Compte Rendu Sur Les Laterites

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Recherches sur les ressources naturelles IV

Dans cette collection :

1. Enquête sur les ressources naturelles du continent africain


u. Bibliographie hydrologique africaine 1Bibliography of African hydrology, J. Rodie~
w. Carte géologique de l'Afrique (115 000 000). Notice explicative 1 Geological map of Africa
(115 000 000). Explanatory note, R. Furon, J. Lombard
IV. Compte rendu de recherches sur les latérites, R. Maignien
compte rendu
de recherches sur les latérites

R. Maignien. Office de la recherche scientifique


et technique outre-mer,
Paris

unesco,
Publié en 1966
par l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture,
place de Fontenoy, Paris-7 e
Imprimé par Vaillant-Cannanne, Liège
(Belgique)

© Unesco 1966
NS.65 1 XIU 1F
Avant-propos

Dès l'origine, une partie du programme scientifique de l'Unesco a porté sur


certains problèmes relatifs au milieu naturel et aux ressources naturelles. L'une
des premières mesures prises en ce domaine a été l'institution d'un Comité
consultatif de recherches sur la zone aride et d'un Comité consultatifinternational
de recherches sur la zone tropicale humide, qui ont présidé à l'organisation
de nombreux colloques et à la publication de différents. comptes rendus de
recherches par l'Unesco.
Il est toutefois apparu, peu à peu, que certaines activités déployées dans
le cadre de ces programmes concernaient en fait l'ensemble d'un continent ou
même le monde entier, et qu'en revanche, il y aurait lieu d'entreprendre d'autres
travaux qui n'étaient prévus par aucun des programmes existants. C'est pour-
quoi toutes les activités de ce genre ont été regroupées et confiées à une seule
division, la Division des études et recherches relatives aux ressources natu·
relIes. De plus, on a créé une collection intitulée « Recherches sur les ressources
naturelles» : trois volumes consacrés au continent africain ont déjà paru dans
cette collection et des publications concernant les ressources naturelles de l'Amé-
rique latine et divers autres domaines d'action de la division leur feront suite.
En application de recommandations formulées par le Comité consultatif
international de recherches sur la zone tropicale humide, l'Unesco a organisé
un colloque sur les latérites, qui s'est tenu à Tananarive (Madagascar) pendant
la dernière semaine de septembre 1964. Auparavant, M. R. Maignien, de l'Office
de la recherche scientifique et technique outre-mer (ORSTOM] (France), avait
rédigé, à la demande de l'Unesco, un compte rendu de recherches sur les laté-
rites, qui a servi de base aux discussions à Tananarive et qui est aujourd'hui
publiée en tant que volume IV de la collection « Recherches sur les ressources
naturelles». Il est à peine nécessaire d'expliquer pourquoi un tel compte rendu
a été établi, car une abondante documentation a été produite sur ce sujet depuis
que F. Buchanan, en 1807, a donné le nom de « latérite» à la couche de dépôts
ferrugineux qui recouvre de vastes surfaces en Inde méridionale. Cela résulte
notamment du fait que ce type de sol se rencontre dans des régions très étendues
et diverses, qui comprennent l'Inde, la Malaisie, l'Indonésie, l'Australie, Cuba,
les îles Hawaii et les zones tropicales de l'Mrique et de l'Amérique du Sud -
sans parler des dépôts très anciens du point de vue géologique qui sont encore
plus largement répandus. Si cette documentation est aussi riche, c'est, semble-t-il,
parce qu'on ne peut établir de corrélation certaine entre la présence de latérite-
ou de la variante, économiquement beaucoup plus importante, qu'est la bauxite
- et un seul des facteurs suivants : roche mère, ère géologique, mode de forma-
tion, climat envisagé en soi, ou situation géographique. La latérite est plutôt
le produit d'un ensemble de conditions physico-chimiques qui varient avec
les régions et dont on est encore loin de connaître parfaitement les interactions.
Aussi a-t-on procédé à des généralisations trop hâtives sur la base d'une expé-
rience trop limitée, tandis que certaines publications importantes étaient par-
fois négligées. Les recherches que l'on effectuera ultérieurement dans ce domaine,
qui intéresse simultanément les géologues, les minéralogistes, les biogéographes
et les géomorphologistes, devraient se fonder sur une étude plus complète de
la documentation scientifique existante: c'est à cette fin qu'est publié le présent
ouvrage.
Il va sans dire qu'un tel compte rendu reflète les opinions personnelles de
son auteur et qu'il est appelé, de ce fait, à engendrer de nouvelles discussions.
Puissent celles-ci contribuer à nous donner une connaissance plus approfondie
d'une question qui présente une grande importance tant sur le plan scientifique
que sur le plan pratique.
Table des matières

Remerciements. 9

Historique. Définition et limites du problème 11

Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites 18


Formations indurées . 18
Caractéristiques morphologiques et physiques 19
Caractéristiques chimiques et minéralogiques . 21
Caractérist~ques minéralogiques . 23
Situation des formations indurées dans les sols 25
Sols « latéritiques» . 27
Profils caractéristiques . 27
Caractéristiques analytiques 39
Relations entre les sols tropicaux et les latérites indurées 47
Sols latéritiques 47
Sols ferrugineux tropicaux 49
Sols hydromorphes. 50
Vertisols . 50
Cuirasses colluviales 50
Relations entre la morphologie des horizons cuirassés et le milieu de formation 50
Rôle des sesquioxydes constitutifs 50
Facteurs de la morphologie des horizons cuirassés 52

Distribution des latérites dans le monde. Relations avec les facteurs du milieu 54
Distribution des latérites. 54
Afrique 55
Amérique. 56
Asie. 57
Australie . 59
Relations avec les facteurs du milieu 61
Climat 61
Végétation et faune 64
Roches et matériaux originels 66
Modelé 69
~. n
Origine des latérites 79
Origine des composants des latérites 80
Les composants produits d'altération des roches 81
Les composants préexistants dans les roches. 95
Accumulation des constituants des latérites 97
Accumulation dans le profil'sans apport extérieur 97
Accumulation par apports extérieurs aux profils 106
Évolution des horizons d'accumulation. 107
Développement des microstructures 108
Induration des latérites 109
Dégradation des latérites 113

Classification des latérites. Corrélation 116


Système de l'URSS 118
Système français 119
Système portugais 121
Système britannique. 122
Système australien • 122
Système des États-Unis (7 e approximation, USDA, 1960) 123
Système belge 125
Système SPI 126
Système FAO 129

Utilisation des latérites • 132


De la fertilité des latérites 132
De la valeur minière des latérites 138
De l'utilisation des latérites en génie civil. 139
De l'utilisation stratigraphique des latérites 139
Des propriétés hydrologiques des latérites 140

Annexe 141

Bibliographie 143
Remerciements

Je tiens à remercier très vivement ici les chercheurs éminents qui ont hien voulu
m'informer des principales études dont ils avaient connaissance. Qu'ils trouvent
ici l'expression de ma profonde reconnaissance. Sans eux il aurait été impossihle
de mener à hien ce travail.
Dr Charles E. KELLOGG, Deputy Administration for Soil Survey, Soil Conser-
vation Service, United States Department of Agriculture, Washington 25,
D. C. (États-Unis d'Amérique).
Dr Lyle T. ALEXANDER, Chief, Soil Survey Lahoratory, Plant Industry Station,
Beltsville, Maryland (États-Unis d'Amérique).
Dr J. J. FRIPIAT et Dr M. C. GASTUCHE, Laboratoire des colloïdes des sols tro-
picaux de l'INEAC, Institut agronomique de l'Université catholique, Louvain-
Heverlee (Belgique).
Dr C. SyS, Centrum Voor Bodemkartering, Rozier 6, Gand (Belgique).
Dr J. K. TAYLOR, Chief of Division of Soils, Commonwealth Scientific and
Industrial Research Organization, Private Bag no. 1-6, P. O. Adelaide (Aus-
tralie-Méridionale). .
Dr M. J. MULCAHY, CSIRO, Western Australian Regional Laboratory, Private
Bag, P. O. Nedlands (Australie-Occidentale).
Dr R. DUDAL, FAO, via delle Terme di Caracalla, Rome (Italie).
Dr E. V. LOBOVA, Institut Dokouchaiev, Pyjevsky per 7, Moscou (URSS).
Académicien 1. P. GUERASSIMOV, Institut de géographie, Académie des sciences
de l'URSS, Moscou (URSS).
Dr F. FOURNIER, Bureau interafricain des sols, 57, rue Cuvier, Paris-Se (France).
M. B. DABIN, Services scientifiques centraux, ORSTOM, Bondy (Seine).

9
Historique.
Définition et limites du problème

Il Y a un peu plus de cent cinquante ans que le terme «latérite» a fait son appa-
rition dans la littérature scientifique. Malgré des vicissitudes diverses ce terme
est toujours largement employé. On pourrait donc penser qu'il couvre des faits
parfaitement reconnus et définis. Pourtant une étude, même succincte, des mises
au point traitant de ce prohlème montre que sous la hrièveté du terme se cachent
des ohjets parfois fort différents. Avant d'amorcer toute tentative d'expli-
cation, il apparaît donc nécessaire de dresser une liste exhaustive des faits
d'ohservation qui, au cours de ces cent cinquante dernières années ont pu se
réclamer à des titres plus ou moins divers de la dénomination de latérite. Cet
inventaire, en permettant de circonscrire le prohlème, sera une hase solide
pour toutes recherches ultérieures.
Le mot « latérite» a été suggéré par Buchanan (1807) pour désigner un maté-
riau servant à la construction et exploité dans les régions montagneuses de
Malabar (Inde). Ce matériau présente l'aspect d'un dépôt ferruginisé, à mor-
phologie vésiculaire. Il est apparemment non stratifié et se situe à faible pro-
fondeur dans les 5015. Lorsqu'il est frais, il peut être facilement découpé en
hlocs réguliers à l'aide d'un instrument tranchant. Exposé à l'air, il durcit
rapidement et résiste alors remarquahlement aux agents météorologiques.
De ces propriétés résulte son emploi fréquent comme matériau de construction,
emploi comparable à celui des hriques. Dans les dialectes locaux ces formations
sont dénommées «terre à hrique». Le nom «latérite» n'est donc que la tra-
duction latine d'une terminologie vernaculaire. Latérite a pour racine luter
qui signifie hrique en latin, ceci uniquement par référence à l'utilisation de
ces hlocs (Prescott et Pendleton, 1952).
La paternité du terme est un peu controversée, Prescott signale cependant
que Babington (1821) l'aurait utilisé le premier dans une acception scienti-
fique. Buchanan s'est rapidement rendu compte des inconvénients que présen-
tait l'emploi d'un mot trop spécifique pour désigner des matériaux à caracté-
ristiques analytiques mal connues et, entre 1807 et 1814, il a indifféremment
employé les termes «latérite» et « pierre à hrique». En effet, l'originalité de
la formation décrite pour la première fois par Buchanan sous le nom de latérite
réside dans sa consistance molle lorsqu'il est en place et dans sa facilité à s'in-
durer rapidement lorsqu'il est exposé à l'air. Or Buchanan note lui-même que
des formations à morphologie comparable, ohservées à Bihar, sont déjà indurées
directement dans le sol. Ce n'est que vers la fin de sa vie que Buchanan a limité

11
Historique. Définition et limites du problème

l'emploi de « latérite» au seul matériau à consistance molle qui durcit par-


exposition à l'air. '
On voit qu'à l'origine « latérite» se réfère à une certaine morphologie et
à une particularité remarquable de la mécanique de ces roches. C'est à ce titre,
et bien que très rapidement on ait reconnu qu'il s'agissait d'une formation
argileuse ferruginisée, que le mot a eu un rapide succès, d'abord en Jnde, puis
dans le monde, et ceci bien avant les années 1900.
Newbold (1844, 1846) donne d'excellentes descriptions de ces formations et
P. Lake (1890), dans son rapport sur la géologie des régions du sud de Malabar,
dresse un inventaire des études déjà fort nombreuses concernant les latérites
de l'Jnde. A cette période, il faut associer les noms de Babington (1821), Benza
(1836), Clark (1838), Wingate (1852), Kelaart (1853), Blanford (1859), Buist
(1860), King et Foote (1864), ainsi que Cole (1836), Wynne (1879), Théobald
(1873), Voysey (1833), Mallet (1881). (Voir Sivarajasingham et al., 1962.)
Des données fort importantes sont déjà élucidées. La latérite dérive de l'al-
tération de matériaux variés : roches éruptives cristallines, sédiments, dépôts
détritiques, cendrées volcaniques, etc. Ce peut être également un dépôt de lac.
Très tôt donc l'origine extrêmement large des latérites est mise en exergue.
Elles sont identifiées comme des formations de surface ou de faible profondeur
sur la base de caractéristiques physiques. Elles sont reconnues dans de nom-
breuses régions du globe : en Australie, en Afrique, en Amérique du Sud.
Mais déjà certaines critiques se font jour qui montrent lcs difficultés d'emploi
de la définition. En particulier Blanford (1859) mentionne que dans quelques
cas la lithomarge sous-jacente à la latérite peut durcir lorsqu'elle est exposée
à l'air. Le problème se complique lorsque Talbott (voir Prescott, 1931) étend,
en Australie, l'application du terme à des formations indurées contenant de
la silice et du calcaire.
La nécessité d'une définition plus précise s'impose. Bien que la nature ferru-
gineuse et alumineuse de la latérite ait été suggérée par Mallet (1883), c'est
à Bauer (1898) que l'on doit l'établissement des caractéristiques chimiques
fondamentales de ce matériau. Étudiant des échantillons provenant des îles
Seychelles, il reconnaît que la latérite contient de faibles quantités de silice
combinée et de l'aluminium sous une forme hydratée, puis il compare la com-
position des latérites à celle des bauxites. Peu après Warth et Warth (1903)
publient un ensemble de résultats obtenus sur des échantillons provenant de
l'Inde. Certaines de ces latérites contiennent de faibles quantités d'alumine
mais sont riches en oxydes de fer; d'autres au contraire contiennent de fortes
quantités d'oxyde d'aluminium mais sont relativement pauvres en fer; et
l'on trouve tous les intermédiaires entre ces extrêmes. Diverses analyses d'échan-
tillons provenant d'autres régions tropicales du globe fournissent des résultats
similaires (Du Bois, 1903; Holland, 1903).
L'utilisation possible des latérites comme minerai d'aluminium, et dans
quelques cas de manganèse (Fermor, 1911), attire rapidement l'intérêt des
géologues. Il en résulte de nombreux travaux d'analyses portant sur des échan-
tillons présentant ou semblant présenter un certain intérêt minier. A cette
période, doivent être associés les noms de Richtofen (1886), Oldham (1893),
Van Bemmelen (1904), Chautard et Lemoine (1908a), Arsandeau (1909), Harri-
son (1910), Lacroix (1913), etc.
L'ensemble de ces travaux tend à préciser la définition des latérites sUl; des
bases chimiques, parfois minéralogiques. Ces essais soulèvent de nombreuses

12
HiBtorique. Définition et limites du problème

~ontroverses, en particulier sur la nature et les proportions relatives d'oxydes


caractéristiques.
Pour Croor (1909), puis pour Evans (1910), la dénomination de latérite doit
être réservée aux seuls produits d'altération contenant de l'alumine libre. Evans
écrit en particulier «bien que la composition chimique des latérites varie dans
de larges limites, un fait demeure constant: les faibles quantités de silice com-
binée en regard de l'aluminium présent. C'est par cela que les latérites se dis-
tinguent des argiles qui s'observent également dans les produits de décom-
position tropicale.» Par contre, d'autres auteurs insistent sur l'importance
des oxydes de fer. Pour Neustruev (cité par Lacroix, 1913) une latérite doit
contenir plus de 86 % de Fe2Ûa' Fermor (1911) porte cette limite à 90 %, bien
qu'il signale que les constituants des latérites sont les oxydes de fer, d'alumi-
nium, de titane et de manganèse. Mais la présence d'oxyde de fer est obligatoire
comme l'avait déjà signalé Holland en 1903.
Toute définition physique des latérites est alors pratiquement abandonnée
au profit des définitions chimiques et minéralogiques.
Harrison (1910) l'élargit encore, en y introduisant les matériaux terreux, riches
en fer et en alumine qui ne sont pas durcis.
Lacroix (1913) à son tour ne tient compte que des teneurs totales en oxydes
hydratés. Il distingue : a) les latérites vraies contenant plus de 90 % d'hy-
droxydes ; b) les latérites silicatées contenant de 90 à 50 % d'hydroxydes;
c) les argiles latéritiques contenant de 10 à 50 % d'hydroxydes.
Ces latérites sont qualifiées de quartzifères lorsqu'elles contiennent du quartz
de néoformation.
Cependant, vers la même époque, les travaux de Walther (1889, 1915, 1916)
s'appuient à nouveau sur une définition morphologique. Il précise que le terme
latérite a été choisi par référence à la couleur rouge qui est comparable à celle
des briques. Latérite signifie qui ressemble aux briques, et il propose d'étendre
la définition à toutes les alluvions et éluvions colorées en rouge et, en parti-
culier, aux terres rouges tropicales. Cette nouvelle définition a un grand succès,
en particulier auprès des agronomes, d'où une source nouvelle de confusion.
Ce n'est qu'à partir des années 1920 que l'étude des latérites a été abordée
sous un angle pédologique. S'appuyant sur des définitions tantôt morpholo-
giques, tantôt physiques, tantôt chimiques, les termes «latérite» et« latéri-
tique» sont utilisés dans des acceptions variées. De nombreux essais sont tentés
avec des fortunes diverses pour standardiser l'emploi de ces vocables.
Harrassowitz (1930) rattache les latérites à un profil caractéristique, se déve-
loppant sous savane tropicale et qui présente de bas en haut quatre niveaux :
a) la zone fraîche; b) une zone d'altération primaire à kaolinite; c) un horizon
latéritique proprement dit; d) une zone de surface à incrustations et concré·
tions ferrugineuses.
Pour Erhart (1935) la présence d'un horizon de passage entre roche mère
et latérite est obligatoire, mais cette position est controversée.
Van Bemmelen (1904), puis Harrassowitz (1926), enfin Martin et Doyne
(1927) introduisent le rapport SiÛ2/Al2û a• Les latérites présentent un rapport
inférieur à 1,33. Le fer n'est pas un élément essentiel du milieu latéritique.
Ces données, ainsi que le rapport Siû2/R2û a sont repris par Joachim et Kandiah
(1941). L'emploi de ces différents rapports obtient un grand succès et est large-
ment exploité (Botelho da Costa, 1954; Aubert, 1954; Aubert et Duchaufour,
1956 ; Segalen, 1957 ; Camargo et Bennema, 1962; etc).

13
Historique. Définition et limites du problème

Cependant au cours de ces dernières années la valeur de ces rapports est


discutée (Pendleton et Sharasuvana, 1946; G. W. Robinson, 1949; Van der
Woort, 1950; Waegemans, 1951 a, b), car ils intègrent à la fois des processus
d'altération, des néosynthèses, des migrations différentielles et des remaniements
mécaniques (Maignien, 1961). C'est une donnée indicative et non absolue.
Pendleton (1936) réagit fortement contre les définitions chimiques pour
revenir au concept originel de Buchanan: «Une latérite est un sol qui possède
dans son profil un horizon de latérite, c'est-à-dire un horizon induré ou en voie
d'induration. » Un sol latéritique est un sol qui possède un horizon de latérite
peu exprimé, mais qui se transformera en véritable latérite si les conditions
de formation persistent suffisamment longtemps (Pendleton et Sharasuvana,
1946). La latérite est un horizon illuvial (Mohr, 1932 ; Pendleton, 1936 ; Pres-
cott et Pendleton, 1952).
Parallèlement à ces discussions, les études à caractères chimiques et agro-
nomiques se multiplient accumulant des résultats parfois contradictoires. A
cette période extrêmement féconde il faut associer les noms de Bennet et Alli·
son (1928), Hardy (1931), Senstius (1931), Marbut (1932), sir John Harrison
(1933), Fox (1936), Lombard (1937), Baeyens (1938), Scaetta (1938, 1941),
Greene (1945), Sherman (1949, 1950), etc.
Le développement des études pédologiques, immédiatement après la deuxième
guerre mondiale, multiplie les exemples y englobant aussi bien les latérites
au sens de Buchanan que les sols tropicaux à rapport Si02!Al20 a inférieur à 2.
Du Preez (1949) en donne une définition très proche de celle de Pendleton,
mais minimise l'importance de l'alumine libre. De plus, si cette définition couvre
de nombreux aspects morphologiques, elle ne fait pas mention des variétés
qui, étant molles en place, durcissent par exposition à l'air. Il s'agit de toutes
les formations indurées, riches en sesquioxydes. Pour leur part, Mohr et Van
Baren (1954) étendent la définition aux produits d'altération directement indurés
dans les sols ou s'indurant seulement après mise à nu.
Kellogg (1949) limite le mot « latérite» aux matériaux ferrugineux qui se
durcissent après exposition et aux formes fossiles de ces matériaux. Les quatre
principales formes reconnues par l'United Soil Survey Staff sont: a) les argiles
bariolées, molles, qui se transforment irréversiblement en matériaux indurés
(hardpans, crusts) par exposition à l'air; b) les croûtes ou niveaux indurés cel-
lulaires ou bariolés ; c) les concrétions ou nodules en mélange avec d~s maté-
riaux non consolidés ; d) les masses consolidées de concrétions ou de nodules.

Devant la complexité des objets reconnus et des phénomènes mis en cause,


des tendances se font jour pour séparer les processus d'altération des processus
d'induration qui caractérisent les latérites.
Aubert (1954) indique : « Les deux phénomènes, processus physique de cui-
rassement et processus physico-chimique de ferrallitisation (latéritisation), sont
nettement différents, le premier pouvant jouer sur des matériaux uniquement
enrichis en hydroxydes de fer et de manganèse et non d'aluminium. Le pro-
cessus de latéritisation ou felTallitisation, qui définit les sols latéritiques, est
constitué par un ensemble de phénomènes qui aboutissent à une altération extrê-
mement poussée de la roche mère du sol et à une individualisation des éléments
tels que silice, oxydes, hydroxydes et hydrates métalliques, en particulier de
fer, d'alumine, de manganèse, de titane; ces dernie~s se maintiennent ou s'ac-

14
Historique. Définition et limites du problème

cumulent dans un horizon de surface ou de faihle profondeur, la silice étant


en partie entraînée à la hase du profil. » .
Ainsi certaines caractéristiques chimiques des sols latéritiques se retrouvent-
elles dans toutes les cuirasses, mais elles peuvent également se retrouver dans
d'autres sols qui en diffèrent par leur structure. Inversement, des sols n'ayant
pas les caractéristiques chimiques des latérites peuvent présenter des horizons
indurés ou des concrétions ferrugineuses ou manganifères (Maignien, 1954).
D'Hoore (1954) et Maignien (1958), étudiant la formation des horizons indu-
rés des sols tropicaux, les rattachent à des migrations différentielles de ses-
quioxydes en relation avec les mouvements de l'eau dans les sols. Si les processus
de cuirassement sont favorisés par l'altération latéritique, ils ne sont cependant
pas spécifiques de ces milieux.
Il apparaît de plus en plus difficile de donner une définition, ou purement
morphologique, ou physique, ou chimique. Le mot latérite couvre des aspects
très variés de la pédogénèse tropicale et a une trop grande généralité. Pour
~
1
Guerassimov (1962) le terme englohe l'ensemhle des sols des régions inter-
tropicales. Aussi de nombreux chercheurs tendent-ils à en donner une défini-
tion génétique et, pour éliminer tout risque de confusion, cherchent-ils à éli-
miner le terme. Scrivenor (1930), Vine (1949), G. W. Rohinson (1949) rem-
placent «latéritisation» par le mot conotatif «ferrallitisation» et Bothelo
da Costa et Adzevedo (1949), qui agréent dans ce sens, indiquent que « ce terme
est très utile, car il se rapporte à des caractéristiques physiques et physico-
chimiques des sols, ce qui permet de l'employer à un niveau de généralisation
élevé ». L'école pédologique française suit cette voie.
Kellogg (1949) introduit <datosols» pour désigner ces sols et ce nom est encore
très largement employé à l'heure actuelle.
En 1958, Sys crée le terme de «kaolisol» pour dénommer les sols intertro-
picaux présentant les caractéristiques physico-chimiques des latérites. La
latérite, au sens de Buchanan, est appelée «plinthite », nom introduit par
PU. S. Department of Agriculture (USDA) (1960). La plinthite est un horizon,
riche en sesquioxydes, pauvre en humus, avec un mélange d'argiles fortement
altérées, de quartz et d'autres diluants qui se distribuent en taches rouges dans
un assemblage généralement feuilleté, polygonal ou réticulé. La plinthite
se change irréversiblement en niveau induré ou en agrégats irréguliers durcis
à la suite de l'alternance d'humectation et de dessiccation; elle est l'ensemhle
des résidus indurés de taches rouges originellement molles.
En 1960, la 7e approximation de l'USDA introduit la notion d'oxisols. Ces
oxisols groupent les sols appelés ces dernières années latosols, ainsi que la plu-
part des sols désignés sous le nom de ground water laterites et qui anciennement
étaient appelés latérites. Ces oxisols sont caractérisés par un horizon diagnostic,
1'« horizon oxique ». La présence ou l'ahsence de plinthite n'est pas caracté-
ristique aux niveaux élevés de la classification. L'horizon oxique présente les
propriétés théoriques des latérites et sols latéritiques, propriétés qui demandent
à être précisées et complétées. Ces dernières sont reprises et élargies par Sys
(1962) qui définit un horizon ferrallitique diagnostic de l'ordre de kaolisols.
C'est un horizon de sol tropical, situé entre un horizon A et le niveau de roches
altérées et qui présente les caractéristiques suivantes : a) réserves minérales
altérahles hasses ou inexistantes; b) fraction granulométrique d'argile composée
presque exclusivement de kaoli et/ou d'oxydes (la gihhsite est souvent,
mais pas nécessairement, présente; parfois présence de quantités importantes

15
Historique. Définition et limites du problème

de gels alumino-silicatés) ; c) rapport Si02/~03' quelquefois proche mais


souvent inférieur à 2 ; d) intensité maximum de couleurs rouges ou jaunes
résultant d'une accumulation relative d'oxydes de fer ; e) teneurs maximales
en argiles dues principalement à un maximum d'altération et non à une
migration.
L'épaisseur de cet horizon peut atteindre 5 à 10 mètres.
Il n'est pas fait appel à la présence d'un horizon induré en place ou après
exposition à l'air. Les kaolisols sont définis par des néosynthèses kaolinitiques
intenses qui sont caractéristiques des climats intertropicaux humides.
En conclusion il apparaît que ce sont les difficultés qu'il y a à relier les objets
« latérite» trop largement définis, à des milieux ou des processus spécifiques,
qui amènent à abandonner le terme de Buchanan. Actuellement cuirasses ou
carapaces (ferrugineuses ou/et alumineuses, parfois manganüères), plinthites,
sols ferrallitiques, kaolisols, latosols, oxisols, sont autant de vocables qui rem-
placent et couvrent ce qui, dans un sens très large, peut être appelé latérite.
Cependant le terme « latérite» est encore très largement employé. Il est tou-
jours attaché à des formations rouges, riches en sesquioxydes d'alumine, de
fer ou de manganèse, à morphologie variée, mais toujours indurées, acception
proche de celle de Buchanan.
Celle-ci est reprise par Alexander et Cady (1962) qui en donnent la définition
suivante: « La latérite est un matériau fortement altéré, riche en oxydes secon-
daires de fer, d'alumine ou des deux ensemble. Elle est à peu près dépourvue
de bases et de silicates primaires, mais peut contenir de grandes quantités de
quartz et de kaolinite. Ce matériau peut être durci en place ou s'indurer seme-
ment après humidification et dessèchement successüs.»
En résumé, seule l'induration est une caractéristique spécifique de la latérite
puisque les autres données peuvent être retrouvées dans d'autres sols ou maté-
riaux argileux.
C'est sur cette même notion d'induration que s'appuie la synthèse de Siva-
rajasingham (1962) qui reprend par ailleurs les données essentielles de Kellogg
et Alexander. Il n'y a aucune restriction à la définition quant aux aspects mor-
phologiques, aux processus pédogénétiques, aux conditions spécifiques de lieu
et de temps. Pris dans ce sens le terme comprend les différentes formes signalées
par Kellogg. Par contre il ne comprend pas : a) toute matière terreuse riche
en sesquioxydes portant l'appellation de latérite ou de sol latéritique et ne
durcissant pas après exposition à l'air; b) les masses ou nodules riches en fer
avec des quantités significatives d'humus, caractéristiques des podzols ; c) les
masses indurées, cimentées par la silice, les carbonates ou substances autres
que les sesquioxydes, quoiqu'on puisse y observer des particules ou des nodules
fortement décomposées ; d) certaines grenailles durcies trouvées dans un maté-
riau légèrement décomposé.
Si l'on veut donc traiter de la « latérite» le problème est de préciser s'il faut
se limiter aux seules formations indurées dans le sens USDA, ce qui ne corres-
pond d'ailleurs pas exactement au concept de Buchanan, ou se limiter stricte-
ment à ce dernier, ou bien encore traiter de toutes les formations, indurées
ou non, présentant les caractéristiques chimiques et minéralogiques particu-
lières qui semblent correspondre spécifiquement aux milieux tropicaux.
Personnellement, je pense que la dernière solution est la plus riche d'ensei·
gnement. Elle seule peut préciser les différents processus et les différentes condi-
tions qui amènent à la mise en place de ces formations. Partir d'un aspect pure-

16
Historique. Définition et limites da problème

ment morphologique, même en précisant les caractéristiques physico-chimiques


qui y sont associées, ne permet pas de poser le problème dans son contexte,
qui, malgré tout, reste géographique. Les restrictions apportées aux précé-
dentes définitions ne font qu'esquisser les difficultés scientifiques. Par exemple,
il est souvent parlé de forte altération, mais de quel type et de quel degré d'al-
tération s'agit-il? Il me paraît dangereux de considérer un objet, même par-
faitement défini, uniquement pour lui-même. En sciences naturelles, les faits
d'observation ne peuvent être séparés de leur environnement géographique.
C'est pour tout cela qu'au cours de cette mise au point je traiterai des laté-
rites et non de la latérite. Le problème sera pris dans le sens le plus large, sans
s'illusionner sur les difficultés que pose un problème aussi mal défini.

17
Caractéristiques nlorphologiques et analytiques
des latérites

Afin de faciliter l'exposé, seront traités tout à tour les formations indurées, ou
latérites sensu stricto, et les sols dits « latéritiques» dans le sens le plus large.

FORMATIONS INDURÉES

Ces formations ont été reconnues sous des formes extrêmement diverses.
Newbold (1844) donne la description suivante (d'après Prescott et Pendle-
ton, 1952) : « La latérite de Bidar est, de manière générale, une roche poreuse,
pourpre ou rouge brique, passant au brun rougeâtre, perforée par de nombreuses
cavités tubulaires, sinueuses et tortueuses, vides ou remplies ou partiellement
remplies d'une argile blanc grisâtre, passant à une poussière ocrée, rougeâtre
ou marron jaunâtre; ou d'une terre à aspect de lithomarge de couleur violacée.
Les parois des cavités sont habituellement ferrugineuses et souvent de couleur
marron foncé ou chocolat; bien que généralement leur épaisseur ne dépasse
pas une ou deux lignes, la structure lamellaire se détecte fréquemment à l'œil
nu... L'intérieur des cavités présente généralement une surface lisse et polie,
quelquefois faiblement mamelonnée et stalactiforme. Les variétés les plus
indurées ont les couleurs les plus sombres et sont les plus ferrugineuses. Les
masses de surface des variétés les plus tendres ont une apparence bariolée.
L'argile et la lithomarge présentent des taches de couleurs vives: jaune, violet
et blanc strié de rouge, de pourpre ou de marron. Cette roche est si tendre qu'on
peut la couper avec une pelle; comme la latérite de Malabar, elle durcit lors-
qu'elle est exposée au soleil et à l'air. » La longueur de cette description signale
l'extrême hétérogénéité du matériau.
Pour Pendelton et Sharasuvana (1946), il Y a deux formes physiques dis-
tinctes : des formes vésiculaires et des formes pisolithiques avec tous les inter-
médiaires possibles.
Du Preez (1949) définit la latérite comme « une masse vésiculaire, ou concré-
tionnée, ou vermiculaire, ou pisolithique, ou plus ou moins massive, se compo-
sant essentiellement d'oxyde de fer avec ou sans quartz clastique, et contenant
de faibles quantités d'aluminium et de manganèse. Elle est de dureté variable
mais généralement se casse et se façonne facilement au marteau ».
Il serait très facile de multiplier les descriptions. Elles ne feraient que confir-
mer l'extrême diversité de ces formations : ou essentiellement ferrugineuses,

18
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

ou alumineuses, ou argileuses, parfois truffées de quartz clastique ou de néo-


formation. Elles peuvent également être manganifères et très souvent ne pas
contenir de silice cristallisée. Cependant à travers l'extrême hétérogénéité de
ces matériaux, se dégagent certaines caractéristiques spécifiques.

CARACTÉRISTIQUES MORPHOLOGIQUES ET PHYSIQUES

Induration
Toutes les descriptions et définitions font mention d'une induration en place
ou acquise après exposition à l'air. L'étude des échantillons montre que tous
les degrés d'induration sont observables depuis des produits presque meubles
à peine cohérents, jusqu'aux blocs les plus durs qui se cassent difficilement
au marteau. L'appréciation de l'induration est empirique, car aucune carac-
téristique liée à la mécanique du matériau ne peut être chiffrée. On considère
généralement qu'il y a induration quand le milieu a une consistance dure et
fragile qui se conserve avec l'humidité. On peut distinguer plusieurs degrés
d'induration suivant que le matériau se casse ou non facilement à la main,
se coupe ou non à la bêche, éclate ou non sous le choc du marteau (Maignien, 1958).
L'induration des échantillons dépend de plusieurs facteurs :
1. De la composition et du degré de cristallisation des composants : plus les
teneurs en sesquioxydes sont élevées, plus l'induration est forte; la dureté
croît avec les teneurs en fer; les latérites les plus dures sont aussi les moins
hydratées.
2. De l'assemblage des différents constituants : les cuirasses à assemblage com-
pact sont plus indurées que les cuirasses à assemblage lâche; les matériaux
de composition homogène sont plus durs que ceux à composants ségrégés;
la présence de corps étrangers diminue la résistance de l'ensemble.
3. Du degré de vieillissement : pour un même type de latérite, les plus âgées
sont souvent les plus dures que les formations récentes.

Structure
La structure des latérites est extrêmement vanee. Les modes d'assemblage
" peuvent se réduire à trois: a) les éléments indurés forment un squelette cohérent
et continu; b) les éléments indurés sont des concrétions ou des nodules libres
au milieu d'un matériau terreux; c) les éléments indurés cimentent des maté-
. riaux préexistants.
. Ces types d'assemblage présentent cependant une grande variabilité, corré-
lative de la forme et de la grosseur des éléments qui entrent en jeu, ainsi que
des différents degrés d'induration.
On peut distinguer les formes suivantes :
1. Des structures homogènes ou continues. Il s'agit de roches dont les compo-
sants originels ont été épigénéisés par des sesquioxydes de fer ou d'alumine,
parfois même par du manganèse.
2. Des structures hétérogènes ou discontinues, les plus communes. Elles se
divisent en : a) structures de roches meubles, généralement graveleuses; c'est
le cas fréquent des horizons concrétionnés ou gravillonnaires; b) . structures
de roches cohérentes à aspects variés (conglomératiques, poudingiformes~
vacuolaires, scoraciés ou spongieux).
3. Des structures ordonnées (lamellaires, pisolithiques et oolithiques).

19,
-Caractéristiques morphologiques ct analytiques des latérites

Alexander et Cady (1962) donnent des détails fort instructifs quant à la dis-
position des éléments de la microstructure des latérites. L'examen au micro-
scope montre que, sous des assemblages extrêmement variés, certaines micro-
structures sont communes à de nombreux échantillons. L'étude des lames
minces laisse apparaître des corpuscules spérotdaux ou légèrement allongés
qui sont noyés dans une masse de particules plus fines encore. Cette masse
peut être dense ou spongieuse. Les éléments arrondis constituent des entités
étroitement soudées. Ils peuvent être espacés ou fortement assemblés. Leurs
limites extérieures varient suivant les spécimens : lisses, elles sont bien définies;
irrégulières, elles sont beaucoup moins tranchées. La masse peut présenter
un aspect homogène, sans individualisation d'aucune sorte, ou, au contraire
l'aspect d'un matériau orienté (rectangulé, craticulé ou réticulé). Les matériaux
orientés recouvrent les pores ou forment une fine cuticule sur les nodules. Il
peut s'agir de pseumorphoses de minerais primaires parfois reconnaissables. La
structure rocheuse peut être conservée. Mais elle peut aussi être totalement
absente. On observe parfois des particules de quartz et sur certains échantillons
des minéraux décomposables qui ont été protégés par une pellicule de maté-
riaux décomposés.

Couleur

La couleur des latérites est varIee, mais généralement d'intensité vive. Les
teintes les plus courantes sont : rose, ocre, rouge, brun. Cependant certaines
formations présentent des taches et des trames violettes, d'autres des mar-
brures verdâtres. Un même échantillon peut présenter toute une gamme de
couleurs passant plus ou moins sensiblement de l'une à l'autre, suivant des
dessins et des formes variés.
La pigmentation des latérites est due aux oxydes de fer plus ou moins hydra-
tés et parfois aussi au manganèse. A l'exception des colorations extrêmes qui
répondent à l'hématite rouge lorsqu'il s'agit de 7,5 YR du code de Munsell
et à la goethite ou lépidocrocite jaune qui répond à la coloration 2,5 YR, il
ne semble pas exister de relations entre la coloration et l'indice d'hydratation
(Waegemans et Henry, 1954). En milieu réducteur les composés du fer don-
nent une coloration gris-noir et le manganèse une couleur noire à aspect velouté.
En milieu oxydant, le fer donne une couleur ocre, rouge ou noire, le manganèse
une couleur violette. L'alumine à l'état pur est de couleur blanche. Mais dans
les niveaux indurés elle est souvent en mélange avec le fer pour donner des
teintes roses caractéristiques. La silice, ordinairement blanchâtre, et généra-
lement imprégnée d'hydroxydes de fer, peut donner une couleur rouge ou rouille.
Les kaolinites fixent le fer sur leur surface et prennent une couleur rouge franc
(7,5 YR - 10 R). En bref, c'est le mélange de ces corps, différemment colorés,
qui donne la coloration extrêmement variée des latérites.
L'appréciation des couleurs ne donne qu'une idée grossière de leur compo-
sition. Elle permet cependant d'apprécier le degré d'évolution et le milieu de
formation : les cuirasses ferrugineuses rouges ou ocres dans leurs stades juvé-
niles deviennent plus foncées en vieillissant. Elles sont alors brunes, parfois
presque noires. Au contraire les cuirasses alumineuses deviennent plus claires
avec le temps.
A un autre point de vue, en milieu mal drainé, les cuirasses ferrugineuses
;sont plus foncées (brunes) qu'en milieu oxydant (rouges).

20
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

Densité

La densité réelle qui varie dans d'assez larges proportions (2,5 à 3,6) dépend de la
composition chimique. Elle augmente avec les teneurs en fer et diminue avec les
teneurs en alumine. Les formes oxydées sont plus denses que les formes hydratées.
La comparaison de la densité apparente des latérites est instructive à plu-
sieurs points de vue: elle permet d'apprécier l'intensité de lessivage de certains
matériaux et de déterminer l'ordre de grandeur des surfaces actives. Ainsi
la densité apparente est toujours plus élevée dans les horizons de surface des
latérites qu'en profondeur. Les cuirasses anciennes sont plus denses que les
cuirasses récentes. Plus la structure est lâche, plus la densité est faible pour
une même composition. Les formations cimentées sont plus denses que celles
à structures scoriacées et celles-ci plus denses que celles à structures alvéolaires
(Maignien, 1958).

CARACTÉRISTIQUES CHIMIQUES ET MINÉRALOGIQUES

Les latérites se caractérisent par des teneurs élevées en sesquioxydes de fer


et/ou d'alumine par rapport aux autres composants.
Ces composants essentiels sont en mélange suivant des proportions variées.
Dans certaines latérites les teneurs en FeZ0 3 peuvent dépasser 80 %, alors
que les teneurs en AIZ0 3 sont très faibles (quelques pour cent); dans d'autres,
au contraire les teneurs en alumine peuvent atteindre 60 % pour quelques
pour cent de FeZ0 3 •
Dans la majorité des cas les bases alcalines et alcalino-terreuses manquent
presque totalement. Mais ce critère n'est pas absolu. En particulier, certaines
cuirasses ferrugineuses formées dans des alluvions, ou certains horizons concré-
tionnés se développant dans des sols dits «ferrugineux tropicaux », peuvent
en contenir en quantité appréciable. .
Les teneurs en silice combinée sont faibles dans les latérites riches en sesqui-
oxydes, mais de nombreuses variétés, telle que la latérite de Buchanan, peuvent
en contenir des quantités appréciables. En Guinée (Maignien, 1958), certaines
cuirasses et gravillons indurés ont des teneurs en silice combinée qui s'élèvent
à plus de 20 %.
Cette silice combinée se trouve essentiellement sous forme de kaolinite, argile
caractéristique de la plupart des formations tropicales. En partant de cette
constatation, D'Hoore (1954) calcule théoriquement les teneurs en AI Z0 3 libre
à partir des teneurs en silice combinée en s'appuyant sur la formule AIz0 3 libre
= Al Z0 3 total - SiO z silicate x 0,849, l'application de cette formule amenant
à constater que l'alumine se rencontre dans les latérites type Buchanan surtout
sous forme combinée.
Si l'alumine constitue parfois le principal composant, ce sont les sesquioxydes
de fer qui s·ont les plus communs et les plus fréquents.
Certaines latérites contiennent des quantités parfois appréciables de man-
ganèse et peuvent être exploitées comme minerai (Côte-d'Ivoire, Gabon). Il
en est de même pour le titane, fréquemment reconnu, et, à un degré moindre,
pour le vanadium et le chrome.

21
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

L'eau combinée, déterminée par la perte en feu, se trouve toujours en quan-


tités appréciables (10 à 30 %). Elle est plus élevée dans les latérites alumi-
neuses que ferrugineuses. .
Si le quartz est parfois absent ou en faible quantité, il est plus généralement
un composant significatif. Il s'agit surtout de quartz résiduel, en particulier
sur les formations dérivées des roches éruptives acides. Mais il est fréquent
aussi de rencontrer du quartz dans des latérites formées à partir de roches non
quartzeuses. Il s'agit de quartz apporté par ruissellement ou par des vents,
parfois aussi de quartz de néoformation (de Chetelat, 1938; Decraene, 1954)
ou de phytolithcs (D'Hoore, 1954; Delvigne, 1963).
Warth et Warth (1903) signalent que des échantillons originaires de l'Inde
contiennent en moyenne plus de 20 % de quartz.

La comparaison de ces différentes données permettent d'expliciter certaines


relations entre les composants: a) il y a une relation directe entre les quantités
d'eau combinée et les teneurs en alumine (cette relation n'existe pas avec le
fer) ; b) le quartz est toujours en faible quantité dans les latérites alumineuses;
c) les cuirasses riches en quartz sont surtout ferrugineuses.
Il ne semble pas y avoir de rapport bien défini entre les quantités relatives
en silice, en fer et en alumine et le degré d'induration. A quantité égale de fer,
on peut observer différents degrés d'induration, depuis les formes les plus meu-
bles jusqu'aux plus dures. Cependant, pour des cuirasses à induration compa-
rable, les teneurs en Fe 20 a sont le plus souvent inversement proportionnelles
aux teneurs en insoluble.
A côté des constituants principaux des horizons indurés, se trouvent des
produits secondaires qui contribuent à la morphologie et à la composition des
cuirasses. Ce sont des débris de roches ou des minéraux plus ou moins altérés
qui apparaissent comme figés au milieu de la masse indurée. Parfois ces débris
sont d'anciens blocs de cuirasses partiellement démantelées. Il peut s'agir aussi
de roches en place qui ont été imprégnées de sesquioxydes. Tous les mélanges
sont observables. Si ces composants ne contribuent pas d'une façon essentielle
à la genèse de ces formations, leur étude apporte, par contre, de nombreux
enseignements quant à l'histoire de la latérite. Elle permet en particulier de
préciser les relations avec les formations sous-jacentes ou sus-jacentes.
Plusieurs essais ont été tentés pour classer les latérites d'après leur composi-
tion chimique (Fermor, 1911; I~acroix, 1913; de Chetelat, 1938), mais Fox
(1936) a montré l'insuffisance de telles classifications. Elles n'ont de valeur
que pour les formations d'intérêt minier. Elles ne permettent pas de séparer
les formations indurées des formations plus meubles.

Nous n'avons pour l'instant traité que de la composition chimique d'échantillons


globaux et n'avons fait aucune distinction cntre les parties segrégées. Castagnol
et Shan-Gia-Tu (1940) étudient les variations de composition chimique de la
«latérite» en fonction de ses variations de texture et de couleur. Les parties
les plus indurées de couleur brune sont riches en fer; les parties terreuses grises,
riches en argiles; les parties blanchâtres, riches en alumine. Dans les cuirasses
pisolithiques ou nodulaires, les noyaux ont, soit une composition comparable
à celle de la masse qui les lie, soit une composition différente montrant en parti-
culier moins de silice combinée et plus d'oxydes ferriques. Prescott et Pen-
dleton (1952) étaient d'avis que les nodules contenaient moins d'alumine libre

22
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

que les formes massives et que leurs teneurs en manganèse étaient plus faibles.
Segalen (1957) constate à Madagascar, en comparant la composition des concré-
tions de celle du sol qui les entoure, que l'on peut distinguer trois modes de
concrétionnement : a) durcissement d'un matériau préexistant avec apport
modéré de fer, mais avec dépôt appréciahle de silice; b) durcissement accom-
pagné d'apport d'oxydes de fer important avec peu ou pas de dépôt de silice;
c) durcissement accompagné d'apport d'oxyde de fer et départ important de
silice.
Alexander, Cady et al. (1956), travaillant sur des échantillons d'Afrique,
indiquent que les nodules étudiés présentent une teneur élevée en sesquioxydes
et faihle en silice. Ils tiennent compte à la fois du fer ct de l'alumine. Pour ma
part, j'ai été amené à étudier des cuirasses pisolithiques (Kindia, Guinée) dans
lesquelles les pisolithes étaient composées indifféremment d'alumine pure ou
d'oxydes de fer. Mais de nomhreuses concrétions peuvent contenir aussi de
la silice lihre et de la silice comhinée en quantité appréciahle (Joachim et Kan-
diah, 1941; Waege~ans, 1954).
Les données exposées illustrent l'étendue des variations de la composition
des concrétions, nodules et cuirasses, comme ceci avait été indiqué par Bennett
et Allison (1928).

CARACTÉRISTIQUES MINÉRALOGIQUES

Les analyses chimiques sont heaucoup trop hrutales pour révéler la compo-
sition, la nature et l'origine des latérites (Camphell, 1917). Des latérites présen-
tant les mêmes propriétés physiques peuvent fortement différer quant à leur
composition chimique et, inversement, des latérites présentant une compo-
sition chimique comparahle peuvent posséder des propriétés physiques très
différentes.
Aussi de nombreux chercheurs ont-ils tenté de compléter les déterminations
chimiques par des études minéralogiques. Harrison (1910), Lacroix (1913)
étudient des lames minces sous microscope polarisant. Les études de Hardy
(1931) portent sur l'ahsorption de colorants. A partir de 1945, les méthodes
d'analyses thermiques différentielles, de thermohalance, l'étude des diagrammes
de rayons X se multiplient et précisent la composition minéralogique des laté·
rites. A ces études sont attachés plus particulièrement les noms de Humbert
(1948), van der Merw (1951), Fripiat (Fripiat et al., 1954), Segalen (1957), Alexan-
der (Alexander et al., 1956), Bonifas (1959), Paquet, Millot et Maignien (1961),
Précot, Gastuche, Delvigne, Vielvoye et Fripiat (Précot et al., 1962).
Les données actuellement recueillies permettent de classer les produits cons-
titutifs des latérites en éléments principaux qui ont un rôle essentiel dans la
formation des horizons indurés et en éléments secondaires indifférents au pro-
cessus lui-même. Les premiers sont représentés par des oxydes et hydroxydes
d'aluminium, de fer, parfois de manganèse et de titane, par de la silice et fré·
quemment aussi par des argiles. Les seconds constituent les éléments texturaux
des sols en place, produits résiduels ou clastiques.
L'alumine libre se présente sous plusieurs formes dont la plus fréquente
est la gibhsite : y Al(OHh. La hoehmite, monohydrate de formule y AIO(OH)
est moins souvent reconnue. Ceci résulte prohahlement des difficultés de recon-
naissance. Les cristaux de hoehmite sont très petits et il est impossible de les
examiner par des méthodes optiques. Le diaspore y AIO(OH) se présente en

23
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

lamelles ou en sections ovales. n est assez rare (Jans les latérites. n a été signalé
en Guinée portugaise (de Wf'isse, 1952). Le corindon ex Al20 a se rencontre uni-
quement dans les latérites cuites par des verres éruptifs. Des formes amorphes
ont été reconnues sous des noms divers, en particulier cliachite (Hanlon, 1945).
Ces produits sont improprement appelés alumogels (Lacroix, 1913). En fait
il s'agit d'agrégats cryptocristallins en assemblages désordonnés, ce qui donne
à l'examen optique l'apparence de J'isotropie. Ils apparaissent plus ou moins
mélangés à des hydroxydes de fer. Les teintes vont du blanc-gris au rouge-
brun. On peut leur attribuer la formule ~Oa' nH20 (n variant de l,54 à l,51).
L'examen aux rayons X de ces pâtes fait souvent apparaître la présence de
boehmite, parfois de gibbsite. Il peut s'agir aussi d'allophane.
Le fer se trouve dans les cuirasses sous des formes également variées dont
les plus fréquentes sont la goethite ex FezO(OH) et J'hématite Fe20 a. Ronifas
(1959) signale sur dunite en Guinée de la maghemite (yFezOa). A côté de ces
minéraux dérivant de l'évolution des latérites s'observent des oxydes de fer
résiduels tels que la magnétite (yFea04) et l'ilménite (FeTi0 2). Comme pour
l'alumine on trouve également des oxydes de fer d'apparence amorphe, diffi-
ciles à déterminer. Ce sont le plus souvent des agrégats cryptocristallins de
goethite qui retiennent de J'eau en quantité variable en donnant des produits
rouges de formule FezOaX H 20 (limonite).
L'examen en plaque mince permet parfois de déceler la présence de titane
sous forme de rutile, d'anatase ou d'ilménite. Ce sont des formes résiduelles
(de Chetelat, 1931); sous forme d'hydrate, il est aussi reconnu, mais les
formes minéralogiques ne sont pas déterminées. Il en est de même pour le man-
ganèse qui se concentre facilement en concrétions et donne des revêtements
minces de bioxyde de manganèse de couleur noir violacé.
La silice est souvent héritée d'un matériau originel. Elle se présente le plus
souvent sous forme de quartz. La présence de quartz secondaire a été signalée
(Harrison, 1933), mais son importance est controversée. Des calcédoines et
des opales ont également été observées ainsi que de la silice colloïdale. La silice
libre se rencontre souvent aussi sous forme de phytolithes (D'Hoore, 1954).
La silice combinée est fréquente dans les latérites sous forme d'argiles. Il
s'agit surtout de kaolinite (OH4) ~SÏz0a' ou d'argiles du même groupe telles
les halloysites. Ces dernières se trouvent sous forme pulvérulente et sont ordi-
nairement associées à de la kaolinite plus ou moins cristallisée.
Bien que de nombreux auteurs nient la présence d'illites en quantité signi-
ficative, ces dernières sont reconnues fréquemment dans les latérites d'Mrique.
On les trouve comme produits hérités de la roche mère, comme produits de
contamination ou comme une étape d'altération, ce qui explique que ces miné-
raux s'observent généralement dans les latérites jeunes ou dans celles formées
près des horizons d'altération (Maignien, 1958; Gastuche et Fripiat, 1962).
Des traces de vermiculite sont parfois signalées.
La répartition et la forme des composants des latérites ont été étudiées en
détail par Alexander (Alexander et al., 1956, Alexander et Cady, 1962). ns
ont montré que la masse finement divisée n'est généralement pas orientée et
par suite difficilement identifiahle par les méthodes pétrographiques. Cependant,
il peut arriver que les parties identifiables couvrent presque tout le matériau.
Ainsi des grains et des grandes plaques d'agrégats allant de la kaolinite légère-
ment teintée d'oxydes de fer et aboutissant à de la goethite ou de l'hématite
presque pure, en passant par de la kaolinite fortement imprégnée de fer, peu-

24
Caractéristiques morphologiques et analytiqucs des latérites

vent être identifiés. La variation de la densité optique dans la masse est condi-
tionnée par le degré d'imprégnation par le fer. De plus il semble que l'induration
de la masse soit en rapport avec le degré de cristallisation et la continuité de
la phase cristalline de fer qui l'imprègne, fer qui se présente le plus souvent
sous forme de goethite. Des corpuscules sphériques ressemblant à des nodules
en voie de formation par enrichissement centripète (Bryan, 1939) ont un degré
d'imprégnation ferrugineuse plus élevé que celui de la masse dans laquelle
ils sont noyés. Certains présentent des pellicules de goethite cristalline sur
leur surface ou à l'intérieur des films concentriques. D'autres corps arrondis,
noyés dans la masse, ont la forme de concrétions ou de pisolithes composées
de gibbsite, boehmite, goethite ou hématite. Des matériaux orientés ont la forme
d'un réseau craticulaire composé principalement de goethite ou d'hématite. Des
pseudomorphoses de gibbsite après feldspaths, de goethite après amphiboles
et pyroxènes, sont fréquentes. Elles conservent la structure des minéraux et
des roches qui leur ont donné naissance. Ces pseudomorphoses semblent plus
fréquentes dans les latérites récentes. Les formes concrétionnées et pisolithiques
sont par contre observées surtout dans les variétés les plus anciennes (Alexander
et al., 1956).
La gibbsite et la boehmite remplissent fréquemment les fissures et les pores
de la masse et des nodules. Ces fissures et ces pores peuvent également être
recouverts d'un revêtement orienté, kaolinitique, plus ou moins imprégné
de fer et, parfois même, de goethite orientée. Dans les faciès les plus indurés
l'hématite qui couvre les pores prend un aspect rubanné.
Les latérites dérivant des matériaux quartzeux montrent des grains de quartz
répartis au hasard à travers la masse et les produits concrétionnés. Du quartz,
apparemment d'origine extérieure, s'observe dans les latérites formées sur roches
non quartzeuses (Alexander et Cady, 1962). MilIot et Bonifas (1955) ont observé
du quartz de néoformation apparaissant à la suite de l'altération de feldspaths.

SITUATION DES FORMATIONS INDURÉES DANS LES SOLS

Les latérites indurées s'observent le plus souvent à la surface du sol, surtout


en régions tropicales où elles constituent de grandes étendues herbeuses au
Inilieu des peuplements arborés. En Mrique noire, et particulièrement en Guinée,
ces clairières sont appelées bowal (Aubreville, 1947). Mais l'étude des profils
montre que les latérites indurées se trouvent égale~ent dans les sols, en couches
plus ou moins épaisses, à des profondeurs variées. Elles sont également obser-
vées dans certains sédiments à des profondeurs parfois considérables, souvent
en strates successives.
Prescott et Pendleton (1952) signalent que la profondeur moyenne des laté-
rites à Ceylan est d'environ 0,60 mètre, et qu'en Thaïlande la profondeur varie
de quelques centimètres à 1,80 mètre. Au Queensland, Humbert (1948) signale
des latérites à 1,80 mètre de profondeur. En Mrique noire, les niveaux cuirassés
s'observent à des profondeurs variant de quelques centimètres à parfois plus
de 6 mètres (Maignien, 1958). Les géologues signalent des niveaux latéritiques
à des profondeurs plus considérables. En particulier, dans les formations sablo-
argileuses du continental terminal Iniopliocène, on observe des niveaux cui-
rassés à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. En Casamance (Sénégal)
des niveaux de grenailles latéritiques se situent entre 27 à 29 mètres et Il à
15 mètres (J. Dubois, 1949; R. Fauck, 1955).

25
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

De telles observations sont nombreuses dans la littérature. D'une façon


générale on peut affirmer que les niveaux indurés actuels se situent en moyenne
entre quelques centimètres et moins de 10 mètres. Entre ces deux extrêmes,
les valeurs les .plus courantes se situent entre 1 et 2 mètres pour les cuirasses
continues, 0,50 et 2 mètres pour les formations concrétionnées.
Il est couramment admis que les latérites de surface ont été mises à l'efBeu-
rement à la suite du décapage des horizons meubles qui les surmontaient.
Ces formations cuirassées ou concrétionnées ont des épaisseurs variées qui,
de quelques centimètres, peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres. Oldham
(1893) signale des latérites de 60 mètres d'épaisseur. Les cuirasses les plus
épaisses se situent généralement près des décrochements du relief. En Afrique
noire, en de telles positions, l'épaisseur des cuirasses dépasse 10 mètres. Cepen-
dant des études plus poussées (Maignien, 1958) montrent que, pour une même
formation indurée, les épaIsseurs les plus faibles se situent au centre des pla-
teaux et les épaisseurs les plus importantes en bordure de ces derniers. Les
cuirasses présentent, en coupe, la forme d'un biseau. En règle générale, les
cuirasses anciennes sont toujours plus épaisses que les cuirasses récentes.
Le passage entre les niveaux cuirassés ou concrétionnés et les formations
plus meubles, sus-jacentes ou sous-jacentes, présente des aspects variés. Ce
passage peut être brutal ou progrcssif. Nye (1954, 1955) indique que la la-
térite qu'on observe en profondeur se présente d'abord sous forme de nodules
séparés dans une masse terreuse. Ces nodules s'accroissent à une certaine
profondeur au-dessous de laquelle ils diminuent sans jamais se prendre en
masse. Par contre, Joachim et Kandiah (1941) décrivent des profils où les
nodules passent à une masse soit pisolithique, soit nodulaire, cimentée. Mais
le passage peut également se réaliser sur quelques centimètres, en particulier
dans le cas des cuirasses dites de nappe.
D'une façon générale, i1 apparaît que le passage est toujours plus marqué
avec les horizons supérieurs qu'avec les horizons inférieurs. Avec les horizons
sus-jacents le passage suit approximativement la forme du modelé. En pro-
fondeur le passage prend des formes très ondulées, parfois discontinues, qui
correspondent à des transitions progressives, fréquemment nodulaires.
Les liaisons entre niveaux indurés ou concrétionnés et niveaux sus-jacents
ou sous-jacents n'apparaissent pas toujours évidentes. Dans certains cas les
cuirasses correspondent à des horizons illuvionnés de sesquioxydes, en relations
étroites avec les horizons de surface (Marbut, 1932; Pendleton, 1936; Mohr,
1944; Mohr et Van Baren, 1954; Maignien, 1962). Mais il n'y a parfois aucune
relation, ou alors des rapports génétiques peu marqués, entre ces niveaux, soit
que les horizons sus-jacents sont rapportés ou remaniés, soit, plus souvent
encore, parce que les sesquioxydes qui cimentent certains horizons de sols autoch-
tones ont une origine extérieure aux profils (D'Hoore, 1954; Maignien, 1958;
Mulcahy, 1960; Alexander et Cady, 1962).
Les relations entre formations indurées et niveaux sous-jacents sont aussi
très variées. Parfois aucun lien n'apparaît, parfois, au contraire, existent des
liens extrêmement étroits. Dans ce dernier cas la composition chimique et
minéralogique est approximativement constante entre les deux formations.
Les seules différences portent sur l'induration. Des cuirasses peuvent reposer
directement sur des roches en place (Holland, 1903) sans notion de continuité.
En résumé, aucune règle générale et précise ne peut être avancée quant aux
caractéristiques de profondeur, d'épaisseur des formations latéritiques et quant

26
Caractéristiques morphologiques et analytiques de. latérites

aux relations qui les relient aux niveaux indurés. Ces aspects variés ne peuvent
s'expliquer que par des mécanismes de mise en place différents.
Les formations indurées latéritiques se caractérisent par la prédominance
d'hydrate d'alumine (gibbsite et boehmite), de sesquioxydes de fer (goethite
et hématite) en mélange variable avec des kaolinites plus ou moins cristalli-
sées, le tout plus ou moins contaminé par des produits résiduels ou clastiques
dont le plus important est le quartz.
Voici la répartition des principaux constituants dans 15 échantillons de cui-
rasses (Schaufelberger, 1953) : kaolinite, 15; gibbsite, 6; boehmite, 2; dia-
spore, 1; goethite, 12; hydroxydes de fer non déterminé, 3; minéraux phyl-
liteux, 5.

TABLEAU 1. Caractéristiques des latérites alumineuses et ferrugineuses (Maignien, 1958).

Latérites alumineuses Latérites ferrugiueuses

Site Modelés anciens Surtout modelés inférieurs


Induration Faible à moyenne Moyenne à forte et même très
forte
Couleur Blanc rosé à rouge Rouille à brun foncé
Densité Faible Élevée
Structure Essentiellement scoriacée Très variée : pisolithique, alvéo-
laire, feuilletée, etc.
Composition Fortement hydratée Faiblement hydratée : 10 %;
chimique ~ 20 %' peu d'insolubles beaucoup d'insolubles
Constitution Gibbsite surtout; Kaolinite et goethite surtout;
minéralogique boehmite; goethite; hématite variable; gibbsite
peu de kaolinite variable, souvent absente
Pas ou peu de quartz et Quartz, souvent important
alors, clastique résiduel ou clastique; minéraux
phylliteux variables

SOLS « LATÉRITIQUES»

PROFILS CARACTÉRISTIQUES (fig. 1 et 2)

Existe-t-il un profil caractéristique des sols « latéritiques»? Harrassowitz


(1930) répond par l'affirmative.
Cette opinion est reprise par de nombreux auteurs et, en particulier, par
Erhart (1935) qui insiste sur la constance d'un horizon de passage en roche
mère et niveau cuirassé, celui-ci découlant de celui-là.
Mohr (1932), puis PendIeton (1936), réagissent contre cette interprétation et
affirment que les horizons concrétionnés et cuirassés sont des formations illu-
viales, résultant du lessivage des horizons supérieurs des sols. Ces données
sont reprises par D'Hoore (1954); puis par Maignien (1958), qui insistent sur
l'importance du mouvement des composants dans et entre les sols pour expli-"
quer la mise en place des niveaux indurés.
Si les sols « latéritiques» se caractérisent par la présence, dans l'un au moins
de leurs horizons, de formations concrétionnées ou cuirassées riches en sesqui-
oxydes, l'éventail est largement ouvert. Aux sols rouges et jaunes des tropiques

27
1 A1
l-....,v....""J .------..,
, 1 Couche organique peu décomposée (A o'
- 1 1
1
À2 -
1- - 1
, 1
- 1
1 Horizon humifère grumeleux actif

- - - - - - - - - ,..,n-.......TTlIl
1
1

Argile (avec oxyde de fer absorbé)

~
BH+t-H++~ ~ Horizon lessivé limoneux

[[]]] Accumulation
(rouge)
de fer ferrique déshyd,ot';'

~ oOO[
°
lfl n3BJi Alumine libre

il
_Zone _ ...
tachetee ~ J=;
~ Roche mère en cours d'altération
l.::!:......::! (par exemple arène granitique)

~
.Lo J. 0 ..L.o.l..O ~ Roche mère siliceuse non altérée

Co .l -L 0 J. Co ..L ..L 0 .J.


N.B. L'abondance des différents éléments est
~~~I .J.~..L
..L~ îndiquée par 11espacement plus ou moins grand
~
.. .L1..,!., ..L 1. ..L •
des li gnes au la densité des symboles utilisés.
......~+ ~~++ ++i

Sol rouge Cuirasse


ferrai li tique ferrallitique'

1 4 5
2 1
;;
2 3
Al

;~ "
,
1
1
Z one t-
T
~.ll.L
·110
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1 0 -
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-I(2)=- ~

- - -
A2
.~

drOlnee +.;-...: 0 0 ..>,\;


:

Zo ne
,. A
X--------- .. .. i: 1"-
d' hydromorphie
l
~o ...
..
..
l
.l - t::::==<f
l
0 0 rJ 1 0 0
0

°1 0 ~!' 161C
IR
-
B

Zone
(s ynthèse .. II -(3~ tachetée
kao linite) .. ~ :,-
}------ - --------- __ ~_+_~_+_+1~'V .1 .1"1 ,----:-:"

Altérotion
Acidification pr~gressive-~
<0 C f1<S5 ~
(hydrolyse iDeShYdratation partielle et. ~ o
lessivage Fe 20
alcaline)
~Ërosion et remontée FeO-
1-<- Stade ~·--Forêt dense Forêt
r- Durcissement...
......Savane_
initial c1aÎriérée à graminées

1. Sol ferrallitique jeune


2. Sol ocre ferrallitique ~ (1) Lessivage Si0
2
3. Sol rouge ferrallitique
~ (2) Lessivage Fe 0 et AI 2 0 3
4. Sol rouge ferrall itique lessivé 2 3
5. Cuirasse ferrallitique t (3) Migration ascendante FeO

FIG. 1. Sols ferrallitiques. (D'après Duchaufour, 1960, p. 305.)


FIG. 2. Évolution des sols ferrallitiques. (D'après Mohr et Van Baren, complété et modifié
par Duchaufour, 1960, p. 308.)

28
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

humides, il faut adjoindre les sols ferrugineux tropicaux à concrétions et cui-


rasses ferrugineuses, qui présentent des caractéristiques morphologiques et
analytiques différentes des premiers (Maignien, 1962), ainsi que les sols à cui-
rasse de nappe. Mais la présence d'un horizon concrétionné ou cuirassé est-il
indispensable pour caractériser de tels sols? Walther (1889, 1915, 1916) a le
premier mis en doute cette assertion en groupant dans les latérites toutes les
terres rouges tropicales. En effet, certains horizons de ces sols possèdent des
caractéristiques chimiques et minéralogiques comparables à celles d'horizons
concrétionnés ou cuirassés, l'induration mise à part. En particulier le rapport
Si02/AI20 a est inférieur à 2; la capacité de saturation du complexe absorbant
est très basse; les réserves minérales sont inexistantes. Cette application a
été et continue à être largement suivie.
L'origine tropicale des latérites étant précisée, les auteurs russes, repris par
Guerassimov (1962), étendent le terme à l'ensemble des sols tropicaux et même
aux sols des régions subtropicales semi-humides (krasnozems et jeltozems
latéritiques), très profondément altérés, de couleur rouge ou jaune.
Le problème des limites devient donc toujours plus ardu. Cependant, depuis
une vingtaine d'années, de nombreuses études pédologiques tendent à donner
moins d'importance aux horizons concrétionnés ou cuirassés pour caractériser
les sols «latéritiques». Afin d'éviter toute confusion, une nouvelle termino-
logie se développe : sols allitiques, sols ferrallitiques (Robinson, 1949), latosols
(Kellogg, 1949), kaolisols (Sys, 1960), oxisols (7 e approximation, USDA, 1960).
Malheureusement ces termes ne sont pas tous entièrement équivalents et cou-
vrent à leurs limites des sols parfois assez différents, les définitions étant plus
ou moins restrictives. Cependant le concept général est assez bien reconnu.
De nombreux profils de «latérite» ont été décrits dans différentes partics
du monde. Mais souvent ces descriptions ne font mention que de la partie supé-
rieure des profils. Il est alors difficile d'étudier les relations entre les différents
horizons d'autant que des relations très importantes jouent entre les profils
voisins.
Il est impossible de traiter tous les cas observés. Pour la clarté de l'exposé,
je me limiterai volontairement à quelques profils de sols africains qui me sem-
blent présenter des caractéristiques spécifiques (voir fig. 3).

1. Sol latéritique sur granite (d'après G. Aubert, 1954)


Forêt de Dakpadou; ouest de la basse Côte-d'Ivoire, 50 km au nord de Sassandra; forêt
ombrophile peu dégradée.
Climat subéquatorial; saison sèche peu marquée; pluviométrie l 700 mm/an; tempé-
rature moyenne 27 oC.
Topographie faiblement ondulée; coupe au sommet d'un petit plateau.
Roche mère : granites syntectoniques, riches en minéraux ferromagnésiens.

o cm. Lit de feuilles, brindilles et branchages en voie de décomposition et paraissant


comme posé sur le sol.
0-110 cm. Horizon gris-brun, un peu humifère jusqu'à 35 cm, puis beige; finement sablo-
graveleux; riche, surtout dans les 40 à 50 premiers centimètres, en concrétions ferru-
gineuses très dures, arrondies, très foncées; à partir de 80 cm environ, l'horizon devient
plus compact, les concrétions moins dures et de teinte rouge brique.
110-175 cm. Passage assez brusque à un horizon durci, mais qui se brise à la main; bandes
brunes à rouges plus ou moins foncées, s'anastomosant en délimitant des cavités occu-
pées par un matériau terreux ocre à beige.

29
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

175-650 cm. Horizon non durci, plus compact à la base; rouge brique avec des taches
bien délimitées, beiges, ocres ou grises; encore quelques noyaux durcis, surtout vers
le haut; la masse est tout entière traversée par des canalicules. Les grains de quartz
sont moins pulvérisés dans les horizons supérieurs.
650-840 cm. Passage progressif à une argile tachetée; les taches sont mal délimitées,
de couleur plus claires, beiges ou grises ; grains de quartz plus nombreux; à la base,
quelques éléments blanchis, friables, ont conservé la forme des feldspaths.
840-1100 cm. Horizon ocre-brun, riche en quartz et en éléments blancs, poudreux, avec
noyaux de roches moins décomposées présentant des piroxènes altérés; vers 9 mètres,
arène gneissique; matériaux blancs, friables, feldspathiques, grains de quartz et élé-
ments colorés très altérés.
Vers 1 200 cm. Roche mère gneissique riche en minéraux ferromagnésiens.

2. Sol latéritique non cuirassé sur amphibolites (d'après R. Maignien, 1958)


Massif de Bero; route de Nzérékoré à Beyla (Guinée forestière).
Forêt mésophyle complètement abattue; recrû herbacé dense.
Climat tropical humide: guinéen forestier; saison sèche courte (2 mois), mais très mar-
quée; pluviométrie: 1 850 mm environ; température moyenne: 25 oC environ.
Topographie : modelé de collines; coupe au sommet.
Roche mère : amphibolites.

o cm. Litière herbacée brûlée.


0-20 cm. Horizon brun foncé; texture argileuse avec quelques concrétions ferrugineuses
durcies, de même couleur; petits débris d'amphibolites altérées et ferrugineuses.
20-60 cm. Horizon brun, avec concrétions ferrugineuses ocre-brun de 1 à 2 cm de dia-
mètre, assez indurées; morceaux d'amphibolites altérées et ferrugineuses; texture
argileuse.
60-170 cm. Horizon brun-rouge; texture très argileuse avec de très nombreux débris
d'amphibolites, altérées en surface, mais présentant un noyau de roche fraîche.
170-290 cm. Horizon brun-rouge avec produits violacés friables; texture argileuse,
un peu de quartz altéré (barre de quartz à 2 mètres).
290-320 cm. Horizon à faciès «pain d'épice », avec taches de couleur violacée.
320 cm et plus. Roche fraîche très diaelasée, avec altération le long des diaclases et alté-
ration en boule.

3. Sol latéritique cuirassé sur dolérites (d'après R. Maignien, 1958)


Village de Kolente; rive droite (moyenne Guinée).
Végétation naturelle complètement dégradée; culture de «fonio» (Digitaria exilis).
Climat tropical soudano-guinéen; saison sèche marquée (5 mois); pluviométrie : 2 000
mm/an environ; température moyenne : 24 oC environ.
Topographie de collines très accidentées; coupe en bordure d'une croupe coupée par
la route.
Roche mère : dolérite.

0-25 cm. Horizon gris-brun; très graveleux avec concrétions brunes durcies et débris
de cuirasse.
25-250 cm. Horizon cuirassé, fortement induré, de couleur générale rouge-brun; struc-
ture pisolithique bien développée, très compacte; quelques diaclases obliques limitent
de gros blocs qui sont recouverts d'une patine ferrugineuse brune; à la base de l'horizon
l'induration diminue, surtout par le ciment qui englobe les concrétions; il est alors
de couleur plus claire : ocre-rouge.
250-350 cm. Horizon en voie de cuirassement; de couleur rouge, nombreuses concrétions
brun-rouge, bien arrondies déjà fort durcies, au milieu d'argile rouge; par place, il y
a formation d'un squelette ocre-rouge, assez induré de couleur plus foncée.

30
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

350-420 cm. Horizon bariolé où s'individualisent des concrétions qui amorcent l'indu-
ration; grandes traînées diffuses blanches.
420-600 cm. Horizon rouge; argileux; à structure prismatique assez bien développée.
600-650, 700 cm. Horizon d'altération en écailles des dolérites; faciès «pain d'épice»
de couleur ocre-jaune, poreux; faible densité.
700 cm et au-delà. Boules de dolérites altérées et fraîches, avec dépôts manganifères
entre les écailles faiblement altérées.

4. Sol latéritique cuirassé sur granite (d'après R. Maignien, 1958)


Route de Mamou à Kindia, 5 km; bordure méridionale du massif du Fouta-Djallon
(Guinée).
Forêt montagnarde entièrement dégradée; recrû arbustif dense.
Climat soudano-guinéen; type de climat tropical; saison sèche très marquée (5 mois);
pluviométrie : 2 065 mm/an; température moyenne : 23,2 oC.
Topographie accidentée; coupe en travers d'une colline.
Roche mère : granite syntectonique calco-alcalin.

o cm. Litière organique très rédnite.


0-80 cm. Horizon gris, humifère, très graveleux, nombreux gravillons bruns, très durcis,
libérés entre eux, avec des débris de quartz, le tout dans une masse terreuse; texture
sablo-argileuse; structure faiblement grumeleuse; nombreuses racines herbacées.
80-170 cm. Cuirasse très indurée; masse de couleur générale rouge brique avec taches
violacées plus durcies, riches en quartz; quelques taches blanehâtres à jaune-ocre,
plus diffuses; structure scoraciée à pisolithique, dense en surface, devient plus lâche
avec la profondeur, où s'observent des noyaux allongés horizontalement et formant
un squelette mal défini à structure alvéolaire aplatie.
170-220 cm. Horizon de couleur rouge brique, contenant de nombreux noyaux durcis
rouge violacé; taches diffuses blanches à jaunes, friables, beaucoup plus nombreuses.
220-270 cm. Horizon de passage; les noyaux sont de moins en moins nombreux, mais
toujours assez fortement indurés.
270-300 cm. Horizon analogue au précédent, mais les noyaux violacés et blancs, encore
bien individualisés, ne sont plus durcis.
300-340 cm. Horizon rouge, à larges taches grises, blanchâtres et ocres, assez mal limi-
tées; texture argileuse; nombreux grains de quartz altérés.
340 et plus de 550 cm. Arène argileuse d'altération des gneiss, couleur très bariolée, où
l'on observe la trace des minéraux originels.

5. Sol latéritique cuirassé sur schistes sériciteux (d'après R. Maignien, 1958)


Labe (Fouta-Djallon, Guinée); carrière à la sortie de la ville, vers Pita.
Végétation naturelle entièrement dégradée; vaine pâture. •
Climat tropieal guinéen-foutanien (climat montagnard); saison très constrastée (5 mois
de saison sèche); pluviométrie; 1 715 mm/an en 115 jours; température moyenne
annuelle, 21 oC environ.
Topographie: plateau doucement ondulé (coupe en bordure de celui-ci).
Roche mère : schistes sériciteux.

0-15 cm. Horizon gris; légèrement humifère; très gravillonnaire : gravillons bruns,
très indurés, quelques blocs de cuirasse roulés; texture sablo-argileuse; structure à
tendance grumeleuse; poreux; nombreuses racines herbacées.
15-40 cm. Horizon gris jaunâtre, encore légèrement humifère; paraît lessivé; très gra-
villonnaire, avec de grosses concrétions dont le ciment est en voie de dissolution, de
couleur ocre-beige; les gravillons sont rouges à violets sur leur coupe et très durcis;
les deux premiers horizons paraissent remaniés sur place.

31
Caractéristiqucs morphologiques et analytiques des latérites

40-130 cm. Horizon ocre à ocre-rouille, très concrétionné en place; les concrétions sont
recouvertes d'une patine ferrugineuse ocre-jaune qui indique une certaine intensité
des processus d'hydromorphie; les concrétions sont libres entre elles; leurs cassures
montrent des couleurs variées : rouge, violet, rose; traînées meubles, ocre-blanc à
ocre-rouille.
130-200 cm. Horizon cuirassé; structure alvéolaire avec des noyaux plus ferrugineux,
plus rouges, plus durcis, isolés dans le tout; ces noyaux se retrouvent jusque dans
l'argile rouge sous-jacente; la couleur générale de la cuirasse varie de ocre-rouge à
ocre-rose; le squelette induré est généralement plus clair le long des canalicules.
200. à 500-550 cm. Horizon en voie de cuirassement, beaucoup moins induré que le pré-
cédent; la couleur, assez claire vers le haut, rougit avec la profondeur; quelques noyaux
de concrétions indurées se trouvent individualisés dans la masse argilcuse de couleur
ocre-beige, à structure de pseudo-sable; des matériaux terreux pénètrent de la surface
jusqu'à cet horizon par l'intermédiaire de canalicules et de diaclases.
500-550 à 650 cm. Horizon rouge; argileux; avec traînées jaunâtres et des concrétions
durcies, jaune-brun, s'isolant les unes des autres, très petites, essentiellement ferru-
gineuses et manganifères.
650 à 750-800 cm. Horizon bariolé, légèrement plus rouge, avec des taches plus ou moins
diffuses, de couleur ocre-jaune; texture argileuse; structure de pseudo-sable, avec
quelques canalicules; les traînées suivent ces dernières; quelques taches violettes,
légèrement indurées, marquent les traces de la roche mère.
750-800 à plus de 900 cm. Argile rouge, avec débris de plus en plus nombreux de schistes
sériciteux fortement altérés.

6. Sol rouge sur grès sa bio-argileux (d'après R. Maignien, 1962)


Sefa, Casamance (Sénégal); route de Diaroumé; 100 mètres route Unité de culture nO l.
Climat soudano-guinéen (type casamançais); pluviométrie: 1 380 mm en 75 jours environ;
saison sèche marquée; température moyenne annuelle : 27,5 oC environ.
Topographie plane de bas plateau.
Forêt de savane à Pterocarpus, Kaya, Prosopis, Daniella.
Roche mère : grès sablo-argileux bariolé.

0-12 cm. Brun-gris (5 YR 4/2) faiblement humifère; nombreux débris charbonneux


et feuilles mal décomposées en surface; chevelu racinaire abondant; sable faiblement
argileux; structure grumeleuse, fine, assez bien développée; cohésion faible; poreux.
12-28 cm. Brun (5 YR 3,5/4); sableux; structure nuciforme, moyenne, assez bien déve-
loppée; cohésion moyenne; poreux.
28-55 cm. Rouge (2,5 YR 4/6); durci; sablo-argileux; structure nuciforme, un peu
anguleuse, grossière; pseudo-sables; cohésion forte à moyenne; poreux pseudo-sables;
cohésion forte à moyenne; poreux.
90-120 cm. Rouge (10 R 4/6); argilo-sableux; vague ségrégation en forme de concrétions
diffuses, non durcies; structure peu développée de nuciforme à polyédrique.
120 cm et plus. Passage progressif au grès argileux du continental terminal; taches et
traînées gris blanchâtre peu marquées.

7. Sol ferrugineux tropical lessivé (d'après Dommergues, Poulain et Moureaux,


1962)
Région Sehiou-Sefa; station expérimentale, ferme jachère à graminées à côté de forêts
à combretacées et Cordyla.
Climat : pluviométrie, 1 350 mm.
Topographie : plateau.
Sables et grès du continental.

0-6 cm. Brun-gris (Munsell 5 YR 5/3); humifère; texture sableuse; structure finement

32
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

nuciforme; compacité faible; drainage interne bon; porosité tubulaire; nombreuses


racines et canaux d'insectes.
6-13 cm. Brun-gris clair (5 YR 6/2); texture sablo-Iégèrement argileuse; structure nuci-
forme fine à polyédrique; toujours une certaine richesse organique; compacité moyenne
plus élevée que le précédent; porosité bonne; racines nombreuses.
13-31 cm. Beige jaunâtre (5 YR 6/4); encore très faiblement humifère; texture sablo-
légèrement argileuse; structure nuciforme; macroporosité due à racines et insectes;
compacité moyenne à forte.
31-79 cm. Beige à jaune rougeâtre, teinte plus foncée (5 YR 8/4); texture argilo-sableuse
à argileuse, accumulation nette d'argile (B2); structure polyédrique; compacité assez
forte; porosité faible à moyenne; type tubulaire fin.
79-117 cm. Jaune-beige (5 YR 7/6); texture argilo-sableuse; structure nuciforme à
polyédrique; compacité moyenne; début d'individualisation de taches ferrugineuses
rouges, bien délimitées.
117-150 cm. Couleur de fond beige (5 YR 8/4) avec bariolage rouge et ocre; texture
argilo-sableuse; structure grossièrement polyédrique à débit nuciforme; compacité
moyenne; porosité d'agrégats faible à moyenue; présence de très nombreuses taches
et concrétion de dureté moyenne à faible: rouge à rouge foncé et pl~s rarement violet
foncé, vers le bas les taches ocres deviennent progressivement plus importantes, avec
concrétions peu durcies, à centre ocre légèrement durci.
A partir de 150 cm. Bariolage continu, texture avec couleur de fond beige, apparition
de taches gris clair sans limites nettes, concrétions très nombreuses de couleur rouge,
dominante, ou rouille, certaines s'écrasant entre les doigts avec un point central plus
dur; structure à tendance polyédrique; débit irrégulier en fonction des agrégats;
porosité moyenne d'agrégats; cohésion moyenne à forte.

8. Sol ferrugineux tropical lessivé (d'après R. Fauck, 1962)


Région de Dongas au Dahomey; savane arborée assez dense.
Climat : pluviométrie, 1 350 mm; longue saison sèche (5-6 mois).
Topographie : pente faible en dessous du niveau d'un alHeurement de cuirasse.
Recouvrement sur gneiss à biotite altéré.

0-5 cm. Gris; sableux; particulaire, structure friable; compacité faible; nombreuses
radicelles, assez riche en matière organique.
5-15 cm. Horizon de transition progressive.
15-30 cm. Beige; sablo-Iégèrement argileux; structure lamellaire; taches rouge vif
peu nombreuses, petites concrétions noires, et d'autres rouges plus dures; compacité
moyenne.
30-50 cm. Beige; sablo-argileux à argilo-sableux; très riche en concrétions de dureté
moyenne, de 0,5 cm d'épaisseur; certaines plus grosses ont le centre très dur; riche
en manganèse.
50-120 cm. Bariolage très important; rouge dominant avec un peu de beige ocre; concré·
tions noires assez grandes; quelques gros quartz, quelques concrétions à centre très
dur.
120-200 cm. Le bariolage s'enrichit en ocre et gris; argilo-limoneux, riche en micas
blancs; des taches noires; cependant la structure de la roche n'est pas reconnaissable;
un lit de pegmatite à 180 cm.
260 cm. Gneiss riche en muscovite verdâtre en décomposition; présence de taches ocres.
320 cm. Comme ci-dessus mais plus gris.

9. Sol à cuirasse de nappe sur gneiss (d'après R. l\1aignien, 1958)


Dubreka (basse Guinée), lieudit «concession Fao».
Climat guinéen humide; 4 000 mm de précipitations annuelles; saison sèche marquée
de 5 mois; température moyenne : 25,5 oC.

33
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

Bordure de bas plateau dominant la mangrove de 4 à 5 mètres, non atteint par les grandes
marées.
Roche mère : gneiss.

0-45 cm. Gris-noir; assez fortement humifère; texture graveleuse avec nombreuses
concrétions ferrugineuses fortement indurées, de couleur brune; structure à tendance
grumeleuse; assez poreuse; chevelu racinaire abondant.
45-135 cm. Cuirasse alvéolaire, bien indurée; couleur générale très claire, presque blan-
che extérieurement, cette couleur est le fait de dépôts terreux lessivés; sur les cassures
le squelette apparaît assez fortement ferrugineux, de couleur ocre-rose; contient de
nombreux minéraux de quartz non décomposés; les alvéoles, bien développées contien-
nent des produits terreux, friables, presque blancs.
135-235 cm. Horizon d'altération; arène peu argileuse, très claire; les produits d'alté-
ration sont presque blancs; nombreuses plaquettes de muscovite.
235 cm et plus. Gneiss leucocrate; roche en quartz.

10. Sol à cuirasse de nappe sur alluvions (d'après R. Maignien, 1954)


Plaine de Ballay (Guinée), rive droite du Bafing.
Climat guinéen; précipitation : environ 2 000 mm; 5 mois de saison sèche; température
moyenne : 23 oC.
Topographie : plaine d'inondation.
Végétation herbacée à base de grandes grammees (andropogonées).
Roche mère : alluvions récentes sur grès légèrement feldspathiques.

0-20 cm. Gris-brun (10 YR 5/2), bien humifère; texture limono-sableuse; structure
grumeleuse, moyennement développée; cohésion faible; nombreuses racines de gra-
minées; poreux.
20-48 cm. Brun (10 YR 5/4), encore humifère; texture limoneuse; structure nuciforme,
moyenne, assez bien développée; cohésion faible.
48-85 cm. Brun plus clair (7,5 YR 8/4); texture limono-sableuse; peu structuré, légère-
ment tassé; cohésion faible, peu porenx.
85-97 cm. Brun (7,5 YR 8/4.); nombreuses concrétions très durcies bien individualisées,
1 à 2 cm de diamètre, non soudées, englobant des grains de quartz grossiers.
97-150 cm. Horizon identique, mais les concrétions toujours très nombreuses et bien
délimitées sont moins indurées; nombreuses taches et traînées rouille, formant Wl
début de squelette peu durci, du type carapace.
150-200 cm. Cuirasse compacte, très durcie, essentiellement ferrugineuse, avec nombreux
grains de quartz angulcux; les parties les plus dures sont de couleur brun-rouge (2,5
YR 5/6) à brun-noir (2,5 YR 3/4) et forment un squelette à structure alvéolaire, englo-
bant des matériaux meubles, terreux, jaunâtre (10 YR 8/3) à ocre-jaune (2,5 YR 6/8).
200-310 cm. Cuirasse beaucoup moins indurée, formée essentiellement de traînées durcies
ocre-rouille à ocre-jaune; faciès alvéolaire légèrement feuilleté; nombreux grains de
quartz dans le squelette.
310 à 450 cm. Horizon bariolé de traînées rouille ou rouges à limites diffuses, faiblement
induré dans une matrice argileuse gris blanchâtre; contenant peu de quartz.
450 à plus de 650 cm. Arène sableuse, peu consolidée; imprégnation ferrugineuse diffuse
de couleur rouille.
Niveau d'étiage du Bafing 600 cm; en période de crue inondation de la plaine.

Tous ces sols peuvent être qualifiés de latérites, soit parce qu'ils possèdent un
au moins de leurs horizons cuirassé, ou concrétionué ou en voie d'induration,
soit parce qu'un au moins de leurs horizons est riche en sesquioxydes de fer
et/ou d'alumine (rapport Si02/~03 .;;; 2) tout en restant meuble, soit parce
qu'ils possèdent à la fois l'un et l'autre de ces caractères.

34
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

Dans le cadre de la classification française (Aubert, 1956, 1962, 1963), seuls


les profils 1 à 6 sont reconnus comme latéritiques (ou ferrallitiques). Les pro-
fils 7 et 8 sont des sols ferrugineux tropicaux, à concrétions ferrugineuses;
le profil 9 est un sol ferralIitique à hydromorphie de profondeur; le profil 10
est un sol à hydromorphie temporaire et cuirasse de nappe sur· alluvions.
Dans la 7e approximation (USDA, 1960), les profils 1 à 5 seraient probable-
ment des oxisols; la position du nO 6 pourrait être discutée par suite de sa
texture sableuse; le nO 7 serait un ultisol; les 8 et 9 des alfisols; le 10 un incep-
tisoI.
Pour les pédologues belges, les profils 1 à 9 seraient des kaoIisols; 1, 3, 4,
5, 6 et 7 étant des ferrallsols ; 2, 8 et 9 des ferrisols ; 10 est difficile à préciser.
Pour Pendleton (1943), Alexander (Alexander et al., 1956) et Sivarajasin.
gham (1962), les profils 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 pourraient être qualifiés de latérites.
Les pédologues russes classeraient tous les sols décrits parmi les sols laté-
ritiques.
Les avis sont donc assez partagés et pourtant les profils décrits ne représen-
tent que quelques cas. Il serait possible d'en décrire beaucoup d'autres, en parti-
culier des sols jaunes très profonds qui s'observent sous forêts équatoriales,

b Horizon humifère

80
~XX ~ particuloire
- - --
f- - - Horizon humifère
50 f--
-
- -- -
- tz2d granuleux actif

70 g Accumulation argileuse

1 1 1 1 G Horizon lessivé

150
J....Iil••11i
;111. ."IF: '1[1.
Iii..lil []]] Accumulation de
sesquioxydes ferriques
Sol ferrugineux tropical Sol ferrugineux tropical
non lessivé type Dior lessivé, à concrétions
ferrugineuses
[illlIll Cuirasse ferrugineuse

d
~
1514-f'-+'+"'f--l<.H Précipitations localisées
de sesquioxydes de fer

N.B. L'abondance des différents


éléments est indiquée par l'espo~
cement plus au moins grand des
lignes ou la densité des symboles.

200
Sol ferrugineux tropical Sol rouge faiblement
lessivé à cuirasses ferroll itique

FIG. 3. Séquence typique des horizons pédogéniques de quatre sols tropicaux.

35
{:aractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

des sols à «lit de pierres» ou stone line, des sols à horizons humifères pro-
fonds, etc.
Il est cependant possible de les grouper en plusieurs catégories d'après un
certain nomhre de caractères communs.

1. Sols paraissant dérivés directement d'une altération poussée et profonde d'un


matériau originel en place avec ou sans horizon induré. Ils correspondent approxi-
mativement aux sols ferrallitiques, aux oxisols et aux kaolisols.
Les caractères généraux de ces sols sont les suivants :
Ce sont des sols profonds; certains atteignent 15 à 20 mètres d'épaisseur.
Les horizons sont hahituellement peu différenciés, surtout s'il n'y a pas cui-
rassement ou concrétionneI\1ent; les transitions entre horizons sont progres-
sives.
L'horizon de surface est rarement tout à fait en place (érosion superficielle,
glissement de terrain); il est souvent gravelleux ou caillouteux et les teneurs
en argiles sont faihles.
Les horizons sous-jacents sont le siège de mouvements verticaux, latéraux
ou ohliques (tassements, apports d'éléments en solution ou en pseudo-solu-
tion venant des profils voisins ou entraînement de ces éléments vers d'autres
profils); il n'y a pas de véritahle horizon B texturaI.
La structure est généralement mal développée (structure de pseudo-sahles
ou finement polyédrique, parfois légèrement poudreuse), ce qui leur confère
une honne perméahilité et une certaine résistance à l'érosion.
En profondeur, les liaisons avec les horizons de surface paraissent souvent incer-
taines. Ce sont fréquemment de très vieux sols qui ont évolué à travers plu-
sieurs cycles climatiques.
Ils sont très colorés (rouges ou jaunes) avec des valeurs (value) et des intensités
(chroma) élevées. Les variations de couleur entre l'état sec et l'état humide
sont faihles.
Ils sont généralement profondément et intensément altérés. Peu de minéraux,
en dehors du quartz et de quelques déhris de roches, échappent à l'altération.
Les processus d'argilisation sont intenses.
A travcrs ces caractéristiques morphologiques générales certaines variations
peuvent apparaître qui jouent sur quatre niveaux, à savoir : les horizons de
surface, les horizons d'accumulation de sesquioxydes, les horizons argileux, les
horizons d'altération.
Horizons de surface. On ohserve toujours un passage hrutal entre la litière
organique et le sol minéral. L'horizon de surface contient peu de matière orga-
nique (moyenne 2 %) et celle-ci est généralement hien décomposée. Les composés
humiques sont en très faihles proportions et surtout peu colorés. Leur péné-
tration dans le sol est peu importante (20 cm). Cependant, sur roches riches
en hases (hasaltes par exemple), le taux de matière organique peut augmenter
considérablement (jusqu'à 20 %) et la pénétration dans le profil atteint parfois
1 mètre de profondeur. Les teneurs en matière organique croissent également
avec l'altitude et la diminution du drainage. Sur matériaux très altérés et ·très
acides il peut se former de l'humus hrut qui amène parfois l'apparition de véri-
tahles phénomènes de podzolisation. Les couleurs les plus constantes de ces
horizons sont: rouge, hrun-rouge, jaune et rouille. Les sols les plus clairs sont
aussi les plus lessivés en hases et les plus acides. Ces horizons sont généralement
peu argileux. On y observe fréquemment des concrétions, des déhris de quartz

36
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

ou des blocs de cuirasses en proportions variées, en mélange avec des matériaux


terreux. Ces éléments grossiers sont souvent éparpillés en surface ou forment,
à faible profondeur (1 mètre), une stone line plus ou moins épaisse.
Horizons d'accumulation de sesquioxydes. L'épaisseur et la morphologie de
ces horizons sont variables, mais ils sont toujours enrichis en oxydes et hy-
droxydes de fer, d'aluminium, de manganèse ou de titane. Les teneurs en argiles
sont parfois assez importantes. On y observe quelquefois des traces d'hydro-
morphie. Ces horizons sont fréquemment indurés, cuirassés ou concrétionnés
en place en tout ou en partie. Ils possèdent alors les caractéristiques décrites
dans le chapitre précédent.
Horizons argileux. Ces horizons sont parfois absents, en particulier sur roches
basiques bien drainées. Leur épaisseur est souvent considérable. Leur structure
est généralement finement polyédrique. Les agrégats peuvent ou non posséder
des revêtements brillants (Sys, 1959) non orientés (Fripiat et Gastuche, 1960):
Lorsque l'humidité est permanente, apparaissent des phénomènes de ségré-
gation. L'horizon présente un aspect bariolé (mottled clay). Il est d'épaisseur
variable, de quelques centimètres à plusieurs mètres; toujours plus épais sur
roches riches en quartz que sur roches basiques. Cette ségrégation découle
d'une déficience du drainage liée soit aux facteurs du milieu (climat, protec-
tion forestière, structure de la roche, topographie), soit à l'évolution pédolo-
gique (néosynthèses argileuses, tassements). L'ordre de succession entre hori·
zons de sesquioxydes et horizons argileux est parfois inversé.
Horizons d'altération. Ces niveaux sont souvent remaniés par mouvements
de masse. Ils sont généralement épais. On y observe les minéraux plus ou moins
altérés de la roche mère et, parfois, à la base, de véritables brèches, des arènes
plus ou moins argileuses, plus rarement dcs meulières (Bonifas, 1959). Sur roches
basiques ces niveaux prennent souvent le faciès « pain d'épice» (Lacroix, 1913).
En résumé, l'influence de la roche mère sur le sol est souvent très réduite,
Cependant, dans le cas de sols peu remaniés et protégés par un horizon cuirassé,
cette influence peut être sensible. Elle est schématisée dans le tableau 2 (Mai-
gnien, 1958). \

2. Sols dérivant d'une altération moins poussée et moins profonde avec un niveau
concrétionné ou cuirassé ferrugineux. Ces sols correspondent aux sols ferrugi-
neux tropicaux, aux sols fersiallitiques, aux ultisols et même aux alfisols. Ils
se distinguent nettement des précédents par une épaisseur moindre (rarement
plus de 250 cm) et surtout par des horizons bien tranchés, passant distincte-
ment de l'un à l'autre. Leur couleur est assez variable, mais, dans l'ensemble,
plutôt claire dans le jaune-rouge (7,5 à 10 YR du code Munsell). La valeur
et l'intensité de ces couleurs varient fortement (2 à 3 unités) de l'état sec à
l'état humide. Enfin ces sols présentent souvent un horizon B textural qui
oriente le développement d'un horizon de concrétions ou de cuirasses essen-
tiellement ferrugineuses, parfois manganifères, mais jamais alumineuses. L'épais-
seur de ces cuirasses dépasse rarement le mètre. Les horizons d'altération sur
roches riches en quartz (granites, gneiss, ne sont jamais épais [50 à 100 cm]).
Ce sont les arènes peu argileuses, de couleurs blanchâtres, marbrées de traînées
rouille. Des minéraux primaires, partiellement décomposés, peuvent échapper
à l'altération de type kaolinitique, et se retrouvent à travers tous les profils.
Les néosynthèses argileuses sont moins intenses que dans les sols précédents.
Les tendances au lessivage de l'argile sont marquées dans les horizons de sur-

37
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

TABLEAU 2. Caractéristiques des profils cuirassés sur différentes roches.

Cranites-GneUls Dolérites-Ampbibolites

Horizon superficiel : grisâtre, faiblement Horizon superficiel brun-noir, plus


humifère, souvent lessivé en bases; humifère, plus argileux; gravillons
nombreux gravillons ferrugineux for- souvent très nombreux, la plupart bien
tement indurés, débris de quartz arrondis, peu ou pas de quartz
Horizon induré : plus ou moins durci, Horizon induré généralement fortement
souvent faciès de la cuirasse de durci; structure pisolithique durcissant
Buchanan, atteint rarement une très vers le haut, passant à la structure
forte induration; structure le plus scoraciée, puis nodulaire vers le bas,
souvent alvéolaire, souvent aplatie hori- ou cuirasses très compactes
zontalement ou structure scoraciée
dans les cuirasses les plus anciennes;
cuirasses lâches
Couleurs dominantes vives rouge, Couleurs dominantes plus foncées: rouge,
rouille, parfois violet, en taches for- brun-rouge. Dans les cuirasses ancien-
mant ordinairement des noyaux plus nes riches en alumine, les couleurs
indurés; traînées rouges à ocre-rouille blanchissent fortement. Elles sont alors
moyennement indurées qui forment grisâtrcs ou roses. A la base les cou-
une trame et donnent la rigidité à leurs sont plus bariolées : taches et
l'ensemble. Les cavités sont remplies de traînées rouge foncé à rose ou brun à
matériaux terreux de couleur claire : brun-noir.
jaune à rouille
Épaisseur jamais importante, dépasse Épaisseur considérable; peut dépasser
rarement 2 mètres parfois 10 mètres.
Transitions avec les horizons voisins très Transitions avec les horizons plus mar·
progressives quées surtout vers le haut
Horizons sous-jacents, plus argileux, Horizons sous-jacents argileux, de cou-
morphologie générale assez semblable leurs rouge sombre sans ségrégation
au précédent, mais non induré; cou- apparente. Des concrétions de cou-
leurs bariolées et éclatantes en taches leur plus foncée peuvent encore s'in-
et traînées mal individualisées dividualiser, mais sont alors moins
indurées. Elles disparaissent peu à
peu avec la profondeur
Structure polyédrique à finement pris- Structure polyédrique finement poreuse;
matique, faces de décollement consé- matériau truffé de nombreux petits
cutives au tassement de la masse; canalicules et pores tubulaires; sur-
épaisseur importante, 1 à 5 mètres faces de décollement ferruginisées,
lisses et brillantes; épaisseur parfois
considérable, souvent plus de 5 mètres
Horizon d'altération, arène plus ou Horizon d'altération, faciès « pain
moins argileuse, bariolée; à la base on d'épice» ocre-rouille, poreux, très faible
observe des traces de minéraux origi- densité apparente; squelette de gibb-
nels plus ou moins altérés; imprégna- site conservant la forme de feldspaths
tion importante par des solutions disparue à imprégnations ferrugineuses
ferrugineuses plus ou moins importantes
Épaisseur parfois considérable, jusqu'à Écailles concentriques peu épaisses
5 à 6 mètres autour de la roche fraîche
Passage très progressif à la roche Passage brutal à celle-ci sur quelques
fraîche. millimètres.

38
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

face avec formation d'un horizon iHuvial en profondeur. Les structures sont
assez grossières, du type nuciforme à polyédrique, mal défini. Leur drainage
interne est généralement assez mativais et ils sont très sensibles à l'érosion
par l'eau. Ils se développent principalement sur roches acides. Sur roches basi-
ques ils sont intergradés vers les sols bruns eutrophes ou les vertisols et passent
parfois à ces derniers (Maignien, 1963).
Seule la présence d'un horizon concrétionné ou cuirassé, essentiellement
ferrugineux, peut les faire qualifier de latérite. Ils s'en diffèrent cependant
par de nombreuses caractéristiques pédogénétiques.

3. Sols colluviaux ou alluviaux à cuirasse. Il s'agit de sols différents des ven-


tables latérites. Ce sont des sols peu évolués, plus ou moins hydromorphes,
qui ont certains de leurs horizons cimentés par des sesquioxydes de fer. Ces
composants indurés ne proviennent pas de la décomposition du sol en place.
Ils ont été apportés par les eaux qui imprègnent ces formations. Seul l'aspect
morphologique peut les faire qualifier de latérites. Génétiquement, ils en sont
fort éloignés. Signalons que de tels processus d'imprégnation ferrugineuse peu-
vent se réaliser dans n'importe quel type de sol.

CARACTÉRISTIQUES ANALYTIQUES

Si la littérature pédologique fait mention de nombreux résultats analytiques,


par contre, on ne trouve que très peu de résultats traitant de l'ensemble des
profils, de la surface jusqu'au matériau originel. On trouve le plus souvent
des études sur les relations entre roches fraîches et horizons indurés ou des
études sur la comparaison entre différents horizons cuirassés, ou encore des
données concernant les horizons de surface généralement sur moins de 2 mètres.
A ces études, il faut attacher les noms d'Harrassowitz (1930), Harrison (1933),
Hardy (1931), Lacroix (1913), Bonifas (1959), Segalen (1957), Leneuf (1959),
Alexander (Alexander et al., 1956, Alexander et Cady, 1962) et Précot et al.
(1962).
D'une façon générale, la majorité de ces études ne tient compte que des varia-
tions à travers les horizons d'un même profil. Or des recherches récentes ten-
dent à démontrer qu'il y a des relations extrêmement étroites entre les sols qui
s'étagent le long des pentes. Ceci introduit à la notion de catena, qui fait inter-
venir l'évolution géomorphologique du pays. Il y a interdépendance des sols
voisins sur les mêmes fonnes du modelé. Cette notion introduit un facteur
géographique indispensable à la compréhension des phénomènes de la «laté-
rite ». Ces sols doivent s'étudier dans leur environnement.
Ils doivent aussi être compris dans leur histoire. La plupart des latérites
sont de très vieux sols parfois fossiles. Ils reflètent alors des conditions de milieu
actuellement disparues. Ainsi les cuirasses des nlus anciennes surfaces d'Mrique
sont probablement d'âge tertiaire. Même s'ils évoluent encore, les profils ont
certainement passé à travers plusieurs fluctuations climatiques.
Ces quelques remarques montrent les difficultés qu'il y a à confronter les
données fournies par la littérature. Les résultats ont rapport à des objets qui
sont parfois fort différents tant sur le plan géographique que sur le plan his-
torique.
Cependant, à travers ces difficultés, certaines caractéristiques restent cons-
tantes : a) les altérations sont extrêmement poussées avec pertes de bases et

39
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

TABLEAU 3. Altération des syénites nepheliniques des îles de Loos (MiIlot et Bonifas,
1955).

Syénitc Syénite en Faciès Bauxite Cuirasse


fraîche voie te pierre ponce» rose bauxitique
d'altération rerru~ineuae

% % % % %
SiO. 57,3 58,02 3,3 0,4 5,4
~O. 17,5 21,7 56,0 58,5 44,3
FesO• 4,9 2,9 7,2 6,4 23,1
FeO 1,5 0,6 0,8 0,5 0,2
CaO 2,6 0,4 0,2 0,4 0,2
MgO 1,1 0,4 Traces Traces Traces
N~O 6,0 4,0
K.O 7,0 8,1
TiO. 0,7 0,6 1,7 2,1 1,4
MnO. 0,4 0,1 0,1 0,1 0,1
H.O 1,3 3,1 29,7 30,9 24,5

TOTAL 100,3 99,9 99,0 99,3 99,2

Densité 2,58 2,19 l,54 1,74

TABLEAU 4. Altération de dunites de la presqu'île du Kaloum [Guinée] (Bonifas, 1959).

Dunite Dunite Faciès Zone de Couche Cuirasse


fraîche altérée pain d'épice transition dure

% % % % % %
SiO. 33,9 34,60 1,60 1,30 0,65 2,70
~O. 1,60 2,00 1,60 8,20 8,00 9,60
FesO• 8,55 16,80 84,50 76,80 80,00 74,00
FeO 7,40 4,80
CaO 0,50 Traces Traces Traces Traces Traces
MgO 36,70 33,10 0,36 Traces Traces 0,72
Cr.O. 0,09 Traces 0,15 0,23 0,80 0,45
TiO. 0,08 0,08 0,16 0,12 0,40 0,68
H.O 10,60 8,75 11,20 12,85 10,30 12,40

TOTAL 99,42 100,13 99,57 99,50 100,15 100,55

Densité 2,80 l,58

FesO. à
l'état
d'hydroxyde 3,00 7,10 82,50 74,00

de silice; b) il Y a forte individualisation suivie d'une accumulation de sesqui-


oxydes de fer et/ou d'alumine; c) les néosynthèses kaolinitiques sont constantes,
mais variables en intensité; d) les complexes absorbants sont extrêmement
désaturés et les tendances à l'acidification du milieu sont marquées.

40
Caractéristique. morphologique. et analytique. de. latérite.

TABLEAU 5. Altération de granite calco-alcalin à muscovite près de Divo [Côte-d'Ivoire]


(Leneuf, 1959).

Éléments totaux extraits par attaque triacide


(élément••êché. il 105 oC)a

Roche Zone Cortex Bloc Bloc Arène


saine interne jaunâtre hlanchi blanchi brun-
blanchie très friable près de rougeb
compacte friable ln .urface

Quartz +
insoluhle 93,42 90,79 88,08 76,07 58,88 0,51
Si02
Silicates 2,58 4,14 5,10 8,79 17,06 43,48
~O. 0,87 0,77 2,43 6,12 15,63 33,55
Fe.O. 1,00 0,80 0,80 1,10 2,10 6,25
Ti0 2 0,07 0,08 0,07 0,07 0,35 0,62
P.O. 0,11 0,09 0,05 0,05 0,13
CaO 0,05 0,34 0,34 0,36
MgO 0,07 0,08 0,01 0,04
K 20 0,50 0,32 0,28 0,35
Na20 0,50 0,26 0,24 0,20
H.O 0,54 0,85 0,96 3,67 5,07 14,21

TOTAL 99,71 98,52 98,36 96,82 99,09 98,75


o. Roche totale
b. Produit. inférieuro à 2 IL.

Ces caractéristiques sont celles des sols ferrallitiques, des oxisols et des kao-
lisols.
Elles ne sont par contre plus celles des sols ferrugineux tropicaux, des sols
fersiallitiques cuirassés et des sols plus ou moins hydromorphes à cuirasses
de nappes (Maignien, 1954, 1962; Botelho da Costa, 1949).
Quelques faits sont présentés dans les tableaux 3 à 5.
Les exemples des tableaux 3 à 5 sont assez caractéristiques. Ils couvrent
les différentes variations que peut prendre l'altération des roches au milieu
latéritique. Dans le tableau 3, il Y a forte individualisation d'alumine, de fer
dans le tableau 4 et formation d'argile kaolinitique dans le tableau 5.
Si l'on compare l'ensemble des résultats trouvés dans la littérature on cons-
tate que de la roche fraîche à la surface se succèdent un niveau d'hydratation
puis un niveau d'oxydation; une disparition plus ou moins forte de la silice;
une augmentation toujours très marquée des sesquioxydes; une élimination
presque complète des bases.

Silice

Les pertes en silice sont plus ou moins complètes. Elles dépendent du drainage
du milieu. Les formes combinées sont plus fortement éliminées que les formes
libres. Les pertes portent d'abord sur la silice des silicates, puis, plus faiblement,
sur la silice du quartz. On assiste en fait à deux faciès d'altération: a) sur roches
riches en bases et bien drainées, les pertes entre la roche et les produits altérés
sont rapides et définitives; b) sur roches plus siliceuses (granites en particu-
lier), les pertes se poursuivent à travers tout le profil.

41
'Caractéristiques morphologiques et analytiques dcs latéritcs

Quand le drainage est déficient, sur roches acides comme sur roches basiques,
on assiste à une augmentation des teneurs en silice combinée au niveau du
matériau originel sous forme de néosynthèse argileuse.
Bonifas (1959) et Alexander et Cady (1962) indiquent que ce sont essentiel-
lement les minéraux micacés et cWoritiques qui donnent directement naissance
à la kaolinite. Cependant les quantités réduites de ces minéraux ne peuvent
à elles seules expliquer les quantités d'argiles trouvées.
La silice éliminée par altération se retrouve parfois à la base de profils dans
les zones d'altération (Blondel, 1952; Delaire et Renaud, 1955). « Ces formations
semblent provenir d'une précipitation de silice sous forme de gel qui évolue
et cristallise en vieillissant. Les cristaux ainsi formés semblent s'enrichir aux
dépens de la silice des solutions comme le montre la présence de quartz zonés
et encapuchonnés ou bordés de «calcédonite ». (Bonifas, 1959.)

Sesquioxydes

II s'agit surtout de sesquioxydes de fer et d'aluminium. On observe toujours


une augmentation des formes oxydées. Les concentrations par remontées sont
réduites. Il y a accumulation, soit relative à la suite de la percolation d'élé-
ments plus solubles, soit absolue par immobilisation de sesquioxydes lessivés
du haut des profils, ou drainant des profils voisins. Le premier processus joue
surtout sur l'alumine bien que ce produit soit parfois partiellement lessivé;
le second sur le fer et le manganèse. Il y a sélection à travers le profil et entre
les profils par lessivages différentiels des différents sesquioxydes et autres élé·
ments constitutifs du sol.
Comparant une dunite fraîche et son faciès d'altération «pain d'épice»
qui a conservé le volume originel de la roche, Bonifas, rapprochant les résultats
des bilans à poids constant et à volume constant, donne les chiffres indiqués
au tableau 6.

TABLEAU 6.

Constituants Poids constant Volume constant

SiO. - 95,5 97,5


AI.O. Constant 44,5
Fe + 40 + 185
CaO - 100 100
MgO 99 99,5
Cr203 + 67 4.
Ti02 + 100 + 13,5
H 20 + 5,6 40

Ces chiffres permettent de préciser que, sur roche basique et en milieu bien
drainé, pour la silice, la chaux et la magnésie, les résultats sont identiques.
Il s'agit d'une véritable élimination. Pour le fer, la variation a le même sens,
mais l'augmentation est beaucoup plus forte dans le bilan à volume constant.
Pour l'alumine, le chrome, le titane et l'eau, la variation est de sens contraire.
Ainsi l'alumine, qui dans le bilan à poids constant paraît stable, apparaît rela-
tivement mobile dans le bilan à volume constant. La comparaison du compor-

42
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

tement du fer et de l'alumine montre des différences qui portent uniquement


sur la soluhilisation de ces éléments, le premier étant beaucoup plus mobile que le
second.
En règle générale, l'alumine provient de l'altération des feldspaths. Cette
individualisation se fait surtout sous forme de gibbsite. Le fer provient en majo-
rité de l'altération des minéraux ferro-magnésiens (amphiboles, pyroxènes).
Il se trouve le plus souvent sous forme de goethite. Ces transformations ont
été bien étudiées sur dolérites en Guinée (Lacroix, 1913; Bonifas, 1959). L'al-
tération donne naissance à une roche jaune, légère, poreuse, non friable, dans
laquelle la structure de la dolérite est visible. Le passage brutal de la roche
fraîche à ce faciès «pain d'épice» se fait sur 1 mm environ. Seul un mince liséré
brun sépare ces deux formations. La transformation des minéraux fondamentaux
est directe. Elle ne passe pas par l'intermédiaire de constituants argileux.

Base&
Les bases sont rapidement et totalement éliminées, sauf parfois K 20 et Na~p
(Leneuf, 1959).
Cet entraînement est plus intense que pour tout autre type de sol, mais
le lessivage n'est pas différent de celui du lessivage ou de la podzolisation. Il
a pour conséquence des teneurs extrêmement faibles en cations échangeables
et totaux. Le complexe absorbant a une capacité d'échange très basse (lO-
IS mEq %). Le degré de saturation est généralement inférieur à 40 % pour
atteindre parfois des valeurs de l'ordre de 5 à 10 %. Ces données sont valables
pour des horizons minéraux, car il est possible d'observer des enrichissements
de surface'sous l'action de la végétation. Le pH peut alors remonter jusqu'à
. 7,0. Mais dans les horizons profonds les acidités les plus communes varient
de pH 4,5 à 5,5.
A côté de ces données fondamentales et constantes, s'observent des compo-
sants variés, à savoir des argiles, des minéraux et débris de roches plus ou moins
décomposés.

Argiles
Les données analytiques font apparaître la présence d'argiles dans tous les
types de latérites, particulièrement entre la zone d'altération et le niveau d'ac-
cumulation des sesquioxydes. Il est possible que cet ordre soit inversé. En par-
ticulier, sur roches basiques bien drainées, l'horizon de sesquioxydes fait immé-
diatement suite à l'horizon d'altération, et ceci très brutalement. Lui succèdent
ordinairement un horizon argileux, puis un nouvel horizon de sesquioxydes.
Parfois plusieurs de ces horizons se superposent à travers tout le profil. Sur
roches cristallines riches en quartz et sur roches schisteuses, l'horizon argileux
succède toujours à l'horizon d'altération. Ces successions rendent compte des
conditions du drainage aux différents niveaux d'évolution.
Les argiles reconnues appartiennent principalement au groupe de la kao-
linite (kaolinite et halloysites). Le vermiculite est parfois signalé. Bonifas (1959)
et Leneuf (1959) signalent la présence fugace de montmorillonite dans les
horizons d'altération. Cette phase est difficile à saisir. Elle se réalise en
milieu à drainage déficient lorsque les solutions mères sont riches en alcalino-
terreux.

43
Caraetéristiques morphologiques et analytiques des latérites

Il est fréquent aussi de reconnaître des illites. En Mrique noire, elles sont
reconnues en moyenne une fois sur deux. Ces minéraux, qui ne semblent pas
caractéristiques de la pédogénèse, sont, soit des produits de transition de l'al-
tération plus ou moins poussée des minéraux phylliteux primaires, soit des
produits hérités du matériau originel, en particulier sur roches sédimentaires,
soit enfin des produits de contamination à partir de sources extérieures.
L'observation microscopique montre que le kaolin peut provenir directement
de l'altération des minéraux micacés et chloriteux (Alexander et al., 1956).
Cependant la faible proportion de ces minéraux dans les roches ne peut exp~i­
quer les quantités parfois considérables d'argiles des sols qui en dérivent. Il y a
néosynthèses argileuses à partir des éléments individualisés par hydrolyse.
Les principaux facteurs qui déterminent la nature des minéraux d'altération,
pour un type de roche donné, sont essentiellement les conditions du drainage
et le contenu ionique des eaux de percolation. Le rôle du matériel est de déli·
miter les possibilités de transformation. Précot et al. (1962) aboutissent aux
mêmes conclusions. Sur roches acides l'influence de la roche se fait sentir par
une individualisation plus poussée du fer que de l'alumine. Sur roches basiques
c'est généralement le contraire (Maignien, 1958).
Les conditions de désaturation et un pH acide coïncident avec l'apparition
de kaolin (De Kimpe et Gastuche, 1962). Herbillon et Gastuche (1962) montrent
que la cristallisation de l'hydroxyde d'alumine en gibbsite est grandement
favorisée par les conditions de désionisation de la solution mère. Dans les condi-
tions de drainage excessif on voit se former une couche gibbsitique autour de
la roche altérée. Shermann (1952), puis Bates (1960), aux îles Hawaii, remar-
quent qu'une pluviométrie élevée favorise l'apparition de gibbsite. Lorsque
l'eau des percolats reste riche en sels (cas d'un mauvais drainage), la gibbsite
n'apparaît pas.
Les conditions d'un bon drainage qui favorise le transport de la silice et des
éléments dits mobiles limitent les néosynthèses argileuses par déficit en Si02•
Ces processus sont particulièrement bien marqués sur roches basiques. Par
contre, sur roches cristallines riches en quartz, même dans des conditions de
drainage excessives, le déficit en silice est peu sensible et les néosynthèses kao-
linitiques prédominent. Suivant les conditions locales du milieu, les proportions
relatives en silice libre, sesquioxydes et kaolinite peuvent alors être très diffé.
rentes. Ces données limitent l'utilisation du rapport Si02/Al203'

Minéraux et débris de roches plus ou moins altérés

En règle générale, les minéraux primaires sont fortement et même parfois tota-
lement altérés. Le quartz lui-même est partiellement décomposé. L'analyse
mécanique des produits de décomposition fait apparaître l'absence presque
complète de matériaux de la taille des limons (2 à 20fL). Les produits de l'altéra-
tion sont ou de la dimension des argiles (inférieure à 2fL) ou de dimension supé-
rieure à celle des sables très fins (supérieure à 50fL). Encore faut-il signaler que
ces matériaux grossiers sont surtout composés de quartz et de quelques miné-
raux résistants tels que zircon, rutile, ilménite, etc. Cette absence de matériaux
de la taille des limons est souvent considérée comme une caractéristique des
latérites. Le rapport limon/argile est ordinairement inférieur à 10/15 (van
Wambeke, 1962).
Une autre conséquence de l'altération extrême des minéraux primaires est

44
Caractéristiques morphologiques et analytique. de. latérite.

l'absence presque complète de réserves minérales. Il en découle que les teneurs


en bases échangeables sont souvent peu différentes des teneurs en bases totales.
Précot et al. (1962) signalent que la série d'altérabilité des minéraux primaires
des roches est identique à la séquence de Bowen (1956).
Séquence de Bowen
SÉRIE DISCONTINUE SÉRIE CONTINUE
t t
Olivine Plagioclases calciques
t t
Augite Plagioclases calco-sodiques
t t
Amphiboles Plagioclases sodiques
t t
Biotites Plagioclases sodiques
~
"" Orthose
t
Muscovite
t
Quartz

La série complète d'altérabilité des minéraux primaires principaux peut·


s'écrire : olivine -+ plagioclases calciques -+ plagioclases calco-sodiques -+
pyroxènes -+ plagioclases sodico-calciques -+ amphiboles -+ biotite -+ plagio-
clases sodiques -+ orthose -~ muscovite -+ quartz.
Le champ d'altérabilité de la biotite et de la hornblende se couvre partiel-
lement.
Les processus d'altération intense et poussée provoquent la rupture des
réseaux cristallins. Les éléments constitutifs sont individualisés sous des formes
simples ionisées: Si02, A1:l0s' Fe 20 S' Ti02 , CaO, MgO, K 20, N~O, H+, etc.,
qui vont s'immobiliser ou être exportées ou se recombiner partiellement entre
elles suivant les conditions du drainage et la qualité des eaux de percolation.
Ces altérations sont plus ou moins complètes suivant l'intensité et la durée
des processus. Des minéraux et/ou des débris de roches pl~ ou moins décomposés
échappent parfois à ces altérations et se retrouvent dans les horizons supérieurs
des sols. Ils contribuent à la composition chimique du matériau latéritique,
ce qui limite, une fois de plus, l'utilisation du rapport SiOJA1:l0s. On peut égale-
ment signaler qu'un tel enrichissement peut se produire par contamination
à partir de mouvements de masses ou de remaniements mécaniques. Mais il
y a souvent une différence de phase extrêmement nette entre les matériaux
résiduels ou clastiques et les matériaux latéritiques.
En résumé, l'ensemble des processus spécifiques aux lnilieux tropicaux humides
amène à la formation d'un niveau, parfois très épais, où s'observent, en mélan-
ges variables, argiles kaolinitiques, sesquioxydes de fer et d'alumine, quartz
et matériaux résiduels. Il n'y a aucune différence chimique et minéralogique
entre ces niveaux et les formations indurées. Les seules distinctions portent
sur la structure et l'induration.
A partir de ces horizons particuliers, parfois appelés horizons oxiques (7e
approximation, USDA, 1960) ou horizons ferrallitiques (Sys, 1962), se déve-
loppent des sols variés où prédominent des processus de lessivages, plus ou
moins poussés, portant sur les cations et les sesquioxydes, ainsi que des phéno-

45
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

mènes de remaniement mécanique. Precot et al. (1962) ne notent aucune modi-


fication importante dans la nature de la fraction colloidale sous l'action de
la matière organique. Cette fraction reste toujours déterminée par la nature
des eaux de percolation et l'intensité du drainage.
L'évolution latéritique contrihue donc à la mise en place d'un matériau plus
ou moins complexe caractéristique des milieux tropicaux humides. Ce matériau
peut être assimilé aux écorces d'altération. Cette idée est longuement développée
par Guerassimov (1962) qui écrit que «le processus de latéritisation mène à un
grand nomhre de formations latéritiques qui constituent une formation parti-
culière à des phénomènes 'géologico-pédologiques' continentaux ». Guerassimov
ajoute : «D'après nous, la formation latéritique contemporaine est, à un
certain degré, analogue aux processus de formation de lœss, étant donné que
les principales propriétés lithologiques des lœss typiques et des formations
lœssiques (de même que les latérites) sont étroitement liées à des processus
d'érosion et de formations pédologiques caractéristiques des régions arides
de la zone tempérée (horéale).» Cette idée est reprise en partie par Sys (1962)
qui considère l'horizon ferrallitique comme un matériau originel. Sans aller
aussi loin, de nomhreux auteurs insistent sur la nature complexe des sols laté-
ritiques. Auhert (1954) signale, en particulier, que les liaisons qui relient les
différents niveaux d'un même profil sur de si grandes épaisseurs sont heaucoup
moins certaines que celles qui relient les horizons des sols des régions tem-
pérées.
Il doit cependant exister des relations entre les différentes caractéristiques
morphologiques et analytiques des profils pédologiques, relations iiées à l'in-
tensité des processus pédologiques. De nomhreux essais ont été tentés dans
ce sens s'appuyant sur des critères variés: rapport Si02/~03' Si02/R 20 3, limon/
argile, degré de saturation du complexe ahsorhant, réserves minérales, etc.
Aucune de ces données n'a de valeur absolue. Elles ne fournissent que des valeurs
indicatives. Il semhle que l'étude des structures puisse apporter quelques élé-
ments positifs. Les travaux de C. Sys (1959) et de van Wamheke (1962) sont à cet
égard fort importants. Personnellement j'ai comme hypothèse qu'il existe
trois types de structure, spécifiques des sols latéritiques, en relation avec l'in-
tensité des processus d'évolution, à savoir: a) des structures de pseudo-sahles
correspondant aux sols les moins ferrallitiques; b) des structures polyédriques
fines correspondant aux sols ferrallitiques typiques; c) des structures dégradées,
d'aspect poudreux, correspondant aux sols les plus profondément ct intensément
latéritisés.
La distrihution géographique de ces trois catégories de sols vient à l'appui
de cette hypothèse : les premiers se distrihuent sous climat semi-humide à
régime tropical, les seconds sous climat humide tropical, les troisièmes sous
climat équatorial humide.
Malheureusement ces études sont rendues difficiles par la répartition actuelle
des latérites qui ne correspond pas nécessairement aux conditions sous lesquelles
elles se sont formées (Pendleton, 1936). Sous les tropiques, de nomhreuses for-
mations sédimentaires doivent leur origine à des processus d'altération laté-
ritique.
Par exemple, certaines formations continentales argilo-sahleuses d'Mrique
noire dériveraient de la sédimentation de matériaux latéritiques arrachés à
d'anciens massifs (cas du continental terminal et du continental intercalaire
(Michel, 1960). Elles possèdent les caractéristiques minéralogiques de véritables

46
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérite,.

latérites. Les sols qui se déveioppent sur ces formations possèdent ces carac-
téristiques comme héritage, même s'ils sont pédogénétiquement différents.
Ces relations entre pédologie et géologie sont bien explicitées dans la théorie
de la biorhexistasie (Erhart, 1956).
Il est un élément analytique important, car il joue sur la morphologie et
est donc facilement observable, qui pourrait permettre de cerner plus étroite-
ment le problème. Il s'agit de la nature des liaisons entre sesquioxydes et argiles
kaolinitiques. C'est une donnée encore peu étudiée, qui paraît être très impor-
tante, car d'elle dépend le comportement du fer, comportement qui varie sui-
vant les groupes de sols. En sols latéritiques, le fer, fortement individualisé,
est étroitemént lié à la kaolinite (Fripiat et al., 1954; D'Hoore, 1954). Par contre,
en sols ferrugineux tropicaux, le fer libre se présente sous des formes labiles
et se sépare avec facilité des argiles. Il en est de même en sols hydromorphes.
Ces données expliquent en partie la coloration très soutenue des sols latéritiques.
Elles sont à la base des processus de cuirassement par lessivage (D'Hoore, 1954;
Maignien, 1958). Ce sujet de recherche est encore du domaine de l'hypothèse.
Il mériterait d'être étudié en détail.

RELATIONS ENTRE LES SOLS TROPICAUX


ET LES LATÉRITES INDURÉES

De nombreux sols tropicaux présentent des formations indurées dans leurs


horizons génétiques. Ce peuvent être des débris de cuirasses ou des gravillons
provenant du démantèlement de niveaux indurés (Greene, 1947; Ruhe, 1954).
Ce peuvent être des cuirasses anciennes en voie d'altération sur lesquelles se
développe un nouveau sol (Mulcahy, 1960, 1961). Mais, plus souvent encore,
il s'agit de formations particulières d'horizons génétiques qui se sont indivi-
dualisées in situ. .
Plusieurs grandes catégories de sols tropicaux possèdent des horizons géné-
tiques concrétionnés ou cuirassés; ce sont les sols latéritiques comme décrits
dans la section précédente, les sols ferrugineux tropicaux ou fersiallitiques,
certains sols hydromorphes et parfois aussi les vertisols. Mais nombre de ces
sols ne sont pas concrétionnés ou cuirassés. Les formations indurées ne peuvent
donc caractériser ces sols à un niveau élevé. Il faut les étudier dans le cadre
de chacune de ces catégories.

SOLS LATÉRITIQUES

Les processus d'induration prennent dans les sols latéritiques des aspects variés
qui n'ont pas tous la même origine. On observe ou des horizons concrétionnés
ou des horizons cuirassés, ou les deux ensemble.

Sols à horizons concrétionnés

Les horizons concrétionnés sont ordinairement proches de la surface du sol


et leur épaisseur dépasse rarement 2 mètres. Il s'agit d'horizons où se trouvent
en mélange des matériaux terreux et des matériaux indurés de formes diverses,
mais généralement arrondies et de dimensions moyennes de 1 à 2 centimètres.
Ces concrétions sont de deux types: a) concrétions vraies, formées du dépôt

47
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

successif de films de sesquioxydes, le plus souvent ferrugineux, autour d'un


nucleus, généralement un grain de quartz; b) fausses concrétions, constituées
de débris de roches altérées imprégnées de solutions ferrugineuses.
Les premières se développent dans les horizons proches de la surface, les
secondes plus en profondeur, parfois même sous un véritable niveau cuirassé.
Elles prennent alors souvent un aspect nodulaire. Leur taille est plus grande.
Elles sont moins concentrées et aussi moins indurées.
Sous l'action des remaniements mécaniques (érosion par l'eau, retournement
par les racines des arbres abattus par les tornades), ces horizons se mélangent
avec les horizons hum'ifères de surface. Des processus de dissolution et de redé-
pôts successifs accusent la forme pisolithique. Les concrétions prennent le
faciès de gravillons, c'est-à-dire de produits résiduels. La patine devient bril-
lante. Ils sont de couleur plus foncée, brun à brun-noir.
Les relations entre concrétions et matériaux meubles qui les entourent sont
extrêmement nettes dans les horizons de formation. La ségrégation des sesqui-
oxydes provoque la formation de noyaux colorés où le drainage est ralenti.
Les eaux de percolation circulent sur les franges en déposant des films ferru-
gineux concentriques qui s'indurent et isolent le matériau de la masse terreuse
voisine. Les analyses d'éléments texturaux de la masse terreuse et de concré-
tions montrent la parenté étroite qui les lie (mêmes minéraux résiduels, même
faciès d'altération). Par contre, dans les horizons remaniés de surface, cette
parenté s'efface peu à peu pour disparaître parfois complètement, surtout s'il
y a contamination par des matériaux provenant des formations voisines. Par-
fois ces gravillons se déposent en lits plus ou moins réguliers qui suivent le
modelé. Il y a formation d'une stone line dont l'origine est encore très contro-
versée (tri mécanique; action de la faune du sol, termites surtout; décapage,
épandage à caractère désertique suivi d'un remblaiement, etc.).
Ces concrétions peuvent également provenir de l'induration d'horizon d'ar-
giles bariolées (mottled clay). Comme il s'agit alors d'action d'hydromorphie,
la position de telles formations dans le profil est variée. Elle est liée à un ralen-
tissement du drainage qui peut se réaliser à n'importe quel niveau (Waegemans,
1949, 1952), souvent fonction de la topographie. Ici encore les relations entre
solum et formations indurées sont étroites.

Sols à horizons cuirassés

Les horizons indurés, plus ou moins continus, sont égalemcnt de deux types.
Il peut s'agir de la transformation par pseudomorphose d'une roche en voie
d'altération. La structure est alors formée par de fins cristaux de gibbsite qui
moulent la forme de certains minéraux originels (plagioclases). Des imprégna-
tions ferrugineuses et des néosynthèses kaolinitiques colmatent plus ou moins
cet horizon qui se développe au contact avec la roche mère, donc à grande pro-
fondeur. Ultérieurement, des processus de dissolution partielle et de redépôts
donnent un aspect scoracié. C'est typiquement la cuirasse relative de D'Hoore
(1954) qui peut atteindre des épaisseurs assez considérables (parfois 10 mètres).
Mais le faciès le plus fréquent et aussi le plus classique est l'horizon cuirassé
pisolithique ou alvéolaire provenant de la concentration de sesquioxydes à
un niveau donné, généralement situé entre les horizons de surface et les horizons
argileux. Les sesquioxydes, qui cimentent les éléments texturaux préexistants,
proviennent du lessivage des horizons voisins et aussi, et c'est là le cas le plus

48
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

général, des profils voisins (Maignien, 1958). Ces formations indurées sont sou-
vent épaisses de 2 à 3 mètres. Les éléments texturaux sont très variés. Il s'agit
parfois de concrétions qui se sont formées dans un premier stade d'évolution.
Il y a des relations extrêmement étroites entre la position de ces cuirasses
dans les profils et la circulation des eaux. C'est dire que, si la plupart de ces
cuirasses se situent à faible profondeur dans les sols, elles peuvent aussi s'im-
poser à des niveaux beaucoup plus bas. Certaines arènes d'altération sont ainsi
cimentées par des sesquioxydes et transformées en cuirasses (Bachelier et
Laplante, 1953). Parfois la roche elle-même est imprégnée de solutions ferru-
gineuses et se transforme en cuirasses (Maignien, 1958).
Les relations entre ces types de cuirasses et les niveaux de formation sont
plus ou moins étroites. Les horizons jouent comme milieu de réception et d'ac-
cumulation. Les matériaux préexistants sont cimentés par les solutions de
sesquioxydes d'origines diverses. Les liaisons ne se réalisent plus seulement à
travers l'ensemble des profils qui s'individualisent le long d'une pente, mais
le cuirassement est étroitement lié à l'évolution géomorphologique du paysage.
Il s'agit de cuirasses absolues (D'Hoore, 1954).

SOLS FERRUGINEUX TROPICAUX

Les sols ferrugineux tropicaux, qui appartiennent à un groupe de sols écolo-


giquement plus secs que les précédents, se caractérisent par l'extrême facilité
de circulation du fer à travers leur profil. .Ce fer contribue à la formation d'ho-
rizons concrétionnés ou cuirassés d'origine illuviale. Il n'y a pas d'individuali-
sation d'aluminium, mais celle de manganèse est parfois marquée. Les sols
ferrugineux tropicaux. montrent une éluviation argileuse souvent intense dans
les horizons de surface, suivie d'une accumulation en profondeur. Les coeffi-
cients de lessivage sont de l'ordre de 2 à 6. L'illuviation argileuse provoque la
mise en place d'un horizon colmaté qui influe profondément sur la distribution
et l'immobilisation du fer et du manganèse. Il s'ensuit la formation, sous cet
horizon argileux, soit de concrétions, soit, quand il y a apports obliques, d'un
horizon cuirassé (Maignien, 1961). Ces processus sont accusés par le modelé
subhorizontal sur lequel ils se développent. Le drainage externe est ralenti
et, en raison de pluies, les sols évoluent comme de véritables sols hydromorphes
avec formation d'une nappe suspendue qui intensifie le concrétionnement et
le cuirassement. Ces processus finissent parfois par envahir l'ensemble des pro-
fils, d'autant que les horizons de surface, très sensibles à l'érosion (Fauck, 1955),
sont fréquemment décapés en surface.
Les horizons concrétionnés et cuirassés, essentiellement ferrugineux, sont
de faible épaisseur (de l'ordre du mètre). En règle générale, ils s'individualisent
vers l à 2 mètres de profondeur, mais peuvent aussi se développer vers 30 à
50 cm. Ces sols sont très proches de ceux décrits par Mohr (1932). Mohr et Van
Baren (1954) admettent une formation progressive de sols identiques compor-
tant trois stades: a) des profils sans latérite dans lesquels se forme une substrat
imperméable; b) des stades comportant des horizons avec latérite nodulaire;
c) un stade final, avec latérite formant masse.
Les relations entre horizons génétiques et formations indurées sont étroites.

49
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

SOLS HYDROMORPHES

Certains sols hydromorphes présentent en profondeur des horizons cuirassés


parfois épais. Les cuirasses sont souvent alvéolaires. Elles sont essentiellement
ferrugineuses, parfois faiblement manganifères. La mise en place de ces cuiras-
ses est étroitement liée aux fluctuations d'une nappe phréatique qui enrichit
le milieu en sesquioxydes. La profondeur et l'épaisseur de ces formations dépen-
dent de cette nappe. Ces types de cuirasses sont fréquents dans les vallées allu-
viales (Maignien, 1954). Ils portent le nom de « cuirasses de nappe », de « cui-
rasses de galerie », de ground-water laterite. Le sol originel joue comme matériau
de réception. Ces cuirasses ont fréquemment aussi la structure de brèches ou
de poudingues.

VERTISOLS

Il est fréquent d'observer en Afrique noire des concrétions pisolithiques ferru-


gineuses ou manganifères à la base des profils de vertisols. Il m'a même été
possible d'observer en Haute-Volta la formation de véritables cuirasses ferru-
gineuses. En fait, les processus sont peu différents de ceux observés en sols
hydromorphes. Une zone de saturation temporaire semble constituer un facteur
déterminant. Le Inilieu riche en cations favorise la précipitation des sesquioxydes
de fer sous formes très concentrées.

CUIRASSES COLLUVIALES

Enfin on ne saurait terminer cette section sans parler des cuirasses colluviales.
Ces cuirasses, qui s'observent aux pieds des pentes, sont de deux types: il s'agit
ou de débris d'anciennes cuirasses qui sont cimentées secondairement, ou de
matériaux colluviaux ou proluviaux imprégnés et indurés par des solutions
enrichies en sesquioxydes. Ce sont les cuirasses dites de « bas de pente ». Ce
dernier type est fréquent en pays cuirassé. Il se développe sur les pentes infé-
rieures à 7-9 % (D'Hoore, 1954; Maignien, 1958). Ces cuirasses, très dures,
sont peu épaisses (moins d'un mètre), essentiellement ferrugineuses, de couleur
sombre. Elles possèdent une structure feuilletée caractéristique.
Enfin, pour mémoire, on doit signaler les cuirasses de fonds de lacs ou de
mangrove qui sont proches des cuirasses de sols hydromorphes.

RELATIONS ENTRE LA MORPHOLOGIE


DES HORIZONS CUIRASSÉS
ET LE MILIEU DE FORMATION (Maignien, 1958)

RÔLE DES SESQUIOXYDES CONSTITUTIFS

Les sesquioxydes immobilisés dans un matériau texturaI originel remplissent


trois rôles: a) ils cimentent les particules texturales; b) ils imprègnent les for-
mations en place; c) ils se concentrent et se concrétionnent.

50
Caractéristiques eorphologiques et analytiques des latérites

Cimentation

La cimentation se réalise le plus souvent dans des éléments grossiers. Elle s'ob·
serve rarement lorsque les particules du sol ont un diamètre moyen inférieur
à 20 Il' Elle est donc rare en sols argileux. Les granules texturaux sont ou des
matériaux originels tels que des sables, des graviers, des cailloux, ou bien des
matériaux secondaires comme des pseudo-sables, des concrétions, des gravil-
lons, des blocs d'anciennes cuirasses. Il arrive fréquemment qu'un sol primiti-
vement constitué de particules fines se cimente à la suite du concrétionnement
d'un de ses horizons.

Imprégnation

Ce processus se produit dans un matériau à texture moyenne ou assez fine (limons


grossiers, sables fins, sables argileux, argiles sableuses). L'imprégnation est
plus ou moins diffuse. Elle suit les lignes de moindre résistance où l'eau peut
circuler. Elle signale souvent de faibles variations texturales. Le squelette
induré est constitué de particules généralement pius grossières que lcs maté-
riaux meubles voisins. Parfois l'imprégnation se complète de l'épigénie partielle
des minéraux résiduels. Le ciment siliceux de certains grès se trouve ainsi rem-
placé par des hydroxydes de fer. Des phénomènes du même ordre s'observent
dans les schistes. Ces processus se traduisent par une dissoiution plus ou moins
partielle de la silice et un ébranlement mécanique de la masse. Le squelette
ferrugineux est seul conservé. Les matériaux ameublis sont entraînés par les
eaux et il subsiste une roche ferrugineuse, plus ou moins caverneuse, qui con-
serve les traces du litage originel.

Concrétionnement

Le concrétionnement se produit par concentration, précipitation ou dépôts


de films de sesquioxydes autour de nucléus variés (grains de quartz, débris de
minéraux). Les concrétions tiennent de l'imprégnation et de la cimentation,
mais le phénomène est très concentré, d'où il résulte la formation de produits
plus ou moins arrondis qui sont individualisés les uns par rapport aux autres.
Le concrétionnement peut également se réaliser par induration des sesqui-
oxydes segrégés d'un matériau plus argileux. On peut aussi signaler la formation
de pseudo-sables (liaison étroite entre argiles et sesquioxydes).

Ces trois types de cuirassement correspondent à des formes d'accumulation


absolue. Ils sont liés aux mouvements du fer dans les sols. L'alumine contribue
plus rarement à la réalisation de ces processus, bien qu'on observe parfois des
oolithes alumineuses. Par contre, l'alumine joue un rôle important dans la
morphologie de certains types de cuirasses relatives. Un excellent exemple
est fourni par les horizons à faciès «pain d'épice» plus ou moins imprégnés
de sesquioxydes de fer. Les cristaux de gibbsite conservent la structure origi-
nelle de la roche et forment un squelette plus ou moins induré..

51
.caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

FACTEURS DE LA MORPHOLOGIE DES HORIZONS CUIRASSÉS

La morphologie des horizons cuirassés dépend de plusieurs facteurs.

Mode de formation
Accumulation relative. La forme la plus fréquente de l'accumulation relative
est la structure scoriacée. Le squelette est hauxitique, de couleur claire (hlanc
à rose). Les cavités, de petite taille, sont partiellement remplies de matériaux
fins, rouges, avec imprégnation ferrugineuse secondaire. On y ohserve des pseu-
domorphoses et la structure originelle est partiellement conservée. Le départ
des matériaux les plus soluhles, qui précisent l'origine relative de ces cuirasses,
est confirmé par des tassements, des cisaillements, parfois des aspects pseudo-
colluvionnés.

Accumulation absolue. La morphologie de ces cuirasses dépend essentiellement


des propriétés physico-chimiques du milieu de formation. Ces cuirasses sont sur-
tout ferrugineuses, parfois manganifères. Il faut cependant signaler que fer et/ou
manganèse imprègnent ou cimentent parfois des horizons alumineux, rendant
alors la distinction entre cuirasses ahsolues et cuirasses relatives assez délicate.

Propriétés physico-chimiques
Degré de saturation en bases. En sols acides, les formes indurées sont diffuses
et d'imprégnation. On ohserve les types suivants : cimentation plus ou moins
complète d'un matériau meuhle, imprégnation avec formation de cuirasses à
structure alvéolaire, cuirasses feuilletées dans le cas d'apports importants de
sesquioxydes par lessivage ohlique.
En sols plus riches en cations alcalino-terreux les oxydes de fer et de man-
ganèse tendent à se concentrer en concrétions arrondies (Castagnol et Shan-
Gia-Tu, 1940). Parfois les sesquioxydes se déposent autour d'un noyau de roche
en voie d'altération qui crée dans son voisinage immédiat une concentration
en alcalino-terreux suffisante pour provoquer la précipitation. Ces phénomènes
sont plus nets encore sur roches calcaires.

Texture. En milieu argileux et colmaté, prédominent les formes arrondies.


En milieu meuhle se réalisent des formes d'imprégnation diffuse. En milieu à
texture moyenne (sahlo-argileuse à argilo-sahleuse) s'individualisent des cui-
rasses plus ou moins alvéolaires.

Quantité de sesquioxydes accumulés


La plus ou moins grande netteté des formes dépend de la quantité de sesqui-
oxydes accumulés et de la plus ou moins grande vitesse d'évolution de l'immo-
hilisation. Un milieu riche en sesquioxydes est souvent lié à une roche hasique,
riche en alcalino-terreux. Il tend à donner des formes arrondies. Un milieu pauvre
en sesquioxydes (granites ou gneiss très quartzeux) donne plutôt des formes
d'imprégnation. D'autre part, plus le phénomène d'immohilisation est hrutal,
plus les faciès sont concentrés (cuirasses de milieu hydromorphe).

En conclusion les différentes données concernant les niveaux indurés des sols
tropicaux permettent de dresser le tahleau suivant (Maignien, 1958):

52
Caractéristiques morphologiques et analytiques des latérites

SOLS LATÉRITIQUES

HORIZON CUIRASSÉ CONSTITUÉ DE SESQUIOXYDES INDIVIDUALISÉS « IN SITU »

Accumulation relative
Milieu bien drainé. Cuirasse riche en alumine; structure scoriacée dominante; horizon
proche de la surface; induration moyenne; faciès « pain d'épice ».
Milieu à drainage déficient. Cuirassement très peu prononcé; sols généralement argileux ;
quand elle existe : cuirasse alumino-ferrugineuse; structure pisolithique à finement
alvéolaire, généralement aplatie, ou concrétions et nodules; horizon proche de la sur-
face du 501; induration faible à moyenne; argile bariolée.

Accumulation absolue

Milieu bien drainé. Absorption du fer sur les argiles; pseudo.sables.


Milieu mal drainé. Cuirasse alumineuse plus ou moins incrustée de fer, souvent très argi-
leuse; structure alvéolaire à nodulaire; position dans le profil liée au niveau hydro-
statique; induration forte.

HORIZON CUIRASSÉ CONSTITUÉ DE SESQUIOXYDES D'ORIGINE EXTÉRIEURE AU PROFIL

Accumulation absolue
Milieu bien drainé. Cuirasse alumino.ferrugineuse; dépôts de films ferrugineux sur sque-
lette originel; nombreux matériaux clastiques; cuirasse parfois afHeurante, poreuse;
induration élevée.
Milieu à drainage déficient. Blanchiment; cuirasses pisolithiques, parfois alumineuses,
assez rares sur les plateaux.

SOLS FERRUGINEUX TROPICAUX

HORIZON INDURÉ DE SESQUIOXYDES LIBÉRÉS SUR PLACE

Accumulation absolue
Milieu bien drainé. Sols très lessivés, à cuirasse ou concrétions au niveau d'une nappe
phréatique profonde; cuirasse alvéolaire, essentiellement ferrugineuse; induration torte.
Milieu à drainage déficient. Sols lessivés à concrétions ou cuirasses ferrugineuses; struc-
ture pisolithique ou/et légèrement feuilletée; profondeur 50 à 150 mètres.

HORIZON CUIRASSÉ CONSTITUÉ DE SESQUIOXYDES PROVENANT DES PROFILS VOISINS

Accumulation absolue
Lessivage oblique. Cuirasse de bordure de plateau et cuirasse de bas de pente, essentiel-
lement ferrugineuse; nombreux matériaux clastiques; structure feuilletée, souvent
afHeurante; induration très forte.
Action d'un niveau hydrostatique suspendu, temporaire, cuirasse pisolithique, parfois
légèrement feuilletée; profondeur faible (50-150 cm); induration forte.

AUTRES TYPES DE SOLS

Cuirassement lié aux battements d'une nappe temporaire essentiellement ferrugineux;


structure fonction de la texture et de la richesse du milieu de réception.

53
"Distribution des latérites dans le monde
Relations avec les facteurs du milieu

DISTRIBUTION DES LATÉRITES

Les latérites sont largement répandues à travers le monde, mais plus particu-
lièrement dans les régions intertropicales d'Afrique, d'Australie, de t'Inde, du
Sud-Est asiatique et d'Amérique du Sud. Toutefois la répartition de ces sols
ne correspond pas nécessairement aux conditions actuelles de genèse. Beau·
coup de ces formations sont subactuelles ou fossiles, même en régions inter-
tropicales. Leur extension montre qu'à un moment ou l'autre de l'histoire du
globe les conditions de formation ont pu se trouver réunies, conditions qui
n'ont pas été nécessairement contemporaines en tous les points de la terre.
Sans parler de formations sédimentaires rouges très anciennes (permo-carbo-
nifères) que l'on soupçonne d'origine tropicale, les niveaux du sidérolithique
et des matériaux plus récents présentent les caractéristiques des latérites.
Muckenhausen (1962) signale des latosols en Allemagne méridionale. Les red
yellow podzolic soils des États-Unis peuvent plus ou moins être assimilés à des
oxisols. Certains sols enterrés sous les limons du Condroz (Belgique) possèdent
toutes les caractéristiques de sols ferrugineux tropicaux à concrétions. De tels
exemples sont extrêmement fréquents.
Il est maintenant universellement admis que les sols latéritiques n'ont pu
s'individualiser qu'à travers des périodes d'évolution extrêmement longues
(Leneuf, 1959), de l'ordre de dizaines et parfois même de centaines de millé·
naires. De nombreuses études tendent à montrer que l'ère tertiaire a présenté
des conditions particulièrement favorables à la latéritisation, aussi bien en
régions intertropicales que dans le monde entier. Pourquoi ces formations sont·
elles plus abondantes sous les tropiques? Les conditions actuelles de formation
ne sont certainement pas les seules en cause. Il est probable que ces différences
sont liées à l'action des glaciers quaternaires qui, en régions boréales, ont arasé
les croûtes d'altération, effaçant les influences anciennes. Ces glaciations n'ayant
pas joué en régions intertropicales, les formations latéritiques tertiaires viennent
s'ajouter aux formations quaternaires.
Prescott et Pendleton (1952) ont tenté les premiers une synthèse mondiale
sur la répartition des latérites, ces dernières étant prises au sens anglo-saxon
du terme. Depuis cette étude, de nombreuses prospections ont été effectuées,
particulièrement en Afrique et en Amérique du Sud. Pour l'Mrique, il faut
citer la carte des sols du Service pédologique interafricain (de la Commission

54
DiBtribution des latérite. dans le monde

de coopération technique en Mrique au Sud du Sahara [CCTA]) dont la dernière


approximation a été présentée par D'Hoore en 1963. Il s'agit d'une synthèse
à l'échelle d'un continent qui tient compte de l'ensemble des résultats acquis
par les pédologues ayant œuvré en Mrique. A l'échelle de l'Amérique du Sud,
les études cartographiques sont moins poussées, mais permettent d'avoir une
assez bonne idée de la répartition des formations latéritiques (Bramao et Lemos,
1960). Il en est de même pour l'Asie du Sud-Ouest. Les travaux australiens
sont également fort avancés (Stephens, 1962).
Les latérites sont largement distribuées en régions intertropicales semi·
humides et humides du globe. A l'état fossile, elles sont reconnues sous des
climats plus secs, parfois même sous climat tempéré (voir le premier chapitre
de cet ouvrage).
Sous leurs formes indurées, les latérites débordent les climats tropicaux
subhumides et on peut les observer jusque dans des régions désertiques (déserts
africain et australien) où elles signalent des influences passées plus humides.
On doit à Prescott et Pendleton (1952) la première synthèse mondiale sur la
distribution des latérites indurées du globe. Il y a peu de chose à ajouter en ce
qui concerne leur répartition en Inde et en Australie. Par contre de nombreuses
études permettent de compléter nos connaissances sur leur répartition dans
le Sud-Est asiatique, en Mrique et en Amérique. D'une façon générale les tra·
vaux de cartographie intègrent latérites indurées et sols latéritiques dans le
sens le plus large. Traiter ce problème reviendrait à étudier la répartition des
5015 intertropicaux. Aussi nous limiterons-nous aux données générales qui
précisent la distribution des «latérites» sur les principaux continents.
AFRIQUE

Les connaissances sur la répartition des sols d'Mrique, et à l'intérieur de ceux·ci


des sols latéritiques, sont synthétisées sur la carte au 1/5000000 dressée par
D'Hoore (1963) en coopération avec les pédologues travaillant sur ce continent.
Toutes les formations pouvant être rattachées aux latérites y sont groupées
sous les rubriques suivantes :
A. Sols minéraux bruts
1. Roches et débris de roches.
Ab. Cuirasses ferrugineuses et carapaces calcaires non différenciées.
B. Sols peu évolués
1. Lithosols (sols squelettiques) et sols lithiques. Définition. Sols sans différenciation
d'horizons génétiques avec des éléments grossiers et dont la roche solide se trouve
à moins de 30 cm de profondeur.
Bb. Sur cuirasses.
J. Sols ferrugineux tropicaux (sols fersiallitiques)
Ces sols présentent fréquemment, à faible profondeur, un horizon plus ou moins concré·
tionné, et souvent même cuirassé, le ciment étant essentiellement ferrugineux. Ces
formations indurées sont particulièrement développées sur roches riches en minéraux
ferro-magnésiens (Je); sur roches cristallines acides (Jc) elles sont moins intensément
développées. Elles sont souvent absentes sur matériaux originels sableux (Ja).
K. Ferrisols,
Cette catégorie est subdivisée en : non différenciés (Ke); sur roches riches en miné-
raux ferro-magnésiens (Kb); humifères (Ka). Comme ils ne sont pas tous cuirassés,
et il en est de même pour les sols précédents et pour les sols ferrallitiques qui vont
suivre, la présence de cuirasse (latérite indurée) à faible profondeur est signalée
par une surcharge.
L. Sols ferrallitiques«( sensu stricto»)

55
Di.tributiou de. latérites dans le moude

On distingue :
1. Les sols à couleur dominante jaune-beige (7,5 YR ou plus jaune) sur : sédiments
meubles sableux (La); sédiments plus ou moins argileux (Lb); non différenciés
(Le).
2. Les sols à couleur dominante rouge (5 YR et plus rouge) : sédiments meubles (LI) ;
roches riches en minéraux ferro-magnésiens (Lm); non différenciés (Lu).
3. Les sols ferrallitiques humifères, non différenciés (Ls).
4. Les sols ferrallitiques « à horizon sombre », non différenciés (Lt).
5. Les sols ferrallitiques jaunes et rouges sur matériaux originels divers, non di/ré·
renciés (Lx).
Les sols minéraux bruts et les sols peu évolués de cuirasses s'observent dans
toute l'Mrique intertropicale. Ils sont particulièrement fréquents sur les vieux
plateaux et les buttes témoins du tertiaire et du début du quaternaire. Ces
cuirasses anciennes sont largement représentées sur les formations sédimentaires
argilo-sableuses du miopliocène. On peut les observer au nord vers le Sahara
où elles sont ennoyées par des dépôts éoliens.
Les cuirasses ferrugineuses actuelles ou subactuelles semblent se limiter aux
sols ferrugineux tropicaux qui sont largement représentés en Mrique où ils
forment, dans l'hémisphère nord, une bande qui prend le continent en écharpe
d'ouest en est; approximativement entre les isohyètes 750 et 1200 mm, et,
dans l'hémisphère sud, à des taches importantes en Angola, dans le sud du
Congo et en Mozambique. Ces sols cuirassés, souvent érodés, se distribuent
principalement sur des matériaux originels pauvres en minéraux alcalino-
terreux. Le modelé subhorizontal, en « marches d'escalier» est caractéristique.
Ils supportent une végétation de savane caractérisée.
Entre ces deux bandes de sols ferrugineux se situe la zone des sols latéritiques
qui, sous climats tropicaux, sont fréquemment cuirassés. Sous climats équa-
toriaux, sans saison sèche marquée, si le concrétionnement est parfois bien
marqué, le cuirassement est plus rare. Ces sols se développent sur les matériaux
les plus divers.
Le modelé est celui de collines, plus ou moins accusé. La végétation naturelle
est une forêt, d'aspect varié, souvent dégradée par l'homme.

AMÉRIQUE

On doit à l'Institut inter-américain des sciences agronomiques et à la FAO,


les premiers essais de corrélation et de cartographie des sols en Amérique du
Sud. En Amérique centrale et au Mexique, les efforts sont plus récents.
En Amérique du Nord, Thorp et Reed (1949) ont signalé certaines formations
ferrugineuses scoriacées dans le Nebraska, formations qui peuvent être assimi-
lées à des latérites fossiles. De même les red yellow podzolic soifs peuvent être,
dans une certaine mesure, assimilés aux sols latéritiques.
En ce qui concerne l'Amérique du Sud, Bramao et Lemos (1960), sur une
carte de 1/10 000 000, signalent les unités cartographiques suivantes, associations
à rattacher aux latérites.

« Red yellow latosols» et «red yellow podzolic' soils ». Cette unité comprend les
red yellow latosols, les hydrol humic latosols, les red yellow podzolic soils et les
regolatosols du Brésil; les sols latéritiques du Pérou, les red yellow latosols et
hydrol humic latasols de l'Équateur; les red yellow latosols et sols associés, les
red yellow podzolîc soîls et sols associés de Colombie; les sols latéritiques, les

56
Distribution des latérites dans le monde

sols jaunes et rouges latéritiques de Bolivie; les latosols et lithosols aSSOCIes,


les red yellow podzolic soils du Paraguay; les latosols et sols rouges podzoliques
d'Argentine; les red yellow podzolic soils et les latosols rouges terreux, les sols
latéritiques brun-rouge du Venezuela.

Latosols jaune pâle, latérites de nappes, sols jaune-rouge, podzoliques et latosOls


concrétionnés. Ces unités comprennent les regolatosols du Brésil et les regosols
latosoliques d'Équateur.

Latosols arénassés. Cette unité comprend les latosols sableux, les latosols jaune-
rouge du Brésil, les latosols sableux du Paraguay; les regosols sableux, les
latosols jaune-rouge, les latosols rouge terreux du Venezuela.

« Low humic latosols », « terra roxa ». Cette unité comprend la terra roxa lege-
tima et parana du Brésil et du Paraguay.

Rubrozems. Ceux-ci comprennent les rubrozems du Brésil, les sols forestiers


gris-noir subtropicaux, les Iithosols et régosols d'Argentine.

Les latosols jaune-rouge s'observent essentiellement sous forêt humide tro-


picale. Les latosols jaune pâle se distribuent surtout sous forêts équatoriales
et plus particulièrement en Amazonie. Ils sont fréquemment associés aux laté·
rites de nappe et aux latosols concrétionnés. Les latosols arénassés et sableux
s'observent principalement sous savane tropicale.
Depuis, Camargo et Bennema (1962) ont précisé les caractéristiques de ces
principales unités1 •
En Amérique centrale les latérites indurées sont extrêmement rares, si les
sols latéritiques sont fréquents. On en a signalé quelques petites taches sur
la côte orientale du Nicaragua.
En Amérique du Sud, les manifestations les plus apparentes du cuirassement
se situent au Brésil et dans les Guyanes. C'est le cas particulier des canga du
Brésil (Marbut, 1932). Les latérites recouvrent les restes Ii'anciennes péné-
plaines à Bahia, au Ceara occidental, au Piauly oriental, au Minas Geraes sep-
tentrional, ainsi que dans les régions centrales et sud de Maranhas. Ces latérites
s'étendraient jusqu'à Goyaz et les parties septentrionales de Silo Paulo, et
beaucoup plus loin encore à l'ouest à travers le Mato-Grosso (Prescott et Pen-
dIeton, 1952).
Enfin des latérites bauxitiques très épaisses ont été reconnues en Guyane
britannique, en Guyane néerlandaise et en Guyane française.

ASIE

Inde

Les latérites ont été reconnues depuis fort longtemps en Inde où elles occupent
des surfaces importantes sur le Deccan. Oldham (1893) signale que les latérites
de « haute altitude» recouvrent les sommets des collines et des plateaux des
massifs montagneux de l'Inde centrale et occidentale. La latérite de « basse

1. Voir p. 130.

57
Distribution des latérites dans le monde

altitude» forme des bandes extrêmement longues en bordure des deux côtes
de la péninsule du Deccan.
Sur la côte occidentale, ces deux types de latérites se distinguent difficilement.
Par contre, sur la côte orientale, l'origine détritique est plus nette et ce faciès
peut être suivi du cap Comorin jusqu'à Orissa et, de là, vers le nord, en passant
par Midnapur, Bardwan et Birbhum jusque sur les flancs des Rajmahal Hills.
On doit à Raychaudhuri (1941) la compilation de la plupart des informations
relatives à l'Inde. Dans le dernier dessin de la carte pédologique de l'Inde,
cet auteur rattache les formations de latérites aux classes suivantes : sols rouges
gravelleux, latérites et sols latéritiques. Les premiers peuvent être également
appelés sols rouges ferrugineux gravelleux, la mise à l'affleurement des graviers
étant indiquée par un symbole sur la carte.
Les sols latérites peuvent aussi être appelés ferrallitiques et sont subdivisés
suivant leur position topographique en latérites de haute altitude, et de collines,
et latérites de basse altitude.
Les latérites et sols latéritiqu"es sont ferrugineux et faiblement latéritisés
(latosols).

Sud-Est asiatique

Les principaux résultats ont été regroupés par Dudal et Moormann (1962).
Ils distinguent :
1. Les sols jaune-rouge podzoliques (red yellow podzolic soils) qui dominent
dans les parties les plus humides du Sud-Est asiatique, sur matériau non basi-
que, sur les formes matures et séniles du modelé. Au Viêt-nam, ils occupent
plus de 50 % de la surface du territoire. En Indonésie, ils constitucnt un groupe
important des régions non volcaniques et sont représentés à l'ouest de Java,
de Sumatra et de Bornéo. On observe une distribution comparable en Malaisie
et dans les régions voisines. Ces sols se développent sous des pluviométries
supérieures à 1 500 mm/an, mais sous des climats à saison sèche marquée et
à température supérieure à 10 oC. Ils portent des peuplements de forêt tropicale
de régions basses ou de savanes herbeuses.
2. Les sols gris podzoliques (gray podzolic soils) sont souvent associés à des
latérites de nappe. On les observe sur les alluvions anciennes, acides, de texture
légère à moyenne. Ils se distribuent essentiellement sous climat tropical de mous-
son. On en observe cependant quelques taches à Bornéo et au Sarawak, sous
climat équatorial; la pluviométrie est alors généralement supérieure à 1 500 mm
et bien répartie dans l'année. Cependant, dans les régions nord-est de Thaïlande,
le climat est plus sec. Ces sols se développent sur des modelés plans à faihlement
ondulés, sous forêts ouvertes à diptorocarpées et, pour les régions les plus
humides, sous forêt dense ombrophile. Les gray podzolic soils se distribuent
principalement sur les immenses terrasses du Mékong au nord-est de la Thaï-
lande, au sud-ouest du Laos, au Cambodge, au Viêt-nam. Ils ont aussi été obser-
vés sur les terrasses des vieilles rivières comme la Chao Phya et la Ta Chin, en
Thaïlande centrale, sur celles du bas Irrawaddy, en Birmanie. Quelques petites
surfaces sont signalées dans les parties les plus humides du Viêt-nam centrai, au
sud de la Thaïlande, au Sarawak et en Indonésie (Bornéo, Bangka et BiHiton).
3. Les latosols brun-rouge (dark red et reddish brown latosols). Ces sols se déve-
loppent sur des matériaux basiques (basaltes, diabases, diorites, andesites,
granites et gneiss à mica noir). Ils se situent en position de bon drainage, en

58
Distribution des latérites dans le monde

modelé de colline ondulée. On les observe depuis le niveau de la mer jusqu'à


environ 1 000 mètres d'altitude suivant la latitude, l'exposition et le microclimat.
Ils s'individualisent sous des températures moyennes supérieures à 22 oC et
sous des pluviométries de l'ordre de 1000 à 3000 mm/an. La saison sèche est
ordinairement peu marquée, mais peut parfois atteindre trois à quatre mois,
ce qui correspond à une augmentation de la saturation en bases des sols. La
végétation qui les recouvre varie de la forêt ombrophile à la forêt de savane.
Ces latosols sont très développés sur les parties de faible altitude des formations
volcaniques d'Indonésie (Sumatra-Ouest, Java, BaH, Moluques), des Philippines,
du Sud Viêt-nam, de l'est du Cambodge et sur les formations basiques des hauts
plateaux de l'est et de l'ouest de la Birmanie. Ils ont également été reconnus
au Laos central, dans les régions sud-est de la Thaïlande et les parties centrales
de Malaisie.
4. Les latosols jaune-rouge (red yellow latosols). Ces sols s'observent sur des
matériaux originels ou transportés acides, en particulier sur les vieilles terrasses
côtières et fluviales du nord-ouest de Ceylan et du nord-est de la Thaïlande,
où ils seraient fossiles. Sur matériaux résiduels, ils se développent le plus sou-
'Vent sur roches ignées, métamorphiques ou sédimentaires. Le modelé est ondulé
à montagneux. Ils se répartissent du niveau de la mer à plus de 1 000 mètres
d'altitude, sous des climats tropicaux dont la pluviométrie annuelle se situe entre
600 et 3 000 mm. A Bornéo, la saison sèche est peu exprimée. Elle est plus
marquée au Viêt-nam, au nord-est de la Thaïlande ct au nord-ouest de Ceylan.
La végétation est celle d'une forêt ombrophile ou d'une forêt de savane. Ces
sols ont leur plus grande extension à Bornéo, au nord-est de Sumatra, au Sara-
wak, à Brunei et à Mindanao. Ils occupent les parties hautes du sud de la Bir-
manie, de la Thaïlande, de la Malaisie, du Sud Viêt-nam, du nord-ouest de Ceylan.
Ils peuvent être en association avec des latérites de nappe et des formations
de bauxites dans le sud-est de Bornéo et les îles de Bangka et Billiton.
5. Enfin, certains sols à gley faiblement humifères et sols gris hydromorphes
présentent fréquemment en profondeur des formations indurées qui ont été appe-
lées latérites de nappes. Ils s'observent dans les dépressions mal drainées sur maté-
riaux alluvions ou colluvions généralement acides, sous des pluviométries supé-
rieures à 800-900 mm/an. De grandes superficies sont observables sur la basse
terrasse du Mékong au Cambodge, au Laos et au Viêt-nam. Dans les parties
centraleset nord-est de la Thaïlande, ils sont aussi reconnus. La latérite s'observe
en moyenne entre 100 et 200 cm de profondeur.

AUSTRALIE

Comme en Inde, les latérites sont reconnues depuis fort longtemps en Aus-
tralie (Darwin, 1844). C'est pourtant Edgeworth qui, en 1887, a le premier
reconnu la latérite en tant que telle. Depuis, de nombreuses études ont traité
de leur répartition et de leur interprétation, souvent dans un esprit géologique.
C'est ainsi que de nombreux «grès du désert», grès ferrugineux, dans la pénin-
sule du cap York, dans les Northern Territories, sont des latérites indurées
(Davidson, 1905; Woolnough, 1918).
L'importance des latérites de l'Australie-Occidentale a été relevée par Simp- ,
son (1912). On en a également reconnu dans la région d'Adélaïde, dans les Blue
Mountains de Nouvelle-Galles du Sud, près de Brisbane et dâns le voisinage
de Darwin (Walther, 1915).

59
Distribution des latérites dans le monde

Dans les régions nord du continent (Jensen et al., 1915), dans le Queensland
(Saint-Smith, 1921); Jensen, 1926), les latérites sont fréquentes.
La plupart de ces formations indurées de surface sont portées comme telles
sur les cartes géologiques de nomhreuses régions. Il s'agit le plus souvent de
formations anciennes, dont la genèse ne présente aucune relation avec les con-
ditions climatiques actuelles. Elles soulignent les traces d'une ancienne péné-
plaine mise en relief. Ainsi les latérites du Queensland seraient prohahlement
pliocènes (Bryan, 1939). Pour Hanlon (1945), les hauxites ferrugineuses de
Nouvelle-Galles du Sud seraient miocènes.
Le manuel des sols australiens (Stephens, 1962) signale plusieurs grands
groupes de sols qui peuvent être rattachés aux latérites au sens large.
1. Les sols latéritiques podzoliques (lateritic podzolic soils). Ce sont généra-
lement des sols fossiles, d'âge pliocène, qui se distrihuent sur les "ieilles surfaces
tahulaires. Leur horizon induré, souvent affieurant dans les régions arides,
a le faciès d'une latérite nodulaire, pisolithique ou massive qui se serait formée
sous l'influence de la fluctuation d'une nappe phréatique actuellement disparue.
Ces sols s'ohservent dans tous les États de l'Australie et plus couramment dans
les régions les plus humides, mais aussi, sous leurs formes fossiles, dans les régions
les plus arides. Ils supportent des peuplements végétaux variés de forêts, de
savanes forestières et de hruyères.
2. Les terres jaunes (yellow earths). Ces sols se caractérisent fréquemment par
la présence de nodules ferrugineux en quantité variahle dans leur horizon B.
Ils peuvent donc, dans une certaine mesure, être rattachés aux latérites. Ils se
développent sur des roches variées, des grès jusqu'aux roches ignées. Ils ont
été identifiés dans le district côtier de Nouvelle-Galles du Sud et dans les régions
plus humides du Queensland, de Brishane au golf de Carpentaria.
3. Krasnozems. Ces sols s'ohservent dans les États de l'est de l'Australie,
de la Tasmanie au Queensland. Ils sont heaucoup plus fréquents dans les zones
côtières tropicales. Ils forment aussi quelques petites taches dans les parties
plus humides du Sud australien, en Australie-Occidentale et dans l'île de Norfolk.
4. Krasnozems latéritiques. Ils forment des petits périmètres en complexe
avec les krasnozems typiques dans les districts côtiers et suhcôtiers du Queens-
land.
5. Terres rouges latéritiques (lateritic red earths). Ces sols se limitent aux
régions tropicales et suhtropicales australiennes. Ils ne sont pas ohservés dans
les régions tempérées plus humides de l'Australie-Méridionale, où ils sont rem·
placés dans le paysage par des sols latéritiques podzoliques. Ces terres rouges
sont largement associées aux surfaces anciennes d'âge prohahle pliocène.
6. Enfin, il est possible de rattacher aux latérites les sols calcaires latéritiques,
anciens sols latéritiques envahis par du carhonate de calcium à la suite d'une
nouvelle pédogenèse. Ces sols sont ohservés sporadiquement dans les territoires
du nord de la frange sud de Barkly Tahleland, aux approches nord des Macdonnell
Ranges, également en Australie-Occidentale entre Kalgoorlie et Coolgardie
et, en Australie-Méridionale, sur la péninsule Eyre.

60
Distribution des latérites dans le monde

RELATIONS AVEC LES FACTEURS DU MILIEU

Les premiers essais d'interprétation sont déjà anciens et traitent surtout de


l'action des différents facteurs du milieu. On peut citer les travaux de K<lppen,
Lang (voir Lacroix, 1913), Richtofen (1886) sur le rôle de la végétation; de
Rolland (1903) sur le rôle des bactéries; de Campbell (1917), Harrison (1910)
sur le rôle de la nappe phréatique; de MacLaren (1906), Lacroix (1913) sur
l'action de l'alternance de saisons sèches et humides; de Simpson (1912), Lacroix
(1913), sur l'action de la topographie.
Il semble possible, en regard des connaissances actuelles, de tenter un essai
de synthèse pour préciser l'action des différents facteurs du milieu sur la genèse
des latérites contemporaines.

CLIMAT

Deux données fondamentales entrent en ligne de compte : la pluviométrie et


la température. Les valeurs sont différentes suivant que l'on considère l'ensemble
des formations indurées ou les seules formations indurées dérivant des sols
latéritiques. Maignien (1958) signale que si le milieu latéritique favorise le
cuirassement en enrichissant les sols en sesquioxydes, le cuirassement peut
égalcment jouer sur tout autre matériau contenant suffisamment de sesqui-
oxydes. Il en résulte que les conditions du cuirassement des sols sont beaucoup
moins strictes que celles de l'altération latéritique.
La confusion entre ces deux processus (cuirassement et latéritisation) explique
les données parfois contradictoires exposées dans la littérature pédologique.
Pendleton (1943) estime que, pour qu'il y ait formation de latérites (sous sa
forme indurée), il faut que la pluviométrie soit suffisante pour le développement
et le maintien de formations forestières. Les cuirasses ne pourraient pas se
former sous climats à peuplements de savanes. Pourtant, en Mrique noire,
les zones optimales du cuirassement se distribuent sous climat soudanien, donc
principalement sous savane (Maignien, 1954). Humbert (1948) reconnaît que
les latérites indurées se développent difficilement en région à humidité perma-
nente. Pour MacLaren (1906) ce sont les périodes de sécheresse· qui favorisent
la formation des cuirasses. Ce qui est controversé par Scrivenor (1930) qui
signale la présence de latérites à Malacca dans des régions où il n'y a pas alter-
nance de saisons sèches et humides. Pour Campbell (1917) et Humbert (1948)
une alternance régulière de saisons sèches et humides n'est pas indispensable
s'il se manifeste dans les sols des conditions, même irrégulières, d'humidité et
de dessiccation.
Mohr et Van Baren (1954) estiment que, compte tenu de l'évapotranspiration,
une pluviométrie mensuelle inférieure à 60 mm est caractéristique d'un mois
sec. Aubreville (1949) porte cette limite à 30 mm /mois. Simpson (1912) pense
que les conditions de semi-aridité de l'Australie-Occidentale sont déterminantes
pour la formation de latérite indurée. On pourrait multiplier les exemples.
En fait ces résultats contradictoires découlent de l'étude d'objets qui ne se
rattachent pas tous à la même pédogenèse. Ainsi les conditions de formation
des cuirasses à sesquioxydes de fer sont très différentes de celles des cuirasses
alumineuses. Dans les premières, le rôle des complexants organiques ou du
potentiel redox est déterminant, dans les secondes la genèse dépend étroitement
des conditions de désionisation du milieu.

61
Distribution des latérites dans le monde

Si l'on considère seulement les «sols latéritiques», on constate que la plupart


des études sur le rôle du climat s'appuient sur les relations qui le lient aux varia-
tions de certaines caractéristiques spécifiques des profils, en particulier aux
variations du rapport Si02/Al 20 a. La latérite se caractériserait par un rapport
Si02/AJ 20 a inférieur à 2. Plus ce rapport est has, plus la latéritisation est poussée.
La critique de ce concept n'est plus à faire, car le rapport Si02/~Oa est plus sous,
la dépendance des conditions locales du drainage que sous celle du climat atmos~
phérique. Par exemple, les sols africains des régions forestières équatoriales,
sur granites ont le plus souvent un rapport Si02/~Oa légèrement inférieur à.
2, pour des températures moyennes annuelles de 25 oC. A Madagascar,
sur des formations comparahles, mais pour des températures moyennes annuelles
de 18 à 20 oC, le rapport Si02/Al 20 a descend fréquemment en dessous de 1,0~
les précipitations dans l'un ou l'autre cas étant comparahles. Il est donc difficile
de cerner le prohlème. C'est par la comparaison des faits identiques en relation
avec des essais de pédogenèse expérimentale que l'on arrivera à plus de précision.
L'approche la plus satisfaisante est de se rattacher aux sols dans leur ensemhle
et non uniquement à certaines de leurs caractéristiques morphologiques ou
chimiques, plus ou moins arhitraires.

Température

On trouve peu de travaux traitant des conditions thermiques de la formation


des latérites. Il s'agit pourtant d'une donnée essentielle. Crowther (1930) a
montré que sous une humidité constante le rapport Si0 2/Al20 a croît avec la
température. Pour Rohinson et Holmes (1924), au-dessus d'une température
annuelle de 16 oC, ce rapport est inférieur à 2. Baver et Scarseth (1930), en Ala-
hama, confirment ces résultats. Segalen (1957), à Madagascar, signale que, sUl'
roches hasiques et sous certaines conditions de fortes humidités, le rapport
Si02/~Oa peut s'ahaisser en dessous de 2 pour des températures moyennes
annuelles inférieures à 14 oC.
La majorité des sols latéritiques contemporains se développent sous des
températures moyennes annuelles qui avoisinent 25 oC. Cependant, sur les
hauts plateaux malgaches qui portent des sols latéritiques très profonds, la
température moyenne annuelle est de 18 à 20 oC. Au Ruanda-Urundi, Denisoff
(1959) signale des latosols vers 2 000 mètres d'altitude sous des températures
de 16 oC. Prescott, au Kivu, en reconnaît à plus de 2 000 mètres sous des tempé~
ratures de 15 oC. Or il existe des régions du monde où ces moyennes sont com.
munes et où il n'y a pas de latéritisation. La notion de température devrait
être associée à d'autres valeurs qu'à des moyennes annuelles. Peut-être faudra-t-il
mieux tcnir compte du hilan énergétique. Ceci a été signalé par Scaetta (1939),
mais il ne semhle pas qu'il y ait eu des études poussées dans ce sens.

Pluviométrie

Les valeurs que l'on peut trouver dans la littérature sont extrêmement varia.
hIes, pour la même raison que l'on rapproche des sols qui ne sont pas compa.
rables. La plupart des études portent sur les relations entre le rapport Si02/
~Oa et les précipitations (Segalen, 1957). Mohr et Van Baren (1954) en font la
critique et rapportent qu'il est permis d'aboutir aux conclusions contradictoires
suivantes : a) corrélation négative .entre les précipitations et le rapport Si0s!

62
Distribution des latérites dllllB le monde

Al 20 S (Martin et Doyne, 1927); b) aucune corrélation entre ces deux données


(Vine, 1949); c) corrélation positive entre les précipitations et Si02 /Al20 s (Glan-
geaud, 1941).
En fait, il s'agit surtout de préciser les limites de la latéritisation en relation
avec la quantité minimale de précipitations. L'ohservation des profils contem-
porains semble montrer que la valeur des précipitations peut être différente
suivant que l'on considère un sol sous climat tropical où, à une saison de pluies
très hrutale succède une saison sèche plus ou moins longue, ou hien un sol sous
climat équatorial à précipitations plus étalées.
Dans le premier cas, du moins en Afrique, la limite se situe approximative-
ment vers l'isohyète 1 200 mm, alors que cette limite paraît pouvoir être ahaissée
jusque vers 950/1 000 mm sous climat équatorial. De toute façon cette notion
de précipitation atmosphérique est imparfaite, car son action varie suivant la
nature des roches. Ainsi, en Mrique de l'Ouest, la latéritisation peut se réaliser
sur roches basiques, sous une pluviométrie de 1 100 mm, alors que sur des gra-
nites riches en quartz cette limite s'élève à 1 250-1 300 mm/an. Il semhle donc
qu'à précipitation égale, les climats à saisons peu marquées soient plus agressifs
que les climats tropicaux. Il semble également que les pluies de moussons soient
plus actives que les pluies d'alizés. En effet, plus que la température ou l'humi-
dité, ce sont les relations entre ces deux facteurs qui influencent, en plus ou
en moins, le phénomène.
Les latérites correspondent toujours aux climats dont la période humide
est une saison chaude. Cette notion de climat est importante. Il s'agit de climats
tropicaux semi-humides et de climats équatoriaux. Par contre, les climats suh-
tropicaux, dont les précipitations se situent en saison froide, ne semhlent pas
induire la latéritisation même si la température est supérieure à 20 oC.
A l'opposé, il ne semhle pas y avoir de limites supérieures aux précipitations.
On ohserve des latérites, à horizons indurés, sous des précipitations de plus de
4000 mm/an. Ainsi, en basse Guinée, sous climat tropical, la latérite est parfaite-
ment hien définie, sous une pluviométrie de plus de 6 000 mm/an.
Le cuirassement des sols, quant à lui, est intimement lié aux précipitations
dans ses interactions avec le régime hydrique des sols. En ce qui concerne les
cuirasses ferrugineuses et aussi manganifères, l'immobilisation des -ciments
dépend étroitement du facteur redox : le fer et le manganèse ont des formes
réduites qui sont plus solubles que des formes -oxydées, d'une part, et, d'autre
part, ils se complexent facilement avec les produits de l'activité biologique
pour donner des composés soluhles aux pH normaux des sols. On observe ainsi
une mobilisation active du fer et du manganèse en milieu humide, suivie d'une
immohilisation brutale en milieu sec. Ces conditions optimales se trouvent
réunies sous climats tropicaux semi-humides et humides. A ces climats corres-
pondent le maximum d'extension des cuirasses ferrugineuses qui déhordent
l'isohyète 750 en régions relativement hien drainées, parfois même l'isohyète
540-500 en régions mal drainées.
Le problème des cuirasses alumineuses est différent. En effet les travaux
de laboratoire montrent que la genèse de la gibbsite, oxyde hydratée de l'alu-
minium le plus commun des cuirasses bauxitiques d'origine pédologique, est
étroitement liée à des conditions d'excellent drainage et à un lessivage intense,
par les eaux chaudes, des cations et de la silice individualisés. Ces conditions
se trouvent réunies sous des pluviométries au moins égales à 1 200 mm, pluvio-
métrie de milieu tropical, en des sites qui favorisent le drainage interne, donc

63
Distribution des latérites dans le monde

en pays accidenté, le tout en relation avcc la nature des roches en voie d'alté·
ration, certaines structures favorisant plus le drainage que d'autres, et certaines
ro.ches étant plus pauvres en silice que d'autres.
Par contre, sous climat équatorial, à humidité quasi permanente, les néo-
synthèses argileuses sont favorisées. Les cuirasses alumineuses actuelles sont
rares et réduites à quelques faciès de roches particulières.
En résumé : suivant le rythme des précipitations, suivant la quantité d'eau
arrivant au sol, s'individualisent en dessous de l'isohyète 1 200 des sols ferralli·
tiques à cuirasses (ferrugineuses ou ferro-alumineuses, ou alumineuses) ou des
sols non cuirassés suivant la composition des solutions de percolation et
les conditions du drainage et, entre l'isohyète 750-1 200, des sols divers, diffé·
rents des sols latéritiques, à cuirasses ou à concrétions ferrugineuses parfois
manganifères.

VÉGÉTATION ET FAUNE

Le rôle de la végétation a depuis longtemps attiré aussi l'attention des chercheurs.


Pour la période des années 1900, on peut citer les noms de Koppen, Lang, Rich-
tofen. Pour Glinka (1927), puis Erhart (1935), la latérite ne peut se former que
sous végétation forestière. L'induration suit la disparition du couvert forestier.
De nombreuses études (Blackie, 1949; Aubert, 1950, tout récemment encore
Alexandre et Cady, 1962) insistent sur l'influence de la disparition de la
forêt. Le phénomène est peu controversé, les discussions portent principalement
sur le nombre d'années nécessaires à l'induration ou à la mise à l'affleure-
ment. Inversement d'autres études tendent à montrer l'action de la refo-
restation sur la disparition des niveaux indurés (Rosevear, 1942).
Une fois de plus le problème est mal posé. Si l'on s'en tient aux faits, on cons-
tate que l'extension des sols latéritiques actuels correspond à celle de la forêt.
Par forêt, il faut entendre- formations arborées à cimes jointives. La hauteur
de la sylve n'est pas en cause, car l'on observe des sols latéritiques en formation
aussi bien sous forêts ombrophiles que sous forêts xérophiles dont les cimes ne
dépassent pas 10 à 15 mètres.
Il semble que le rôle de la forêt soit spécialement protecteur. Les cimes join-
tives filtrent les rayons du soleil et protègent le sol contre une trop forte inso-
lation et un trop fort dessèchement.
Théoriquement, les savanes ne donnent pas naissance à des sols latéritiques.
Pourtant elles sont souvent le domaine des latérites. Mais il s'agit alors de faciès
de dégradation de forêts (Aubreville, 1949). Sous les savanes soudanaises, pro-
bablement climaciques, s'individualisent principalement des sols ferrugineux
tropicaux lessivés (Maignien, 1958).
Dans le cas de savanes herbeuses, la strate herbacée provoque la formation
d'un horizon humifère de surface assez épais qui favorise la mobilisation des
sesquioxydes de fer et mène ainsi au concrétionnement. D'Roore (1954, 1963)
a montré que le fer était mobilisé à un degré plus élevé et à une plus grande
épaisseur sous savanes herbeuses que sous forêts. Il semblerait aussi que, dans
certains cas, la végétation herbacée puisse attaquer la kaolinite pour assimiler
la silice (D'Roore, 1954; Fripiat et al., 1954). Les cendres riches en cet élément
augmentent les teneurs en silice des horizons supérieurs des sols (D'Roore,1954). Il
en résulte que les sols latéritiques présentent des quantités parfois considérables
de phytolithes dans leurs horizons de surface (Delvigne, 1963 ; Riquier, 1960).

64
Distribution des latérites dans le monde

L'évolution de la matière organique sous savanes accuse les processus de


lessivages qui sont beaucoup plus actüs que sous forêts. Les sols se décolorent
et prennent une couleur jaune, du moins en surface, pendant que le fer s'indi-
vidualise en concrétions et parfois même en cuirasses en profondeur.
Si l'on considère les formations indurées actuelles, il est certain que les cui·
rasses ferrugineuses sont beaucoup plus étendues sous savanes que sous forêts.
Sous forêts, on observe essentiellement des concrétions, parfois très abondantes,
même sous forêts ombrophiles. II arrive aussi que l'on observe des niveaux
cuirassés. II s'agit alors, soit de cuirasses de nappes liées aux fluctuations d'un
niveau hydrostatique en bordure d'un axe de drainage, soit d'un banc cuirassé
qui matérialise un décrochement ou un replat du relief. Mais ce sont toujours
des formations limitées en étendue. Dès que le cuirassement se développe, la
forêt disparaît et fait place à une savane herbeuse. II est aussi possible d'observer,
au milieu de massÜs forestiers, des clairièrès à sols cuirassés qui sont les traces
de niveaux anciens.
Sous savanes les cuirasses ferrugineuses prcnnent les aspects les plus variés.
La prédominance va aux cuirasses pisolithiques, très denses, très dures, de
couleur brun foncé. Cette généralisation du cuirassement est liée à la facilité
de mobilisation du fer sous savane. Ces cuirassements s'observent à des pro·
fondeurs variables qui ne dépassent pas 2 mètres. La plus ou moins grande
profondeur de cet horizon agit sur l'aspect physionomique de la végétation.
Au fur et à mesure que la cuirasse se rapproche de la surface, la strate arborée
se tasse, les arbres « branchent» près du sol. Parallèlement, les espèces s'isolent
en bosquets, s'accrochant aux termitières. II s'ouvre de vastes clairières envahies
par les graminées et les cyperacées.
Ces clairières sont caractérisées par un développement anormal de termitières
«( champignons» qui leur donnent un aspect particulier.
Si la végétation paraît jouer un rôle considérable sur le cuirassement et le
concrétionnement ferrugineux, elle semble par contre n'avoir qu'un rôle réduit
sur la formation des cuirasses alumineuses profondes. Ces dernières semblent
dépendre principalement des conditions physico-chimiques du milieu d'alté-
ration.
Le problème du reboisement des cuirasses peut être controversé. En effet,
s'il est possible d'observer des reprises forestières sur des vieux massifs cuirassés
en voie de démantèlement, par contre les essais de plantations qui ont été menés
sur les cuirasses subaffleurantes en voie de formation se sont généralement
soldés par des échecs, sans qu'il soit possible de préciser s'il s'agissait de l'action
d'un milieu particulièrement défavorable ou du choix d'espèces mal adaptées.
II est certain que les feux annuels jouent un rôle non négligeable dans la dis-
parition des peuplements arborés sur sols cuirassés. A ce sujet on peut signaler
une expérience très intéressante menée depuis plus de trente ans dans la région
de Bouaké, en Côte-d'Ivoire, sur sols rouges ferrallitiques concrétionnés. II
s'agit d'une ancienne région forestière qui a été déboisée par l'homme au cours
du siècle dernier. Trois parcelles d'un hectare ont été délimitées. L'une est entiè-
rement protégée, l'autre est soumise à des feux précoces, la troisième à des feux
tardüs. La parcelle entièrement protégée est encombrée par des espèces fores-
tières ; la trouée se referme peu à peu. La parcelle soumise à des feux précoces
prend l'aspect d'une savane herbeuse et présente toutes les caractéristiques
d'un bowal, avec mise à l'affleurement d'un niveau induré cimenté par les solu-
tions ferrugineuses mobilisées sous l'action des peuplements graminéens.

65
Distribution de. latérite. dan. le mond~

Il Y a donc interactions reclproques entre la végétation, la formation des


sols latéritiques et des sols cuirassés.
Un rôle également important est l'effet protecteur de la végétation vis-à-vis
des phénomènes de ruissellement. En zone intertropicale le ruissellement est
toujours sensihle quelle que soit la nature du couvert végétal. Il s'agit le plus
souvent d'un ruissellement diffus en nappe qui se réalise même sous forêt omhro-
phile (Rougerie, 1958b). Ce ruissellement dépend plus de l'intensité des préci-
pitations que de la porosité des sols. Le module de cette dernière est souvent
inférieur à l'intensité des pluies, laquelle atteint parfois 6 mm/min. (Fournier,
1960). Cependant, si la végétation freine peu le ruissellement, elle a néanmoins
un rôle non négligeahle sur l'érosion par l'eau. Elle hrise la vitesse de circulation
de la nappe et diminue son effet érosif, ceci étant valable aussi hien pour la
végétation forestière que pour les peuplements herhacés. Mais, comme ces der-
niers sont la plupart du temps détruits par les feux en déhut de saison des pluies,
le sol est complètement dénudé, ce qui le sensihilise à l'érosion par l'eau. Les
horizons meuhles de surface des sols cuirassés s'amincissent peu à peu. Les
niveaux indurés affleurent progressivement. Des études nomhreuses ont porté
sur la vitesse de ces phénomènes. En sols intensément cultivés le décapage
annuel peut atteindre 5 mm.
Un effet également non négligeahle de la végétation est son action sur les
processus de remaniement qui se produisent dans les horizons superficiels des
sols latéritiques. La végétation non seulement influe sur les teneurs en éléments
grossiers (déhris de quartz, gravillons) qui se concentrent à la suite de l'entraîne-
ment des matériaux fins par les eaux de ruissellement, mais aussi sur une cer-
taine homogénéisation de ces matériaux par action mécanique des racines.
Ce rôle des racines dans le remaniement des hlocs de cuirasses a également
été signalé par de Chetelat (1938) qui indique qu'un certain remaniement sur
place peut également être le fait d'animaux.
Le rôle de la faune du sol sur le remaniement, la sélection texturale, l'homo-
généisation des horizons de surface des sols tropicaux sont souvent considérahles.
Actuellement, l'attention est attirée par le rôle des termites sur la formation
des cuirasses (Erhart, 1951), la morphologie de certaines cuirasses (Tessier,
1959) qui fossilisent de vieilles termitières, la formation des stone Zincs (de Hein-
zelin, 1952; Ruhe, 1954), les niveaux susjacents à ces niveaux de pierres ayant
peut-être été apportés par les termites. Chevallier (194.9) a signalé le rôle des
termites dans la formation de néosols sur les cuirasses afReurantes. Des effets
analogues ont été signalés par Boyer (1956). Mais, à côté des termites, d'autres
animaux peuvent jouer un rôle important, les vers de terre, en particulier, qui
transforment la partie supérieure de certains sols du moyen Cameroun ou de
la côte est de Madagascar.
L'action de la faune des sols sur la pédogenèse des sols latéritiques est, en
fait, peu étudiée. Il y a là un domaine de recherches qui pourrait être développé,
sans oublier naturellement le rôle de la microflore et des hactéries du sol qui
oriente certains processus pédogénétiques (mohilisation des sesquioxydes, alté-
ration des silicates, lessivage des argiles, etc.).

ROCHES ET MATÉRIAUX ORIGINELS

Les latérites indurées et les sols latéritiques s'ohservent sur tous les types de
roches, sauf, peut-être, sur certaines quartzites particulièrement pures. Pour-

66
Distributio'n des latérites dans le monde

tant ce fait a longtemps été controversé. Récemment encore, l'existence d'ar-


giles latéritiques provenant de l'altération de calcaires récifaux a été mise en
doute à Harti (Butterlin, 1961). Pratiquement, le problème se résume aux rela-
tions possibles entre latérites et matériaux sous-jacents. Les latérites dérivent-
elles de l'altération des roches sous-jacentes? Si oui, quelles sont ces relations?
Si non, quels sont les processus mis en cause?
D'une façon générale, il semble que les processus de latéritisation (altération
et cuirassement) sont plus intenses et plus généralisés sur roches basiques que
sur roches acides, riches en quartz. Cependant, d'autres facteurs, en particulier
des facteurs géographiques et des facteurs de températures, interfèrent pour
masquer ces tendances. Les facilités d'altération de roches basiques, telles que
basalte, norite, schiste amphiholitique, etc., ont longtemps fait penser que ces
roches seules pouvaient donner naissance à des latérites. La littérature fait
même mention d'une origine volcanique des latérites. Cependant, sur roches
acides telles que granites, granulites, gneiss, schistes sériciteux, schistes arko-
siques, etc., on ohserve de la latérite aussi hien sous ses formes indurées que
sous ses formes meubles. Ces phénomènes restent cependant plus limités que
sur roches hasiques. Les roches sédimentaires peuvent également donner nais-
sance à des latérites. Si les roches siliceuses, très pauvres en hases, présentent
des processus d'altération réduits, par contre on peut y ohserver des processus
de cuirassement par imprégnation ferrugineuse à partir de solutions enrichies
en sesquioxydes dans les formations voisines (Maignien, 1958). On ohserve
également des latérites indurées et des sols latéritiques sur des roches calcaires
(Stephens, 1946). Mais ces roches se situent en position de drainage favorahle,
sinon il y a évolution vers des vertisols, particulièrement quand le matériau
originel est argileux (Paquet, Millot et Maignien, 1961). Mais ces vertisols peu-
vent aussi présenter en profondeur des horizons de grenailles ferrugineuses,
souvent légèrement manganifères, qui rappellent étrangement les latérites
nodulaires.
L'approche du prohlème ohlige une fois de plus à séparer les sols à cuirasses
ferrugineuses des sols à cuirasses alumineuses ct des sols latéritiques proprement
dits. Ces derniers peuvent se développer sur toutes les roches contenant des
minéraux alumino-silicatés. Il semhle d'ailleurs y avoir une relation assez étroite
entre le pourcentage en ces minéraux, que l'on peut qualifier de «latéritisables »
et la quantité de quartz dissoute. De nombreux sols ferrallitiques montrent
des grains de quartz plus ou moins cariés. L'intensité de cette altération paraît
être en relation avec la quantité de minéraux ferro-magnésiens. D'autre part,
plus les tensions internes à l'intérieur de la roche ont été fortes lors de la cris-
tallisation, plus les quartz sont altérables. Ainsi, ceux des gneiss mélanocrates
peuvent disparaître presque entièrement, alors que ceux des granulites se con-
servent particulièrement hien. Les tensions créent de fines diaclases qui favo-
risent la pénétration des solutions ferrugineuses, lesquelles éhranlent la masse
qui se trouve réduite en éléments de plus en plus fins. Ces mécanismes augmentent
les surfaces d'attaque et, par suite, les possihilités d'hydrolyse.
Le mica hlanc (muscovite) résiste parfaitement hien à l'altération latéritique
(Pécrot et al., 1962). Les argiles des roches sédimentaires peuvent également
s'altérer profondément. Le prohlème se pose cependant pour la kaolinite. Les
possibilités d'altération de ce minéral dans les sols tropicaux sont controversées.
Certains lient la diminution du rapport Si02 /A1 20 s à la destruction de la kao-
linite (Lacroix, 1913; Segalen, 1957). Cependant des faits d'observation tendent

67
.Distribution des latérites dans le monde

à montrer que ce minéral est extrêmement stable quand les conditions d'acidité
et de désaturation du milieu tropical humide sont marquées. Les seules données
positives de cette altération sont fournies par des photographies prises au micro-
scope électronique qui montrent une certaine attaque des cristaux de kaolinite,
sous l'action de peuplcments herbacés postforestiers (D'Hoore, 1954). Mais
ces processus paraissent réduits et sans commune mesure avec les masses énormes
de gibbsite que l'on retrouve dans certains sols latéritiques.
Des études déjà anciennes tendent à montrer que les proportions relatives
de kaolinite et de gibbsite sont liées à la nature des roches. Mais des données
plus récentes prouvent qu'il n'en est rien et que ces proportions sont essentiel-
lement fonction des conditions du drainage et du contenu ionique des eaux
de percolation. Le rôle de la roche est de délimiter les possibilités de transfor-
mation (Pecrot et al., 1962).
L'altération latéritique d'une roche définit-elle les sols ferrallitiques? Il
existe de nombreux sols tropicaux qui présentent la morphologie et les carac-
téristiques analytiques des sols latéritiques, mais qui se développent sur des
matériaux anciennement latéritisés et plus ou moins remaniés. Il s'agit en
particulier des sols sur nappeS' de recouvrement de l'Afrique noire. Le matériau
originel est en équilibre climatique avec le milieu naturel. Aucune altération,
ni aucune transformation, n'est visible. Ceci prouve que la composition miné-
ralogique du matériau originel n'a qu'une importance limitée sur la compo-
sition des latérites. Les caractéristiques spécifiques des matériaux s'effacent
devant la latéritisation.
Lorsqu'on considère les sols à cuirasses alumineuses, on constate que si les
formations indurées sont étroitement liées au processus de latéritisation tel
qu'il a été traité précédemment, elles correspondent aussi à des conditions
particulières du milieu, à savoir drainage accéléré, désionisation du milieu et
conditions sévères de désilicification. A ces seules conditions s'individualise
la gibbsite, qui est l'élément le plus constant des cuirasses alumineuses. Ceci
se réalise ordinairement sur des roches basiques (norites, diabases, etc.) en
position de relief assez accusé, sous un climat tropical très humide. Cependant
des périodes de sécheresse, même de faible durée, ne sont pas indispensables
à l'individualisation de la gibbsite (Herbillon et Gastuche, 1962). D'une façon
générale, il y a des relations étroites entre la composition des roches sous-jacentes
et lcs cuirasses alumineuses. En particulier, ce sont les roches riches en plagio-
clases qui donnent le plus facilement de la gibbsite.
Il est possible d'observer des enrichissements en alumine sous forme de bœh-
mite. Dans ce cas particulier, les relations avec le matériau sous-jacent parais-
sent moins nettes. La cristallisation n'a pas lieu sur place comme pour la gibbsite,
mais se réalise après un transport plus ou moins long, ce qui rapproche ce type
de cuirasse des cuirasses ferrugineuses.
Les conditions de formation de ces dernières, en relation avec la nature des
roches, sont encore beaucoup plus larges que celles de l'altération latéritique.
On les observe sur les matériaux les plus variés et, si souvent il semble y avoir
certaines relations entre les horizons d'un même profil et l'horizon cuirassé,
plus souvent encore il n'y a que des relations lointaines. Le sol en place ne cons-
titue qu'un matériau de réception où viennent s'accumuler des solutions qui
se sont enrichies en fer au contact de formations voisines. Donc, si les sols qui
se développent sur des roches riches en minéraux ferrugineux peuvent donner
de très belles cuirasses ferrugineuses, des sols formés à partir de matériaux

68
Distribution des latérites dans le monde

pauvres en cet élément peuvent présenter des horizons indurés ferrugineux


à la suite d'accumulations ohliques ou latérales. Ce sont des cuirasses d'accu-
mulation ahsolue (D'Hoore, 1954). C'est, en définitive, la possihilité qu'offre
un paysage donné de fournir une certaine quantité de fer qui induit l'intensité
du cuirassement dans les zones de réception. Le fer en pseudo-solution dans
les eaux d'e percolation se déplace avec ces dernières. La somme de ces migrations
partielles est un mouvement généralisé du fer des reliefs élevés vers les parties
hasses du modelé.

MODELÉ

Dans l'étude dcs relations entre latérite et modelé se posent deux questions
principales : Quelles sont les relations avec les différentes formes du modelé?
Quelles sont les positions relatives entre les différentes formes du modelé?
Ces questions sont à résoudre en distinguant d'une part, les sols d'altération
latéritique, à cuirasses alumineuses ou non, et d'autre part l'ensemhle des sols
à cuirasses ferrugineuses.

Relations avec les différentes formes du modelé

La littérature pédologique est unanime: la latérite s'ohserve surtout sur des


surfaces planes, ou à faihle pente, tout au plus monoclinales (Newhold, 1846;
Oldham, 1893; Lacroix, 1913; Holmes, 1914; Camphell, 1917; etc).
Cette caractéristique est signalée dans toutes les parties du monde où l'on
trouve de la latérite, et plus particulièrement en Inde, en Australie et en Mrique.
Cependant, certaines notes discordantes limitent la portée générale de cette
affirmation. De Chetelat (1938) signale, en Guinée, en région schisteuse des
latérites hauxitiques sur des modelés de collines. Dans le sud-ouest de l'île
de Ceylan, on ohserve des latérites présentant le faciès de Buchanan sur de
petites collines à charnockite.
Comment concilier ces faits d'apparence contradictoire? Il faut pour cela
distinguer encore une fois les sols d'altération latéritique des sols à cuirasses.
Les sols d'altération latéritique ne s'ohservent jamais, du moins dans leur
stade juvénile, en position déprimée à mauvais drainage. Ce sont des sols hien
drainés, qu'il s'agisse de drainage externe ou de drainage interne. Comme cela
a déjà été signalé, ils se développent sous des pluviométries élevées et sous végé-
tation forestière. L'ensemhle de ces facteurs oriente la mise en place d'un modelé
de collines et plus particulièrement d'un ensemhle de pentes marquées à formes
convexes qui facilite l'écoulement des eaux.
Cependant, certaines évolutions pédogénétiques en relation avec la mise en
place de niveaux indurés peuvent modifier profondément cette géomorphologie.
Ces interférences sont plus ou moins sensihles suivant qu'il s'agit d'un cuiras-
sement alumineux ou d'un cuirassement ferrugineux. Seuls les sols d'altération
latéritique peuvent, sous certaines conditions, donner naissance à des horizons
alumineux indurés. Ce type de cuirassement, principalement gihhsitique, se
réalise dans les parties les plus drainées des modelés de colline, donc surtout
aux sommets et sur les pentes qui les jouxtent. On les ohserve heaucoup plus .
rarement en has de pente. Il s'agit, le plus souvent d'ailleurs, d'horizons d'aI-
tération à faciès « pain d'épice» qui ont évolué vers une cuirasse scoriacée.
La mise à l'ailleurement de ces niveaux durcis à la suite du décapage des hori-

69
Distribution des latérites dans le monde

zons meubles sus-jacents, par l'érosion normale ou anthropique, fossilise les


formes du modelé cuirassé. Par exemple, en Guinée, dans la région de Dalaba,
on observe des pentes supérieures à 20 % entièrement cuirassées par altération
et transformation sur place de dolérite en bauxites. Ces cuirasses, bien que
beaucoup moins dures que les cuirasses ferrugineuses, offrent une résistance
suffisante aux agents de l'érosion pour provoquer peu à peu une inversion de
relief, les formations meubles voisines étant plus rapidement déblayées que
les formations indurées. Celles-ci présentent, en surface, un aspect mamelonné
où se matérialise une dissolution partielle des composants. Il s'ensuit une ten-
dance à l'aplanissement des parties supérieures du relief. Mais ces mécanismes
sont peu marqués ct, d'une façon générale, le modelé des sols à altération laté-
ritique et celui des sols latéritiques à cuirasses alumineuses ne sont pas liés
spécifiquement à des formes subhorizontales, mais plutôt à des formes de modelé
convexe (fig. 4).
Le problème est tout autre pour les sols à cuirasses ferrugineuses. Ces forma-
tions sont typiquement liées à une topographie subhorizontale, les pentes étant
toujours inférieures à 8-9 % (D'Hoore, 1954 ; Maignien, 1958). On peut observer
des cuirasses ferrugineuses sur toutes les formes du paysage dont la pente est

B +25 m --== Bowol Cuirasse

~ \'{P ~~
portiellement
+7m effondrée
~ Ploine
olluviole Milo

~~. ~~~;d.L--ULl..-
Fe +Mn
Fe +Mn
Niveau o~tuel
d'hydromorphie

FIG. 4. Distribution des cuirasses dans le paysage.


A. Hauts plateaux (Guinée).
B. Vallée du Niger (région de Kankan).

70
Distribution de. latérites dans le monde

inférieure aux valeurs précédcntes. Il peut s'agir de plateaux, de plaines, des


terrasses alluviales, de replats structuraux, peu importe leur étendue. Cette
répartition est liée au fait que le fcr, qui cimente certains horizons en cuirasse,
a une dynamique qui est liée aux mouvements de l'eau dans les sols. En régions
tropicales, les eaux de percolation circulent ohliquement ou latéralement, à
des profondeurs variahles, mais jamais très fortes (quelques mètres au maximum).
L'influence de nappes phréatiques, temporaires ou non, suspendues ou non, est
primordiale, car la mohilisation et la migration du fer sont conditionnées par
les variations du facteur redox, lequel dépend en grande partie du degré de
saturation en eau et du régime hydrique des sols.
L'intensité du cuirassemcnt ferrugineux n'est fonction que des possihilités
d'un hassin versant à fournir une certaine quantité de fer qui va s'accumuler
dans les parties suhhorizontales qui jouent comme zones de réception. Ainsi
toute forme suhhorizontale a la possihilité de se cuirasser. Lorsque ce cuirasse·
ment est réalisé, les phénomènes normaux de l'érosion tendent à mettre ces
formations à l'afReurement. Quand cette phase est atteinte, les cuirasses offrent
une résistance considérahle au décapage. Les cuirasses fossilisent les formes
où ellcs se sont mises en place, à savoir les formes suhhorizontales, qui se mul·
tiplient dans le paysage, pour l'envahir parfois presque complètement comme
cela s'est réalisé en certaines régions d'Mrique noire. Cette évolution n'implique
pas qu'à l'origine tout le paysage était suhhorizontal, mais qu'au cours de l'é·
volution géomorphologique les formes suhhorizontales successives se sont cui-
rassées et conservées; d'où leur envahissement progressif (fig. 5).
Contrairement à ce qui se réalise pour les sols à altération ferrallitique, les
accumulations ohliques et latérales du fer orientent la mise en place de formes
concaves. On ohserve de très longs glacis, à pentes de 8·9 % en amont, qui
s'aplanissent peu à peu vers l'aval pour se terminer par un ressaut cuirassé,
lequel domine un axe de drainage. Les formes en escalier caractérisent ce mode
de cuirassement.
Ce modelé peut également se mettre en place en régions d'altération latéri·
tique et à cuirasses alumiueuses. Les portions suhhorizontales de ces modelés,
peuvent s'imprégner de solutions ferrugineuses, se cuirasser et se fossiliser.
Comme ce type de cuirasses alumino-ferrugineuses est plus induré que le type
uniquement alumineux, les formes fossilisées se conservent mieux et peuvent
se multiplier, comme dans le cas des cuirasses ferrugineuses. L'on ohserve une
succession de petits replats cuirassés, suspendus, qui jallonnent les pentes.
Ces cuirasses ne correspondent pas forcément à des surfaces d'érosion succes·
sives. Elles sont souvent contemporaines.
En résumé, la topographie suhhorizontale des latérites indurées est liée essen-
tiellement à l'évolution des sesquioxydes de fer. Les sols à altération latéritique
et à cuirasses alumineuses peuvent s'ohserver sur des pentes plus marquées.
Cependant, l'existence d'un relief peu accusé, générateur de surfaces stahles
pour de longues périodes, favorise ces types de cuirassement (Mulcahy, 1960,
1961).

Position relative des cuirasses dans le modelé

Les formations indurées se distribuent daus le paysage en des positions topo-


graphiques variées. Blanford (1859) a été amené à classer les latérites de l'Inde
en variétés de hautes et de hasses altitudes, distinguant par là les formations

71
A
r"

_... .... "


Cuirasse
'
: ..:.: :-: ..
;;:;;:;.. ,..,

Source ~

B Mare
asséchée
Sols
argileux
Cuirasse Gravillons Horizon
rouge
Horizon
humifère
1%

1,5 7o%...A~_---:--:-:--c-:-~ '. "':' ..


_!--""7"+:-~'
:,:. '. ~. ..~." .'. '.' .' :.:;:.:'::: :.... ~
<""'7 •• ' .:...-;.;...
33 m

FIG. 5. Mise en place des cuirasses par lessivage oblique.


A. En milieu ferra11itique.
B. En milieu hydromorphe.
C. En bordure de vallée.

72
Distribution des latérites dans le monde

indurées recouvrant les sommets des plateaux et des collines des régions mon-
tagneuses du centre et de l'ouest du pays de celles se développant à hasse alti·
tude en hordure de la côte. II a rapidement été signalé qu'à ces différences de
positions topographiques correspondaient des différences morphologiques.
Ainsi les cuirasses de hasses altitudes sont généralement plus ferrugineuses
et moins épaisses que celles des reliefs plus élevés. D'autre part les cuirasses
des niveaux inférieurs présentent fréquemment des matériaux alloctones (sahles,
galets) qui signalent une origine polycyclique ou détritique (Oldham, 1893).
S'appuyant sur le rôle important de la nappe phréatique dans la gcnèse des
latérites, Camphell (1917) considère les cuirasses de hasses altitudes comme
des cuirasses «vives », car elles suhissent encore l'influence de ces nappes.
Les cuirasses de hautes altitudes sont considérées comme des cuirasses
«éteintes », les nappes ayant disparu avec l'approfondissement des niveaux
de hase.
En fait, ces données ne signalent que des tendances générales et, dans le
détail, il est possible d'ohserver des données contradictoires. Harrison (1933)
signale des latérites vives sur les hauts reliefs; Ruhe (1954) constate que des
cuirasses de hautes altitudes ont un aspect conglomératique (présence de pierres
et de galets).
L'épaisseur des cuirasses n'est pas toujours fonction de la position topogra-
phique. Ceci résulte, en particulier, de l'importance des accumulations latérales
par les eaux qui drainent en hordure des décrochements de relief. En ces empla-
cements, les cuirasses sont toujours beaucoup plus épaisses (parfois plus de
10 mètres) qu'au centre des plateaux. Une coupe en travers fait apparaître
une forme biseautée caractéristique (Maignien, 1958). II n'en est pas moins
vrai que l'ahaissement du niveau de base tend à approfondir le front d'altéra-
tion des sols latéritiques, d'où il résulte une augmentation de l'épaisseur des
cuirasses qui s'y développent. Ces phénomènes ne sont pas en relation avec
l'altitude ahsolue des cuirasses, mais avec leur position relative par rapport
aux axes de drainage. Ces différences sont accusées par le fait que les cuirasses
des niveaux inférieurs sont toujours plus riches en fer et que, d'une façon géné-
rale, les cuirasses ferrugineuses sont toujours moins épaisses que les cuirasses
d'altération latéritique. Donc on ne peut comparer que l'épaisseur de cuirasses
résultant d'une même pédogenèse.
A côté des cuirasses de hautes et de hasses altitudes, on distingue fréquem-
ment des cuirasses de has de pente. Ce sont théoriquement des cuirasses détri-
tiques formées par la consolidation de fragments de latérites provenant de
l'éhoulement de niveaux plus élevés. Elles se distribuent aux pieds de collines
anciennement cuirassées.
II semhle que ce type de cuirasses soit heaucoup moins développé que ne
le laisse supposer la littérature. En effet, le prohlème du démantèlement des
cuirasses et du transport des matériaux résiduels peut être controversé. Si
ces processus sont bien marqués en régions arides, où ils amènent à la formation
de «sols de chaussées» et de regs, par contre, dès que la pluviométrie dépasse
500 mm/an, les phénomènes de dissolution dcs sesquioxydes l'emportent sur
les phénomènes mécaniques. Les faits d'observation montrent que, dans ces
conditions, le transport latéral des matériaux cuirassés qui s'éboulent le long
des pentes, à la suite du soutirage des formations meubles sous-jacentes, n'est
jamais très long, de l'ordre de quelques centaines de mètres. Le classement
des produits de plus en plus fins se limite à une frange étroite aux pieds des

73
A Terre
meuble
Pente
2% Ërosion
Pente 5~
70 Cm
;
•••.•.• :~;: .•:\;.... -k •...

~ ......_-" .
3
Cuirasse ~~ place

Cuirasse ~n voie
dl effondremen t

B Tassements

~--

c Corniche
,/
Cuirasse en place
, ::: :..:,
Traces de l'ancienne
corniche
·.. ~i . 9;~.~i.~o;n:r~ .. ~:.--- -~-n;~~~\"

FIG. 6. Évolution du modelé en régions cuirassées.

Bowol

i
~
Voilée

t
Cuirasse alumineuse Colluvions
l-J
Cuirasse ferrugineuse
relative obsolue

:F:IG. 7. Différenciation des sesquioxydes dans le paysage.

74
Distribution des latérites dans le monde

pentes abruptes. Les sesquioxydes sont rapidement solubilisés, puis entraînés


par les eaux de ruissellement et de percolation. Ils vont s'immobiliser dans
les zones basses pour donner naissance à de nouvelles cuirasses d'imprégnation.
La structure parfois arrondie de ces dernières peut faire illusion. Elle ne maté·
rialise en fait qu'un type de précipitation dans un miiieu relativement saturé
en bases alcalino-terreuscs ou dans un milieu assez argileux (Maignien, 1958).
Sous climat humide, la disparition d'un niveau cuirassé se réalise sur place,
par effondrement de la masse (fig. 6). Les transports latéraux sous formes solides
sont réduits. Les produits solubilisés ont une vie plus ou moins brève suivant
les climats. Sous des climats de type soudanien (500 à 1 200 mm/an), les ses-
quioxydes peuvent s'immobiliser rapidement pour cuirasser les sols des niveaux
inférieurs voisins; sous climat équatorial humide, les sesquioxydes restent mobi-
iisés et peuvent être exportés vers des bassins intérieurs ou vers les océans
où ils se déposent. Ainsi la position relative des cuirasses, à travers un paysage
donné, ne fait que concrétiser une sélection des différents sesquioxydes en rela-
tion avec lcurs possibilités de mobilisation. Il y a lessivage différentiel. Le man-
ganèse, puis le fcr, vont migrer les premiers et le plus loin, dans cet ordre; l'alu-
minium évoluera beaucoup plus lentement. Il en résulte que les cuirasses des
hauts reliefs, surtout si les massifs sont très compartimentés, sont plus riches
en alumine que ceux des bas reliefs, non parce que les phénomènes d'altération
latéritiquc ont été différents à l'origine, mais surtout parce qu'au cours des
temps, le fer a été éliminé plus rapidement que l'alumine (fig. 7). Il y a augmen-
tation relative de cet élément, même si le bilan général fait apparaître des pertes
sensibles. Il n'importe que dcs phénomènes d'altération comparables peuvent
se réaliser actuellement sur des surfaces d'âges différents, si les conditions cH-
matiques sont identiques. Les conditions particulièrcs d'immobilisation des
sesquioxydes de fer font que la plupart des cuirasses ferrugineuses s'imposent
en bordure des décrochements du relief. Dans la littérature, elles portent des
noms variés (cuirasses de nappes, cuirasses de galeries, etc.). Ces cuirasses mou-
lent les axes de drainage, forment des auréoles indurées en tête des sources.
L'importance et l'intensité des phénomènes sont en relation avec la quantité
de sesquioxydes qui évolue dans la zone considérée (fig. 8).
Enfin une dernière position doit être signalée qui concerne les latérites lacus-
tres (Fermor, 1911) qui se développent dans les zones marécageuses. Des bancs
cuirassés ont également été signalés en bordure des zones de marnage des man-
groves. .
La position topographique actuelle des cuirasses apparaît souvent comme une
conséquence d'une inversion de relief. Les zoncs cuirassées ont protégé les zones
où elles se sont développées; l'érosion a abaissé les zones environnantes. Les
cuirasses anciennes occupent les positions les plus élevées et sont réduites len-
tement par retrait latéral des pentes. Les produits du démantèlement accusent
le cuirassement dcs zones basses en voie d'altération latéritique dans les régions
humides, ou contribuent au cuirassement de sols non latéritiques en régions
plus sèches, ceci sur des roches diverscs.

ÂGE

L'étude de la pOsItIOn topographique des latérites dans un paysage montre


que de nombreuses cuirasses sont anciennes. Ceci est particulièrement net en
régions arides, où les conditions actuelles de la pédogenèse ne permettent pas

75
Distribution des latérites dans le monde

Zone marécageuse
1 et CUirOSrment

."
'l Abaissement
des niveaux
de bose

Cuirasse
3
---~
Fe .... '-"~''':''''4y

.•.•.... ~~SOurce
Cuirasse ~
Grotte

FIG. B. Accumulation des sesquioxydes et cuirassement.

la mise en place de ces formations. On peut à ce sujet signaler les formations


du sidérolithique européen qui sont probablement d'anciennes latérites rema-
niées.
En Australie, les latérites indurées du Queensland seraient lcs produits de
deux périodes humides du pliocène (Whitehousc, 1940). A Ceylan, la plupart
des cuirasses seraient d'âge pléistocène et pliocène et peut-être mêmes antérieures
(Fernando, 1948). Ruhe (1954) date les latérites de l'Ituri (Congo) du milieu
et de la fin du tertiaire. Au Soudan et au Niger, les cuirasses les plus anciennes
seraient rissiennes. En Guinée forestière, les cuirasses de la surface supérieure
seraient anté-kamassiennes, donc paléolithiques (Schnell, 1949). Au Sénégal
et en Mauritanie, la cuirasse ferrugineuse qui surmonte les formations du con-
tinental terminal serait villafranchienne. Michel (1960) estime que la première
surface d'aplanissement des bassins du Sénégal et de la haute Gambie est cré-
tacée inférieure; la seconde serait eocènc et la cuirasse ferrugineuse inférieure
serait d'âge néogène.
Le recoupement des travaux effectués en Mrique tend à montrer que la pre-
mière grande période de latéritisation est tertiaire. Elle se serait développée
sur une surface d'aplanissement crétacée. Cette période extrêmement longue
aurait eu une aire d'extension géographique considérable et il est fort possible
qu'elle se soit étendue jusqu'en Europe. En Afrique noire, les restes de cette
surface sont nombreux. Ils sont mieux conservés en régions subarides et sub·
humides qu'en régions humides. Dans le domaine forestier, on ne l'observe
que sporadiquement. Leneuf (1959) date la cuirasse du mont Orumboboka
(Côte-d'Ivoire) de 42 millions d'années, ce qui la ferait d'âge oligocène ou éocène.
La lente évolution des cuirasses anciennes a parfois amené à penser que la
latéritisation serait un phénomène passé. Il y a pourtant de nombreux exemples
connus de latérite de formation actuelle (Fermor, 1911; Simpson, 1912; Lacroix,
1913; Campbell, 1917; Marbut, 1932; Harrison, 1933, etc.). Il est probable
qu'en régions intertropicales humides, les phénomènes de latéritisation ont

76
Distribution des latérites dans le eonde

joué en permanence depuis le tertiaire, mais plus ou moins intensément suivant


les conditions climatiques. Les phénomènes se sont accumulés au cours des
temps. Leneuf (1959) estime que « dans les conditions les plus humides de Côte-
d'Ivoire, 20 000 à 77 000 années seraient nécessaires pour assurer la ferralliti-
sation théorique complète d'un granite calco-alcalin sur 1 mètre d'épaisseur;
53 000 à 192 000 années seraient exigées dans la zone forestière centrale
moins humide ». Or nous savons que pendant des périodes aussi longues les
fluctuations climatiques sont parfois très sensibles.
Comme les processus de latéritisation jouent sur des épaisseurs souvent
considérables, on conçoit que le produit final ne reflète que la somme des méca-
nismes spécifiques à chaque période climatique. Il devient ainsi très difficile
de rattacher les objets étudiés aux facteurs du milieu. Cependant, de nombreux
faits d'observation montrent que la latéritisation se réalise actuellement sur
des surfaces d'âges différents.
Pour mieux comprendre la répartition des latérites en fonction des surfaces
d'érosion, il faut se placer dans le domaine de l'altération latéritique, à savoir
sous des climats tropicaux à pluviométrie supérieure en moyenne à 1200 mm.
Sous ces climats, ainsi que sous les climats équatoriaux humides, toutes les
surfaces, quel que soit leur âge, peuvent se latériser dans le sens d'une altération.
Par contre les processus de cuirassement ne s'imposent qu'en régions tropicales,
à saisons alternées. En régions tropicales humides, le cuirassement se limite
à des conditions de pédogenèse particulières.
Sous climats tropicaux plus secs, les sols d'altération latéritique à cuirasses
alumineuses, lorsqu'ils existent, ne s'observent que sur les surfaces anciennes,
matérialisant ainsi les fluctuations climatiques passées. Les surfaces récentes
portent des sols différents, par exemple en Mrique noire des sols ferrugineux
tropicaux, qui peuvent se cuirasser fortement à la suite du démantèlement
des anciennes surfaces riches en sesquioxydes. Ces derniers s'accumulent, comme
il a été signalé précédemment, dans les niveaux inférieurs qu'ils cimentent.
La prédominance de cuirasses anciennes indique que l'évolution générale du
climat a été dans le sens d'un dessèchement. L'absence de surface ancienne
en régions forestières ne signifie pas que ces cuirasses n'ont pas existé, mais
qu'il est possible que, les conditions climatiques devenant plus agressives,
c'est-à-dire allant dans le sens d'un échauffement et d'une augmentation
des précipitations, les formes anciennement cuirassées aient disparu.
En étudiant les différents types de cuirasses et leur répartition relative
dans un paysage donné, on peut reconstituer l'histoire paléoclimatique de la
région.
Il semble bien prouvé que les phénomènes qui contribuent à la formation
des latérites demandent des temps très longs. Cependant, la mise en place des
cuirasses ferrugineuses paraît se réaliser beaucoup plus rapidement. Elles seraient
ainsi très sensibles aux fluctuations climatiques. Néanmoins, il faut se méfier
des calculs, qui font souvent confusion, entre cuirassement et mise à l'affieure-
ment des horizons indurés par érosion. Ainsi, par exemple en Casamance, on
estime qu'il a fallu approximativement trois à quatre siècles pour amener à
l'affieurement les cuirasses ferrugineuses qui se développent vers 1,5 à 2 mètres
de profondeur dans les sols.
Il peut y avoir également confusion entre individualisation des horizons
latéritiques et induration. Alexander et Cady (1962) signalent que l'induration
d'un matériau meuble préconditionné par la latéritisation peut se produire en

77
Distribution des latérites dans le monde

quelques dizaines d'années d'exposition à l'air. Ceci est d'ailleurs la caractéris-


tique essentielle de la latérite de Buchanan.
Ces précisions sont primordiales, car elles conditionnent le mode d'utilisation
des sols. Il est improbable que l'on puisse, du moins à l'échelle humaine, agit-
sur la latéritisation. Par contre, il est possible d'empêcher l'érosion des horizons
meubles, qui surmontent les cuirasses, et d'éviter l'induration des horizons
préconditionnés en les protégeant contre l'insolation, ce qui implique la conser-
vation de la couverture végétale.
Quelques points restent à préciser qui concernent des phénomènes d'hysté-
résie (Maignien, 1960). Certains sols ayant amorcé une évolution de type laté-
ritique peuvent parfois la poursuivre quand les conditions climatiques sont
devenues moins actives. Il a déjà été signalé que l'on pouvait observer des
altérations latéritiques actuelles sous climat relativement sec, par exemple
au Mali, au nord de Bamako. Dans ce cas particulier, l'évolution a débuté
sous des conditions de plus fortes humidités il y a plusieurs milliers d'années.
Elle se poursuit actuellement, car elle est protégée des fluctuations extérieures
par une cuirasse ferrugineuse qui limite tout dessèchement. Ce fait très courant
en Afrique noire tendrait à prouver qu'une altération latéritique, lorsqu'elle
est amorcée, ne dépend aucunement des peuplements végétaux qui la surmontent.
Cette idée avait déjà été avancée par Claisse (1953) en Côte-d'Ivoire.
Enfin, il peut arriver que l'on confonde intensité des phénomènes de latéri-
tisation et durée d'action de ces mêmes phénomènes, ce qui amène à des inter-
prétations erronées. Par exemple, en Afrique noire occidentale, la surface la
plus ancienne est généralement interprétée comme la marque d'un climat équa-
torial très humide de type forestier, car elle supporte une cuirasse épaisse (plus
de 10 mètres), très riche cn sesquioxydes alumineux. Or cette interprétation
est en contradiction avec le modelé subhorizontal, la présence de quantités
importantes de gibbsite qui laissent supposer l'empreinte d'un climat tropical
semi-humide, comparable au climat soudanien actuel mais qui aurait agi pen-
dant une période extrêmement longue. Un climat plus agressif, de type équa-
torial, aurait fait apparaître un modelé de collines et des processus de kaoli-
nisation plus prononcée (Maignien, 1960).

78
Origine des latérites

Les théories traitant de l'origine et de la formation des latérites sont


variées. Sur un plan historique, il faut distinguer trois périodes. Les pre-
mières hypothèscs, déjà anciennes puisqu'elles datcnt de la première moitié
du XIXe siècle, se rattachent aux études effectuées en Inde. Elles s'appuient
sur la description des matériaux et leurs modes de gisement. La seconde période
concerne le développement des analyses chimiques et partiellement minéra-
logiques. Elle contribue à l'élargissement de la définition du terme latérite.
Elle prend naissance à la fin du XIXe siècle pour se développer jusqu'à une
époque très récente. Enfin, actuellcment, l'introduction des méthodes de pédo-
logie expérimentale permet d'aborder le problème sous son aspect dynamique
et génétique.
Lake (1890) donne une très bonne synthèse des premières idées émises sur
la formation des latérites en Inde. Trois hypothèses sont en présence: a) la
latérite est un produit résiduel d'altération des roches (Babington, 1821 ; Benza,
1836; Clark, 1838; Wingate, 1852 ; Kelaart, 1853 ; Buist, 1860; Mac Gee, 1880);
b) la latérite est un produit détritique et sédimentaire (Cole, 1838; Newbold,
1844, 1846; Blanford, 1859; King et Foote, 1864; Wynne, 1872; Theobald,
1873), pourtant certains de ces auteurs reconnaissent une certaine origine rési-
duelle; c) la latérite est d'origine volcanique (Voisey, 1833).
Chacune de ces hypothèses se justifie en partie d'après la morphologie et
le gisement des latérites. L'origine volcanique s'appuie sur l'aspect scoriacé
et lc développement en bancs horizontaux sur les coulées basaltiques du Deccan.
Des épaisseurs pouvant atteindre 60 mètres, la présence de gisements recou-
vrant des roches dissemblables, les teneurs élevées en fer, même sur des gneiss
pauvres en fer, suggèrent une origine sédimentaire, peut-être même lacustre
(Oldham, 1893). Pour Holland (1903), la transition brutale entre la latérite
et la roche décomposée sous-jacente, l'absence de latéritcs dans les pays ayant
un été chaud mais un hiver froid, ne peuvent s'expliquer par une simple hypo-
thèse de décomposition chimique. Aussi admet-il la possibilité d'action de
micro-organismes capables de séparer la silice de l'alumine des silicates. La
latéritisation est « un processus à aj outer à la longue lis te des maladies tropicales,
contre lesquelles les roches elles-mêmes ne seraient pas à l'abri ».
L'étude des bilans chimiques élargit le problème. Glinka en 1899 (voir Glinka,
1927), Holland (1903) suggèrent que la concentration des sesquioxydes est
due à l'élimination de la silice et des bases. Cette hypothèse est reprise par de

79
Origine des latérites

nombreux minéralogistes, en particulier par Lacroix (1913). Certains auteurs


admettent la prohahilité, sinon la nécessité, d'accumulation de sesquioxydes
provenant de sources extérieures (Maclaren, 1906; Simpson, 1912; Camphell,
1917). Vine (1949) propose une origine éolienne. La plupart des chercheurs
relient les phénomènes d'enrichissement aux mouvements de l'eau du sol: nappes
phréatiques élevées, eaux de percolation se déplaçant latéralement ou les deux.
La théorie de ces accumulations est synthétisée par D'Hoore (1954) qui signale
que J'on peut distinguer des concentrations de sesquioxydes par élimination
de la silice et des hases, ou accumulations relatives, et des concentrations de
sesquioxydes par accumulations soit à travers le profil, soit entre les profils,
ou accumulations ahsolues.
Actuellement, le développement de nouvelles méthodes analytiques, les
progrès dans la détermination des constituants du sol et les essais de pédologie
expérimentale permettent des études et des tentatives d'explication qui se
rapprochent ehaque jour davantage de la réalité. Il apparaît que le prohlème
de la latérite ne peut être rattaché à un seul processus. Plusieurs phénomènes
sont en cause, qui n'agissent pas tous au même niveau de différenciation.
La convergence de certains faciès, en particulier celui du cuirassement, a parfois
fait penser qu'il s'agissait de prohlèmes se plaçant à un même niveau. Pourtant,
il y a des différences pédogénétiques fondamentalcs entre cuirassement alu-
mineux et euirassement ferrugineux, même si parfois il y a interférence. Ceci
ohlige à ahorder le prohlème de la genèse des latérites, d'une part, par celui des
sols latéritiques cuirassés ou non et, d'autre part, par celui des sols tropicaux
cuirassés, latéritiques ou non.
Les caractéristiques physiques, chimiques et minéralogiques de toutes les
formations pouvant être appelées latérites ont été exposées plus haut, ainsi que
les conditions du milieu de leur formation. La liste plus ou moins exhaustive
des composants des latérites a été précisée ainsi que leur distribution dans les
profils. Les prohlèmes qui se posent maintenant sont ceux de l'origine de ces
composants, d'une part, et de l'évolution de ces matériaux au cours de l'his-
toire pédologiquc, d'autre part.

ORIGINE DES COMPOSANTS DES LATÉRITES

On peut rappeler hrièvement ces composants : sesquioxydes d'aluminium,


principalement gihhsite, plus rarement hœhmite; sesquioxydes de fer, gœthite
et hématite surtout; argiles, essentiellement kaolinite, en mélange fréquent
avec un peu d'illites, et une série de produits alumineux et alumino-ferrugineux
amorphes sur lesquels la littérature pédologique revient de plus en plus; enfin
des matériaux résiduels (héritage) ou détritiques (contamination) en propor-
tions variées.
Ces constituants peuvent se trouver déjà plus ou moins individualisés dans
des formations sédimentaires. Ce prohlème sera ahordé plus loin, car, à l'origine,
les matériaux proviennent tous de l'altération des minéraux primaires des
roches éruptives. il apparaît donc important de traiter ce premier point en
milieu latéritique, «l'altération latéritique pouvant être définie comme un
.processus de décomposition totale des roches, assurant l'accumulation des
oxydes et hydroxydes de fer, d'alumine et de titane après lessivage des hases
ct de la silice» (HerhiUon et Gastuehc, 1962).

80
Paysage typique d'un sol ferralJitique avec inselbergs (centre de l'île de Madagascar)

Photo: O. Fri:i.n'l.Jt:"
Sols ferralli tiques érosion accélérée (celltre de l'île de Madagascar)

Photo: O. Franzie
Sols ferrallitiques lessivés sous peuplement de bruyère (Madagascar)

Photo: R. 'Maignien
Photo : R. Maignicn
Sol colluvionnaire avec débris de cuirasse (Guinée) [voir ci-contre]

Paysage en voie de cuirassement


Chaque clairière signale un « bowal » (Guinée) [voir ci-dessous]

."

PhOlo: R. Mnignien
Affleurement de cuirasse au milieu d'une clairière (<< bowal)))

Photo: R. Maignien
Butte témoin cuirassée (Tchad) [voir ci-dessous]

Stone-line sur grès tronqué. Au-dessus sol ferrallitique [voir ci-après)

-.

Pholo: R. i\:laiguien
Photo; O. Frii=le
Origine des latérites

LES COMPOSANTS PRODUITS D'ALTÉRATION DES ROCHES

Altération des minéraux originels (Bonifas, 1959; Pricot et al., 1962)

Olivine. L'olivine est le premier minéral à s'altérer. Sous l'effet de l'altération


latéritique les cristaux se transforment en plages de substances jaunes en lumière
naturelle, et isotropes, soulignées de brun sur leurs bordures et dans les anciens
clivages. Une partie au moins de ces substances évolue en gœthite. Elle pourrait
peut-être évoluer partiellement en un minéral du type montmorillonite, avant
d'évoluer en gœthite. La transformation de l'olivine en chlorite n'est pas impu-
table à ce type d'altération.
Antigorite. La plus grande partie de l'antigorite évolue en produits ferru-
gineux jaunes à brun-jaune qui donnent naissance à de la gœthite cryptocris-
talline.
Magnétite. Ce minéral est considéré comme très stable à l'altération latéri-
tique. Cependant, dans les matériaux ré~idueIB, la magnétite est entourée le
plus souvent d'une bordure d'oxydes de fer brun-rouille, lesqùels se transfor-
ment en oligiste et même en gœthite.
Il est possible que la transformation de magnétite en maghemite soit un pro-
cessus spécifique de l'altération tropicale (Masson, 1943).
Ilménite. Ce minéral semble encore plus stable que la magnétite (Harrison,
1933). Cependant, on remarque quelquefois, lm bordure des cristaux; des zones
à éclat moins métallique et le faciès caractéristique de cristaux squelettes.·
Chromite. C'est également un minéral extrêmement stable à l'altération.
Il semble possible cependant d'envisager une altération partielle de ce minéral.
Feldspaths; Plagioclases (oligoclase-labradore). L'altération la plus commune
consiste en une pénétration ·des cristaux de plagioclases par des substances
rouille isotropes qui s'installent en bordure ou s'insinuent dans les clivages
ou les craquelures. Ces substances donnent naissance à de petits cristaux de
gibbsite qui envahissent peu à peu le cristal, de petits amas· ou filaments bruns
subsistant en bordure ou à l'intérieur du cristal. En clernier lieu, la gibbsite
cristalline forme la trame ou le squelette des cristaux de feldspaths entièrement
disparus. La gibbsite est le premier minéral d'altération à caractères cristallins
définis; mais la première substance· qui s'installe à la place de la matière des
plagioclases est optiquement indéterminahle et n'est pas de la gibbsite. Il est
possible d'observer un type d'altération différent. Les plagioclases se transfor-
ment en une masse abondante de substances ferruginenses isotropes au sein
desquelles il apparaît peu de gibbsite. Puis cette masse donne naissance à· de
la gœthite et à de la kaolinite à faciès en «accordéon ». A ce stade, la masse
de la roche est de la kaolinite; la structure originelle s'est effonclrée.
Feldspaths alcalins. L'orthose albitisée peut évoluer en gibbsite qui cristallise
dans les clivages, puis constitue le squelette entier des cristaux primitifs limi·
tant ainsi de nombreux vides (faciès «pain d'épice»). D'autres fois, les feldspaths
semblent évoluer en kaolinite, mais aucun remplacement n'a pu être observé
directement à l'échelle du cristal.
Népheline. Ce minéral s'altère en traînées troubles, jaunâtres qui pourraient
être de l'halloysite. L'altération est très rapide et se manifeste par l'apparition
de vides indiquant une hydrolyse complète du cristal.
. Amphibole. Les minéraux de ce groupe se trànsforment rapidement en subs-
tances ferrugineuses amorphes qui évoluent en gœthite.

81
Origine des latérite.

Pyroxènes. Ces mmeraux s'altèrent également rapidement en substances


ferrugineuses qui évoluent en gœthite en formant une trame limitant des plages
de substances jaunes isotropes avec quelques rares cristaux de gibbsite ou
de gœthite monocristalline.
Biotite. La biotite s'altère rapidement. On assiste d'abord à un double phé-
nomène de gonflement et d'éclatement des lames d'une part et à un départ
de fer d'autre part. Il ne s'agit pas d'un mode spécifique d'altération. Elle se
transforme en chIorite, mais celle-ci s'altère ensuite puisqu'elle est absente
des produits résiduels. L'ensemble se réduit en une poudre fine, plus ou moins
kaolinitique, en mélange avec de la gœthite pulvérulente.
Séricite. Les roches micacées à séricite se transforment soit en roches kaoli-
nitiques, soit en roches gibbsitiques.
Muscovite. La muscovite est très résistante aux agents d'altération. La ciné-
tique de destruction en milieu acide fait ressortir que le miea trioctaédrique
(biotite) se dissout approximativement 106 fois plus vite que les phyllites dioc-
taédriques (Gastuche, Fripiat et de Kimpe, 1962). Dans les sols ferrallitiques
profonds on peut retrouver la muscovite jusque dans les horizons de surface.
Il y a des désagrégations physiques qui pulvérisent la masse en matériaux
extrêmement fins, lesquels peuvent donner naissance à des hydromicas. Il est
possible que les illites que l'on retrouve fréquemment dans les sols africains
fortement altérés soient de la muscovite cryptocristalline.
Quartz. Il semble peu sensible à l'altération dans la zone de départ. Dans
les niveaux à structures conservées (<< pain d'épice») il est corrodé, craquelé
et parcouru de fissures emplies de substances rouille isotropes. On trouve éga-
lement des cristaux aux bords déchiquetés et du quartz globulaire. Dans un
premier stade, il y a imprégnation par des solutions ferrugineuses le long des
lignes de moindre résistance. Ces matériaux ébranlent la masse qui se pulvérise
comme un morceau de sucre. Les grains deviennent de plus en plus fins, pour
parfois disparaître complètement, ce qui laisse supposer une dissolution. Dans
d'autres, au contraire, il semble que la silice solubilisée puisse donner naissance
à du quartz néoformation. Dissolution ou néoformation du quartz, il est pro-
bable que ces processus sont fonction du degré de saturation en silice mono-
moléculaire des solutions du sol. En particulier, dès qu'elles contiennent 20,
30, 40 ppm/litre, elles sont sursaturées vis-à-vis du quartz et des autres formes
minérales de la silice et sont donc capables d'en assurer la croissance (Kraus-
kopf, 1959). A l'opposé, l'amorphisation du quartz par ébranlement mécanique
favorise la dissolution (Wey, 1961).
Minéraux argileux. Le chIorite, l'halloysite et la montmorillonite, que l'on
observe dans les tout premiers stades de l'altération des minéraux, disparais-
sent ensuite dans la zone à structure conservée de la roche complètement trans-
formée. On peut admettre que ces minéraux donnent naissance à de la gibbsite
et à de la gœthite. Il est possible qu'ils évoluent également en kaolinite, mais
l'évolution des minéraux eux-mêmes n'a pu être directement observée.
La kaolinite est à l'origine de nombreux travaux contradictoires. Certains
auteurs comme Clarke (1924), Mohr (1944), Waegemans (1951a) et Erhart
(1956) considèrent que la kaolinite est stable au cours de l'altération latéritique.
D'autres, au contraire, expliquent la formation des hydroxydes d'alumine par
la destruction de la kaolinite (Van Bemmelen, 1904; Harrassowitz, 1926; Martin
et Doyne, 1927; Craig et Halais, 1934; Tanada, 1951; Robinson et Holmes,
1924; Segalen, 1957).

82
Origine des latériteS"

Pour Allen (1948a, b; 1952) la plupart des mmeraux des basaltes s'altèrent
directement en minéraux argileux : halloysite, kaolinite, nontronite, qui se
transforment à leur tour en gibbsite, oxydes et hydroxydes de fer, par perte
de silice. De même pour Harrison (1933) et Eyles (1952), les oxydes et hy-
droxydes de fer et d'aluminium des bauxites proviendraient de la désilicmcation
de la kaolinite des argiles latéritiques ou de la lithomarge. Mead (1915), Camp-
bell (1917), Fox (1923, 1936) et Sherman (1949, 1950, 1952) prouvent ou admet-
tent également la destruction de la kaolinite. D'Hoore (1954) a pu photographier
au microscope électronique des cristaux altérés de kaolinite. Pour Bonifas
(1959) la gibbsite peut prendre naissance aux dépens de la kaolinite. Le méca-
nisme de transformation de la kaolinite en fireclay en milieu acide a été démontré
(Oberlin et al., 1961).
Il semble donc que la kaolinite puisse s'altérer ou se transformer. Cependant,
ces processus paraissent assez limités et sans commune mesure avec les quantités
de gibbsite individualisée.

La série complète d'altérabilité des minéraux primaires principaux peut s'écrire


dans un ordre décroissant (Pécrot ct al., 1962).
Olivine -+ plagioclases calciques -+ plagioclases calco-sodiques -+ pyroxènes -+
plagioclases sodico-calciques -+ amphiboles -+ biotite -+ plagioclases sodiques
-+ orthose -+ muscovite -+ quartz
L'explication en serait la suivante « les néosilicates dans lesquels les tétraèdres
de silice sont reliés entre eux par des cations hautement solubles, tels le calcium
et le magnésium, sont hautement altérables. Une fois ces cations passés en solu-
tion, il n'existe plus aucune cohésion à l'intérieur du cristal. L'olivine entre
dans cette catégorie. Au fur et à mesure que la chaîne se complique, c'est-à-
dire que s'affermit le réseau silicique par multiplication des liaisons entre tétra-
èdres, le minéral devient plus résistant à l'altération: inosilicates en chaîne
simple (pyroxène) et double (amphibole); phyllosilicate (micas) et tectosilicate
(orthose, quartz) où les liaisons entre tétraèdes se font suivant les trois dimensions
de l'espace ». Murata (1946) observe la même séquence dans l'altérabilité des
silicates en milieu acide. Il remarque en outre que les ions, autres que le sili-
cium, constituent les points faibles lors d'une telle attaque. Des mesures de
cinétique de dissolution en milieu acide montrent que les ions en couche octé-
drique se dissolvent plus rapidement que ceux situés en couche tétraédrique
(Brindley et Youell, 1951; Osthaus, 1956; Cloos, Gastuche et Fripiat, 1960;
Gastuche et Croegaert, 1961).
Les altérations observées couramment pour chacun des minéraux les plus
fréquemment rencontrés en milieu latéritique ne sous,-entendent pas que chaque
minéral primaire possède son minéral d'altération (Bonifas, 1959). Le mécanisme
de l'altération est une hydrolyse selon les vues de Correns et Van Engelhardt
(1938). Les silicates sont totalement dissous en leurs ions constituants sans
laisser de squelette cristallin. Les ions libérés par hydrolyse se réorganisent
dans certaines conditions de drainage, de pH et de concentration des ions,
qui définissent un milieu de genèse plus spécifique d'un minéral que d'un autre.
Il n'y a pas de filiations minéralogiques entre un silicate éruptif et un minéral
argileux. Par contre, il existe des conditions de genèse des minéraux argileux
qui sont fréquents dans certains milieux d'altération, ce qui est le cas pour le
milieu latéritique. Pour Correns et Schlunz (1936) et von Engelhardt (1937),

83
Origine des latérites

les feldspaths se dissoudraient complètement sans laisser de résidu, la mise en


solution de la silice et de l'alumine réglant la vitesse de l'altération. Les élé·
ments dissous seraient entraînés par l'eau. Mais, dans certaines conditions,
ces ions s'organisent pour former les édifices de la gibbsite, de la gœthite, de
la bœhmite et de la kaolinite. Ces néoformations peuvent se produire à l'écart
des cristaux altérés, mais aussi sur leur flanc ou même en leur sein. Il suffit
que les conditions favorables soient réunies et ce sont elles qu'il faut définir.

Genèse des minéraux secondaires

Gibbsite. Si l'on possède quelques renseignements sur le rôle joué par les
hydroxydes de fer (Betremieux, 1951; Fripiat et Gastuche, 1952), l'évolution
des hydroxydes d'aluminium dans les sols est par contre peu connue. Certains,
dont Mackenzie (1957), pensent que ceux-ci s'y transforment rapidement en
une forme cristalline stable. Au laboratoire, cependant, la cristallisation des
trihydrates, et plus particulièremcnt de la gibbsite, exige des conditions d'al-
calinité sévères, rarement rencontrées en milieu naturel. De nombreux autres
facteurs interviennent dans le milieu du sol. Certains voient dans la kaolinite
le germe de cristallisation par excellence. D'autres attribuent aux humates
ou autres dérivés organiques un rôle orientatif dans l'édification de ces structures.
Deux milieux naturels très différents peuvent donner naissance à de la
gibbsite :
Un milieu alcalin. Au contact de la roche mère, la gibbsite se forme dans un
milieu d'hydrolyse. Stevens et Carron (1948) ont mesuré des pH « d'abrasion»
variant entre 7 et 10 pour la plupart des minéraux. Pedro (1961) rappelle que
le pH des solutions d'hydrolyse des roches, mêmes dites « acides », est toujours
légèrement alcalin. Jenny (1950) propose, pour expliquer l'altération d'un
feldspath, un pH de l'ordre de 9.
Un milieu acide. Il cst courant d'observer dans les sols tropicaux l'existence
d'importantes quantités de gibbsite dans des profils souvent développés
sur 30 à 40 mètres au-dessus de la nappe phréatique ou de la roche mère.
Il devient dès lors difficile d'invoquer, pour expliquer sa formation, une alca-
linité due à l'hydrolyse, le pH de l'eau dc drainage variant entrc 4 et 5.
Certains auteurs ont pensé que la synthèse du minéral serait produite à une
époque antérieure à pH élevé. Pourtant ceci est difficile à admettre pour un
phénomène aussi général ct les faits viennent fréquemment le contredire (Boni-
fas, 1959).
On doit à Herbillon et Gastuche (1962) la résolution de ce problème. Dans
les conditions habituelles de tcmpérature et de pression, la présence d'ions
étrangers dans l'enveloppe hydratée du cation entraîne une distorsion percep-
tible déjà en solution. La cristallisation ne se produira que dans la mesure où
une désionisation sera réalisée.
« A bas pH, le gel chargé positivement s'entoure d'anions étrangers fortement
retenus dans la structure, et la cristallisation est inhibée. Le séchage entraîne
la formation d'un gel fortement hydraté et désordonné où une proportion impor-
tante de l'aluminium est à l'état de coordinence IV suite à la perturbation
due aux anions. A pH élevé le gel, chargé négativement, repousse les rares
anions étrangers; les cations étrangers peu polarisables (Na et K) ne dérangent
pas appréciablement la structure. Ces gels possèdent une structure où dominent
les formes hexacoordonnées de l'alumine; leur vieillissement entraînera l'appa-

84
Origine des latérites

ntlOn de trihydrate cristallin.» C'est donc l'élimination des ions étrangers


plus que l'élévation du pH qui est le facteur déterminant du processus de cris-
tallisation.
Herbillon et Gastuche (1962) énoncent la règle suivante : «Quel que soit
le pH initial de précipitation du gel, la dialyse induit, plus ou moins facilement,
mais dans tous les cas, la synthèse des trihydrates cristallins. La baeyerite
accompagnée de pseudo-bœhmite semble dériver de gels à structure plus désor.
donnée, rapidement précipités dans la zone d'insolubilisation maximale. La
période d'induction précédant l'apparition des produits cristallins a une durée
qui est fonction de la vitesse de désionisation du milieu.» Le phénomène est
donc endothermique.
« La kaolinite exerce, dans le cas de gels vieillis dans la solution mère à pH 8,
un effet promoteur sur la cristallisation des trihydrates et inhibe la formation
de pseudo-boehmite. Lorsque le vieillissement s'opère à pH plus bas dans la
solution mère, l'effet promoteur de la kaolinite ne se fait plus sentir. On lui
reconnaît à nouveau quelques influences dans l'évolution en milieu dyalisé :
elle accélère quelque peu les processus de cristallisation et l'oriente vers la
baeyerite. »
En résumé, quel que soit leur pH de formation, les gels d'alumine évoluant
dans un milieu désionisé cristallisent en trihydrates. Cette désionisation est
accélérée par le lessivage intense et une température élevée des eaux de perco-
lation qui sont les conditions des milieux d'altération latéritique.
Des gels d'alumine sont présents en teneurs variables dans les sols, mais
échappent aux méthodes de détection; seuls les dosages chimiques les mettent
en évidence. Au stade «prégibbsitique» qui se place au début de la dépoly-
mérisation, le gel d'alumine présente une fluidité exceptionnelle qui expliquerait
sa migration facile et donnerait naissance aux formations locales de gibbsite
dans les géodes.
En résumé, les conditions de genèse des trihydrates cristallins aux dépens
des gels d'alumine précipités provenant de l'altération des minéraux sont les
suivantes : a) conditions de désionisation correspondant à un drainage bon
à excellent; b) température élevée des eaux de percolation; c) conditions sévères
de désilicification.
Ce sont là les conditions de fonnation des latérites à bauxites.

Bœhmite. Ce minéral est parfois associé à la gibbsite dans les horizons cui-
rassés. Alexander et al. (1956) la signalent dans les cuirasses africaines. Son
absence de nombreuses déterminations résulte de moyens analytiques trop
grossiers. Le développement de détermination aux rayons X montre qu'il s'agit
d'un sesquioxyde commun dans la nature. Harder (194.9) et Frederickson (1952)
admettent que la bœhmite peut se fonner à partir de la gibbsite par action
de la pression et de la température : entre 120 et 400 oC la gibbsite se transfor-
merait en bœhmite et diaspore (Weiser et Milligan, 1934). On est bien loin des
conditions naturelles, bien que des températures de 80 oC ont été mesurées
sur des surfaces cuirassées (Mohr, 1954).
L'altération des feldspaths à température relativement élevée (280 à 450 oC)
et sous pression peut donner de la gibbsite (Morey et Chen, 1955 ; Brindley et
Rodoslovich, 1956). Il en est de même dans les expériences de synthèse à
100 oC des minéraux argileux (Henin et Robichet, 1953). A des températures
très basses (à 0 oC) Havestadt et Frike (1930) ont obtenu de la bœhmite par

85
{)rigine des latérites

vieillissement d'un gel amorphe. De Lapparent (1936) et Sahot (1954) signalent


que les hauxites provenant d'argiles de décalcification sont riches en hœhmite
et que cette dernière pourrait donc provenir de la désilicification de la kao-
linite, mais Bonifas (1959) a montré que la gihhsite pouvait prendre naissance
dans la kaolinite. Pour de Lapparent (1935, 1936), la hœhmite se formerait dans
les hauxites au niveau de la nappe en présence d'acide humique, ce qui est
admis par Keller (1952).
Ce qui semble certain, c'est que la hœhmite ne cristallise qu'après transport,
car elle remplit le plus souvent des craquelures et de petites diaclases.
Willstiitter et Krant (1923), Kraut et Humme (1931), étudiant les hydroxydes
d'alumine précipités par les alcalis et l'ammoniaque, distinguent le gel C lX ou
gel amorphe facilement soluhle, le gel C ~ modérément soluhle et le gel Cr fai·
hlement soluhle qui passent de l'un à l'autre par vieillissement en quelques
semaines.
Souza Santos et al. (1953) précisent le schéma comme suit:
Gel Cor. sphérique -+ Fibres -+ Somatoides (gel C~) -+ Somatoides (Cor.)
Amorphe Gel à pseudo-bœhmite Pseudo-bœhmite Baeyerite
Cette séquence ne s'ohserve qu'au dessus de pH 7,4 et le processus s'accélère
avec l'élévation du pH. D'après Papee-Tertian et Biais (1953), le gel à pseudo-
hœhmite apparaissant à pH élevé est le gel d'alumine «par excellence ». Her-
hillon et Gastuche (1962) confirment et précisent ces processus et signalent
que «la haeyerite accompagnée de pseudo-hœhmite semhle dériver de gels
à structure plus désordonnée, rapidement précipitée dans la zone d'insoluhi-
lisation maximale », c'est-à-dire à pH 6,7.
Il apparaît ainsi que les conditions de formation de la hœhmite sont moins
strictes, quant aux conditions de désionisation du milieu, que celles de la gihhsite,
mais qu'elles réclament des pH voisins de 6,5. Ce sont des formes souvent assez
soluhles mais qui peuvent évoluer rapidement vers une immohilisation sous
forme de somatoides, d'où les difficultés des reconnaissances optiques.

Gœthite. Ce minéral est très répandu dans les formations latéritiques. Il s'oh·
serve le plus souvent sous dcs formes terreuses pulvérulentes, hrunes ou rouges,
d'enduits ou de concrétions. Les cristaux définis sont très rares, même sous
microscope. Mais l'état de cristallisation est hien précisé par l'examen au micro-
scope électronique. Bonifas (1959) signale que la gœthite commence à «cris-
talliser» à partir des suhstances ferrugineuses isotropes que l'on ohscrve dans
les tout premiers stades d'altération des minéraux (pyroxène, olivine, pla-
gioclase). Il s'agit prohahlement de gels amorphes, mais la composition et l'état
de ces suhstances restent à définir.
Au lahoratoire, la précipitation par l'ammoniaque de l'hydroxyde ferrique
à partir d'un sol ferrique conduit à un produit amorphe qui, par vieillissement,
donne de la gœthite. Toutefois, ce processus ne s'accuse qu'au hout de plusieurs
mois. Il ne paraît donc pas y avoir de difficultés particulières à la transformation
d'un gel d'hydroxyde ferrique en gœthite dans les conditions du milieu latéri-
tique.

Hématite. L'hématite est souvent considérée comme le constituant principal


des cuirasses ferrugineuses. Cependant, Bonifas (1959) indique que, si les cuirasses
contiennent des quantités appréciahles d'oligite, leur constituant moyen est
en fait la gœthite.

86
Origine des latéritea

Il semble y avoir plusieurs modes de formation de l'hématite dans la nature :


Elle pourrait provenir de la déshydratation de la gœthite sous l'effet de la
chaleur et de l'insolation (Mohr, 1944). Bien qu'au laboratoire cette trans-
formation se réalise à 500 oC, les faits d'observation montrent que l'hématite
est présente au sommet des profils qui n'en contiennent que très peu ou en sont
dépourvus dans les niveaux sous-jacents. Bonifas (1959) précise« qu'il semble
que l'on doit exclure la possibilité d'une accumulation relative d'oligite par
soluhilisation sélective de la gœthite».
A l'intérieur des profils, l'hématite semble provenir de l'altération de la magné-
tite, de la chromite et de l'ilménite.
Enfin l'hématite peut être un produit de contamination.
Du point de vue expérimental, Fricke et Ackermann (1934) ont obtenu de l'hé-
matite par vieillissement à température ambiante de gels d'hydroxydes ferriques
obtenus à basse température. Le plus souvent, ils obtiennent d'ailleurs un
mélange d'hématite et de gœthite.

Quartz. Les grains de quartz observés dans les sols d'altération latéritique sont
le plus souvent des matériaux résiduels ou des matériaux détritiques. Mais il
peut également se produire des accumulations siliceuses. De Craene (1954)
a le premier attiré l'attention sur les possibilités de « néoformations de quartz»
par diagénèse, soit aux dépens des silicates, soit sous l'effet d'apports et d'éli-
minations par les eaux de percolation. Des bancs siliceux signalés dans les pro-
duits d'altération de la dunite de Conakry sont des produits formés au cours
de l'altération latéritique (Bonifas, 1959). L'aspect et la composition de ces
bancs suggèrent la précipitation d'un gel de silice souillé d'oxydes de fer et qui
cristallise en quartz en vieillissant. Ces observations, qui pourraient être mul-
tipliées, s'éclairent d'un jour nouveau à la vue des données récentes sur le dyna-
nisme de la silice. Les eaux naturelles contenant de la silice sont des solutions
vraies de silice monomoléculaire Si(OH)4. Ces solutions sont insellbibles aux
variations de pH et à la présence de cations divers, sauf d'alumine. De plus,
ces solutions de silice moléculaire sont sous-saturées vis-à-vis de la silice amorphe,
car elles contiennent des teneurs inférieures à 120-140 ppm de silice à 25 oC.
Par contre, dès qu'elles contiennent 20, 30 ou 40 ppm elles sont sursaturées
vis·à-vis du quartz et des autres formes minérales de la silice et sont donc capa-
bles d'en assurer la croissance (Krauskopf, 1959). Partant de ces données, Millot
(1961) indique que « le rôle des solutions colloïdales est impossible à envisager:
d'abord parce que les silicifications nécessitent une épigénie que les colloïdes
ne peuvent assurer, mais aussi et surtout parce que les solutions colloïdales natu-
relles n'existent pas». Si les solutions sont propres, peu chargées en cations,
comme peu chargées en silice, il y a quartzification. C'est le cas de surfaces
où l'histoire des eaux est brève. Chaque grain de quartz grandit pour son compte:
c'est le domaine de la croissance régulière des macrocristaux. Si les solutions
sont impures, chargées en cations, plus chargées en silice, le désordre com-
mence. C'est le cas des solutions qui se rassemblent dans les fonds ou qui pro-
viennent des nappes. Dans les calcaires, il y aura formation de cette forme déjà
perturbée du quartz qu'on appelle la calcédoine, c'est le domaine de la croissance
cryptocristalline très contrariée et très imparfaite.
Le premier cas paraît compatible avec les sols latéritiques bien draînés de
climats tropicaux humides. Il est donc fort possible qu'il s'y réalise des néo-
formations de quartz, bien que ces phénomènes ne puissent être matériellement

87
Origine des latérites

prouvés par des méthodes analytiques. La preuve des bancs siliceux au contact
de produits d'altération correspond au second cas. A ces processus doivent
être rattachés les bancs siliceux qui se trouvent stratifiés dans les formations
marneuses sous-jacentes aux cuirasses des phosphates d'alumine de Thiès,
au Sénégal. Le fait capital sur lequel il convient d'insister est la teneur en silice
des eaux de circulation dans les nappes latéritiques. Des teneurs de 15 à 30 ppm
ont été fréquemment notées.
Anatase. Ce minéral est assez souvent reconnu dans les produits d'altération
latéritique. L'anatase est considérée comme la forme de Ti0 2 stable à basse
température et elle est, par conséquent, le minéral de titane le plus probable
des produits de la latéritisation (Eyles, 1952). Il peut provenir aussi bien de
l'altération des siiicates titanifères (sphène, biotite, angite) que de l'ilménite
ou des titanomagnétites (Bramlette, 1936).
Chlorite. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un constituant des cuirasses latéritiques,
la chlorite est fréquemment présentée comme produit transitoire d'altération.
C'est à la fois un minéral de transformation métamorphique et un minéral
d'altération. Bonifas (1959) indique que, dans le cas des dolérites, certains exem-
ples permettent d'affirmer que la chlorite s'est formée au cours des premiers
stades d'altération de la roche. Dans la partie la moins altérée de la roche, on
observe une transformation partielle de la biotite en chlorite. Il est pourtant
difficile d'attribuer toute la chlorite de l'écorce d'altération à la transformation
de la biotite, qui est peu abondante. D'après Harrison (1933), les pyroxènes
pourraient également se transformer en chlorite. La chlorite prendrait naissance
au sein des pyroxènes en voie de décomposition. Le pH d'hydrolyse de ces
minéraux, qui est élevé (9 à Il), est compatible avec nos connaissances actuelles
de la genèse de la chlorite (Millot, 1949, 1953; Grim, 1954). Bonifas précise
qu'il ne fait aucun doute que la chlorite soit due à l'altération latéritique et
que la zone d'hydrolyse des minéraux de la dolérite réunisse les conditions
du milieu favorable à son élaboration. Mais il est difficile de définir ces conditions.
On peut cependant remarquer que la roche semble isolée dans un environne-
ment de terres argileuses kaolinitiques et en déduire que la genèse de la chlorite
a lieu avec celle de la kaolinite.

Séricite. Comme la chlorite, la séricite est un minéral secondaire transitoire


plus ou moins fugace. Leneuf (1959) signale que des paillettes de séricite ont
été décelées microscopiquement par des observations de plaque mince, dans
les plagioclases de roches altérées ainsi que dans certaines roches fraiches, en
positions superficielles ou profondes, en Côte-d'Ivoire forestière, donc dans un
climat équatorial humide. « Il ne semble pas qu'il s'agisse d'une manifestation
spécifique au milieu latéritique. Cependant la séricitication serait accélérée
par une température moyenne élevée dans des conditions favorables d'humidité. »

Halloysite. Ce minéral est souvent signalé dans les produits d'altération. Lacroix
(1913) la reconnaît comme une altération de la néphéline. Bonifas (1959) la
détermine dans les premiers stades d'altération des syénites des îles de Loos
(Guinée) sans qu'elle puisse affirmer de l'altération de quel minéral elle provient.
Dans l'État d'Oregon, Allen (1948) signale de l'halloysite dans les produits
d'altération des roches basaltiques. Segalen (1956) l'a mise en évidence à la base
d'un profil ferrallitique sur roches volcaniques à Madagascar.

88
Origine des latérites

Bates (1952) constate que l'halloysite 4 H 20 ne peut se former que dans des
conditons de très grande humidité. Des variations d'humidité peuvent avoir
pour résultat le mélange intime d'halloysite et de kaolinite sans qu'il soit néces-
saire d'envisager une transformation d'halloysite en kaolinite par déshydrata-
tion. Pour effectuer cette transformation, il faut faire intervenir une remise
en solution et une recristallisation plutôt qu'une simple croissance de l'ordre
des particules, ce qui n'est pas l'avis de Hauser (1953) qui considère l'halloysite
comme un terme intermédiaire entre un gel de silice et d'alumine et la structure
d'un minéral argileux.

Montmorillonite. La présence de ce minéral dans les latérites a été très souvent


controversée. Il est cependant de plus en plus signalé, mais comme un produit
extrêmement fugace, se développant dans des conditions de drainage ralenti,
en milieu enrichi en cations alcalins-terreux (Hardon et Faveyee, 1939 ; Hosking,
1940; Nageslchmidt et al., 1940; Edelman, 1947; Millot, 1949; Grim, 1953).
La montmorillonite a été caractérisée dans la zone d'hydrolyse des roches vol-
caniques basiques soumises à l'altération latéritique (Sherman, 1950; Segalen,
1956; Bonifas, 1959; Précot et al., 1962). Leneuf (1959) reconnaît une phase
kaolinitique et montmorillonitique dans l'altération, une zone hydromorphe,
de granites à amphibole ou de granodiorite. Nye (1954, 1955) fait la même
constatation sur gneiss.
D'une façon générale, le milieu de formation est caractérisé par un pH élevé
(au moins égal à 7) et la présence de nombreux cations, dont la magnésie. Les
essais de synthèse confirment ces données. Il est un point important à signaler
qui est l'absence constante de gibbsite en présence de montmorillonite (Leneuf,
1959; Précot et al., 1962).

Kaolinite. La genèse de ce minéral dans les formations latéritiques est très


discutée (Mohr, 1954; Koster, 1955), car il est difficile d'en saisir in situ la genèse
au sein des silicates. Lacroix (1923) a montré qu'à côté de l'atération directe
en gibbsite, les feldspaths des syénites des îles de Loos pouvaient subir un tout
autre type d'altération, pseudomorphique elle aussi, en kaolinite. Gordon et
Tracey (1952) font des remarques analogues dans leur étude des bauxites de
l'Arkansas. Les dépôts à gibbsitc se seraient formés au-dessus du niveau de
la nappe, tandis que les dépôts de kaolin se seraient formés au-dessous.
Les travaux de laboratoire ont montré que la kaolinitc est un minérai carac-
téristique d'un environnement relativement acide (Noll, 1936; Norton, 1939;
Henin et Robichet, 1953). Les études sur les sédiments (de Lapparent, 1936;
Ross, 1943 ; MiIlot, 1949), sur les sols (Edelman, 1947), sur les altérations hydro-
thermales (Lovering, 1952) amènent aux mêmes résultats. Pour Frederickson
(1952) et Keller (1957) la genèse de la kaolinite requiert, outre un apport d'ions
H, l'élimination des cations divalents et du fer.
Les différentes voies prospectées partent d'hypothèses variées, à savoir :
la kaolinite se forme-t-elle directement à partir des silicates ou par l'intermé-
diaire de sols, ou de gels, ou directement à partir de solutions ioniques? La
néosynthèse des minéraux argileux à partir de précipités colloïdaux ou de gels
amorphes est issue des théories et hypothèses de Mattson (1931). A l'opposé,
la croissance des cristaux à partir de solutions ioniques se déduit des travaux
de Correns (1940). Un fait est certain: la structure des silicates comme les felds-
paths, les pyroxènes, les amphiboles, les péridots, est totalement différente.

89
Origine des latérites

de celle des minéraux argileux. Il faut donc qu'il y ait une destruction complète
des premiers. Hauser (1952), Lovering (1952), Oberlin, Henin et Pedro (1958),
Gastuche, Fripiat et de Kimpe (1962) concluent à la formation de gels ou de
composés amorphes qui fourniraient les matériaux nécessaires à la cristallisation
de la kaolinite. Bates (1952), Siffert (1962) penchent pour une réorganisation
à partir des ions. Pour ce dernier,« les silicates argileux peuvent prendre
naissance à partir de particules en solutions : molécules Si(OH)4 et cations
métalliques ».
Les argiles dioctaédriques essentiellement alumineuses (kaolinite) s'obtien-
nent assez facilement à la température et à la pression ordinaire par simple
mélange des composés à l'état de dilution extrême à condition que le pH du
milieu soit favorable. Le problème primordial est de maintenir la coordinence 6
de l'alumine à des pH où normalement elle a la coordinence 4, c'est-à-dire
entre pH 4,1 et 6,7. Siffert arrive à ce résultat en introduisant l'aluminium
sous forme d'un ion complexe (anion complexe oxalique de l'aluminium [Al
(C 20 4hP-. Il devient ainsi maître du pH de précipitation. Il semble ainsi prouvé
que les ions qui participent à l'édification de la kaolinite soient des ions basiques
du type Al(OH)++. Les argiles ne seraient rien d'autre que des sels basiques
(du type Feitknecht) mais silicatés de certains cations. Les réactions de formation
se font en plusieurs étapes. Il se forme d'abord un ion monomère du type (0
Si 0 ROH), R étant un cation. Dans une étape ultérieure interviendrait alors
la polymérisation, phénomène qui n'est pas encore élucidé.
Herbillon et Gastuche (1962) signalent que la prédominance de coordinence
4 entre pH 4,1 et 6,7 est liée à la présence d'anions fortement polarisables
(comme le chlorure), le rayon de l'anion s'opposant à la distribution régulière
des six ligands. En milieu acide, si un processus de désionisation rapide est
déclenché, par dialyse par exemple, on obtiendra, dès le début, un gel se trou-
vant du côté positif du point iso-électrique (Van Schuylenhorgh, 1950) où malgré
l'imperfection momentanée des caractères cristallins, la coordinence 6 de
l'aluminium est déjà assurée. Dans la zone basique, le gel se trouve du côté
négatif du point iso-électrique : les anions sont repoussés de la micelle en voie
de formation et les seules impuretés sont cationiques, donc peu polarisables.
Il y a d'abord passage par un stade «prégibbsique» laiteux, puis somatoide,
puis passage au stade gibbsite. Cette évolution permet d'éliminer une difficulté
signalée par Hénin et Caillère qui indiquent que ce qui rend la synthèse à des
kaolins particulièrement ardue provient du fait qu'en milieu acide, un gel d'alu-
mine se transforme spontanément en bœhmite et non en gibbsite.
Comment s'opère l'interréaction silice/alumine? Wey et Siffert montrent
que la silice monomère n'offre aucune affinité pour les hydroxydes cristallisés
et les phyllites. Ceci est très important, car cela prouve qu'une gibbsite cris-
tallisée ne peut fixer de la silice pour donner de la kaolinite. Il faut dès lors
que le greffage de la silice sur la couche octaédrique s'effectue au moment même
de la formation ou de la désorganisation de celle-ci. L'ensemble de ces résultats
montre l'importance que l'on doit accorder aux cations dans l'édification des
cristaux phylliteux (Millot, 1962). Il est possible que le passage par un stade
montmorillonitique, même fugace, soit un élément important de la synthèse
des kaolinitiques. La montmorillonite, en se détruisant, fournirait les tétraèdres
de silice qui se grefferaient sur la couche octaédrique en formation.
On peut donc énoncer les conditions de la genèse de la kaolinite : a) au dépens
de gels précipités: milieu acide, moyennement riches en silice mais très désionisés,

90
Origine des latérites

constamment humides; b) au dépens de particules en solutions: présence de


complexe stabilisant la coordinence 6 de l'alumine en milieu acide, humide
et riche en silice. Certains produits de décomposition de la matière organique
doivent dans ce cas influencer ces mécanismes en complexant l'aluminium.
On peut ainsi expliquer la formation de kaolinite aussi bicn en profondeur
dans les « croutes d'altération », que dans les horizons proches de la surface
du sol. Ces faits sont à rapprocher des kaolinisations intenses qui s'observent
sur tous les profils en milieu humide de la forêt dense équatoriale.
En conclusion, il faut accorder une grande importance aux phénomènes de
lessivage, de drainage, d'engorgement, car ils orientent fondamentalement
l'altération latéritique et l'individualisation des produits qui en dérivent.

Influence du drainage. Harrison (1933) distingue, pour une même roche, deux
types de latérites, les latérites de hauts plateaux composées presque unique-
ment d'oxydes hydratés d'alumine et de fer, formées sous l'action de pluies
fortes plus ou moins constantes et dans des conditions de drainage parfait,
et les latérites de bas plateaux contenant des silicates d'alumine hydratée
secondaires et, occasionnellement, du quartz secondaire, formées sous l'action
de pluies peu intense et moins constantes, dans des conditions de drainage
imparfait. Dans les latérites de bas plateaux la latéritisation primaire est carac-
térisée par l'élimination de la silice et des bases de la roche mère et laisse un
résidu de gibbsite et de limonite. Elle est suivie d'une résilicification donnant
graduellement une vaste masse de latérite argileuse.
Gordon et Tracey (1952) accordent une grande importance aux influences
de la nappe phré~tique qui détermine soit l'altération kaolinitique, soit l'alté-
ration gibbsitique de la syénite de l'Arkansas.
Hardler (1952) met en cause la porosité de la roche, la libre circulation des
eaux, des pluies abondantes et alternant avec des saisons sèches, la topographie,
les mouvements de la nappe aquifère et le temps.
Allen (1952b) attire l'attention sur le fait que l'importance n'est pas que
les minéraux se forment au-dessus ou au-dessous du niveau de la nappe, mais
est de définir les conditions et l'intensité du drainage ou du lessivage, le pH,
l'activité chimique du milieu et toutes les autres conditions susceptibles de
favoriscr la formation de l'un plutôt que l'autre des minéraux.
Bonifas (1959) remarque que les couches dures et intermédiaires des latérites
sont alternativement sèches et gorgées d'eau, ce qui favorise les phénomènes
de dissolution et de réprécipitation. Ceci peut expliquer, pour une part, l'accu-
mulation relative de l'alumine dans les cuirasses, par solubilisation d'une partie
du fer. Le fer, partiellement entraîné quand les eaux percolent suffisamment,
passe également en partie dans les eaux de la nappe. Dans la région du Kon-
kouré (Guinée), la couche argileuse à kaolinite est située en permanence dans
la nappe, alors qu'au-dessus du niveau hydrostatique, on observe une couche
de « pain d'épice », c'est-à-dire de gibbsite ferruginisée.
Précot et al. (1962) indiquent que, dans des conditions de drainage excessif,
on voit se former une couche de gibbsite autour de la roche altérée. Aux îles
Hawaii, Sherman (1952), puis Bates (1960), constatent qu'une pluviosité élevée
favorise l'apparition de cette espèce minérale. Au contraire, lorsque l'eau de
percolation reste riche en sels (cas d'un mauvais drainage), la gibbsite n'appa-
raît pas. Les conditions de bon drainage favorisent également le transport de
la silice et des éléments dits mobiles.

91
Origine des latérites

Influence du contenu ionique des eaux de percolation. Pour une même roche,
sous un même climat, la genèse de minéraux de néoformation est fonction de
la circulation des eaux. Cette dernière entraîne des modifications de pH, de
concentrations d'ions et, finalement, de milicu. L'influence de la roche est
déterminante dans la mcsure où elle fournit les éléments constitutifs des miné-
raux secondaires et les éléments qui induisent le milieu de formation. Ceci a
fréquemment amené les pédologues qui traitent de l'altération latéritique
à tenir compte des différents groupcs de roches.
Tant que les produits résiduels conservent la structure de la roche mère,
Lacroix (1913), en Guinée, distingue : a) l'altération des gabbros, des syénites
et des diahases, brusque et sans transition, qui est caractérisée par la trans-
formation des feldspaths en gibbsite et des fcrro-magnésiens en produits ferru-
gineux colloïdaux, plus ou moins riches en silicate d'alumine, et l'altération
des péridotites constituées et ferro-magnésiens qui aboutissent à des produits
colloïdaux ferriques et à un peu d'alumine; b) l'altération des micaschistes, des
gneiss, et des granites, progressive, où il se produit de la kaolinite et des silicates
d'alumine colloïdaux qui se transforment progressivement en argiles latéritiques.
Harrison (1933), en Guyane, tire les conclusions suivantes dans les conditions
tropicales : la destruction des roches basiques et intermédiaires, au niveau ou
près de la nappc aquifère, dans dcs conditions dc plus ou moins bon drainage,
est accompagnée d'une élimination presque complète de la silice, des oxydes
de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. Ellc laisse un résidu
terreux de trihydrate d'alumine (gibbsite), de limonite, quelques fragments
de feldspaths non altérés, dans quelques cas du quartz secondaire et divers
minéraux résistants présents à l'origine dans la roche. Les roches acides telles
que les aplitcs, les pegmatites, les granites, les gneiss se changcnt graduelle-
ment en pot clay ou en kaolin plus ou moins quartzeux. Dans le premier cas,
il peut y avoir résilicification avec transformation en latérites argileuses; dans
le sccond on peut observer parfois une désilicification avec formation de masses
de bauxites concrétionnées superficielles. Harder (1952) étudie également les
dépôts de bauxites en relation avec différentes roches mères.
Si ces liaisons sont fréquentes, elles ne sont cependant pas spécifiques. A
Madagascar, Lacroix (1923) constate que si les gabbros, les diabases, les syénites
se latéritisent comme en Guinée, par contre les granites et les gneiss peuvcnt
montrer soit une altération kaolinitique, soit une altération gibbsitique. Mohr
(1954) et de Lapparent (1939) font les mêmcs remarques. Personnellement,
il m'a été possible d'observer des altérations kaolinitiques de diahascs en Guinée,
mais dans des niveaux humidifiés en permanence et moyennement drainés, et,
inversement, des altérations pseudomorphiques de granites en gibbsite en
milieu très bien drainé.
Étudiant l'altération de roches volcaniques du Kivu, Précot et al. (1962)
constatent que dans le cas de minéraux riches en alumine les premiers stades
d'altération sont généralement des gels alumino-siliciques hautement chargés
ou allophanes. On observe ensuite leur évolution vers le stade kaolin. Dans ce
cas précis, le pH et le degré de saturation en calcium des eaux de percolation
diminuent au fur et à mesure que l'on s'éloigne du volcan. Les conditions de
désaturation ct un pH acide coïncident avec l'apparition de kaolin du type
halloysite. Bates (1960), observant des formations analogues dans les premières
zones d'altération des roches aux îles Hawaii, pense que l'absence de kaolinite
est reliée à l'absence de mica. Précot et al. (1962) obscrvent que l'apparition

92
Origine des latérites

des micas dans les cendrées coïncide avec le passage de l'halloysite au fire clay.
Dans les sols dérivant des basaltes, on remarque des quantités importantes de
kaolinite qui accompagnent la muscovite. Dans des conditions de drainage
excessif, il y a apparition de gibbsite autour de la roche altérée. Par contre,
on note l'absence de ce minéral lors de l'altération des trachytes, où la lente
dissolution de feldspaths sodico-potassiques assure une certaine concentration
en cations dans les eaux de percolation.
Dans les horizons profonds d'altération, malgré des variations importantes
des teneurs en matière organique dans les horizons de surface, on ne note aucune
modification dans la nature de la fraction colloïdale qui reste toujours déter-
minée par la nature des eaux de percolation et l'intensité du drainage.
Il apparaît ainsi que la nature des produits résiduels de l'altération latéritique
est avant tout fonction d'un milieu. Ce milieu découle des relations qui se réa-
lisent entre la nature des roches, les processus d'hydrolyse et le régime hydrique:
a) les roches basiques facilement hydrolysables, présentant un déficit de silice,
donnent facilement de la gihbsite, si le milieu est hein drainé; si le drainage
est modéré et l'humidité permanente, ces roches donnent de la kanlinite ; si
enfin le drainage est déficient les néosynthèses s'orientent vers des phyllites
du type 2/1; b) les roches, dites acides, s'hydrolysent plus progressivement;
l'excès de silice favorise la kaolinisation pour des drainages normaux; des drai-
nages excessifs provoquent l'apparition de gibbsite (cas de Madagascar); pour
des drainages déficients, la pauvreté en cations de ces roches favorise la kaoli-
nisation après un stade montmorillonitique fugace.
Nous ne dirons rien des conditions de l'hydrolyse latéritique qui ont été
indiquées plus haut. Mais le problème du régime hydrique des sols latéritiques
demande à être précisé. Ce régime est conditionné, en premier lieu, par le cli-
mat et, à ce point de vue, il faut distinguer les climats tropicaux des climats
équatoriaux, c'est-à-dire considérer le rythme des saisons. Les premiers pro-
voquent une alternance de périodes de forte humidité et de fort dessèchement
dans les sols, ce qui favorise la création d'un milieu favorable aux néosynthèses
gibbsitiques. Les seconds maintiennent une certaine humidité dans les sols
pendant toute l'année. Cette humidité permanente, en milieu acide, favorise
la kaolinisation.
Ce contraste est accusé par le couvert végétal. La forêt, caractéristique des
climats les plus humides, amortissant les fluctuations climatiques annuelles
et interannuelles.
Mais le régime hydrique peut être aussi conditionné par d'autres facteurs.
Certaines roches, où plutôt certaines structures de roches, favorisent le drainage.
C'est le cas de la structure des dolérites par exemple. D'une façon générale
il s'avère que les roches cristallines basiques sont plus perméables que les roches
cristallines acides, ce qui, lié au déficit en .Ilice des premières, facilite l'individua-
lisation de la gibbsite.
Il peut être aussi conditionné par un niveau imperméable en profondeur
qui freine le drainage (illuviations argileuses, roches résistantes à l'altération).
Ce peut être une nappe phréatique permanente ou temporaire. On sait en parti-
culier que des nappes suspendues et basculantes (Rougerie, 1958), ayant une
vie plus ou moins brève, se mettent en place dans les sols forestiers. Toutes
ces conditions favorisent la formation d'argile du type III si le milieu est désaturé
et acide, du type 2/1 si, pour une cause ou l'autre, les eaux de percolation sont
enrichies en cations.

93
Origine de. latérite.

Ce sont, en définitive, les interférences entre tous ces facteurs qui définissent
la composition des produits d'altération des milieux latéritiques. Un sol conte-
nant de la gibbsite n'est pas plus latéritique qu'un sol contenant de la kaolinite
si on lie la latéritisation à des processus d'hydrolyse. Seul l'intensité de cette
hydrolyse est à considérer. Mais, là encore, deux données se confondent fréquem-
ment, à savoir: l'agressivité et la durée des réactions qui conditionnent la nature
des matériaux résiduels.

Redistribution des produits d'altération latéritique

L'étude de la genèse des composants des latérites montre le rôle primordial de


la circulation des eaux à travers les matériaux en voie d'évolution. Cette cir-
culation provoque une migration plus ou moins rapide des éléments libérés.
Frederickson (1952) pense que la mohilité des éléments du sol est en rapport
avec le «potentiel ionique» de l'élément, c'est-à-dire avec le rapport du rayon
ionique à la valence. Les valeurs les plus faibles seront trouvées pour les petits
ions fort chargés qui se combineront à l'oxygène pour donner les anions solubles.
Les valeurs les plus élevées seront trouvées pour les alcalins et alcalino-terreux
qui formeront les cations solubles; la classe intermédiaire des «hydrolysats»
correspond aux éléments peu mobiles tels le fer et l'aluminium. Ces différences
de solubilité amènent une migration différentielle des éléments touchés qui se
redistribuent non seulement à travers les profils mais entre les profils. Les cations
solubilisés et la silice migrent vers les parties basses du modelé où ils s'accu-
mulent pour créer un milieu spécifique qui oriente de nouvelles néosynthèses.
Le fer et l'alumine s'accumulent sur place, puis se «segrégent» partiellement,
le fer se mobilisant plus facilement que l'alumine. Suivant les conditions de
milieux ainsi créées, certains des éléments seront piégés dans les associations
plus ou moins stables: gibbsite, kaolinite, cuirasses ferrugineuses. Il en résultera
un blocage temporaire de ces éléments en des niveaux privilégiés qui expliquent
la répartition des latérites dans le paysage. Mais il n'en reste pas moins vrai
qu'à l'échelle des temps géologiques, l'altération latéritique correspond à une
dissolution générale du pays, qui «fond» littéralement sur place.
Edelman (1946), Edelman et Schuffelen (1947), Mohr et van Baren (1954)
montrent comment, dans les régions montagneuses de Java, se distribuent
les types d'argile en relation avec le lessivage et l'accumulation consécutive
de silice. Au lessivage correspondent les sols latéritiques, aux accumulations
dans les parties basses les sols noirs à montmorillonite. On peut comprendre
de la même façon la succession fréquemment signalée de la latérite à gibbsite
sur les parties hautes et de latérite à kaolinite par résilicification dans les parties
basses (Harrison, 1933).
Le lessivage de certains produits d'altération, la redistribution des matériaux
résiduels provoquent des mouvements de masse qui, se cumulant avec le temps,
sont souvent marqués. On observe dans les croûtes d'altération ainsi consti-
tuées des phénomènes de cisaillement qui matérialisent ces mouvements. Ces
mouvements seraient à l'origine de la structure polyédrique fréquente des sols
à kaolinite (Sabot, 1952).
La conséquence globale de cet effrondrement est un brassage des matériaux
qui contribue à les homogénéiser. Il est probable que ces mouvements de masse,
qui se complètent d'ailleurs de phénomènes de creep sur les pentes, contribuent
partiellement à la mise en place de niveaux de cailloux (stone lines) à l'intérieur

94
Origine des latérites

des profils. Le parallélisme qui existe entre la distribution de ces formations


et la forme du modelé est à ce titre remarquable. La présence de filons fauchés
confirme cette hypothèse.
A ces mouvements généraux qui contribuent à l'évolution normale du modelé,
s'ajoutent des remaniements limités qui ont déjà été signalés précédemment,
à savoir des remaniements liés à l'activité biologique : action des animalcules,
termites en particulier; brassages par les racines qui entraînent et retournent
les matériaux en place. L'ensemble cumulé de ces phénomènes locaux finit
par être important et touche les deux mètres supérieurs de la plupart des sels
d'altération latéritique.

LES COMPOSANTS PRÉEXISTANTS DANS LES ROCHES

De nombreuses roches sédimentaires sont composées de minéraux qui peuvent


participer directement et sans transformation, sauf celles qui concernent leur
redistribution, à la genèse des latérites indurées. Ces formations sont fréquentes
sur les vieilles plates-formes continentales des milieux tropicaux. Ce sont des
niveaux argilo-sableux à sablo-argileux, souvent peu consolidés, composés de
grains de quartz corodés ou éclatés et de kaolins plus ou moins imprégnés de
fer. Ce sont également des produits érodés et remaniés d'anciens sols d'altéra-
tion latéritique : sables tertiaires de la basse Côte-d'Ivoire, du Togo et du
Dahomey; formations argilo-sableuses du continental terminal et du conti·
nental intercalaire, du Sénégal, de Mauritanie, du nord-est du Mali, du Niger,
du nord du Dahomey, du Tchad, de la République centrafricaine; formations
sédimentaires de la Cuvette congolaise. Il est probable que des niveaux compa-
rables sont nombreux dans d'autres régions du globe; sidérolithiques en Europe
occidentale, « graulehms » d'Allemagne de l'Ouest, etc. La plupart de ces faciès
signalent qu'à certaines époques régnaient sur le monde des climats latéritisants.
Parmi les composants de ces formations, l'élément le plus important est le
fer. Celui-ci est facilement mobilisable. Il tend à se concentrer en des points
privilégiés pour constituer des cuirasses ferrugineuses indurées. C'est ainsi que
la plupart des formations sédimentaires du continental terminal et du conti·
nental intercalaire <l'Afrique noire sont surmontées d'une cuirasse ferrugineuse
pisolithique, de faihle épaisseur (moins d'un mètre), qui s'est mise en place
au villafranchien.
Les conditions de mohilisation du fer dans ces roches sont heaucoup moins
strictes que celles qui président à l'altération latéritique. La mohilisation est
d'autant plus intense que le fer est déjà individualisé, l'intensité de mohilisation
augmentant avec la température et l'humidité du sol. En Mrique, sous climats
tropicaux, à température moyenne annuelle supérieure à 25 oC, les processus
de mobilisation deviennent sensibles dès l'isohyète 500 mm. Déjà en sols suh-
arides, sous 200 à 500 mm/an, le rapport fer lihre 1fer total est supérieur à 65 %
(Bocquier et Maignien, 1963). Vers 750 mm/an, les processus de cuirassement
ferrugineux apparaissent. 11:, augmentent avec les précipitations. Ces conditions
sont très en deçà de celles qui induisent l'altération latéritique, qui, dans ces.
mêmes régions, débutent sous des pluviométries de l'ordre de 1200 mm/an.
On comprend que le cuirassement des sols, ou plutôt la formation des latérites
au sens anglo-saxon, n'est pas spécifiquement lié à l'altération latéritique~
Il peut s'imposer dans des sols très différents.

95
Origine de. latérite.

Parmi les formations constituant une source de matériaux contrihuant à


la genèse des latérites indurées, il faut signaler les cuirasses anciennes. Ce pro-
hlème a déjà été succinctement ahordé lors de l'étude sur le rôle du modelé
comme facteur de formation des cuirasses. Ces cuirasses fossiles, alumineuses,
ferrugineuses, manganifères constituent une source de constituants indivi-
dualisés, lesquels peuvent, sous certaines conditions, être remohilisés, migrer
à travers un paysage et former de nouveaux niveaux indurés. Comme pour
les formations sédimentaires, ces mécanismes sont étroitement liés à l'activité
hiologique du sol, et plus particulièrement à la décomposition de la litière
organique.
Si la remohilisation du fer et du manganèse d'anciennes cuirasses ne pose
pratiquement pas de prohlème, celle de l'aluminium peut être discutée. Les
données exposées montrent que la mohilisation de l'aluminium est heaucoup
moins rapide que celle du fer. Elle peut être cependant très sensihle si l'on con·
sidère l'effet cumulé au cours des temps. Ainsi l'aluminium, le fer et le manganèse
participent à des cycles qui diffèrent quant à leur durée et leur intensité. Ces
cycles sont plus ou moins déphasés les uns par rapport aux autres par suite
de la soluhilité différentielle des éléments mis en cause. L'ensemble de ces méca-
nismes contrihue à une lente exportation et à une redistrihution des constituants
latéritiques des reliefs les plus élevés, vers les niveaux les plus has.
A la vue de ces données, il est possihle de schématiser la marche des processus
de cuirassement de la façon suivante (Maignien, 1958):

Altération des roches


(Altération latéritique - ferruginisation)
t
Individualisation des constituants
Pertes vers / t
les océans iL' Mobilisation +-----------,
t
Accumulation et immobilisation +---
(cimentation, imprégnation, accumulation)
t
Induration et cuirassement
t
Désagrégation - Remaniement
t
Altération - Mise en solution
t
Nouvelle exportation
Pertes vers /
les océans iL'

Quand la lihération des sesquioxydes est supeneure aux pertes par drainage
vers les océans, il y a extension du cuirassement. Si les phénomènes de mohi·
lisation et de lessivage prédominent, ou hien il n'y a pas formation de cuirasses,
ou hien l'on assiste à la disparition d'anciens niveaux cuirassés. Lorsque les
processus de lessivage sur les reliefs sont accusés, mais que le drainage des zones
de réception est déficient, il se produit 1Ul glissement du cuirassement vers les
niveaux inférieurs.

96
Origine des latérites

En résumé ce sont les équilibres entre les facteurs de l'évolution des sesqui-
oxydes qui règlent les possibilités de cuirassement des sols tropicaux. Mais
le cuirassement des sols n'est pas lié spécifiquement aux processus d'altération
latéritique.

ACCUMULATION DES CONSTITUANTS DES LATÉRITES

Les accumulations des constituants des latérites peuvent résulter soit du départ
de matériaux plus solubles (accumulations relatives), soit de l'apport de maté-
riaux constitutifs (accumulations absolues). Ces mouvements différentiels peu-
vent se réaliser à l'échelle des profils sans apport extérieur; ils font alors inter-
venir les seuls mouvements verticaux des solutions du sol. Ils peuvent se pro-
duire aussi avec apports extérieurs par mouvements latéraux. En fait ces dis-
tinctions sont trop académiques, car il y a peu d'exemples où un seul de ces
processus soit en cause. Généralement, ils interfèrent mais à des degrés et des
intensités variés.

ACCUMULATION DANS LE PROFIL SANS APPORT EXTÉRIEUR

Pour Newbold (1844), Glinka (1899) et d'autres, il ne fait aucun doute que
les latérites indurées, se formant à partir des matériaux d'altération des roches,
peuvent évoluer sans apport extérieur. Hanlon (1944) confirme cette façon de
voir et constate que certaines latérites possèdent les mêmes quantités de fer
et d'aluminium que la roche sous-jacente. Des proportions aussi comparables
ne peuvent se concevoir s'il y a apports extérieurs au profil, car les deux prin-
cipaux constituants possèdent des caractéristiques chimiques très divergentes.
Alexander et al. (1962) signalent un cas identique en Guinée, le produit induré
résultant d'une accumulation relative de sesquioxydes après départ de silice
et de bases. Il y a réorganisation sur place des constituants principaux qui
forment un squelette. Le fait que les propriétés d'induration sont souvent fai-
blement exprimées quand la roche mère est pauvre en fer milite en faveur de
cette hypothèse. Cependant, il faut une fois encore distinguer les accumulations
alumineuses des accumulations ferrugineuses ou manganifères.

Latérites alumineuses -

L'étude de la décomposition latéritique des roches montre que, sous certaines


conditions, des minéraux peuvent se transformer, sur place, directement, en
gibbsite bien cristallisée. Ces cristaux forment un squelette cohérent et donnent
directement naissance à une cuirasse alumineuse indurée. Ces cuirasses sont
plus ou moins imprégnées de sesquioxydes de fer sans qu'il soit possible de
préciser les proportions revenant directement à l'altération des roches en place
et celles provenant d'un enrichissement secondaire. Ce type de cuirassement
alumineux est fréquent. On y observe des phénomènes de dissolution partielle
qui donnent un matériau à structure scoriacée. Parfois des noyaux de roches
fraiches sont figés dans la masse cuirassée. Il apparaît donc que l'aluminium
est un élément latéritique surtout résiduel. Cependant, le bilan de l'alumine peut
varier suivant la nature minéralogique des roches qui se transforment. Bonifas
(1959) note que si J'alumine et le titane restent sur place ou ne sont évacués

97
Origine de. latérites

qu'en petite quantité au cours de l'altération des dolérites, par contre, une
arrivée importante se produit au cours de l'altération des syénites et des cor-
néennes. Au cours de l'altération des dunites l'aluminium est partiellement
éliminé.
Il est certain que l'alumine migre plus ou moins intensément suivant les
conditions du milieu. Il est certain aussi que cet élément, lorsqu'il migre, est
véhiculé par les eaux. Mais il est difficile d'admettrc que la gibbsite qui se trouve
en contact avec les roches fraîches puisse provenir du lessivage des parties
supérieures des profils. Il s'agit d'une transformation sur place suivie d'une
accumulation relative.
Les cas de remplissage de fentes, de petites diaclases par du trihydrate d'alu-
mine, les pisolithes alumineuses, ne s'observent pratiquement que dans les
horizons supérieurs des profils. Cette concentration superficielle ne pourrait
se réaliser que par remontée capillaire, ou par apport extérieur par le canal
des eaux de lessivage oblique. L'étude du bilan hydrique des sols tropicaux
semble exclure la première hypothèse. De telles concentrations ne peuvent
se réaliser que dans une nappe phréatique à fluctuations faibies ou à proximité.
Par contre, il cst beaucoup plus facile d'expliquer les accumulations de surface
par les mouvements latéraux des solutions du sol. Néanmoins, ces types d'accu-
mulation restent relativement réduits en regard des accumulations alumineuses
relatives qui sont de beaucoup les plus fréquemment observées.

A utres latérites

Les autres niveaux indurés sont liés aux mouvements du fer et/ou du man-
ganèse dans les sols. Une partie du fer de ces latérites durcies provient directe-
ment de l'altération en place des minéraux des roches. Ainsi Ronifas (1959)
signale que le fer augmente considérablement au cours de l'altération des dunites
et des serpentines. Cependant, dans les autres cas, il est en partie évacué. Sauf
dans certains exemples mal expliqués (sols rouges latéritiques), le fer se mobi-
lise avec une extrême facilité et migre fort loin avec les solutions du sol.
A l'échelle des profils, il est possible d'expliquer la formation d'horizons enri-
chis en fer et/ou en manganèse par les seuls mouvements verticaux: mouvements
per descensum quand il y a lessivage du fer des horizons supérieurs et accumu-
lation en profondeur; mouvements per ascensum par remontées capillaires des
solutions enrichies en fer dans les zones d'altération; ségrégation et redistri-
bution sur place ou à travers plusieurs horizons par action d'une nappe phréa-
tique fluctuante, plus ou moins temporaire.

Enrichissement par lessivage vertical. La formation des niveaux indurés, riches


en fer, par lessivage des horizons de surface et accumulation en profondeur
est connue depuis fort longtemps. Il faut pourtant attendre les travaux de
Mohr (1932), puis de Pendleton (1936, 1942, 1943) pour que cette hypothèse
soit clairement exposée. Pour ces auteurs, la latérite est un horizon illuvial.
Les travaux de Maignien (1958, 1962) sur les sols ferrugineux tropicaux cuirassés
confirment ces façons de voir dans le cas du concrétionnement et du cuirasse-
ment ferrugineux. D'Hoore (1954) signale les différentes possibilités de cuirasse.
ment liées aux migrations des sesquioxydes. Pour qu'il y ait transport, il faut
que se réalisent conjointement des conditions de mobilisation et de transport.
Les différentes formes du fer dans les sols ne sont pas toutes favorables à son

98
Origine des latérites

déplacement : a) l'ion ferrique est à peu près insoluble aux conditions de pH


des sols tropicaux; b) l'ion ferreux a une solubilité appréciable, mais qui ne
peut se conserver qu'en milieu réducteur; c) sous forme colloïdale le déplacement
du fer est possible mais cette forme est très sensible aux électrolytes; d) en
raison de sa charge électropositivc, lc fer se fixe énergiquement sur l'argile
qu'il peut accompagner lors des phénomènes de lessivage; e) les ions ferriques
et ferreux ont la possibilité de s'associer à certaines substances courantes dans
les sols, en donnant des ions complexes électronégatifs, indifférents à l'argile
et moins sensibles aux électrolytes; ces combinaisons sont essentielles dans les
processus de migration du fer et, peut être, de l'aluminium; f) dans certaines
conditions le fer peut migrer sous forme de carbonates.
La variation de solubilité des ions ferriques et ferreux, la facilité avec laquelle
ils forment des complexes organiques, expliquent que l'accumulation « absolue»
de cet élémcnt ait été la plus étudiée (Betremieux, 1951 ; Maignien, 1958). Pour
Bonifas (1959), l'ampleur de ces migrations ne dépasse pas l'échelle du profil,
ce qui~est controversé.
Deux groupes de substances interviennent dans la formation des complexes
pseudo-solubles : les acidcs siliciques, dont la présence est liée directement
à l'altération des roches, et les produits organiques résultant de l'activité bio-
logique des sols.
Les complexes ferrisiliciques et ferrosiliciques ont été étudiés cn détail par
Demolon et Bastisse (1958, 1942, 1944). Ces produits ont été trouvés dans les
sols par électrodyalise. Hs se forment en milieux concentrés, mais peuvent
subir de fortes dilutions. Pour Bastisse (1946, 1949), les anions organiques capa-
bles de dissimuler le fer et le manganèse, et en général les hydroxydes métal-
liques, sont surtout des polyacides et des acides-alcools. Parmi ces derniers, les
hydroxy-acides donnent avec Fe et Mn des complexes peu dissociés et très
stables. Ces acides existent dans les végétaux et dans les produits de leur dé('om-
position (par exemple acide lactique).
La réduction du fer ferrique en fer ferreux dans le sol est toujours sous la
dépendance d'un micro-organisme. Mais le mécanisme exact selon lequel cette
réduction est effectuée n'est pas encore connu. Bromfield (1954) pense que cette
réduction est à mettre en relation avec une déshydrogenèse. Parmi les bactéries
susceptibles de réduire le fer, il faut citer Eicherichia coli (Halvorson et Starkey,
1927), Bacillus polymyxa (Roberts, 1947), Bacillus circulans, Aerobacter coro-
gonas (Bromfield, 1954), Staphylococcus aureus, Bacillus mycoïdae, B. mesen-
tericus, B. subtilis, etc. (Kalakutskü, 1959). Toutefois cette réduction n'est
pas une fonction spécifique de ces organismes.
La fermentation de la matière organique brute (matière végétale) et de cer-
tains produits définis (glucose par exemple) est susceptible de donner naissance
à des produits qui réduisent le fer et provoquent sa solubilisation (Betremieux,
1951; Islah et Elahi, 1954; MandaI, 1960).
Les acides humiques et fulviques semblent avoir un pouvoir solvant par
complexation et réduction sur le fer ferrique (Ponomareva, 1949; Baba et
Yamamoto, 1957; Beres et Kiraly, 1958).
Plusieurs auteurs ont étudié l'action des extraits de litières sur le sol (Brom-
field, 1950, 1956; Schmitzer, 1954; Bossaint, 1958, 1959; Motomura, 1962).
Ces extraits sont capables de dissoudre du fer et de l'entraîner. La mobilisation
serait due à des produits transitoires du type polyphénol, acides gras, chelates.
La plus grande partie de l'activité réductrice serait liée à des produits à poids

99
Origine des latérites

moléculaire peu élevé; ceux à haut poids moléculaire seraient plutôt inhibiteurs
(Bromfield, 1956).
Une fois la réduction complète ou partielle du fer réalisée, ainsi que sa mise
en solution, cet élément peut migrer dans le profil. La forme sous laquelle le
fer migre est sujette à des interprétations variées. Il semble, du moins en ce qui
concerne les sols latéritiques, que la forme ionique soit de moins en moins retenue
par les pédologues. Par contre de nombreux auteurs envisagent l'existence de
complexes analogues aux complexes de coordination (Bremer et al., 1946; Betre-
mieux, 1951; Bromfield, 1954; Schnitzer, 1954; Beckwith, 1955), d'autres comme
Atrinson et Wright (1957), Kawaguchi et Matsuo (1959) pensent que le composé
fondamental est un chelate.
Lossaint (1959), faisant le point de la question, estime que diverses actions
entrent en jeu et sont possibles telles que : pouvoir réducteur, pouvoir com-
plexant, chelatant, possibilité de sol protecteur, etc. Suivant les conditions du
milieu c'est tantôt l'un, tantôt l'autre qui prédomine.
En résumé le fer est d'autant plus labile dans les sols que le milieu présente
des conditions réductives. Ces dernières peuvent être temporaires ou perma-
nentes. Elles sont liées au pédoclimat. Cependant, la mobilisation du fer peut
être très variable suivant le type de sol. Les sols ferrugineux tropicaux pré-
sentent des conditions extrêmement favorables à cette mobilisation (Maignien,
1962). Par contre les sols rouges latéritiques semblent le retenir assez forte-
ment. Il forme avec la kaolinite des liaisons rehtivement stables qui ont été'
étudiées par Fripiat et al. (1954). Ces auteurs arrivent aux .:onclusions sui-
vantes : a) l'oxyde de fer qui recouvre les surfaces de kaolinite naturelle se
présente sous deux formes fonctionnant de façon différente; b) il existe deux
genres de combinaison kaolinite-oxyde de fer, de structure et de propriétés
distinctes; c) la formation de l'un ou de l'autre type dépend de la kaolinite
de départ; d) la nature des bords des feuillets de kaolinite est probablement
la cause de ces différences.
Ils distinguent des complexes ordonnés et des complexes désordonnés. Les
premiers possèdent une structure résultant de l'empilement partiel des pseudo-
hexagones de kaolinite suivant l'axe C et leur coordination par l'intermédi?ire
de l'oxyde. La courbe reliant la surface spécifique de ces combinaisons passe
par un maximum vers 12 % de FezOs' Pour les teneurs supérieures, un phéno-
mène de saturation des surfaces se produit avec formation de particules extrê-
mement petites d'oxyde pur. Les seconds sont formés d'agrégats désordonnés
de particules de kaolinite soudées par l'intermédiaire de l'oxyde de fer. La sur-
face spécifique de ces combinaisons croît linéairement en fonction de la teneur
en FezOs' sans qu'aucun phénomène de saturation n'apparaisse.
Les complexes ordonnés se forment à partir de kaolinite ayant subit un trai-
tement neutre; les complexes désordonnés à partir de kaolinite ayant subit
un traitement acide.
D'Hoore (1954) a constaté que la valeur de 12 % de Fez03semble correspondre
à la saturation en oxydes de la surface des argiles des sols congolais. Au-dessus
de ces pourcentages, il se forme des concrétions.
Ainsi l'intensité de fixation des hydroxydes de fer sur les argiles tropicales
dépend du milieu pédogénétique. Si celui-ci est fortement altéré et lessivé,
les argiles sont du type kaolinite H. Le point iso-électrique des hydroxydes
individualisés est abaissé, d'où une tendance au concrétionnement. Lorsque
les processus de lessivage ne l'emportent pas sur l'hydrolyse des minéraux à

100
Origine des latérites

alcalino-terreux, il Y a tendance à la formation de kaolinite M et à l'individua-


lisation d'hydroxyde dont le point iso-électrique a un pH relativement élevé.
Les phénomènes d'absorption prédominent.
Suivant ces conditions du milieu, un pourcentage plus ou moins important
de fer peut migrer en liaison avec les argiles, mais il faut signaler que si l'élu-
viation argileuse est très réduite dans les sols rouges latéritiques, elle peut être
par contre marquée dans certains sols jaunes latéritiques.
Le déplacement des matériaux mobilisés dépend des mouvements de l'eau,
mouvements surtout dirigés de haut en bas sous l'action de la gravité. L'ab·
sorption radiculaire joue cependant un rôle non négligeahle en prélevant en
profondeur des matériaux qui sont restitués à la surface du sol. On peut éga-
lement signaler l'action des animalcules du sol (termites et vers de terre) qui
remontent et homogénéisent des matériaux de profondeur dans les horizons
superficiels. Nye (1955) sign'!le au Ghana des sols colonisés par Hippopera nigeriae
dont les rejets de surface peuvent être estimés à 500 kilos à l'acre par an. Au
Nord-Cameroun, Kolhmanns-Perger (1956) donne des valeurs de terricules de
vers de 2,1 tonnes par hectare et par an.
La profondeur du transport vertical par gravité des sesquioxydes de fer et/ou
de manganèse est variahle. Il dépend de la pluviométrie, des types de sols et
de leur position topographique, facteurs qui conditionnent la mise en place
d'une nappe phréatique, temporaire ou non.
Maignien (1958) indique les valeurs suivantes :
En basse Casamance (Sénégal) : accumulation ferrugineuse immédiatement
au-dessus du niveau d'étiage de la nappe phréatique, entre 4 et 6 mètres.
En Guinée portugaise (cap Roxo), en sols rouges faihlement latéritiques, pro-
fondeur limitée par le niveau de la mer, vers 8-10 mètres.
En sols ferrugineux tropicaux lessivés, entre 75 et 250 cm, sous l'horizon illu-
vial argileux.
En Guinée, sur les hauts plateaux du Fouta-Djallon, sur sols ferrallitiques mal
drainés, cuirassement vers 150-200 cm au niveau d'une nappe perchée tem-
poraire.
En Guinée forestière: sols ferrallitiques sur gneiss et sur granite, concrétionne·
ment et cuirassement vers 150-250 cm dans les niveaux relativement argileux.
D'une façon générale, le concrétionnement ou l'induration en sols argileux se
réalise à moins grande profondeur que le cuirassement en sols légers. Dans
ces derniers cas les niveaux indurés sont aussi à des profondeurs plus variées.
La précipitation et l'immobilisation de fer se produisent lorsque l'édifice
fer-complexant (ou chelate, ou sol) est détruit. Cette destruction peut se pro-
duire par : changement de pH, du Eh, des ions en solutions, oxydation du
milieu qui détruit le «protecteur )1, ou ramène le Fe 2+ à l'état de Fe3+. Il s'agit
surtout de réactions physico-chimiques, bien que l'oxydation puisse dans cer-
tains cas être effectuée par des micro-organismes.
L a fixation de l'hydroxyde libéré est favorisée par la présence d'hydroxydes
préexistants.
Ces différents résultats rejoignent les faits d'observation à savoir :
Le fer ne précipite jamais dans un milieu riche en matière organique. Les miné-
raux ferrugineux y sont fortement corrodés.
La limite supérieure des cuirasses est plus tranchée que la limite inférieure.
Vers le haut, les modifications physico-chimiques (pH, etc.), liées aux horizons
meubles bien drainés, favorisent une précipitation brutale des sesquioxydes

101
Origine des latérites

plus ou moins complexés. A la base, les dépôts sont progressifs et diffus,


car ils résultent de la destruction des 'complexes organiques qui libèrent peu
à peu les formes oxydées.
Un niveau initialement cuirassé, même alumineux (latérites fo%iles par exem-
ple), accuse des phénomènes secondaires d'immobilisation. La superposition
de ces phénomènes contribue à la complexité et l'hétérogénéité des formations
indurées.
Toutes variations de la texture vers i'augmentation des teneurs en éléments
grossiers favorisent l'immobilisation (oxydation par aération). Ce phénomène
est bien marqué dans les alluvions hétérogènes. Les niveaux les plus gros-
siers sont transformés en grès, poudingues, conglomérats, brèches à ciment
ferrugineux. L'aération du milieu influe également sur la formation des dépôts
ferrugineux le long des racines. De même dans les sols où le cuirassement
est déjà amorcé, les sesquioxydes se déposent de façon préférentielle le long
des alvéoles et des canaux.
L'aération qui induit l'oxydation, et par suite l'immobilisation du fer et/ou
du manganèse, peut provenir nu départ accéléré des eaux de percolation
ou de l'abaissement d'une nappe phréatique. Ceci se produit en bordure des
axes de drainage ou des décrochements du relief et également dans les allu-
vions. Ainsi se forment les cuirasses de «galeries », les auréoles cuirassées
en tête de sources ou de ravins d'érosion, les cuirasses de «nappe ».
Les diminutions des teneurs en matière organique et de l'activité biologique
favorisent également l'immobilisation. Ces processus sont fréquents lorsque
les peuplements de savanes remplacent la forêt. Ceci peut se réaliser ainsi
lorsque la minéralisation de la matière organique est accélérée, par exemple
à la suite du travail du sol, d'un drainage.
L'apparition brutale de la saison sèche peut limiter l'activité biologique par
déficit hydrique et favoriser l'immobilisation. Ceci explique pourquoi les
sols sont plus fréquemment cuirassés sous climats tropicaux à saisons bien
tranchées que sous climats équatoriaux à humidité « quasi» permanente.
La concentration des racines en des niveaux définis permet non seulement
l'accumulation des sesquioxydes de fer, mais aussi leur immobilisation en
desséchant certains points privilégiés du sol. Le concrétionnement en sols
de savane découle de ce phénomène. Il est particulièrement net sous végé-
tation herbacée postforestière.

Enrichissement par capillarité. Pendant fort longtemps il a été admis que les
latérites indurées se formaient par remontées sous l'effet de l'évaporation.
Ceci est l'opinion de MacLaren (1906) qui conclut que les latérites supérieures
sont enrichies par capillarité à partir de la pallid zone inférieure qui est une zone
de réduction et de solubilisation pour le fer. Les données fournies par Hanas-
sowitz (1926) montrent que les teneurs en fer augmentent de la zone de départ
à la cuirasse supérieure, ce qui pourrait confirmer l'hypothèse précédente. Simp-
son (1912) considère que les cuirasses latéritiques sont à assimiler à des effio-
rescences de surface, le fer se concentrant par remontée capillaire à la suite de
l'évaporation.
Cependant, de nombreuses études ont montré que les remontées capillaires
étaient beaucoup moins importantes que l'on pouvait le supposer et limitées
seulement à des matériaux et des sites favorables. Ces remontées atteignent
au maximum 2 à 2,5 mètres dans les conditions les meilleures (Baver, 1956;

102
Origine des latérites

Mohr et Van Baren, 1954). Elles ne sont significatives qu'au contact des zones
à saturation temporaire ou permanente.
En fait, deux problèmes se posent : possibilités de remontées capillaires de
l'eau et succion par évaporation d'une part, et d'autre part mobilisation des
sesquioxydes dans les milieux aqueux.
Si l'on étudie le régime hydrique des sols tropicaux, on constate, en saison
des pluies, la mise en place de niveaux saturés en eau. Par contre, pendant la
saison sèche, les profils se dessèchent fortement en surface, du moins ceux qui
ne sont pas sous forêt et qui se situent en rlimat tropical humide. Dans ces
conditions les facteurs qui régissent les mouvements de l'eau du sol sont: en
saison des pluies, ceux qui règlent l'écoulement en sols saturés, c'est-à-dire
la percolation de haut en bas; en saison sèche, ceux qui influencent les mouve-
ments en sols non saturés qui sont essentiellement des mouvements de remontées.
Les périodes de transition, souvent très brèves, peuvent être négligées. Lors-
que le sol n'est plus saturé en eau, le potentiel capillaire agit seul. Hallaire (1953)
a montré que lors des cycles de dessèchement-réhumectation, le débit des mou-
vements de l'eau est donné par l'évaporation. Il y a remontée, mais le débit
ne peut dépasser une certaine valeur, sinon il se forme une croûte en surface
qui tend à se mettre en équilibre d'hygroscopicité avec l'atmosphère et où
l'eau ne diffuse qu'à l'état de vapeur. Or le débit est étroitement lié à l'intensité
de l'évaporation et le gradient de cette dernière est beaucoup plus élevé que
celui de la remontée capillaire. Il s'ensuit que les sols se dessèchent rapidement
en surface limitant ainsi les remontées des solutions du sol.
De plus, les cuirasses présentent une discontinuité qui réduit le débit, car
celui-ci tend vers une valeur telle qu'à chaque niveau l'évaporation maximale
est égale à la diffusion maximale de l'horizon inférieur, et la diffusion capillaire
des horizons cuirassés est toujours très faihle, par suite de leur texture grossière.
Il en résulte que les mouvements de l'eau par remontée capillaire sont réduits
et n'intéressent qu'une frange étroite directement en contact avec un niveau
de saturation. Les bilan hydrique constaté en case lysimétrique confirme cette
interprétation. Les périodes d'évaporation maximale de l'eau en surface se
situent en saison humide. Le bilan annuel pour des pluviométries de l'ordre de
650 mm fait apparaître une percolation de haut en bas qui, au Sénégal, suivant
les types de sols, porte sur un tiers à un quart des eaux précipitées.
Mais ces eaux de remontées capillaires aussi réduites soient-elles transpor-
tent-elles des sesquioxydes? Il a déjà été indiqué que le fer ne peut entrepren-
dre de déplacement court ou long à l'intérieur du sol que s'il est engagé dans
une combinaison particulière (complexe, chelate ou sol protecteur) qui lui assure
une protection suffisamment efficace contre les variations des milieux qu'il lui
faut traverser. Or la plupart de ces combinaisons sont liées à l'activité biolo-
gique et, en particulier, à la décomposition de la matière organique, tous ces
phénomènes ne pouvant se réaliser que dans les horizons de surface des sols.
On conçoit alors difficilement comment le phénomène peut prendre sa source
en profondeur, hors d'atteinte de ces influences biologiques.
D'autre part, en saison sèche, époque où l'évaporation atmosphérique est
la plus intense, la restitution organique aux sols est réduite ainsi que l'activité
biologique. Les processus d'oxydation prédominent et on voit mal comment
les conditions de mobilisation peuvent se maintenir.
Enfin, il semble maintenant bien prouvé que les niveaux indurés s'imposent
en profondeur dans les sols et si l'hypothèse de la remontée capillaire devait

103
Origine des latérites

être retenue, on peut se demander pourquoi elle s'arrête à de tels niveaux pro-
fonds et ne remonte pas en surface, comme les premières explications semhlaient
l'indiquer. Il est cependant important de constater que l'accumulation du fer
par remontée capillaire peut jouer un certain rôle, réduit aux franges des nappes
phréatiques, et enrichit partiellement certaines latérites et certains nodules
(cuirasses de nappes ou de galeries). Mais ce processus n'est pas essentiel dans
la mise en place et le développement des cuirasses, même si l'on considère l'effet
cumulé au cours de plusieurs décennies. Dans la majorité des cas, l'action d'une
nappe phréatique joue sur la ségrégation des produits, phénomène qui sera
traité un peu plus loin.
La présence en surface de latérites n'est qu'une conséquence des phénomènes
d'érosion qui ont déhlayé les horizons meuhles superficiels.

Enrichissement par fluctuation d'une nappe phréatique. De nombreuses hypo-


thèses font appel aux fluctuations de nappes phréatiques pour expliquer la
formation de latérites indurées. Le fer se précipiterait à la partie supérieure
de ces nappes par oxydation (Camphell, 1917; Marhut, 1932; Pendleton, 1943 ;
Mohr, 1944).
Pour Camphell, il y aurait deux stades dans la décomposition des roches,
l'un lié à l'augmentation des teneurs en oxygène, l'autre aux eaux d'engorge-
ment. Pour préciser sa pensée cet auteur définit trois niveaux dans le sol: a) un
niveau de non-saturation qui comprend toute la partie du profil non atteinte
par les eaux de la nappe; b) un niveau à saturation intermittente, incluant
toutes les parties du profil depuis la limite supérieure maximale de la frange
capillaire jusqu'à la limite inférieure où pénètre l'air atmosphérique; c) un
niveau à saturation permanente correspondant à la partie inférieure du profil
limitée dans sa partie supérieure par le niveau d'étiage de la nappe phréatique
et de sa frange capillaire.
Les niveaux à saturation intermittente seraient enrichis par du fer lessivé
des niveaux non saturés par des solutions riches en acides humiques et, égale-
ment, par des composés ferreux remontant de la zone à saturation permanente.
Ces derniers précipiteraient par oxydation lors de l'ahaissement de la nappe
et de la frange capillaire. Les difficultés de pénétration de l'air dans le sollimi-
teraient le développement en profondeur du cuirassement. L'ahaissement d'une
nappe phréatique, à la suite de la disparition d'un niveau de hase, n'augmen-
terait donc pas l'épaisseur de la latérite, les différentes latérites ne pouvant
se former l'une en dessous de l'autre, mais successivement, sur les différentes
formes du modelé où la nappe phréatique est proche de la surface du sol.
Bien que fréquemment reprise par de nombreux chercheurs, cette hypothèse
est difficile à admettre en regard des connaissances actuelles sur l'altération
des roches.
Mohr (1944), puis Mohr et Van Baren (1954), ont tenté d'adapter l'hypothèse
de Camphell à ces nouvelles données pour expliquer le développement des laté·
rites sur les cendrées volcaniques. Ils supposent que, durant l'hydrolyse des
verres volcaniques et des minéraux primaires des cendrées, les eaux enrichies
en silice dissolvent de plus en plus le calcium et le magnésium jusqu'à une pro-
fondeur telle que la concentration de la solution en alcalino-terreux devienne
suffisante pour provoquer la précipitation de la silice qui cimente les cendres.
Il se formerait ainsi un horizon durci, qui limiterait la perméahilité et aménerait
la mise en place d'une nappe fluctuante. A ce niveau, le kaolin, la gihhsite et

104
Origine des latérit...

l'oxyde de fer se sépareraient, le kaolin précipitant à la partie inférieure (pallid


zone) et le fer à la partie supérieure, ces deux corps matérialisant les limites du
mouvement de la nappe. Avec le temps et l'accumulation de l'argile, le niveau
hydrostatique s'élèverait peu à peu, le fer étant régulièrement remobilisé et
redéposé à un niveau supérieur où il se concentrerait progressivement.
Valumine subirait le même mécanisme, mais à un degré moindre, et s'accu-
mulerait sous le niveau enrichi en fer. Vhorizon ferrugineux pourrait s'indurer
dès qu'il est exposé à l'air.
Cette explication est en contradiction avec les idées de Nye (1955), qui signale
que le fer se dissout dans la partie supérieure des latérites pour enrichir les
niveaux inférieurs quand l'éro~ion normale abaisse la zone de saturation.
Si la précipitation du fer contenu dans la zone de fluctuation peut parfaite-
ment s'expliquer par passage de l'état ferreux à l'état ferrique, un tel méca-
nisme n'est pas applicable à l'aluminium. Il apparaît donc que l'enrichissement
lié aux fluctuations d'une nappe phréatique ne peut s'appliquer qu'au fer. Cepen-
dant on s'explique mal comment le fer peut s'accumuler à la partie supérieure
des nappes phréatiques fluctuantes alors que le mouvement de ces dernières
est lié aux forces de gravité. '
D'après Wentworth (1955), qui s'appuie sur l'hypothèse de Ghyben-Herz-
berg, la nappe phréatique se composerait, à la fin de la saison des pluies, de plu-
sieurs tranches successives qui ne se mélangeraient pas et qui correspondraient
aux différentes précipitations qui se succèdent en cours d'année.
Les niveaux inférieurs étant plus enrichis en matériaux dissous que les niveaux
supérieurs, on s'imagine mal comment l'accumulation pourrait se réaliser à
la surface de nappes appauvries. Ces données, qui sont utilisées sur un plan
pratique à Hawaii, sont confirmées par les études en cases lysimétriques menées
à Bamhey au Sénégal (Charreau, 1961) qui montrent que le drainage n'est
effectif qu'après chaque grosse pluie. On observe des ondes successives liées aux
précipitations, chaque bande humidifiée refoulant l'autre devant elle. Si l'on
tient compte de ces mécanismes (Alexander et al., 1963), on peut suggérer que
l'enrichissement de certains niveaux du sol par une nappe fluctuante se réduit
à deux effets principaux : accumulation des matériaux dissous des horizons
supérieurs par absorption ou/et précipitation, donc accumulation absolue;
dissolution différentielle accélérée des différents éléments avec pertes partielles,
translocations locales et segrégation. Les éléments les plus solubles étant lente-
ment évacués, il y a accumulation relative des matériaux les moins mobilisahles.
Cette explication est controversée par les résultats de Betremieux (1955),
qui contata expérimentalement qu'en présence d'un plan d'eau élevé les phé-
nomènes de dépôts sont retardés et l'activité biologique s'étend en profondeur
avec ses conséquences sur le lessivage du sol.
En résumé, il semble que l'on puisse actuellement retenir de l'action des
fluctuations de nappes phréatiques des mécanismes de segrégation, sans enri-
chissement global sensible. Ces segrégations provoquent des concentrations
locales qui amènent la mise en place d'un squelette induré, constitué spécifi-
quement d'oxydes de fer et parfois aussi de manganèse. Ce squelette prend des
formes variées qui sont fonction de la texture du milieu de genèse, les plus
communes étant les formes alvéolaires fréquentes dans les « cuirasses de nappes ».
Le squelette emprisonne des matériaux meubles, décolorés, souvent plus argi-
leux, qui peuvent être déblayés lorsque la cuirasse est exposée à l'air.
A ces mécanismes doit être rattachée la formation d'argile tachetée (mottled;

105
Origine de. latérites

clay). Dans ce cas particulier, souvent généralisé, il ne s'agit pas d'une verI-
table nappe phréatique mais d'un niveau d'engorgement quasi permanent. Le
bariolage caractéristique de ces formations résulte des mêmcs mécanismes
de ségrégation portant sur le fer et le manganèse. A ces derniers s'ajoutent
des phénomènes d'hydrolyse intense qui contribuent à des néosynthèses kao-
linitiques. Lorsque le niveau de base s'abaisse, les taches peuvent durcir pour
donner dcs concrétions, parfois même une véritable cuirasse, mais qui présen-
tent rarement l'aspect alvéolaire caractéristique des cuirasses de nappes. L'évo-
lution des argiles bariolées a été particulièrement bien suivie dans la République
démocratique du Congo par Waegemans (1949, 1950, 1951, 1952, 1954) et par
Waegemans et Vanderstoppen (1950).
Le développement des niveaux d'argiles tachetées est étroitement associé
aux climats équatoriaux humides sous forêt. Ces formations sont beaucoup
plus rares sous climats tropicaux. Elles sont pratiquement absentes des sols
d'altération latéritique de Madagascar.

ACCUMULATION PAR APPORTS EXTÉRIEURS AUX PROFILS

Il est rare que le cuirassement se réalise à l'échelle d'un simple profil. Les faits
d'observation montrent qu'il existe d'étroites relations entre la mise en place
d'un horizon induré et les sols qui se succèdent le long des pentes. Lcs éléments
latéritiques solubilisés sont mobilisés et lessivés dans les formations les plus
élevées et, par le canal des eaux de percolation, viennent s'accumuler dans
les sols situés en contrebas.
D'autre part, l'étude du bilan des sesquioxydes constitutifs montre que les
matériaux latéritiques ne peuvent provenir de l'évolution du seul matériau
originel en place. Ces éléments proviennent pour la plus grande partie des sols
voisins, par translation latérale. Le mouvement des sesquioxydes à travers
le paysage est lié au lessivage oblique des solutions du sol. Pour cette raison,
la notion de chaîne de sol (catcna) est d'un intérêt primordial pour l'étude des
mécanismes du cuirassement.
Les conditions théoriques et pratiques de la migration et de la concentration
des sesquioxydes sont conditionnées par le modelé grnéral du pays. On assiste
à un équilibre entre le modelé normal et l'extension des phénomènes de cuiras-
sement. Ces derniers sont liés, aussi bien à l'échelle du profil qu'à celui du paysage,
à la présence d'une source d'hydroxydes, d'un moyen de translation et d'un
niveau de réception. Ces différentes données, qui ont été développées plus haut,
permettent d'interpréter la répartition géographique des latérites. D'Hoore
(1954) et Maignien (1958) ont étudié de nombreux exemples matérialisant
ces phénomènes. Il apparaît que, très souvent, les cuirasses actuelles ou sub-
actuelles doivent leur origine plus au démantèlement de cuirasses fossiles situées
par inversion du relief sur les niveaux les plus élevés qu'à l'individualisation
sur place par altération des matériaux constitutifs.
La migration des sesquioxydes par mouvements verticaux et obliques pro-
voque le cuirassement aussi bien dans des sols en place que dans des matériaux
allochtones. Dans le cas où le matériau d'évolution est constitué de produits
peu altérables (galets et sables quartzeux) on n'observe aucun horizon de pas-
sage entre la cuirasse et l'horizon inférieur. Le fer qui cimente la formation
a été apporté de l'extérieur par les eaux soit par lessivage oblique, soit par une
nappe basculante.

106
Origine de. latérites

L'importance des apports obliques par l'eau qui circule latéralement dans
les sols est matérialisée par la forme et la répartition des bancs cuirassés. Si
l'on étudie une coupe en travers, celle-ci présente une forme en biseau carac-
téristique. Les cuirasses qui bordent les reliefs sous forme de corniche sont
toujours plus épaisses que les cuirasses qui se développent sur des plateaux.
Parfois les cuirasses peuvent être absentes au centre de ces derniers. Feuer
(1956) en a donné de bons exemples au Brfsil.
Il est intéressant de signaler l'importance des migrations par lessivage oblique.
Maignien (1958), signale, en Guinée, que la distance des translations est limitée
par le maintien des conditions de solubilisation des sesquioxydes. Sur les pla-
teaux du Fouta-Djallon (Guinée) sur grès et schistes siliceux, le cuirassement
est effectif au bout de 500 à 3 000 mètres suivant l'importance des apports
latéraux.
Lorsque le cuirassement a envahi tout le paysage, il est difficile d'apprécier
la longueur des translations, car aux apports obliques se superpose une indi·
vidualisation poussée des sesquioxydes par hydrolyse des roches en place, par-
ticulièrement en région d'altération latéritique. Par contre ces phénomènes
sont beaucoup mieux dissociés en régions plus sèches et particulièrement en
sols ferrugineux tropicaux. Les cuirasses de bas de pentes, les cuirasses de gale-
ries, les cuirasses de nappes doivent leur origine surtout à des apports extérieurs.
Les mouvements latéraux et obliques portent principalement sur le fer et
sur le manganèse. L'aluminium, beaucoup moins mobilisable, migre beaucoup
plus lentement. La concentration des constituants latéritiques à différents
niveaux dans le paysage et à différentes profondeurs dans les sols dé.::oule donc
de leur vitesse différentielle de mobilisation et de migration. Le manganèse,
élément qui se mobilise avec une extrême facilité, est pour la plus grande part
exporté hors des profils. Le fer mobilisé a une vie plus brève qui le fait se déposer
avec facilité. L'aluminium se comporte comme un produit résiduel. Il en résulte
que les latérites alumineuses sont presque constamment ou type «accumula-
tion relative », alors que les latérites ferrugineuses et manganifères sont surtout
du type «accumulation absolue ».
En fait, les objets naturels sont souvent beaucoup plus complexes et il est
possible d'observer des imprégnations ferrugineuses (donc absolues) dans des
cuirasses alumineuses relatives. Il est alors extrêmement difficile de préciser
ce qui revient à l'altération en place et ce qui revient aux apports extérieurs.
Il est possible de calculer approximativement la vitesse de mise en place
d'une cuirasse ferrugineuse formée à partir (j'apports exotiques. Maignien
(1958) signale qu'en un siècle un bassin versant de 1 km 2 offre la possibilité
de formation d'une cuirasse de 1000 m 2 ayant 1 mètre d'épaisseur. Ces chiffres
sont à rapprocher de ceux signalés pour la vitesse de l'altération latéritique
qui sont de l'ordre de plusieurs dizaines de milliers d'années et qui montrent
dans quelles mesures les premiers peuvent masquer les seconds.

ÉVOLUTION DES HORIZONS D'ACCUMULATION

Les éléments constitutifs des latérites s'étant accumulés, s'immobilisent, puis


évoluent pour donner naissance à des niveaux plus ou moins indurés. Ceci
implique l'étude de deux séries de mécanismes: le développement des micro-
structures de ces horizons et leur induration.

107
Origine des latérites

DÉVELOPPEMENT DES MICROSTRUCTURES

Suivant Kuhiena (1950, 1956) les sols latéritiques ou latosols se caractérisent


par un modèle structural terreux (erdig), ce qui les distingue des autres sols
tropicaux qui ont une microfahrique lehm. Lcs éléments fins s'organisent en
un édifice structural poreux, de texture spongieuse, de couleur généralement
rouge vif. Pour Eichener (1927), Kubiena (1948), de Craene (1954) et de Craene
et Laruelle (1956), cct erde dériverait d'un lehm par floculation des colloïdes
provenant de l'altération des minéraux primaires, et ceci principalement sous
l'action de la déshydratation.
De nombreuses latérites africaines ont été étudiées en plaque mince par
Alexander et al. (1956). Ces auteurs ont attiré l'attention sur les faits qui mettent
en évidence des mécanismes de migrations et de segrégations des constituants
majeurs. Il est possible d'observer les faciès micromorphologiques suivants :
1. Conservation de la structure primitive de la roche (voir faciès «pain d'épice»):
la forme des minéraux primitifs, la trace des clivages sont conservées par un
squelette finement cristallisé de sesquioxydes. Il y a eu transformation sur
place, par pseudomorphes des feldspaths, des amphiboles, des pyroxènes etc.,
en gibbsite, gœthite et kaolinite qui soulignent les traits principaux de la struc-
ture des minéraux altérés.
2. A côté dc ces transformations en place, on observe une série de faits qui
impliquent une certaine réorganisation par mouvements localisés et réduits.
Parfois aussi des enrichissements secondaires matérialisent des apports exté·
rieurs et des migrations beaucoup plus longues. On rattache à ces mécanismes
les films orientés dc kaolinite qui sont imprégnés de fer en proportions variées
et dont les assemblages ne présentent aucun lien avec la structure des minéraux
primitifs. Un tel faciès ne peut résulter que des mouvements plus ou moins
prononcés des constituants. Ces films argileux, ainsi que les revêtements de
gœthite d'épaisseur variée, bordent et tapissent les pores et les cavités. Dans
bien des cas, le fer est immobilisé en s'absorbant sur l'argile. Il peut à nouveau
se remobiliser, puis se recristalliser si la kaolinite est détnlite.
,3. Dans d'autres excmples, particulièrement riches en gœthite, on observe,
sous microscope, la présence d'agrégats sphériques minuscules, de quelques
microns de diamètre, constitués de matériaux argileux, imprégnés de fer, qui
sont assemblés en grappes plus ou moins denses suivant la richesse en sesqui-
oxydes.
4. De nombreuses latérites montrent des matériaux bien individualisés et
libres les uns par rapport aux autres. Ccs matériaux sont, soit de véritables
pisolithes à structure concentrique régulière, soit des pseudopisolithes constituées
d'un cortex plus ou moins épais de films concentriques qui isole un nucléus
quelconque (grains de quartz, débris de roches etc.). Ces pisolithes présentent
des fentes, souvent radiales, partiellement remplies par des sesquioxydes cris-
tallisés secondairement, fentes qui indiquent une certaine contraction en cours
de cristallisation. Hanlon (1944) pense que ces pisolithes se forment dans une
nappe phréatique ou directement au-dessus. Cependant, cette hypothèse
est controversée, car de nombreux horizons pisolithiques paraissent hors d'at-
teinte d'une nappe d'eau même fluctuante. De plus, ceci impliquerait un milieu
extrêmement aqueux. Il est possible que la genèse de véritables pisolithes soit à
rattacher à l'extension de zones mal drainées portant de vastes marécages
(Tessier, 1954). Cependant, les véritables pisolithes restent très limitées dans

108
Origine de. latérite.

l'espace. On observe surtout des pseudopisolithes de forme arrondie, mais non


ovoïde. D'après Schade (1910), ces différences seraient liées à la plus ou moins
grande pureté des matériaux mobilisés en voie d'évolution. La structure serait
radiale dans le cas d'une substance pure en solution. Elle serait simplement
concentrique si d'autres matériaux tels que colloïdes et cristalloides étaient
présents.
5. Enfin, à côté de ces différents faciès, on observe des matériaux segrégés,
de taille et de composition variées. Certains de ces produits remplissent des
fentes et des pores; d'autres ne peuvent pas être rattachés à des cavités connues.
Ces matériaux peuvent être constitués de gœthitc pure, d'hématite, de gibbsite
cristallisée; d'autres sont amorphes; d'autres sont des mélanges non identi-
fiables d'éléments de la taille des argiles, la plupart imprégnés de sesquioxydes
de fer. Ces trames d'aspects variés correspondent à une réorganisation des
constituants, ce qui implique un transport, localisé ou non. L'observation micro-
scopique met beaucoup plus en valeur ces processus que l'observation directe
de visu.
En résumé, bien que le problème de l'évolution de la microstructure des
latérites soit encore peu connu, les quelques connaissances acquises montrent
l'importance des mouvements plus ou moins localisés des sesquioxydes et de
l'argile. Ces données sont des facteurs qui permettent de différencier les maté-
riaux latéritiques qui durcissent de ceux qui ne s'indurent pas.

INDURATION DES LATÉRITES

L'induration des latérites est supposée liée, depuis déjà fort longtemps, à l'évo-
lution des sesquioxydes constitutifs. Ces derniers se précipiteraient, se concen-
treraient et se cristalliseraient sous l'action de la dessiccation. La faible valeur
de ces hypothèses a déjà été signalée.
Les faits analytiques prouvent qu'une simple concentration de ces matériaux
n'assure pas, à elle seule, les possibilités d'induration. De nombreux sols d'al-
tération latéritique ne présentant pas d'horizon induré contiennent des quan-
tités importantes de fer et/ou d'alumine, alors que d'autres sols cuirassés peu-
vent en contenir des quantités beaucoup moindres. D'un autre côté, les pro-
portions relatives de sesquioxydes dans les niveaux indurés peuvent être variées.
Dans certains cas les teneurs en fer dépassent 80 % avec moins de 5 % (l'alumine,
alors que dans d'autres les teneurs en Al20 3 peuvent atteindre 60 % pour moins
de 4 % de Fe 20 3 • Les teneurs en kaolinite ne sont pas liées non plus au degré
d'induration. Beaucoup de cuirasses guinéennes contiennent plus de 20 % de
silice comhinée dans les argiles.
Cependant, il semble bien que le fer joue un rôle clé dans les processus d'in-
duration (D'Hoore, 1954; Alexander et al., 1956; Maignien, 1958). Le fer ne
joue pas par ses teneurs en valeur absolue, mais par ses arrangements dans
le profil, en relation d'ailleurs avec les autres matériaux constitutifs. C'est ainsi
que dans des cuirasses à induration à peu près comparables les teneurs en Fe20 3
sont approximativement inversement proportionnelles aux teneurs en insolubles.
Par ailleurs, il existe de nombreux degrés d'induration, des produits presque
meubles, à peine cohérents, jusqu'aux blocs les plus durcis qui se cassent diffi-
cilement au marteau. Il est difficile de définir ces degrés d'induration par des
méthodes physiques parce que les niveaux indurés ne sont pas souvent homo-
gènes et que l'induration ne touche que certaines parties des horizons (squelette

109
Origine des latérites

plus ou moins continu induré emprisonnant des matériaux meubles, noyaux:


durcis dans une matrice terreuse, etc.).
Le plus souvent, l'induration s'apprécie à l'aide de méthodes simples (résis-
tance à la pénétration d'une bêche, à la rupture entre les mains, aux chocs du
marteau, etc.).
Maignien (1958) distingue quatre degrés d'induration : cuirasses faiblement
indurées qui se cassent à If' main; cuirasses moyennement indurées qui se façon-
nent à la bêche; cuirasses indurées qui éclatent au marteau; cuirasses forte-
ment indurées qui font rebondir le marteau.
Suivant le degré d'induration, Aubert (1954) distingue un stade « carapace»
qui se casse à la main et se façonne facilement à la bêche, et un stade « cuirasse»
qui ne se casse qu'au marteau.
Si le fer paraît être l'élément prédominant de l'induration des latérites, il
faut cependant signaler qu'il existe des cuirasses uniquement alumineuses
qui ne doivent leur induration qu'aux cristaux d'AlzO a qui forment une trame
cohérente. De nombreuses cuirasses bauxitiques scoriacées ne sont que des
horizons d'altération à faciès «pain d'épice» partiellement lessivés en fer.
Mais la mise en place de ces matériaux exige de grandes quantités d'alumine
et, surtout, des temps d'évolution extrêmement longs.
Par contre, avec le fer, les processus d'induration sont beaucoup plus rapides.
Il semble bien que, d'une façon générale, les lat~rites les plus indurées contiennent
ausfÏ la plus grande quantité relative de fer.
Dans la plupart des cas, l'induration paraît liée à certl!ines teneurs en fer,
mais ces dernières, parfois minimes, ne correspondent pas nécessairement à
tout le fer présent. Ces quantités varient considérablement suivant la nature
et les proportions de matériaux en présence et suivant l'environnement. De
hautes teneurs en fer n'assurent pas obligatoirement une induration. Cet axiome
est prouvé par de nombreux exemples étudiés dans la littérature. De plus,
sur un même profil, il est possible d'observer deux horizons à teneurs en fer
comparables, l'un est induré, l'autre ne l'est pas. Il n'est pas démontré non
plus qu'un sol d'altération latéritique va évoluer obligatoirement avec le temps
vers une certaine induration, même si les horizons enrichis en fer sont exposés
à l'air. Cette façon de voir, encore très fréquente, est à l'origine de mauvaises
interprétations. Les causes de l'induration dépendent plus d'un certain mode
d'arrangement des constituants que de leurs teneurs en valeur absolue.
D'après Alexander et al. (1956) le squelette ferrugineux des latérites indurées
présente un plus haut degré de eristallinité et surtout une plus grande continuité
de la phase cristalline que les matériaux meubles qui lui sont associés.
L'étude en plaque mince des cuirasses montre que la phase cristalline d'oxydes
de fer se distribue suivant une trame continue. Ce fait est constant bien que
la forme de cet assemblage puisse varier fortement d'un échantillon à l'autre.
Dans la plupart des cas le minéral en cause est la gœthite, bien que l'hématite
soit parfois dominante.
Il en résulte que toutes les conditions qui permettent la ségrégation et la
cristallisation du fer en un assemblage continu amènent la formation d'un
squelette qui assure l'induration des latérites. Ceci implique donc que le milieu
présente des conditions qui provoquent les mouvements du fer, tout au moins
localement, favorisent le développement de la cristallinité, permettent le déve-
loppement d'un certain degré de continuité de la phase cristalline.
La transformation d'un matériau meuble en latérite indurée peut intéresser-

110
Origine des latérite..

seulement une petite partie de la masse et ne mettre en cause qu'une faible


proportion du fer présent. Par exemple, la latérite de Buchanan n'est qu'un
matériau kaolinitique imprégné de fer qui se durcit rapidement à l'air;
Alexander et al. (1956), étudiant un échantiHon comparable provenant de Côte-
d'Ivoire, sigm·lent que le principal changement correspondant à l'induration
paraît être une réorganisation des minéraux constitutifs. Il est noté que les
différences chimiques, minéralogiques et rnicromorphologiques entre le maté-
riau meuble et le matériau induré sont peu marquées. Une diminution des
teneurs en kaolinite correspond à une augmentation de la cristallinité et de la
continuité de la gœthite, ce qui semble être la cause principale de l'induration.
Cependant, certaines latérites, similaires à la latérite de Buchanan quant
à leur composition chimique et minéralogique, ne s'indurent jamais lorsqu'elles
sont exposées à l'air.
Alexander et al. (1962) lient ce comportement anormal aux résultats des
travaux de Fripiat et Gastuche (1962) qui ont démontré que la kaolinite pos-
sède des propriétés d'absorption et d'immobilisation marquées vis-à-vis du
fer. La kaolinite, qui est un constituant commun des matériaux meubles laté-
ritiques, se trouve isolée en poches, emprisonnée dans des cortex de gœthite
cirstallisée lors de l'induration. Cette induration ne peut se réaliser si la kaoli-
nite s'imprègne de solutions ferrugineuses avant que la gœthite cristallise.
Il n'y aurait plus continuité dt' la phase cristallisée, d'où absence d'induration.
Les résultats des auteurs précédemment cités montrent que, dans les maté-
riaux dureis, les pourcentages de kaolin sont presque toujours plus faibles que
dans les matériaux meubles sous-jacents, sans que ceci soit une règle absolue.
Il est impossible de préciser si cette diminution est due à une destruction de
la kaolinite ou à des apports exotiques de fer. Cependant, dans de nombreux
cas, il semble que le kaolin est altéré (Jackson et al., 1948) et s'accompagne d'une
libération de fer qui se cristallise en gœthite (Sivarajasingham et al., 1962).
La disparition de la kaolinite diminuerait la capacité de l'ensemble à immo-
hiliser du fer et augmenterait en conséquence les possibilités dc développement
de la phase continue de gœthite.
L'excès de fer par rapport aux minéraux argileux pourrait résulter d'autres
processus : soit d'une exportation de kaolinite par lessivage, soit d'une illu-
vation du fer.
Ces mécanismes sont difficiles à démontrer. Ceci ne peut se faire que par
l'étude de profils complets et de chaînes de sols. D'Hoore (1954) et Frankart
et al. (1960) ont tenté de trancher cette question par l'emploi du microscope
électronique. Pour ces auteurs, la préscnce de cristaux de kaolinite à hords
corrodés matérialiserait l'altération de ce minéral, avcc, comme corollaire,
l'augmcntation des teneurs en fer. Il s'agit là d'une accumulation relative.
Par contre la présence de pseudo-hexagones hien conservés, dans un milieu
cuirassé, confirmerait une accumulation absolue de fer d'origine externe au
profil étudié.
Les causes de l'induration des latérites peuvent être variées. Elles sont liées
aux conditions d'immohilisation des matériaux en solution et aux conditions
du milieu où ces processus se réalisent. Ces conditions et ces mécanismes de
l'immohilisation ont été traités dans les paragraphes précédents (néosynthèses
latéritiques, accumulation, etc.). Ils ne seront pas repris ici. On peut signaler
cependant que l'induration des latérites peut se réaliser directement dans les
sols sans mise à l'exposition, ou seulement après mise à l'exposition soit pour

III
Origine des latérites

des raisons naturelles (érosion), soit pour des raisons artificielles (ouverture
de routes, de carrières, etc.). Dans le premier cas l'induration est liée soit à cer-
tains faciès d'altération (cuirasses gibbsitiques à faciès « pain d'épice »), soit
plus souvent à des accumulations absolues ferrugineuses, et semble peu sensihle
aux fluctuations climatiques extérieures. Par contre ces dernières semhlent
importantes dans la formation des cuirasses qui durcissent après mise à l'affleu-
rement. Sous l'action des agents atmosphériques, les sesquioxydes sont remo-
bilisés et se redistribuent sur les canalicules et les pores pour former des films
continus qui vont peu à peu cimenter et rendre cohérents les niveaux mis à
l'exposition.
Sous l'action des agents naturels, la mise à nu des horizons enrichis en ses-
quioxydes va provoquer une induration souvent assez poussée et prononcée.
En effet, l'affleurement des niveaux où les sesquioxydes se sont accumulés
fait suite à des phénomènes d'érosion qui décapent les horizons meubles super-
ficiels. Cet affleurement ne se fait pas brutalement. Il est progressif. Des peuples
ments végétaux vont partiellement se maintenir, en particulier des peuplement-
herbacés, ce qui provoque en saison des pluies une mobilisation intense des
sesquioxydes déjà individualisés (réduction, complexation, chelatation). Cette
mobilisation, suivie de lessivage, va amener une imprégnation des horizons
sous-jacents et le dépôt de films sur les alvéoles, films plus ou moins continus
qui donneront la rigidité à l'ensemble. Il s'agit donc, en fait, cl'une redistri-
bution progressive liée au rythme des précipitations de matériaux préalablement
individualisés. Il faut que ces conditions provoquent successivement des condi-
tions de mobilisation, puis d'immobilisation et de cristallisation, les premières
étant prépondérantes en saisons des pluies, les secondes en saisons sèches. Les
climats tropicaux seront donc plus aptes que les climats équatoriaux à favoriser
la formation des cuirasses.
Alexander et al. (1962) ont étudié en détail l'induration d'une latérite molle,
artificiellement exposée aux conditions atmosphériques. Ils constatent une
augmentation très sensible de l'induration : l'échantillon original se coupe à
l'ongle. Au bout de quinze ans, l'échantillon exposé à l'air se brise sous un choc
léger de marteau. Cette faible induration correspond à une migration du fer
de l'intérieur de l'échantillon vers les canalicules et les cortex externes.
Dans le cas cité, la matière organique n'a pas pu être un facteur de mobi-
lisation et de ségrégation du fer. L'échantillon a seulement été soumis aux alter-
nances de précipitations et de dessèchement inter et pluri-annuelles. Ceci amène
les auteurs à penser que la succession de périodes d'humidification et de dessè-
chement, et non le dessèchement seul, est essentielle pour provoquer l'induration,
succession qui se réalise non seulement d'une année à l'autre, mais d'une pluie
à l'autre. Ils pensent également que ceci implique que la zone de ségrégation
soit à une humidité voisine ou supérieure à celle de la capacité au champ pen-
dant des tcmps appréciables. La présence d'une nappe phréatique véritable
n'est donc pas nécessaire, bien qu'elle puisse contribuer au cycle humectation-
dessèchement.
En résumé, l'induration des latérites paraît être sous la dépendance: a) d'un
arrangement plus ou moins continu des matériaux constitutifs, ce qui implique
une certaine migration; b) de leur état de cristallisation.
Le degré d'induration dépend fortement du mode d'immobilisation des ses-
quioxydes : quand l'immobilisation se fait par précipitation, l'induration est
presque immédiate, sans que l'on observe un stade de dessiccation. Il y a tout

112
Origine des latérites

au plus une légère rétraction de l'ensemble avec formation de craquelures qui


se nourrissent secondairement. Si l'immobilisation se fait par floculation, il y a
dépôt de films colloïdaux sur les parois des pores et canalicules.
L'induration n'est pas obligatoire. Elle ne se réalise que s'il y a dessiccation,
ce qui provoque un phénomène de vieillissement de la pâte qui se cristallise
plus ou moins rapidement, les minéraux constitutifs s'orientant partiellement
les uns sur les autres.
L'induration précède généralement ce vieillissement qui ne fait que la sta-
biliser. On peut supposer que la dessiccation amène une attraction plus pro-
noncée des molécules avec absorption sur les surfaces déjà en place. Les dépôts
successifs de gaines qui s'emboîtent les unes dans les autres provoquent une
résistance supérieure à celle d'une accumulation homogène.
Ces deux cas correspondent à des milieux pédogénétiques spécifiques. Le
premier est lié à des phénomènes d'hydromorphie temporaire; le second à
des mécanismes d'oxydation en milieu bien drainé. En réalité la plupart des
cas sont moins tranchés et l'on observe toutes les interférences possibles entre
ces deux cxtrêmes.

DÉGRADATION DES LATÉRITES

Étant donné que les latérites se développent à plus ou moins grande profondeur
dans les sols, est-il possible que ces niveaux puissent disparaître? L'étude de
la formation de néosols sur les cuirasses mises à l'aflleurement, celle de l'évolu-
tion du modelé en régions cuirassées, montrent que ces niveaux peuvent être
repris par les agents de la décomposition des roches et participer à un nouveau
cycle d'évolution. Au même titre que toute autre formation lithologique super-
ficielle, les cuirasses sont appelées à disparaître un jour ou l'autre. :Même si
l'on se place à l'échelle des temps pédologiques, la notion d'irréversibilité des
cuirasses ne peut être admise (Greene, 1950). A l'échelle humaine, les horizons
latéritiques peuvent paraître relativement stables. Cependant, des études détail-
lées montrent que les ciments ferrugineux, qui constituent le plus souvent le
squelette interne des cuirasses, peuvent évoluer rapidement si les conditions
du milieu le permettent. Des formations végétales peuvent s'établir sur les
cuirasses où elles contribuent à l'ameublissement plus ou moins profond des
matériaux durcis. Les agents de l'érosion déblaient avec plus ou moins d'inten-
sité les formations en voie de démantèlement. Tous ces faits contribuent à
une évolution très sensible du modelé.
La disparition des latérites résulte soit de la mise à l'affleurement, soit d'un
changement dans la pédogenèse.

Mise à l'affleurement des cuirasses et démantèlement

Dans la grande majorité des cas la mise à l'affleurement des niveaux indurés
est une conséquence des effets de l'érosion hydrique sous ses différentes formes.
Les matériaux meubles superficiels sont déblayés plus ou moins rapidement,
ce qui fait apparaître les horizons durcis.
Ces processus doivent être considérés sous deux aspects: a) l'érosion géolo-
gique qui contribue à l'évolution normale du modelé; b) l'érosion accélérée
qui découlc d'actions anthropiques.

113
Origine des latérites

Trop souvent l'affleurement des cuirasses a été rattaché à des interventions


humaines. Si ces phénomènes sont parfois très marqués, ils ne peuvent à eux
seuls expliquer l'affleurement de tous les niveaux cuirassés. En particulier,
les cuirasses d'âge tertiaire ont été mises à l'affleurement à la suite des seuls
mécanismes de l'érosion normale, laquelle d'ailleurs a provoqué des inversions
de reliefs bien caractérisées (Bonnault, 1938). Le cuirassement protège les for-
mations sous-jacentes plus meubles contre l'érosion. Il joue comme une coiffe
protectrice de pente faible ou nulle qui permet le développement du modelé
propre aux ~tructures tabulaires ou monoclinales (falaises, cuestas, buttes
témoins, ressauts, etc.). Quand la coiffe protectrice disparaît, le modelé propre
aux formations sous-jacentes apparaît.
D'après Fournier (1960), l'Afrique et l'Amérique du Sud seraient les deux
zones du globe les plus érodées, suivies par l'Asie, l'ensemble Amérique du Nord -
Amérique l'entrale, l'Australie et enfin l'Europe.
Pour que la prllicule la plus externe de l'écorce terrestre subisse une ablation
moyenne de 1 mètre, le nombre d'années nécessaires se chiffre à : 16 666 en
Europe, 5 126 eu Australie, 2857 en Amérique du Nord, plus l'Amérique cen-
trale, 2 300 eu Asie, 2 000 en Amérique du Sud et en Mrique.
Ces chiffres sont à eux seuls suffisants pour expliquer la mise à l'affieurement
des cuirasses. Cependant, les influences humaines peuvent accélérer ces phè-
nomènes. Fournier (1956) mesure des pertes en terre sous climats tropicaux
de 5 à 20 mm d'épaisseur par an lorsque la pente dépasse 3 à 5 %. Un simple
calcul montre que quelques siècles sont suffisants pour entraîner les 1 à 3 mètres
de terres meubles qui surmontent la plupart des cuirasses en formation.

Évolution régressive

Les cuirasses mises en relief devielment la proie des phénomènes normaux


de la décomposition des roches. On assiste d'abord à des mécanismcs de désa-
grégation. Sous l'effet de l'érosion, il se produit des effondrements par sapement
à la base des formations meubles sous-jacentes aux niveaux indurés, avec des
mouvements de masse le long des pentes (Fournier, 1956). Les blocs plus ou
moins grossiers s'effritent en s'éboulant pour former, aux pieds des reliefs,
des amas chaotiques. Cette action, jointe à l'usure mécanique des débris par
les eaux sauvages, provoque la formation de gravillons et matériaux fins.
Un fait important à signaler est que ces matériaux ne sont jamais entraînés
très loin. La plupart restent sur place ou constituent des nappes d'épandage sur
les glacis proches des reliefs. Il n'y a pratiquement jamais entraînement par
les eaux sur plusieurs kilomètres et donc, à priori, sur des centaines de kilo-
mètres, comme le signalent certains auteurs. Ceci résulte de la mise en solution
facile des sesquioxydes de fer. En effet, l'examen morphologique et minéra-
logique des assemblages indurés en voie dc démantèlement montre surtout des
phénomènes de désagrégation physique et de lessivage des ciments (Alexan-
der, 1956). Les processus de réhydratation et de résilicification sont réduits.
Il peut arriver, lorsque les conditions du milieu se trouvent modifiées, que
des sols· en voie de cuirassement évoluent vers la disparition de leurs niveaux
indurés en place. Dans un premier stade, la végétation herbacée se développe
en s'accrochant au moindre interstice où s'est accumulé un peu de matériau
terreux. Il se constitue peu à peu un horizon organique qui possède une action
dissolvante intense sur les ciments. La cuirasse est ameublie en surface. Il se

114
Origine des latérites.

forme un sol juvénile, souvent enrichi de matériaux terreux apportés par les
termites, qui permet l'implantation de peuplements arbustifs, puis arborés.
Les racines ligneuses complètent le démantèlement et le sol s'approfondit.
Les nouvelles conditions écologiques, en particulier la plus grande humidité,
accusent l'altération chimique. Cette dernière est d'autant plus active que'
les débris de cuirasses sont plus fins et plus intimement mélangés à la masse
meuble et humifère. Les solutions du sol participent à la dissolution des ses-
quioxydes de fer d'abord, de l'alumine ensuite. La disparition des ciments pro-
voque la formation de sols gravillonnaires.
, L'évolution régressive des latérites libère ainsi des quantités de sesquioxydes
parfois importantes qui, migrant avec les eaux de percolation, ont la possibilité
de participer à la formation de nouvelles cuirasses à des niveaux inférieurs.
Suivant les conditions écologiques du milieu de dégradation, les produits
du démantèlement et de la dissolution participeront à des processus variés :
a) accumulation d'éboulis de pente ou effondrement sur place; b) développe-
ment sur les glacis proches, de plages de gravillons résiduels; c) formation de
cuirasses de bas de pente et de cuirasses de nappes, essentiellement ferrugineuses;
d) exportation par drainage jusqu'aux océans ou dans les dépressions.
Le cuirassement des sols participe ainsi à une succession de cycles qui tou-
chent les éléments constitutifs des latérites. Il en résulte la mise en place dans
le paysage de différents faciès cuirassés dont l'étude permet la reconstitution
historique de leur mise en place et, par suite, de tenter des essais stratigra-
phiques.

US,
Classification des latérites
Corrélation

La classification des latérites a attiré très tôt l'attention des chercheurs, ne


serait-ce que pour préciser les définitions (voir le premier chapitre), et elle est
encore actuellement au centre des recherches sur les sols intertropicaux.
Les points de vue, assez éloignés au départ, se rapprochent de plus en plus
et l'on peut espérer que les tentatives de corrélation en seront facilitées dans
un avenir proche.
A l'origine, les essais de classification ont porté uniquement sur les échantil-
lons de latérites indurées, les critères retenus étant chimiques et parfois aussi
minéralogiques. .
Lacroix (1913) distingue par exemple: a) les latérites vraies qui contiennent
plus de 90 % d'hydroxydes; b) les latérites silicatées contenant de 90 à 50 %
d'hydroxydes; c) les argiles latéritiques contenant de 10 à 50 % d'hydroxydes.
Mais les relations entre les latérites, horizons indurés et les sols étant évi-
dentes, les tentatives de classification ont cherché à préciser ces relations en
s'appuyant soit sur des caractéristiques morphologiques, soit sur des critères
génétiques.
Pendleton (1936), s'appuyant sur une définition extrêmement stricte, dis-
tingue les sols « latérites» qui possèdent un horizon de latérite dans leur profil,
des sols latéritiques qui ne montrent qu'un horizon peu développé, à caractère
latérite molle, mais qui se transformera en véritable latérite si les conditions
se maintiennent suffisamment longtemps.
C'est à partir de ce terme «sol latérite» que Kellogg (1949) a tiré «latosol»
dans une acception d'ailleurs plus large.
En 1949, Kellogg limite le terme ( latérite» à quatre formes principales
de matériaux riches en sesquioxydes, indurés ou pouvant s'indurer après mise
à l'air: a) les argiles bariolées molles qui se transforment irréversiblement en
niveaux durcis ou en cuirasses par exposition à l'air; b) les niveaux durcis et
les cuirasses cellulaires et bariolées; c) les concrétions et les nodules dans
des matériaux non consolidés; d) les masses consolidées de ces concrétions et
nodules.
A l'opposé, Martin et Doyne (1927) s'appuient sur certaines caractéristiques
chimiques et, en particulier, sur le rapport Si02/Al 20 3, Les sols fortement laté-
ritiques auraient un rapport Ki 1,3. Ces dernières données ont été étendues
à tous les sols latéritiques, cuirassés ou non, et largement utilisées dans les
classifications françaises et portugaises. Au cours de ces dernières années, la

116
Classification des latérites

valeur de ce rapport a été controversée et il n'apparaît maintenant que comme


une donnée indicative.
Dès 1950, un certain nombre d'études (D'Hoore, 1956; Maignien, 1958; Frid-
land, 1961) tendent à montrer que le prohlème des sols d'altération latéri·
ritique n'est pas obligatoirement lié à celui du cuirassement. Ce dernier est
subordonné au premier et n'est pas spécifiquement lié aux sols latéritiques.
D'autres sols pédogénétiquement différents peuvent présenter des processus
d'induration. Ces résultats ont amené l'introduction d'une nouvelle nomenclature
pour les formations indurées (cuirasses, plinthite); pour les sols d'altération
latéritique (sols ferrallitiques, oxisols, kaolisols, etc.).
Concernant les horizons indurés plusieurs tentatives de classification ont été
proposées s'appuyant sur les mécanismes de leur mise en place.
D'Hoore (1954) distingue :
1. Une première grande subdivision basée sur l'état d'évolution actuelle de
la zone d'accumulation. Il distingue trois grandes catégories : a) les zones
d'accumulation actuelle où le phénomène est toujours en cours; b) les zones
où l'accumulation s'est arrêtée, mais qui sont restées intactes; c) les zones
d'accumulation ancienne, remaniée, et leurs produits d'altération.
2. Chacune de ces trois grandes catégories se subdivise ensuite d'après le mode
de concentration. Quatre classes sont proposées :
Groupe A. Accumulation absolue, enrichissement relatif négligeable.
Groupe Ar. Accumulation absolue, enrichissement relatif marqué.
Groupe R. Accumulation relative, enrichissemell:t absolu négligeable.
Groupe Ra. Accumulation relative, enrichissement absolu marqué.
3. Les zones d'accumulation absolue (A et Ar) sont classées d'après la nature
du matériau de réception dans lequel elles se forment. Les groupes R et Ra
sont classés d'après le matériau de départ dont ils dérivent.
4. Les groupes A et Ar peuvent être classés d'après l'ampleur des phénomènes
de translocation qui leur ont donné naissance.
L'accumulation dans le profil et dans le paysage pourrait ainsi être dis-
tinguée d'après le schéma suivant : a) les transports dans le plan vertical,
(ascendants, descendants); b) les transports latéraux à l'échelle du site,
du paysage, de la région naturelle, du continent, etc.
Les groupes R et Ra peuvent être subdivisés en accumulation en surface
et en profondeur.
5. Une classification ultérieure pourra être basée sur des données morpholo-
giques et analytiques.
Cette classification ne tient donc compte des processus d'induration qu'à un
niveau extrêmement bas et n'insiste sur aucune relation avec les types de sols
qui leur ont donné naissance.
Maignien (1958) présente un essai de classification des sols à horizons cuirassés
s'appuyant à la fois sur les caractéristiques génétiques et les données morpho-
logiques du sol en place.
Le premier critère retenu est la caractérisation du sol en place au niveau
le plus élevé (sous-ordres et groupes) suivant la classification française appli-
quée aux sols tropicaux (Aubert, 1954, 1961).
Le second critère s'appuie sur l'origine des sesquioxydes (sesquioxydes libérés
sur place par évolution même du sol; sesquioxydes d'origine externe, amenés
en pseudo-solution; sesquioxydes accumulés sous une forme antérieurement
indurée).

117
,ClllSsification des latérites

Le troisième critère tient compte du processus d'accumulation (accumu-


lation relative, accumulation ahsolue). '
La quatrième critère considère les différents facteurs qui règlent l'intensité
·des processus d'accumulation (le drainage et les caractéristiques des migrations:
percolation, lessivage ohlique, action de nappe); les propriétés physico-chimiques
et hiologiques du milieu d'accumulation; la composition du matériau originel).
Maignien précise que ces différents critères ne sont pas indépendants les
uns des autres. Ils sont plus ou moins liés, ce qui limite le nombre des cas consi·
dérés à 15, dont il donne les caractéristiques morphologiques, chimiques et miné-
ralogiques.
Il est difficile de séparer la classification des latérites de celle des sols tro-
picaux. Sans ahorder totalement ce prohlème qui justifierait à lui seul un long
développement, il paraît important d'indiquer les principes et les caractéris-
tiques qui sont à la hase des principales classifications actuellement utilisées.
Deux positions sont en présence : les classifications synthétiques et les classi-
fications analytiques (Manil, 1956).
Les classifications synthétiques pcuvent être divisées en trois grands ensem-
hIes: a) les classifications hasées sur des facteurs génétiques (système de l'URSS) ;
b) les classifications hasées sur les processus pédogénétiques (système français-
portugais); c) les classifications hasées sur les propriétés de facteurs ou de pro-
cessus pédogénétiques (système anglais-australien).
Les classifications analytiques sont hasées sur des caractères surtout mor·
phologiques, avec précoccupations pédogénétiques (système des États-Unis,
système helge, système FAO).
Il faut mettre à part le système du Service pédologique interafricain (SPI)
qui est une légende de carte, donc qui définit des unités cartographiques et
non des unités de classification.

SYSTÈME DE L'URSS

Ce système est hasé sur des facteurs génétiques. D'après Guerassinov (1962),
qui utilise le terme « latérite» dans son sens large en y incluant tous les sols
tropicaux, il faut en premier lieu distinguer les latérites tropicales des sols laté-
ritiqucs subtropicaux. Ces différences, qui n'ont pas un caractère qualificatif,
sont liées à des facteurs thermiques d'érosion et de formation des sols; elles
ne portent que sur le degré de développement du processus et la puissance des
produits formés. Les limites entre ces deux grandes catégories sont graduelles
et, par suite, conventionnelles.
Une autre importante division des formations latéritiques s'appuie sur le
facteur d'humidification. Sont ainsi distingués : les extra-latérites et les sols
latéritiques ou allites propres aux contrées tropicales constamment humides
et aux contrées subtropicales; les latérites mixtes ou latéritiques typiques
et sols latéritiques qui sont des allito-ferrites ou des ferrito-allites propres aux
régions tropicales et subtropicales avec humidité alternée (semi-humide).
Une grande importance doit être attachée aux particularités pétrographiques
des roches mères qui subisssent un processus latéritique. En particulier l'in-
fluence des roches liasiques amène à la formation de sols particuliers, très riches
en minéraux nouvellement formés (allophanes). Ce sont les allophanites.
Suivant les conditions hiochimiques, elles se subdivisent en aIlophanites

118
Classification des latérites

humus propres aux reglons tropicales arides (regurs, tirs), ct en allophanites


latéritisées propres aux régions tropicales semi-humides et humides (terra roxa)
et aux régions tropicales humides (latérites de l'île de Hai-Nan, Chine).
L'ensemble du système de division des latérites et des sols latéritiques peut
avoir la forme suivante :
Latérites des régions tropicales: extra-latérites (allites) ; latérites typiques (allito-
ferrites et ferrito-allites); latérites ferreuses (ferrites); allophanites humus
(regurs); allophanites latéritisées (terra roxa).
Sols latéritiques des régions subtropicales : krasnozems et jeltozems latéri-
tiques; allophanites (sols noirs tropicaux: smolnitza - « tirs », sols de cen-
drées, eOtc.).
Pour une systématisation complète des latérites et des sols latéritiques contem-
porains, on doit également donner une grande importance aux subdivisions
géographico-génétiques de transition qui relient les principaux types ci-dessus
aux autres types génétiques qui les accompagnent ou qui leur sont contigus.
Il est ainsi pleinement fondé de distinguer comme formation latéritique de
passage les sols jaune-rouge (Chine sud-orientale), jaune-brun (Chine centrale)
et rouge-brun (Inde septentrionale) et, de même, les sols des régions subtro-
picales reliant les sols latéritiques les plus développés (krasnozems et jeltozems
des régions tropicales humides) avec les sols rougeâtres forestiers (zone boréale)
et les sols bruns (régions subtropicales avec humidité alternée). Le processus
d'induration n'apparaît donc pas aux niveaux les plus élevés de cette classi-
fication.
Lobova et Kovda (1960) donnent un tableau (voir tableau 7) qui concerne
uniquement la bande tropicale et équatoriale des sols d'Asie.

o SYSTÈME FRANÇAIS

Dans le système français, il est fait une nette discrimination entre les sols
d'altération latéritique appelés sols ferrallitiques, terme proposé par G. W.
Robinson (1922), et les processus de cuirassement, ces derniers pouvant appa-
raître dans des sols génétiquement différents tels que les sols ferrugineux tro-
picaux, les sols ferrallitiques et les sols hydromorphes. Il en résulte que la pré-
sence d'horizons à matériaux indurés riches en sesquioxydes (latérite) n'appa-
raît qu'au niveau du sous-groupe.
Les caractères généraux des sols ferrallitiques sont, dans leur ensemble,
ceux qui ont été indiqués par les auteurs, en particulier par Kellogg (1949)
pour les latosols :
Très faibles tcneurs cn minéraux de la roche mère, sauf certains très stables.
Grande richesse en hydroxydes métalliques, de fer, d'alumine, de manganèse,
de titane, d'où une valeur basse des rapports silice/sesquioxyde et silice/
alumine dans les éléments colloïdaux et, abstraction faite du quartz primor-
dial, dans le sol total. En général, ce dernier rapport descend en dessous de 2,
à la limite il peut être égal à 2. L'un, au moins, des horizons du sol contient
de l'alumine individualisée. 0

Éléments colloïdaux constitués, au moins dans les horizons les plus évolués,
d'hydrates et hydroxydes de fer, d'alumine et de titane, associés à plua ou
moins de kaolinite, parfois à un peu d'illite.

119
Classification des latérites

TABLEAU 7. Sols tropicaux et équatoriaux d'Asie.

SoIs dans les conditions dima- Sols dans les conditions clima- Sols dans les conditions climati-
tiques avec une période sèche, tiques avec une période sèche ques sans période sèche ou avec
fortement prononcée moyennement prononcée une période sèche mal prononcée

Regurs (sols noirs) gru- Sols tropicaux rouges et Sols latéritiques jaunes for-
muleux, black collon soi/s. jaunes (argileux), à concré- tement latéritisés des forêts
tions ferrugineuses, sous humides équatoriales (lato-
Sols margalitiques sous forêts de moussons et sols).
végétation herbeuse et savanes secondaires.
arbustive. Sols latéritiques rouges
Sols tropicaux rouge brun moyennement latéritisés
Sols noirs, pauvres en des forêts sèches et des des forêts tropicales (fer-
humus, compacts et argi- savanes secondaires. risols).
leux sous végétation de
savane, associés au relief Sols bruns faiblement laté-
gilgai. ritisés (relativement récents)
«rubrosol!ill et «hrunosolsll.
Sols rouge-brun des savanes
à concrétions carbonatées.
Sols latéritiques podzolisés
Sols rouges des déserts des forêts très humides
tropicaux sous buissons équatoriales.
épineux.
Latosols des savanes seCOll-
daires (ground water lato-
(sols.

Teneurs faihles ou très faibles en éléments de la taille des limons.


Teneurs généralement faibles en matière organique et surtout en humus,
absence d'humus grossier.
Seuls les sols ferrallitiques humifères, correspondant aux humic latosol et hydrol
humic latosol, en sont bien pourvus et même souvent très riches. Mais, même
dans ce cas, il s'agit d'une matière organique très évoluée à CjN compris entre
8 et 12, ahstraction faite de la matière végétale non décomposée : a) capacité
d'échange de hases des éléments minéraux faihle ou très faihle; b) stahilité
le plus souvent élevée des agrégats et, dans heaucoup de cas, concrétionnement;
des éléments, surtout ferrugineux, sous forme de pseudo-sahles, concrétions,
carapaces ou cuirasses (Aubert, 1954).
Les sols ferrallitiques se divisent en quatre groupes principaux :

Les sols faiblement ferrallitiques. La décomposition des minéraux n'est pas


poussée à l'extrême d'où un rapport Ki voisin de 2, et une réserve en minéraux
altérables souvent appréciahle. Ces sols présentent aussi fréquemment une
structure de pseudo-sables qui, dans bien des cas, paraît spécifique. Ils compren-'
nent plusieurs sous-groupes: modal (terre de harre) ; ferrisolique (dans l'accep-
tion helge); hydromorphe à pseudo-gley; induré avec un horizon cuirassé.

Les sols ferrallitiques typiques. La structure dominante de ces sols est souvent
polyédrique et ils sont suhdivisés en sous-groupes d'après la couleur des hori-
zons A et B : sols rouges; sols jaunes ou beiges; sols jaunes sur horizons rouges;
sols indurés à cuirasses.

120
Classification des latérites

Les sols ferrallitiques lessivés. Ces sols sont presque entièrement désaturés et
leurs réserves minérales sont inexistantes. Ils présentent souvent une structure
dégradée, du moins dans leurs horizons de surface. Ils se divisent en : a) sols
fortement lessivés en bases, en surface, mais peu lessivés en colloïdes minéraux;
b) sols lessivés en bases, en sesquioxydes et en argiles; c) sols lessivés à horizon
cuirassé. .

Les sols ferrallitiques humifères. Ces sols se caractérisent par une forte teneur
en matière organique (plus de 6 % sur 20 cm). D'après les caractéristiques de
l'horizon humifère, on distingue les sous-groupes suivants : sols noirs, souvent
proches des andosols; sols bruns, souvent proches des sols bruns eutrophes
tropicaux; sols brun-rouge; sols ferrallitiques humifères lessivés très acides,
avec souvent un B texturaI; sols ferrallitiques humifères d'altitude.

Si l'on considère maintenant les sols cuirassés, on constate que ceux-ci sont
également signalés parmi les sols ferrugineux tropicaux et plus spécifiquement
dans le groupe des sols ferrugineux tropicaux lessivés qui présentent un B tex-
tural et qui se divisent eux-mêmes en quatre sous-groupes, suivant l'intensité
de l'accumulation du fer en profondeur, en relation avec des processus d'en-
gorgement temporaire liés à l'illuviation argileuse : les sols ferrugineux tropi-
caux lessivés sans concrétion, à concrétions, à cuirasses et à pseudo-gley de
profondeur.
Enfin, il faut signaler aussi des cuirasses essentiellement ferrugineuses dans
les sols hydromorphes moyennement ou peu humifiés, à pseudo-gley de pro-
fondeur (cuirasses de nappe).
Les niveaux indurés mis à l'afHeurement sont considérés comme matériau ori-
ginel de sols hruts d'érosion; les accumulations d'éboulis de cuirasses anciennes
comme sols minéraux bruts d'apport.

SYSTÈME PORTUGAIS

Ce système se rapproche par de nombreux points de la classification française.


C'est ainsi que, en ce qui concerne la carte des sols de l'Angola, Bothelo da Costa
et Azevedo (1960) distinguent entre autres :
Les sols fersiallitiques tropicaux avec ou sans latérite qui se divisent en sols
brun-jaunâtre et sols rouges et qui sont assimilés aux sols ferrugineux tro-
picaux de la classification française.
Les sols paraferrallitiques qui correspondent aux ferrisols de la carte du Service
pédologique interafricain (SPI) et qui se divisent d'après le type de relief
où ils sont observés (relief normal et relief excessif).
Les sols ferrallitiques avec ou sans latérite comprenant les sols ferrallitiques
brunâtres, jaunes, rouges, jaune-sableux et rouge-sableux.
L'ensemble groupe les sols faiblement ferrallitiques et ferrallitiques typiques
de la classification française à l'exception des sols de transition avec les sols.
fersiallitiques qui sont les sols paraferrallitiques.

121
Classifiration des Jatr,rites

SYSTÈME BRITANNIQUE

La classification des latérites et sols latéritiques s'inspire des idées de Charter


(1954) reprises par Brammer (1956) dans son étude sur les sols du Ghana. Elle
tient compte également de la définition des latosols telle qu'elle a été exposée
par Kellogg (1941).
Les latosols se groupent dans l'ordre des climatophytic earths, dont les princi-
pales caractéristiques sont liées à la fois à l'action du climat et de la végétation.
Ces latosols sont subdivisés, d'après le sens de variation du pH des différents
horizons, en ochrosols et en oxisols, les seconds étant plus acides en profondeur
que les premiers. Le terme « latérite» est utilisé dans l'acception de Pendleton,
reprise en grande partie par Du Preez (1949). Dans la définition des grands
groupes l'attention est attirée sur l'action éventuelle de la nappe phréatique.
C'est ainsi que l'on distingue, en particulier, le groupe des ground-water laterites.
D'après les descriptions de Oben et Quagraine (1960) ce groupe pourrait être
dans certains cas assimilé aux sols ferrugineux tropicaux lessivés à cuirasses.
Les derniers travaux britanniques effectués en Afrique tendent à l'emploi
de plus en plus poussé de la légende SPI.

SYSTÈME AUSTRALIEN (Stephens, 1962)

Quatre grands groupes de sols sont reconnus en Australie comme latéritiques


krasnozems, krasnozems latéritiques, terres rouges latéritiques, sols podzoliques
latéritiques. Le terme latérite est pris dans le sens anglo-saxon.
Ces quatre groupes appartiennent au sous-ordre des sols acides à neutres
et ne présentant pas de trace de lessivage d'argile, lui-même appartenant à
l'ordre des « pedalfers », les pedalfers étant des sols où le carbonate de chaux
ne s'accumule dans aucune partie du profil. Même si le carbonate est présent
dans le matériau originel, il est continuellement exporté hors du profil.
Tous ces sols sont à profil différencié (classe). Sauf les krasnozems, tous les
sols latéritiques sont considérés comme polymorphiques.
Les lateritic podzolic soils se caractérisent par la présence en profondeur d'un
horizon de latérite nodulaire, pisolithique ou massive qui repose fréquemment,
et non obligatoirement, sur un horizon d'argile kaolinitique bariolé ou blanchi.
Ils se terminent en profondeur par une pallid zone ou une zone bariolée. Quel-
quefois on observe un horizon intermittent de matériau siliceux appelé silcrete.
Il semble que ces sols puissent être partiellement assimilés aux sols ferrugineux
tropicaux lessivés à concrétions et à cuirasses de la classification française.
Comme ils se distribuent sur des formes du modelé plioeène, ils sont généralement
considérés comme fossiles.
Les krasnozems ont souvent été rattachés au red loams et, dernièrement, aux
latosols. Ils sont rouges à brun-jaunâtre, profonds, friables, argileux, et mon-
trent un faible développement de leurs horizons, à l'exception de l'horizon de
matière organique A. On peut observer occasionnellement dans le profil des
petites concrétions manganifères et ferrugineuses. Cette description les rappro-
che assez fortement des sols rouges faiblement ferrallitiques de la classification
française, souvent appelés «terre de barre ».
Les krasnozems latéritiques diffèrent des précédents par la présence d'un
horizon induré, d'épaisseur variable, massif et pisolithique, ou fragmentaire

122
CI""sifieation des latérites

-diffus, ou poreux et vermiculaire. Cet horizon repose nromalement sur zone


bariolée ou blanchie d'argile kaolinitique. Bien que l'on n'ait pas reconnu de
nappe phréatique, il semble cependant qu'il s'agisse d'une formation hydro-
génique. Ils seraient d'âge contemporain.
Les lateritic red earths sont des sols rouges à rougeâtres profonds contenant
en profondeur un horizon de latérite surmontant un horizon kaolinitique bariolé
ou blanchi. L'horizon A est communément sableux à limoneux, noirci par un
peu de matière organique. Il passe graduellement à un horizon à texture fine,
de couleur rouge franc et de structure compacte mais quelquefois aussi vési-
culaire.
L'horizon de latérite, d'épaisseur variable, est nodulaire, pisolithique, ver-
miculaire ou massif. L'horizon argileux sous-jacent montre fréquemment la
présence de silcrete. Ce seraient des formations fossiles, d'âge tertiaire et plio-
cène. Les fluctuations d'une nappe phréatique sont responsables du dévelop-
pement des horizons argileux et des horizons de latérites.

SYSTÈME DES ÉTATS-UNIS (7e approximation, USDA, 1960)

L'ensemble des sols latéritiques, cuirassés ou non, est groupé dans l'ordre des
oxisols qui est défini comme suit : « G. Autres sols minéraux à horizon oxique
ou ayant, à moins de 30 cm de la surface, de la plinthite qui forme une phase
continue et qui n'est pas indurée.»
Cette définition reposc donc sur deux concepts : horizon oxique et plinthite.
Le premier est donné à titre expérimental et n'est pas définitif.
Un horizon oxique est un horizon se situant au-dessous d'un épipedon dans
les sols vierges, ou à la surface de certains sols.
Il possède en outre les caractéristiques suivantes :
1. Une structure polyédrique ou massive avec de nombreux pores visibles.
2. Les traces de la structure originelle de la roche mère sont peu marquées
ou ont entièrement disparu.
3. Les teneurs en matériaux inférieures à 2f.L sont au plus égales à 15%, dont
90 % sont constitués d'un mélange de sesquioxydes libres et d'argiles à
réseau 1/1 difficile à disperser.
4. Il contient au moins 12 % de sesquioxydes libres par rapport aux argiles 1/1.
5. Il ne contient pas plus de 1 % de micas, feldspaths, ou minéraux ferro-
magnésiens dans les fractions sableuses et limoneuses. La fraction argileuse
ne doit pas présenter de traces de montmorillonite, d'illite, d'allophane
ou de vermiculite.
6. La capacité d'échange est inférieure à 20 mÉq pour 100 grammes d'argile
(mesure faite à l'acétate d'ammonium).
Le plinthite est un mélange riche en sesquioxydes, pauvre en humus et fortement
altéré d'argile, de quartz et d'autres composants, habituellement en forme de
taches rouges, formant généralement un réseau feuilleté, polygonal ou réticulé.
La plinthite se transforme, à la suite de successions répétées de conditions
humides et sèches. Ce peut être aussi les restes indurés de taches rouges fria-
bles. Les limites inférieures de cette formation sont souvent diffuses et gra-
duelles; mais elles peuvent être abruptes au contact d'une discontinuité litho-
logique. Elle donne naissance soit à des concré~ions isolées, soit à des carapaces
ou cuirasses plus ou moins poreuses et scoriacées, par durcissement différen·

123
Classification des latérites

tiel des zones les plus riches en Fe2 0 a ,souvent dans des horizons qui sont gorgés
d'eau en certaines saisons.
Les oxisols peuvent présenter un horizon argilique sous l'horizon maque
à condition que celui-ci soit assez épais (1 mètre au moins). En général, il n'y
a cependant pas de lessivage d'argile, à la différence des ultisols.

Clé des sous-ordres des oxisols

Aquox. Oxisols présentant une ou plusieurs des caractéristiques d'hydromorphie


actuelle ou antérieure : a) plinthite non indurée dans les 30 cm supérieurs;
b) épipedon histique; c) des « chroma» de 2 au moins dans la partie supérieure
de l'horizon oxique si la couleur est homogène, ou de 3 au moins s'il y a des
taches distinctes ou marquées. Ce sont généralement des sols riches en Al 20 a
et pauvres en F 20 a.

Acrox. Autres oxisols qui ont dans les 125 cm superIeurs un horizon oxique
présentant un pH Kcl plus élevé que le pH eau. Ces sols sont des sols à altéra-
tion maximale, pauvres en silice; le rapport Si 02/AI20a est très bas.

Udox. Autres oxisols qui sont humides en permanence et oxisols dont, en cer-
tain niveau, le dessèchement ne dépasse pas trente jours. Ils ont une satura-
tion en base inférieure à 25 % entre 50 et 125 cm. Ce sont les sols ferrallitiques
les plus humides sous forêt ombrophile. En altitude, ils s'enrichissent en ma-
tière organique; ils sont de couleur foncée (brun ou noir). Ce sont les umbrudox.

Ustox. Autres oxisols qui ont, par période, certains horizons secs et qui, entre
50 et 125 cm, ont une saturation en base inférieure à 50 %dans l'horizon oxique.
Ils supportent une végétation de forêt tropophile ou de savane secondarisée.

Idox. Autres oxisols qui sont habituellement secs ou qui, entre 50 et 125 cm,
présentent une saturation en base supérieure à 50% dans l'horizon oxique.
Ces sols se seraient formés sous climat plus humide, mais auraient évolué en
climat sec.

En fait, cette classification demande à être confrontée avec la réalité, car il


est souvent difficile de différencier, à l'intérieur des sols d'altération latéritique,
les oxisols des ultisols et même, parfois, des alfisols. De plus, la formation de
la plinthite n'est pas spécifique des oxisols et la définition demanderait à être
élargie.
C'est ainsi qu'il est possible de trouver des latérites dans deux autres ordres:
les alfisols et les ultisols.

Alfisols. Ce sont des sols généralement humides à horizon argilique. Il n'y a


pas d'horizon mollique, ni oxique, ni spodique. La saturation en bases de l'ho-
rizon B est supérieure à 35 %. Cet ordre comprend aussi des sols à saturation
inférieure à 35 %, à condition qu'il y ait des traînées verticll.Jes blanchâtres
descendant de A2 dans B.
Un horizon de latérite s'observe dans le sous-ordre des ustalfs qui sont des
sols généralement humides, mais cependant secs pendant trois mois ou plus
et dont les horizons A sont massifs et friables à l'état humide, durcis à l'état

124
ClllSsification des latérites

sec. C'est le cas particulier du groupe des ultustalfs qui possède les caractéris·
tiques suivantes : a) capacité d'échange T de la fraction argileuse inférieure
à 40 mÉq/l00 g; b) plinthite généralement présente; c) kaolinite dominante;
d) S/T assez élevé. Ils peuvent être assimilés aux sols ferrugineux tropicaux
lessivés à concrétions ou à cuirasse.

Ultisols. Ce sont des sols à horizon argilique, très fortement désaturés en bases
(S/T inférieur à 35 %); en outre ils présentent fréquemment de la linthite.
Ils n'ont pas d'horizon oxique et ont de très faihles teneurs en minéraux alté·
rables.
Les sols suivants peuvent être assimilés aux latérites :
Les plintaquults. Sols à plinthite (non durcie) à une profondeur inférieure à
1,25 mètre. Ils sont de couleur grise, à petites taches rouges, passant en pro-
fondeur à une argile tachetée. Le durcissement se produit si cet horizon est
exposé à l'air. Ils peuvent être assimilés aux sols ferrugineux tropicaux et
aux sols ferrallitiques hydromorphes ou aux femsols hydromorphes.
Les plintochrults. Plinthite à moins de 1,25 mètre de profondeur; sols plus
colorés en surface que les plintaquults. La plinthite présente la forme d'une
argile tachetée. Ce groupe paraît correspondre aux sols faiblement ferralli-
tiques à hydromorphie de profondeur.
Les rhodochrults. Couleur générale brun-rouge; teneur en Fe 20 a de l'ordre
de 12 à 30 % de la teneur en argile (comme pour l'horizon oxique). Ils sont
très proches des oxisols. Ils caractérisent les roches basiques, malgré leur
acidification superficielle. Ils peuvent correspondre aux sols rouges tropicaux
acides (fersiallitiques) ou aux femsols acides.
Les typochrults (red and yellow podzolic soils des États-Unis d'Amérique). Faible
valeur de T des argiles (inférieure à 40 mÉq/l00 g) ; roche mère non basique;
faible proportion d'argile 2/1; très faibles teneurs en limon; présence de
taches rouges riches en fer, rappelant la plinthite, donnant des concrétions
durcies par exposition à l'air. Ils peuvent être comparés aux sols ferrugineux
tropicaux ou faiblement ferrallitiques lessivés et désaturés, ou aux ferrisols
et sols fersiallitiques désaturés.
Enfin le sous-ordre des umbrults semble correspondre aux sols ferrallitiques
humifères, en particulier à certains sols bruns ferrallitiques.

SYSTÈME BELGE (Sys, 1962)

Il s'agit ici aussi d'un système morphologique. Les critères utilisés pour les
différenciations des différentes catégories sont les suivantes :
Ordre. Différences majeures dans le type d'altération, dans le type et le déve-
loppement des horizons du profil.
Sous-ordres. Différences majeures dans le degré de gleyification, d'humidité et
dans la température du sol.
Grand groupe. Type et séquence d'horizon diagnostique et succession des hori·
zons dans le profil.
Petit groupe. Différences mineures dans le degré de développement des hori-
zons diagnostiques et caractéristiques de transition entre les grandes unités.
La classification des sols latéritiques s'appuie essentiellement sur la définition
de l'horizon diagnostique (horizon B ferrallitique). C'est un horizon de sol tro-

125
Classification des latérites

pical, situé entre un horizon A et la roche amollie, et présentant les caracté~


ristiques suivantes :
1. Réserve en minpraux altérahles généralement hasse ou inexistante.
2. Fraction granulométrique inférieure à 2 f.l. composée principalement de kao-
linite et/ou d'oxydes - gihhsite souvent mais pas toujours présente. Quel-
quefois présence de quantités importantes de gels alumino-silicatés.
3. Rapport Si 02/Al203 quelquefois proche de 2, mais le plus souvent inférieur
à cette valeur.
4. Intensité maximale des couleurs dans les rouges et les jaunes résultant d'une
accumulation d'oxydes t'le fer.
5. Teneur maximale en argile due à un maximum d'altération et non à une
accumulation. L'épaisseur de cet horizon peut atteindre 5 à 10 mètres.
L'ensemble des sols latéritiques est groupé surtout dans l'ordre des kaolisols
et quelques-uns dans l'ordre des kaolisols lessivés.
L'ordre des kaolisols est suhdivisé en cinq sous-ordres sur la hase des diffé-
rents pédo~limats : a) les hygro-kaolisols (udox?) qui sont les kaolisols des forêts
tropicales de hasse altitude; b) les hygro-xerokaolisols (ustox?) : kaolisols de-
savanes avec hasse saturation en hases; c) les xero-kaolisols (idox, xerox?) :
kaolisols des savanes sèches avec une haute saturation en hases; d) les kao-
lisols humiques (humox?) : kaolisols des zones montagnardes; e) les hygro-
kaolisols (aquox?) : kaolisols hydromorphe~.
La suhdivision en grands groupes est hasée sur les caractéristiques suivantes,.
en relation avec le degré d'altération : le rapport limon/argile et la structure.
Ce sont les ferrisols qui présentent un rapport limon/argile élevé et/ou la pré-
sence de revêtements sur les agrégats structuraux hien développés dans tout
le profil (B structural).
Les ferralsols présentent un rapport limon/argile has et ne présentent pas
de structure hien développée. La présence des caractéristiques précédentes
entre 20 et 70 cm n'est pas exclusive du groupe ferralsols.
Les différenciations au niveau des petits groupes portent essentiellement
sur les concepts centraux ou orthotypes et les cas intermédiaires ou intergrades.

SYSTÈME SPI (D'Hoore, 1963)

En fait il ne s'agit pas d'un système de classification mais de la définition d'unités


cartographiques.
Trois catégories groupent les principaux sols à latérite et/ou latéritiques :.
les sols ferrugineux tropicaux ou sols fersiallitiques; les ferrisols; les sols fer-
rallitiques sensu stricto. Il n'est pas fait de distinction dans les types de cui·
l'asses qui sont indiqués, lorsqu'elles affleurent, comme les lithosols.

Sols ferrugineux tropicaux (sols fersiallitiques)

Définition. Groupe de sols à profil ABC dont certains ont un horizon A2 et


un horizon B texturaI et présentant alors une structure à tendance nueiforme
ou faihlement prismatique. On ohserve fréquemment une large individualisa-
tion des oxydes de fer lihre, ce qui facilite leur lixiviation hors des profils ou
l"ur précipitation dans le profil sous forme de taches ou de concrétions. Leur
réserve en minéraux altérahles est souvent appréciahle. Le rapport limon/

126
ClaBBification deB latérites

argile (20/2 microns), déterminé par dispersions, sédimentations et séparations


de la suspension surnageante répétées, est généralement supérieur à 0,15. Leur
argile est en majeure partie kaolinitique mais contient souvent de petites quan-
tités d'argiles à réseau 2/1. La gibbsite est généralement absente. Le rapport
Si 02/Al203' proche de 2, dépasse généralement cette valeur, tandis que le rap-
port Si 02/F203 est toujours inférieur à 2. La capacité d'échange cationique
du complexe minéral est faible mais supérieure à celle des ferrisols et des sols
ferrallitiques aux teneurs en argile (granulométrique) comparables. Le taux
de saturation cationique de l'horizon B est généralement supérieur à 40 %
(acétate d'ammonium N, pH 7).
Jal. Sur matériaux originels sableux.
Jb 2. Sur roches riches en minéraux ferromagnésiens.
Jc 3. Sur roches cristallines acides.
Jd 4. Non différenciés.

Ferrisols

Définition. Les ferrisols présentent un profil très voisin de celui des sols ferral-
litiques sensu stricto, souvent avec B structural (parfois absent dans les maté-
riaux grossiers), avec des agrégats à surfaces brillantes. Celles-l'i ne sont pas
nécessairement des revêtements argileux : on ne les observe d'ailleurs pas tou-
jours sur des profils à l'état sec. Ces revêtements pourraient être liés à la pré-
sence de gels mixtes alumino-siliceux. La réserve en minéraux altérables est
généralement faible, mais peut dépasscr 10 % dans la fraction comprise entre
50 et 250 microns. Le rapport limon/argile (20/2 microns 1) est générale-
ment supérieur à 0,20 sur alluvions et roches sédimentaires, supérieur à 0,15
sur roches ignées et métamorphiques.
La fraction argileuse est constituée dans sa presque totalité de kaolinite,
d'oxydcs de fer libres et de gels amorphes, parfois avec de petites quantités
d'argiles à réseau 2/1 et de gibbsite. Le rapport Si 02/A~03 est voisin ou infé-
rieur à 2. La capacité d'échange cationique de la fraction argileuse (granulo-
métrique) de l'horizon B, généralement supérieure à 15 mÉ q /l00 g, est inter-
médiaire entre celle des sols ferrugineux tropicaux et celle des sols ferrallitiques
sensu stricto. Le taux de saturation dans les horizons B et C est inférieur à 50 %
(acétate d'ammonium N, pH 7). .
Les ferrisols sont à considérer comme proches des sols ferrallitiques sensu
stricto. Dans cette liste d'éléments d'unités cartographiques, ils ont été mis à
part, d'abord parce qu'ils représentent un stade de l'évolution vers les sols fer-
rallitiques sensu stricto, mais aussi à cause de leurs meilleures qualités agrono-
miques et de leur large distribution.
Kc 1. Non différenciés.
Kb 2. Sur roches riches en minéraux ferromagnésiens.
Ka 3. Humifères.
Ce sont des ferrisols dont les horizons de surface se distinguent par des teneurs
en matières organiques plus élevées. A l'état naturel, l'horizon Al a plus de
25 cm d'épaisseur avec une teneur moyenne en C organique d'au moins 2 %.
Le taux de saturation en Ca est inférieur à 40 %. La structure est finement

1. Voir ci·deBBuB « SolB ferrugineux tropicaux,..

127
CllI5sification de. latériteo

grumeleuse en surface, rarement massive. Couleur foncée en surface avec une


intcnsité Munsell voisine de 3. Ces sols se trouvent souvent en altitude.

Sols ferrallitiques «sensu stricto»

Définition. Sols souvent profonds dont les horizons sont peu différenciés avec
des transitions diffuses ou graduelles, parfois avec un A2 ou un B texturaI.
Cet horizon B peut être légèrement structuré dans les profils plus argileux,
mais les agrégats ne présentent pas les surfaces brillantes bien développées
décrites pour les ferrisols : lcs éléments structuraux sont souvent très finement
polyédriques subangulaires, plus ou moins cohérents, et forment une masse
poreuse très friable.
La réserve en minéraux altérables est faible ou inexistante, le rapport limon/
argile de 20/2 microns!) dans les horizons B et C est, en général, inférieur à
0,25 et les minéraux argileux, en très grande majorité, du type à réseau 1/1,
sont le plus souvent associés à des quantités importantes d'oxydes de fer. Quoi-
qu'ils contiennent généralement des oxydes hydratés d'aluminium, la présence
de gibbsite, qui est une de leurs formes cristallines, est fréquente mais non
essentielle. Le rapport Si 02/Al203 est parfois voisin de 2 mais généralement
inférieur. La capacité d'échange cationique de la fraction argileuse (granulo-
métrique) est généralement inférieure à 20 mÉqj100 g, et le taux de saturation
dans les horizons A et B est généralement inférieur à 40 % (acétate d'ammo-
nium N, pH 7).
Couleur dominante: jaune-beige (7,5 YR ou plus jaune).
La 1. Sur sédiments meubles sableux.
Lb 2. Sur sédiments plus ou moins argileux.
Lc 3. Non différenciés.
Couleur dominante : rouge (5 YR ou plus rouge).
LI 1. Sur sédiments meubles.
Lm 2. Sur roches riches en minéraux ferro magnésiens.
Ln 3. Non différenciés.
Sols ferrallitiques humifères.
Sols ferrallitiques qui, dans leur état naturel, ont des horizons A riches en
matières organiques, semblables à ceux décrits pour les ferrisols humifères.
Ls 1. Non différenciés.

Sols ferrallitiques «à horizon sombre»

Définition. Sols ferrallitiqucs qui, en dessous de l'horizon B (qui peut être tex-
turaI ou de consistance), présentent un horizon de couleur plus foncée que les
horizons sus et sous-jacents. Cette couleur est souvent celle des horizons humi-
fères de surface. Cet «horizon sombre» peut avoir une structure polyédrique
moyenne à grossière bien développée, à revêtements épais souvent noirs et
luisants, mais il peut aussi être sans structure et farineux. Son apparition dans
le profil va souvent de pair avec une augmentation de la valeur du rapport

1. Voir ci·dessus «Sols ferrugineux tropicaux ».

128
Classification des latérites

CjN d'au moins une unité et y atteint généralement la valeur de 15. La teneur
moyenne en carbone organique de cet horizon est de l'ordre de 0,7 %.
Lt 1. Non différenciés.

Sols ferrallitiques jaunes et rouges sur matériaux originels divers

Lx 1. Non différenciés.

SYSTÈME FAO

En fait, il s'agit du système USDA 1938, élargi et amendé en 1949. Ce système


est utilisé, d'une part, dans le Sud-Est asiatique et, d'autre part, en Amérique
du Sud.

Sud-Est asiatique

Dudal et Moormann (1962) décrivent les sols suivants qui peuvent couvrir
les latérites sensu lato, cette liste n'étant pas exhaustive. La différenciation
se fait au niveau du groupe.

« Red yellow podzolic soils ». Ils sont similaires aux sols définis dans le sud-est
des États-Unis. Cette nomenclature a été utilisée en Indonésie (Dudal et Soe-
praptohardjo, 1957), au Viêt-nam (Moormann, 1961) et à Ceylan (Moormann
et Panadokke, 1962). Une part importante de ces sols est appelée latosols jaunes
en Malaisie (Owen, 1951).
Dans le Sud-Est asiatique, ces sols ont été rattachés aux sols latéritiques,
généralement avec un adjectif de couleur (rouge, jaune, brun-jaunâtre) [Mohr
et van Baren (1954); Fridland (1961b); Joachim (1935)]. Le terme «latérite»
n'indique pas la présence de matériaux indurés, mais fait référence à des rap-
ports Si 02jF203 et Si 02j~03 très bas, ou simplement à cause de la couleur
rouge. Il faut cependant noter que tous les sols anciennement appelés latéri-
tiques ne doivent pas être rattachés aux red yellow podzolic soils.
Dans le cadre de la 7e approximation, ces sols sont à classer parmi les ultisols,
sous-ordre des ochrults. Cependant, certains d'entre eux peuvent tomber dans
les alfisols, grand groupe des ultustalfs.

Sols podzoliques gris (<< gray podzolic soils »J. Ce nom a été introduit lors de
l'étude des sols du bas Mékong (Dudal, 1960; Moormann, 1961). En Indochine,
ils sont dénommés «terres grises ». En ThaIlande, les séries korat (Pendleton,
1953) sont comparables. Ces sols peuvent être rattachés aux ground-water late-
rites. Ils sont comparables à certains sols podzoliques latéritiques d'Australie
(Stephen, 1962). Il est difficile de leur trouver une place satisfaisante dans la
7e approximation.

Latosols rouge foncé et brun-rouge (<< dark red and reddish-brown latosols »J. A l'ori-
gine, ces sols étaient classés comme sols latéritiques. Le terme «latosol» est
largement utilisé par Dudal et Moormann pour désigner les sols anciennement
connus sous les noms de red earth (Mohr, 1948), rotlehm (Vageler, 1938), sols
latéritiques (Dames, 1955), terres rouges (Henry, 1931). L'adjectif de couleur

129
C!8ll8ÎfieatioD des latérites

permet de séparer les sols de composItIOn et de fertilité différentes. Ces sols


tombent tous parmi les oxysols de la 7e approximation.

Latosols jaune-rouge (<< red-yellow latosols »J. Ce sont les équivalents plus clairs
des latosols précédents. Ils semblent correspondre assez typiquement aux udox.
Mais ces différenciations portant sur la couleur n'ont pas leur équivalent dans
la 7 e approximation.

Sols gleyieux faiblement humifères et sols hydromorphes gris (<< low humic gley
soils » et « gray hydromorphic soils »J. Ce sont des sols hydromorphes à B textural
et sans horizon humifère bien développé. Ils présentent souvent à la partie
inférieure de l'horizon B, ou dans les horizons sous-jacents, des formations
de latérites indurées soit sous forme d'agrégats irréguliers, soit sous forme d'un
horizon continu (ground-water laterites); généralement entre 100 et 200 cm de
profondeur. Ils peuvent, pour la plupart, être assimilés au groupe des ochra-
quults (7 e approximation USDA), parfois au sous-ordre des aqualts. Ce sont
les équivalents de certains sols hydromorphes à cuirasse de nappe ou de sols
ferrugineux tropicaux lessivés à pseudo-gley de profondeur de la classification
française.

Amérique du Sud

En Amérique du Sud, et plus particulièrement au Brésil, on doit à Camargo et


Bennema (1962) une première tentative de classification des latérites qu'ils grou-
pent dans la classe des sols à horizon B latosolique, lequel horizon est approxi-
mativement équivalent à l'horizon oxique de la 7e approximation.
Ces sols sont subdivisés en trois catégories d'après les valeurs du rapport
Si 02/.AJ 20 S de la fraction argileuse granulométrique :
l. Latosols avec un rapport Si 02/Al20S inférieur à 1,0 qui se subdivisent d'après
les caractéristiques en relation avec : l.1 : la composition minérale du sol
total; l.2 : la couleur de l'horizon B latosolique; l.3 : le type d'horizon Al"
2. Latosols dont le rapport Si 02/Al20S se situe entre 1,0 et 1,6 qui comprennent,
en s'appuyant sur les mêmes caractéristiques que ci-dessus :
a) Latosol roxo (rouge foncé à brun-rouge sombre) : ~OS/Fe20S < 1,7 (pour
les sols argileux); Mu O2 > 0,10 %; Ti O2 = 4 - 8 %. La couleur de
l'horizon oxique varie de 10 R 3/4 à 2,5 YR 3/4 ; chroma jamais plus élevé
que 4.
b) Latosol rouge noirâtre: Al 20 s /Fe20 S : 2,0 - 4,6 pour les sols argileux;
2,0 (?), 2,6 pour les textures moyennes; Mu 02 < 0,02 (?). Couleurs les
plus communes pour l'horizon oxique : 10 R 3/6 à 2,5 YR 3/6; valeurs
inférieures à 3,5; chromas de 5 à 7.
c) Latosol rouge et jaune : Al 20 s /Fe20 S' 4,6 - 8,0 pour les sols argileux;
2,9 - 5,5 pour les textures moyennes. Couleur de l'horizon oxique gamme
2,5 YR, 5 YR, 7,5 YR; valeurs supérieures à 3,5; chromas de 6 à 8.
Les distinctions à l'intérieur de ces trois catégories se font sur les bases sui-
vantes: développement de l'horizon A qui peut être «prominent », inter-
médiaire ou faihle; saturation en bases fortes ou faibles.
3. Latosols à rapport Si 0zJAl20S plus grand que 1,6 (la limite extrême est
d'environ 2,0).

130
C1a88ification des latérites

a) Latosol à rapport AI 2 0 s/Fe20 s aVOlsmant 2,0 pour les sols argileux;


avoisinant 3,0 pour les textures moyennes.
b) Latosol à rapport Al 2 0 s/Fe20 S avoisinant 4,0 pour les sols argileux.
c) Latosol à rapport Al 2 0 a/Fe 20 a supérieur à 4,6.
Les latosols concrétionnés sont considérés comme intergrades vers les
lithosols concrétionnés, les sols à B texturaI, les ground-water laterites et
d'autres sols si nécessaire.

En résumé, il apparait que les corrélations sont dans l'ensemble assez bonnes
aux niveaux des groupes et que le terme «latérite» est de plus en plus utilisé
comme adjectif pour signaler des formations indurées riches en sesquioxydes
ou, plus souvent encore, remplacé par un autre terme qui ne fait pas confusion.
Cependant, beaucoup de travail reste à faire, en particulier en ce qui concerne
les sols latéritiques jaunes ou rouges sans horizons bien différenciés. Les tra-
vaux abordés et développés par Van Wamhecke (1962) sur la structure de ces
sols paraissent ouvrir une voie intéressante. Il s'agit de définir des critères sim-
ples, facilement observables sur le terrain, critères correspondant à des pro-
priétés et pédogénèses bien définies, qui permettent une discrimination objective
des latérites.

131
Utilisation des latérites

Le problème de l'utilisation des latérites a été souvent traité sous son aspect
agronomique. Cependant, à l'origine, le développement des études chimiques
et minéralogiques a été associé à des recherches minières (fer et aluminium).
Ces spéculations ont pris une grande importance au cours des dernières décennies
pour la recherche de gisements de bauxite, de fer, de manganèse. Le côté génie
civil a aussi fait l'objet de nombreuses études en liaison avec la construction
de routes et l'aménagement de réservoirs. Enfin, l'importance des latérites dans
les études hydrologiques sous climats tropicaux est soulignée chaque jour davan-
tage.
En résumé, les latérites contribuent à l'économie générale des régions chaudes
et humides du globe. Sous quelque aspect que l'on se place, on se heurte, à
un moment ou à un autre, aux latérites. C'est donc un problème extrêmement
vaste qui ne peut être développé en quelques lignes. Aussi n'en soulignera-t-on
ici que les principaux aspects.

DE LA FERTILITÉ DES LATÉRITES 1

Le problème de la fertilité des latérites n'est pas strictement lié aux seules carac-
téristiques intrinsèques du sol. Tous les facteurs de l'environnement géogra-
phique jouent. Il faut distinguer, en premier lieu, le rôle du climat, celui de la
végétation, enfin les données propres aux profils.

CLIMAT

Les latérites au sens large se développent sous climats tropicaux et équatoriaux


suhhumides et humides. Ces conditions influent plus ou moins sur la fertilité
des sols.

Facteurs favorables. L'humidité généralement supeneure à 1 000 mm/an et


la température élevée sont des facteurs éminemment favorables au développe-
ment de la végétation. Lorsque l'humidité est bien répartie au cours de l'année,
il en résulte une bonne alimentation en eau des plantes, qui tendent à développer,

1. Données générales fournies par B. Dabin.

132
Utilisation dea latérite.

parfois exagérément, leur système végétatif. Les milieux tropicaux favorisent


aussi au maximum la synthèse des hydrocarbones. Ces facteurs accélèrent la
décomposition de la matière organique, dont le cycle est raccourci à quelques
années. Laudelout et Meyer (1950) estiment que, sous forêt congolaise, l'apport
de matière sèche est de l'ordre de 15 à 20 tonnes qui sont immédiatement miné-
ralisées, libérant les cations prélevés dans les parties profondes du profil que
l'on estime à 80 à 105 kg de Ca, 50 à 55 kg de Mg, 50 à 90 kg de potasse par
hectare et par an, dans la République démocratique du Congo.
Même à pH acide, l'azote évolue rapidement, d'où une fertilité spontanée
élevée, en relation également avec une vie microbienne intense (Dommergue,
1963).

Facteurs défavorables. Une pluviométrie trop bien répartie correspond fréquem-


ment à un manque d'ensoleillement qui limite certaines productions (par exem-
ple le palmier à huile). La pluviométrie élevée favorise le lessivage vertical et
latéral des cations et des éléments colloïdaux dans les horizons supérieurs qui
sont souvent très appauvris. Une trop grande concentration des pluies accuse
les processus d'érosion par l'eau (Fournier, 1956). Les colloïdes organiques
et minéraux facilement dispersés sont entraînés jusqu'à la mer où ils floculent
au contact de l'eau salée pour former de vastes marécages (mangrove). Cet
excès d'humidité favorise des engorgements internes avec apparition de méca-
nismes d'anaérobiose dans les régions planes ou de faible altitude. La miné-
ralisation rapide de la matière organique accuse les pertes en azote dont les
réserves disparaissent rapidement.
Ces conditions d'humidité sont la cause de nombreuses maladies crypto-
gamiques et, en particulier, de la « fonte» des semis.
Si la pluviométrie est mal répartie (climat tropical), l'apparition de saisons
sèches, plus ou moins brutales et intenses, limite toute production en période
d'aridité. Les températures élevées et les vents desséchants accusent pendant
de longs mois le déficit hydrique, d'où la nécessité fréquente d'irrigation même
dans des régions où les précipitations moyennes annuelles sont élevées.

VÉGÉTATION

Il s'agit le plus souvent, à l'origine, d'une végétation forestière qui se dégrade


rapidement en peuplements de savanes, ou/et en peuplements herbacés.

Facteurs favorables. Les apports organiques sont très importants en surface


avec des conséquences importantes sur la nutrition. Lorsque les peuplements
sont peu dégradés ils offrent une protection très marquée vis-à-vis de la tem-
pérature et de l'érosion. Une végétation suffisamment dense réduit considé-
rablement la radiation totale atteignant le sol, qu'Aubreville (1947) estime
de 68 à 75 % en République centrafricaine et de 81 à 85 % au Cameroun. En
Mriepie orientale, Vageler (1933) mesure des températures du sol nu variant
de 50 à 54 oC, celle du sol voisin sous végétation de 34 oC et sous forêt de 25 0 C
seulement. Beirnaert (1941), constate, dans la République démocratique du
Congo, des différences de 17 oC entre le sol nu et le sol sous forêt.
Ce rôle tampon de la végétation joue également sur l'amplitude thermique
qui s'abaisse considérahlement (Aubert, 1959). Il en est de même pour le profil
hydrique du sol. La forêt dense de la zone tropicale humide conserve l'horizon

133
Utili.. tion des latérites

superficiel du sol et la couche de l'atmosphère qui est en contact reste humide


to,lte l'année, même pendant la période sèche (Jaeger, 1956).
Toutes ces conditions provoquent un niveau de fertilité souvent élevé immé-
diatement après défrichement.

Facteurs défavorables. Dans les latérites, la matière organique est limitée à une
couche très peu épaisse qui se dégrade ra{>idement par la culture. Cette matière
organique est la source de nombreux parasites animaux et végétaux. D'un
autre point de vue, une végétation trop dense élève le prix du défrichement
indispensahle avant culture. II faut aussi pouvoir recouvrir rapidement le sol
après défrichement pour éviter un trop grand dessèchement, une trop forte
minéralisation et le développement du processus d'érosion. Enfin, cette matière
organique est souvent détruite par le feu.

DONNÉES PROPRES AUX PROFILS

On distinguera sucessivement, de haut en bas, les principaux horizons.

Horizon supérieur

Facteurs favorables. Ce sont le plus souvent des horizons de texture meuhle,


légère. La structure fine favorise le drainage quand le sol n'est pas dégradé.

Facteurs défavorables. Ces horizons sont pauvres en matière organique et par


suite en azote. Ils sont souvent lessivés en bases et en colloïdes. Le phosphore
y est fréquemment bloqué, soit par la matière organique, soit par les sesqui-
oxydes.

HorizonB

Facteurs favorables. Ce sont des horizons généralement très épais et riches en


colloldes. Ils présentent le plus souvent une bonne rétention pour l'eau. La
structure, assez finement polyédrique, peu compacte, permet une bonne péné-
tration des racines.

Facteurs défavorables. Ces horizons sont très altérés. Leurs réservcs en bases
sont faibles, celles-ci étant généralement lessivées. L'acidité pH est très basse,
souvent inférieure à 5,5. Ils sont pratiquement dépourvus de matière organique
et, comme corollaire, d'azote. Leur capacité d'échange est très faible.
Ce sont des horizons riches en sesquioxydes (fer et/ou alumine) contenant
parfois des concrétions, parfois des cuirasses, parfois cl es stone lines qui limitent
la pénétration des racines et créent une discontinuité qui influence toute la
genèse du profil et plus particulièrement son régime hydrique.
Dans certains cas, on observe à la base de cet horizon un pseudo-gley qui
matérialise des conditions réductrices. C'est donc un horizon pratiquement
stérile, surtout lorsque l'érosion l'amène en surface. Il offre alors la possibilité
de se durcir et limite toute production végétale. Enfin, la richesse en sesquioxydes
provoque parfois l'apparition des phénomènes de toxicité alumineuse (Cas-
tagnol et Shan-Gia-Tu, 1940) ou manganifère (Martin, 1961).

134
UtiIiBation des latérites

Horizon C (zone de départ)

Facteurs favorables. En sol hien drainé, lorsque la zone (le départ est proche
de la surface du sol, la lihération intense des cations par hydromyse favorise
l'alimentation minérale des plantes.

Facteurs défavorables. Lorsque la zone de départ est proche de la surface en


milieu mal drainé, ou lorsque cet horizon est trop profond et hors d'atteinte
des racines, le milieu est extrêmement défavorahle pour tout développement
végétatif.

Une autre approche du prohlème de la fertilité des latérites consiste à passer


en revue les différents facteurs intrinsèques de ces dernières.

FACTEURS PHYSIQUES

La stabilité structurale des sols latéritiques est généralement assez honne.


On peut citer à ce sujet les remarquahles résultats ohtenus sur ce prohlème
par Comheau et Quantin (1963) en Répuhlique centrafricaine et Martin (1963)
au Congo (Brazzaville). Comme conséquence directe, on peut indiquer que, sous
climat équatorial, une année de culture nécessite deux années de jachère natu-
relle pour ramener le sol au niveau de stabilité structurale d'avant culture.
C'est dire l'importance de la connaissance de cet indice pour toute mise en
valeur.
La perméahilité est moyenne à élevée dans les horizons de surface. Elle est
parfois plus faihle en profondeur.
La rétention en eau est variahle et surtout liée aux teneurs en humus.
L'eau utilisahle diminue en profondeur, même en sols argileux.

FACTEURS CHIMIQUES

Complexe absorbant. Les teneurs en hases échangeables' sont variables. Génée


ralement, elles sont très faibles dans les horizons B. L'éventail des teneurs est
heaucoup plus large dans l'horizon humifère et fonction du taux de matière
organique. Les augmentations de surface sont liées à des remontées hiologiques
dues à la forêt. Elles ne jouent pas seulement sur les cations (et principalement
sur le calcium), mais aussi sur les oligo-éléments.
Dans un sol ferrallitique de Côte-d'Ivoire dont le système racinaire est très
développé en surface jusqu'à l,50 mètre, Auhert (1959) trouve les valeurs sui-
vantes (en ppm %)
Zn Co Fe Cu Mn
En surface 3 0,3 1,3 1,4 24
A 1 mètre 3 0,04 3,5 0,6 1
De 1,2 à 1,5 mètre 4 0,06 7 1,4 4,2
De 2,0 à 2,25 mètres 6 0,08 9,5 1,2 2,3

Dans certains cas, cependant, cet enrichissement peut être contrehalancé,


soit par l'action d'un climat particulièrement humide [formation d'oxisols
très acides dès la surface au Ghana (Brammer, 1956) et des sols ferrallitiques
lessivés en Côte-d'Ivoire (Dahin, 1964)], soit par celle de la pente (Dahin, 1964).

135
Utilisation dei latérites

Saturation du complexe absorbant. La saturation est très faible en profondeur


dans l'horizon B. De nombreux auteurs font mention de valeurs inférieures
à 15·20 %. Par contre, en surface, le degré de saturation est très variable et
principalement fonction du climat. Pour des pluviométries supérieures à
1 500 mm, bien réparties, les valeurs mesurées sont les plus faibles. Elles aug-
mentent très sensiblement, parfois même fortement, pour des pluviométries
plus faibles de type tropical. Par exemple, au bas Dahomey, pour des précipi-
tations de 1 000 à 1 100 mm, le degré de saturation dépasse parfois 90 % dans
les horizons de surface (Fauek, 1961). Naturellement, sous un même climat,
on constate des variations sensibles suivant la nature des roches mères et l'âge
des sols, les sols jeunes sur matériaux riches en al~alino-terreux étant plus
saturés que les sols matures et que les sols sur matériaux acides. C'est d'ailleurs
une des principales différences physico-chimiques entre les sols rouge foncé
et les sols jaunes.
Dans certains cas, une meilleure saturation correspond à une augmentation
des teneurs en matière organique, ce qui accuse encore la capacité de saturation
de ces sols.
Toujours dans les horizons de surface, il existe une assez bonne relation entre
la richesse en matière organique et les teneurs en colloïdes minéraux. Le rapport
organique/colloïdes minéraux est d'autant plus élevé que le taux de saturation
du sol est élevé.

Réserves minérales. Les réserves minérales sont le plus souvent extrêmement


basses, ou trop profondes pour être atteintes par les racines. Il en résulte que
l'exploitation normale des sols fait apparaître des carences en éléments majeurs.
Cependant, si pour une cause ou une autre la roche mère est proche de la sur-
face du sol, l'intensité des processus d'hydrolyse peut combattre efficacement
le lessivage des éléments fertilisants. La qualité du matériau originel est alors
essentielle.

Nature des colloïdes minéraux. Ce sont essentiellement des argiles kaolinitiques,


des oxydes de fer et d'aluminium. Si ces constituants influent favorablement
sur la structure physique et la perméabilité des sols, par contre leur faible capa-
cité d'échange, leur faible possibilité de rétention en eau, les tendances au con-
crétionnement et au cuirassement sont autant de facteurs qui abaissent la
fertilité des sols latéritiques.

PRINCIPALES CARENCES MINÉRALES DES SOLS LATÉRITIQUES

Lorsque les sols sont très lessivés, ce qui correspond le plus souvent à des plu-
viométries supérieures à 1 500-1 800 mm/an, on constate toujours de très fortes
carences en Ca++, Mg++ et K +. Dans le cas des sols latéritiques typiques, moins
appauvris, la carence la plus commune et la plus marquée concerne le potas-
sium. Sur roches acides, il s'agit d'une carence absolue, les teneurs en potassium
étant extrêmement faibles. Sur roches basiques, il s'agit plutôt d'un désé-
quilibre par rapport au calcium et au magnésium.
Les carences en acide phosphorique sont surtout marquées sur les roches
granitiques. Naturellement, ces carences sont fonction des besoins de la plante.
Ainsi le bananier, le palmier à huile, les ananas ont de faibles besoins, au con-
traire le cacaoyer, le caféier, les plantes vivrières ont des besoins importants.

136
1JtilUation dei latérit~

L'acide phosphorique se trouve dans les sols latéritiques sous des formes diffé-
rentes de solubilité et d'assimilabilité: phosphore organique, phosphates de
chaux, phosphates d'aluminium, phosphates de fer d'inclusion ou de rétrogra.
dation. Ces différentes formes peuvent passer de l'une à l'autre suivant l'état
de dégradation du sol, et suivant son pH. Le phosphore organique n'est pas
directement assimilable, ainsi que le phosphate de fer d'inclusion. Par contre
les teneurs en phosphates de chaux étant très faibles en milieu acide, il semble
bien que le phosphate d'aluminium contribue pour une part importante à l'ali-
mentation des plantes (Dabin, 1963). Il s'établit un véritable cycle du phosphore
qui le fait passer par des formes plus ou moins assimilahles suivant l'état du
sol, ce qui rend son interprétation très délicate.
Les carences en azote sont aussi fréquentes par suite d'un très fort lessivage
des nitrates et de la minéralisation rapide de l'azote organique. Ces carences
sont d'autant plus marquées que le milieu est plus acide, aux teneurs en matière
organique comparables.
D'une façon générale, en milieu naturel, les carences en certains macro-élé·
ments, et surtout en micro-éléments, sont peu prononcé~s. Par contre ces der-
nières deviennent nettes lorsqu'on «force» la production par application d'en-
grais minéraux. Il s'agit plutôt de déséquilibre que de véritables carences.
Ainsi, par exemple, un excès de potasse par rapport au magnésium fait apparaître,
sur les bananiers, la maladie dite «du bleu ».
Concernant les oligo-éléments, les teneurs limites des carences peuvent être
variables suivant les plantes considérées. En dehors des travaux australiens
et américains, en particulier ceux de Sherman aux îles Hawaii, la littérature
fournit peu de données. Cependant les conclusions suivantes semblent pouvoir
être avancées.
Manganèse. Deux aspects sont à considérer, les carences et les toxicités.
Les carences seraient surtout sensibles sur des sols très acides. Des chiffres
inférieurs à 10 ppm peuvent être avancés. Les carences sont surtout sensibles
sur les ananas et le coton. A l'opposé, les phénomènes de toxicité sont plus
spectaculaires. Ils se produisent surtout sur des roches basiques. Les teneurs
en matière organique sont généralement élevées et les valeurs du pH presque
toujours supérieures à 6. La toxicité apparaît si un abaissement important
du pH intervient à la suite d'excès culturaux. Un simple chaulage suffit à remé-
dier à cet état (Martin, 1963). Aux îles Hawaii, Harmer et Sherman (1944)
préconisent le mulching qui, en empêchant le dessèchement du sol, limite la
libération d'oxyde divalent toxique.
Fer. Les teneurs les plus faihles « 5ppm) sont observées dans les sols à
pH relativement élevé (pH > à 6).
Cuivre. Les teneurs supérieures à 2 ppm peuvent être considérées comme
relativement bonnes. Les carences apparaîtraient pour des valeurs obtenues
surtout dans des sols hydromorphes.
Zinc. Les teneurs sont considérées comme correctes entre 3 et 15 ppm, faibles
et susceptibles de provoquer des carences à moins de 3 ppm et surtout moins
de 1 ppm. Pour la Côte-d'Ivoire, les valeurs trouvées sont groupées entre 1
et 2 ppm, ce qui amène à penser que la plupart des sols latéritiques sont carencés.
Molybdène. Les carences en molybdène croissent lorsque le pH s'abaisse;
l'assimilabilité étant plus facile à pH élevé. Or les teneurs trouvées sont souvent
extrêmement faibles (0,01 à 0,06 ppm en Côte-d'Ivoire), ce qui, lié aux pH
acides, traduit des carences nettes.

137
Utilillation des latérites

Vanadium. Cet oligo.élément peut, dans une certaine mesure, compenser


le molybdène. Les valeurs obtenues sont fréquemment inférieures à 0,05 ppm.
Cobalt. Les teneurs en cobalt semblent en relations assez étroites avec l'état
d'évolution de la matière organique. Les teneurs supérieures à 0,1 ppm peuvent
être considérées comme satisfaisantes. Les teneurs inférieures ou égales àO,02 ppm
sont faibles. Elles sont, en général, plutôt rares.
En résumé, les accidents dus aux oligo·éléments sont surtout sensibles dans
les deux cas extrêmes des sols latéritiques sur roches basiques et en condition
de mauvais drainage.

Le problème de la fertilisation des latérites découle des faits précédemment


exposés, à adapter à chaque condition locale: maintenir le taux de matière
organique à son niveau d'équilibre par rapport au substrat minéral; élévation
du niveau d'équilibre par accroissement de la richesse en bases (Ca et Mg) et
élévation du pH.
Les procédés pour amener à ces résultats sont multiples (fumier, engrais
verts, engrais minéraux, etc.). Ils doivent se compléter par des méthodes de
lutte anti·érosive (cultures en bandes, courbes de niveau, etc.). Mais, surtout,
il ne faut pas oublier que les sols latéritiques sont des sols de milieu forestier
et conviennent donc surtout aux cultures pérennes. L'introduction de cultures
annuelles amène un déséquilibre qu'il est difficile de combattre économiquement
et qui ne se justifie que pour des cultures industrielles à hauts revenus.

DE LA VALEUR MINIÈRE DES LATl!;RITES

On doit à Bauer (1898) la reconnaissance des latérites comme minerai possible


d'aluminium. Depuis cette date de nombreuses études ont été entreprises par
les géologues tendant à assimiler les gisements de bauxites à des latérites. (A
consulter : Les bauxites, leur minéralogie et leur genèse, Moscou, Izd. ANSSSR,
1958.)
Actuellement de nombreux gisements de latérites sont exploités en vue de
la production de minerais :

Minerais de fer. II s'agit de gisements importants mais de faible teneur et peu


rentables. La rentabilité est essentiellement liée à la proximité de ports permet·
tant l'évacuation des minerais.
On peut également rappeler l'utilisation des latérites comme source de fer
par de nombreuses tribus africaines, spéculation en voie de disparition.

Minerai d'aluminium. L'utilisation de bauxites latéritiques est beaucoup plus


généralisée et d'une importance mondiale. La majorité des pays des tropiques
humides en possèdent des réserves importantes. Les plus belles bauxites se
situent sur les modelés les plus anciens, généralement tertiaires. La valeur du
minerai est fonction non seulement de la richesse en Al 20 3 , mais aussi de la
présence de silice combinée qui pose des problèmes de traitement particuliers
qui ne sont pas toujours parfaitement résolus.

Minerais de manganèse. Là aussi de nombreux gisements tropicaux sont d'ori·


gine latéritique (en basse Côte-d'Ivoire, au Gabon, par exemple).

138
Utilisation des latérites

La valeur de ces gisements porte sur la facilité d'exploitation à « ciel ouvert »


et sur les réserves, qui sont souvent considérables.
L'économie des systèmes repose essentiellement sur la rentabilité d'éva-
cuation des produits enrichis ou non. D'une façon générale, l'origne latéritique
de ces minerais implique l'adaptation des méthodes de prospection minière.
Il s'agit de déterminer les sites les plus favorables aux accumulations minérales
de surface qui, pour l'aluminium, sont principalement de type absolu, alors
qu'il s'agit le plus souvent d'accumulations relatives pour le fer et surtout le
manganèse qui se déposerait en faciès marécageux.
Il y a donc de fortes présomptions pour que les gisements s'étendent en sur-
face et non en profondeur, en relation avec un matériau originel et une forme
du modelé favorable.

DE L'UTILISATION DES LATÉRITES EN GÉNIE CIVIL

Il n'est pas nécessaire d'insister sur l'importance de ces matériaux dans les
constructions diverses. A l'origine, les <'uirasses ont été largement utilisées dans
la construction de monuments et d'habitations. Certains mégalithes africains
sont d'origine latéritique. Il semble que l'emploi des latérites indurées comme
matériau de construction ait été, et soit encore, très généralisé en Inde et en
Thaïlande. Le temple d'Angkor Vat est construit en latérites bien que l'art
d'exploiter des carrières soit perdu au Cambodge.
Actuellement les études de génie civil portent sur les limites d'Altenherg
de ces matériaux en vue de la construction de routes et de barrages en terre.
La majorité des routes des tropiques sont en latérites concrétionnées, ce qui
provoque l'apparition d'ondes régulières appelées «tôle ondulée », phéno-
mènes liés à des processus vibratoires. JI semble que l'on ait mis au point des
méthodes pratiques pour limiter cet inconvénient.
Un des avantages essentiels du matériau latéritique est sa faible possibilité
de gonflement à l'eau, ce' qui en fait un excellent produit de compactage, surtout
quand il n'est pas trop sableux.

DE L'UTILISATION STRATIGRAPHIQUE DES LATÉRITES

De nombreuses formations ferrugineuses, rouges, interstratifiées dans les sédi-


ments anciens, sont de plus en plus interprétées comme caractéristiques de
climats tropicaux humides. Les caractères pétrographiques de ces formations
permettent de reconstituer les paysages passés. C'est le cas plus particulier
des grès rouges du permo-trias des Vosges (MilIot, Perriaux et Lucas, 1961),
des séries rouges carbonifères, des niveaux du sidérolithique crétacé d'Europe.
De même, l'étude des néoformations argileuses dans les cuvettes proches
d'anciens massifs latéritisés permet de mieux comprendre les interactions qui
se réalisent entre ces différentes formations. Nous sommes dans le domaine
de la biorhexistasie (Erhart, 1956). La forêt tropicale joue un rôle de filtre.
Les hases et la silice sont entraînées dans les dépressions où elles donnent nais-
sance à des dépôts d'abord détritiques, puis de néogenèse. Les sesquioxydes
et la kaolinite s'accumulent en place. Au cours d'un nouveau cycle d'érosion,
ces matériaux sont érodés et viennent à leur tour se déposer sur les sédiments

139
Utilisation de. latérites

néoformés. Il se constitue ainsi des séquences sédimentaires qui permettent


des interprétations meilleures des climats, interprétations qui sont de plus
en plus pratiquées (Millot, Ellouard, Lucas et Slansky, 1960; Millot, Radier
et Bonifas, 1957).

DES PROPRIÉTÉS HYDROLOGIQUES DES LATÉRITES

Les études dans ce domaine se développent peu à peu. A l'échelle de petits


bassins versants les résultats obtenus montrent que les produits d'altération
latéritiques constituent une excellente roche magasin. Même les cuirasses afBeu-
rantes possèdent une perméabilité «en grand» élevée, ceci étant lié au fait
que les niveaux cuirassés sont souvent fortement diaclasés. En saison des pluies,
les eaux de ruissellement s'engouffrent dans les fentes et imprègnent les for-
mations meubles sous-jacentes où elles circulent latéralement. Il arrive parfois
qu'il se forme de véritables cours d'eau souterrains, les matériaux étant par-
tiellement entraînés. On observe ainsi des réseaux de grottes sous-jacentes
aux niveaux indurés, grottes qui communiquent entre elles par des couloirs
souterrains et des siphons, parfois sur plusieurs centaines de mètres. Quand le
déblaiement de formations meubles est important, il peut se produire des effon-
drements circulaires ou linéaires, qui jalonnent la ligne d'écoulement des eaux.
Ce sont les «Wendou d'Mrique de l'Ouest ». Les eaux de ruissellement conver-
gent vers ces dépressions pour former de petits marais ou se perdent brusque-
ment à la faveur d'une diaclase. Les eaux réapparaissent à l'air libre sous forme
de résurgences dans le cours des rivières qui voient leur débit augmenter bru-
talement. Il est courant d'observer ainsi des bassins versants ne présentant
pas de collatures actives, alors que des bassins voisins de même superficie mon-
trent un lit à écoulement plus ou moins permanent (Maignien, 1958). Ces connais-
sances orientent l'utilisation des eaux en pays de latérites. .

140
Annexe

A côté du rapport général du colloque sur les latérites qui s'est tenu à Tananarive
(Madagascar) du 21 au 29 septembre 1964, un certain nombre de notes ont été présentées.
On en trouvera ci-dessous un résumé succinct'.
1. Formation, classification et utilisation de certaines cuirasses de bas-de-pente, par le Dr
C. SYS, Université de Gand, Belgique.
Cette note a pour but d'expliquer la genèse des horizons cuirassés qui s'individualisent
dans les sols en bordure des vallées.
Le sol est un ferralisollessivé en argile qui subit, en profondeur, les fluctuations d'une
nappe phréatique. Sous ces conditions on assiste à la décomplexation du fer entraîné
par l'argile. Les oxydes de fer s'individualisent et se concentrent en un horizon illuvial.
L'induration suit l'enlèvement des horizons illuviaux par érosion. Il apparaît ainsi que
les cuirasses ferrugineuses et manganifères formées par lcssivage vertical peuvent avoir
une origine variée. Le matériel de réception peut être ferrallitique ou fersialitique. Dans
le premier cas l'aluminium est un matériau résiduel, et le fer a une origine extérieure
à la zone d'accumulation. Pour ces raisons, il semble que la classification des cuirasses
devrait être basée davantage sur les caractéristiques morphologiques et minéralogiques.
2. Laterite in Indian geology (A sketch on the concepts of origin), par M. K. Roy CHow-
DHURY, V. VENKATESH, M. A. ANAN DALWAR et D. K. PAUL, Geological Survey of
India.
Il s'agit d'une étude bibliographique des latérites de l'Inde, dans l'acception suivante:
les roches principalement riches en alumine ou en silice combinée (kaolin) et associées
soit à un profil latéritique soit à une altération latéritique sont respectivement appelées
« bauxite n et « lithomarge n. De même, une roche très riche en manganèse ou en fer
est désignée « manganèse latéritique)) ou « minerai de fer)) si elle se trouve dans une
cuirasse latéritique.
3. Laterite as a source of industrial minerais in India, par M. K. Roy CHOWDHURY, V.
VENKATESH, M. A. ANAN DALWAR et D. K. PAUL, Geological Survey of India.
Étude des gisements des principaux minerais d'origine latéritique en Inde : bauxite,
manganèse, fer, nickel.
4. The occurence of laterite in Amazona, par F. C. CAMARGO.
Ce rapport est divisé en deux parties: Types et âge des latérites des régions amazoniennes
et Écosystème sol/végétation forestière en régions tropicales humides.
Dans le premier chapitre une latérite actuelle est comparée à une latérite fossile, toutes
deux développées dans des alluvions. L'auteur précise qu'il s'agit de deux exemples
typiques de formation de latérite (cuirasse) par déplacement latéral de fer et d'alumine

1. Ces commuIÙcations peuvent être consultées au siège de l'Unesco.

141
Annexe

par le canal de nappes phréatiques. Par contre, il ne semble pas que ces phénomènes
puissent se réaliser par simples mouvements verticaux, car on n'observe pas de laté-
rites au centre des plateaux et des pénéplaines.
Au Brésil, les types les plus fréquents sont fossiles.
D'un point de vue pédologique, le terme laterite-sail devrait être abandonné, car il
ne peut être correctement appliqué aux sols lessivés concrétionnés et aux sols résultant
de la décomposition de latérites fossiles.
La deuxième partie traite du problème du tum ot'er en milieu latéritique sous forêt
amazonienne.
5. Genesis of the laterite, par G. D. SHERMAN, F. S. SCHULTZ et J. L. WALKER, Univer-
sité d'Hawaii.
La genèse des horizons de latérite est liée aux caractéristiques chimiques et minéralo-
giques des oxydes de fer. L'induration résulte de la déshydratation des hydrates de fer
colloïdaux. L'induration des horizons ainsi formés est relativement stable. Par contre,
les oxydes d'aluminium et de titane sous des conditions similaires ne donnent pas nais-
sance à des niveaux continus indurés. La ségrégation de la gibbsite se produit rarement
à la surface.
On peut classer les latérites de la façon suivante :
a) Latérites résiduelles formées en place sous de bonnes conditions de drainage. Les
produits de l'altération des roches sont lessivés de façon différentielle. Seul le fer,
sous ces conditions d'extrême oxydation, reste en surface. L'alumine est également
entraînée en profondeur.
b) Latérites formées par accumulation d'oxydes de fer. Ces latérites peuvent également
se former par lessivage oblique. Les matériaux lessivés en fer s'enrichissent en gibbsite.
c) Latérites transportées. Ce sont des produits remaniés d'anciennes cuirasses démantelées.
d) Latérites de nappe qui se développent sous l'influence d'une nappe phréatique près
de la surface du sol.
e) Latérites fossiles qui peuvent être transformées secondairement, en particulier par
apport de silice ou de carbonate.
6. Histoire des sols ferrallitiques de Madagascar, par J. RIQUIER et F. BOURGEAT, Centre
ORSTOM, Tananarive.
Les sols ferrallitiques de Madagascar sont des sols complexes très anciens. Le profil est
hérité d'un profil ancien, mais, depuis, plusieurs climats ont surimposé des phases succes-
sives de pédogénèse. Quatre phases sont ainsi reconnues :
a) Phase d'altération hydrothermale de la roche en climat très chaud et très humide
(miocène, pliocène).
b) Phase principale de formation de l'horizon rouge superficiel en climat à saisons alter-
nantes plus sec (pliocène supérieur quaternaire ancien).
c) Phase de ferrallitisation plus intense due à une période plus humide (quaternaire
moyen) et évolution des horizons supérieurs sous l'influence de la végétation.
d) Phase de dégradation due à une dessiccation lente et à l'apparition de l'homme (qua-
ternaire récent).
Enfin, pour illustrer les études sur le terrain qui ont eu lieu pendant le colloque, le Centre
ORSTOM de Tananarive a rédigé un rapport de 87 pages traitant de la «Présentation
de quelques profils de sols ferrallitiques et de l'étude du milieu pédogénétique dans les
environs de Tananarive»; 21 profils sont décrits avec leurs données analytiques et miné-
ralogiques.

142
Bibliographie

La liste bibliographique ci-après n'est pas exhaustive. Elle fait uniquement référence
aux auteurs cités dans le texte. Cependant, beaucoup d'autres ouvrages ont été consultés.
Il fallait pourtant faire un choix parmi plus de deux mille fiches bibliographiques trai-
tant plus ou moins du problème des latérites'. Concernant les études les plus anciennes,
n'ont été cités que les travaux synthétiques ou ceux qui introduisaient des idées nouvelles.
Concernant les travaux plus récents, n'ont été signalés que ceux ayant trait aux connais-
sances de base dans un contexte général. Les études à caractère local ont été éliminées.
Comme tout choix celui-ci n'est pas parfait. Que l'on excuse les omissions involontaires
et que l'on n'y voit aucun parti pris de notre part.

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