Grace de Diell.) Elie se pique avec une epingle en otant sa robe; elle eteint la chandelle et se dirige vers son lit. En ce moment, Arthur sort du cabinet. SCENE VII LES MEMES. Arthur cherche Marie. Marie, entendant. des pas, est effrayee et se cache derriere les rideaux de l'alcove. Jeu de scene de cache-cac:he tres prolonge. Enfin, Arthur saisit Marie, J'enlace, lui embrasse les mains,
LA PERLE DE SAVOIE 165 tombe a ses gerioux. Marie cherche a le fuir ; impos- sible. Epuisee, elle Lombe dans les bras d'Arthur. Tout a coup on entend Pierrot .louer la Grdce de Dieu. Cet air ranime Marie; c'esl la voix de sa mere! Allez-vous-en, si vous m'aimez, je vous Ie demande . a genoux. Pitie! pitie! II . . . Arthur, faisant un effort surhnmain, lui dit: G. Je pars, voyez si je vous aime! II Marie tombe a gelloux et envoie des Jlaisers a sa mere .. La musique a dure tout Ie temps de la scene. IIIe TABLEAU Un Salon chez 1& marquise. SCENE Ire Une grande soiree . . LA MARQUISE, LE COMMANDEUR La marquise presente son fils a toules les dames. Enfin . Mile d'Elbee entre, et la marquise dit a son fils (vetu d'un uniforme de colonel) : Voila ta fiancee D. - Je ne veux pas me marier, dit Arthur. - Et pourquoi? demande la marquise. --- Parce que faime. 166 PANTOMIMES Le Commandeur dit a la marquise: II a raison . Indignation de la marquise : - Qui aimez-vous? - Je ne puis vous Ie dire, repond Arthur. (Le hal commence.) Apres Ie menuet, un valet introduit Marie et Pierrot. Le bal cesse pour entendre les chanteurs. II chantent La Dot d'Auvergne : Air de ia Dot cr Auvergne (Loi'sa Puget). Rp,frain
MARIE et PIERROT Pour dot rna femme a cinq sous Moi quatre, pas davantage. Pour manter notre menage, Heias! comment ferons-nous? Cinq sous! cinq sous! Heias! comment ferons-nous PREMIER COUPLET PIERROT Eh bien nous acheterons. . Un petit pot pour soupiere; Avec la merne cuillere Tous les deux nous mangerons. Refrain. 2 COUPLET PIERROT Eh bien nous vendrons de l'eau Que ron trouve Ii la riviere ; Toi devant et moi derriere Nous pousserons Ie tonneau. Refrain. .
LA PERLE DE SA VOlE 167 -------------------_._- SC:E!NE II Entree du marquis Arthur de Sivry 'que la marquise presente a Mile d'Elbee .. Marie reconnalt Arthur, va r.. lui. La marquise la repousse et Marie tombe evanouie sur un canape. o SCENE III CHONCHON, MARlE. LE COMMANDEUR Le Commandeur vovanl Marie enclormieveut l'em-
brasser; mais Chonchon l'eQoit Ie haiser et gifle Ie Commandeur. Marie se ranimc; elle demande OU est Arthur. Le Commandeur lui repond : Il va venir, il vous attend a sou per. Je vais tout commander. SCENE IV CHONCHON, MARIE, PIERROT Pierrot arrive et . leur dit: Vous etes dans une caverne de brigands. (Effroi des _deux femmes.) Deux valets apportent une table servie. Le Com- mandeur les suit, et Pierrot se cache sous,la table. Le Commandeur fait signe a Marie de s'asseoir,' mais veut s'asseoir pres' d'eHe; Chonchon Ie repousse avec 168 PANTOMIMES jalousie et se place au milieu de la table, de fac,;on qu.e Marie et leCommandeur sont separes . . Le Commandeur, en prenant la bouteille de cham- pagne qu'il va deboucher, dit: . .. Bient6t ellE-s seronl endormies toutes deux. Le Commandeur remplit Ie verre de Marie, qui Ie passe a Pierrot sous la table. Ce jen de scene est encore deux fois repete. Etonnement du Commandeur!! Chonchon est com- pletement endormie. I.e Commandeur veut embrasser Marie - qui appelle . Pierrot a son" secours .. Vains efforts! Elle releve la nappe et aperc,;oit Pierrot complete- ment- endormi; des valets entrent et enlevent Marie. Mitis Pierrot se reveille, et, apres une forte racIee donnee aux valets, sauve Marie. IVe TABLEAU Uoudoir tres elegant; fenetre au fond. SCENE ire Marie, revetue d'un deshabille somptueux, est assise devant une toilette; Arthur entre et lui presente un riche ecrin. A quoi bon cela? dit Marie, c'est votre main que
Je veux. " L.A PERLE DE SAVOIE 169 - Bientot, di t Arthur; seulement ne paraissez pas it. cette fenetre, je vous en prie. - Soit, dit Marie, je resterai enfermee contem- plant volre portrait. (Arthur sort.) SCENE II I Un valet vient annoncer qu'un vieillard demande . l'aumOne . . IX Tenez, dit Marie. - Non, il veut" parler a madame. - Qu'il entre, SCENE III . MARIE, LE,PERE LOUSTALOT Marie reconnalL son pere.(scene de terreur et de honte). Loustalotexprime qu'il a une fil'e qu'il vient rechercher, qu'il est malheureux. Marie lui 'donne sa bourse en detoll:rnant les yeux alors. Louslalot Ie vi- sage de Marie dans la glace (scene de terreur et de colcre) ; Marie tombe it ses pieds. Loustalot la maudit, lui. jette la bourse avec mepris et sort. - SCENE IV , Marie evanouie se releve peu a peu. Est-ce un reve? - Non .c' est la realite ; eUe fond en larmes. .. liO PANTOMIMES SCENE V MARIE, PIERROT Elle lui raconte cequi s'est passe. Pierrot la sup- plie de retourner au pays. Marie lui montre Ie por- trait d' Arthur: ' Jamais, dit-elle, - quaml je serai sa femme. (On entend des cloches.) Qu'est-cela? dit Marie. - Ces cloches annoncentle mariage d'Arthur. - C'est impossible. Alors eUe se souvient qu'illui a defendu de se mon- trer a la feuelre; elle s'y p r e ~ i p i t e , regarde, pousse un grand cri: elle est folle; eUe croit etre au milieu d'un bal, elle fait la reverence a des personnages ima-
gmalres. Pierrot ne sait que taire. Dne inspiration du ciel! il prend sa vielle et joue la gntce de Dietl; Marie fasci- nee suit l'air; en ce moment, eUe aper<;oit Ie portrait d'Arthur, elle court a lui; mais I'air l'attire de nou- veau (les cloches sonneilt.) . C'est rna mere qui m'appelle, eUe se meurt! et eUe disparait a reculons,envoyant des baisers au por- trait.
LA PEllLE DE SAVOIE 171 VeTABLEAU IIteme decor qu'au premier tableau: SCENE Ire
Les Savoyards soilt revenus au pays; iis boivent, chantent et dansent. Le cure arrive et leur demande de leurs nouvelles, chacun lui montre ses petites economies; Ie cure les benit, et toute la petite troupe va se remettre en marche pour Ie village. En ce moment, la mere Loustalot entre courbee par. Ie chagrin. EUe demande a chac.un des nouvelles de Marie; personne ne l'a vue. Elle pleure et rentre appuyee sur Ie bras du cure. Les Savoyards sortent. SCENE 11 LE COMMANDEUR et CHONCHON, en amazone . Le commandeur prend la taille d'une Savoyarde; Chonchon appelle Ie Commandeur, Ie cingle de sa cra- vache; elle lui ordonne de sortir, eUe veut entrer chez les Loustalot. Le Commandeur veut la suivre, elle Ie lui defend et Ie frappe de sa cravache. (Elle entre dans la cabane. Le Commandeur sort.) ,
172 PANTOMIMES SCENE III PIER ROT, MARIE Pierrot descendla montagne a reculons en 'jouant l'air de la Gnlce de lJieu. Marie apparait, brisee par la fatigue. Ses yeux sont hagards, ses cheveux deraits; elle se .traine plut.ot qu'elle ne marche, toujours fascinee par I'air. Elle tombe sur un bane. Nous voici arrives, lui dit Pierrot. Voyez, voila Ie pays, voLre maison . Elle ne comprend pas et croit qu'il faul se remettre en marche. Elle cherche a se lever et retombe. SCENE IV LES MEMES, LOUSTALOT Pierrot lui montre Marie. Le pere Loustalot veut rentrer, Pierrot Ie retient. Mais regardez-Ia done; lui dil-il. Loustalot la regarde et demande a Pierrot ee qu'elle a. - Elle est Jolle, lui repond eelui-ei. . - C'est Dieu qui la punit, e1it Loustalot. - Vous vous trompez, votre fiUe eilt toujours pure. Je vous Ie jure! . Loustalot pleure. Marie s'est relevee. En ce moment I'orchestre joue la Grdc8 de Dieu. Marie se met il genoux et mime les paroles. LA PERLE DE SAVOIE i73 Tout le monde entr,e. , La mere veut se precipiter sur sa fille. Chonchon Ia retient. Alors Iii mere Loustalot, appuyee sur Ie bras duo cure, s'approche a pas lenls derriere Marie. Arrivee a ces mots: Pense a ta mere, . Marie ne se souvient plus; elle cherche a se rappeler, se tient la tete, ne peut pas. . Alors la mere Loustalot continue Ie couplet: Pense a ta mere, Cela te portera bonheur. Va, mon enfant, adieu, 'A la grace de Dieu I En reconnaissant la voix de sa mere, Marie cherche; peu a peu sa raison revient; elle se retourne et, aper- cevant la mere Loustalot, pousse un cri et tombe dans ses bras. u Est-ce que j'ai reve? diL-elle. Non. Voila bien Ie pays, la maison; elle son pere qui lui ouvre ses bras et l'embrasse. Voila Pierrot, Chonchon, M. Ie cure. Et ... lui? oil est-il? Ah! ce n' etait pas un reve. SCENE V Arthur accourt, tombe a ses pieds, implore son pardon, et .lui demande sa main. a: Mais, vous etes marie, lui dit Marie.
t74 PANTOMIMES . ~ Non, repond Arthur, je me suis enfui. Je te Ie jure. Sois ma femme, ma femme devant Dieu! Elle tombe dans ses bras. Attendrissement general. Alors Chonchon appelle Ie Commandeur, lui pre- sente sa main d'une fa<Jon timide et comique. Celui-ci refuse, et Chon chon Ie cravache. Tableau. , >. , . . -LE LOUP GAROU PAflTOM'ME VILLAGEOISE, dLBE DE DANSES, EN TROIS TABLEA.UX LE SEIGNEUR du village. LE BAILLI. PICARD, Cermier. AiATHURIN, g a r ~ o n de Cerme. JEANNETTE, fille de Picard. PERSONNAGES COLIN, amoureUI de Jeannette. LAFOUINE, vieuI braconnier. . Un garde champctre. Un domestique. Un pAtissier.
Villageois et villageoises. ..
-
- LE LOUP GAROU PANTOMIME VILLAGEOISE, MELEE DE DANSES, EN TROIS TABLE.tUX PREMIER TABLEAU La COUl" d'une fel"me. Lafouine escalade Ie mur de la cour, ecoute a la porle de la ferme et se cache dans Ie poulailler. Mathurjn sort de la ferme et se cI a cueillir des fruits, mais, entendcmt du bruit dans Ie poulailIer, il s'arme J'une fourche. Lafouine, qui a un costume de peau de bete, sort de sa cachette, effraye Mathurin qui tombe la face contre terre et lui donne ainsi Ie temps de se sauver. Le Picard, aux cris de son valet, accourt, lrebuche dans Mathurin et Lombe a son tour. Arrive Ie bailli suivi du garde champetrc. On rcleve les deux paysans et Jeannette accourt elle- memc pour leur donner des secours. Le bailli queslionne et apprend qu'un grand diablc a effraye Mathurin. . 12 liS 0 l' AN TO "I HIES 1e bailli, res te seul avec Ie fermier, lui ann once que Ie seigneur du village est amoureux de sa fille et veut l'epouser. Picard appe\le sa fille et lui fait part de cel te heureuse nouvelle; mais Jeannetle repond qu'elle aime Colin et qu'elle n'(:pousera que lui. Celui- ci se montre au fond et, lorsque Picard et Ie bailli sont sortis, il accourt se jeter aux pieds de Jeannette. Lorsque Colin est sorti, Lafouine vient i:t son tour declarer son amour a la jeune fille. Mathurin, qui cst ane chercher Picard pour corriger Colin, est tout sur- pris de la volee que rec;;oit Lafouine qui est aux pieds de Jeannette. Lafouine demande lamain de cette derniere, Picard la refuse et il jure de se venger. . Le seigneur du village se montre oil son tour, ct, malgre sa fortune, il cst asscz mal rec;;u par Jeannette. Il espere tout du temps, et chacun va se mettre en toilette pour Ia ceremonie. Colin el Jeannette, restes seuls, se desolent, mais o apres une petite scene dans laquelle Jeannelte jure de n'etre qu'i:t lui, ils dansent un PAS DE DEUX. o Tout Ie monde reparait pour ressortir' de suite. Colin: et Mathurin furieux se joignent i:t Lafouine pour se venger et ils suivent Ie cortege.
LE LOUP GAHOU 170 lIe TABLEAU Un pare avec des statues. Lafouine arrive et change de costume avec un pa- lissier qui apporte des Le seigneur et la jeune fiUe avec son pere traver- sent Ie pare qu'ils admirent. Mathurin qui parait, jure en les voyant de leur jouer un bon tour; a cet elfet il prend la place de rune des statues . . Colin arrive a son tour et se cache dans Ie bosqueL Jeannette vient a son tour. Scene d'amour et cascades de Mathurin sur son piedestal , Pieard et Ie fiance reviellnent et tout Je monde se met a table. , Scene comique de Colin cache dans Ie. bosquet ot de Mathurin sur Ie piedestal. . Colin finit par saumer les bougies et; dans l'obscu- rite, Lafouine alfuble de son costume de pean de tete cpauvante tout Ie monde. Tohu-bohn, cascades. Tout Je monde se sauve. , 180 PANTOlllIMES HIe TABLEAU La meme decoration qu'au premier tableau. Colin et Jeannette viennent s'asseoir sur un bane, ct une petite scenc d'amour a lieu entre eux. Jean- neUe rentre, Colin veut la suivre, elle lui jelte la porte au nez. Ii se cache. Mathurlll escalaue Ie mur, et, comme il entend ve- nil', il se couche sur Ie bane. . Lafouine, une lanteme it la main, escalade Ie mur a son tour et se Moltit dans Ie poulailler. Mathurin qui Ie prend pour un voleur court a l'ecurie pour y chercher une arme. Colin profile de son absence pour s'introduire dans Ia ferme par Ia fenelre. Mathurin revient avec un piege a loup qu'il place . devant Ie poulailler. Le hailli, Ie seigneur et Ie termier entrent et Ma- thurin leur dit qu'il tient un voleur; chacun s'arme etLafouine qui sort du poulailler se trouve pris dans Ie piege. Picard demande OU est Jeannette; ou va a sa re- cherche. et tout Ie monde est surpris devoir Colin avec elle. Que faire dans ee cas '? les marier et c'est ce qui a lieu. Pas de deux ent1'e Colin et Jeannette. Ensemble POU1' {tni1"
" LE JO"UEUR PANTOMIME EN CINQ TABLEAUX PIERROT. Le marquis. PAUL, son fils. tEON, ami de Paul. DISTRIBUTION ": Un seigneur (IV' tableau). ADELAIDE, flUe du MARTHE, cameriste. Trois chevaliers d'industrie. Deux domestiques. Mend ian Is .
LE JOUEUR PANTOMIME EN CINQ TABLEAUX . PREMIER TABLEAU LE 1I1AUVAIS FILS . Le thMtre repnlsente un jardin. - Un perron au fond. - Cute cour I nne maison. - Un bosqnet. SCENE Ire Au lever du rideau, Marthe, camerisle de AJe- lalde, fine du marquis, range sous un bosquet une table; elle est aidee par deux domestiques. Elle semble car Pierrot est a la ville aux provisions ; enfin elle l'aperQoil. SCENE II Pierrot paraH; il est charge com me un mulet. Les deux autres domestiques !'Ie pavanent dans les bras d'un fauteuil Iequel iis soot assis.
. . 184 PANTOMIMES :Marthe aide Pierrot a se debarrasser; .ce dernier.a beau appeler Ies deux autres, ils font Ia sourde oreille. Pierrot e1it : Attends que je sois libre ; je vais vous
faire finir vos airs. En effet, il va vers eux et il leur demande s'ils sont bien la. Parfaitement, lui est-il repondu. - Vous n'avez pas de honle de faire? - Non! me Iaisser tou t
A ce mot, Pierrot leur jette deux poignees de farine qu'il avait dans les mains. lis se sauvent, vexes aes rires de :Marthe. SCENE III Le marquis ayant au bras sa fille vienl meUre fin a ceUe scene. Jls se meLlent a table. Le marquis demande s'il n 'n pas vu Paul, son fils, frere de In jeune fille. lllui est repundu que non. Abnttemenl du pere qui mime que son f1ls est un joueur et que son nom sera un jour deshonore. . Pierrot et Marthe viennen t aux pieds du marquis Ie consoler. . On- entend la sonnette de In grille. Tous se levent. En ce moment, la joie est revenue sur lous Ies
vIsages .
LE JOUEUR iR5 SCENE IV Leur attente a ete trompee. Ce sont des pauvres qui viennent demander leur pain quotidien. ' Les pauvres arrivent ,et it leur est distribue des aumones. Cascades de Pierrot.
SCENE V " Le fils p'araJt deguenille et avine. II est accompagne par un ami qui semble Ie conseiller. Cedernier se cache a la vue du pere. Reproche du marquis apres la sortie des paUVl'es et des domestiques. Le fils n'a qu'une idee fixe. II semble ne pas prendre garde aux dires de son pere. It ecoute, en se moquant,puis il dit au marquis qu'il lui faut de l'argent pour payer ses dettes. Le pere lui fait des remontrances. Sa. seeur lui dit qu'il serange; Ie pere est accabhi. ' Un bon sentiment se reveille chez Ie fils. H va vcrs son pere qui s'est assis et jUl'e de ne plus joner si ron veu't lui donner ce qu'il doit. Son ami lui fai t des signes d'intelligence. Refus du perc. Le fils supplie. Le perc refuse et, se mettant en colere, il lui reproche sa conduite, son ail' debraille, et'lui ouvrant la main, it lni montre Ie jen . de carfes qu'il jette a terre. ' II ordonne a son fils de rentrer chez IUl. Refns de ce . ' '186 PANTOMIMES dernier qui, froisse de recevoir une semonee devant son ami et sa soour, est furieux. It lui faut de l'argent. II ne eonnait plus rien. Son pere lui donne un refus formel. Le fils Ie prend it Ia gorge, exaspere; mais it reeuh\ epouvante de ce qu'il vient de faire.
SCENE VI ..
Les domestiques sont aceourus, Pierrot en tete. Us se mettent au-devant du pere qui allait s'elancer sur son fils; maiR Ie calme succede a Ia eolere. II dit a son fils d'attendre et va dans Ia maison. SCENE VII La soour, l e ~ domestiques supplient Ie jeune homme de demander pardon a son pere. SCENE VIII Lepere, porlant un saed'argent et des billets de banque, va vel'S son fils; il les lui donne et Ie chasse en Ie maudissant. . Tous demandent pardon au pere qui rentre dans
Ja maison. SCENE IX Le fils reste seul est accable. Son ami qui n'a pas perdu Ia scene, Ie tire de l'aeeablement. Viens donc,
nous Jouerons.
LE JOUEUR lSi Le fils se leve, et, prenant Ie jeu de cartes, il ex- prime qu'il deviendra riche. lis sortent. , SCENE X La jeune fille cherche son pere, appelle Pierrot et lui demande s'il veut l'accompagner. Elle lui donne sa bourse, elle Ie prie de veiller sur Ie jeune homme et de Ie ramener avec elle. lIs sortent. Changement. lIe TABLEAU UN SALON. SCENE Ire
Les domestiques viennent apporter trois tables, des cartes, des cornets et des des. Trois chevaliers d'industrie viennent avec deux dames. lis se montrent leurs poches; elles sont peu
. garmes. SCENE II Leon, l'ami du jeune comte, entre .en avertit les autres de la bonne aubaine; on les cartes et les des. scene et , prepare
1RS . PANTOl\Il.MES SCENE III Paul, Je jeune comte, entre. II est tout joyeux. On se presente. lIs sont tous d'une grande amabilite . pour lui. On Ie debarrasse de son chapeau et de son sac. Tous les yeux sont fixes dessus . . On se met au jen . . SCENE IV Il commence a gagner; il est ravi. II lui semble que tout lui sourit. II appelle les domestiques et it ordonne que l'on serve Ie sou per . II fait Ja cour it une des dames et sort en callsant. Tous Ie suivent excepte l'ami, Leon. SCENE V Adelaide entre, ~ l l i v i e de Pierrot. Elle demande a Leon si l'on a vu un jeune homme ; elle depeint son frere. Leon, l'ami de Paul, la reconnait. II medite un projet et arrete un plan. It est tres galant avec elle, semble la plaindre. II s'approche de la jeune tille, rna is il est gene par la presence de Pierrot qui, chaque fois qu'il s'approche, lui barre Ie passage. Il veut se debarrasser de Pierrot, appelle Ie!'> do- mestiques et ordonne que l'on serve 'tm bon diner au gaillard. lis Bortent.
LE JOUEUR SCENE VI Reste seul avec AdelaIde, Leon devient plus entre- prenant ; il est repousse, . mais il promet de ramenel' Ie frere. AdelaIde l'ecoute.
S C ~ N E VB AdelaIde tremble. Les tables de jeu lui font hor- reur. On seft un repas splendide. Les domestiques sortenL ; eUe a peur. Un grand bruit se fait entendre ct Pierrot entre par la croisee .
SCENE VlIl II raconte que l'on a voulu Ie faire . boire et l'en- fermer. II faut partir de ceLte maison. On entend rire. AdelaIde reconnait la voix de son frere. Pierrot se cache sous Ia table. SCENE IX. AdelaIde met son masque et tous les jeunes gens 1'cn1rent en scene suivis des dames. Leon presenle AdelaIde. ' On prend place a table. Pendant Ie repas Adelaide donne a Pierrot tout ce qu'on lui offre . . Paul ne quitte pas les )'eux de dessus eUe. Puis il se distrait. On boit, et on se remet au jeu. 190 PANTOl\lIMES Leon ne quiLte pas Ia jeunc fille. II devicnt pres- sanL AdelaIde appelle Pierrot a son secours. Le jeu continue. Deux clomestiques la bousculen t et l'enlevent. Le jeu est dans son plein; on ne fait pas alten Lion a ce qui se passe de l'au Lre cole de la scene. Leon suit les domestiques apres avoir fait un signe d'intelligence a ses amis. Paul a deja Teperdu ce qu'il avait gagne, meme la moitie de ce qui lui appartenait. II change de visage. n propose de jouet' aux des. A chaque coup Ie r{tleau cle son ndversaire vient I ul enlever son or, ses Lillels. . 11 perd tout. FUf'icux, il donne un coup de poiug sur la table. Tout yole en 1'air, carles, cles. On se leve et les habitues viennent Ie saluer en se moquant de lui. nest aueanti. II cherche son ami. Personne. II prenel les cartes, les des, les foule aux pieds et jure de ne plus jouer. . Les domestiques enleven t Ia lable et i Is son l elon- nes de voir Pierrot endormi. lis Ie rereillen t, mais i I peu t a peine se tenir debou t. 11 rit comme une bete, il danse, il est fou, ivre-mort. Paul Ie reconnait. Comment se fait-il qu'il soit-la? Paul Ie -preud par Ie bras. Pierro! Ie regarde avec. Ull air h.ebeLe,. puis Ia vue .de son jeUlle maHre sem- ble lui rappeler ses souvenirs. II revienlil.lui, Tegarcle de tous cotes; une sueur froid e sem ble lui couler d u
VIsage. Les idees lui reviennent. II cherche, pousse un c r i ~ e.t court comme un fou d'une porte it l'au tre, donne
LE JOUEUR 191 l'explication de sa presence it Paul, qui comprend. Sa seeur etait lit! Il s'arrache les cheveux. Pierrot lui monLre la fenetre et npergoit Leon qui enleve A-delahle. Paul se precipile (\ sa poursuite en jurant cI c se ven gel' . . . Pierrot veut Ie suivre,' mais il esl arret,e par des cl'is joyeux. II se couche. SCENE X , Les joueurs arrivent en scene avec Ie sac; ils vont pm'lager. Mais Pierrot saute dessus el s'en empaI'e. Ils veulent cou rir sur lui, muis ils sont arreles par Ie pistolet de Pierrot. II se sauve. Tous courent apres lui. Changement
IW TABLEAU LE HMIEAU SCENE Ire Des ouvriers charpentiers arrivent en scene, et se , mettent au travail. Deux vont chez Ie marchand de , VlDt'. On leur sert a boire, Le contremaitre arrive. Les deux qui buvaient vont au travail. Apres avoil' donne ses ol'dres, Ie contremaitl'e se met a fa table du marchand de vins et boit. 192 l'ANTOl\Ul\lES SCENE II Paul eutre desespere.11 n'a pu rejoindl'e sa seeur. II n'a pas d'argent et il a faim. Une idee lui vient : s'il demandait du travail! II appeUe un ouvrier qui vient, Ie chapeau it lit main, lui demander ce qu'il
veu! . ..:.- Parler it votre patron, lui dit-il. L'l)uvl'ier Ie lui montre, it va it lui .. Lc patron, un seigneur, est d'une politesse outl'ee; il lui demande ce qu'il lui veut. . Les ouvriel's ecoutent. Paul lui demande de l'ouvrage. Etonnement du pa- tron qui croit que Paul . - Je ne plaisante pas. Je u'ai pas d'argent et j'ai faim. Le patl'On Ie pl'end en pitie et lui fait observer' que Ie travail est dm. Paul repond qu'il est lod. Les .ouvriers rient de l'aventure. Le patron furieux leur fait des remontrances. II donne de l'ouvrage au nouveau venu et sort. Le seigneur se met it l'ouvrage. Les ouvriers Ie regardent du coin de l'eeil. II cherche a travailler, mais les forces manquent. Les ouvl'iers se moquent de lui. II devient fUl'ieux et veut en fl'apper Ull., Tous (om ben t dessus, l1lais Pierl'ot al'rive; il se saisit . d'ull baton et delivre son maitre. Les ouvriers vont faire uu mauvais parti it Pierrot. Le::; compus sont tires. Le patron vient meUre les hola! Tous sortent en crial1t apres Ie seigneur. LE JOUEUR 193 SCENE III Restc seul avec son maitre, Pierrot lui demande des nouvelles de sa soour, - - Je n'ai Vll personne, lui reponclit-il; j'ai faim. Pierrol rentre chez Ie marchand de vins . . SCENE IV Leon parait. II tient sous Ie bt'as Adela"icle chan- celanle. Pau I AdelaIde pousse un cri et se jelte dans lesLra" de son frere, qui provoq ue Leon . . Un c1uel est imminent. Acleln"ideeperdue a.ppel)e du seconrs. lis mettent l'epee a la main. Paul est blesse et lombe. Leon s'empare (}'Adelnicle qui Leon so lrouve facC' u face avec Pierrot qui, voyant son mai tre blesse, saute sur son epee et en pOl'le des coups furieux a Leon. Paul va u' in poul'suite de sa SOOllr. Picrrot c10ue Leon SUI' la masurc elu fond. Changelllcnt
,
" l'ANTOM.IMES " lVe TABLEAU LA FORET " SCENE Ire Des bllcheronnes arrivent. en scene; elles portent des fagots. " ., SCENE II AcIela"ide entre en eourant et demande protection a.ux bucherons qui" la reconduisent. SCENE III Paul arrive.- II n'!! pu retrouver sa soour. - S'il pouvait rejouer et retrouver sa fortune! II fait des c}ulLcaux en Espagne. " II en tend du bruit. Une 'pensee c,"iminelle lui vient a Il voit quelqu'un approcher; il se cache. SCENE IV Un seigneur paraH; il est fatigue et s'assied sur Ie bane. LE JOUEUH . 195
Paul sort de la groUe. II est IJale, il hesite, puis prenant courage:. il demande la bourse ou 'tavie au seigneur en lui presentant un pistolet. . Le seigneur veut se defendre, mais il est sans armes. II donne sa bourse. Paul la lui preud en tremhlant. Le seigneur va pour s'eloigner, mais il est arrete par Paul qui lui remet Iii bourse en. ne lui prenant qU'une . piece et il lui conte sa position. . Le seigneur vent lui remeUre la bourse. Refus de Paul qui lui diL que la piece qu'il a prise lui suffit pour manger.Et if Ie supplie de garJer Ie , silence sur son aventure. lis SOl' tent tous deux.
SCENE V Deux joueurs elltreot. lIs soot.a Ja pour8uite de Pierrot. lis consultent leurs. pocheE, elles sont vides
SCENE VI Pierrot arrive; il est p6ursui vi par Leon; il a l ~ sac d'argenL II se trouvc nez a nez avec les deux bandits qui tirent lew's couleauxetvoot larder Pierrot, . mais ce dernier tire un coup de pistolet, l'un tombe,. l'autre se sauve. Pierrot saisit une corJe laissee par .' les bucllerons; it garrotle Leon, Ie met sur ses epaules, prend Ie sac 't sort. Changement.
196 PANTomMES
Ve TABLEAU
Une place de ,illage. - Une egliscc6te cour. - Vne maison cotejardin. A la porte, un bane .. SCENE Ire A la porte de l'egiise, sont tous les paysans. se I'angent pour Iaisser passer Ie p(lI'e de Paul qui est souLenu par Adelaide. CetLe derniere lui conte toutes ses avenLures. lis vont a l'egiise prier pour Ie " fils. - Tous rentrent.
SCENE II Une musique douce se fait entendre. "" Paul entre en scene; it est depouille, cxtenue de fatigue. Il s'assied :mr Ie bane et exprime qu'il n'a pas mange depuis trois jours. II est presque idiot. II promene ses regards autour de lui. Il reconnait la maison de son pere. Les cloches sonnent. " n veut aller a la maison," mais il hesite : son" qui 1'a maudit ! IL va pour poser la main et frapper a la porte. Le eceur lui manque; il tombe .
, LE JOUEUR 197
SCENE III Tous les paysans sortent de l'Egiise .
SCENE IV Le perc dislribue ses aJmones, et, appuye au bras de sa fille, il va vel's Ia ma ison. Jl cst tout etonne de voir un homme etendu par terre. II croil que c'e:3t un pauvre et oruonne que ron .. aille chercher du pain. Un domestique [>1l't et revient aussit6t. Le pere fait relever Ie jeune homme qu'il ne reconnait pas, tanUl est. derail. n lui offre deux pieces de monnaie. Le fils l'ecule et, tout en tremblant, IEwe . les ycux, lui saisit les mains et l'emhrasse. Adelaide Ie reconnaU, se jelte dans ses bras .. Le pere Ie regarde, puis Ie presse sur son !'ein ... II a les deux enfanls de chaque cote. Tous les paY3ans se sont approches et sont emus. SCENE V On en tend un cri : c'est Pierrot qui apporte un iardeau : c'est Leon. Le fils veut se venger de son faux ami, mais la jeune fllle demaIlde grace. Leon est chasse honteusement et poursuivi par les huees des paysans. Pierrot depose la cassette aux pieds du pere qui lui en donne la moitie et l'autre aux pau\'res. ,
,
, tEBERGER SUISSE BALLET-PANTOMIME EN ACTE
COLIN, amant dE.' Kettly. TURLUBIN, berger HERMANN, pere de Kellly. Le Seigneur.
, PERSONNAGES : Le Postilion. Le Valet. KETTLY.
ViIIageois et ViIIageoises
..
-
LE BERGER SUISSE Le theAtre represcntc l'entree d'un villDge suisse. A gauche, un chalet uvec une enseigne 011 est ecrit : Ferm6 de la Vallee. - Sur Ie meme cote, des sapins formant' Ie bosquet sous lequel se trouvent une petite table ronde et deux chaises de jardin. - A droite; UDe grange;. - au- dessus, un poulailler. - A l'entree de In grnnge, une niche il. chien pres d'un banc de gazon. - Au fond du theatre, un lac. - Derriere, une colline j - un tonneau place devant un arbre j - une ecbelle est appuyee . sur 10 grange j - au lever du rideau, Ie jour coinmence il. paraitre. SCENE Ire On entend dans la coulisse Ie roulement. d'une voiture et Ie claquement d'un fouet. C'est une chaise de I)oste. Le postillon descend Ia colline et frappe a la porte de la grange .. Onne lui repondpas; it re- frappe de nouveau. Hermann parait et tient une Iumicl'e; il reconnait Ie postilion et lui fait signe qu'il va descendre. (Le jour paruit graduellement.)
SCENE II . Hermann sort de chez lui et donne Ia main au postillon qui lui dit que c'est honteux de dormir it l'he,!l'e qu'il est. Ne parlons pas de cela, repond Ie ..
202 . PANTOMIMES fermier, et dites-moi ce qui valis amEme D. l..e postilion .lui 4it qu'il dewince un grand seigneur suivi de son domestique. Hermann Ie remercie d'avoir pense it son auberge et appelle sa fille. SCENE III Kettly sort de la ferme, ~ o u r t ason pere qui l'em- brasse, et ensuite elle fait la reverence au posLillon qui Ia salue. Son pere lui dit d'apporter de quai rafraichir-le postillon. Elle rentre dans la ferme. , SCENE IV Le postilion (lit it Hermann que sa fille est jolie et qu'il voudraiL en faire sa femme. Hermann lui dit: .. . Yom; cles, comme moi, beaucoup trop vieux . Le postilion di t it part : II a raison f). SCENE V Kettly revient, apporLant une bouteiIle et deux verres qu'elle donne it son pere qui lui dit d'aller. preparer Ia chambre du voyageur. Celle-ci fait une petite moue; son pere s'en aperlioit et va se facher; elle relltre dans la ferme. ,-
LE BERGER SUISSE 203
SCENE,Vl , ' Le postilion dit it Hermann, qu'il est trop severe, mais celui-ci lui repond qu'il v ~ u t etre 'obei. - Cela vous regarde, dit Ie postilIon en remontant, el annOll- Qant Ie seigneur qui arrive. Hermann enchante retire son bonnet de coton et repare sa toilette. SCENE VII , Le domestique d.escend a v ~ c une valise; ,il est suivi du seigneur qui arrive' par la colline et semble ad- mirer '. les vallons et Ie lac. Ii toise 'Hermann avec son Jorgnon et lui demande si ses chambres sont failes. - Oui, monseigneur . -:- C' est bien; conduis mon domestique . Hermann lui fait signe de Ie suivre, mais Ie seigneur' rarrete et lui ,dit de preparer son dejeuner sous Ie bosquet de sapins. - Je suis avos ordres , lui repond son hOte qui, dans son empresse- ment, se cogne la tete contre Ia porte' de la ferme, ce qui fait rire Ie postilIon. Le seigneur, qui est assis sur une chaise, f.it de si bon cceur qu'il tombe avec la chaise a la renverse. Le postilIon Ie ramasse; Ie, seigneur furieux lui donne un sou meL Le postilIon va pourse mcher, mais Ie seigneur lui donne une bourse. Le postilIon la ramasse et offre au seigneur de re- commencer pour Ie meme prix; mais celui-ci l'envoie promener, , '
204 PANTOMIMES , SCENE VIII " . En ce moment, Hermann entre, prepare Ia table et dit ~ u seigneur qu'il va etre servi. Ensuite, il appelle Kettly quf apporle Ie dejeuner. Le seigneur fait un bond en arriere en la voyant, et tombe sur les pieds Ju postilion qui recule et renverse la table sur les pieds d'Hermann qui Jette de grands cris. Le seigneur salue Kettly qui lui fait Ia reverence. et va relever la table. Elle y place Ie dejeuner. Pendant ce temps, Ie seigneur demande a Hermann si c'est sa fiUe. Celui-ci repond que oui. Lc seigneur dit qu'elle est jolie et qu'ir va. sans doute Ia marier. - Oh! cela ne presse pas, dit Ie fermiel'. Pensong plutOt a la volaille qui est a la broche . II reniffip et dit qu'elle sent Ie roussi ot qu'il va la re,tourner. Le postilion Ie suit en disant qu'il va boire un coup .
SCENE IX
KetLly rnontre au seigneUl' que Ie dejeuner est pret. Elle va se retirer, rna is celui-ci l'al'rete en lui disant que rien ne la presse. Ello repond que son r A ~ r e la gronderait si elle restait. - Vous gronder? vous, si jolie, ce serait de la ,bal'bar'ie i). - Monseigneur est bien bon . Et elle veut se retireI'. II l'aI'rete de nou- veau en lui disant que les habils qu'elle porte sont indignes d'elle, que ses jolies mains ne doivent pas faire un metier pareil et que si .elIe voulait venir a la
LE BERGEH SUISSE 205 ville avec lui, elle sel'ait grande dame. Ii lui ofIre un ecrin qu'elle refuse avec indignation; puis il veut l'embrasser, mais elle lui echappe. Ici s'enchaine un 'P(ts settl, dans Iequel Ie seigneur cherche toujours a la saisil'; mais it ne peut y par- . venir. A la fin de la danse, il jetle it ses pieds, mais eUe se sauve dans Ia ferme au moment ou . Her- -mann et Ie postilion en sortent, et les bouscule ... Her: mann, en pirouettant, se trouve pres du seigneur qui- croit saisir KeWy, et il embrasse la volaille qu'Her- .. mann apporte sur un plat. Les deux derniers enlres . rient de ['aventure. Le seigneur, qui s'apergoit de sa meprise, reste honteux. Hermann lui demande ce qu'il fait clans cette position.Le seigneur lui repond qu'il attacheia boucle de son soulier; Ensuite, il dit }t part qu'il se vengera de Keltly. Hermann lui monLre la table et lui dit que tout est pret. - Fort bien, reponcl Ie seigneur en .s'y plaljant . Le" postilion diL il Hermann qu'il va soigner ses chevaux; il salue Ie seigneur, eL va s'eloigner, mais Ie seigneur l'arrele et lui dil qu'll veut lui parler. Hermann appeUe sa fille, lui donne une boile au lail qu'elle met slir sa tete, . puis eUe monte la collirie et . .. . . Hermann va pour en teer chez In i, mais Ie seigneur lui dit de lui eflvo,Yer son domestique pour Ie servir. Hermann lui. dit qu'il va eire servi et reste dans Ia ferme. , SCENE X . . Le seigneur, apres avoir regarde de tous c6tes, . dit au postilion : Veux-tu gagner 'de l' argent? Ce
206 I' ANTOMJMES dernier repond que -oui. - Eh bien! j'aime Kettly; si tu veux m'aider a l'enlevel" cette bourse (il lui montre une bourse) est it toi. Le postilIon se gratte l' oreille. Le seigneur l'invitei:t prendre place it table et celui-ci ne se fait pas prier. ..
. , SCENE XI
Le en lre avec un panier de vins. Son maitre lui dit de verser, ee qu'il s'empresse d'executer et Ie postillon finit par s'etourdir. . Le seigneur lui renouvelle son projet d'enlevement. Le postiIlon moitie en ribote pI'omet tout ce qu'il veut, it Ia condition qu'il aura Ia bourse. Le seigneur la lui donne. Le postilIon dans joie veut embrasser Ie seigneur qui Ie repousse en lui disant qu'il sent Ie Yin. Le postilion jure qu'il enlevera Rettly, et s'appuie sur l'epaule du seigneur qui Ie. repousse encore .. I,e postilion lui' frappe dans Ia main et ensu-ite sur Ie
ventre. Le domestique rit devoir loute ceLte scene. Le pos- tilIon fait une 'fausse sortie, trebuche et va tomber sur Ie seigneur, en lui disant: C'est COllvenu, it dix heures je l'enleve dans ma chaise eLen route. II tape sur Ie ventre du seigneur qui ne sait plus Oll it fm est, et se sauve dans la ferme, suivi de son domesti- que qui rit toujours. Le postilion prend une bouteihe et boit en gagnant la prairie. , ' LE BEllG Ell'S U ISSE 201
SCENE 'XII . . . On entend une musique' pastorale. 'l'urlubin parait sur la colline. II est couvert d'une peau de chevre, sa houleUe aLlachee derriere ledos; il est coiffe d'un pe- tit chapeau' garnide bluets. II arrive en se dandinant et en jouant'de Ja guimbarde. II s'arrete pres de la, ferme et dit que c'est 1ft que demeurent ses amours.)1 se desole en pensant qu'elle est riche et ne sera ja- mais sa femme, et il en voie des baisel's du cole du chalet., Ensuile il e1it que c'est bete d'aimer comme cela sans esperance, que cela ne nourrit pas, ear il meul't de faim. II fotlille dans son bissac; en' tire uri morceau de pain et Ie frappe a terre pour faire voir qu'il est dul'. II s'assied sur Ie bane, mord dans son pain 'et se casse une dent. lljette les hauts cris, serre sa dent et se La te la machoire: Ensuite, il retire un bouquet de sa houletle et Ie destine a Kettly. II va Ie placer pres des sapins et s'aperQoit que la table est servie. Il ne sait s'il doit y prendre place. Cependant, il s'en approche; il prend un gateau, ensuite un-au- tre et finit par les manger tous les tl'ois, en regardant . tuujours si ~ n ,ne Ie voit pas. Mais, craignant qu'on ne s'aperQoi ve que l'assiette, est vide, il va la cacheI' dans la grange et revient se remettre a table. 'Mais com me iletouffe, il boit a meme la bouteille; cela Ie' rechauffe; et il danse d e ~ a n t la table. Pas comique. 2U8 PANTOMUIES . . Apres If! danse, il va pour manger Ie repas; mais, enlendant Hermann, il va se cacheI' dans la grange en emportant ce qu'il y a snr la table .. II s'aperQoit qn'il a oublie la bouteille elrcvicnt la chcrcher. II enlend tous- ser Hermann, il va pom se sauve!" mais il fait la t;ul- bute et se releve avec la boutcille a la main, et se sauve dans la grange en boilant. SCENE XUl Hermann entre en se frotlant les mains et en disallt cJue Ie seigneur l'a paye genercusement. II va pour desservir, mais. ne vovant rien sur la table, il est fu- ~ riellx et renLre en .iuFant et ~ c r i a n t qu'oll l'a vole. SCENE XIV Colin arrive pal' It1 colline' avec son petIt belton a la main. II s'approche de la demeure de sa bicll-aimcl} en d isant: Si je pou vais lui pa_rler! mais non! )) 11 s'appuie sur son baton et reflechit. Pendant ee temps, Turlubin se ('.ache dans hi niche a chien pOUl' mieux observer Colin qui en tend du bruit et voit Kellly ar- river en pleurant, car eUe a renverse sa boUe au lait. o Colin va la consoleI' et ils se jettent dans les bras l'un de !'.autre. Colin se met a ses genoux et lui baise les
maills. Tudubin furieux fait e1u bruit. Colin s'appl'oche de la niche et Turiubin aboie pour l'eloigner. Colin dil tl Kettly, en Ia faisant asseoir sur Ie bane qui est pres de Ia niche, que ce n'est rien. Alors il lui fait sa dc-
I.E BEllGEIl. SUI::iSE 2 0 ~ ciaration. Turlubin imite Ie chien qui pleui-e. Kettly a perlioit Ie ruban qui flotte au bflton de Colin et Ie lui demande. It Ie fait flotter et lui dit de l'atttiaper ot lui fait faire Ie tour' du theatre avee son ruban qu'elie eherche a avoir., . Pas de deux. A la fin de la danse, Kettly' tombe dans les bras de Colin qui l'embras'se, et elle s'empare du ruban. En ce moment, Oil. entend Hermann. Kettly veut ren- voyer Colin qui fait une fausse sortie et revient l'em- hrassel' (cela se renollvelle), puis il sort. Kettly remet la boite sur son epaule ef a rail' d'Hl'river.Turlubin, qui est deja a moitie sorti de sa caehette, rentre 8iLot qu'il voit Hermanll sortir de chez lui. SCENE XV Hennann dit a sa fille enl'apercevant: ' Puisque te . voiHl revenue, je vais aller aux: champs pour ramener les ouvriel's ann de presenter leurs hom mages au sei- gneur. It embrasse sa HlIe en lui recommandant cl'etre sage et disparait. SCENE XVI Turlubiri, profitant de ce que Kettly regarde partir' son pere, sort de sa cachette, parcourt Ie theatre tl quatre pattes, puis va pour. accrocher son bouquet ~ l la porte de la ferme. THais Keltly se l'etourne, et Turlu- 14 , 210 - bin sa cache derriere un sapin. Kettly va pour rentrer; - eUe voit Ie bouquet, elle hesite et finit parle prendre .. . Mais au moment de rentrer, elle voit Turlubin qui s'est place devant- la porte. Elleresle effrayee. Turlubin baisse les yeux; Kettly lui demande ce gu'il veuL II ne saiL que repondre; it se gratte l'oreille ettourne son chapeau. II veut lui parler, mais it n'ose pas (cela se repete plusieul's fois). 11 se met en colere d'etre timide et se cogne la tete surl'arbre. Kettly s'avance pres de Turlubin qui reciIle; elle lui met Ie bouquet sous Ie nez en lui demandant si c'est lui qui l'a place a Ia porte. II repond que oui. {( Ell bien I reprenez-le, lui dit-elle. It s'y refuse; alaI'S elle leve la main pour Ie jeter dans Ie lac. Turlubin tombe a ses pieds en In suppliant de ne pas Ie jeteI'; eBe consent a Ie gardeI'. Turlubinest heureux; il saute de joie et .fait des temps d'elevations. Keltly va pour renLrer, mais TuI'lubin la retient par In Laille en lui demandant un baiser qu'elle refuse; alaI'S il lui reprend son bouquet. Elle cherche a Ie ravoir. 'furlubin lui presente une rose en demandant un- baiseI', elle refuse. Turlubin, furieux, jette In rose a Lerre (cela se repete quatre fois) , en reman tan t Ie theatre. Ensuite elle se baisse, soutenue par '1'urlubin qui lui tient la taille et l'enleve chaque [ois qu'elle va saisir une rose. Puis elle recommence et se laisse embrasser chaque fois qu'elle recommence. Ensuite elle danse un echo qui se termine par un ensemble. Apres la danse, Turlubin est a genoux et lui baise les mains. LE BE HG Ell SUISSE 211 .
SCENE XVH . .
Le seigneur sort de l'auberge; il voit Turlubin aux' gcnoux de Kettly. It s'avance pres de Turlubill et Ie, releve avec un coup de pied. Celui-ci lui envoie un soufflet. Le seigneur va pour saisir Turlubin qui lui saute sur les epaules, lui passe entre les jambeb et Ie fait tomber a pIaL ventre. Ensuite il lui monte sur Ie dos et grimpe a l'echelle qui conduit au poulailler OU il se cache. Le seigneur est furieux et il dit a Kettly,_ qui rit aux eclats, que c:esl mal de sa part de ae mo- quer de lui. Eusuite il so' jeLte a ses pieds en lui offrant une Lague. 'furlubin lui lance un (Buf dans Ie dos. Le seigneur regarde du cole c111 pou:ailler; 'furlubin imit.e Ie chant de la poule qui pond. Le seigneur va pour monter a l'echelle; Turlubin imite Ie chant du coq. Le seigneur redescend et va se remeUre aux pieds de Kettly qui lui envoie un soufflet et se sauve. Turlubin veut descendre, mais il Lombe aVeC l'echelleet Ie seigneur a la tete prise dans Ull echelon. Turlubin Ie fait tourner et s'en va. SCENE XVIII Le postillo11 entre et re.;;oit des' coups (l'echelIe dans les jambes', car Ie seigneur tou,rne toujours. Le p o s ~ tillon, en col ere de ce qui lui arrive, fait claquer son fouet et donne une volee au seigneur qui' jette les h a u ~ s cris et fillit par' tomher. "212 PANTOl\il ~ I E S
- Ah! c'est vous ? dit Ie postilion. Que faisiez-vous a tourner de la sorte ? - C'cst avous, dit Ie seigneur,}1. qui il faut deman:- del' : pourquoi me donnez-vous une pareille volee? " Tous deux se frollent lec; reins en marchant de tous cotes et finissent par se heurter. Le seigneur prend Ie postilion par Ie bras et lui dit : J'ai resolu d'enlever Kettly; sois pret a dix lIeures; trois coups dans la main t'annonceront que tou test preL Main tenant, va chercher mon domestique. Il y va et revient de suite avec celui-ci. Turlubin a reraru et surprend les intentions du seigneur et Ie menace: Celui-ci ecrit et demande Ull rendez-vous a Keltly.Pendant ce temps, Turlubin s'est cache derriere Ie bane oil est assis Ie seigneur et lui chatouille-les mollets, et ensuite, chaque fois qu'il va pour ecrire, it lui chatouille Ie bout du nez avec une paille, ce qui amene quelques cascades. Le seigneur s'en prend au domestique qui s'en defend; enfin it finit par ecrire et remeL la leUre" au domestique poUI' . Keltly. Puis il sort avec Ie postilIon du cOle de la
praIrIe.
SCENE XIX " Le domestique va pour porter la lettre, mais Tur- lubin la lui rlemande. Celui-ci lui dit qu'it ne sait ce qu'it veut dire. Ell bien! je vais te l'apprendre. Et il s'empare d'un baton en reiterant sa demande. Le do- mestique refuse toujours; 0.101':; Turlubin furieux tape dessus a coups redoubles. Celui-ci se sauve et laisse
. LE BERGER SUISSE 213
tomber ht lettre, Turlubin la ramasse. Apercevant Kettly, il va se cacher dans tme botte de paille afin de la surprendre. . . SCENE XX KetLly arrive, regarde de tous cotes et ne voit pas son amant; elle pose son. fuseau' sur Ie bane. Elle a toujours a la taille Ie bouquet de Turlubin. Elle s'assied sur Ie bane et se desole de ne pas voir 'son bien-aime. Turlubin va pour s'approcher d'eIle, mais it voit Colin . qui entl'eet qui court embrasser Kettly sur Ie cou, ce qui lui fait peur. Turlubin est furieux. Kettly est, au comble ,de la .ioie. Colin demmide d'ou lui vient Ie . bouquet qu'eIle porte a sa ceinture. Celle-ci ne sait . que repondre. Jalousie de Colin. Kettly lui donne Ie . bouquet, Colin Ie jette. Fureur de Turlubin qui saute de colere, ce qui fait l'effet d'une botte de paille qui danse. Colin et KetLly se jurent fidelite. lis entendent elu bruit.: c'est Hermann qui revient avec les villa- geois. C ~ l i n embrasse Kettly et se sauve du cole oppose. . . SCENE' XXI Entree d'Hcrmann et des ouvriers porteurs de ger- bes et de sacs de ble. Il leur dit de battre Ie bIe, ce qu'ils executent en mesure. Turlubin q_ui se trouve dessous jeUe les hauts cris; 011 Ie retire, it se trouve mal. On lui donne a boire; il revient a lui, et dit qu'il a une paille dans 1'00il. On la lui retire tout entiere, ce qui fait rire les assistants.
214 . - ., SCENE XXII . .
Colin it donne des poignees de main it tout Ie monfle. On lui montre la paillfl qu'on a retiree a Tul'lubin et il l'it. 'l'urlubin veut se mchel' conlre Colin, mais Hermann l'arrete par Ie fond de son pan- talon. Colin propose de danser apres avoir fait la paix avec 'furlubin. II demaflde la permission de dansel' avec Keltiy, ce qui est accepte. Pas de deux . . Pendant la clanse; Tul'lubin s'est couche sur Ie banc . ou est assis Hermann et it s'y endort. Apres Ia c!anse, Hermann felicite les danseurs. Turlubin tombe du banc et roule it terre; on Ie ramasse et iI se frotte les reins. On Ie prie de danser; il refuse et va se . placer dans un coin. Kettly vale chercher et il accepte. Pas comiqlle. . Pendant la danse, Colin donne rendez-vous it .Kettly, , quiaccepte et 'lui donne sa main a baiseI'. Colin e1it qu'il frappera trois coups dans sa main. Sm 1a fin, IJl nuit vient, Ia pluie tombe et tous se sauvent, exceple Turlubin qui continue toujollrs. Colin et Kettly se . couvrent d'une boLte de paille. Hermann les aperQoit; iIfait rentrer sa fille et poursllit Colin qui entre dans la grange. Hermann entre, chez lui en distint qu'il corrigera sa tille.
, - LE BERGER SUISSE 215
, SCENE XXIII . Turlubin danse toujours, mais il sent que la pluie tombe a torrents et voit qu'it- est seul. It mime sur l'air It plettt, bergere; sur'la fln de l'air, il imiteles moutons. II cherche a rentrer dans l'auberge, mais on lui ferme la porte au nez; il veut dans la grange, mais Colin lui envoie un coup de pied. Il regarde de tous les cOtes et ne voit personne. l1cherche encore a rentrer, mais il rec;oit un soullet; il vimt Ie rendre et frappe la muraille et dit qu'it s'est fait mal. II aperc;oit un parapluie et i'iaute dejoie; il s'en em- pare pour se mettre it l'abri de l'orage, mais Ie vent est tellement fort qu'il a toutes les peines a Ie main- tenir. (Cascades il volonte.) Apres .plusieurs lazzis, il est .. enleve avec Ie parapluie et va tomber dans Ie lac: . Colin, ,qui Ie voit, s'elance, Ie retire de l'eau et l'ap- porte sur Je bane. It revien t a lUI, donne une pQignee de main a Colin et l'embrasse. Ensuite il tord ses . poches et il en retire des poissons, puis, Ia lettre du seigneur. It la donne a Colin, qui, apres l'avoir lue, est indigne. Il raco.Qte it Turlubin son amour pour Ke,ttly. -. Et moi aussi, je l'aime, dit Turlubin. Mais tu m'as sauve la vie et j'y renonce en ta faveur.Que 'faut-il faire pour t'aider dans tes amours? - Puisque tu veux me servir, repond Colin, fais Ie guet. Tul" lubin et di t qu'il n'y a personne. Colin frappe . trois coups dans ses mains et Kettly vient se jeter dans ses bras. Ensuite Colin lui dit de donner Tur- lubin des vetements pareils aux siens. Elle rentre
216 Ul ES dans laferme et en sort aussit6t avec un paquet que : Colin remeL a Turlubin en lui disant de s'habiller. Colin et- Ketlly I'aident a sa toilette. - Maintenant, lui dit Colin, Ie vieux seigneur va venir pour en lever .. KetLIy. Tu prendras sa place_. Quand it frappera trois coups dans sa main, tu paraitras .. )ustement Ie voici. ), Et il sort par Iacolline avec Kettly. XXIV
Turlubin s'admire dans son costume. Entendant du bruit, il va 5e cacher dans Ie tonneau, ou il se jette en deux et reparait debout. II se cache a l'at'rivee du
seIgneur.
.- SCENE XXV , Le entre, enveloppe de son manteau, suivj de son dorpestique et du postilIon tenant une lan- terne. Celui-ci dit: C'est jci, entrons. Le seigneur . l'arrete, et dit : IS Ce n'est pas ainsi qu'on en vien- I drait a bout. II faut vous tenir a l'ecart, et, quand je vous appellerai,vous -VOllS e,?parerez de Ia jeune fille et vous .Ia porlerez dans rna voitul'e. - AIr! laisse-i:noi ta lanterne. Ne sachant Oil la poser, il voiL Ie ton- neau et Ia met dans Ia main de Turlubin. qui s'es! monire pluRieurs fojs pour entendre ce que disait Ie seigneur. Aussitot qu'it a Ia lanl.erne, il trem,ble de toutes ses forces, ce qui fait remuer In Ianterne. Le seigneur voit cela et _ dit: Ma lanterne' danse la ga- votte! Le pastil/on dit que c'est !e vent. Le seigneur In
LE BERGER SUISSE 217 , replace et dit : Maintena.nt, cachez-vous. Pendant ce temps, Turlubin s'est cache de l'autre cote du theatre avec son tonneau. Le seigneur est etonne de ce changement, ainsi que les autres personnes qui ont peur et tremblent. lis avancent pres du tonneau . En ce moment, Turlubin, qui a place sa lanterne au haut d'une gaule, la monte doucement, ce qui fait reculer nos trois P9ilrons, qui finissent par s'elancer et renversent Ie tonneau qui roule jusqu'a l'avanl- scene: Lorsqu'ils regardent d'un cOte, Ttirlubin sort de I'autre,les prend par les jambes et les fait tomber,et il va se cacheI' der-riere la ferme. Nos t.rois individus . se traitent mutuellement de fous et disent .que c'est une vision. lis relevent Ie tonneau eL Ie placen t Gontre In porte de l'auberge. Ensuite, Ie seigneur les fait se cacher, puis il frappe trois coups dans sa mai!l. Aussi- t6t Turlubin para it et tousse; Ie seigneur. s'approche, lui prend la main et la couvre de baisers en lui disant de fuir avec lui. Turlubin s'y refuse. Le seigneur in- . siste. Turlubin lui envoie un soufflet et un coup de poing et veul se sauver_ Mai-sle postilIon et .Ie domes- lique Ie saisissent et l'entraiuent. Le seigneur, lres joyeux malgre son ceil poche, les suil. - SCENE XXVI Le jour arrive. Hermami, en pet-en-l'air, coiffe d'un bOllnet et tine lanterne a -Ia main, parait a la croisee. 'Il croit que c'est sa fiUe qu'on enleve. II degringole rescalier, va courir apres les ravisseurs, mais il se heurle contre Ie tonneau et il se trouve presque mal;
218 PANT OMIMES
SCENE XXVII . Colin et les vilIageois al'rivent ainsi que Kettly et vont porter secours it Hermann qui revient .1 lui, ct, furieux, veut maudire Colin .et Kettly qui se jeLtent a ses Ilieds. Les villageois intercedent .pour les amants. It se laisse attendrir et consent a leur union. - Mais queUe est la jeune fiUe qu'on a enlevee ? .. On entend du bruit dans la coulisse. SCENE XXVIIi Turlubin arrive enpollrsuivant les ravisseurs a grands coups de belton. lIs vont se refugier dans U.n coin. II va les frappe I' encore, mals Hermann l'aJ'rete. Il Ie seigneur et ses valets de leur condllite; .ils veulent. s'excLlser, mais' Hermann les renvoie, C:lI' . . s'ils restaient plus longtemps, il ne repondrait pas de sa colere. Et tous les trois s'empressent d'obeir tout honteux. Ils sont hues par les villageois" SCENE DERNIERE Turlubin saute de joie et, en gesticulaot avec son baton, il attrape Ie nez d'Hermann qui Ie reconnait et lui dit: C'esttoi que Ie seigneur a enleve? - Moi-meme. ) lis se donnent la main. Hermann lui . . . p,it: Tu seras de la noce; et maintenant . mes en- fants, it In clanse! Tout Ie monde'se place pour Ie divertissement. (Build fina!.)
,
PIERROT DANS LE SAC' HALLF.'I'-PAN'I'O)lnlE EN QUATRF. TABLEAUX. ,
LE BAILLI. . . PIERROT, son fils. FRANGOIS, fermier. B]1;TINET, . / COLIN, \ ses fils .. )lA TH URINE, fermi,)re, '1" TABLEAU: PAS': La :\lignonnc. Lc Colin-maillard. Li' )(oissonneusc. COLETTE, I BOULOTTE, \ ses filles . Deux gardes Un moissonneur. Deux scrvuntcs. Amour ct amOlllcttes. La chasse atix amoureux.
I.e chat dort, les somis danscnt. Gai, gai, lnarions nons. PAS: La Godichc. Vne Noec [1 Carpcntl'us. La Sabot.ierc. Cache-cache. Lil Primeverc. La Farande. - }'inale. - Gnlop gencl'nl.
, . \ PIERROT DANS LE SAC BALLET-PANTOMIME EN QUATRE TABLEAUX.
P HEMlER TABLEAU La campagnc. - Chaumiere a gauche, chaumicre a tlroitc
Fl'anr;ois donne i'ordl'e a ses gens d'aller aux champs; puis it appelle sa flUe . Colette, lui recommande la . ffi,:ii"::'OIl et sort. _ Colin qui Ie guetlait vient .falre sa cour a la jeune fille et ils echangent des fleurs en dansant. Pas de deux. . Mathurine, mere de ColeUe, vient troubler la joie des amants, fait rentrer la jeune fille, chasse l'flmant, et Betinet entre a son tour. Celui-ci' aime Boulotle, seeur de Colette, et voudrait . . bien la voir. Colin qu i reparait lui en ofire les moyens. (Scene dcs echelles, a regler.) Les quatre amants reunis se livrent au plaisir d' etre ensemble.
M ES NaIvetes de Be.tinet a Boulotte; poses et gestes gra-. cieux de .ColiI! it Colette. ' . On propose. line danse : eUe est acceptee. ,Pas de Golin-nw,illa'l'd a quat'l'e.
A la fin du ballet, la mere Mathurine arrive el Lrouve ses filles a danser. Armee d'un balai, eUe chasse les amoureux. (Cascades.) l?rancois arrive sur ces entrefaites et se met de la partie. (Sortie des amoureux.) . . .' Le bailli, suivi de son fils Pierrot, vien t demander 11 Malhurine la main de l'une de ses fitles. Boulotte est amenee, mais Pierrot ne peut reussir' a s'eii faire aimer. ' C'est au tour de Colette qui Ie repousse encore avec plus de dedaiIi. Le bailli est furieux. , Pierrol s'arrache les cheveux eL la mere Mathul'ine gourmande ses filles. Bref, les deux amoureux qui ont tout entendu reparaissent et leur presence amene une de pour- . . suites qui Lermine Je tableau. I , 1'IERHO'l' DANS LE SAC
Un champ de ble, une meule de foin et une grange . Les moissonneurs sont au travail. Colin et Betinet, p.ssouffles, arrivent au milieu d'eux et leur racontegt leur mesaventure. Pierrot, arme d'un baton et suivi du garde champeLre, l:lrri ve cherchant les f u g i t i f ~ ; mais ils sont caches. Le bailli qui survient fait visiter la grange dans laquelle on ne trouve rien. Dans la scene Pierrot est mis dims un tonneau, et les deux amailts prennent des vetements de moisson- neuses pour echapper aux pouI'suites. Pierrot et son pere les prenant pour deux jeunes. filles leur fon t la COUl'. . Scene comique. Un menetrier monte sur Ie tonneau' et tout Ie monde se livre a la joie. Danse. Apres avoh- donne rendez-vous aux deux fausses. moissonneuses, Ie bailli el Pierrot s'eloignent. Peu apres arrivent Colette et Boulotte. l\'Iathurine est a leur poursuite et eUes se deguisent en servantes.
IfranQois, . Mathurine, Ie bailli, Pierrol el Ie garde reparaissent et demandent s'ils n'ont pas vu les amants. Ceux-ci, qui sont deguises, rient sous cape. Les poursuivants sonl conlrainls d'assister it un di"; vertissemcn L La Sabotie1'e . , par les quatre amoureux. Les jupons tombent, on reconnaH les jeunes fiUes - et Ia poursuite recommence . . lIte TABLEAU . ' CHAMBRE RUSTIQUE Les deux jeunes fiUes arrivent avec Colin, BetineL descend. par la cheminee. On frappe: oil se cacher t Les deux jeunes gens se cache!).t derriere un Las de . Fralll,ois et Mathurinese montrent. el grondenl les jeunes fiUes. Niches et cascades des amoureux caches au bailli, a Pierrol el it Fran<;iois. On dresse Ia table. Pierrot aide Boulotte et veut lui faire la cour, mais c'est en vain. On s'apPfcle it manger. Tandis qu'on soupe, Ies jeunes gens raortenl de letlr , . .
PIERROI' DANS LE SAC
cachette et clansent avec leurs maitresses un pas qui n'est pas vu de ceux qui sont a table. Pas de fjllatre. Mathurine dit que Ie contrat va se signer . . Le bailli et Pierrot sont enchanles, mais nos deux . amoureux soufflent la chandelle et il s'ensuit uri tohu- bohu epouvantable. Pierro! se blottit dans un sac qu'on enleve au moyen d'une poulie. Le bailli se cache dans la cave. Les amants profilent c1e l'obscurile pour fuir par la porte avec les jeunes filles, et lorsqu'on apporte de la lumiere, Mathurine ne trouve plus personne. :Franc;;ois' qui sUl'vient, annonce que ses fils ont emmene les jeunes fllles, et qu'il ne voit rien de mieux pour eviler les quolibets que c1e les marieI'. Le bailli et Pierrot font bien quelques' c1iffieultes, . mais enfin tout s'arrange et les deux mariages auront lieu. ' . lye TABLEAU
UN Dne noee c1e village tel'minee par un Divertissement dans lequel c1ansen!' tous les personnages du
15 ., ,
. . .
LE BILLET DE 1 ~ 000 PANTOMmE EN UN ACTE. PEHSONNAG];S PIERROT, chiflonniet'. ROBERTMACAIRE. BERTHAND. Le Sergent. Lo Marchand de vins, RICHARD, rentier. Lo Commissionnairc. Un patissier. , Un domestique, ~ l A l U E , fille du lIIarchand de vilis. Soldats. FRANCS
,
- \
LE BILLET DE 1,000 FRANCS EN UN ACTE. Place publique_ - A droite, Ie marchand de vins. SCENE Ire Au lever du rideau, Pierrot entre en scene - il chiffonne en faisanl Ie tour de la scene; - il aperGoit a la fenetre du marchand de vins une serviette, -- il la saisit avec son crochet et la met dans sa hotte, - puis it en fait autant du chapeau du chef d'orchestre, que celui-ci a laisse sur Ie trou du souffleur. r SCENE II - Le marchand de vins 80rt de. chez -lui. Le jour commence; il eteint la lanterne et place une table devant sa boutique. ~ 3 0 PANTOMIMES SCENE III
:-Pierrot revient; - il souffle sa petite lanterne -' retire sa holte et dit qu'il va boire la goutte, et ap- pelle Ie marchand de vins. Ce dernier sort,. suivi du commissionnaire.
Pierrot demande qu' on Ie -serve - puis, it donne une poignee de main au commissionnaire et l'inviLe a trinquer avec lui. Alors, Ie marchand de vins demande tl Pierrot s'il a de l'argent pour payer. . Pierrotlui dit de mettre cela sur sa carte. Le marchand de vins refuse, en lui faisant observer que sa note est deja trop longue. Le commissionnmre s'offre alors a payer les con- som mations. Le marchand de vins d il: C'est tres bien, du mo- ment que vous payez, je vais vous servir; - il apporte une bouteille et trois verres. (lis iJoivent ct lrinquent.) , SCENE IV , Le marchand de gateaux. entre et offre sa mar- chandise. - . Pierrot lui offre a boire a condition qu'it lui don- nera des gateaux.. .' , Le patissier accepte - il met sa manne par terre et donne nne brioche a Pierrot.
. .
Lo Billet de 1.000 francs. . , LE BILLET DE 1,000 FIUNCS 231 Pierrot lui fait observer que-ce n'est pas trop pour quatre -persot:.Illes, - et il profite du moment OU Ie . patissier est occupe a la Lable, pour lui prendre les . brioches. - II revient a la table et boit, etoufi'e par les nornbreuses brioches qu'il a mangees. Le palissier leur di t adieu.' . Mais il s'aper<;ioit qu'on lui a volp, sa marchandise et qu'it n'y a plus rieo dans la manne. Il accuse Pierrot. Celui-ci se defend. Le patis8ier veut Ie frapper et se met en garde. Pierrot fait de merne. Mais, avant de commencer a se battre, iidit: At- tendez un moment; - il retire de sa bouche une chique et Ia place dans Ia bouche du marchand de
VlllS. lIs se baUent et roulent par terre. Le patissier se sauve. . . Pierrot Ie poursuit, mais, avant de sortir, il reprend sa chi que dans Ia bouche du marchand de vins. (Tout Ie lIIonde sort.) SCENE V ROBERT l'IIACAlRE. - BERTRAND Robert aper<;ioit Ia boutique du' marchand de yins; it dit qu'it voudrait bien se rafraichir. Bertrand l'ap- prouve avec enthousiasme. Robert lui dernande. s'il a de l'argent. Bertrand retourne ses poches, rnais Robert' a un moyen. 232 PANTOMIM.ES
It frappe a la porle de la boutique. Bertrand Ie suit. Robert Ie repousse en lui faisant observer qu'il est trop mal mis, et que lui au con lraire est Lres ele- gant; il tire de sa poche des gants Lroues. Bertrand lui dit qu'il en a aussi et 11 montr'e une paire de vieilles chausseLtes, qu'il s'empresse de meLtre. Robert rit en se moquant et lui ordonne de se cacher, qu'il lui fera signe quaml it en sera temps. Bertrand oMit. Robert frappe sur Ia table avec sa canne. SCENE VI LES M E ~ I E S . - I.E MARCHAND DE VINS Le marchand de vins demande a Robert ce qu'il .Y
a pour son serVICe. Robert' commande une bouteille, et du meillellr Vill. Bertrand fait signe a Robert de ne pas l'oublier, et lui demande une prise. Robert lui presente sa taba- tiere; jls prisent et Berlrand vole la tabaljere. H.obert fait Ie moulinet avec sa canne pour eloigner Bertl'and, qui se cache de nouveau. Le marchand de vins apporte une bouleille qu'il debouche. - Robert lui fait observer que Ie verre n'est pas net, lui prend la serviette qu'il a sous Ie bras, essuie Ie verre avec precaution et minutie, met. la serviette adroitement dans sa poche et se sert. Bertrand en rampant lui reprend la serviette peD- L E BlL LET DE 1,000 FRANCS 233 dant que Robert. [ui passe Ie verre. Bertrand trouve que Ie yin lui gratte la gorge. Bertrand lui rend Ie verre. Robert ve1!t I'essuyer et, croyan t prendre la serviette derobee, se S8rt de son mouchoir. II boit et repa'ise un verre a Bertrand, pendant qu'il occupe Ie marchand de vins en ,lui demanJarit si Ia maison'lui apparlient. Berlrand fait signe alors au marchand de vins qu'il va faire une niche a Robert Macaire. II s'approche de ce dernier et Ie frappe sur l'epaule. Robert feint de croi;'e que c'est Ie marchand de vins et Ie menace de sa canne; celui-ci se defend d'a- voir fait une impolitesse pareille. Bertrand fait tomber avec son parapluie Ie chapeau de Robert qui se retourne, l'aper<;oit, fait semblant de se ,facher et menace de Ie corriger. . Mais Bertrand se sauve et Robert Ie poursuit. Le marchand de vins court apres eux pour etre paye. SCENE VIl Pierrot entre en scene. II Lient son crochet a Ia main et apergoit un papier par terre. II Ie prend, Ie tourne et Ie retourne, car il lie sait pas lire. Rol)ert et Bertrand apparaissent au fond. lis apergoiven t Pierrot examinant Ie papier avec curiosiLe. Ih s'avancent vers liJi a pas de Ioup. lis lui frappent sur l'epaule. ----- 234 PANTOMIMES Pierrot effraye cache Ie papier et Jes ~ a l u e avec crainte en les regard ant alternativement. Robert lui demande ce qu'il cache. Pierrot lui repond que c'est un papier qu'il a trouve, mais qu'il ne sait pas lire. Bertrand lui ofl"re ses services. Pierrot lui repond qu'it n'a pas confiance. Robert se propose alorso et Pierrot lui montre Ie Lillet de Lanque. Robert pousse un cri de surprise; - Pierrot et .Bertrand sautent en l'air d'effroi. Alors, Robert dit a Pierrot qu'il a trouve un billet de 1,000 francs. 0 Etonnement et stupefaction de Pierrot. - Ce n'est pas possible! Parole d'honneur, disent Robert et Bertrand. - II faut Ie changer, di t Robert. Bertrand s'empresse d'offrir son bras a Pierrot qui Ie lui refuse en disant: Je" n 'ai pas con fiance en toi. Robert, apres force mines obsequieuses, lui assure qu'il faut changer ceO billet. Pierrot confiant accepte. . II prend Ie bras de Robert. Bertrand lui prendl'autre. - Mais Pierrot d'un coup de pied par devant et par derriere renvoie rouler a terre. o 0 II entre ensuite chez Ie changeur avec Robert. - Bertrand se reteve et les suit.
, LE BILLET DE 1,000 FRANCS' 235
SCENE VIII LES MEMES - LE MARCHAND DE VINS
Le march&ud de vius leur barre Ie passage au mo- ment oil ils vont entrer chez Ie. chaugeur. Pierrot lui endemaude la raison .. Le marchand de vins lui explique que ces deux messieurs ont bu chez lui et. qu'il ne l'ont pas. paye. Pierrot. dit qu'il paiera pour ses deux compagnons et presen te son billet. de '1,000 francs. Le marchand de vins Ie prend, Ie met dans sa poche et veut se sauver. Pierrot l'arrete. Il lui fait de vif reproches. .. Le marchand de vins tombe a genoux, en demandant pardon. . Bertrand dit au marchand de vins que c'est indigne ce qu'il a fait la. II lui rr-proche sa conduite, lui dit qu'il merite la guillotine. . . Pendant cette scene, Pierrot vole la serviette qui est dans la poche de Robert; Bertrand la reprend a Pierrot. Robert cherche sa serviette. Pierrot accuse par lui se defend. Mais il s'aperlioit qu'eUe est dans Ie chapeau de Bertrand. . Il fait tomber d'un coup de pied Ie chapeau et Ie avec preveuances et excuses. .. Avec son crochet il enieve la serviette qui est res tee sur la tete de Bertrand.
, . , 236 PANTOMUIES Pendant ce temps, Rohert a vole la montre du mar- chand de vins, Bertrand I a prend .3 Robert et Pierrot la reprend a Bertrand. Le marchand de vins s'est aperQu" du vol de sa montre. IlIa 'reprend a Pierrot. Tous, ne trouvant plus Ia mbntre disparue, s'ac- cusent mutuellemen t. ...;.,. C'est toi, c'est toi, c'est toi! et ils finissent par se moquer les uns des autres, en cherchant dans leurs poches. . lIs se regardent... ,s'inspectent en s'accusant les UIlS les autres. Alors! ! ! Le marchand de vin<; leur fait voir sa montre. lIs rient tous aux eclats et se donnent Ia main. Robert. dit a Pierl'ot : Allons changer Ie bi llet. Pierrot consent. - Robert, Berlrand et Pierrot sor- tent en dansant. - I.e marchand de vins les imite et . s'eloigne en emportant la table. - , SCENE IX La fille du marchand de vins et Ie commissionnaire. Scene d'amour. SCENE X Marie, entendant du bruit, 'se 'sauve ainsi que son fiance.
.. LE BILLET DE 1,000 FRANCS 237 , SCENE XI . . PIERROT, BERTRAND, ROBERT Pierrot est habille ridiculement en dandy. Son cro- chet lui sert de canne. It tient sous son bras un sac d'ecus. Robert lui dit que Qa Ie gene, et lui conseille de Ie confier a Bertrand. Pierrot refuse en se mefiant . de Bertrand qui est un tHou. Robert Ie rarssure et lui jure que c'est un honnete' homme. Alors Pierrot donne son sac a Bertrand qui refuse ayec force protestations. Il accepte enfin. Robert offre a Pierrot d'enlrer dans Ie cate pour faire une partie de biHard. Pierrot y consen 1. . Mais il s'aperQoit que Bertrand cherche a se sauveI' avec Ie sac. H l'arrete avec son crochet par Ie col de l'habit- puis ensuite par Ie fond de son pantalon .. II a blesse Berli'and qui pleure et protesle de son
lllnocence. Tous trois entl'ent chez'Ie marchand de vins. SCENE XII
Un sergent entre suivi de plusieurs, hommes. "II demande a boil'e. Le marchand de vins les sert. 238 PANTOMIMES Pendant ee temps, Robert et Berlrand se sauvent -avec Ie sac. . . Pierrot les poursuit. Ma;s il est arrete par Ie mar- chand de vins qui lui reclame Ie prix des comomma- tion et des frais de billaI'd. Pierrot leui' explique qu'il est vole et qu'on emporle son -argent. Le marchand de vins ne veut rien 'en:' tendre et I?rdonne au sergent d' Pierrot. Pierrot se desole. Alors Ie sergent racoleur lui offre de s'engager. Pierrot refuse. II a peur des fusils. Le sergent lui fait VOil' un bel uniforme et lui propose une bourse pleine el' or. . Pierrot ebloui compte les pieces de lllonnaie. II est fa.seine, aceepte et signe l'engagement. On l'habille grotesquelllent. On lui donne un fusiL Qu'est-ce que vous voulez que je fasse de cela? de- lllande-l-ii. ' Faire l'exercice, repone! Ie sergent. J'ai peur, dit Piel'rot. . Allons, vite, ou on te (usille pour refus de service. (Celle phrase est parlee). Pierrot tOlllbe a genoux, on Ie releve et la let;on d'exercice commence. LE SERGENT, PIERROT . LE SERGENT
Attentioll! Fixe! (Le. sergent parle loute cetlc 1.,0 petit doigt sur Ia coutur(' du pantalon. Pierrot cherche Ia couture. LE BILLET DE 1,000 FHANCS 239 LE SERGENT Attention! Fixe! Pierrot a chaque com man dement de fixe change de posture. Le sergent prend un fusil et va commander, mais Pierrot sent quelque chose qui lui chatouille Ie mol- let; - c'est son sabre, mais il croit que c'est Ie marchand de vins, et lui donne un coup de pied. - Le sergent fait voir a Pierrot que c'est son sabre; LE SERGENT Fixe - il envoie des postilIons dans Ia figure de . Pierrot - Pierrot demande un parapluie. Fixe ~ ici, Ie sergent fait voir a Pierrqt tous Ies exercices du fusil.
Pierrot s'est retourne vers Ie marchand de vins et se tord de rire . . Fixe - Le sergent donne Ie fusil a Pierrot. CeIui-ci Ie prend maladroitement et Ie laisse tom- her su.r Ie pied du marchand de vins: LE SERGENT Fixe - Portez arme! Pierrot lui rapporte Ie fusiL Fixe - Vortez arme! Pierrot met .Ie fusiJ sur l'epnule et frappe Ie mar- chand de vins a la tete. Fixe - Arnie au pied! Pierrot laisse tomber Ie fusil sur Ie pied du ser- 'gent. .. 240 PANTOMUlES tE SERGE!iT Fixe - les pieds en dehors, en danseur. Pierrot se met it danser. Fixe - Portez arme I Pierrot mel son fusil sous Ie bras. U: SERGENT Prends garde au chien.
P i e r ~ o t a peur et cherche partout un chien .. Le sergent lui monlre Ie chien du fusi!. . l?jxe - Pierrot se place les pieds en dedans - Ie sergent lui place les pieds eo dehors - Pienot. chancelle - tombe sur Ie sergent, qui Ie renvoie au marchand de vins.. Scene de bascule. Fixe - presentez arme! .
Pierrot baisse la crosse, etle canon lui frappe son chapeau. -.:.. Jeu de scene repete trois fois. Pierrot croil que c'esl Ie marchand de vins - il ieve son fusil pour l'assommer, mais Ie sergent, eo 1'iaot, lui fait voir que c'est lui-meme qui se frappe . . II recommence, mais cetLe fois il enfollce son cha- o , peau Jusqu am: yeux. tE SERGENT Commande une derniere fois, et Pierrot execute. LE SERGENT A la gamelle! ..
LE BILLET DE 1,UOO FRANCS 2H
SCENE DERNIEH.E TOUS LES PERSONNAGES . M. Richard entre', ramenant par les deux oreilles Robert Macaire et Bertrand. 11 leur prend I'at'gent . qu'ils n'ont pas encore tout Pierrot a genoux devant M. Richard et lui demande pardon de sa' faute. Celui-ci touche et voyallt Ie chagrin de Pier- rot d'etre militaire, offre au sergent de Ie racheter. Celui-ci montre ses dix doigts. 1.000 francs repond 1\'1. Richard (en lllonlrant un billet de banque qu'i! a tire de son porlefeuille), il ne les vaut pas. PierI'otse traine it ses pieds, qu'il embrasse. M. Richard, .touche de sa douleur,offre t) francs au ::;ergent : c'est tout ce qlt'il vaut. I,e sergent indigne refuse. M. Richard ofl're 10 francs; nouveau ref'us du gent .. Le patissier Marie implorent Ie sergent. Celui-ci, voyaut Marie si jolie, lui dit : .Je veux bien, mais embrasse-moi . Marie refuse avec pudeur. . Le sergent alors fait mine d'enlever Pierrot qui se trouve mal d'effroi. . M. Richardalors offre 100 francs au sergent qui acceple. et donne Ie restede l'argent a pour sa dol. . 16
242 PANTOMUIES Le patissier consent et benit les enfants .. Pendant ce temps, Robert Macaire et Bertrand veulcllt s'echapper, ll;lis les soldats les arretent et les con- duisent en prison. Tableau et danses. .. .
te thMtre reprcsente l'intcl"icur d'un cabinet d'avocnt, homme Bibliothe'lue, gros volumes. - Cartonnier' avec' de larges etiqupttes voyantes: USUFRUIT, RAPT, SEDUCrrON. - Pupitre eleve ;\ hauteur d'homme, dit pupitre ;1 cremaillere. - Table; tout ee qu'it faut pou!' ecrire. _. Porte-manteau aU'luel sont acr.rochees une toque et une robe d'avocat. .. sctNE pe CASSANDRE, seul. Cassandre, en robe de chambre, est occupe a ruetLre en ordre un volumineux dossier pour .l'audience. II s'aper<;ioit qu'tme piece lui manque,' ouvre divers car- tons de son cartonnier et" ne trouvant pas ce qu'il cherche, it sonne: Personne ne repond; avec impa- tience, il continue ses recherches et sonne de nouveflli; . . son dossier d'une main, la sonnette'de l'autre; it par- court Ie theatre avec irritation et sonne toujours. 246 P " ' .
SCENE II CASSANDRE, PJERROT. Pierrot, en habits noirs uses et etriques, parnit en se frottant les yeux. - Oil se trouve Ie dossier que je cherche? dit Cas- sand1'e. Pierrot lui bailie au nez. Cassandre secoiJe son clerc paresseux et lui repCie sa question. - Quel dossier? demande Pierrot. . Cas'sandre va au cartonnier et lui montre un carton sur lequel est ecrit: BIENS ! - C'est l'affaire que je dois plaider aujourd'hui, dit Cas sandre. - Je ne sais ou ce dossier est fourre, 1'/ip?nd Pien'ot, mais attendez un instant! II va frapper a une porte. SCENE III
CASSANDRE, PIERROT, COLOMBINE. Colombine sort de sa chambre et sourit a ])ierrot dont la figure s'illumine de bonheur. Ilia prie de cher- cher avec lui la piece que reclame Cassandre. Une occa- sion pour les amoureux de se serrertendrementla main -LA PANTOMIME DE L'AVOCAT 247 et d'embrouiller .tous les papiers de l'etude. Cassandre surprend leur manege.; au comblc de la colere, il se- pB:fe Pierrot et Colombine. . - Rentrez chez vous, dit-il asa (ille enla congediant; et toi, Pierrot, si jamais je te vois faire la cour a Co- . lombine, je te chasse L .. Ce qui n'empeche pas les deux de s.'en- . voyer des baisers. SCENE IV PIERROT, CASSANDRE .
Entin Cassandre met Ja main sur Ie dossier qu'il cherchajt. II quitte sa robe de chambre, se fait meUre . une grande cravate blanche par Pierrot, passe un large habit noir et recommande a son clf!rc de beaucoup travailler. Pierrot prend sur-son bureau une enorme plume, la montre a son patron, et se fait fort d'a- battre une besogne considerable. Mais avant de tra- vailler, il est utile de manger, Pierrot a faim ! - Gourmand, toujours penser a manger! s'ecrl;p. . Cassandre. - II va au cartonnier, ouvre Ie carton sur lequel est ecrit : USUFRUIT, eten tire Iln morceau de pain sec. DMaigneusement 'Pierrot la' table avec Ie vieux morceau de pain dur et demande a Cassandre s'i1 est possible de s'engraisser avec une pareille nourrilure. - Comme tu as une gros,se besogne a abuttre, dit; 248 PANTOMIMES Cassandre, je vais te donner un bon morceau, que je reservais pour rna table. Pierrotsaute de joie. Avec un certain mystere. Cassandre ouvre le tiroir du grand pupitre ferme it clef, prend un petit paquet entoure de papiers, en- leve diverses enveloppes et ~ n a l e m e n t en retire un mince morceau de fromage. - Qu'il est petit! s'ecrie Piel'rot. - Mais il est si exquis! dit Cassandre qui (Zaire le /i'omage avec delices. . - Pouah! II est empoisonne! dit Pie/Tot. - Comme tu' voudras, mon gargon, 1'eprend Cas- sandre, alors je Ie garderai pour moi. II fait mine de remettre Ie fromage dans Ie pupitre. Pierrot Ie redemande avec instance. Alors Cassandre, prenant son couteau, divise Ia languette de fromage en deux, puis en quatre, en donne a Pierrot Ia valeur . . d'un de a coudre, et reintegre soigneusement Ie reste dans Ie papier, puis dans Ie pupitre. Pierrot fait la , grimace en approchant Ie petit morceau de fromage de son gros morceau de pain dur. Enfin, Cnssandre part, son dossier SOliS Ie bras. Pierrot Ie suit de I'eeil . jusqu'it la porte. SCENE. V
,PIERROT, COLOMBINE. A peine Caf'sandre egt-il sorLi que Pierrot appelle Colombine qui accourt. Scene d'amour interrompue tout a coup par Ia grosse toux de Cassandre au dehors. LA PANTOMIl\IE DEL'AVOCAT 249
Colombine se sauve. Pierrot s'assied avec precipitation devant son bureau. , . , ' SCENE VI PIERROT, CASSANDRE. Pierrot, pour fairf' croire qu'il travaille, agite ,ses bras, remue les papiers, renverse un encl'ier sur la o table et eponge l' encre avec ses mains, avec sa langue . . Cassandre lui frappe sur l' epaule. Il est rentre parce que sa cravate danse autour de son cou; Pierrot a oublie de la fixer avec une epingle et ajuste hi cravate. - A Ia bonne heure! se dit Cassandre qui, se croyant bien cTavate, prend une mine imposante et sort en se ren- o gorgeant. . ' . Cassandre parti, Pierrot eclate de rire. Cassandre rentre, ayant entendu ces eclats. - Pourquoi ris-tu? demande-t-il. , Pierrot fait mine de pleurer sur son en crier ren'; verse. , ..- .l\iets tes bouts de manche, dit Cassandre,cela p r e ~ servera tes habits; et surtout travaille! II sort. SCENE VII
, . PIERROT, puis COLOMBINE. Pierrot regarde son pain. ayec melancolie, en se di .. o sant quels maigres repas il est condamne a faire dans 250 PANTOllUMES - Ia maison. Mais Colombine entre, portant unpanier plein de provisions 'deli cates : du vin, des biscuits, des-gateaux. Scene de gourmandise amoureuse entre Ies deux amants. Assis sur de hauLs tabourets, ils dressent Ia table sur Ie pupitre a cremaillere. Pierrot vole des moities de biscuits aux lev res . de Colombine. - Assez d'amusements! dit Colombine it -PielTot, il est temps de te mettre- au travail. - J'y consens, repollcl Pierrot, a Ia condition qi.le tu travailleras a cOte de moi! Colombine prend sa broderie ct s'installe pres de Ia table de l'amoureux. Pierrot taille sa plume et ma- nifeste une vive joie d'etre tout pres de celle qu'il aime. II essaie - Ma plume ne va pas; dit-il, elle crache, grince sur Ie papier, et toujours quelque obstacle se loge dans Ie bec. . - Comme mon fiU s'ecrie Colombine. Tu me l'as. tout emmele en jouant avec moi-!. .. Allons, monsieur, il faut ill'aider it Ie demeler ... A genom" et tenez bien l'echeveau entre vos deux mains . . Pierro! oMit aux ordres de samaitresse. SCENE VIII ARLEQUlN, PIERROT, COLOl\IBlNE .
Arlequin sa tete a Ia porte du fond, reste _stupefait de ce spectacle, et dans son trouble, ren- _ verse une chaise! Effraye,. Pierrot regardede cote eL d'autre,conrt a travers Ia piece, l'echeveau de fil LA DE L'AVOCAT 251
passe entre les mains, quoique Coloinbine Ie rappelle, l'assurant qu'il s'est trompe, que persanne n'est entre. Pierrot reprend sa position a genoux et Iutine Co- lombine en l'entretenant de sa flamme. , . Arlequin est. revenu sournoisemen t. Lui aussi est amoureux de Colombine. 'II voudrait batLre son Qen- reuxrival et n'ose. Pour etudier plus a son aise les deux amanls, il se glisse dans la chambre de Colombine .. Cependant Pierrot, repousse dans ses hardiesses amou- reuses, en arrive a proposer sa main a Colombine. - Jamais mon pere n'y consentira, dit Colombine. Cette l'tiponse rend Pierrot soucieux.11 aime la jeune fiUe et cherche a lui prouver son amour. II fait mille serments a Colombine, la prend. dans ses bras et lui propose de l'enlever! Colomhine. se degage des etrein- tes brUlantes de Pierrot qui la poursuit a travers l' etude .. . Tout a coup une idee s'empare de Pierrot en apcrce- vant la robe noire de Cassandre pendue aun porte-man- teau. Lui aussi pourrait plaider en public, gagner beau- coup d'argent, et meriter la main de celle qu'i) aime. . - Certainement, dit Colombine qui l' encourage dans ce beau pl'ojet. ' Pierrot ayant endosse la robe noire; se promene fierement. Il pose sur sa tete Ia toque, prie Colomhine de lui nouer Ie rabat, se regarde dans un' miroir que lui ,presente la fille de Cassandre, et s'admire avec, complaisance. - Faudra-t-il prendre ce ton? demande-t-il a Co- en bredouillant a l'aigu. - Plus bas! dit Colombine. < "-2 -<> . P NTOlllIMES . Pierrot prend une voix grave et commence un dis- cours. - Tres bien! (lit Colombine. Alors, PieJ'rot entreprend de repeter une scene de consu Itation. Colombine, la tete couverte d'une man- tille noire, feint d'etre une veuve sans fortune venant supplier un avo cat de plaidrr. pour des orphelins; mais trouvant que Pierrot prend trop de libertes avec les veuves, elle l'engage a plus de reserve a l'avenir. Arlequin, qui a suivi ces divers jeux de scenes, est tellement occupe du spectacle, qu'il laisse tomber sa batte sur leplancher; I'ayant ramassee, il rentre im- medialement dans Ia chambre de Colombine. CeHe lois, Pierrot a parfaitement reconnu que quelqu'un s'est glisse dans l'appartement.. II cherche de c[uel coin est parti Ie bruit. Coiombine, qui a ouvert la porte . de sa chambl:e, fait signe it Pierrot qu'un etranger s'y est introduit. Pierrot a son tour ouvre la p.orte et. balance avant d'enlrer, craignant une lutte. Mais il pense que sa toque Ie rendra. inviolable, et l'ayant po see d',une fa(,;on mena(,;ante sur la tete, il se met en mesure de tirer ArleqlJin qui, honteux, sort de sa ca- chette. Pier['Qt devient jaloux. Pour se defendre, Co- lombinedit qu' Arlequin la fatigue de ses assiduites, qu'elle lui adeciare qu'elle ne pouvait Ie souffrir, et que, malgre tout, Arlequin ne cesse de la poursuivre. - S'il en est ainsi, dit Pie/Tot, nous allons voir. Une lutte s'engage alOl's entre les deux amoureux, quoique Colombine essaie de les sBparer. L'irritation des rivaux est au comhle, Iorsque tout a coup Cas- sandre parait. LA PANTOMBIE DE L'AVOCAT 253 SCENE IX CASSANDRE, ARLEQUIN, PIERROT, COLOMBINE. D'abord, Cassandre reste surpris a la vue de son clerc en robe noire. n veut la lui enlever et donne un soufllet a Pierrot, qui Ie rend it Arlequin. Colom- bine se Jette au-devant de son pere pour apaiser sa colere. Cassandre furieux poursuit Pierrot qui se 1'13- fugie sur nne estrade. Coiombine, pour se menager un allie, laisse baiser sa main par Arlequin, ce qui redouble la fureur de Cassandl'e. Tour a tour' il pour- suit les deux adversaires. Pierrot excite Arlequin a se venger, se joint it lui, et Cassandre est renverse sur Ie banc d'accuse. Cassandre, quoique plein de rage, est forr.e de subir l'interrogatoiI'e de Pierrot qui feuil- lette un gros' livre en pronon<;;ant un discours qui ap- pelle sur la tete du coupable de graves chatiments. C'est un veritable requisitoire de proeureur general que prononce Pierrot, qui accentne son discours de coups de pied sur. Ie plancheI' 'de l' estrade. Pierrot s'ingenie a donner a sa toque diveI'ses formes qui ont leur importance. La toque, dans les cas de graves condamnations, devI'a etre menaQante et elevee. II faut qu'on puisse aplatir la toque, l'allonger en sens di- vers et qu' elle suive les differentes inflexions de 1a \ physionomie. Plusieurs fois, pendant ce terrible re- quisi-toire, veut fuir; mais il est sous la garde d'Arlequin qui, la batle au port d'armes, veille sur l'accuse comme un gendarme. Pendant que Pier- 254 PANTOMHIES rot se recueilIe avant de prononcer son jugement, " Cassandre implore l'assistance de Colombine; mais elIe I'(lpond qu'elle ne peut que s'incliner devant la volonte de Pierrot. Piet'rot ayant agi te I,a sonnette, se leve de- bout et tire de son gros volume une pancarte sur la- queUe est ecrit: CONDAMNJ A MOn'I' POUR AVOIH, INSULTJt A LA MA.JESTE DU TRIBUNAL. Cassandre' aneanti' ,demande h geuoux qu'on lui fasse grace. Pierrot, prenant Colombine par la main, dit a Cas- sandre qu'il echappera a cette terrible condamnation, s'il veut lui accorder la main de sa fille. Lui aussi Arlequin se presente ,; mais Colombine, pour s'en de- barrasser, lui fait present d'une bouteille de vin avec laquelle il se eonsoleimmediaLement. Cassandre con sent au mariage des deux amoureux, Pierrot au com ble de la joie prend Cololllbine daus ses bras et tui donne un gros baise.. Puis, Ia tenant par ta main, it s'avance avec elIe vel'S Ie public, au coin de Ia scene a droite, puis au coin gauche, puis au milieu, et re- vient vel'S Cassandre. - Ne consacrez-vous pas notre' union par queIque divertissement? dit l)ierrot a Cassandre. Arlequin,pour se venger, a vouiu meUre Ie feu ~ t t'etude, Cassandre s'empare de ta chandelle. AIOl's les deux amants, ta tete courbee, les mains rune dans rautre, reQoivent des mains de Cassandre ,Ie bapteme de petits feux de Bengale. Ainsi finit la Pantomi'me de l'avocat.
" TROIS EXTRAITS DES " MEllOIRES "DE CHARLES DEBURAU La premiere gl'ande impression de ma vie a ete ter- rible; mais elle a eu sur elle une influence decisive et directe qui, a frappe en" rp.oi et Ie coour et l'esprit; elle a dompte mon temperament enclin a. Ia resistance, surtout a la resistance physique. J'avais IH3rite de mon pere d'une force mUi;lculaire petl commune, et pour moi la force etait" tout, elle etait la puissance supreme. En 1836 G'avaisalors sept ans, etant ne Ie 12 f'e- vrier 1829), mOIl pere, chaque dimanche, apres avoil' joue dans la journee aux Funambules, avait l'habitude d'emmener sa famille diner au restaurant avant les . " representations du soil'. Nous l'attendions a la sortie du theatre, rue des F"osses-du-Temple, mais nous n'etions pas les seuls. Une foule" nombreuse, avide de saluer encore son "artiste favori, etait la. guettant sa sortie; Quand it les fronts se decouvraient, les bravos eclataien1. 256 PANTOJlIlMES J'etais donc eleve dans une religieuse admiration, augmentee eneore par la bonte, non exempte d'une juste. severite, de celui qui a ete et sera toujours mon . modele venere. Je n'accomplis jamais un acte important sans que mon creur Ie con suite. II eB est de meme quand je suis en scene, et, 'Iors- qu'il me semble que fai bien joue, c'est que mon.pere etait lil et m'inspirait., Or, ce dimanche-lil, la foule etait plus compacte que jamais, et elle nous conduisit jusqu'au quai Valmy. Arrive au pont du canal, mon pere se retourua et, saiuant ses fideles : - A ce soir, leur dit-il, et nous remolltclmes Ie fau- b o u r ~ du Temple. Cependant, deux hommes plus enthousiastes que les autres nous accompagnaient et cherchaient a liel' conversatioQ. lis insistaient pour nous offrir d' entrer dans un' cafe; ils nous fatiguaient de leurs obsessions et de leurs politesses. Mon pere, tout en les remerciant, s'excusait de son
mleux. Ce manege durait depuis plus d'un quart d'heure, la patience etait epuisee. . Mon pere enfin se retourna et leur mima ~ u n : Lais- sez-moi ti'anquiUe, que j'ai encore devant les yeux. . Puis il reprit sa course. Alors run d'eux eut la fu- nesle inspiration de s' eerier : - Qui, tu {ais le fie,., Farce que tu es avec ta .. C'etait une ignoble injure a l'adresse de ma belle- mere.
EXTRAITS DES DE CHARLES DEBURAU 257 Mon pere, fou d'indignation et sans se retourner, fit voler sa canne en arriere. coup avait frappe ,l'infortune a la tempe ... it 6tait mort. Jugez de notresLupeur, de notre epouvante! Mon pauvre pere etait atterre .. Les temoins de cette effrayante en vain a Ie consoler, et tous I'accompagnerent chez Ie commissaire de police Oil il allait se mettre a la dis- .position de lajustice. ' 'Estime, venere, il ne subit pas de prison preven- tive. D'ailleurs, M. Bertrand, son directeur, avait fOl!rni caution. II passa en Cour d'assises. Defendu par .Me Delan ... gle, depuis Ministre de Ia Justice, il I'ut acquitte a l'unanimite. Plus de six mille personnes, qui l'attendaient a la porte diI Palais, saluerent de leurs acclamations Ie verdict du jury. Mais queHes tortures, pencianl ces longs jours d'at- ten te, de craintes et d'angoisses I ! . Quelle le<;on ponr moi ! . J'en etais arrive a avoir peur de moi-meme, de rna violence naturelle, de mes emrortements . . Apres la terrenr que j'avais eprouvee, comme te- . moin d'nn meUl'tre invoiontail'e, mon temperament fut toujours dompte par ee noir souvenir et mon corps . par mon erellI'. 17 , ,
258 P AN TO '-'11M E S L'homme qui court apres la fortune ET . L'homme qui l'attend dans son lit . Nevers, 'l7 decembre 1850. - Je suis completement etourdi ... Est-ce un reve? Suis-je fou? J'ai vingt billets de banque devant moi ... et des billets de mille encore! Mais je suis riche! c'est-a-dire, nous sommes riches, rna cMre femmeet ma pelite fille aussi! . Qu'il fail bon d'aspirer Ia quietude que procure ce vilain argent, COllllne disent ceux qui n'en ont pas. C'est egal, j'ai eu bien peur ce matin. J'ai jone hier, salle comble, public excellent, ~ o m prenant parfaitement tout (ce que je ne disais pas, bien entendu). Hecetle superbe, onze cents francs environ; apres partage avec Ie Directeur, it nous reste six cent vingt-neuf francs. Nous avons soupe avec ma femme et Ie maitre de . I'hOlel qui nous avail prepare cette politesse. . A une heure, nous remontons dans notre chambre; eUe est bien chauft'ee. N o u ~ sommescalmes, heureux. La tournee s'annonce bien, de Loutes parts ties lettres m'arrivent. Dans chaque ville, la location marche bien.
EXTHAITS DES MEMOlRES DE CHAHLES DEBURAU 2':'9 , 0" " C'est mon pere, avec son nom prestigieux, est cause. A 6 heures on frappe it notre porte. - Qui est lit? " Monsieur Dehurau. - Que me voulez-vous?
qm en " - Vous parler de suite, me repond une voix dolee d'uu accent marseillais des plus purs... J'ai pris un train special pour venir vous trouver. " - AUendez un instant. . Je m'habille it la hate," j'ouvre et je me trouve en presence d"tm monsieur qui me sourit et me tend la o mam. - Je" suis 1\'1. Bravay, l'intendant de SaId pacha, et je viens vous demander si vous voulez "vous engager en Egypte, pour donner des representations it la cour du Vice-roi. Fixez volre prix, je l'accepte. Peu hahitue a res fa;;ons de proceder, ,inconnues aux direcleurs franQais, j'ai eru avoir affaire it un malfai- teur. Ma femme qui ecoutait, cacMe derriere les rideaux fermes du lit, eut la meme impressioll. Je regardais, sans eu avoir l'air, la sacoche des recettes, mOll revolver qui ne me quittait jamais et surtout ma montre, la montre du cher papa qui lui avait bien coute cinquaute francs avec beaucoup de prolectiolls. "" - MOll prix, monsieur"? lui dis-je, apres quelques instants de qui me permirent d'analyser la physionomie du per50lmage etrange qui venait HOLIS reveiller a une helll'e si ind ue. \ 2(jO PANTOll1IMES . - Mon prix? Vingt mille francs par mois, voyages payes aller et retour, un mois d'avance. - Accepte, me repond sans hesiter mon visi.leur, mais il faut partir de suite. - Ma tournee annoncee, preparee, impossible. - On vous indemnisera. Je regrirdais plus que jamais mOll interlocuteur et surtout mon revolver. - Voulez-vous me permettre de sonner Ie garQon? J'acquiesQai d'un geste de tete. J'etais rassure. Un voleur ou un assassin n'appeUe pas un temoin qui deviendrait un aide au besoin. Le garQon frappe et entre. - Allez me chercher du papier timbre. - Les bureaux sont fer'mes, monsieur .. - Tenez, voici un louis et depechez-vous. Au bout de einq minutes, Ie messager l'evenait appOl'tant les deux papiers officiels. - Voila pour votre peine, mon ami, lui dit-il ell lui jetant encore vingt francs. Avec une promplitude et une dexterite remarquables, en quelques instants il avait redige une sorle' de trqite absolumcnt correct. - Signez, me Je Ius ot je signai, sans savoir reellement bien ce que je faisais. - Maintenant, me dit M. Bravay, en tirant un gros portefeuille de son manteau de fourrure, voila vingtmille francs Ie mois d'avance et cinq mille francs pour les voyages. Quanel serez-vous a Paris? . - Dans trois jours, lui repondis-je.
.' EXTRA lTS DES lIfElIWIRES DE CHARLES DEBURAU 261
~ Alors, repliqua-t-il, nous regulariserons ceia chez un notaire. Pardon de vous avoir derange; a bientot et enchante d'avoir fail votre connaissance. Et ... il sorlit ... Ma femme et moi, nous etionscompletement reveilles. Nous nous regard ions sans rien dire . . Un engagement de dix mois etun pareil chiffre! Ma troupe coutait environ quatre mille francs par
mOlS. Mais plus "de frais de voyages, plus de traites avec les directenrs de France, plus de menus details d'ad- ministration. Nous etions riclies. Ah! c'est cematinque .i'ai pense it mon pauvre pere qui n'a jamais pu gagner plus de cinqcents francs par mois. Cher et grand artiste!" Moi qui suis si pelit aupres de toi! Si tu vois tout cela, tu me pardonneras de profiter de ta ceIcbrite. Tu es heureux et moi je te Mnis du plus profond de mon creur. 3 decembre 1859. Ce malin j'ai signe l'engagement definitif, devant maitre Duplan, notaire a Paris, rue Saint-Honore. Nous partons dans llUit jours. M. Bravay est char- mant pour moi. " Surtout, m'a-t-ildit, unerecommandatJon importnnte! Ayez de jolies femmes, votre succes est lao " J'etais passe dans les fractions negligeables. "
------------------------------------------ VOYAGE D'EGYPTE . . Nous partons, ce soir, pour Marseille, (1'011 nous nous embarquons Ie 20 pour Alexandrie. La troupe est tres' helle. J'aireuni nne compagnie hors ligne. Les costumes sont eblouissants, et d'apres lu recom- mandation de 1\1. Bravay, .1'ai soigne .... Ies femmes, comme talent hien entenclu. . Le hasard fait qu'en meme temps elles .sont char- mantes; tant mieux. . Miles Osmont, danseuses de grand merite. Mon vieux camarade Deruclder, l'incomparabJe Arle quin; Negrier, Je roi des Cassandre; Creange, les Leandre. Alexandre Ruolz, chef d'orehestre, un conducteur emerite de pantomimes. Je l'ai cherche longtemps, ce chef d'orchestre ideal; car, sans un vrai musicien double en meme temps de J'instinct de Ia scene, suivant attentivement votre mi- mique, raJentissant ou pressant Ie mouvement, pas de jeu muet. possibJe; dans les ballets, tout est regIe d'avance : L'adagio, Je scherzo, Ie moderato, Je prec.i- pitato ... C'est une partition que l'orchestre execute depuis la premiel'8 note jusqu'iJ. la derniere. Dans Ia p.antomime, tout au contraire, Ie champ est livre a l'imprevu. EXTRAITS DES DE CHARLES DEBURAU 263 Un exemple : Il y a deux ans, je donnais des representations a . Angouleme pendant les fetes des courses. La salle etait comble et Ie spectacle annonce pour h. '1/2. Les musiciens de la ville avaient repele la veille, tout allait a souhait, j'etais enchante. A 8 h. '1/2, on refu- sait du monde. A 9 heures pas un musicien a l'orchestre. Le public s'impatientait, on criait fort, qlland Ie commissaire vint m'ordonner de commencer. - Mais, Monsieur, lui dis-je, sans orchestre, c' est im- possible! - Bah! me repondit-il, VOllS ne parlez pas, vous ne chantez pas, vous pouvez VOllS en passer et puis vous avez votre chef ;cela suffira, vous dis-je, ou sinon, rendez l'argent. Cet argument me decida. On fait une annonce, Ie public bon entant accepte cet orchestre compose seul hl)mme. J'entre en scene. , Je ne savais que faire, j'etais fou. Je n'y voyais plus. Je perdais la memoire (oui, Ia memoire), car it en faut pour jOller la pantomime. Enfin, j'allais me retirer, epuise, broye dans cette luite impossible, quand une bordee de siftlets partit de tous les coles de la salle. J'etais stupefait, aneanli et je sortis de scene. Ces siftlets n'etaient pas pour rnoi: C'etait une chaude entree qll' on faisait aux musiciens retardataires. On releva Ie rideauet Ie spectacle finit avec un grand succes. 264 PANTOMIMES Pareille mesavenll,lre est arrivee it la 'celebre Alboni, dans une petite ville OU elle devait chanter le Barbier , de Seville, accompagnee au piano. Au dernier moment l'instrument fit defaut. On llJi proposa (sic) un tromhone et... et elle. chanta, en priant Ie musicien de se taire, par exemple. Oui, rnais elle chantait, elle!!! Est-ce que l ~ rossi- gnol'a besoin d'orchestre? ' '
, Marseille, 29 decembre 1859 . Demain nous par tons sur le Gange, capitaine de Penarose,' seconcl, M. Boyer, f['ere du general. , Je n'ai jamais traverse la mer. Je suis avec rna " , femme que j'adore. Mais, si nous faisions naufrage, rna ,petite fiUe que deviendrait-elfe? . .Te lie lui laisserais rien. ptiisque je vais gagner Ie seul argent que j'aurai pu eGonomiser jusqu'ici. A la grace de Dieu! .Te suis monte a 4 heures a Notre-Dame de la Garcle . .T'ai prie .... .Te ne suis plus inquiet. J'ai pen<;c a papa. Pauvre cher grand homme, tu sel':ls avec rna chere femme bien-aimee. Je Cen conjure, protege-nous. 22 Decembl'e. La mer est mechante, gare' a nous.
22 Decembrc . Taus lres malacles. Dieu que les femmes sont vi- laines, et les homme clonc!!!
23 deccmbl'c . 'Me(calme! tout Ie monde bien. Nous essayolls de repetP'f clans Ie salon. , EXTRAITS DES 1I1EMOmES DE CHARLES DEBURAU 265 . . . 0 Nous reglons certaines questions de details. Mile Osmont (Colombine), est oQligee de... s'ab- . La repetition est levee au desappointement des pas- sagers.
24 Decembre. Nous . traversons Ie detroit de Bonifacio; on n01)S fait voir l'endroit ou, pendant la gllerre. de Crimee, Ie . transport la Semillante a peri, corps el biens, avec '1,200 soidats et l'equipage. Pas meme une epave! ! . ,
26 Decembre. adorable station balneaire! Siles enchanteu I'S. Nous visitons l'eglise des Templiers; un veritable eblouissement! 28 decembre. Enfin! nous arrivons en. gare d'Alexandrie. . Mais il est huit heures du soir et Ie port est n faut passer la nuit h louvoyer. I 29 decembl'e, 7 h. du matin. , Nous aIlons debarquer. . Je recommande a mes artistes de s'habiller, de se faire beaux. . Precaution pas inutile. Nous descendons a terre, M. Bravay nous attend et nous fait a ma femme et a moi Ie plus cordial accueil. Une voiture du khedive nous conduit a J'hotel. .. 266 . PANTOMIMES , Deux grands omnibus sont a la disposition des ar- tistes. Une foule compacte salue notre arrivee. Les voitures Ront. rem plies . de tleurs. Est-ce que. c'est vrai, tout Qa?? . Autre etonnement !! Les artistes viennent se plaindre a moi que les 10- gements sont hors de prix; que la nourriture est d'un chiffre exorbitant. J'en parle a M. Bravay . ..,.... Ne vous inquietcz pas, me dit-il avec un sOUl'ire charm ant et bonhomme, que je n'ai jamais rencontre nulle part, je vais les instal- ler a 1'hotel et. .. je paierai. Nous sommes deeidement dans un conte oriental .. Tout Ie monde est heureux. Jugez ... les artistes sont 'loges et defrayes pour rien. lis ne peuvent y croire. Mais ... apres la premiere quinzaine .. , notre cher Mecene envoie regler Ia note des artistes.. . . . Com me supplements, il etait marque 1,200 francs de champagne. M. Bravay a paye en riant aux Iarmes. et. .. ar- rete les frais. Cependant il met a Ia disposition de la compagnie un palais du vice-roi, maif'. supprime Ia pension et Ie champagne. . J'habite Ia chambre de Napoleon pendant Ia cam- pagne d'Egypte. Tous les meubles sont les memes. . Ah! les artistes! Quels grands enfants!! Comme ils ressemblent aux canards que ron fait emigrer dans un beau lac et qui regrettent en pleu- rant Ia mare boueuse. oil ils sont. nes. EXTRA ITS IJES MEMOlRES DE CHARLES DEBURAU 267 - Quel jour debutons-nou.s? demandai-Je a M. Bravay. - Ne vous pressez pas ... nous avons tout Ie temps ... Votre premiere reprpsentation.sera donnee a l'occasion du bapleme de Toussoun, fils du khedive, ce sera une grande fete. Ou aura-t-elle lieu? cela depend de Sort Altesse. Que v'ous importe? Les appointements partent du jour de volre arrivee et puis ... Ie theatre que l'on fait construire pour vous, n'est pas tout a fait acheve. C'est un theatre portatif, car on ne sait pas encore 'Oll vous jouerez pour la pt'emiere fois. Venez Ie voir. Je suis M. Bravay. Je n'ai jamais rien vu de plus ingenieux, de mieux const.ruit, que ce theatre. Imaginez-vous UDfl construqtion en bois d'une forme des plus elegantes, toute tendue a l'interieul' en soie . bleue. ' Face a la scene,' Ia loge du vice-roi pouvant con- tenir soixante personnes . . La scene est vaste, les decors adorablement peints, les loges des al'tistes amen ages avec un soin et un luxe inconnus en France. Un foyer est reserve aux artistes. Tout eet agencement est princier, J'ai fait part de mon admiration aM. Bravay. - Bah! me dit-il, vous en 'verrez bien d'autres ... et puis, vous etes la premiere troupefran(,iaise vel'ita- blement organisee. qui vient en Egypte. Nous avons tenu a vous faire honneur ... que diable! Je suis plus' que Fran(,iais, puisque je suis Marseillais. Je De savais .pas etre Ie Chr.istophe Colomb du theatre au pays des Pharaons et des Sesostris. Mais en , 268 PANT01l1IMES y ret1echissant bien, je suis Ie premier instigateur des tournces en France. ' Avant moi, bien avant moi, les dramali- ques, les Talma, les Frederick Lemaitre, avant eux Lekain, puis .Mile :Mars, Miles George, Dejazet, al- laient en representations en province, mais seuls. lis jouaient avec les troupes de I'endroit qui avaient appris, a grand renfort de memoire, Ie repertoire de l' etoile de Paris. ' Moi, je n'avais 'pas cette et lorsque j'ai pris la resolution de faire une tournee avec et sous 'Ia protection- de papa - qu'eusse-je fait seui'? J'ai done reuni une petite compagnie de mimes, merveilleusement composee du reste, avee les ele- ments que mon pere avait furmes. Le nom de Deburau brillait encore eLincelant ell province; on savait qui j'etais, mais on savait sur- tout qui il avaiL ete. Et je partis - et ]e sueces fut inespere .:.....- et les reeettes superbes. Pourquoi ? Parce que les vieux qui avaient vu papa, voulaienl voir Ie fils: pas autre chose!! Nous 'repetons ce'pendant avec acharnement, atten- dant Ie grand jour de la premiere, Comment serai-je ? J'ai peur.'.. Serai -je eompris? La pantomime clemande nne force de concentration ,pour eelui qui l'interprete. Si elle ne se depense pas, dans Ia vie privee, en paroles oiseuses, en coleres inutiles, en indignations EXTRAITS DES ;\IEMOIRES DE CHARLES DEBURAU 269 vulgaires, . elle economise, en reyanche, une forte dose de retlexions. ' C'est pourquoi j'ai peur ... et je me repete sans cesse : Comment va-t-on m'accueillir? Les comediens qui parlent l'esprit des autres n'ont pas tant a faire; ils apI>rennent leur role, Ie recitent ou le disent s'ils ont du talent. Dans la pantomime il faut dire sans parler, ce qui vaut mieux tou.iours que parler sans rien dire. Et voila pourquoi je tremble de par-aitre devant ce public exotique. . Me comprendra-t-on ? J'ai fait it. M. Bravay la confidence de mes craintes. - Vous eles .fou, m'a-t-il repondu: ils ne com- prendront rien, mais -ils applaudiront de confiance. Puis, je suis la, moi ... Quand portefaix a Mar- seille, j'ai ete sou vent a la claque, pour faire reussir . ou tomber une r.hanteuse au gre de mes patrons. Ah ! j'ai fait de "tout, dit-il avec un soupir ... Ie bien et Ie mal. .Mainle.uant je fais Ie bien. Les artistes ... .ie' les adore .. , Puis vous aurez a .volre premiere sEmtation un public de princes, Ie comle de Paris et Ie duc de Chartres ils viennent pour les fetes de .. '. de la Circoncision - et vous aurez des gens qui vous comprendronl. . _ Cecharmant homnie avail Ie don de vous convaincre, .:- il aurait dompte un lion . ...:.... Il avait su capter Ie Vice-Roi, Ie faisant rire, en lui racontant les contes epices des Marseillais. Oui, . mais' moi, sel'ai-je aussi habile que M. Bra- vay?
270 PANTOl\lIMES J e ne parle pas... et surtout marseillai5. Le 10 janvier 1860, je re<;ius Ie billet suivanL : Mon .cher Deburau, }) Faites vos maltes, nous parLons demain pour Ia Haute-Egypte. C'est lit que vous debuterez. , BRAVAY En effet, Ie Iendemain nous partions. Le theatre portatif etait embarque. sur une. dabiah (sorte de' bateau plat) remorquee par Ie navire qui nOllS portait. Le Vice-Roi avait invite les princes d'Orieans a cette . excursion, . ainsi que les ambassadeurs et les repre- sentants des puissances. Trois navires suivaient avec l'escorte cI'honnclIr, compo see d'un regiment entier. Le bateau royal est d'une magnificence feeriqlle, or ct pourpre. Les tentes en etoffesd'Orient; des tapis couvrent Ie pont. On'marche lentement,' par suite de l'ensablement du Nil qui ~ o u l e son limon hourbeux. Ah! par exempIe, Ia nourriture est execrable et d'unc horrible malproprete. . Nous en sommes reuuiLs a manger cles oranges. Je me plains, et 1\1. Bravay nous fait envoyer cles victuailles de Ia cuisine royale . . Notre chef est condamne a rec6voir cent coups de belton qu'il recevra comille gratification aussil6t notre retour a Alexandrie .
EXTltAlTS DES DE CHARLES DEBURAU 271 Enfin! nous arrivons a Esney, pres Ia premiere ca- taracte ; nous jQuerons demain HI janvier. LES ABEILLES Hier soir, il m'a etc donne de voir Ies abeilles. Imaginez-vous Ia- danse Ia plus folie, la plus verti- gineuse, Ia plus Iubrique et Ia plus chaste a Ia fois. Le khedive m'avail fait Ie grand honneur de me con- vier a ce spectacle, digne du paradis de Mahomet. Deux jeunes Syriennes, portant a elles deux-Ie lourd fardeau de vingt au plus, -apparaissent. Elles sont vetues chacune d'une longue liane de sa- tin, enroulee autour d'eHes et formanl avec un art merveillellx Ie pantalon, Ia juppe et Ie corsage.' Elles embrasseut d'abord la main du Vice-Roi et se' meLtent a esquisser quelques po!ses plastiques q'ui n'au- raient pas acces' sur la scene de l'Opcra. :fouta coup une abeille imaginaire vient. tourbil- lonner pres d'elles. EHes la chassenl; celle-ci revien t avec pI us d' acha r- nement encore. Elles Ia fuient avec epouvante, lui cchappent; mais l'une des danseuses sent l'insecte qui s'est refugiee daos son corsage. . , Elle developpe une partie de l'ccharpe qui lui cache .Ia poitrineet chasse l'insecte. L'abeille s'altaque alors a l'autre almee. Cris d'epouvanle de celle-ci. EIle fuit eperdue dans une' course verligineuse, va, 2i2 . PANTOMEllES
vient, se roule it terre pendant que sa compagne cherche it la defendre. Elle est piquee a son tour. . La blessure lui fait jeter des cris de douleur et (I'e- pouvante. . Dans un supreme effort et ayant de. mourir, elle veu t se venger. Elle defait la soie qui cache sa poitrine, sa com- pagJ1.e l'imite. _ Bient6t, il ne leur reste plus que la traine 'qui s'en- roule autour de leurs jambes. 'Elles tournent sur elles-memes avec la rapidile des Derwiches. EHes renversent leurs teles en arriere et, par un prodige d'equilibre, celles-ci viennent' toucher leurs' talons. Pendant Ie mouvement, l'etoffe s'est deroulee it leurs. pieds en formant une coquille de pourpre ct d'or, dont Venus eut ete jalouse, et digne de renfermel' les deux plus beaux corps de femmes qu'il m'ait ele donne de voir de' ma vie. . , 20 janvier 1860 .
. Enfin! eUe a eu lieu ceLte fame use premiere represen- Lation! ! ! . . QueUe peur! . La salle etait pleine d'officiers aux uniformes ecla- tants. Le khedive, ayan! a s ~ s cotes Monseigneur Ie comle de Paris et Ie due de Chartres, occupe la loge officielle .
,Le spectacle se compose simplement de Pie1''I'ot DES 311hwIHES DE CHARLES DEBUllAU . . coiffeur, pan tomime en un acte,. dEl D10n PGrc, ballet. . .
27:3 (Pun
. Cette est Ie JJiisanthrope,. le Cid, J All(iromqque du genre; lesdifficulles de Ia mimiql!e y' accumuIees. ' , . Lo. spectac.le commengait par uq ballet oil les. selles Osmont ontobtenu un tras vif succes. , , A mon tour main tenant; inquieL llen:el!X, je surveillais, avant Ie lever du rideau, 'Iesmoindres details .. . . Les artistes, eux, absolument calmes, ils n'ayaient aucune responsabilite. On commence, , Voici mon entree. J'apparais la flgure impassible, une statue. Tout a coup, j'apergois . Adequin faisant la COUl' a 'C 1 b' 1 I I .. o.om Inc:,. Scelle de stupefaction, saut de fureur, appel a .. Cassandre. . Je vois, en ce Ie Vice-Roi et ses invites qUi so mettent a rire ,1 longs eclats. A la scene de Iuxure avec Colombine, Adequin et Pierrot, des trepignements il reyeiller les ombres des .Ramses Amenaphis et de lous les descendants de Ia 2GB dynastie d'Egypte (626 ans avant l'ere du Christ). 1\1ais arrive la fameuse scene entre Pierrot et Arlequin, assis sur les deux chaises. . Elle est tres osee cette situation, mais on peut Ia conduire plus ou moins selon Ie public; iCI, Ie feu etait aux pouclres, o.n pouyait aller aussi loin que possible. 18
274 PA NTOM nl E S Et Derudder et. moi, nous avons suivi I'impulsion ~ o n n e e par l'assistance., , Les artistes ne doivent se livrer que relalivement aux publics devant lesquels ils se montrent. C'est Ie tact dti talent, mon pere m'a donne J'insLincl de me montrer selon Ie milieu OU je me trouvais: La fin de la representation est alJee aux Hues. Le khedive, voyant les princes frapper dans leurs ,mains, les a imites avec:un enlhousiame rcssemhlant a , de Ia colere. .'. _ M. Bravay, sibon, si affeclueux, est venu me sauler au cou, m'a embrasse, emporlanl ,sur son visage une large t.race de mon blanc. Immediatement, il m'offre uneprolongalion d'une
annee .. J'ai demande a reflechir. Je' suis eLourdi, brise et
surtout bien heureux ..
FIN DES EX TRAITS,
NOTICE
Gaspard et Chades.Deburau n'olll pas laisse d'eleves. Deburau fils lui-meme n'a jamais reQu de Jel,lonsde son pere. II a cherche partout et. n'a jamais rencontre un artiste. possedant les qualites plasliques necessaires a ce genre de role. It demande la beaule des formes, la distinction, la vigueul', la souplesse du corps, etsurtout l' expression, Ia mobilite du visage. Cependanl, il a forme quelques sujets remarquables. En premiere ligne : . . 1\'1. et Mme Barbarani, Antonio Rovere, mimes ilaliens qui, par leur intelligence, avalentsu rompre avec les lraditions mimiques de le]..lr pays. . En Italie, l'exuMrance, la nervosite, sont de rigueur; t::l1 Angleterre, on joue la pantomime en clowns. Mon Dieu! chaque genre a son char me et son merite. Mais mimer tranquillement, se faire comprendre ou. plut6tentendre,avec undoigt, par unclignemenl d'ooill' voila rart, l'arl vraiment franl,lais. Quel est Ie meilleur? Pour moi, j'opine pour Ie genre fraul,lais, parce qu'il est Ie plus difficile. Et lapreuve?
276 PAN T 0;\/ 1;\\ E S C'est que les deux Deburau n'ont pas de successeurs. Une grande artisfe, Mile Mars, qui, elle-meme, n'a jamais eu de remplaQante, disait unjour a Mme Montessu, la. celebre artiste de i'Opera, la niime incomparable, l'emule de la Taglioni. - Ah! MaJame, preLez-moi ws mains, elles parlent si bie!). 'ChaHes'Deburau est reste clix mois en lDgy pte et il a joue '. ..sept fois 'en d'ix 'll1ois,devaJ1t Ie Vice-Ho'i et pour sa maison seulement: toujours un reve des dix :mille ct une uuits. . . , . Avinltsou depart, la colonie 'dcsireuse 'de Ie voir, sollicitait une representation, n':lais Ie I\hedive a refuse,_' . . ., . 1l y avai t In.. u ne bien belle re'cette a faire .
, .' ,
'Le Lraducteui' des pantominuis de Gaspard et Char'les :cl leOtI a . faire 'paraltrc quelques chapitres des mcmoires de cedernier. . . . 'Cos cotn'ls extl;aits, rnieux qu'une biographie, feront COl1naiTre (fuel etait ell Charles Deburau, Ie .fils,.l'ep0ltx ct :lc . . . ...
, . , , .
.... . .
.. , I'I'N .. D.E LA NOTICE
. . . - , . , ,
. .. . , 'TA'BhE
PREFACE
ETUDE SUR LA J
Pierrot coiffeur. . '
, , . Pierrot mitron . ".. .., '. '. .
La Baleinc, . , , . . . . . . . . . . ,. ..,... Lc Duel de Pierrot ou les 20 Infortuncs, . . . . , . , , , l'icrrot en Afrique,
. , ,
VII XIII -1 17 27 35 45 , Les deux J ocrisses ,., ,'......... 63 L'abbC:"capitaine ou les Sept peches capitaux. , . .. " 79 Les Noces de Pierrot
255 L'homme qui court npres Ia 'Fortune ct I'homme qui I'altend dans SOIl lit
9"8 -') Yoynge en .Egypte " 96'> - .. Notice.
">7" .. ()
FIN DE LA TABLE
CIIAIX, RUE BEHGiRl!, 20, PARIS. -.20188-7. LIBRAIRIE E. DENTU, EDITEUR OU'VRAGES DIVERS lLLUSTRES FELICIEN CHAMPSAUR Les Bohemiens. I volum! in16 carre, illustrations de I. CHI\RET, WlllETTE, Bops, it AN BEERS, etc ,elc .... tes Eto:les, ballet. I volume in16 illustre (sur japon) .. 5 fro 5 fro Les Ereintes de la vie, ballet fantaisiste, illustre, I plaquette in-16. 3 fro Luln, pantomime . volume in-16 illustre ..... . . . . . . . . . . 2 fro JULES CLARETIE Un Enlevement au XVllle siecle, d'.pres les documents tires des A,d,ives nationales. I vulume in'16, avec eaux-fortes de LALAuzE.. 10 fr, II a ete lire quelques exemplaires d'amateur sur divers papiers de choix. EDMOND & JULES DE GONCOURT L'Amour au XVl\le siecle. I joli volume grand in-16 carre, avec eaux- fortes de BOSLEV.N, frage it petit nombre (ipllisi) . ... , .... 2(0 fro II reste quelques exempl.ires d'amateur sur divers papier> de choix. So"hie Arnould, d'apres sa correspond.nee et ses memo ires inedits, 1 joli volume in-So carre. avec texte encaure, vignettes et eaux-fortes de CLAUDIUS POPELIN et L. FLAM ENG .. , . , .... , . . . . . .. 10 fro La Saint-Huberty, d'apres sa correspondance et ses papiers de famille, par ED,"ONI) DE GONCOURT, I volume in-16, texte eneadre, vignettes et ealiX fortes de LA LAUZE et HC:NR.OT ... , ......... , S fro II en a ete tire quelques exempl.ires sur papier verge de Hollande. - EDOUARD FOURNIER Histoire des Enseignes de Paris, revue ct publiee par Ie bibliophile JACOB, avec un appendiee de J. COUSIN. I volume petit in-8 illustre de nombreuses grav.lres et d'un plan . . .. . ... ,...... 10 fro EMMANUEL GONZALES Les Caravaues de Scaramouche, sui vies de Giangurgolo et de Maitre Ragueneau. pn:face par PAUL LACROIX. I joli volume imprime avec luxe et olone de quatre eaux-fortes et d'un grand nombrc de vignettes par H. GUERARD . . Exen1plares d'amateur . , ..... , ..... , .. , ... PARIS. NOIZETTE. 10 fro 25 fr,