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Jean et Lucienne OLIVIER-DELBARRY

Février 2020
PRÉSENTATION

RÉALISATION
100 médaillons de 28cm de diamètre, à l'aiguille, sur fond de toile de jute
Rendu pictural à la laine
Travail conçu et réalisé par les auteurs de cet album de 1985 à 1988
Confié à la prière des Bénédictines du Saint-Sacrement de Mas-Grenier (82)

Sources
Dessins inspirés d'anciennes gravures,
d'illustrations de vies de saints
ou imaginés

Critère de choix : la diversité


Diversité d'états de vie et de vocations, d'époques
et de lieux (pour que toute la France soit recouverte de saints)

PLAN DE L'OUVRAGE
Saints regroupés en 7 périodes :
du 1er au 7e siècle, du 8e au 13e du 14 e au 16e,
au 17 e, au 18 e, au 19e, au 20e siècle

Chaque période étant précédée d'un bref historique


et s'achevant par une liste d'autres saints

Le tout introduit par les principales règles de canonisation


et se clôturant par la Toussaint, quelques regards sur la France et le sommaire

Remarques

Martyrs en rouge, saintes femmes en jaune, confesseurs en vert, docteurs de l'Église en bleu
Abréviations: St(e) Saint(e) Bx(se) Bienheureux (se) Vble Vénérable
6
Du 1e r au 7 èm e siècle
La Gaule Romaine
Vers 43 Anivée, quasi-certaine, en Provence, des premiers chrétiens de Palestine
Dès le 1er siècle et jusqu'au début du 4ème siècle, les chrétiens refusant de rendre un culte
aux dieux, sont souvent jugés, condamnés à divers supplices et mis à mort (livrés aux bêtes
dans l'arène,
transformés en torche vive, crucifiés, asphyxiés dans des prisons, ...)
177 Début des persécutions en Gaule : chrétiens martyrisés à Lyon et à Vienne
3ème siècle : les communautés chrétiennes se multiplient dans les villes
313 Édit de Milan par l'empereur Constantin: fin de la persécution des chrétiens
(l'épouse de Constantin est chrétienne et il a pour mère sainte Hélène)
Début du 4ème siècle: naissance de l'arianisme, doctrine qui nie la divinité de Jésus-Christ
325 1er Concile œcuménique à Nicée contre l'arianisme. Symbole de Nicée (cr e do)
361 Fondation de l'abbaye de Ligugé (près de Poitiers) par St Mar tin
Début de l'évangélisation des campagnes par Martin et ses moines
380 Édit de Thessalonique: le Christianisme devient religion officielle de l'Empire
381 2ème Concile œcuménique à Constantinople. Dogme de la Trinité
386 Conversion de St Augustin
Invasion des Barbares
Vers 400 Pr ése nce d'un e église dédiée à la Vier ge Marie à Toulouse sous le
vocable
de Notre-Dame de la Daurade (serait le plus ancien sanctuaire marial des Gaules)
410 Rome pillée par les Wisigoths
420 Les Francs envahissent en masse le Nord de la Gaule
430 Culte mar ial attesté au Puy-e n-V elay
431 Concile d 'Éphèse. Mar ie pr oclamée Mèr e de Dieu
Les Mérovingiens
448 Mérovée devient, probablement, chef de toutes les tribus franques
451 Attila, roi des Huns, ravage la Gaule
481 Clovis devient roi des Francs
493 Clovis épouse Clotilde, catholique, fille du roi des Burgondes (voir p. 21)
496 Victoire de Clovis sur les Alamans à Tolbiac entraînant sa conversion au
Christianisme

Victoire attribuée à saint Miche l. Clovis, en reconnaissance, lui consacre son


royaume
Vers (Consécration
500 Baptême de Clovis
renouvelée à Rles
par tous roisune
eims, nuit dejusqu'à
de France Noël,Louis
avecXIVses 3000 guerriers
compris)
507 Victoire de Clovis sur les Wisigoths (Ariens) qui doivent alors quitter la Gaule
511 Mort de Clovis et partage du royaume entre ses 4 fils
Vers 547 Mort de saint Benoît, fondateur des Bénédictins, patriarche des moines
d'Occident 637 Prise de Jérusalem par les musulmans - 711 Invasion de l'Espagne par
les musulmans
12
SAINTE BLANDINE
tl77

Martyre à Lyon
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Ancienne esclave, frêle et chétive, Blandine fait partie des 48 martyrs de Lyon. Elle endure de
nombreuses tortures avec un courage inouï. Les bêtes la respectent, elle encourage ses compagnons
et meurt la dernière. Mise dans un filet, jetée en l'air par un taureau furieux, elle est ensuite égorgée.
Sous les tortures, elle ptùse sa force dans ces paroles : "Je suis chrétienne, il ne se fait rien de mal
chez nous".

Avec Blandine, sous l'empereur Marc Aurèle, 4 7 chrétiens sont torturés et tués pour leur foi pendant
les jeux du cirque. Parmi eux, Pothin, nonagénaire et premier évêque de Lyon qui meurt en prison
des suites de ses tortures ; le diacre Sanctus, le médecin Alexandre, Maturas, Attale et le jeune
adolescent Ponticus.

Les martyrs de Lyon sont connus grâce à un témoin oculaire : l'auteur de la « lettre des chrétiens
de Lyon à l'Église de Smyrne », lettre qui aurait été portée à Rome par Saint Irénée et insérée par
Eusèbe de Césarée (v. 260, v. 339) dans son « Histoire Ecclésiastique »

Lors de sa visite à l'amphithéâtre des Trois Gaules, à Lyon, en 1986, le pape Jean-Paul II s'exprime ainsi:
« Le diacre Sanctus (comme Blandine) ne cessait de répéter:" Je suis chrétien ". Cette affirmation lui tenait lieu de nom,
de cité, de race et de tout. Nous aussi nous sommes chrétiens et toute notre existence présente et future, toute notre
vocation, toute notre mission sont renfermées dans ce titre. Nous sommes chrétiens, c'est-à-dire, nous sommes du
Christ.(. ..)
Chrétiens de Lyon, de Vienne, de France, que faites-vous de l'héritage de vos glorieux martyrs? Certes, aujourd'hui,
vous n'êtes pas livrés aux bêtes, on ne cherche pas à vous mettre à mort à cause du Christ. Mais ne faut-il pas
reconnaitre qu'une autre forme d'épreuve atteint subrepticement les chrétiens ? Des courants de pensée, des styles de
vie et parfois même des lois opposées au vrai sens de l'homme et de Dieu, minent la foi chrétienne dans la vie des
personnes, des familles et de la société. Les chrétiens ne sont pas maltraités, ils jouissent même de toutes les libertés,
mais le risque n'est-il pas réel de voir leur foi comme emprisonnée par un environnement qui tend à la reléguer dans
le domaine de la seule vie privée de l'individu? Une indifférence massive chez beaucoup à l'égard d e l ' Évangile et du
comportement moral qu'il exige, n'est-elle pas une manière de sacrifier aujourd'hui petit à petit à ces idoles que sont
l'égoïsme, le luxe, la jouissance et le plaisir recherchés à tout prix et sans limite? Cette forme de pression ou de
séduction pourrait tuer l'âme sans attaquer le co,ps. (. ..) ».

13
SAINT IRÉNÉE
vev- 130-202

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F�ùv28 jui,y\;

Originaire de Smyrne, en Asie Mineure, de parents grecs et chrétiens, Irénée est le disciple de saint
Polycarpe, qui est lui-même disciple de saint Jean l'Évangéliste.
À la mort de saint Pothin, il devient évêque de Lyon. Son œuvre le classe comme le premier des
grands théologiens de l'Église latine. Il lutte contre les hérésies de son temps : celles qui nient la
divinité du Christ et celles qui nient qu'Il soit vraiment homme.
Il rappelle la nécessité de la docilité à l'Église et à ses évêques unis au pape dont l'autorité vient non
de leur valeur mais de leur charge. Il insiste sur une théologie de l'homme basée sur l'unité de l'esprit,
de l'âme et du corps.
Un grand nombre de diocèses (Besançon, Valence, Cologne, ... ) sont fondés par des missionnaires
envoyés par Irénée.
On doit à Irénée ces paroles
"Le Christ s'est fait ce que nous sommes afin de faire de nous ce qu 'Il est lui-même ".
"La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu "
"Si tu es l'ouvrage de Dieu, attends tout de sa main: livre-toi à Celui qui peut te modeler et qui fait
bien toutes choses et reçois en toi la forme que le Maître Ouvrier veut te donner. Garde en toi cette
humilité qui vient de la grâce, de peur que ta rudesse n'empêche le Seigneur d'imprimer en toi la
marque de son doigt. C'est en recevant cette empreinte que tu deviendras parfait, et seul le Seigneur
pourra faire une œuvre d'art avec cette pauvre argile que tu es. En effet, faire est le propre de la
bonté de Dieu et le laisser faire, c'est le rôle qui convient à ta nature d'homme. Amen "

Irénée fait partie de ces premiers Pères de l'Église, successeurs directs des apôtres. Contemplatifs
du Mystère du Christ, hommes de prière, assidus à la méditation des Écritures et centrés sur
! 'Eucharistie, évangélisateurs, catéchistes, éducateurs, mystiques, ils affermissent les assises de
l'Église naissante.

14
SAINT DENIS
Vef"y250

Denis est le premier évêque de Paris (appelée alors Lutèce) et le patron du diocèse.
D'après Grégoire de Tours, il est un des sept évêques envoyés de Rome dans les Gaules au
3è m e
siècle.
Sous l'empereur Dèce, il est torturé puis décapité sur la colline qui prendra plus tard le nom de
Montmartre.

Sainte Geneviève fera édifier, sur le lieu de sa sépulture, une église qui deviendra la basilique Saint-
Denis.

Clovis vénérait tellement saint Denis, qu'après sa conversion au Dieu de Clotilde, il fera écrire sur
son étendard « Montjoie Saint Denis », véritable cri de ralliement que toute la longue lignée des
rois de France reprendrajusqu 'à la Révolution.

C'est la dévotion des rois de France envers saint Denis qui explique la présence de leurs tombeaux
dans la crypte de la basilique Saint-Denis.

Quant au peuple de France, au X/Xème siècle, c'est à Montmartre qu'il choisira d'ériger, avec
l'argent des fidèles quêté dans tout le pays, la basilique du Sacré-Cœur dédiée à l'adoration
perpétuelle du Saint-Sacrement.

Avec saint Denis, citons aussi quelques évêques martyrs dans les premiers siècles: St Saturnin
( t 250) év. de Toulouse, St Privat ( t 257) év. de Mende, St Germain ( t 259) év. de Besançon, St
Savinien ( t 300) év. de Sens, St Caprais ( t 303) év. d'Agen, St Pèlerin (t304) év. d'Aicœrre.

15
SAINT HILAIRE
315-368

Issu d'une noble famille païenne, Hilaire, marié et père d'une fille, est un homme d'une grande
culture.
Il ne trouve pas dans la sagesse antique une réponse satisfaisante à sa quête de la Vérité. Il se tourne
alors vers la lecture de l'Ancien et du Nouveau Testament et se convertit au Christianisme.

Élu évêque de Poitiers vers 350, il rédige un« Commentaire sur l'Évangile de Matthieu», première
œuvre exégétique latine qui nous soit parvenue.

Il écrit : « Restant avec nous jusqu'à la consommation des siècles, / 'Esprit-Saint est le soutien de
notre attente; c'est Lui qui, par l'o p ération de sa grâce, est le gage de notre future espérance;
c'est Lui qui est la lumière de nos âmes, la splendeur de nos intelligences. C'est pourquoi l'Esprit-
Saint doit être désiré, mérité, et ensuite gardé soigneusement par la f o i et l'observation des
préceptes. » ( Saint Hilaire de Poitiers, De la Trinité, Livre Il)
Il lutte contre l'arianisme qui envahit l'Église depuis 25 ans, hérésie qui consiste à nier la divinité
de Jésus-Christ (seul Dieu le Père est Dieu, Jésus n'étant qu'un homme).
La majorité des évêques étant ariens, Hilaire est exilé quelques années en Phrygie puis retrouve sa
ville de Poitiers.
Grâce à l'influence de Hilaire, le concile régional de Paris en 361 condamne l'arianisme et destitue
les évêques ariens de Gaule.

Considéré comme Père de! 'Église, Hilaire est proclamé "Docteur de l'Église "par Pie IX en 1871

L'Église donne le titre de "Docteur " quand l'enseignement et les écrits du saint ou de la sainte
sont reconnus par le pape comme ayant une valeur exceptionnelle.
Il y a actuellement 36 docteurs de l'Église dans le monde dont 4 Français (Hilaire, Bernard, François
de Sales et Thérèse de /'Enfant Jésus).

16
S A I NT MA RTIN
316-397

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tvêqlA.e/
tv cùwc.awq,

Né en Hongrie, de parents païens, fils d'un tribun militaire de l'année romaine, Martin est incorporé
à 15 ans dans l'armée. À 18 ans, aux portes d'Amiens, il partage son manteau avec un pauvre.
La nuit suivante, il fait un songe et voit Jésus, revêtu de son manteau, dire à ses anges : " Martin,
n'étant encore que catéchumène, m'a revêtu de ce manteau ".
Martin reçoit le baptême la nuit de Pâques à 22 ans. Deux ans plus tard, la veille d'une bataille
contre les Alamans à Worms, il refuse de sacrifier au culte impérial et de combattre le lendemain.
Accusé de lâcheté, il décide de se présenter sans armes devant l'ennemi et miraculeusement les
Alamans demandent la paix. Martin peut alors quitter l'armée et rejoindre Hilaire à Poitiers.
Devenu moine, il crée à Ligugé le premier monastère de la Gaule Centrale : c'est le père du
monachisme français.
La ville de Tours souhaite avoir Martin pour évêque mais devant son refus, un habitant de Tours,
prétextant la maladie de sa femme, demande à Martin de le suivre. Celui-ci obéit et un groupe de
personnes se saisit de lui, le conduit à Tours où il est acclamé par la foule : il accepte alors
l'épiscopat.
Martin n'en reste pas moins fidèle à son idéal monastique. Il opère de nombreux miracles et crée un
nouveau monastère à Marmoutier.
Avec ses moines, il évangélise les campagnes et apprend aux guerriers gaulois à cultiver le sol (le
paysan français est né). Ses tournées missionnaires aboutissent à l'organisation des premières paroisses
rurales et à la création de nombreux monastères.
La vie de Martin est écrite par un contemporain, saint Sulpice Sévère. Il fait remarquer les dons de
thaumaturge de Martin qui guérit les malades, délivre les possédés et ressuscite des morts.
La biographie de Martin est la première biographie d'un saint de France. Elle contribue à susciter
un vif intérêt pour la sainteté.
Très populaire, Martin a donné son nom à 485 bourgs ou villages et à 3667 paroisses de France
(Dictionnaire Larousse)

17
SAINTE CÉLINE
t VeY!Y460

Née à Laon, Céline épouse très jeune Émile, le comte de cette ville. Ils forment un foyer chrétien et
prennent grand soin de l'éducation de leurs 3 enfants.
L'aîné devient évêque de Soissons, le second se marie et a un fils qui succède à son oncle sur le
siège de Soissons. (Le fils aîné et le petit-fils sont reconnus saints par l'Église)

Le dernier des enfants nous est plus connu : Remi, né tardivement, et qui devient le célèbre évêque
de Reims (Voir p. 21).

À travers Céline, sont honorées toutes les mères de famille qui se dévouent, avec patience et
douceur, à conduire leurs enfants vers la sainteté.

« La virginité et le célibat pour le Royaume de Dieu ne diminuent en rien la dignité du mariage, au


contraire ils la présupposent et la confirment. Le mariage et la virginité sont les deux manières
d'exprimer et de vivre l'unique mystère de l'Alliance de Dieu avec son peuple. Là où il n'y a pas
d'estime pour Le mariage, il ne peut pas y avoir non plus de virginité consacrée; là où l'on ne
considère pas la sexualité humaine comme un grand don du Créateur, le fait d'y renoncer pour le
Royaume des cieux perd son sens. » (Jean-Paul Il, Familiaris Consortio 1981, n ° 16)

Jésus dira bien plus tard à Conchita de Armida (1862-1937), mère de famille de 9 enfants, mystique :
« Le mariage est saint et sa fécondité est un reflet de la fécondité de Dieu qui est donné à l'homme
pour lui permettre de se reproduire. (. .. ) La virginité de l'âme est possible dans le mariage même.
C'est l'homme qui pervertit ce qui est pur et saint. Tout ce qui sort des mains de Dieu est pa,fait. »
(Conchira est béatifiée le 4 mai 2019 à Mexico)

18
SAINTE QUITTERIE
vev-1,-478

Si l'existence de Sainte Quitterie est certaine, les documents conservés ne permettent pas de
connaître avec certitude la vie de cette sainte. Saint Grégoire, évêque de Tours, la cite « In gloria
confessorum chap. CIX ».

Quitterie serait une princesse wisigothe née dans une famille païenne. Devenue catholique et ayant
fait vœu de virginité, elle aurait refusé d'épouser le prétendant choisi par son père. Elle aurait alors
été décapitée sur l'ordre de son père ou de son prétendant pour refus de mariage, sur le Mons
Colubrarius qui domine la ville d' Aire-sur-1' Adour le 11 des kalendes de juin 478.

Quitterie est très honorée dans les Landes et plusieurs diocèses de France et d'Europe ont établi
des lieux de culte en son honneur.
Elle est considérée comme patronne de la Gascogne.

Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle propagent son renom de l'Angleterre à l'Espagne.

Elle aurait été canonisée en 589 au 3 è m e Concile de Tolède.


Son nom est inscrit au Martyrologe romain.

Quitterie représente toutes les femmes des premiers siècles qui ont payé de leur vie le droit des
autres à disposer d'elles-mêmes. (sainte Agnès, sainte Lucie, sainte Agathe, .. .)

Avec Quitterie, citons aussi, en France, Sainte Spérie (740-760) née à Saint-Céré, dans le Lot, tuée par
son frère pour refus de mariage.

19
SAINTE GENEVIÈVE
vev�L/-20-500

Geneviève est née à Nanterre, de parents chrétiens aisés.


Elle n'a que 7 ans quand l'évêque Germain d'Auxerre, de passage, la remarque et la bénit.
Geneviève, très cultivée, mène très tôt la vie non cloîtrée des femmes consacrées à Dieu de son
temps.
Quand Attila avec ses Huns se rapproche de Lutèce en 451, après avoir anéanti Metz, Geneviève
relève le courage des Parisiens qui ne pensent qu'à fuir. Elle exhorte les habitants à prier, à jeûner
et à mettre leur confiance en Dieu et leur dit que les Huns ne viendront pas à Paris.
En effet, Attila se dirige vers Orléans et bientôt, Francs et Gallo-Romains l'obligent à quitter la
Gaule.
Providence du peuple, Geneviève organise le ravitaillement de Lutèce affamée par des assaillants
Francs qui bloquent tous les accès de la ville. Par voie d'eau, avec 11 bateaux, elle va jusqu'à Troyes
pour y chercher des vivres qu'elle fait distribuer en priorité aux pauvres.
Vers la fin de sa vie, Geneviève ouvre les portes de Paris à Clovis nouvellement baptisé.
Très dévote envers saint Denis, elle obtient la construction d'une basilique sur son tombeau et vient
souvent y prier.
Clovis et Clotilde firent élever une église sur le tombeau de Geneviève, ce qui donna le nom à la colline
"Mont Sainte-Geneviève ". Ses reliques étaient portées en procession lorsqu'un malheur menaçait Paris.

Geneviève est la patronne de Paris et du diocèse de Nanterre.


Le pape Jean XXIII la proclame patronne de la gendarmerie.
La vie de Geneviève illustre de manière admirable les mots du pape Jean-Paul II sur la mission
particulière de la femme : « Les valeurs essentielles ne peu vent se percevoir qu 'avec les yeux du
cœur. Â vous, les femmes, il revient d'être les sentinelles de l'invisible». (Devant la Grotte de Lourdes,
le 15 août 2004)
Remarque: depuis le Concile Vatican II, les Vierges consacrées retrouvent la place qu'elles avaient dans les premiers
siècles de l'Église. Elles relèvent de l'évêque du lieu où elles se trouvent. Actuellement, elles sont plus de 500 en France
et 4000 dans le monde.
20
SAINT RÉMI
Vet"L/-60-530
Évêque de Reims
fête le 15 janvier
SAINTE CLOTHILDE
Vet" 4 7 0 -5 Lf
5
Épouse de Clovis
fête le 4 juillet
Évêque de Reims à 22 ans, Remi (ou Rémi) conseille Clotilde et prépare la conversion du roi des
Francs, Clovis, en le catéchisant. Il le baptise avec tous ses hommes (3000 guerriers) le jour de Noël
vers l'an 500. Le baptême de Reims prend alors une valeur à la fois religieuse et politique car un
lien étroit unit désormais Dieu et un peuple.
Remi est le soulagement des pauvres et des opprimés de son diocèse : il rachète les captifs, affranchit
de nombreux esclaves, protège les veuves et les orphelins, construit un hôpital pour les pauvres.
Il crée à Reims et à Laon un établissement charitable qui draine les dons des fidèles et les redistribue
aux déshérités.

Dans son célèbre testament, Remi recommande aux Francs de soutenir la papauté, de défendre la
f o i catholique et d'être defidèles soldats du Christ. Il écrit: "Le royaume de France est prédestiné
par Dieu à défendre l'Église du Christ, Notre Seigneur. Ce royaume sera grand entre tous les
royaumes de la terre. Tant qu'il sera fidèle à sa vocation, il sera victorieux. S'il s y montre
infidèle, il se verra durement châtié. Il durera malgré tout jusqu'à la fin des temps. "

Princesse Burgonde catholique, Clotilde est amie de saint Remi et plus tard de sainte Geneviève.
Elle accepte d'épouser le roi païen des Francs, Clovis. Devenue la première reine de ce qui deviendra
la France, elle joue un grand rôle dans la conversion de son mari. Sa confiance en Dieu lui permet
de tenir dans tous les excès barbares qui l'atteignent jusque dans la personne de ses propres enfants.
Veuve en 511, elle perd tragiquement un fils et deux petits-fils, tués par des membres de la famille.
Elle quitte Paris pour se réfugier à Tours près du tombeau de saint Martin où elle achève ses jours
dans la prière et les bonnes œuvres

Dans son encyclique sur "La dignité et la vocation de la femme" Jean-Paul Il rappelle q u e : « les
femmes, et d'autres par la suite, eurent un rôle important et actif dans la vie de l'Église primitive,
dans la construction, depuis ses fondements, de la première communauté chrétienne.( ... ) Laforce
morale de la femme, sa force spirituelle, rejoint la conscience du fait que Dieu lui confie l'homme,
l'être humain d'une manière spécifique».

21
SAINT CÉSAIRE
Ver'}' 4 70 -5 42

Césaire embrasse, à 20 ans, la vie monastique à l'île de Lérins où il mène une existence très mortifiée
qui ébranle sa santé. Son abbé l'envoie se rétablir à Arles.
Élu évêque de cette ville, son épiscopat est marqué par 3 invasions barbares : les Wisigoths, les
Ostrogoths et les Francs (avant leur conversion).
Césaire exerce une influence considérable dans la Gaule du Midi où il préside de nombreux conciles
provinciaux et fonde le premier monastère de femmes dont il écrit, en 513, la règle inspirée de
celle de saint Augustin.
Profondément marqué par l'indigence spirituelle qui l'entoure, il brûle du désir de faire comprendre
aux hommes qu'ils sont " le temple de Dieu ' Il aime dire : , Nous qui sommes en ce siècle des
1

voyageurs et des étrangers, nous devons nous rappeler continuellement que nous ne sommes pas
encore arrivés chez nous. ' 1

Ses sermons, courts et simples, seront repris pendant des siècles (250 d'entre eux ont été conservés).
Les pauvres sont l'objet de sa sollicitude.
Un jour, l'intendant prévient l'évêque que, s'il continue à nourrir les affamés, demain il n'aura pas
de pain à sa table. Il répond: '' Qu'on distribue les pains comme d 1habitude, nous les mangerons
ensemble,( ... ) les pauvres n'iront pas mendier par les rues tandis qu'ils nous voient manger. "

La ri g u eur et la solidité de l'enseignement de Césaire provoque critiques et oppositions : il est


emprisonné deux fois et exilé une fois.

Césaire fait partie de ces grands évêques qui donnèrent à l'Église des Gaules une doctrine, une
prédication, une discipline et une culture d'une grande richesse.

Reconnu comme Père de l'Église, les évêques français se sont prononcés en 2018 pour la
nomination de saint Césaire d'Arles comme Docteur de l'Église (l'étude est en cours).

22
SAINT ÉLOI
V0V}' 588-660

Éloi, fils de paysans aisés qui travaillent eux-mêmes leur terre, se fait remarquer par sa grande
honnêteté et ses qualités manuelles.
Orfèvre à Limoges, il frappe la monnaie royale et se montre habile dans les émaux et les ciselures
d'or fin.
Quand on lui demande d'exécuter un trône d'or pour le roi Clotaire Il, il en fait un deuxième avec
l'or en surplus qu'il ne veut pas garder pour lui. Impressionné, le roi lui demande de résider à Paris
comme orfèvre royal, fonctionnaire de la trésorerie royale et conseiller à la cour.

Après Clotaire Il, le roi Dagobert prend Éloi comme conseiller et confident.

Éloi orne des tombes de saints, réalise des châsses et crée des objets liturgiques.

Simple laïc, Éloi est d'une grande piété. Il assiste souvent aux offices monastiques. En outre, d'une
grande charité, il distribue de son bien aux pauvres et rachète de nombreux esclaves.

Après la mort du roi Dagobert, Éloi, déjà quinquagénaire, quitte la cour et devient prêtre, puis il
succède à Saint Médard comme évêque de Noyon.
Il fonde plusieurs hospices, hôpitaux et monastères (Solignac, Noyon, Tournai, Saint-Quentin).

Éloi est le patron des o,fèvres, des forgerons et de tous les travailleurs de la métallurgie.

La plus grande partie de la vie d'Eloi est une vie de simple laïc exerçant son métier d'artisan avec
le plus grand soin. Elle illustre bien ce que dira plus tard le pape Benoît XVI : « En tant que
chrétiens engagez-vous à vivre et à être témoins de l'Évangile du travail, conscients que le Seigneur
appelle tous les baptisés à la sainteté à travers les tâches quotidiennes. » (Audience du 31 mars 2007)

23
Quelques autres saints du 1 au 7
er èm e
siècle
Venant de PaJestine vers 43, un groupe de disciples avec entre autres: Lazare (le' évêque de
Marseille), Marie-Made le ine (ermite à la Sainte-Baume), Marthe , Maximin, Mar ie Jacobé et Marie
Salomé (dites les Saintes Maries). (d'après une t radition ancienne)
Saint Saturnin (Sernin) (t v. 250) premier évêque de Toulouse, martyr
Sainte Julie C-, 275) son époux et 20 compagnons, martyrs à Troyes (persécution d'Aurélien)
Saints Crépin e t Crépinien (t285) venus de Rome, cordonniers, martyrs à Soissons
Sainte Foy (3ème s) vierge, martyre à Agen
Sainte Dévote (t304) vierge et martyre, patronne principale de la Corse avec sainte Julie (4e ou s e
siècle) Saints Donatien e t Rogatie n C-, v. 304) martyrs à Nantes (sous l'empereur Maximin)
Saint Sulpice Sévère (t410) disciple et biographe de saint Martin, veuf, moine
Saint Paulin de Nole (t431) gouverneur, marié, évêque de Nole, Père de l'Église
Saint Ge rmain d'Auxe rre (t 448) évêque d'Auxen-e
Saint Hilaire d'Arles c-t 449) moine à Lérins, évêque d'Arles, Père de l'Église
Saint Eucher de Lyon (370-449) sénateur, marié, puis moine à Lérins, évêque de Lyon
Saint Vincent de Lérins (tv. 450) moine, écrivain, Père de l'Égli se
Saint Mame rt c-t 477) évêque de Vienne, en Dauphiné, à l'origine de s Rogations
Saint Loup de Troyes (t v. 478) moine à Lérins, évêque de Troyes, protège sa ville d'Attila
Saint Médard (v. 456-564) évêque de Noyon
Saint He r vé (v. 520-568) né aveugle, ermite en Bretagne, fonde un monastère à Lanhouarneau
Sainte Radegonde (t587) épouse de Clotaire, reine des Francs, moniale
Saint Gr égoir e de Tours (t595) évêque de Tours, écrit l'histoire des Francs et les vertus des saints
Saint Pépin de Lande n c-t 640) maire du palais, et son épouse sainte ltte. Leurs deux filles sont
saintes

Sainte Ge r trude de Nive lle s (t659) et sainte Begge c-t 693) grand-mère de Charles
Martel Leur fils Grimoald est père de sainte Vulfe trude

Saint .Judicaël (v. 590-658) roi de Bretagne, moine


Sainte Bathilde (v. 630-680) reine des Francs, épouse de Clovis II, moniale à Chelles
Il est à noter que dans les premiers siècles, il existe plusieurs familles de saints autre que celle de
saint Pépin de Landen. Par exemple : la famille de saint Fragan et son épouse sainte Gwenn, la
famille de sainte Landouenne, la famille de sainte Salaberge, la famille d'Ostrevent, la famille de
saint Walbert et son épouse sainte Bertille, ...
Remarque : Du 1er au 7ème siècle, on dénombre plus de 600 saints en France. Les sources sont souvent
très fragiles et les canonisations se font par la ferveur populaire.

24
D u 8ème au 13 ème siècle
708 Apparition de l'archange saint Michel à saint Aubert, évêque d' Avranches, ce qui conduit à
l'édification du Mont-Saint-Michel
732 Charles Martel arrête l'invasion des Sarrasins à Poitiers
Les Carolingiens
754 Pépin le Bref, fils de Charles Martel est sacré roi par le _pape
Il fait don à celui-ci d'un territoire: c'est l'origine des Etats Pontificaux.
800 Charlemagne, fils de Pépin le Bref, est proclamé empereur d'Occident à Rome
Il fonde des écoles dans les abbayes royales et les cités épiscopales
Il donne à saint Michel le titre de "Père et patron de l'empire des Gaules"
814 Mort de Charlemagne-Dislocation de l'Empire par ses descendants
?09-910 Fondation de l'abbaye de Cluny
Les Capétiens
987 Hugues Capet, sacré à Reims, se fixe à Paris qui devient capitale de la France
1054 Schisme d'Orient: les Églises d'Orient se séparent de Rome
1096-1099 1ère croisade : libération des Lieux Saints du joug des musulmans qui
persécutent les pèlerins chrétiens - Le Royaume Franc de Jérusalem (qui durera 100 ans)
1098 Fondation de l'abbaye de Cîteaux
1118 Fondation, en Palestine, de l'ordre militaire et religieux des Templiers
1147 2èm e croisade, prêchée par saint Bernard

1163 Début de l'édification de Notre-Dame de Paris (fin des travaux en 1345)


1208-1244 Croisade contre les " Albigeois " (hérésie cathare, voir p. 33)
1214 Victoire de Bouvines par Philippe Auguste (attribuée à saint Michel)
1228 Avènement de Louis IX (St Louis), fils de Louis VIII -Régence de Blanche de Castille
1233 L'Inquisition : création de tribunaux sous l'autorité du pape, (pour poursuivre uniquement les
erreurs contre la foi catholique - Base du droit Français, les accusés ont droit à une défense)
1252-1270 Louis IX fait régner en France ordre et sécurité (voir p. 34)
1270 Huitième et dernière croisade. Mort de saint Louis à Tunis
1285 Avènement de Philippe IV le Bel qui devient aussi roi de Navarre
Apparition d'ordres nouveaux (Franciscains, Dominicains) qui façonnent la pensée et le visage intellectuel
de la France et d e l 'Europe - Rédaction de la« Somme théologique » de Thomas d'Aquin
Du X l 1118 au Xlllème siècle: Édification des grandes cathédrales. (Chartres, Notre-Dame de Paris, .. J
Apogée des pèlerinages (Jérusalem, Rome, Saint-Jacques de Compostelle, Le Puy-en-Velay, Vézelay,
Rocamadour)
Extrait du Testament de Charlemagne de 806: " Par-dessus tout, nous voulons et ordonnons que nos trois fils
pourvoient convenablement à la défense de l'Église de Saint Pierre et, suivant en cela l'exemple qu'ils reçurent de
notre aïeul Charles et de n o tre père le roi Pépin, d'heureuse mémoire, et de nous-même, qu'ils la protègent contre
ses ennemis avec l'aide de Dieu et la maintiennent en possession de tous ses droits, autant qu'il dépendra d'eux. "

26
St 0VILE
t Vef°}'
720

Les sources sur la vie de sainte Odile ne sont pas certaines et pa,fois contradictoires.

Odile serait la fille d' Adalric, duc d'Alsace. Son père aurait attendu un héritier mâle. Mais c'est une
fille qui voit le jour et de plus elle est aveugle et donc le déshonneur de la famille. Son père aurait
voulu la tuer mais sa mère l'aurait cachée dans l'abbaye bourguignonne de Baun1e-les-Dames.

Baptisée à l'abbaye de Baume par un moine irlandais, elle aurait retrouvé la vue à son baptême et
reçu le nom d'Odile qui signifie« fille de la lumière». Elle aurait fait vœu de virginité.

Odile serait revenue chez son père accompagnée de son frère Hugues. Mais le père, encore furieux,
aurait tué ce dernier. Elle se serait alors enftùe du château paternel.
Peu à peu, son père, pris de remords, se serait apaisé et l'aurait rappelée auprès de lui, lui offrant le
château de Hohenbourg, dont elle aurait fait un monastère, y adjoignant un hospice pour les lépreux.

Son culte est très populaire en Alsace où le Mont Sainte-Odile, très fréquenté par les pèlerins, reste
un des hauts lieux de la région.

Odile est canonisée par Léon IX, pape de 1049 à 1054.

Elle est déclarée sainte patronne d e l 'Alsace par le pape Pie XII en 1946.

27
S SOLANG'E
t 880

J beY
M Y @l-'il/pur

Née à Saint-Martin du Crot au lieu-dit Villemont, près de Bourges, dans le Berry, Solange est
employée à la garde des troupeaux. Fille de serf, Solange est d'une grande beauté. Elle est douce,
pieuse et très humble.

Elle refuse le mariage avec un jeune seigneur, Bernard de Gothie, fils du comte de Poitiers, qui la
prend alors de force sur son cheval dans le dessein d'abuser d'elle.
Jeune paysanne forte, Solange se débat. Ils tombent tous deux dans un ruisseau mais elle réussit à
s'enfuir. Il la poursuit, et devant sa ferme résistance, fou de rage, il lui tranche alors la tête.

Solange, patronne secondaire du Berry, est martyre de la pureté.

Pendant longtemps, en période difficile, les reliques de sainte Solange étaient portées en procession
jusqu'à Bourges et donnaient lieu à de grandes festivités. Le vill a g e de Saint-Martin du Crot, qui
compte actuellement plus de 1000 habitants, a pris le nom de Sainte-Solange.

À travers Solange, sont honorées toutes celles qui ont souffert ou sont mortes, au cours des siècles,
pour conserver leur pureté,fermement convaincues que leur corps est le temple de /'Esprit-Saint.

Citons seulement ici un exemple récent : Anne-Lorraine Schmitt, cette brillante étudiante en
journalisme qui préféra la mort à la souillure dans le R.E.R. à Paris en 2007.

28
St'OVILON
962-1049

Fils d'une famille seigneuriale d'Auvergne, les Mercœur, Odilon est nommé à 29 ans abbé de Cluny
et succède à saint Mayeul. Cluny est alors la capitale d'un véritable ensemble monastique regroupant
des milliers de Bénédictins.
5ème
abbé de Cluny, Odilon contribue à répandre la dévotion à Notre Dame dans les monastères et
par eux, dans la chrétienté tout entière. Conseillé des princes et des papes, il est un excellent
médiateur et un organisateur hors pair.

On lui doit cette invocation à la croix : " Ô Croix mon refuge, ô Croix mon chemin et ma force, ô
Croix étendard imprenable, ô Croix arme invincible. La Croix repousse tout mal, la Croix met les
ténèbres en fuite ; par cette Croix je parcourrai le chemin qui mène à Dieu. "

Odilon institue la fête de la commémoration liturgique des fidèles défunts, le 2 novembre. Il


contribue à l'institution de la trêve de Dieu qui interdit de faire la guerre du mercredi soir au lundi
matin, pendant l 'A vent et le Carême.

Il meurt le 1er janvier 1049 et il est immédiatement reconnu comme saint.

Du X è m e au X l lè m e siècle, Cluny devient le symbole du renouveau monastique en Occident, un


foyer de réformes de la règle bénédictine et un centre intellectuel de premier plan. Le succès de
Cluny, qui essaime dans toute la chrétienté latine, est dû en grande partie à la valeur exceptionnelle
de ses abbés. La plupart des premiers abbés de Cluny sont aussi considérés comme saints: Bernon,
Odon, Mayeul, Hugues et Pierre le Vénérable.

Cluny donne à l'Église 3 papes: Grégoire VII, Pascal II et le bienheureux Urbain I I (qui prêche
la première croisade avec Pierre l'Ermite).

29
St''R08E'R Î
M/ C1lAISE-VIEtl
VeY,Y' 1001-1067

Enfant chétif, de petite taille, Robert de Turlande est le cadet d'une famille nombreuse.

À 20 ans il devient chanoine puis prêtre. Avec sa fortune personnelle, il fait construire un hôpital et
soigne lui-même les malades.

Il fonde en 1043 un petit ermitage au lieu qu'il appellera Casa Dei, qui veut dire en latin poptùaire
Maison de Dieu, et qui deviendra le monastère de la Chaise-Dieu (en Auvergne).
En 1050, les travaux d'édification du monastère sont terminés.
Robert est inspiré de donner à sa communauté la règle de saint Benoît (vœux de pauvreté, chasteté,
obéissance, esprit de silence, et régularité aux offices). Désormais, ses moines vivent au rythme des offices
qui ponctuent la journée et alternent temps de prière, temps de travail, temps de repos.

Robert rétablit le culte dans plus de 50 églises de la contrée et fonde des monastères dans tout le
Massif Central.
Le monastère de la Chaise-Dieu devient très vite la deuxième abbaye, après Cluny, en Europe.
Le succès de sa création est dû notamment à l'importance des secours apportés aux pauvres (plus de
4000 par an) et à l'accueil des voyageurs et pèlerins. En un siècle, plus de dix abbayes et plus de trois
cents prieurés voient alors le jour.

Robert meurt en 1067. Il est canonisé dès 1070 par Alexandre Il

Robert est un des 900 saints que l'ordre des Bénédictins a donné à l'Église.

Les moines bénédictins, à la fois défricheurs, bâtisseurs, copistes, évangélisateurs et hommes de


prière ont apporté une contribution essentielle à l'épanouissement de la chrétienté.

30
St13'E'RNA'
RV
1090-115
A 3
C a«Mv
Docte.«.,- de, ' l } t �
fêt'fV l b 2 o etaût"

Né près de Dijon, Bernard, issu d'une famille aristocratique bourguignonne, est un des fils de la
bienheureuse AJeth. À 22 ans, il entre à l'abbaye de Cîteaux, entraînant 30 jeunes avec lui. Cette
abbaye, fondée 14 ans plus tôt par saint Robert de Molesmes, devient le centre d'une réforme de
l'ordre des Bénédictins (Cisterciens).
Après trois ans, sur l'ordre de son abbé, Bernard fonde l'abbaye de Clairvaux qui regroupe jusqu'à
700 moines.
Par son action et ses écrits, le rayonnement de Bernard s'étend sur toute lEurope. Il parcourt les
routes d'Europe à dos de mule, apaise les querelles entre les rois et les seigneurs, maintient l'unité
de l'Église, combat l'hérésie cathare. (Voir st Dominique, p. 33)
Il développe la dévotion au Saint Nom de Jésus : , Seul Jésus est miel à la bouche, cantique à
l'oreille,joie au cœur. Il est aussi un remède: si quelqu'un est triste que le nom de Jésus vienne en
son cœur et de là à sa bouche, alors tout nuages' enfuit et la paix revient ' 1

Ses plus beaux sermons sont consacrés à la louange de Marie qu'il associe au sacrifice rédempteur
de Jésus. On lui doit de belles prières à Marie, par exemple : '' En la suivant, tu n e t 'égares pas ; en
la priant, tu ne désespères pas ; elle te tient, tu ne t'écroules pas ; elle te protège, tu ne crains
pas ... ", et la prière du "Souvenez-vous "qui a traversé les siècles.
De son vivant, plus de 300 abbayes cisterciennes fleurissent sur le sol européen.

Considéré comme dernier Père de l'Église, Bernard relance et rénove la théologie des Pères des
premiers siècles.

Canonisé en 1174 par Alexandre III, Bernard est proclamé Docteur de l'Église en 1830 par Pie VIII.

Bernard reste, dans l'histoire du Moyen Âge, un saint qui a beaucoup travaillé à faire de
l'Europe, encore rude et barbare, une terre de chrétienté.

31
St'JEAN
IÙIMA11iA
f 115'+-1213
ckUordrE?/
ck ,
pour ÎR/ ,.,. capt'if,,,

Seigneur provençal, Jean devient docteur en théologie à l'université de Paris.

Il choisit la prêtrise et le jour de sa première messe, il a une vision pendant laquelle un homme en
blanc, une croix rouge et bleue sur la poitrine, pose les mains sur deux prisonniers enchainés dont
l'un est blanc et l'autre noir.
Jean se sent alors appelé à fonder un ordre ayant pour mission le rachat des captifs maures et
chrétiens, victimes des razzias menées par les Sarrasins sur les côtes méditerranéennes : l'ordre de
la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des captifs voit le jour (Les Trinitaires).

Jean est aidé par un ermite dont l'histoire n'a pas retenu le nom et qui sera appelé 3 siècles plus tard
Félix de Valois et sera canonisé en même temps que lui.

Le pape Innocent III reconnait ce nouvel ordre (II aurait eu la même vision que Jean) et le roi Philippe
Auguste soutient Jean dans son œuvre. Celui-ci parcourt toute l'Europe pour récolter de grandes
sommes d'argent afin de racheter les prisonniers esclaves des musulmans.
Épuisé par les fatigues et les privations, il meurt à Rome à 53 ans.

Il est canonisé en 1666 par Alexandre Vil.


L 'œuvre des Trinitaires connait un grand développement et en 1789, on compte plus de 600 000
libérations d'esclaves.
De nos jours, les Trinitaires continuent son œuvre, mais aussi les religieuses et le laïcat trinitaire
car l 'œuvre de Jean de Matha a donné naissance à 9 instituts religieux et laïcs.

Peu de temps après, saint Pierre Nolasque (1180-1245), né en Languedoc, fonde en Espagne
/ 'Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci pour le rachat des captifs.

32
StVOMINIQU
E
f fVev}'
Yè..Ye1J'Pr-ê.d,.e.ur
(V1170-1221
)

Né en Castille, Dominique de Guzman est le fils de la bienheureuse Jeanne d'Aza. Il devient


chanoine de la communauté des chanoines réguliers d'Osma et sous-prieur du chapitre.
Puis il accompagne son évêque en France.
Mandaté par Rome, il devient missionnaire dans la région narbonnaise et toulousaine.
Il lutte contre l'hérésie cathare qui consiste à la prétention d'une absolue pureté de mœurs, tout ce
qui vient de la matière et de la chair étant mauvais.
Il fonde l'ordre des Frères Prêcheurs (Dominicains) et prône le retour à l'Évangile en donnant,
avec ses religieux, le témoignage d'une vie pauvre, simple et rayonnante de joie.
Dominique envoie des frères prêcheurs dans les principaux centres universitaires de la chrétienté,
apportant ainsi une notable contribution à l'universalisme de l'Église.
En 1208, Dominique aurait eu une vision de la Vierge lui recommandant la prière du Rosaire. Il
introduit la dévotion au Rosaire qui est une méditation des mystères de la vie du Christ et de Marie
entrecoupée par des Ave Maria (dévotion qui sera reprise plus tard par Alain de la Roche (voir p. 48) et bien plus
tard par Pauline Jaricot (voir p. 105) et encouragée par de nombreux papes).

À la fin de sa vie, Dominique, entouré de ses frères, leur dit : "Ne pleurez pas, je vous serai plus
utile après ma mort et j e vous aiderai plus efficacement que pendant ma vie ".
L'Institut de Frères Prêcheurs compte alors de nombreux couvents en France, en Italie, en Espagne.

Il est canonisé en 1234 par Grégoire IX.

L'ordre dominicain a donné à l'Église de grands maîtres illustres comme saint Albert le Grand,
saint Thomas d'Aquin et bien d'autres à travers les siècles.

Au même moment, avec François d'Assise en Italie, l'ordre des Frères Mineurs (Franciscains) estfondé.
Un nouveau type de religieux, étroitement mêlés à la vie des hommes, apparaît.

33
St'LOUI
S
1214-12
70

Né à Poissy, Louis est le fils de Louis VIII et de Blanche de Castille. Il épouse Marguerite, fille du
comte de Provence, et devient père de 9 enfants.
Tertiaire franciscain, d'une grande piété, Louis mène une vie frugale, pratiquant les jeûnes les plus
austères, haïssant le péché pire à ses yeux que la lèpre.
Il possède un sens très aigu de la charité, accueillant à sa table beaucoup de pauvres, soignant lui-
même les plaies les plus repoussantes des malheureux, créant des hôpitaux et l'hospice des Quinze-
Vingts à Paris pour les aveugles et les malades revenus de Palestine.
Il fait preuve d'une extraordinaire droiture dans l'administration de la justice, aussi bien pour les
affaires de ses sujets que pour la chrétienté entière. Il fait construire la Sainte-Chapelle pour
abriter la Sainte Couronne d'épines, crée des universités, dont la Sorbonne.
Il aime recevoir à sa table penseurs et théologiens comme St Bonaventure et St Thomas d'Aquin.
Son sens de l'honneur et sa bravoure chevaleresque lui valent l'admiration de ses ennemis mêmes.
Lors de ses deux croisades qui sont des échecs militaires, le prestige de sa grandeur d'âme apparaît
dans toute sa force.
Atteint par une épidémie de peste qui décime son armée, Louis fait ses dernières recommandations
à son fils Philippe, héritier du royaume de France. Il meurt paisiblement et pieusement, sur un lit de
cendre, à Carthage en Tunisie pendant la g è m e croisade.
Louis laisse le royawne de France dans la paix et la prospérité.
Louis aime se nommer: "Louis de Poissy "en sou venir du lieu où il est devenu enfant de Dieu par le baptême.

Il est canonisé en 1297 par le pape Boniface VIII.


Extraits du Testament de saint Louis à son fils Philippe:
« Cher fils, j e t'enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car
sans cela personne ne peut rien valoir. (... )
Cher fils,je t'enseigne que tu sois toujours dévoué à l'Église de Rome et à notre Saint-Père le pape, et
lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel ».
34
St'WES
1253-1303

Né à Tréguier, en Bretagne, Yves de Kermartin fait ses humanités à Paris où il se fait remarquer par
sa vie de privation en faveur des pauvres. Il obtient un doctorat en théologie et à 24 ans, il obtient
aussi un doctorat en droit à Orléans.

À 27 ans, héritier de la grosse fortune familiale, Yves se dépouille peu à peu de tous ses biens pour
devenir le père et l'avocat des pauvres. Il leur ouvre le manoir dont il a hérité à Kermartin et dépense
toutes ses forces au service de ses amis déshérités. Il recueille aussi deux orphelins.

En 1284, remarqué par l'évêque de Tréguier, il est nommé juge ecclésiastique, official du diocèse
de Tréguier et est ordonné prêtre. Il devient recteur de la paroisse de Trédrez puis de celle de
Louannec.

Il fait ses prêches en breton pour rendre plus accessible au peuple le message évangélique et fait
construire un refuge pour les indigents.

Yves est canonisé en 1347 par le pape Clément VI.

Patron des gens de loi, Yves demeure un saint très populaire et très honoré en Bretagne. De
nombreuses chapelles lui sont dédiées. De nombreuses associations de juristes et des facultés de
droit le prennent pour patron.

Le pape Jean-Paul II, lors du 700 ème anniversaire de sa mort rappelle : " Yves s'est engagé à
défendre les principes de justice et d'équité, attentif à garantir les droits fondamentaux de la
personne, le respect de sa dignité première et transcendante (. . ) ".
35
Quelques autres saints du 8 ème au 13ème siècle
Saint Gilles (v. 640-720) ermite près de Nîmes
Saint Aubert (v. 670-725) évêque d'Avranches à l'origine de l'abbaye du Mont-Saint-Michel
Saint Carloman (v. 710-754) fils aîné de Charles Martel et roi franc, se retire dans une
abbaye
Sainte Spérie (740-760) née à Saint-Céré (Lot), tuée par son frère pour re fus de mariage
Saint Adelbert d'Ostrevent (t 790) et son épouse sainte Reine , parents de dix enfants
Bienheureux Urbain II (1042-1099) Eudes de Chatillon, moine de Cluny, évêque, pape de
1088 à 1099 Saint Léon IX (1002-1054) né en Alsace, évêque de Toul, pape de 1049 à 1054
Saint Fulbert (v. 960-1028) évêque de Chartres
Saint Bruno (v. 1030-1101) fondate ur de l'ordre de s Chartreux
Bienheureuse Al eth (v. 1070-1105) mè re de 7 enfants (dont St Bernard, St Gérard et Ste
Ombeline) Saint Robert de Molesme s (1028-1111) abbé, fondateur de Cîteaux
Bie nhe ure ux Pierre l'Ermite (1053-1115) Prédicateur de la première croisade, à la
demande du pape Urbain II Bienheure ux Robert d'Arbrissel (v. 1047-1117) moine,
fondateur de Fontevraud
Bienheureux Gérard de Martigues (v. 1047-1120) fondateur de l'Ordre de Malte
Saint Étienne de Muret ( 1046-1124) ermite, fondateur de l'ordre de Grandmont
Saint Étienne Harding (t 1134) premier abbé de Cîteaux
Bienheureuse Ombeline (1092-1141) mariée puis moniale cistercienne (sœur de saint Bernard)
Saint Gérard de Clairvaux (t 1138) cistercien (frère aîné de Saint Bernard)
Saint Pierre de Tarentaise (1102-1174) fondateur et premier abbé de Tamié
Saint Richard de Pontoise (v. 1170-1179) enfant martyr
Saint Bénezet (1165-1184) jeune berger, à l'origine de la construction du Pont d'Avignon
Bienheureux Jean de Montmirail (1165-1217) pè re de famille , connétable de France,
moine
11 bienheureux martyrs d'Avignone t e n 1242 massacrés par les" Albigeois"
Saint Pierre Nolasque (1180-1245) fondatem de l'ordre de N.D. de-la-Merci pour le rachat des
captifs Bienheureuse Isabelle de France ( 1225-1270) fondatrice du monastère de Longchamp,
sœur de Saint Louis Sainte Douceline (1214-127 4) fondatrice d'un établissement de Béguines,
mystique
Sainte Hélène d'Anjou (1227-1276) mariée au roi de Serbie Ouroch 1er, mère de famille
Bienheureux B rnard de Morlaàs (t 1277) dominicain
Saint Louis d'Anjou (1274-1297) franciscain, évêque de Toulouse (mort à 23 ans), petit-
neveu de saint Louis
Remarque: Du fi"'' au /3;,,,, siècle, on dénombre plus de 400 saints en France.

36
Du 14ème au 16ème siècle

1309-1377 Sept papes, tous Français, à Avignon. Puis retour à Rome (intervention de Catherine de Sienne)

1337-1453 Guerre de Cent Ans. L'Angleterre prétend à la couronne de France


La France à moitié conquise par les Anglais retrouve peu à peu sa souveraineté
1347-1352 La peste noire décime 30 à 50 % des Européens
Début 15 ème Parution du livre « L'Imitation de Jésus-Christ »
1407-1435 Querelle entre Armagnacs et Bourguignons qui dégénère en guerre civile
1420 Traité de Troyes : le dauphin est déshérité au profit d'Henri V, roi d'Angleterre
1429-1431 Intervention de Jeanne d'Arc: Orléans délivré- Charles VII sacré à Reims
Jeanne brûlée vive à Rouen (voir p. 45)
1439 Le Purgatoire déclaré vérité de foi au concile de Florence
1450 Invention de l'imprimerie par Gutenberg
1453 Prise de Constantinople par les Turcs. Effondrement de l'Empire d'Orient
Fin du Moyen Âge - Début de la Renaissance - Développement des lettres et des arts
1492 Découverte del' Amérique par Christophe Colomb et fin de la Reconquista Espagnole
1515 Avènement de François 1er - Victoire de Marignan
1517 Luther, en Rhénanie, proteste contre le trafic des indulgences - Réforme Protestante
1519 Apparition de la Sainte Vierge avec l'Enfant Jésus à Cotignac (N-D des Grâces)
1534 Naissance à Paris de la Compagnie de Jésus (Jésuites)
1562 Début des Guerres de Religion entre catholiques et protestants (qui dureront 35 ans)
1563 Fin du Concile de Trente dit Concile de la Contre-Réforme (qui dura 18 ans)
1571 Victoire de Lépante contre les Turcs par la flotte chrétienne, grâce à la prière du Rosaire
1573 Massacre de la Saint-Barthélemy (le 24 août)
1588 Abjuration d'Henri IV, fin des guerres de religion -Avènement des Bourbons
1594 Devenu catholique, Henri IV est alors reconnu roi et sacré à Chartres (saint Michel se serait montré
durant toute la cérémonie près d'Henri IV, sous l'apparence d'un enfant de 6-7 ans, habillé de blanc)

1598 L'Édit de Nantes assure aux protestants le libre exercice de leur culte

38
St'ELZtA'R
1285-1323
fê,t'e, le,, 2 7 "tem.bre,

'BwVELPtlINE
1282-1360
Fêt'e-- le,, 2 6 vtOVem.bre-

Comtes en Provence, Elzéar de Sabran et Delphine de Signes sont mariés jeunes. À la demande de
Delphine, Elzéar accepte de vivre leur vie conjugale dans la continence.
Devenus tertiaires franciscains, ils mènent une vie de prière et de pénitence sans que leurs sujets
s'en aperçoivent et sans négliger les obligations dues à leur rang, soit en Provence, soit à Naples où
Elzéar hérite du comté d' Ariano.
Delphine excelle dans la danse et Elzéar dans les tournois.

Tous deux s'occupent activement des pauvres. Delphine fonde une caisse rurale de prêt sans intérêt
qu'elle cautionne.

Elzéar meurt à 38 ans.

Delphine se dépouille alors de ses richesses pour se consacrer totalement au service des malheureux.
Elle quête dans les rues pour continuer à aider les pauvres malgré les aff ronts qu'elle reçoit.
Dans ses dernières années, elle vit une vie quasi monacale et s'éteint à l'âge de 78 ans.

Delphine et Elzéar sont tous deux inhumés à Apt.

Elzéar de Sabran est canonisé en 1369 par le pape Urbain V.

Delphine de Signes est nommée dans le martyrologe franciscain. Elle est considérée comme
bienheureuse.

39
S 'ROC1i
Ve,r- 1348-1379

Roch est né à Montpellier pendant la peste noire, de parents riches et profondément chrétiens.
Encore très jeune, il perd ses parents et étudie la médecine. Puis il décide de se rendre à Rome
comme pèlerin.
Il trouve les contrées d'Italie en proie à la grande épidémie de peste qui sévit dans toute l'Europe.
Il soigne les malades qu'il rencontre sur son chemin et en guérit beaucoup.

De retour en France, pris pour un espion, il refuse de donner son identité et de se faire reconnaitre
par son oncle, souhaitant partager le sort des prisonniers. Il est alors jeté en prison où, oublié durant
cinq ans, il meurt de misère.
(D'après une " vie anonyme " connue sous le nom de " Acta Brevario " composée sans doute en
Lombardie vers 1430)

Le culte de Roch est approuvé par le pape Urbain VIII en 1629.

Il est un des saints les plus vénérés dans le monde catholique entre la fin du Moyen-âge et le ]9 ème
siècle. On dénombre des milliers d'églises, de chapelles, d'oratoires qui lui sont dédiés : non
seulement en France et en Italie (particulièrement à Venise), mais aussi dans toute l'Europe,
jusqu'en Argentine, Colombie, Afrique, aux Antilles, à Madagascar, aux Philippines, aux États-
Unis, au Canada, au Brésil.

Invoqué comme thaumaturge, il est le patron de nombreuses confréries et corporations liées aux
soins médicaux.

40
Sn!/'ROSELINE
MIVILL'ENEUVE
1263-1329

D'une noble et pieuse famille de Provence, Roseline naît au château des Arcs. Enfant, elle distribue
généreusement des réserves du château aux pauvres malgré l'interdiction de son père.
Désirant se consacrer à Dieu dans la vie religieuse, elle entre dans une chartreuse pour son noviciat.
Elle devient ensuite prieure à la Chartreuse de Celle-Rou baud, en Provence, en remplacement de sa
tante décédée.
Plus tard, elle devient à nouveau prieure d'une autre Chartreuse fondée par son frère dans le diocèse
de Fréjus.
Très portée vers le soin et l'amour des pauvres, le pape Jean XXII lui accorde, à titre de faveur
exceptionnelle, la faculté de sortir de la clôture pour ses œuvres de miséricorde.

À la fin de sa vie, elle renonce à sa charge de prieure et vit comme simple religieuse dans une grande
pénitence.

Exhumé 5 ans après sa mort, son corps est retrouvé intact. On le place dans une chasse de verre pour
que les fidèles viennent l'honorer. Son corps ne sera embaumé qu'en 1894, près de 6 siècles après
sa mort.
Son culte est confirmé en 1851.

Les Moniales Chartreuses sont des religieuses contemplatives qui vivent dans l'esprit des Chartreux
fondés par saint Bruno en 1090, dans le massif alpin de la Grande Chartreuse.

Les Chartreux vivent une vie de solitude en cellule, de liturgies communes et de travail manuel.

41
13"-'
U'R'BAIN V
1310-1370

Guillaume de Grimoard est né en Lozère, près de Mende.


Il devient d'abord moine. Mais ses supérieurs, conscients de ses capacités exceptionnelles en lettres
et en sciences, lui font poursuivre des études et l'envoient enseigner dans les grandes universités de
Montpellier, Paris, Avignon et Toulouse.

Successivement Vicaire Général de Clermont et d'Uzès, Abbé de St. Germain d'Auxerre, puis de St.
Victor de Marseille, il est nommé légat du pape par Innocent VI à Naples.

Après la mort d'innocent VI, il est élu pape à son tour en 1362.

Il rétablit la papauté à Rome en 1367.


C'est lui qui ajoute à la tiare papale une troisième couronne pour symboliser la triple royauté du
pape sur les fidèles, sur les évêques et sur les États Pontificaux.
Il s'efforce de réformer les mœurs, de propager au loin la foi catholique, de promouvoir les études.

Après 3 années passées à Rome, il retourne momentanément à Avignon dans le but de travailler plus
efficacement à la réconciliation de la France et de l'Angleterre. Mais il meurt soudainement sans
avoir pu regagner Rome.
Urbain V est l'avant dernier des 7 papes d'Avignon, tous Français (de 1305 à 1378).
Urbain V est reconnu bienheureux en 1870 par le pape Pie IX.

Parmi les 16 papes que la France a donné à l'Église, deux autres sont proposés à la vénération des fidèles :
Saint Léon IX (pape de 1049 à 1053) et le bienheureux Urbain I I (pape de 1088 à 1099).

42
StPIE'R'RE
NA'R'BONNE
f 1391

Pierre est né à Narbonne. Il entre chez les Frères mineurs de la Province de Provence.
Devenu religieux franciscain, il est envoyé en mission à Jérusalem en 1384.

Pendant des années, avec 3 autres compagnons franciscains : Nicolas Tavelic (Croate), Déodat
Aribert de Rodez (Français) et Etienne de Cuneo (Italien), ils cherchent par quels moyens ils
peuvent annoncer la bonne nouvelle de l'Évangile aux musulmans.

Aidés de leurs confrères franciscains, ils préparent peu à peu un document dans lequel ils réfutent
l'enseignement du Coran et mettent en avant la cohérence et la véracité de la Parole de Dieu dans
la Bible.

Le 11 novembre 1391, tous les quatre se rendent alors auprès du Cadi de Jérusalem et exposent
courageusement leur foi à celui-ci. Le Cadi les somme de se rétracter et d'épouser la religion
musulmane.
Ils refusent énergiquement et sont alors livrés une première fois aux bourreaux pour être flagellés.
Le Cadi espère les décourager mais devant leur nouveau refus d'abjurer, ils sont livrés à la vindicte
populaire et sauvagement massacrés le 14 novembre 1391.
Leurs corps sont brfilés et leurs cendres dispersées.

Ils sont béatifiés en 1881 par Léon XIII.

Paul VI les canonise en 1970, les présentant comme modèles du courage chrétien de la Vérité.

43
'B""]EAN M/GANV
t1439

Gentilhomme, vraisemblablement originaire de Gand, Jean devient moine dans l'abbaye de Saint-
Claude (Jura) puis se retire dans un ermitage au-dessus de la ville.
Profondément attristé par l'état de la France durant la guerre de Cent Ans, Jean prie spécialement
pour la réconciliation des rois de France et d'Angleterre.
Divinement inspiré, il va trouver le dauphin Charles, réfugié à Bourges, et lui promet un fils et la
paix. (Charles aura effectivement un fils, Louis XI)
Il va aussi voir Henri V d'Angleterre et lui demande d'abandonner sa conquête de la France, lui
annonçant que s'il persiste dans son projet, il mourra un an plus tard. Ce qui se réalise en 1422.
(Ce n'est que quelques années plus tard que Jeanne d'Arc entre en action.)
Peu de temps avant sa mort, Jean prédit le départ prochain des Anglais du sol français.
Louis XI tient à prouver sa reconnaissance à l'ermite Jean qui avait annoncé sa naissance et la
libération du royaume. Il écrit une supplique au pape Sixte IV après la mort de Jean en vue de la
canonisation du « prophète patriote». Mais il meurt en 1483 et le pape en 1484.
Le procès de béatification de Jean a été ouvert à Rome en 1917.
Appelé bienheureux, son nom n'est pas inscrit dans l'actuel martyrologe romain.

Depuis Saint Antoine l'Ermite (251-356) en Haute Égypte, la forme de vie religieuse érémitique a toujours été pratiquée
dans l'Église et a donné de nombreux saints. En France, citons par exemple: St Corentin (5's), St Gilles (7-B's), St
Convoyon (9's), St Étienne de Muret (l l-12's), St Étienne d'Ohazine (12's), Bx Gérard de Lunel ( 13's), Bx Guillaume
de Naurose ( l 4's) et plus récemment le Bx Charles de Foucauld (voir p. 131)
« Sans toujours professer publiquement les trois conseils évangéliques, les ermites, " Dans un retrait plus strict du
monde, dans le silence de solitude, dans la prière assidue et la pénitence, vouent leur vie à la louange de Dieu et au
salut du monde "(CIC, can. 603, § 1). Ils montrmt à chacun cet aspect ùitérieur du mystère de l'Église qu'est
l'ùitimité personnelle avec le Christ. Cachée aux yeux des hommes, la vie de l'ermite est prédication silencieuse de
Celui auquel il a livré sa vie, parce qu 'Il est tout pour lui. C'est là un appel particulier à trouver au désert, dans le
combat spirituel même, la gloire du Crucifié. » ( Catéchisme de ! 'Église Catholique n ° 920-921)

Les ermites relèvent soit d'un Institut religieux contemplatif, soit de l'évêque du lieu.
Le nombre actuel d'ermites en France est d e l 'ordre d'une centaine.

44
S JEANNE dJA'RC
1412-1431

1 ,,
pa,- Vl.e.w
PcctYO'nflel e, W/fY'

Née à Domrémy, en Lorraine, dans une famille de paysans aisés, Jeanne garde les moutons.
Elle n'a que 13 ans quand elle entend des voix : l'archange saint Michel ("Je suis Michel, le protecteur
de la France"), sainte Catherine et sainte Marguerite lui montrent "la Grande pitié" du royaume
de France et lui ordonnent d'aller au secours du roi. À 16 ans, elle demande au sire de
Beaudricourt une escorte pour se rendre au secours du dauphin exilé. Il finit par accepter et, à 17
ans, Jeanne va trouver Charles VII à Chinon. Elle le reconnaît, caché parmi ses courtisans, et lui
révèle un détail de sa vie. Elle lui certifie qu'il sera sacré et couronné à Reims. Le dauphin place
alors toute son armée sous son commandement. Jeanne choisit sa devise brodée sur son étendard
"Dieu premier servi "avec les noms de Jésus et de Marie. Contre toutes les prévisions humaines,
la promesse de Jeanne se réalise promptement : en quelques mois, Jeanne délivre Orléans (le 8 mai
1429) et bat les Anglais en plusieurs rencontres. Elle exhorte ses soldats à se confesser avant les
combats. Elle est plusieurs fois blessée et reçoit une flèche ennemie qui lui transperce l'épaule.
Le 17 juillet 1429, Charles VII est sacré à Reims en présence de Jeanne.
Les combats continuent et Jeanne est prise devant Compiègne. Son calvaire commence.
Enchainée aux mains et aux pieds, au cours d'un procès inique dirigé par l'évêque Cauchon, ami des
Anglais, elle fait preuve d'un bon sens et d'une fidélité à sa mission qui déconcertent les juges. Elle
leur lance entre autres ces paroles : "M'est avis que le Christ et l'Église, c'est tout un ".
Considérée comme hérétique, schismatique et relapse, Jeanne est brûlée vive à Rouen le 30 mai
1431. Sur son bûcher, elle s'écrie: "Mes voix ne m'ont pas trompée, ma mission était de Dieu ".
Elle meurt en criant plusieurs fois : "Jésus ! "
Réhabilitée dans un procès en 1456, à la demande de Charles VII, elle est béatifiée en 1909 par
Pie X. En 1920, le président de la République Raymond Poincaré institue la Fête nationale de
Jeanne d'Arc et du patriotisme célébrée chaque année lors du deuxième dimanche du mois de mai.
Elle est aussi canonisée en 1920 par le pape Benoit XV. En 1922, le pape Pie XI la déclare patronne
secondaire de la France aux côtés de saint Michel Archange et de Thérèse de Lisieux (depuis 1638, la
patronne de la France est la Vierge Marie, fêtée le 15 août, jour de/ 'Assomption).

La triple donation: en juin 1429, dans un acte notarié, Jeanne demande à Charles de lui donner le royaume de
France. Il hésite mais accepte. Jeanne, à son tour, donne la France à Jésus et dit à Charles Vll que Jésus donne Le
royaume de France au roi. (Source: Breviarium historiale, été 1429, consultable à la Bibliothèque Vaticane)
45
1
S�C0L'fT l ë
1381-1447

Colette Boëlle est née à Corbie, en Picardie, de parents âgés, qui attribuent sa naissance à
l'intercession de saint Nicolas souvent imploré (d'où le prénom" Nicolette ", devenu familièrement Colette).
Ses parents sont très pieux. Son père est charpentier de l'abbaye bénédictine de Corbie.
Dès l'âge de 4 ans, Colette est d'une très grande piété. Elle est guérie miraculeusement d'une
profonde blessure à une jambe due à un coup de hache. De toute petite taille, sachant que son père
en est attristé, elle prie pour grandir. Sa taille passe alors très rapidement au-dessus de la moyenne,
À 9 ans (comme elle le dira plus tard), elle reçoit la révélation de ce qu'est l'esprit de l'ordre franciscain
et la nécessité de le réformer.

Elle devient orpheline à 18 ans. Elle entre chez les Béguines d'Amiens, puis chez les Bénédictines
un an plus tard et enfin chez les Clari sses (fondées par sainte Claire en 1212 en Italie). Mais trouvant leur
vie trop douce et relâchée, elle devient alors tertiaire franciscaine et recluse à Corbie.
Elle reçoit de Dieu la mission de réformer l'ordre des Clarisses. Malgré l'opposition de quelques
cardinaux, le pape Benoit XIII (pape d'Avignon à l'époque du schisme d'Occident), homme au sens spirituel
réel et profond, reçoit la profession religieuse de Colette dans la règle de sainte Claire et la nomme
abbesse de tous les monastères à venir.
Grâce à elle, malgré de nombreuses difficultés, une vingtaine de monastères sont fondés et les
Clarisses reviennent à leur idéal primitif de "pauvres dames ".
À Rome, le pape Alexandre V confirme sa mission de réformatrice de l'ordre des Clarisses.

Voyageuse pauvre, mystique, ascétique, thaumaturge, douce et humble, Colette aime se nommer,
dans un siècle troublé et violent " La petite ancelle (servante) du Seigneur".

Béatifiée en 1625, elle est canonisée en 1807 par le pape Pie VII.

46
'8)';1 AMtvtcIX
1435-1472

Amédée naît au château de Thonon. Il fait preuve très tôt d'une grande piété. Duc de Savoie, il
épouse à 17 ans Yolande de France, fille de Charles VU et sœur de Louis XL
Il devient père de 10 enfants, dont une, Louise, qui sera déclarée bienheureuse par l'Église. Trois
de leurs enfants meurent en bas-âge.

D'une extrême bonté, Amédée, aidé de sa femme Yolande qui partage totalement sa foi, gouverne
saintement, mettant au premier rang de ses préoccupations le soin des pauvres et des malades.
Il construit des hôpitaux mais aussi des monastères pour faire progresser l'évangélisation et
maintient la paix avec ses voisins.
Dans son duché, on dit avec humour:" /ci, il fait meilleur être pauvre que riche ".

Épileptique, Amédée accepte cette humiliation avec une grande résignation.


Il meurt à 37 ans, miné par la maladie, après avoir recommandé à ses enfants et à ses seigneurs de
pratiquer la justice et d'aimer les pauvres.

En 1612, François de Sales envoie une supplique au pape Paul V en vue d'obtenir la béatification
d'Amédée.
Amédée est béatifié en 1677 par Innocent XI.

NB : Louise de Savoie (1462-1503) sera épouse à 17 ans, veuve à 27 ans et entrera chez les Clarisses.

À travers Amédée, sont honorés tous les pères de familles.

À l'occasion d'un pèlerinage à Rome de pères de famille en 1951, le pape Pie XII a dit:
« Que de fois on a chanté les louanges de la mère, saluant en elle le cœur, le soleil de l a famille !
Mais, si la mère en est le cœur, le père en est la tête et, par conséquent, c'est de Ùl valeur, de Ùl
vertu, de l'activité du père, que dépendent premièrement la santé et l'efficience de wfamille. »

47
13,vALAIN cw�'ROCHE
1428-1475

Né dans le diocèse de Saint-Malo, Alain devient Dominicain et après de brillantes études, il se rend
à Paris comme professeur de théologie. Il enseigne et prêche ensuite en France et à l'étranger.

Très dévot envers la Sainte Vierge, il répand partout la dévotion du Rosaire et fonde à Douai en
1470 la première confrérie du Rosaire qui sera suivie de bien d'autres.
Il présente en 1471 une thèse sur l'importance de la prière de l' Ave Maria et devient docteur en
théologie.
Il structure la prière du chapelet et l'enrichit en l'entrecoupant de méditations des mystères
composant les principaux faits de la vie de Jésus et de Marie (mystères joyeux, douloureux,
glorieux) y associant ainsi les 150 psaumes bibliques (3 chapelets, 5 dizaines). Ce nouveau psautier,
appelé parfois psautier des pauvres, est accessible à tous.

Alain meurt en la fête de la Nativité de Marie, le 8 septembre 1475.

Alain est le promoteur et l'apôtre du Rosaire. Grâce aux Frères Prêcheurs, cette prière prend alors
une place prépondérante dans la vie de l'Église. Elle sera toujours encouragée par les papes
successifs.
Enrichissant encore cette prière du Rosaire, le pape Jean-Paul Il y ajoutera en 2002 les mystères
lumineux (Baptême du Seigneur, Noces de Cana, Vie publique de Jésus, Transfiguration, Institution de /'Eucharistie)

Vénéré comme Bienheureux dans toute l'Europe et dans l'ordre dominicain, Alain n'a pas été
officiellement béatifié.

"De tout ce qui se fait dans l'Église, le Rosaire est pour moi ce qu'il y a de plus agréable après la
Sainte Messe " (Paroles de Notre Dame à Alain de la Roche, Prions avec le Rosaire, Ed. Croisade du
Rosaire 1956, p 29)

48
Sn?/]'EANNE tkf'RANCE
1464-1505

ÉpOt,.tl,e/CÙ/L�XII,r - é p �

Jeanne est la fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Elle souffre d'un déhanchement qui la fait
boiter et les traits de son visage sont disgracieux. On la surnomme " la boiteuse ". Elle est rejetée par
son père qui l'éloigne, à l'âge de 5 ans, de sa mère jugée trop pieuse pour l'enfant déjà très portée vers
Dieu.

Mariée à 12 ans à son cousin le futur Louis XII, Jeanne souffre beaucoup du mépris et du désintérêt
de son époux.
Après 22 ans de mariage, Louis devient roi et fait annuler leur mariage pour épouser Anne de
Bretagne.
Jeanne est alors une reine répudiée.

Elle administre avec prudence et habileté le duché de Berry reçu après la déclaration de nullité de son
mariage avec Louis XII. Appelée " la bonne duchesse "par le peuple, elle se consacre aux pauvres,
soignant elle-même les pestiférés lors de l'épidémie de peste de 1499.

Elle fonde en 1502, avec l'aide de son confesseur franciscain, le Père Gabriel-Maria, l'ordre de la
Vierge Mari e, appelé ordre contemplatif del' Annonciade, fondation dont elle avait eu l'intuition en
son enfance, alors qu'elle priait la Vierge qui lui aurait dit : "Avant ta mort, tu fonderas un ordre
religieux en mon honneur ".
Cet ordre a pour caractéristique d'honorer spécialement le mystère de l'Annonciation et d'imiter les
vertus de Marie.
Jeanne y prend l'habit à la Pentecôte 1504 et meurt moins d'un an après.

Après sa mort, Louis XII vient se recueillir sur sa tombe et y puise la force de devenir celui qui sera
bientôt surnommé le père du peuple ".
II

Dès le ] 7 è m e siècle, elle est considérée à Rome comme sainte mais n'est canonisée qu'en mai 1950 par
le pape Pie XII.
49
Stl!/ G'E'RMAIN'E
1579-1601

Née à Pibrac, près de Toulouse, Germaine perd sa mère vers l'âge de 4 ans et son père se remarie avec
une femme qui la rejette. Elle est infirme d'une main, scrofuleuse (elle souffre d'abcès purulents autour du
cou), mal nourrie et maltraitée par sa marâtre. Elle est ignorée et méprisée de tous.
Elle passe son temps à garder les moutons et dort dans la bergerie. Pieuse et douce, elle partage le peu
de pain qu'on lui donne avec plus pauvre qu'elle et se rend, dès qu'elle le peut, à l'église pour prier.

À 21 ans environ, elle est retrouvée morte de misère sous l'escalier de la bergerie le 15 juin 1601 au
matin. On l'enterre et on l'oublie.
Son corps est retrouvé parfaitement intact, par hasard, 43 ans après, dans l'église du village, sous le
dallage, quand un fossoyeur soulève des dalles pour enterrer une personnalité. Avec sa pioche, il
effleure le nez de Germaine et un peu de sang frais coule.
Les gens accourent et elle est alors reconnue par les anciens du village grâce à sa main infirme et les
traces d'abcès autour du cou.
Un premier miracle se produit en faveur de la fillette des châtelains de Pibrac qui se mourait.
D'autres miracles ont lieu et son culte se propage rapidement dans toute la région.

Elle est béatifiée en 1854 et canonisée en 1867 par le pape Pie IX.

Germaine n'a laissé aucune parole. Elle reste un des plus beaux modèles de sainteté cachée et ne
cesse d'attirer de nombreux pèlerins de France et de l'étranger, encore aujourd'hui, dans son village
de Pibrac, près de Toulouse.

Cette jeune fille sans instruction, dont la grandeur d'âme n'était pas soupçonnée par son entourage,
nous rappelle qu'il existe près de nous des personnes dont la sainteté passe totalement inaperçue et
que nous découvrirons au Ciel.
En outre, la vie de Germaine illustre bien « le haut degré de la vie chrétienne ordinaire », selon
I
l'expression du pape Jean-Paul I.

50
Autres saints du 14 ème au 16ème siècle

Bx Bernard de Toulouse (-, 1320) dominicain, martyrisé par les "Albigeois"

Ste Fleur (t 1347) religieuse hospitalière en Quercy

Bx Charles de Blois (1319-1364) duc de Bretagne

Bx Henri Suso (v.1295-1366) dominicain

Bx Pierre de Luxembourg (1369-1387) évêque de Metz, jeune cardinal ascétique qui distribue
largement des aumônes aux pauvres
Bse Jeanne-Marie de Maillé (1331-1414) mariée à Robert II de Sillé, vivent dans la continence,
puis veuve et tertiaire franciscaine
Bx André Abellon (v. 1375-1450) dominicain, peintre

Bse Marguerite de Savoie (1386-1464) épouse, mère de famille, veuve, tertiaire dominicaine

Bx Jean Soreth (1394-1471) prêtre, carme, général et grand réformateur de son ordre, contribue à
la fondation, en 1452, de l'ordre des Carmélites
Bx Hélie de Bourdeille (1423-1484) franciscain, archevêque de Tours, cardinal

Bse Françoise d'Amboise (1427-1485) duchesse de Bretagne, veuve, fondatrice et membre du


premier Carmel féminin à Vannes
Bse Louise de Savoie (1462-1503) épouse à 17 ans, veuve à 27 ans, clarisse (fille du Bx Amédée)

Bse Marguerite de Lorraine (1463-1521) duchesse, mère de 3 enfants, veuve, clarisse

St Pierre Favre (1506-1546) jésuite, premier prêtre de la Compagnie de Jésus

Bx Jacques Salès (1556-1593) jésuite, martyr de l'Eucharistie à Aubenas (Ardèche)

Bx Guillaume Saultemouche (1557-1593)jésuite, martyr de l'Eucharistie à Aubenas

Remarque : dans cette période, seuls les papes ont le droit de béatifier ou de canoniser, ce qui
explique en partie la baisse du nombre de saints par rapport aux siècles précédents.

51
A u 17ème siècle

1601-1610 Henri IV, aidé par Sully, travaille à la pacification du royaume et à sa prospérité
1604 Bérulle et Madame Acarie introduisent en France le Carmel réformé par Ste Th.d'Avila
1610 Henri rv est assassiné à Paris par Ravaillac - Avènement de Louis XIII
1611 Bérulle introduit en France l'Oratoire fondé par St Philippe Néri (en Italie au 16èmc siècle)
1618-1648 Guerre de Tren te Ans entre Européens
1624 Richelieu devient premier ministre - Apparition de sainte Anne en Bretagne (voir p. 61)
1629 Louis XIII fait édifier Notre-Dame des Victoires
1635 Fondation del' Académie française - Les Français s'établissent à la Guadeloupe
1638 Naissance de Louis XIV par intervention du Ciel (les 3 neuvaines à Marie demandées au frère
Fiacre: à Notre-Dame des Victoires, à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Grâces de Cotignac)
Consécration de la France à Marie par Louis XIII
1640 Publication de !'Augustinus de Jansen, texte fondateur du Jansénisme (doctrine prônant un
rigorisme spirituel exagéré qui aura un large écho en France au J7 m et au I g siècle)
è e èm e

1642 Mort de Richelieu (Grâce à lui, la France est unifiée sous l'autorité de la monarchie, le territoire
français est étendu, le nom "Français " s'impose à l'étranger) - Mazarin premier ministre
1642 Création du premier séminaire (Saint-Sulpice) par l'abbé Jean-Jacques Olier
1643 Mort de Louis XIII (Règne marqué par des guerres, mais aussi par de grandes avancées économiques,
le développement de la marine, la création de plusieurs colonies)
1648-1659 Traité de Westphalie - La Fronde - Traité des Pyrénées
1652 Confrontée à la Fronde, la régente Anne d'Autriche institue la messe des 1ers mardis du mois à
saint Michel afin d'obtenir la paix de l'Église et de l'État
1660 Apparition de saint Joseph à Cotignac à Gaspard Ricard (voir p. 66)
1661 Mo1t de Mazarin - Première année du gouvernement personnel de Louis XIV
1661 Louis XIV institue la fête de saint Joseph, le 19 mars, comme tête d'obligation chômée
1663 Création des Missions Étrangères de Paris par Mgr François Pallu (disciple du Père Alexandre de
Rhodes)
1664 Apparition de Notre Dame« refuge des pécheurs» au Laus (dans les Alpes), à Benoîte Rancure!
1670 Parution des" Pensées" de Blaise Pascal (1623-1662) - Denis Papin invente la machine à vapeur
1673-1675 Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie, à Paray-le-Monial (voir p. 69)
1681 Bossuet, orateur, écrivain, évêque de Meaux, lutte contre le Gallicanisme (affranchissement de
Rome)
1685 Révocation de l'Édit de Nantes. Beaucoup de protestants se dispersent à l'étranger
1689 Marguerite-Marie révèle, par 2 lettres, les demandes du Sacré-Cœur pour la France
(voir p. 69)

53
St'f'RANÇOIS �SALES
1567-1622

'ÉVêqW!/

f01'\datuu-
Voct'eur M/ Ut
f fV 24 j cuw i,.e,v

François naît en Savoie, dans une famille noble et grandit auprès d'une mère très pieuse. Il fait ses
études à Paris où il connaît une crise spirituelle. Il retrouve la paix en faisant un acte d'abandon à la
Vierge. Il continue ses études à Padoue et devient docteur en droit. Nommé sénateur, il refuse cet
honneur, renonce à son droit d'aînesse et mène alors une vie de prière au service des malades et des
pnsonmers.
Ordonné prêtre, il est envoyé par son évêque dans la province du Chablais devenue calviniste. Son
tact et sa bonté, sa prédication et ses tracts touchent des milliers de cœurs.
Devenu évêque de Genève et d'Annecy, il se dévoue à son diocèse. Il fonde l'ordre de la Visitation
avec l'aide de Jeanne de Chantal et Charlotte de Bréchard. François souhaite un ordre religieux
sans clôture, alliant contemplation et service des malades, mais trop en avance sur son temps, cet
ordre devient contemplatif.
Grand directeur d'âmes, on doit à François : « L'introduction à la vie dévote» e t « Le Traité de
l'Amour de Dieu», deux chefs-d'œuvre qui mettent la sainteté à la portée de tous, notamment
des laïcs. Il encourage ceux qui pensent ne pas pouvoir l'atteindre car il rappelle que c'est au
quotidien, dans les petites choses, que se joue l'essentiel d'une vie.
Homme de douceur, de bon sens et d'humour, il laisse entre autres ces paroles :
" Il faut fleurir là où on est semé ".
"On a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même ".
"L'amour-propre ne meurtjamais qu'avec notre corps ".
Béatifié en 1661, il est canonisé en 1665 par Alexandre VII et déclaré Docteur de l'Église en 1877
I
par Pie IX. Homme de communication, il est proclamé patron des journalistes en 1923 par Pie X .
Au ] 9 siècle, St Jean Bosco le prendra pour patron de la congrégation qu'il fondera, dont les membres seront appelés
èm e

Salésiens et le Bx Louis Brisson et Ste Léonie A viat fonderont les Oblats et les Oblates de St-François de Sales.
Le 24 janvier 2007, le pape Benoît XVI résume en quelques mots l'enseignement de saint François
de Sales : "À cl,acun son chemin de sainteté ". Il souligne que : "L'on peut arriver à un chemin
de sainteté non seulement dans un monastère, en clôture ou dans la vie religieuse, mais dans tout
éta,t de vie, selon le mode propre à cet éta,t de vie ". Il recommande aux jeunes, aux malades, et aux
jeunes mariés de se mettre à l'école de François de Sales.
54
St'GUILLAUMECOU'RTtÎ
1589-1637

M e,- a,u,Jcq,Of\l
MY
F lb 2 8 "t0Wlbr-

Guillaume naît à Sérignan dans l'Hérault dans une famille aisée. Il perd sa mère à 12 ans. Après des
études à Béziers et à Toulouse, il devient à 17 ans religieux dominicain au couvent d'Albi et retourne
à Toulouse pour se préparer au sacerdoce.
Professeur de théologie, puis prieur du couvent d'Avignon, il est attiré par les missions d'Extrême-
Orien t (comme l'atteste une lettre de 1628 où i I demande à être envoyé dans les pays les plus difficiles). Mais il doit
attendre plusieurs années à Madrid, où il enseigne la théologie et devient le conseiller spirituel de la
reine d'Espagne (Isabelle, fille d'Henri IV). Il en profite alors pour se préparer physiquement,
intellectuellement et spirituellement à sa mission au Japon.
Il s'embarque enfin pour les Philippines et arrive à Manille. De là, il se rend clandestinement au
Japon avec 5 compagnons (3 prêtres : 2 Espagnols et un Japonais et deux laïcs : un Espagnol père de famille de 3
enfants et un lépreux japonais).
Dès les années 1590, la situation au Japon est très difficile : 26 premiers martyrs sont crncifiés en
1597 (dont Paul Miki, 1er Jésuite japonais). Une véritable politique d'élimination du christianisme durera
deux siècles et fera de nombreux martyrs.
Guillaume est arrêté 2 mois après son arrivée et emprisonné pendant un an. En 1637, il est conduit
à Nagasaki où se déroule son procès. Refusant d'abjurer, Guillaume est torturé puis décapité. Son
corps, comme celui de ses 5 compagnons, est brûlé et les cendres dispersées sur la mer.
Avant de mourir, devant l'étonnement des bourreaux qui se demandent pourquoi lui et ses
compagnons sont venus au Japon en sachant la fin qui les attendaient, Guillaume conjure les
assistants de dire aux juges qu'ils ne sont pas ennemis de la vie et que le but de leur voyage n'était
pas d'y laisser la vie mais de prêcher l'Évangile de Jésus-Christ vrai Dieu.
Il est béatifié en 1981 avec ses compagnons, et canonisé en 1987 par Jean-Paul Il comme premier
martyr français au Japon.
Il est à noter que l'Église du Japon,fondée par saint François Xavier en 1549, a très vite été persécutée. Les chrétiens
ont vécu deux siècles sans prêtres mais ils se sont transmis, de génération en génération, la foi reçue des missionnaires
et les signes pour reconnaître les vrais prêtres : ils sont célibataires, ils honorent la Vierge Marie et ils obéissent au
pape de Rome.
55
'8 ,v CASSIEN
1607-1638

'B>vAGA n-l.ANGE
1598-1638

ccq:, <W - Martyrs,


f e,, l b 7 cw-ût"

Gonzalès Loppès-Netto est né à Nantes dans une famille de commerçants portugais. Enfant, il
demeure près des Capucins qui lui apprennent à faire oraison.
Il est attiré par les missions et entre à 17 ans chez les Capucins où il prend le nom de Cassien.
Il étudie la philosophie, l'hébreu et la théologie.
La peste désole Nantes et Cassien se dévoue auprès des malades pendant les deux ans durant
lesquels sévit le fléau.

François Noury est né à Vendôme (Loir-et-Cher). Il entre à 20 ans au noviciat des Capucins du
Mans et reçoit le nom d'Agathange. Il obtient d'être affecté aux missions orientales. Très cultivé,
Agathange parle 5 langues. Il est alors envoyé au Liban où il évangélise les montagnards.

Puis, Cassien et Agathange se rendent ensemble en Égypte, en Syrie et en Éthiopie où ils


travaillent à la réunion des coptes schismatiques avec Rome.
Lors de leur séjour en Éthiopie, le souverain du pays, de tempérament faible et poussé par les
schismatiques, les arrête, les fait maltraiter et les condamne à mort. Ils sont pendus avec leur
propre corde et lapidés par la foule.

Ils sont béatifiés ensemble en 1905 par le pape Pie X.

Les Capucins sont une branche des Franciscains qui, à partir de 1525, ont voulu une forme de
vie un peu plus austère (le nom de capucin vient du capuchon pointu qu'ils portent).
N.B. : Récemment, un Capucin, le Père Marie-Antoine (1825-1907) Léon Clergue, "le saint de
Toulouse ", a été déclaré vénérable le 23 janvier 2020 par le pape François.

56
SÛ?/JEANNE LES10NNAC
1556-1640

Mè-Y'e-c Ù/
Ve(,.(Ne,
f
F Ù:1/2 01,vÙ:1/3 {évveer

Nièce de Montaigne, Jeanne est née à Bordeaux d'une mère fervente calviniste et d'un père très
attaché à sa foi catholique.
À 17 ans, elle épouse le baron de Montferrand et devient mère de 7 enfants. Elle perd son fils aîné,
puis deux autres de ses enfants. Elle devient veuve après 24 ans de mariage.
Attirée alors par la vie religieuse, elle donne à ses enfants ses terres et sa fortune et entre chez les
Feuillantines de Toulouse.
Des raisons de santé l'obligent à quitter le couvent quelques mois après.
Désemparée, Jeanne retourne à Bordeaux où sévit une forte épidémie de peste. Elle se met alors
au service des malades dans les hôpitaux et les prisons.
Elle fonde ensuite, à 51 ans, une congrégation destinée à l'éducation des filles : la Compagnie de
Marie Notre-Dame, sur le modèle de la Compagnie de Jésus. Chercher et trouver Dieu dans la
vie, au milieu du monde, en unissant de façon harmonieuse contemplation et action, comme Notre-
Dame, voilà ce qui définit la spiritualité de la Compagnie. L'œuvre de sainte Jeanne de Lestonnac
constitue la première véritable expérience d'éducation féminine conçue dans un cadre monacal.
Jeanne a une grande dévotion envers l'ange gardien, dévotion qu'elle s'applique à transmettre à
ses religieuses et aux élèves.
Elle gouverne son ordre jusqu'à sa mort à 84 ans. À ce moment-là, la congrégation compte, rien
qu'en France, 30 maisons.

Béatifiée en 1900, elle est canonisée en 1949 par le pape Pie XII.

57
StPIE'R'RE fOU'RIE'R
1565-1640

Pierre est né à Mirecourt, dans les Vosges, de parents foncièrement chrétiens. Son père est
marchand drapier. À 14 ans, il entre dans un collège tenu par les Jésuites. Il perd sa mère à 17 ans.
Il entre à 20 ans chez les Chanoines Réguliers de Saint-Augustin et est ordonné prêtre 4 ans après.
Pendant 7 ans, il se forme à la théologie de saint Thomas et au droit.
Sa ferveur fait scandale parmi ses confrères très relâchés, au point qu'il doit se retirer.

Il devient curé de la petite paroisse de Mattaincourt.


Il se donne tout entier à ses paroissiens, attentif au bien des âmes, et recourt souvent à la prière
des enfants dont il comprend particulièrement la valeur.

Débordant d'initiative et de hardiesse, il secourt les pauvres et les malades et crée une sorte
d'assurance mutuelle qui prête sans gage et sans intérêt pour aider ceux qui ont des difficultés
financières.
Il œuvre pour la promotion de la santé en veillant à la qualité de la nourriture, à la salubrité des
locaux, à la pureté de l'eau consommée. Il participe ainsi activement à la lutte contre la Grande
Peste.

Avec Alix Leclerc, Pierre fonde la Congrégation de Notre-Dame pour l'éducation gratuite des
jeunes filles. Il regroupe les élèves par niveaux et par classes, facilitant ainsi leur formation.
On lui doit l'invention du tableau noir et son introduction dans les classes.

Il aime dire : « Gagner une seule âme dans vos écoles est plus que créer un monde »

Béatifié en 1730, il est canonisé en 1897 par le pape Léon XIII.

58
StJEAN--f'RANÇOIS 'RÉGIS
1597-1640

J
A]Jôtvl!/ Vlvat"'

Fê:avùv 16 juivv

Né à Fontcouverte, près de Narbonne, Jean-François est d'origine modeste. Il obtient une bourse
pour étudier au collège jésuite de Béziers. Il entre ensuite au noviciat des Jésuites et est ordonné
prêtre. Il désire ardemment partir comme missionnaire au Canada mais ses supérieurs lui
répondent : « Votre Canada, c'est le Vivarais ! »
Devenu missionnaire intrépide, il attire les foules. Surnommé le" marcheur de Dieu ", il parcourt
villes et campagnes, catéchisant et évangélisant les habitants. L'hiver, il se rend chez les paysans
libéré des travaux des champs pour leur annoncer l'Évangile. 11 prêche et confesse partout, dans
les granges, les étables, jusque sur les chemins.
Dans la ville du Puy, il obtient de la part du Parlement de Toulouse, le droit aux dentelières de
fabriquer à nouveau la célèbre dentelle. Il crée un refuge pour les prostituées repenties et crée
aussi " l' œuvre du bouillon ", sorte de soupe populaire.
Il trouve dans la prière incessante les forces nécessaires à un apostolat pénible et semé d'épreuves.

Dans une tempête de neige, il contracte une pneumonie et meurt à Lalouvesc le 31 décembre 1640.
Lorsque les pères jésuites viennent chercher le corps de leur confrère, les villageois refusent de le
leur rendre et montent une garde jour et nuit pour défendre le corps. Devant une telle
détermination, les Jésuites acceptent de leur laisser le corps de " leur " saint.

Son tombeau, dans ce petit village de l'Ardèche, reste de nos jours un lieu de pèlerinage très
fréquenté.

Béatifié en 1716, il est canonisé en 1737 par le pape Clément XII.

NB : L'ordre des Jésuites, la Compagnie de Jésus, fondée au ] 6 è m e siècle par saint Ignace de
Loyola a notamment le charisme du discernement: par les« Exercices Spirituels », les Jésuites
aident encore de nos jours de nombreux chrétiens à discerner la volonté de Dieu dans leur vie.

59
Sn?/]'EANNE M/Ctl.ANiAL
1572-1641

MèYl!/@ Veu\ll!/

'R fondatr-lcl!/
F<v l b 12 cw-ût"

Née à Dijon, Jeanne est orpheline de mère à 18 mois. Son père est président au Parlement de
Bourgogne. À 20 ans, elle épouse le baron de Chantal. Entre eux, un amour profond ne cesse de
grandir.
Elle donne naissance à 6 enfants (dont deux enfants morts nés). Sur les 4 autres, un deviendra le père
de Madame de Sévigné.
Les pauvres viennent frapper à la porte de leur foyer avec confiance pour recevoir une aumône.
Mais certains viennent deux fois de suite. Jeanne répète alors à chaque fois : "Mon Dieu, à tout
moment j e mendie à la porte de votre miséricorde; voudrais-je, à la seconde fois, être rechassée ? "
Mais après seulement 9 ans de mariage, Jeanne perd son mari si tendrement aimé. C'est une terrible
épreuve et une bien douloureuse cassure dans sa vie. Elle met 4 ans avant de pardonner au
responsable involontaire de l'accident de chasse qui causa cette mort.
Poussée par François de Sales qui devient son directeur spirituel, elle fonde à Annecy l'ordre de
la Visitation. Consacré d'abord à la visite et aux soins des malades, l'ordre devient un ordre
cloîtré sous la pression des mentalités de l'époque qui n'acceptent pas des religieuses vivant dans
le monde. Peu à peu, les fondations se multiplient.
Jeanne laisse entre autres ce conseil : « Jetez souvent votre cœur dans les plaies de Notre Seigneur
(. ..) Ayez une extrême confiance en sa miséricorde et bonté qui ne vous abandonnera point.»
Après la mort de François de Sales, Vincent de Paul devient le nouveau conseiller spirituel de
l'ordre.
Jeanne meurt à 69 ans. À sa mort, 87 monastères de La Visitation foisonnent dans toute l'Europe.

Béatifiée en 1751, elle est canonisée en 1767 par le pape Clément XIII.

60
WES NICOLAZIC
1591-1645

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À U d«tpèler-
M/S A dJAur

Yves habite au village de Keranna, en Bretagne où il est laboureur. Paysan aisé, il possède entre
autres une terre nommée Bocenno où les bœufs refusent de passer avec la charrue. Il faut la
travailler à la bêche.
Yves est marié mais leur foyer est attristé par l'absence d'enfant.

À 30 ans environ, Sainte Anne lui apparaît plusieurs fois. Il reçoit la mission d'établir dans son
village le sanctuaire de Sainte Anne. Elle lui demande de creuser la terre du champ de Bocenno
où sa statue est ensevelie depuis plus de 900 ans et de rebâtir en cet endroit une chapelle dédiée à
son nom.
Après des hésitations et bien des épreuves, Yves obéit. Avec quelques compagnons, en pleine nuit
et guidé par un flambeau, ils creusent le sol et découvrent une pièce de bois : c'est une vieille
statue toute défigurée et endommagée.

Très vite, et pour répondre à la demande de sainte Anne, l'évêque autorise en 1625 la célébration
d'une messe à cet endroit dans une cabane en planches. Puis une première chapelle est construite
et les Carmes prennent en main le lieu saint.

Sainte Anne accorde à Yves et à son épouse la venue de 3 enfants qui réjouissent leur foyer : un
garçon et deux filles.

La première chapelle, construite sur l'emplacement de la statue, est remplacée plus tard par la
basilique de Sainte-Anne-d'Auray, lieu de pèlerinage toujours fidèlement fréquenté par les
Bretons qui chérissent profondément la Mère de la Sainte Vierge et la Grand-mère de Jésus.

Le procès canonique en vue de la béatification d'Yves Nicolazic, ouvert à Rome, n'a pas abouti à ce
jour.

61
St' ISAAC JOGU'ES
1607-1646

J
M Gt,(,(lcanada,,
Marl=}'Y
fêth Le,,1 9 oc;t-obre,

Né à Orléans, dans une riche famille marchande de 9 enfants, Isaac entre chez les Jésuites et
devient professeur au collège de La Flèche. Selon son ardent désir, une fois ordonné prêtre, il est
envoyé en 1636 en mission au Canada.
Pendant 6 ans, il partage la vie et les coutumes des Indiens, comprenant que le contact permanent
avec ces hommes est nécessaire pour établir la confiance. Peu à peu, les Hurons s'intéressent à la
profondeur du message de l'Évangile.
Dans une de ses lettres, il écrit : " Je mène une vie vraiment misérable dans laquelle toutes les
vertus sont en danger. Lafoi, certes, dans de si épaisses ténèbres de l'infidélité; l'espérance,
dans de si longues et si dures épreuves; la charité dans une si grande corruption et l'absence de
tout sacrement ; la chasteté, bien qu'elle ne soit pas ici beaucoup menacée par les plaisirs, est
cependant menacée par la cohabitation. "
En 1642, Isaac est capturé par les Iroquois, affreusement torturé durant 3 jours et 3 nuits, ses mains
sont mutilées. Il est réduit en esclavage pendant un an. Libéré par des marchands hollandais
protestants, il est ramené en France. Il y expose la situation des missions du Canada. Par faveur
exceptionnelle, le pape Urbain VIII lui permet de célébrer la messe malgré ses mains mutilées.
Désirant vivement revenir au Canada, Isaac se fait confier une nouvelle mission chez les Iroquois.
En 1646, vivant parmi les Iroquois à Ossernenon dans l'actuel État de New-York, considéré
comme un sorcier, et accusé d'être responsable d'une mauvaise récolte, Isaac est martyrisé à
nouveau et tombe, le crâne fracassé d'un coup de tomahawk, le 18 octobre.
Il laisse ces paroles écrites peu de temps avant : " Ce peuple-là est pour moi un époux de sang, j e
me suis fiancé à lui par mon sang ".

Béatifié en 1925, Isaac est canonisé en 1930 par le pape Pie XI.

Avec lui sont canonisés les 7 autres Jésuites français massacrés pour le Christ en Amérique du Nord
au r t me siècle: René Goupil, (laïc missionnaire jésuite, r r martyr d'Amérique), Jean de la Lande,
Charles Daniel, Jean de Brébeuf, Gabriel Lallement, Noël Chabanel, Charles Garnier.

62
'B,vALAIN M/SOLMINitl.AC
1593-1659

Né au château de Belet dans le Périgord, Alain entre à 20 ans chez les Chanoines Réguliers de
Saint Augustin et devient abbé de l'abbaye de Chancelade où il rétablit l'ordre et la ferveur.
Profondément marqué par le renouveau religieux avec l'éclosion de " l'École française de
spiritualité " dans le sillage du Concile de Trente, il complète sa formation intellectuelle et
spirituelle à Paris où il apprend comment s'opère la réforme des Chanoines Réguliers. Il y
rencontre de grandes figures comme saint François de Sales. Il fait aussi les Exercices Spirituels
de saint Ignace qui le marqueront toute sa vie.
Revenu à Chancelade, il assure désormais l'office public et le service pastoral.
Remarqué par son zèle et sa sainteté, Alain est nommé évêque de Cahors, un des évêchés les plus
importants de France. Il reprend alors l'enseignement de saint Augustin sur la vie commune des
clercs et établit un plan de vie épiscopal précis : vie commune de l'évêque avec un groupe de
chanoines réguliers, spiritualité puisée aux sources des premiers siècles chrétiens.
Pasteur infatigable, en 22 ans, Alain visite systématiquement ses 800 paroisses qu'il voit 9 fois
chacune. Grand réformateur, il convoque un synode diocésain, crée un conseil épiscopal
hebdomadaire, un séminaire confié aux Lazaristes et multiplie les missions paroissiales.
Il développe aussi le culte eucharistique, soigne les pestiférés, fonde des œuvres caritatives pour
les vieillards et les orphelins, lutte contre les duels, un des grands fléaux du Quercy. Il utilise le
château de Mercuès, alors résidence des évêques, comme logement pour ses pauvres. C'est là qu'il
meurt le 31 décembre 1659 dans une grande sérénité.
Il est béatifié en 1981 par le pape Jean-Paul II.
"L 'École française de spiritualité" désigne un courant français issu de la Réforme catholique du
l ? "'e siècle.L'accent est mis sur le mystère de l'Incarnation, sur le Christ Sauveur et sur le rôle
central du prêtre, missionnaire des âmes. Ce courant est animé par de grands spirituels, avec en
tête le cardinal Pierre de Bérulle, et notamment Charles Condren, Jean-Jacques Olier, Jean
Eudes, Vincent de Paul et des laïcs comme Gaston de Renty. L'expression " École française de
spirilualilé " a été inventée en 192 5 par l'abbé Henri Bremond. Ce courant marquera la spiritualité française
jusqu'au milieu du 20"""siècle.

63
St'VINCVJT' de,,pAUL
1581-1660

Né à Pouy, dans les Landes, dans une famille de 6 enfants, Vincent est le fils d'un exploitant
agricole. Il garde les moutons, les vaches et les cochons. Il entre au collège des Franciscains de Dax
où il reste 3 ans. Remarqué pour son sérieux et son acharnement au travail, il reçoit la tonsure et les
ordres mineurs. Il est ordonné prêtre à 19 ans. (Il aurait été capturé par des Barbaresques lors d'un voyage
maritime et emmené à Tunis comme esclave. Il se serait enfui deux ans plus tard.)
Vincent se rend à Rome puis à Paris. Nommé curé de Clichy, le Cardinal de Bérulle le nomme
ensuite précepteur des enfants du général des galères, Monsieur de Gondi. Il devient curé de
Châtillon où il rencontre une misère effroyable et fonde sa première confrérie de charité. De retour
chez les Gondi, il devient aumônier général des galères et fonde les prêtres de la Congrégation de
la Mission pour l'apostolat rural qui prendra le nom de Lazaristes.
Pour subvenir aux besoins des malheureux, aux plus grandes détresses, Vincent fonde aussi avec
Louise de Marillac, la Communauté des Filles de la Charité. Il nourrit les provinces de l'Est
ravagées par la guerre, secourt les galériens, crée l'Œuvre des Enfants Trouvés, fonde un hospice
qui deviendra l'hôpital de la Salpêtrière. Il organise des retraites spirituelles où pauvres et riches
sont mêlés, où le laquais et le seigneur prient et mangent ensemble.
Si Vincent adoucit le sort de milliers de miséreux, il se trouve aussi mêlé aux aff aires les plus
importantes de l'Église et de l'État et devient le confident de Louis XIII. Il sait mobiliser au service
des pauvres les dames de la noblesse et de la bourgeoisie, parmi lesquelles on trouve : Madame de
Gondi, la duchesse d' Aiguillon nièce de Richelieu, la princesse de Condé, la reine Anne d'Autriche
veuve de Louis XIII et mère de Louis XIV.
À la fin de sa vie toute donnée aux pauvres, il répète à ses sœurs : "Faites-vous pardonner le bien
que vous faites aux malheureux par votre sourire et votre bonté ".
Béatifié en 1729, il est canonisé en 1737 par le pape Clément XI et proclamé patron de toutes les
œuvres charitables par le pape Léon XIII en 1885.
Au J 9i!l ,re siècle, le Bx Frédéric Ozanam, père de famille, professeur,fondera la Société de St Vincent de Paul.
Vincent marque profondément son siècle et demeure pour la postérité l'un des plus grands
bienfaiteurs de la France et de l'humanité.

64
SU!/LOUISE de,,MARILLAC
1591-1660

Née à Paris, Louise est fille naturelle de Louis de Marillac et personne ne sait qui est sa mère. Son
père la place à 4 ans au monastère royal de Saint-Louis de Poissy où elle reçoit de la part des
Dominicaines une formation solide. Quelques années plus tard, Louise est placée par son oncle et
tuteur Michel de Marillac, maître des requêtes au Parlement de Paris, dans un foyer parisien pour
jeunes filles nobles. Louise désire rentrer dans un couvent chez les Capucines, mais à cause de sa
faible constitution, elle est refusée. Son oncle choisit alors de lui faire épouser à 22 ans Antoine
Legras, un des secrétaires des commandements de la reine mère. Elle devient mère d'un fils au
caractère instable qui lui donnera bien des soucis.
Gravement malade, Antoine Legras doit s'aliter. Elle se culpabilise, se croyant punie de ne pas s'être
donnée à Dieu dans la vie religieuse. Elle connait alors une nuit spirituelle. Le jour de la Pentecôte
1623, ses doutes se dissipent définitivement. Elle devient veuve à 34 ans. (Elle gardera toujours sa coiffe
noire de veuve en souvenir de son époux).
Remarquée par saint Vincent de Paul, elle devient le bras droit de celui-ci dans ses œuvres.
Monsieur Vincent lui adjoint une jeune vachère, Marguerite Naseau, qui s'offre pour le service
des pauvres et ne craint pas les besognes les plus pénibles et qui meurt en soignant les malades de
la peste. Mais d'autres paysannes prennent la relève et rejoignent Louise. Les premières" visiteuses
à domicile " sont nées. Elles deviennent « Les Filles de la Charité», vouées au soulagement
spirituel et temporel de toutes les infortunes du prochain. Elles ont, selon les mots de leur règle,
pour tout monastère une maison de malades, pour cloître les mes de la ville, et pour devise :
11
la charité de Jésus crucifié nous presse ".
Louise s'éteint à 69 ans, quelques mois avant Vincent de Paul.

Béatifiée par le pape Benoit XV, elle est canonisée par le pape Pie XI en 1934 et proclamée par le
pape Jean XXIII patronne des œuvres sociales en 1960.

Le dévouement des Filles de la Charité a eu, et a encore, un rayonnement extraordinaire dans le


monde entier. Avec elles, une nouvelle forme de vie religieuse voit le jour: vivant hors des cloîtres,
i
au mile u du monde, leur vocation est d'être directement au service des pauvres et des malades.

65
GASPA'RV 'RICA'RV
'BEW�

App @ Jo,,ep
à,,C��e+'\11660

Berger à Cotignac, dans le Var, Gaspard se repose avec ses bêtes sur le mont Bessillon. C'est le
7 juin 1660. II fait très chaud et il est assoiffé. Épuisé, il s'allonge sur le sol brûlant.
Un homme se présente à lui et lui dit: "Je suis Joseph, soulève cette pierre et tu boiras ". Le pâtre
obéit et déplace sans effort l'énorme rocher (Il faudra ensuite 8 hommes pour le bouger). Une eau vive jaillit,
Gaspard boit éperdument, se relève et se retrouve seul.
Il redescend en courant au village et prévient les habitants du prodige. Les gens connaissent
l'honnêteté et la valeur de Gaspard et ne doutent pas un seul instant de ses dires. Ils gravissent la
pente du Bessillon et découvrent avec stupeur qu'une eau abondante sort des rochers.
Des miracles se produisent, les foules affluent, une chapelle est érigée.
L'apparition est reconnue par l'évêque de Fréjus le 31 janvier 1661. À cette occasion l'évêque écrit:
« Dieu, par les grâces qu'il voulait accorder en l'honneur de Saint Joseph, voulait ne point séparer
dans la dévotion des fidèles, les deux saintes personnes (Marie et Joseph) qu'il avait jointes sur la
terre, pour le Mystère de notre salut». (Notre Dame des Grâces s'est présentée à Cotignac en 1519, tenant
L'Enfant Jésus da11s ses bras, à un bûcheron nommé Jean de La Baume)
Ce serait, à ce jour, l'unique apparition de saint Joseph se montrant seul, reconnue par l'Église.
Cette même année, et suite à ces événements, le roi Louis XIV, par un décret, déclare la fête de saint
Joseph du 19 mars jour chômé dans tout le royaume.
La cause en béatification de Gaspard n'a pas été ouverte mais l 'a p p arition dont il a été gratifié
nous invite à ne pas perdre sa mémoire.
De nos jours, ce haut lieu de pèlerinage est de plus en plus fréquenté : ce sont les trois membres de
la Sainte Famille que les pèlerins viennent visiter dans ce coin béni de France.
li existe d'autres apparitions de "saint Joseph accompagné ", par exemple : en 1879, à Knock en I rlande, Jésus (sous
forme d'un agneau), Marie, Joseph et Jean l'Évangéliste. En 1917, à Fatima, à la dernière apparition, Marie désigne
Joseph tenant L'Enfant Jésus dans ses bras. De p uis 1994, à ltapiranga, en Amazonie au Brésil, Jésus, Marie, Jos e p h se
montrent avec leurs trois cœurs unis.
66
S't MA'RIE tkVINCA'RNAtION
(Mat'"Le/GLo/ )
1599-1672

lvfère, -VUCNe,
'R W"
lvf e,ac..<,,C
fê:te,le,, 30 cwvci

Marie est née à Tours, dans une famille de boulangers de 7 enfants. Elle grandit au sein du monde
des artisans. Enfant, elle aime suivre les processions. Les yeux fixés sur le Crucifix, elle dit en son
cœur: « C'est là mon Capitaine.je le veux suivre!».
À 14 ans elle est attirée vers la vie cloîtrée aussi ses parents la marie à 17 ans à un maitre ouvrier en
soie, Claude Martin. Elle devient mère d'un garçon à 18 ans et se retrouve veuve à 19-20 ans alors
que la petite fabrique de soierie de son mari est en faillite. Elle ne peut entrer tout de suite en religion,
selon son profond désir, parce qu'elle doit élever son fils. Elle devient peu à peu directrice de
l'entreprise de transport fluvial de son beau-frère.
À 31 ans, elle entre enfin au monastère des Ursulines de Tours. Elle se sent attirée par les missions
et a le désir de fonder un monastère au Canada. Sa rencontre avec Madeleine de la Peltrie, riche et
pieuse, permet d'obtenir les fonds nécessaires à la fondation. Elle part en 1639 avec son amie et une
autre jeune femme, de condition très modeste, Charlotte Barré. Toutes trois s'embarquent pour le
voyage outre-mer et accostent au Canada.
Marie se lance immédiatement dans l'apostolat auprès des indigènes. Elle compose un catéchisme
dans la langue des Hurons, des Iroquois et des Algonquins. Elle est à la fois supérieure de sa
communauté d'éducatrices, directrice d'école, conseillère des notables, support des jeunes mères de
famille et confidente des missionnaires. Devant les grandes diffictùtés de la mission, Marie offre sa
vie à Dieu pour le bien du Canada. Elle meurt d'épuisement le vendredi saint de l'année 1672 à
Québec.
Marie est la première religieuse française directement missionnaire.
En Marie de l'Incarnation, la femme chrétienne s'est réalisée d'une manière exceptionnelle dans ses
divers états de vie: épouse, mère, veuve, directrice d'entreprise, religieuse, mystique, missionnaire.
Elle est appelée par Bossuet: « La Thérèse du Nouveau-Monde ».

Béatifiée en 1980 par le pape Jean-Paul II, elle est canonisée par le pape François en 2014
(canonisation dite équipollente, par simple décret : le culte, les vertus et les miracles de la personne ayant traversé les
siècles).
67
St'JEAN tUVES
1601-1680

Apôtv(VtÙ¼'S Cœ.u,--
tkJ et tk Mat'"Le/

Né à Ri, en Normandie, Jean fait ses humanités au collège des Jésuites de Caen. Il entre ensuite chez
les Oratoriens fondés par le cardinal de Bérulle, qui devient le maître spirituel de Jean.
Devenu prêtre, Jean se dévoue en Normandie auprès des pestiférés et prêche plus de 100 missions
populaires, ne cessant de parler des Saints Cœurs de Jésus et de Marie. Il aime répéter : « Être
chrétien et être saint, ce n'est qu'une et même chose».
Devant l'abandon matériel et spirituel dans lequel vivent les campagnes, Jean réalise l'absolue
nécessité de former des prêtres capables de tenir une paroisse rurale et de prêcher des missions
poptùaires. Répondant aux directives du Concile de Trente pour la formation du clergé, il ouvre un
séminaire à Caen.
Il fonde la Congrégation des Prêtres de Jésus et de Marie, dits Eudistes, ce qui lui permet
d'établir de nombreux séminaires. Il fonde aussi la Congrégation de Notre-Dame de la Charité,
vouée à l'œuvre des repenties (anciennes prostituées), ce qui lui vaut des difficultés auprès des bien-
pensants.
Il écrit entre autres : « Pourquoi sommes-nous sur la terre ? Mon Dieu, ton projet est que nous
soyons tous saints ! Tu nous appelles à entrer dans le mystère de la Trinité, dans ce grand
mouvement de vie, de louange et d'amour qui est ton Être même, Père, Fils et Esprit. (. ..) Mon Dieu,
Tu connais nos fragilités, nos tentations et Tu veux cependant pour nous cette splendeur de vie. Tu
nous fais entrer dans une merveilleuse alliance avec Toi. »
« Le Cœur de Marie, qui ne fait qu'un avec le Cœur de Jésus, est une vivante image de la tendresse
de Dieu.»
« Une âme est plus précieuse que tout l'univers. »
Jean est avant tout, en ce ] 7 è m e siècle, le promoteur du culte liturgique public envers le Sacré Cœur
de Jésus et le Saint Cœur de Marie unis.
Pie X lui donne le titre de Père, Docteur et Apôtre du culte liturgique des Saints Cœurs de Jésus
et de Marie et le béatifie en 1909.
Il est canonisé par le pape Pie XI en 1925. La cause de saint Jean Eudes pour le proclamer Docteur
de l'Église est en cours d'étude depuis 2014.
68
St'et MA'RGUE'RITt -MA 'RIE
1647-1690

Apôtv @Ùt/déNotLOW
a u , Saab-Cœ,u,-

Née à Lautecourt, en Bourgogne, Marguerite Alacoque est orpheline de père à 9 ans et maltraitée et
humiliée, ainsi que sa mère, par un parent brutal qui leur ôte tout contrôle de leurs biens et de leurs
actes. À 17 ans, sa famille peut récupérer son bien. Marguerite commence alors à participer aux
activités mondaines mais Jésus se montre plusieurs fois à elle dans ses souffrances. Malgré bien des
obstacles, elle entre à la Visitation Sainte-Marie de Paray-le-Monial.
Notre Seigneur lui apparaît souvent, dévoilant l'amour de son cœur pour les hommes, lui annonçant
qu'Il la choisit pour propager le culte de ce Cœur Adorable et en fixe les 2 principales dévotions :
l'Heure Sainte, le premier jeudi de chaque mois de 11 heure à minuit afin de partager la tristesse
mortelle de Jésus dans son agonie, et la Communion du 1er vendredi du mois. Il lui demande aussi
de faire instituer une fête en l'honneur de ce Cœur, le vendredi qui suit l'octave du Saint-Sacrement.
En juin 1675, Jésus dit un jour à Marguerite-Marie : « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes
jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour et qui ne reçoit de la plupart
que des ingratitudes ... » et Il lui fait cette promesse : « Les personnes qui propageront cette
dévotion, auront leur nom inscrit dans mon Cœur, et il ne sera jamais effacé. »
Marguerite-Marie connaît oppositions, railleries et humiliations, et est traitée de visionnaire par la
communauté. Mais elle est soutenue dans sa mission par son confesseur, Claude la Colombière
(Jésuite qui sera canonisé).
Au cours de sa dernière maladie, Marguerite-Marie refuse tout soulagement, et meurt à 43 ans en
prononçant le nom de Jésus.
Béatifiée en 1864, Marguerite-Marie est canonisée par le pape Benoît XV en 1920.
2 lettres de Marguerite-Marie, écrites en 1689, révèlent les demandes du Sacré-Cœur au roi de
France Louis XIV (appelé "fils aîné de mon Sacré-Cœur "): consécration de la personne du roi au Sacré-
Cœur, introduction de l'image de ce Saint Cœur sur ses étendards, construction d'un édifice en
l'honneur de ce Cœur. Jésus promet alors de rendre le roi victorieux de tous ses ennemis et de tous
les ennemis de la sainte Église. (Louis XIV ne tient pas compte de ces demandes et la basilique en l'honneur du
Sacré-Cœur ne sera édifiée sur la colline de Montmartre qu'au début du 20 ème siècle)
69
Ste, MA'RGUE'RIÏE BOU'RGEOYS
1620-1700

Née à Troyes, le vendredi saint 17 avril 1620, Marguerite est la sixième d'une famille chrétienne de
la bourgeoisie de 12 enfants.
Attirée par la vie contemplative, elle se voit successivement refuser l'entrée au Carmel puis chez les
Clarisses. Elle perçoit un premier appel à la vie missionnaire en apprenant la fondation de Ville-
Marie (Montréal) au Canada. Cet appel se précise lors d'une rencontre avec Monsieur Pau] de
Maisonneuve, fondateur et gouverneur de Ville-Marie. Elle s'y rend alors comme institutrice laïque,
pour instruire gratuitement les enfants français et amérindiens.
Elle fonde une congrégation de religieuses vivant dans le monde : les Filles Séculières de la
Congrégation de Notre-Dame, en s'inspirant de " la vie voyagère " de Marie. Cette innovation lui
vaut de nombreuses oppositions mais l'œuvre progresse. Elle crée des jardins d'enfants, des écoles
gratuites d'enseignement général et professionnel. Convaincue de l'importance des familles dans
l'édification de ce pays nouveau, elle perçoit le rôle prépondérant des femmes et met tout en œuvre
pour les former. Bientôt des Iroquoises entrent dans la congrégation et instruisent à leur tour les
membres de leurs familles.
Marguerite parvient à créer, dans la période héroïque de la fondation de Montréal, l'une des
premières communautés religieuses de femmes non cloitrées de l'Église Catholique, une
communauté qui subvient à ses propres besoins.
Marguerite meurt le 12 janvier 1700 à Montréal, après avoir offert sa vie pour la guérison d'une
jeune sœur.
Béatifiée en 1950 par Pie XII, Jean-Paul Il la canonise en 1982 et donne ainsi à l'Église du Canada
sa première sainte.

NB: Ce médaillon nwntre la rencontre de Marguerite avec Kateri Tekakwitha, la première sainte I roquoise.
Marguerite est considérée comme cofondatrice de Montréal, avec Jeanne Mance, l'infùmière, et Mr de Maisonneuve,
le maître d'œuvre. Citons aussi les autres français canonisés ou béatifiés qui ont œuvré au Canada : les 8 saints Jésuites
martyrs (voir p. 62), Ste Marie de l'Incarnation (voir p. 67), Bse Catherine de Saint-Augustin ( 1632-1668) Augustine
Hospitalière, St François de Montmorency-Laval ( 1623-1708) premier évêque de Québec, Bx Frédéric Janssoone
( 1838-1916) Franciscain.
70
Autres saints du 17
èm e
siècle

Bx César de Bus (1544-1607) prêtre du diocèse d'Avignon, fondateur des Pères de la Doctrine Chrétienne

Bse Madame Acarie (1566-1618) Marie de l'Incarnation épouse, mère de 6 enfants, introduit en France
le Carmel réformé, veuve, sœur converse carmélite, stigmatisée

Vbl e Anne de Xainctonge (1567-1621) fondatrice de la société de Sainte-Ursule de Dole

Bse Alix Le Cl e rc (1576-1622) Mari e -Thérè se de Jésus cofondatrice avec Pierre Fourier de la
Congrégation de Notre-Dame, vouée à l'éducation des fillettes pauvres

Vbl e Honoré de Paris (1566-1624) capucin, missionnaire au Brésil

Bse Agnès de Lange ac (1602-1634) Agnès de Jésus, prieure dominicaine, aide Jean-Jacques Olier à
fonder la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice.

Vble Madeleine Du Bois de Fontaines (1578-1637) Madeleine de Saint-Joseph prieure carmélite

Bx Pierre Berthelot (1600-1638) Denis de la Nativité navigateur, carme, refusant de se conve1tir à l'islam
martyr à Sumatra en Indonésie

Vbl e Mari e de la Ferre (1589-1652) cofondatrice des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph

Vble Michel Le Nobletz (1577-1652) prêtre du diocèse de Quimper-Léon

Vbl e Jérôm e Le Roy e r de La Dauversi è re (1597-1659) marié, mystique, cofondateur des Religieuses
Hospitalières de Saint-Joseph, à l'origine de la fondation de Ville-Marie (Montréal) tout en demeurant à Paris

Bse Marie-Catherine Simon de Longpré (1632-1668) Marie-Catherine de Saint-Augustin Augustine


de la Miséricorde, infirmière, économe, maîtresse des novices, directrice de l'hôtel-Dieu de Québec

Bx Nicolas Roland (1642-1678) prêtre, fondateur des Sœurs de l'Enfant-Jésus de Reims

Vbl e Jeann e Chézard de Matel (1596-1670) mystique, fondatrice de l'ordre du Verbe Incarné

St Claude La Colombière (1641-1682) prêtre,jésuite, directeur spirituel, écrivain

Bx Julie n Maunoir (1606-1683) prêtre,jésuite, apôtre de la Bretagne

Bx Nicolas Barré (1621-1686) prêtre, religieux de l'ordre des Minimes, fondateur des Sœurs de l'Enfant-
Jésus et des Sœurs de la Providence de Rouen

Vble Bénigne Joly (1644-1694) prêtre, fondateur de la Congrégation de N-D de la Charité de Dijon

Vbl e Henri-Mari e Boudon (1624-1702) prêtre, une grande figure de l'École française de spiritualité

St François de Montmorency-Laval (1623-1708) premier évêque de Québec

71
Les saints, s'ils sont justement présentés, dans leur
dynamisme spirituel et dans leur réalité historique,
contribuent à rendre plus crédibles et plus attirantes la
Parole de l'Évangile et la mission de l'Église.

Le contact avec eux ouvre la voie à de vraies


résurrections spirituelles, à des conversions durables, et à
la floraison de nouveaux saints.

Les saints engendrent normalement d'autres


saints, et la proximité de leurs personnes, ou même
seulement de leurs traces, est toujours salutaire : elle
purifie et élève l'esprit, elle ouvre le cœur à l'amour de
Dieu et des frères.

La sainteté engendre la joie, l'espérance, et répond


à la soif de bonheur que les hommes ressentent
aujourd'hui.

Benoît XVI, 18 décembre 2007

72
A u 18ème siècle
1715 Mo1t de Louis XIV - Régence - 1722 Sacre de Louis XV. Il épouse en 1725 Marie Leszczynska
(polonaise) apôtre du Sacré-Cœm pendant 43 ans
1717 Naissance en Angleterre de la Franc-maçonnerie, condamnée dès 1738 par le pape Clément XII et
jusqu'à nos jours (le 27 novembre 1983, la Congrégation pour la doctrine de la Foi rappellera l'absolue
incompatibilité de la Franc-maçonnerie et de l'Église Catholique)
1720 Marseille: la consécration de la ville au Sacré-Cœur arrête la peste (Première ville au monde consacrée
au Sacré-Cœur à la demande de Jésus à une religieuse visitandine, la vénérable Anne-Madeleine Rémuzat)
1763 Traité de Paris, fin de la guerre de Sept Ans, perte de nombreux territoires (Canada, Indes, ... )
1768 Traité de Versailles, achat de la Corse à Gênes
1770 Le dauphin Louis épouse Marie-Antoinette - 1774 Louis XVI devient roi à 19 ans
1783 Lafayette va au secours des Américains dans leur lutte pour l'indépendance
1789 Début de la Révolution - Prise de la Bastille - Abolition des droits et privilèges féodaux
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
1790 Constitution civile du clergé votée par l'Assemblée Constituante: l'État décide, sans l'accord de Rome,
de faire élire les curés et les évêques localement par le peuple, catholique ou non. Il demande aussi aux
évêques et aux curés de prêter serment à cette constitution. Le pape Pie VI réagit fermement contre cette
décision. Les évêques (sauf 4) et la moitié des curés refusent le serment.
1791 Abolition de l'esclavage en France mais pas dans les colonies
1792 Victoire de Valmy sur l'armée prussienne - Proclamation de la 1ère République
1793 Exécutions du roi Louis XVI le 21 janvier et de la reine Marie Antoinette le I 6 octobre
1793-1 795 La Terreur - Les GuetTes de Vendée : refusant la conscription nationale pour défendre l'État
révolutionnaire, l'Ouest de la France, particulièrement la Vendée, se soulève au cri de « Dieu et le roi».
Poussés par le peuple, de courageux chefs se lèvent (Charette de La Contrie, Bonchamps, Cathelineau, de La
Rochejaquelein, Cadoudal ... ) et remportent plusieurs victoires. Mais peu à peu les défaites se succèdent
(Savenay, ... ) et les colonnes infernales du général Turreau finissent d'écraser le soulèvement catholique
dans l'Ouest en pratiquant la politique de la "terre brûlée". Des villages entiers disparaissent. (On parlera plus
tard de «génocide vendéen »)

Entre 1789 et 1795, des centaines de milliers de personnes meurent dans la tragédie révolutionnaire qui
secoue la France. Des groupes entiers de prêtres et de religieuses sont guillotinés ou massacrés, des dizaines
de prêtres et laïcs sont noyés dans la Loire. Aux Lucs-sur-Boulogne, en Vendée, environ 600 personnes sont
massacrées, dont 110 enfants de moins de 7 ans.
de chrétiens » : le sacrifice héroi"que de tant et tant de catholiques
1 « Le sang des martyrs est semenceème
français ne sera pas vain car le ]9 siècle va connaitre un grand renouveau spirituel.

1798 Le pape Pie VI est chassé de Rome par le Directoire et emmené en France où il memt en 1799
1799 Coup d'état de Napoléon Bonapatte qui devient premier consul
En ce 18 ème siècle, les philosophes contribuent à éloigner les hommes de Dieu : Voltaire se moque avant tout de la
religion, Rousseau déifie la nature ; pour Montesquieu les facteurs sociaux priment sur la religion, pour Diderot et les
Encyclopédistes la science va remplacer Dieu . .
73
St'LOUIS-MA'Rit
G'RIGNIONdA?/M0NTF0'Ri
1673-1716

Prêb- -- f
Apôtv @M

Né à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, Louis-Marie est l'âmé de 18 frères et sœurs. Son père,
avocat, est coléreux et violent et Louis voit souvent pleurer sa maman. De taille herculéenne,
disgracieux de traits, il doit dompter très jeune une nature fougueuse et tranchante. Ordonné prêtre,
il exerce un premier ministère à Nantes puis rejoint l'hôpital de Poitiers pour servir les pauvres.
Il fonde une congrégation hospitalière, les Filles de la Sagesse, avec l'aide de Marie-Louise
Trichet. Ses actions suscitent oppositions et jalousies. Il décide de se rendre à Rome. Le pape
Clément XI le nomme " missionnaire apostolique " pour la France. Commence alors pour lui une
vie itinérante de missionnaire dans tout l'Ouest de la France. Il accomplit des missions à travers la
Vendée, la Bretagne et la Normandie. 01 fortifie ainsi les chrétiens de ces régions à la veille des gmndes persécutions)
II possède un sens très aigu de l'âme populaire qu'il sait faire vibrer en organisant des processions,
des plantations de croix, adaptant les refrains à la mode avec des paroles pieuses. Pour consolider
les résultats de ses missions, il fonde, à Saint-Laurent-sur-Sèvres, une congrégation missionnaire :
la Compagnie de Marie (Pères Montfortains).
Il se signale par une grande dévotion à la Marie. L'essentiel de sa doctrine est rassemblé dans le
« Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge ». Elle se résume dans ces mots : «Pour aller au
Père Éternel, il faut aller à Jésus ; pour aller à Jésus, il faut aller à Marie ». « Marie est, de tous
les moyens pour avoir Jésus-Christ, le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus saint».
Louis-Marie écrit: « Le diable, sachant qu'il a peu de temps pour perdre les âmes, redouble tous
les jours ses efforts et ses combats». Et il prophétise:« Dieu suscitera de grands hommes remplis
du Saint-Esprit et de celui de Marie, par lesquels cette divine Souveraine fera tant de merveilles ».
Il les appelle « les apôtres des derniers temps ».
Il meurt d'épuisement en mission en prononçant ces paroles : "C'est en fait, je ne pécherai plus! "

Béatifié par le pape Léon XIII en 1888, il est canonisé par le pape Pie XII en 1947.
Le pape Jean-Paul TTreprend à son compte la devise de Louis-Marie : "Totus Tuus " (Tout à toi [Marie]).
74
St'JEAN,..'BAPïISïE �LlN'SALLE
1651-1719

Né à Reims, dans une famille de magistrats, Jean-Baptiste est l'aîné de 11 enfants. Il fait ses études
à La Sorbonne et au séminaire Saint-Sulpice à Paris. Il devient docteur en théologie, prêtre et
chanoine de Reims.
Intéressé par l'ouverture d'écoles paroissiales pour les pauvres, il souffre de l'absence de maîtres.
Il s'aperçoit que ce qui manque le plus ce sont des maîtres de valeur avec une préparation morale et
culturelle. Il est alors amené à fonder la Congrégation des Frères des Écoles Chrétiennes vouée
à l'éducation gratuite des enfants pauvres. Les frères ne sont pas prêtres mais religieux.
Jean-Baptiste rédige pour eux une sorte de règle de vie consacrée mais avec un caractère laïque.
On y trouve entre autres ces mots : « Avez-vous regardé, jusqu'à présent, le salut de vos élèves
comme votre propre affaire pendant tout le temps qu'ils ont été sous votre conduite ? ».
Jean-Baptiste crée à l'intention de ses frères un séminaire, sorte d'école normale d'instituteurs.
Il se dépouille de tous ses biens pour être pauvre parmi les pauvres, et emploie 40 ans de sa vie à
affermir son institut, au milieu des plus grandes contradictions, ouvrant des écoles professionnelles,
des écoles du soir et du dimanche pour les jeunes travailleurs, des maisons d'éducation pour les
enfants des rues.
Il écrit des ouvrages sur l'enseignement qui font de lui un des précurseurs de la pédagogie
moderne : la leçon est donnée dans une classe et non individuellement et on apprend à lire en
français, dans la langue maternelle et non en latin. Il fait triompher la méthode simultanée par
niveaux dans l'enseignement primaire. Il meurt le vendredi saint 7 avril 1719.
Béatifié en 1888 et canonisé en 1900 par le pape Léon XI//, il est proclamé« patron de tous les
éducateurs» en 1950 par Pie X//.
La Congrégation des Frères des Écoles Chrétiennes compte plus de 30 saints et bienheureux dont 7 Français :
Au ]8 è m e siècle : Stfr. Salomon (Nicolas Leclercq) martyr de la prison des Ca1mes. Bx fr. Léon (Jean Mopinot), Bx
fr. Roger (Pierre Faverge) et Bxfr.Uuiaric (Jean-Baptiste Guillaume) martyrs des pontons de Rochefort.
Au JC/ 111 siècle: St fr. Béniuie (Pierre Romançon) (voir p. 106), Bx fr. Scubilion (Jean-Bernard Rousseau), Bx fr.
"

Amouui (Jules-Nicolas Rèche)


75
S'œ/
JEANNEVELANOUE
1666-1736

Née à Saumur, Jeanne est la dernière d'une famille de 12 enfants. À la mort de son père, elle aide sa
mère à tenir la petite mercerie qui les font vivre.
Par crainte du manque d'argent, elle travaille même les dimanches et jours fériés. Elle s'arrange pour
n'acheter son pain qu'au dernier moment, afin de pouvoir dire aux pauvres: "Je n'ai pas de pain ".
Une pieuse femme, Françoise Souchet, venue en pèlerinage à Notre-Dame des Arguillès, exhorte
Jeanne à se montrer généreuse et à vouer sa vie aux pauvres. Le cœur de Jeanne est touché et elle
s'ouvre peu à peu à la misère des pauvres de la ville de Saumur qui connaît une disette.
Très vite les indigents viennent dans la maison de Jeanne où ils sont nourris et logés. Puis elle
accueille aussi des filles mères et des libertines.
Elle distribue tous ses biens, dilapide son fonds de commerce, emprunte et demande l'aumône pour
ses pauvres.
Des personnes charitables se joignent à Jeanne et elle fonde la Congrégation de Sainte-Anne de
la Providence vouée au service des plus démunis. Elle fonde aussi des hospices et des écoles.
Très mortifiée, mangeant et dormant peu, elle puise dans une prière fervente la force d'exercer une
charité inlassable.

À sa mort, une douzaine de communautés ont vu le jour dans le Maine-et-Loire, l'Indre, l'Indre-et-
Loire, le Morbihan et la Loire-Atlantique.

Béatifiée en 1947 par le pape Pie XII, elle est canonisée en 1982 par le pape Jean-Paul II.

Au cours d'une des apparitions de Marie à L'ile-Bouchard en 1947 à 4 fillettes, l'ainée, Jacqueline, demande à la
Sainte Vierge: "D'où nous vient cet honneur que vous veniez ici, en l'église Saint-Cilles? "La Sainte Vierge répond:
"C'est parce qu'il y a ici des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée ".
(Jeanne Delanoue est venue elle-même installer des sœurs de sa Congrégation dans ce lieu.)

76
St'BENO!, -JOS'EP1i LA'B'R'E
1748-1783

Né à Amettes, dans le Pas-de-Calais, Benoît est l'aîné d'une famille de 15 enfants. Il fait 6 essais
dans divers monastères : 4 en Chartreuse, 2 à la Trappe et il est partout refusé. Il découvre enfin sa
vocation : celle de priant et de pèlerin sur les routes d'Europe, de l'Espagne jusqu'à la Pologne et de
l'Allemagne jusqu'à la Sicile.
Pendant 13 ans, il parcourt plus de 30 000 kilomètres, vêtu de haillons, ne mendiant jamais,
mangeant seulement ce qu'on lui donne. Homme de prière et de contemplation, mystique, Benoît
passe de longues heures en adoration devant le Saint-Sacrement dans les églises et les sanctuaires
marials. Il voue une dévotion très forte à la Vierge Marie et récite pieusement son chapelet.
Sa vie d'errance perpétuelle irrite ses contemporains et suscite la méfiance. Il est parfois maltraité,
hué, et les enfants lui jettent des détritus. Il ne se défend jamais et garde son sourire.
Puis il se fixe à Rome à 29 ans et devient membre du Tiers-Ordre Franciscain.
Ramassé évanoui sur les marches de l'église de la Madona Dei Monti, à Rome, il meurt un mercredi
saint, à 35 ans, dans le dénuement le plus total. " Le saint est mort, le saint est mort " crient les
enfants dans les mes. Le peuple accourt et réclame son transfert dans sa chère église Sainte-Marie-
des-Monts. Enseveli dans cette église à gauche du maître-autel, Dieu permet que plus de cent
miracles se réalisent par son intercession.

Sa cause de béatification est ouverte moins d'un mois après sa mort. Il est béatifié en 1860 et
canonisé par le pape Léon XIII en 1881.
Il est le patron des routards, des pèlerins, des célibataires, des SDF, des réfugiés et de toutes les
personnes« déplacées ou inadaptées».

Benoît Labre, dont la vie paraît si singulière et si inimitable, est une magnifique réponse à ce siècle
éloigné de Dieu, qui se noie dans la vie mondaine et le libertinage et qui se désintéresse du sort des
pauvres. (Le poète Paul Verlaine dira de l u i : « Saint Benoît-Joseph est la seule gloire française du 18'""' siècle, mais
quelle gloire ! »)

77
13,vPI'E'R'R'E-LOUIS
M / L�1WC1-l'Ef0UCAULV
1744-1792

tvêque-
U n , , � 191 m.a+'t)'Yl-'
M/�teffll:ry�1792
fê:tiv le, 2 t:etnbrf?/

Pierre-Louis est né au château du Vivier, en Charente. Il est le dixième enfant de la famille.


Il fait de brillantes études de théologie puis devient le vicaire général de son frère François-Joseph,
évêque de Beauvais.
Nommé lui-même évêque de Saintes, il se consacre totalement à son diocèse, entreprenant les
réformes nécessaires, insistant sur l'instrnction à donner à tous les fidèles.

À la Révolution, quand les persécutions commencent, il rappelle fermement à son diocèse


l'attachement indéfectible envers le Saint-Père. Chassé alors du diocèse, ne voulant pas quitter la
France, il se rend à Paris.

Après l'arrestation de Louis XVI, le 10 août 1792, de nombreux prêtres réfractaires au serment de
fidélité à la constitution civile du clergé sont arrêtés ainsi que des religieux et des laïcs et entassés
dans plusieurs couvents transformés en prisons.

Le frère de Pierre-Louis est arrêté et celui-ci demande à le suivre. Ils sont alors emprisonnés au
Couvent des Carmes et partagent la captivité de leurs compagnons.
Du 2 au 5 septembre, des groupes de révolutionnaires se ruent dans les prisons.
Aux Carmes le massacre commence le 2 septembre vers 4 heures de l'après-midi: les assaillants se
précipitent sur les prêtres, plusieurs sont sauvagement mis à mort.
Les autres, après un simulacre de jugement, et devant leur refus de prêter serment, sont massacrés à
leur tour, certains sur le petit escalier qui subsiste encore aujourd'hui, rue Vaugirard.
Parmi les victimes, se trouvent 3 évêques dont Pierre-Louis de la Rochefoucauld et son frère
François-Joseph. Ils sont mis à mort tous les deux, l'un près de l'autre.

Parmi les 3 000 victimes de septembre 1792, 191 sont béatifiés par Pie XI en 1926, dont 4 laïcs.
Parmi eux, le frère des Écoles Chrétiennes, Salomon Leclerc est canonisé en 2016.

78
'B,vJEAN-MA'RrIN lvtOYÊ
1730-1793

Né à Cutting, près de Metz, de parents cultivateurs, Jean-Martin est le sixième d'une famille de
13 enfants.
Il étudie la philosophie au collège jésuite de Strasbourg et entre au séminaire de Metz.
Prêtre, il constate le manque de formation religieuse des enfants des campagnes et crée la Société
des Sœurs de la Divine Providence vouée à l'instruction des enfants.
La même année, il est nommé supérieur du petit séminaire de Saint-Dié. Toutefois, profondément
attiré par les terres lointaines, il entre aux Missions Étrangères de Paris à 41 ans.
Envoyé en Chine 2 ans après, il fonde l'Institut des Vierges Enseignantes de Chine pour
évangéliser les femmes païennes par les femmes chrétiennes. Il fait baptiser les enfants qui vont
mourir : c'est le précurseur de l'Œuvre de la Sainte-Enfance.
Sans cesse pourchassé, il connaît la prison et les tortures. Épuisé, malade, il doit regagner la France
au bout de 10 ans.
Mais la Révolution française l'amène à s'exiler à Trèves en Allemagne. Là, il soigne des personnes
atteintes du typhus et contracte lui-même la maladie. Il en meurt à 63 ans.
Voici quelques extraits d'une de ses prières:« Mon Dieu, nous vous offrons toutes les vertus de la
Sainte Vierge en réparation de tous nos vices. ( .. .) Nous conjurons cette reine des vertus de vouloir
bien couvrir par la beauté et l'éclat de ses vertus, la laideur et la multitude de nos défauts, et
d'enrichir notre pauvreté spirituelle de ses mérites. »

Il est béatifié en 1954 par le pape Pie XII.

Son œuvre se continue de nos jours dans les diverses branches des Sœurs de la Providence,
notamment celles de Saint-Jean-de-Bassel (Moselle) et de Portieux(Vosges).

79
'8,v GUILLAUME 'REPIN
(1709-179'+)
ez- 98 co-wq.,

Né à Thouarcé, près d'Angers, de parents hôteliers, Guillaume devient curé de Martigné-Briand.


Il exerce son ministère avec zèle et grand dévouement. Pendant la Révolution, il devient le soutien
et le porte-parole des prêtres d'Angers.
Refusant de prêter serment à la constitution civile du clergé, il est interné à 82 ans avec d'autres
prêtres âgés dans une ancienne école des Frères des Écoles Chrétiennes et libéré par les Vendéens.
Mais affaibli par l'âge et deux ans de captivité, il ne peut suivre les Vendéens et pendant 6 mois
il vit errant de cachette en cachette.
Pris la veille de Noël, à 84 ans, il est déféré devant le comité révolutionnaire d'Angers qui décide
sa mort. On lui demande pourquoi il ne prête pas serment. Il répond avec détermination : « J'avais
ma foi et ma religion à conserver».
Il est alors condamné à être guillotiné sur la place Saint-Maurille d'Angers avec l'abbé Laurent
Batard, curé de la paroisse de Notre-Dame de Chalonnes.
Il s'avance vers l'échafaud, digne vieillard de haute stature au visage empreint de bonté et fait
l'admiration de tous les spectateurs par la joie et la sérénité qui se dégagent de sa personne.

Pendant la Terreur, ses compagnons tués en haine de la foi sont au nombre de 98 : 12 prêtres,
3 religieuses, 4 hommes, 80 femmes ou jeunes filles, la plupart fusillés à Avrillé.

Ils sont béatifiés par le pape Jean-Paul l i en 1984.

On reproche aux 80 femmes et aux jeunes filles de ne pas assister à la messe des prêtres
assermentés, d'héberger les prêtres qui refusent le serment. On reproche aussi à certaines d'être
les épouses, les filles, les sœurs ou les mères d'insurgés qui sont qualifiés de brigands.
En les béatifiant, l'Église reconnait la valeur de leur témoignage: elles sont très authentiquement
des martyres.

80
13,vNOtLPIN01
1747-1794

Né à Angers, Noël est le 16ème enfant d'une famille de grands chrétiens dont le père est tisserand.
Le fils aîné est ordonné prêtre alors que Noël n'a que 6 ans. Formé d'abord par son grand frère,
Noël continue ses études au séminaire et devient prêtre à 33 ans.
Il est chargé de la paroisse de Saint-Aubin-du-Louroux où il se dévoue à sa tâche, vivant très
pauvrement. li développe la dévotion au Sacré-Cœur et au Rosaire.

Quand la Révolution éclate, le clergé est spolié de ses biens et Noël constate que la division gagne
ses confrères, les uns acceptant la constitution civile du clergé, les autres s'y opposant.
Sommé par le maire de la ville de prêter serment, il refuse énergiquement un serment que sa
conscience réprouve. Arrêté, un premier jugement le condamne à être enfermé dans un château où
les propriétaires sont bienveillants.
Il est mis ensuite en liberté conditionnelle avec interdiction d'avoir des contacts avec sa paroisse.
Pour exercer son ministère en cachette, il s'habille en paysan. Il vit alors traqué, célébrant la nuit,
apportant sacrements et réconfort à ses paroissiens.
Trahi par un ancien paroissien, il est arrêté dans la nuit du 8 février 1794, alors qu'il s'apprête
à célébrer la messe dans une ferme de sa paroisse.
Il est alors ligoté jusqu'au sang, insulté, privé de lumière et de nourriture. Un confrère assermenté
se moque de lui et lui propose de revêtir ses habits sacerdotaux avant d'être guillotiné. Noël répond:
" Oui, ce sera pour moi une grande satisfaction ".

En montant à l'échafaud le 11 février, revêtu de ses habits sacerdotaux, Noël prononce les premiers
mots de la messe : "Introibo ad a/tare Dei ".

Il est béatifié par le pape Pie XI en 1926.

81
16 B CA'RMtUTES
M/COMPIÈGNE
t 1794

En 1790, tous les ordres monastiques et les congrégations régulières sont dissous avec la suppression
des vœux.
La même année, les révolutionnaires tentent en vain de " libérer de la servitude de leurs vœux" les
Carmélites du couvent de Compiègne.
En 1792, elles offrent leur vie pour le salut de la France et renouvellent ce vœu chaque jour, pour
que la paix soit rendue à l'Église et à l'État.
En Septembre 1792, elles sont expulsées de leur couvent et se regroupent par 3 ou 4 dans des
appartements pour continuer leur vie de prière et de travail.
En juin 1794, elles sont signalées comme des fanatiques vivant toujours sous leur règle. Arrêtées,
elles sont incarcérées dans le couvent de la Visitation de Compiègne transformé en prison.
Elles sont ensuite transférées à la Conciergerie de Paris où elles sont jugées pendant la période de
la Terreur. Réunies dans la prison, elles chantent leurs offices et célèbrent avec enthousiasme,
le 16 juillet, la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.
Après un semblant de procès, elles sont condamnées à la guillotine.
Le 17 juillet, emmenées dans des charrettes, elles chantent des cantiques tout le long du parcours.
Elles s'encouragent mutuellement et montent à l'échafaud dans leur blanc manteau en chantant le
Veni Creator, accompagnées et bénies par leur prieure, Mère Thérèse de Saint-Augustin, qui a
demandé la grâce de mourir la dernière.
Elles sont guillotinées sur la place du Trône qui deviendra place de la Nation.

Elles sont béatifiées en 1906 par le pape Pie X.

L 'écrivain catholique Georges Bernanos écrira à la fin de sa vie une pièce intitulée « Le dialogue des Carmélites»,
chef-d'œuvre qui donnera lieu à un opéra et à un film et qui contribuera à faire connaître le sacrifice héroïque de ces
religieuses carmélites.

82
Autres saints du 18
èm e
siècle

Vble Jean-Baptiste de Laveyne (1653-1719) prêtre, bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur

Vble Claude-François du Tronchet (1700-1726) Jean-Baptiste de Bourgogne prêtre, franciscain

Vble Anne-Madeleine Ré m uzat (1696-1730) visitandine, mystique, apôtre du Sacré-Cœur

St Théophile de Corte (1676-1740) prêtre, franciscain

Bx Pierre Vigne (1670-1740) prêtre, fonde les Sœurs du Saint-Sacrement de Valence

Bse Marie Poussepin (1653-1744) fonde les Sœurs Dominicaines de la Présentation

Bse Marie-Louise de Jésus Trichet (1684-1759) fonde les Filles de la Sagesse

Vble Marie-Louise de France (1737-1787) Thérèse de Saint-Augustin fille de Louis XV, carmélite

St Guillaume Leclercq (1745-1792) frère Salo m on fr. des Écoles Chrétiennes, martyr de la Révolution

Bx Pierre-Adrien Toul orge (17 57-1793) chanoine prémontré, martyr de la Révolution

14 Bx prêtres, guillotinés à Laval ( t janvier 1794)

4 Bses Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul d'Arras, guillotinées à Ca m brai ( t juin 1794)

32 Bses religieuses martyres d'Orange, guillotinées ( t juillet 1794)

64 Bx prêtres, m artyrs des Pontons de Rochefort ( t 1794) entassés à quai sm les 2 bateaux
"le Washington" et les" Deux-Associés", dans des conditions effroyables

Bse Marguerite Rutan (1736-1794) fille de la Charité, martyre de la Révolution

Bse Marie Lhullier (1744-1794) sœur converse des Augustines de la Miséricorde, martyre à Laval

Bse Françoise Mézière (1745-1794) laïque, enseignante, martyre à Laval

Bx Jacques Burin (1756-1794) prêtre, martyr de la Révolution à Champgenéteux (Mayenne)

Bse Françoise Tréhet (1757-1794) sœur de la Charité de Notre-Dame d'Évron, guillotinée à Ernée

Bse Jeanne Véron (1767-1794) sœur de la Charité de Notre-Dame d'Évron, guillotinée à Ernée (Mayenne)

11 Bses Ursulines de Valenciennes, guillotinées ( t octobre 1794)

Bx Pierre-René Rogue (1758-1796) prêtrn, lazariste, martyr de la Révolution

Vble Clotilde de France (1759-1802) mariée, sœur de Louis XVI, reine de Sardaigne
83
L'histoire des martyrs nous montre tout un peuple
chrétien : les vocations sont diverses, la foi solide et bien
enracinée. Avec leurs prêtres, les laïcs tiennent une grande place,
et notamment les femmes, originaires de tous les milieux et
professions.
Les personnes de l'aristocratie, de la bourgeoisie, du
peuple, commerçants ou paysans, sont allés ensemble au martyr
. . . Ce qui frappe, c'est la simplicité du témoignage. Ils ne
cherchaient pas à passer pour des héros, à étonner, à provoquer.
Le martyre est venu comme par surcroît, requis par
la fidélité ... Pour eux, l'acceptation de la mort avait un sens de
fidélité religieuse . . . Ce qu'ils voulaient, c'était rester fidèles à
l'Église. Il ne leur était pas concevable de séparer la foi en Dieu,
au Christ, de l'attachement à l'Église, à ses pasteurs légitimes, en
communion avec le pape ...
Le témoignage de ces martyrs nous interpelle nous-
mêmes dans ces pays de l'Occident où la persécution ne sévit pas,
mais où l'indifférence religieuse, le matérialisme, le doute,
l'incroyance et le climat de permissivité morale ébranle les
chrétiens ...
Nos martyrs nous appellent à un sursaut, nous
montrent comment nous comporter dans ce monde.

Jean-Paul II lors de la béatification des 99 martyrs d'Angers


84
Au 19
èm e
siècle
1801 Le Concordat: liberté de culte, le catholicisme reconnu« religion de la majorité des Français»
1804 Napoléon devient empereur
1814 Armées alliées dans Paris - Abdication de Napoléon - La Restauration : Louis XVIII roi de France
1824 Mort de Louis XVlII - 1825 Charles X sacré roi de France à Reims
1830 Apparition de Marie rue du Bac à Paris : la médaille miraculeuse (voir p. 113)
Insurrection à Paris, abdication de Charles X, Louis-Philippe «roides Français» - Prise d'Alger (pour
mettre fin au trafic d'esclaves des Barbaresques : razzias sur les côtes françaises) - Début de l'empire colonial
1846 Apparition de la Vierge en pleurs à La Salette (dans les Alpes) à deux enfants
1848 Renversement de la monarchie - Proclamation de la 2ème République
1852 Proclamation du Second Empire, Louis-Napoléon Bonaparte devient Napoléon Ill
1854 Promulgation du dogme de l'immaculée Conception
1856 Pie IX institue la fête solennelle du Sacré-Cœur pour toute l'Église au mois de juin
Fondation de l'Œuvre des Écoles d'Orient par des laïcs professeurs à la Sorbonne (l'Œuvre d'Orient)
1858 Apparition de Marie à Lourdes qui demande de faire pénitence et de venir en procession
1864 Création de la Croix-Rouge par le protestant Henri Dunant
1869 Ouverture du Concile Vatican 1 - Promulgation du dogme de l'infaillibilité pontificale (en 1870)
Fondation de la société des Pères Blancs par le Cardinal Lavigerie pour évangéliser l'Afrique
1870 Défaite de Sedan et prise de grandes villes par les Prussiens - Destitution de Napoléon Ill
La Troisième République (qui durera jusqu'en 1940) - Fin des États Pontificaux annexés par l'Italie
1871 Apparition de Marie à Pontmain (Mayenne) à des enfants:« Priez, mon Fils se laisse toucher»
Armistice franco-allemand, pe1te de l'Alsace-Lorraine - La Commune de Paris: guerre civile
1873 L'Assemblée nationale vote la construction d'une basilique en l'honneur du Sacré-Cœur sur la
colline de Montmartre, à la suite du "vœu national" initié par les laïcs Alexandre Legentil (disciple
de Frédéric Ozanam) et Rohault de Fleury. La basilique sera en grande partie financée par le peuple
1876 Apparition de la Vierge à Pellevoisin (Indre) : Marie demande le port du scapulaire du Sacré-Cœur
1880 Les Jésuites sont chassés de France
1882 Loi Jules Ferry : l'école primaire est obligatoire et laïque
1890 1er vol en avion par Clément Ader - 1895 : 1ère représentation cinématographique des frères Lumière
1894 Début de l' Affaire Dreyfus (officier français juif condamné pour espionnage et réhabilité en 1906)

1899 Léon XIII consacr e tous le s habitants du monde e ntier au Sacré-Cœur

Ce siècle connaît en France un grand élan missionnaire : environ 70% des missionnaires sont Français.
On assiste aussi à l'éclosion d'un grand nombre d'ordres caritatifs et enseignants.

85
SŒ/JULIE13ILLIA'R1
1751-1816

Julie est née à Cuvilly, près de Compiègne, dans une modeste famille de 9 enfants (dont 4 meurent en
bas âge et2 à l'adolescence). Le père tient un petit commerce d'épicerie et d'objets divers.
Elle n'a que 7 ans quand elle commence à réunir des enfants pour leur faire réciter le catéchisme.
Des voleurs dévalisent le magasin familial et ses parents tombent peu à peu dans l'indigence et sont
victimes de calomnies. Sa grande sœur est mal-voyante et son petit frère boiteux. Julie se loue alors
chez des fermiers pour aider ses parents et les soutient avec courage.
À 23 ans, un attentat manqué contre son père la bouleverse à tel point qu'elle tombe malade.
La Révolution éclate et Julie protège des prêtres. Aussi, des amis la cache et pendant trois ans elle
est ballotée d'un refuge à l'autre. Son état s'aggrave et elle perd progressivement l'usage de ses
jambes à la suite de mauvais traitements d'un médecin qui lui fait de nombreuses saignées aux pieds.
Elle continue à catéchiser des enfants qui se regroupent autour de son lit.
Puis elle est accueillie à Amiens dans une famille où elle se lie d'amitié avec Françoise Blin de
Bourdon.
Encouragées par un prêtre, l'abbé Varin, toutes deux s'engagent à travailler à l'éducation gratuite
des enfants pauvres et à la formation des maîtresses : c'est le début d'une congrégation à Amiens,
« les Sœurs de Notre Dame».
Julie est élue supérieure générale. L'évêque d'Amiens, mal informé par un prêtre, veut modifier
profondément l'esprit et les statuts de la congrégation et Julie doit alors quitter le diocèse. Elle est
accueillie avec ses sœurs en Belgique par l'évêque de Namur qui apprécie beaucoup leur apostolat.
Paralysée depuis 22 ans, Julie est guérie de ses infirmités par la prière de ses sœurs, après une
neuvaine au Sacré-Cœur.
La congrégation ouvre une quinzaine d'écoles en France et en Belgique.
Julie meurt à Namur en 1816. Son œuvre se propage dans de nombreux pays.
Béatifiée en 1906 par le pape Pie X, elle est canonisée en 1969 par le pape Paul VI.
86
Vole, LOUIS ·MARIE
'BAUVOUIN
1765-1835

Né à Montaigu, près de Luçon, Louis-Marie est le 3 è m e et dernier enfant d'une famille pauvre. Son
père, jardinier, meurt à sa naissance. La mère de Louis-Marie l'aide à dompter la fougue d'une nature
emportée.

Louis-Marie poursuit ses études auprès de son frère, déjà curé, et entre au séminaire de Luçon. Après
des études laborieuses, il est ordonné prêtre en 1789.

Il refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé et s'oppose à son évêque qui prend le
parti des républicains. Celui-ci le fait arrêter et Louis-Marie reste 7 mois en prison.
L'Assemblée législative condamne à la déportation tous les prêtres non assermentés. Il s'exile en
Espagne, à Tolède, avec son frère, pendant 3 ans et ... ne réussit pas à apprendre l'espagnol.

Il revient en France en 1797 et est nommé curé de Chavagne. Il fonde alors la Congrégation des
Filles du Verbe Incarné (dites Ursulines de Chavagne), vouées à l'éducation chrétienne.
Il fonde aussi un petit séminaire et est ensuite nommé directeur du grand séminaire de la Rochelle
et vicaire général du diocèse.
Il fonde encore la Société des Enfants de Marie Immaculée regroupant des prêtres consacrés au
Verbe Incarné et voués à l'enseignement et aux missions.

Chargé d'infirmités et d'épreuves, Louis-Marie, qui ne perd jamais sa gaieté pleine de fraîcheur,
aime rappeler avec fougue que: " un acte de pure gratuité pour un inconnu, qui vous emporte
3 heures ou 3 jours ou 3 semaines ou 3 mois vaut mieux que 27 ans d'études d'Écriture Sainte ou
de jeûnes volontaires ou de contemplation ".

Le décret sur " l'héroïcité des vertus "de Louis-Marie est signé en 2012 par le pape Benoit XVI,
il est vénérable.
87
S-t ANV'Rt-1!U'BE'Rï fOU'RNEï
1752-1834

Né à Maillé, près de Poitiers, André-Hubert est le 9 è m e d'une famille de 10 enfants. C'est un écolier
turbulent. Il écrit sur une page d'un de ses livres : "André-Hubert, bon garçon qui ne sera jamais ni
moine, ni prêtre ". Il échoue à ses examens en droit et s'engage dans l'armée. Il travaille ensuite sans
succès dans un commerce.
Après un temps de réflexion, il entre au séminaire de Poitiers et est ordonné prêtre. Il mène une vie
plutôt mondaine, recevant souvent ses confrères pour de bons repas. Prétextant son manque d'argent,
il renvoie un jour un mendiant qui proteste : « Comment! Vous n'avez pas d'argent ? Mais votre
table en est pleine ! ». Touché alors jusqu'au plus profond de lui-même, il pleure longuement et
change de vie, se mettant au service des pauvres et donnant l'exemple d'une vie simple et
désintéressée.

Pendant la Révolution, refusant de prêter serment, il est pourchassé et traqué. Il assiste ses fidèles
maintes fois au péril de sa vie. Une nuit, dans une pauvre &range, une jeune demoiselle, châtelaine
des environs, entre. Elle s'appelle Elisabeth Bichier des Ages. Le prêtre l'apostrophe: « Croyez-
vous, mademoiselle, que je vais laisser pour vous entendre, ces mères de famille, ces paysans
pauvres venus de plusieurs lieues ? » La jeune fille répond : « Mon Père, j'attendrai, il suffira que
vous consentiez à m'entendre après eux». Elle attend de longues heures ... et trouve là le conseiller
spirituel que sa prière implorait.
Au lendemain de la Révolution, André-Hubert confie à Elisabeth le soin d'instruire les enfants et de
soigner les malades : c'est la naissance des Filles de la Croix.

André-Hubert est béatifié en 1926 et canonisé en 1933 par le pape Pie XI.

La sœur d'André-Hubert (représentée sur le médaillon en train de surveiller la soupe sur le feu), lui fut d'un
grand secours durant sa vie de prêtre.
À travers elle, sont honorées les "Aides aux prêtres " qui, discrètement, soutiennent les pasteurs
dans leur ministère.

88
St'J0SEP1i MA'RC1iANV
1803-1835

Pr-êb" de4, M ttv EW


®P

Né à Passavant, dans le Doubs, Joseph est le fils d'une modeste famille de cultivateurs. Il entre aux
Missions Étrangères de Paris et est ordonné prêtre puis envoyé en Cochinchine.

Pour les missionnaires, le voyage est souvent semé d'embûches. Sur le navire" Le Voltaire", Joseph
doit subir les injures et les blasphèmes de l'équipage hostile aux missionnaires.

En 1830, il arrive en Cochinchine, partie sud du nouvel empire du Vietnam. Averti que la persécution
menace, il n'en commence pas moins son apostolat par un long voyage dans les différentes provinces,
remontant jusqu'à Phnom-Penh, la capitale du Cambodge.

Après 3 ans, il est arrêté par des rebelles à l'empereur Minh Mang qui veulent se servir de lui pour
gagner les chrétiens à leur cause.
Lors de la prise de Saïgon par les troupes de l'empereur, il est arrêté comme étant un des chefs des
rebelles. Devant l'impossibilité de prouver sa participation à la rébellion, il est pressé de renoncer à
sa religion et de marcher sur la croix.

Refusant énergiquement, il est alors condamné au supplice des 100 plaies qui consiste à couper les
chairs, puis à les arracher par morceaux avec des tenailles. Joseph subit cet horrible supplice avec
un courage inouï et rend son âme à Dieu à 32 ans, à Tho-duc près d'Hué. Après sa mort, ses restes
sont jetés à la mer.

Béatifié en 1900 par Léon XIII, il est canonisé en 1988 par Jean-Paul II, avec le groupe des
117 martyrs du Vietnam. Parmi eux, 8 Français sont canonisés: François Gagelin, Jean-Charles
Cornay, François Jaccard, Augustin Schoeffler, Jean-Louis Bonnard, Pierre-François Néron,
Pierre Dumoulin-Borie (voir p. 91), Théophane Vénard (voirp. 104).

89
'B CAnfE'RIN'EJA'R'RIG'E
1754-1836

Née près de Mauriac, dans le Cantal, Catherine est la 7 è m e et dernière enfant d'une famille de
modestes fermiers, vivant dans une seule pièce.
Elle n'a que 10 ans quand elle doit se louer à des maîtres (comme les autres membres de la famille) avec
une fidélité, une intelligence et une débrouillardise qui la font aimer de tous. De nature turbulente,
elle se dispute souvent avec les autres pâtres en gardant les troupeaux. Elle est dotée d'un caractère
espiègle qu'elle gardera toute sa vie. Elle perd sa mère à 13 ans.
Jeune fille, elle est passionnée par la danse (surtout la bourrée) et mène une vie partagée entre le travail
et les bals.
Elle s'installe comme dentellière et entre au Tiers-Ordre de saint Dominique comme" menette ",
c'est-à-dire laïque donnée à Dieu et vivant dans le monde. Elle renonce, non sans mal, à la danse.
Pendant la Révolution, elle se dévoue auprès des prêtres réfractaires, risquant plusieurs fois sa vie.
Au plus fort de la Terreur, elle parcourt les bois pour apporter nourriture, vêtements et objets de
culte aux prêtres qui se cachent.
Avec son air naïf et un peu simple, elle a, en fait, mille ruses pour déjouer avec un courage inouï les
complots des républicains. Elle est plusieurs fois arrêtée et emprisonnée. Mais elle continue sans se
démonter à soutenir les prêtres.
Après la Révolution, elle se met au service exclusif de toutes les misères. Ses poches légendaires
sont toujours remplies pour soulager les malheureux. Pendant près de 50 ans, elle porte partout
réconfort et aide, obtenant par son sourire une aide substantielle de la part des personnes fortunées.
À sa mort, toute la ville et les environs se pressent pour revoir et toucher Catherine,
"Catinon menette ", la moinesse des pauvres. Chacun, riche ou pauvre, veut emporter un souvenir
de sa bienfaitrice.
Elle est béatifiée en 1996 par le pape Jean-Paul II.
À travers Catherine sont honorés les célibataires, hommes ou femmes, qui œuvrent aussi, souvent
dans l'ombre, pour l'avènement de Royaume.

90
StPIE'R'RE VUM0UUN --'B0'RIE
1808-1838

PYê.t>--f?/de4"
M ttr EW
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Né à Beynat, dans le Limousin, Pierre est le 6 è m e d'une famille bourgeoise de 12 enfants. C'est un
enfant très énergique et son indiscipline inquiète ses maîtres.
Après une grave maladie, il veut devenir prêtre. Mais ses parents lui disent : " ni missionnaire, ni
trappiste, ni médecin hors de France ".

Pierre entre alors au grand séminaire de Tulle, mais reste fidèle à son projet et rejoint ensuite les
Missions Étrangères de Paris.

En 1830, il est ordonné prêtre et envoyé, 2 ans après, au Tonkin, où malgré la persécution, il se lance
dans son apostolat. Il apprend la langue et la culture du pays. Il reconstitue deux couvents, crée
plusieurs collèges. Pendant trois ans, près de 5000 fidèles viennent se confesser à lui et puiser
conseils et réconfort pour ne pas faiblir malgré les persécutions.

Toujours traqué, il se cache de cabane en cabane. Dénoncé par un de ses amis, il est arrêté. Refusant
de marcher sur la croix, il est alors cruellement flagellé.

En prison, Pierre est d'une incomparable douceur avec ses compagnons et geôliers. C'est là qu'il
reçoit sa nomination d'évêque et vicaire apostolique du Tonkin occidental et qu'il apprend sa
condamnation à mort: il aura la tête tranchée sur l'ordre de l'empereur Minh-Mang.
À cette nouvelle, il remercie à genoux le mandarin.

Le bourreau qui est forcé d'accomplir la besogne boit pour se donner du courage car il estime et
aime le missionnaire. Aussi, ce n'est qu'au septième coup de sabre que la tête de Pierre se détache.
Il a 30 ans.

Béatifié en 1900 par le pape Léon XIII, il est canonisé en 1988 par le pape Jean-Paul II. Il fait aussi
partie du groupe des 117 martyrs du Vietnam.

91
St'JEAN-GA13'RIEL
PE'R130YR'E
1802-18'+0

Pr-êb--lV-L�
M�lVe-wC�
Ma,tyr
F ll -c-e+nbr

Jean-Gabriel est né à Montgesty, dans le Lot, dans une pieuse famille de cultivateurs de 8 enfants
(3 de ses frères seront Lazaristes et 2 sœurs Filles de la Charité). Son oncle Jacques, Lazariste, lui fait découvrir
les missions. Il se sent alors attiré à entrer lui aussi dans la Congrégation de saint Vincent de Paul.
Prêtre, il est tour à tour professeur de théologie, formateur de séminaristes et directeur de pensionnat
à Saint-Flour.
Son frère Louis est aussi entré dans la Congrégation de la Mission. Envoyé en Chine, il meurt
pendant le voyage. Jean-Gabriel demande de remplacer son frère malgré sa santé délicate.
En 1835, Jean-Gabriel atteint la Chine. Il apprend la langue et s'établit dans la région des grands
lacs où il se dévoue pendant 3 ans à son apostolat. Les persécutions contre les chrétiens durent depuis
longtemps (François-Régis Clet connaît le martyre en 1820)
Trahi par son guide pour 30 taëls, il est arrêté. Commence alors pour lui une série d'impressionnantes
tortures, railleries et cruautés qui auraient dû lui ôter la vie de nombreuses fois.
On l'accuse même de relations immorales avec une jeune chinoise. Il répond fermement que : "Dans
le christianisme, la femme n'est pas outragée, mais au contraire, profondément respectée ".
Il reste 9 mois en prison dans des conditions épouvantables, attendant son arrêt de mort. Il convertit
par son immense bonté les brigands qui l'entourent. Après plusieurs procès, il est finalement
condamné à mort à Wuhan dans La province de Hubei, au centre de la Chine. Il est attaché sur une
croix avec 7 bandits et étranglé peu à peu. Une croix lumineuse apparaît alors dans le ciel à la vue
des spectateurs. Elle est visible jusqu'à Pékin.
Le long martyre de Jean-Gabriel retrace d'une manière exceptionnelle la Passion de Notre
Seigneur: trahison pour de l'argent, arrestation, emprisonnement, procès, tortures humiliantes, et
enfin mort sur une croix.
Béatifié en 1889 par le Pape Léon XIII, il est canonisé en 1996 par le Pape Jean-Paul Il.
Il est le premier martyr de Chine canonisé. 120 autres martyrs de Chine sont canonisés en 2000 dont 13 Français :
Gabriel-Taurin Dufresse, François-Régis Clet, Jean-Pie"e Néel, Paul Denne, Modeste Andlauer, Rémy Isoré, Léon-
Ignace Mangin, Théodoric Balai, André Bauër, Auguste Chapdelaine (voir p. 101), Jeanne-Marie Guerguin, Anne-
Françoise Moreau, Imia Grivot (pour ces 3 religieuses, voir p. 124)

92
StPIE'R'RcCHANEL
1803-1841

Pierre est né à Montrevel, près de Bourg-en-Bresse, dans une famille de cultivateurs de 8 enfants
dont il est le 5 è m e _ Sa mère lui apprend très tôt à aimer Marie et à la faire aimer. Il rencontre le Père
Trompier, curé de Cras, qui lui propose de venir en classe puis en pension chez lui. Il lui apprend
le catéchisme et le latin. (Il dira plus tard que c'est à lui, après Dieu, qu'il doit le bonheur d'être prêtre).
Devenu prêtre, Pierre est d'abord curé de paroisse, puis il est attiré par les missions et il demande à
rejoindre la Société de Marie (Maristes) du Père Colin. Il devient professeur au séminaire de Belley
et de grosses diffictùtés de santé se manifestent : crachements de sang, douleurs de poitrine.
Cependant, à 34 ans, Pierre s'embarque pour l'Océanie et arrive un an plus tard à l'île de Futuna qui
lui est confiée : 1000 habitants y vivent et la famine et l'anthropophagie la dévastent.
Il apprend la langue, soigne les malades pendant 3 ans, mais n'obtient aucune conversion.
Il résiste à une impression d'échec dans son apostolat et confie à Marie la nuit dans laquelle il se
trouve. Il écrit à un ami prêtre : « Je vois tous les jours que je ne puis rien par moi-même pour le
bien de leurs âmes, mais j'attends tout du Père des divines miséricordes, moyennant le secours des
prières des âmes pieuses de ma patrie. >>
Il offre aussi sa vie pour la conversion de l'île. Quelques jeunes commencent à s'intéresser à ce Dieu
inconnu dont parle le missionnaire. Les chefs inquiets de cette nouvelle religion et de la perte de leur
autorité, décident de sa mort. Un groupe pille sa case et le frappe sauvagement. Le gendre du roi,
Musumusu, lui fend le crâne avec une hachette.

Un an après sa mort, des missionnaires débarquent sur l'île et, en 3 ans, grâce au sacrifice du saint
missionnaire, l'île entière se convertit, y compris les assassins, dont Musumusu.

Béatifié par le pape Léon XIII en 1889, il est canonisé par le pape Pie XII en 1954 et proclamé saint
patron de l'Océanie.
Sur son lieu de martyr se trouve la basilique Saint Pierre Chanel qui est un haut lieu de pèlerinage.
93
'B,vPIERtRtE-F'RANCOISJAMEÎ
1762-1845

Pierre-François est né à Frênes, dans l'Orne, dans une famille de cultivateurs aisés de 9 enfants
(2 seront prêtres, une, religieuse).
Il fait de brillantes études à l'université de Caen. Ordonné prêtre, il se destine à l'enseignement
supérieur. Il refuse de prêter le serment exigé par la constitution civile du clergé et poursuit son
ministère dans la clandestinité.
Après la Révolution, il devient aumônier des Sœurs du Bon Sauveur (congrégation fondée en 1730 par
Anne Le Roy), vouées au service des aliénés et des prostituées.
Il invente un langage par signes pour les sourds-muets, aide les sourds à parler et tente de codifier
" une parole manuelle " (langage des mains) à une époque où les sourds-muets sont considérés
comme ayant une maladie mentale irrécupérable.
Il forge sa propre méthode qu'il expose devant l'académie des sciences, arts et belles lettres de Caen.
Il ouvre une maison pour les aliénés et fait progresser le traitement des malades mentaux.
II devient recteur de l'Académie de Caen. Mais en 1830, il démissionne pour se consacrer à ses
œuvres et ouvre plusieurs maisons du Bon Sauveur dont une à Albi.

Pierre-François est considéré comme le cofondateur du Bon Sauveur : celui-ci bénéficie de son
labeur et de son ouverture d'esprit. Désormais, les malades rejetés par la société sont reconnus
comme des frères.
Serviteur des handicapés physiques et mentaux, spécialement des sourds-muets, Pierre-François
est béatifié en 1987 par le pape Jean Paul II.

Actuellement, un groupe de soutien pour communautés chrétiennes accueillant des personnes en difficulté
psychique, porté par l 'OCH, a pour nom Groupe Pierre-François Jamet. Créé par Xavier Le Pichon en lien
étroit avec Marie-Hélène Mathieu, il compte une quarantaine de communautés.

94
S MA'RJE-MAVELEINE POSTEL
1756-1846

Fêt:ivle, 16 J

Julie est née à Barfleur, en Normandie, dans une famille de pêcheurs. Envoyée à l'abbaye des
Bénédictines de Valognes, elle y reçoit une solide culture générale et religieuse.
Elle manifeste très jeune une très grande charité et à 16 ans seulement, elle ouvre un pensionnat à
Barfleur et un atelier pour apprendre la broderie.

Quand la Révolution éclate, elle a 33 ans. Elle encourage, enseigne et réconforte les fidèles en
l'absence de prêtres et veille sur les prêtres traqués en facilitant leur passage en Angleterre.
Elle protège le Saint-Sacrement dans une cache sous un escalier et porte la communion aux malades,
réconfortant de son mieux les uns et les autres.

À 49 ans, elle fonde à Cherbourg la Congrégation Enseignante des Filles de la Miséricorde dans
l'esprit des Frères des Écoles Chrétiennes, et prend le nom de Marie-Madeleine.
Avec ses sœurs elle enseigne et catéchise environ 300 enfants.
Elle connaît avec sa communauté de nombreuses difficultés. Elle aime dire : "Obéir, c'est aller au
Ciel sur les épaules des autres ".
Elle reste 6 années dans la ville de Cherbourg, mais la place manque. La congrégation doit s'installer
successivement dans 3 localités.

Ce n'est qu'à l'âge de 76 ans qu'elle peut enfin acheter les ruines de l'abbaye de Saint-Sauveur-le-
Vicomte qu'elle entreprend de restaurer.

Après une longue vie de labeur, Madeleine meurt à l'orée de ses 90 ans.

Béatifiée par le pape Pie X en 1908, elle est canonisée par le pape Pie XI en 1925.

95
13,vGUILLAUME-JOSEP1i
C1iAMINAVE
1761-1850

Guillaume-Joseph est né à Périgueux. Il est le dernier d'une famille de marchands de tissus


de 15 enfants.
Prêtre à Bordeaux pendant la Révolution, il refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé.
Il exerce son ministère clandestin sous l'habit d'un rétameur puis s'exile en Espagne comme
cultivateur.
Dans son exil, il pense aux temps nouveaux qui viendront après la Révolution. Il sait qu'il ne suffira
pas de rétablir des structures traditionnelles mais qu'il faudra créer une sorte de congrégation
de chrétiens pour les aider à rester forts dans la foi.

Au pied de Notre-Dame del Pilar, une inspiration lui est donnée de retourner en France.
Il y fonde la Congrégation de l'Immaculée Conception pour laïcs : jeunes gens, jeunes filles,
pères et mères de famille.
Cette fondation donne un élan spirituel au Sud-Ouest de la France.

Il ne cesse de répéter, s'appuyant sur la parole de Marie dans l'Évangile:« Tout ce qu'Il vous dira,
faites-le» : "On ne peut ramener les hommes à Jésus que par sa Mère ". Il enseigne aussi avec
force la Médiation universelle et la Conception Immaculée de Marie.

Il fonde ensuite, avec Adèle de Batz de Trenquelléon (béatifiée à Agen en 2018), les Filles de Marie
d'Agen.
Un peu plus tard, il fonde aussi la Société de Marie de Bordeaux regroupant des prêtres et des
frères : les Marianistes.

À la fin de sa vie, il est rejeté par les membres du conseil de son ordre et offre cette épreuve avec foi
et résignation.

Il est béatifié en 2000 par le Pape Jean-Paul II.


96
13wANNE-MA'RIE JAVOU1fEY
1779-1851

Lc,d;t;et Côf\tVe,-UeKI.av

Fê.:av ùv 15 Ju111e;t

Née à Jallanges, dans un petit village de Bourgogne (Côte-d'Or), Anne-Marie est la fille aînée d'une
famille de cultivateurs de 11 enfants. Elle a 7 ans quand sa famille s'installe dans la commune voisine
à Chamblanc. C'est une enfant enjouée, très gaie et pétillante de vie.
Pendant la Révolution, âgée seulement de 15 ans, elle aide activement les prêtres dans leur ministère
clandestin. À 19 ans, elle ouvre une école.

Après plusieurs tentatives de vie religieuse (chez les Sm1rs de la Charité de Besançon, à la Trappe de la Valsainte
en Suisse), elle fonde avec ses 3 sœurs une association qui deviendra la Congrégation de Saint Joseph
de Cluny.
Peu à peu, les fondations se multiplient en France et en pays africains.
Elle passe 2 ans au Sénégal, puis se rend en Guyane où elle rachète des esclaves et fonde pour eux
écoles et hôpitaux malgré les oppositions des propriétaires coloniaux.

Elle lutte ardemment pour la suppression de l'esclavage. Le roi Louis-Philippe lui-même reçoit
plusieurs fois la Mère Javouhey et met au point avec elle le plan relatif à l'émancipation des noirs.
Elle encourage la formation d'un clergé indigène : c'est grâce à elle que les premiers prêtres
sénégalais peuvent, en 1840, accéder au sacerdoce après une formation en France.

Anne-Marie est une femme respectée et aimée des grands de son temps comme Chateaubriand,
Lamartine et Louis-Philippe (qui a dit d'elle: "La mère Javouhey, c'est un grand homme .1 "). Le ministre de la
marine lui répète souvent: "Demandez, Madame, tout ce que vous croirez juste et raisonnable. J'ai
une entière confiance en vous ".
Cette grande fondatrice aime à dire : "Gardons-nous d'aller plus vite que la Providence, qui veut être
secondée et non devancée ... L'expérience m'a appris que l'œuvre de Dieu se fait lentement".
À sa mort, elle laisse pourtant plus de 1000 sœurs, réparties en 140 communautés dans les 5 parties du
monde.

Elle est béatifiée en 1950 par le Pape Pie XII.


97
s�tMILI'E M/'R,OVA r
1787-1852

Née au château de Druelle, près de Rodez, dans une famille de la vieille noblesse terrienne, Émilie est
une enfant pleurnicheuse et boudeuse. Elle s'épanouit cependant dans une ambiance pieuse et
charitable où la foi est profonde. Elle est envoyée chez sa grand-mère à Villefranche-de-Rouergue où
une de ses tantes est religieuse visitandine. Elle reçoit là une sérieuse éducation.
Après une adolescence un peu frivole, où elle se complait dans la parure, Émilie devient dépressive et
se détache de la vie chrétienne. Un prêtre, l'abbé Marty, l'encourage à la prière. Le jour de la Fête-
Dieu en 1804, une grande lumière se fait en elle. Attirée par la vie religieuse, elle fait sans succès 3
tentatives (chez les Sœurs de la Charité de Nevers, chez les Dames del' Adoration Perpétuelle de Picpus à Cahors et chez
les Sœurs de la Miséricorde de Moissac).

Elle ouvre une école pour des fillettes pauvres, avec l'aide de 3 jeunes filles: Eléonore Dutriac, Marie
Boutaric et Ursule Delbreil. Elle fonde alors la Congrégation de la Sainte Famille de Villefranche-
de-Rouergue pour recueillir les orphelines et éduquer et secourir les pauvres. Elle donne sans compter
pour subvenir à toutes les détresses : l'argent et la nourriture se multiplient sous ses mains.
Quand ses sœurs craignent de ne pas avoir assez pour nourrir les orphelines, mère Émilie répond :
"Prenez donc une orpheline de plus: il faut avoir le Bon Dieu par le Cœur ! ". Et les vivres ne
manquent pas d'arriver.

Émilie souffre pendant 32 longues années de divers maux physiques et de dures épreuves intérieures
(tentations contre la foi, l'espérance et la charité), mais le Père Marty qui la suit depuis longtemps la réconforte
et l'aide à rédiger les règles de la congrégation: certaines sœurs mènent une vie cloîtrée, d'autres
s'appliquent aux soins des malades et à l'éducation. (Les sœurs cloîtrées disparaîtront peu à peu)

À la mort d'Émilie, la congrégation est présente dans 12 pays et 4 continents.

Elle est béatifiée en 1940 et canonisée en 19 50 par le pape Pie X//.

98
VbletF'RANÇOIS LIB'E'RMANN
1802-1852

Né à Saverne, en Alsace, dans une famille juive dont le père est rabbin, Jacob est un enfant chétif
et craintif. Comme son père, il se destine à devenir rabbin. Son frère aîné s'étant converti au
catholicisme, il est envoyé par son père auprès de lui pour le ramener à la raison, en vain.
Commence alors pour lui une douloureuse recherche de la Vérité. Il passe des heures à lire de
nombreux ouvrages. Il supplie le Dieu de ses pères d e l 'éclairer sur la véritable religion. À Paris,
dans une mansarde du collège Stanislas, il reçoit une grâce soudaine : Jésus se révèle à lui comme
le Messie. La foi pénètre son cœur et son esprit et il est baptisé la veille de Noël 1826. Il prend le
nom de François.
Il entre au séminaire mais peu avant son ordination, il est pris de crises d'épilepsie graves et
répétées. Il demeure 10 ans au séminaire et le quitte pour devenir, pendant plus de 2 ans,
responsable adjoint du noviciat des Eudistes à Rennes.
Sa santé s'améliore, on lui permet de devenir prêtre. À la demande des jeunes prêtres, il rédige
une règle pour un ordre voué à l'apostolat des Africains : la Société du Saint-Cœur de Marie. Il
obtient, en 1848, que la jeune société soit intégrée à celle du Saint-Esprit, qui a les mêmes buts
(société fondée en 1703 par Claude Poullart des Places).
Il est élu supérieur généraJ de la Congrégation du Saint-Esprit (il est considéré comme cofondateur)
et s'applique à montrer Marie comme modèle parfait de l'obéissance au Saint-Esprit.
Il travaille, par étapes, à régler la situation religieuse des colonies et rédige, en 1851, ses Instructions
aux missionnaires, dans un cahier de 64 pages, qui est considéré comme son testament spirituel.
François leur répète souvent : "Qu 'il fait bon être misérable, puisque cela même attire sur nous le
regard divin de Jésus ".
Très affaibli, il revient à la maison-mère à Amiens et doit s'aliter. Il meurt quelques jours après,
entouré par la communauté.

Le décret sur " l 'héroïcité des vertus "de François est signé en 1910 par Pie X, il est vénérable.

99
S-a?/tMILIE<ÙIVIALA'R
1797-1856

Née à Gaillac, dans le Tarn, dans une famille de la bourgeoisie locale, Émilie perd sa mère à 13 ans
et s'occupe alors de ses 2 jeunes frères. Elle devient une belle jeune fille, elle aime les robes et les
bijoux et les bons moments entre amies.
Après une mission prêchée dans une paroisse de Gaillac, elle décide, à 18 ans, de ne pas se marier
et de se consacrer à aider les siens et les pauvres.
Grâce à un important héritage laissé par son grand-père maternel, elle s'installe à 34 ans, avec
3 jeunes filles, dans une maison pour soigner les pauvres. Peu à peu, d'autres se joignent à elles et
c'est le début de la Congrégation de St-Joseph de l'Apparition. Dans la spiritualité de la
congrégation, comme chez saint Joseph, la prière et l'action ne sont pas comprises comme des
réalités opposées mais comme deux aspects de la vie qui ne font qu'un.

Des épreuves attendent Émilie : la calomnie de nombreux Gaillacois, des malversations de ceux à
qui elle a confié la gestion de ses biens, jusqu'à la réduire à l'indigence, la défection de plusieurs
compagnes. Elle doit alors quitter le Tarn et s'établir à Toulouse puis à Marseille.

Émilie est appelée ensuite à Alger pour secourir les malades et tenir une école. Très vite, les
Algériens aiment profondément Émilie et ses compagnes. Mais l'évêque d'Alger n'est pas en
accord avec la spiritualité des sœurs et Émilie doit quitter Alger au grand regret des Algériens.
Cela n'arrête pas Émilie et, sous la protection de saint Joseph, des fondations se multiplient dans
de nombreux pays arabes, en Birmanie et en Australie.

À 59 ans, Émilie meurt brusquement à Marseille d'une hernie, contractée à l'âge de 20 ans au
service des pauvres.

Elle est béatifiée en 1939 et canonisée en 1951 par le pape Pie XII.

100
S tAUGUSTECffA PDELAINE
1814-1856

PrllvE?/ de¼-
M t'tY
parf4,

Né à La Rochelle-Normande, dans la Manche, Auguste est le dernier d'une famille de cultivateurs


de 9 enfants. Employé aux travaux agricoles, il n'obtient qu'à 20 ans seulement la permission de ses
parents d'entrer au séminaire en classe de ... 5 èm
e
!
À 29 ans, il est ordonné prêtre à Coutances. Malgré son désir de partir en mission dans les terres
lointaines, il est nommé vicaire d'une petite paroisse, à Boucey, qu'il trouve à l'abandon. Pendant
7 ans, il se dévoue pour lui redonner vie avec un zèle apostolique infatigable.
En 1851, il est enfin autorisé à entrer dans la Société des Missions Étrangères de Paris.
Envoyé en Chine dans le Kouang Si, il prend le nom de Ma Laï. Il est arrêté au bout de 10 jours et
relâché 3 semaines après.
Il peut pendant 2 ans exercer son ministère. Il dit à ses chrétiens : "Il vous est utile que votre pasteur
meure pour vous ". II est de nouveau arrêté avec 25 chrétiens.
Au mandarin qui lui demande de renoncer à sa religion, Auguste répond: "Ma religion étant la
vraie, je ne puis la quitter. Je n'ai du reste aucune mauvaise intention, j'exhorte les hommes àfaire
le bien et à mériter par là le bonheur du Ciel. "
Il reçoit 300 coups de bâton, puis 300 coups de semelle sur les joues. Il est ensuite condamné au
supplice de la cage, lente strangulation, destinée aux grands criminels. Son corps est décapité et
dévoré par des animaux.

Béatifié en 1900 par le pape Léon XIII, il fait partie des 120 martyrs de Chine canonisés en 2000
par le pape Jean-Paul II.

Le grand élan missionnaire de ce ] 9 è m e siècle permet au message d'amour de l'Évangile de se


répandre dans tous les coins du monde, souvent au prix de vies offertes héroïquement.

101
St'JEAN-MA'RIE VIANNEY
1786-1859

Jean-Marie est né à Dardilly, près de Lyon, dans une famille de cultivateurs. Il aide ses parents aux
champs et entre tardivement au séminaire. Il a de grosses difficultés dans ses études et pour
apprendre le latin. II est finalement ordonné prêtre à l'âge de 29 ans, car son évêque est touché par
sa dévotion envers Marie.
Jean-Marie arrive à Ars à 32 ans et y reste 41 ans. Il n'a qu'un seul souci: ramener à Dieu toutes les
âmes qui lui sont confiées. Ses sermons, criblés de fautes d'orthographe, sont simples et profonds,
centrés surtout sur la Miséricorde de Dieu envers les pécheurs repentants et étayés d'exemples de la
vie des gens de la terre. Il multiplie prières et pénitences et il passe la majeure partie de son temps
au confessionnal où les foules se pressent. Il est jalousé par ses confrères qui envoient une pétition
contre lui à l'évêque. Mais l'humilité et la bonté du curé d'Ars finissent par les toucher et leur rejet
se transforme en admiration.
Il se consume d'amour pour Jésus-Eucharistie et passe de longs moments en adoration devant le
Tabernacle qu'il appelle "le garde-manger des chrétiens ". Et il s'émerveille de ce don prodigieux
qu'est l 'Eucharistie : " Ce qui nous jettera dans l'étonnement pendant toute l'éternité, c'est que
nous, étant si misérables, ayons reçu un Dieu si grand ! "
Très dévot envers sainte Philomène, il lui attribue ses guérisons miraculeuses. (Celle-ci a été enlevée
du Calendrier liturgique en 1961 par numque de sources précises)
Tourmenté par le démon, surtout à la veille de grandes conversions, il lui arrive même de se juger
indigne d'être curé au point d'essayer plusieurs fois de fuir loin de sa paroisse.
Il possède une conscience aiguë de la grandeur du rôle du prêtre, disant: "Si l'on comprenait bien
le prêtre sur "la, terre, on mourrait non de frayeur, mais d'amour". "Le sacerdoce, c'est l'amour
du Cœur de Jésus ".
Jean-Marie meurt d'épuisement à 73 ans.
Béatifié en 1905 par le pape Pie X, il est canonisé en 1925 par le pape Pie XI.
Jean-Marie, modeste curé d'un petit village, est proclamé par l'Église p a tron de tous les prêtres de
France en 1905 et patron des curés du monde entier en 1929.
102
SttUGÈN'E M/ MAZ'ENOV
1782-1861

Eugène est né à Aix-en-Provence où son père est président de la Chambre au Parlement. La famille
doit quitter la France pendant la Révolution et émigre 10 ans en Ita)je_ Le père s'adonne alors au
commerce, sans succès. La famille fuit de ville en ville. Eugène vit son adolescence dans la pauvreté.
Ses parents se séparent et sa mère regagne la France.
À Venise, il rencontre un prêtre jésuite qui lui fait continuer gratuitement ses études. (Il lui en sera
reconnaissant toute sa vie).
À Naples, Eugène commence à mener une vie facile dans la noblesse où il prend le titre de "comte
de Mazenod" et rêve à un avenir brillant.
De retour en France, ses parents divorcent. Sa mère pousse Eugène à faire un riche mariage. Cette
idée le séduit momentanément.
Cependant il est touché par la situation désastreuse de l'Église de France et l'appel au sacerdoce se
manifeste en lui. Il entre au séminaire de Saint-Sulpice. Prêtre, il retourne à Aix où il se fait le pasteur
des pauvres et des petits.
Il fonde une association de prêtres, les missionnaires de Provence, qui deviennent les Oblats de
Marie Immaculée en 1826. Il est élu supérieur général.
Il succède à son oncle comme évêque de Marseille et défend avec force l'indépendance de l'Église
de France face au gouvernement. Il lutte notamment pour la liberté de l'enseignement.
Il revivifie son diocèse, crée 21 paroisses et construit 34 églises, fait édifier Notre-Dame de la
Garde et envoie des missionnaires dans le monde entier, notamment chez les Esquimaux.
Au moment de sa mort, Eugène laisse cet ultime recommandation : " Entre vous, pratiquez bien la
charité, la charité, la charité ! Et dans le monde, le zèle pour les âmes ! ".

Béatifié en 1975 par Paul VI, il est canonisé en 1995 par Jean-Paul Il.

Grâce aux Oblats de Marie Immaculée, la Bonne Nouvelle atteint le sommet du globe et
actuellement l'esprit de son fondateur est présent dans 68 pays.
103
St'TTf.tOP1lANE vtNA'RV
1829-1861

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Né à Saint-Loup-sur-Thouet, dans le Poitou, Jean-Théophane est fils d'instituteur. À 9 ans, gardant


la chèvre de la famille et lisant dans les Annales de la Propagation de la Foi, le récit du récent
martyre au Tonkin de Jean-Charles Cornay (en 1837), il s'écrie: "Et moi aussi je veux aller au
Tonkin, et moi aussi, je veux être martyr ".
Au collège, il est dans les premiers de classe. Parfois moqueur et irascible avec ses camarades, il se
fâche à la moindre contrariété. Il écrit à sa sœur Mélanie : « J'ai pris la résolution de dire, toutes les
semaines, mon chapelet». Peu à peu, grâce à cette prière, il arrive à se corriger.
II entre au petit séminaire des Missions Étrangères et est ordonné prêtre à 23 ans. Il est envoyé en
Chine et après un an d'attente à Hong-Kong, il est finalement envoyé au Tonkin. Malgré une santé
fragile (à la suite d'une typhoïde), il aime rire et chanter. On l'appelle "le petit vénard ".
Arrivé clandestinement en 1854, il vit de cache en cache, miné par la tuberculose et passe des heures
et des jours recroquevillé entre des doubles cloisons, en compagnie des araignées, des rats et des
crapauds, obligé de parler à voix basse et assailli de mauvaises nouvelles : prêtres décapités,
chrétientés détruites, chrétiens qui apostasient.
Lui qui aime dire : « Nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre ... tâchons tous de plaire,
selon le patfum et l'éclat qui nous sont donnés, au souverain Seigneur et Maître», écrit à un prêtre
ami, d'une de ses cachettes: "Il faut une grâce spéciale pour ne pas devenir fou ".
Trahi, il est arrêté le 30 novembre 1860 et enfermé dans une cage en bambou. De sa cage, il écrit à
son père : " Un léger coup de sabre séparera ma tête, comme une fleur printanière que le maître du
jardin cueille pour son bon plaisir '.
Conduit à Hanoï, il chante en chemin le Magnificat. Il meurt la tête tranchée par 5 coups de sabre le
2 février 1861.

Béatifié en 1909 par Pie X, il est canonisé en 1988 par Jean-Paul Il.

Thérèse de Lisieux le considèrera comme son petit frère. Elle dira, en lisant le recueil des lettres de Théophane:
" Ce sont mes pensées, mon âme ressemble à la sienne ". Elle demandera une relique de lui avant de mourir.

104
V�PAULIN'EJA'RIC01
1799-1862

Née à Lyon, dans une famille d'industriels spécialisés dans les soieries, Pauline grandit dans une
ambiance profondément chrétienne. Jeune fille, elle se sait jolie et devient coquette, cherchant à
plaire par des toilettes de plus en plus élégantes. Après une grave maladie et un sermon sur la
vanité, elle change de vie, s'habillant comme les pauvres et se mettant à leur service.
Avec de jeunes ouvrières qui prennent le nom de Réparatrices du Cœur de Jésus, elle organise
des équipes qui donnent un sou par semaine pour les missions. Cela va devenir, en 1822, l'Œuvre
de la Propagation de la Foi.
Elle fonde aussi, en 1826, le Rosaire Vivant: les quinze mystères sont répartis entre quinze
personnes qui en méditent un chaque jour en récitant une dizaine de leur chapelet.
En 1835, très malade du cœur, Pauline, ayant une grande dévotion envers sainte Philomène, se
rend sur sa tombe, à Mugnano près de Naples, pour demander sa guérison qu'elle obtient aussitôt.
De retour en France, elle recueille des fonds pour ouvrir une usine pilote où les ouvrières seraient
respectées et où les bénéfices serviraient à des œuvres de charité. Mais elle est trompée par deux
escrocs qui détournent les fonds récoltés à cet effet.
Après ce choc, Pauline, jusqu'à la fin de sa vie, se fait mendiante sur les routes de France pour
rembourser ceux qui lui avaient fait confiance. Les jambes enflées et couvertes de plaies, elle marche
avec difficulté. Le Curé d' Ars lui envoie alors une aide précieuse en la personne de Marie Dubois,
jeune femme robuste et courageuse. Elle soigne les plaies de Pauline et reste près d'elle jusqu'à ses
derniers jours.
On lui demande un jour comment elle peut résister à tant de douleurs. Elle répond en montrant Jésus
en Croix: "Je l'ai regardé, je l'ai aimé, je l'ai compris; c'est pourquoi je pardonne tout".
Un autre jour, un évêque reproche à Pauline son désir "de faire un saint du premier venu". Elle
répond énergiquement : " Quant à mon désir de faire un saint du premier venu, c'est-à-dire un
enfant de Dieu, du dernier d'entre mes frères, je ne saurais m'en repentir; car c'est le désir de
Jésus-Christ lui-même, qui est né, qui a vécu et qui est mort dans la souffrance, afin qu'aucun de
ses petits ne périsse ! ".
À sa mort, le 9 février 1862, elle a, pour tout bagage, un certificat d'indigence.
Le décret sur " l 'héroïcité de ses vertus "est signé par Jean XXIII en 1963, elle est vénérable . .
105
St'{rèr-�'BÉNILVE
(Plerr��)
1805-1862

Pierre Romançon est né à Thuret, dans le Puy-de-Dôme, dans une famille d'agriculteurs de 6 enfants.
Chétif et atteint de scoliose, il ne va à l'école qu'à l'âge de 11 ans. Il est très vite le souffre-douleur
de ses camarades.

Il perd 2 de ses sœurs, sa mère et son frère soldat. Il devient tête de classe et souhaite entrer au
noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes mais il est refusé à cause de sa petite taille. Il prie
beaucoup pour grandir et 2 ans après, il mesure 1m51. Il est enfin accepté chez les Frères et prend
l'habit sous le nom de frère Bénilde.

Instituteur dans plusieurs écoles, il devient ensuite instituteur et directeur del' école de Saugues dans
la Haute-Loire. Il se dévoue de tout son cœur à sa tâche. Pédagogue hors pair, les plus faibles, les
plus pauvres, ont sa préférence.
Il crée des classes du soir pour les adultes et un accompagnement pour les élèves les moins doués.
Il joue de l'accordéon diatonique pour accompagner les chants à l'église et apprend la musique à ses
élèves.
Il aime faire avec eux de longues promenades dans la nature où tout lui parle de Dieu.
Le frère Bénilde est connu pour son observance rigoureuse de la règle de son Institut et pour sa prière
constante. On l'appelle : " l'homme du chapelet ".
C'est un grand éveilleur de vocations: plus de 200 frères et 15 prêtres sont issus du canton de
Saugues.

Béatifié en 1948 par Pie XII, il est canonisé en 1967 par Paul VI.
Parlant du terrible quotidien assuré par le frère Bénilde, Pie XI a dit : « L o , sainteté ne consiste pas
à faire des choses extraordinaires, mais des choses communes d'une manière non commune ».

106
St'MICflELGA'RICOITZ
1797-1863

Né à Saint-Just, dans le Pays Basque, Michel est l'aîné d'une modeste famille de 6 enfants. Pendant la
Révolution, ses parents aident les prêtres à passer en Espagne. Berger bagarreur et violent, sa mère
l'aide à dompter sa nature impulsive. (Plus tard, il lui rendra un vibrant hommage: "Sans ma mère,
je sens que je serais devenu un scélérat. Après Dieu, c'est à ma mère que je dois ce que je suis ").

Il désire devenir prêtre mais sa famille est trop pauvre pour payer ses études. Un curé le prend dans
son presbytère où il assume des tâches domestiques tout en poursuivant des études. Trois ans après, il
est envoyé à Bayonne où il rend des services à l'évêché tout en continuant sa formation. Après son
séminaire à Dax, il est ordonné prêtre à Bayonne à l'âge de 26 ans. Nommé vicaire de paroisse, il
devient professeur de philosophie puis directeur du grand séminaire de Bétharram où le relâchement
spirituel s'est installé. Il s'applique alors à y rétablir un clin1at de prière.

Il fonde les prêtres du Sacré-Cœur (Pères de Bétharram) qui ouvrent des écoles ou partent en
mission en Amérique Latine, toujours prêts à répondre aux besoins de l'Église dans les endroits les
plus reculés et les moins attirants. Il connaît d'énormes difficultés pour faire accepter sa congrégation.
Il est nommé aussi directeur spirituel des Filles de la Croix fondées par Élisabeth Bichier des Âges
dont il dira: "Je lui suis redevable de tout ce quej'aifait de bien ... je n'ai été que l'exécuteur de ses
conseils ".
La grande piété eucharistique de Michel et sa manière de dire la messe touchent profondément les
cœurs. Il puise sa douceur dans la contemplation de Jésus et aime expliquer: "Qu'est-ce qui doit
constituer le principal caractère de notre vie spirituelle ? La tendresse chrétienne. Sans cette
tendresse, nous ne possèderons jamais cet esprit de générosité avec lequel nous devons servir
Dieu. "

Béatifié en 1923 par le pape Pie XI, il est canonisé en 1947 par le pape Pie XII.

107
B,vJACQU'ES-VtSI'Rt LAVAL
1803-1864

Médectnt
1'Yêb-°€/ - sp
M €/ àt Ut M

Né à Croth, dans l'Eure, Jacques-Désiré est fils de fermiers. Son père est maire de la commune.
Jacques-Désiré est un enfant très émotif, délicat, peu expansif et tendre. Il perd sa mère à sept ans
et demi. Il fait des études à Paris et perd son père alors qu'il a 21 ans.
Devenu médecin de campagne, il soigne les pauvres gratuitement et les nourrit si nécessaire. Mais
il s'installe peu à peu dans le luxe. À sa sœur qui lui reproche son genre de vie, il répond :
"Je résiste à Dieu ".
Il ressent l'appel de la prêtrise mais il est amoureux d'une cousine. Un accident de cheval qui
aurait dû être mortel le décide à entrer au séminaire Saint-Sulpice à Paris.
Ordonné prêtre et nommé curé de Pinterville en Normandie, il partage tout son avoir avec les
indigents. Il devient membre de la Société du Cœur de Marie qui se fond avec celle de la
Congrégation des Spiritains.

Il obtient alors de se consacrer aux 70 000 noirs de l'île Maurice, anciens esclaves affranchis par
les autorités britanniques en 1838 et considérés comme "bons à rien ".
Missionnaire infatigable, pendant 23 ans, il use ses forces à l'évangélisation et à l'amélioration
des conditions de vie de ses chers noirs. Il forme des catéchistes, des visiteuses des malades : des
pauvres évangélisateurs des pauvres.
Il demande aussi aux riches blancs de l'aider à fonder et soutenir des écoles que les frères des
Écoles Chrétiennes prennent en charge.

Lors d'un sermon, le Père Laval s'effondre sur les dalles de l'église, frappé d'une thrombose. Très
diminué pendant 4 ans, il ne peut plus faire de l'apostolat. Il meurt en répétant ce verset du
psaume: "J'étais dans la joie quand on m'a dit, allons dans la maison du Seigneur ".

Il est béatifié en 1979 par le pape Jean-Paul II.

108
S MAVELEINE--S0PtlIE
'BARAT
1779-1865

Madeleine-Sophie est une enfant chétive, née deux mois avant terme. On craint pour sa vie. Elle
est la dernière de 3 enfants dont un, Louis, devient prêtre. Son père est artisan tonnelier à Joigny,
en Bourgogne. Elle fait des études poussées grâce à son frère et apprend les langues anciennes et
modernes. Sous l'influence de Louis, sa famille, de sensibilité janséniste, est gagnée au culte du
Sacré-Cœur. Incarcéré pendant la Révolution, son frère échappe à la mort à la chute de
Robespierre.

Sur les conseils d'un Jésuite, le Père Varin, à 21 ans, elle se consacre au Sacré-Cœur avec 3 amies.
2 ans plus tard, elle devient supérieure de la nouvelle congrégation qui prendra le nom de
Congrégation des Dames du Sacré-Cœur pour l'éducation des jeunes filles.
Madeleine-Sophie, qui accepte à contre-cœur et par obéissance sa nomination de supérieure, à 27
ans à peine, doit gouverner son ordre pendant 63 ans. Elle voyage à travers la France, puis
l'Europe. Elle ouvre des pensionnats et des écoles gratuites. Elle organise " l'œuvre des retraites "
qui offre un accompagnement spirituel à des femmes mariées ou célibataires.
Un jour, un duc vient demander conseil à Madeleine-Sophie qu'il trouve en train de balayer.
Scandalisé, il s'écrit: " Que faites-vous là, ma bonne Mère! ". Et la mère Barat de répondre:
" Ce que j'aurais dû faire toute ma vie si on m'avait laissée à ma place ! ".
Elle envoie en Amérique une de ses sœurs, Philippine Duchesne (canonisée en 1988) pour travailler
à l'évangélisation des Amérindiens. Celle-ci développe considérablement la congrégation.
Madeleine-Sophie meurt à Paris, dans la maison-mère, le jour de l' Ascension après une vie
d'activité intense marquée par une profonde dévotion envers le Sacré-Cœur de Jésus.

Sa congrégation comprend alors plus de 3500 religieuses réparties à travers le monde entier.

Béatifiée en 1908 par Pie X, elle est canonisée en 1925 par Pie XI.

109
St'LOUIS 'BEAULIEU
1840-1866

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Parl4--

Né à Langon, en Gironde, Louis ne connaît pas son père décédé avant sa naissance. Sa mère doit
alors s'occuper du petit commerce de fournitures pour routiers. Elle décède alors que Louis n'a que
19 ans.
À 23 ans, il entre aux Missions Étrangères (Tl compose un guide pour les visiteurs de la salle des marry,:s du
séminaire des missions Étrangères). Prêtre l'année suivante, il arrive en Corée en mai 1865 après un
voyage long et pénible.
D'un tempérament calme mais d'une forte volonté, il écrit dans une lettre : "Aimons Dieu à la folie,
et nous serons sages ". Son évêque, Mgr Berneux, l'envoie dans un district montagneux au sud-
ouest de Séoul. Il s'adonne immédiatement à l'étude de la langue coréenne. Le missionnaire passe
de longs moments à s'entretenir avec les uns et les autres, catéchise, baptise et administre les
sacrements.
Plusieurs de ses confrères sont arrêtés. Il écrit à des prêtres amis restés en France: "Pourvu que
tous, et moi surtout, sachions prouver au besoin que nous aimons Dieu un peu plus que notre vie ".
Il se cache dans les montagnes, mais il est dénoncé et arrêté le 27 février 1866. Il est décapité le 8
mars. Il a 25 ans.

Béatifié en 1968 par Paul VI, Louis fait partie des 103 martyrs en Corée canonisés en 1984 par
Jean-Paul II.
Parmi eux, 10 missionnaires français des Missions Étrangères sont décapités : Mgr Laurent Imbert,
Pierre Maubant, Jacques Chastan, Mgr Siméon Berneux, Just de Brétennières, Henri Dorie, Mgr
Antoine Daveluy, Martin Luc Huin, Pierre Aumaître.

Tl est à noter que la Corée est le seul pays à s'être évangélisé lui-même. En effet, l'Église de Corée a été fondée
par des laïcs Coréens. Grâce à la lecture d'un livre du Jésuite Matteo Ricci missionnaire en Chine, et d'une
Bible, ces laïcs réussissent à envoyer un des leurs en Chine. Ce messager se fait instruire de la foi chrétienne
par les Jésuites de Pékin, reçoit le baptême et de retour chez lui, instruit les siens, leur confère le baptême : la
première communauté chrétienne de Corée est née.

110
St' Pit'R'RE :JULIEN EYMA 'RV
1811-1868

Né à La Mure dans) 'Isère, Pierre-Julien est fils de coutelier-rémouleur et le 1o è m e enfant de la famille


qui est marquée par la mort de plusieurs de ses frères et sœurs. Il aide son père à l'atelier et étudie
le latin en cachette pour se préparer au séminaire. Il entre au séminaire des Oblats de Marie
Immaculée mais sa santé se dégrade et il doit quitter le séminaire. Après un an de convalescence, il
entre au grand séminaire diocésain. Ordonné prêtre à 23 ans, il est attiré par la vie religieuse et rejoint
un peu plus tard les Maristes fondés par le Père Colin. Il est nommé responsable du Tiers-Ordre
Mariste et multiplie les fraternités.
Il est frappé par l'intensité du Culte Eucharistique qui se déploie à Paris : adoration nocturne et
création par Théodolinde Dubouché d'un tiers-ordre qui deviendra I' Adoration Réparatrice.
Le 2 février 1851, à Notre-Dame de Fourvière, à Lyon, il reçoit la mission de fonder un ordre voué
à l'adoration du Saint-Sacrement. Il écrit : « Qu 'il est bon Jésus Sacramentel ! Il vous reçoit à
toute heure du jour et de la nuit; son amour n'a jamais de repos. Il est toujours plein de douceur
pour vous. Il oublie vos péchés, vos imperfections, quand vous allez Le voir, pour ne vous dire que
sa joie, sa tendresse et son amour. En vous recevant, on dirait qu 'Il a besoin de vous pour être
heureux.»
L'évêque chargé d'étudier la proposition de son ordre, juge son œuvre purement contemplative. Le
Père Pierre-Julien répond: "Nous voulons adorer, mais nous voulons aussi faire adorer ". L'évêque
est conquis et 6 mois après, la petite communauté de 4 membres fait sa première adoration devant
le Saint-Sacrement exposé.
Avec Marguerite Guillot et deux compagnes, Pierre-Julien fonde aussi une branche féminine : les
Servantes du Saint-Sacrement.
Après bien des contradictions et des épreuves de toutes sortes pour Pierre-Julien, le pape Pie IX
signe le décret d'approbation de son institut: la Congrégation du Très-Saint-Sacrement.

Béatifié en 1925 par Pie XI, Pierre-Julien est canonisé en 1995 par Jean-Paul Il.
NB: La communauté des "Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie ", née en 2007, prendra pour patron saint Julien
Eymard (et sainte Marie-Madeleine)

111
'B RlGtNIE SMET
1825-1871

Née à Lille, Eugénie est la 2 è m e d'une famille aisée de 6 enfants. Dès l'âge de 7 ans, elle a une grande
dévotion pour les âmes du Purgatoire et une grande confiance en la Providence. Elle aime dire: "Au
Purgatoire, les âmes y sont comme dans une prison de feu. Le Bon Dieu n'attend de nous qu'une
prière pour les délivrer et cette prière, nous ne la disons pas. "
Jeune fille, elle organise des fêtes et des loteries pour de bonnes œuvres, notamment pour celle de la
Sainte-Enfance. Se sentant poussée à établir un ordre pour les âmes du Purgatoire, le curé d' Ars
l'encourage dans cette voie.

Arrivée à Paris en 1856, elle se décide à fonder l'Institut des Auxiliatrices du Purgatoire vouées
aux âmes les plus délaissées de ce monde et de l'autre. En se faisant les servantes des pauvres, les
Auxiliatrices des âmes du Purgatoire réalisent leur idéal : « Prier, souffrir et agir pour les âmes
du Purgatoire». La fondation est tout imprégnée du mystère de la Communion des Saints.
Eugénie connaît bien des adversités, mais le curé d'Ars, qui avait prédit "Qu 'elle serait martyre
pour l'Église souffrante ", la conseille et ne cesse de l'exhorter à persévérer: "Les croix que vous
avez sont des fleurs qui bientôt donneront leur fruit ... une maison qui s'élève sur la Croix ne
craindrajamais l'orage ni la pluie: c'est le sceau divin ".
Eugénie oriente sa congrégation vers l'éducation chrétienne des enfants et reçoit à nouveau les
encouragements du curé d' Ars (qu'elle ne rencontrera d'ailleurs jamais, mais qui la suivra toute sa vie dans sa
mission).
En religion, Eugénie prend le nom de Mère Marie de la Providence. Elle meurt à 45 ans à Paris,
quelques jours avant l'insurrection de la Commune.

Elle est béatifiée en 1957 par Pie XII.


À cette occasion, celui-ci dira : « Que la charité envers les âmes souffrantes s'unisse intimement chez Eugénie Smet à
l'apostolat le plus concret, le plus actif, le plus universel, voilà sans aucun doute un trait saillant de sa physionomie
spirituelle et le cachet particulier que Dieu voulut lui donner. »

112
Sa?/CA 11·fE'RINELA'B0U'Rt
1806-1876

f M/ C
À lJ M/ pr-dp
M/ m.(,y

Née à Fain-lès-Moutiers, dans la Côte-d'Or, Catherine, née Zoé, est la 3 è m e d'une famille de
propriétaires fermiers de 10 enfants. Elle n'a que 9 ans lorsque sa mère meurt. Elle et sa petite
sœur sont recueillies par une tante pendant 2 ans. Son père les rappelle car l'aînée est entrée chez
les filles de la Charité. Catherine s'occupe des travaux harassants de la ferme, de la nourriture des
ouvriers et de son petit frère infirme. À 18 ans, elle ne sait ni lire ni écrire. Elle entre alors au
pensionnat de Châtillon et rend visite à la maison des Filles de la Charité. Elle a alors la surprise
de voir accroché au mur le portrait du vieux prêtre (St Vincent de Paul) qu'elle a vu en songe et qui
lui a dit : " Un jour, vous viendrez à moi ".
En 1830, elle entre au noviciat des Filles de la Charité, rue du Bac à Paris, et prend le nom de
Catherine. Durant la nuit du 18 Juillet 1830, la jeune novice est invitée par un enfant, (peut-être son
ange gardien), à se rendre à la chapelle où l'attend la Sainte Vierge.L'entretien dure plus de 2 heures.
Marie lui dit : « Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les
personnes qui les demanderont avec con.fiance et ferveur >>.
Le 27 novembre, dans la chapelle, Marie se montre à Catherine avec des rayons lumineux qui
partent de ses mains et qui représentent les grâces qu'elle veut répandre sur le monde. Catherine
reçoit la mission de faire frapper une médaille sur laquelle sont gravés ces mots : « 0 Marie
conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ». Au verso se trouve un M surmonté
d'une croix et au bas, les Saints Cœurs de Jésus et Marie. La Sainte Vierge lui dit en lui montrant
la médaille : « Tous ceux qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces ».
Après avoir confié tout cela à son directeur spirituel uniquement, Catherine continue à vivre pendant
46 ans dans l'obscurité au sein de sa communauté, s'occupant des vieillards, soignant les malades,
travaillant au poulailler, et s'efforçant toute sa vie de garder l'incognito.
En 1876, elle sent sa mort prochaine. " Vous n'avez pas peur? " lui dernande-t-on. Elle répond
étonnée : "Pourquoi aurais-je peur d'aller voir Notre Seigneur, sa Mère et saint Vincent? ! "
Béatifiée en 1933 par Pie XI, elle est canonisée en 1947 par Pie XII.
Avec le port de la médaille, les miracles se multiplient rapidement, au point que la médaille est couramment qualifiée
d e « médaille miraculeuse». En 1839, plus de 10 millions d'exemplaires en sont répandus et les récits de guérisons
arrivent du monde enlier. À la mort de Catherine on compte plus d'un milliard de médailles. Aujourd'hui encore la
chapelle de la rue du Bac, à Paris, ne désemplit pas.
113
Ste,,JEANNEJUGAN
1792-1879

Née à Cancale, en Bretagne, Jeanne est issue d'une famille de 7 enfants. Elle n'a que 5 ans, quand
son père, marin, meurt en mer. Vers l'âge de 15 ans, elle est placée comme aide-cuisinière dans
les environs et visite les pauvres. À 25 ans, elle travaille comme infirmière dans un hôpital mais,
épuisée, elle doit arrêter au bout de 6 années. Elle devient alors, pendant 15 ans, la servante et
amie d'une pieuse demoiselle, Mlle Lecoq. Ensemble, elles mènent une vie de prière et de
dévouement au service des pauvres.
Après la mort de son amie, travaillant comme domestique, elle accueille sous son toit une personne
âgée puis une jeune fille. En 1839, elle donne son lit à une vieille dame aveugle et infirme. Bientôt,
deux jeunes filles viennent prêter main forte à Jeanne : c'est l'embryon d'une grande congrégation
qui va s'appeler les Petites Sœurs des Pauvres, vouées aux personnes âgées.
Jeanne est choisie comme supérieure et met la congrégation sous la protection de saint Joseph
qui pourvoit souvent à leurs besoins dans l'urgence. Elle va chercher elle-même les vieillards
abandonnés, les estropiés, les mendiants.
Un jour qu'elle quête pour ses chères personnes âgées, un homme bien vêtu lui donne une gifle.
Elle a alors cette parole : " Ceci, c'est pour moi ' et, tendant la main à nouveau : ' Maintenant,
1 1

pour mes pauvres ' L'homme tombe à genoux et devient, par la suite, un de ses plus grands
1

bienfaiteurs. Un autre jour, elle sonne chez un vieil homme riche et avare. Elle le persuade et reçoit
une bonne offrande. Le lendemain elle recommence et l'homme se fâche. Elle répond alors : "
Mon bon monsieur, mes pauvres avaient faim. hier, ils ont faim. aujourd'hui, ils auront faim.
demain ' Calmé, le bienfaiteur donne à nouveau et promet de continuer.
1

En 1852, l'abbé Le Pailleur, qui s'occupe de la communauté, lui enjoint de quitter sa charge de
supérieure et de se retirer à la maison-mère où pendant 26 ans, elle reste dans l'ombre, oubliée de
tous, occupée à d'humbles tâches ménagères.
À sa mort, 2400 Petites Sœurs sont au service des personnes âgées dans 10 pays. Aujourd'hui,
elles sont 6000 religieuses réparties à travers 30 nations et les 5 continents.

Béatifiée en 1982 par Jean-Paul II, elle est canonisée en 2009 par Benoit XVI.
114
B""ANTOINE CfltVRIE'R
1826-1879

Né à Lyon, Antoine est l'unique enfant d'un foyer de canuts (tisseurs de soie). Il grandit entre la
révolte des canuts et la révolution de 1848. Il écrira : "Qui n'a rien souffert ne sait rien '
1

Ordonné prêtre en 1850, il est envoyé à Saint-André de la Guillotière dans la banlieue lyonnaise
où il découvre la grande misère des ouvriers qui habitent dans des maisons en pisé.
Le 25 décembre 1856, près de la crèche de t'Enfant Jésus, il décide , de suivre Jésus-Christ de
plus près, pour se rendre plus capable de travailler efficacement au salut des âmes ". Il sent qu'il
faut des prêtres pauvres pour rejoindre les pauvres. Il consulte le curé d 'Ars qui approuve son
projet. Il fonde alors en 1860, l'œuvre de Première Communion au Prado : il recueille des
enfants et adolescents livrés à eux-mêmes. Il répète qu'il faut instruire non avec des grands
discours mais par des instructions très simples.
Sous le couvert de son œuvre, il désire préparer des prêtres pauvres parmi les pauvres qui
réaliseront son idéal sacerdotal de vie évangélique dans le ministère des paroisses. Il écrit:
« Quelle liberté, quelle puissance donne au prêtre, cette sainte et belle pauvreté de Jésus-Christ.
Quel exemple le prêtre est alors pour le monde, ce monde qui ne travaille que pour l'argent. »
Il fonde une paroisse dans le quartier du Moulin à Vent, à 3 km du Prado, où sévit la misère.
" Enseigner et faire comprendre ", sont ses idées dominantes : "Si tant de personnes s'ennuient
à la messe, c'est qu'ell es ne comprennent pas les mystères quis 'y opèrent " dit-il.
Toute sa vie Antoine puise sa force dans la méditation des mystères de la Crèche, de la Croix et
de !'Eucharistie.
Il fonde aussi une Société de religieuses dans le même esprit. Une jeune ouvrière, Marie Boisson,
devient la première sœur du Prado.
Antoine meurt à 53 ans, n'ayant pu former que 4 prêtres. Les constitutions de la Congrégation
du Prado ne seront approuvées qu'en 1924 et le Prado prendra alors son essor.

Antoine est béatifié à Lyon en 1986 par Jean-Paul Il.


On dit de lui qu'il est "un François d'Assise dans les fumées d'usines ".
115
S 'B'E'RNAV'ET/1: S0U'BI'R0US
1844-1879

Née à Lourdes, Bernadette est l'aînée d'une famille de 8 enfants. Ses premières années, au moulin
de Bol y où son père est meunier, se passent dans une ambiance chaleureuse et priante. Mais peu à
peu la misère s'installe et la famille doit résider dans un ancien cachot humide. Petite de taille,
chétive, ne sachant ni lire ni écrire, Bernadette garde des troupeaux et aide au cabaret de sa tante.
Elle ne peut suivre la catéchisme car elle ne retient pas les formules abstraites.
À 14 ans, Bernadette voit une Dame dans le creux d'un rocher qui lui apparaît 18 fois. Marie se
nomme l'immaculée Conception, demande de prier pour les pécheurs, de faire pénitence, de faire
construire une chapelle, de faire des processions: c'est l'origine du pèlerinage de Lourdes.
Bernadette doit alors comparaître devant des commissions d'enquêtes civiles et religieuses. Elle fait
preuve d'une candeur et d'un bon sens qui impressionnent. Elle doit aussi faire face aux curieux,
aux moqueurs et aux journalistes mais sa patience et son humour lui permettent de résister aux
menaces et aux railleries. Le curé Peyramale est peu à peu convaincu de la véracité des apparitions.
À 22 ans, Bernadette entre chez les Sœurs de Nevers. Pendant 9 ans, elle est employée à
l'infirmerie, malgré des crises d'asthme qui la font terriblement souffrir.
À une religieuse qui lui lance : « Vous au moins, vous êtes supérieure de l'infirmerie! »,
Bernadette rétorque paisiblement : « Moi, supérieure ! Je n'arrive pas à être supérieure de moi-
même ! ».
Celle à qui la Sainte Vierge a dit: « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici ... », répète souvent:
« Il faut beaucoup d'humiliations pour faire un peu d'humilité ».

Peu à peu, la tuberculose l'oblige à garder le lit. Souriante, ne se plaignant jamais, elle puise sa
force dans une prière incessante, surtout durant les longues nuits sans sommeil et occupe 4 ans
a
"son emploi de mal d e ", selon sa propre expression.
Elle meurt à 35 ans en prononçant ces mots : "Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre
pécheresse ... pauvre pécheresse ".
Elle est béatifiée en 1925 et canonisée en 1933 par le pape Pie XI.

116
s rntR'ÈSE C0UVE'RC
1805-1885

Née au Mas de Sablières, dans l'Ardèche, Marie-Victoire est la 4 è m e d'une famille de 12 enfants de
paysans cévenols. Après un bref séjour à l'école, elle demeure dans sa campagne jusqu'à 20 ans. En
1825, elle suit une mission animée par 3 missionnaires diocésains dont le Père Étienne Terme qui
remarque Marie- Victoire et lui propose d'entrer au noviciat d 'Aps, dans la congrégation diocésaine
naissante qu'il vient de fonder. Elle y prend le nom de Thérèse. Avec 2 autres religieuses, elle est
envoyée à Lalouvesc, au tombeau de Saint François Régis, pour accueillir les pèlerines.
À 23 ans, elle devient, malgré elle, supérieure de la Congrégation. Soucieuse de donner une
formation spirituelle aux pèlerines, et sur les conseils du Père Terme, elle se met à donner les
exercices de Saint Ignace : c'est la naissance de l'Institut religieux de Notre-Dame du Cénacle
qui va se propager dans plusieurs villes. Cet institut allie à la fois la vie contemplative à la vie active
et est organisé de façon à offrir à toute personne la possibilité d'un temps de retraite, de prière et
d'enseignement.
Avant de mourir le Père Terme confie son œuvre à Thérèse. Pour sa gouvernance, elle s'appuie sur
les Jésuites et collabore avec eux. Elle demande à l'évêque que sa communauté soit confiée au
provincial des Jésuites de France, le Père Renault. Mais celui-ci, avec l'accord de son évêque,
provoque la démission de Thérèse et nomme à sa place une veuve qui vient d'y entrer. La
communauté sombre peu à peu dans le désordre. Il faut nommer une nouvelle supérieure.
Thérèse s'efface et encourage les sœurs à élire Mère Charlotte Contenet qui réussit à redresser la
situation tout en tenant Thérèse à l'écart.
Thérèse écrit: "C'est là tout ce que j'ai fait: me livrer, le Bon Dieu afait le reste". Mais, après
quelques temps, la supérieure reconnait les capacités de Thérèse et sa grandeur d'âme et lui redonne
sa confiance.
Thérèse meurt au Cénacle de Fourvière et son corps est aussitôt transporté à Lalouvesc près de saint
François Régis.

Béatifiée en 1951 par Pie XII, elle est canonisée en 1970 par Paul VI.
117
'BwMA'RIE-Ttlt'RtsE
M/SOU13I'RAN
1834-1889

Née à Castelnaudary, dans l'Aude, Marie-Thérèse est issue d'une très vieille famille de la noblesse
enracinée dans la foi et ruinée à la Révolution. Elle vit dans le vieil hôtel familial avec ses parents,
sa petite sœur, sa tante célibataire et son oncle chanoine. Celui-ci pousse Thérèse, malgré ses
réticences, à devenir supérieure à 20 ans d'une petite maison religieuse.
Cette petite communauté, sorte de béguinage, regroupe des femmes pieuses célibataires. Très vite,
Marie-Thérèse établit une vie conventuelle au sein de la communauté en donnant la première place
à l'adoration eucharistique.
La communauté deviendra en 1867 la Congrégation de Marie-Auxiliatrice. Cette nouvelle
famille religieuse allie la contemplation et l'apostolat auprès des enfants et des jeunes filles. Marie-
Thérèse est la première supérieure à ouvrir aussi un foyer pour les jeunes ouvrières.
En 1871, une collaboratrice de Marie-Thérèse réussit à faire croire aux autorités ecclésiastiques
que la situation financière de l'ordre est désastreuse et que pour le sauver, il faut écarter la
fondatrice. Celle à qui Jésus a dit : « Ma conduite sur toi sera singulière pour tous », est exclue
de l'ordre et réduite presque à l'indigence.
Un père jésuite cherche pour elle un couvent et elle est recueillie par les Filles de Saint Jean Eudes
comme simple postulante. Elle y fait profession. Elle s'appelle désormais sœur Marie du Sacré-
Cœur. Elle écrit: "Tout se brisait en moi ( ... ) mon Dieu me restait, seul Il me consolait ".
En la fête du Sacré-Cœur, le 4 juin 1880, le Seigneur lui demande de s'offrir en victime « Pour la
communauté et pour Marie-Auxiliatrice, pour l'Église, pour la France ... »
Quelques mois après elle écrit : « Le cœur de Jésus-Christ est mon lit de repos. Ô richesse
incomparable.je possède en tout temps etje porte en tout lieu et le Dieu de mon cœur et le Cœur
de mon Dieu ».
Employée à des tâches subalternes, comme balayeuse, portière, troisième maîtresse auprès des
enfants, elle passe 15 ans dans sa nouvelle famille. Elle offre courageusement cette terrible épreuve
pour sauver son ordre.
Après sa mort, la Congrégation de Marie-Auxiliatrice connaît un nouvel essor.
Elle est béatifiée en 1946 par Pie XII.
118
StJ,,LOUISetZtL:œMA'RTIN
L� 1823 -189'+
Zélw, 1832-1877

(dont Sainte Thérèse de /'Enfant Jésus)

fêt:<?/ le,, 12 juiile:t,


J o u v d € / leu,,,-

Louis est né à Bordeaux dans une famille de 5 enfants dont le père est capitaine. La famille s'installe
à Alençon. À 22 ans, Louis demande à faire un essai de vie religieuse à l'ermitage du Grand Saint-
Bernard, essai qui lui est refusé. Louis, ne pouvant aller jusqu'au bout de ses études, apprend le
métier d'horloger et s'installe à Alençon comme horloger bijoutier dans un célibat quasi-monacal.
Zélie est la fille d'un ancien soldat devenu gendarme et d'une mère au tempérament rude. Ils ont
3 enfants. Zélie est refusée chez les sœurs de Saint Vincent de Paul. À 26 ans, elle rencontre sur un
pont Louis Martin qui a 35 ans. Elle entend au fond de son cœur ces paroles : " Voici celui que Dieu
a préparé pour toi ".
Ils se marient et Louis laisse son métier d'horloger pour aider son épouse débordée par son entreprise
de dentelles. 9 enfants viennent réjouir leur foyer mais 4, dont 2 garçons, meurent en bas âge.
Zélie écrit: "Quand nous avons eu nos enfants, nous ne vivions plus que pour eux; c'était tout notre
bonheur et nous ne l'avons jamais trouvé qu'en eux. Pour moi, c'était la grande compensation, aussi
j e désirais en avoir beaucoup afin de les élever pour le Ciel ".
Atteinte d'un cancer du sein, Zélie écrit aussi : " Le mieux est de remettre toutes choses entre les
mains du Bon Dieu et d'attendre tous les événements dans le calme et l'abandon à sa volonté, c'est
ce que j e m'efforce de faire". Elle meurt à 45 ans alors que Thérèse n'a que 4 ans.
Louis vend l'entreprise familiale et se retire avec ses filles à Lisieux, dans la maison des Buissonnets.
Ses 5 filles deviendront toutes religieuses. (La cause en béatification de Léonie est ouverte)
En mai 1888, il fait l'offrande de sa vie. Atteint d'artériosclérose cérébrale et après plusieurs crises
de délire de persécution, il est interné à l'hôpital du Bon-Sauveur à Caen. Sa maladie n'est pas un
état délirant permanent et on constate des périodes où son jugement est tout à fait équilibré. Pendant
ces périodes, Louis s'offre à Dieu. Devenu infirme des jambes, son beau-frère, monsieur Guérin, le
prend à la Muse où sa fille Céline peut s'occuper de lui. Il s'éteint paisiblement à l'âge de 71 ans.
Béatifiés en 2008 à Lisieux, ils sont canonisés à Rome en 2015 par le pape François.
« Tous les époux sont appelés à la sainteté dans le mariage, selon la volonté de Dieu, et cette vocation se réalise dans
la mesure où la personne humaine est capable de répondre au précepte divin, animée d'une confiance sereine en la
grâce divine et en sa propre volonté. » (Jean-Paul Il, Familiaris Consortio 1981, n °34)
« Le mariage chrétien, comme tous les sacrements, ( ... ) est en lui-même un acte liturgique de glorification de Dieu
dans le Christ Jésus et dans l'Église ». (Id., n° 56)
119
St'JACQUES 'BERn-liëU
1838-1896

J
M àtM
Martyr-

Né à Polminhac, dans le Cantal, Jacques est le 2 è m e d'une famille d'agriculteurs de 7 enfants. Il fait ses
études au séminaire de Saint-Flour. Ordonné prêtre à 25 ans, il entre 10 ans après chez les Jésuites où
il est marqué par la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus.
Il est envoyé comme missionnaire à l'île Sainte-Marie puis à Madagascar. Il consacre beaucoup de
temps à la formation des catéchistes, lutte contre les foyers irréguliers, insistant sur l'unité et
l'indissolubilité du mariage. Il développe aussi l'agriculture et soigne les lépreux.

Il écrit: « Dieu sait si} 'aimais et si j'aime encore le sol de la p a trie et la terre chérie de l'Auvergne.
Et cependant, Dieu mefait la grâce d'aimer bien plus encore ces champs incultes de Madagascar, où
je ne puis que pêcher, et bien péniblement, à la ligne, quelques âmes pour Notre Seigneur. »
En 1896, éclate une insurrection politico-religieuse de la tribu des Ménalambas qui veulent rétablir le
culte des idoles. Ils s'infiltrent dans la région d'Andrainarivo où se trouve le Père Jacques. Celui-ci
cherche à placer les chrétiens sous la protection des troupes françaises. Mais, privé de la protection
d'un colonel français à qui Le Père avait reproché sa conduite envers les femmes indigènes, il est pris
par les rebelles.
Il reçoit un coup de hache sur le front et des chrétiens divorcés se vengent des reproches du Père
Jacques en l'insultant et en le frappant. Sur le chemin qui le conduit au chef de l'insurrection, il tombe,
épuisé, ne cessant de prier pour ses bourreaux qu'il appelle "mes enfants ". Pressé de rejeter sa religion,
et sur son refus, il est alors fusillé. Son corps est jeté dans le fleuve Mananara.
À sa mort, plusieurs de ses agresseurs se convertissent et reçoivent le baptême.

Béatifié en 1965 par Paul VI, il est canonisé en 2012 par Benoit XVI à l'occasion de la journée
mondiale des missions.

Jacques Berthieu est le l erma rtyr et le 1ersaint de l'île de Madagascar. Mais il est avant tout déclaré,
par Paul VI, martyr de la foi et de la chasteté car il a lutté pour l'indissolubilité du mariage et protégé
les femmes indigènes de la convoitise des colons.
120
s rnt tsE
M/ lJeJFAN, ,Jtsus
1873-1897

Pab-01'\N\.e/
Docte.ur- @lt't
f Le,, 1,,,. oc:to&Y

Née à Alençon, en Normandie, Thérèse est la dernière des 9 enfants de la famille Martin. Le père est
horloger et la mère dentelière. Thérèse vit sa petite enfance heureuse mais à 4 ans et demi, elle perd sa
mère. Sous le choc, la petite Thérèse devient timide et hypersensible. La famille s'installe alors
à Lisieux où Thérèse grandit dans la chaude atmosphère familiale, près de ses sœurs et de son papa.
À 9 ans, elle subit un nouveau choc quand sa grande sœur Pauline, qui remplace sa man1an, entre au
Carmel. Thérèse souffre d'une grave maladie nerveuse. Elle est guérie par un sourire de la Vierge.
À 13 ans, la nuit de Noël, Thérèse, qui était jusqu'alors d'une hypersensibilité, reçoit le don de force.
À 15 ans, elle entre au Carmel de Lisieux où elle prend le nom de Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la
Sainte-Face. Pendant 9 ans, elle mène une vie simple partagée entre son travail de lingère et de
ménagère, de maîtresse des novices, et la prière.
Minée par la tuberculose, elle souffre aussi d'aridités intérieures et de solitude spirituelle. La maladie
de son père, atteint de moments de folie, l'affecte profondément. Mais elle offre toutes ses souffrances
généreusement, notamment pour les missionnaires, se livrant totalement à l'Amour Miséricordieux
de Jésus, accomplissant les actes simples de la vie quotidienne dans un amour confiant et total.
Elle répète: 11 C'est la conf,ance, rien que la confwnce qui doit nous conduire à l'amour II et
encore : "Si nous mettons notre confiance dans le Bon Dieu, faisant tous nos petits efforts et espérant
tout de sa miséricorde, nous recevrons autant que les grands saints ".
Elle meurt à 24 ans en prononçant ces mots: "Mon Dieu j e vous aime ". Peu de temps auparavant,
elle avait promis de "Passer son Ciel à faire du bien sur la terre ".
Béatifiée en 1923, puis canonisée en 1925 par le pape Pie XI, elle est déclarée patronne des missions
en 1927, puis patronne secondaire de la France le 3 mai 1944 par le pape Pie XII.
En 1997 Jean-Paul li la proclame Docteur de l'Église.

Thérèse est avant tout le modèle de la petite voie de l'enfance spirituelle. Elle a compris d'une manière
exceptionnelle que l'amour renferme toutes les vocations et qu'il se vit avant tout dans les petits actes de la vie
quotidienne. Dans ses récits autobiographiques (Histoire d'une Âme) elle nous laisse entre autres ces paroles :
« la sainteté consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu,
conscients de notre misère, et conf,ants jusqu'à l'audace en sa bonté de Père. »
121
Autres saints du 19 ème siècle

Vble François Gaschon (1732-1815) prêtre missionnaire d'Auvergne


St Gabriel-Taurin Dufresse (1750-1815) évêque M.E.P. martyr du groupe des 120 martyrs de Chine
St François-Régis Clet (1748-1820) lazariste, martyr du groupe des 120 martyrs de Chine
Bse Mère Saint-Louis (1763-1825) fonde la congrégation des Sœurs de la Charité de St-Louis
Ste Jeanne-Antide Thouret (1765-1826) fonde les Sœurs de la Charité de Ste-Jeanne Antide Thouret
Bse Adèle de Trenquelléon (1789-1828) fonde l'Institut des Filles de Marie Immaculée
St François Gagelin (1799-1833) prêtre M.E.P. martyr du Groupe des 117 martyrs du Vietnam
Vble Marie-Thérèse de Lamourous (1754-1836) fonde les Sœurs de Marie-Joseph de la Miséricorde
Ste Claudine Thévenet (1774-1837) Marie de Saint-Ignace fonde les Religieuses de Jésus-Marie
St Jean-Charles Cornay (1809-1837) prêtre M.E.P. 1er martyr français du Vietnam
Ste Jeanne-Élisabeth Bichier Des Âges (1773-1838) cofondatrice des Filles de la Croix
St François Jaccard (1799-1838) prêtre M.E.P. ma1tyr du Groupe des 117 martyrs du Vietnam
Bse Anne-Marie Rivier ( 17 68-1838) fonde les Sœurs de la Présentation de Marie
St Laurent Imbert (1796-1839) évêque M.E.P. martyr de Corée
St Pierre Maubant (1803-1839) prêtre M.E.P. martyr de Corée
St Jacques-Honoré Chastan (1803-1839) prêtre M.E.P. martyr de Corée
St M.J.B. Champagnat (1789-1840) prêtre mariste, fonde les Frères Maristes des Écoles
St Augustin Schoeffler (1822-1851) prêtre M.E.P. martyr du Groupe des 117 martyrs du Vietnam
Ste Rose-Philippine Duchesne ( 1769-1852) religieuse du Sacré-Cœur de Jésus, missionnaire aux Etats-Unis
St Jean-Louis Bonnard (1824-1852) prêtre M.E.P. martyr du Groupe des 117 mrutyrs du Vietnam
Vble Maurice Garrigou (1766-1852) prêtre, fonde les Sœurs de N-D.de la Compassion
Bx Frédéric Ozanam (1813-1853) père de famille, professeur, fonde la Société de Saint Vincent de Paul
Ste Émilie de Villeneuve (1811-1854) fonde les Sœurs de N.D. de l'lmrnaculée Conception de Castres
Vble Pierre Monnereau (1787-1856) prêtre, fonde les Sœurs des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie
Bse Rosalie Rendu (1786-1856) fille de la Charité de Saint Vincent de Paul
Ste Anne-Thérèse Guérin (1798-1856) fonde les Sœurs de la Providence de Saint Mary-of-the-Wood
Vble Jose ph-Amand Passerat ( 1772-1858) prêtre rédemptoriste
Vble Marie-Madeleine de Bonnault d'Houet (1781-1858) veuve, fonde les Fidèles Compagnes de Jésus

122
Autres saints du 19
èm e
siècle (suüe)

Vble Louis-Marie-Joseph Querbes (1793-1859) prêtre, fonde les Clercs de Saint-Viateur


Vble Polycarpe Gondre (1801-1859) Supérieur Général de l'Institut des Frères du Sacré-Cœur
Vble J.M. de la Mennais (1780-1860) fonde les Frères de !'Instruction Chrétienne de Ploërmel
St Pierre-François Néron (1818-1860) prêtre M.E.P. martyr du Groupe des 117 martyrs du Vietnam
Vble Pierre-Bienvenu Noailles (1793-1861) prêtre, fonde les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux
St Etienne-Théodore Cuenot (1802-1861) prêtre M.E.P. évêque au Cambodge, martyr
Bx Pierre Bonho m m e (1803-1861) prêtre, fonde les Sœurs de Notre-Dame du Calvaire
Vble Étienne-Pierre Morlanne (1772-1862) laïc, médecin accoucheur
Vble Anne-Rose-Jos è phe du Bourg (1788-1862) fonde les Sœurs du Sauveur et de la Sainte-Vierge
St Jean-Pierre Néel (1832-1862) prêtre M.E.P. martyr du groupe des 120 martyrs de Chine
Vble Théodelinde Bourcin-Dubouché (1809-1863) fonde les Sœurs de !'Adoration Réparatrice
Vble Gabriel Taborin (1799-1864) fonde les frères de la Sainte Famille de Belley
Vble Marie-A m élie Fristel (1798-1866) fonde les Sœurs des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie
St Siméon-François Berneux (1814-1866) évêque M.E.P. martyr de Corée,
St Antoine Daveluy (1818-1866) évêque M.E.P. martyr de Corée
St Martin-Luc Huin (1836-1866) prêtre M.E.P. martyr de Corée
St Pierre Aumaître (1837-1866) prêtre M.E.P. martyr de Corée
St Just Ranfer de Bretenières (1838-1866) prêtre M.E.P. martyr de Corée
Saint Pierre-Henri Dorie (1839-1866) prêtre M.E.P. martyr de Corée
Bx J.B. Rousseau (1797-1867) frère Scubilion fr. des Écoles Chrétiennes, missionnaire à la Réunion
Bse Élisabeth Eppinger (1814-1867) sœur Alphonse-Marie fonde les Sœurs du Très-Saint-Sauveur
Bx Louis-Edouard Cestac (1801-1868) prêtre, fonde la congrégation des Servantes de Marie
Ste Rose Virginie Pelletier (1796-1868) Marie-Euphrasie fonde le Bon-Pasteur d'Angers
Bx Jean-Joseph Lataste (1832-1869) dominicain, fonde les Sœurs Dominicaines de Béthanie
Bx Basile-Antoine-Marie Moreau ( 1799-1873) fonde la congrégations de la Sainte Croix
Vble Jean-Léon Le Prévost (1803-1874) prêtre, fonde les Religieux de Saint Vincent de Paul
Vble Jean-Claude Colin (1790-1875) prêtre, fonde la Société de Marie (Pères Maristes)
Vble Thérèse Chappuis (1797-1875) Sr Marie de Sales visitandine, à l'origine des Oblats de St Fr. de Sales

123
Autres saints du 19
èm e
siècle (fin)

Bse Eulalie-Victoire Viel (1815-1877) supérieure des Filles de la Miséricorde


Vble Em m anuel-M aurice d'Alzon (1810-1880) prêtre, fonde la Congrégation de !'Assomption
Vble Gabriel Rivat (1808-1881) premier supérieur général des Frères Maristes
Vble Caroline Baron (1820-1882) fonde les Sœurs Franciscaines du Saint-Esprit
Bse Ai m ée le Bouteiller (1816-188 3) sœur des Écoles Chrétiennes de la Miséricorde
Bse Marie de Jésus De luil-M artiny (1841-1884) fonde les Filles du Cœur de Jésus (en Belgique)
Bse Louise-Thérèse Montaignac de Chauvance (1820-1885) fonde les Oblates du Sacré-Cœur
Bse Jeanne-Françoise de la Visitation (1843-1888) fonde les Petites Servantes du Sacré-Cœur
Vble Jean Gailhac (1802-1890) prêtre, fonde les Sœurs du Sacré-Cœur de Matie
Bx Louis-Antoine Ormi è re s (1809-1890) prêtre, fonde les Sœurs del' Ange Gardien
Bx Arnould Rèche (1838-1890) frère des Écoles Chrétiennes
Vble Caroline Colchen-Carré de Malberg (1829-1891) laïque, fonde la Société des Filles de St Fr. de Sales
Bx Auguste Czartoryski (1858-1893) prince polonais né en France, prêtre salésien
Bse Marie-Céline Castang (1878-1897) jeune clarisse, " la sainte de Bordeaux "
Ste Marie-Eugénie Milleret de Brou (1817-1898) fonde les Religieuses d e l ' Assomption
Vble Alpert Motsch (1849-1898) frère des Écoles Chrétiennes
Vble Étienne Pernet (1824-1899) assomptionniste, cofondateur des Petites Sœurs de l' Assomption
St Paul Denn ( 1847 -1900) jésuite, martyr en Chine au cours de la révolte des Boxers
St Modeste Andlauer (1847-1900) jésuite, martyr en Chine au cours de la révolte des Boxers
St Ré m y Isoré (1852-1900) jésuite, martyr en Chine au cours de la révolte des Boxers
St Léon-Ignace Mangin (1857-1900) jésuite, martyr en Chine au cours de la révolte des Boxers
St Théodoric Balat ( 1858-1900) franciscain, martyr en Chine au cours de la révolte des Boxers
St André Bauër (1866-1900) fr. mineur franciscain, martyr en Chine au cours de la révolte des Boxers
Ste Jeanne-Marie Gerguin (1864-1900) franciscaine missionnaire de Marie, martyre de Chine
Ste Anne-Françoise Moreau (1866-1900) franciscaine missionnaire de Marie, martyre de Chine
Ste Irma Grivot (1866-1900) franciscaine missionnaire de Marie, maityre de Chine
N.B. : Les 3 religieuses franciscaines martyres travaillaient avec d'autres religieuses dans un 01phelinat et un dispensaire.
Lors de la révolle des Boxers en 1900, elles sont toutes arrêtées avec des évêques, des prêtres et des laïcs chinois convertis
qui sont tués devant elles. Les religieuses se mettent alors à chanter et sont à leur tour décapitées.

124
La France, fille ainée de !'Église, a donné au
cours de son histoire millénaire tant de fruits de grâce et de
sainteté, tant de preuves de son attachement au siège de
Pierre, tant de témoignages de sa générosité missionnaire,
tant de désintéressement dans l'œuvre éducatrice des
peuples qu'elle a accomplie dans l'univers !
C'est pour nous une joie de le redire aujourd'hui
et de prier Dieu pour que cette noble nation demeure fidèle
à ce glorieux passé et sache se montrer toujours riche en
nouvelles initiatives et féconde en vocations missionnaires.
Paul VI lors de la béatification de Jacques Berthieu

Un très grand chapitre de l'histoire du Salut a été


inscrit dans l'histoire de votre patrie, par les fils et les filles
de votre nation.
Il est difficile de les nommer tous, mais
j'évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande
influence dans ma vie : Jeanne d'Arc, François de Sales,
Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort, Jean-
Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de
Lisieux, sœur Élisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld,
et tous les autres.
Ils sont tellement présents dans la vie de toute
!'Église, tellement influents par la lumière et la puissance
de !'Esprit-Saint !
Jean-Paul II en 1980 au Bourget (Paris).

125
Au 20
èm e
siècle
1904 Loi interdisant aux congrégations religieuses d'enseigner
1905 Loi de séparation des Églises et de l'État- Les biens ecclésiastiques sont attribués à des associations
cultuelles - Le Pape Pie X interdit les associations cultuelles
1908 Les biens ecclésiastiques sont attribués aux communes et les églises sont affectées au culte
1912 Les évêques de France, réunis au Mont Saint-Michel, consacrent la France à Saint Michel
1914-1918 Première guen-e mondiale
Mort pour la France de Charles Péguy, écrivain, poète, converti au catholicisme
1917 Apparitions de Marie à Fatima:« À la fin mon Cœur Immaculé triomphera»
1919 Signature du traité de Versailles - la France obtient l'Alsace-Lorraine - L'empire d'Autriche-Hongrie
est démembré
Consécration de la basilique du Sacré-Cœur de Montma1tre
1920 Canonisation de Jeanne d'Arc
Dans l'entre-deux-guen-es, des mouvements d'action catholique se multiplient, encouragés par Pie XI:
1919 création de la CFTC
1920 introduction du scoutisme en France par le Père Sevin
1927 introduction de la JOC en France par l'abbé Guérin (fondée en Belgique en 1925)
1929 création de la JAC et de la JEC
1929 Accords du Latran: le Vatican reconnu comme un état à part entière dont le pape est le chef
1935 Début du pèlerinage étudiant de Paris à Chartres (initié par Charles Péguy en 1912)
1939-1945 Deuxième guen-e mondiale - Occupation de la France par l'Allemagne
1940 Fin de la m ème république -Régime de Vichy Uusqu'en 1944)
1944 Droit de vote pour les femmes !
1946 lV èmerépublique -Guerre d'Indochine (fin en 1954)
Création du Secours Catholique par l'abbé Jean Rodhain
1947 Apparition de Marie à L'Îie-Bouchard: prière pour la France, elle est préservée du communisme
1948 Déclaration universelle des droits de l'homme
Mott de Georges Bernanos, écrivain profondément marqué par le combat spirituel du bien et du mal
1949 L'abbé Pierre fonde Emmaüs (en 1954 appel radio à tous les Français pour endiguer la misère)
1950 Promulgation du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie
1954 Raoul Follereau fonde la "journée mondiale des lépreux"
1954-1962 Guerre d'Algérie - Indépendance de l'Algérie
1955 M01t de Paul Claudel, poète, dramaturge, essayiste, diplomate (retrouve la foi à 18 ans le jour de Noël 1886)
1957 Fondation de ATD Quart monde en banlieue parisienne par le Père Wresinski
1958 v ème république- 1959 Charles de Gaulle président
126
1961-1966 Création du CCFD
1962-1965 Concile Vatican II (un chapitre est consacré à l'appel universel à la sainteté)
1963-1964 Fondation de l'OCH, Office Chrétien des Handicapés par Marie-Hélène Mathieu
Création de la Communauté de l'Arche, par Jean Vanier, pour l'accueil des handicapés mentaux
1968 Manifestations étudiantes et ouvrières en mai
Encyclique Humanae Vitae de Paul VI (contre les méthodes artificielles de régulation des naissances)
1972 Début du Renouveau Charismatique en France - Reprise du pèlerinage de Paray-le-Monial
Début du Mouvement Sacerdotal Marial (MSM) à Fatima
1975 Lois sur l'interruption volontaire de grossesse et sur le divorce par consentement mutuel
1980 Jean-Paul II à Paris:" France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême?"
1981 Création de" Mère de Miséricorde" pour promouvoir la dignité de la personne humaine dès la conception
1983 Début du pèlerinage de Chrétienté de Paris à Chartres à Pentecôte, repris par N.D. de Chrétienté
Jean-Paul II à Lourdes : « Catholiques de France, vous avez hérité d'un patrimoine considérable de foi ... »

1984 Grande manifestation à Paris pour défendre l'enseignement libre: plus d'un million de personnes
Consécration du monde entier au Cœur Immaculé de Marie par le pape Jean Paul II (25 mars)
Début des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) : 300 000 jeunes à Rome
1986 Jean-Paul II à Lyon:« Église de France, souviens-toi de ta ferveur première»
Fondation de l'association SOS Tout-Petits, contre l'avortement, par le docteur Xavier Dor
1988 Bénédiction de la statue Notre-Dame de France (7m) sur la colline de Baillet (Val d'Oise),
qui entraîne le mouvement de 108 Vierges Pèlerines dans toute la France
Monseigneur Lefebvre ordonne quatre évêques sans l'accord de Rome
Jean-Paul II à Strasbourg: Rappel des racines chrétiennes de l'Europe
1989 Création du Puy-du-Fou par Philippe de Villiers (cinéscénie depuis 1978)
1992 Publication du Catéchisme de l'Église Catholique
1993 Création d' Alliance Vita, association du mouvement pro-vie en France (de la conception à la mo1t)
1996 Jean-Paul II à Reims pour le 1500 èmc anniversaire du baptême de Clovis
Création de la Fondation Jérôme Lejeune: recherche sur la trisomie 21 (depuis 1971) et sur les autres
déficiences intellectuelles d'origine génétique
1997 Jean-Paul II à Paris pour les JMJ
1999 Création "Enfance sans Drogue" : association de prévention de la toxicomanie '(par des mères de famille)
2000 Nuit de Noël : 6000 Vierges Pèlerines du monde entier se retrouvent à Bethléem
Au 2CJè'"'siècle de nombreuses communautés nouvelles apparaissent en France, par exemple : les Serviteurs de Jésus et de Marie,
les Petits Frères de Jésus, les Petites Sœurs de Jésus, les Foyers de Charité, la Communauté Œa.11nénique de Taizé, la Famille
Missionnaire de Notre-Dame, la Mission ouvrière saint Pierre et saint Paul, les Chanoines Réguliers de St Victor, les Chanoines et
les Chanoinesses de la Mère de Dieu, { 'Ordre des Vierges consacrées, {'Emmanuel, le Chemin Neuf. les Béatitudes, { 'Institut Notre-
Dame de Vie, {'Abbaye Sainte-Madeleine du Barrow:, l'Institut Sainte-Croix de Riaumont, les Frères de Saint-Jean, la Communauté
Saint-Martin, les Fraternités Monastiques de Jérusalem, la Fraternité Saint-Pierre, /'École Jeunesse-Lumière, la Fraternité Saint-
Vincent-Ferrier, les Petits Frères et les Petites Sœurs disciples de {'Agneau, les Petites Sœurs de Marie Mère du Rédempteur, la
Fraternité Saint-Thomas-Becket, l'Institut du Christ Roi, ...
Comme le fait remarquer Jean-Paul//, le 2fi""' siècle a connu plus de martyrs dans le monde que les 19 siècles précédents réunis
(nazisme, marxisme, islamisme, guerres tribales .. .).
127
Au début du 21 ème siècle
2004 Jean-Paul II à Lourdes pour le 150èmc anniversaire du dogme de l'immaculée Conception
2005 Début des Marches pour la Vie à Paris, contre la loi sur l'interruption volontaire de grossesse
2007 Motu propio Summorum Pontificum: tout prêtre peut célébrer la messe tridentine
2008 Benoit XVI à Lourdes pour le 150"01canniversaire des apparitions de Marie à Bernadette
2013 Grandes manifestations pour la défense de la famille dans toute la France (La Manif Pour Tous),
contre le mariage pour tous, la PMA, la GPA, le Gender
Le 23 avril, la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe est adoptée.
Création de SOS Chrétiens d'Orient par 6 jeunes laïcs (1700 volontaires en 2018 en Irak, Syrie,
Égypte, Liban)
2016 Assassinat du Père Hamel dans l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray (sa cause en béatification
est introduite à Rome)
21-29 septembre : neuvaine de prière à saint Michel pour la France, à l'initiative de Hozana et de La
France Catholique (depuis, la neuvaine est renouvelée chaque année)

2018 Assassinat du lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame à Trèbes, qui prend la place
d'une otage
Début du mouvement des Gilets Jaunes dans la France entière en novembre
2019 Incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril
Grande manifestation à Paris pour la défense des droits de l'enfant (Marchons Enfants) le 6 octobre,
à l'appel d'une douzaine d'associations, contre le projet de loi sur la PMA

En ce début du 2J ème siècle, les actes de christianophobie se multiplient en France: églises, crèches,
cimetières vandalisés ....
Des attentats islamistes font plus de 250 victimes et des centaines de blessés.

D'autres communautés catholiques voient aussi le jour dans notre pays, notamment: les Petits Frères de la
Moisson, les Missionnaires de la Miséricorde, l'Institut du Bon Pasteur, les Missionnaires de la Très Sainte
Eucharistie, la Famille de Saint Joseph, ! 'ordre de Saint Remi, ...

En plus des moyens de communications classiques (journaux, revues, radios locales, télévision), de nombreux
sites internet s'ouvrent pour faire avancer l'évangélisation.

Durant la deuxième moitié du 2(fsiècle et le début de ce 2rsiècle, des lois s 'o p p osant à la loi naturelle se
développent. Une baisse vertigineuse de la pratique religieuse (environ 2% de pratiquants réguliers) et une
forte baisse des ordinations sacerdotales (125 en 2019) sont à déplorer.
Mais l a « Gesta Dei per Francos »continue: une profusion de communautés nouvelles, de sensibilités
diverses, et de nombreuses initiatives visant à défendre la famille et la vie sous toutes ses fomzes,
apparaissent.

128
'8,vJ0SEPH-MA'Ric CASSANT
1878-1903

Né à Casseneuil, dans le Lot-et-Garonne, Joseph est fils d'arboriculteurs. Tout petit, il pense déjà
à devenir prêtre. À l'école, malgré ses efforts, il éprouve de grosses difficultés pour apprendre.
De santé très fragile, il est cependant accepté à la Trappe de Sainte-Marie-du-Désert, près
de Toulouse, à l'âge de 17 ans. (La Trappe est une réforme de ! 'ordre cistercien, née au 17ème siècle)
Son maître des novices, le Père Malet, d'une grande bonté, est d'un puissant secours pour le jeune
novice de tempérament inquiet, et qui se sent inférieur intellectuellement aux autres novices.
Le Père l'encourage : "Ayez confiance. Je vous aiderai à aimer Jésus ". Joseph-Marie est très vite
apprécié de ses frères grâce à son sourire et sa bonne humeur.
La célébration des offices 7 fois par jour est l'occasion pour Joseph de grandes souffrances au
moment des nombreuses flexions rituelles à cause d'une maladie de cœur et de poitrine. En outre,
il chante faux. Les travaux agricoles, vendanges et moissons, sont encore pour lui l'occasion de
nouvelles souffrances physiques mais son sourire permanent n'en laisse rien paraître et il ne fait
rien pour se soustraire à ces tâches, offrant tout pour Jésus et pour les âmes du Purgatoire.
Pour accéder au sacerdoce, selon son plus cher désir, il doit fournir d'énormes efforts dans l'étude
de la théologie, d'autant plus que le frère qui l'enseigne est peu compréhensif. Joseph-Marie
s'appuie sur le Christ "le seul bonheur sur la terre "selon sa propre expression. Il écrit : "Il n'y
a rien de si difficile dont on ne vienne à bout avec l'amour ".
Il est ordonné prêtre en 1902 et il n'a plus qu'un seul souci : bien dire sa messe. Il dit à son père
spirituel: "Quand je ne pourrai plus dire la Sainte Messe, Jésus pourra me retirer du monde, car
je n'aurai plus d'attache pour la terre ". Miné par la tuberculose, rongé d'esquarres, il vit des
souffrances physiques de plus en plus intolérables, aggravées par les négligences de son infirmier.
Soutenu et réconforté par le Père Mallet, il s'éteint à l'âge de 25 ans, après 8 mois de sacerdoce.
Il est béatifié en 2004 par Jean-Paul l i qui dit de lui: "Le Christ avait mis en son esprit, limpide comme une
eau de source, la conviction que Dieu seul est le suprême bonheur, que son Royaume est semblable à un
trésor caché et à une perle précieuse. "
Depuis sa mort, son monastère reçoit de nombreuses lettres de remerciements pour des grâces obtenues par
son intercession, surtout des grâces de santé et de réussite aux examens.
129
S'teltLISA'BE11! CÙVÙit/T'RINITt
1880-1906

Élisabeth naît au camp d'Arvor, près de Bourges, où son père est officier. D'un caractère violent
et emporté, sa mère l'aide à se dominer. Elle a 7 ans quand son père meurt terrassé par une crise
cardiaque. Élisabeth est inscrite très tôt au Conservatoire de Dijon et se spécialise en piano. Elle
devient une véritable virtuose. Le jour de sa première communion, elle reçoit de Jésus la grâce de
ne plus se mettre en colère.
Elle se sent appelée au Carmel, mais sa mère s'y oppose et lui interdit tout contact avec les
carmélites. Elle doit participer à des réunions mondaines mais elle sait, dans ces moments-là,
garder la présence de Dieu en elle. En 1900, elle écrit : 11 Même au milieu du monde, on peut
L'écouter, dans le silence d'un cœur qui ne veut être qu'à Lui 11•
En 1901, elle entre au Carmel de Dijon où elle découvre sa vocation d e " Louange de gloire à la
Trinité". En 1904, elle compose sa célèbre prière: "Ô mon Dieu, Trinité que j'adore ''.
Elle dit à un de ses protégés : " Tu rencontreras des obstacles sur le chemin de la vie, mais ne te
décourage pas, appelle-moi. Oui, appelle ta petite sœur, tu augmenteras ainsi le bonheur de son
Ciel".
Atteinte d'un cancer à la gorge, elle note 10 jours avant sa mort: "Il me semble qu'au Ciel, ma
mission sera d'attirer les âmes en les aidant à sortir d'elles-mêmes pour adhérer à Dieu par un
mouvement tout simple et tout amoureux et de les garder en ce grand silence du dedans, qui permet
à Dieu de s'imprimer en elles, de les transformer en Lui ".
Elle meurt à l'âge de 26 ans, en prononçant ces paroles : "Je vais à la Lumière, à l'Amour, à la
Vie".
Béatifiée en 1984 par le pape Jean-Paul Il, elle est canonisée en 2016 par le pape François.
Elisabeth a compris que l'intimité la plus grande avec Dieu n'est pas réservée aux religieux et religieuses
mais qu'elle est offerte à toute âme de baptisé. Elle écrit notamment à sa sœur Guite: "Cette meilleure
part qui semble être mon privilège en ma bien-aimée solitude du Carmel, est offerte à toute âme de baptisé
(. ..) I l faut que tu te bâtisses, comme moi, une petite cellule au-dedans de ton âme (. ..) À travers tout,
parmi les sollicitudes maternelles, tandis que tu es toute à tes enfants, tu peux te retirer en cette solitude
pour te livrer à ['Esprit-Saint. "
130
13,vCHA'RLESde,,fOUCAULV
1858-1916

Né à Strasbourg, Charles a 6 ans lorsqu'il perd son père, sa mère et sa grand-mère. Avec sa sœur, il
est recueilli par son grand-père, colonel en retraite. Devenu bachelier, Charles prépare l'école
militaire de Saint-Cyr puis l'école de cavalerie de Saumur. C'est un jeune homme curieux de tout,
décidé à jouir de la vie, paresseux et cependant triste.
Officier, il se fait remarquer par sa mauvaise conduite, son indiscipline et sa gourmandise. (Ne fait-il
pas sonner son réveil en pleine nuit pour manger du foie gras !)
Il part en tant que sous-lieutenant avec son régiment pour l'Algérie et refuse de renvoyer la femme
qui l'a rejoint. Il est mis en non-activité pour inconduite. Mais l'insurrection d'un chef musulman
pousse Charles à rejoindre son régiment où il se révèle très vite un soldat et un chef. Il a 24 ans, et
le silence, l'espace et le mystère des pays d'Afrique du Nord le séduisent.
Il donne alors sa démission de l'armée et part en exploration au Maroc. Il revient en France avec de
précieuses données scientifiques sur ce pays. La pensée de Dieu le tourmente et, aidé par l'abbé
Huvelin, il retrouve peu à peu la foi.
Après un séjour à la Trappe de Notre-Dame des Neiges, puis 7 ans à la Trappe d'Akbès en Syrie, il
souhaite une vie plus austère et il est relevé de ses vœux. II fait un séjour à Nazareth où il est employé
comme jardinier chez les Clarisses. Il revient en France où il est ordonné prêtre en 1901.
En 1905, il s'installe d'abord à Beni Abbés puis à Tamanrasset, dans le massif du Hoggar, comme
ermite. Il se met au service des Touaregs dont il apprend la langue. Il souhaite avoir des compagnons
qui acceptent de partager sa vocation. Il écrit à des amis : "Si nous ne prions pas assez, nous sommes
responsables de tout le bien que nous aurions pu faire par la prière et que nous n'avons pas fait ".
À partir de 1914, des bandes de pillards commencent à circuler dans la région et un d'entre eux lui
tire une balle dans la tête le 1er décembre 1916.
Il est béatifié en 2005 par Benoit XVI.
Ce n'est que bien après sa mort que les Petits Frères et les Petites Sœurs de Jésus sont fondés par
le Père René Voillaume et sœur Magdeleine de Jésus. Ils s'inspirent de la règle que Charles a
écrite et reprennent son idéal de vie fraternelle et évangélique, partageant la vie des pauvres pour
témoigner parmi eux de l'amour de Jésus.
131
VOU!/ANN'EM/GUIGNt
1911-1922

Née à Annecy-le-Vieux, au château de La Cour, Anne est l'aînée d'une famille de 4 enfants. Jusqu'à
4 ans, c'est une petite fille difficile à vivre, jalouse, audacieuse et entreprenante à l'excès, parfois
même méchante.
La première guerre mondiale est là. Anne voit son papa, officier, revenir plusieurs fois blessé et elle
commence à faire de petits sacrifices pour atténuer le chagrin de sa mère déchirée par les départs
successifs du chef de famille. Elle n'a que 4 ans et 3 mois quand le père meurt saintement au Champ
d'Honneur. Devant la douleur de sa maman chérie, Anne veut la consoler de son mieux. Celle-ci lui
répond: "Si tu veux me consoler, il faut être bonne ".
Commence alors pour Anne une vie donnée à " son cher Petit Jésus ". Atteinte de rhumatismes,
souffrant de maux de tête prolongés, elle offre son travail d'écolière, ses jeux d'enfants, ses actes
d'obéissance, ses maladies, toute sa vie à Celui qu'elle aime passionnément et qui la remplit de force
dans !'Eucharistie. Sa tendresse pour les siens se fait de plus en plus grande.
Quand les cloches sonnent pour annoncer la fin de la guerre, Anne se jette en pleurant dans les bras
de sa mère et lui dit : "Ne pleurez plus, papa chéri est au Ciel, heureux pour toujours. Il nous voit,
il nous aime ; et puis un jour nous irons avec lui ".
Née dans un milieu privilégié où foi et charité se mêlent à une éducation solide, Anne répond
pleinement au dessein de Dieu par une lutte quotidienne. Ce n'est pas sans difficultés. Ne dit-elle
pas un jour à son frère Jacques : "Tu crois que c'est amusant de ne pas faire ce que l'on veut! ".
Frappée d'une maladie cérébrale, sans doute une méningite, elle est obligée de s'aliter. Elle répète
sans cesse: "Mon Dieu, j e veux tout ce que vous voulez ".
Elle meurt au milieu des siens à l'âge de 10 ans et demi.
"Pourvu que le Bon Jésus soit content ", disait-elle souvent. Ces mots résument toute son existence.
En 1990, le décret sur l'héroïcité des vertus d'Anne de Guigné est signé par Jean-Paul II, elle est vénérable.
À travers Anne, sont honorés tous les enfants qui ont aimé Jésus de toutes leurs forces. Citons seulement ici,
l'e.,---cemple récent de la servante de Dieu Anne-Gabrielle Caron, cette.fillette décédée d'un cancer à 8 ans en
2010, qui offre ses souffrances pour que les enfants de l'hôpital ne souffrent plus et pour que les âmes
reviennent à Dieu.

132
'B,vVANIEL'B'ROnlt'R
1876-1936

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Né à la Ferté-Saint-Cyr, dans le Loir-et-Cher, Daniel est issu d'une famille profondément chrétienne.
À 13 ans, à la suite d'une maladie, un mal de tête se déclare qui ne le quittera plus jamais.
Prêtre, il exerce trois ans les fonctions de professeur et entre ensuite dans la Congrégation
missionnaire des Pères du Saint-Esprit. Envoyé au Sénégal, il organise des œuvres de jeunesse et
lance un bulletin paroissial. Il s'intéresse à la botanique, greffe des mangues (il laisse son nom à la mangue
Brottier), des roses dont la vente lui permet de soutenir ses œuvres. Il prend des photos dont il fait faire
des cartes postales. Épuisé, il doit rentrer en France. II récolte des fonds pour construire une cathédrale
à Dakar.
En 1914, il obtient que soit organisé un corps d'aumôniers destiné à vivre la vie des soldats, à les
soutenir et à les soigner sur le champ de bataille. Pendant 4 ans, il est en première ligne au milieu des
pires dangers. Il revient indemne de la guerre, protégé par la petite Thérèse de Lisieux (l'évêque de Dakar,
Mgr Jalabert, priait tous les jours devant une image de Thérèse et du père Brottier pour qu'il revienne indemne de la guerre).
En 1917, il jette les bases de l'Union Nationale des Combattants, avec comme devise: "Unis comme
au front ", prolongeant ainsi "Lafraternité née dans le dépouillement des tranchées et le don héroïque
de soi "selon l'expression de Jean-Paul II.
En 1922, il se consacre à l'Œuvre des orphelins apprentis d'Auteuil, fondée en 1866 par l'abbé
Roussel. Il donne alors toute sa mesure de dévouement, d'initiatives diverses et originales, toutes
d'une efficacité merveilleuse. Pour ses enfants abandonnés, qu'il met sous la protection de la petite
Thérèse, il définit ainsi son objectif : " Un toit, du pain, un métier, beaucoup d'amour ". Des dizaines
de milliers d'orphelins lui doivent un métier et d'êtres devenus des hommes.
Le 2 février 1936, épuisé, il ne peut être au Sénégal pour la dédicace de la cathédrale de Dakar. Il
meurt quelques jours après.
Il est béatifié en 1984 par le pape Jean-Paul Il.
"Parfois, quand le Ciel semble sourd à nos prières, on se demande si les saints n'ont pas perdu la mémoire! "remarque
quelqu'un devant le Père Brottier. Celui-ci lui répond : "Bien au contraire, ils connaissent nos besoins mieux que nous
ne les connaissons nous-mêmes. Croyez-moi, ce sont les morts qui mènent les vivants! Nous croyons nous conduire tout
seuls ; en réalité, nous sommes menés par toute cette foule d'intercesseurs et d'amis que nous avons au Ciel ...
Personnellement, j e leur ai toujours confié la réussite de mes affaires ".

133
'8,v MARCELCA LLO
1921-1945

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Né à Rennes, Marcel est l'un des 9 enfants d'une famille dont la mère est employée de maison et
le père ouvrier d'usine. Devenu scout de France, Marcel est très attaché à ce mouvement et se sent
déchiré quand il le quitte pour s'engager dans la J.O.C., afin d'être plus directement au service de
la classe ouvrière. Apprenti typographe, il est un excellent compagnon et devient par la suite un
bon ouvrier.
En 1943, lors des bombardements de l'aviation alliée sur la gare de Rennes, trois cents personnes
sont tuées et Marcel retire des décombres le corps de sa sœur. La veille des obsèques, il reçoit un
ordre de réquisition pour le service du travail obligatoire (S.T.O.). Il quitte alors avec déchirement
sa famille et celle qui est devenue sa fiancée et part " comme missionnaire '1, selon sa propre
expression. En Allemagne, il est envoyé au camp de Zella-Mehlis. Il y connaît d'abord
découragement et détresse mais il se ressaisit et organise la J.O.C. au camp. La Gestapo l'arrête
avec ses camarades parce que considéré " trop catholique ". Lui et ses amis sont jugés et
condamnés au camp de la mort.
Marcel est d'abord envoyé à Flossenburg puis transféré au camp de Mauthausen. Épuisés par les
privations, les mauvais traitements, la gangrène, la diarrhée, les ulcères, la tuberculose, des
malheureux meurent par centaines. Marcel écrit à son frère : "Heureusement, il est un Ami, Jésus,
qui ne me quitte pas un seul instant et qui sait me soutenir et me consoler '.
Le 19 mars 1945, jour de la fête de saint Joseph, qu'il aime tout particulièrement, dévoré par la
dysenterie, Marcel se traîne vers la fosse qui sert de latrines. Cramponné à la barre, à bout de force,
il tombe dans le magma. Le Colonel Tibodo, compagnon de misère, l'arrache à la fosse et le porte
à l'infirmerie du camp où il meurt quelques instants après.
La devise de Marcel était: "Fidèle à mon Dieu, à ma fiancée, à ma patrie ".

Il est béatifié en 1987 par Jean-Paul l i

Avec Marcel, n'oublions pas les 50 serviteurs de Dieu " martyrs de l'apostolat et de la résistance
spirituelle " en Allemagne auprès des jeunes S.T.O. de 1944 à 1945: 33 laïcs (14 Scouts de France, 18
J.O.C., 1 J.E.C.), 17 séminaristes et prêtres. Leur cause de béatification a été ouverte en 1988.

134
V MA'R11fE'R013IN
1902-1981

Née près de Châteauneuf-de-Galaure dans la Drôme, Marthe est la 6 è in e enfant d'une modeste famille
de paysans. Sa sœur Clémence meurt de la fièvre typhoïde et Marthe aussi est atteinte. Elle en reste
fragile toute son enfance et doit arrêter l'école à 13 ans.
À 18 ans, elle fait une chute dans la cuisine et reste immobilisée dans son lit. Pendant 10 ans, elle
connaît espoir et découragement, angoisse et révolte. Mais elle continue toujours à se tourner vers
Dieu. En 1921, elle a une vision privée de la Vierge Marie qui sera suivie d'autres apparitions.
En 1928, le Christ lui apparaît dans la nuit du 4 décembre, elle prend alors la décision de se livrer
totalement à Dieu et d'offrir ses souffrances en union avec Lui.
En 1930, elle ne peut plus avaler de nourriture, hormis la communion aux hosties consacrées une fois
par semaine, inédie qui durera jusqu'à sa mort, 51 ans plus tard. Au mois d'octobre, elle reçoit les
stigmates de Notre Seigneur. Quelques années après, elle offre ses yeux pour le salut de la France et
du monde et devient presque aveugle.
En 1936, elle demande au Père Finet, "de la part de Dieu ", la fondation d'un premier Foyer de
Charité, oasis de lumière et d'amour, afin d'organiser des retraites pour former toutes les âmes de
bonne volonté, les pécheurs et les sceptiques. Elle dit : "Certains croient qu'ils n'ont plus la foi, mais
ils l'ont sous des cendres. Il faut souffler pour raviver /a flamme. "
Jusqu'à la fin de sa vie, Marthe reste unie à la passion du Christ qu'elle revit chaque vendredi,
totalement livrée à sa volonté. Sa relation avec La Vierge et son abandon entre ses mains lui permet de
puiser la force dont elle a besoin. Elle répète : "Pour être saint, il faut aimer, aimer, aimer "
C'est auprès de son petit lit <l'infirme que plus de 100 000 personnes, dont de nombreux prêtres,
évêques et fondateurs de communautés nouvelles, viennent puiser force, courage et conseils pour
continuer leur route. Elle meurt le vendredi 6 février 1981.
"L'héroïcité des vertus "de Marthe est reconnue en 2014 par le pape François, elle est vénérable.
Les Foyers de Charité qu'elle a fondés sont répandus dans le monde entier. En 1984, ils sont reconnus
i
par l'Égls e comme« association de fidèles de droit pontifical».
Aujourd'hui encore, le rayonnement de Marthe continue d'attirer des dizaines de milliers de pèlerins dans la petite chambre
de la ferme où elle a vécu et souffert pour la France et le monde.

135
Autres saints du zo ème siècle

Vble Vital-Justin Grandin (1829-1902) oblat de Marie Immaculée (O.M.l), évêque de Saint-Albert au
Canada, grand défenseur de la cause des Indiens et des Métis
Vble Georges Bellanger (1861-1902) prêtre, religieux de Saint-Vincent-de-Paul
Bse Marie Chappotin de Neuville (1839-1904) fonde les Franciscaines Missionnaires de Marie
Bse Eugénie Joubert (1876-1904) sœur de la Sainte-Famille du Sacré-Cœur
Vble Exupérien Mas (1829-1905) frère des Écoles Chrétiennes
Vble Père Marie-Antoine (1825-1907) Antoine-Marie Ciergue capucin
Vble Jean-Baptiste Berthier (1840-1908) père de La Salette, fonde les Missionnaires de la Sainte-Famille
Bx Louis Brisson (1817-1908) prêtre, cofondateur des Oblats et des Oblates de Saint Fr. de Sales
Vble Camille Costa de Beauregard (1841-1910) prêtre, fondateur d'un orphelinat
Bx Joseph Gérard (1831-1914) O.M.I., missionnaire au Lesotho (Afrique Australe)
Ste Françoise de Sales (1844-1914) Léonie Aviat cofondatrice des Oblates de Saint Fr.de Sales
Vble Marguerite-Céline Claret de la Touche ( 1868-1915) visitandine, fonde les Sœurs de Béthanie
Bx Frédéric Janssoone (1838-1916) prêtre franciscain en Terre Sainte et au Canada

Bx Hyacinthe Cormier (1832-1916) maître général des Dominicains


Vble Louise-Joséphine Voiron (1835-1925) sœur de Saint-Joseph de Chambéry, missionnaire au Brésil
Vble Léon Dehon (1843-1925) prêtre, fonde la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus
Vble Suzanne Aubert (1835-1926) fondatrice, missionnaire en Nouvelle-Zélande.
Bx Jean-Baptiste Fouque (1851-1926) prêtre, le" saint Vincent de Paul marseillais"
Vble Joseph Staub (1876-1936) prêtre, assomptionniste, fonde les Sœurs de Ste Jeanne d'Arc au Québec
Vble Benoît-Félix Rougier (1859-1938) prêtre, mariste, fonde les Missionnaires du Saint-Esprit
Vble Jacques Sevin ( 1882-1951) prêtre, jésuite, fonde les Scouts Catholiques de France en 1920
Vble Alain de Boismenu (1870-1953) évêque, M.S.C., missionnaire auprès des Papous
Vble Marie-Charlotte Dupouy Bordes ( 1873-1953) fonde les Missionnaires des S-C de Jésus et de Marie
Vble Joseph-Auguste Arribat (1879-1963) prêtre salésien
Vble Madeleine Delbrêl (1904-1964) célibataire, mystique, assistante sociale en milieu ouvrier à Évry,
missionnaire des gens des rues
Vble Augustin Arnaud Pagès (1885-1966) (Victorin) frère des Écoles Chrétiennes, missionnaire et
enseignant à Cuba puis en Floride et au Porto Rico
136
Autres saints du 20ème siècle (fin)

Bx Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus (1894-1967) carme, fonde l'Institut Séculier Notre-Dame de Vie


10 Bx français martyrs du Laos de 1954 à 1970:
5 M.E.P. : Jean-Baptiste Malo, René Dubroux, Noël Tenaud, Lucien Galan, Marcel Denis,
5 O.M.I. : Louis Leroy, Michel Coquelet,.Vincent L'Hénoret, Jean Wauthier, Joseph Boissel
Bx Gabriel Longueville (1931-1976) prêtre missionnaire, martyr à La Rioja (Argentine)
Vble Jean Fromental Cayroche (1895-1978) fr. des Éc. Chrétiennes, missionnaire en Amérique centrale
16 Bx martyrs français d'Algérie de 1994 à 1996 (du groupe des 19 martyrs) :
En 1994: Fr. Henri Vergès, mariste, Sr Paul-Hélène Saint-Raymond, Petite Sœur de l'Assomption,
P. Jean Chevillard, P. Christian Chessel, P. Alain Dieulangard, Pères Blancs
En 1995 : Sr Angèle-Marie, Sr Bibiane, Sœurs de Notre-Dame des Apôtres
Sr Odette Prévost, Petite Sœur du Sacré-Cœur
En 1996 : P. Christian de Chergé, Fr. Luc Dochier, P. Christophe Lebreton, Fr. Michel Fleury, P. Bruno
Lemarchand, P. Célestin Ringeard, Fr. Paul Favre-Mi ville, en mai, moines trappistes _de Tibhirine
Mgr Pierre Claverie, 1er août, évêque d'Oran

Quelques serviteurs de Dieu du 20 ème et du 2J ème siècle

Jules Chevalier (1824-1907) prêtre, fondateur des Missionnaires du Sacré-Cœur (M.S.C.)


Elisabeth Leseur ( 1866-1914) mariée, mystique
Marie-Joseph Lagrange (1855-1938) dominicain, fondateur de l'École Biblique de Jérusalem

Léonie Martin (1863-1941) sœur Françoise-Thérèse visitandine, fille de Zélie et Louis Martin
Georges Duret (1887-1943) prêtre, philosophe, poète, résistant, mo1t pour la France et pour la défense des
valeurs chrétiennes en la prison allemande de Wolfenbüttel le 30 mai 1943
Lucien-Louis Bunel (1900-1945) Jacques de Jésus carme, arrêté par la Gestapo en 1944 pour avoir caché des
juifs, déporté à Mauthausen, libéré par les Américains le 05 mai 1945 mais épuisé, meurt le 02 juin 1945
Les 3 trappistes martyrs en Chine en 1947 parmi un groupe de 33 trappistes de Yangjiaping:
Augustin Cambourieu, Étienne Maury, Louis Faure
Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-1951) mystique, supérieure des Sœurs Hospitalières de Malestroit, résistante
Victor Lelièvre (1876-1956) O.M.I. missionnaire au Canada, apôtre du Sacré-Cœur
Jacques Fesch (1930-1957) père de famille, criminel converti
Robert Schuman (1886-1963) célibataire, homme politique

137
Quelques serviteurs de Dieu du 20 ème et du 2J ème siècle (fin)

Pierre Fallaize ( 1887-1964) prêtre, O.M.l. évêque chez les Esquimaux


Pierre Galibert (1877-1965) Louis-Marie franciscain, évêque au Brésil pendant 40 ans
Marie-Mélanie Rouget (Marie Noël) (1883-1967) célibataire, poétesse

Jean-Martin Eyraud (1880-1968) prêtre au service du diocèse de la Nouvelle-Orléans


Edmond Michelet (1889-1970) père de famille, homme politique
Georges Guérin (1891-1972) prêtre, fondateur de la JOC en France
Louis-Marie Leveil (1884- 1973) jésuite, missionnaire en Inde pendant 67 ans

Léontine Dolivet (1888-1974) célibataire, catéchiste pendant 68 ans


Gabriel Rosset-Boulon (1904-1974) célibataire, professeur agrégé de lettres, fondateur du foyer Notre-
Dame des Sans-Abri
Claire de Castelbajac (1953-1975)jeune laïque
Auguste Pélafigue (1888-1977) dit Nonco célibataire, organisateur de la Ligue du Sacré-Cœur (diocèse de
Lafayette, Louisiane)
Raoul Follereau (1903-1977) et son épouse Madeleine (1902-1989) apôtres des lépreux

Louis Coutty (1905-1979) Romain de Saint-Claude prêtre, capucin, missionnaire en Afrique


Joseph Wresinski (1917-1988) prêtre, fondateur du mouvement international ATD Quart Monde

Magdeleine Hutin (1898-1989) sœur Magdeleine de Jésus fondatrice des Petites Sœurs de Jésus
Pierre Goursat (1914-1991) célibataire, fondateur de la Communauté de l'Emmanuel
Jean Merlin (1931-1994) diacre permanent, crée une association au service des sans-domicile-fixe
Jérôme Lejeune ( 1926-1994) père de 5 enfants, médecin, chercheur, grand défenseur de la vie, découvre
la cause de la trisomie 21, père de la génétique moderne
Léon-Étienne Duval (1903-1996) cardinal, archevêque d'Alger
Henri Caffarel (1903-1996) prêtre, fondateur des Équipes Notre-Dame
Paulette Callabat (1923-2005) célibataire, membre consacrée de l'Institut séculier Caritas Christi

Jacques Hamel (1930-2016) prêtre, assassiné dans l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Normandie)


Anne-Gabrielle Caron (2002-2010) fillette atteinte d'un cancer à 7 ans

138
TOUSSAINT
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ow

Si l'Église propose quelques saints en modèles, il y a aussi l'immense foule des saints
cachés et anonymes que nul ne peut dénombrer et qui nous attendent au Ciel avec, parmi
eux, des parents, des amis, des voisins qui nous sont chers.

<< Lessaints sont demeurés les plus humains des hommes,


mais la lumière du Christ a pénétré toute leur humanité.
Ce sont les saints que l'Église béatifie et canonise, mais
aussi tous les saints cachés et anonymes : ils sauvent l'Église de
la médiocrité, ils la réforment du dedans et ils l'entraînent vers ce
qu'elle doit être >>.
(Paroles de Jean-Paul II aux jeunes à Lyon, en 1986)

139
Regards sur la France
Sainte Mariam Baouardy ( 1846-1878), carmélite libanaise, fondatrice du Carmel de Bethléem
Mariam transmet ces paroles de Jésus: « Oui, Je ferai mes délices dans le sein de la France; elle
sera encore la reine de tous les royaumes. Mais avant, il faut que la passoire passe. »
Et Mariam ajoute, "la France a fait trop de bien dans les missions pour que Dieu l'abandonne".
(Mariam la petite arabe, Amédée Brunot, Ed. Salvator 1984, pp. 60-61)

Le serviteur de Dieu Marcel Van (1928-1959), frère rédemptoriste vietnamien mort dans un camp Vietminh
En 1945, Jésus dit à Van: « ... Pendant que leflot de mon amour coulait par la France et l'univers,
la France, sacrilègement, l'a fait dériver dans l'amour du monde, de sorte qu'il va diminuant peu à
peu ... C'est pourquoi la France est malheureuse. Mais, mon enfant, la France est toujours le pays
que J'aime particulièrement ... J'y rétablirai mon amour ... et pour commencer à répandre sur
elle mon amour, Je n'attends désormais qu'une chose : que l'on m'offre suffisamment de prières.
Alors, mon enfant, de la France, mon amour s'étendra dans le monde ... ».
« L'ennemi veut faire de la France un foyer de discorde. Il faut beaucoup prier ... l'ennemi de mon
amour va vous lancer son poison à la tête ... Il ne nuira pas directement à mes enfants, ... il ne
détruira pas d'un seul coup ce pays que J'aime, mais il le détruira peu à peu ... Oui, peu à peu il va
se propager, peu à peu il va vomir sa fumée infernale pour vous faire mourir asphyxiés ; il agira de
façon à vous éloigner peu à peu de mon amour, pour vous rapprocher progressivement de l'amour
profane ... Ayez confiance en mon amour, consacrez votre pays à mon amour>>.
(L'amour me connaît, Marie-Michel, Le Sarment 1993, pp. 206 et 208)

Vénérable Marthe Robin (1902-1981) laïque, stigmatisée


En 1936, Marthe confie au Père Finet: « la France va descendrejusqu 'au fond de l'abîme,jusqu'au
point où l'on ne verra plus aucune solution humaine de relèvement. Elle restera toute seule,
délaissée de toutes les autres nations qui se détourneront d'elle ... Elle ne restera pas longtemps
dans cette extrémité. Elle sera sauvée, mais ni par les armes, ni par le génie des hommes, parce
qu'il ne leur restera plus aucun moyen humain .. la France sera sauvée car le Bon Dieu
interviendra par la Sainte Vierge. C'est elle qui sauvera la France et le monde ... le Bon Dieu
interviendra par la Sainte Vierge et par le Saint-Esprit : ce sera la Nouvelle Pentecôte ... après le
nouvel avènement du Saint-Esprit qui se manifestera plus particulièrement en France, celle-ci
réalisera vraiment sa mission de fille aînée de l'Église et l'épreuve, en la purifiant, lui rendra son
titre perdu. »
(Vie de Marthe robin, Bernard Peyrous, Ed. Emmanuel/Foyer de Charité 2006, p. 117)

Prière enseignée par Jésus à Marcel Van le 14 novembre 1945 et qu'Il recommande aux Français:
«Seigneur Jésus, aie compassion de la France, daigne l'étreindre dans ton Amour et lui en montrer toute
la tendresse. Fais que, remplie d'amour pour Toi, elle contribue à Te faire aimer de toutes les nations de
la terre. Ô Amour de Jésus, nous prenons ici l'engagement de Te rester fidèles et de travailler d'un cœur
ardent à répandre ton Règne dans tout l'univers. Amen »

140
Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts
baptismaux de Reims se convertira et retournera à sa
première vocation.
Ses fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais,
la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.
Un jour viendra, et nous espérons qu'il ne sera pas éloigné, où
la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée
d'une lumière céleste et entendra une voix lui répéter
« Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? » Et à sa réponse : « Qui
êtes-vous, Seigneur ? » La voix répliquera : « Je suis Jésus que tu
persécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon, parce que,
dans ton obstination, tu te ruines toi-même.»
Et elle, frémissante et étonnée, dira : « Seigneur, que voulez-
vous que je fasse ? »
Et Il dira : « Lève-toi, lave les souillures qui t'ont défigurée,
réveille dans ton cœur tes sentiments assoupis et le pacte de notre
alliance et va, fille aînée de l'Église, nation prédestinée, vase
d'élection, va, comme par le passé, et porte mon nom devant
tous les peuples et les rois de la terre. »

Saint Pie X - Allocution du 29 novembre 1911

141
Sommaire

PRÉSENTATION ..................................................................................................................................... 6
Principales règles de canonisation ......................................................................................................... 8
Du 1e, au 7ème siècle ............................................................................................................................ 12
Ste BLANDINE ............................................................................................................................................. 13
St IRÉNÉE .................................................................................................................................................... 14
St DENIS ...................................................................................................................................................... 15
St HILAIRE ................................................................................................................................................... 16
St MARTIN .................................................................................................................................................. 17
Ste CÉLINE .................................................................................................................................................. 18
Ste QUITTERIE ............................................................................................................................................ 19
Ste GENEVIÈVE ........................................................................................................................................... 20
St REMI ....................................................................................................................................................... 21
Ste CLOTILDE .............................................................................................................................................. 21
St CÉSAIRE .................................................................................................................................................. 22
St ÉLOI ........................................................................................................................................................ 23
Du g ème au 13ème siècle ........................................................................................................................ 26
Ste ODILE .................................................................................................................................................... 27
Ste SOLANGE .............................................................................................................................................. 28
St ODILON ................................................................................................................................................... 29
St ROBERT ................................................................................................................................................... 30
de la CHAISE-DIEU ...................................................................................................................................... 30
St BERNARD ................................................................................................................................................ 31
St JEAN de MATHA ..................................................................................................................................... 32
St DOMINIQUE ........................................................................................................................................... 33
St LOUIS ...................................................................................................................................................... 34
St YVES ........................................................................................................................................................ 35

142
Du 14ème au 16 èm e siècle ...................................................................................................................... 38
St ELZÉAR .................................................................................................................................................... 39
Bse DELPHINE ............................................................................................................................................. 39
St ROCH ...................................................................................................................................................... 40
Ste ROSELINE .............................................................................................................................................. 41
de VILLENEUVE ........................................................................................................................................... 41
Bx URBAIN V ............................................................................................................................................... 42
Au 17 èm esiècle .................................................................................................................................... 53
St FRANÇOIS de SALES ................................................................................................................................ 54
St GUILLAUME COURTET ............................................................................................................................ 55
Bx CASSIEN ................................................................................................................................................. 56
Bx AGATHANGE .......................................................................................................................................... 56
Ste JEANNE de LESTONNAC ....................................................................................................................... 57
St PIERRE FOURIER ..................................................................................................................................... 58
St JEAN-FRANÇOIS RÉGIS ........................................................................................................................... 59
Ste JEANNE de CHANTAL ............................................................................................................................ 60
YVES NICOLAZIC ......................................................................................................................................... 61
St ISAAC JOGUES ........................................................................................................................................ 62
Bx ALAIN de SOLMINIHAC .......................................................................................................................... 63
St VINCENT de PAUL. .................................................................................................................................. 64
Ste LOUISE de MARILLAC ........................................................................................................................... 65
GASPARD RICARD ....................................................................................................................................... 66
Ste MARIE de !'INCARNATION .................................................................................................................... 67
St JEAN EUDES ............................................................................................................................................ 68
Ste MARGUERITE-MARIE ............................................................................................................................ 69
Ste MARGUERITE BOURGEOYS .................................................................................................................. 70
Au 18 èm esiècle .................................................................................................................................... 73
St LOUIS-MARIE .......................................................................................................................................... 74
GRIGNION de MONTFORT .......................................................................................................................... 74
St JEAN-BAPTISTE de La SALLE ................................................................................................................... 75
Ste JEANNE DELANOUE .............................................................................................................................. 76

143
St BENOÎT-JOSEPH LABRE ........................................................................................................................... 77
Bx PIERRE-LOUIS ......................................................................................................................................... 78
de La ROCHEFOUCAULD ............................................................................................................................. 78
Bx JEAN-MARTIN MOYË ............................................................................................................................. 79
Bx GUILLAUME REPIN ................................................................................................................................. 80
Bx NOËL PINOT ........................................................................................................................................... 81
16 Bses CARMÉLITES .................................................................................................................................. 82
de COMPIÈGNE .......................................................................................................................................... 82
Au 19 ème siècle .................................................................................................................................... 85
SteJULIE BILLIART ...................................................................................................................................... 86
Vble LOUIS-MARIE BAUDOUIN ................................................................................................................... 87
St ANDRÉ-HUBERT FOURNET ..................................................................................................................... 88
St JOSEPH MARCHAND ............................................................................................................................... 89
Bse CATHERINE JARRIGE ............................................................................................................................ 90
St PIERRE DUMOULIN-BORIE ..................................................................................................................... 91
St JEAN-GABRIEL PERBOYRE ....................................................................................................................... 92
St PIERRE CHANEL ...................................................................................................................................... 93
Bx PIERRE-FRANCOIS JAM ET ...................................................................................................................... 94
Ste MARIE-MADELEINE POSTEL ................................................................................................................. 95
Bx GUILLAUME-JOSEPH CHAMINADE ........................................................................................................ 96
Bse ANNE-MARIE JAVOUHEY ..................................................................................................................... 97
Ste ÉMILIE de RODAT ................................................................................................................................. 98
Vble FRANÇOIS LIBERMANN ...................................................................................................................... 99
Ste ÉMILIE de VIALAR ............................................................................................................................... 100
St AUGUSTE CHAPDELAINE ...................................................................................................................... 101
St JEAN-MARIE VIANNEY .......................................................................................................................... 102
St EUGÈNE de MAZENOD ......................................................................................................................... 103
St THÉOPHANE VÉNARD ........................................................................................................................... 104
Vble PAULINE JARICOT ............................................................................................................................. 105
St frère BÉNILDE ....................................................................................................................................... 106
St MICHEL GARICOÏTZ .............................................................................................................................. 107

144
Bx JACQUES-DÉSIRÉ LAVAL ...................................................................................................................... 108
Ste MADELEINE-SOPHIE BARAT ............................................................................................................... 109
St LOUIS BEAULIEU ................................................................................................................................... 110
St PIERRE-JULIEN EYMARD ....................................................................................................................... 111
Bse EUGÉNIE SMET ................................................................................................................................... 112
Ste CATHERINE LABOURÉ ......................................................................................................................... 113
Ste JEANNE JUGAN ................................................................................................................................... 114
Bx ANTOINE CHEVRIER ............................................................................................................................. 115
Ste BERNADETTE SOUBIROUS .................................................................................................................. 116
Ste THÉRÈSE COUDERC ............................................................................................................................ 117
Bse MARIE-THÉRÈSE ................................................................................................................................. 118
de SOUBIRAN ........................................................................................................................................... 118
Sts LOUIS et ZÉLIE MARTIN ...................................................................................................................... 119
St JACQUES BERTHIEU .............................................................................................................................. 120
Ste THÉRÈSE ............................................................................................................................................. 121
de I' ENFANT-JÉSUS ................................................................................................................................... 121
Au 20 ème siècle .................................................................................................................................. 126
Bx JOSEPH-MARIE CASSANT ..................................................................................................................... 129
Ste ÉLISABETH de la TRINITÉ .................................................................................................................... 130
Bx CHARLES de FOUCAULD ...................................................................................................................... 131
Vble ANNE de GUIGNÉ ............................................................................................................................. 132
Bx DANIEL BROTTIER ................................................................................................................................ 133
Bx MARCEL CALLO .................................................................................................................................... 134
Vble MARTHE ROBIN ................................................................................................................................ 135
TOUSSAINT ............................................................................................................................................... 139
Regards sur la France ........................................................................................................................ 140
Sommaire ........................................................................................................................................ 142

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