Les Enigmes de La Guerre - Allard Paul - Paris - 1933
Les Enigmes de La Guerre - Allard Paul - Paris - 1933
Les Enigmes de La Guerre - Allard Paul - Paris - 1933
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LES-ÉNIGMES
LA GUERRE
OUVRAGES DE PAUL ALLARD
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(Les Editions de France). Ce
Comment on nous vole.......... Le sos. 1 vol.
(Les Editions de France.) |
Les dessous de Ja guerre révélés par les
comités secrets …........,..:..... see 1 vol.
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. L'Oreille fendue (Histoire ‘des généraux :
limogés) .......................: esse 1 vol.
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Les Images secrètes de la guerre..... esse 1 vol.
(Société des Illustrés Français.)
Que faire de nos fils et de nos filles D... 1 vol
(Les ‘Editions de France.)
LES ÉNIGMES
LA GUERRE
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PRIXTED IN FRAKCE,
: QUI A VOULU LACHER NANCY ?
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. 2 EE .
PARRAIOTES,
— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE 11
entretien a été provoqué par la mission que
m'avait donnée le général de Castelnau. J'avais
écrit le 21 août l’ordre de préparer la retraite de
mes troupes au-delà de Toul : je suis envoyé
le général de Castelnau à M. Mirman. À la par
mande de M. Mirman, je fais un court appel de-
la population. Est-ce cct appel qu’on me Tepro-à
che ? Et si on me le reproche, est-ce parce
a dérangé tout le plan de l'Etat-Major ? qu’il
Le général Durand confie à ses fils .
cument qu’il leur « laisse en: héritage un do-
lettre de M. Mirman qui déclare : «J'es >» : une
bien qu’un jour cette page sera père
Lorrains sauront avec précision écritela
et que les
dérante que vous avez prise dans lapart prépon-
Nancy. défense de
Ces événem ents, les Français
aussi, dans doivent
tout le pays, les connaître.
Man remet aux fils du général Duran > M. Mir-
qu'il a écrites au soir du 22 août sur d les notes
‘ Samedi 22 août 1914. G son carnet : .
-Cherai-je ce soir à Nancy ou heures 1/2 : Cou-
à Toul? Serai-je
fusillé ? .
+ 11 heures 1/2 : Un capitaine de : LE
du général de Castelnau vient m’ann l'état-major
général oncer que le
se retire à Pont-Saint-Vincent.
commente pas. : [1 ne
- _ … =
« 1 heure 1/2 : Que se passe-
sonnel des postes vient de partir t-il ? Le per-
teur. Le service télégraphique avec le direc-
Cest donc la fin? Si vite ? J'avisest interrompu.
de la Banque pour mettre les e le directeur
. Nous allons préparer nos-afraires caisses à l'abri.
énéral va nous aviser, je pense.et attendre. Le
rons. Et s’il oublie? Nous atten-
L °
« 7 heures : Coup de théâtre! Le
rand me donne des nouvelles rassurgénéral Du-
tente. Je me montre en ville. Malgr antes. .Dé-
&nèments que je leur donne, le maire é etles rensei-
MM. Laurent l’adjoint:
et Maringer, s’en vont. Comme:le
#
12 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
départ des postes avait produit en ville une émo-
tion profonde, je conseille au général Durand
d'adresser à la population une courte proclama-
tion. Plus tard, j’ai su que, au G.Q.G., on avait
raillé le geste : « Mes troupes et moi, sommes
Jà! >» « Un peu là! »… dirent les railleurs em-
busqués. Critique aisée pour qui travaille loin
‘du canon sans contact immédiat avec les popu-
lations! »
se
FT —.
+
RÉQUISITOIRE
« Cest la franc-maçonnerie
Suerre. L’attentat de Serajevo estquiun a crime
voulu la
fonnique! 3 ‘
ma-
. .
Précisant cette accusation, l’archevêq
Bordeaux, Monseigneur Andrieux, ue de
écrit dans un
Message : « C’est la franc-maçonneri e ui, d’ac-
cord avec l'Allemagne, a déterminé cet
table fléau. C’est elle qui, après épouvan-
ur nous empêcher de vaincre, avoir tout fait
a cherché,
-
es Manœuvres les plus perfides, à nous par
de recueillir les fruits de la victoi empêcher
re! » |
€ l'autre côté de la barricade, le général
dendorf, lui-même, accuse la franc Lu- ,
-maçonnerie
£ d'être la cause exclusive du déchaîneme
guerre, > Un ex-maçon ne lui a-t-il nt de la
qu'il avait assisté,-en 1913, à de
pas avoué
nombreuses « te-
nues > où des plans de conflagrat ion
urent élaborés? Ce maçon aurait vaineunive ment
rselle
testé auprès du comte Bohma, Grand Maîtr pro-. :
la loge de Prusse. Mais Ludendorf ayant elancé de
28 LES ÉNIGMESDE LA GUERRE
M. Albert Lan-
e Et, ici même? — continue Maitre était,
cc temple dont le Grand
toine. Dans Pcigné, lorsque
le général
au début de la guerre, intervint dans la
Je roi Ferdinand de Bulgarie
- LES ÉNIGMES DE LA GUERRE 53
guerre’ aux Côtés de l'Allemagne, quelle fut l’at-
titude de notre loge? Elle comptait, sur ses
contrôles, un <« atelier » établi en Bulgarie : la:
loge Zarya. Elle ne douta pas un seul instant que
ses membres n’eussent approuvé la volonté per-
sonnelle du roi Ferdinand et, sans autre forme de
procès, elle la raya de ses contrôles malgré mes
amicales protestations auprès du général Peigné
à qui je dis : « Mon cher Grand Maître, vous
ne Savez pas si les maçons bulgares approuvent
la politique du Roi? » Mais non! l'outes les
uissances maçonniques .des nations, rompant
eurs attaches fraternelles, se jetèrent dans la.
mêlée en s’excommuniant réciproquement! Et la
cassure définitive vint le jour où, en 1916, les
maçons italiens préconisèrent l'intervention dans
la guerre, malgré l'opposition des socialistes de
la Péninsule. | ne
Voilà les vrais crimes de la franc-maçonnerie.
Tout le.reste n’est que légende!
L’attentat de Serajevo? |
Oui, certains des auteurs responsables appar-
tenaient à des sociétés secrètes. Et, dans le lan-
gage courant, dès qu’on dit « société secrète ».
on pense à la franc-maçonnerie! En réalité, deux
seulement des conspirateurs étaient franc-ma-
cons. rc |
Raspoutine franc-maçon? |
Autre erreur! Lui aussi faisait partie d’une
société secrète : la secte des « Khlyst » qui n’a
aucun rapport avec la franc-macônnerie.
La franc-maçonnerie à amené'le bolchevisme?
Nous n'avons pas d’ennemi plus terrible!
Sauf le fascisme. Fo ou
Tenez, voyez en quels termes la IIIe Interna-'
tionale :a excommunié la franc-maçonnerie.
Trotsky y déclara : e La franc-maçonneri
e est
une plaie sur le corps du communisme frança
Cette plaie, il faut la cautériser. Aux exhortatiois. :
ns .
06 — LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
des antagonistes de classe, la franc-maçonnerie
oppose des formules mystiques sentimentales, ct,
comme l'Église, elle les accompagne d’un rituel
de carème… La lumière? oui! Le soleil? oui! Le
_grand jour? oui mais non pasce soleil de carton
dans une loge obscure! » |
JOFFRE ET LA FRANC-MAÇONNERIE
entrevues, n’est
pas loin de partager l'avis de M.
estime que l'ouverture de ces archives ‘Poincaré. Il
crètes, à condition qu’elle soit ultra-se-
fon et esprit critique, éclaireraitfaite avec précau-
la guerre et ses
dessous. un jour nécessaire et éclaircirait bien
es mystères, + -..
s
40 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
RÉQUISITOIRE
« Cest la franc-maçonnerie
Suerre. L’attentat de Serajevo estquiun a crime
voulu la
fonnique! 3 ‘
ma-
. .
Précisant cette accusation, l’archevêq
Bordeaux, Monseigneur Andrieux, ue de
écrit dans un
Message : « C’est la franc-maçonneri e ui, d’ac-
cord avec l'Allemagne, a déterminé cet
table fléau. C’est elle qui, après épouvan-
ur nous empêcher de vaincre, avoir tout fait
a cherché,
-
es Manœuvres les plus perfides, à nous par
de recueillir les fruits de la victoi empêcher
re! » |
€ l'autre côté de la barricade, le général
dendorf, lui-même, accuse la franc Lu- ,
-maçonnerie
£ d'être la cause exclusive du déchaîneme
guerre, > Un ex-maçon ne lui a-t-il nt de la
qu'il avait assisté,-en 1913, à de
pas avoué
nombreuses « te-
nues > où des plans de conflagrat ion
urent élaborés? Ce maçon aurait vaineunive ment
rselle
testé auprès du comte Bohma, Grand Maîtr pro-. :
la loge de Prusse. Mais Ludendorf ayant elancé de
48 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
ubliquement cette accusation, fut poursuivi par
e comte Bohma et fut condamné par le tribunal
civilde Gotha à 500 marks d'amende pour dif-
famation.
%
AU SEIN DU TEMPLE
M. Albert Lan-
e Et, ici même? — continue Maitre était,
cc temple dont le Grand
toine. Dans Pcigné, lorsque
le général
au début de la guerre, intervint dans la
Je roi Ferdinand de Bulgarie
- LES ÉNIGMES DE LA GUERRE 53
guerre’ aux Côtés de l'Allemagne, quelle fut l’at-
titude de notre loge? Elle comptait, sur ses
contrôles, un <« atelier » établi en Bulgarie : la:
loge Zarya. Elle ne douta pas un seul instant que
ses membres n’eussent approuvé la volonté per-
sonnelle du roi Ferdinand et, sans autre forme de
procès, elle la raya de ses contrôles malgré mes
amicales protestations auprès du général Peigné
à qui je dis : « Mon cher Grand Maître, vous
ne Savez pas si les maçons bulgares approuvent
la politique du Roi? » Mais non! l'outes les
uissances maçonniques .des nations, rompant
eurs attaches fraternelles, se jetèrent dans la.
mêlée en s’excommuniant réciproquement! Et la
cassure définitive vint le jour où, en 1916, les
maçons italiens préconisèrent l'intervention dans
la guerre, malgré l'opposition des socialistes de
la Péninsule. | ne
Voilà les vrais crimes de la franc-maçonnerie.
Tout le.reste n’est que légende!
L’attentat de Serajevo? |
Oui, certains des auteurs responsables appar-
tenaient à des sociétés secrètes. Et, dans le lan-
gage courant, dès qu’on dit « société secrète ».
on pense à la franc-maçonnerie! En réalité, deux
seulement des conspirateurs étaient franc-ma-
cons. rc |
Raspoutine franc-maçon? |
Autre erreur! Lui aussi faisait partie d’une
société secrète : la secte des « Khlyst » qui n’a
aucun rapport avec la franc-macônnerie.
La franc-maçonnerie à amené'le bolchevisme?
Nous n'avons pas d’ennemi plus terrible!
Sauf le fascisme. Fo ou
Tenez, voyez en quels termes la IIIe Interna-'
tionale :a excommunié la franc-maçonnerie.
Trotsky y déclara : e La franc-maçonneri
e est
une plaie sur le corps du communisme frança
Cette plaie, il faut la cautériser. Aux exhortatiois. :
ns .
06 — LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
des antagonistes de classe, la franc-maçonnerie
oppose des formules mystiques sentimentales, ct,
comme l'Église, elle les accompagne d’un rituel
de carème… La lumière? oui! Le soleil? oui! Le
_grand jour? oui mais non pasce soleil de carton
dans une loge obscure! » |
JOFFRE ET LA FRANC-MAÇONNERIE
M, MANDEL, LA FRANC-MAÇONNERIE
ET L’ALSACE-LORRAINE
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entrevues, n’est
pas loin de partager l'avis de M.
estime que l'ouverture de ces archives ‘Poincaré. Il
crètes, à condition qu’elle soit ultra-se-
fon et esprit critique, éclaireraitfaite avec précau-
la guerre et ses
dessous. un jour nécessaire et éclaircirait bien
es mystères, + -..
s
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE 63
Quant à M. Paléologue, avec mille regrets, il
s’est excusé de ne ouvoir, étant lié par le secret
professionnel, m’aider de sa haute compétence
dans lé déchiffrement, a posteriori, des Travaux
Réservés et la prospection du secteur le plus $e-
cret de cette guerre des ‘ondes : les Verts.
\ s
© MISSION EN ESPAGNE
Le 11 octobre 1916, M. Poincaré adressa à
Charles Humbert cette convocation :
«<-Mon cher sénateur et ami : je serais heureu
102 ——_— LES ÉNIGMES DE.LA GUERRE
LE CHIFFRE RUSSE.
I n’y eut qu'un autre Etat en guerre pour
avoir été aussi insuffisant en cette matière essen-
tielle : c’est la Russie. Les Russes commirent
les fautes exactement identiques à celles des Al-
lemands.. _ = °
« Le parallélisme est frappant — note M. Gyl-
den — avec cette différence que les fautes russes
furent infiniment plus nombreuses et plus
graves! Les stations de T.S.F. étant centrées en :
campagne avec l’organisation la plus défectueuse,
pendant les premières semaines de la guerre, les
. Stations russes radiographiaient en langage clair.
De nombreux ordres d'opérations furent captés
par les Allemands dont deux télégrammes extré-
mement importants peu avant la bataille de Tan-
nenberg. » : - - |
Le général autrichien Max Ronge, qui était
chef du service de renseignements du G.O.G.
autrichien et de l’'Evidenz Bureau, écrit : e Une -
Source vraiment incalculable de renseignements
s’offrit à nous par la radiotélégraphie russe qui
fut utilisée aussi imprudemment que celle
Allemands sur le front français au début de des
guerre, » la
- |: Lo
Le service officiel des archives allemandes fait
la mênie constatation : « Nous étions extraordi-
nairement bien renseignés sur les dispositifs
des
Russes. Depuis Tannenbersg, ils ne transmettaient
plus que des télégrammes chiffrés, mais le pro-
fesseur et interprète Deubner était parvenu, de
même que l’état-maior général aütrichien,
et au
prix d’incessants efforts, à décrypter les
clefs
russes. En conséquence, les radios russes, tant
qu'ils purent être captés, n’avaient plus de
crets pour les hauts commandements allemands se-
_
' -
76 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
et autrichiens. Des interruptions, pour la plupart
courtes, n’eurcnt lieu que lorsque les Russes
changèrent de clef. jusqu’à ce que la nouvelle
clef ait été décryptée. » ‘ "
L'opinion du général Ronge mérite également
d'être reproduite : « Les Russes agirent exacte-
ment comme si nous ne disposions pas d’appa-
reils' similaires ni ne pouvions nous adapter à
leurs longueurs d’ondes. Nous n'utilisions nos
stations de T.S.F, que bien plus rarement et très
prudemment pour des transmissions d’ordres :
par contre nous les utilisions grandement pour
l'écoute. Quelle joie lorsque télégrammes sur té-
légrammes nous parvinrent en langage clair!
Quelle joie plus grande encore, lorsque des mots
isolés apparurent chiffrés! Mes décrypteurs exer-
cés se jetèrent avec passion sur ces énigmes.
Beaucoup de passages chiffrés se révélèrent par
le sens des messages,.d’autres, par comparaison
‘avec la retransmission des mêmes télégrammes
en Tangage clair à d’autres stations, d’autres en-
core par les réponses en clair aux télégrammes.
ÎIl'arriva que des rapports détaillés, compre-
nant l’ensemble des dispositifs russes depuis la
Baltique jusqu’à la Mer Noire, furent captés, ct
que l'importance des renseignements provenant
de cette source fut plus grande encore au cours
de l'avance en Pologne qu’au cours des grandes
bataïlles en Prusse orientale. On reste stunéfait:
devant les immenses conséquences, perpétuées
tout au long de la guerre, qui proviennent de Ia
faillite complète du Chiffre russe comme de celle,
presque aussi complète, de la T.S.E.» .
- Le général Dupont mentionne l'importance
extrême attachée par le général Ludendorff aux
rapports fournaliers des décryptements de radios
russes : des décisions très importantes prises par
le maréchal Hindenburg, notamment la retraite
vers Ja Silésie après l'avance en Pologne, furent
s
108 ———- LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
MANUS
Manus! Voilà le chaînon!
M. Paléologue, dans le livre qu’il vient de pu-
blier, et qui est consacré à Alexandra Fedeo-
rovna, écrit :! : ‘
< Nécessairement, j'avais organisé autour de
Raspoutine’ un service de surveillance et d’in-
formation : je crois pouvoir dire que j'étais
bien renseigné sur ses faits et gestes: or, jamais
on ne m'a signalé qu’il ait, d’une manière quel-
— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE — 115
conque, poussé l’empereur à négocier sous main
avec les puissances germaniques une paix sé-
parée. : -
æ Je ne le considérais donc pas comme un
agent de l'Allemagne au sens exact du mot, c’est-
à-dire comme un'espion de l'Allemagne, comme
un intermédiaire et un porte-parole de l’Alle-
magne, Cela dit, je ne doute pas que, par des
“intermédiaires, l'Allemagne se soit ‘beaucoup
servi de lui pour se renseigner sur les secrets
de la stratégie et de diplomatie russes. L’un de
ces intermédiaires, le banquier juif Manus,
n’était bien connu. Chaque semaine, il offrait un
diner au starctz, qui rencontrait là des généraux, :
des aïdes-de-camp de l'empereur, des hauts fonc-
tionnaires et, naturellement, aussi quelques jolies
femmes complaisantes. On .buvait, toute la nuit.
Echauffé par le vin, Raspoutine bavardait, pé-
rorait intarissablement. Alors, tout ce qu'il avait :
appris dans ses conversations avec les souve-
rains, tout ce qu’ils Iui avaient confié ou qu'il
avait surpris de leurs opinions, de leurs projets,
de leurs espoirs, de leurs inquiétudes, il déba-
goulait tout cela, en son langage pittoresque!
Et, le lendemain, un rapport circonstancié par-
lait pour Stockholm, d'où le ministre d’Âlle-
magne le transmettait à Berlin. » Un
. Cest de l’impératrice elle-même que Raspou-
tine tenait les renseignements _les plus confi-
dentiels. , |
Nous n’en connaissons la nature et l'impor-
tance que depuis la publication des lettres adres-
sées, pendant la guerre par l'impératrice à l'em-
pereur ct que nous allons analyser, |
116 ———— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
EN ESPAGNE
‘ L’interception et le déchiffrement des radios
échangés entre l'Allemagne et les neutres était,
pour nous, particulièrement importante et. dé-
licate. -. n
Comment ces communications secrètes étaient-
elles, techniquement, organisées? Avec l'Espagne,
par les lignes Kænigwushausen-Aranjuez et Kœ-
nigwusterhausen-Carabancel, d’une part, et par
les lignes Pola-Barcelone ct Vienne-Barcelone,
- d'autre part. - :
Avec les Etats-Unis, par les lignes Nauen-Say-
ville et Hanovre-Tuckerton : elles furent, natu-
rellement, interrompues quand les Etats-Unis se
: rangèrent à nos côtés contre l'Allemagne.
Avecla Grèce par la ligne Sofia-Athènes.
Ces communications furent toujours très acti-
-ves. Leur interception exigea une organisation
spéciale pour être aussi complète que possible
à l'abri de toute perturbation atmosphérique. et
Les centres d'écoute furent, donc, placés
de nos grandes stations émettrices pour loin
pas gènés par elles. Ils furent, de plus, n'être
Sur tout répartis
le territoire, dans des régions assez
gnées l’une de l’autre pour n'être éloi- |
pas affectées,
en même temps, par des perturbations
Deux écoutes au moins, furent affectées locales.
communication. Elles furent pourvues à chaque
tallations -les plus sensibles et les des ins-
tionnées pour pouvoir recevoir les plus perfec-
plus faibles et enregistrer les émissionssignaux les
rapides. les plus
Se Lt LT
C’est surtout avec l'Espagne que
bataille des ondes secrètes. Les trois fut active la
dirigeant les nombreux agents allemands personnages
en Espagne étaient l'ambassadeur opérant
Prince Rati-
86 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
bor, l’attaché militaire von Kallé, et l’attaché
. naval, capitaine de corvette-von Krohn, qui fut
remplacé par l’enscigne Steffan lorsqu'ilse fût
* par trop compromis avec Mme Marthe Richard.
Îs avaient des intelligences dans tous les milieux
de la péninsule, depuis les aventuriers à tout
faire et les mercantis à tout vendre, jusqu’à cer-
tains personnages occüpant de hautes situations
dans la politique ou la finance. ‘
. L'Espagne fut le plus important théâtre d’opé-
rations pour les agents allemands.”"Ils y évo-
luaient presque ouvertement. Ils avaient organisé
des centres de renseignements sur.les points les
plus intéressants de Îa-côte. Leurs informateurs .
envoyaient chaque jour, par téléphone ou par
télésramme, les iridications les: plus complètes
sur les mouvements des navires alliés ou neutres.”
Maïs, heureusement pour nous, ces renscigne-
ments précieux ne pouvaient être transmis à
“Berlin que par T.S.F. : notre service d’écoute les
interceptait intégralement, et, même, plus cor-
rectement que le service destinataire allemand
. qui était plus éloigné et dans de moins bonnes
conditions de réception! ee .
Les radios transmis de Madrid à Berlin com-
-prenaïent aussi les câblogrammes provenant des
onctionnaires et agents allemands de l'Amérique
du Sud, et cette retransmission nous dévoila des
entreprises de grande envergure organisées con-
tre les Etats-Unis, par des agents installés au
Mexique, contre les Indes, le Japon et le Transsi-
bérien par des agents opérant en Chine.
L'activité allemande ne manquait pas de
s’exercer dans notre Afrique du Nord. Elle se
manifesta surtout au Maroc par des envois
d'armes et d'argent qui, bien que surveillés par
nos croisières, parvinrent toujours à destination.
L’ancien sultan Abdul Hamid, qui résidait en
Espagne, sollicité de se rendre au Maroc pour
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE 87
. L ‘
soulever ses partisans contre nous, se déroba au
dernier moment. Mais Abd, Malek ct Raïssouli,
largement subventionnés, entretinrent, dans le
Maroc espagnol, une agitation qui inquiéta quel-
.quefois sérieusement le résident général, |
Une expédition hardie fut même tentée dans
‘le Sous pour amener au prétendant El Hiba des
armes et des instructeurs transportés par un.
sous-marin : cette expédition échoua lamentable-
ment, et son chef, Proebster, fut, ensuite, empri-
sonné en Espagne. | |
IL y avait, même, en Espagne, quelques Turcs
sur lesquels les Allemands comptaient pour agir
sur leurs correligionnaires musulmans du Maroc
et d'Algérie. L'un d’eux fit partie de l'expédition
de Proebster dans le Sous. Ils ne semblent pas
avoir donné beaucoup de satisfaction à leurs em- :
ployeurs, qu'ils fatiguèrent et indisposèrent par
leurs continuelles demandes de subsides pécu-
niaires. Lo
— Je regrette, personnellement — conclut, sur
ce point, le général Cartier — que la publication
de cette correspondance soit, encore aujourd’hui,
interdite. Etalte au grand jour, elle édifierait le
monde sur certains procédés allemands et sur les
concours qu'ils avaient pu acheter chez nous.
. et ailleurs!
< D'autant plus — ajouta l’éminent techni-
cien — que le « danger » d’une telle publication
est, à mon avis, atténué par le fait que des indis-
crétions ont — dès le début de la guerre — ré-
vélé, en partie, à nos adversaires, que nous con-
naïissions le secret de leurs chiffres.
NICOLAS LIMOGÉ -
Indulgent pour les fautes du-traître Soukhom-
linov, Notre Ami est impitoyable pour le chef
suprême de l'armée russe : le grand-duc Nicolas,
et, par l'entremise de l'Ensoleillée, il va peu
peu miner € Nicolacha », comme ils Pappellent
dans l'intimité. | | -
Dès septembre 1914, elle écrit au tzar : « Nico-
lacha est loin d’être intelligent : il est obstiné et
les autres le mènent, Dieu veuille que je me
trompeet que ce choix soit heureux!.… Grigori
. t'aime jalousement et ne supporte pas que Na-
tatcha joue un rôle quelconque. »
Plus loin, elle répète que Nicolacha est loin
d'être intelligent. Pourquoi? Parce qu’il s’est
dressé contre l’Homme de Dieu; aussi ses œu-
vres ne peuvent pas être bénies et ses actes ne
peuvent pas Être justes. >
inalement, Notre Ami eut la pea Nuiat-
cha. On sait que cet événement _P dont A aa
caré redouta les conséquences — eut des “réper-
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE ——— 195
—ADMIRATION DE L’ALLEMAGNE
7
94 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
ee
LE PRINCE SIXTE DE BOURBON
A-T-IL VOULU -
RENVERSER LA REPUBLIQUE ?
Et je continuai : .
vieux-
— Si, par la volonté du seul Ribot e le les
Monsieur-qui-avait-vu-70 >», furent rompucs
entre Paris et Vienne, en
négociations nouées Roi et de
lcine guerre, par l'intermédiaire du— parce que
a Reine des Belges, c’est — dit-on mode, eut
Ribot, vieux républicain de l'ancienne
peur... .
« Il eut peur pour la République! oo
.e La République, c'était la guerre... :
e Lt la monarchie— sous la forme de deux
: Sixte et Xaviet, à qui la France avait
Princes et
refusé l'honneur de combattre dans ses rangs
aurait
belge,
qui s'étaient engagés dans l'armée temps
apporté à Ja République, en même que la
paix, PAlsace-Lorraine?
« Le vieil idéologue consulta, dans son désar-
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE —— 143 -
:
rant de Allemagne — offre que Denvignes
\
consigna sur des papiers secrets, perdus dans un
taxi et trouvés, place de l'Opéra, par Florelle,
l'interprète de l'Opéra de Quatré-Sous!
& Et Ia franc-maçonnerie française aurait,
elle-même, alerté sa sœur latine : Ia maçonnerie
italienne, véritable instigatrice de l'entrée de-
l'Italie aux côtés de l’'Ententel! | Le
& Et le « juif Sydney > Sonnino aurait, par
crainte, opposé à la Conférence de Saint-Jean-de-
Maurienne son veto formel à la paix séparée au-
trichienne! - :
+
*+
QUESTIONS D'ARGENT
MANUS
Manus! Voilà le chaînon!
M. Paléologue, dans le livre qu’il vient de pu-
blier, et qui est consacré à Alexandra Fedeo-
rovna, écrit :! : ‘
< Nécessairement, j'avais organisé autour de
Raspoutine’ un service de surveillance et d’in-
formation : je crois pouvoir dire que j'étais
bien renseigné sur ses faits et gestes: or, jamais
on ne m'a signalé qu’il ait, d’une manière quel-
— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE — 115
conque, poussé l’empereur à négocier sous main
avec les puissances germaniques une paix sé-
parée. : -
æ Je ne le considérais donc pas comme un
agent de l'Allemagne au sens exact du mot, c’est-
à-dire comme un'espion de l'Allemagne, comme
un intermédiaire et un porte-parole de l’Alle-
magne, Cela dit, je ne doute pas que, par des
“intermédiaires, l'Allemagne se soit ‘beaucoup
servi de lui pour se renseigner sur les secrets
de la stratégie et de diplomatie russes. L’un de
ces intermédiaires, le banquier juif Manus,
n’était bien connu. Chaque semaine, il offrait un
diner au starctz, qui rencontrait là des généraux, :
des aïdes-de-camp de l'empereur, des hauts fonc-
tionnaires et, naturellement, aussi quelques jolies
femmes complaisantes. On .buvait, toute la nuit.
Echauffé par le vin, Raspoutine bavardait, pé-
rorait intarissablement. Alors, tout ce qu'il avait :
appris dans ses conversations avec les souve-
rains, tout ce qu’ils Iui avaient confié ou qu'il
avait surpris de leurs opinions, de leurs projets,
de leurs espoirs, de leurs inquiétudes, il déba-
goulait tout cela, en son langage pittoresque!
Et, le lendemain, un rapport circonstancié par-
lait pour Stockholm, d'où le ministre d’Âlle-
magne le transmettait à Berlin. » Un
. Cest de l’impératrice elle-même que Raspou-
tine tenait les renseignements _les plus confi-
dentiels. , |
Nous n’en connaissons la nature et l'impor-
tance que depuis la publication des lettres adres-
sées, pendant la guerre par l'impératrice à l'em-
pereur ct que nous allons analyser, |
116 ———— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
4
étaient en faute, ont été cassés par Joffre et rem-
placés par d’autres. L’un d’eux avait dans sa
poche six lettres non décachetées du comman-
dant en chef French. L'autre, à un appel de
secours, fit répondre que ses chevaux étaient tro
fatigués. Maintenant, c’est déjà de l’histoire, mais
qui à coûté la vie et la liberté à beaucoup de bons
officiers “et soldats! Par bonheur, on a réussi a
cacher cela, et très peu savent ce qui s’est passé. »
Lorsque les aviateurs français se mirent à jeter
des bombes: sur Carlarhue, elle en reçoit par
Daisv ces informations : -
& Les Français se sont mis à jeter des‘ bombes
sur le Palais, et, tous, à cinq heures du matin,
ont couru dans les caves. Comme c’est triste que
ce soit juste sur le Palais, et, après, ce sera le
tour de Mayence, du bon vieux musée : chaque _
contrée aura son tour! »- | .
Après la première attaque allemande par les
gaz, Ernie, son frère, lui fait part de son senti-
ment de révolte, mais il dit qu’au début de
Sep-
tembre 1914, quand il s’est trauvé près de Reims
< les Anglais ont employé des gaz ». ,
Voici comment elle commente
de septembre 1915 : « Dieu soitnotre offensive
loué! .Voilà
Maintenant que les Français commencent
vailler! > Et elle répète, le lendemain à tra-.
: « Dieu
x
118 —— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE —
PAUVRE TINOÏ
La nièce de l’impératrice, Alice, femme du
rince André de Grèce, née princesse de Batten-
erg, lui écrit qu’on aime les Anglais à Salo-
nique; les officiers sont courtois, les hommes sc
conduisent. bien. « Avec les Français, je le re-
grette, elle dit qu’il en va tout autremént! Dans
‘une petite ville, ilsse sont conduits, avec les
‘femmes d’une façon aussi ignoble que les Alle-
mands en Belgique! Leurs officiers, à Salonique
— à commencer par le général — sont grossiers
- et insolents même avec André (prince André de
Grèce). > ‘ ‘ |
Et elle se met à faire le siège du faible « Petit
garçon bleu >» pour qu’il intervienne, en Grèce,
en faveur de ce pauvre Tino. ‘ . ‘
« Je ne puis comprendre ce que signifie cet
ultimatum à la Grèce : sûrement les Anglais ct
Jles Français sont derrière! À mon simple esprit,
cela parait injuste et criminel. Je ne puis me re-
présenter comment Tino sortira de cette pénible
situation. » . | .
Elle reçoit un «e charmant télégramme >» de
Tino. Lo .
e Moi aussi, je lui ai écrit : Nickÿ (le prince
royal de Grèce) me l’a demandé. »
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE —— 119
“x
NICOLAS LIMOGÉ -
Indulgent pour les fautes du-traître Soukhom-
linov, Notre Ami est impitoyable pour le chef
suprême de l'armée russe : le grand-duc Nicolas,
et, par l'entremise de l'Ensoleillée, il va peu
peu miner € Nicolacha », comme ils Pappellent
dans l'intimité. | | -
Dès septembre 1914, elle écrit au tzar : « Nico-
lacha est loin d’être intelligent : il est obstiné et
les autres le mènent, Dieu veuille que je me
trompeet que ce choix soit heureux!.… Grigori
. t'aime jalousement et ne supporte pas que Na-
tatcha joue un rôle quelconque. »
Plus loin, elle répète que Nicolacha est loin
d'être intelligent. Pourquoi? Parce qu’il s’est
dressé contre l’Homme de Dieu; aussi ses œu-
vres ne peuvent pas être bénies et ses actes ne
peuvent pas Être justes. >
inalement, Notre Ami eut la pea Nuiat-
cha. On sait que cet événement _P dont A aa
caré redouta les conséquences — eut des “réper-
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE ——— 195
—ADMIRATION DE L’ALLEMAGNE
| PAIX SÉPARÉE
Arrêter la boucherie! Peut-être avait-elle rai-
son. Mais comment? | . ”
Par une paix séparée. L'idée en germa à plu-
sieurs reprises dans les cercles impériaux de
Pétrograd-inspirés par Notre Ami. .
Il ÿ eut, d’abord, l'affaire Protopopov. Proto-'
popov, protecteur de l’Impératrice et de Raspou-
tine, député, un des leaders du bloc progressiste,
7 se rendit, dans l'automne de 1916, à Stockholm
où, par l'intermédiaire de Niklioudov, ambassa-
deur de Russie en Suède, il entra en conversation
avec le diplomate allemand Warburg. Il est éta-
bli, d’ailleurs, que Protopopov avait partie liée
avec Raspoutine et Sturmer et que c’est Ras-
poutine qui l’introduisit auprès de l’Impératrice. -
l'entra vite en faveur : il avait avec l’Impéra-
trice des points communs : c'était un m stique,
il s’adonnait à la nécromancic et souffrait de
troubles nerveux, indice d’une aralysie générale.
Le 5 octobre 1916, M. Palédlogue fut informé
par un haut fonctionnaire de la Cour que Stur-
mer, Raspoutine, et Protopopoy n'avaient,
par
eux-mêmes, qu'une importance secondaire.
Ils
n'étaient que « de simples instruments entre les
mains d'un syndicat anonyme peu nombreux, .
mais très puissant qui exigeait la paix par peur
de la révolution. » Par Sturmer et par Raspou-
line, ce syndicat tenait l’Impératrice, et, par lIm- -
pératrice, l'Empereur. >
Et voilà à quelles mains était confié le sort
la Russie! .A Raspoutine, thaumathurge de
tique! A Protopopov, politicien, névropathe!mys-
à Alexandra Fedeorovna, une mystique Et
quée’ Niklioudov, ambassadeur ‘de détra- |
Russie en
uède, a raconté, pour se disculper, son rôle
9
130 — LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
dans l'affaire Protopopov : « Il faisait partie
d’une délégation de la Douma et il vint me dire :
« Monsieur le Ministre, je dois vous prévenir que, .
chez les Polok, j'aurai une très intéressante con-
versation avec un Allemand, un riche négociant
de Hambourg. » — « Mais, monsieur Protopopov
: — Jui répondis-je — je puis vous dire tout de
suite ce que vous raconiera.ce négociant alle-
mand : il déplorera la guerre, insinucra qu'avec
quelques petites concessions de notre part, la
. paix pourrait survenir. > — « Oui, mais n'est-ce
pas intéressant, monsieur le Ministre,de savoir
ce que pense un Allemand bien placé? >
. — Je fus choqué de son insistance — note
Niklioudov — mais je ne pouvais m’opposer à
ce qu’il entrât en conversation avec Warburg,
fils du célèbre Warburg de Hambourg, attaché à ”
la Légation allemande de Stockholm. > Certains
prétendent que l’entrevue fut suscitée par le mi:
nistre d'Allemagne à Stockholm, von Lucius, qui
délégua, à sa place, son conseiller de légation
“Warburg.
. Prolopopov, par contre, pour se dégager, sou-
tint que lentrevue eut lieu, non pas malgré
Niklioukov, mais sur sa persistante insistance.
Niklioukov protesta ct offrit sa démission, mais
ce ne fut qu’un geste et il resta en fonctions.
. L'affaire éclata à la Douma, dénoncée par Mi-
lioukov dans un discours qui fut interdit
par la
Censure parce qu’il met directement en cause
l'Impératrice,et où il demanda-: « Est-ce que
vous avez agi par sottise,ou par trahison? »
.Le Gouvernement russe ne trouva, pour ainsi
dire, pas de défenseurs à la Douma. Il interdit
la reproduction des discours qui y furent pro-
,
L’AFFAIRE VASSILTCHKOVA |
L'affaire Vassiltchkova touche de plus près
.
encore l’Impératrice elle-même puisque c’ést sa
Propre dame d'honneur : la princesse Vas-
Silichkova, qu’elle appelle dans l’intimité Masha,
qui, demeurée en Autriche, sert d’intermédiaire
entre Guillaume Il'et Nicolas IL en vue d’une
tentative de paix séparée.
Le 9 mars 1915, la Tzarine écrit de Tsarskoïe
Selo à son doux ange :: . ci
,< Je joins à ma Ietire une lettre de Masha
(d'Autriche). On-l'a priée de t’écrire dans l'in-
térêt de la paix... Je ne sais s’il te convient qu’elle
l'écrive, mais je ne puis refuser'si elle me
demande. C’est mieux qu’elle l'envoie ainsi quele
par les domestiques. >» ©
- M. Maurice Paléologue, ambassadeur
Franc e,
de
secrètement prévenu, avertit le
d'Orsay Quai
par son télégramme chiffré N° 1,568
€ L’Impératrice fait lentement le siège du :
Tzar. >»
La lettre que Masha faisait parvenir,
grâce à
la complicité de l’Impératrice, au Tzar, venai
Klein Wartenstein Œutriche), Nous ne t de
naissons que depuis la publication, par la con-
cheviks, des documents diplomatiques les bol-
russes conservés à Pétrograd dans secrets .
du Ministère des Affaires étrangères, les archives
- : En voici quelques extraits :
& En cette triste époque, je suis,
semble, la seule Russe ayant accèsà ceauprè qu'il me
-Vous, Majesté, et se trouvant en pays s de
au Surplus, ennemi;
comme la famillede
Skoropadsky passe l'été ici, et commemon neveu
il y a eu.
132 ——— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
des dénonciations anonymes que je cache chez
: moi des espions russes — je suis ici prisonnière,
c’est-à-dire que je n'ose pas quitter mon jardin,
et c'est chez moi que sont-venues me voir trois
personnes : deux Allemands et un Autrichien —
tous les trois hommes influents qui m'ont prié
de demander à Votre Majesté si « à présent que
tout le monde est convaincu de l’héroïsme des
Russes et que la position de tous les combattants
est à peu près égale, vous, Sire, ne voudriez pas
être non seulementle Tzar d’une armée victo-
rieuse maïs encorele Tzar de la paix. C’est vous
qui, le premier, avez eu l’idée de la paix inter-
nationale et c’est sur l'initiative de Votre Ma-
jesté qu’un Congrès de la Paix fut appelé à La
Haye. Il suffit maintenant d’une seule parole
. puissante prononcée par vous et les fleuves, les
euves de sang, arréteront leur horrible cours.
Ni ici, en Autriche, ni en Allemagne, il n’ya la
moindre haine pour la Russie, pour les Russes:
‘. en Prusse, l'Empereur, l’armée, la flotte recon-
naissent l’héroïsme ct les qualités de notre
armée; dans ces deux pays, il y a un parti impor-
tant qui est pour la paix solide avec la Russie.
Tout périt maintenant, les hommes érissent, la
richesse du pays périt, le commerce, le bien-être,
-t après, c’est la terrible race jaune : contre elle,
ilnya qu'un seul rempart, c’est la Russie. La.
Russie qui vous a à sa tête, Sire! Une seule pa-
role, et, à vos nombreuses couronnes, vous
ajouterez la couronne de l'immortalité. »
« J'ai été stupéfaite quand on m'a exprimé
tout cela. A l’observation que je fis : « Qu’y puis-
je? s'il me fut répondu : « À: présent, il est
impossible d’agir par la voie diplomatique. Faites
|
donc connaître notre conversation au Tzar russe,
et il suffira alors que le plus fort des potentats
prononce, sans avoir été vaincu, une
arole, et
certainement tous iront au-devant de ui, > J'ai
LES ÉNIGMES
DE LA GUERRE — 1859
Manifestement, M. Bouchardon,
agisirat, en très habile
cherche à détourner mon attention.
INTERVIEW DE M. MORNNET
5 la,
PA
n
- T7: ‘ :. A VINCENNES
-* Qu'est devenule corps de Mata-Hari?
Elle est, la-bas, à Vincennes, au Nouveau Ci-
metière, pas très loin de la Caponnière où elle
est morte. | -
Le peloton d’exécution est composé de zouaves..
. L'un d’eux, tin jeune « bleu » de vingt ans,
tombe; soudain, évanoui sur le sol. Les onze
autres l’ajustent. Mata-Hari refuse de se laisser
bander les yeux. Elle regarde ses exécuteurs dans .
le blanc des yeux. . :
. Au moment mênie où le sous-officier com-
mandant le peloton lève le sabre et s’écrie : « En .
joue! >» elle agite la main dans un dernier geste
‘LES ÉNIGMES .DE LA GUERRE —— 199
d'adieu vers l'aumônier, vers la supérieure de:
Saint-Lazare, et vers son vieil avocat!
Est-ce ce geste féminin
hommes du peloton? Un fait qui cxtr
intimida les
produisit, Les soldats, qu n'étaient aord inaire se
de, Mata-Hari, manquèrent,
qu’à dix pas
presque tous, Jeur
ut.
Volontairement? On ne le
Cas, sur les onze balies, trois croit
seul
pas. En tout
gnirent, et une seule traversa emen t Vattei-
balle-là qui détermina la mort le decœur. C’est cette
Mata-Hari..
Si cette balle n'avait pas atteint
aurait son but, il
fallu reco mmencer l'exécution!
tomba, la tête inclinée sur la poitrine. Elle
Alors, on vit le spectacle le ‘
qui soit. Devant son corps, dans Îaplus pathétique
boue, les reli-
gicuses et l’aumônicer se prosternèren
quant Dieu! t en invo- |
. | /
*
**
: Je demande au conservateur
du Nouveau Ci-
metière de Vincennes : ‘
— Où est-elle? .
| :
t avec son impassibilité professionne
— lle : _
Là! Elle a été jetée dans cette fosse
Mune, aussitôt après l'exécution. com-
Gertrude Zelle dort sous cette herb Marguerite- .
temps que quatorze autres espions. e, en même :
— Mais — insistai-je— il n’y a pas de US
Il n’y a pas d'in croix?
dication? - :
à
— C’est défendu! L’annéc dernière
glais sont venus ct ont manifest , des An-
d'édifier un monument commémor é l'intention .
atif, mais on
leur a refusé l'autorisation. C’est
défendu! ? répéta énergiquementledéfe ndu! C’est
Gard
Morts... ien des
Fo
POURQUOI LEON DAUDET
© FUT-IL ARRETE ?
* _IMPRUDENCES
COMMENT LA . REPUBLIQUE
CHARGEA D’UNE MISSION SECRETE
L’HERITIER DU TRONE DE FRANCE
É Re
QUESTIONS D'ARGENT
L 7 7 : . . MT
-L'ENVOYÉ DE DELCASSÉ
‘+... ÉT. DE LA FAMILLE D'ORLÉANS
. Le 28 janvier 1915, M. Savinsky, ambassadeur
de Russie à Sofia, adressa au ministre des Af-
faires étrangères en Russie un télégramme chiffré
où, pour la première fois, il mentionnait l’ar- .
rivée imminente du duc de Guise. :
+ Rodoslavov, président du Conseil bulgare,
m'a dit que le Roï n’était décidé à rien et préfé-
rait attendre un peu. À l'observation que je lui
fis qu’il y avait déjà beaucoup de temps de perdu
. sans cela et que, retarder encore, c’est-à-dire em-
pêcher notre travail de rapprochement entre les
erbes ct les Bulgares, serait nuisible aux inté--
rêts mêmesde la Bulgarie, Radoslavov m'’ex-
prima (comme étant sa pensée à lui et me .de-
LES ÉNIGMES DE LA GUERRE — 153
INTER POCULA -
Peu de temps après la visite du duc de Guise,
l’attaché militaire de la Légation turque de Sofia
— Kemal Pacha — se laissa aller à boire, plus
que de raison, à un dîner offert par Mme Suliane
Pétrow, épouse de l’ancien Président du Conseil
bulgare. . -
e Si vous entrez en guerre à nos côtés — pro-
posa Kemal. Pacha au général Pétrow — vous
aurez Andrinople et Tchaltadja! Et vous aurez
aussi. Constantinople! >» à
À ce moment, son chef, Fethy Bey, ministre de
Turquie, lui imposa violemment silence et l'in-
-vita à-aller cuver, ailleurs, son vin.
"
ce
ÿ
rurgique des deux côtés de la frontière franco-
allemande. Œtant ‘donné lapprovisionnement
insuffisant de notre artillerie ct de nos munitions,
la guerre eût été décidée en peu de mois, à notre
désavantage. » . | -
*
+r
*k
. [ 4
LE MYSTÈREDU RADIO
On sait, aujourd'hui, que. si Mata-Hari fut
arrêtée en Espagne, c’est parce que le comman-
dant Ladoux lui a tendu un piège. Ayant de forts
soupçons sur elle, il fit semblant de la charger
d'une mission en Suisse, et, de là, en Allemagne.
Mais il réussit à la convainere que le plus sûr
chemin, pour elle, était. de passer par l'Espagne.
Pourquoi? Parce que notre service du Chiffre
avait découvert le code secret des correspon-
dances échangées, par radio, entre Berlin-ct le
chef du contre-espionnage allemand en Espagne :
Von Kallé. ‘-
. < Très certainement — se dit Ladoux — elle
ira, Si clle est au service de l'Allemagne, dès son
arrivée à Madrid, voir Von Kallé qui recevra,à
son sujet, des instructions. >
Ce n'était pas mal raisonné puisque les faits
180 — LES. ÉNIGMES DE LA GUERRE
©7379 2-84
182
4 —_ LES ÉNIGMES DE LA GUERRE ——
Manifestement, M. Bouchardon,
agisirat, en très habile
cherche à détourner mon attention.
INTERVIEW DE M. MORNNET
NATACHAINE EX HELGIQUI
née de ou fu tite
irinande, fluseurs d'entre eux datent,
Sterne, Pile sénctrant, griee Leur,
eiiert à la prison SuintGites 4 élan
‘ tés Lolites et fraricais, fie
7 196 - LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
se présentait à ces malheureux comme étant, elle-
même, une victime des Allemands. Elle entrail
dans leur cellule où elle jouait le rôle de « motte
. ton ». Ensuite, elle venait près de moi pour m'in-
* viter à lui communiquer des renseignements.
.,.+ Dites-moi ce qu'ils ont fait, insinuait-clle
J’interviendrai aupres de mes amis Allemands! .
Mais je me méfiais terriblement d'elle! Je »
lui répondais pas, : ne
— Vous a“t-elle dit qu’elle était attachée
2° Bureau français? au
. .
— Oui. Mais, malgré cela, je me tenais
défensive. sur la
Elle avait une façon de croiser
jambes! lex
Et puis, elle était trop familière avec
Behrens, le célèbre banquier de Hambo
était chef de détention à da prison Saint-urs qui
— Avez-vous eu la preuve de sa trahiso Gills)
melle? n for.
:
. — Le commandant Ladoux, au
avait donné les noms de six agents départ, Jui
‘auxquels elle devait rendre visite,
en Belgique
et dont cine
étaient suspects au 2° Bureau,
car ils ne lui don.
naient que des renseignements
trouvés. Le sixième était un agenterronés OÙ ccn-
lant, à la fois, pour la France etdouble travail.
pour l'All
magne. Or, quinze jours après son départ,
double fut l'asent
fusillé par les Allemands : jes cin}
autres ne furent Päs inquiétés.
Comme
Hari était seule à connaitre leurs noms, Matae
trés vraisemblable que c’est i] et
les Allemands. Elle donnait, elle qui a renscisn£
reau, deux autres certitudes de ce fait, au à à.
cinq agents non inquiétés : la Première, que les
au service de l’Allemagne, étaient exclusivemen!
sixième, qui donnait et la SCconde, que
de faux renscignemont le
. Ja France, trompait ésalem ent l'Allemagne 3
d’une tierce uissance dNea
qu’il était au service
cn eûmes
bientôt 1a preuve Par lntell
vice qui informa le 2 e Bureau igence Ses.
qu'une
, to espionne
DIN ÉNICUIA pi ta cn in
ietsnde du nets de Matallars avait brûlé
culs tédentaires en Bcliique. un
J'ai loufeurs eu l'idée que c'est clle
a até 4 PAlemasne Franck qui
et Hachkclinana, fu
tft 4 Anve rs, pas Je n'en al jamais
j'en
eu la
N'étetaotn pas fatersenu dans J'affaire
Cas)? deinandaiie, OUT
racine en Jui désienan Âerininer, À
t hi tour con pore
it Léatant en donne place
eur un mur, au ante
tr fous des Pilies el Fran
cais fueittés
Non pus ditecteinent, grais Ji
Attente centnbué
Jéietute, On n dit qu'un eold
rise fs een a
de Purnler auss
AN ir tefuté de Lireg eur Miea iCancété fuullé
MUC tit aurait té
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- T7: ‘ :. A VINCENNES
-* Qu'est devenule corps de Mata-Hari?
Elle est, la-bas, à Vincennes, au Nouveau Ci-
metière, pas très loin de la Caponnière où elle
est morte. | -
Le peloton d’exécution est composé de zouaves..
. L'un d’eux, tin jeune « bleu » de vingt ans,
tombe; soudain, évanoui sur le sol. Les onze
autres l’ajustent. Mata-Hari refuse de se laisser
bander les yeux. Elle regarde ses exécuteurs dans .
le blanc des yeux. . :
. Au moment mênie où le sous-officier com-
mandant le peloton lève le sabre et s’écrie : « En .
joue! >» elle agite la main dans un dernier geste
‘LES ÉNIGMES .DE LA GUERRE —— 199
d'adieu vers l'aumônier, vers la supérieure de:
Saint-Lazare, et vers son vieil avocat!
Est-ce ce geste féminin
hommes du peloton? Un fait qui cxtr
intimida les
produisit, Les soldats, qu n'étaient aord inaire se
de, Mata-Hari, manquèrent,
qu’à dix pas
presque tous, Jeur
ut.
Volontairement? On ne le
Cas, sur les onze balies, trois croit
seul
pas. En tout
gnirent, et une seule traversa emen t Vattei-
balle-là qui détermina la mort le decœur. C’est cette
Mata-Hari..
Si cette balle n'avait pas atteint
aurait son but, il
fallu reco mmencer l'exécution!
tomba, la tête inclinée sur la poitrine. Elle
Alors, on vit le spectacle le ‘
qui soit. Devant son corps, dans Îaplus pathétique
boue, les reli-
gicuses et l’aumônicer se prosternèren
quant Dieu! t en invo- |
. | /
*
**
: Je demande au conservateur
du Nouveau Ci-
metière de Vincennes : ‘
— Où est-elle? .
| :
t avec son impassibilité professionne
— lle : _
Là! Elle a été jetée dans cette fosse
Mune, aussitôt après l'exécution. com-
Gertrude Zelle dort sous cette herb Marguerite- .
temps que quatorze autres espions. e, en même :
— Mais — insistai-je— il n’y a pas de US
Il n’y a pas d'in croix?
dication? - :
à
— C’est défendu! L’annéc dernière
glais sont venus ct ont manifest , des An-
d'édifier un monument commémor é l'intention .
atif, mais on
leur a refusé l'autorisation. C’est
défendu! ? répéta énergiquementledéfe ndu! C’est
Gard
Morts... ien des
Fo
POURQUOI LEON DAUDET
© FUT-IL ARRETE ?
L'ALOUETTE BRÛLÉE
L'AFFAIRE RATIBOR
Le 2 octobre de cette année,
façon, une affaire qui provoqua éclat a, de la même
une émotion dont
le général Cartier, et son succ
France, n’ont Pas perdu le esse ur, le colonel de
souvenir : l'affaire
Ratibor. . 0
M. le général Cartier m’a raconté comment
cryplogrammes allemands captés
les
militaires, par nous —
diplomatiques, navals, aériens,
— étaient etc.
immédiatement. traduits et
ans les conditions recopiés
de secrets les plus minu-
teUses.
°
LES ÉNIGMES DE LA "GUERRE — 205
Quatre copies seulement en étaie
pour le Présiden nt faites: Une .
t de la Ré ublique, qui, ponc-
tuellement, anxieusement, aque matin, les étu-
diait, les confrontait,. les’
annotait: (c’est, en
grande partie, grâce à elle que
aujourd'hui publier ses MémoiresM.). Poincaré peut.
Président du Conseil: une Une pour le
Affaires étrangères: une pourpour le ministre des :
Général, le Grand Quartier
| . ., Fe
Or, un jour, en 1918, 7
général Cartier, directeur
Mandel téléphona au
du Chiffre :
— Etes-vous sûr, mon géné
dist ral, d’avoir bien
ribué vos Quatre copies?
— Maïs oui, comme à l'ordina
ire! |
— ‘1 en manque une. Savez-vo
— Non. : .
us où elle est?
ee ee
— À l'Action Françaisel .
On fit une enquête. |
- Communiquée à l'ActionC’était exact. Elle avait été
taire, membre de ce PartFrançaise par un secré-
frappé. i, qui fut durement
| M
- Que n’avait-on agi plus ei
Je signale, ici, d'après tôt! cn
les déclarations de
TT
M. Georges Lefenestre,
dir
€ police, qui appartint ecteur à la Préfecture
M. Léon Daudet a demand au 2° Bureau, que
é, à plusieurs reprises,
:
* _IMPRUDENCES
30 SEPTEMBRE 1917 . LL .
Echopper Daudet? C'est l'ordre d’un
tremblant ou d’un Bonifas
Painlevé
énervé! Mais on.
comprend que, à Poccasion,
un cens
que Buloz — de l’équipe Mercier — seeur hésite,
“ FeSponsabilités en suppriman sente des
tout le-papier de Daudet surt, le 29 septembre,
D'autant que l’hypothèse Rout «
ier. :
n’effleure même Pas notre agen t double >
espr
Le malheur, c’est qu’à Dau it. 7
det lui-même, per-
Sonnc, semble-t-il, ne la Suggère.
Sa colère devant un échopp Imaginez donc
tient plus. La rage létouifrage si brutal. I n'y
craie dévolu, lui seul, au salue.t dePossible qu'il se
on empêche de faire la lumière! la France! Ah!
nion! . d'alerter l’opi-
L
D'où cette idée folle de frapper un / Le
coup, de
: 208 ——— LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
=
mettre les points sur les i. Voici le texte qui nous
parvient dans la nuit du 30 septembre (mais-non
pas signé Daudet, ce qui aurait attiré l’attention)
et très tard, après minuit, et dont on réclame le
visa comme d’un filet de peu d'importance, et
“qu'on est peut-être décidé à publier, en tout cas!
Voici, dis-je les lignes capitales d’un article
< Crimes contre la Patrie >» (titre bien trouvé) :
que, par une aberration inouiïe, un de nos ca-
marades laisse passer. ® -
« Des télégrammes échangés entre le Gouver-
nement allemand et le prince de Ratibor, am-
bassadeur de France à Madrid, ont été saisis.
L’ambassadeur y indique au chancelier qu’il a
accepté les propositions qui lui ont été faites par
Gaston Routier. Lé marché de trahison est
conclu et lapparition du Journal de la Paix est
imminente. . ee
‘ Le prince .
de Ratibor est autorisé à assurer
3.000 pesetas par mois à Routier, à condition
“son journal puisse passer en France et y être que
tribué. » dis-
|
Vous avez bien lu! Ces phrases sont,
mêmes, d’une précision qui confond. Que ensera-ce
elles-
pour ceux qui constatent. qu’elles sont emprun-
tées mot par mot au radio allemand secret. de
la veille! Emotion du Grand Quartier! Stupeur
des Affaires étrangères! Painlevé'est assailli,
lit, par de terrifiants coups de téléphone. au
même met
Lui-
en branle le Bureau, la Préfecture
olice. On de
fait saisir, dans tous les kiosques,
es numéros de l'Action Françai
se : on avise
-toutes les régions, on tente l'imposs ible, par la
bonhomie et Ia menace, dont
Nusillard alterne
en maître, pour empêcher Ia reprodu
passage. Le capitaine Schoell, chef ction de ce
montante, de l’équipe
va consacrer sa journée
éliminer les lignes dangereuses, IL à repérer, à
a gain de
cause. Celles-ci n’auront Paru, en
résumé, que
s
LES ÉNIGMES DE
GUERRE LA 209
dans un petit nombrede numéro
Française, ceux qui ont été achetés sde PAction
abonnés avant ou servis aux
huit heures. Hélas! cela aura.
suffi. Le 2 octobre — le lendemai
d'écoute rendent tous compte n — les postes :
cadiographique allemand.a cessé que le langage
gible. d’être intelli-
| .
: L'ENTREVUE DAUDET-PAINLEVÉ .
k
Quelles sanctions furent prises?
fonde stupeur, le censeur fauti À notre pro-
Taisons son nom. Il se cacha
f ne « sauta » pas.
son chef d'équipe qui, de fait, sous l’autorité de . .
JEUX — un
avait eu sous les
quart de seconde — Ja morasse
que Nusillard s’opposa personnellement à voiret
frapper. .. re : ‘
Léon Daudet fut convoqué ainsi
Maurras par. M. Painlevé, au que M. Charles
Guerre, à six heures du Soir... Ministère de la
. . oo
Le lieutenant Praince était spéc
à l'Action Française de la part iale ment venu
Conseil. du Président du
Daudet ‘et |
« Le Président demande à MM.
Maurras de vouloir bien veni
r aussitôt le voir. »
Ils partirent en auto, furent reçu
recteur du Cabinet, M. Péca s par le di- .
ud, ‘aujourd’hui
directeur de l'Ecole Normale supé
Cloud. Ils furent introduits rieure de Saint-
dans le cabinet de
M. Painlevé où étai ent déjà MM. Steeg et Raoul
Perret. -
. Quand tout le monde fut
en proie à une vive émotion, assi s,lé Président,
se-mit à déployer
l'Action Française, et, du “doïgt, désigna
Quatre lignes fatales,
Îes
quatre
M. Painlevé — qui risquent de ligne s — récisa
révéler le Chiffre,
et, par suite, un agent.
Le Cu
210 ——— LES ÉNIGMES DE: LA GUERRE ————
Voici ce que répondirent MM: Daudet et
Maurras : 7. ‘ .
1° Ils firent remarquer que ces lignes n’avaicnt
pas été remarquées ni visées par la censure;
2° Elles parlaient d’un fait déjà antérieure-
ment indiqué dans l'Action Française;
3° Ils dirent que ce fait remontait au commen-
cement de l’hiver ou au printemps dernier, que
c'était de l’histoire ancienne qui ne pouvait ré-
véler le Chiffre, les chiffres étant changés fré-
quermment. +
Et M. Léon Daudet précisa : -
.— C'est à la suite d’un article du journal
.espagnol'El Liberal et d’une démarche collective
. des commerçants et industriels français résidant
_ en Espagne, que j'ai dénoncé.Gaston Routier, dès
le 20 avril. .Il est absolument invraisemblable
que les Allemands aient attendu d’avril à octobre
pour changer leur chiffre. L |
D'autre part, jamais les Allemands n’ont voulu -
- croire que leur Chiffre était connu de nous, tel-
lement leur confianceet leur aveuglement dans
le secret de leurs éommunications était extraor-
dinaire. . . .
Ce qui a varié, ce n’est pas leur chiffre, mais
les combinaisons du chiffre. |
-‘Or, ces combinaisons étaient changées tous
les six mois. : E :
Je répète que jamais les Allemands n’ont cru
que leur Chiffre était découvert. Ils ont simple-
ment cru que quelques-unes de leurs dépêches
avaient été volées dans un bureau.
. Et la preuve qu’ils n’avaient pas changé leur
. Chiffre, c’est que nous avons continué à lire cer-
tains de leurs radios, notamment en 1918 ceux
- de l’attaché naval allemand. :
= Devant ce raisonnement — que M. Painlevé
eut le tort de ne pas vérifier — le Président parut
un instant déconcerté. Et il déclara:
777 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE —— 211.
— Puisque le renscignemen
t contenu dans ces
POURQUOI ALBERT
BALLIN
S'EST-IL SUICIDE ?
. -
. mA
avant l'armis-
- Le 9 novembre 1918, deux jours mystérieuse-
tice, Albert Ballin. disparaissait
M. Bernard
ment. Son historiographe allemand,
dix ans, sous Ses
“Huldermann, qui fut, pendant
à la tête de la
ordres, son secrétaire général, |
Hambourg America, écrit : |
ce cœur, qui avait battu si
e Le 9 novembre,
ardemment pour l'Empire et I Empereur, brisé
-sous le poids des soucis et de la douleur, avait
| - .
cessé de battre. » qu'il
. Les journaux: allemands: déclarèrent
s'était volontairement donné la mort.
_ Le prince de Bulôw, qui fait pas grand éloge-de |
ne croit qi se soit
son esprit fin, réaliste, quelques jours .
_ suicidé. Pourtant, il déclare que,
une
avant sa mort, il avait reçu d’Albert Ballin
“e lettre désespérée», où il se rendait nettement
c'était
“compte que la défaite de l'Allemagne, alle-
lécroulement de Ia marine marchande
mande, et, en particulier, de la Harpagl!
en
Pendant la guerre, Albert Ballin passait i
Allemagne pour. anglophile. Constamment
tendit à une paix de conciliation. Mais la censure $es
allemande interdisait ou maquillait toutes |
déclarations. .
Il avait, avant la guerre, et il conserva, pen
dant la guerre, de puissantes relations interna-
tionales. C’est par lui que passa la tentalitve de
aix la plus riche d’espoirs. Il la transmit au
Kaiser et au chancelier. Elle allait aboutir à une
prise de contact lorsque, malgré lui, malgré ses
conseils répétés, éclata l'ordre de la guerre sous-
marine à outrance qui, en provoquant linter-
vention américaine, décida de la défaite alle-
mande..
——'LES ÉNIGMES DE LA- GUER—RE915
Du côté français, Albert Ballin était
vu d'un
œil favorable. ‘. Li
Après la mort de François-Joseph,
. l'arrivée sur le trône du jeune empereur lorsque
les 1* suscita des espoirs de paix séparée, Char- |
mystérieuse entrevue eut lieu entre le prince une
Sixte de Bourbon-Parme et M. Jules Cambo
crétaire général du Ministère des Affaires n, se-
gères. étran-
_ Lo : _
< Eh bien! voilà de grands événements
s’écria M. Jules Cambon. Personne plus que ! —
ne pourra plus agir.sur votre beau-frère. vous
pendant tout le déjeuner, M. Cambon dével Et, »
cette idée que l’empereur. Guillaume oppa
sonnellement responsable de la guerre, était per-
mais qu’il.
y avait été poussé par tout le parti militaire,
la noblesse prussienne, et par la grand par
trie ‘allemande « sauf Albert Ballin ». e indus-
-
\
nn | x
+
+
« Mon général, « ‘
Je n’ai pas encore vu le Président du Conseil,
à cause des événements actuels qui absorbent
tout son temps. Par contre, j’ai eu un long en-
tretien, hier, avec le colonel Herscher.
L'entourage du Président est devenu opposé
à toute propagande révolutionnaire et à notre
immixtion dans ces milieux.
_ Les événements qui se déroulent avec fant de
rapidité en ce moment prouvent que nous avions
- raison. La Révolution allemande a bien éclaté au
indiqué par nous, et on ne sait pas en-
. moment
core exactement si c'est celle qui a provoqué la
débécle militaire , ou bien si c’est le contraire
Cette révolution se fait avec les éléments que
+
LES ÉNIGMES DE LS GUERRE —— 999 -
nous connaissons, el, comme nous l'avons prédit,
elle ira ainsi jusqu'aux plus extrêmes limites. >
— Eh oui! Tout cela est exact — m'assure le
général Boucabeille, Je ne m'explique toujours
pas, aujourd’hui, pourquoi — sous l'effet de
quelle pression politique — le Gouvernement a,
soudain, arrêté, net, notre action révolutionnaire.
Elle aurait, certainement, réussi, Mais, en haut
lieu, on a pris peur! »
+
. ++
se
e
ce
ÿ
rurgique des deux côtés de la frontière franco-
allemande. Œtant ‘donné lapprovisionnement
insuffisant de notre artillerie ct de nos munitions,
la guerre eût été décidée en peu de mois, à notre
désavantage. » . | -
. respecté.
Î ne faudrait pas qu’en présentant le bassin de
Briey comme le principal réservoir. dont l’Alle-
magne tire toute sa force militaire, alors que les
usines métallurgiques françaises, non seulement
- sont arrêtées, mais encore complètement déman- .
telées, on-assurât, sans le vouloir, la préserva-
.tion de cette autre partie du. bassin lorrain, de
ces mines et de ces usines, de capitaux et de per-
sonnel allemands,-situés en territoire annexé, et
qui, à l'heure actuelle, travaillent à plein rende-
.ment pour l’armée allemande. »
—
Secta
Rae —” |
éme LES ÉNIGMES DE LA GUERRE
-—— 94{
‘Il est donc incontestable que
la charge et la Tespon ceux qui avaient
sabilité des opérations
mili-
Thionville, qu’ils ont organisé
et l’autre. ct préparé l’un
- .
Les . Allemands s’attendaient-ils, eux -
‘bombardement de leu ,
Ce n’est pas douteux. rs mines et de leurs usià nesun.
?
lées qui ont eu lieu lesLes quelques tentatives iso-
ava ien t, malgré le
mis en éveil. Partout peu de
dégâts occasionnés,
sures de protection ava des me-, .
- Principales des machin ient été prises. Les pièces
par des revêtements bét es ava ien t été recouvertes
OUrNAUX, mis sons abrionnés, les silos des hauts
galeries pour le Person , de longues et solides
nel ont été creusées
tout, L'attaque éta
it donc par-
éScomptée par nos enn prévue par nous,
emis. -
Voilà un point nettem |
pourquoi a'a-t-on pas ent réglé. Reste l'autre :
sive? > Passé à l'exécution
inten- ©
| ot :
\
. [ 4
. {NADVERTANCE D'AVIATEUR
Poussé par un égal sentiment de solidarité
dynastique, le prince Sixte de Bourbon supplie,
à maintes reprises, au cours de ses entrevues
avec M. Poincaré, le Président de la République, .
de « sauver le Tzar». Et le Prince insiste auprès
- de M. Jules Cambon sur la nécessité et Ia conve- .
nance de faire des efforts pour sauver l’Empe-. : :
-reur de Russie. Fe Fe
M. Poincaré le. promet.-Et quand M. Miliou-.
koff négocia avec Sir Buchanam, ambassadeur
d'Angleterre en Russie, le départ du Tzar (projet :
abandonné sur le veto de Lloyd George) il fut
entendu, par l'intermédiaire d’un pays neutre,
que l'Allemagne n’attaquerait pas le croiseur.
transportant {a famille impériale. . LS
L’impératrice Zita raconte elle-même que, lors
250 LES ÉNIGMES DE LA GUERRE ———
de la fameuse entrevue de Homburg, elle se trou-
_vait au salon après le déjeuner et regardait cette
assemblée où il y avait deux Empereurs, deux .
Impératrices, les états-majors au complet ct les
principaux ministres des deux pays. « Je pen-
Sais à part moi — dit-elle — que, si par aven-
ture, une bombe tombaitau milieu de nous, elle
ferait un fameux travail. L’impératrice Augusta,
la bonne épouse de Guillaume II, me voyant son-
geuse, me demanda : « À quoi penses-tu? Je lui
dis Ja vérité : « Ach! c'est vrai — répondit-elle
sur un ton très effrayé, Si les Français savaient
qui est ici, ils seraient bien capables de venir
nous bombarder. | |
— Quant à cela — lui dis-je — je n’en crois -
rien: Les Français ne voudraient sûrement pas
. jeter des bombes sur deux femmes. Naturelle-
ment, des bévues peuvent être commises par des
-_ jeunes gens désireux de se signaler. Ainsi, quand,
à l’anniversaire du Roi des Belges, des aviateurs
allemands bombardèrent sa villa et risquérent de
tuer sa femme, ce fut certainement par inad-
verlance. >
T À
[VERIFIGA
À. 2017
‘ :: Imprimé pour les ŒE
ÉDITIONS des PORTIQUES
sur les presses de l'imprimerie
HENRY MAILLET
3 et 3b5, rue de Chatillon, Parie
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