Le Secteur Marocain Des Pêches Et de
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 3
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4 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
2.1. Nécessité d’une meilleure intégration du secteur avec les autres branches de
l’économie marocaine............................................................................................................................... 27
2.2. Exigence d’une optimisation de la gestion de la chaine de valeur du secteur halieutique
marocain ................................................................................................................................................... 29
2.3. Impératif de l’adaptation à la reconfiguration structurelle des marchés halieutiques
mondiaux.................................................................................................................................................... 34
2.4. Enjeu de l’intégration de la politique marocaine des pêches dans une vision globale de
l’économie bleue........................................................................................................................................ 35
2.5. Nécessité de l’intégration des nouvelles technologies dans le processus de production
du secteur pour améliorer sa compétitivité ............................................................................................. 36
ANNEXES.................................................................................................................................................................. 43
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................................................................ 48
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 5
Figure 4 : Cartographie institutionnelle des acteurs clés intervenant dans le secteur des pêches maritimes------ 16
Figure 9 : Poids et dynamique régionale de la valeur ajoutée créée par la branche pêche et aquaculture
(moyenne sur la période 2014-2018)---------------------------------------------------------------------------------------- 20
Figure 12 : Principales catégories de produits composant les exportations halieutiques marocaines en 2019
(en millions de dirhams)------------------------------------------------------------------------------------------------------ 22
Figure 14 : Destination par pays des exportations marocaines des principales catégories des produits
halieutiques en valeur (Année 2019)-------------------------------------------------------------------------------------- 26
Figure 15 : Evolution du linkage en amont de la branche pêche et aquaculture entre 2000 et 2018------------------- 27
Figure 16 : Evolution du linkage en aval de la branche pêche et aquaculture entre 2000 et 2018---------------------- 28
Figure 17 : Evolution des éléments de la demande des produits de la pêche et de l’aquaculture sur
la période 2007-2018---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 28
Figure 18 : Linkage en amont et en aval pour la branche pêche et aquaculture et la branche industrie
de poisson selon la classification 100 produits pour l’année 2007----------------------------------------------- 29
Figure 20 : Projections de la FAO pour le secteur des pêches et de l’aquaculture à l’horizon 2030-------------------- 34
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6 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
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Préambule
A u Maroc, le secteur halieutique occupe une place importante dans le paysage de l’économie nationale et
joue un rôle socio-économique de première importance. En plus de sa contribution à la sécurité alimentaire,
la production halieutique contribue à la croissance (17,3 milliards de dirhams de valeur ajoutée en 2019), génère
d’importantes devises (pour une valeur d’environ 22 milliards de dirhams), contribue aux échanges extérieurs
(avec une part de près de 45% des exportations agroalimentaires) et assure près de 700.000 emplois directs et
indirects.
Sur la scène internationale, le Maroc occupe, selon le dernier rapport de la FAO1, la première place en matière
de pêche de poissons et de fruits de mer au niveau arabe et africain et le 17ème rang mondial en termes de
richesses halieutiques. De plus, le Royaume est classé premier producteur et exportateur mondial de la sardine
et fait partie des trois plus importants exportateurs de poulpes aux côtés de la Mauritanie et de la Chine.
Par ailleurs, le secteur halieutique marocain n’a pas échappé aux effets systémiques de la crise sanitaire actuelle
du COVID-19 corollairement à la régression de la demande des produits halieutiques et aux perturbations des
chaines logistiques suite notamment aux restrictions imposées aux transports et au niveau des frontières. Bien
que le secteur ait montré une certaine résilience comparativement à d’autres secteurs économiques, la crise
sanitaire a rappelé la nécessité de remédier à certaines vulnérabilités du secteur pour rendre son développement
plus inclusif et plus résilient.
De par l’intérêt qu’elle accorde au suivi et à l’analyse des politiques publiques et des stratégies sectorielles, la
Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) a jugé opportun, à l’aune de la révision du modèle de
développement marocain, de mener une réflexion stratégique sur les possibilités de renforcement de la place
du secteur dans la dynamique de développement socioéconomique du Maroc en tant que véritable gisement de
croissance inclusive.
Elaborée à un moment où la stratégie dédiée à ce secteur arrive à échéance, cette étude consacre sa première
partie à un diagnostic approfondi de l’évolution structurelle du secteur halieutique au Maroc en se focalisant
sur la déclinaison des différentes politiques gouvernementales engagées, la présentation du cadre juridique et
institutionnel du secteur, l’examen du soutien public accordé à son développement, ainsi que de la contribution
du secteur aux agrégats macro-économiques du pays.
_____________
1
FAO, « S i tu a ti on mon di a le des pêches et de l’aquacult ure » , 2018.
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8 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
La deuxième partie analyse, quant à elle, les enjeux et les tendances lourdes du secteur de la pêche et de
l’aquaculture, à travers l’examen de son interdépendance avec les autres branches de l’économie en utilisant
la technique du linkage et en réalisant un diagnostic de la chaîne de valeur du secteur en vue de dégager les
forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces par maillon. Cette partie propose, également, un examen
prospectif permettant de décliner les projections du secteur à l’horizon 2030 et d’identifier les nouvelles tendances
et pratiques qui se profilent sur la scène internationale.
A la lumière de ces analyses, l’étude formule des propositions d’orientations stratégiques dans un objectif
d’éclairage sur les voies de progrès visant à permettre au secteur de jouer pleinement son rôle comme véritable
relais de croissance inclusive, en profitant des opportunités d’investissement corolaires à l’engagement de
plusieurs initiatives Royales notamment, le programme intégré d’appui et de financement de l’entreprenariat, le
Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, le projet de la Cité de l’Innovation dans la région de Souss-Massa,
les nouvelles cités des métiers et des compétences,...
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• P1 couvrant les décennies 70 et 80 pendant laquelle la flotte de pêche s’est rapidement développée et
diversifiée et des investissements publics ont été réalisés dans de nouvelles infrastructures de pêche ;
• P2 allant de la fin des années 80 au début des années 90 pendant laquelle l’intervention publique a engagé
des dispositions à court terme pour remédier aux problèmes de la régression de la ressource ;
• P3 s’étalant de la fin des années 90 à la fin des années 2000 marquée par une nouvelle approche de gestion
intégrée du secteur ;
Figure 1 : Historique des principales politiques publiques menées dans le secteur des pêches maritimes
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10 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Les décennies 70 et 80 ont été marquées par l’intervention massive de l’Etat dans le secteur à travers
l’investissement public dans les infrastructures et l’incitation à l’investissement privé. Ainsi, un code
d’encouragement aux investissements maritimes a été promulgué en 1973. Au titre de ce texte, les investisseurs
privés marocains bénéficiaient, entre autres avantages, de la garantie de l'Etat pour les crédits à concurrence
de 70 % du coût total de l'acquisition des navires, de ristournes sur le taux d'intérêt, de primes de démolition de
navires vétustes, de primes d'équipement, de prime sur l'emploi et d’exonérations d'impôts et de taxes sur les
importations et sur l'activité. Ces incitations financières et fiscales ont relancé l'investissement dans la flotte de
pêche et ont permis à la flottille hauturière de faire son apparition (source : MPM).
De plus, et compte tenu de son potentiel biologique important, la zone économique exclusive a été étendue en
1981 à 200 miles offrant de grandes possibilités d’investissements rentables aux opérateurs publics et privés.
A cela s’ajoute la conclusion d’accords de pêche avec l’UE, la Russie et le Japon avec des contreparties
financières.
Parallèlement aux bénéfices socio-économiques dégagés, l’intensification de l’effort des pêches a eu pour
conséquence une pression accrue sur la ressource halieutique à partir de la fin des années 80. Ainsi, les politiques
de pêche des années 90 ont essayé de faire face à cette situation par la mise en place de multiples mesures
visant la limitation des efforts de pêche dont l’institution en 1989 du repos biologique durant le mois d’octobre
pour la pêche céphalopodière, le gel des investissements nouveaux dans la flotte du 1992, ainsi que la création
de l’Institut National de Recherche Halieutique en 1997.
De multiples actions ont été engagées par les pouvoirs publics depuis le début des années 2000 pour le
développement du secteur des pêches maritimes. Ces actions ont porté sur différents volets portant sur la
préservation des ressources halieutiques et des écosystèmes marins, la réforme de la législation, la modernisation
du secteur, le renforcement des infrastructures de débarquement et de commercialisation ainsi que la promotion
socio-professionnelle.
Il est à souligner que la gestion rationnelle de la ressource halieutique, qui a constitué un axe central des
différents efforts déployés, a été basée essentiellement sur l’aménagement des pêcheries et le renforcement
des capacités de recherche halieutique. Dans ce cadre, un plan d’aménagement de la pêcherie céphalopodière
a été mis en œuvre en 2004 pour permettre la reconstitution et l’exploitation rationnelle du stock céphalopodier.
D’autres efforts ont été également déployés dans ce sens dont l’élaboration de plans d’aménagement de la
pêcherie des pélagiques et de la pêcherie mixte crevettes-merlus, l’élaboration de mesures de gestion des
pêcheries méditerranéennes, la révision des textes réglementaires régissant l’exploitation des grands crustacés,
la poursuite de l’évaluation et du suivi des ressources halieutiques et de la santé du milieu marin ainsi que le
développement des compétences des chercheurs dans ces domaines.
En outre, le processus de mise à niveau du secteur a englobé des programmes de modernisation de l’outil de
production (mise à niveau de la flotte côtière, Ibhar I, Ibhar II…) et des unités de valorisation, de renforcement des
infrastructures de débarquement et d’organisation des circuits de commercialisation. Dans ce cadre, des actions
ont été entreprises et qui ont consisté en :
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 11
• la création des villages de pêcheurs (VDP) et des points de débarquement aménagés (PDA) dans le cadre
du plan d’aménagement du littoral,
• l’implantation d’un réseau de marchés de gros, visant la consolidation des circuits de distribution, une
meilleure organisation de la commercialisation et la promotion de la consommation interne des produits
de mer,
• la construction de nouvelles halles de poissons basées sur le principe de la séparation des flux des produits
et des personnes, l’informatisation des transactions commerciales, ainsi que sur la maîtrise de la chaîne de
froid pour la préservation de la qualité des produits,
• la consolidation et la mise à niveau du commerce de détail par l'initiation d'une série d’actions visant
l'implantation de marchés de détail sur le territoire national et l’apport de l’appui nécessaire aux marchands
ambulants (en les équipant de triporteurs munis de caissons isothermes).
• la formation professionnelle et la promotion sociale dans l’objectif de renforcer les compétences et les
qualifications des ressources humaines opérant dans le secteur des pêches maritimes, tout en veillant à
l’amélioration de leurs conditions sociales (couverture sociale et médicale) et à leur sécurité par l’amélioration
des capacités de sauvetage et de recherche en mer.
L’ensemble des efforts engagés a été couronné, en 2009, par le lancement de la stratégie Halieutis structurée
autour de trois axes majeurs, à savoir i) l'exploitation durable des ressources et la promotion d'une pêche
responsable, ii) le développement d'une pêche performante assurant une qualité optimale dans le traitement
des produits et iii) l'amélioration de la compétitivité du secteur afin de conquérir de nouvelles parts de marché. A
l’horizon 2020, cette stratégie a pour ambition d’atteindre un PIB de 21,9 milliards de dirhams, une consommation
locale de 16 kg/hab/an, un emploi direct à terre de 115.000 emplois, une production nationale de 1,6 million de
tonnes, un chiffre d’affaires à l’export de 3,1 milliards de dollars, ainsi que la garantie d’une gestion durable de
95% des espèces exploitées.
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12 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
S o u rc e : Présen ta ti on d u Minist ère de l'Agr icult ure, de la Pêche Mari t i m e , du Déve l oppe m e n t R u ral e t de s E au x e t Forê t s dan s l e c adre du proj e t
d e L oi d e Fi n a n ces 2 0 2 1 , élaborat ion aut eur.
De plus, une attention particulière a été accordée au secteur aquacole au Maroc suite à l’intégration d’une
composante aquaculture dans le plan Halieutis et à la création de l’Agence Nationale de Développement de
l’Aquaculture « ANDA ». A cet effet, un plan d’actions ambitieux a été lancé par l’ANDA pour le développement de
l’aquaculture intégrant notamment un volet juridique, la planification aquacole, des offres d’investissement, le
lancement des premiers projets aquacoles ainsi que la concrétisation de plusieurs projets pilotes.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 13
Dans un contexte d’amenuisement des ressources halieutiques marines dans différentes régions du
monde, l’aquaculture est devenue une solution idoine pour satisfaire une demande croissante en produits
halieutiques. Ce secteur constitue un levier important de développement socio-économique des territoires,
contribuant à la création de la richesse, à l’emploi et à la dynamisation des échanges.
Au Maroc, le secteur aquacole est peu développé, comparativement à d’autres pays de sa région, en raison
de la persistance de plusieurs contraintes2 (foncier, financement, fiscalité…). Néanmoins, en plus des
perspectives prometteuses en termes de demande aussi bien à l’échelle nationale que mondiale, le Maroc
présente un grand potentiel aquacole au niveau de son littoral qui bénéficie d’une ferme volonté politique
pour le développement du secteur.
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2
S o urce : Etu d e DEP F : « aquacult ure mar ine : pot ent iel et nécess i t é s de déve l oppe m e n t », ‘ 2018).
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14 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Le secteur des pêches maritimes au Maroc est régit par une multitude de textes législatifs (une trentaine de
Dahir) et réglementaires (près de 80 décrets et arrêtés). Certains de ces textes sont spécifiques au secteur
(gestion des pêcheries, normes des navires……) alors que d’autres sont transverses (protection de la faune,
normes sanitaires alimentaires ...)3.
Certains de ces textes remontent au début du XXème siècle dont notamment le Code de commerce maritime
promulgué en 1919 pour régir l’ensemble des composantes du domaine maritime relatives au commerce, à la
navigation et à la pêche maritime. Actuellement, le règlement du code maritime, régit par le dahir 23 novembre
1973, constitue l’un des textes fondamentaux du secteur des pêches maritimes, il prévoit principalement ce qui
suit :
• L’exercice du droit de pêche est subordonné à l’obtention d’une licence de pêche valable pour une année,
• Seuls les bateaux battant pavillon marocain ou exploités par des personnes physiques ou morales
marocaines peuvent bénéficier de licence,
• Les instruments de pêche et les procédés de pêche font l’objet d’une réglementation plus contraignante.
C’est le cas notamment des filets,
• L’exploitation de certaines espèces peut être sujette à des interdictions temporaires (repos biologiques)
sur la base de la taille des espèces n’ayant pas atteint des dimensions déterminées telle que prévu par la
législation.
Les autres textes régissant le secteur couvrent les principaux aspects ci-après :
• La pratique de l’activité de pêche : Dahir n° 1-81-179 relatif à l’extension de la zone économique exclusive
ZEE, Dahir n° 1-14-95 sur la lutte contre la pêche illicite, Décret n° 2-07-230 sur les modalités de pêche des
petits pélagiques...,
• Le fonctionnement des organismes intervenants dans le secteur des pêches : Dahir n° 1-96-98 sur la création
de l’INRH, Décret n° 2-19-721 relatif à la taxe parafiscale au profit de l’ONP…,
• Les mesures sanitaires et les normes de qualité : Dahir n° 1-10-08 sur la sécurité sanitaire des produits
alimentaires, Décret n° 2-97-1003 sur l’inspection sanitaire des produits de la mer…,
Il y a lieu néanmoins de signaler que l’encadrement du secteur dans sa globalité par des normes juridiques
élevées (lois et décrets) gagnerait à être complété. C’est le cas, à titre d’exemple, de la gestion de certaines
pêcheries qui demeure régulée, en partie, par des décisions ministérielles4.
Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que dans l’objectif de compléter et d’adapter la législation du secteur de la pêche
aux concepts de développement durable et aux principes de pêche responsable, un projet de code des pêches
maritimes, de la préservation des écosystèmes halieutiques et de la protection du milieu marin a été élaboré
par le Ministère chargé des Pêches Maritimes au début des années 2000, mais à ce jour ce texte n’a pas été
approuvé. Ce projet intègre les principes fondamentaux de la convention internationale de 1982 sur le droit de la
mer et ceux contenus dans le code de conduite de la FAO pour une pêche responsable de 1995 ainsi que d’autres
conventions auxquelles le Maroc a adhéré (cf. annexe1).
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3
S o u rce : S i te web d u DPM.
4
R a p p or t a n n u el d e l a cour des compt es au t it re de l’année 2018.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 15
Plusieurs acteurs interviennent à différents niveaux de la chaîne de valeur du secteur des pêches. Ainsi, la gestion
du secteur est assurée par des acteurs institutionnels dont le Département des Pêches Maritimes relevant du
Ministère de l’Agriculture et des Pêches Maritimes du Développement Rural et des Eaux et Forêts (MAPMDREF)
qui est chargé d'élaborer et de mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière des pêches maritimes,
de coordonner l'ensemble des activités maritimes et de promouvoir l'organisation professionnelle du secteur.
D'autres structures gouvernementales apportent leur contribution à cette gestion du secteur à savoir :
• l'Office National des Pêches (ONP), placé sous la tutelle du MAPMDREF, qui a pour mission le développement
de la pêche côtière et artisanale, l’organisation de la commercialisation des produits de la pêche maritime,
ainsi que la gestion opérationnelle des activités de débarquement et de première vente,
• l'Institut National de Recherche Halieutique (INRH), placé sous la tutelle du MAPMDREF, qui assure le suivi
de l'évolution, l'aménagement et la valorisation des ressources halieutiques5,
• l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA), placée sous la tutelle du MAPMDREF, qui
a pour mission de promouvoir le développement de l’aquaculture marine sur tout le littoral national marocain
représentant ainsi un acteur stratégique de l’activité aquacole,
• l’Office National de Sécurité Sanitaire et des Produits Alimentaires (ONSSA) qui intervient au niveau du
contrôle sanitaire vétérinaire des produits de la mer et de l'aquaculture6,
• l’Agence Nationale des Ports (ANP) qui a pour tâche la gestion et la maintenance des ports,
• la Marine Royale et la Gendarmerie Royale Maritime qui contrôlent les navires de pêche, assurent le respect
des textes juridiques et la surveillance du territoire maritime et interviennent au niveau des opérations de
recherche et de sauvetage en mer.
Parallèlement, des instances consultatives interviennent également dans le secteur de la pêche. C’est le cas
des Chambres des Pêches Maritimes et des Fédérations professionnelles dont notamment la Fédération des
Pêches Maritimes (FPM), la Fédération Nationale des Industries de transformation et de valorisation des
produits de la pêche (FENIP) et la Fédération Nationale de l’Agroalimentaire (FENAGRI). Leur rôle est de fournir
des renseignements concernant le secteur de la pêche et d'émettre leur avis sur des sujets en relation avec le
domaine de la pêche et de valorisation des produits halieutiques. A cela s’ajoute, le Conseil Supérieur pour la
Sauvegarde et l’Exploitation du Patrimoine Halieutique qui a été créé en 2000, mais dont l’action ne semble pas
être activée à ce jour.
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5
L a mi ssi on d e l ’ INRH es t l'évaluat ion des ressources halieut ique s e t l e u r s u i vi , l 'é t u de du f on c t i on n e m en t de s é c os ys t è m e s m ari n s e t l i t torau x a in s i
q u e l a su r vei l l a n ce de l a qualit é et de la salubr it é du milieu mar in. L'i n s t i t u t e s t e n c h arg e é g al e m e n t de s e s s ai s de s t e c h n i qu e s de pê c h e, de val ori s a tio n
d e s p rodu i ts d e l a mer, de l'évaluat ion des pot ent ialit és aquacoles du l i t toral n at i on al ai n s i qu e de l a ré al i s at i on de s re c h e rc h e s à m ê m e de c on t ri b u e r
a u d ével op p emen t d e l ’a qu acult ure marocaine.
6
L e con trôl e sa n i ta i re vétér inaire des produit s de la mer et de l'aq u ac u l t u re c on c e rn e :
• L'éva l u a ti on sa nit aire des condit ions t echniques et hygi é n i qu e s de s bat e au x de pê c h e , de s é t abl i s s e m e n t s de c on di t i on n e m e n t e t de t ra ite -
men t d es p rod u i ts de la pêche et des ét ablissement s de condi t i on n e m e n t et de pu ri f i c at i on de s c oqu i l l ag e s vi van t s e n vu e de l e u r ag ré m e n t ;
• L' i n sp ecti on sa nit aire et qualit at ive des produit s de la p ê c h e au n i ve au de s por t s de pê c h e , des h al l e s au x poi s s on s , de s é t abl i s s e m e n t s d e
con d i ti on n emen t et de t rait ement des produit s de la pêche e t des poi n t s de ve n t e ;
• Le con trôl e et l e suivi des condit ions sanit aires et hygié n i qu e s de t rai t e m e n t e t de m an i pu l at i on de s produ i t s de l a pê c h e ;
• L'a p p rob a ti on d es syst èmes d'autocont rôle mis en place dan s l e s h al l e s au x poi s s on s e t dan s l e s é t abl i s s em e n t s de c on di t i on n e m e n t e t d e
tra i temen t d es p roduit s de la pêche ;
• Le con trôl e d es condit ions sanit aires et hygiéniques de t ran s por t e t de m an u t en t i on de s produ i t s de l a pê c h e ;
• Le con trôl e sa n it aire et qualit at if à l'impor t at ion et à l'ex por t at i on de s de n ré e s an i m al e s e t d'ori g i n e an i m al e .
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16 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
A noter que la formation professionnelle constitue un axe prioritaire d’intervention dans le cadre de la stratégie
de développement du secteur des pêches maritimes. Ainsi, 14 établissements de formation maritimes sont
rattachés à la division de la formation maritime, des gens de mer et de sauvetage et se répartissent comme suit :
• Instituts de Technologie des Pêches Maritimes (ITPM) à Al Hoceima, Larache, Safi, Tan Tan et Laâyoune ;
• Centres de Qualification Professionnelle Maritimes (CQPM) à Nador, Tanger, Casablanca, Essaouira, Agadir,
Sidi Ifni, Boujdour et Dakhla.
Figure 4 : Cartographie institutionnelle des acteurs clés intervenant dans le secteur des pêches maritimes
Le total de cet appui budgétaire public engagé dans le secteur des pêches maritimes représente l’ensemble des
différentes composantes de l’appui de l’Etat, et ce essentiellement à travers le budget alloué au Département
des pêches, les comptes spéciaux du trésor (Fonds de développement des pêches maritimes), les crédits
alloués aux SEGMA relevant du Département des pêches maritimes (constitués de la Division de la protection
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 17
des ressources halieutiques au niveau central, de l’Institut Supérieur des Pêches Maritimes à Agadir et de cinq
Instituts de Technologie des Pêches Maritimes : à Al-Hoceima, à Larache, à Safi, à Tan-Tan et à Laayoune),
la mobilisation du foncier en faveur du secteur, les incitations fiscales ainsi que les transferts budgétaires de
l’Etat vers les Etablissemens et Entreprises Publics “EEP” et les concours financiers affectés aux EEP (taxe sur
le poisson pélagique au profit de l’Office National des Pêches “ONP”, taxe de la recherche halieutique et de
l’affrètement au profit de l’ONP…).
Le budget consacré au Département de la pêche maritime a été en moyenne sur les dix dernières années de
l’ordre de 671 millions de dirhams alloué à hauteur de 45% au budget d'investissement et à 55% au budget
de fonctionnement. Au moment où le budget de fonctionnement a connu une hausse de 9% en moyenne sur
la période 2011-2020 passant de 240 millions de dirhams en 2011 à 509 millions de dirhams en 2020, celui
d’investissement est resté stable aux alentours de 300 millions de dirhams.
En moyenne sur la période 2016-2020, le budget d’investissement (près de 300 MDH en moyenne) se répartit
sur trois programmes :
• Pilotage et gouvernance (7%) alloué principalement à la construction et l’équipement des services centraux
et extérieurs et à l’appui aux organisations professionnelles,
• Avancement social et professionnel et sécurité des pêcheurs (2%) qui englobe notamment l’appui aux
établissements de formation et de coopération, le sauvetage maritime et la promotion sociale.
S o u rc e : M EFRA
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18 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Le compte d’affectation spécial pour le développement du secteur de la pêche a été créé en 2009 en vue de
permettre la comptabilisation des opérations afférentes à la préservation des ressources halieutiques et à la
promotion du secteur des pêches maritimes. Les ressources dudit compte se sont élevées en 2019 à 333 MDH
contre 457 MDH en 2013 et 220 MDH en 2009 et ont permis le financement de plusieurs actions programmées
dans le cadre de la stratégie de développement du secteur.
Concernant les crédits engagés, le taux moyen d’utilisation de ce Fonds n’a pas dépassé 45% en moyenne durant
la période 2009-2019, et le taux le plus élevé a été enregistré en 2017 avec une valeur de 67%.
Figure 6 : Evolution des ressources et dépenses du Fonds de développement de la pêche maritime entre 2009 et 2019
Ce Fonds retrace au crédit : les dotations du budget général, les fonds versés dans le cadre de la coopération
internationale, les dons et legs, les subventions, les contributions et les participations diverses et toutes autres
ressources pouvant être affectées au dit Fonds par la législation et la réglementation en vigueur. Au débit, le compte
finance l’appui à la recherche scientifique, la modernisation et la restructuration de la flotte, le renforcement de
la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, l’appui aux programmes d’aménagement et de
gestion durable des pêcheries, la promotion de la valorisation et de la qualité, la promotion de la pêche sélective
l’appui aux organisations professionnelles, la promotion de la consommation nationale des produits de la pêche
ainsi que la promotion des exportations des poissons et autres espèces marines.
Cette richesse générée par le secteur est obtenue par le cumul de la valeur ajoutée créée au niveau de l’offre des
produits de la mer à l’état frais (activités de pêche, aquaculture, débarquement et commercialisation) et de la
valeur ajoutée dégagée par la valorisation des unités de transformation de ces produits.
Les activités de pêche et d’aquaculture ont enregistré une tendance positive (une évolution annuelle moyenne de
+5%) dans la création de la valeur ajoutée passant de 5 milliards de dirhams en 2000 à 11,3 milliards de dirhams
en 2019 avec comme contribution maximale au PIB évaluée à près de 1,1% enregistrée en 2016.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 19
Parallèlement, une tendance positive a été enregistrée au niveau du segment de la valorisation des produits
de la mer dont la VA est passée de 1,8 milliard de dirhams en 2000 à 2,6 milliards de dirhams en 2007 puis à
3,2 milliards de dirhams en 20137. A ce niveau, il y a lieu de préciser que ce segment de l’industrie de poisson a
assuré, en moyenne sur la période 2007-2013, plus de 14% de la valeur ajoutée créée par l’industrie alimentaire
(contre 21% créé par l’industrie de boisson et 18% par l’industrie laitière).
Par ailleurs, l’examen de l’évolution de la structure de la valeur ajoutée de la branche pêche et aquaculture par
région révèle que la région Ed Dakhla-Oued Ed Dahab a affiché la part la plus élevée de la VA du secteur au
niveau national (30% en moyenne sur la période 2014-2018), suivie de la région de Souss-Massa avec 28%, de
Laâyoune-Saguia Al Hamra (17%) et de Guelmim-Oued Noun (9%). En termes de dynamique, c’est la région de
Laâyoune-Saguia Al Hamra qui a enregistré le TCAM le plus élevé (+23%) sur la période 2014-2018 dépassant
celui de la région Ed Dakhla-Oued Ed Dahab (+8%). Néanmoins, malgré sa place dans la création de la VA de la
pêche, la région Souss-Massa a affiché une dynamique négative évaluée à -1% sur la période d’analyse, à l’instar
de la région de Casablanca Settat qui a connu une baisse de 7%.
_____________
7
L e s d on n ées d i sp on i b l es de l’enquêt e indust r ielle s’ar rêt ent à 2 013.
DEPF Etudes
20 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Figure 9 : Poids et dynamique régionale de la valeur ajoutée créée par la branche pêche et aquaculture
(moyenne sur la période 2014-2018)
Concernant la dynamique régionale de la VA créée par le secteur des industries de valorisation des produits de
la mer, durant la période 2009-2013, elle peut être résumée comme suit :
• Près de la moitié de la valeur ajoutée de ce secteur (44%) est créée au niveau de la région de Souss-Massa.
C’est la région qui a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée du secteur.
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 21
Figure 10 : Dynamique régionale de la valeur ajoutée créée par l’industrie de poisson sur la période 2009-2013
Sou rce : En qu ête i ndust r ielle 2013, élaborat ion aut eur
S o u rc e : O C, él a b ora ti on a ut eur
_____________
8
C e s i mp or ta ti on s son t composées essent iellement de crevet t e s , d’an c h oi s e t de s au m on ayan t pou r ori g i n e re s pe c t i vem e n t l ’ E s pag n e , l a N o r -
vè g e e t l es Pay s B a s. La majeure par t ie de ces impor t at ions e s t t rai t é e dan s l e s i n du s t ri e s de t ran s f orm at i on au M aroc avan t d’ê t re ré ex po r té e
( s o u rc e : O C).
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22 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Les exportations des produits halieutiques en valeur sont assurées essentiellement par les conserves et semi-
conserves de poissons (36%) et les mollusques congelées (31%) en moyenne sur la période 2015-2019. Par
ailleurs, une tendance au renforcement de la part du congelé dans les exportations a été enregistrée sur la
période d’analyse (avec respectivement +13% et +16% pour les exportations des mollusques et des poissons
congelés). Néanmoins, malgré leur faible contribution à la valorisation de la ressource halieutique, la farine
et l’huile de poisson ont vu leur part augmenter de 13% dans la valeur totale des exportations des produits
halieutiques sur la même période, pour constituer 10% du total de ces exportations.
Figure 12 : Principales catégories de produits composant les exportations halieutiques marocaines en 2019
(en millions de dirhams)
6 843
Mollusques 230
(31%*, +13%**)
78
Filets et chair 2
(0%*)
* : Pou rce n t a ge d e l a c o n t ribu tio n d e la c at ég o rie d e p ro duits dans la valeur moyenne du total des e xpor tations marocaine s de
p ro d u i t s d e l a m e r ( su r la pério d e 20 15 -20 19 ).
* * : TCAM s u r l a p é r i o d e 20 15 -20 19
S ou rc e : D o n n é e s D P M, élab o rat io n au teu r.
La représentation sur la carte ci-dessous (Figure 13) de la répartition des importations mondiales et des
exportations marocaines des produits halieutiques par continent montre que sur un total de 1,7 milliard de
dollars9 exportés en ces produits par le Maroc en moyenne sur la période 2010-2019, 70% a été destiné vers
l’Europe (premier importateur mondial des produits de la mer avec 55 milliards de dollars comme moyenne sur
la même période). Néanmoins, ce marché européen se caractérise par un taux de croissance de la demande
(TCAM de +3% sur la période 2010-2019) qui reste inférieur au rythme de croissance de la demande d’autres
continents (5,3% pour l’Afrique, 4,8% pour l’Asie et 4,3% pour l’Amérique).
Loin derrière l’Europe, la destination africaine vient actuellement en deuxième position en absorbant près de
14% du total des exportations marocaines de produits halieutiques, une part en légère amélioration par rapport
aux dernières années (11% sur la période 2008-2014) suite à la prise de conscience de l’importance du potentiel
de ce marché. En moyenne sur la période 2010-2019, le Maroc a exporté seulement 250 millions de dollars de
produits halieutiques vers l’Afrique, portant essentiellement sur les conserves de poissons, au moment où ce
continent a importé près de 5 milliards de dollars. A signaler que ce marché présente de réelles potentialités de
croissance avec un TCAM de la demande des produits de la mer de +5,3% sur la période 2010-2019.
__ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
9
L a b a se d e d on n ées d e l’UNCTADSTAT n’inclut pas les st at ist ique s s u r l e s al g u e s , l e s f ari n e s e t l e s h u i l e s de poi s s on s .
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 23
Ce rang de deuxième destination des produits halieutiques marocains a été occupé auparavant par l’Asie
(deuxième importateur mondial de produits halieutiques avec une moyenne d’importation de 42 milliards de
dollars). Les exportations marocaines sur ce marché, composées essentiellement de mollusques et de crustacés
congelés, n’ont pas dépassé 121 millions de dollars en moyenne sur la période 2010-2019. Ce marché présente
un important potentiel pour les différentes catégories de produits de la mer exportées par le Maroc avec un
TCAM de la demande asiatique de +4,8% sur la période 2010-2019.
En outre, l’Amérique constitue désormais un marché à fort potentiel pour les exportations marocaines des
produits halieutiques (avec un TCAM de +4,3%), et ce pour toutes les catégories de produits (voir tableau de
la figure 13). Ce marché reste peu exploré par le Maroc du fait que sur les 27 milliards de dollars importés, en
moyenne sur la période 2010-2019, par le continent portant sur les conserves, mollusques congelés, frais, salés
et séchés, le Maroc en a assuré moins de 140 millions de dollars.
Par ailleurs, une analyse plus approfondie des flux d’échanges, en intégrant dans le tableau de la figure 13 la
dimension catégorie de produit et en calculant les indicateurs relatifs à : 1) la part de chaque continent dans les
importations mondiales des produits halieutiques, 2) le taux de satisfaction de la demande du continent par les
exportations marocaines et 3) la part de la destination continent dans les exportations marocaines par rapport
au reste des destinations, a permis de faire ressortir les constats suivants :
• Les poissons frais, vivants et congelés constituent la majeure partie des importations mondiales des produits
halieutiques (65 milliards de dollars), suivis des crustacés et mollusques avec 31 milliards de dollars, et
des préparations de poissons (27 milliards de dollars), tandis que les poissons séchés, salés et fumés ne
représentent que 5,8 milliards de dollars.
• La demande africaine de conserves de poissons, qui constituent l’essentiel des exportations marocaines sur
ce continent, a été satisfaite, en moyenne sur la période 2010-2019, à hauteur de 17% par les exportations
marocaines et cette destination vient en seconde position (22% du total des exportations marocaines de ces
produits) loin derrière l’Europe (64%).
• Pour les conserves de poissons, l’Amérique et l’Asie représentent également d’importants importateurs de
conserves de poissons (25% chacun de la demande mondiale) alors qu’ils n’absorbent respectivement que
7% chacun des exportations marocaines en ces produits.
• Pour les poissons frais, réfrigérés et congelés, sur un total de 319 millions de dollars exportés par le Maroc
en moyenne sur la période d’analyse, l’Europe et l’Afrique constituent les deux principales destinations de ces
exportations (avec des parts de marchés de 48% et 26% respectivement).
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24 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Figure 13 : Place du Maroc dans le marché mondial des produits de la mer (Moyenne sur la période 2010-2019)
Répartition des importations mondiales et des exportations marocaines des produits de la mer par continent
Structure des importations des continents par catégorie de produit et contribution du Maroc à la satisfaction
de ces importations
Ta u x d e sa ti sfa cti on de la demande du cont inent par les expor t at i on s m aroc ai n e s de s produ i t s de l a m e r
La p a r t d e l a d esti n at ion-cont inent dans les expor t at ions maroc ai n e s de s produ i t s de l a m e r
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 25
La destination des exportations marocaines des produits halieutiques par pays (figure 14 ci-dessous) révèle
que le marché espagnol demeure le plus important débouché aussi bien pour les poissons frais, réfrigérés ou
congelés que pour les crustacés et mollusques congelés (espèces à haute valeur commerciale), totalisant ainsi
en 2019 respectivement 60% et 26% de la valeur des exportations marocaines de ces produits . A noter qu’une
tendance positive a été enregistrée depuis 2015 pour la destination des exportations marocaines des poissons
frais, salés, séchés et fumés vers le Brésil suite à la progression de ces exportations sur ce marché passant de
8 millions de dollars en 2015 à 55 millions de dollars en 2019 (avec une part de 18%).
Quant aux préparations et conserves de poissons, elles sont exportées essentiellement vers les marchés de l’UE
et plus précisément au niveau des marchés français, espagnol et italien. Les pays africains, comme le Nigéria,
Ghana et Angola, constituent également des débouchés pour cette catégorie de produits marocains mais avec
des parts relativement faibles11.
Néanmoins, le classement des premiers pays importateurs mondiaux de produits halieutiques confirme le
potentiel important des marchés américain et asiatique. En effet, les Etats-Unis et le Japon sont les plus gros
importateurs de toutes les catégories des produits étudiés aux côtés d’autres pays d’Asie comme la Chine, la
Corée du Sud, le Vietnam et la Thaïlande.
_____________
10
L’ E sp a g n e con sti tu e l e premier impor t at eur européen en produits h al i e u t i qu e s e t l e qu at ri è m e à l ’é c h e l l e m on di al e . Se s i m por t at i on s e n c e s produits ,
a j o u t é e s à u n e p rod u cti on halieut ique de plus de 900.000 T et une produ c t i on aqu ac ol e de prè s de 250.000 T, l u i pe rm e t t e n t d’ê t re u n e réfé re n c e
mo n d i al e d a n s l a p rodu cti on et l’expor t at ion des produit s de la me r t ran s f orm é s à f or t e val e u r aj ou t é e ( c on s e r ve s , pl at s pré paré s , m ari n ade s , pâ té s ,
f i l e t s … ) avec d es ex p or ta tions qui ont dépassé 3, 6 milliards d’euro s e n 2016. A c e n i ve au , i l y a l i e u de rappel e r qu e l e s m ol l u s qu e s n e c on s t i t u e n t
q u e 5 % d e l a p rodu cti on halieut ique espagnole et leur par t impor t an t e dan s l ’e x por t provi e n t de l a ré e x por t at i on de s produ i t s i m por t é s n ot am m e n t
d e p u i s l e M a roc et l ’Arg ent ine.
11
L’é t u d e de l a DEPF i n ti tulée « Quelles oppor t unit és pour des expo r t at i on s de s produ i t s h al i e u t i qu e s s u r l e m arc h é af ri c ai n » avai t révé l é qu e l e m arc h é
a f r i ca i n se ca ra ctéri se p a r une granular it é des par t s de marché de s pays af ri c ai n s dan s l e tot al de s e x por t at i on s m aroc ai n e s ( pé ri ode 2009-2013 ) e t
u n e h é térog én éi té d e l a d ynamique des expor t at ions marocaines de s produ i t s h al i e u t i qu e s s u r l e s pays af ri c ai n s ( pé ri ode 2009-2013).
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26 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Figure 14 : Destination par pays des exportations marocaines des principales catégories des produits
halieutiques en valeur (Année 2019)
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 27
Les techniques de linkage constituent un outil pertinent d’analyse des interactions intersectorielles et de repérage
des secteurs porteurs d’une économie et permet d’aider à vérifier d’éventuelles réorientations de l’activité
économique vers les secteurs les plus productifs (voir la méthodologie de calcul en annexe 2). Les mesures de
linkage donnent une vue d’ensemble de l’intensité des liens du secteur avec les autres branches de l’économie
marocaine.
L’évolution du linkage total normalisé de la branche pêche et aquaculture en amont et en aval sur la période
2000-2018 représentée dans les graphiques ci-dessous montre que l’intensité des liens de la branche avec les
autres secteurs reste faible, sachant que les liens sont importants quand ces mesures de linkage en amont et/
ou en aval deviennent supérieures à 1. De plus, cette intensité de liens s’est inscrite dans un trend baissier sur la
période d’analyse.
En effet, le linkage total normalisé en amont de la branche pêche et aquaculture s’est situé à 0.68 en 2018 au lieu
de 0.94 en 2000, positionnant le secteur à la 19ème place par rapport aux autres branches au lieu de la 11ème
place auparavant.
Figure 15 : Evolution du linkage en amont de la branche pêche et aquaculture entre 2000 et 2018
Du côté de l’intensité des liens en aval, la mesure de linkage total normalisé est restée stable à un niveau faible
en passant de 0.74 en 2000 à 0.61 en 2018. Cette situation reflète la faible connectivité de la branche pêche et
aquaculture en aval et donc un besoin de renforcement de la valorisation de la production halieutique.
_____________
12
L e s ca l cu l s d e l i n k a g e sont issus d’un out il développé par la Divi s i on de l a M odél i s at i on au s e i n de l a DE PF.
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28 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Figure 16 : Evolution du linkage en aval de la branche pêche et aquaculture entre 2000 et 2018
En effet, l’analyse de l’évolution des éléments de la demande du produit de la pêche et de l’aquaculture selon les
données du tableau ressources-emplois de la comptabilité nationale montre que les ressources disponibles en
produit de la pêche et de l’aquaculture sur le marché national ont été utilisées essentiellement sous forme de
consommation intermédiaire de la branche de l’industrie agroalimentaire (CI A01) à hauteur de 30% en moyenne
sur la période 2007-2018 et de consommation finale des ménages (CFM) avec une part moyenne de 29% et
d’exportations (25% sur la même période). A signaler que les produits de la pêche et de l’aquaculture sont utilisés
également par la branche de pêche et de l’aquaculture elle-même en tant que consommation intermédiaire (CI
B05) à hauteur de 13% des ressources disponibles, chose qui peut être expliquée par l’intégration de l’activité des
bateaux congélateurs dans cette branche.
Figure 17 : Evolution des éléments de la demande des produits de la pêche et de l’aquaculture sur la période 2007-2018
_____________
13
L e tota l d es ressou rces disponibles en un produit int ègre aussi l e s i m por t at i on s du produ i t e n qu e s t i on .
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 29
En appui à cette analyse, le calcul des mesures de linkage des différentes branches selon la classification 100
produits pour l’année 2007 (seul point disponible pour 100 produits) fait ressortir l’importance de l’interconnectivité
de la branche de l’industrie de poisson avec les autres branches de l’économie marocaine avec un rôle de
secteur entraîné (linkage direct en amont de 1,7) plus qu’entraînant (linkage direct en aval 1,18) dans le sens ou
l’accroissement de la production des industries de poisson est plus lié à la production des autres branches en
amont assurant son approvisionnement qu’avec les autres branches utilisant sa production.
Figure 18 : Linkage en amont et en aval pour la branche pêche et aquaculture et la branche industrie de poisson selon
la classification 100 produits pour l’année 2007
En somme, le secteur des pêches et de l’aquaculture présente une faible connectivité avec les autres branches
de l’économie marocaine que ce soit en amont ou en aval. Toutefois, son importance réside dans son rôle
d’approvisionnement de la branche la plus connectée de l’économie marocaine, à savoir la branche des industries
alimentaires et plus spécifiquement de l’industrie de poisson. Ceci permet de conclure que le renforcement
des effets d’entraînement du secteur et l’amélioration de son intégration dans l’économie marocaine restent
tributaire de l’intensité de sa connectivité avec cette branche d’industrie alimentaire ainsi que de la dynamique
de cette dernière.
Le secteur halieutique marocain dispose de nombreux atouts dont la disponibilité de la matière première, une
main d’œuvre compétitive, la réputation mondiale de la qualité des produits attestée par la distinction du «Label
Maroc» et « Morocco seafood » accordant au Maroc un avantage comparatif indéniable.
Toutefois, en dépit des différents efforts engagés, ce secteur fait face à de multiples contraintes au niveau de
plusieurs maillons de sa chaîne de valeur affectant tout le secteur d’activité et qui peuvent être résumées en ce
qui suit :
Au niveau de l’approvisionnement
En dépit des différents efforts engagés au niveau de ce maillon de la chaîne de production, il y a lieu de citer des
insuffisances concernant la régularité quantitative et qualitative de l’approvisionnement dues essentiellement à
l’outil d’extraction qui gagnerait à être davantage modernisé et à des insuffisances au niveau de la gestion et de
l’utilisation des infrastructures portuaires et de débarquement mises en place (ports, PDA et VDP) ne permettant
pas un débarquement des captures dans des conditions optimales de qualité et d’hygiène. A cela s’ajoute des
défaillances de performances de la chaîne de froid tant à bord des bateaux qu’au niveau des infrastructures
de débarquement et de stockage (insuffisance d’équipement en chambres froides et en fabriques de glace au
niveau des ports et des halles).
DEPF Etudes
30 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
De plus, une autre partie des richesses halieutiques continue d’être exploitée par les flottes étrangères14 avec
une contrepartie financière et ce, dans le cadre d’accords de pêche dont trois sont actuellement en vigueur avec
l’UE, la Russie et le Japon. Les débarquements de ces flottes étrangères se font en majeure partie dans des ports
étrangers ce qui constitue un manque à gagner pour le Maroc.
Au niveau de la transformation
A ce niveau, les captures ne sont pas suffisamment valorisées dans la mesure où une part importante des
captures (57% de la valeur totale) est destinée à l’export sans grande transformation (frais et congelé) à laquelle
s’ajoute la persistance de l’importance de la part de la farine et l’huile de poisson dans la transformation malgré
la tendance observée durant ces dernières années à réduire cette part (20% du tonnage produit par l’industrie
en 2016 contre 36% en 2008). A signaler, également, que pendant ces dernières années, on assiste à une
tendance à l’importation de la matière première (essentiellement les anchois) pour répondre à la demande des
filières à plus haute valeur ajoutée (conserves et semi conserves) souffrant tendanciellement d’une insuffisance
d’approvisionnement15. En plus de ces difficultés, la taille des acteurs est jugée insuffisante avec une absence
d’intégration verticale limitant les opportunités d’amélioration de la productivité et d’innovation.
Au niveau de la commercialisation
En matière de commercialisation, des faiblesses au niveau de la maîtrise de la chaîne de froid et des défaillances
au niveau du suivi de traçabilité (issues de la persistance de l’informel) à l’échelle nationale affectent négativement
la qualité du produit et nuit à la durabilité du secteur. Quant aux exportations, elles sont concentrées
essentiellement sur le marché de l’Europe avec en tête l’Espagne et portent en majeure partie sur les mollusques
congelés et les conserves de pélagiques dans un contexte mondial caractérisé par une rude compétitivité suite
aux efforts de recherche-innovation au niveau des pays concurrents et à l’évolution rapide de la technologie à
l’ère du numérique.
Pour ce qui est de la consommation nationale de poissons, elle reste faible (en moyenne 13,6 kg/hab/an)
comparativement à la consommation moyenne mondiale et eu égard au potentiel halieutique marocain. Selon le
rapport16 du Policy Center for the new South , cette situation pourrait être due à plusieurs facteurs liés, notamment,
aux habitudes alimentaires, en particulier à l’intérieur du pays où la population préfère les viandes rouges et
blanches aux poissons. De même, les prix sont relativement plus élevés comparativement au pouvoir d’achat du
consommateur moyen, surtout en ce qui concerne le poisson blanc, résultant du grand nombre d’intermédiaires
et du différentiel du pouvoir d’achat des consommateurs étrangers et locaux. À cela s’ajoute le fait que l’offre du
marché national, souvent irrégulière, est insuffisante en termes de qualité et de quantité.
Malgré la persistance de ces différentes contraintes, le secteur marocain des pêches a montré une bonne
résilience face à la crise sanitaire actuelle (cf. encadré ci-dessous). Néanmoins, cette dernière a mis en exergue
certaines vulnérabilités du secteur qui devraient être relevées afin d’accroître sa contribution à la croissance et
à l’emploi.
__ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
14
S el on l ’étu d e de l a FAO réalisée en 2014 « La valeur des pêche s af ri c ai n e s » ( G raaf , G . & G ari bal di ), 25% de tou t e s l e s c apt u re s m ari n e s s ur le
p o u r tou r d u con ti n en t a fri c ain sont ef fect uées par des pays non af ri c ai n s . Si c e s c apt u re s reve n ai e n t au x É t at s af ri c ai n s , e l l e s pou rrai e n t , e n t h é o r ie ,
g é n é re r u n e va l eu r su p p l ém ent aire de 3, 3 milliards de dollar s, soit 8 f oi s pl u s qu e l e 0,4 m i l l i ard de dol l ars qu e l e s pays af ri c ai n s re t i re n t ac t u e l l e m e n t
d e s a ccords d e p êch e.
15
C e s i mp or ta ti on s p én a lisent les conser veur s marocains qui doi ve n t paye r u n e t axe i m por t an t e d’e x por t at i on ve rs l ’ UE l i é e à l a rè g l e d’ori g i n e .
16
L e sy stème ma roca i n de product ion halieut ique et sa dépendanc e du res t e du m on de .
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 31
Encadré 2 : Crise sanitaire du COVID-19 : entre résilience et vulnérabilité du secteur des pêches
maritimes marocain
Au Maroc, comme partout dans le monde, le secteur des pêches n’a pas échappé aux effets de la crise sanitaire
actuelle du COVID-19 et a été soumis à ses effets indirects suite à la régression de la demande des produits
halieutiques et aux perturbations des chaines de logistiques en raison notamment des restrictions imposées
aux transports et au niveau des frontières. Dans ce contexte, les performances du secteur de la pêche ont été
affectées par les effets de cette crise et le premier impact s’est manifesté en particulier par la baisse des prix
des produits halieutiques au niveau des principales halles aux poissons après la déclaration de l’état d’urgence
sanitaire17 . D’un autre côté, les exportations du secteur ont été sensiblement affectées avec en particulier une
baisse de 9% du total des exportations marocaines des produits halieutiques en volume à fin septembre 2020
en comparaison à l’année précédente (contre une stagnation en valeur suite à la hausse des prix des produits
halieutiques au niveau du marché international). Cette baisse en volume est due essentiellement au recul à la
fois des exportations en volume des crustacés et mollusques de 19% ainsi que des poissons frais, salés ou
séchés de 9%.
Néanmoins, le secteur a montré une certaine résilience de ses performances en enregistrant le taux le plus faible
en termes de part des entreprises de pêche en arrêt d’activité durant la période du confinement de près de 33,8%
(selon l’enquête du HCP menée en juillet 2020) contre une moyenne au niveau global de 83,4%. Le secteur a
enregistré également le taux le moins élevé en termes de part des entreprises ayant réduit leurs effectifs et qui a
été à hauteur de 21% selon la même enquête contre 49% à l’échelle globale. De plus, les opérateurs de la pêche
maritime ont réussi à assurer un approvisionnement normal et continu du marché local en produits de la mer
tout en renforçant les mesures de prévention et de protection contre le covid-19 à bord des bateaux (désinfection
des embarcations, distribution de masques aux marins…). La situation pour les industries de transformation
des produits de la mer a été, quant à elle, moins favorable avec une réduction de l’effectif opérationnel dans les
unités de transformation des produits halieutiques (effectif opérationnel réduit à une moyenne de 60% à 70%
de l’effectif total) afin de sécuriser la santé des ouvriers (respect des distances de précaution et adaptation à la
perturbation des conditions de transport public).
Il est à noter que pour atténuer les effets économiques et sociaux de la crise sanitaire, le secteur halieutique a
bénéficié, à l’instar des autres secteurs de l’économie nationale, des mesures d’urgence mises en place portant
essentiellement sur l’appui aux entreprises (réduction des charges financières, financement et couverture des
besoins en Fonds de roulement…) et la compensation des employés en périodes d’arrêt d’activité.
Par ailleurs, il y a lieu de signaler que la crise sanitaire du Covid-19 a révélé de nombreux points de fragilité du
secteur en relation notamment avec les marchés des intrants, la maîtrise de la chaîne de valeur, les chaines
d’approvisionnement informelles, la couverture sociale, les groupes et régions les plus vulnérables, etc. A ce titre,
les problèmes ayant surgis pendant la crise sanitaire en termes d’approvisionnement de certaines industries de
poisson en intrants (exp : boîtes métalliques pour les conserves) ont rappelé le besoin de maitrise de la chaîne
de valeur en faveur de plus ample intégration locale des industries de poisson. De même, il est à noter que
certaines populations du secteur se sont trouvées plus impactées que d’autres par la crise sanitaire à l’instar de
la population du segment de la pêche artisanale (générant le plus d’emplois dans le secteur) caractérisée par une
faible productivité et une intégration insuffisante dans la chaîne de valeur du secteur et opérant souvent en zones
rurales où les opportunités de développement demeurent restreintes.
_____________
17
L e s p remi ers i n di ces d e l’impact de la cr ise Covid-19 sur le sec t e u r h al i e u t i qu e m aroc ai n s e ré s u m e n t c om m e s u i t :
• b a i sse d e l ’a cti v i té de la pêche et de l’emploi respect ivemen t de -45,6% e t -4,5% e n m ars 2020 c om parat i vem e n t au m ê m e m oi s de 2019 ( s e lo n
l a fédéra ti on d e l a Pêche Mar it ime qui l’a rappor t é au niveau de l ’e n qu ê t e de l a C G E M ),
• b a i sse d es p ri x d es produit s halieut iques dans les pr incipa l e s h al l e s au x poi s s on s s u i t e à l a bai s s e de l a de m an de ,
• rég ressi on d es ex por t at ions marocaines des produit s halie u t i qu e s e n val e u r ( -7,4%) du ran t l es s i x pre m i e rs m oi s de l ’an n é e 2020 e n c om pa ra i -
son avec l a même p ér iode de l’année précédent e.
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32 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
En perspectives, de multiples opportunités de développement du secteur des pêches s’offrent au Maroc dans
un contexte mondial caractérisé par une demande en produits de la mer en pleine croissance. De même, la
richesse du patrimoine culinaire marocain, les possibilités de synergie avec d’autres industries constituent un
atout fondamental et un avantage certain pour développer de nouveaux produits compétitifs. En effet, il existe de
nombreuses possibilités de synergie entre les industries des produits de la mer et les industries agroalimentaire,
pharmaceutique, para-chimique et chimique pour la conception de nouveaux produits et la valorisation des
déchets : plats préparés, pâtés de poisson, fertilisants, oméga3, collagène à partir des écailles, etc.
Plus récemment, des unités industrielles ont commencé à fabriquer des spécialités moyennant des techniques
innovantes et l’Haliopôle d’Agadir a lancé plusieurs projets dans ce sens (exp : chawarma de poulpe).
Le développement du secteur peut profiter de multiples initiatives Royales lancées récemment, en l’occurrence,
la construction du nouveau port de Dakhla, le nouveau programme intégré d’appui et de financement de
l’entreprenariat18, le Fonds d’investissement MohammedVI en cours de mise en place, la Cité de l’Innovation19
dans la région de Souss-Massa, les nouvelles cités des métiers et des compétences,... .
__ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
18
L a ncé su i te a u x ori en tat ions Royales, ce projet vise à appor t er de s s ol u t i on s au f i n an c e m e n t de s T PM E e n l e u r of f ran t de n ou ve au x i n s t ru m e n ts
p l u s f aci l es et p l u s a ccess ibles ainsi que de l’accompagnement qui res t e f on dam e n t al pou r t ran s f orm e r de s i dé e s e n de s proj et s vi abl e s . Au t i t re d e c e
p ro g ra mme, u n Comp te d’af fect at ion spéciale « Fonds d’appui au f i n an c e m e n t de l ’e n t re pre n e u ri at » a é t é c réé dan s l e c adre de l a l oi de f i n anc e s
2 0 2 0 . Ledi t Fon d s qu i mobilise d’impor t ant es ressources f inanciè re s ( dot é d’ u n e e n ve l oppe de 6 m i l l i ards de DH ré par t i e s u r u n e du ré e de 3 an s , à
l a q u e l le s’a j ou te 2 mi l l i a rds de dir hams du Fond Hassan I I) , bénéf ic i e ra pri n c i pal e m e n t au x j e u n e s por t e u rs de proj e t s e t au x pe t i t e s e t m oye n n e s e n tre -
p r i s e s , a p p or tera u n sou ti en impor t ant aux ent repr ises act ives dans l e dom ai n e de l ’e x por t e t f avori s e ra u n e i n t é g rat i on é c on om i qu e e t profe s s i on n e lle
d e s t rava i l l eu rs d u secteur inf or mel.
19
C e tte ci té p ermettra d e dot er la région d’une inf rast r uct ure d’acc u e i l t e c h n ol og i qu e f avori s an t l ’e n t re pre n e u ri at e t l a c ré at i on de s t ar t u ps i n n ova n te s
à t ravers l e p rocessu s d’ i ncubat ion, la valor isat ion des résult at s de l a re c h e rc h e s c i e n t i f i qu e au prof i t de s s e c t e u rs éc on om i qu e s e t de s é c os ys t èm e s
i n d u s t ri el s d e l a rég i on et le t ransfer t t echnologique et le rapproc h e m e n t e n t re l e s e n t re pri s e s e t l es s t ru c t u re s de R & D.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 33
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34 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
De même, le commerce du poisson et des produits de la pêche continuera de se développer à un rythme soutenu
et on s’attend à ce qu’en 2030, 31% environ de la production totale du poisson soit exportée. L’ Asie demeurera
en tête des producteurs et des exportateurs des produits de la mer à l’échelle mondiale.
Figure 20 : Projections de la FAO pour le secteur des pêches et de l’aquaculture à l’horizon 2030
Quant à la consommation mondiale de poissons, elle devrait s’établir selon la FAO à 21,5 kg par habitant en
2030, contre 20,3 kg en 2016 avec les taux de croissance les plus élevés en Amérique latine (+18%) ainsi qu’en
Asie et en Océanie (+8% pour chacune de ces régions). En Afrique, la consommation de poissons par habitant
devrait reculer de 0,2% par an jusqu’en 2030 (9,6 kg contre 9,8 kg en 2016), et ce, en raison d’une croissance de
la population plus rapide que celle de l’offre de poissons.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 35
A cette augmentation de la consommation des produits de la mer à l’échelle mondiale s’ajoute une mutation de
la consommation qui se traduit par une baisse de la part de marché attribuée aux produits frais, au profit des
produits traités, réfrigérés et surgelés. De même, au sein même du frais, les consommateurs préfèrent de plus
en plus les filets, darnes et pavés aux poissons entiers. Ce changement des habitudes d’achat traduit la tendance
qui régit la consommation alimentaire actuelle : plus de praticité, de rapidité et de simplicité.
Enfin, le secteur devrait entrer dans une décennie marquée par une hausse nominale des prix à cause des
facteurs multiples : les revenus, la croissance démographique, légère contraction de la production des pêches
de capture….
Le Maroc se positionne comme un acteur actif dans les agendas mondiaux et régionaux et fait partie des
différentes initiatives régionales autour de l’économie bleue avec la Méditerranée, l’Union Européenne et le
continent africain.
Partant de ce nouveau concept, une gestion plus efficace et durable du littoral, des espaces maritimes et des
côtes marocaines, dans le cadre d’une approche transversale qui fédère et rassemble de nombreux secteurs et
acteurs, offrirait d’immenses opportunités de création de richesse et de préservation des ressources. Parmi ces
opportunités on pourrait mentionner à titre indicatif :
• Contribuer aux objectifs d’une exploitation plus durable des pêcheries et d’un développement plus rationnel
de l’aquaculture20 , et qui sont considérés comme soubassement de l’approche (un pilier fondamental de
l’économie bleue qui constitue avant tout une nécessité pour la pérennisation de la contribution du secteur
des pêches et de l’aquaculture). A rappeler qu’actuellement le secteur des pêches et de l’aquaculture assure
une production annuelle de près de 1,5 million de tonnes et une valeur ajoutée de 17,3 milliards de dirhams
en 2019 et génère environ 22 milliards de dirhams de devises, contribuant pour 45% aux exportations
agroalimentaires, et 700.000 emplois directs et indirects.
_____________
20
S el on l e ra p p or t du CE SE : La r ichesse de l’espace mar it i m e m aroc ai n e s t m e n ac ée par l a s u re x pl oi t at i on de s re s s ou rc e s n at u re l l e s e t la
d é g ra d a - ti on des écosyst èmes due à la lit toralisat ion, à l’urban i s at i on , au x c h an g e m e n t s c l i m at i qu e s e t au x re j e t s de pol l u t i on ( i n du s t r ie s ,
a s s a i n issemen t…. ).
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36 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
• Revoir et adapter les modèles d’aménagement des côtes et des plages marocaines de manière à tenir
compte de la nature et des besoins des autres activités socio-économiques en relation. Ceci pourrait
passer, entre autres, par la révision des modes d’identification et de préparation en amont des projets
d’aménagement et par des investissements plus intelligents dans des programmes de gestion, d’entretien
et de préservation.
L’enjeu de l’adoption de l’approche économie bleue pourrait être plus large si on considère la coopération à
l’échelle internationale pour lutter contre les changements climatiques. En effet, les changements climatiques
et particulièrement les risques d’élévation accélérée du niveau de la mer, constitueraient dans l’avenir un
grand risque supplémentaire pour un littoral déjà fragilisé. D’où la nécessité de la fédération de l’ensemble des
acteurs pour réfléchir ensemble comment migrer vers un mode de production avec moins d’émissions de CO2
responsables du réchauffement climatique et de l’acidification des océans.
En effet, la communication entre machines, les capteurs très perfectionnés, l’analytique des données et
l’intelligence artificielle auront des effets et des améliorations dans l’utilisation et la gestion de l’énergie, la
maitrise de chaîne de valeur, les performances du commerce…
Certaines pratiques indiquent qu'il existe de nouveaux usages de la technologie dans ce secteur à travers le
monde. A l’image des industries agroalimentaires, un changement important s’est opéré pendant les dernières
décennies dans le fonctionnement des industries de transformation des produits de la mer, suite à l'introduction
de l'électronique et d’autres nouvelles technologies. Beaucoup d’industries des pêches à travers le monde,
notamment dans les pays développés, se sont inscrites dans ce changement dont on cite Canada, Danemark,
Espagne…. Par ailleurs, l'industrie des pêches des pays en développement devra nécessairement s'adapter pour
éviter de se trouver écartée des marchés.
A titre d’illustration, beaucoup d’usines de transformation des produits marins au Canada ont automatisé
leur production au cours des dernières années et devront franchir une étape supplémentaire pour rester
concurrentielles (un concept du virage de l’usine 4.0). De même, dans certaines régions, la technologie « block
Chain » (chaîne de blocs, cf. encadré 2) est utilisée pour surveiller la traçabilité des produits.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 37
Le block Chain est l’outil qui permettra de révolutionner la traçabilité alimentaire de demain. Il est en effet
une sorte de base de données sans contrôle d’une autorité supérieure et dont la sécurité est garantie par des
techniques de cryptographie numérique. La base est alimentée par les utilisateurs qui rentrent eux- mêmes
les informations qu’ils souhaitent stocker.
C’est en ayant recours à cet outil qu’il est désormais possible de sécuriser les transactions, de déterminer
la provenance des aliments en quelques secondes mais surtout de garantir la fiabilité des informations
communiquées.
En outre, par le biais du block Chain, les acteurs de la chaîne de production doivent s’engager à respecter les
règles, le processus et les protocoles mis en place. La sécurisation de la chaine de données concernant les
produits alimentaires permet au consommateur d’avoir plus de transparence mais surtout de faire confiance
de nouveau à l’étiquetage des produits.
Eu égard au potentiel du secteur des pêches marocain qui se caractérise par une grande richesse halieutique
(estimée à près de 1,5 million de tonnes) et à la position géostratégique avantageuse de notre pays, l’empreinte
économique du secteur gagnerait à être améliorée pour lui permettre de jouer pleinement son rôle comme
véritable relais de croissance dans le nouveau modèle de développement économique.
Différents efforts ont été engagés, avant et après la mise en œuvre du plan Halieutis, portant notamment sur la
gestion durable de la ressource, le renforcement des infrastructures de débarquement et de commercialisation
ainsi que sur l’amélioration de la compétitivité du secteur. Certes des avancées ont été enregistrées mais des
insuffisances persistent le long de la chaîne de valeur du secteur halieutique ne permettant pas l’optimisation de
sa contribution à l’économie nationale à sa juste valeur. Ces insuffisances comprennent, notamment :
• La faible maitrise de la chaîne de froid et des insuffisances au niveau de l’optimisation de la performance des
infrastructures de débarquement et de commercialisation, avec la persistance de l’informel, ce qui nuit à la
qualité et à la durabilité de la ressource ;
• Le débarquement dans les ports étrangers des captures des flottes étrangères qui pêchent dans le pavillon
marocain dans le cadre des accords de pêche, pénalisant ainsi la création de la valeur ajoutée localement ;
• La valorisation insuffisante de la capture nationale dans la mesure où une grande part est destinée à
l’exportation sous forme de frais et congelé (56% de la valeur du total des exportations) à laquelle s’ajoute le
peu d’investissement dans des produits innovants à forte valeur ajoutée et une faible intégration de la chaîne
de valeur. En outre, l’industrie de la farine et huile de poisson21 continue d’absorber une part non négligeable
des débarquements avec une production s’élevant à 26% du total du tonnage produit par l’industrie de
poisson ;
_____________
21
C e tte i n du stri e dev ra i t jouer un rôle incontour nable dans la con c ré t i s at i on de l ’é c on om i e c i rc u l ai re au M aroc e n s ’ori e n t an t davan t ag e ve rs l a va lo-
r i s a t i o n d es d éch ets d es p roduit s halieut iques.
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38 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
• La faible consommation nationale des produits de la mer (en moyenne près de 13 kg/hab/an contre une
moyenne de 22 kg/hab/an à l’échelle mondiale) eu égard au potentiel halieutique marocain.
Le besoin de pallier à ces insuffisances s’impose pour profiter des perspectives très prometteuses dont jouit
le secteur si l’on considère la relocalisation des chaînes de valeur accélérée par la crise sanitaire offrant des
parts de marché à récupérer et la demande mondiale des produits de la mer en pleine expansion avec une
orientation vers des produits prêts à la consommation et à plus grande valeur ajoutée. Ceci suscitera des efforts
supplémentaires pour réussir le développement d’une chaîne de valeur de production intégrée et efficiente et
pour permettre un développement harmonieux du secteur.
Sur la base des principaux constats dégagés de l’étude, des voies de progrès peuvent être formulées dont certaines
portent sur les nouveaux défis qui mériteraient d’être intégrés dans les politiques à venir de développement du
secteur (économie bleue, nouvelles technologies au service de l’innovation….) et d’autres liées aux insuffisances
persistantes (faible valorisation, persistance de l’informel, positionnement mondial….) qui nécessitent d’être
traitées pour renforcer la place et la résilience du secteur halieutique marocain dans le nouveau modèle de
développement.
Face aux pressions exercées sur la ressource halieutique, l’amélioration de l’empreinte économique du secteur
ne peut plus se baser sur l’augmentation des captures22 sachant que les résultats de l’analyse réalisée du linkage
montrent que le renforcement du rôle du secteur dans l’économie marocaine reste tributaire de l’amélioration de
l’intensité de son lien avec l’industrie alimentaire et plus spécifiquement l’industrie de poisson. Ainsi, une place
plus importante devrait être accordée à l’encouragement des projets innovants favorisant le développement des
produits à forte valeur ajoutée.
La réussite de l’ensemble des actions de développement du secteur ne peut aboutir sans investissement dans
la formation et l’amélioration des compétences des ressources humaines opérant au niveau des différents
maillons de la chaîne de valeur du secteur. Ceci s’impose de plus en plus au cours de ces dernières années
suite à des évolutions importantes et rapides à travers le monde aussi bien dans les pratiques de gestion des
entreprises et de stratégies commerciales que dans les domaines des équipements, de l’électronique et des
nouvelles technologies. Ces évolutions exposent le secteur des pêches national à la fois à une concurrence
de plus en plus rude et à des opportunités d’amélioration de performance nécessitant des actions proactives
appropriées en matière d’innovation.
__ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
22
L e p oten ti el d e p rod u ct ion évalué par l’IN RH est de 1, 5 million d e ton n e s e t l e s c apt u re s ré al i s é e s e n 2019 on t at t e i n t 1,46 m i l l i on de ton n e s .
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 39
L’innovation devrait, en effet, constituer dans l’avenir un avantage stratégique clé dans le secteur des pêches et de
l’aquaculture. Les actions à entreprendre pour se doter de cet avantage devraient converger vers la préparation à
des changements profonds dans le secteur en faisant en sorte que la main d’œuvre détienne les compétences et
les qualifications nécessaires pour s’adapter aux changements disruptifs et transformateurs à même d’améliorer
l’efficacité et la durabilité du secteur des pêches et de l’aquaculture.
La promotion de l’investissement et le développement des activités des différentes branches du secteur est un
préalable nécessaire pour atteindre de nouveaux paliers de croissance de ce secteur et ainsi, tirer pleinement
profit des forces et opportunités qu’il présente aussi bien au niveau national qu’international. A ce titre, il y a
lieu d’inscrire le secteur dans la dynamique récemment engagée suite au lancement de différents programmes
publics et projets structurants destinés à promouvoir la création d’entreprises et le développement des activités
productives. Il serait donc opportun de concevoir, dans le cadre du Programme “Intelaka”, un plan d’action
spécifique aux porteurs de projets et entreprises opérant dans ce secteur, combinant à la fois une offre de
financement et d’accompagnement. De même, le “Fonds Mohammed VI pour l’Investissement” pourrait intégrer,
au titre des secteurs prioritaires qu’il cible, les industries de valorisation des produits halieutiques à forte valeur
ajoutée.
Outre cela une réflexion approfondie sur la politique d’appui public à ce secteur mérite d’être engagée afin d’évaluer
son coût et ses bénéfices, et ce dans l’objectif d’améliorer, d’une part, son efficacité le long de la chaîne de valeur
du secteur notamment au niveau du maillon de valorisation et du segment de la pêche côtière et artisanale, et
d’autre part en termes de contribution à la sécurité alimentaire, au développement local, à l’inclusion sociale et à
la protection de l’environnement…
ADOPTION D’UNE GOUVERNANCE DU SECTEUR DES PECHES SELON UNE APPROCHE D’ECONOMIE BLEUE
L’essentiel des grandes politiques publiques maritimes au Maroc a été jusqu'à présent majoritairement sectoriel.
La nécessité d’élaborer une stratégie transversale devient pressante face à la multiplication et le chevauchement
de ces stratégies. C’est dans cet objectif qu’a été conçu le concept de l’économie bleue qui vise à fédérer
l’ensemble des secteurs et acteurs exploitant le potentiel maritime et côtier avec le secteur des pêches comme
un des piliers fondamentaux.
Parmi les avantages qui peuvent découler de l’adoption de cette approche intégrée figurent les opportunités
qui pourraient naître des synergies entre les secteurs concernés ainsi que la maîtrise des externalités négatives
des différents secteurs pouvant nuire au développement durable du secteur des pêches. Néanmoins, la réussite
de cette approche exige un certain nombre de préalables dont notamment la définition d’une vision claire en
la matière, la mise en place d’organes de gouvernance à même d’assurer le pilotage de sa mise en œuvre, la
révision/adaptation des modèles classiques d’intervention sectorielle, le renforcement de la coordination entre
les parties prenantes au niveau national, régional et local, la définition et l’affectation des moyens pour l’atteinte
des objectifs fixés ainsi que la mise en place de systèmes de suivi-évaluation pour une meilleure efficience des
programmes engagés.
DEPF Etudes
40 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
La crise sanitaire du Covid-19, de par ses impacts négatifs sur le secteur de la pêche, a rappelé la nécessité de
remédier à certaines vulnérabilités du secteur pour rendre son développement plus inclusif et plus résilient. A cet
effet, il y a lieu de noter la nécessité d’améliorer les moyens de subsistance des populations du secteur les plus
vulnérables, notamment les groupes en situation précaire et informelle et de sécuriser leurs emplois. Ceci exige
leur intégration effective le long de la chaîne de production et de valorisation ainsi que dans son système de
gouvernance afin de leur permettre de tirer profit des richesses créées et faire du secteur un véritable gisement
de croissance inclusive. A ce titre, encourager et encadrer l’organisation de la population de la pêche artisanale
(marins, femmes des marins…..) en coopératives pourrait contribuer à faciliter leurs accès aux facteurs de
production et aux prestations sociales (microcrédits, équipements, formation, couverture sociale23….) et aussi à
aider les intervenants clés dans le secteur à être mieux informés auprès des représentants des coopératives sur
les défis à relever.
De même, il y a lieu également de saisir l’opportunité en termes de développement d’autres activités parallèlement
à la pêche (le tourisme, la restauration, chantier naval…) permettant de contribuer au traitement du problème de
l’instabilité des revenus de la pêche et d’améliorer le niveau de vie des marins et leurs familles.
Par ailleurs, et face à des contraintes liées à l’approvisionnement de certaines industries de poisson en intrants
(exemple : boites métalliques pour les conserves) ayant surgi pendant la crise sanitaire, le besoin d’adaptation
de la politique de valorisation de la production halieutique s’impose dans le sens de la maitrise de la chaîne de
valeur et de plus d’intégration industrielle au niveau local.
Malgré les efforts engagés, les activités informelles persistent au niveau des différents maillons de la chaîne de
valeur du secteur affectant ainsi son efficience globale (qualité de la production, sa valeur…..). Des mesures incitant
à l’utilisation des circuits formels mériteraient d’être mises en place, conjointement aux mesures dissuasives et
de contrôle. A titre d’exemple, une réduction des droits d’utilisation de certaines infrastructures publiques telles
que les halles ou les marchés de gros, peut être accordée aux opérateurs informels pour une durée délimitée
et pour des volumes plafonnés. De même, des équipements productifs et commerciaux pourraient être mis à
disposition de ces opérateurs à des prix avantageux. Les gains financiers et économiques réalisés à moyen
terme devraient couvrir largement le manque à gagner lors de la période transitoire.
De multiples efforts ont été engagés par les pouvoirs publics pour l’amélioration du niveau de consommation
des marocains en produits de pêche dont la mise en place des marchés de gros et de détail des produits de
la pêche dans plusieurs villes du Royaume. Pour profiter de ces efforts engagés et répondre à la demande du
consommateur marocain, qui manifeste une sensibilité croissante aux questions de santé et des bienfaits du
poisson, la maîtrise de la gestion et de l’efficience de l’utilisation des infrastructures mises en place s’imposent
pour s’assurer une continuité de la chaîne du froid et réduire la multiplicité des intermédiaires. De plus, le
renforcement du contrôle des prix au niveau du marché local par des agents de contrôle devrait contribuer à
garantir des prix abordables pour le consommateur marocain.
_____________
23
U n p roj et d e réforme d u syst ème de prot ect ion sociale est en cou rs de m i s e en pl ac e .
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 41
Un véritable essor du secteur aquacole marocain dans le futur constituera inéluctablement une opportunité
pour le secteur des pêches et pour le pays dans son ensemble. Il pourra, de ce fait, jouer un rôle important dans
l’allègement de la pression sur la ressource halieutique et l’amélioration de l’approvisionnement des industries de
transformation. Il aura également des effets d’entraînement positifs sur d’autres secteurs d’activité de l’économie
marocaine, en contribuant à la création de richesses et d’emplois.
Il existe une réelle opportunité de cibler les marchés à fort potentiel, de se positionner sur les chaînes de valeur
mondiales caractérisées par les nouveaux mouvements de relocalisation et de concevoir différents profils de
produits pour la satisfaction de l’ensemble du spectre des préférences de différents types de consommateurs,
allant des produits bon marché et pratiques aux produits ciblant les consommateurs les plus exigeants en
termes de qualité (produits gastronomiques à forte valeur ajoutée) sans oublier la valorisation par l’emballage et
la présentation des produits. Ceci exige de s'orienter davantage vers la demande ainsi que d’anticiper l’évolution
des comportements des pays demandeurs pour mieux guider les stratégies d’innovation-produit.
Le continent européen constitue la principale destination des exportations marocaines des produits de la mer en
absorbant près de 70% du total, portant en grande partie sur des produits peu valorisés dont notamment le frais et
le congelé, avec une concentration sur le marché de l’Espagne (premier importateur européen des produits de la
mer et quatrième à l’échelle mondiale). Néanmoins, la diversification des débouchés et le renforcement des parts
de marchés sur d’autres pays européens (figurant parmi les premiers importateurs mondiaux des produits de la
mer comme l’Allemagne, la France, l’Italie et, le Portugal) aideront indubitablement à réduire la dépendance vis-à-
vis de certains marchés et à exploiter les nouvelles opportunités qui s’offrent pour les exportations marocaines.
Pour le marché africain, les potentialités de croissance des exportations marocaines de produits halieutiques
restent encore importantes, bien qu’on assiste à une amélioration du positionnement de ces exportations sur le
continent ces dernières années. Selon l’étude de la DEPF intitulée : « Quelles opportunités pour des exportations
des produits halieutiques sur le marché africain », l’atténuation des obstacles d’ordre endogène et exogène (cf.
Annexe 4) pourraient promouvoir les flux d’échanges avec ce marché pour le rehausser à un niveau comparable
avec celui de l’UE. En outre, les différents efforts engagés par le Maroc pour le développement du commerce
avec l’Afrique reflètent la prise de conscience de l’importance de ce marché et la forte volonté pour améliorer le
positionnement du pays au niveau du continent et contribuer à relever le défi de la sécurité alimentaire africaine.
En effet, la construction du port de Dakhla représente un point stratégique de connectivité (d’entrée/sortie), et
constituerait éventuellement un hub régional potentiel avec le reste du monde et en particulier avec le continent
africain. Pour rappel, un signal fort a été adressé par SA MAJESTE LE ROI lors de son discours à l’occasion
du 45ème anniversaire de la Marche Verte : «la façade atlantique Sud du Royaume, située face au Sahara
marocain, constituera une interface maritime d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et
international».
DEPF Etudes
42 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Sur le marché asiatique, les exportations halieutiques marocaines restent limitées au poulpe congelé et
concentrées sur le Japon, au moment où une forte demande d’autres produits comme les préparations et les
conserves de poissons se présentent et méritent d’être étudiée en détail. De plus, la présence du Maroc au
niveau du Japon, à travers les exportations des mollusques congelés, pourrait servir de plate-forme pour la
réexportation des produits halieutiques marocains sur d’autres pays de la région comme la Thaïlande, la Corée
du Sud… caractérisés par une forte demande en produits halieutiques.
Les Etats-Unis d’Amérique constitue désormais un grand marché demandeur de produits de la mer à l’échelle
mondiale et devrait ainsi constituer une opportunité pour les exportateurs marocains. Le développement des
exportations vers ce grand marché nécessitera de toute évidence le développement des services de logistique
et une maîtrise des coûts, des délais et des exigences de ce grand marché en termes de qualité, de traçabilité et
de normes sanitaires.
DEPF Etudes
Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 43
/ ANNEXES
Annexe 1 : Projet de code des pêches
Le projet de code consacre une réforme globale du système juridique applicable aux pêches maritimes et définit
des principes et des normes de comportement qui garantissent l’utilisation durable des ressources halieutiques en
harmonie avec l’environnement et le recours à des méthodes de capture et d’aquaculture sans effet nocif sur les
écosystèmes, les ressources ou leur qualité. Il traite également des liens existant entre la pêche et les autres activités
côtières de la transformation et de la vente des captures respectant les normes sanitaires requises. L’aspect social a
été aussi introduit au niveau de la législation24.
Concernant l’exploitation des ressources halieutiques, la mise en place des plans d’aménagement et de gestion des
pêcheries constitue l’élément central du code. Toutes les licences de pêche et les autorisations d’achat de navires,
création de fermes aquacoles ou de madragues devraient en conformité avec ces plans. De plus, afin d’éviter la
concentration des droits de pêche entre les mains de certains bénéficiaires de quotas, le projet de loi interdit la
cession des quotas et n’autorise leurs transferts que dans des cas spécifiques tels que le changement de propriétaire
du navire. Il ne sera pas possible de transférer d’une période à une autre les reliquats de quotas non pêchés durant
leur période de validité. Le code prévoit également la mise en œuvre d’une approche de précaution limitant l’accès à
des pêcheries peu ou mal connues ou encore non soumises à un plan d’aménagement. S’appuyant sur le principe de
conservation intégrale du patrimoine halieutique, des mesures de limitation de l’effort de pêche peuvent être prises.
Par ailleurs, le projet de code apporte la mise en place d’un régime juridique particulier pour l’aquaculture marine.
En effet, le code exige que la création de fermes aquacoles soit soumise à une autorisation préalable et à un suivi
scientifique assuré par l’INRH. A ce titre, toute introduction d’espèces exogènes ou génétiquement modifiées et tout
transfert d’une espèce d’une ferme aquacole à une autre devrait être soumis à une autorisation administrative et un
suivi scientifique.
Le suivi à tous les stades de la commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture marine est également
de mise. Il s’agit du suivi sanitaire des navires et des établissements de transformation, de manipulation et de
valorisation des produits de la mer. En cas de difficultés du marché suite à des mesures de conservation des espèces,
l’administration s’attellera à réglementer les prix.
De nouvelles règles relatives à la navigation et à la sécurité des navires de pêche sont également proposées. Le
code introduit des révisions importantes par rapport aux dispositions du code de commerce maritime de 1919.
Ces révisions concernent les conditions d’octroi et de maintien de la nationalité des navires. Elles ont également
trait au suivi sur chantier des navires en construction, en refonte ou en transformation pour vérifier la conformité
des navires aux conditions de sécurité et éviter une croissance non contrôlée de l’effort de pêche. Les procédures
d’immatriculation et de radiation des navires ont aussi été révisées dans le sens de leur renforcement.
De même, les révisions concernent également les marins pêcheurs et le travail maritime. Le régime protecteur
du contrat d’engagement maritime écrit sera ainsi étendu à toutes les catégories de marins de même que pour la
limitation du temps de travail. L’assurance accident sera également élargie à toutes les catégories de navires.
Quant aux sanctions, le code privilégie les peines à caractère économique et ne prévoit plus de sanctions privatives
de liberté, sauf en cas de récidive, d’infraction aux règles de navigation ou de l’environnement. Quelques 86 infractions
ont ainsi été classées et punies de peines d’amende pouvant atteindre 1 million de DH pour les nationaux et 10 millions
de DH pour un navire étranger non autorisé. Egalement prévue, la possibilité de suspendre la validité de la licence de
pêche pour l’armateur et le retrait de la faculté de commander pour le capitaine. Le code autorise cependant une levée
des saisies des navires en cas de versement d’une caution fixée par la juridiction compétente.
_____________
24
N ote su r l a réforme d e la polit ique des pêches au Maroc, DE PS, M FP, 2004.
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46 Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement
Selon l’ONU, l’approche du développement de l’économie bleue se fonde sur un usage durable et une gestion
conservatrice des écosystèmes aquatiques et marins et des ressources qui leur sont associées. Ce concept
constitue un nouveau modèle de gouvernance des espaces maritimes dans une logique de développement
durable et un esprit de résilience. Il est apparu dans les années 1990 et initié par Gunter Pauli, entrepreneur
et économiste belge qui a inscrit les activités maritimes dans une dimension d’économie circulaire.
L’adoption de ce concept au niveau international s’est caractérisée, depuis la conférence de Rio en 1992,
par plusieurs mobilisations pour l’intégration de l’économie bleue au niveau des agendas mondiaux. Ainsi,
l’Agenda 2030 des Nations Unies l’a intégrée concrètement et ses objectifs de développement durable datent
de 2015 à travers l’ODD 14 « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources
marines aux fins de développement durable ».
Dès lors, plusieurs Etats, institutions et organisations internationales abordent ce concept dans leurs
documents nationaux de stratégie d'émergence ou de développement, dont notamment l’UE à travers le
lancement de la stratégie de croissance Bleue dans la stratégie Europe 2020, l’Union Pour la Méditerranée
qui œuvre pour l’économie bleue à travers son soutien à la mise en œuvre des agendas régionaux sur la
protection de l’environnement et l’Union africaine qui a inscrit cette ambition dans sa vision de l’Agenda
2063.
Le Maroc se positionne comme un acteur actif dans les agendas mondiaux et régionaux et représente
une partie prenante des initiatives régionales autour de l’économie bleue avec la Méditerranée, l’Union
Européenne et le continent africain.
De plus, la Déclaration d’Agadir en 2016 sur l’Initiative de la Ceinture Bleue, à l’occasion du COP 22, a appelé
à investir dans l’économie bleue et plus particulièrement la pêche et l’aquaculture durables innovantes
et protectrices des océans, et ce, en facilitant l’innovation technologique et sociale, l’échange de bonnes
pratiques et l’entrepreneuriat social. Cet investissement dans l’économie bleue est de nature à générer
davantage de bénéfices socioéconomiques et environnementaux tels la création d’emplois, la formation
et l’emploi des jeunes, la sécurité alimentaire, l’éradication de la pauvreté, la préservation des écosystèmes
marins et l’adaptation au changement climatique.
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Le secteur marocain des pêches et de l’aquaculture : Tendances structurelles, enjeux et leviers de développement 47
Annexe 4 : Fort potentiel des exportations marocaines des produits halieutiques sur le marché africain et de
nombreux atouts d’ordre naturels, culturels, sociologiques et politiques à exploiter
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