TERRETTA, Meredith. Cause Lawyering Et Anticolonialisme
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Meredith Terretta
Cause lawyering
et anticolonialisme :
activisme politique et État de droit
dans l’Afrique française
1946-1960
Par leurs alliances avec des militants du RDA en Afrique française à
partir de 1946, des avocats français de gauche ont déployé des
stratégies juridiques pour poursuivre des objectifs anticoloniaux et
nationalistes devant des tribunaux en AOF. Cet article se fonde sur des
dossiers personnels, des archives officielles, et des compte-rendus des
procès pour montrer comment ces stratégies de « cause lawyering »
anticolonial ont façonné les procédures judiciaires et le débat public
sur l’État de droit dans l’Union française entre 1946 et 1960. Les
rapports entre avocats de gauche de la métropole et militants politiques
africains illustrent les jeux d’échos par lesquels des idées concernant
les libertés civiles et politiques, les droits de l’Homme et la politique ont
voyagé entre France d’Outre-mer et métropole. L’exemple du Cameroun
montre qu’au moment des indépendances, l’usage du droit était déjà
détourné à des fins de répression politique.
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1. L. Israël, « From Cause Lawyering to Resistance : French Communist Lawyers in the Shadow of
History », in A. Sarat et S. A. Scheingold (dir.), The Worlds Cause Lawyers Make : Structure and Agency
in Legal Practice, Stanford, Stanford University Press, 2005, p. 162 ; « La résistance dans les milieux
judiciaires. Action collective et identités professionnelles en temps de guerre », Genèses, n° 45, 2001,
p. 45-68.
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2. Ndlr : On a choisi de conserver ici les terminologies anglaises « cause laywer » et « cause lawyering »
qui n’appellent pas de traductions françaises évidentes et sont généralement conservées telles
quelles. Il s’agit d’une pratique du droit qui est le fait « des avocats qui usent de leurs talents et des
ressources qui sont à leur disposition pour atteindre des objectifs politiques et sociaux… ». Voir
L. Israël, « Quelques éclaircissements sur l’invention du cause lawyering. Entretien avec Austin Sarat,
Stuart Scheingold », Politix, vol. 16, n °62, 2003, p. 31.
3. Voir les travaux de B. Ibhawoh, notamment Imperial Justice : Africans in Empire’s Court, Oxford,
Oxford University Press, 2013, p. 13-14 ; M. Terretta, « “We Had Been Fooled into Thinking that
the UN Watches over the Entire World” : Human rights, UN Trust Territories, and Africa’s
Decolonization », Human Rights Quarterly, vol. 34, n° 2, 2012, p. 329-360.
4. Voir L. Israël, « From Cause Lawyering to Resistance… », art. cité, p. 162 ; Robes noires, années
sombres. Avocats et magistrats en résistance pendant la Seconde guerre mondiale, Paris, Fayard, coll. « Pour
une histoire du xxe siècle », 2005.
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en retour le legs laissé par les politiques répressives engagées par l’État
français contre ces luttes politico-juridiques sur l’évolution du régime des lois
dans les pays francophones devenus indépendants.
8. Voir F. Cooper, Citizenship between Empire and Nation: Remaking France and French Africa, 1945-1960,
Princeton, Princeton University Press, 2014.
9. Archives nationales d’outre-mer (ANOM), France métropolitaine (FM), Affaires politiques, Box
2313/4, « Du ministre des Affaires étrangères (secrétariat des conférences) au ministre de la France
d’outre-mer, directeur des Affaires politiques », 8 avril 1948.
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10. E. Schmidt, Cold War and Decolonization in Guinea, 1946-1958, Athens, Ohio University Press,
p. 25-30.
11. Lors des élections législatives de novembre 1946, le PCF obtint 168 sièges et l’URR en remporta 15,
ce qui portait le total pour les partis alliés à 183 sièges, soit la plus grande coalition à l’Assemblée
française.
12. E. Schmidt, Cold War and Decolonization…, op. cit., p. 206.
13. Sur ce point, se référer à V. Codaccioni, Punir les opposants…, op. cit., p. 349.
14. Voir T. Chafer, The End of Empire in French West Africa. France’s Successful Decolonization?, Oxford,
Berg, 2002 ; E. Schmidt, Cold War and Decolonization…, op. cit., p. 33-44 ; M. Thomas, Fight or flight.
Britain, France, and their Roads from Empire, Oxford, Oxford University Press, 2014, p. 190-207 ;
T. Deltombe, M. Domergue et J. Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique,
1948-1971, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 2011, p. 149-186.
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Ce n’est qu’à partir de 1957, lorsque la torture en Algérie fut propulsée au-
devant du débat politico-médiatique de la France métropolitaine, que nombre
de ces avocats anticolonialistes commencèrent à plaider publiquement en
faveur de l’indépendance, à l’unisson des nationalistes qu’ils défendaient15.
Pendant une décennie avant cela néanmoins, ils avaient défendu des Africains
confrontés au harcèlement judiciaire du fait de leurs activités politiques.
Les développements suivants relatent leurs engagements à Madagascar
entre 1947 et 1950, en Côte d’Ivoire de 1948 à 1952, puis au Cameroun français
sur la quasi-totalité des années 1950, engagements qui firent de ces lieux des
sites expérimentaux du cause lawyering anticolonialiste, terrains précurseurs
des stratégies juridiques des avocats engagés en Algérie de 1950 à 1962, qui
ne sont pas traitées ici16.
Des membres fondateurs de ce qui allait devenir plus tard le collectif des
avocats anticolonialistes se rendirent à Tananarive pour défendre les diri
geants et militants du MDRM – y compris les parlementaires incriminés. Le
premier à faire le voyage fut Pierre Stibbe. Il arriva dans la capitale malgache
le 1er mai 1947, à la requête du député malgache Joseph Raseta, qui se trouvait
à Paris au moment des arrestations20. Le lendemain de son arrivée, trente
détenus l’engagèrent comme conseiller juridique pour les auditions liées à
l’enquête. Estimant qu’il fallait davantage d’avocats à ses côtés, Stibbe appela
en renfort d’autres confrères communistes, dont sa propre épouse, Renée
Plasson-Stibbe, ainsi qu’Yves Dechezelles et Henri Douzon, à l’époque jeune
stagiaire de 22 ans21. La présence de cette équipe juridique fut cruciale
dans les mois précédant les procès, car le bâtonnier de Tananarive et le député
de Madagascar Roger Duveau, du Mouvement républicain populaire (MRP),
avaient interdit aux membres du barreau local d’assister les détenus avant
que le tribunal ne les désigna pour cette tâche22. Aussi, dans ces conditions,
seuls les avocats qui n’étaient pas inscrits au barreau de Tananarive furent
en mesure d’offrir leurs services aux détenus au cours des interrogatoires et
des auditions préparatoires aux procès. Lors de cette phase préliminaire,
Stibbe put observer, à l’issue des interrogatoires, des marques de torture sur
le corps des prisonniers23.
Les procédures judiciaires à Tananarive mirent au jour les anomalies de la
justice coloniale, l’arrestation des députés à Madagascar ayant notamment
été effectuée en violation de l’article 22 de la Constitution garantissant
l’immunité parlementaire. Par la suite, l’Assemblée nationale vota la levée
de celle-ci et le bureau du procureur de Madagascar modifia les chefs d’ac
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20. A. Berchadsky, « Aux origines d’un parcours… », art. cité, p. 171. Raseta intervint depuis Paris
avant que l’immunité parlementaire des députés malgaches ne fût levée en juin 1947. Par après,
il fut lui aussi arrêté.
21. V. Codaccioni, Punir les opposants…, op. cit., p. 348-349. Voir aussi A. Berchadsky, « Aux origines
d’un parcours… », art. cité, p. 169-176.
22. A. Berchadsky, « Aux origines d’un parcours… », art. cité, p. 171.
23. Ibid ; P. Stibbe, Justice pour les Malgaches, Paris, Le Seuil, 1954, p. 60.
24. V. Codaccioni, Punir les opposants…, op. cit., p. 151.
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25. S. Thénault, Une drôle de justice. Les magistrats dans la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, coll.
« L’espace de l’Histoire », 2001, p. 26.
26. V. Codaccioni, Punir les opposants…, op. cit., p. 355 ; P. Stibbe, Justice pour les Malgaches…, op. cit..
27. V. Codaccioni, Punir les opposants…, op. cit. p. 350.
28. S. Thénault, « Défendre les nationalistes algériens en lutte pour l’indépendance. La “défense de
rupture” en question », Le Mouvement social, n° 240, 2012/3, p. 121-135 ; S. Elbaz, « Les avocats
métropolitains… », art. cité.
29. C. Gérard, « Procès monstres à Grand-Bassam », Esprit, vol. 19, n° 12, 1951, p. 832-838 ; S. Elbaz,
« Les avocats métropolitains… », art. cité.
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38. Voir la série de lettres adressées par Renée Plasson-Stibbe à des détenus ivoiriens, conservées
à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), Archives personnelles
et familiales, Stibbe Pierre, carton 1, division 6, correspondance professionnelle.
39. ADSSD, PCF, Archives de la section Polex (ASP), Afrique subsaharienne, carton 97, RDA,
« Rapport sur la gestion des fonds du comité de coordination présenté par Félix-Tchicaya, Gabriel
Lisette et Tiemoko Diara », 17 octobre 1949-4 avril 1950.
40. Voir, par exemple, « Renée Stibbe à Henri Douzon », Abidjan, 14 juin 1949, archives privées, cité
dans S. Elbaz, « Les avocats métropolitains… », art. cité ; ADSSD, FK, non classé, « Courrier de Pierre
Kaldor au bâtonnier de Paris », 18 juin 1950.
41. S. Elbaz, « Les avocats métropolitains… », art. cité.
42. Ibid.
43. E. Schmidt, « Cold War in Guinea: the Rassemblement Démocratique Africain and the Struggle
over Communism, 1950-1958 », Journal of African History, vol. 48, 2007, p. 105.
44. Les efforts du RDA pour négocier une nouvelle alliance parlementaire étaient alors vigoureux,
et aboutirent finalement à la coalition RDA-UDSR créée au début de 1952. Pour de plus amples
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48. « Lettre de Ruben Um Nyobé à Henri Douzon, Douala, 11 mars 1950 », citée dans S. Elbaz, « Les
avocats métropolitains… », art. cité.
49. Entretien avec Pierre Braun, Paris, 14 avril 2014.
50. Ibid.
51. Voir, par exemple, ADSSD, FK, non classé, de Ruben Um Nyobé à Pierre Kaldor, au sujet du
recours en annulation des élections territoriales du 30 mars 1952 dans la région de la
Sanaga-Maritime.
52. Voir M. Terretta, Nation of Outlaws, State of Violence. Nationalism, Grassfields Tradition and State
Building in Cameroon, Athens, Ohio University Press, 2013, p. 103.
53. S. Elbaz, « L’avocat et sa cause… », art. cité, p. 65-91.
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57. Les noms des avocats locaux exerçant au Cameroun français n’apparaissent qu’au coup par
coup dans les archives.
58. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 97, « De Louis Odru à Léon Féix, Voyages en
Afrique », sd [1951].
59. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
d’Um Nyobé à Odru », Dla, 14 avril 1955.
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Cause lawyering et anticolonialisme : activisme politique et État de droit
pour lui faire part de l’espoir des dirigeants du parti de voir un représentant
du PCF présent au procès d’Um Nyobé à Yaoundé le 6 juin 195560.
Le procès d’Um Nyobé passa au second plan, suite aux événements de
la fin mai, lorsque des émeutes éclatèrent à Yaoundé et que des groupes
d’upécistes armés de gourdins, machettes, frondes, pierres et couteaux
envahirent les rues des quartiers administratifs ou des sites fréquentés par
les colons européens à Douala et Nkongsamba61. Ces soulèvements permirent
à l’administration française de justifier l’interdiction du parti à compter du
13 juillet 195562. L’UPC et ses différentes branches d’affiliation (union des
femmes, des jeunes, syndicat et coopérative) furent alors les premiers mou
vements politiques à être bannis dans un territoire sous tutelle de l’Onu,
en contradiction avec l’accord de tutelle. L’administration tenta aussi d’em
pêcher les avocats métropolitains de venir défendre ceux qui furent arrêtés
dans la foulée des événements de mai63, mais leurs protestations vigoureuses
auprès du procureur général du Cameroun et du procureur de Douala
permirent de contourner en partie ces obstacles. En fait, en juin 1955, le climat
général conduisit les avocats engagés à conclure qu’ils se trouvaient « en
présence d’une volonté délibérée de l’administration « d’en finir avec l’UPC »
et que cette volonté s’est exprimée par la nomination de Roland Pré [au poste
de Haut-commissaire] à qui mission a été donnée de liquider l’UPC64 ».
La majorité des personnes arrêtées à la suite des émeutes de mai 1955
furent inculpées pour participation à la violence, à une rébellion, ou à des
bandes armées, mais des accusations pour atteinte à la sûreté de l’État, assas
sinat ou complicité d’assassinat furent également avancées65. Les chefs d’ac
cusation les plus graves furent portés contre les membres du bureau exécutif
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60. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
de Moumié à Odru », 7 mai 1955.
61. M. Terretta, Nation of Outlaws…, op. cit., p. 126-130. Pour des récits rédigés par les individus
emprisonnés après les événements, voir ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32,
« Répression 1955, documentation UPC, de Tagny à Odru, depuis la prison de Yaoundé »,
22 juin 1955.
62. À propos de cette interdiction de l’UPC, fondée sur une loi du 10 janvier 1936, voir T. Deltombe,
M. Domergue et J. Tatsitsa, Kamerun !..., op. cit., p. 153-167.
63. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
Douala », 24 juin 1955.
64. Ibid.
65. Ibid.
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66. Ibid.
67. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
Conseil d’État, Section du contentieux, défense pour le ministre de la France d’outre-mer contre
Mr Mpaye, Ngom, Moumié, Recours n° 36 214 (rejeté) ».
68. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
lettre du PCF aux dirigeants de l’UPC », 4 avril 1956.
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fellagahs pour que l’on s’occupe de nous, nous saurons en faire éclore… Avant d’en arriver
à une solution de désespoir, nous lançons l’ultime appel aux Français honnêtes de tous
horizons et nous croyons que nos amis sont les seuls habilités pour diffuser cet appel à
la compréhension et à la solution pacifique de notre problème69 ».
L’appel resta cependant sans effet : le PCF s’éloigna de l’UPC, et les diri
geants de l’UPC formèrent des maquisards qui menèrent une guérilla depuis
les forêts et l’arrière-pays camerounais. Seul Yves Henry Louisia, aidé par
intermittence par René Colombé, resta dans le territoire après l’interdiction
de l’UPC, pour dispenser ses services et conseils juridiques aux nationalistes.
Louisia demeura surtout actif à Nkongsamba, qui était un carrefour de
rencontre stratégique pour les nationalistes en raison de sa proximité avec la
frontière anglo-française, de l’implantation du maquis dans les montagnes
entourant la ville, de l’importance des immigrants Bamiléké – dont la plupart
étaient upécistes –, et de la place de choix réservée à l’activité syndicale dans
cette région qui accueillait les plus grandes et les plus lucratives plantations
et fermes d’élevage de tout le territoire70. En 1956, Louisia et Colombé se
donnèrent pour tâche prioritaire – parfois avec succès – de plaider pour la
libération de prisonniers sur la base des irrégularités procédurales constatées,
d’interjeter en appel auprès des tribunaux supérieurs ou d’arguer pour des
peines plus clémentes71. Louisia se saisit également du problème de la police
et de la surveillance extraterritoriale effectuée par les administrateurs et le
personnel de sécurité et du renseignement français dans la partie britannique
du territoire camerounais72.
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69. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
de Moumié à Braun », 14 mai 1956.
70. Voir M. Terretta, Nation of Outlaws…, op. cit., p. 97-133.
71. ANOM, Délégation de Paris Cameroun-Togo (DPCT), Box 20, « Note de renseignements au sujet
de l’UPC », Douala, 9 avril 1956 ; « Lettre du Haut-commissaire au ministre de la France d’outre-mer,
direction des Affaires politiques, services judiciaires, au sujet des poursuites judiciaires à l’égard
des membres de l’UPC », 28 mai 1957.
72. ANOM, FM, Affaires politiques 3283/2, « De Pierre Messmer à Maître Meignie, président de
l’Association nationale des avocats », Paris, 28 janvier 1958.
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77. Ibid.
78. ANOM, DPCT, Box 20, « Du Haut-commissaire Messmer au Ministre de la France d’outre-mer,
concernant M. Marchand, magistrat, premier président de la cour d’appel de Yaoundé »,
18 septembre 1957.
79. ANOM, DPCT, Box 20, « Du Haut-commissaire de la République française au Cameroun au
ministre de la France d’outre-mer », 6 juillet 1957 ; « Note au sujet du malaise de la magistrature
outre-mer », [sans date].
80. ANOM, DPCT, Box 20, « Du Premier ministre, État-tutelle du Cameroun, au président de la
République », Paris, 19 septembre 1957.
81. ANOM, DPCT, Box 20, « Du Haut-commissaire Messmer au ministre de la France d’outre-mer,
concernant M. Marchand, magistrat, premier président de la cour d’appel de Yaoundé »,
18 septembre 1957.
82. ANOM, FM, Affaires politiques 3283/2, « De Pierre Messmer à Maître Meignie, président de
l’Association nationale des avocats », Paris, 28 janvier 1958.
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83. J.-P. Bat, Le Syndrome Foccart. La politique française en Afrique de 1959 à nos jours, Paris, Gallimard,
coll. « Folio histoire », 2012, p. 333.
84. ADSSD, PCF, ASP, Afrique subsaharienne, carton 32, « Répression 1955, documentation UPC,
de Chrétien Dzukam, prison de Douala, au procureur général, chef du service judiciaire au
Kamerun », Yaoundé, novembre 1957. Dzukam écrivait Kamerun avec « K » pour signaler son
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Cause lawyering et anticolonialisme : activisme politique et État de droit
89. S. Ellman, « Cause Lawyering in the Third World », in A. Sarat (dir.), Cause Lawyering : Political
Commitments and Professional Responsibilities, Oxford, Oxford University Press, 1998, p. 349-430.
Au sujet du cause lawyering voir également : A. Sarat et S. Scheingold (dir.), Cause Lawyering and
the State in a Global Era, New York, Oxford University Press, coll. « Oxford Socio-Legal Studies »,
2001 ; A. Sarat et S. Scheingold (dir.), The Worlds Cause Lawyers Make. Structure and Agency in Legal
Practice, Standford, Stanford University Press, 2005.
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Cause lawyering et anticolonialisme : activisme politique et État de droit
Meredith Terretta
Université d’Ottawa
Abstract
Anticolonial Cause Lawyering, Political Activism and the Rule of Law in French
Africa, 1946-1960
In connecting with RDA activists throughout postwar French Africa, leftist lawyers
from Overseas and metropolitan France mobilized knowledge about the Law’s
potential to advance anticolonial and nationalist goals. This article draws on lawyers’
papers, official archival documents, published accounts of political trials, and legal
correspondence to reveal how anticolonial cause lawyering shaped judicial processes
and public understandings of the rule of law in French Africa from the late 1940s to
the late 1950s. The relationship between leftist metropolitan lawyers and African
political activists illustrates the imperial counterflows through which ideas about civil
and political liberties, human rights, and politics travelled from Overseas France to
the metropole. However, as French Africa transitioned to independence, the rule of
law shifted from upholder of rights to instrument of political repression.
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