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Ce point de passage permet de comprendre que la Nuit de cristal est une étape supplémentaire dans
la politique antisémite menée par le régime nazi, et un révélateur de son usage de la violence et de
la terreur. Il s’agit donc à la fois d’étudier cette nuit de violence et de destruction, et de la replacer
dans son contexte. Cette double page permet ainsi de réfléchir à la chronologie et de comprendre ce
qu’est un événement.
4. Montrez le renforcement de la politique antisémite des nazis pendant et après la Nuit de cristal.
La Nuit de cristal est une étape supplémentaire dans la politique antisémite. Sans ordre explicite
d’Hitler, les chefs du NSDAP organisent une attaque contre les Juifs et leurs biens dans toute
l’Allemagne. La police n’intervient pas. La mise à l’écart de la vie économique et sociale est
renforcée par cette attaque : les moyens de subsistance, les emplois sont visés. Les lieux de culte
sont saccagés. La précarité de la vie des Allemands juifs devient encore plus grande. Enfin, dans les
jours et les semaines qui suivent, le régime renforce encore cette exclusion. Édictées en novembre
1938, au lendemain de la Nuit de cristal, les ordonnances présentées dans le document 5 durcissent
cette séparation. Elles veulent priver les Juifs de toute indépendance économique en interdisant la
possession d’une entreprise. Elles suggèrent aussi l’existence de cultures définies par la race, en
interdisant aux Juifs d’assister à toute activité culturelle allemande – sauf à celles que l’idéologie
définit comme juives. Comble du cynisme, l’ordonnance du 14 novembre attribue aux Juifs la
responsabilité de la Nuit de cristal et, les considérant solidaires, les condamnent à une amende
censée couvrir le coût des destructions.
5. Dans un texte argumenté, montrez que la Nuit de cristal est une étape supplémentaire dans la
politique antisémite du régime nazi menée depuis 1933.
L’élève peut organiser les informations relevées dans les documents selon le plan suivant : – Avant
la Nuit de cristal, l’exclusion des Juifs de la société allemande ;
- La Nuit de cristal : une violence antisémite organisée par le régime nazi ;
- Après la Nuit de cristal : l’accélération de la mise à l’écart des Juifs.
1936-1939 : LES INTERVENTIONS ÉTRANGÈRES DANS LA GUERRE CIVILE
ESPAGNOLE ͧ
La guerre d’Espagne n’est pas simplement une terrible et sanglante guerre civile entre partisans et
opposants à la République démocratique. Elle est aussi une crise internationale particulièrement
importante et une étape cruciale dans la marche à la guerre. Il s’agit de montrer comment et
pourquoi les régimes totalitaires s’engagent dans le conflit, alors que les démocraties libérales
choisissent de rester à l’écart (politique de non-intervention).
2. Montrez que les régimes totalitaires ont un rôle décisif dans l’issue de la guerre. La carte (doc. 1)
montre que l’aide militaire apportée par l’Allemagne et l’Italie a permis aux franquistes d’élargir
progressivement leur contrôle de l’Espagne aux dépens des républicains. Si l’on additionne les
effectifs militaires et les armes que ces puissances ont apportés en soutien à Franco (doc. 2), on
conclut que leur aide a été sans doute décisive dans l’issue des combats (victoire des nationalistes
en 1939).
3. Expliquez les raisons pour lesquelles les différents régimes totalitaires ont participé à la guerre
d’Espagne.
Le communiqué de l’ambassadeur d’Allemagne en Italie, daté de 1936 (doc. 4), permet de
comprendre pourquoi ces deux puissances ont voulu intervenir aux côtés de Franco. Pour
Mussolini, il s’agissait de réaliser le projet d’une Méditerranée italienne : elle permettait d’obtenir
des soutiens en Espagne et de lutter contre la France, qui exerçait un protectorat en Tunisie. Pour
Hitler, il s’agissait de renforcer son alliance avec l’Italie, indispensable pour réaliser l’annexion de
l’Autriche. Deux ans auparavant, Mussolini s’était en effet opposé à une première tentative
d’Anschluss. La manière dont un ancien membre des Brigades internationales rend compte de son
engagement dans la guerre d’Espagne (doc. 5) permet de comprendre ce que cette dernière
représentait pour l’URSS et le Komintern. Il s’agissait moins de répandre la révolution communiste
dans le sud de l’Europe que de lutter contre la montée en puissance des fascismes.
4. À l’aide des documents, expliquez pourquoi la guerre d’Espagne est si importante pour les
régimes totalitaires et comment elle annonce la Seconde Guerre mondiale. L’élève pourra répondre
à cette question en développant le plan suivant :
I. Une guerre marquée par l’intervention décisive des régimes totalitaires (nature et modalités de
l’engagement)
II. Les raisons des interventions des régimes totalitaires
III. Les conséquences de la guerre d’Espagne sur les relations entre puissances européennes
Comment les régimes totalitaires cherchent-ils à contrôler les sociétés ?
Les régimes totalitaires apparaissent progressivement en Europe à partir des années 1920 : l’Italie
fasciste après 1922, l’URSS de Staline après 1928, l’Allemagne nazie à partir de 1933. Ils élaborent
des projets idéologiques distincts, mais tous fondés sur la négation de l’individu et des libertés
individuelles. Chacun est en effet défini comme appartenant à un groupe, engagé dans la mise en
place de l’idéologie. Tous doivent donc adhérer au projet idéologique, et ce sans exception. Il s’agit
donc de comprendre comment les régimes totalitaires cherchent à contrôler les sociétés. On
montrera que chaque idéologie définit l’activité économique, puis que tous les autres domaines de
la société sont encadrés. Enfin, nous verrons que se pose la question de l’efficacité de cet
encadrement, et des moyens mis en place pour éviter toute opposition.
Chaque idéologie définit l’activité économique. L’objectif est le même : assurer la puissance et
l’indépendance du pays. Les forces productives sont mobilisées autour de grands projets. En
Allemagne se développe ainsi une politique de grands travaux (réseau autoroutier) et de réarmement
rapide. L’Italie veut accroître sa production agricole. En URSS est définie une politique de
modernisation agricole qui doit soutenir l’industrialisation du pays. Mais la manière de contrôler
l’économie diffère. L’URSS nationalise et collectivise : l’État ou la collectivité s’approprie les
moyens de production. C’est le cas des terres agricoles et des usines : la propriété privée est donc
abolie. Elle met en place une politique de planification : l’État fixe des objectifs de production
impératifs, qui doivent être atteints. Ces objectifs sont établis dans le cadre de plans prévus pour
cinq ans, les plans quinquennaux. L’Allemagne et l’Italie préfèrent établir des accords avec les
industriels. La propriété privée n’est donc pas supprimée.
Les sociétés sont également encadrées en dehors de l’activité économique : tous les domaines sont
touchés. La jeunesse est une priorité : exposer les plus jeunes à l’idéologie doit permettre une pleine
adhésion au régime. Se développent donc des organisations de jeunesse dans chacun des régimes.
En Italie, ce sont les Balillas, des organisations fascistes créées en 1926. Elles rassemblent les
jeunes de 8 à 18 ans. En Allemagne, naissent également en 1926 les Jeunesses hitlériennes pour les
enfants et les jeunes gens de 10 à 18 ans. Les jeunes filles, elles, sont embrigadées dans les BDM.
En URSS, le Komsomol, organisation de jeunesse communiste, rassemble depuis 1918 les jeunes de
15 à 18 ans après leur passage dans l’organisation des Pionniers, réservée aux enfants. Les loisirs
sont également contrôlés. C’est le rôle d’organisations dirigées par l’État, qui proposent des
activités toujours mêlées d’idéologie, tout en renforçant l’adhésion au pouvoir. C’est le cas, en
Italie, de l’« Œuvre nationale du temps libre » et, en Allemagne, de « La Force par la joie ». Les
sociétés sont soumises à une propagande incessante. Tous les moyens sont utilisés : médias de
masse, cérémonies collectives, arts (cinéma, peinture, musique…). Des rassemblements de masse
en l’honneur de Mussolini sont ainsi régulièrement organisés depuis les années 1920 autour de
slogan exaltant sa politique. En Allemagne, le Parti nazi (NSDAP) réunit tous les ans en septembre
ses adhérents dans un congrès organisé dans la ville de Nuremberg. Des journaux nazis, comme le
Stürmer, diffusent l’idéologie antisémite du nazisme. Le Komsomol s’emploie à organiser les loisirs
des jeunes partout en URSS, en orientant par exemple les fêtes de village dans un sens communiste.
Enfin se pose la question de l’efficacité de cet encadrement, et des moyens mis en place pour éviter
toute opposition. Il est difficile de mesurer l’impact de cet encadrement des sociétés. L’adhésion des
populations est variable. L’enthousiasme peut être réel : dans l’Allemagne nazie, le plein-emploi est
bien accueilli et est considéré comme une réussite du régime. À l’inverse, le pogrom de la Nuit de
cristal soulève la réprobation d’une partie de la population. Cependant, l’opposition active est très
rare, et souvent cantonnée à l’action menée à l’étranger par les émigrés. Des mouvements de
résistance secrets peuvent exister, une résistance passive peut se développer comme en URSS,
lorsque les objectifs de production définis par les plans ne sont pas atteints. Si l’opposition active
est rare, c’est parce que ces régimes surveillent les sociétés et répriment les opposants. Chaque
régime totalitaire se dote d’une police politique : la Tcheka devenue NKVD en URSS, l’OVRA en
Italie, la Gestapo en Allemagne. Ces polices persécutent les opposants et ceux que le régime définit
comme des ennemis. Des camps de concentration, lieux de détention et souvent de travaux forcés,
sont ouverts en Allemagne dès 1933 : c’est le cas de Dachau. En URSS, l’administration du goulag
gère les camps de travaux forcés. L’ampleur de la violence diffère en fonction du régime : le
fascisme italien fait ainsi beaucoup moins de victimes. Mais l’Allemagne nazie s’attaque aux Juifs :
après les lois discriminatoires de Nuremberg en 1935, le régime organise le pogrom de la Nuit de
cristal en 1938. En URSS, Staline lance la Grande Terreur en 1937, une vaste épuration de la société
qui débouche sur 750 000 exécutions.
Chaque régime totalitaire s’emploie à conduire la société à adhérer à l’idéologie qu’il définit. Il
cherche donc à la contrôler. Pour cela, il définit l’activité économique et encadre la vie des sociétés.
Si le succès de cet encadrement est à relativiser, la violence est érigée en principe de gouvernement
par ces régimes.