Hanche 2
Hanche 2
Hanche 2
Les articulations des hanches seront donc imaginées en bas du bassin, sur une ligne imaginaire qui
passe par les deux os qu'on sent sur les côtés des jambes (les deux trochanters). On imagine aussi une ar-
ticulation entre le bassin et la colonne vertébrale. Cette représentation corporelle va sembler tout à fait cor-
recte, puisqu'elle semble permettre tous les mouvements demandés par le taijiquan : une rotation autour
d'un axe passant par la colonne vertébrale, une flexion vers l'avant, et même la fameuse rétroversion du
bassin !
La représentation du corps présentée précédemment, si elle est intuitive et somme toute cohérente, est
en fait complètement fausse !
Pour préciser notre schéma corporel, il est très efficace de se tâter, de presser contre les os. De plus,
quand on a conscience de la longueur et de la forme d'un os, les muscles qui sont autour se relâchent
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Vous pouvez appuyer sur cette zone soit par la face avant, soit par le côté arrière au creux des fessiers.
À l'avant et à l'arrière, l'articulation est recouverte de muscles profonds et il est assez difficile de la sen-
tir bouger. Pour cela on peut s'allonger, replier la jambe et reposer le genou contre un objet (mur, meuble,
etc), de façon à éviter toute contraction des fessiers. Avec les doigts on peut alors appuyer sur le côté et
l'arrière. Avec l'autre main, on bouge le genou pour faire jouer (passivement) l'articulation. En même
temps on est attentif à la sensation interne provenant de l'articulation coxo-fémorale (car il y a des termi-
naisons sensorielles dans les articulations !).
2.3 Visualiser une articulation sphérique, capable de tous les mouvements
(inspiré du travail de Céline Davière, François Schosseler et Claudy Jeanmougin)
Il est très difficile de sentir directement l'articulation coxo-fémorale. Cela amène de fausses représen-
tations. Inconsciemment, beaucoup se représentent cette articulation comme celle du coude ou du poignet,
capable de mouvements limités, toujours dans les mêmes directions. Or ce n'est pas du tout le cas. La tête
du fémur est ronde et s'encastre dans une cavité de forme complémentaire (la cavité glénoïde) sur l'iliaque.
Quasiment tous les mouvements sont donc possibles ! Se représenter les têtes de fémur comme des sphères
capables de tourner en tout sens libère le mouvement de ces articulations.
À ce stade, on a appris à bouger le bassin comme un bloc entier, avec des mouvements de grande am-
pleur. Mais quand on étudie l'anatomie, on découvre que le bassin n'a pas du tout la forme d'une boîte et
que les articulations ne sont pas là où on le croyait, et ne fonctionnent pas comme prévu ! Il y a une contra-
diction manifeste entre notre pratique et la connaissance anatomique. Comment les réconcilier et utiliser
cette connaissance ?
5. Lien avec la pratique : quand on réalise avec aisance l'exercice en appui sur les deux pieds, on le re-
prend en appui sur le pied arrière. Le genou du pied d'appui ne doit pas bouger durant les rotations. On
peut alors faire tous les mouvements de la forme de cette manière, ce qui réduit l'amplitude des mouve-
ments du bassin, et assure une position des genoux toujours correcte.
6. Temps d'apprentissage : ce type de pratique concerne les pratiquants avancés, qui ont déjà les bases
(centrage, stabilité, coordination, respiration régulière, etc.) et une sensibilité interne assez développée.
3.2 Transfert de poids sans translation du buste (inspiré du travail de François Schosseler)
On reprend l'exercice précédent en appui sur les deux jambes. Lors de la rotation du bassin en utilisant
les Kua, on observe que cela induit un changement du pied d'appui, sans déplacement du buste. Ce point
est très utile en tuishou, car l'autre ne peut plus deviner notre pied d'appui en nous regardant. C'est en plus
beaucoup plus rapide puisqu'on réalise simultanément l'enracinement et la rotation.
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3.3 Utiliser séparément chaque articulation (inspiré du travail de François Schosseler)
On peut bouger différemment l'articulation coxo-fémorale droite et gauche. Cela permet de diversifier
les mouvements. Bien entendu, on veillera à éviter toujours la double lourdeur, c'est-à-dire être en appui
intentionnel sur les deux pieds à la fois. Cependant, si tous les mouvements sont théoriquement possibles,
les classiques recommandent d'envelopper ou protéger le pubis. « Si votre pubis n'est pas enveloppé (pro-
tégé), alors les parties inférieures ne peuvent pas être fermes, et les racines ne peuvent être que superfi-
cielles. Dans ce cas, le haut et le bas du corps ont perdu leur moyen de communication » (Cité et traduit
par Yang Jwing-Ming « la théorie du taijiquan » Budo éditions). Je comprends cette phrase, au vu du
commentaire de Yang Jwing-Ming, comme le fait d'avoir toujours au moins une aine « fermée ».
3.4 Utiliser seulement les muscles profonds (inspiré du travail de Mr Wang Rong Shan, invité tai-
wanais des rencontres de l'Amicale 2009)
« Pour être ferme dans ses racines, le haut des cuisses (Kua) doit être détendu ». Il faut donc bouger
les aines, en utilisant seulement les muscles profonds. Les fesses doivent être molles et les muscles qui
couvrent l'aine doivent être relâchés. Il faut apprendre à utiliser ces muscles dont on ne soupçonnait même
pas l'existence !
Pour bouger le bassin comme un bloc, on utilise de grands muscles comme les abdominaux. Ces mus-
cles ne sont donc plus disponibles pour leur travail « normal » à savoir la respiration abdominale.
Si on se représente les articulations des hanches au cœur des aines, et qu'on essaye de les bouger (au
lieu de bouger le bassin comme un bloc), on va mobiliser des petits muscles profonds. Ces muscles sont
présentés sur le schéma ci-contre. Les grands muscles sont ainsi disponibles pour un autre travail.
Grâce aux nombreux muscles profonds, on peut avoir un
contrôle très précis du mouvement des têtes des fémurs.
Vue de dos, avec les muscles superficiels transparents.
Pour s'entraîner, on peut s'asseoir sur une chaise. Ainsi,
aucun muscle du bassin n'est sollicité pour le maintien de la
posture debout. On bouge les articulations coxo-fémorales en
faisant des très petits 8 en tous sens. On sentira tout de suite si
on utilise les fessiers, car toute contraction nous soulève de la
chaise. Vérifier aussi que les aines sont relâchées.
En taijiquan comme dans tous les arts martiaux, le centre de
la personne est le bas-ventre, le Dantian inférieur. Cela de-
mande de modifier son schéma corporel et sa façon de se mou-
voir. C'est forcément un travail long et patient. Comme le
taijiquan est un art martial interne, on apprend à développer sa
sensibilité interne (perception des muscles, des articulations, de l'équilibre) mais aussi son orientation
dans l'espace. Cette sensibilité interne nous permet aussi de sentir l'autre lors du travail à deux (dévelop-
per le Jin d'écoute), et de pouvoir effectuer des gestes martiaux sans se baser sur la force musculaire.
Un autre travail de la sensation du bassin est le travail de la respiration abdominale (normale puis in-
versée), puis le travail de méditation où la sensation de cette zone est le moyen le plus utilisé pour stabi-
liser l'esprit.