Chapitre 4 - Structures Algébriques - Du Magma Au Groupe
Chapitre 4 - Structures Algébriques - Du Magma Au Groupe
Chapitre 4 - Structures Algébriques - Du Magma Au Groupe
du magma au groupe
xIntroductionx
On remarque que dans des domaines a priori distincts, des similitudes apparaissent, notamment concernant les struc-
tures. Pour avoir une théorie générale, on définit des structures algébriques abstraites, on en démontre les propriétés,
puis on les applique dans les exemples mathématiques qui vérifient ces structures.
Dans ce chapitre, on s’intéresse aux structures algébriques de base : magmas, demi-groupes, monoïde et groupes.
Dans le chapitre suivant, on s’intéressera aux anneaux et aux corps.
xPrérequisx
• Applications (chapitre 3)
xObjectifs du chapitrex
• Introduire la notion de loi de composition interne
• Etudier les lois de composition internes remarquables : associativité, commutativité...
Attention, ce chapitre regroupe un
nombre important de vocabulaire. • Etudier les éléments remarquables d’une loi de composition interne : élément neutre, idempotent...
• Introduire la notion de morphisme de magmas et étudier leurs propriétés
• Etudier les structures particulières (loi-produit, extension d’une loi...)
• Introduire et étudier les groupes et les sous-groupes
• Déterminer tous les sous-groupes additifs de
• Etudier les propriétés des morphismes de groupes
Le cours du chapitre 4
x1x Lois de composition interne
xAx Définition
On va généraliser dans la définition suivante une notion bien connue : l’opération. Pour cela, on va se servir des
applications déjà étudiées dans le chapitre précédent.
Définition 1
Soit E un ensemble.
On parle de loi de composition interne On appelle loi de composition interne sur E, toute application de E E dans E.
au lieu d’opération.
Cette définition est très intuitive : à
deux éléments d’un ensemble est asso-
ciés un nouvel élément du même en- Remarques
semble.
1. En général, une loi de composition interne se note ou (il existe encore d’autres notations).
Si est une loi de composition interne sur un ensemble E, alors désigne l’application :
: E E E .
(x , y ) (x , y )
La notation (x , y ) n’étant pas pratique, on la note plutôt x y et on retrouve les notations habituelles en remplaçant
par la plupart des opérations que vous connaissez.
2. Le cas où E est vide ne nous intéressera pas : il n’existe qu’une loi de composition interne dans l’ensemble vide.
3. Un magma est un couple (E , ) où est une loi de composition interne sur E.
Exemple
Essayons de comprendre l’égalité « 2 3 5 » dans .
On sait déjà que l’égalité est une relation, c’est-à-dire une partie de . L’addition quant à elle, est une application
de 2 dans qui au couple (2, 3) associe le nombre 5. C’est-à-dire que (2, 3) 5 , qui se note plutôt 2 3 5 .
D’une manière générale, l’addition est une loi de composition interne dans : donc (, ) est un magma.
xBx Associativité
Définition 2
Soit (E , ) un magma.
Dire que la loi est associative signifie que :
(x , y, z ) E 3 , x (y z ) (x y ) z .
Exemples
1. Dans l’ensemble des parties d’un ensemble, la réunion, l’intersection et la différence symétrique sont associatives.
2. L’addition et la multiplication dans sont associatives.
En effet, 7 (5 2) 4 , alors que 3. La soustraction dans n’est pas associative.
(7 5) 2 0 .
4. Si E est un ensemble, la composition dans E E est associative.
Remarques
1. Un demi-groupe est un couple (E , ) où est une loi de composition interne et associative sur E.
2. Conformément aux objectifs fixés, nous n’aborderons pas la question des parenthésages et la propriété de l’associa-
tivité générale. Cette étude délicate, nous amènerait trop loin.
On admettra donc que pour un demi-groupe (E , ) , si x1, x2, x3 et x4 sont des éléments de E, alors les notations
Ce procédé se généralise avec un suivantes sont équivalentes : ((x1 x 2 ) x 3 ) x 4 , (x1 x 2 ) (x 3 x 4 ) , x1 (x 2 (x 3 x 4 )) , x1 x 2 x 3 x 4 .
nombre fini d’éléments de E.
xCx Commutativité
Définition 3
Soit (E , ) un magma.
Dire que la loi est commutative signifie que :
(x , y ) E 2 , x y y x .
Exemples
1. Dans l’ensemble des parties d’un ensemble, la réunion, l’intersection et la différence symétrique sont commutatives.
Le cours du chapitre 4
2. L’addition et la multiplication dans sont commutatives.
En effet, 1 2 2 1 . 3. La soustraction dans n’est pas commutative.
En prenant E et les deux appli- 4. Si E est un ensemble, la composition dans E E n’est pas commutative.
cations :
f : et g : ,
x x2 x x 1
il est clair que g f f g . Remarques
1. Deux éléments x et y d’un magma (E , ) sont permutables quand x y y x .
2. Nous admettrons (car cela est très technique à justifier et sort des objectifs de ce cours) que si par exemple x1, x2,
x3 et x4 sont des éléments d’un demi-groupe (E , ) où la loi est commutative, alors on a les égalités suivantes :
Ce procédé se généralise avec un x1 x 2 x 3 x 4 x 2 x1 x 3 x 4 x 4 x 2 x 3 x1 x 3 x1 x 4 x 2 ...
nombre fini d’éléments de E.
3. Un magma commutatif est un magma où la loi de composition interne est commutative.
Définition 4
Soient (E , ) un magma et e un élément de E.
1) Dire que e est neutre à gauche pour signifie que : x E , e x x .
2) Dire que e est neutre à droite pour signifie que : x E , x e x .
Autrement dit, e est neutre quand il 3) Dire que e est neutre pour signifie que : x E , e x x e x .
est neutre à gauche et à droite.
Exemples
1. Soit E un ensemble.
Dans (E ) , l’ensemble vide est neutre pour la réunion et la différence symétrique, et E est neutre pour l’intersection.
2. 0 est neutre pour l’addition dans et 1 est neutre pour la multiplication dans .
3. Quand E est un ensemble, l’application IdE est neutre pour la composition dans E E .
4. Pour la loi interne : , tout entier naturel est neutre à droite mais aucun entier naturel est neutre à
(x , y ) x
gauche.
Théorème 1
Soit (E , ) un magma.
Donc, à fortiori, si e et e’ sont deux S’il existe pour un élément neutre e à gauche et un élément neutre e’ à droite, alors e et e’ sont égaux.
éléments neutres, alors ils sont égaux.
Preuve
La preuve est extrêmement courte : e e e e .
Remarques
Par exemple (, ) est un monoïde. 1. Un monoïde est un couple (E , ) où est une loi interne, associative et admettant un neutre dans E.
2. De ce qui précède, un élément neutre quand il existe est unique.
3. Pour que la loi ait plusieurs neutres à gauche, il est nécessaire qu’elle n’ait aucun neutre à droite (et inversement).
Donc un demi-groupe unitaire est un 4. Un magma unitaire est un magma où la loi de composition interne admet un neutre (donc n’est jamais vide).
monoïde.
Définition 5
Attention aux l’hypothèses : il est im- Soient (E , ) un magma unitaire de neutre e et x un élément de E.
portant que le magma soit unitaire
pour parler de symétrisation.
1) Dire que x est symétrisable à gauche pour signifie que : y E , y x e .
2) Dire que x est symétrisable à droite pour signifie que : y E , x y e .
Autrement dit, x est symétrisable 3) Dire que x est symétrisable pour signifie que : y E , y x x y e .
quand il est symétrisable à gauche et à
droite.
Exemples
1. Dans , tous les entiers sont symétrisables pour l’addition.
2. Dans , tous les nombres non nuls sont symétrisables pour la multiplication.
3. Si E est un ensemble, dans E E , seules les applications bijectives sont symétrisables pour la composition.
Remarque
Quand x est symétrisable, tout élément y vérifiant l’égalité plus haut est appelé symétrique.
Le cours du chapitre 4
Contrairement à l’élément neutre, un élément d’un magma unitaire peut avoir plusieurs symétriques. Mais dans les
monoïdes, la situation est différente :
Théorème 2
Soient (E , ) un monoïde de neutre e et x un élément de E.
Donc, à fortiori, si y et y’ sont deux S’il existe pour x un symétrique y à gauche et un symétrique y’ à droite, alors y et y’ sont égaux.
éléments symétrisables, alors ils sont
égaux. Attention de bien être dans un
monoïde pour que cela soit vrai.
Preuve
La preuve est très courte : y y e y (x y ) (y x ) y e y y .
Remarques
1. De ce qui précède, si un élément admet un symétrique, celui-ci est unique (à condition d’être dans un monoïde).
2. Dans un magma unitaire, pour qu’un élément ait plusieurs symétriques à gauche, il est nécessaire qu’il n’ait aucun
symétrique à droite (et inversement).
3. Puisqu’il y a unité du symétrique quand il existe, nous allons convenir d’une notation.
Si x admet pour symétrique y, celui-ci sera noté sym(x ) .
On utilise une loi additive quand la loi Quand la loi sera additive, le symétrique sera plutôt appelé opposé et on écrira x au lieu de sym(x ) .
est commutative.
On utilise une loi multiplicative quand Quand la loi sera multiplicative, le symétrique sera plutôt appelé inverse et on écrira x 1 au lieu de sym(x ) .
la loi est associative (mais pas néces-
sairement commutative). C’est la rai-
son pour laquelle (puisque les struc-
tures sont quasiment tous des demi-
groupe) nous allons éviter l’écriture
Théorème 3
sym(x) qui est lourde ; nous utiliserons
Soient (E , ) un monoïde de neutre e, x et y deux éléments de E.
l’écriture x 1 qui est plus pratique.
Définition 6
Soient (E , ) un magma et a un élément de E.
1) Dire que a est régulier à gauche pour signifie que : (x , y ) E 2 , a x a y x y .
2) Dire que a est régulier à droite pour signifie que : (x , y ) E 2 , x a y a x y .
a x a y
Autrement dit, a est régulier quand il 3) Dire que a est régulier pour signifie que : (x , y ) E 2 , x y.
est régulier à gauche et à droite. x a y a
Remarque
On parle aussi d’élément simplifiable au lieu de régulier.
Exemples
1. Pour l’addition dans , tous les nombres entiers sont réguliers.
2. Pour la multiplication dans , tous les nombres complexes non nuls sont réguliers.
Théorème 4
Soient (E , ) un monoïde de neutre e et a un élément de E.
Si a est symétrisable pour , alors a est régulier pour .
Preuve
Supposons que a soit symétrisable et soient x et y des éléments de E tels que a x a y et x a y a .
Notons a 1 le symétrique de a.
Le cours du chapitre 4
L’égalité a x a y devient a 1 (a x ) a 1 (a y ) , soit via l’associativité (a 1 a) x (a 1 a) y , d’où
e x e y , soit x y .
De même, on montre que l’égalité x a y a entraîne x y en composant par le symétrique de a à droite.
Remarque
La réciproque du théorème 4 est fausse. En effet, 2 est bien régulier pour l’addition dans mais il ne possède pas
En réalité la réciproque est vraie si on d’opposé.
suppose en plus que l’ensemble est fini.
Mais la justification demande des com-
pétences qui n’ont pas encore été étu-
diées. xGx Elément idempotent
Définition 7
Soient (E , ) un magma et x un élément de E.
Dire que x est idempotent pour signifie que x x x .
Exemples
1. Dans l’ensemble des sous-ensembles d’un ensemble, tous les éléments sont idempotents pour l’intersection et la
réunion.
2. Il est clair que l’élément neutre d’un magma unitaire est idempotent.
Théorème 5
Soient (E , ) un monoïde de neutre e, x et y deux éléments de E.
Attention à ne pas oublier que x et y 1) Si x et y commutent et sont idempotents, alors x y est idempotent.
doivent commuter.
2) Si x est idempotent et inversible, alors x 1 est idempotent.
Preuve
1) Supposons que x et y commutent et sont idempotents.
On a : (x y ) (x y ) (y x ) (x y ) y (x x ) y y x y (y y ) x y x x y .
2) Supposons que x est idempotent et est inversible.
On a : x 1 x 1 (x x )1 x 1 .
Définition 8
Soient (E , ) un magma et x un élément de E.
1) Dire que x est absorbant à gauche pour signifie que : y E , x y x .
2) Dire que x est absorbant à droite pour signifie que : y E , y x x .
Autrement dit, x est absorbant quand 3) Dire que x est absorbant pour signifie que : y E , x y y x x .
il est absorbant à gauche et à droite.
Exemples
1. Dans l’ensemble des sous-ensembles d’un ensemble, l’ensemble vide est absorbant pour l’intersection.
2. 0 est absorbant pour la multiplication dans .
3. Pour la loi interne : : , tout entier naturel est absorbant à gauche.
(x , y ) x
Théorème 6
Soient (E , ) un magma et x un élément de E.
Donc, à fortiori, si x et x’ sont deux S’il existe pour un élément absorbant x à gauche et un élément absorbant x’ à droite, alors x et x’ sont égaux.
éléments absorbants, alors ils sont
égaux.
Preuve
La preuve, comme d’habitude est très courte : x x x x .
Remarques
1. De ce qui précède, un élément absorbant quand il existe est unique.
2. Pour qu’il existe plusieurs éléments absorbants à gauche, il est nécessaire qu’il n’y en ait aucun à droite (et inver-
sement).
3. Si x est absorbant à droite ou à gauche, alors il est idempotent.
Le cours du chapitre 4
xIx Distributivité
Cette fois-ci, on va travailler avec deux lois de composition interne définies sur un même ensemble.
Définition 9
Soient et deux lois de composition interne dans un ensemble E.
1) Dire que la loi est distributive à gauche sur signifie que : (x , y, z ) E 3 , x (y z ) (x y ) (x z ) .
2) Dire que la loi est distributive à droite sur signifie que : (x , y, z ) E 3 , (y z ) x (y x ) (y x ) .
x (y z ) (x y ) (x z )
Autrement dit, la loi est distribu- 3) Dire que la loi est distributive sur signifie que : (x , y, z ) E 3 , .
tive sur quand elle est distributive (y z ) x (y x ) (y x )
à gauche et à droite sur .
Exemples
1. La multiplication est distributive sur l’addition dans .
2. Dans l’ensemble des parties d’un ensemble, l’intersection est distributive sur la réunion (et inversement).
Exercice 11 du chapitre 3. 3. Dans l’ensemble des parties d’un ensemble, l’intersection est aussi distributive sur la différence symétrique.
xJx Morphismes
Définition 10
Soient (E , ) et (F , ) deux magmas et f : E F une application.
Dire que l’application f est un morphisme de (E , ) dans (F , ) signifie que :
(x , y ) E 2 , f (x y ) f (x ) f (y ) .
Exemple
En effet :
Pour x , l’application f : est morphisme surjectif de (, ) dans (, ) .
(n, m) 2 , x n m x n x m .
n xn
Remarques
1. Un endomorphisme est un morphisme de (E , ) sur lui-même.
Par exemple, l’application g : (, ) (, ) est un endomorphisme.
n 2n
2. Un isomorphisme est un morphisme bijectif.
Par exemple, l’application h : ( , ) (, ) est un isomorphisme.
x ln(x )
3. Un automorphisme est un endomorphisme bijectif.
D’une manière générale, si (E , ) est Par exemple, l’application Id est un automorphisme de (, ) .
un magma, l’application IdE et un
automorphisme de (E , ) .
Théorème 7
Soient f : (E , ) (F , ) et g : (F , ) (G , ) deux morphismes de magmas.
Autrement dit, la composée de deux L’application g f est un morphisme de (E , ) dans (G , ) .
morphismes est un morphisme.
Preuve
Quels que soient les éléments x et y de E on a :
(g f )(x y ) g( f (x y )) g( f (x )
f (y )) g( f (x )) g( f (y )) (g f )(x ) (g f )(y ) .
Théorème 8
Soit f : (E , ) (F , ) un isomorphisme de magmas.
L’application f 1 est un isomorphisme de (F , ) dans (E , ) .
Les applications que nous définissons dans ce paragraphe sont très utilisés en pratique.
Définition 11
Soient (E , ) un magma et a un élément de E.
1) On appelle translation à gauche par a , l’application a : E E .
x ax
2) On appelle translation à droite par a , l’application a : E E .
x x a
Les théorèmes suivants sont prévisibles compte tenu des écritures des translations :
La définition suivante est un peu délicate. Elle permet à partir d’un magma d’en créer un nouveau mais dont les
éléments sont des applications. On sait déjà le faire depuis le chapitre précédent avec la relation d’ordre (théorème
29 du chapitre 3).
Définition 12
Soient X un ensemble et (F , ) un magma.
On définit dans F X une loi interne appelée extension à F X de la loi dans F, encore notée et définie par :
( f , g ) F X F X , x X , ( f g )(x ) f (x ) g(x ) .
Exemples
1. Prenons le cas du magma (, ) .
Dans l’ensemble des applications de dans , on définit la somme deux fonctions f et g par :
x , ( f g )(x ) f (x ) g(x ) .
2. Prenons le cas à nouveau du magma (, ) .
Dans l’ensemble des applications de dans , on définit la somme deux suites u et v par :
n , (u v )(n) u(n) v(n) .
Preuve
1) Soient f, g et h des éléments de F X .
Le cours du chapitre 4
Quel que soit l’élément x de X, on a :
On a montré que : (( f g ) h)(x ) ( f g )(x ) h(x ) ( f (x ) g(x )) h(x ) f (x ) (g(x ) h(x )) f (x ) (g h )(x ) ( f (g h ))(x ) .
( f g ) h f (g h ) .
2) Soient f et g deux éléments de F X .
Quel que soit l’élément x de X, on a :
On a montré que : ( f g )(x ) f (x ) g(x ) g(x ) f (x ) (g f )(x ) .
f g g f .
3) Notons e le neutre de la loi dans F.
Autrement dit, si f est une application Il est clair que l’application constante e : X F est neutre pour dans F X .
de F X , alors f e e f f . x e
4) Admettons que la loi dans F admet un neutre.
Soit f un élément de F X .
Il est clair que l’application X F est un symétrique de f pour dans F X .
1
x ( f (x ))
La définition suivante est aussi délicate. Elle permet à partir d’un magma d’en créer un nouveau mais dont les éléments
sont des sous-ensembles de l’ensemble formant le magma initial.
Définition 13
Soit (E , ) un magma.
On définit dans (E ) une loi interne appelée extension à (E ) de la loi dans E, encore notée et définie par :
(A, B ) (E ) (E ), A B {x E , (a, b) A B , x a b} .
Remarques
1. En extension nous avons A B {a b, (a, b) A B } .
2. Lorsque A (E ) et a A , on note généralement a A au lieu de {a} A .
Par exemple, pour le magma (, ) , la notation {2} s’écrira 2 .
Exemples
1. Prenons le magma (, ) .
On a, avec l’extension de loi + dans () , {1, 2} {3, 4} {4, 5, 6} .
2. Prenons le magma (, ) .
On a, avec l’extension de loi + dans () , ] , 0[ ]0, [ .
Théorème 12
Soient (E , ) un magma et ((E ), ) un magma où la loi est l’extension à (E ) de la loi dans E.
1) Si la loi dans E est associative, alors la loi dans (E ) est associative.
2) Si la loi dans E est commutative, alors la loi dans (E ) est commutative.
3) Si la loi dans E admet un neutre, alors la loi dans (E ) admet un neutre.
Preuve
1) Soient A, B et C des éléments de (E ) et x un élément de A (B C ) .
Il existe un triplet (a, b, c ) appartenant à A B C tel que x a (b c ) .
Donc x (a b) c , d’où x (A B ) C .
De même, on établit l’inclusion réciproque (A B ) C A (B C ) .
2) Soient A et B deux éléments de (E ) et x un élément de A B .
Il existe un couple (a, b) appartenant à A B tel que x a b .
Donc x b a , d’où x B A .
De même, on établit l’inclusion réciproque A B B A .
3) Notons e le neutre de la loi dans E.
Si A est un sous-ensemble de E, on a Le singleton {e} est alors neutre pour dans (E ) .
donc A e e A A .
Remarque
Attention, même si E admet un neutre et que tout élément de E admet un symétrique, il est possible que la loi dans
Le cours du chapitre 4
(E ) n’admette pas de neutre.
En effet, en prenant le magma (, ) (où tous les éléments admettent un opposé), le sous-ensemble {0, 1} de
n’admet pas de symétrique pour (extension de loi) dans () .
A partir de deux lois internes, on construit une nouvelle loi dans un produit cartésien. Ce procédé est déjà connu avec
la relation d’équivalence (équivalence produit) et la relation d’ordre (ordre produit).
Définition 14
Soient (E , ) et (F , ) deux magmas.
On définit dans E F une loi interne appelée loi produit des lois et et définie par :
(x , y ), (x , y ) E F , (x , y ) (x , y ) (x x , y y ) .
Exemple
En partant du magma (, ) , on construit une nouvelle loi dans 2 , noté par :
(x , y ), (x , y ) 2 , (x , y ) (x , y ) (x x , y y ) .
Théorème 13
Soient (E , ) , (F , ) et (E F , ) des magmas tels que est la loi produit des lois et .
1) Si les lois et sont associatives, alors la loi est associative.
Attention de bien vérifier que se sont 2) Si les lois et sont commutative, alors la loi est commutative.
les deux lois en même temps qui véri-
fient une particularité pour que la loi 3) Si les lois et admettent un neutre, alors la loi admet un neutre.
produit vérifie aussi la même particu-
larité. 4) Si les lois et admettent un neutre et que tout élément de E et F est symétrisable, alors la loi admet un
neutre et tout élément de E F est symétrisable.
Preuve
1) Soient les couples (x , y ) , (x , y ) et (x , y ) de E F .
On a : (x , y ) ((x , y ) (x , y )) (x , y ) (x x , y y ) (x (x x ), y (y y ))
((x x ) x , (y y ) y ) .
(x x , y y ) (x , y ) .
((x , y ) (x , y )) (x , y ) .
2) Soient les couples (x , y ) et (x , y ) de E F .
On a : (x , y ) (x , y ) (x x , y y ) (x x , y y ) (x , y ) (x , y ) .
3) Notons e et e les neutres respectifs des lois et .
En effet, pour tout (x , y ) de E F , Il est alors clair que l’élément (e, e ) de E F est neutre pour .
on a :
- (x , y ) (e, e ) (x , y ) ; 4) Notons toujours e et e les neutres respectifs des lois et .
- (e, e ) (x , y ) (x , y ) .
Si x désigne un symétrique de x dans E et y désigne un symétrique y de F, alors il est clair que le couple (x , y )
En effet, pour tout (x , y ) de E F , est un symétrique du couple (x , y ) dans E F .
on a :
- (x , y ) (x , y ) (e, e ) ;
- (x , y ) (x , y ) (e, e ) .
Remarque
Le théorème 13 permet par exemple d’affirmer que la structure (2 , ) est un monoïde car la structure (, ) l’est.
Avant de parler de loi induite, nous avons besoin de définir la notion de stabilité.
Définition 15
Soient (E , ) un magma et A un sous-ensemble de E.
Dire que le sous-ensemble A est stable pour signifie que :
(x , y ) A A, x y A .
Exemple
Si E est un ensemble, l’ensemble des bijections de E dans E est stable pour la composition dans E E .
Le cours du chapitre 4
Remarques
1. Pour un magma (E , ) , E et sont toujours stable pour .
2. Il est immédiat que A est stable pour si et seulement si, en notant encore l’extension à (E ) de la loi de
E, A A A .
Définition 16
Attention, dans cette définition, il est Soient (E , ) un magma et A un sous-ensemble de E stable pour .
nécessaire que A soit stable pour .
On définit dans A une loi interne appelée loi induite sur A par de E notée encore et définie par :
A A A
(x , y ) x y
Théorème 14
Soient f : (E , ) (F , ) un morphisme de magmas, A un sous-ensemble de E et B un sous-ensemble de F.
1) Si la partie A est stable pour , alors f A est stable pour .
2) Si la partie B est stable pour , alors f 1B est stable pour .
Preuve
1) Supposons que A est stable pour .
Soient y et y’ des éléments de f A .
Il existe alors un couple (x , x ) de A A tels que y f (x ) et y f (x ) .
L’élément y y est alors égal à f (x ) f (x ) , donc, puisque f est un morphisme, égal à f (x x ) .
Comme A est stable pour , si deux Enfin, la stabilité de A pour entraine que f (x x ) f A , d’où y y f A .
éléments x et x’ sont dans A, alors l’élé-
ment x x est dans A. 2) Supposons que B est stable pour .
Soient x et x’ des éléments de f 1B .
Alors par définition, f (x ) B et f (x ) B , d’où, puisque B est stable pour , f (x ) f (x ) B .
Mais f est un morphisme, il vient donc que f (x x ) B , c’est-à-dire que x x f 1B .
xAx Généralités
Remarques
1. Remarquez qu’un groupe n’est jamais vide compte tenu du troisième axiome.
2. Par abus, on dit souvent que G est un groupe au lieu de (G , ) .
Niels Henrik Abel (1802-1829) était 3. Lorsque la loi est commutative, on dit que le groupe (G , ) est commutatif ou abélien.
un mathématicien norvégien.
Nous donnons à présent des exemples de groupes classiques. La liste est loin d’être exhaustive !
Exemples
1. Les couples (, ) , (, ) , (, ) et (, ) sont des groupes commutatifs.
2. E étant un ensemble avec au moins deux éléments, les couples (, ) , (, ) , (, ) , ((E ), ) , ((E ), ) , (E E , )
ne sont pas des groupes.
3. E étant un ensemble, les couples ( , ) , ( , ) , ((E ), ) et ((E ), ) sont des groupes (les deux premiers
seulement étant commutatif).
Si G et H sont commutatifs, il en sera 4. Si G et H sont deux groupes, alors G H muni de la loi produit des lois dans G et H est un groupe.
de même pour G H .
Si G est commutatif, il en sera de 5. Si G est un groupe et X un ensemble, alors G X est un groupe pour l’extension de loi déduite de G.
même pour G X .
Le cours du chapitre 4
Les groupes les plus remarquables sont Définition 18
les groupes finis. Pour l’instant, l’étude
détaillée de ces groupes dépasse le ni- Soit (G , ) un groupe fini.
veau de la Licence 1.
On appelle ordre du groupe G le cardinal de G.
Arthur Cayley (1821-1895) était un Pour faciliter l’étude des groupes finis, on peut avoir recours aux tables de Cayley.
mathématicien britannique.
Une table de Cayley est un tableau à double entrée. Lorsqu’un ensemble fini est muni d’une loi de composition interne
, il est possible de créer un tableau qui présente pour tous les éléments x et y de E, les résultats obtenus par la loi
Attention à l’ordre pour la lecture : : à l’intersection de la ligne représentant x et de la colonne représentant y se trouve l’élément x y .
ligne puis colonne.
Considérons trois objets a, b et c distincts puis l’ensemble E définit par l’égalité E {a, b, c} .
La table de Cayley suivante :
a b c
a a b c
b c a b
c b c a
Le tableau suivant rassemble les différentes notations selon si la loi dans le groupe est additive ou multiplicative.
Ici, x et y sont deux éléments d’un groupe de neutre e.
Bien souvent, il faudra composer plusieurs fois par le même élément dans un groupe. La notation x x x x x par
exemple, est lourde et on préférera alors écrire x 5 (notation par défaut).
D’une manière générale nous allons définir l’itération d’un élément d’un groupe.
Définition 19
Soit (G , ) un groupe.
On appelle centre du groupe G l’ensemble noté (G ) et définit par :
Autrement dit, le centre du groupe G {x G , y G , x y y x } .
est l’ensemble des éléments de G com-
mutant avec tous les éléments de G.
Remarques
1. Il est clair que si G est un groupe commutatif, alors (G ) G . Ainsi, la notion de centre d’un groupe n’a d’impor-
tance que si le groupe G n’est pas supposé commutatif.
2. Il est facile de voir que (G ) est stable pour et que la loi induite par dans (G ) est commutative (le lecteur
le fera en guise d’exercice).
Tout élément de (G ) est appelé 3. Il est clair que 1G (G ) puisque l’élément neutre commute avec tous les éléments de G.
central.
Le cours du chapitre 4
xBx Propriétés
Théorème 16
Soient (G , ) un groupe et a un élément de G.
On parle ici des translations à gauche Les applications a et a sont bijectives.
et à droite par a (définition 11).
Preuve
Montrons que a est bijective.
Il suffit de résoudre dans G l’équation d’inconnue x : y a (x ) où y est un élément fixé de G.
Remarques
1. L’application réciproque de a (resp. a ) est l’application a 1 (resp. a 1 ).
2. L’application G G est bijective (le lecteur montrera que c’est une involution).
x x 1
Remarque
On reconnait dans le théorème 17 la plupart des propriétés des puissances rencontrées au collège avec les nombres
réels non nuls.
xCx Sous-groupes
Définition 20
Soient (G , ) un groupe et H un sous-ensemble de G.
Dire que H est un sous-groupe de G signifie que :
Lorsque cela n’est pas précisé, e dési-
gnera toujours l’élément neutre.
1) e H 2) (x , y ) H 2 , x y H 3) x H , x 1 H .
Exemples
Nous démontrerons plus loin que ce
sont même les seuls.
1. Pour tout entier naturel n, n est un sous-groupe (additif) de (la vérification est aisée grâce à plusieurs axiomes
que l’on admet, pour l’instant, avec l’addition dans ).
2. Le couple est un sous-groupe de ( , ) (la vérification est aisée).
3. est un sous-groupe additif de .
Remarques
1. Il est clair que {e} et G sont des sous-groupes de (G , ) . On les appelle les sous-groupes triviaux de (G , ) .
En effet, si H est non vide, il existe un 2. Un sous-groupe est clairement non vide et la condition « e H » peut être remplacée par « H ».
élément x de H. Alors x 1 H et
donc e x x 1 H .
xDx Caractérisations des sous-groupes
Preuve
( ) Evident.
( ) Supposons que e H et que pour tous les éléments x et y de H x y 1 H .
Il est déjà clair que l’élément e est dans H.
Soient x et y deux éléments de H.
Comme y 1 H , il vient que x (y 1 )1 H , c’est-à-dire que x y H .
Enfin, soit x un élément de H.
Comme e H , on a e x 1 H , c’est-à-dire x 1 H .
Remarque
En effet, si H est non vide, il existe un Dans le théorème 21, la condition « e H » peut être remplacée par « H ».
élément x de H. Il vient alors que
x x 1 e H .
xEx Propriétés des sous-groupes
Théorème 22
Soient (G , ) et (G , ) deux groupes et la loi produit des lois et .
Si H est un sous-groupe de G et H’ est un sous-groupe de G’, alors H H est un sous-groupe de G G .
Preuve
Commençons par rappeler que (G G , ) est un groupe.
Notons e le neutre de G et e celui de G’.
Comme e H et e H , on a (e, e ) H H .
Soient (x , y ) et (x , y ) deux éléments de H H .
Utilisation de la stabilité de H et de H’. On a : (x , y ) (x , y ) (x x , y y ) H H (puisque x x H et y y H ).
Soit enfin un couple (x , y ) de H H .
Les éléments x et y admettent respectivement dans H et H’, x 1 et y 1 comme symétrique.
Il vient donc que (x 1, y 1 ) H H .
Preuve
Rappel : x
i I
H i i I , x H i . Pour tout i de I, e H i et donc e Hi .
i I
Ainsi, x 1 Hi .
i I
Remarques
1. Pour aller plus vite, nous aurions pu utiliser la caractérisation vue au théorème 21.
2. Malheureusement, la réunion de deux sous-groupes peut ne pas être un sous-groupe.
Par exemple, 2 et 3 sont deux sous-groupes additifs de . Mais la réunion 2 3 n’est pas un sous-groupe de
On pourra consulter l’exercice 115. . En effet, bien que 2 et 3 soit des éléments de 2 3 , la somme, c’est-à-dire 5 n’est ni un multiple de 2, ni un
multiple de 3.
Théorème 24
Soient (G , ) un groupe.
Le centre du groupe G est un sous-groupe de G.
Preuve
Il est déjà clair que e (G ) .
Nous vous avons inviter (deuxième remarque de la définition 19) de montrer que (G ) est stable pour la loi .
Enfin, soit x un élément de (G ) .
On va montrer que x 1 (G ) .
Pour tout y de G, on a x y y x , donc (x y ) x 1 (y x ) x 1 , donc x (y x 1 ) y .
En composant cette fois-ci par x 1 à gauche, on obtient y x 1 x 1 y , d’où x 1 (G ) .
En réalité, il n’est pas nécessaire de La détermination de tous les sous-groupes additifs de est un point important de ce chapitre. La démonstration,
préciser « additif » pour parler des
sous-groupes de car il n’y a jamais astucieuse, et à connaître. En revanche, la détermination des sous-groupes additifs de et de est plus délicate.
d’ambiguïté sur la loi.
Nous ne le ferons pas ici mais en analyse (livre Analyse – Chapitre 1).
On connait déjà la notion de morphisme de magmas. Ainsi, un morphisme de groupes est un cas particulier de
On parle ainsi d’endomorphisme, d’iso- morphisme de magmas : lorsque ces derniers sont des groupes.
morphisme et d’automorphisme de
groupes. Les morphismes de groupes sont très remarquables comme le montre le théorème suivant :
Théorème 26
Soit f : (G , ) (G , ) un morphisme de groupes.
Preuve
1) D’une part, f (e) f (e e) f (e) f (e) et d’autre part f (e) f (e) e .
Donc f (e) f (e) f (e) e , d’où, par régularité, f (e) e .
2) Pour tout x de G, on a : f (x 1 ) f (x ) f (x 1 x ) f (e) e et f (x ) f (x 1 ) f (x x 1 ) f (e) e .
Ainsi, f (x 1 ) ( f (x ))1 .
3) Soit x un élément de G.
Par récurrence sur n, on va montrer que : n , f (x n ) ( f (x ))n .
Avec n 0 , on a : f (x 0 ) f (e) e et ( f (x ))0 e .
Soit n et supposons que f (x n ) ( f (x ))n .
On a : f (x n 1 ) f (x n x ) f (x n ) f (x ) ( f (x ))n f (x ) ( f (x ))n 1 .
Supposons à présent que n
.
Théorème 27
Soit f : (G , ) (G , ) un morphisme de groupes.
1) Si H est un sous-groupe de G, alors f H est un sous-groupe de G’.
2) Si H’ est un sous-groupe de G’, alors f 1H est un sous-groupe de G.
Preuve
1) Comme e H , on a f (e) f H . Puis comme f (e) e (théorème précédent), e f H .
Le cours du chapitre 4
La stabilité de f H à déjà été démontré dans le théorème 14.
Soit y un élément de f H .
Il existe alors un élément x de H tel que y f (x ) .
Mais H est un sous-groupe de G, donc x 1 H , d’où f (x 1 ) ( f (x ))1 y 1 f H .
2) Puisque f (e) e , il vient que e f 1H car e H .
La stabilité de f 1H à déjà été démontré dans le théorème 14.
Soit x un élément de f 1H .
Alors f (x ) H , et comme H’ est un sous-groupe de G’, ( f (x ))1 f (x 1 ) H , c’est-à-dire, x 1 f 1H .
Remarques
1. Comme f (e) e , le noyau d’un morphisme n’est jamais vide.
2. Il est clair que Ker( f ) f 1{e } .
Exemples
1. Rappelons que l’application f : ( , ) (, ) est un isomorphisme de groupes.
x ln(x )
Son noyau est égal à {1} car l’équation d’inconnue x dans : ln(x ) 0 , admet comme unique solution 1.
2. Pour k , l’application g : (, ) (, ) est un endomorphisme de groupes.
n kn
Plus généralement, le morphisme : Son noyau dépend de la valeur de k. Si k 0 , alors Ker(g ) et si k 0 , alors Ker(g ) {0} .
G G ,
x e
a pour noyau G.
Définition 22
Soit f : (G , ) (G , ) un morphisme de groupes.
On appelle image de f, l’ensemble noté Im( f ) et définit par :
Ainsi, l’image d’un morphisme n’est Im( f ) f G .
rien d’autre que l’image directe de l’en-
semble de départ.
Preuve
1) Puisque f (e) e , on a e Ker( f ) .
Soient x et y deux éléments de Ker( f ) .
On a : f (x y 1 ) f (x ) f (y 1 ) e ( f (y ))1 e e 1 e , donc x y 1 Ker( f ) .
2) Comme e G , on a f (e) e f G , donc e Im( f ) .
Soient x’ et y’ deux éléments de Im( f ) .
Il existe alors deux éléments x et y de G tels que x f (x ) et y f (y ) .
Il vient donc que x y 1 f (x ) ( f (y ))1 f (x ) f (y 1 ) f (x y 1 ) .
Puisque G est un groupe, x y 1 G , d’où x y 1 f G Im( f ) .
Exemples
En revanche, nous verrons en exercice 1. Les groupes ( , ) et (, ) sont isomorphes.
que les groupes (, ) et ( , ) ne
sont pas isomorphes. 2. Considérons les groupes ((E ), ) où E {0} et ({1, 1}, ) dont les tables de Cayley sont les suivantes :
{0} 1 1
{0} {0} 1 1 1
{0} 1 1 1
On s’aperçoit que les deux tables sont identiques à un changement de nom des éléments près. Quitte à écrire au
lieu de -1 et {0} au lieu de 1, on obtient la même table.
Cette constatation n’est pas une surprise car ces deux groupes finis sont isomorphes. D’ailleurs, c’est toujours le cas
pour des groupes isomorphes.
Preuve
Supposons qu’il existe un isomorphisme de (G , ) sur (E , ) .
Soient x, y et z des éléments de E.
Puisque f est bijective il y a équiva- Notons X f 1(x ) , Y f 1(y ) et Z f 1(z ) .
lence entre X f 1 (x ) et x f (X ) .
Montrons que est associative.
On a : x (y z ) f (X ) ( f (Y ) f (Z )) f (X ) f (Y Z ) f (X (Y Z )) f ((X Y ) Z )
f (X Y ) f (Z ) .
( f (X ) f (Y )) f (Z ) .
(x y ) z .
Montrons que admet f (e) comme neutre.
On a : x f (e) f (X ) f (e) f (X e) f (X ) x et f (e) x f (e) f (X ) f (e X ) f (X ) x .
Montrons que tout élément x de E admet f (X 1 ) comme symétrique.
On a : x f (X 1 ) f (X ) f (X 1 ) f (X X 1 ) f (e) et f (X 1 ) x f (X 1 ) f (X ) f (X 1 X ) f (e) .
Ainsi, (E , ) est un groupe.
Les exercices du chapitre 4
11133 Egalité dans un demi-groupe 1 10 3 Distributivité
Soient (E , ) un demi-groupe, a et b deux éléments de E tels que : Soient (E , ) un demi-groupe et une loi interne dans E distributive
ab b 2a . sur .
Montrer que : 1) Montrer que si x, x’, y et y’ sont des éléments de E tels que x x
et y y soient régulier pour , alors x y et y x commutent
n , a nb b 2 a n .
n
pour .
11233 Loi de composition interne 2) En déduire que si possède un neutre, deux éléments réguliers pour
Soit la loi interne définie dans par : sont permutables pour .
(x , y ) 2 , x y x y x 2y . 3) Montrer que, si possède un neutre et si tous les éléments de E
sont réguliers pour , alors est commutative.
1) Vérifier que la loi n’est pas commutative, n’est pas associative,
qu’elle admet un neutre et qu’aucun élément de , sauf 0 n’admet de 1 11 3 Loi de composition interne
symétrique pour . 1) Etudier la loi définie sur par :
2) Résoudre les équations suivantes d’inconnue x dans :
(x , y ) 2 , x y x y xy .
a) 2 x 3 b) x x 3 .
2) Pour tout (n, a ) , calculer a n .
11333 Loi de composition interne
Soit la loi interne dans définie par : 1 12 3 Extension d’une loi interne
0 x x Soient (E , ) un demi-groupe, a et b deux éléments de E.
(x , y, z ) 3 , .
x (y z ) z (y x )
On note encore l’extension de la loi dans E à (E ) .
Montrer que : Montrer que {a} E , E {b} , {a} E {b} et E {a} E sont stables
(x , y, z ) 3 , x (y z ) (x y ) (z ) . pour la loi .
1 20 3 Commutativité 1 29 3 Idempotence
Soient (E , ) un demi-groupe tel que tout élément de E est régulier et Soit (E , ) un magma tel que tout élément de E soit régulier et soit
distributive par rapport à elle-même.
tel que pour tout couple (x , y ) de E 2 , x y x ou x y y .
Montrer que tout élément de E est idempotent.
Montrer que la loi est commutative.
1 30 3 Idempotence
1 21 3 Stabilité
Soit (E , ) un demi-groupe tel que tout élément de E soit régulier.
Soient (E , ) un demi-groupe, A et B deux sous-ensembles stables de
Montrer que E admet au plus un élément idempotent.
E pour .
On note encore l’extension de la loi dans E à (E ) . 1 31 3 Loi de composition interne
1) Donner un exemple où A B n’est pas stable. Soient (E , ) un magma tel que tout élément de E est régulier et tel que
2) Montrer que si B A A B , alors A B est stable.
pour tout couple (x , y ) de E 2 , x y x ou x y y .
1 76 3 Axiomes faibles de la structure de groupe Montrer que quel que soient les éléments x et y de G :
Soit (E , ) un demi-groupe non vide tel que : 1) (xy )2 y 2x 2 2) xy 2x yx 2y 3) x 2yx 2 y 2xy 2 .
(a, b) E 2 , (x , y ) E 2 , b ax ya .
1 84 3 Groupe abélien
Montrer que (E , ) est un groupe.
Soit (G , ) un groupe tel qu’il existe un entier naturel n supérieur ou
égal à 2 et tel que :
1 77 3 Axiomes faibles de la structure de groupe
Soit (E , ) un demi-groupe fini pour lequel tous les éléments de E sont i {n 1, n, n 1}, (x , y ) G 2 , (xy )i x iy i .
Déterminer tous les morphismes de groupe de (, ) dans (, ) . Montrer que l’ensemble a 1Sa est un sous-groupe de G appelé conju-
D’après école normale supérieure. gué du sous-groupe S.
Les exercices du chapitre 4
1 86 3 Groupe 1 95 3 Sous-groupe
Soit (G , ) un demi-groupe non vide. Soient (G , ) un groupe, H et K deux sous-groupes de G.
Montrer que (G , ) est un groupe si et seulement si, pour tout couple Montrer que les assertions suivantes sont équivalentes :
(a,b) d’éléments de G, chacune des équations d’inconnue x dans G : (i) HK est un sous-groupe de G (ii) KH est un sous-groupe de G
(E ) : a x b et (E ) : x a b , (iii) HK KH (iv) KH HK .
admet une solution et une seule.
1 96 3 Sous-groupe
Soient (G , ) un groupe, H, K et L des sous-groupes de G tels que :
1 87 3 Normalisateur
Soient (G , ) un groupe et A un sous-ensemble non vide de G. HK KH et H L .
On pose : Montrer que :
H (K L) (K L)H (HK ) L .
N (A) {x G , x 1Ax A} ,
appelé normalisateur de A.
1 97 3 Automorphisme de groupes
Montrer que N (A) est un sous-groupe de (G , ) . Soit (G , ) un groupe.
1) Montrer que l’ensemble des automorphismes de G, muni de la com-
1 88 3 Groupe commutatif
position est un groupe, noté Aut(G ) .
Soient (E , ) un monoïde.
Soient H un sous-groupe de Aut(G ) et : G (G ) .
On suppose que :
x {f (x ), f H }
x E , x 2 e .
2) Montrer que G est une partition de G.
Montrer que (E , ) est un groupe abélien.
1 98 3 Morphisme de groupes
1 89 3 Groupe commutatif
Soient n et f l’application de dans définie par :
Sur l’ensemble ] 1, 1[ noté G, on définit une loi par :
x , f (x ) x n .
2 x y
(x , y ) G , x y .
1 xy 1) Montrer que f est un endomorphisme du groupe ( , ) .
Montrer que (G , ) est un groupe abélien. 2) Déterminer le noyau et l’image de f.
1 91 3 Sous-groupe a b c d
a b c a b c
Soient a un nombre complexe non nul et H l’ensemble défini par : a a b c d
a a a a a b c a
H {a n , n } . 1) 2) 3) b b a d c .
b a b b b c a b
c d c b a
Montrer que H est un sous-groupe de ( , ) . c a b c c a b c
d c d a b
1 92 3 Sous-groupe
Soient a un élément d’un ensemble E et H l’ensemble défini par : 11003 Groupe commutatif
Soient a et b deux nombres réels.
H {f S(E ), f (a) a} .
1) Montrer que l’ensemble défini par l’égalité :
Montrer que H est un sous-groupe de (S(E ), ) .
{fa ,b : },
x ax b
1 93 3 Sous-groupe et stabilité est un groupe pour la composition.
Soient (G , ) un groupe et A une partie finie non vide de G et stable 2) Ce groupe est-il commutatif ?
pour la loi .
Montrer que A est un sous-groupe de (G , ) . 11013 Sous-groupe
Soient G un groupe, H et K deux sous-groupes de G.
1 94 3 Isomorphisme de groupes Montrer que :
Soient (G , ) un groupe et a un élément de G. H K G ((H G ) (K G )) .
On définit une loi de composition interne sur G par :
11023 Isomorphisme de groupes
(x , y ) G 2 , x y x a y .
Montrer que les groupes (, ) et ( , ) ne sont pas isomorphes.
1) Montrer que (G , ) est un groupe.
Soit H un sous-groupe de (G , ) et K l’ensemble a 1 H . 11033 Sous-groupe
2) Montrer que K est un sous-groupe de (G , ) . Soient G un groupe fini et H un sous-groupe de G.
3) Montrer que l’application f définie par x x a 1 est un isomor- Montrer que si Card(H ) 1 Card(G ) , alors H G .
phisme de (G , ) sur (G , ) . 2
Les exercices du chapitre 4
11043 Sous-groupe 11123 Isomorphisme de groupes
1 2a
Montrer que les groupes (, ) et (2 , ) ne sont pas isomorphes.
1) Montrer que l’ensemble , (a, b) 2 noté G est un sous-
1 2b
11133 Groupe commutatif
groupe de ( , ) .
Soit (G , .) un groupe tel que :
1 2a 2
2) Montrer que l’ensemble , (a, b) noté H est un sous- n , (x , y ) G 2 , (xy )n yx .
1 2b
Montrer que le groupe G est abélien.
groupe de (G , ) .
11143 Groupe et automorphisme
11053 Sous-groupe Soient (G , .) un groupe fini et f un automorphisme de G.
Soient G l’ensemble et la loi interne dans G définie par : On pose par ailleurs :
y
(x , y ), (x , y ) , (x , y ) (x , y ) xx , xy . H {x G , f (x ) x 1} .
x
1
Montrer que si Card(H ) Card(G ) , alors f 2 IdG .
1) Montrer que (G , ) est un groupe. 2
2) Déterminer le centre (G ) de G. Bien entendu, f 2 désigne f f .
3) Montrer que les ensembles {0} , {1} et sont des
11153 Réunion de deux sous-groupes
sous-groupes de G.
Soient (G , .) un groupe, H et K deux sous-groupes de G.
4) Montrer que, pour tout k de , l’ensemble :
1) Démontrer que H K est un sous-groupe de G si et seulement si
1
H k x , k x , x , H K ou K H .
x
2) Démontrer que HK est un sous-groupe de G si et seulement si
est un sous-groupe commutatif de G. HK KH .
11213 Groupes d’ordre 3 On définit une seconde loi de composition interne sur E notée par :
A un isomorphisme près, montrer qu’il n’existe qu’un seul groupe (a, b) E 2 , a b a(b 2b) .
d’ordre 3. Montrer que (E , ) est un groupe.
xProblème Ix Quasi-groupe
Soit (, ) un magma non vide.
Dire que (, ) est un quasi-groupe, signifie que pour tout couple (a, b) 2 , chacune des équations suivantes
d’inconnue x dans :
a x b et x a b ,
admet une unique solution.
Partie I - Généralités
a b c
a b a c
Les éléments a, b et c seront considérés
comme deux à deux distincts. b a c b
c c b a