Texte Banquet
Texte Banquet
Texte Banquet
:
Diotime : Par ailleurs, il se trouve à mi-chemin entre le savoir et l’ignorance. Voici en
effet ce qui en est. Aucun dieu ne tend vers le savoir ni ne désire devenir savant, car il l’est ;
or, si l’on est savant, on n’a pas besoin de tendre vers le savoir. Les ignorants ne tendent pas
davantage vers le savoir ni ne désirent devenir savants. Mais c’est justement ce qu’il y a de
fâcheux dans l’ignorance : alors que l’on n’est ni beau, ni bon, ni savant, on croit l’être
suffisamment. Non, celui qui ne s’imagine pas en être dépourvu ne désire pas ce dont il ne
croit pas devoir être pourvu.
Socrate : Qui donc, Diotime, sont ceux qui tendent vers le savoir, si ce ne sont ni les
savants, ni les ignorants ?
Diotime : D’ores et déjà, il est parfaitement clair, même pour un enfant, que ce sont
ceux qui se trouvent entre les deux, et qu’Eros doit être du nombre. Il va de soi en effet, que le
savoir compte parmi les choses qui sont les plus belles ; or Eros est amour du beau. Par suite,
Eros doit nécessairement tendre vers le savoir et, puisqu’il tend vers le savoir, il doit tenir le
milieu entre celui qui sait et l’ignorant. Et ce qui en lui explique ces traits, c’est son origine :
car il est né d’un père doté de savoir et plein de ressources, et d’une mère dépourvue de savoir
et de ressources. Telle est bien mon cher Socrate, la nature de ce daïmon.