Speech by A. Mouttaqi Membre Cese Maroc
Speech by A. Mouttaqi Membre Cese Maroc
Speech by A. Mouttaqi Membre Cese Maroc
« Une analyse croisée selon la triple performance dans un contexte de dérèglement climatique et
de crise systémique induite par la pandémie de la Covid-19 »
Abdellah MOUTTAQI
Membre du CESE du Royaume du Maroc
Secrétaire général de l’office national des hydrocarbures et des mines
1. Panorama général
Le Modèle de développement du Royaume du Maroc est basé sur la convergence des enjeux
socioéconomiques et l’adoption des stratégies sectorielles volontaristes dans de nombreux secteurs
(agriculture, industrie, tourisme, commerce, NTIC, pêche maritime, logistique, innovation, énergie,
mines).
La promotion du développement humain et de la solidarité sociale constitue également l’un des piliers
centraux de ce modèle ; elle se concrétise par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain
(INDH), la mise en place du Régime d'Assistance Médicale (RAMED) au profit de la population démunie
et celle de l'Assurance Médicale Obligatoire (AMO), la généralisation de la scolarité, la réforme de
l'éducation, l’accès à l'eau potable en milieu rural (Programme d'Approvisionnement Groupé en Eau
Potable des Populations Rurales - PAGER) et l’électrification du rural (Programme d'Electrification
Rurale Global - PERG) ainsi que le Programme National des Routes Rurales (PNRR)...
En offrant une meilleure visibilité, cette convergence s’accompagne aussi par une intégration de plus
en plus grande de la composante environnementale.
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Le Maroc traverse depuis quelques années une étape décisive du processus de transformation
structurelle de son économie. Cette transformation est reflétée par un changement du profil de la
croissance et de sa structure. Il est utile de rappeler dans ce sens que les exportations de l’automobile
sont arrivées, dès 2014, à détrôner le phosphate et dérivés, en tant que première rubrique à l’export
dans la balance commerciale, pour atteindre près de 27,35% des exportations totales en 2019 contre
17,36% pour le phosphate et dérivés.
Afin d’améliorer la performance du modèle actuel et de relever un certain nombre de défis socio-
économiques à même de répondre aux attentes des citoyens, le Maroc, sous l’impulsion de Sa
Majesté le Roi Que Dieu l’Assiste, est en train de revoir son modèle de développement. Une
commission spéciale a été nommée à cet effet.
Pour appréhender cette question, je présente une analyse croisée selon la triple performance dans un
contexte de dérèglement climatique et de crise systémique induite par la pandémie de la Covid-19.
Seront donc examinés les engagements institutionnels du Maroc ainsi que l’état d’avancement de
certains axes thématiques.
Le Maroc a ratifié les trois conventions issues du processus de la Conférence de Rio et qui
portent sur la lutte contre les changements climatiques, la protection de la biodiversité et
la lutte contre la désertification. Le Maroc est également engagé dans l’agenda 2030 des
nations unies pour le développement durable.
La Constitution de 2011 qui fait du développement durable un droit de tous les citoyens,
définit les rôles des différentes parties prenantes et élargit le domaine de compétences du
Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) qui donne son avis sur l’économie
nationale et sur le développement durable.
Plusieurs lois, dont entre autres :
- Loi Cadre 99-12 portant Charte Nationale de l'Environnement et du
Développement Durable, et de laquelle émane la Stratégie Nationale du
Développement Durable 2016- 2030.
- Loi 12-03 relative aux études d’impact sur l’environnement (EIE).
- Loi 81-12 relative au littoral.
- Loi 36-15 sur l'eau.
- Loi N°49-17 relative à l’évaluation environnementale stratégique : outil
préventif qui peut assurer un équilibre entre l’investissement, la protection de
l'environnement et la prise en considération de la durabilité.
Vision de la SNDD :
Le diagnostic a révélé que la majorité des politiques englobe les ingrédients de la durabilité, mais il a
souligné la nécessité d’une stratégie globale, qui fixerait le cap de l’ensemble des politiques publiques.
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Ce cap est donné par la vision suivante : Mettre en œuvre les fondamentaux d'une économie verte et
inclusive au Maroc d'ici 2030 ».
• Principes de la SNDD :
- La conformité internationale selon les bonnes pratiques et en tenant compte des défis sur
lesquels le Royaume du Maroc s’est engagé en matière de développement durable, à savoir
la lutte contre les changements climatiques, la lutte contre la désertisation ainsi que la
protection de la biodiversité.
- La conformité avec les principes de la loi cadre 99-12.
- L’engagement des différentes parties prenantes à atteindre des objectifs communs et qui
contribuent à répondre à des enjeux clés en matière de développement durable.
- L’opérationnalisation en s’appuyant sur les stratégies, les plans et les programmes en cours
de mise en œuvre.
Piliers de la SNDD
5. Performances sectorielles
2020
Capital naturel
Le niveau de prise en compte de la durabilité est appréhendé par des indicateurs composites. Dans le
cadre de l’étude sur l’évaluation de la richesse globale du Royaume pour la période 1999- 2013, le CESE
a utilisé l’Epargne Nette Ajustée (ENA).
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L’évolution de l’ENA qui a été positive entre 1999 et 2006, s’est dégradée pour s’établir à 14,8% en
2013 contre 24,1% en 2006, perdant ainsi plus de neuf points en sept ans. La valeur positive de l’ENA
montre que le modèle est durable, mais sa tendance baissière révèle qu’il n’est pas soutenable et
souligne donc la nécessité de revoir le mode d’utilisation de certaines ressources naturelles,
notamment hydriques et celles liées aux écosystèmes forestiers et pastoraux.
Pour remédier à cette situation, le Maroc a adopté le Plan stratégique de l’eau (PNE) 2020-2050,
Programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020–2027
(gestion de la demande, stockage des eaux superficielles, traitement des eaux ; eaux non
conventionnelles…). La Stratégie nationale de développement du domaine forestier « Forêts du Maroc
2020-2030 a été également lancée et pour valoriser les écosystèmes et la biodiversité, 35 nouveaux
sites d’intérêt biologique (SIBE) sont en cours de promotion. Pour la valorisation intégrée de tout le
potentiel offert par les écosystèmes maritimes, le CESE a recommandé la mise en place d’une Stratégie
Nationale de l’Economie Bleue durable et inclusive.
Transition énergétique
Le Maroc a lancé depuis 2009 une stratégie volontariste pour le développement de la part des énergies
renouvelables dans le mix électrique. Les chiffres clés de cette stratégie sont donnés par le graphe
suivant :
En raison de l’importance de la question énergétique, le CESE vient de publier un avis dans lequel « la
consommation d’énergie n’est plus considérée comme un simple ingrédient de la croissance, mais
comme le véritable déclencheur d’une nouvelle émergence verte du Maroc ». Le CESE recommande
de « mettre en place une nouvelle stratégie afin d’accélérer la transition énergétique et installer le
Maroc dans la croissance verte ».
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- Être socialement juste, équitable et inclusive, responsable sur le plan environnemental et
soutenable sur le plan financier. Elle doit en définitive, permettre de bien gérer les impacts,
en maitrisant et en minimisant les plus nocifs d’entre eux et en maximisant les plus
avantageux pour l’ensemble de la communauté.
- Être planifiée de manière holistique et s’articuler autour de l’augmentation de la part des EnR
dans le mix énergétique, de la maitrise de la demande par la promotion de l’efficacité
énergétique et de la production décentralisée, l’émergence et le développement de filières
du futur autour du « Power to X », le soutien de l’innovation et de l’appropriation
technologique au service de l’intégration industrielle.
- S’accompagner d’une refonte de la gouvernance pour s’adapter aux évolutions du secteur et
d’une reconfiguration des politiques publiques qui touchent à l’énergie en traitant de manière
coordonnée et intégrée, plusieurs politiques connexes, actuellement, pensées et élaborées
en silos.
- Reposer sur une adhésion citoyenne élargie avec l’implication des citoyens et des territoires
pour lier la transition énergétique aux enjeux du développement local.
Au niveau international, le Maroc a des atouts pour prendre une place dans la nouvelle économie verte
et notamment la filière hydrogène (élaboration d’un nouveau partenariat avec l’Europe)
Conscient de l’importance de la durabilité dans les espaces urbains, le CESE a recommandé les
inflexions suivantes :
Agenda climatique
Le Maroc s’est engagé dans l’agenda climatique en portant, au travers de sa Contribution Nationale
Déterminée (NDC), son objectif de réduction de ses émissions de GES à 42% à l’horizon 2030. Il a
présenté en mars 2019 le Plan Climat National (PCN) qui détaille les objectifs en termes d’adaptation
et d’atténuation ainsi que les financements nécessaires pour leur réalisation.
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Faible émetteur, le Maroc est un pays vulnérable au changement climatique. Historiquement, le
Royaume a connu 20 années de sécheresse au cours des 70 dernières années, soit près du tiers
de cette période. Pour l’avenir, de nombreuses études prospectives indiquent que le climat va
devenir de plus en plus aride au Maroc, en raison d’une baisse de pluviométrie, d’une
augmentation de température et de l’apparition plus fréquente d’événements extrêmes. Certains
secteurs économiques ou écosystèmes sont particulièrement vulnérables au changement
climatique, dont l’eau, l’agriculture, la pêche maritime, le littoral, la forêt et la santé.
Le Maroc met en œuvre une approche sectorielle, adaptée aux circonstances et aux spécificités
des entités territoriales : les zones de montagne, le littoral, les oasis, les zones agricoles (dont les
zones agricoles désertifiées) et les zones urbaines.
La répartition des objectifs entre atténuation et adaptation ainsi que les budgets correspondants
sont donnés ci-dessous :
Le CESE a contribué à la réflexion nationale pour la refonte du modèle économique actuel. Neuf grands
choix ont ainsi été identifiés :
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- Un environnement garantissant une concurrence saine et régulant les avantages, la rente de
situation et les privilèges.
- Une transformation structurelle de l'économie.
- Une solidarité organisée visant la réduction des inégalités sociales et territoriales apportant
une protection sociale universelle et financée par une juste contribution des citoyens.
- Un capital naturel protégé, valorisé et résilient pour favoriser une croissance durable.
- Un Etat de droit, garant de l’intérêt général, menant une action publique territorialisée basée
sur la cohérence, la transparence, l’efficacité et l’évaluation systématique.
Evoquer le développement durable passe aussi, en cette période, par examiner les impacts de la
pandémie de la Covid 19. Dans l’avis publié dans le cadre d’une saisine de la part de la première
chambre du Parlement, le CESE propose 7 inflexions majeures pour réussir la sortie de crise et
favoriser une mise en œuvre optimale du nouveau modèle de développement :