Carnavalet - Paris Au Xvie Siecle La Renaissance 1

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Dossier pédagogique/2012
Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris

Paris au XVIe siècle, La Renaissance


La Renaissance à Paris

Le début du XVIe siècle est marqué par les guerres d’Italie. Celles-ci s’originent dans la tradition qui exigeait
que « Charles VIII1 fit valoir ses droits dynastiques sur le royaume de Naples ». À sa suite, Louis XII2 et François
Ier3 tentèrent l’aventure d’Italie. En 15254, la défaite de François I er à Pavie annonce la montée en puissance
de l’Etat des Habsbourg5 encerclant le royaume de France. Les guerres reprennent avec Henri II6 mais la paix
de Cateau-Cambrésis (1559) fait perdre l’Italie à la France.

De ces guerres on retiendra la pénétration en France du large mouvement intellectuel et culturel que fut la
Renaissance. Le Moyen Age est déjà derrière nous. L’art gothique7 est progressivement abandonné au profit
d’un art qui épouse les canons de l’antiquité. L’architecture, la littérature et les arts en sont profondément
bouleversés.
Pendant ce temps, la Réforme (mouvement religieux réformateur visant à rétablir l’orthodoxie de l’Eglise en
en condamnant ses abus) faisait son chemin. Les Guerres de Religion8 qui naîtront de l’opposition entre
Réformés et Catholiques feront des milliers de morts en France. Face aux massacres de la Saint-Barthélemy9
en 1572, Les Essais de Montaigne (1533-1592) parus en 1580, « constituent un appel à la tolérance et à la
modération ». Il faudra cependant attendre 1598 et la signature de l’édit de Nantes (dit « de tolérance »
envers les Protestants) par Henri IV10 pour que cessent les Guerres de Religion.

Comme le souligne l’historien Marc Ferro, ces guerres ont vu « l’affaiblissement des protestants comme force
alternative à la monarchie traditionnelle ainsi que la ruine du parti papiste qui entendait perpétuer l’emprise
de l’Eglise sur la royauté ». Henri IV apparaît dès lors comme le restaurateur de l’absolutisme qui allait
s’épanouir en France au « Grand siècle » (le XVIIe siècle).

1
Charles VIII (1470-1498) : roi de France en 1483, dont le règne marque le début des guerres d’Italie.
2
Louis XII (1462-1515): roi de France en 1498. Son règne est marqué par les guerres d’Italie et sur le plan intérieur par une réforme
de la justice et des impôts qui lui valut le surnom de « Père du Peuple ».
3
François 1er (1494-1447): roi de France en 1515. Son règne voit se développer les arts et les lettres en France, et sur le plan militaire
et politique, il est ponctué de guerres et d’importants faits diplomatiques.
4
« Tout est perdu, ne demeure que la vie sauve et l’honneur » dira t-il alors.
5
Habsbourg : appelée aussi « Maison d’Autriche », l’une des plus puissantes familles royales d’Europe, à la tête du St Empire
Romain Germanique de 1452 à 1740.
6
Henri II (1519-1559) : roi de France en 1547. Il poursuit l'œuvre politique et artistique de son père.
7
Art gothique : il se substitue peu à peu à l’art roman au cours de la seconde moitié du XII e siècle. Né en Île-de-France, il rayonne
ensuite dans toute l’Europe jusqu’au début du XV e siècle. Cet art est avant tout religieux, mais il s’exprime également dans des
édifices civils ou militaires, qui bénéficient des innovations techniques accompagnant l’avènement du style gothique. L’utilisation
systématique de la voûte sur croisée d’ogives et d’arcs-boutants permet d’élever des bâtiments de grande hauteur, dont les surfaces
murales sont désormais percées d’amples portes, galeries et fenêtres en arcs brisés. La lumière y entre en majesté.
8
Guerres de Religions : il s’agit de huit conflits opposant Catholiques et Protestants entre 1562 et 1598. Ces guerres illustrent aussi
l’antagonisme au sommet de l’Etat entre chefs protestants et catholiques pour le contrôle du pouvoir. Le mariage entre la catholique
Marguerite de Valois (1553-1615, fille d’Henri II) et le protestant Henri de Navarre n’aura en rien servi une réconciliation entre les
deux confessions. C’est même à l’occasion des festivités de ce mariage qu’eurent lieu les massacres de la Saint-Barthélemy. La
stérilité du mariage et les tensions politiques auront raison de leur union en 1599.
9
C’est dans la nuit de la Saint-Barthélemy, le 24 août, 1572 qu’a lieu le massacre des protestants par les catholiques, sous le règne
de Charles IX (1560-1574). Les cloches de Saint-Germain l’Auxerrois donne le signal de la tuerie. Le massacre durera cinq jours et
fera plus de 2000 victimes.
10
Henri IV (1553-1610) : roi de France en 1589 ; Protestant, il dut reconquérir son royaume et se convertir au Catholicisme pour être
accepté comme roi. Son règne voit la fin des Guerres de Religion, avec la signature de l’Edit de Nantes (1598) et le renforcement de
l’absolutisme. Au XVIIIe siècle, il représente le modèle du bon roi.

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 Le XVIème siècle français où les prémices de la monarchie absolue


Entre l’avènement de Charles VIII et le règne d’Henri IV c’est tout un renversement de la fonction royale
qui s’opère. Ce sont les guerres et notamment les Guerres d’Italie qui en France dans la première moitié
du XVIème siècle, vont légitimer l’obéissance au Roi (François Ier vainqueur de Marignan11 en 1515,
par exemple). Mais c’est en revanche dans leur capacité à maintenir la paix entre leurs sujets que
les rois de la seconde moitié du XVIème siècle vont asseoir définitivement l’absolutisme de leur
pouvoir, et ce malgré les courants d’opposition soucieux d’indépendance qu’illustrent bien le
gallicanisme12 universitaire et parlementaire (cf. La conversion d’Henri IV). Il ne faudra pas moins d’un
siècle pour que tout ceci soit de nouveau ébranlé…

 Le mouvement des idées : la « Renaissance »


Alors qu’au Moyen-âge la vie intellectuelle est dominée par l’église, le XVIe siècle voit s’affirmer la puissance
des Etats monarchiques. À partir de 1515, la royauté impose sa volonté à l’Eglise et au corps universitaire
parisien. Le Concordat de Bologne13 signé en 1516 entre le Pape Léon X (de 1513 à 1521) et François Ier
confirme le pouvoir discrétionnaire du Roi sur la nomination des gradués des universités aux bénéfices
ecclésiastiques14.
Le développement de l’imprimerie, introduite en France dès 1470, sert la propagation des idées nouvelles. Le
futur Collège de France créé en 1530 par François Ier à l’instigation de Guillaume Budé15 et de Marguerite de
Navarre16, fait de Paris la capitale intellectuelle du monde connu. En plus de la théologie17 et des arts
libéraux18, l’enseignement se tourne vers l’humanisme et les sciences exactes. Les auteurs grecs et latins sont
considérés comme des maîtres à penser, des modèles à imiter.
La Renaissance est donc ce phénomène européen, né en Italie, d’essor intellectuel, développant une
production artistique, philosophique et scientifique majeure. Elle désigne la redécouverte de l’Antiquité à

11
La bataille de Marignan (Marignano en Italie, aujourd’hui Melegnano, ville à 16 km au sud-est de Milan), eut lieu les 13 et 14
septembre 1515 et opposa François Ier de France et ses alliés vénitiens aux mercenaires Suisses qui défendaient le duché de Milan.
12
Gallicanisme, doctrine et attitude caractérisées par l'accord du souverain français et de son clergé pour gouverner l'Église de
France, en contrôlant et en réfrénant l'ingérence de la papauté. En fait, il n'y a pas eu un mais au moins trois types de gallicanisme, qui
se sont souvent mêlés, parfois opposés : le gallicanisme ecclésiastique affirmant la supériorité des conciles sur le pape ; le
gallicanisme royal posant, contre le pape, le roi comme chef temporel de l'Église française ; le gallicanisme parlementaire enfin,
variante du gallicanisme royal.
13
La pragmatique sanction ayant été promulguée sans l'avis de la papauté, le roi François Ier négocie, en 1516 à Bologne, le concordat
qui va régir l'Église de France jusqu'à la Révolution. S'il entérine l'abandon au roi de la nomination des chefs de l'Église nationale, la
théorie conciliaire est pour sa part abandonnée, à la grande satisfaction du pape.
14
Bénéfices ecclésiastiques, terres ou des revenus donnés à charge de s'acquitter d'une certaine fonction ecclésiastique.
15
Guillaume Budé (1467-1540), savant humaniste et homme de lettre français, père du Collège de France.
16 Marguerite de Navarre, appelée également Marguerite d’Angoulême et parfois Marguerite d'Alençon (1492 à 1549). Elle joue un
rôle capital au cours de la première partie du XVIe siècle : elle exerce une influence profonde en diplomatie et manifeste un certain
intérêt pour les idées nouvelles, encourageant les artistes tant à la Cour de France qu'à Nérac. Sœur du roi François Ier, elle est la mère
de Jeanne d'Albret (reine de Navarre et mère du futur Henri IV). Elle est aussi connue pour être, après Christine de Pisan et Marie de
France, l'une des premières femmes de lettres françaises, surnommée la dixième des muses. Son livre, l’Heptameron est un recueil
inachevé de 72 nouvelles. L'ouvrage tire son titre du fait que le récit se déroule sur sept journées, la huitième étant incomplète.
17 La théologie (en grec ancien θεολογία, littéralement « discours sur la divinité ou le divin, le Θεός [Theos] ») est l'étude des réalités
considérées comme « divines » et du fait religieux, ainsi que l'interprétation des textes dits « sacrés ».
18 Les arts libéraux, terme qui désigne les disciplines intellectuelles fondamentales dont la connaissance depuis l'Antiquité
hellénistique et romaine était réputée indispensable à l'acquisition de la haute culture. Les arts libéraux étaient groupés en deux
cycles : le trivium, comprenant la grammaire, la rhétorique et la dialectique, et le quadrivium, groupant les quatre branches des
mathématiques (arithmétique, géométrie, astronomie et musique). Dans la pensée chrétienne telle que la formule saint Augustin, la
connaissance des arts libéraux fut considérée comme l'étape préalable à l'étude de la théologie fondée sur l'Écriture sainte, qu'il
importait de comprendre et d'interpréter.

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travers l’affirmation de l’Humanisme19 et l’idée que l’art n’est plus seulement au service de l’église mais
qu’il peut aussi réfléchir une part du monde visible.

 L’art de la Renaissance en France


La Rinascitta, « Renaissance » en italien, traduit dès le Quattrocento (XVème siècle), le renouveau de la
culture gréco-romaine. Commencée au XVème siècle en Italie, ce mouvement intellectuel et artistique
atteint la France dans la première moitié du XVIème siècle.
Les artistes de la Renaissance recherchent moins le réalisme que la beauté et l’harmonie. Ils créent à partir de
l’observation de la nature, mais ne l’imitent pas. Ils ont avec eux de nouveaux moyens techniques tels que la
peinture à l’huile, procédé flamand introduit en Italie par Antonello de Messine (1430-1479) et la toile, qui se
généralise à Venise dès 1520 et permet le développement de la peinture de chevalet.

L’art de la Renaissance en France est représenté par l’école de Fontainebleau20, une interprétation française
mesurée du maniérisme21 italien ou Renaissance tardive. En 1528, François Ier, à son retour de Madrid où il
avait été le prisonnier de Charles Quint après sa défaite à Pavie (1525), s’était installé avec sa cour dans la
région parisienne, à Fontainebleau. En 1515 déjà, il avait attiré à lui un certain nombre d’artistes italiens
célèbres dont Léonard de Vinci (1452-1519) qu’il avait installé au Clos Lucé près d’Amboise. Mais c’est une
génération plus jeune, celle des maniéristes, qui constituera la célèbre école de Fontainebleau, dominée par
deux maîtres italiens: Le Rosso (1495-1540) et Primatice (1504-1570).

Les sujets profanes sont à l’honneur et tirés pour la plupart des Métamorphoses d’Ovide22. La ligne
caractéristique du dessin se fait serpentine, étire les figures en longueur et les anime d’une lascivité languide.
On retrouve cette technique notamment chez le sculpteur Jean Goujon, dont Paris possède quelques œuvres
exemplaires, telles les sculptures du Louvre Renaissance, celles de la Fontaine des Innocents ou encore celles
effectuées par son atelier sur le corps de logis de l’Hôtel Carnavalet et étudiés plus avant dans ce dossier.

Une renaissance urbaine, Paris au 16ème siècle


La ville italienne de la Renaissance est assurément le microcosme de l’humanité organisée, le lieu qui exalte
les valeurs nobles de l’antiquité : sagesse, beauté, conquête des droits politiques et domination des circuits
économiques. Mais qu’en est-il de la ville française et de Paris en particulier, à la même époque ?
On le sait, les guerres d’Italie ont favorisé la pénétration de l’art italien sur le territoire français. C’est
François Ier qui en mettant fin à l’itinérance de sa cour, affirme officiellement la solidarité du souverain à
Paris, capitale du royaume. Avec lui, la capitale va chercher à s’embellir. Le roi veut changer le profil de sa

19
L’Humanisme, met l’homme au centre de ses préoccupations. Cette humanité s’origine dans la culture. Par elle l’homme acquiert
une sagesse morale nécessaire à l’épanouissement de son bien être.
20
L’Ecole de Fontainebleau désigne un courant artistique né sous l’impulsion des artistes italiens convoqués par François Ier pour
décorer à partir de 1530 sa résidence de Fontainebleau. L’essor de l’Ecole se poursuivra jusqu’au règne d’Henri IV. Elle constitue, en
France, la manifestation essentielle de la « seconde » Renaissance, après 1527 (date du sac de Rome par les troupes de Charles Quint).
(Définition RMN)
21
Le Maniérisme, né à Rome, s’épanouit dans toute l’Italie et se répand en Europe à partir de 1530 et jusqu’en 1610. Le terme
« maniérisme » vient de l'italien manierismo (de l'expression bella maniera), dans le sens de la touche caractéristique d'un peintre.
Perçu comme une réaction face aux conventions artistiques de la Haute Renaissance, le Maniérisme ou Renaissance tardive, n’en
constitue pas moins une continuation et une poursuite des recherches mises en œuvre à l'époque de la Renaissance. Son caractère
inquiet et mystique correspond au déclin économique de l’Italie et aux attaques de Luther conte la papauté.
22
Ovide, poète latin (43avt J.-C. – 17 ap J.-C.), Les Métamorphoses est long un poème épique qui débute à la naissance du monde
jusqu’à l’époque contemporaine, celle du règne d’Auguste et raconte les transformations de certains mortels voulues par les Dieux en
guise de châtiment ou de récompense.

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ville, beaucoup trop moyenâgeuse à son goût. En effet, si l’humanisme influence la pensée et pénètre l’art, la
ville française de la Renaissance malgré des prémices de changements, n’est pas vraiment bouleversée dans son
ordonnancement. L’architecture tant civile que militaire reste dans sa grande majorité d’inspiration gothique
comme nous le montre encore aujourd’hui l’Hôtel de Cluny. Peu à peu cependant, l’autorité royale s’affirme
et met un frein à l’expansion désordonnée de la cité. Les projets architecturaux vont s’engager avec plus
d’audace que sous Louis XII. Mais ce sera véritablement dans la seconde moitié du XVIe siècle qu’un style
proprement français, faisant la synthèse des influences italiennes, antiques et nationales, s’élaborera.

Louis XII et le pont Notre-Dame (Paris 4e)


Louis XII (1498 – 1515) Devient roi de France à la mort de son cousin (éloigné)
Charles VIII, le 7 avril 1498. Est sacré à Reims le 27 mai 1498. Meurt le
1er janvier 1515 sans descendance mâle pour lui succéder.
Portrait de Louis XII, roi de France.Date : vers 1514 (?),Source :Windsor, collections de S.M. la Reine d'Angleterre, Auteur :Jean
Perréal (vers 1455-1527/29)
Situé entre le pont au Change et le pont
d'Arcole, le pont Notre-Dame relie encore
aujourd’hui, l'île de la cité et le marché aux Fleurs
à la rive Droite.
Pont de bois à l’origine, il fut reconstruit en pierre
en 1512 par l’architecte Jean Joconde sur ordre du
roi.
Il devait son originalité aux maisons bâties en
pierre et brique sur chacun de ses côtés.
Elles se composaient d’un rez-de-chaussée avec
arcades, coté rue et abritaient une boutique,
tandis que coté Seine étaient installées une cuisine Vue et perspective du pont Notre Dame bati en 1507 sous la conduite de Jean Jucandus
Cordelier natif de Verone, Aveline (1654-1722), juin 1791. © Musée Carnavalet / Roger
et en demi étage, une arrière boutique avec Viollet.
escalier. La plupart de ces commerces étaient
Le jeune François 1er fit son entrée royale le 15 février
occupés par des orfèvres et des changeurs. Le
1515 par le pont Notre-Dame, délaissant le pont au
célèbre marchant de tableaux et d’estampes
change et montrant ainsi son attrait pour la nouveauté.
François Gersaint23 y aura une boutique au n°35
Le pont Notre-Dame était ce que l’on appelle un pont
immortalisée par le peintre Antoine Watteau24 en
habité comme le sont encore aujourd’hui le Rialto de
1721, L’Enseigne Gersaint).
Venise et le Ponte Vecchio de Florence.
L’élévation se composait d’un grand étage puis un
second plus étroit et se terminait par des combles
avec pignons sur rue. Les maisons furent baillées
par la Ville et numérotées de grands chiffres d’or
sur fond rouge (ancêtre de la numérotation des
rues de Paris).
D’après le dictionnaire Petit Robert :
1. Pont n. m.: Construction, ouvrage reliant deux points séparés par une dépression ou par un obstacle.
2. Habité, adj. du verbe habiter : Avoir sa demeure.

Le « pont habité » est donc l’association de deux éléments constructifs : le pont et le bâtiment. Sa spécificité
réside dans le fait qu’il est enrichi par la présence d’architectures construites, qui n’implique pas

23
Edme-Françoit Gersaint (1694-1750), marchand mercier parisien du XVIIIe siècle.
24
Antoine Watteau (1684-1721), peintre français.

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nécessairement le désir de passer d’une rive à l’autre.

« Le pont habité, nous dit Jean Dethier25, est celui qui — en plus de sa vocation publique de franchissement d’un
obstacle naturel (une rivière) ou artificiel (un canal, une autoroute ou des voies ferrées) — sert d’élément de
liaison organique entre deux quartiers ou pôles urbains en les reliant par un développement linéaire continu de
bâtiments construits sur le tablier du pont pour y accueillir en permanence diverses activités sociales et urbaines.
Tout pont habité a donc une double composante et comporte une infrastructure (la plate-forme qui enjambe
l’obstacle) et une superstructure architecturale ; celle-ci confère alors à l’ensemble une “plus value“ à la fois
fonctionnelle, économique et sociale, mais aussi une plus value culturelle, symbolique et affective. Cette pluralité
assure au pont un pouvoir d’attraction complémentaire, qui concilie des valeurs quantitatives et qualitatives. Le
pont habité est un élément de cohérence urbaine, en instaurant une continuité linéaire là où il y avait par
définition une coupure dans le tissu urbain ; il dote d’une connotation positive un lieu marqué négativement par
une césure, par un vide. Le pont habité agit donc dans la ville comme un aimant fédérateur. Il est par essence
polyvalent et porteur d’une diversité multifonctionnelle. »

Le pont Notre-Dame aujourd’hui.

Les maisons seront finalement détruites


La joute des mariniers entre le Pont Notre-Dame et le Pont au Change, N. J.-B. Raguenet (1715-1793)
en 1786. Le pont d’aujourd’hui fut 1756 © Musée Carnavalet / Roger Viollet.
inauguré en 1919.

Sous le règne de François Ier, la capitale parisienne compte environ 280 000 habitants. Charles Quint26 dira
d’elle « Lutecia non urbs, sed orbis », Paris n’est pas une ville, c’est un monde !
Sous son règne, l’affirmation du pouvoir royal s’organise. Déjà en 1515, avec le Concordat de Bologne, la
royauté avait imposé son pouvoir à l’église gallicane et à l’université. L’ordonnance de Villers-Cotterêts
(1539) instaura la mise en place d’un état civil et imposa le français comme langue officielle du royaume, à la
place du latin.
La tolérance du roi face aux partisans de la Réforme, soulignait son ouverture d’esprit et son idéal humaniste
mais l’affaire des Placards27 en 1534 imposa la radicalité de son pouvoir et l’affirmation de sa foi catholique.
Les persécutions contre les protestants qui suivirent et l’institution de la Chambre ardente 28 en 1535 en furent
les témoins les plus flagrants.

25
Jean Dethier, architecte conseil du Centre de création industrielle. In Urbanisme n° 292 – Janvier-février 1997.
26
Charles Quint (1500-1558), prince de la maison de Habsbourg, considéré comme le monarque chrétien le plus puissant de son
temps. Il a été duc titulaire de Bourgogne (souverain des Pays-Bas) sous le nom de Charles II (1515-1555), roi des Espagnes, sous le
nom de Charles Ier (Carlos i), roi de Naples et de Sicile (1516-1556), mais il est resté à la postérité sous son nom d'empereur du
Saint-Empire romain germanique (1519-1558), Charles V (Karl V.) (Quint signifiant cinquième en moyen français).
27
L’affaire des placards (1534), écrits jugés injurieux et séditieux affichés dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534 dans les rues de
Paris et dans diverses villes du royaume (Tours, Orléans). Ces affiches furent placardées jusque sur la porte de la chambre royale de
François Ier au château d'Amboise, ce qui constituait un affront envers la personne même du roi et sa foi. Cet épisode marque la
radicalisation de François Ier contre les partisans de la Réforme, contre lesquels les épisodes répressifs n'avaient jusque-là été que
sporadiques.

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François 1er et l’Hôtel de Ville


François 1er (1515-1547) Devient roi de France à la mort de son grand-
cousin et beau-père Louis XII, le 1er janvier 1515. Est sacré à Reims le
25 janvier 1515. Meurt de septicémie le 31 mars 1547.
François Ier par Joos Van Cleve © Musée Carnavalet

Il revient au roi François 1er de doter la cité d’un beau palais municipal. Depuis 1357, le siège de la municipalité
de Paris se situe place de Grève (place de l’Hôtel de Ville depuis 1803). Etienne Marcel29, prévôt des
marchands30, avait acquit à cet effet « la maison aux piliers », édifice gothique orné d'arcades au rez-de-
chaussée, d'où son nom. La municipalité parisienne issue de la corporation des marchands de l'eau avait,
depuis le XIIème siècle, le monopole de l'approvisionnement par voie fluviale. Ce qui leur conférait un pouvoir
considérable puisque le commerce se faisait alors principalement par bateau. Aujourd’hui encore le sceau des
marchands de l'eau, forme toujours les armoiries de la Ville de Paris : le fameux bateau qui "flotte et ne
sombre pas" ("fluctuat nec mergitur").

surmonté d'une couronne murale d'or à cinq tours, et encadré à dextre


d'une branche de chêne et à sénestre d'une de laurier. La couronne crénelée
rappelle la ville ancienne à l'abri de ses remparts, elle affirme aussi son
indépendance vis-à-vis du pouvoir central.

Sur le blason, le navire représenté est le symbole de la puissante


corporation des Nautes ou des Marchands de l'eau, gérante de la
municipalité au Moyen Âge. La devise de la ville, « Fluctuat nec mergitur »,
« Il flotte mais ne sombre pas », est également une référence à ce bateau.
L’écu est surmonté d’un chef d'azur, semé de lis d'or.

la Légion d'honneur (décret du 9 octobre 1900), la croix de Guerre 1914-


1918 (décret du 28 juillet 1919) et la croix de la Libération (décret du
24 mars 1945)

28
Chambre ardente, instituée en 1535 comme tribunal chargé de poursuivre les protestants français. Cette commission donnée par le
roi et relevant du parlement de Paris, a été appelée « chambre ardente », car ses audiences se tenaient dans une pièce tendue de noir et
éclairée par des torches ou des bougies.
29
Etienne Marcel (entre 1302 et 1310 – 1358)
30
Prévôt des marchands, chef des échevins de Paris et leur représentant auprès du roi, équivalent du maire actuel.

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À son retour des guerres d’Italie, François Ier décida de substituer à la « maison aux piliers » un nouvel édifice qu’il
commanda à l’architecte Italien Dominique Bernabei de Cortone dit Le Boccador31. Commencé en 1533, le nouveau
bâtiment ne sera achevé qu’en 1628 sous le règne d’Henri IV.

Des extensions à l’hôtel primitif seront ajoutées entre 1836 et 1850 tout en préservant la façade renaissance. Devenu le
siège de la préfecture de la Seine à partir de 1849, il accueillera à ce titre le préfet Haussmann32 dès 1853. Il brûlera
entièrement lors de la Commune en 1871.

La place de Grève, encore en terre


battue, descend en pente douce jusqu’au
« port de la grève », sur les bords de
Seine, où accostent des bateaux. Elle est
très largement dégagée. La présence d’un
parapet et d’un trottoir l’isole davantage
du bord de l’eau. Les personnages
animant la composition, donnent autant
le sentiment d’un lieu d’activité
économique que de promenade. Les
maisons accolées à l’édifice du Boccador
témoignent de la persistance de
l’architecture médiévale dans le bâti
urbain.

L'Hôtel de Ville et la place de Grève, vers 1720 Anonyme


© Musée Carnavalet Roger-Viollet

Le corps central de l’édifice est surmonté d'une


horloge ornée de sculptures représentant la Seine, la
Marne, la Force, la Justice et la ville de Paris ainsi que
d'un campanile à trois niveaux. Il est flanqué de deux
bâtiments carrés, percé, pour l’un d’eux, d’une arcade
qui permettait de gagner la rue du Martroy aujourd’hui
disparue.
On notera sur la maquette, la présence de la statue
équestre d’Henri IV (détruite sous la révolution,
reconstruite au XIXe siècle, c’est cette dernière qui est
aujourd’hui conservée au musée Carnavalet).

Façade de l'hôtel de ville avant 1789 Daniel Martin Maquette 1989


© Eric Emo Musée Carnavalet Roger-Viollet

31
Le Boccador (1465-1549)
32
Le Baron Haussmann (1809-1891)

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Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris

Au XVIème siècle Paris est donc administrée par la municipalité qui siège à l’Hôtel de Ville. Elle coordonne les 16
quartiers de la ville, protégés à l’intérieur des remparts. Cette municipalité est dirigée par le prévot des marchands ,
assisté de 4 échevins. Chacun des 16 quartiers correspond à une paroisse ecclésiastique. Chaque quartier est dirigé par
un quartenier, charge jouissant d’un grand prestige. Les quarteniers lèvent les taxes, distribuent le blé en cas de disette
et ont aussi fonction de police. Ces charges vont devenir héréditaires et échoir au fil du temps à de riches marchands et
bourgeois de Paris.

La présence des bateaux-lavoirs apparus


sur la rive droite de la Seine en 1851
souligne le déclin de la fonction portuaire
de la place.
On devine au loin la présence de la rue de
Rivoli percée dans la première moitié du
XIXème siècle.

Théodore-Joseph-Hubert HOFFBAUER (1839-1922) Hôtel


de Ville de Paris, 1842 © Musée Carnavalet

Cette vue aérienne de l’actuelle


place de l’Hôtel de Ville et du
bâtiment, permet de mieux en
cerner les dimensions. La place a
conservé son caractère festif et
est agrémentée de fontaines.

Ce sont surtout les infrastructures


routières qui témoignent de son
lien rompu avec le fleuve ou
comment la place, longtemps
orientée vers la Seine qui, du
reste, lui donne son nom primitif
(place de Grève) va progres-
sivement se tourner vers l’Hôtel Hôtel de Ville actuel
de ville dont elle finit par adopter
le nom.

Dans la seconde moitié du XVIème siècle, le roi et sa cour vivent au Louvre. Ce qui nécessite un certains
nombre de travaux de restructuration et d’embellissement conformes au nouveau goût de l’époque. Henri II,
deuxième fils de François Ier et de Claude de France, va poursuivre l’œuvre centralisatrice de son père tant au
plan politique qu’artistique. En 1557 par exemple, il unifie le système des poids et mesures à l’ensemble de la

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris
banlieue de Paris et en fait conserver l’étalon à l’Hôtel de Ville de Paris. La mise en scène du pouvoir royal est
parfaitement orchestrée et s’appuie sur l’excellence des artistes de l’époque, dans tous les domaines de la
création. Ainsi confirme t-il l’architecte Pierre Lescot (1515-1578) pour les travaux du Louvre (choix initial de
son père) tout en nommant Philibert Delorme (1510-1570), premier architecte du roi. Jean Goujon33 et
Germain Pilon34 seront ses sculpteurs de références, tandis que la littérature s’enrichira de l’œuvre de grands
écrivains, tels Michel de Montaigne35 et Etienne de la Boétie36 et que la poésie s’enorgueillira d’un nouveau
mouvement, La Pléiade37, avec Pierre Ronsard (1524- 1585) et Joachim du Bellay (1522-1560) notamment.

Henri II : la Fontaine des Innocents, le palais du Louvre, l’Hôtel Carnavalet

Henri II (1547 – 1559) Devient roi de France à la mort de son père


François Ier, le 31 mars 1547. Est sacré à Reims le 26 juillet 1547. Meurt
le 10 juillet 1559 des suites d'une blessure reçue en tournoi.

Double Henri d'or à l'effigie d'Henri II © Musée Carnavalet Roger-


Viollet

1- La fontaine des Innocents, d'abord appelée fontaine des nymphes, est située au cœur de Paris sur l'actuelle
place Joachim du Bellay dans le quartier des Halles (1er arrondissement). On doit probablement son dessin
initial à l'architecte Pierre Lescot, tandis que sa décoration et ses sculptures sont l’œuvre de Jean Goujon. Elle
fut réalisée en 1549, à l'occasion de l'entrée d'Henri II à Paris.
Elle est avec la cour carrée du Louvre et l’Hôtel Carnavalet un des exemples les plus parlant en sculpture, du
maniérisme à la française.

Réédification de la fontaine des Saints-Innocents. 1780 © Musée


La fontaine des innocents et l’église des Saints Innocents
Carnavalet
par Huyo© Musée Carnavalet

33
Jean Goujon né vers 1510, est un sculpteur et architecte français.
34
Germain Pilon (1528-1590), il a été le sculpteur des rois de France au XVIème siècle. On lui doit notamment les Mascarons du
Pont Neuf dont les originaux sont conservés au musée Carnavalet.
35
Michel de Montaigne (1533-1592), écrivain, philosophe, moraliste et homme politique français de la Renaissance, auteur d’un
livre qui a influencé toute la culture occidentale : les Essais.
36
Etienne de La Boétie (1530-1563), écrivain humaniste et poète français, célèbre pour son Discours de la servitude volontaire
(remise en cause de la légitimité des gouvernants).
37
La Pléiade, groupe de sept poètes français du XVIème siècle, rassemblés autour de Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay. Le
nom est emprunté à sept autres poètes d’Alexandrie qui avaient choisi, au IIIème siècle, le nom de cet amas astronomique pour se
distinguer.

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
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Comme le montre ces deux gravures précédentes, la fontaine était à l’origine une loggia bâtie à l’angle de
deux rues (la rue Saint-Denis et la rue aux Fers, actuelle rue Berger), avec deux arcades sur une rue et une
seule sur l’autre. Ces arcades, d’ordonnance corinthienne s’encadrent dans des pilastres contre lesquels une
nymphe se dresse. Des bas reliefs ornaient le soubassement de chaque arcade (visibles sur la seconde
gravure) et évoquaient les nymphes des eaux, renouant ainsi avec la tradition antique du nymphée 38.

La décoration du soubassement de la fontaine d'angle du XVIe siècle était composée de trois bas-reliefs,
aujourd’hui conservés au Louvre. Ils représentent des nymphes couchées en compagnie de Tritons 39et de
petits génies entourés de créatures mythologiques.

Les figures féminines comme ici, ont les membres fuselés et allongés, dans des poses élégantes qui rappellent
les exemples laissés à Fontainebleau par Primatice et Benvenuto Cellini. Toute la grâce de ce bas-relief se
retrouve dans l’entrelacement des lignes courbes de la composition : l’ondulation des draperies, la ligne
souple des figures, les volutes des coquillages et de la queue de l’animal marin.

38
Nymphée : sanctuaire dédié aux nymphes. Les nymphes étaient des créatures mythologiques subalternes associées aux sources, aux
bois et aux montagnes.
39 Triton est, dans la mythologie grecque, un dieu marin fils de Poséidon et d'Amphitrite, messager des flots. Triton aurait eu
pour descendants les tritons. Ils étaient souvent représentés chevauchant des dauphins et avec leurs conques marines, ils
personnifiaient les rugissements de la mer, mais ils étaient aussi réputés pour leur lascivité.

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
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Sous l’impulsion de Quatremère


de Quincy40, la fontaine fut
déplacée sur la place
transformée en marché lors de
la destruction de l’église des
Saints-Innocents et du transfert
des ossements du cimetière aux
Catacombes au XVIIIè siècle.
Quatre architectes aidés du
sculpteur Antoine Pajou, furent
chargés de créer un quatrième
côté à la fontaine, en s’inspirant
de Jean Goujon.

Le marché et la fontaine des Innocents 1822, John-James Chalon ©


Musée Carnavalet

Lorsque le marché se déplaça aux Halles


de Baltard en 1856-1858, Davioud fit
déplacer la fontaine de quelques mètres
afin qu’elle devienne l’ornement du
Square des Innocents. La cuve sarcophage
et les lions furent remplacés par plusieurs
étages de bassins et certaines sculptures
comme le bas relief précédent, déposées
au Louvre pour leur conservation.
On peut sur cette photo observer les
pilastres41 jumelés d'ordre corinthien42
encadrant une arcade surmontée d'un
attique43 et d'un fronton triangulaire. Les
naïades au corps voilé, en bas-relief,
s'insèrent entre les pilastres. Chacun des
attiques est décoré de scènes
La Fontaine des Innocents aujourd’hui mythologiques relatives aux sources et
fontaines.

40
Quatremère de Quincy (1755-1849), archéologue, philosophe, critique d'art et homme politique français.
41
Un pilastre est un support carré terminé par une base et par un chapiteau. Un pilastre est incrusté dans un mur tandis que le pilier
est un élément isolé. La fonction du pilastre est uniquement décorative, il n'est qu'adossé à un mur porteur.
42
L'ordre corinthien est le dernier ordre, ou style d'architecture apparu en Grèce antique. Il est facilement identifiable par son
chapiteau composé de feuilles d'acanthe.
43
L'attique (nom masculin), en architecture, est la partie supérieure qui vient couronner une construction.

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2- Le Louvre renaissance
« À la mort de Charles VI, le Louvre s'endort pendant un siècle. François Ier le sort du sommeil en
décidant, en 1528, de se réinstaller à Paris. Pour donner air et lumière au château destiné à accueillir le
roi, on démolit le Louvre médiéval qui laisse place à celui de la Renaissance ».
François Ier décide en 1546 la construction d'un nouvel édifice mais c’est Henri II qui mènera les travaux.
L'aile ouest médiévale est démolie et remplacée par un bâtiment de style Renaissance conçu par Pierre
Lescot et décoré par Jean Goujon. Le nouveau bâtiment marque ainsi l’apothéose du nouveau style
architectural : Une Renaissance française !

L’attique, très ouvragé, dû au ciseau de Jean Goujon est l’exacte moitié de l’étage noble.

La renaissance française est différente de l’italienne mais en reprend les grands principes tout en
s’harmonisant avec les traditions locales, comme la couverture en toit brisé à deux pentes, repris plus tard
par Mansart.
On respecte les lois de la symétrie et des proportions modulaires. Ainsi la façade dessine trois niveaux
d’élévation dont deux de hauteur identique, scandés par trois pavillons ou avant-corps saillants.
Pierre Lescot conserve l’harmonie des proportions de l’architecture classique avec un rez-de-chaussée
alternant de grandes arcades en plein cintre et des pilastres engagés d’ordre corinthiens, un étage noble
avec de grandes fenêtres toutes identiques, encadrées d’un chambranle mouluré surmonté d’un fronton

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triangulaire.

Henri II ordonnera l’aménagement, au rez-de-chaussée du bâtiment, de la salle de bal du palais du Louvre


ou salle des Caryatides44. Elle doit son nom aux quatre figures féminines sculptées par Jean Goujon en
1550 pour soutenir la tribune des musiciens. Le sculpteur s’inspira sans doute des traités de Vitruve
évoquant des Caryatides de l’Erechtheion, temple grec du Vème siècle avant J.-C. sur l’Acropole
d’Athènes. Les proportions de la salle sont d’une rigueur toute renaissante. Elle est le plus important
intérieur renaissance conservé du Louvre.

Ces femmes-colonnes sont les seules sculptures en rond de bosse que l’on puisse attribuer avec
exactitude à Jean Goujon. Elles présentent un visage calme, des bras coupés, stylisés avec une draperie
nouée sous l’abdomen, très caractéristique de la statuaire du XVIème siècle. Elles sont juchées sur un fut
tronqué leur servant de piédestal et évoquent les colonnes dont elles tiennent lieu. C’est l’ordre caryatide.

44
Caryatide, statue de femme souvent vêtue d'une longue tunique, soutenant un entablement sur sa tête, remplaçant ainsi une
colonne, un pilier ou un pilastre. L’atlante est son équivalent masculin.

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Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris

Activité pédagogique
Etude d’un bâtiment de Paris du XVIème siècle:
Le musée Carnavalet

→ Pourquoi une activité pédagogique sur le musée Carnavalet pour évoquer le XVI e siècle ?

Le présent dossier sur le XVIème siècle français s’est attaché à évoquer le renouvellement
architectural de la capitale. S’intéresser à l’hôtel Carnavalet c’est évoquer le musée d’histoire de la Ville de
Paris et la notion de conservation du patrimoine en dehors des grandes institutions « généralistes » que sont
les musées des beaux arts comme le Louvre ou Orsay.
C’est en 1866, au moment où Paris subissait les transformations urbanistiques voulues par Napoléon III et
orchestrées par le Baron Haussmann, que la municipalité acheta l’hôtel Carnavalet afin d’y installer le musée
historique qu’elle projetait. Le musée cependant n’ouvrira ses portes qu’en 1880. Un siècle plus tard en 1989,
l’hôtel Le Peletier sera adjoint à l’hôtel Carnavalet afin d’agrandir les surfaces d’exposition du musée. « En 120
ans d’existence, le musée a pu rassembler un ensemble considérable d’œuvres en tous genres. Soit plus de
2600 peintures, 20 000 dessins, 300 000 estampes, 150 000 photographies, 800 pièces de mobiliers… ». Connu
pour ses collections révolutionnaires, d’une ampleur inégalée, le musée Carnavalet est aussi un musée
littéraire rassemblant les effets personnels de personnages célèbres tels Mme de Sévigné, Voltaire, Rousseau,
Marcel Proust… « Et parce qu’il est né dans une demeure privée, il a cherché, dans ses développements
successifs à en préserver l’atmosphère, d’où la présentation des œuvres dans un cadre restituant les
intérieurs d’époque comme un écho lointain du passé parisien » (Jean-Marc Leri).
L’objectif est donc double ici, évoquer à travers le premier exemple construit à Paris au XVIème siècle, d’un
hôtel particulier conçu entre cour et jardin, la naissance du musée d’histoire de la capitale.

→ Problématique :
En quoi ce bâtiment est-il représentatif de l’architecture renaissance à Paris ? En quoi est-il un bâtiment
emblématique du renouveau de la capitale au XVIème siècle ?

→ Objectifs pédagogiques :
- Montrer aux élèves ce qu’est un hôtel particulier du XVIème siècle, dit « entre cour et jardin ».
- Faire prendre conscience aux élèves qu’un bâtiment évolue au fil du temps (usage, aspect, espace,
etc.).
- Faire prendre conscience aux élèves qu’un bâtiment patrimonial est aussi un symbole (politique,
économique, culturel).

→ En séance :
- Etudier la façade du corps de logis de l’hôtel Carnavalet, en faire ressortir ses caractéristiques
renaissances et s’attacher à la représentation symbolique des saisons, thème humaniste par
excellence.

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris

- En séance avec les élèves :


- Etudions la façade du corps de logis de l’hôtel Carnavalet.

3-L’Hôtel Carnavalet, un Hôtel Renaissance


La présence du Roi à Paris ou en région parisienne incite les grands (princes, conseillers du Roi,
gentilshommes et financiers) à chercher une résidence en ville. L’espace bâti dans la ville se densifie alors et
on assiste à la conquête de territoires suburbains.
Cependant, malgré plusieurs tentatives, l’unité morphologique du Paris du XVIème siècle reste celle du
Moyen Age. On constate la permanence de l’habitat traditionnel et ce, malgré l’Arrêt du Parlement de 1508
interdisant les encorbellements45 pour éviter la propagation des feux et faciliter la pénétration de la lumière
du jour. Les maisons sont hautes et collées les unes contre les autres, larges de une à trois travées (de 2 à 7
mètres) avec pignon sur rue. L’étroitesse des parcelles implique un corps de logis sur rue (principal éclairage)
puis une cour et un second bâtiment en arrière plan, parfois avec coursives de communication.

Le terme d’hôtel était alors réservé aux demeures privées du roi, des princes, des hauts dignitaires de la
noblesse, aux officiers royaux et aux prélats. C’est une maison individuelle avec un corps de logis principal en
fond de cour permettant à l’arrivant d’être vu et identifié. Tandis que les façades sur rue figurent les murs
d’enceinte de l’architecture militaire. Au XVIe siècle, l’enrichissement de la noblesse de robe et de la
bourgeoisie parisienne participe au développement de ces hôtels particuliers. L’hôtel Carnavalet est de ceux-
là. C’est en effet l’un des rares témoins de l’architecture renaissance à Paris avec la cour carrée du Louvre. Il
s’agit d’un des plus anciens hôtels du Marais, construit de 1548 à 1560 pour le président au parlement de
Paris, Jacques des Ligneris (vers 1480-1556). Il a été ensuite remanié au XVIIe siècle par François Mansart46,
et a été habité, de 1677 à 1696, par Madame de Sévigné47. C’est en 1578 que l’hôtel prit son appellation
actuelle, par déformation du nom de sa propriétaire, d’origine bretonne, madame de Kernevenoy.

Un corps de Logis Renaissance :


En entrant dans la cour d’honneur du musée Carnavalet au 23 rue de
Sévigné, on accède au corps de logis originel de l’hôtel avec ses deux
bâtiments attenants.
La façade se divise en trois parties : un sous bassement avec sauts-de-
loup48, un premier niveau divisé en cinq travées soulignées par de grandes
fenêtres à meneaux. Entre chacune d’elles, on notera la présence de
quatre grandes sculptures allégoriques49 en bas-relief50, les Saisons,
exécutées par l’atelier de Jean Goujon. Façade sur cour du corps de logis Renaissance

45
Encorbellement : Construction en surplomb du plan d'un mur.
46
François Mansart (1598-1666)
47
Mme de Sévigné alias Marie de Rabutin-Chantal, baronne de Sévigné, dite la marquise de Sévigné, née le 5 février 1626 à Paris et
morte le 17 avril 1696 au château de Grignan, est une épistolière française.
48
Saut-de-loup : Ouverture placée au ras du sol, permettant à la lumière naturelle d'éclairer un sous-sol.
49
Allégorie : représentation concrète d’une idée abstraite. Ici, les saisons.
50
Bas-relief : type de sculpture dont la particularité est de ne présenter qu'un faible relief, le sujet représenté ne se détachant que
faiblement du fond.

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
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Posées sur de hautes plinthes moulurées, les quatre figures en bas-relief occupent les trumeaux51 entre les
fenêtres du premier étage. Il semble d’ailleurs que le nombre de trumeaux ait commandé au choix du thème
iconographique : les quatre saisons (ou les quatre âges de la vie).
Ici, l’été et l’automne sont représentés sous l’aspect de divinités. Bacchus, dieu de la vigne, incarne
l’Automne ou l’âge adulte, couronné par le signe de la balance. Il est également représenté avec ses
attributs : la corne d’abondance et les grappes de raisin. Cérès, déesse des moissons, personnifie l’Eté ou
l’adolescence. Ses attributs sont la faucille et les épis de blé. Elle est surmontée du signe du cancer.
Le Printemps et l’Hiver sont de simples mortels. Un jeune homme représente le printemps ou l’enfance,
ceint de guirlandes et portant des couronnes de fleurs. Il est surmonté du signe du bélier. Une vieille femme
enveloppée dans son manteau incarne l’hiver ou la vieillesse. Son signe astrologique est le capricorne.

Les signes du zodiaque correspondent en fait aux équinoxes et aux solstices. Ils sont les personnifications
astrologiques des saisons et témoignent de l’intérêt des contemporains pour les constellations et leur
influence sur les destinées humaines.

Ainsi, l’importance et la qualité du décor sculpté de l’hôtel Carnavalet attribué à l’atelier de jean Goujon
témoigne par le choix des allégories de l’esprit d’humanisme tout à fait conforme à l’idéal de la
Renaissance.

Conclusion
Dans la seconde moitié du XVIème siècle, la France est dominée par des guerres civiles, plus communément
appelées Guerres de Religions. Catherine de Médicis, veuve d’Henri II va chercher à calmer les passions pour
sauvegarder l’avenir et l’héritage de ses fils. Mais la régence d’une femme affaiblit la royauté et attise les

51
Trumeaux, ici, portions de murs situées entre deux fenêtres.

16
Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris
appétits des princes de sang. Sur fond d’antagonisme religieux entre Bourbons protestants et Guises
catholiques, c’est bien une lutte fratricide pour le pouvoir qui est engagée et dont l’enjeu primordial reste le
refus de l’absolutisme royal. Enjeu parfaitement renversé au XVIIème siècle par Louis XIV qui, en
« domestiquant » la Noblesse, reste l’incarnation la plus emblématique de l’absolutisme royal.

Les rois de France au XVIe siècle

Louis XII (1498 – 1515) Devient roi de France à la mort de son cousin (éloigné)
Charles VIII, le 7 avril 1498. Est sacré à Reims le 27 mai 1498. Meurt le
1er janvier 1515 sans descendance mâle pour lui succéder.

Portrait de Louis XII, roi de France.Date : vers 1514 (?), Source :Windsor, collections de S.M. la Reine d'Angleterre,
Auteur :Jean Perréal (vers 1455-1527/29)

François 1er (1515-1547) Devient roi de France à la mort de son grand-cousin et


beau-père Louis XII, le 1er janvier 1515. Est sacré à Reims le 25 janvier 1515. Meurt
de septicémie le 31 mars 1547.

François Ier par Joos Van Cleve © Musée Carnavalet

Henri II (1547 – 1559) Devient roi de France à la mort de son père François Ier, le
31 mars 1547. Est sacré à Reims le 26 juillet 1547. Meurt le 10 juillet 1559 des
suites d'une blessure reçue en tournoi.

Double Henri d'or à l'effigie d'Henri II © Musée Carnavalet Roger-Viollet.jpg

François II (1559 – 1560) Devient roi de France à la mort de son père Henri II, le
10 juillet 1559. Est sacré à Reims le 18 septembre 1559. Meurt de maladie le
5 décembre 1560.

François Clouet. Vers 1510/1515-Paris, 1572. François II Vers 1560 Pierre noire et sanguine. 337 x 243 mm. Paris, BNF,
Estampes, Rés. Na 22Localisation: Paris, BnF

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Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique/2012
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Régence (1560 – 1564) : Catherine de Médicis, épouse d'Henri II.

Atelier de François Clouet © Musée Carnavalet

Charles IX (1560 – 1574) Devient roi de France à la mort de son frère


François II, le 5 décembre 1560. Est sacré à Reims le 15 mai 1561. Meurt de
pleurésie le 30 mai 1574.

Atelier de François Clouet © Musée Carnavalet

Henri III (1574 – 1589) Élu roi de Pologne le 11 mai 1573, rentre en France le 6
septembre 1574 à l'annonce de la mort de son frère Charles IX, le 30 mai 1574. Est
sacré à Reims le 13 février 1575. Meurt assassiné par Jacques Clément le
2 août 1589. Dernier des Valois.

Henri III par Quesnel © Musée Carnavalet

Henri IV (1589-1610) Descend du dernier fils de


Louis IX. Roi de Navarre en 1572, devient roi de
France à la mort de son cousin éloigné (on monte
de 11 générations et on redescend de 10) Henri III,
le 2 août 1589, qui l'a désigné comme successeur.
Abjure le protestantisme le 25 juillet 1593 pour
être sacré à Chartres le 27 février 1594. Meurt
assassiné par François Ravaillac le 14 mai 1610.

Henri IV par Lemercier © Musée Cour Henri IV du musée Carnavalet ©


Carnavalet Musée Carnavalet

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Classes culturelles Histoire de France La Renaissance à Paris

Activité pédagogique pour les plus jeunes :


Se souvenir de l’essentiel

 Problématique :
Repérer par siècle le patrimoine architectural de Paris encore visible. Associer à ce siècle des
personnages célèbres ainsi qu’un évènement majeur.

 Objectifs pédagogiques :
- Travailler la frise chronologique.
- Aborder la notion de Patrimoine.
- Conserver visuellement des repères chronologiques précis.
- Appréhender la richesse architecturale et testimoniale de la capitale

 En séance :
- Après chaque séance, étudier la fiche ci-après. Associer aux deux architectures parisiennes témoins
une image contemporaine du lieu et tenter de les situer sur un plan de Paris.
- En fin de cycle, proposer 6 fiches vides (Antiquité, Moyen Age, Renaissance, XVIIe siècle, XVIIIe siècle,
XIXe siècle) accompagnées des images prédécoupées des personnages, architectures et évènements
majeurs concernant ces 6 périodes historiques et tenter de les replacer sur la bonne fiche.

Images contemporaines des monuments présentés ci-après :

L’Hôtel de Ville La Place des Vosges

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Le XVIe siècle
Personnages :

François Henri IV
1er

Constructions :

Vue de la place Royale au milieu de


laquelle est placée en bronze, la figure
Façade de l'hôtel de ville avant 1789. Maquette.
équestre du roi Louis XIII, Jean-Baptiste
1989 Daniel Martin (Hôtel de Ville)
Rigaud (Place des Vosges)

Invention ou Evènement majeur :

Jan Van der Straet dit Stradanus, 1523-1605


Procession de la ligue sortant de l'arcade St Jean de l'hôtel de ville en 1590 Impressio librorum atelier d'imprimerie
ou 1593 (Guerres de Religion) Carnavalet (Gutenberg et l’Imprimerie)

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