Votre Guide Du Reporting - ESG
Votre Guide Du Reporting - ESG
Votre Guide Du Reporting - ESG
Le Conseil du Marché Financier et la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, ont le plaisir de mettre
à la disposition des entreprises Tunisiennes un Guide de reporting ESG (Environnemental, Social
et de Gouvernance).
Persuadée que les activités des entreprises génèrent des conséquences non seulement écono-
miques et financières mais également extra-financières, et de façon corollaire de la place impor-
tante qu’occupent désormais les pratiques et le Reporting ESG dans les décisions d’investisse-
ment, la Bourse de Tunis a rejoint le 25 octobre 2015, l’Initiative Sustainable Stock Exchange (SSEI)
promue par les Nations Unis.
Lancée en 2009, cette initiative fédère désormais plus de 100 bourses dans le monde. Elle a pour
mission d’étudier les moyens de collaboration entre les places financières, les investisseurs, les
régulateurs et les entreprises, avec un double objectif : améliorer la transparence face aux enjeux
environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et encourager le financement responsable à
court et à long terme.
Ce Guide s’adresse d’une part aux administrateurs, dirigeants et cadres des entreprises cotées, et
d’autre part aux parties prenantes de l’entreprise (Commissaires Aux Comptes, représentations du
personnel, actionnaires, investisseurs….). Il est censé les convaincre de l’utilité de la démarche ESG
aussi bien pour eux-mêmes, pour l’entreprise, que pour la communauté.
Ce Guide présente les principes de l’Initiative SSE (Sustainable Stock Exchanges) des Nations Unies
et explique les concepts de base et l’utilité de la démarche RSE (Responsabilité Sociétale des En-
treprises) et du Reporting ESG, ainsi que les recommandations pratiques de leur mise en œuvre
tout en laissant aux entreprises une marge d’analyse suffisante pour tenir compte de leurs enjeux
propres et de leurs spécificités.
Ce guide propose une matrice d’indicateurs pour une démarche progressive de reporting extra-fi-
nancier, portant sur les considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Il est
basé sur le standard Global Reporting Initiative (GRI), les recommandations de la WFE (World Fede-
ration of Exchanges) et les 17 Objectifs de développement durable (ODD) adoptés aux Nations unies.
Enfin, ce guide s’inscrit dans la lignée de la stratégie nationale de la Responsabilité Sociétale des
Organisations et des Entreprises et fait écho à l’effervescence que connait le concept de la RSE en
Tunisie (Loi n°35 du 11 juin 2018 portant sur la RSE, ratification de plusieurs conventions inter-
nationales, la publication d’un guide d’émission d’obligations durables…). Il s’insère également
dans la continuité des engagements internationaux de la Tunisie au titre du Pacte mondial des
Nations Unies.
2
Le Conseil du Marché Financier et la Bourse de Tunis tiennent à remercier la Fondation Konrad
Adenauer pour son soutien et appui, l’ensemble des sociétés cotées, ainsi que toutes les parties
prenantes pour leur participation à l’élaboration de ce guide :
3
contenu :
4
Ce guide a pour vocation d’accompagner les Impulser une dynamique de mise en
entreprises cotées à la Bourse de Tunis dans la place d’une démarche RSE structurée reposant
présentation et la valorisation de leurs enga- sur une vision partagée de la création de va-
gements en matière de Responsabilité Socié- leur pour l’entreprise ainsi que pour ses diffé-
tale de l’Entreprise (RSE) et de Développement rentes parties prenantes ;
Durable (DD). Il n’en demeure pas moins, qu’il
soit adapté à toutes les sociétés et ce quels que Renforcer le dialogue entre l’entreprise
soient leur actionnariat, leur taille, leur secteur et l’ensemble de ses parties prenantes ;
d’activité ou leur implantation géographique.
Contribuer à la production d’une infor-
Il vise à améliorer la connaissance et la com- mation extra-financière (en matière environ-
préhension de la notion de la RSE ainsi que des nementale, sociale, sociétale et de gouver-
enjeux liés à la publication de l’information ex- nance) structurée, pertinente et comparable
tra-financière (reporting extra-financier). d’une entreprise à une autre.
Il s’agit d’un outil pratique qui s’attache à four- Il constitue, à ce titre, la référence pour tous
nir des recommandations opérationnelles ceux qui s’intéressent à la communication d’in-
et concrètes. Il établit, à ce titre, les étapes formations sur l’approche de gouvernance et
à suivre par les entreprises pour mettre en sur les performances et impacts environne-
place un Reporting ESG et propose une liste mentaux, sociaux, sociétaux et économiques
d’indicateurs clés de performance extra- des émetteurs. Il est notamment utile à la
financière communs répondant à des priorités préparation de tout type de document voire à
partagées. toute évaluation nécessitant de telles informa-
tions.
Développé conformément aux documents
de référence internationaux sur le Reporting Ce guide ne se veut pas prescriptif, mais en-
Extra-Financier, le présent guide entend enri- tend avant tout donner des orientations, un
chir le cadre institutionnel de la RSE et du DD cadre de réflexion dans lequel les entreprises
en Tunisie et poursuit trois objectifs princi- pourront puiser des idées pour définir et enri-
paux qui sont tous aussi importants et qui ne chir leurs propres démarches RSE et construire
peuvent être dissociés : un Reporting ESG à partir des indicateurs pro-
posés dans ce guide.
5
Développement Durable -DD
Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale Brundtland, le développement
durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capa-
cité des générations futures de répondre aux leurs ».
Le Développement Durable a ainsi pour objectif d’être à la fois économiquement viable, sociale-
ment équitable et écologiquement vivable.
6
Responsabilité Sociétale de l’Entreprise-RSE
La RSE est l’application des principes du Développement Durable et de ses trois piliers écono-
mique, environnemental et social.
La RSE est définie comme étant «la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses
décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comporte-
ment transparent et éthique qui :
Respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales de
comportement.
Et est intégré dans l’organisation et mis en œuvre dans ses relations (ISO 26000).
Les critères ESG sont utilisés par la communauté financière pour désigner les domaines Environne-
mentaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Ils constituent les 3 piliers de l’analyse extra-financière.
Plus précisément, grâce aux critères ESG, les investisseurs, banques et autres bailleurs de fonds
peuvent évaluer l’exercice de la responsabilité des entreprises vis-à-vis de l’environnement et de
leurs parties prenantes (salariés, partenaires, fournisseurs, sous-traitants, clients et autres).
« En 2020, 75 % des investisseurs institutionnels intègrent les critères ESG dans leur processus de
placement, contre 70% en 2019 » (Sondage RBC, 2020).
7
Le critère environnemental tient compte de la gestion des déchets, des initiatives
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, de la prévention des risques
environnementaux (contamination des nappes phréatiques, …) et de la
préservation des ressources naturelles.
Le critère social prend en compte la prévention des accidents et des maladies pro-
fessionnelles, la formation du personnel et son employabilité, le respect du droit des
employés, l’emploi des minorités et des personnes à besoins spécifiques, la qualité
du dialogue social, l’équilibre vie privée-vie professionnelle, la discrimination
au travail et d’une manière plus générale la promotion des droits de l’Homme,
tant en interne dans l’entreprise que dans son environnement externe…
Le critère de gouvernance vérifie l’indépendance du conseil d’administration (CA),
la structure de gestion et la présence de comités au sein du CA, la transparence sur la
rémunération des dirigeants, la féminisation des CA et des organes de direction,
la lutte contre la corruption , le principe de la légalité, la qualité du dialogue
avec les différentes parties prenantes ainsi que la prise en compte
de leurs attentes.
Comme le rapporte le plan d’action pour l’Investissement Responsable- PRI, sur plus de 2000 études
menées depuis 1970, 63% ont établi un lien positif entre les performances ESG de l’entreprise et ses per-
formances financières.
9
Optimiser le fonctionnement et réduire les coûts
Les performances ESG engendrent des réductions de coûts grâce notamment aux économies de res-
sources (énergies, matières, ..) ou à l’optimisation de leurs consommations qu’elles permettent de réaliser.
Les actions RSE permettent également de réduire les coûts de la non qualité voire ceux liés à l’absentéisme,
aux accidents de travail et aux maladies professionnelles.
De façon générale, s’engager dans une démarche RSE permet à l’entreprise d’améliorer son efficacité
opérationnelle.
10
Anticiper les risques et saisir les opportunités
Selon les résultats de l’étude « Risk in Focus » de L’ECIIA (European Confederation of Institutes of Internal
Auditing), les risques liés à la RSE occupent la 4ème place dans le top 10 des risques organisationnels
auxquels ont été confrontées les entreprises en 2019.1
La mise en place d’un Reporting ESG permet à l’entreprise de mieux identifier et donc de mieux maîtriser
voire endiguer les risques auxquels elle pourrait être confrontée.
Mieux encore, l’intégration d’effets potentiels des facteurs ESG permet à l’entreprise de saisir de nouvelles
opportunités économiques en fidélisant les clients actuels, en attirant de nouveaux clients et en s’adap-
tant à l’évolution de la demande vers des produits et services plus responsables.
1 https://www.ifaci.com/wp-content/uploads/Risk-in-Focus_2019.v5_FRANCE.pdf
11
Attirer les investisseurs et rassurer les prêteurs et les assureurs
Au regard de l’intérêt croissant des investisseurs et des prêteurs pour les critères ESG, faire preuve de trans-
parence sur ces critères, permet d’attirer les capitaux à long terme et favorise les conditions de finance-
ment.
De façon générale, pour les partenaires financiers, une entreprise qui adopte une politique RSE est souvent
le gage d’une entreprise bien gérée.
12
Les référentiels d’engagement ( La norme ISO 26000 )
La norme ISO 26 000 est la norme de référence La norme ISO 26000 définit également 7 principes
pour toute réflexion autour de l’initiation d’une à partir desquels une entreprise peut mettre en
démarche RSE d’une entreprise. Elle est issue d’un place une stratégie RSE :
large consensus international. La redevabilité,
La norme ISO 26000 traite 7 questions centrales de
La transparence,
la Responsabilité Sociétale :
Le comportement éthique,
La gouvernance de l’organisation,
La reconnaissance des intérêts des parties
Les droits de l’Homme,
prenantes,
Les conditions et relations de travail,
Le respect du principe de légalité,
L’environnement,
La prise en compte des normes internatio-
Les bonnes pratiques des affaires, nales du comportement,
Les questions relatives aux consommateurs, Le respect des droits de l’Homme.
Et l’engagement sociétal.
La norme ISO 26 000 présente les lignes directrices pour tout type d’organisations, quelles que soient
leur taille ou leur localisation. Elle permet :
L’identification des impacts des décisions et activités de l’organisation au regard des questions cen-
trales de l’ISO 26000
L’identification des parties prenantes et le dialogue avec celles-ci.
15
Les stratégies nationales en lien avec la RSE -DD4
Les dispositifs législatifs et réglementaires étayés ci-dessus ont été relayés par une stratégie nationale
de la RSE et une autre pour le DD.
La première stratégie a pour principal objectif d’inciter tout type d’organisation à intégrer les enjeux
sociaux et environnementaux dans son activité au quotidien.
La seconde a retenu 9 défis prioritaires de durabilité pour la Tunisie :
1. Instaurer une consommation et une prodution 5. Promouvoir une meilleure qualité de vie pour
durables intégrant le concept d’économie verte ; les citoyens ;
2. Promouvoir une économie performante, ren- 6. Développer l’efficacité énergétique et promou-
forcer l’équité sociale et lutter contre les disparités voir les énergies renouvelables ;
régionales ; 7. Renforcer les capacités d’adaptation aux chan-
3. Gérer durablement les ressources naturelles ; gements climatiques ;
4. Promouvoir un aménagement du territoire plus 8. Promouvoir la société du savoir ;
équilibré en s’appuyant sur un transport perfor- 9. Adapter la gouvernance pour une meilleure
mant et durable ; promotion du DD.
La Tunisie s’est dotée aussi de stratégies thématiques: une stratégie de l’économie verte, une stratégie
nationale d’inclusion financière, une stratégie de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption,
une stratégie nationale sur le changement climatique, …
4 Les liens vers ces différentes stratégies sont précisés au niveau de l’annexe 3
16
Les référentiels de la RSE en Tunisie
Les initiatives liées à la RSE-DD en Tunisie5
Nous avons assisté ces dernières années à l’essor de plusieurs initiatives destinées à promouvoir la culture
de la RSE en Tunisie.
En décembre 2020, on comptait 57 entreprises tu- Ce guide vise à assoir une gouvernance respon-
nisiennes adhérentes au pacte mondial. sable et citoyenne basée sur 4 principes : la bonne
gouvernance, l’engagement éthique, la préven-
tion de la corruption et la responsabilité sociétale.
5 Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive mais des initiatives les plus importantes en la matière.
17
Les initiatives en lien avec le Marché Financier :
18
19
Réaliser un premier état des lieux : faire un diagnostic
Dresser un état des lieux des actions RSE que l’entreprise a déjà mises en place sans nécessaire-
ment les relier à une stratégie RSE globale et cohérente.
Sensibiliser et former ses équipes aux enjeux liés à la RSE et identifier les ambassadeurs de la
démarche.
20
Qu’est-ce qu’une partie prenante ?
Une partie prenante est définie comme « tout individu ou groupe ayant un intérêt dans les décisions
ou activités d’une organisation »6 . Les parties prenantes sont à la fois des acteurs, internes et externes, à
l’entreprise pouvant affecter ou être affectés, directement ou indirectement, dans le court terme comme
dans le long terme, positivement et / ou négativement par les activités, produits, services et stratégies de
l’entreprise déployés pour atteindre ses objectifs.
Les parties prenantes comprennent une large variété d’acteurs qui peuvent être entre autres (liste non
exhaustive) :
la communauté financière : actionnaires, investisseurs, agences de notation,
les clients et consommateurs,
les employés,
les fournisseurs,
les communautés et autorités locales,
les autorités publiques,
la société civile : ONG, associations, réseaux.
Les parties prenantes sont au cœur des démarches du Développement Durable et de la Responsabilité
Sociétale des Entreprises et le dialogue engagé avec elles est devenu un élément central de leur bonne
gouvernance.
Plus précisément, et comme le préconisent les lignes directrices de la GRI, l’entreprise doit :
Identifier ses parties prenantes : dresser une liste de ses parties prenantes (Cartographie),
et Expliquer comment elle a répondu à leurs attentes et intérêts légitimes (Dialogue).
Actionnaires
ONG
réseaux Clients
Les parties
Autorités prenantes Employés
Fournisseurs
Communautés
21
Cartographier ses parties prenantes : de quoi s’agit-il ?
1.Définir le périmètre et les enjeux du dialogue : 3.Prioriser les parties prenantes en vue du dia-
logue :
22
Les principaux référentiels du Reporting extra-financier ont fait de la matérialité un principe directeur
si ce n’est, un principe fondateur.
Selon la GRI, dans le cadre du reporting extra-financier, « la matérialité est le principe qui détermine quels
enjeux pertinents sont suffisamment importants pour qu’il soit nécessaire de les couvrir dans le rapport ».
Les cinq étapes clés de l’analyse de la matérialité L’entreprise doit évaluer notamment les impacts
(négatifs et positifs, actuels et potentiels) de son
Etape 1 : activité sur les ODDs.
Identification des enjeux environnementaux, Cette étape permettra d’identifier les impacts po-
sociaux et de gouvernance (ESG) pertinents pour sitifs susceptibles d’être amplifiés et les impacts
l’entreprise. négatifs qui devraient être atténués voire éliminés.
Selon la GRI, pour déterminer la pertinence d’un
enjeu, il convient de prendre en compte des fac- Etape 4 :
teurs internes et externes, telles que la mission et Représentation sur une matrice de matérialité :
la stratégie de l’entreprise, les attentes des parties positionnement des enjeux sur une matrice de
prenantes, la force de l’influence de l’entreprise matérialité et identification des enjeux les plus im-
en amont (chaine d’approvisionnement) et en portants.
aval (consommateurs), ainsi que les réglementa- Afin de faciliter la lecture et l’appropriation des
tions, normes et accords internationaux auxquels enjeux matériels, ces derniers devraient être hié-
l’entreprise entend se conformer. rarchisés en tenant compte à la fois de l’impor-
tance qu’ils revêtent pour les parties prenantes et
Etape 2 : de l’impact qu’ils ont sur l’activité de l’entreprise.
Priorisation de chacun de ces enjeux par les par- Plus précisément, les dirigeants sont invités à cette
ties prenantes internes et externes étape à réfléchir sur l’impact des enjeux RSE sur la
Il s’agit de prendre en compte les attentes et per- performance économique de l’entreprise et ce en
ceptions des parties prenantes sur l’importance termes de risques et d’opportunités.
des enjeux identifiés au niveau de l’étape 1.
Etape 5 : Validation des enjeux prioritaires par le
Etape3 : top management de l’entreprise.
Evaluation et quantification de l’impact de Cette étape repose sur l’étude des liens entre les
ces enjeux vis-à-vis de l’activité de l’entreprise enjeux RSE identifiés comme prioritaires précé-
et ce notamment au regard de la cartogra- demment et les objectifs stratégiques écono-
phie de ses risques : impact financier, impact miques de l’entreprise.
réglementaire, impact sur la réputation… etc.
23
Stratégie RSE : Intégrer les enjeux de la RSE au niveau
de la stratégie de l’entreprise et élaborer un plan d’action
1 - Intégrer la démarche RSE dans la carte straté- 3 - Mobiliser l’équipe autour de cette feuille de
gique de l’entreprise et formaliser l’engagement route notamment via la sensibilisation et la forma-
de la direction dans un document officiel. tion.
24
La RSE est une démarche d’amélioration continue. Cela suppose que l’entreprise évalue et rende compte
de sa démarche, de ses progrès et des axes d’amélioration à investir.
La publication d’informations extra-financières est un bon moyen de faire partager les résultats de sa dé-
marche et de mettre en avant les efforts de chacun. Plus précisément, le reporting extra-financier consiste
à rendre compte périodiquement de ses performances et de ses actions en relation avec les piliers écono-
miques, sociaux, environnementaux et de gouvernance.
Cette reddition n’est pas un exercice accessoire mais bien une responsabilité à part entière de l’entreprise,
un enjeu en soi.
La préparation du reporting ESG nécessite la désignation d’un responsable ainsi que la constitution d’un
réseau de référents métiers.
Au-delà de permettre à l’entreprise d’identifier et de formaliser les forces et les faiblesses de sa stratégie
RSE-DD, le Reporting Extra-financier contribue à la nécessaire transparence de l’entreprise à l’égard de ses
différentes parties prenantes souvent source de performance.
25
Qualité de l’information extra-financière
A l’instar de la GRI, le présent guide préconise de respecter plusieurs principes afin de garantir la qualité
des informations extra-financières publiées à savoir :
5 - Crédibilité :
3 - Pertinence :
26
KPIs les plus pertinents à diffuser
Un indicateur est une représentation symbolique d’une problématique. Il permet de communiquer claire-
ment sur une propriété ou une tendance dans l’évolution d’un système complexe.
Les indicateurs retenus dans le cadre du reporting extra-financier-KPIs- sont censés donner des informa-
tions sur les performances ou impacts économiques, environnementaux et sociaux de l’entreprise.
Pour chacun de ces KPIs, l’entreprise doit préciser les règles de calcul, le processus de production et d’ac-
tualisation et la périodicité de publication.
De plus, et dans la mesure du possible, ces indicateurs doivent être reliés aux indicateurs financiers pour
démontrer la connexion entre la RSE et la performance économique de l’entreprise7.
Le présent guide propose une liste d’indicateurs censés aider les entreprises cotées dans leur communica-
tion extra-financière et recommande de communiquer à minima sur les indicateurs proposés.
L’entreprise doit indiquer le périmètre de publication retenu pour chacun de ces indicateurs. En cas d’ab-
sence ou d’impossibilité de publication de certains indicateurs recommandés (préconisés), les entreprises
sont appelées à justifier les raisons de ce manquement dans une logique de « Comply or Explain ».
7 Ce principe de connectivité entre les informations financières et extra-financière est plébiscité par les
cadres de références suivants : l’IIRC, le TCFD et la directive européenne.
27
Où et quand publier les informations ESG ?
Les informations ESG doivent être insérées dans le rapport de gestion arrêté par le conseil d’administration
ou la direction et ce en même temps que les comptes annuels.
Les sociétés peuvent, par ailleurs, reprendre tout ou partie de ces informations dans d’autres supports
de communication (rapport de Développement Durable, rapport RSE, site internet …). Dans ce cas, elles
veillent à la cohérence des informations extra-financières entre les différents supports.
28
La majorité des indicateurs proposés dans le présent guide est issue des référentiels de la GRI et s’inscrt
dans le cadre plus général des ODDs. Ils sont classés selon la nature de l’information requise et relèvent de
trois catégories : Sociétale, Environnementale et de Gouvernance.
Dans une démarche réfléchie et progressive, n’ont été retenus que les indicateurs qui semblaient les plus
représentatifs, pertinents et communément accessibles à l’ensemble des entreprises cotées à la Bourse de
Tunis. De ce fait les indicateurs trop spécifiques à certains secteurs n’ont pas été retenus dans la liste des
indicateurs proposés ci- après.
Il n’en demeure pas moins que certains indicateurs proposés ne s’appliquent pas nécessairement à toutes
les entreprises.
La liste ainsi proposée doit être perçue par les entreprises cotées comme une aide préalable au choix d’in-
dicateurs qu’elle pourra adapter à ses besoins.
Il revient à toute entreprise de compléter et enrichir la liste proposée par d’autres indicateurs clés de per-
formance prenant en compte ses propres spécificités structurelles dont notamment:
Enfin, les entreprises du secteur financier peuvent également s’appuyer sur les référentiels spécifiques
présentés au niveau de l’annexe 2.
29
Indicateurs clés de performance : 32 KPI’s
30
Politique E7.1. Existence d'une politique environ-
générale – nementale formalisée signée par la direc-
Environnement tion (Oui/Non) . GRI 102
E7.2. Existence d'une politique spéci-
fique de traitement de déchets et/ou de
recyclage (Oui/Non).
32
S9.2. Nombre moyen d’heures de forma-
tion dédiée aux thèmes environnemen- GRI 404-2
Social Formation taux et sociétaux.
33
G6.1. L’existence dans l’entreprise d’un
code de bonne conduite et /ou de déon-
tologie et /ou d’éthique(Oui/Non).
G6.2. Le pourcentage des membres de
gouvernance, des employés et des par-
Ethique et intégrité tenaires qui ont été formés aux questions GRI 102
et Lutte contre la éthiques et aux politiques et procédures
corruption anti-corruption de l’entreprise. GRI 103
G6.3. L’existence dans l’entreprise d’une
politique de lutte contre la corruption
(Oui/Non).
34
les 17 Objectifs du Développement Durable (ODDs)
Les objectifs de développement durable (ODD) ont été adoptés par l’Organisation des Nations Unies.
Ils constituent l’Agenda 2030, qui associe à chaque objectif des cibles à atteindre à l’horizon 2030, en vue
d’«éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous».
Voici la liste de ces dix-sept ODD.
Eradiquer la pauvreté sous Fin de la faim, réaliser la Assurer une vie saine et Assurer une éducation de
toutes ses formes et partout sécurité alimentaire, améliorer promouvoir le bien-être pour qualité inclusive et équitable
dans le monde. la nutrition et promouvoir une tous à tous les âges. et promouvoir des opportuni-
agriculture durable. tés d’apprentissage pour tous
tout au long de la vie.
Construire une infrastructure Réduire les inégalités dans et Rendre les villes et les Assurer des modes de
résiliente, promouvoir une entre les pays. établissements humains consommation et de produc-
industrialisation inclusive et inclusifs, sûrs, résilients et tion durables.
durable et favoriser durables.
l’innovation.
35
Le secteur financier et le Reporting ESG : Comment les fournisseurs
de capitaux et les assureurs peuvent s’y prendre ?
Le constat
Les enjeux du développement durable pour les institutions financières sont de 2 ordres.
D’une part, elles ont des problématiques de développement durable communes aux autres entreprises.
D’autre part, elles ont une responsabilité particulière du fait de la spécificité de leur activité et de
l’influence qu’elles exercent dans ce cadre sur le fonctionnement de l’économie8.
Depuis le début des années 2000, le secteur bancaire et financier porte un intérêt grandissant à la RSE, tant
au niveau des impacts sociaux et environnementaux directs de ses activités d’investissement que progres-
sivement au niveau de ses activités de financement.
Au-delà d’être une tendance, cet intérêt est aujourd’hui une réalité : les acteurs financiers et ceux du
secteur de l’assurance ont pris conscience aujourd’hui de la place grandissante des risques et opportunités
liés aux enjeux ESG.
1 - Financement et accompagnements des por- 1 - Accessibilité des produits et des services ban-
teurs de projets verts. caires : des offres bancaires pour les plus fragiles,
2 - Financement de la transition énergétique des le développement de la microfinance, le dévelop-
entreprises et des particuliers. pement de l’assurance inclusive, éducation finan-
3 - Création de nouveaux produits et services res- cière, …
pectueux de l’environnement (fonds verts , cartes 2 - Prévention du surendettement et accompa-
bancaires écologiques) .. gnement des clients en situation difficile.
4 - Prévention des risques sociaux et environne- 3 - Gestion des risques éthiques et fiduciaires :
mentaux dans les activités bancaires et financières. lutte contre le blanchiment, l’évasion fiscale et la
5 - Formation des collaborateurs sur les risques corruption.
sociaux et environnementaux liés aux produits et 4 - Soutien des TPE et de l’entrepreneuriat, notam-
aux services financiers. ment responsable.
6 - Développer des solutions d’assurance des
risques environnementaux
36
Quels sont les principaux référentiels de l’intégration des critères ESG par le secteur
financier ?
Outre les référentiels à portée générale présentés ci-dessus, plusieurs initiatives, cadres voire références se
sont développés pour accompagner les différents acteurs financiers dans le rôle qu’ils sont censés jouer
dans le cadre de la transition écologique. Certaines de ces initiatives reconnues dans le domaine sont pré-
sentées ci-après.
Les Principes pour l’Investissement Responsable est une initiative du Secrétaire Général des Nations Unies,
mise en place par le programme des Nations Unies pour l’Environnement Initiative Financière (UNEP FI) et
le Pacte Mondial des Nations Unies.
Il s’agit de l’initiative la plus importante au monde relative à l’investissement responsable qui vise à déter-
miner les liens entre les investissements et les questions environnementales, sociales et de gouvernance et
à aider les entreprises à incorporer ces questions à leurs décisions en matière d’investissement et améliorer
ainsi le rendement à long terme des bénéficiaires.
Les principes pour l’investissement responsable sont au nombre de 6. Les investisseurs qui s’engagent à
les respecter doivent :
1 - Prendre en compte les questions ESG dans 4 - Favoriser l'acceptation et l'application des PRI
leurs processus de décisions en matière d'investis- auprès des gestionnaires d'actifs,
sement, 5 - Travailler en partenariat avec les acteurs du
2 - Prendre en compte les questions ESG dans secteur financier qui se sont engagés à respecter
leurs politiques et leurs pratiques d'actionnaires, les PRI pour améliorer leur efficacité,
3 - Demander aux sociétés dans lesquelles ils in- 6 - Rendre compte de leurs activités et de leurs
vestissent de publier des rapports sur leurs pra- progrès dans l'application des PRI.
tiques ESG,
Bien que ces principes soient volontaires, le nombre des signataires PRI a constamment augmenté, pas-
sant de 63 à plus de 3.000 signataires en 15 ans. Du côté des investisseurs institutionnels, cela représente
plus de 23.500 milliards de dollars d'actifs, tandis que les gérants d'actifs signataires totalisent plus de
100.000 milliards d'encours.
9 https://www.unpri.org/download?ac=10965
37
Le secteur financier et le reporting ESG
Quels sont les principaux référentiels de l’intégration des critères ESG par le secteur
financier ?
Les principes de l’équateur –Equator Principles Les Principes pour une Assurance Responsable –
Principles for Sustainable Insurance
Les principes de l’équateur, qui ont vu le jour en Les principes pour une Assurance Responsable ont
juin 2003 à l’initiative d’un groupe de banques in- vu le jour en juin 2012 à Rio de Janeiro, en amont
ternationales, est un référentiel international de de la conférence « Rio +20 ». Il s’agit de l’aboutisse-
gestion des risques sociaux et environnementaux ment d’un travail initié en 2006 entre les leaders du
dans le financement de projets. secteur de l’assurance, sous l’égide du Programme
des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).
Il s’agit d’une liste de 10 principes qui sont appli-
qués aux projets dont le coût total du capital est Ces principes fournissent à l’industrie mondiale
supérieur à 10 millions de dollars américains. de l’assurance un cadre de référence sur la façon
d’aborder les risques et les opportunités en ma-
Les 10 principes de l’équateur sont les suivants : tière ESG. Plus précisément, constitués de 4 piliers,
ces principes formalisent l’intégration de la notion
- Principe 01 : Revue et catégorisation. de responsabilité d’entreprise dans la mission des
- Principe 02 : Évaluation environnementale et assureurs.
sociale.
- Principe 03 : Standards environnementaux et Les 4 principes de ce référentiel engagent ses si-
sociaux applicables. gnataires :
- Principe 04 : Plan d’action et système de gestion.
- Principe 05 : Participation des parties prenantes. 1 - à intégrer dans les prises de décision les ques-
- Principe 06 : Mécanisme de règlement des griefs. tions environnementales, sociales, et de gouver-
- Principe 07 : Revue indépendante. nance (ESG) liées au secteur de l’assurance/ à leurs
- Principe 08 : Engagements à faire ou à ne pas. activités.
faire(«Covenants»).
- Principe 09 : Suivi indépendant et Reporting. 2 - à collaborer avec leurs clients et leurs partenaires
- Principe 10 : Présentation de rapports par les d’affaires pour les sensibiliser aux enjeux environ-
EFPIs10. nementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), les
inciter à une meilleure prise en compte du risque
Les institutions financières qui suivent ces prin- et au développement de solutions concrètes.
cipes s’engagent à n’octroyer des prêts qu’à des
emprunteurs qui acceptent de respecter, en ma- 3 - à coopérer avec les gouvernements, les régu-
tière sociale et environnementale, des politiques lateurs et les autres parties prenantes pour pro-
et des procédures conformes aux principes de mouvoir au sein de la société une action globale
l’équateur. répondant aux enjeux environnementaux, sociaux
et de gouvernance.
Il existe 3 versions des principes de l’équateur : une
première version qui a vu le jour en 2003, une ver- 4 - à rendre compte de l’application des principes
sion révisée en 2006, la dernière en date étant celle et faire preuve de transparence en publiant ré-
de 2013 qui est plus exigeante que les anciennes. gulièrement l’état d’avancement de leur mise en
œuvre.
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Quels sont les indicateurs spécifiques aux différents acteurs du sec-
teur financier ?
Outre les indicateurs communs cités ci-dessus, les entreprises du secteur financier peuvent s’appuyer sur
les indicateurs spécifiques suivants issus du référentiel sectoriel de la GRI dédié au secteur financier :
FS5 Interactions avec des clients, des investisseurs ou des partenaires concernant
les risques environnementaux et sociaux ainsi que les risques et les opportunités
dans ce domaine.
FS7 Valeur monétaire des produits et services fournis à l'égard de retombées sociales
particulières par secteur d'activité, détaillée par objectif.
FS8 Valeur monétaire des produits et services fournis à l'égard de retombées environne-
mentales particulières par secteur d'activité, détaillée par objectif.
FS12 Politiques de droits de vote s'appliquant aux titres pour lesquels l'organisation
détient les droits de vote, spécifiquement en ce qui concerne les questions environ-
nementales ou sociales.
FS14 Initiatives pour améliorer l'accès aux services financiers pour les personnes désavan-
tagées.
FS16 Initiatives pour augmenter les connaissances financières par type de bénéficiaires.
39
Normes Environnementales et Sociales de la Banque Mondiale
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Bibliographie
CDP: https://www.cdp.net/en
Guide d’émission d’obligations vertes socialement responsables et durables en Tunisie : https://www.
cmf.tn/sites/default/files/pdfs/publications/avis-et-communiques/com_230919_guide_draft_consul-
tation_1.pdf
Global Reporting Initiative-GRI : https://www.globalreporting.org/
IIRC: https://integratedreporting.org/the-iirc-2/
La norme ISO 26000: https://www.iso.org/fr/iso-26000-social-responsibility.html
Les principes de l’équateur : http://equator-principles.com/wp-content/uploads/2018/01/equator_
principles_french_2013.pdf
Les principes d’Investissement Responsable- PRI : https://www.unpri.org/
Les principes pour une assurance responsable : https://www.unepfi.org/psi/wp-content/
uploads/2013/06/PSI-document_French.pdf#:~:text=Les%20Principes%20pour%20une%20As-
surance%20responsable%20proposent%20une,la%20r%C3%A9silience%20de%20la%20so-
ci%C3%A9t%C3%A9%20face%20aux%20catastrophes
Le Référentiel National de la Gouvernance (RNG) : http://www.innorpi.tn/fr/referentiel-natio-
nal-de-la-gouvernance
Loi n°2018/35 du 11 Juin 2018 : https://www.innorpi.tn/sites/default/files/inline-files/loi_2.pdf
SASB : https://www.sasb.org/
SSEI : https://sseinitiative.org/
Stratégie Nationale du Développement Durable : http://www.environnement.gov.tn/images/fichiers/
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Stratégie Nationale de l’économie verte : http://www.environnement.gov.tn/index.php/fr/developpe-
ment-durable/concretisation-du-developpement-durable-dans-les-plans-et-les-strategies-de-deve-
loppement/strategie-nationale-de-l-economie-en-tunisie
Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte Contre la Corruption : http://197.5.145.96/
www.inlucc.tn/fileadmin/pdf/isfr.pdf
Stratégie Nationale d’Inclusion Financière : http://www.cae.gov.tn/wp-content/uploads/2019/11/
SNIF-Tunisie.pdf
Stratégie Nationale sur le Changement climatique : http://www.environnement.gov.tn/PICC/wp-
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Sondage RBC- Investissement Responsable (2020) : http://www.rbc.com/nouvelles/news
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TCFD: https://www.fsb-tcfd.org/
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