Place Des Modeles D'Optimisation Dans Le Processus D'Aide A La Decision en Maintenance
Place Des Modeles D'Optimisation Dans Le Processus D'Aide A La Decision en Maintenance
Place Des Modeles D'Optimisation Dans Le Processus D'Aide A La Decision en Maintenance
1 Cet article a fait l'objet d'une communication au colloque Conception et Production Intégrée- 24-26
octobre 2001 à Fès-Maroc.
• Doctorante d'Etat en gestion de la maintenance, enseignante à l'Ecole Supérieure de Technologie de Salé-
MAROC, [email protected].
•• Ingénieur mécanicien, Docteur Es-Sciences, responsable du mastère de management de la maintenance
et doyen de la Faculté des Sciences et Techniques de Fès, [email protected].
62 H. El Aoufir & D. Bouami
1. Introduction
La maintenance est l'ensemble de toutes les actions techniques, administratives et de
management durant le cycle de vie d'un bien, destinées à le maintenir ou à le rétablir dans un
état dans lequel il peut accomplir une fonction requise 2 • Bien menée, la fonction de maintenance
peut fortement contribuer aux objectifs de disponibilité et de durabilité de l'outil de production,
de qualité des produits, de sécurité des biens et des personnes et de respect de l'environnement.
Elle peut également générer, selon les types d'industrie, des économies importantes sur le prix
de revient des produits. Sur le plan des techniques, de la philosophie et des méthodes de travail,
la maintenance a fait l'objet ces cinquante dernières années de divers développements :
maintenance prédictive, systèmes experts d'aide au diagnostic, Total Productive Maintenance,
Maintenance Basée sur la Fiabilité, intégration de la maintenance dès la phase de conception,
Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leur Criticité, Life Cycle Cost, Gestion
de la Maintenance Assistée par Ordinateur, Télémaintenance ... ). Ces techniques et ces méthodes
ont été progressivement adoptées par les entreprises du fait des avantages certains qu'elles
procurent. Sur le plan de la recherche, divers modèles mathématiques d'optimisation de la
maintenance ont vu le jour depuis les années 1960. Leur utilisation reste cependant très limitée
dans les entreprises.
Cet article se donne pour objectif d'apporter des éclaircissements sur cet aspect et de
donner des voies de solution en relation avec le contexte de la prise de décision en maintenance.
Dans un premier temps, nous définissons les objectifs de l'optimisation de la maintenance et
nous présentons un bref historique des avancées dans le domaine. Ensuite, nous analysons, à la
lumière de notre propre expérience et de nos recherches, les raisons du manque de succès des
modèles d'optimisation de la maintenance dans les entreprises. Nous développons, à cet effet,
les pré-requis des modèles d 'optimisation et leurs limites dans le contexte de la prise de décision
en maintenance. Enfin, nous proposons d'intégrer l'optimisation dans le champ plus vaste de
l'aide à la décision en maintenance. Nous modélisons le processus d'aide à la décision en
maintenance comme un ensemble d'activités et d'outils que nous développons en insistant plus
particulièrement sur l'apport du calcul des coûts de la maintenance; celui-ci a fait l'objet d'une
expérimentation de notre part sur le terrain et de l'aide multicritère à la décision qui peut à notre
sens donner un nouveau souffle à la recherche dans ce domaine.
3Définie par la norme NF EN 13306 comme une méthode de management utilisée en vue d'atteindre les
objectifs de la maintenance, la stratégie de maintenance désigne plus couramment les types de
maintenance (corrective, systématique, conditionnelle ... ).
• l'existence d'un retour d'expérience suffisant (en quantité et en qualité) pour modéliser
les lois de survie des équipements ;
• une sensibilisation de tous les intervenants à l'importance d'une saisie rigoureuse des
informations relatives aux interventions (essentiellement les temps et les coûts);
• l'utilisation d'outils « sur mesure» d'aide à la décision adaptés et simples. Les outils
GMAO doivent être complétés par des modules de calcul pour la production
d'indicateurs techniques et économiques pertinents et de codes informatiques pour la
simulation des stratégies envisageables.
4 Les coûts directs sont les coûts directement imputables à la maintenance (personnel, matières et stock-
maintenance, outillages et appareils, méthodes, locaux, informatique ... ).
5 Les coûts indirects sont les coûts engendrés par les défaillances des équipements sur le processus de
production (retards, mévente, pertes de matières et d'énergie, heures improductives, non-qualité ... ).
Activité Outils
Système documentaire de la maintenance,
Al : Collecte et pré-traitement des
GMAO, Techniques de Maintenance Assistées
informations brutes sur la maintenance
par Ordinateur
Méthodes d'analyse du retour d'expérience
A2: Analyse du comportement des
(chaînes de Markov, statistiques bayésiennes,
matériels et calcul d'indicateurs
jugements d'experts ... ) - Modules (logiciels) de
pertinents de sûreté de fonctionnement
calcul de sûreté de fonctionnement
A3 : Calcul des coûts directs et indirects
Modules de calcul des coûts directs et indirects
de la maintenance et production
de la maintenance, tableaux de bords
d'indicateurs économiques
Analyses statistiques des coûts et des temps de
A4 : Identification des priorités maintenance, diagrammes Pareto, analyses
d'amélioration sur les équipements AMDEC, calcul et analyse du taux de
rendement global
TPM, MBF, Méthodes et techniques de
A5 : Amélioration de la maintenance maintenance , Modèles d'optimisation de la
maintenance, LCC, Méthodes d'aide
multicritère à la décision
Dans les entreprises, les activités A2, A3 et AS restent encore, selon notre constat, menées
de façon non formalisée. L'activité A2 nécessite des ressources particulières (humaines et
logicielles) et, bien que l'analyse du retour d'expérience ait fait l'objet de nombreux
développements [Pag 80], [Vil 88], [Aup 94], [Zwi 95], [Zou 99] sur le plan de la recherche et des
outils de calcul, l'application reste encore assez restreinte à des domaines particuliers
(aérospatial, aéronautique, production de l'énergie, industrie pétrolière ... ). Concernant l'activité
A3, nous avons noté à la fois un vide bibliographique, l'insuffisance des outils de gestion actuels
(GMAO standards) et un grand besoin chez les industriels. Nous nous sommes particulièrement
intéressés à cet aspect dans le cadre de nos travaux, le calcul des coûts de la maintenance faisant
partie, à notre sens, des points clés de toute démarche rationnelle d'amélioration de la
maintenance. Le paragraphe 4.2 offre une synthèse des méthodes que nous avons développées
et, en partie, appliquées. Dans la figure 1, nous faisons également référence dans la panoplie
d'outils présentés, à l'aide multicritère à la décision. Nous développons en 4.3 notre conception
des apports potentiels de ces techniques, encore insuffisamment exploitées, à l'activité AS du
processus, toujours en relation avec l'analyse faite en 3.1 et en 3.2 sur la pertinence des modèles
d'optimisation de la maintenance.
La figure 1 présente notre modélisation du processus.
Tableau 1 : Pré-requis et limites de l'utilisation des modèles d'optimisation à des fins d'aide à la
décision maintenance.
7Un processus est défini par la norme ISO 9000 comme un ensemble d'activités corrélées ou interactives
qui transforme des éléments d'entrée en éléments de sortie. Dans [LOR 01], il est défini comme un
ensemble d'activités liées entre elles par des flux d'information ou de matière significatifs qui se
combinent pour fournir un produit matériel ou immatériel important et bien défini, élément précis de
valeur, contribution spécifique aux objectifs stratégiques.
Activité Outils
Système documentaire de la maintenance,
Al : Collecte et pré-traitement des
GMAO, Techniques de Maintenance Assistées
informations brutes sur la maintenance
par Ordinateur
Méthodes d'analyse du retour d'expérience
A2: Analyse du comportement des
(chaînes de Markov, statistiques bayésiennes,
matériels et calcul d'indicateurs
jugements d'experts ... ) - Modules (logiciels) de
pertinents de sûreté de fonctionnement
calcul de sûreté de fonctionnement
A3 : Calcul des coûts directs et indirects
Modules de calcul des coûts directs et indirects
de la maintenance et production
de la maintenance, tableaux de bords
d'indicateurs économiques
Analyses statistiques des coûts et des temps de
A4 : Identification des priorités maintenance, diagrammes Pareto, analyses
d'amélioration sur les équipements AMDEC, calcul et analyse du taux de
rendement global
TPM, MBF, Méthodes et techniques de
A5 : Amélioration de la maintenance maintenance , Modèles d'optimisation de la
maintenance, LCC, Méthodes d'aide
multicritère à la décision
Dans les entreprises, les activités A2, A3 et AS restent encore, selon notre constat, menées
de façon non formalisée. L'activité A2 nécessite des ressources particulières (humaines et
logicielles) et, bien que l'analyse du retour d'expérience ait fait l'objet de nombreux
développements [Pag 80], [Vil 88], [Aup 94], [Zwi 95], [Zou 99] sur le plan de la recherche et des
outils de calcul, l'application reste encore assez restreinte à des domaines particuliers
(aérospatial, aéronautique, production de l'énergie, industrie pétrolière ... ). Concernant l'activité
A3, nous avons noté à la fois un vide bibliographique, l'insuffisance des outils de gestion actuels
(GMAO standards) et un grand besoin chez les industriels. Nous nous sommes particulièrement
intéressés à cet aspect dans le cadre de nos travaux, le calcul des coûts de la maintenance faisant
partie, à notre sens, des points clés de toute démarche rationnelle d'amélioration de la
maintenance. Le paragraphe 4.2 offre une synthèse des méthodes que nous avons développées
et, en partie, appliquées. Dans la figure 1, nous faisons également référence dans la panoplie
d'outils présentés, à l'aide multicritère à la décision. Nous développons en 4.3 notre conception
des apports potentiels de ces techniques, encore insuffisamment exploitées, à l'activité AS du
processus, toujours en relation avec l'analyse faite en 3.1 et en 3.2 sur la pertinence des modèles
d'optimisation de la maintenance.
La figure 1 présente notre modélisation du processus.
Outils
Outils sûreté de
fonctionnement A2 : cal culs de sûreté de A, : calculs des coûts de la
fonctionnement maintenance
....... .............
Lois de survie .........................
P:g.amètres·dë"tiabilité, indicateurs économiques
Modules de calcul des ........ maintenabilité,
coûts
disponibilité
Priorités
'amélioration
. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . ►
A · amélioration de ln maintenance
Décisions,
Stratégies améliorées
Actions
Techniques d'aide à la
décision multi-critère
Système opérationnel de la
maintenance
• leur logique déstabilise le décideur habitué à une démarche optimisatrice. Celle-ci est
plus rassurante psychologiquement, car, une fois le modèle élaboré et accepté, le
décideur est convaincu de l'optimalité de la solution alors que les techniques d'aide à la
décision multicritère favorisent l'apparition de conflits et donc de stress au cours du
processus de prise de décision.
5. Conclusion
Dans cet article, nous posons la problématique de la prise de décision en maintenance et
nous soulignons le fossé qui existe d'une part entre les démarches qualitatives et quantitatives et
d'autre part entre la théorie des modèles développés et leur utilisation dans la pratique
industrielle. Nous avons mis en évidence les pré-requis de l'utilisation des modèles
d'optimisation de la maintenance, nous en avons tracé les limites, et nous avons proposé de les
intégrer à un processus plus complet d'activités concourant à la prise de décision rationnelle.
Parmi les outils du processus proposé, nous avons choisi de mettre l'accent plus
particulièrement sur deux outils: le calcul des coûts de la maintenance et les techniques d'aide à
la décision multicritère. Le premier a fait l'objet de développements dans le cadre de nos travaux
de recherche. Une brève description en a été donnée dans cet article. Le second, bien que n'ayant
fait l'objet l'heure actuelle que de rares applications, présente un intérêt que nous avons tenté de
dégager et qui, à notre sens, est amené à croître dans la sphère de la recherche en méthodes
d'aide à la prise de décision en maintenance.
6. Bibliographie
[Lor 01] Lorino P., Méthodes et pratiques de la performance - Le pilotage par les processus et les
compétences, Editions d'organisation, 2001.
[ElA 01] El Aoufir H., Bouami D., 'Aide à la décision des stratégies de remplacement mono-élément -
prise en compte de divers facteurs coûts', Actes du 8ème Séminaire CONFERE. Marrakech -
Maroc, 6-7 juillet 2001, pp-44-50.
[Bev 00] Bevilacqua M., Braglia M., 'The analytic hierarchy process applied to maintenance stratgy
selection', Reliab. Eng. And Syst. Saf., 2000, n°70, p. 71-83.
gestion de production, de la gestion de crédits publics, des choix d'équipements informatiques. Dans [Bev
00], une technique d'aide à la décision multicritère est appliquée au choix des stratégies de maintenance
dans une raffinerie italienne.
1- Valorisation des coûts directs de maintenance par processus et par centre de charge
Centres de charge
□
□
□
□
Ohi.,~tif• dr,itkrim,.,,
Cette seconde méthode est plus propice au calcul prévisionnel, à l'analyse des
performances, et à la recherche de leviers d'actions. L'approche a fait l'objet d'une
expérimentation9 sur le terrain dans une industrie agro-alimentaire marocaine.
Elle a permis, après la phase d'identification des processus, des activités, des unités
d' œuvre et des charges par nature pour une période de gestion, de valoriser des interventions
de maintenance. Les différences calculées entre les évaluations antérieures des coûts et celles qui
ont été effectuées à l'aide de la nouvelle méthode ont permis de sensibiliser les responsables à
l'importance d'un calcul fiable des coûts directs de la maintenance. Sa mise en place nécessite
néanmoins des efforts non négligeables d'adaptation du système d'information de la
maintenance et de formation des utilisateurs.
Concernant les coûts indirects, nous avons développé une méthodologie de calcul qui
permet de dépasser les faiblesses des modèles présentées dans [Bou 88], [Fou 92] et [Rie 96]. Sa
logique est décrite brièvement9 à travers les trois étapes suivantes.
9Dans la première référence, le coût indirect est calculé globalement pour l'ensemble de l'installation, en
évaluant la différence, dans le compte de résultat de l'entreprise, entre les situations réelle et idéale « zéro-
défaillance ». Dans la seconde, le coût indirect est une perte horaire globale proportionnelle à la
• l'identification des postes de coût indirects, ces derniers ont été essentiellement
regroupés en pertes matières, heures improductives, mesures palliatives, coûts de
mévente, coûts de non qualité et pénalités commerciales. Des règles de calcul ont été
élaborées pour le calcul de ces coûts.
2- L'enregistrement des pertes par équipement et par cause de pertes et la valorisation de
ces dysfonctionnements par poste de coût grâce à un système d'information approprié;
3- L'exploitation des enregistrements pour :
• la production des coûts indirects par période de gestion, par équipement, par cause de
pertes et par poste de coût;
• l'analyse des coûts indirects à des fins d'amélioration (la chasse aux pertes);
disponibilité de l'installation. Dans la troisième, c'est une perte horaire proportionnelle au taux de
rendement global de l'installation
Management des
fonctions techniques
Indicateurs de performance J
._,_...,,,_,,,=---....,,....,,,.,,,,.,.,..,,,,,.....,o,dl
Qualité)
t
nregistrement
fonctionnement)
ation des coût
Mesure des performances
- ventilés par centre de charge
Coûts indirects - ventilés par poste de coût
{
- ventilés par cause de pertes
Système opérationnel
lieu d'imposer« une solution optimale»!). Une voie de solution qui semble permettre de lever
ces difficultés est le recours aux techniques d'aide multicritère à la décision. Nous faisons
référence ici aux travaux prenant leur origine des premiers constats de Simon [Sim 57], [Roy 71],
[Kee 78] sur « le mythe de l'optimisation monocritère » et sur les formalismes
développés depuis. Les ouvrages [Roy 93] et [Pom 93] offrent une bonne synthèse des
formalismes et des outils informatiques d'aide à la décision existants. Nous pensons que le
processus d'aide à la décision en maintenance ne peut que s'enrichir de l'utilisation de ces
techniques et qu'elles sont amenées à supplanter dans la pratique, sauf dans des cas particuliers
et très précis de prise de décision, l'emploi des modèles d'optimisation. En effet, dans le contexte
de prise de décision de la maintenance :
• les décideurs ont plus besoin d'appréhender le problème sous tous les axes de préférences
(sécurité, coût, fiabilité, qualité ... ) que de réaliser une analyse unidimensionnelle non
compatible avec une vision plurielle ou conflictuelle ;
• les décideurs doivent pouvoir émettre leurs préférences, discuter, éventuellement revenir
sur leurs choix à d'autres instants. Cet aspect est possible à l'aide des techniques d'aide à la
décision multicritère ;
• les critères sur la base desquels les décisions sont prises peuvent évoluer au cours du temps,
les actions qui font l'objet des choix également ;
• les modèles d'aide à la prise de décision doivent être faciles à comprendre et à intégrer par
l'ensemble des décideurs, faute de quoi, la collaboration de ces derniers peut être remise en
cause;
• contrairement aux modèles d'optimisation qui tentent d'évaluer les conséquences des
actions en situation d'incertitude (élément qui peut être mal intégré par des décideurs
souvent rebelles à l'utilisation des statistiques), les techniques d'aide multicritère se
contentent de structurer la vision des décideurs et de les guider dans leurs choix, sans
forcément prétendre à une résolution du problème.
Le schéma de leur application à l'aide au choix des stratégies de maintenance serait le
suivant:
• la définition du problème de décision sous la forme d'un ensemble d'actions potentielles
A={A1, A2, .. ,Am} et de critères de jugements C={c1, c2, .. ,cn}. A titre d'exemple, les actions de
maintenance seraient la maintenance corrective, la maintenance préventive systématique à
périodicité fixe, la maintenance conditionnelle, opportuniste ... Les critères peuvent être la
fiabilité, la disponibilité, le coût, la sécurité, la qualité, le respect de l'environnement ...
• la modélisation des utilités Uïi (lsism, lsj:s:n) des actions relativement aux critères. A cet
effet, une réflexion devra être menée sur la construction des utilités, sur la normalisation des
notations (les unités de mesure de la satisfaction par rapport à chaque critère n'étant pas
« naturellement homogènes») et sur les poids (coefficients d'importance) des critères;
• l'agrégation des performances en vue de permettre une relation d'ordre entre les actions
potentielles et de guider le choix des décideurs ;
• ces techniques demandent qu'on fasse appel à un spécialiste (un expert en aide
multicritère à la décision) ;
• elles nécessitent une définition exhaustive des critères de décision et un arbitrage de leur
importance, ce qui génère souvent des situations de conflit entre des objectifs également
voulus;
• lorsque les actions possibles sont nombreuses et que les choix ne sont pas évidents
(difficulté de trier simplement les actions), se pose le problème de l'agrégation des
performances. Celle-ci requiert souvent un formalisme étranger au décideur qui peut
alors mal réagir vis-à-vis de l'outil. Sur le plan de la robustesse, les résultats doivent être
accompagnés d'études de sensibilité.
10 On trouvera dans [Pom 93] des références intéressantes d'applications dans les domaines des
investissements publics (localisation d'aéroport, d'usine, de sites pour le stockage des déchets; choix de
projets de recherche et développement, choix de trajets d'autoroute), de l'allocation des ressources, de la
• leur logique déstabilise le décideur habitué à une démarche optimisatrice. Celle-ci est
plus rassurante psychologiquement, car, une fois le modèle élaboré et accepté, le
décideur est convaincu de l'optimalité de la solution alors que les techniques d'aide à la
décision multicritère favorisent l'apparition de conflits et donc de stress au cours du
processus de prise de décision.
5. Conclusion
Dans cet article, nous posons la problématique de la prise de décision en maintenance et
nous soulignons le fossé qui existe d'une part entre les démarches qualitatives et quantitatives et
d'autre part entre la théorie des modèles développés et leur utilisation dans la pratique
industrielle. Nous avons mis en évidence les pré-requis de l'utilisation des modèles
d'optimisation de la maintenance, nous en avons tracé les limites, et nous avons proposé de les
intégrer à un processus plus complet d'activités concourant à la prise de décision rationnelle.
Parmi les outils du processus proposé, nous avons choisi de mettre l'accent plus
particulièrement sur deux outils: le calcul des coûts de la maintenance et les techniques d'aide à
la décision multicritère. Le premier a fait l'objet de développements dans le cadre de nos travaux
de recherche. Une brève description en a été donnée dans cet article. Le second, bien que n'ayant
fait l'objet l'heure actuelle que de rares applications, présente un intérêt que nous avons tenté de
dégager et qui, à notre sens, est amené à croître dans la sphère de la recherche en méthodes
d'aide à la prise de décision en maintenance.
6. Bibliographie
[Lor 01] Lorino P., Méthodes et pratiques de la performance - Le pilotage par les processus et les
compétences, Editions d'organisation, 2001.
[ElA 01] El Aoufir H., Bouami D., 'Aide à la décision des stratégies de remplacement mono-élément -
prise en compte de divers facteurs coûts', Actes du 8ème Séminaire CONFERE. Marrakech -
Maroc, 6-7 juillet 2001, pp-44-50.
[Bev 00] Bevilacqua M., Braglia M., 'The analytic hierarchy process applied to maintenance stratgy
selection', Reliab. Eng. And Syst. Saf., 2000, n°70, p. 71-83.
gestion de production, de la gestion de crédits publics, des choix d'équipements informatiques. Dans [Bev
00], une technique d'aide à la décision multicritère est appliquée au choix des stratégies de maintenance
dans une raffinerie italienne.
[ElA 99] El Aoufir H., Bouami D., 'Les coûts de la maintenance: identification et aide à la décision', Actes
du Colloque International Conception Production Intégrée CPI'99. Tanger - Maroc, 25-26
novembre 1999, pp-445-460
[Zou 99] Zouakia R., Développement d'outils d'aide à la maintenance et à la conception des systèmes
fiables, Thèse de doctorat, Ecole Mohammadia d'ingénieurs, 1999.
[Bit 98] Biteau R. et S., Maîtriser les flux industriels, Editions d'organisation, 1998.
[Dek 98] Dekker R., Scarf P.A., 'On the impact of optimisation models in maintenance decision making',
Reliab. Eng. And Syst. Saf., 1998, n°60, p. 111-120.
[Rav 98] Ravignon L., Bescos P.L., Joalland M., Le Bourgeois S., La méthode ABC/ ABM - piloter
efficacement une PME, Editions d'organisation, 1998.
(Ave 97] Aven T., Dekker R., 'A useful framework for optimal replacement models', Reliab. Eng. And
Syst. Saf., 1997, n°58, p. 61-67.
[Rie 96] Richet D., Gabriel M., Malon D., Blaison G., Maintenance basée sur la fiabilité - Un outil pour la
certification, Masson, 1996.
[Zwi 95] Zwingelstein G., Diagnostic des défaillances, Hermès, 1995.
[Aup 94] Aupied J., Retour d'expérience appliqué à la sûreté de fonctionnement des matériels en
exploitation, Eyrolles, 1994.
[Shi 94] Shirose K., Le guide TPM de l'unité de travail, Dunod, 1994.
[Roy 93] Roy B., Bouyssou D., Aide multicritère à la décision : méthodes et cas, Economica, 1993.
[Pom 93] Pomerol J. C., Barba-romero S., Choix multicritère dans l'entreprise, Hermes, 1993.
[Fou 92] Fougerousse S. et Germain J., Pratique de la maintenance industrielle par le coût global,
AFNOR, 1992.
[Mou 91] Maubray J., Reliability Centred Maintenance - RCM II, Butterworth-Heinemann Ltd, Oxford,
1991.
[Val 89] Valdez-Flores C., Feldman R.M., 'A survey of preventive maintenance models for stochastically
deteriorating single unit systems', Nav. Res. Log. Quat., 1989, n°36, p. 419-446.
[Vil 88) Villemeur A., Sûreté de fonctionnement des systèmes industriels, Eyrolles, 1988.
[Bou 88] Boucly F., Maintenance : Les coûts de non-efficacité des équipements, AFNOR, 1988.
[Nak 86] Nakajima S., La Maintenance productive totale - mise en oeuvre, AFNOR, 1986.
[She 82] Sherif Y.S., 'Reliability analysis : optimal inspection and maintenance schedules of failing
systems', Micr. And Reliab., 1982, n°22, p. 55-115.
[Pag 80] Pages A., Gondran M., Fiabilité des systèmes, Collection EDF, Eyrolles, 1980.
[Kee 78] Keen P. G. W., 'Decision support systems: the next decade, Decision Support systems', vol 3,
1978, p.253-265.
[Roy 71] Roy A., 'Problems and methods with multiple objective functions, Mathematical Programrning',
1971, vol 1, p. 239-266.
[Sim 57] Simon H. A., Models of Man, Wiley, 1957.