Photo Intro
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La prise de vue
Les appareils utilisés par les photographes sont appelés « réflex » parce qu'ils ont un système de visée à
travers l'objectif. Cela permet de les équiper d'objectifs interchangeables. Ce sont souvent des demi-
format (appelés APS-C par Canon et DX par Nikon). On leur donne ce nom parce qu'ils enregistrent les
images sur un capteur dont la taille est de 15 x 22 mm chez Canon et 18 x 24 mm chez Nikon et que cela
représente la moitié de la surface du négatif d'un réflex argentique. Les appareils plein format, eux, ont
un capteur d'environ 24 x 36 mm, de taille similaire à celle d'un argentique. C'est le cas des modèles de
haut de gamme de Canon et Nikon.
Quant aux compacts et aux smartphones, leur capteur est minuscule et trop de pixels sont tassés sur cette
surface. La qualité des cellules du capteur et donc celle des images en souffre.
Les objectifs
La focale des objectifs est leur caractéristique la plus importante. Elle s'exprime en millimètres et elle
détermine la largeur de l'angle de vue.
Un grand-angle permet de prendre une image large, panoramique (pour les paysages, les groupes de
personnes, etc.).
Inversement, un téléobjectif donne une image étroite, comme des jumelles (pour le portrait, la photo-
graphie animalière, le sport, etc.).
Dans cette image, prise devant le Bullring à Birmingham, l'effet de fuite des lignes tient au fait que la
photo a été prise tout près de la barrière. La perspective d'une photo dépend de la distance (et seulement
de la distance), et les grand-angles permettent de faire des photos le nez sur le sujet.
Voici une table qui donne une idée des catégories de focales :
Un objectif de 50 millimètres voit grosso modo comme l'œil humain. Un téléobjectif de 500 millimètres
offre donc un rapprochement d'environ dix fois.
Pour être en mesure de prendre des photos dans toutes sortes de situations, il faut avoir plusieurs objectifs
qui vont du grand-angle au téléobjectif. Si on souhaite photographier des insectes, des fleurs, etc., on
utilise un objectif macro, qui est conçu pour les sujets rapprochés.
On trouve souvent sur le web l'affirmation qu'un capteur demi-format permet un meilleur grossissement
qu'un plein format, mais c'est une idée fausse. Le grossissement dépend uniquement de la focale de
Les objectifs ont une autre caractéristique importante : certains ont une focale fixe, d'autres sont des
zooms. Dans le second cas, l'utilisateur peut faire varier la focale en tournant une bague sur l'objectif, ce
qui lui permet de s'éloigner ou de se rapprocher sans bouger de place.
La perspective dépend
Exemples classiques de focales fixes : 24, 35, 50, 85, 135, 200 millimètres. uniquement de la distance.
Exemples de zooms : 16-35, 24-70, 70-200 millimètres.
Les zooms sont plus compliqués à fabriquer que les focales fixes. À prix égal, ils sont donc de moins bonne
qualité. Par exemple, le 50 mm f/1.8 est peu coûteux (100 à 200 euros selon la marque) mais la qualité
d'image obtenue est supérieure à celle d'un zoom 24-70 mm qui coûte dix fois plus cher.
Avec un objectif à focale fixe, on gagne en principe en netteté, mais aussi en contraste et en rendu des
couleurs. Exemple avec une focale fixe de 300 mm et un zoom de 80-400 mm :
Cela dit, la différence est parfois réduite à peu de chose. Certains zooms professionnels sont pratiquement
aussi bons que des objectifs de focale fixe. Les 70-200 mm sont généralement excellents.
La même différence de qualité (netteté, contraste et couleurs) s'observe fréquemment entre un zoom bon
marché et un modèle professionnel. C'est ce qui explique qu'un zoom d'entrée de gamme de 150-600 mm
peut donner des images moins nettes qu'un 200-400 mm professionnel : si on gagne 50 % de rappro-
chement mais que la netteté est dégradée de 60 %, le résultat net est évidemment qu'on y perd (sans parler
des pertes de contraste et de rendu des couleurs).
Pour en savoir plus sur un objectif
Il existe des superzooms qui couvrent toute la gamme des focales
avant de l'acheter, on peut s'informer
usuelles. Ils sont pratiques quand on ne veut pas s'encombrer de sur des sites web sérieux.
plusieurs objectifs, mais leur qualité d'image (netteté, contraste, Exemples : Nasim Mansurov (http://
rendu des couleurs, aberration chromatique, etc.) tend à souffrir photographylife.com), DxOmark
de leur côté je-sais-tout-faire. (http://www.dxomark.com), Photozone
(http://www.photozone.de).
Exemples : 18-200, 24-105, 24-120, 28-300 mm.
Grâce à une plage de focales un peu moins étendue, le Canon 24-105 f/4 et le Nikon 24-120 f/4 offrent une
qualité d'image qui surpasse nettement celle des superzooms plus puissants comme les 18-200 ou les
28-300.
Une dernière remarque sur les zooms : ils sont généralement mal adaptés aux téléconvertisseurs, qui sont
des accessoires intercalés entre le boîtier et l'objectif pour agrandir l'image (par exemple, un objectif de
300 mm avec un téléconvertisseur 1.7x équivaut à un 500 mm). Le problème est que les téléconvertisseurs
amplifient aussi les défauts des objectifs. Ils ne conviennent donc qu'aux objectifs de haute qualité 2 .
La composition
Les bonnes photos sont celles qui captent l'attention. Un élément très important pour cela est la com-
position.
On parle souvent d'une règle dite « des tiers » selon laquelle il faut organiser la composition des photos en
trois parties égales, mais je trouve que cette théorie ne donne pas souvent de bons résultats. Si on étudie
les images des photographes réputés, on trouve d'ailleurs peu de photos partagées en trois parties égales,
et c'est aussi vrai dans les autres arts : les peintures, les sculptures et les autres créations artistiques sont
rarement divisées en tiers.
S'il existe réellement un principe pour le « bon » fractionnement d'une image — ce qui n'est pas sûr ! —
c'est plutôt celui des cinquièmes que celui des tiers. Ce partage suit la règle du nombre d'or, qui vaut
1,618. Selon le nombre d'or, les lignes de force sont à 0,38 et 0,62 du cadre de l'image et non à 0,33 et 0,67
comme avec la règle des tiers. On place les éléments clés de l'image sur ces lignes de force.
1Une version de meilleure qualité de cette image est disponible à l'adresse http://picomyisland.org/misc/test3.pdf. Elle permet de
mieux juger de la différence.
2 Les images aux adresses http://picomyisland.org/misc/test1.pdf et http://picomyisland.org/misc/test3.pdf montrent la perte de qua-
lité due à un téléconvertisseur.
La lumière et la couleur
Une autre dimension fondamentale des images est la lumière et la couleur. Une photo réussie à ce point
de vue est souvent une photo qui joue avec un jeu de lumière, un dégradé ou une opposition de
couleurs. Voici la photo d'un pêcheur prise à la nuit tombée sur l'estuaire de la Severn près de Bristol. C'est
la lumière de la lampe frontale qui lui donne une ambiance intéressante (300 mm, f/5.6, 1/25) :
Plus le chiffre est petit (f/1.4), plus l'ouverture est grande. Plus il est grand, plus elle est petite : à f/32,
l'ouverture ne fait plus que 2 ou 3 millimètres de diamètre.
Les ouvertures standard sont les suivantes (mais les appareils sont capables de travailler avec des valeurs
intermédiaires) :
f/1.4 f/2 f/2.8 f/4 f/5.6 f/8 f/11 f/16 f/22 f/32
Si une photo est prise à l'ouverture maximale, on dit que c'est à pleine ouverture.
Ce qui est très important dans l'ouverture, c'est que la profondeur de champ en dépend. Plus l'ouverture
est petite, plus la zone de netteté de l'image est étendue. Ci-dessous, la photo de gauche a été prise à f/1.8
et celle de droite à f/16 :
En règle générale, on veut un sujet net et un fond flou. L'idée est de mettre le sujet de l'image en évi-
dence, et, pour cela, plus le fond est flou, mieux c'est.
La plupart des objectifs offrent la meilleure qualité optique de f/4 ou f/5.6 La meilleure ouverture est
souvent celle avec laquelle le
à f/8 . Il vaut donc mieux les utiliser dans cette plage — tout en gardant à
3
sujet est net et le fond flou.
l'esprit qu'on a souvent de bonnes raisons de faire autrement. Par exemple,
pour le portrait, on emploie fréquemment une ouverture entre f/1.4 et f/4
pour avoir un fond bien flou. La qualité du flou s'appelle le
bokeh. Les meilleurs objectifs ont un flou crémeux, et non
pas nerveux et agressif à l'œil comme dans le fragment
d'image ci-contre.
3 Exemple : https://www.flickr.com/photos/pierre_et_nelly/16739242517.
Le flou dépend de la focale : plus elle est élevée, plus la profondeur de champ est faible. Par exemple, si on
fait une photo à f/8, l'image sera nette de 0,8 mètre à l'infini avec un 14 mm ; elle le sera de 11 mètres à
l'infini avec un 50 mm ; et de 170 mètres à l'infini avec un 200 mm (toujours à la même ouverture de f/8).
À cause de cela, il est difficile d'obtenir un flou prononcé avec un ultra-grand-angle. Sur la photo ci-
dessous, prise au Bullring de Birmingham, le haut de la barrière est à quelques centimètres de l'objectif et
l'image est nette à partir du bas de la barrière, qui se trouve pourtant à moins d'un mètre (16 mm, f/8, 1/15) :
Remarquer la qualité de ce flou : en soi, il met la corneille en valeur, et ses tonalités vertes et bleues
ajoutent aussi quelque chose à l'image.
Il vaut parfois la peine de prendre trois ou quatre photos identiques du sujet à des ouvertures variées. La
différence peut être importante. À petite ouverture, la même photo de corneille aurait été assez banale.
L'ouverture et la vitesse
Pour que la quantité de lumière qui rentre dans l'appareil reste la même, toute modification de l'ouverture
entraîne la modification inverse de la vitesse : si on choisit une petite ouverture, il faut augmenter la durée
d'exposition, et inversement. Par exemple, les trois couples ci-dessous sont équivalents (mais l'esthétique
de l'image ne sera pas la même) :
Il arrive aussi que l'ouverture compte plus que la vitesse, et, dans ce cas, on prend le mode priorité à l'ou-
verture A (aperture). Cette fois, on choisit l'ouverture et le boîtier calcule automatiquement la vitesse.
En pratique, le mode de priorité à l'ouverture est privilégié par la majorité des photographes parce que la
profondeur de champ est également une variable très importante et qu'elle dépend directement de l'ouver-
ture. En mode Priorité à l'ouverture, on agit sur deux variables (l'ouverture et la profondeur de champ) alors
qu'en mode Priorité à la vitesse on n'agit que sur une
seule variable (la vitesse).
Pour éviter le flou, il faut choisir une vitesse suffisante. Si le sujet est mouvant et rapide, il faut s'y
adapter. Par exemple, un oiseau en vol, un animal qui court ou une voiture en déplacement demandent
souvent une vitesse de 1/1'000 ou 1/2'000.
Avec un sujet qui ne bouge pas, on utilise au minimum la vitesse qui correspond à la focale : 1/50 avec un
50 mm, 1/100 avec un 100 mm, etc. Mais, si on s'appuie sur un support ou qu'on est très calme, on peut
descendre en-dessous, et, si on est nerveux ou pressé, il est préférable de rester au-dessus et de choisir une
La sensibilité ISO
À part la vitesse et l'ouverture, il y a un troisième paramètre sur lequel on peut jouer : la sensibilité ISO.
Plus elle est basse, plus la qualité de l'image est bonne, mais plus il faut de lumière pour prendre la photo.
Quand on a le choix, il vaut mieux choisir une sensibilité basse (50, 100 ou 200) parce que les hautes
sensibilités sont accompagnées de bruit (des pixels de couleur anormale apparaissent sur l'image) et de
grain (les zones de couleur uniforme prennent un aspect grumeleux). De plus, l'image a moins de piqué
(finesse, netteté) et la capacité dynamique du capteur diminue : il gère moins bien les images où il y a
une large plage de luminosité (avec des zones très lumineuses et d'autres très sombres).
Le problème est qu'on ne peut pas toujours prendre une photo avec l'ouverture idéale, la vitesse adéquate
et une sensibilité ISO basse. Si la lumière n'est pas suffisante, il faut faire un choix :
• augmenter l'ouverture — mais cela diminue la profondeur de champ ;
• diminuer la vitesse — mais cela augmente le risque de bougé ; Les trois variables de base :
• accroître la sensibilité ISO — mais cela rend le bruit et le grain plus • l'ouverture
visibles et diminue la plage dynamique. • la vitesse
• la sensibilité ISO
Quand on augmente la sensibilité, on décale le couple ouverture-vitesse
vers le haut : doubler la sensibilité équivant à doubler la vitesse ou à
diminuer l'ouverture d'une valeur. Par exemple, f/4 à 1/15 devient f/4 à 1/60 si on passe de 200 à 800 ISO.
Monter la sensibilité est très pratique quand on veut prendre une photo dans un intérieur sombre ou à la
tombée de la nuit.
Bien entendu, on peut aussi utiliser un flash, mais cela n'est pas toujours possible : un flash ne porte qu'à
quelques mètres, ce qui est souvent insuffisant, et il arrive que son emploi soit déconseillé ou interdit, par
exemple durant un spectacle.
De plus, il n'est pas simple de maîtriser l'éclairage au flash. Cela implique de savoir jouer avec le nombre
de flashes, leur positionnement, la répartition de la puissance de chaque unité, l'emploi ou non de
diffuseurs, le travail avec la lumière indirecte, etc.
La lumière naturelle présente l'avantage de se voir à l'œil et elle est souvent plus simple à gérer que celle
qu'on obtient par des moyens artificiels.
Utiliser un flash
Il vaut mieux éviter d'utiliser le flash intégré sur le boîtier en tant que source principale de lumière parce
qu'il génère une lumière dure et plate.
Sans le flash d'appoint, cette photo aurait un fond blanchâtre et le plumage paraîtrait un peu terne.
Le flash a aussi créé une étincelle de lumière dans l'œil de l'oiseau. Ce reflet ajoute à mon avis quelque
chose à l'image.
Pour servir de source principale de lumière, un flash externe convient beaucoup mieux parce qu'il peut,
lui, être placé à distance, ce qui permet d'obtenir une impression naturelle ou un effet de lumière donné.
L'endroit où on place le flash est important dans la mesure où une image peut changer fondamentalement
selon l'éclairage choisi.
Ci-dessous, la photo de gauche a été prise avec le flash intégré au boîtier alors que celle de droite est
éclairée par un flash externe placé sur la gauche.
On voit que l'image prise avec le flash intégré est la moins bonne des quatre.
Pour adoucir la lumière du flash, on peut utiliser un diffuseur. À l'achat d'un flash, un diffuseur est géné-
ralement inclus, mais toute surface blanche ou gris clair convient (plaque de polystyrène expansé, mur,
plafond, etc.). En principe, on évite les surfaces colorées, sauf, bien entendu, si on cherche à obtenir une
photo imprégnée de cette couleur.
L'hyperfocale
Si on veut avoir la profondeur de champ la plus étendue possible, il ne faut pas régler la distance sur
l'infini mais sur celle qui correspond à l'hyperfocale. Il s'agit de la distance la plus proche qui permet
d'avoir une image nette jusqu'à l'infini. Cette façon de faire s'emploie notamment en paysage.
Par exemple, si on fait une photo à f/8 avec un objectif de 16 mm et qu'on règle la distance sur l'infini,
l'image sera nette de 1,6 mètre à l'infini. Si, en revanche, on règle la distance sur 1,6 mètre, la plage de
netteté ira de 80 centimètres à l'infini.
La formule de calcul est la focale F au carré divisée par l'ouverture A multipliée par 30 en plein format et
par 20 en demi-format :
F2 / (A ⋄ 30)
Par exemple, avec un objectif de 24 mm à f/8, le calcul est : 242 / (8 ⋄ 30) = 576 / 240 = 2,4 mètres. En demi-
format, c'est : 242 / (8 ⋄ 20) = 576 / 160 = 3,6 mètres.
La balance des blancs (WB) consiste à faire en sorte d'avoir des couleurs fidèles au sujet original. On ne
s'en rend pas forcément compte, mais les éclairages artificiels sont généralement d'une couleur bien plus
Par défaut, l'appareil se charge de ce réglage (mode Auto), mais on peut se mettre en manuel, avec un
choix entre différents réglages :
• Lampe à incandescence ou Tungstène (3'000 kelvins) ;
• Soleil (5'200) ;
• Flash (5'400) ;
• Nuageux (6'000) ;
• Ombre (8'000).
L'inconvénient du mode manuel est qu'on risque d'oublier de changer le réglage quand les conditions
d'éclairage changent. Les personnes distraites ont peut-être intérêt à se cantonner au mode automatique.
En pratique, le problème de la balance des blancs ne se pose que si les photos sont enregistrées en Jpeg ou
en Tiff parce que, dans ce cas, une couleur non retenue est définitivement perdue et que la tonalité des
couleurs est « gravée » dans le fichier. Par contre, si on utilise le format Raw, toutes les nuances vues par
le capteur sont stockées dans le fichier et elles y restent définitivement. Il est donc facile de faire les cor-
rections nécessaires au moment du post-traitement dans le logiciel de traitement de photos.
Le trépied
Le trépied est un équipement où le bas de gamme coûte cher (voir http://www.bythom.com/support.htm) :
avec un mauvais trépied, non seulement on fait des photos qui manqueront souvent de netteté mais,
surtout, il y a un risque que l'appareil tombe et s'abîme.
Un bon trépied coûte cher, mais c'est une dépense à long terme. Il dure
des dizaines d'années.
Ce qui compte, c'est l'élimination des vibrations. Les meilleurs trépieds
sont en fibre de carbone (Really Right Stuff et Gitzo sont deux marques
réputées).
La tête du trépied est aussi très importante (Markins, Really Right Stuff,
Kirk, Arca-Swiss, Acratech).
Quand on utilise un trépied, il faut désactiver la fonction anti-tremble-
ment de l'objectif parce que, si elle est enclenchée, elle va chercher à
corriger les vibrations et cela tendra à rajouter du flou au lieu d'en enlever.
Jpeg ou Raw ?
Pour l'enregistrement des images, il existe deux formats principaux : Raw et Jpeg. Le Raw est appelé CRW
chez Canon (Canon Raw) et NEF chez Nikon (Nikon Electronic File). Ce sont des formats qui appar-
tiennent à leur fabricant respectif, ils ne sont pas ouverts.
Il existe toutefois un format Raw ouvert : DNG (digital negative), créé par Adobe, et qui devrait faire pro-
chainement l'objet d'une norme ISO. Ce format a notamment pour but de garantir que les fichiers
resteront lisibles à long terme. C'est le problème avec CRW et NEF : rien ne dit qu'on pourra encore les lire
dans quelques dizaines d'années. Il suffit que le fabricant concerné fasse faillite pour que son format Raw
risque de disparaître.
Le Raw existe en deux versions. L'une, la 12 bits, enregistre 4'000 nuances de chaque couleur, l'autre, la 14
bits, 16'000, ce qui permet de faire beaucoup de manipulations successives des images en post-traitement
sans perte de qualité. Par contre, la vitesse de prise de vue en rafales peut en prendre un coup. On préfère
donc souvent le 12 bits en photo d'action et le 14 bits sinon.
Une image Raw est le résultat presque brut de ce que le capteur a pris alors qu'une image Jpeg est traitée
par le logiciel inclus dans le boîtier avant d'être enregistrée sous un format compressé et légèrement
appauvri. On ne peut pas revenir à la photo d'origine, celle qui a été prise par le capteur : l'image la plus
« originelle » est la première version traitée. De plus, chaque retraitement fait perdre un peu plus de
qualité.
Il faut utiliser le Raw de préférence aux autres formats :
• Tout ce que le capteur reçoit est enregistré alors qu'en Jpeg, beaucoup d'informations recueillies par le
capteur sont rejetées et perdues définitivement.
• Les couleurs sont plus fines. Alors qu'une image Jpeg contient 16 millions de couleurs, une image Raw
en contient 70 milliards (en 12 bits) ou 4'000 milliards (en 14 bits).
• La plage dynamique est plus large. On a plus de détails dans les zones très claires et très foncées et on
peut donc mieux rattraper une image sous-exposée ou sur-exposée.
• Le post-traitement est beaucoup plus riche en possibilités. Par exemple, les possibilités d'améliorer la
netteté des images sont plus fines et plus nombreuses.
• Si on a fait une erreur de réglage à la prise de vue, par exemple si on a fait des photos au soleil en mode
Lampe à incandescence ou si l'espace colorimétrique était réglé sur Adobe RGB au lieu de sRGB, cela n'a
pas de conséquences. Tout peut être changé au post-traitement.
• L'image n'est pas retouchée par le logiciel de l'appareil. Il n'y a pas de perte de qualité à chaque nouveau
traitement parce que le post-traitement ne modifie pas l'image originelle. On peut retravailler une photo
à l'infini, revenir en arrière, faire des erreurs, peu importe : c'est non destructif. L'image reste intangible.
• Grâce à cela, l'authenticité d'une photo est démontrable. On ne peut pas « photoshoper » un fichier Raw.
Si une question de droit d'auteur se pose, il vaut beaucoup mieux avoir un fichier Raw qu'un fichier Jpeg.
Parce que l'image Raw est non retouchée, on est libre de changer tous les réglages en post-traitement. Par
exemple, si on prend des photos de mariage en mode Neutre et qu'on se rend compte ensuite qu'il aurait
mieux valu les faire en mode Saturé, le changement est appliqué en deux secondes à toutes les images —
en fait, ce n'est pas un changement, c'est un ajout appliqué aux métadonnées (et non aux images elles-
mêmes). C'est pareil si la balance des blanc était sur Nuageux alors qu'Ombre aurait mieux convenu : c'est
une affaire de deux secondes, il suffit de déplacer un curseur dans le logiciel de post-traitement.
En Jpeg, on peut aussi faire ce genre de choses, mais on doit agir sur les images elles-mêmes, ce qui est
plus compliqué, donne de moins bons résultats, diminue la qualité des images et se révèle parfois très
difficile à faire. Si on y réfléchit, c'est une manière peu logique de procéder. C'est un peu comme si on
faisait une omelette puis qu'on voulait travailler ensuite uniquement sur le jaune des œufs : c'est trop tard,
il fallait le faire avant de les mélanger.
Le post-traitement
Pour le post-traitement, il existe un choix de plusieurs applications, notamment Lightroom, Capture One
et DxO Optics. Ce sont des « chambres noires numériques » conçues expressément pour les photographes.
Chacune a ses points forts et ses points faibles.
Ne pas les confondre avec des applications comme Photoshop, qui ne sont pas destinés aux photographes,
mais aux graphistes qui intègrent des photos dans leurs travaux. Par exemple, les images de Cliff Mautner
(http://cmphotography.com) font l'objet d'un post-traitement avec Lightroom alors que les images de l'album
Beyond Photography de Gerbie Pabilonia (http://www.flickr.com/photos/gerbiepabilonia) sont traitées avec
Photoshop.
Il existe aussi de nombreux programmes spécialisés, parfois dédiés à une seule tâche comme la suppression
du bruit.
Deux choses sont fondamentales pour s'améliorer : d'une part, il faut beaucoup pratiquer et, d'autre
part, il faut étudier les photos qu'on a prises en cherchant à comprendre pourquoi l'image est bonne
ou mauvaise.
On peut prendre de bonnes photos même quand les conditions ne sont a priori pas bonnes. En particulier,
la pluie et le brouillard offrent des ambiances pleines de possibilités. La photo ci-dessous a été prise
pendant un orage au large de Lajes do Pico, aux Açores (400 mm, f/8, 1/4'000) :
4 Comme zooms, il utilise un 14-24 mm f/2.8, un 16-35 f/4, un 24-120 f/4 ainsi que deux 70-200, un f/2.8 et un f/4. Comme focales
fixes, un 28 f/1.4, un 35 f/1.4, un 85 f/1.4 et un 105 f/2.8 macro. Il prend de l'ordre de 250'000 photos par année.
L'intérêt du sujet ci-dessous est le jeu entre les formes géométriques du carrelage, de l'escalier et du
tableau sur le mur du fond. Dyrham Park, Gloucestershire (16 mm, f/4, 1/60) :
Dans l'image ci-dessous, c'est la lumière qui est étonnante (300 mm, f/8, 1/1'250). Photo prise au large de
Lajes do Pico, aux Açores :
À côté de la pratique, une bonne manière de s'améliorer en photographie consiste à étudier les images des
grands photographes et à comprendre en quoi et pourquoi on les trouve réussies ou non.
Exemples :
Cliff Mautner, http://cmphotography.com, un photographe spécialisé dans les mariages, les portraits et les
photos prises sur le vif.
Bill Johns, « 40 Great Photographer Portfolio Websites for Inspiration », The Photo Argus, http://www.the-
photoargus.com/inspiration/40-great-photographer-portfolio-websites-for-inspiration.
Hongkiat, « 50 Great Photographers You Should Know (With Portfolios) », http://www.hongkiat.com/blog/50-
great-photographers-you-should-know.
National Geographic, « Photography », http://photography.nationalgeographic.com/photography. Les images
sont accompagnées d'un commentaire sur la prise de vue.
Sites web
Photography Life, http://photographylife.com ; nombreux tutoriels et articles sur les aspects techniques et
pratiques de la photographie, tests d'objectifs (essentiellement Nikon) et forum de discussion.
Photozone, http://www.photozone.de ; tests d'objectifs (Canon, Nikon, etc.), forum et articles.
Stack Exchange, http://photo.stackexchange.com ; forum plus technique et plus codifié que les autres. Si on
a une question précise, on aura souvent la réponse sur ce site.
Pour les tests d'objectifs, Photography Life et Photozone fournissent à mon avis les meilleures analyses
(jusqu'ici, mon expérience a toujours concordé avec les conclusions de Photography Life).
Ouvrages
Il existe beaucoup d'ouvrages sur les aspects techniques de la photo, mais moins sur les aspects artis-
tiques. Trois livres me paraissent sortir du lot à ce point de vue :
Brenda Tharp, Creative Nature & Outdoor Photography, Amphoto Books, 2010.