Cours N°1 - Diagrammes de Phase

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ICAM I 3-5 / C3

COURS MATERIAUX
Cours N°1 : Les diagrammes de phase

Isabelle Guillanton
Contact : [email protected]
Tel : 02-40-52-48-26

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Dernière modification 18-09-2020
OBJECTIFS
• analyser un procédé industriel d'alliage métallique en utilisant les données d'un
diagramme de phase
• Construire un diagramme de phase à partir des données expérimentales fournies.
• Exploiter le diagramme de phase : déterminer les compositions de certains alliages.
• Utiliser le vocabulaire propre au diagramme de phases.
• Interpréter un diagramme de phase et utiliser cette interprétation pour analyser un article
scientifique ou un problème industriel.

INTRODUCTION
L’utilisation d’alliage existe depuis la nuit des temps : âge du bronze -3000 av JC, âge du fer -
800,-400 av JC. Depuis toujours, l’homme a cherché à améliorer ses conditions de vie en
cherchant de nouveaux matériaux, en innovant, fabriquant de nouvelles machines et en les
améliorant au cours du temps pour les rendre plus pratiques, légère, plus solides ou plus durable.
L’homme est ainsi passé du silex aux outils en bronze, puis en fer à l’acier etc…

Les alliages ont généralement été conçus (voir le bronze) pour améliorer les caractéristiques du
métal pur précédemment utilisé. Ainsi le bronze présente une résistance à la corrosion
supérieure au cuivre, une meilleure mise en œuvre par coulée, des propriétés mécaniques
améliorées pour certaines caractéristiques.

Un alliage métallique est le métal obtenu en ajoutant à un métal pur d’autres éléments
métalliques ou non. Les constituants d’un alliage sont les éléments chimiques qui le constituent.
Un système d’alliage est constitué de l’ensemble des alliages obtenus à partir du même groupe
de constituants. Par exemple le système cuivre/ zinc (Cu/Zn) est formé de tous les alliages
Cu/Zn en différentes proportions. Un alliage binaire est formé de 2 constituants. Un alliage
ternaire de 3.

Un alliage est à sa constitution d’équilibre quand cette constitution n’évolue plus avec le temps.
Le diagramme d’équilibre ou diagramme de phase, résume les constitutions d’équilibre d’un
système d’alliage.

Selon les proportions d’ajout dans le métal, les caractéristiques de l’alliage vont varier. Un
diagramme de phase ou diagramme d’équilibre peut être comparé à une carte d’identité de
l’alliage que vous souhaitez connaître.

A partir du diagramme de phase, les proportions respectives de chaque composition peuvent


être reconstituées à chaque température. Les différentes transitions selon la température, le type
de phase formée selon les proportions des constituants sont également accessibles.

Nota : les diagrammes de phases existent pour les métaux mais également pour tous les corps
en mélange.

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DEFINITIONS1
Phase : une phase est un domaine cristallographique homogène avec une structure atomique
identique. Une phase présente des propriétés physiques et chimiques uniformes.

Composé inter-métallique : est un composé chimique défini donc un alliage dont le domaine
d’existence est très étroit sur le diagramme de phase car sa composition chimique est précise et
stochiométrique.

Les composés intermétalliques sont généralement constitués d’un métal du Groupe A et d’un
élément du groupe B de la classification périodique. Ces éléments sont stables si A est
électropositif et B électronégatif. Les liaisons peuvent être à la fois ioniques et covalentes. Ces
composés sont durs, brillants avec parfois un éclat métallique. Ils constituent tous les semi-
conducteurs modernes.

Dans le diagramme de phase, leur existence est réduite à un trait correspondant à leur
composition stockiométrique.

Exemple : Or 18 carats correspond au composé intermétallique AuCu3, CdS, CdTe, GaAs


constitue certaines cellules photovoltaïques, Fluorine CaF2

Précipités : Ségrégation locale d’atomes ou de phase en des endroits précis du cristal : joints
de grains, dans une phase

Solution solide: Ce terme est utilisé pour décrire les phases d’un alliage à l’état solide.

Une solution solide d’un alliage peut être homogène : dans ce cas, les éléments A et B constitue
une seule phase. Le domaine d’existence est monophasé.

La solution solide peut être hétérogène : elle est alors constituée de solutions solides
différentes, ce qui forment un mélange de plusieurs phases. Si l’alliage est composé de 2
métaux, leur domaine d’existence est alors biphasé.

Les solutions solides sont soit des solutions solides d’insertion ou des solutions solides de
substitution :

Solution solide d’insertion : dans ce cas, l’élément d’apport dans le métal, a un rayon atomique
beaucoup plus faible que le métal et se positionne par diffusion dans les espaces libres du cristal.
Les éléments d’insertion vont occuper les sites octaédriques ou tétraédriques des réseaux
cubiques centré ou cubiques à face centré. Les atomes d’insertion sont le Carbone, l’hydrogène,
l’azote et l’oxygène.

Taille des atomes interstitiels :

Atomes H O N C B
Rayon en nm 0.030 0.066 0.071 0.077 0.087

1
Propriétés et comportement des matériaux- A.Cornet, F. Hlawka –Edition ELLIPSES

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Tableau 1: Taille des rayons atomiques des atomes interstitiels

Figure 1:solution solide d'insertion

Solution solide de substitution : Dans ce cas, les atomes du métal B vont occuper des espaces
libres du réseau cristallin (lacunes) ou par diffusion prendre la place d’un atome A dans le
réseau cristallin.

Hume-Rothery a définit les règles qui permettent la formation de solution solide de


substitution :

A et B ne doivent pas avoir une taille différente de plus de 15%

A et B doivent avoir des électronégativité voisines

A et B doivent avoir des valences différentes. Celui qui a la valence la plus faible, joue
généralement le rôle de solvant

Figure 2:solution solide de substitution

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Limites de solubilité : concentration maximale de soluté dans un solvant. Dans un alliage,
jusqu’à une certaine quantité du métal B dans le métal A, l’alliage forme une solution solide
homogène et donc monophasée. Les atomes de B s’incluent dans le réseau cristallin du métal
A soit par insertion soit par substitution. Lorsque les atomes B ne peuvent plus s’inclure dans
le réseau de A, alors la limite de solubilité est atteinte. Les atomes de B se regroupent dans un
autre réseau cristallin avec des atomes A comme soluté (si les Atomes A sont solubles dans le
réseau cristallin de B). Au-delà de cette limite de solubilité, il y a deux solutions solides
hétérogènes formées de deux réseaux cristallins :

• Réseau cristallin A avec les atomes B en insertion ou en substitution


• Réseau cristallin de B avec les atomes A en insertion ou en substitution

Le domaine cristallin est biphasé : on nomme les 2 phases 𝛼 + 𝛽 afin de ne pas les confondre
avec les réseaux cristallins des métaux purs A et B.

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1/CONSTRUCTION D’UN DIAGRAMME DE PHASE2
Le diagramme de phase est un graphique Température en fonction du pourcentage de l’un des
alliages : de 0 à 100% de l’un des métaux. Le pourcentage peut être exprimé en masse, en
atomes.

Les diagrammes de phase se construisent à partir de données expérimentales avec différentes


compositions d’alliage. Ces différentes compositions par exemple de 0% à 100% d’un des 2
métaux sont portés à une température au-delà de la température de fusion de chacun des 2
matériaux pour avoir une phase totalement liquide pour ensuite être refroidis.

Lors du refroidissement, les transitions dans les alliages seront fonction de la proportion de
chaque métal.

Les phases formées sont nommées par des lettres grecques en commençant par α puis β etc.. de
0 à 100% de l’alliage. Les domaines biphasés prennent le nom des deux phases monophasées
adjacentes.

Fig. N°1 : Courbes de refroidissement et diagramme de phase

Quelles sont les transitions enregistrées dans un alliage :

2
Précis de Métallurgie, J Barralis, G. MAEDER, Edition NATHAN

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Le premier point d’un diagramme de phase correspond à la température de fusion du métal A.

1ère transition : Transition Liquide – Liquide/Solide. (Point L1 et L2 sur les Courbes C1 et


C2) :

Elle correspond à la température à laquelle se crée le premier germe solide dans la phase liquide
pour chacune des compositions d’alliages.

Cette création du premier germe solide dégage de la chaleur (cristallisation) d’où un


changement de pente sur la courbe de refroidissement.

En reliant l’ensemble des points (T° de fusion corps A points L1, L2…Ln, T° de fusion corps
B), la ligne de LIQUIDUS est constituée.

2ème Transition : Transition Liquide /Solide – Solide (Courbe C1-Point S1, courbe C2 – Point
S2)

Pour chaque composition, cette transition correspond à la température à laquelle il n’y a plus
de fraction liquide donc lorsque toute la phase liquide est devenue solide. Là encore, sur la
courbe de refroidissement, cela se traduit par un changement de pente de refroidissement lié à
l’exothermie de la transition (idem 1ère transition). L’ensemble de ces points de transition
liquide-solide à solide constitue la courbe de SOLIDUS. (T°de fusion métal A, courbe C1 Pt
S1, courbe C2,Pt S2, Pt de fusion du métal B).

Entre ces deux transitions, les échantillons sont constitués de 2 phases : une phase liquide et
une phase solide. Au fur et à mesure que la température diminue, le nombre de germes solides
augmentent jusqu’à la température de solidification (Tsol sur la courbe de solidus) où la
dernière goutte liquide se transforme en solide

Dans le cas d’un métal binaire A-B qui n’aurait que ces deux types de transition, le diagramme
de phase aurait la forme ci - dessus (voir fig :N°1). Dans le cas de ce diagramme, il n’existe
qu’une seule phase à l’état solide. Les deux composés sont donc totalement solubles.

Les diagrammes de phase sont rarement aussi simples car d’autres types de transformation
existent.

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1-2 Transitions particulières
Certains alliages présentent au cours du refroidissement des paliers de température. Ce palier
de température correspond à une réaction isotherme. Six réactions isothermes sont répertoriées
dans les alliages métalliques. Nous étudierons dans ce chapitre, les 4 réactions les plus
courantes.

Lors d’une réaction isotherme, il y a présence simultanée des différentes phases en présence à
la température isotherme. La durée de l’isotherme dépend de l’échange de chaleur entre ces
phases permettant ainsi la disparition de l’une d’entre-elle. (Comme dans le refroidissement
d’un corps pur où la température reste constante tant qu’il y a présence de phase liquide et
solide).

1-2-1 Réaction eutectique:

Une réaction eutectique permet la formation d’un alliage eutectique.

A la température eutectique, l’alliage est appelé alliage eutectique. A l’équilibre, cet alliage va
subir la transformation suivante :

Liquide Cristal biphasé α + β

A T= Température eutectique, l’alliage présente 3 phases en équilibre : liquide (E), α, β. Cet


alliage présente la caractéristique de passer directement de la phase liquide à la phase solide
sans phase intermédiaire liquide-solide. Il a donc un comportement de corps pur bien que ce
soit un alliage biphasé.

Exemple d’un diagramme de phase associé aux courbes de refroidissement d’un diagramme
avec eutectique.

Fig. N°2 : Diagramme avec eutectique et les courbes de refroidissement de différentes compositions de l’alliage.

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Triangle de Tamman : Exploitation des courbes de refroidissement avec un palier et une
composition eutectique.

Sur la figure N°2, les courbes de refroidissement présentent à partir de la composition N°4 un
palier de température. La longueur de ce palier augmente jusqu’à la composition 6 puis diminue
jusqu’à la composition 8. La longueur du palier de température est proportionnelle à la
quantité d’eutectique dans la composition (à condition que toutes les compositions aient la
même masse).

En mesurant, ces longueurs de paliers et en les rapportant en vertical sur le diagramme de phase,
la composition eutectique peut être déterminée par l’intersection des deux droites. Cette
exploitation graphique est appelée Triangle de Tamman. NOTA : la courbe de refroidissement
d’un alliage eutectique a la même forme que la courbe de refroidissement d’un métal pur (type
courbe N°1).

1-2-2 Réaction péritectique

Cette réaction intervient dans le domaine liquide-solide. A l’équilibre, à la température


péritectique, l’alliage va comporter 3 phases : α , L, β selon l’équation suivante :

α+L β (Structure monophasée).

Exemple de diagramme et exploitation des courbes de refroidissement d’un diagramme avec


péritectique.(fig3)

Fig. N°3 : Exploitation des courbes de refroidissement et construction d’un diagramme de phase avec péritectique

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Vous remarquerez que pour les courbes N°6 et N°7, vous avez une première transition
correspondant à la courbe du liquidus, puis le palier péritectique, puis une deuxième transition
correspondant au passage de β+L à β. Cette deuxième transition permet de distinguer un
diagramme comportant un alliage péritectique de celui comportant un alliage eutectique.

1-2-3 Transformations eutectoïdes et péritectoïdes

Ces transformations présentent de grandes analogies avec les transformations précédentes mais
interviennent à l’ETAT SOLIDE. Nous les trouverons dans le cas particulier du diagramme fer-
Carbone. En phase solide, les variations de chaleur sont très faibles d’où une exploitation plus
difficile des courbes de refroidissement sauf au niveau des paliers eutectoïdes et péritectoïdes.

1-2-4 Quelques connaissances complémentaires

1/ La limite entre la phase liquide et liquide solide est appelée LIQUIDUS


La limite entre la phase liquide-solide et la phase solide est appelée SOLIDUS
La limite entre deux phases en solution solide est appelée SOLVUS.

2/ Limite de solubilité : est la concentration à laquelle les atomes de l’élément B ne peuvent


plus s’intégrer dans le réseau cristallin de l’élément A. On dit que la limite de solubilité de B
dans A est de x% .
Exemple : la limite de solubilité du bismuth dans l’étain (αs Bi ) est égale à 21% de Bismuth.

Pour un alliage donné, la limite de solubilité est toujours à considérer en fonction de la


température à laquelle il se trouve. En effet, la solubilité d’un soluté dans un solvant varie en
fonction de la température. Dans le cas des solutions solides, la solubilité des atomes B dans le
cristal A est également fonction de la température. La solubilité est maximale aux paliers
isothermes. (Eutectique, péritectique, eutectoïde et péritectoïde). Lorsque la solubilité est
donnée sans indication de la température, alors celle-ci correspond à la solubilité
maximale donc à la température de l’isotherme.

2/ Un domaine biphasé est toujours encadré de deux domaines monophasés dont il porte les
noms pour une température considérée.

3/ Comment sait-on qu’un domaine biphasé ou monophasé va être formé ?

Le refroidissement et la formation des phases est un phénomène thermodynamique où le


système tend vers l’équilibre donc où l’énergie interne tend à se minimiser. La formation des
phases est gérée par la variance également appelée règle de Gibbs.

La variance correspond au nombre de variables indépendantes décrivant le système. Elle définit


le nombre de degré de liberté du système à l’équilibre. Au moment d’une transition, par exemple
liquide-solide, l’équilibre thermodynamique est modifié par la création d’une phase solide et la
variance est donc modifiée en fonction de ce changement d’état. Le dégagement de chaleur lié
à la transition se traduit par un changement de pente sur la courbe de refroidissement.

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Equation de la variance :

V= C+P –φ

V= variance

C : Nombre de constituants indépendants du système.

P : Nombre de variable d’action : Pression et température. En général, la pression est constante


et n’intervient donc pas comme variable dans l’équilibre du système.

φ : Nombre de phase formée : φ=1 pour les domaines monophasés


φ =2 pour les domaines biphasés
φ =3 pour les domaines triphasés( point triple de
l’eutectique ou du point péritectique).

➢ Cas d’un diagramme binaire

Pression est constante mais la température varie. Le nombre de constituants est égal à 2
puisqu’il y a deux métaux en présence :

V=2+1–φ

Soit

V=3–φ

Les valeurs possibles de la variance sont ici :

Variance du système Phase Etat du système


Bivariant V=2 φ=1 Composition et température varient
Monovariant V=1 φ =2 1 seule variable varie : composition ou
température
Invariant φ =3 Point d’équilibre en composition et en
température (aux paliers eutectiques,
etc…)

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2- EXPLOITATION D’UN DIAGRAMME DE PHASE3, 4

Une fois le diagramme de phase construit avec toutes ses transitions particulières, l’intérêt est
de l’exploiter c'est-à-dire de connaître précisément la composition et la proportion de chaque
métal dans les domaines biphasés. En effet, ces questions ne se posent pas dans les domaines
monophasés puisque la nature des cristaux formés et la proportion de l’alliage est parfaitement
connue.

La composition d’un alliage biphasé est donnée par la règle de l’horizontale pour une
température donnée

La proportion de chaque constituant est calculée par une règle simple: la règle des segments
inverses.

A partir d’un diagramme simple tel que celui de l’étain et du plomb, nous allons exploiter et
déterminer la composition et les proportions des différents alliages (figure N°4).

2-1 Principe du calcul


La règle de l’horizontale permet de déterminer la composition de l’alliage biphasé à une
température donnée. Cette composition chimique (nature des phases à l’équilibre) est donnée
par les abscisses des points Mα et Mβ qui sont les limites du domaine biphasé à la température
étudiée. (voir fig.N°4). La composition de α dans l’alliage biphasé ne peut être supérieure à
celle de la limite de solubilité pour une température donnée, puisque au-delà de cette limite, le
métal B ne peut plus occuper les sites vacants ou les interstices du réseau cristallin de A.

Sur la figure N°4, l’alliage, au point M, est composé de cristaux de phase α et de cristaux de
phase β juxtaposés. Les cristaux α ont la composition xα du point Mα (soit 7.5% de B). Les
cristaux de phase β ont la composition Xβ du point Mβ (soit 97% de B) à la température
considérée.

3
Matériaux 2- Microstructure, mise en œuvre et conception, M.F ASHBY,D.R.H JONES, Edition DUNOD
4
Cours Matériaux,Eric Staniek, ICAM Lille

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La règle des segments inverses permet de déterminer pour une température T la fraction
massique des phases α et β au point étudié M.

Mα Mβ

Fig. N°4 : diagramme type

Dans un domaine biphasé α +β, les proportions de chaque phase s’obtiennent par les relations
suivantes :

MM β MM α
%α =  100 et %β =  100
M αM β M αM β
Mα = Point à la limite de solubilité de la phase α à la température T1.

Mβ= Point à la limite de solubilité de la phase β à la température T1.

Soit encore en fraction massique (abscisse des points M, Mα, Mβ)

xβ − x x − xα
%α =  100 %β =  100
x β − xα xβ − xα

Sur la figure N°4, le calcul donne % α = 67% et %β =33%

Ces proportions peuvent également se calculer en pourcentage atomique (en utilisant les masses
molaires atomiques de chacun des constituants).

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2-2 Exemple de calcul

L + β
α α+L
β
170°C

α + β

2%
87%
2%
Fig. N°5 : Diagramme de phase du système Sn-Pb

A noter, certains auteurs ne nomment pas les phases par des lettres grecques (α,β,ɣ etc…), cela
peut porter à confusion sur la nature de la phase comme nous allons le voir dans l’exploitation.

Exploitation du diagramme

En abscisse : la composition massique en % de Pb (nécessaire pour appliquer la règle des


segments inverses)

En ordonnée : la température

232°C : Température de fusion de l’étain, et 327°C température de fusion du Plomb.

Entre 150° C et 232°C et entre 0 et 2.5% de Plomb dans l’alliage, création d’un domaine
monophasé α contenant jusqu’à 2.5% de plomb dans le domaine cristallin de l’étain (plomb en
solution solide dans l’étain).

La courbe à partir de 2.5% Pb à 183°C jusqu’à 0.3% de Pb à 20°C est la limite de solubilité
entre la phase α et le domaine biphasé α+β (solvus). A partir de cette composition, il y a
existence d’un domaine biphasé constitué d’une quantité variable de phase α et de phase β selon
l’alliage.

Détermination de la composition de l’alliage à 50% de Pb et 170°C :

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A 170°C, la composition de α est de 2% de Plomb dans l’étain dans l’alliage à 50% de Pb

A 170°C, la composition de β à 50% de Pb est de 87% de Plomb et donc 13% d’étain dans le
Plomb

Calcul des proportions massiques de phase α et de phase β à 50% de Pb et 170°C:


.
La proportion relative de α dans la phase α+β à 50% de Pb dans l’alliage=

M α%=(87%-50%) / (87%-2%)= 43.5%

La proportion de β dans α + β à 50% de Pb dans l’alliage =

Mβ%=(50%-2%) /(87%-2%) = 56.5%

Mα%+Mβ%=43.5%+56.5%=100%

Interprétation de ces résultats : à 170°C, l’alliage à 50% de Pb est constitué de 43.5% de


phase α constituée de 2% de Pb et de 98% étain et de 56.5% de phase β constituée de 87% de
Pb.

On peut le vérifier et l’exprimer par l’équation suivante :

0.435 * 2% (de Pb)+ 0.565*87%(de Pb) = 50%

Détermination de l’alliage à 50% de plomb et 200°C

Si on étudie maintenant la constitution de l’alliage à 200°C et toujours à 50% de plomb, le


même calcul avec la règle des segments inverses s’applique :

Le domaine est constitué de liquidus et de germes en solution solide de phase β :

Composition de l’alliage à 50% de Pb : 45% de Plomb en phase liquide et 83% de Pb dans la


phase solide.

Fraction massique de L en %= 83-50/(83-45)=87%

Fraction massique de β en %= (50-45)/83-45=13%

Evidemment le deuxième calcul n’est pas nécessaire puisqu’il est complémentaire jusqu’à
100% du premier.

La composition de l’alliage est constituée de 87% de liquide à 45% de Pb et de 13% de solide


à 83% de Pb.

Un alliage est donc caractérisé, à une température donnée, par :

1. La composition globale en poids de l’alliage : 50% de plomb, 50% d’étain


2. Le nombre de phase : 2

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3. La composition de chaque phase pour une température : 2 % de Pb dans α et 87% de Pb
dans β à 170°C
4. La fraction massique de chaque phase à la température considérée : A 170°C 43% de α
et 57% de β.

Certaines compositions ne sont pas parfaitement définies, aux températures de fusion de chacun
des deux métaux purs et au point eutectique ou péritectique, car à ce niveau de température et
de composition, les 3 phases, liquide, α et β sont présentes mais il n’est pas possible de connaître
la proportion de chacune d’elles car leur concentration varie continûment durant leur
transformation.

2-3 Interprétation d’un diagramme de phase


Lors du refroidissement, la formation des cristaux est déterminée par le diagramme de phase.
La forme de ces cristaux formés peut être analysée par analyse métallographique. On se propose
ici de voir comment les cristaux se forment en fonction de la température et de la composition.

Un diagramme avec eutectique sera utilisé comme exemple.

A/ Avant l’eutectique – composition du domaine monophasé :

A l’état liquide, l’alliage est totalement monophasé, après le point de liquidus, Il y a germination
de cristaux α au fur et à mesure du refroidissement, jusqu’à la ligne de solidus où tout le liquide
se trouve transformé en cristal α monophasé. La composition du cristal correspond à celle de
l’alliage (C1 sur la figure N°5-1).

Fig 5-1 : Diagramme eutectique Pb/Sn :Composition C1 Fig5-2 : Composition C2 du diagramme Pb/Sn

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B/ Composition C2 avant le palier eutectique (Fig : 5-2)

Comme pour la composition C1, il y a formation de grains α entre le liquidus et le solidus, mais
à partir d’environ 180°C à l’intersection avec la limite de solubilité de la composition C1, l’étain
n’est plus soluble dans la phase α, et il y a donc germination en solution solide de grains de β :
il y a diffusion des atomes de Sn hors du réseau cristallin de α pour reformer le réseau cristallin
de l’étain : Formation d’un domaine biphasé constitué de grains de α et de grains de β. Les
règles de l’horizontale et des segments inverses s’appliquent alors pour avoir une meilleure
connaissance de la composition de l’alliage en fonction de la température.

C/ Composition C4 au palier eutectique et avant l’eutectique (Fig :5-3)

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Fig : 5-3 : Diagramme Pb/Sn à la composition C4 et micrographie correspondante de l’alliage

A la composition C4, l’alliage se situe avant l’eutectique. En phase liquide-solide, la phase α


se forme comme précédemment. Cette première phase α, qui se forme avant le palier eutectique
est appelée phase α primaire.

A la température eutectique, la phase liquide non transformée se transforme en cristaux de α+β


sous forme de fines lamelles juxtaposées. La température reste constante lors du refroidissement
tant que toute la phase liquide n’est pas transformée en alliage eutectique.

Sur l’analyse micrographique (fig : 5.3), on verra donc les grains α primaire (rond noir) et
l’eutectique α+β sous forme de lamelle noires et blanches.

On peut déterminer les compositions de chaque phase juste avant (point L)et juste après (point
M) le palier eutectique pour l’alliage à 40% de Sn (Alliage C4):

Au point L sur le diagramme de phase :

Phase α a une composition de 18.3% de Sn

Phase Liquide a une composition de 61.9% d’étain

La proportion de phase liquide qui va se transformer au palier eutectique est de :

%L : (40 – 18.3) / (61.9-18.3) = 0.49 soit 49% de liquide à 61.9% d’étain qui vont ensuite se
transformer en composition eutectique.

Il y a donc juste avant le palier eutectique 51% de phase α à 18.3% d’étain déjà transformée
donc à l’état solide.

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Au point M sur le diagramme de phase, soit juste après le palier eutectique :

La composition de α est de 18.3% d’étain

La composition de β est de 97.8% d’étain

La proportion de α dans l’alliage est alors de :

%α = (97.8-40)/ (97.8-18.3) = 0.727 soit 72.7% à 18.3% d’étain

%β est donc de 0.273 soit 27.3% à 97.8% d’étain.

La proportion de phase α calculée après le point eutectique est la proportion totale de phase
α : elle correspond donc à la phase α déjà formée avant l’eutectique (appelée phase α primaire)
et à la phase α formée à la température eutectique. On peut alors calculer la phase α eutectique
qui est égale à = phase α totale – phase α primaire soit 72.7 – 51 = 21.7%

Comme seule la phase liquide se transforme à la température eutectique, une vérification des
calculs est ainsi possible :

Phase liquide avant eutectique = 49% ; phases (α +β) formée à l’eutectique = 21.7 + 27.3 = 49%

C/ A la composition eutectique

Fig 5-4 : Diagramme de phase Pb/Sn Composition C3

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Fig 5-4 : Schéma et micrographie de l’eutectique

A la composition eutectique C3 :

Comme la définition de l’eutectique l’indique, à la température eutectique, le liquide qui a une


composition de 61.9% de Sn va cristalliser en 2 phases α+β.

Une redistribution du Pb et de l’étain est inévitable dans la mesure où les phases α et β sont de
compositions différentes et également différentes de celles du liquide

La composition de α est de18,3% d’étain et la composition de β est de 97,8% d’Sn . Cette


redistribution des atomes dans les deux phases s’effectue par diffusion atomique. La
microstructure obtenue est constituée de fines lamelles alternées de α et β. (Fig 5-4)

Cette redistribution des atomes par diffusion s’effectue dans le liquide avant l’interface liquide
eutectique.

Les atomes de Pb diffusent vers les couches α riches en Pb (18,3% Sn donc, 81,7% Pb ) et
réciproquement les atomes d’étain diffusent vers β riches en Sn.

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Dernière modification 18-09-2020
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