Cours - Sylviculture Et Aménagement Forestier
Cours - Sylviculture Et Aménagement Forestier
Cours - Sylviculture Et Aménagement Forestier
1. Définition
Etymologiquement, « Sylviculture » est un mot latin composé de deux racines, Silva, ae = Forêt (s); et
colere = Cultiver, habiter, ou honorer.
La sylviculture est à la fois une science et une technique (c’est un mélange d’art et de science). C’est
la culture de la forêt, soit l’ensemble des soins nécessaires afin d’atteindre les objectifs économiques, sociaux
et environnementaux.
Un peuplement forestier est une population d’arbres caractérisée par une structure et une composition
homogènes sur un espace déterminé. Il est le résultat des facteurs naturels et de la sylviculture passée. Un
peuplement est une unité forestière que l’on peut décrire et cartographier. Il fait l’objet d’un traitement
sylvicole spécifique. Les peuplements sont généralement classés selon leur structure et leur régime.
La structure est déterminée par l’écart d’âges au sein des peuplements. Elle est régulière si les arbres
ont sensiblement le même âge. Elle est irrégulière quand l’éventail d’âge est important (supérieur à la moitié
de l’âge d’exploitabilité).
Le régime dépend du mode de régénération des peuplements. Les taillis sont constitués de rejets de
souches. Les futaies sont issues de graines, de plants ou de boutures. Des mélanges sont possibles (taillis
avec futaie).
Le taillis est un peuplement dont les arbres sont issus de rejets de souches et pouvant comporter
jusqu’à dix arbres de futaie par hectare (de diamètre supérieur à 27,5 cm). Exploités tous les 25 à 50 ans
selon les essences, ils produisent principalement du bois d’industrie (papeterie, piquets …) ou du bois de feu.
Les taillis s’exploitent par coupe rase. Les meilleurs d’entre eux peuvent être éclaircis pour être convertis en
futaie sur souche.
Ce traitement sylvicole est basé sur la capacité des arbres à "repousser" ("rejeter") après une coupe.
Certaines essences peuvent générer de nouveaux brins à partir des souches existantes. Ces brins vont grossir
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et former des tiges, que l’on pourra exploiter quelques années après. On distingue le taillis simple et le taillis
fureté.
Le taillis simple consiste à pratiquer une coupe à blanc des brins lorsqu’ils atteignent des dimensions
acceptables. Ainsi, la récolte des bois provoque une régénération totale du peuplement. Pour le taillis simple,
tous les brins ont le même âge et quasiment les mêmes dimensions.
Le taillis fureté consiste à pratiquer une gestion irrégulière des coupes. Dans ce cas, l’on ne récolte
que les brins commercialisables. Les brins trop petits sont laissés jusqu’à ce qu’ils atteignent les dimensions
minimales requises. Les brins exploités produisent des rejets. Sur une même cépée, on peut donc trouver des
rejets et des brins de différents diamètres contrairement au taillis simple.
L’avantage du taillis est qu’il ne nécessite pas de travaux sylvicoles particuliers. Les investissements
dûs à la gestion sont donc limités. Les récoltes sont fréquentes (on peut espérer des coupes tous les 25 ans).
Au niveau des caractéristiques du peuplement, les dimensions sont petites, malgré un accroissement total très
fort. Le bois exploité est de petite taille et à faible valeur ajoutée. Certaines essences forestières ne sont pas
aptes à rejeter. Ce traitement ne peut donc pas être appliqué à toutes les essences forestières. Par ailleurs, les
souches sont amenées à s’épuiser. Ce traitement n’est donc pas interminable et la plantation de nouveaux
individus est nécessaire un jour ou l’autre. Le taillis est donc basé sur une reproduction végétative. A
l’opposé, il est toujours possible d’utiliser la reproduction sexuée pour régénérer un peuplement.
La futaie est un peuplement dont la majorité des arbres a le même âge et est issue de graines ou de
plants. Les arbres de futaie régulière atteignent leur maturité entre 50 et 150 ans selon les essences (15 - 25
ans pour les peupleraies) et produisent principalement du bois d’œuvre (bois de service et bois de travail. Les bois
de service sont ceux qui servent aux constructions civiles et navales ; les bois de travail ou d’industrie comprennent les bois
employés par les différents métiers, tels que la menuiserie, l’ébénisterie, le charronnage, la tonnellerie,… etc.).
Après une
phase d’installation qui demande des travaux d’entretien, la futaie est parcourue tout au long de son
développement par des éclaircies régulières programmées tous les 5 à 20 ans selon les essences. Les arbres
issus de futaie sont issus de la germination d’une graine. On parle alors d’arbres de franc-pied. On distingue
également plusieurs modes de gestion des individus.
Dans une futaie régulière tous les arbres du peuplement ont plus ou moins le même âge. Mais les
dimensions (hauteur et diamètre) peuvent être différentes. Pour ce régime, des coupes vont être nécessaires
pour diminuer la densité et donc la concurrence entre les arbres. Cela favorisera un bon développement des
individus restants. Ces coupes peuvent prendre la forme de dépressages dans le jeune âge d’un peuplement
régénéré naturellement, ou d’éclaircies.
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Cette futaie permet d’obtenir des arbres de grosses dimensions et d’une grande qualité, si les
conditions de croissance et la gestion ont été favorables. En termes de production, c’est donc le système le
plus valorisant. Cependant, ce procédé est très long (on peut atteindre des révolutions de 200 ans pour du
Chêne sessile/ou Chêne rouvre) et demande beaucoup d’investissements. Le temps de croissance accroît
donc les risques (la tempête peut arracher des arbres en une journée).
Ce principe ressemble à la futaie régulière, mais la notion d’espace rentre en compte. En effet, on
raisonne à des échelles plus petites qu’une parcelle. Ainsi, on parle de bouquet pour une surface inférieure à
50 ares (5000 m²). A partir de cette limite, on parle de la futaie par parquet. La futaie par bouquets ou par
parquets se définit donc comme une futaie régulière sur un espace réduit. Sur chaque bouquet ou parquet
défini, les arbres auront le même âge. Mais, entre deux bouquets ou parquets voisins, ces âges seront
différents.
Ainsi, on peut parler d’une futaie régulière si on se place à ces petites échelles : il est en effet vrai de
dire que sur ces portions, les arbres ont le même âge. Cependant, on peut aussi considérer que cette futaie est
irrégulière : à l’échelle de la parcelle ou de la propriété, les arbres n’ont pas le même âge entre eux, et la
futaie n’est donc pas homogène, de ce point de vue.
Pour une futaie par bouquets, les échelles sont tellement petites qu’on peut considérer cette gestion
comme irrégulière. En effet, il peut y avoir des interactions entre les arbres d’âges différents, venant de deux
bouquets voisins.
Tout d’abord, un bouquet est un groupe d'arbres de dimensions et d'âge sensiblement voisins,
s'étendant sur moins de 5 ares (1 are = 100 m²), alors qu’un parquet est un grand bouquet d’une surface
comprise entre 50 ares et 1 hectare (1 ha = 10.000 m² = 100 ares).
La gestion en futaie irrégulière (ou jardinée) vise à produire des bois de tout âge et donc de toutes
dimensions. Il faut donc gérer la concurrence verticale entre les tiges (Ex : les semis doivent pouvoir se
développer, malgré la présence d’individus plus grands autour). A l’opposé, en futaie régulière, on parlerait
plutôt de concurrence horizontale (au niveau des houppiers).
La difficulté résulte dans la pérennité du peuplement. En effet, on peut définir un équilibre, basé sur
le nombre d’arbres par catégorie de diamètre. A chaque éclaircie, on doit donc prélever un nombre d’arbres
précis dans chacune des classes de diamètre, pour revenir à l’équilibre.
Dans la futaie irrégulière, il n’y a jamais de coupe rase, et les éclaircies laissent toujours un
peuplement suffisamment dense. De même, le fait d’avoir plusieurs strates est preuve de diversité. Cette
diversité se retrouve au niveau des produits récoltés. En ayant toutes les dimensions possibles, on peut
approvisionner de nombreux secteurs de transformation du bois.
En revanche, ce traitement ne peut pas s’appliquer sur toutes les essences. Il faut qu’elles puissent
supporter des périodes d’ombre, surtout à l’état de semis. Par ailleurs, la gestion est très complexe. Il est
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difficile de respecter l’équilibre et la pérennité du peuplement. Ainsi, un déficit dans telle ou telle classe de
diamètre peut remettre en cause tout le système.
Ce type de traitement comporte le mélange entre les brins de taillis et les arbres de franc-pied
(appelés ‘réserves’). On a donc deux strates et deux modes de croissance différents.
2.3.1. Principe
Concernant les arbres de franc-pied (les réserves), le traitement est irrégulier. On dispose en effet
d’arbres d’âges et de dimensions différents. A chaque rotation, on va donc couper certains arbres, dans
chaque catégorie de diamètre, afin de respecter un ‘équilibre’. La détermination du nombre d’arbres à
conserver par catégorie est appelée ‘Plan de balivage’.
Par ailleurs, lors de ces interventions, le taillis est intégralement coupé, ce qui permet à la lumière
d’accéder au sol. Les réserves, aptes à se reproduire, peuvent donc ensemencer le sol dans de bonnes
conditions, sans concurrence du taillis.
Les nouveaux semis vont donc pouvoir se développer, en même temps que les rejets de souche du
taillis. Il faut cependant s’assurer que les semis pourront survivre à la repousse des brins, car ces derniers ont
un accroissement bien plus fort que les semis.
On retient donc que les arbres ont toujours un âge lié à celui du taillis. On distingue donc plusieurs
catégories de réserves :
a- les Baliveaux, on entend par Balivage une opération consistant à sélectionner dans un taillis ou
dans un taillis-sous-futaie des arbres d'avenir (baliveaux), sains, vigoureux, de bonne conformation et
capables de donner du bois de qualité pour constituer par la suite une futaie. Les baliveaux sont donc des
réserves qui ont le même âge que le taillis ;
b- les Modernes, sont des réserve qui ont deux fois l’âge du taillis ;
c- les Anciens, sont des réserves qui ont trois fois l’âge du taillis ;
d- les Bisanciens, sont des réserves qui ont quatre fois l’âge du taillis ;
e- les Vieilles Ecorces, sont des réserves qui ont au moins cinq fois l’âge du taillis.
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2.3.2. Intérêts et inconvénients
Le principal intérêt est le taillis qui joue le rôle du sylviculteur en protégeant les billes (les fûts) des
réserves. En effet, grâce à l’ombre fournie, il empêche l’apparition de nombreux défauts (comme les
Gourmands). Par ailleurs, aucun travail sylvicole n’est nécessaire.
Au niveau du bois produit, on peut parler d’hétérogénéité dans les lots. A chaque récolte (qui a lieu
tous les 25 ans environ, pour éviter que le taillis ne devienne trop gros), on prélève du bois de taillis et des
réserves, de dimensions variables. On peut même appliquer ce traitement à de nombreuses essences, car, une
fois au-dessus du taillis, les réserves n’ont plus de contraintes particulières.
Le seul problème a sûrement lieu au moment de la régénération. En effet, si le taillis est trop
vigoureux (houppier), il est possible que les semis ne survivent pas. Ceci peut créer un déséquilibre, difficile
à rattraper.
Malgré ses nombreux avantages, ce régime a tendance à être abandonné, au profit des futaies
régulières.
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