44 - Ist Finale 2022

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Cours Commun Résidanat Mai 2022 1

Sujet 44 : IST
N° Validation : 0644202258

Cours De Résidanat
Sujet: 44

Infections sexuellement transmissibles

OBJECTIFS
1. Enumérer les principales infections sexuellement transmissibles en Tunisie.
2. Citer les principaux agents infectieux responsables des infections sexuellement
transmissibles.
3. Décrire l’épidémiologie des infections sexuellement transmissibles en Tunisie.
4. Citer les modes de transmission des principales infections sexuellement transmissibles.
5. Décrire la physiopathologie de l’infection par le VIH.
6. Evoquer l’étiologie d’une infection sexuellement transmissible à partir des données de
l’anamnèse et de l’examen physique.
7. Indiquer les examens complémentaires permettant d’évoquer le diagnostic d’une
infection sexuellement transmissible.
8. Poser le diagnostic positif d’une infection sexuellement transmissible à partir des données
cliniques et paracliniques.
9. Décrire les modes évolutifs et les complications des infections sexuellement
transmissibles.
10. Planifier le traitement curatif d’une infection sexuellement transmissible en fonction de
l’étiologie.
11. Etablir une stratégie de prévention des infections sexuellement transmissibles.

INTRODUCTION
L’OMS estime que chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une infection
sexuellement transmissible (IST). En Tunisie, comme dans tous les pays, il s’agit d’un
problème de santé publique.
Dans la majorité des cas, les IST sont asymptomatiques ou pauci-symptomatiques et ne sont
de ce fait pas reconnus. Or, les IST peuvent avoir de graves conséquences sur la santé. Elles
peuvent engager le pronostic fonctionnel (infertilité), voire vital (infection VIH, cancer du col
de l’utérus) ou encore être transmises de la mère à l’enfant.
Lorsqu’elles sont symptomatiques, elles peuvent-être la cause d’un écoulement urétral chez
l’homme ou vaginal chez la femme, d’ulcérations génitales ou de végétations vénériennes.
Des manifestations hors sphère génitale sont possibles (Hépatite B, syphilis, VIH...).
Les IST peuvent s’associer (ex : chancre syphilitique et infection gonococcique) et la
présence d’une IST doit inciter à en rechercher d’autres (notamment l’infection VIH).
La notion de rapport sexuel non protégé vaginal, anal ou oral doit orienter vers une IST.
Des stratégies de lutte contre les IST sont instaurées dans plusieurs pays. Des traitements ou
des vaccins contre certains agents d’IST sont disponibles, mais des efforts demeurent
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nécessaires pour la promotion de la prévention contre les IST et leur dépistage, la


surveillance des résistances aux traitements et l’élaboration de nouveaux vaccins.

Objectif N°1 : Enumérer les principales IST en Tunisie.


La gonococcie
La chlamydiose
L’hépatite virale B
L’herpès génital
La trichomonose
Les condylomes / végétations vénériennes (papillomavirose)
La syphilis
L’infection par le VIH
La gale
La phtiriose

Objectif N°2 : Citer les principaux agents infectieux responsables des IST.

Neisseria gonorrhoeae (gonocoque)


Chlamydia trachomatis
Le virus de l’hépatite B (VHB)
Le virus HSV (Herpes Simplex Virus) de type 1 ou de type 2
Trichomonas (T.vaginalis)
Le virus HPV (ou papillomavirus)
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
Treponema pallidum
Sarcoptes scabiei
Phtirius pubis (morpion)
Tous ces agents sont à déclaration obligatoire
NB: Nous développerons, dans ce cours les principales IST citées dans l’objectif (1) à
l’exception de l’hépatite B qui sera détaillée dans un autre cours de la préparation du
résidanat.
NB: D’autres agents infectieux peuvent être transmis par voie sexuelle tels que Haemophilus
ducrey (chancre mou),Virus de l’hépatite C (VHC), Poxvirus (Molluscum contagiosum), …
mais ne seront pas abordés dans ce cours qui concerne les « Principaux agents infectieux
responsables des IST »

Objectif N°3 : Décrire l’épidémiologie des IST en Tunisie

- Chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une IST.


- On estime que, chaque année, 357 millions de personnes contractent l’une des quatre IST
suivantes : chlamydiose, gonorrhée, syphilis ou trichomonose.
- Plus de 500 millions personnes sont atteintes du virus responsable de l’herpès génital (HSV2).
-- La
Plus de 290 millions
trichomonose de femmes
vulvovaginale souffrent d’une
, parasitose infection
due à T. à papillomavirus humain (VPH).
vaginalis,
- La trichomonose vulvo-vaginale est une parasitose due à Trichomonas vaginalis (T.
vaginalis). Elle représente l’infection sexuellement transmissible non-virale la plus fréquente
dans le monde. L’organisation mondiale de la santé estime qu’elle touche chaque année 174
millions d’individus. Chez la femme, elle est la troisième cause des vaginites après celles
d’origine bactérienne et candidosique avec une prévalence qui varie de 2 à 48%.
- En Tunisie, comme partout dans le monde la prévalence des IST est en nette augmentation.
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Le nombre d’IST déclaré en 2014 était de 61176 cas, 260 nouveaux cas d’IST ont été détectés
(jusqu’au 31 octobre), 113 Tunisiens et 147 étrangers parmi lesquels on recense 62 cas
d’infection par le VIH annonce la coordinatrice du programme national de lutte contre le sida
et les maladies sexuellement transmissibles (MST). Ces IST intéressent surtout la tranche
d’âge entre 20 et 39 ans (50% des cas). La même source signale 17 décès dus aux MST. Les
relations hétérosexuelles figurent en première place avec 44% concernant les modes de
transmission, les drogues injectables (21%) des modes de transmission, les relations
homosexuelles (4,9%) et la transmission mère-enfant (4%). Ces chiffres restent réellement
sous-estimés puisque plusieurs cas n’étaient pas déclarés.
- Concernant le papillomavirus, les études ont montré des prévalences de 6,5% à 32% de
présence de papillomavirus dans les prélèvements génitaux chez la femme Tunisienne.
- La prévalence de l’herpès génital dans la population tunisienne générale est peu décrite en
Tunisie. Dans la population générale, la prévalence d’HSV-1 (herpes oral ou génital) est de
plus de 80% chez l’adulte.
- Dans une population de femmes travailleuses de sexe, les prévalences suivantes ont été
rapportées : C. trachomatis 72.9%, N. gonorrhoeae 11.2%, HPV 44.1% et HSV-2 1.1%,
Syphilis 2.7%.

Objectif N°4 : Citer les modes de transmission des principales IST

- Les IST se transmettent principalement par des rapports sexuels non protégés mais il
existe d’autres modes de transmission des agents en cause.
La transmission de la mère à l'enfant : pendant la grossesse (VIH, VHB et syphilis),
l'accouchement (VIH, HSV, HBV, HPV, gonocoque et Chlamydia), ou après la naissance
(VHB et VIH par le lait maternel).
- Les transmissions par le sang ou produits sanguins (syphilis, VHB et VIH).
Le papillomavirus peut également être transmis à travers une brèche cutanée ou par
manuportage.
- Le virus HSV peut également être transmis par voie salivaire ou à travers la muqueuse
oculaire (manuportage/auto-inoculation)
- La trichomonose peut se transmettre également par l’utilisation de linge de toilette
humide et les sièges et eaux des w.c. ou du bain.
- La gale, dermatose fréquente, cosmpolite, est due à un acarien : Sarcoptes scabiei: la
transmission s’effectue d’homme à homme par le contact cutané direct, plus rarement
par les vêtements ou la literie.
-La phtiriose est due à Phtirus pubis, ectoparasite qui vit accroché aux poils du pubis
(retrouvé également au niveau des poils axillaires, barbe, sourcils…). La transmission est
directe, lors d’un contact intime, c’est pour cela que la phtirose est considérée comme
une IST.
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Objectif N° 5 : Décrire la physiopathologie de l’infection par le VIH.


Sera détaillé dans le chapitre VIH

Objectif N°6 : Evoquer l’étiologie d’une IST à partir des données de l’anamnèse et de
l’examen physique

1. La notion de rapport sexuel à risque, vaginal, anal ou oral et non protégé (ou protégé, mais
avec rupture de préservatif) oriente vers une IST.
Les facteurs de risques comprennent :
- Sexe féminin
- Les deux premières décennies de la vie sexuelle
- Multiplicité des partenaires sexuels
- Antécédent d’IST
- Niveau socioéconomique faible
2. Les IST peuvent avoir une expression clinique limitée à la région génitale (infection
génitale basse ou haute) ou généralisée (extra-génitale) et une expression clinique générale
(VIH, VHB).
La porte d’entrée est muqueuse (orale, génitale).
3. Les différentes IST sont regroupées en différents signes et syndromes :
- Ecoulement génitaux (urétrite ou écoulement vaginal)
- Ulcérations génitales +/- adénopathies inguinales qui peuvent être purulentes : Bubon
- Condylomes
- Leucorrhées
- Orchi-épididymite
- Syndrome inflammatoire pelvien (douleurs pelviennes)
- Conjonctivite néonatale
- Prurit, vésicules, papules, lésions de grattage, chancres scabieux (gale)

Manifestations et sphères d'expression des IST

Manifestations génitales Manifestations extra-génitales


Ulcérations cutanéo-muqueuses: Syphilis, HSV et chancre mou VIH, VHB et Syphilis
Inflammation et écoulement génital (urétrite, prostatite, orchite, cervicite,
salpingite...)
C. trachomatis, N.gonorrhoeae
Condylomes, lésions précancéreuses, carcinome : HPV

Chancre scabieux (fourreau de la verge) : gale


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Orientation diagnostique devant une ulcération génitale

HSV SYPHILIS LYMPHOGRANULOMATOSE VENERIENNE

Agent HSV1/HSV 2 T. pallidum Chlamydia trachomatis


(L1, L2 ou L3)
Lésion
primaire Vésicule Chance Papule, pustule ou vésicule

Nbre de lésion Multiples 1, pfs plus 1

Profondeur Superficielle Superficielle Superficielle

Sécrétion Séreuse Séreuse Variable

Induration - +++ ---

Douleur Brulures --- ---


Multiples ADP très inflammatoire
Ganglions Sensibles, fermes Indolores, fermes fistulisant en pomme d’arrosoir

Orientation diagnostique devant un écoulement urétral

Neisseria gonorrhoeae Chlamydiae trachomatis

Incubation 2-5 jours Plusieurs semaines


écoulement urétral purulent (aspect
Ecoulement jaune verdâtre) écoulement clair, modéré et intermittent

Objectif N°7 : Indiquer les examens complémentaires permettant d’évoquer le


diagnostic d’une IST.
Sera développé ultérieurement
Objectif N°8 : Poser le diagnostic positif d’une IST à partir des données cliniques et
paracliniques.

1. On oppose deux approches :


- L’approche syndromique (une démarche de santé publique qui se base sur les différents
syndromes observés lors des IST)
- L’approche étiologique.
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2. La démarche diagnostique et thérapeutique est basée sur un algorithme décisionnel


(approche syndromique)
- Dans l’approche syndromique recommandée par l’OMS, et que nous suivons en Tunisie : le
diagnostic est clinique, il n’est pas recommandé de faire des prélèvements microbiologiques
de façon systématique et on doit traiter de manière probabiliste les IST responsables du
syndrome présenté par le patient.
- Les caractéristiques des anti-infectieux prescrits de façon probabiliste selon l’approche
syndromique sont : Efficacité élevée (> 95%), coût faible, bonne tolérance, non inducteur de
résistance, traitement minute si possible (pour améliorer l’observance), non contre indiqué
pendant la grossesse ou l’allaitement.
- Le traitement doit s’accompagner d’une abstinence sexuelle pendant 7 jours (jusqu’au
contrôle clinique de la guérison).
- Dans le cadre de cette prise en charge selon l’approche syndromique, on doit toujours
associer des mesures préventives :
◦ Dépistage d'autres IST associées (sérologies VHB, VIH,
syphilis)
◦ Dépistage et traitement de(s) partenaire(s) sexuel(s).
◦ Changement des comportements à risque (usage des préservatifs).
◦ Vaccination conseillée contre 2 agents (HPV/VHB selon le profil sérologique de l’hépatite
B)

Objectif N°9 : Décrire les modes évolutifs et les complications des


IST.
Sera développé ultérieurement
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1. GONOCOCCIE
1.1 ÉPIDEMIOLOGIE
La gonococcie est une affection due à Neisseria gonorrhoeæ (ou gonocoque) (NG) bactérie à
Gram négatif. Elle est transmise par contact direct, essentiellement à l'occasion des rapports
sexuels avec une personne infectée, symptomatique ou non.
N. gonorrhoeae, bactérie strictement humaine, est transmise par contact direct (possible avec
les rapports oro-génitaux). Il s’agit de l’une des IST les plus répandues dans le monde.
1.2. CLINIQUE
1.2.1. Chez l’homme
Les manifestations surviennent après une période d'incubation silencieuse et contagieuse de 2
à 7 jours. L'urétrite antérieure aiguë (blennorragie) est la manifestation clinique la plus
typique. Elle est responsable de brûlures mictionnelles, d'un écoulement urétral purulent et
d'une méatite inflammatoire (avec parfois une balanite). Une infection gonococcique non
diagnostiquée et non traitée peut entraîner des complications locorégionales : abcédation,
prostatite et épididymite.
1.2.2. Chez la femme
L’infection gonococcique est le plus souvent asymptomatique (70 % des cas).
Lorsqu’elle est symptomatique, elle se manifeste le plus souvent par un tableau de cervicite
discrète avec un col d’aspect normal ou parfois inflammatoire avec du pus provenant de
l’orifice cervical. Elle peut entraîner une pesanteur pelvienne, des leucorrhées purulentes
volontiers associées à une urétrite (brûlures mictionnelles, dysurie, œdème et rougeur du
méat).
En l’absence de traitement, l’infection gonococcique peut être responsable de d’endométrite
et de salpingite avec un risque d’infertilité tubaire et de grossesse extra-utérine.
NB: Chez la femme enceinte, l’infection gonococcique peut influer sur l’évolution de la
grossesse. Elle peut également contaminer le nouveau-né, lors de son passage de la filière
génitale infectée, ce qui se manifeste le plus souvent par une ophtalmie purulente et bilatérale
dont le risque est la cécité.
1.2.3. Dans les deux sexes
-L'atteinte ano-rectale est le plus souvent asymptomatique (2/3 des cas). Elle peut entraîner
un prurit anal ou une anite avec un écoulement anal purulent.
-L’oropharyngite est le plus souvent asymptomatique. Elle peut être responsable du portage
persistant après traitement et du maintien de la chaîne de contamination vu la mauvaise
diffusion des antibiotiques dans cette localisation.
- La conjonctivite est possible (manuportage)
Dans de rares cas, le gonocoque peut être responsable d'un tableau septicémique subaigu
caractérisé par la survenue d'une fièvre et dominé par les manifestations articulaires (mono ou
oligoarthrites), péri-articulaires (ténosynovites) et cutanées (papules ou papulo-pustules
isolées de topographie distale). Des complications graves (endocardite, méningite) ont été
décrites.
1.3. DIAGNOSTIC
La bactérie peut être recherchée à partir d’un prélèvement urétral chez l’homme, endocervical
chez la femme, ou le premier jet urinaire chez les deux sexes. Un prélèvement pharyngé ou
anal peut être associé (hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes(HSH)).
a) Examen direct :
L’examen direct met en évidence après coloration des diplocoques extra et intracellulaires, à
Gram négatif « en grain de café ». La sensibilité de cet examen est excellente chez l’homme
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symptomatique. Elle est, en revanche, très faible pour les prélèvements pharyngés, ano-
rectaux et cervico-vaginaux.
b) Culture :
La culture reste l’examen de référence vu sa spécificité parfaite et la possibilité de tester la
sensibilité de la bactérie aux antibiotiques. Elle présente néanmoins un risque non
négligeable de faux négatifs (bactérie très fragile, plusieurs exigences techniques, faible
inoculum)
c) Tests d’amplification des acides nucléiques (TAAN) : La recherche par technique
moléculaire est rapide, sensible et peut être réalisée en multiplex (recherche simultanée
d’autres agents infectieux). Cependant, la principale limitation des TAAN est le risque de
faux positifs (réactions croisées avec des Neisseria non gonococciques commensales et non
pathogènes). Les indications de ce type de tests restent limitées.
1.4. TRAITEMENT DES GONOCOCCIES URO-GENITALES BASSES :
• Céphalosporine de 3ème génération (C3G) (La ceftriaxone) : une injection unique
intramusculaire de 1000 mg (IV si anomalie d’hémostase) est l’antibiothérapie de choix. Elle
permet une très bonne diffusion en cas de localisation pharyngée. Des souches résistantes aux
C3G ont été rapportées dans le monde depuis 2010 (Asie++) mais non en Tunisie.

• Les aminosides : La gentamicine à la dose de 240 mg IM en DU.


• L’azithromycine est à garder comme une 3ème alternative à la dose de 2 g en DU (troubles
digestifs fréquents).
• Les fluoroquinolones ne sont indiquées que sur antibiogramme.
ð Recommandations thérapeutiques :
• Gonococcie génitale : ceftriaxone : 1000 mg IM en DU. Un traitement anti-chlamydiae doit
être systématiquement associé (1g d’azithromycine).
• Sujet allergique aux bêta-lactamines :
gentamicine : 240 mg IM en DU
ou Azithromycine : 2g en DU
• Bactériémie à gonocoque : ceftriaxone : 2 g IM ou IV/jour pendant 7 à 10 jours
• Prostatite gonococcique : ceftriaxone : 1 g IM/jour pendant 10 à 14 jours
• Gonococcie ano-rectale : même traitement que la gonococcie urogénitale basse.

2. CHLAMYDIA TRACHOMATIS
2.1. EPIDEMIOLOGIE :
Chlamydia trachomatis (CT) est l’IST bactérienne la plus répandue dans le monde. Les
sérotypes L sont responsables d’une forme clinique particulière : la lymphogranulomatose
vénérienne ou maladie de Nicolas Favre.
Depuis quelques années, on assiste à une augmentation de l’incidence des infections à CT
chez les jeunes aussi bien chez les femmes que chez les hommes. La fréquence élevée du
portage asymptomatique dans les 2 sexes favorise la diffusion de l'infection dans la
population générale.
2.2. CLINIQUE
2.2.1. Chez l’homme
- CT est le principal agent des urétrites non gonococciques (entre 20% et 50%).
L’infection est le plus souvent asymptomatique. La présence de signes cliniques n'est
retrouvée que dans moins de 50% des cas. Il s'agit le plus souvent d'un écoulement clair,
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modéré et intermittent. Du fait de son caractère souvent asymptomatique, la complication la


plus fréquente des urétrites à CT est l'épididymite aiguë.
- CT peut également être responsable de localisations extra-génitales telles que des kérato-
conjonctivites ou des arthrites. CT est l’un des agents pathogènes classiquement impliqués
dans le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter. Il s’agit d’arthrites réactionnelles, survenant
après une urétrite, le plus souvent chez un homme jeune et associant : une conjonctivite
bilatérale, des signes articulaires et des signes cutanéo-muqueux.
- En dehors des urétrites, CT a pu être isolé dans des prélèvements pharyngés (avec ou sans
pharyngite) et également sur des prélèvements ano-rectaux.
2.2.2. Chez la femme
- La cervicite est la manifestation la plus fréquente. Elle se traduit par des leucorrhées jaunes
ou blanches, remplacées par des cystalgies, un syndrome urétral, une dyspareunie. Elle est
dans 50 à 90 % des cas totalement asymptomatique.
- Le risque est la transmission pendant la grossesse avec la survenue de pneumopathies et de
kérato-conjonctivites chez le nouveau-né.
- Les complications sont fréquentes et volontiers inaugurales à type de salpingite, d’endométrite
ou de péri-hépatites (syndrome de Fitz-Hugh-Curtis). Elles sont à l’origine d’un risque accru
d’infertilité tubaire et de grossesse extra-utérine.
2.3. DIAGNOSTIC
• La technique de biologie moléculaire avec amplification est la méthode de référence devant
être utilisée en première intention dans le diagnostic habituel pour tout type d’échantillon, tout
type de prélèvement même pauci-cellulaire et toute forme clinique d’infection à CT. La
plupart des techniques disponibles permettent la recherche combinée de CT et du gonocoque.
• Les techniques sérologiques ont une place limitée dans le diagnostic d’infection à CT en
raison de performances diagnostiques variables, et souvent médiocres en fonction de la
technique.
• Les tests de diagnostic rapide ne doivent pas être recommandés en raison de leurs faibles
performances, notamment en termes de sensibilité.

2.4. TRAITEMENT :
C. trachomatis est une bactérie intracellulaire obligatoire. Les antibiotiques recommandés
sont les cyclines, les macrolides et les fluoroquinolones.
Recommandations thérapeutiques
- Infection non compliquée à Chlamydia trachomatis :
Ø Doxycycline per os : 200 mg /jour pendant 7 jours
Ou
Ø Azithromycine : 1 g par voie orale en DU
Ces deux traitements ont une efficacité équivalente.
Les fluoroquinolones qui sont aussi efficaces doivent être gardés comme dernière
alternative à cause de leur impact écologique.
◦ On recommande l’abstinence sexuelle ou les rapports protégés avec le partenaire jusqu’à
7 jours quelque soit le protocole thérapeutique.

3. TRICHOMONOSE
3.1. Epidémiologie
- Trichomonas vaginalis est un protozoaire, parasite intracellulaire, flagellé, mobile. Parasite
strictement humain, il n’existe que sous forme végétative. Il est très sensible à la dessication
et meurt rapidement dans le milieu extérieur.
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- Trichomonas vaginalis est la première cause parasitaire d’infection sexuellement


transmissible dans le monde.

3.2. Clinique
3.2.1. Chez la femme
-L’incubation dure entre 4 et 28 jours. Dans 15 à 20 % des cas, l’infection est
asymptomatique.
La forme classique est la vulvo-vaginite aiguë (25% des vulvovaginites) associant :
- des pertes jaunes vertes continues, spumeuses, aérées, nauséabondes,
- un prurit vulvaire avec sensation de brûlure,
- des dyspareunies,
- et parfois une cystite avec dysurie, pollakiurie et brûlures mictionnelles.
L’introduction du speculum est très douloureuse. À l’examen, on note une inflammation
vulvo-vaginale avec un piqueté hémorragique très évocateur. Une cervicite est possible. Le
passage à la chronicité est fréquent avec des périodes asymptomatiques pendant lesquelles la
femme peut disséminer l’infection.
3.2.2. Chez l’homme
L’infection est asymptomatique dans 90 % des cas.
Les formes symptomatiques donnent un tableau d’urétrite en général discrète : suintement
discret avec goutte de sérosité matinale, prurit et méatite inconstants.
3.4. Diagnostic
- Chez la femme, le prélèvement s’effectue au niveau des culs de-sac vaginaux et de la glande
de Bartholin avec un écouvillon stérile imbibé de sérum physiologique.
- Chez l’homme, le prélèvement s’effectue avant toute miction matinale, on recueille la
première sérosité matinale au niveau du méat et les urines du premier jet. On peut également
trouver le parasite dans les urines.
-L’examen direct à l’état frais doit être fait le plus rapidement possible après le prélèvement
pour repérer les formes végétatives mobiles.
- Pour augmenter la sensibilité du diagnostic, la mise en culture sur milieux spécifiques est
possible.
- Des techniques de PCR pratiquées sur le 1er jet urinaire chez l’homme et sur un prélèvement
cervico-vaginal chez la femme sont disponibles et s’avèrent notamment intéressantes pour
diagnostiquer les formes peu symptomatiques chez l’homme.
Certains kits offrent une PCR multiplex combinant la recherche de Nesseiria gonorrhoeae,
Chlamydia trachomatis et Trichomonas vaginalis.
3.5. Traitement
Il repose sur la prescription d’imidazolés et dans tous les cas le traitement simultané du
ou des partenaires est indispensable.
Ø TRAITEMENT « MINUTE »
Métronidazole (FLAGYL®) 2 g per os en prise unique
Tinidazole (FASIGYNE 500®) 4 cp en une prise unique

Ce traitement est répété 15 jours après.


Ø TRAITEMENT LONG
Le traitement long est préconisé dans les formes avec signes urinaires, en cas de rechute
et chez l’homme pour éviter les atteintes prostatiques.
- Métronidazole (FLAGYL® 500) (1 cp matin et soir) pendant 10 jours (20 jours chez
l’homme). Chez la femme, un traitement local peut être associé : cp gynécologique tous
les soirs pendant 10 jours.
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4. SYPHILIS :
4.1 SYPHILIS PRECOCE
La syphilis précoce est définie par une évolution datant de moins d’un an (J0 étant par
définition le premier jour du chancre ;
• La syphilis précoce est la période de la syphilis la plus riche en tréponèmes (risque maximal
de contagion). Elle regroupe :
- la syphilis primaire (définie par la présence du chancre syphilitique).
-la syphilis secondaire (définie par les manifestations cliniques essentiellement
cutanéomuqueuses de la bactériémie syphilitique). La grande majorité des manifestations
secondaires survient dans l’année qui suit le chancre.
- la syphilis sérologique (ou latente) précoce. Affirmer qu’une syphilis sérologique est
précoce, est difficile (notion de chancre ou d’éruption secondaire récents, antériorité
sérologique récente, contage récent …).
4.1.1CLINIQUE :
4.1.1.1 Syphilis primaire
Le chancre syphilitique est constant (sauf dans la syphilis congénitale et les exceptionnelles
syphilis transfusionnelles). Le diagnostic peut cependant être difficile :
- En cas de chancre profond (cervico-vaginal, rectal, pharyngé)
- Lorsque l’ulcération n’a pas les caractères classiques du chancre syphilitique (unique,
muqueux, induré, superficiel et propre). En fait, tous les aspects sont possibles, les chancres
atypiques étant favorisés par les surinfections et les retards de consultation. D’où la règle de
penser et rechercher la syphilis devant toute ulcération génitale.
- Le chancre syphilitique est contagieux.
L’adénopathie régionale qui accompagne le chancre ne fistulise pas. Elle peut être profonde
(chancre cervical et rectal). Les chancres extra-génitaux sont possibles, en particulier
buccaux.
4.1.1.2 Syphilis secondaire
Elle succède à une syphilis primaire non traitée. Elle est inconstante (environ 1/3 des patients
infectés développeront une syphilis secondaire). Elle survient dans les six semaines après le
chancre (roséole) et toujours dans l’année qui suit le chancre (syphilides papuleuses). Lorsque
le chancre persiste au moment de l’éruption secondaire, on parle de syphilis primo-
secondaire. En principe, le chancre a déjà guéri spontanément (en deux à six semaines) sans
laisser de cicatrice (sauf s’il était très creusant).
La syphilis secondaire est plus fréquente chez les femmes et les homosexuels, chez lesquels le
chancre primaire est le moins extériorisé.
La syphilis secondaire a principalement un tropisme cutané :
- première floraison : roséole évoquant une virose ou une toxidermie,
- deuxième floraison : syphilides cutanées papulo-squameuses (très riche polymorphisme : la
grande simulatrice) évoquant une acné, une dermatite séborrhéique, une varicelle, une
leucémie aiguë, un lichen, un psoriasis, un parapsoriasis en gouttes … Les lésions sont
rarement prurigineuses, prédominant sur le tronc et le visage. L’atteinte palmo-plantaire est
évocatrice mais non spécifique. Toutes les lésions élémentaires de la dermatologie sont
possibles sauf vésicules et bulles. Les lésions cutanées ne sont contagieuses que si elles sont
excoriées, érosives ou ulcérées.
- une atteinte muqueuse est fréquente (plaques muqueuses contagieuses génito-anales et
buccales) voire une alopécie.
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4.1.1.3 Syphilis latente précoce


C’est la majorité des patients dont la syphilis remonte à moins d’un an. Seule, une sérologie
négative antérieurement (de moins d’un an) permet de l’affirmer. Par définition, l’examen
clinique est strictement normal. Une augmentation des titres des sérologies non tréponémiques
(VDRL ou RPR) (x4) dans l’année précédente, la notion d’une ulcération génitale récente, une
cicatrice de chancre, une anamnèse évocatrice de manifestations secondaires récentes sont des
éléments présomptifs avec la notion d’un (ou une) partenaire infecté(e).
Cette situation est rencontrée lorsqu’une sérologie syphilitique est pratiquée en cas de facteur
de risque ou de manière systématique. La syphilis latente précoce succède à la syphilis
primaire. Elle peut être ou non entrecoupée de manifestations secondaires.
4.2 LA SYPHILIS TARDIVE est définie par une évolution datant de plus d’un an.
C’est la période de la syphilis la moins riche en tréponèmes (contagiosité). Elle regroupe la
syphilis tertiaire (définie par les manifestations viscérales de la syphilis tertiaire : cardiaques
et neurologiques), et la syphilis sérologique (ou latente) tardive.
• Toutes les sérologies syphilitiques d’ancienneté indéterminée sont, par principe,
considérées, quel que soit leur taux, comme appartenant à cette phase de syphilis latente
tardive (plus d’un an d’évolution).
4.3. DIAGNOSTIC :
La syphilis est due à T. pallidum. Aucun examen ne permet à ce jour de différencier les
différents sous types de T. pallidum. Le diagnostic de la syphilis est donc un diagnostic de
tréponématose. Les tréponèmes ne se cultivent pas, les moyens diagnostiques sont la clinique,
les techniques de diagnostic direct (PCR) et la sérologie.
4.3.1 Technique de diagnostic direct :
L’amplification moléculaire est une technique, très spécifique, a une sensibilité variant de 75 à
87%. Devant une ulcération génitale, il faut privilégier les kits en multiplex qui permettent de
rechercher d’autres agents d’IST. L’indication principale des techniques moléculaires est la
syphilis congénitale.
4.3.2 Sérologies de la syphilis
Le diagnostic de la syphilis repose sur la sérologie. Ce sont, en fait, des sérologies des
tréponématoses ; aucune ne permet de différencier la syphilis des tréponématoses non
vénériennes. Deux types de sérologies sont disponibles : les tests tréponémiques TT et les
tests non tréponémiques TNT.
4.3.2.1 Sérologies tréponémiques :
Plusieurs techniques sont disponibles dont essentiellement :
- TPHA (Treponema Pallidum Haemagglutination Test) : seuil de positivité 1/80 et permet
une titration des anticorps. Les faux positifs sont exceptionnels. Le test reste positif après
traitement (sauf traitement très précoce)
- Tests immuno-enzymatiques : (ELISA, EIA, chimiluminiscence) sont de plus en plus
utilisés. Ces techniques sont automatisables et possèdent une excellente sensibilité et
spécificité.
- FTA-Abs : technique de titrage des anticorps par immunofluorescence indirecte. Seuil de
positivité 1/200. Il s’agit d’une technique très sensible et spécifique mais couteuse en
routine.
4.3.2.2 Sérologies non tréponémiques (non spécifiques) (réaginiques) : TNT
Tels que le VDRL (Venereal Diseases Research Laboratory) ou le RPR (Rapid Plasma
Reagin) qui permet de mettre en évidence des réagines syphilitiques avec un antigène pariétal
de la bactérie (cardiolipide++). Ces tests permettent de titrer les anticorps et se négativent
après traitement. Les faux positifs sont fréquents (lupus, grossesse, cancer, autres maladies
infectieuses, etc.)
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4.3.2.3 Cinétique des anticorps :


Les sérologies se positivent quelques jours après le début du chancre (J0 étant par définition
le début du chancre) (figure 1)
Ø Le FTA-abs vers J5-J7
Ø Le TPHA, les techniques immuno-enzymatiques vers J7-J10
Ø Le VDRL vers J10 – J15

• Une sérologie négative n’élimine pas le diagnostic de syphilis primaire.


• Le titre du VDRL au cours de la syphilis primaire dépend de l’ancienneté du chancre : le
titre augmente avec le temps.
• Les sérologies de la syphilis atteignent un titre maximum vers le 6ème mois, correspondant,
lorsqu’elle existe, à la phase secondaire.
• Au stade secondaire, toutes les sérologies (tréponémiques et non tréponémiques) sont
positives. Exceptionnellement, le VDRL/RPR est négatif (phénomène de zone dû à un excès
d’anticorps) : la dilution du sérum permet de démasquer la positivité du VDRL (le TPHA
étant toujours positif).
• De rares cas de syphilis secondaire à sérologie (TPHA et VDRL) négative ont été observés
chez les patients VIH +.
• Dans tous les cas, une sérologie syphilitique discordante avec la clinique doit conduire à
vérifier l’absence d’une erreur d’identité ou de technique.
• L’interprétation des sérologies est facilitée par la comparaison aux sérologies antérieures. Il
est préférable de les effectuer dans un même laboratoire et par la même technique.
• L’intérêt du dosage des IgM est extrêmement limité. Le FTA IgM en particulier est peu
sensible. Sa positivité n’implique pas une infection récente. Elle est, cependant corrélée à
l’évolutivité de l’infection quelle que soit son ancienneté
• Le diagnostic sérologique est plus difficile en cas de recontamination du fait de la positivité
antérieure des tests.
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Figure 1 : Cinétique des anticorps au cours de la syphilis

4.3.2.4 Interprétation (voir Annexe 2):


En fonction des résultats des deux types de tests TT et TNT, plusieurs situations sont
possibles :
TT + /TNT + (TPHA ou EIA/VDRL ou RPR) : tréponématose, selon le contexte et les taux
du VDRL, évolutive ou guérie

TT + / TNT - : Cicatrice sérologique d’une syphilis connue ou non (ou cicatrice


sérologique d’une tréponématose non vénérienne), ou une syphilis débutante, ou un
exceptionnel faux positif des TT

TT - / TNT + : faux positif très probable. Il faut rechercher dysglobulinémies, cirrhose,


viroses (mononucléose infectieuse, hépatite, VIH), lupus érythémateux systémique,
sclérodermie, toxicomanie intra-veineuse, grossesse et syndrome des antiphospholipides.

TT - / TNT - : pas de tréponématose. En cas de suspicion de contamination récente, répéter


la sérologie. Tenir compte du délai de séroconversion (3 à 5 semaines après la contamination,
mais il existe des cas de 3 mois).

4.3. TRAITEMENT :
Syphilis précoce :
Benzathine pénicilline G : 1 injection de 2,4 Millions d’unités en
IM. - garder le patient sous surveillance pendant 30 minutes
- avoir un matériel d’urgence prêt et en bon état.
Le traitement de la syphilis tardive (sans neurosyphilis) : Benzathine pénicilline G :
1 injection IM de 2,4 Millions d’unités / semaine x 3 semaines.
Le traitement de la neurosyphilis repose sur la Pénicilline G : 18 à 24 millions d’unités/j en
intraveineuse pendant 10 à 14 jours.

Cas particuliers :
◦ Allergie aux bétalactamines : doxycycline 100 mg x 2/jour per os pendant 14 jours.
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En cas d’impossibilité d’administrer des tétracyclines (allergie, grossesse), une


désensibilisation à la pénicilline est nécessaire (il s’agit en fait d’une induction de tolérance
limitée dans le temps).
◦ Réaction d’Herxheimer : Elle est quasi constante dans la syphilis précoce, le plus souvent
sans gravité (aggravation des manifestations cliniques, fièvre, céphalées, éruption), elle ne
doit pas être confondue avec une allergie aux béta-lactamines. Il faut prévenir le patient +++
et lui prescrire un antipyrétique (paracétamol) et corticoïdes. Les deux situations à risque sont
le petit enfant et la femme enceinte.

5.4. SURVEILLANCE APRES TRAITEMENT


5.4.1 Surveillance clinique
Le chancre et l’éruption secondaire disparaissent en 3-15 jours
5.4.2 Surveillance sérologique
VDRL: à 3/6/12/24 mois
• VDRL divisé par 4 à 6 mois sinon à retraiter
• VDRL doit être négative 1 an après le traitement de syphilis primaire et 2 ans
après syphilis secondaire

Traitement des partenaires


En cas de contact sexuel avec une personne ayant la syphilis : examiner le patient contact :
- Si contact > 6 semaines : Faire Sérologie de la syphilis
Ø si + : traiter
Ø si - : refaire à 3 mois
- Si contact < 6 semaines : traiter systématiquement le patient contact (une injection de
Benzathine pénicilline)

Autres infections génitales

1. HERPES GÉNITAL
L’herpès génital est la première cause d’ulcère génital. L’atteinte est habituellement bénigne,
mais il peut parfois y avoir un retentissement sur la qualité de vie notamment en cas de
récurrence. L’infection par HSV est un co-facteur important de la transmission du VIH.
1.1 Épidémiologie :
• Réservoir : L’homme.
• La transmission sexuelle :
- s’effectue à partir de sécrétions génitales ou orales contaminées ou des lésions riches en
virus, à travers les muqueuses (génitales, anales ou orales). Elle est plus importante si les
lésions sont symptomatiques mais elle est possible au cours d’une excrétion virale
asymptomatique.
- La transmission se fait par voie génitale (essentiellement pour HSV2) ou oro-génitale
(HSV1). Une contamination génitale par HSV1 et orale par HSV2 est également possible et
est de plus en plus rapportée.
- La transmission du HSV-2 s’effectuerait plus facilement dans le sens homme-femme
- L’infection HSV-1 est caractérisée par une excrétion virale asymptomatique moins
fréquente, une fréquence de transmission plus faible et par une fréquence des récurrences plus
faible que HSV2
• La primo-infection génitale (HSV-2 ou HSV-1) est observée, principalement chez
l’adolescent ou l’adulte jeune, lors des premiers rapports sexuels
• La séroprévalence HSV-2 est habituellement de 10 à 20% dans la population générale, elle
est plus élevée chez les patients à comportement à risque sexuel et les co-infectés par le VIH
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1.2 Clinique :
1.2.1 Définitions :
- La primo-infection : correspond à un premier contact avec l'un des deux types viraux HSV1
ou HSV-2, elle peut être symptomatique ou non. Elle s’accompagne d’une séroconversion des
anticorps.
- L’infection initiale non primaire : correspond au premier contact génital infectant chez un
sujet ayant déjà des anticorps anti-herpès dirigés contre l’autre type viral.
- Réactivations : périodes de reprises de la réplication virale après les périodes de latence
(ganglions sensitifs sacrés). Elles surviennent soit sous la forme de récurrence clinique, soit
sous la forme d’excrétion virale asymptomatique. L’excrétion virale asymptomatique est le
mode majeur de transmission de l’herpès génital
1.2.2 La primo infection :
- Elle est le plus souvent asymptomatique (50 à 90 %).
- L’incubation est de 4 à 6 jours en moyenne (2 à 20 jours)
- Se caractérise par des vésicules très douloureuses et une fièvre. Les vésicules évoluent vers
des érosions multiples groupées en bouquet au sein d'un érythème, avec de multiples
adénopathies de petite taille, sensibles et fermes. Les lésions siègent chez l’homme sur le
fourreau, le prépuce ou le gland. La localisation anale est également possible.
- La symptomatologie est plus fréquente et souvent plus sévère chez la femme (vulvovaginite
/ vulvite aigue œdémateuse, érosive hyperalgique)
- Complications possibles :
◦ rétention aigue d’urines, atteinte cervicale.
◦ Pharyngite, hépatite fulminante, méningite, radiculopathies sacrées, encéphalite, myélite et
syndrome de Guillain-Barré ont été exceptionnellement rapportés.
◦ Une dissémination cutanée ou viscérale est exceptionnelle chez les patients
immunocompétents.
- L’évolution des lésions herpétiques de primo-infection s’effectue en 1 à 2 semaines, et ces
lésions disparaissent spontanément en 4 à 6 semaines sans laisser de cicatrice. La durée de
l’excrétion virale est en moyenne de 8 jours mais peut atteindre 20 jours, au cours desquels la
contagiosité persiste. Elle est de 2 à 4 jours en cas de récurrence.
1.2.3 Latence :
Elle est cliniquement silencieuse
1.2.4 Récurrence :
• La récurrence est l’expression clinique de la réactivation virale. Elle est favorisée par
différents facteurs : épisodes fébriles, stress, menstruations, effet mécanique des rapports
sexuels…
• Les récurrences cliniques surviennent chez 20 à 50% des patients porteurs d’anticorps anti-
HSV. Elle est plus fréquente dans les 18 mois suivant la primo-infection, après une primo-
infection grave et quand elle survient à un âge précoce.
• Le tableau clinique est moins bruyant qu’au cours de la primo-infection et de durée plus
courte. Des prodromes à type d’hypoesthésie ou de dysesthésies sont fréquemment notés dans
les 24 heures précédant l’éruption, caractérisée par un bouquet vésiculo-pustuleux, évoluant
vers de petites érosions confluentes à contours polycycliques. Il s’y associe dans 50 % des cas
une adénopathie sensible ; le siège est relativement fixe pour un même patient.
• Des variantes cliniques sont possibles : discrètes érosions, fissures, œdème localisé d’une
lèvre…
1.2.5 L'herpès génital au cours de la grossesse :
Il expose au risque de transmission périnatal, avec possibles formes redoutables d'herpès néo-
natal.
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1.3 Diagnostic :
1.3.1 Indication :
Le diagnostic de l’herpès génital est essentiellement clinique. Le diagnostic virologique de
l’herpès génital est recommandé essentiellement devant une présentation atypique ou encore
chez la femme enceinte (rechercher une excrétion virale asymptomatique) pour prévenir la
transmission mère-enfant.
1.3.2 Prélèvement :
- Prélèvement vaginal
- Prélèvement d’une vésicule : Choisir une lésion fraiche, avant tout traitement local, le toit
des vésicules doit être percé, le liquide des vésicules récupéré à l’aide d’une seringue ou
écouvillon.
- Si c’est une ulcération : le plancher des ulcérations doit être gratté de façon appuyée.
1.3.3 Techniques virologiques :
- Le diagnostic direct est effectué par PCR essentiellement (plus sensible, spécifique et
rapide), Il peut être également possible par culture (isolement viral) et par la recherche
d’antigènes (non adaptée à la recherche d’une excrétion virale asymptomatique). Le
diagnostic direct permet de distinguer les deux types HSV 1 et HSV2. L’efficacité de
diagnostic direct dépend de la qualité du prélèvement (lésion jeune, vésicule) et de transport
(acheminement rapide, milieu de transport)
- La sérologie : permet de définir l’état immunitaire du patient. Elle n’a pas de place dans le
diagnostic positif de l’ulcération herpétique. En cas de primo-infection, une séroconversion
peut être mise en évidence sur deux prélèvements à deux semaines d’intervalle. Les IgM ne
permettent pas de distinguer une primo-infection d’une réactivation virale.
1.4 Traitement :
Les molécules dont l’efficacité a été démontrée dans le traitement de l’herpès génital (HSV-1
et HSV-2) sont l’aciclovir et le valaciclovir.
Recommandations thérapeutiques
1.4.1 Herpès génital : primo-infection et premier épisode clinique
Aciclovir per os : 200 mg x 5/ j (IV : 5mg/kg toutes les 8 h) pendant 7 à 10
jours ou valaciclovir 500 mg x 2/ j per os pendant 10 jours
En aucun cas, ce traitement ne prévient la survenue ultérieure de récurrences.
1.4.2 Herpès génital : récurrences
Aciclovir, valaciclovir sont efficaces dans cette indication mais n'ont d'intérêt que dans les
épisodes potentiellement importants et/ou prolongés.
L’efficacité dépend de la rapidité d’instauration du traitement, dès l’apparition des prodromes.
- Aciclovir (200 mg x 5 / j) per os pendant 5 jours
- ou Valaciclovir (500 mg x 2/ j) per os pendant 5 jours
1.4.3 Herpès génital : traitement préventif des récurrences
Chez les patients présentant au moins 6 récurrences annuelles : Valaciclovir : 500 mg/ j per os
en une prise. Une durée minimale d’un an de traitement est nécessaire.
1.5 Prévention
Ce sont les mesures générales de prévention contre les IST.
Il n’existe pas de vaccin contre HSV.
- L’information et l’éducation des patients ayant un herpès génital sont les éléments clés de la
prévention, en particulier pour la gestion de la transmission au sein de couples stables
serodiscordants.
- Chez le partenaire d’un sujet ayant de l’herpès génital, la détermination du statut
immunitaire anti-HSV2 pourrait être pertinente.
- Si le partenaire est séronégatif HSV-2, les mesures de prévention devront tenir compte du
statut clinique du partenaire infecté, le risque de transmission étant surtout élevé dans l’année
suivant la primo-infection et dépendant du nombre de récurrences (>6/an). Il faut rappeler que
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la transmission peut se faire même en dehors de symptômes cliniques (excrétion virale


asymptomatique)
- L’abstinence sexuelle est recommandée en présence d’ulcérations ou de symptômes
évocateurs d’herpès génital.
- L’efficacité de l’utilisation de préservatifs en présence de lésions ulcérées est controversée.

2. INFECTIONS A PAPILLOMAVIRUS :
2.1 Épidémiologie :
• Réservoir : homme
• Mode de transmission :
- Le PVH se transmet principalement par contact sexuel. Le contact génital peau contre peau
est un mode de transmission possible.
- Le mode de contamination des condylomes est le plus souvent sexuel ; une auto-
contamination ou une allo-inoculation de verrues digitales sont possibles ; une transmission
non sexuelle indirecte est possible (objets de toilette souillés, bain partagé…). La
transmission verticale au cours de l’accouchement est possible.
- Le risque de transmission après un contact sexuel avec une personne infectée par le PVH est
plus important de la femme vers l’homme (50 à 90 % des cas) que dans le sens inverse
(50%).
- Les condylomes acuminés sont très courants et hautement contagieux.
• Fréquence :
- Le PVH représente un groupe de virus extrêmement courants dans le monde. Les infections
à PVH sont parmi les IST les plus fréquentes dans le monde (5 % de la population présentera
des lésions cliniques)
- La prévalence est en augmentation dans tous les pays.
- Les personnes sexuellement actives ont un risque de présenter une infection à PVH pour 80
à
85 % d’entre elles. L’infection a lieu le plus souvent au début de l’activité sexuelle.
- Il existe plus de 200 types de PVH, dont au moins 13 sont cancérogènes (virus à haut
risque).
- La quasi-totalité des cas de cancers du col de l’utérus sont attribuables à l’infection à PVH.
Le PVH est corrélé à des cancers moins fréquents : de l’anus, de la vulve, du vagin et du
pénis.
- Deux types de PVH (16 et 18) provoquent 70% des cancers et des lésions précancéreuses du
col de l’utérus. Les autres PVH oncogènes sont essentiellement PVH 31, 33, 35 et 45.
- PVH à faible risque oncogène (6 et 11) sont responsables de tumeurs bénignes (Les
condylomes externes)
- Dans la grande majorité des cas, l'immunité induit la clairance (élimination) des PVH,
(Environ 90% dans les deux ans). Plus le temps d’élimination du virus est long, plus le risque
de persistance et de carcinogénèse s'accroît. Ainsi, les personnes immunodéprimées éliminent
moins facilement le PVH, ce qui explique la sensibilité des personnes vivant avec le VIH au
cancer du col de l'utérus chez la femme et au cancer de l'anus chez l'homme.
- La carcinogénèse est multifactorielle : statut immunitaire, facteurs génétiques et exogènes
(ex : tabagisme).
2.2 Diagnostic Clinique :
- Le diagnostic de condylomes est clinique le plus souvent très caractéristique. La palpation
des lésions à la recherche d’une infiltration fait partie de l’examen. Elle est particulièrement
utile pour les lésions vulvaires et les lésions de la marge anale.
- Les condylomes acuminés ou végétations vénériennes sont les plus fréquents (verrues
génitales). Elles sont exophytiques, plus ou moins kératosiques, selon leur topographie,
blanchâtres, papillomateuses, souvent multiples, parfois confluentes.
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- Chez l’homme circoncis les lésions siègent principalement sur le fourreau de la verge. Une
atteinte méatique ou urétrale est possible, très distale (dernier centimètre) dans la majorité des
cas. Elle doit être systématiquement recherchée.
- Une atteinte péri-anale, plus fréquente chez l’homosexuel, est possible chez l’hétérosexuel,
d’autres localisations plus rares : scrotum, plis inguinaux.
- Chez la femme, les lésions externes affectent le vestibule, les lèvres, le clitoris et sont
associées dans 1/3 des cas à des atteintes cervicales ou vaginales.
- Les atteintes urétrales sont plus rares. Des atteintes péri-anales sont associées chez 20 % des
femmes ayant une atteinte vulvaire. Les lésions endo-anales sont favorisées par les rapports
réceptifs anaux, la présence de lésions péri-anales, l’existence d’une immunodépression. Les
localisations orales, laryngées ou conjonctivales sont très rares chez l’immunocompétent.
2.3 Bilan :
- L'existence de lésions externes implique la pratique d’un bilan d’extension aux sites pour
lesquels le risque néoplasique est identifié, le dépistage des IST associées, l’examen des
partenaires et la prise en compte du terrain (immunodépression).
- Bilan loco-régional (uréthroscopie, anuscopie) : Il vise à rechercher une atteinte multifocale.
- Dépistage des IST associées
- Le diagnostic virologique de l’infection à HPV repose essentiellement sur le diagnostic
direct par biologie moléculaire (PCR essentiellement). Toutefois, cet examen n’est pas
systématiquement réalisé en routine devant une lésion évoquant PVH.
- Le dépistage du cancer du col repose sur trois types de tests de dépistage :
(i) le frottis et la cytologie en couches minces ;
(ii) l’inspection visuelle à l’aide d’acide acétique ;
(iii) le dépistage pour les types de PVH à haut risque.
2.4 Traitement :
- On ne dispose pas de traitement antiviral efficace utilisable sur les condylomes. L’objectif
est la disparition des lésions visibles. Le traitement repose sur une collaboration
multidisciplinaire.
- Tous les traitements ont un taux d’échec d’au moins 30 % et des taux élevés de récidives à 3
mois.
- Les traitements peuvent-être chimiques (Podophyllotoxine, 5 fluorouracile, Acide
trichloracétique) ou physiques et chirurgicaux (Cryothérapie,Laser CO2, Excision
chirurgicale,
Électrocoagulation à l’anse diathermique).
- Prévention : Vaccination anti-papillomavirus humain
Il existe deux vaccins qui protègent contre les PVH 16 et 18. L’un de ces vaccins protège
également contre les PVH de types 6 et 11 qui sont à l’origine de condylomes ano-génitaux.
L’OMS recommande de vacciner les jeunes filles de 9 à 14 ans (M0, M2, M6) car c’est la
mesure de santé publique la plus rationnelle pour lutter contre le cancer du col.
Les adolescentes sont la cible privilégiée de la vaccination anti-PVH avant le début de leur
activité sexuelle car l'infection à PVH a une prévalence chez les jeunes filles dès leurs
premiers rapports et leur réponse immunitaire est satisfaisante.
La vaccination contre le PVH ne remplace pas le dépistage du cancer du col.
3. I.S.T. MINEURES
Les IST mineures comportent certaines ectoparasitoses cutanées et les molluscums
contagiosums.
3.1 Ectoparasitoses cutanées :
Les ectoparasitoses cutanées (gale et phtiriose) sont considérées comme des IST mineures : il
n’existe pas de complications gynécologiques ou urologiques.
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3.1.1 La gale :
- Il s’agit d’une ectoparasitose interhumaine due à Sarcoptes scabiei. La durée de survie du
parasite en dehors de l’homme est brève (1 à 2 jours). En dessous de 20°, l’acarien femelle est
immobile et meurt rapidement. Au-dessus de 60°, l’acarien meurt en quelques minutes.
- L’incubation est de 3 semaines, plus courte en cas de ré-infestation (quelques jours). Le
diagnostic est essentiellement clinique : prurit à recrudescence nocturne, souvent à caractère
familial. L’examen clinique recherche de vésicules et des lésions de grattage dans les espaces
interdigitaux, la face antérieure des poignets, l’emmanchure antérieure des aisselles, les
mamelons (chez la femme), l’ombilic, le fourreau de la verge (présence de lésions papuleuses,
excoriées, prurigineuses : c’est le chancre scabieux), la face interne des cuisses. Les signes
spécifiques sont plus rarement retrouvés (sillon scabieux et éminence acarienne).
- En cas de déficit immunitaire (y compris iatrogène type corticothérapie générale ou locale),
les lésions sont étendues, la prolifération parasitaire est importante : c’est la gale profuse voire
hyperkératosique.
- La gale hyperkératosique (ex « norvégienne ») est une gale non prurigineuse localisée ou
généralisée. Elle est caractérisée par une prolifération parasitaire majeure. Elle se développe
le plus souvent chez des patients âgés et/ou immunodéprimés.
- Le diagnostic peut être apporté par la dermoscopie qui montre des signes caractéristiques.
Le prélèvement parasitologique au niveau des vésicules et des sillons recherche les adultes,
les œufs et les déjections du scarcopte. Un prélèvement négatif n’exclut pas le diagnostic qui
est essentiellement clinique. Il n’est pas nécessaire d’effectuer un bilan sanguin qui peut
objectiver à l’hémogramme une discrète hyperéosinophilie
- Parmi les complications, on note essentiellement le prurit post scabieux (2 à 4 semaines) et
l’impétiginisation des lésions (dans les pays en développement la gale impétiginisée est une
cause fréquente de glomérulonéphrite aiguë).
-Le traitement doit concerner les sujets atteints de gale et l’entourage familial. Il doit se faire
dans le même temps pour éviter les recontaminations
- Le traitement doit concerner les sujets atteints de gale et l’entourage familial. Il doit se faire
dans le même temps pour éviter les recontaminations.
- benzoate de benzyle à 10 % (ou 25 %) sur peau humide : durée d’application de 12 à 24
heures; sur l’ensemble du corps à l’exception du visage. on peut renouveler l’application au
bout de 24 heures. Le produit peut être à l’origine d’une irritation ou d’une eczématisation.
- ou ivermectine : 200 microgrammes par kg de poids en dose unique soit 3 à 6 cps à 3 mg
; une deuxième cure 8 à 15 jours plus tard est systématique.
- Le crotamiton (Prurex®) a surtout un effet antiprurigineux.
- La gale profuse ou hyperkératosique relève d’une prise en charge spécialisée en milieu
hospitalier.
- La propagation de la gale par l’intermédiaire de vêtements contaminés est une éventualité
assez rare. On recommande de laver les vêtements et la literie à 60° ou de les laisser pendant
48h en contact avec la poudre Aphtiria® (Lindane) puis de les laver normalement.
3.1.2 La phtiriose :
- Il s’agit d’une ectoparasitose due à Phtirius pubis.
- Le diagnostic clinique se résume à un prurit pubien associé à des excoriations cutanées de la
région génitale.
- Le traitement fait appel au rasage associé à un antiparasitaire local (Benzoate de benzyle).
Les vêtements et la literie seront également décontaminés (simple lavage à 60° ou Poudre
Aphtiria). Le partenaire sexuel sera traité de la même façon.
3.2 Molluscum contagiosum :
- Les molluscums contagiosums sont dus à un virus à ADN du groupe des Poxvirus. La lésion
élémentaire est une papule perlée rose ou translucide, de 1 à 5 mm de diamètre, avec une
ombilication centrale (la pression laisse échapper un matériel blanchâtre).
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- On distingue 3 formes cliniques :


◦ forme éruptive de l’enfant : semis de lésions sur le visage, les aisselles, le tronc.
◦ forme profuse de l’immunodéprimé : les lésions prédominent sur le visage, le cou, le
territoire de la barbe et font discuter d’autres infections opportunistes (cryptococcose,
histoplasmose) ; il existe parfois des lésions isolées, géantes, hyperkératosiques, simulant un
kératoacanthome ou un carcinome basocellulaire.
◦ la forme éruptive de l’adulte immunocompétent: les lésions s’étendent sur le pubis,
l’hypogastre et les organes génitaux externes. Il s’agit alors d’une IST.
- Le diagnostic est clinique. Exceptionnellement une biopsie est nécessaire mettant en
évidence un effet cytopathogène caractéristique.
- Les traitements physiques sont parfois douloureux et peuvent nécessiter une anesthésie
locale de contact.
Recommandations thérapeutiques : Molluscum contagiosum
- Curetage : enlève toute la lésion ; la méthode est efficace mais sanglante ;
- Cryothérapie par azote liquide : nécessite souvent plusieurs applications à 2 ou 3 semaines
d’intervalle
- Destruction par électrocoagulation ou laser CO2 : risque cicatriciel
- Traitements chimiques locaux : acide trichloracétique à 33 %, rétinoïdes locaux ou
l’imiquimod à 5 % peuvent apporter un certain bénéfice.
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ANNEXE 1

Tableau récapitulatif

Syndrome Agent infectieux/ Nature Présence en Mode de transmission


Infection Tunisie
Virus Herpes Simplex de Virus Oui Sexuelle Mère-enfant
type 1 ou de type 2 (HSV1 / (accouchement), Salivaire Auto-
HSV2) :
Herpès génital inoculation (manuportage)
Treponema pallidum : Bactérie Oui Sexuelle, Materno-fœtale
Chance syphilitique (grossesse), sanguine
Haemophilus ducreyi : Bactérie Non Sexuelle
Ulcérations cutanéo- Chancre mou (Afrique de
l’Est)
Muqueuses Chlamydia trachomatis (type L) Bactérie Non (en Sexuelle
Maladie de Nicolas Favre Inde,
ou Afrique et
Lymphogranulomatose Amérique
vénérienne (LGV) du Sud)

Inflammation et Neisseria gonorrhoeae Bactérie Oui Sexuelle,


écoulement génital Mère-enfant (accouchement)
(urétrite, prostatite, Chlamydia trachomatis Bactérie Oui Sexuelle,
orchite, cervicite, (sérovars D-K) Mère-enfant (accouchement)
salpingite...)
Trichomonas vaginalis : Protozoaire Oui Sexuelle,
trichomonase Mère-enfant (accouchement)
Tumeur, condylomes, Papillomavirus (HPV) Virus Oui Sexuelle Mère enfant, Cutanée,
lésions précancéreuses, Auto-inoculation (manuportage)
carcinome
Le virus de l’hépatite B Virus Oui Sexuelle Mère-enfant
(VHB) (accouchement, in utéro,
allaitement),
Sanguine
Le virus de Virus Oui Sexuelle Mère-enfant
Maladie générale l’immunodéficience humaine (accouchement, in utéro,
(VIH) allaitement),
Sanguine
Treponema pallidum : Bactérie Oui Sexuelle, Mère-enfant
(accouchement, in utéro),
Syphilis Sanguine
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ANNEXE 2
Interprétation de la sérologie syphilis

VDRL TPHA Diagnostic Exploration complémentaire


(TNT) (TT)

- - Syphilis exclue ou refaire dans 15j


contamination très récente " Séroconversion (3-5 sem après
contamination)

+ + Forte suspicion Test de confirmation ou 2ème sérum


" Séroconversion

- + Cicatrice sérologique d’une Clinique +/- un autre test


syphilis traitée ou ancienne sérologique
(traitée ou non ou Ou 2ème sérum
Syphilis récente débutante, " Séroconversion
Exceptionnel: faux positif TT

+ - Faux positif VDRL très A confirmer par FTA ou 2ème sérum


probable " Séroconversion
++++

Fausse sérologie syphilitique


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L’infection par le VIH

Dernière version 2022

1. INTRODUCTION
L’infection par le VIH ou infection rétrovirale est une maladie infectieuse émergente, à
déclaration obligatoire, déclarée en 1981 aux USA et découverte en 1983 en France.

C’est une maladie cosmopolite qui sévit en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud est.

Aucun traitement curatif n’existe à ce jour. La trithérapie a changé le profil évolutif sombre
de la maladie depuis son introduction en 1996.

La prévention individuelle, en l’absence de vaccination, reste le seul moyen efficace pour


enrayer la propagation de la pandémie.

2. EPIDEMIOLOGIE
Depuis 1981 et jusqu'à juin 2017, l'infection à VIH a touché 76,1 millions de personnes. Elle
a entrainé le décès de 35 millions d'âmes. L’infection par le VIH touche 36,7 millions de
personnes au monde dont 70% vivent en Afrique subsaharienne. L'OMS a dénombré 1,8
millions de nouvelles infections en 2016 et 1 million de décès. Selon les sources de l'OMS, 20
millions uniquement étaient sous traitement anti-rétroviral.

En Tunisie, le premier cas a été détecté en décembre 1985. Depuis le début de la pandémie
et jusqu'au 31 décembre 2017, nous avons dénombré 2525 cas. L’incidence est de 60-170
nouveaux cas/an parmi les tunisiens et jusqu'à 270 par an parmi les non tunisiens. Le sex-
ratio est toujours en faveur des hommes (2,05 en 2017) malgré une féminisation de
l'épidémie. Le taux d'incidence en 2017 était de 1,46/100.000 habitants en comptant les cas
tunisiens et non tunisiens. Le taux de prévalence était de 0,016% en 2017. A la fin 2016,
nous avons dénombré 1719 personnes vivant avec le VIH en Tunisie. A la fin 2019, nous
avons dénombré 1242 patients sous anti-rétroviraux.

Le VIH1 est ubiquitaire, VIH2 sévit en Afrique de l’ouest. L’infection est plus fréquente chez
les hommes avec une féminisation de l'épidémie depuis une dizaine d'années (4/1 en 2000 à
2/1 en 2014). La voie de transmission est dominée par la voie homosexuelle, la toxicomanie
avec échange de seringue et la voie hétérosexuelle.

3. MODES DE TRANSMISSION
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Les VIH peuvent être isolés dans la plupart des liquides biologiques : sang, sperme,
sécrétions vaginales, lait maternel, salive, larmes, LCR, urine. Le risque de transmission est
lié à la charge virale (CV) dans le liquide biologique infecté. Cette charge virale n’est élevée
que dans le sang et les secrétions génitales. De plus, les VIH sont des virus enveloppés, et
par conséquent fragiles, qui ne peuvent se transmettre que suite à des contacts
interhumains étroits.

Ainsi, les voies de transmission des virus sont :

3.1. Voie sexuelle :


C’est la voie principale (9 cas/10). Un seul rapport suffit à la transmission. L’homme est plus
contaminant que la femme. Certains facteurs majorent le risque : pénétration anale,
menstruations, infection sexuellement transmissible associée, ulcérations génitales, rapport
violent.

3.2. Voie sanguine :


- Transfusion : depuis le contrôle systématique du sang depuis 1986, le risque résiduel
est insignifiant. On parle de sécurité du sang depuis 1987.
- Piqure accidentelle : le risque est de 0,4% si l’aiguille est creuse, remplie de sang, si
la piqure est profonde et sans gants.
- Echange de seringues souillées : le risque est de 0,67%.
- Voie materno-fœtale : Presque exclusive de VIH1. Le risque est majeur pendant le
travail et l’accouchement vu le risque de mélange entre le sang fœtal et maternel. La
transmission peut être précoce, trans-placentaire, en particulier à la fin du troisième
trimestre. Le risque spontané de transmission est de 20-40%.
3.3. Autres voies:
- L’allaitement : la contamination par le lait maternel est confirmée ce qui interdit
l’allaitement. La durée de l'allaitement > 6 mois augmente le risque de transmission.
- Salives, larmes : la contamination est nulle sauf en présence de blessure labiale ou
orale.
- Moustiques et piqures d'insectes : aucune transmission
4. CARACTERISTIQUES VIROLOGIQUES :
4.1. TAXONOMIE :
Les VIH sont des virus à ARN appartenant à la famille des Retroviridae et au genre
lentivirus avec deux types : le VIH-1 et le VIH-2. Les rétrovirus ont en commun la capacité
de transcrire l’ARN en ADN grâce à la transcriptase reverse ou inverse ou rétrotranscriptase
(RT).
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4.2. STRUCTURE DE LA PARTICULE VIRALE :


La morphologie et la structure des VIH-1 et 2 sont sensiblement identiques. Il s’agit de virus
de forme sphérique, à génome segmenté et possédant une enveloppe responsable de la
fragilité virale.

La particule virale du VIH-1 est constituée de (figure 1):

- Une enveloppe sur laquelle sont ancrées les glycoprotéines de surface : la gp120
(sous-unité de surface) et la gp41 (la sous-unité transmembranaire)
- Une matrice (p17) qui tapisse la face interne de l'enveloppe.
- Une capside qui est formée par l'assemblage de la protéine majeure p24.
- Trois principales enzymes qui sont la rétrotranscriptase (RT), la protéase (P) et
l'intégrase (I)
- Un Génome viral qui est constitué de deux molécules d’ARN linéaire,
monocaténaires identiques de polarité positive.
Le génome code pour les protéines virales.
ü le gène gag: code pour une polyprotéine qui sera clivée, par la protéase virale, en
protéines de capside et de matrice.
ü le gène pol: code pour les trois enzymes : la RT, la P et l'I.
ü le gène env: code pour une protéine précurseur (la gp160) qui sera clivée en
gp41 et gp120
ü Six gènes de régulation codant pour des protéines importantes pour la régulation
de la multiplication virale
4.3. CYCLE DE MULTIPLICATION VIRALE
Le cycle viral comporte plusieurs étapes

- Attachement : L’attachement du VIH sur la cellule cible passe par l’interaction de la


gp120 avec son récepteur spécifique qui est la molécule CD4. Ce récepteur existe sur les
lymphocyte T CD4+, mais également sur les cellules présentatrices d'Ag: macrophages
tissulaires, monocytes sanguins, cellules dendritiques, cellules microgliales.
- Pénétration par fusion : Après sa fixation sur la molécule CD4, la gp120 subit un
changement conformationnel démasquant la gp41 qui se fixe à un co-récepteur à la surface
de la membrane cytoplasmique de la cellule cible. De nombreux corécepteurs ont été
identifiés mais les plus connus sont: le CCR5 et le CXCR4. L’interaction entre gp41 et le co-
récepteur permet la fusion de l’enveloppe virale et de la membrane de la cellule hôte et la
libération de la nucléocapside virale dans le cytoplasme (figure 2). L’absence de corécepteurs
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Sujet 44 : IST
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protège la cellule contre la pénétration virale et rend ainsi le patient réfractaire à l’infection
VIH.
- Décapsidation : la nucléocapside virale libérée dans le cytoplasme subit une
décapsidation avec libération du génome viral.
- Rétro-transcription du génome viral: l'ARN viral monocaténaire est rétro-
transcrit par la RT en ADN complémentaire double brin.(figure 3)
- Migration nucléaire et intégration : L’ADN proviral migre vers le noyau cellulaire
sous forme de complexe nucléoprotéique, puis s’intègre dans l’ADN cellulaire grâce à
l’intégrase (I) virale (figure 3).
- Transcription (en ARNm), réplication (en ARN génomique) : L’ADN proviral
intégré est transcrit par l’ARN polymérase cellulaire en ARNm et en ARN génomique (futur
génome du VIH).
- Traduction des ARNm : Les ARNm sont transportés dans le cytoplasme et traduits
en polyprotéines qui subissent un clivage par les protéases cellulaire et virale.
- Assemblage, bourgeonnement et maturation: L'ARN génomique se recouvre
des protéines virales puis les nouveaux virions bourgeonnent. La maturation des précurseurs
s'achève grâce à l'activité de la protéase virale (figure 4).
4.4. Variabilité génétique :
Il existe naturellement plusieurs variants et sous types parmi le VIH-1 et 2.

L’analyse génétique des VIH a démontré que ces virus sont doués d’une variabilité génétique
considérable. Cette variabilité génétique est due essentiellement :

- Aux erreurs commises par la RT qui est dépourvue de mécanisme de correction, (~1
erreur/10 000 bases).

- A la forte réplication du VIH (1 à 10 milliards de particules virales sont produits tous les
jours par l’organisme infecté)

- A la pression de sélection de mutants par le système immunitaire et sous l’action des


antirétroviraux.

ð Il en résulte une distribution en « quasi-espèces » des souches virales chez un


même patient (population variée de différents virus mutants issus d’un même ancêtre). Cette
variabilité génétique est à l'origine de l'échappement au système immunitaire, de la
persistance du virus dans l’organisme infecté et de la résistance aux antiviraux. Elle présente
également un obstacle à l’élaboration de vaccin.
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Sujet 44 : IST
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5. PHYSIOPATHOLOGIE
5.1. Les cellules-cibles du virus : Les cellules-cibles sont essentiellement celles qui
expriment le récepteur CD4 : les lymphocytes T CD4+, les monocytes-macrophages, les
cellules dendritiques des ganglions, de la rate et de l'épiderme (les cellules de Langerhans)
et les cellules microgliales du cerveau ainsi que tous les macrophages tissulaires
5.2. Histoire naturelle de l’infection par le VIH : Elle évolue en 3 phases
- Primo-infection : Lors de la primo-infection, le virus infecte les cellules CD4+. Une partie
des virus vont entrainer, après multiplication, une lyse des lymphocytes responsable d’une
lymphopénie, avec présence dans le sang d’une charge virale importante (virémie) et
d’antigènes viraux notamment de la p24 (antigénémie p24). Toutefois, une grande partie de
virus transmis lors de la primo-infection persistent dans les cellules cibles sans entrainer de
lyse cellulaire. Ces cellules cibles infectées constituent donc un réservoir pour le virus, mais
aussi un véhicule pour infecter précocement divers compartiments de l’organisme, et en
particulier le système nerveux central occasionnant une méningite lymphocytaire, une
encéphalite. Le tropisme multiple du virus explique les signes cliniques éventuels lors de la
primo-infection. Vers le 20ème jour après la contamination, apparaissent les anticorps dirigés
contre le VIH : c’est la séroconversion.

- Stade d’infection chronique (latence) : C’est la phase la plus longue de la maladie. Le


VIH engendre une infection chronique: une balance s’installe, entre la production continue
de particules virales infectant de nouvelles cellules CD4, la réponse immunitaire cellulaire de
type CD8 qui détruit les cellules infectées et la production de nouvelles cellules CD4+ par la
moelle osseuse. Cette balance va aboutir à une stabilisation de la virémie et celle des
CD4 au prix d’une perte progressive et lente de 50 cellules par an avec une variabilité entre
les progresseurs lents et rapides. Ceci correspond au contrôle de l’infection par le système
immunitaire de l’hôte.

- Le stade SIDA : Au bout de plusieurs années, les variations génétiques incessantes du


VIH finissent par épuiser le système immunitaire (les cellules CD4 lysées ne peuvent plus
être remplacées). Il s'en suit une réplication incontrôlée du virus et une disparition quasi-
complète des LT CD4. A ce stade, la virémie et l’antigénémie p24 sont très élevées. La
destruction de LT CD4 diminue progressivement l'efficacité de la réponse immunitaire vis-à-
vis des agents infectieux (bactéries, virus, parasites et levures) et des cellules immortelles,
ceci explique l’apparition d’infections opportunistes (toxoplasmose, mycobactériose…) et de
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Sujet 44 : IST
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cancers (sarcome de Kaposi lié à HHV8, lymphomes à EBV…). La mort survient suite aux
infections opportunistes et aux cancers.

6. DIAGNOSTIC VIROLOGIQUE ET SUIVI BIOLOGIQUE


6.1. Diagnostic virologique
6.1.1. Indication
Le diagnostic virologique d’une infection par le VIH est demandé après l’accord du patient ou
de son tuteur, en respectant la confidentialité des résultats.

Il peut se faire dans le cadre de :

- Dépistage : bilan prénuptial ou prénatal, procréation médicalement assistée, visite


d’embauche, donneurs de sang/d’organes, population à risque, nouveau-né de mère
séropositive, dépistage volontaire anonyme et gratuit, accident d’exposition au sang, viol
- Contexte évocateur devant une maladie ou un cancer associé au VIH
- Suivi de la maladie ou du traitement
6.1.2. Diagnostic indirect :
Il se base sur la détection des anticorps anti-VIH sur un prélèvement sanguin

• Tests de dépistages : Dans le cadre d’un dépistage, il est important d’utiliser une
technique sensible afin d'éviter des résultats faussement négatifs.
ü Tests ELISA : Ce sont des tests permettant de détecter les anticorps anti-VIH. Les
tests mixtes sont capables de détecter simultanément les anticorps anti-VIH1 et anti-
VIH2. Les tests combinés recherchent simultanément les anticorps anti-VIH et
l’antigène p24, ce qui permet de raccourcir la fenêtre sérologique. Ils présentent une
excellente sensibilité. Ils génèrent toutefois de nombreux faux positifs, nécessitant le
recours à des tests de confirmation en cas de réaction douteuse ou positive. Une
sérologie négative par technique ELISA élimine une infection à VIH en absence de
facteurs de risques. Si la recherche est positive, on passe à la confirmation.
ü Tests rapides : Ce sont des tests unitaires (figure 5). Ils sont réalisables en quelques
minutes et peuvent être utilisés dans le cadre de dépistage de masse ou en situation
d’urgence (bilan pré-greffe, accident professionnel). Les inconvénients : sont la lecture
subjective (à l’œil nu), et une sensibilité inférieure aux tests ELISA. L’utilisation de ces
tests seuls n’est pas recommandée pour le diagnostic d’une infection à VIH.
• Tests de confirmation : Ils doivent se baser sur des techniques spécifiques.
Tout dépistage positif, douteux ou discordant doit être confirmé. Il est recommandé
d'effectuer le test de confirmation sur un prélèvement différent de celui du test de
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Sujet 44 : IST
N° Validation : 0644202258

dépistage. Cette confirmation se fait au niveau du laboratoire de référence (CHU Charles


Nicolle Tunis).
Le test de confirmation correspond au Western-blot (ou immunoblot): Ce test permet
une étude qualitative des anticorps présents dans le sérum du malade selon les
antigènes contre lesquels ils sont dirigés. La présence dans le sérum d’anticorps dirigé
contre l’une ou plusieurs de ces protéines est révélée par une réaction immuno-
enzymatique, sous la forme d’une bande colorée.
6.1.3. Diagnostic direct :
- La détection du génome viral +++
On peut rechercher et quantifier l'ARN viral plasmatique qui confirme l'infection à VIH
- Détection de l’antigène p24 : L’antigène p24, protéine de la capside virale, est
détecté par méthode ELISA. Il est présent dans le sérum sous forme libre et sous forme
associée aux virions. En l’absence d’anticorps anti-VIH associés, la présence d’antigène
p24 doit être confirmée par un test de neutralisation.
6.1.4. Cinétique de marqueurs biologiques de l’infection au VIH : (figure 6)
Après la contamination (J0), le VIH se multiplie silencieusement dans l’organisme pendant
une dizaine de jours. C’est la fenêtre virologique durant laquelle aucun examen ne peut
détecter l’infection.

- Le premier marqueur à apparaitre : L’ARN viral (à J10 post infection), puis l’Ag p24 (vers
le 15ème jour)
- L'apparition des anticorps ne se fait qu’après 20 jours de la contamination
- Le western blot se complète vers le 28ème jour.
- Un certain temps s'écoule donc entre la contamination par le virus et l'apparition des
anticorps : c’est la fenêtre sérologique. Pendant cette période, le sujet est contagieux
même si sa sérologie est négative.
6.1.5. Démarche diagnostique :
- Dépistage de l’infection à VIH chez l’adulte :
Il repose sur la réalisation d’un test ELISA confirmé en cas de réactivité positive ou
douteuse par un test Western blot sur un 2èmeprélèvement.
- Diagnostic d’une primo-infection : Vu l’apparition retardée des anticorps par rapport
au contage, le diagnostic direct sera préféré dans ce contexte. Il repose sur la détection
de l’ARN plasmatique, qui se positive dès le 10-12ème jour. L’antigénémie p24 peut aussi
être utilisée, tout en sachant qu’il s’agit d’un marqueur inconstant et fugace. En effet,
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l’antigénémie p24 n’est présente que dans 40% des primo-infections, du 15ème au 30ème
jour après le contage.
- Diagnostic de l’infection à VIH chez l’enfant né de mère séropositive : Le
diagnostic utilise des techniques directes de détection du virus, puisque la présence
d’anticorps maternels transmis passivement in utéro empêche toute étude sérologique
jusqu’à l’âge de 18 mois. Il repose sur la détection de l’ARN plasmatique. Au-delà de l’âge
de 18 mois, la démarche diagnostique chez l’enfant né de mère séropositive est la même
que celle chez l’adulte.
- Diagnostic de l’infection à la suite d’une exposition sexuelle ou d’un accident
d’exposition au sang (AES) : Idéalement, le patient source bénéficiera avec son
consentement d’une sérologie VIH. Chez la personne exposée à un patient source
séropositif, les tests réalisés diffèrent selon l’instauration éventuelle d’une prophylaxie
antirétrovirale. Cette prophylaxie de 4 semaines doit être instaurée dans les 4 heures
suivant l’exposition avant que le virus n’atteint sa cible et au plus tard dans les 48
heures.
En cas d’absence de prophylaxie chez la personne exposée, le suivi virologique repose
sur la recherche de l’Ag p24 de l’ARN VIH plasmatique entre J12 et J26. Le dépistage des
anticorps se fait par ELISA à Jo, M1, M3 et M6.
En cas de traitement post-exposition, le dépistage des anticorps se fait à J0 puis à à M1,
M3, et M5 après l’arrêt du traitement (soit à M6 après l’exposition), en même temps que
la recherche de l’antigène p24 et de l’ARN VIH plasmatique.
- Suivi des patients infectés : Chez les patients non traités, la mesure de la charge
virale associée à la détermination du taux de CD4 permettent de situer le stade évolutif
de l’infection. Lors de l’initiation d’un traitement antirétroviral, une mesure de la charge
virale sera réalisée à 1 mois et à 3 mois puis tous les 3 mois pendant la première année.
Secondairement, dès l'obtention d'une réponse immuno-virologique favorable, elle sera
espacée de 6 mois au moins. L’objectif du traitement est d’obtenir une charge virale
indétectable (inférieure au seuil minimal de détection). En cas de non réponse (absence
de variation de la CV plasmatique), ou d’échappement (rebond après une diminution
transitoire), l’observance thérapeutique doit être évaluée. Les dosages pharmacologiques
et les tests de résistance aux antirétroviraux permettent de guider le choix des
traitements alternatifs.
6.2. Suivi biologique

6.2.1. Bilan initial :


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• sérologies bactériennes: TPHA-VDRL, Chlamydia trachomatis


• sérologies virales: VHB, VHC, CMV
• sérologies parasitaires: toxoplasmose, leishmaniose
• NFS, EPP
• Bilan hépatique, lipidique et rénal.
6.2.2. Paramètres immuno-hématologiques : NFS, sous-populations lymphocytaires
(CD4-CD8), augmentation des gamma et des beta2-microglobulines

6.2.3. Marqueurs virologiques :

• Charge virale plasmatique


6.2.4. Tests de résistance

Les tests génotypiques et phénotypiques sont demandés en cas d’échec thérapeutique.

7. CLASSIFICATION
La classification en stades est nécessaire pour le suivi de l’infection et la décision
thérapeutique. En effet, le traitement anti-rétroviral peut être différé dans certaines
situations. Elle dépend de la clinique et du compte de CD4 en utilisant la classification du
CDC modifiée en 1993 :

• Stades cliniques chez l'adulte :


o A : asymptomatique, primo-infection, lymphadénopathie généralisée persistante.
o B : symptomatique sans critères du groupe C
o C : infections opportunistes et tumeurs
• Stades immunologiques chez l'adulte :
o 1 : CD4≥500/µl
o 2 : CD4 200-499/µl
o 3 : CD4<200/µl
• Interprétation : le stade SIDA est défini par des CD4<200/µl et/ou l’apparition des
manifestations opportunistes et tumorales. C’est une classification hiérarchique. En effet,
un patient classé B ou C, 2 ou 3, ne pourra pas récupérer un classement A1 même s'il
devient asymptomatique et récupère des CD4 ≥ 500/µl sous traitement. Par contre, un
patient inobservant ou perdu de vue peut s'aggraver et peut passer de A1 à C3.
8. ASPECTS CLINIQUES CHEZ L’ADULTE
8.1. Primo-infection :

La primo-infection est symptomatique dans 50-75% des cas.


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• Clinique : elle associe fièvre, myalgies, dysphagie douloureuse, une éruption


morbilliforme. L’examen note des adénopathies, des ulcérations buccales ou génitales,
des signes de méningite ou d’encéphalite. Ces signes disparaissent en quelques
semaines.
• Biologie : syndrome mononucléosique, leucopénie, cytolyse, CV élevée.
8.2. Phase asymptomatique

C’est la phase la plus longue. Elle est cliniquement silencieuse mais biologiquement active.
20-50% des patients présentent un syndrome de lymphadénopathie généralisée persistante.
Les adénopathies sont symétriques, cervicales, occipitales, axillaires et sus-claviculaires.

8.3. Formes symptomatiques mineures

• Signes cutanéo-muqueux : non spécifiques


• Signes hématologiques : thrombopénie, anémie, leucopénie
• Symptômes constitutionnels : fièvre modérée persistante, diarrhée > 1 mois non
expliquée, perte de poids > 10%, sueurs nocturnes abondantes, altération de l’état
général. Ils signent le passage de la phase asymptomatique vers le stade maladie.
8.4. Stade SIDA ou maladie :

Les manifestations opportunistes infectieuses et tumorales apparaissent à ce stade. La


prophylaxie primaire et la trithérapie ont diminué de 80% la prévalence des infections
opportunistes.

8.4.1. Les infections parasitaires

Ø La toxoplasmose cérébrale : 15-20% des manifestations inaugurales : tableau


d’hypertension intra-crânienne associé à des troubles de la conscience, à des
convulsions, à des signes de localisation. C’est la plus fréquente des infections du
système nerveux central. Elle correspond à la reviviscence d’un foyer cérébral quiescent
suite à l’effondrement de l’immunité (CD4 < 100 /µl). Elle est fréquemment révélatrice
de l’infection.
o Cliniques : La fièvre est inconstante. Céphalées, hémiplégie, coma et signes
d’encéphalite sont fréquemment rencontrés. Des convulsions et un syndrome d’HTIC
sont possibles.
o Diagnostic :
§ TDM cérébrale : multiples images en cocarde, prenant le contraste, entraînant un effet
de masse correspondant aux abcès toxoplasmiques.
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§ Sérologie à la recherche d’Ac anti-T. gondii qui n’a d’intérêt que quand elle est négative.
Le diagnostic est alors peu probable.
§ PCR Toxoplasma dans le LCR.
§ Epreuve thérapeutique : évolution favorable en 10 à 15 jours, sinon il faut chercher une
autre étiologie.
o Traitement : Pyriméthamine (Malocid®) 100 mg J1-2 puis 50 mg/j (1cp/j) x 06
semaines + Sulfadiazine (Adiazine®) 4 g/j + Acide folinique 25 mg/jour
+/- dexaméthasone selon l’importance de l’œdème cérébral
o Prophylaxie
§ Primaire : séronégatifs : règles d’hygiène alimentaire
séropositifs : cotrimoxazole 400 : 2 cp /j si CD4 <100.
§ Prophylaxie secondaire :
Traitement curatif en ½ dose + Acide folinique 50 mg/semaine
Ou Cotrimoxazole 400 : 2 cp/j
Ø La leishmaniose viscérale : se manifeste par une pancytopénie fébrile associée à une
hépato-splénomégalie. Dans les pays d’endémie comme le notre, elle est assimilée à une
infection opportuniste.
• Cliniques : Fièvre prolongée, amaigrissement, hyperpigmentation cutanée, fièvre folle,
SMG importante, polyadénopathies.
• Diagnostic :
NFS : pancytopénie
Ponction sternale : corps de leishmane ; culture de L. infantum
HC sur sang périphérique permettra de réaliser les culture, PCR et sérologie.
• Traitement : Amphotéricine B 1 mg/kg/j x 21 j en IV lente
Ø Cryptosporidiose/microsporidiose/isosporose : responsables de diarrhée
liquidienne, douleurs abdominales, amaigrissement allant jusqu’à la cachexie.
• Cliniques : diarrhée liquidienne d’importance variable, douleurs abdominales,
amaigrissement en présence d’une diarrhée chronique.
• Diagnostic : EPS trois fois de suite à 03 jours d’intervalle : examen direct et PCR.
• Traitement : Difficile, fréquemment symptomatique.
8.4.2. Les infections virales

Ø L’infection à CMV : il s’agit de rétinite dans 80% des cas, de pneumopathie


interstitielle, de colite ou de virémie. Elle survient à des CD4 < 50 /µl.
• Cliniques :
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o Rétinite : 80% des formes cliniques ; baisse unilatérale de l’Acuité Visuelle, l’œil est
rouge, douloureux, il s’agit d’une nécrose hémorragique qui peut entraîner la cécité.
FO +/- angiographie, Ponction Chambre Antérieure pour une PCR à la recherche de
CMV.
o Atteinte digestive : œsophagite, gatroduodénite, colite, cholangite
Douleurs, crampes, diarrhée, fièvre, altération de l’état général.
Endoscopie : lésions inflammatoires ulcérées.
Biopsie : cellules à inclusions virales intra nucléaires en oeil de hibou.
o Autres : pneumopathies, myélite, encéphalite, névrite, hépatite, pancréatite, virémie.
• Diagnostic : Antigénémie PP65 ou PCR virale dans les liquides biologiques
(sang, LCR, LBA, humeur …)
• Traitement d’attaque : Ganciclovir IV 5 mg/kg x 2/j x 21 j
Ø La leucoencéphalite multifocale progressive : C’est un tableau de démence, de
déficit moteur et de troubles de la coordination progressifs. C’est une affection
démyélinisante de la SB du SNC liée à l’infection par le JC40, virus de la famille des
papovavirus.
Ø Infection à herpesvirus (HSV, VZV) : manifestations récurrentes, multi-
métamériques ou généralisées. Les infections virales herpétiques sont fréquentes,
récidivantes, responsables de lésions cutanéo-muqueuses pouvant être sévères. L’herpès
génital de la femme est handicapant.
Traitement : VZV: Aciclovir 10 mg/kg/8 heures x 8-10 j.
HSV: Aciclovir 5 mg/kg/8 heures x 10-14 j
Ø Infection à papillomavirus : responsable du cancer du col
8.4.3. Les infections bactériennes

Ø Les infections à pyogènes :


Elles sont fréquentes et récidivantes, souvent sévères.
Elles sont dominées par les pneumopathies à Pneumocoque chez l’adulte et les
infections ORL et cutanées chez l’enfant.
Ø Tuberculose : 10-15%.
Peut être pulmonaire, ganglionnaire ou disséminée. Le patient présente une fièvre
prolongée, une altération de l’état général, une toux ou des adénopathies généralisées.
La radiographie peut être strictement normale à un stade avancé de
l'immunodépression. Le risque de développer une TBC est multiplié par 7 chez les
porteurs du VIH. Dans notre pays, elle est fréquemment révélatrice de la maladie.
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• Symptômes : La TBC est volontiers extra-pulmonaire ou disséminée, elle peut


survenir à n’importe quel stade de la maladie. Elle classe C.
Fièvre prolongée, AEG, toux fébrile, ADP généralisées sont fréquemment rencontrés.
• Diagnostic :
o Rx thorax : à un stade modéré, elle peut montrer des images typiques, à un stade
évolué de l’immunodépression, elle peut montrer une atteinte interstitielle ou même être
normale.
o Mise en évidence du BK à l’examen direct où à la culture (expectorations, tubage, LBA,
MO, urines, LCR)
o Anapath sur biopsie ganglionnaire …
o IDR à la tuberculine, habituellement négative est considérée positive à partir de 5 mm.
• Traitement : Quadrithérapie x 02 mois puis bithérapie x 04 mois si pulmonaire. Les
localisations extra-pulmonaires nécessitent une durée de traitement plus longue. Le
traitement antirétroviral doit être initié à 2 semaine de ttt TBC si CD4 < 50/µl.
• Prophylaxie :
o Primaire : après avoir éliminé une tuberculose maladie, l’INH est démarrée en
monothérapie pendant 6 mois en présence d’IDR >5mm.
o Secondaire : n'est pas nécessaire.
Ø Mycobactériose atypique : le tableau associe une fièvre prolongée et une altération
de l’état général. La plus fréquente est M. avium intra cellulare (MAC) ; M. Kansasi.
• Symptômes : infections disséminées (fièvre, Altération de l'état général, sueurs).
• Diagnostic : Isolement de MAC à partir d’hémocultures ou sur liquide biologique.
Ø Angiomatose bacillaire : due à Bartonella quintana et B. henselae. C’est une
prolifération endothéliale et vasculaire cutanée, parfois viscérale. L’examen note des
nodules violacés, dermiques, enchâssés dans le derme, pseudo-kaposiennes.
Ø Péliose hépatique : Due à B. henselae. Prolifération vasculaire avec dilatation des
capillaires sinusoïdes.
Ø Salmonellose mineure récidivante : diarrhée fébrile ou septicémie. Elles sont
fréquentes mais ont nettement diminué depuis l’usage du cotrimoxazole.
Ø Neurosyphilis : rares
8.4.4. Les infections fongiques

Ø La pneumocystose pulmonaire : insuffisance respiratoire aigue: CD4 < 200 /µl.


C’est l’une des infections les plus fréquentes.
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ü Cliniques : une toux sèche avec une dyspnée d’intensité croissante + fièvre.
L’auscultation pulmonaire et en règle normale. En l’absence de diagnostic, une
détresse respiratoire s’installe.
ü Diagnostic :
o Rx thorax : images interstitielles ou alvéolo-interstitielles diffuses bilatérales, à
prédominance péri-hilaire. A un stade précoce, elle peut être normale.
o Gazométrie : hypoxémie majeure
o LDH élevés
o LBA : kystes ou trophozoïtes de Pneumocystis jiroveci
o Traitement : Cotrimoxazole (TMP 80 mg / STX 400 mg) 4 cp x 3/j ou 4 amp x 3/j x 21
jours, [soit 16/80 mg/kg/j] + Prednisone 1mg/kg/j si Pa O2 < 70 mmHg.
ü Prophylaxie :
o Primaire : cotrimoxazole 80/400 = 1 cp/j Ou pentamidine 300 mg/mois en IM.
o Secondaire : cotrimoxazole 1 cp /j Ou Pentamidine.
o Durée = tant que CD4 < 200 (<15%). A arrêter si DC4 > 200 x 06 mois ou si CV
indétectable > 1 an.
Ø Candidose orale et oesophagienne : très fréquente avant la trithérapie. Très
fréquente et récidivante, elle touche la muqueuse orale, pharyngée et œsophagienne en
particulier. La femme peut développer des candidoses vaginales. Leur incidence a
nettement diminué sous trithérapie.
Traitement :
o Orale : voie locale par Nystatine, Fungizone ou Miconazole pendant 07 jours. En
présence de récidives, Fluconazole 100 mg/j x 07 j.
o Œsophagienne : Fluconazole 200 mg/j x 14 j ou Itraconazole 400 mg/j x 14j.
Ø Cryptococcose : neuro-méningée, pulmonaire ou systémique. Elle est due à
Crytpotococcus neoformans.
• Symptômes : fièvre, céphalées tenaces d'aggravation progressive, raideur de la
nuque. La clinique est souvent fruste et dissociée mais peut être bruyante.
• Diagnostic :
PL = * LCR clair, pleiocytose souvent <10/mm3
* hyperproteinorachie et hypoglygorachie modérées, souvent
absentes.
* Examen direct à l’encre de chine: trouve les cryptocoques
encapsulés
* culture du LCR
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Ag cryptococcique : sang, urines, LCR.


• Traitement d'attaque: Amphotéricine B : 0,7 – 1 mg /kg/j + 5 – Fluorocytosoine 100
mg/kg/j x 15 j en IV.
8.4.5. Les manifestations néoplasiques

Ø Sarcome de Kaposi : Néoplasie endothéliale d’origine lymphatique ou vasculaire avec


prolifération des structures vasculaires. Elle est liée au pouvoir oncogène de HHV8. C’est
la néoplasie la plus fréquente au cours du SIDA ; elle est volontiers observée chez les
homosexuels.
• Peut être :
o Cutanée sous formes de nodules pigmentés, indolores, violacés de quelques mm à
quelques cm
o Ou viscérale souvent ORL et digestive ; l’atteinte pulmonaire conditionne le pronostic
(survie de 3-6 mois).
• Traitement :
o Lésions cutanées limitées : la trithérapie entraîne la guérison en 3 à 6 mois.
o Formes sévères, en particulier pulmonaire : CTH
o La cryothérapie, la RTh, le laser, l’IFNµ sont à envisager selon les indications.
Ø Maladie de Castleman et lymphome des séreuses : secondaires au HHV8.
Ø Les lymphomes non Hodgkiniens :
Leur fréquence est plus élevée chez les patients infectés par le VIH.
• Symptômes :
o Lymphome du Burkitt survient à un stade précoce de l’infection VIH (CD4 > 200/µl), il
est principalement ganglionnaire.
o Le lymphome immunoblastique survient à un stade évolué (CD4 < 100/µl), il touche le
tube digestif et le cerveau en particulier.
o Fièvre prolongée, inexpliquée, AEG, ADP
o LDH ä, β2 microglobulineä
• Diagnostic : Biopsie ganglionnaire, médullaire ou viscérale.
Ø Le lymphome de Hodgkin : plus rare, il est cependant 5 à 20 fois plus fréquent que
dans la population générale.
Ø Cancers du col utérin : fréquent, il est lié à l’infection par des papillomavirus
oncogènes ; la prévention: Frottis annuels + colposcopie à la moindre suspicion.
8.4.6. Les atteintes du système nerveux central

Le VIH est un virus neurotrope.


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Ø Encéphalopathie à VIH : manifestation tardive, elle se traduit par un syndrome


démentiel progressif dans un contexte apyrétique.
IRM : atteinte de la SB et SG, atrophie cortico-sous corticale et une dilatation
ventriculaire.
Traitement : trithérapie à bonne diffusion cérébrale.
Ø Neuropathie périphérique : Atteinte périphérique sensitive et motrice de progression
ascendante. Diagnostic: EMG, biopsie neuro-musculaire.
Traitement: trithérapie antirétrovirale
8.4.7. Les atteintes rénales

L'atteinte rénale peut revêtir plusieurs aspects :

• IRA : Elle est plus fréquente et plus grave que dans la population générale.
• IRC : les facteurs de risque sont l’âge, la race noire, les co-infections virales et l’absence
de contrôle de l’infection (CD4 < 200 , CV +).
Elle aggrave le pronostic cardio-vasculaire
• Néphropathie liée au VIH : syndrome néphrotique d’installation brutale entrainant une
insuffisance rénale qui évolue en quelques mois vers l’IR terminale.
TTT : Trithérapie rapide : quelque soit les CD4 ou la CV
8.4.8. Co-infection VHB et VHC :

Environ 30% des patients infectés par le VIH, présentent une co-infection.

Ø Co-infection VIH - VHC :


L’infection par le VIH aggrave l’infection par le VHC en augmentant la CVP du VHC et
en précipitant la cirrhose. L’éviction de l’alcool est primordiale. Le traitement du VHC
doit être précoce. Le HAART peut entraîner une toxicité hépatique. Le traitement anti-
viral direct est prescrit selon le génotype.
Ø Co-infection VIH - VHB
Le passage à la chronicité est majoré en présence de co-infection. L’insuffisance
hépatique représente 16% des causes de décès.
TTT : La trithérapie antirétrovirale incluant ténofovir ou lamivudine ou emtricitabine
est efficace sur le VHB.
9. TRAITEMENT
9.1. Objectifs
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L’objectif principal est la réduction maximale (CV indétectable) et durable de la réplication


virale. Ceci est le seul garant de la restauration quantitative et qualitative des CD4 et de
l’absence de résistances ultérieures.
C’est un traitement qui, une fois conduit sera maintenu à vie. Une explication bien conduite
du traitement est donc nécessaire pour assurer l'observance.
Aucune interruption thérapeutique n’est envisageable vu le risque de rebond virologique et
de résistances.
9.2. Les antirétroviraux

Ce sont des molécules virustatiques actives sur VIH1 groupes M et N. Ils agissent à
différentes étapes du cycle viral et ne permettent pas d'éradiquer le virus. Le retrovir est la
première molécule découverte en 1986.

Il existe plusieurs classes. Les plus fréquemment utilisées sont :

• les inhibiteurs nuclésidiques de la transcriptase inverse (INRT)


• les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNRT)
• les inhibiteurs de protéase (IP)
• les inhibiteurs d'intégrase (II)
• les inhibiteurs d'entrée
9.3. Indications et stratégies :

9.3.1 : Indications : actuellement, tout patient dépisté doit bénéficier du traitement après
avoir éliminé les contre indications momentanées ou définitives à certaines molécules

Les indications urgentes qui ne supportent pas de retard sont

§ Patients symptomatiques
§ CD4 < 500/µl
§ Co-infection VHB , VHC
§ Néphropathie liée au VIH
§ Patient >50 ans
§ Facteurs de risque cardio-vasculaires
§ Femme enceinte
§ Nouveau-né de mère positive non traitée
§ Après exposition
9.3.2 : Stratégies thérapeutiques :

La traitement est fait d'une trithérapie associant 2 INTI + IP/r ou 2 INTI + 1 INNTI ou 2
INTI + 1 II.
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10. PROPHYLAXIE

La prévention de la transmission du VIH passe surtout par les mesures individuelles et


l'éducation des populations clés et de tous les citoyens.

• Le dépistage devant un comportement à risque pour l’infection au VIH.


• Transmission sexuelle : prévenue par l’éviction d’une sexualité à risque, le port de
préservatif et la circoncision masculine. Elle diminue par le traitement des maladies
ulcérantes et des différentes IST.
• Toxicomanie IV : prévention par l’utilisation de seringues à usage unique ou le
sevrage
• Transmission sanguine : prévenue par le dépistage systématique des dons de
sang et d’organes et par l’inactivation des dérivés sanguins. En Tunisie, ce contrôle
est systématique depuis 1987.
• Accident d’exposition : prévenu par les mesures autours de tout geste sanglant.
En effet, le personnel de santé ne doit pas rebouchonner les aiguilles, ne doit pas les
laisser traîner sur le lit, doit travailler dans le calme et non dans la précipitation avec
un tableau technique à portée de main et bien disposé. Le port de gant est envisagé
dans les gestes utilisant une aiguille creuse de gros calibre. Après exposition, la
déclaration en médecine de travail doit se faire dans les 48 heures, un prélèvement
sérologique doit se faire chez la victime et le patient source. Une prophylaxie de 4
semaines par une trithérapie antirétrovirale, un bilan sérologique initial et un suivi à 1
- 3 et 6 mois sont nécessaires en présence d’un AES.
• Transmission materno-fœtale : prévenue par le bon contrôle de l’infection
maternelle et par l’interdiction de l’allaitement maternel. Si la charge virale est
toujours détectable à 36 semaines d'aménorrhée, l'accouchement se fera par
césarienne si la CV est > 1000 copies/ml avec perfusion de rétrovir. Si la CVP <
1000/ml, l'accouchement par voie basse peut être envisagé avec perfusion d'AZT
pendant le travail et l’accouchement (2 mg/kg pendant une heure puis 1 mg/kg/h
jusqu'à clampage du cordon).
o Devant une infection maternelle non contrôlée, la trithérapie pendant la grossesse,
le contrôle de l’infection maternelle et la perfusion de rétrovir pendant
l’accouchement permettent de limiter le risque à moins de 1%.
o Une infection maternelle contrôlée, avec une CVP indétectable à 36 semaines,
permet la voie basse et ne nécessite pas la perfusion d'AZT. L'allaitement reste
contre indiqué dans les pays riches et en Tunisie.
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o L'allaitement est permis dans les pays pauvres devant le risque de dénutrition.
Aussi bien la maman que le bébé doivent recevoir une trithérapie pendant les 6
mois d'allaitement pour prévenir la transmission.
• Aucun vaccin n’est disponible jusqu’à ce jour.
11. CONCLUSION

L’infection par le VIH est une infection chronique qui déprime l’immunité permettant
l’éclosion d’infections opportunistes et de tumeurs. IL faut savoir évoquer l'infection à VIH
devant ces manifestations opportunistes et les prendre en charge dans l'urgence.

Le pronostic sombre et inexorablement mortel de la maladie, s’est transformé depuis la


trithérapie. C'est actuellement une maladie chronique.

L’allongement de la durée de vie expose les patients aux complications des différentes
thérapeutiques en particulier, cardio-vasculaires, métaboliques et physionomiques.

Le traitement tend à être simplifié par les formes combinées et les nouvelles molécules de
demi-vie plus longue.
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Annexe

Figure 1 : Représentation schématique du VIH-1


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d4/HIV_Virion-fr.svg

Figure 2 : Mécanisme d’entrée du VIH-1 dans les cellules


http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/SIDA/4entree.htm
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Sujet 44 : IST
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Figure 3 : rétro transcription, migration et intégration du génome (Nathalie Noris, ACCES)


http://acces.ens-lyon.fr/biot

Figure 4 : Réplication, assemblage et bourgeonnement (Nathalie Noris, ACCES)


http://acces.ens-lyon.fr/biot
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Figure 5 : Différents tests de diagnostic rapides

Figure 6 : Cinétique des différents marqueurs biologiques de l’infection au VIH.


http://www.lecrips-idf.net/rubrique246.html

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