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Macroéconomie /S2 Pr : O.

AKHSAS AU : 2017-2018

Centre universitaire de Guelmim.

Cours du
Module : Macroéconomie
Semestre II

Professeur O. AKHSAS année universitaire : 2017/2018


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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Sommaire

Introduction
Chapitre introductif : les agrégats macroéconomique.
Section 1 : la mesure de l’activité économique.
Section 2 : la mesure du coût de la vie.
Section 2 : la mesure du chômage.
Chapitre I : l’équilibre macroéconomique chez les classiques.
Section 1 : l’équilibre sur le marché du travail.
Section 2 : l’équilibre sur le marché des biens et services.
Section 3 : l’équilibre sur le marché de la monnaie.
Section 4 : l’équilibre sur le marché du capital.
Chapitre II : l’équilibre macroéconomique chez Keynes.
Section 1 : le modèle Keynésien simplifié.
Section 2 : l’introduction de l’Etat.
Section 3 : l’introduction des échanges extérieurs.
Chapitre III : Le modèle IS-LM
Section 1 : généralités sur la monnaie.
Section 2 : la courbe IS et la courbe LM
Section 3 : l’équilibre synthétique

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Introduction
La macroéconomie est un niveau d’analyse économique qui a pour objectif l’étude
du fonctionnement de l’économie nationale dans son ensemble. Par opposition à
la microéconomie qui traite les choix et les décisions des unités individuelles
(individu, ménage, entreprise), la macroéconomie quant à elle s’intéresse aux
phénomènes économiques globaux (production, consommation, investissement …)
chez des groupes d’unités économiques (une région intra-nationale, une économie
nationale, un groupement de pays…).
La macroéconomie affecte la vie de tous les citoyens (chef d’entreprise, les salariés,
les dirigeants politiques, les nouveaux diplômés …). Elle s’intéresse à l’étude des
questions telles :

• Pourquoi certains pays ont-ils connu une forte croissance économique pendant
une période donnée alors d’autres restent en récession ?

• Pourquoi certains pays connaissent-ils des taux inflation élevés alors que d’autres
réussissent à maintenir un niveau général des prix stable ?

• Pourquoi tous les pays rencontrent-ils des récessions et des crises économiques ?
• Pourquoi le chômage est-il élevé dans tel ou tel pays ?
• Comment peut-on utiliser les politiques publiques pour résoudre les problèmes
de la récession, de l’emploi et de la pauvreté ?
Ces questions s’articulent autour des trois grands problèmes macroéconomiques qui
sont la croissance, l’inflation et le chômage.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Historiquement, si dans l’antiquité la réflexion se limitait au seul niveau


microéconomique (dans le cadre de la famille), les premières idées d’ordre
macroéconomique seront datées du 16ème avec la doctrine mercantiliste1 qui
présente une analyse de la relation entre la richesse des nations et le commerce
international. L’analyse passe alors du niveau familial au niveau national. Au 18ème
siècle, les économistes physiocrates et classiques vont contribuer de leur coté à
l’enrichissement de la science Macroéconomique. Les premiers, grâce notamment à
François Quesnay avec son fameux tableau économique, qui constitue la première
représentation du circuit économique. Quant à l’école classique, sa contribution est
matérialisée par la théorie de la répartition et la théorie de la crise (Adam Smith ;
Davide Ricardo), la loi de la population (Thomas Robert Malthus) et la loi des
débouchés (Jean Baptiste Say). Cependant, il a fallait attendre le 20ème siècle pour
voir la macroéconomie acquérir ses lettres de noblesse avec Jean Maynard Keynes
qui est considéré comme le fondateur de la Macroéconomie moderne.
Ce cours a pour objectif de présenter aux étudiants les concepts de base de la
macroéconomie pour une meilleure compréhension des phénomènes économiques
globaux et d’avoir un jugement sur les politiques économiques des pouvoirs
publics.

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Antoine de Montchrestien auteur mercantiliste français est d’ailleurs le premier à avoir introduit le mot « Economie
politique » pour désigner la gestion de la cité.

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Chapitre introductif : les agrégats macroéconomique.

La macroéconomie s’intéresse à l’explication des relations entre les agrégats d’une


économie nationale dans l’objectif d’étudier la détermination du niveau de
l’activité économique de la nation.
Un agrégat macroéconomique est une grandeur statistique synthétique mesurant un
phénomène macroéconomique quantifiable. On distingue généralement :

- Les agrégats de l’activité économique (section 1)


- Les agrégats mesurant le coût de la vie (section 2)
- Les agrégats mesurant le chômage (section 3)

Section 1 : La mesure de l’activité économique


L’activité économique est l’ensemble des activités qui visent la création des biens
et services destinés à satisfaire les besoins de la société. Elle est généralement
mesurée par le produit intérieur brut (PIB) ou le produit national brut (PNB).

1) Le produit intérieur brut.


a) Définition
Le PIB mesure la valeur de tous les biens et services finaux produits dans une
économie pendant une période donnée. Le PIB se base sur le critère de territorialité,
puisqu’il représente la production faite à l’intérieur d’un territoire, qu’elle (la
production) soit réalisée par un acteur résident ou non résident.
Dans le calcul du PIB sont exclus les biens et services suivants :
- les biens et services de consommation intermédiaire : leur valeur est comprise
dans le produit final.
- les biens usagés : il ne s’agit pas d’une nouvelle production.

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- les biens domestiques : ils ne font pas objet d’échange.


- les biens et services vendus dans l’économie informelle : ils sont difficilement
comptabilisables.
On distingue entre le PIB nominal et le PIB réel.
b) Le PIB nominal
Le PIB nominal est la valeur des biens et services produits à l’intérieur d’une
économie pendant une période. Cette valeur est évaluée par les prix courants (prix
du marché à l’année courante). Le PIB nominal est calculé de cette façon :

PIB nominal(t) = ∑ Prix (t) x quantités(t)

c) Le PIB réel
Le PIB réel mesure de la valeur des biens et services produits à l’intérieur d’une
économie pendant une période. Cette valeur est évaluée aux prix constants (par
rapport à une année de base).

PIB nominal(t) = ∑ Prix (0) x quantités(t)

A la différence du PIB nominal qui évolue lorsque les prix ou les quantités
changent, le PIB réel ne peut évoluer que si les quantités varient. L’évolution du
PIB réel traduit donc une évolution de la production réelle nette d’inflation.

d) Le déflateur du PIB
Le rapport entre PIB nominal et le PIB réel est appelé le déflateur du PIB.

PIB nominal
Déflateur PIB = x 100
PIB réel

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Le déflateur du PIB reflète ce qui se passe au niveau général des prix dans un pays
comme suit :
- Un déflateur du PIB > 100 ; indique une augmentation des prix entre l’année
courante et l’année de base.
- Un déflateur du PIB < 100 ; indique une diminution des prix entre l’année
courante et l’année de base.
- Un déflateur du PIB = 100 ; indique que les prix ont resté stables.
2) Le produit intérieur brut (PNB)
a) Définition
Le PNB est la valeur totale de la production finale de biens et de services des
acteurs économiques d'un pays donné au cours d'une année donnée. A la différence
du PIB qui se base sur le critère de territorialité, le PNB est élaboré en s’appuyant
sur un critère de résidence. Il s’agit de la production réalisée par les acteurs
économiques d’un pays. Autrement dit la production faite par les agents
économiques résidents d’une nation indépendamment du territoire sur lequel cette
production a eu lieu. Le PNB est donc la production réalisée (à l’intérieur et à
l’extérieur du territoire économique national) par les acteurs résidents d’un pays.
b) Formule du calcul
Pour calculer le PNB à partir du PIB, on utilise la formule suivante :

PNB = PIB
+ Revenus des facteurs en provenance de l’extérieur
- Revenus des facteurs versés à l’extérieur)

- Les revenus des facteurs en provenance de l’extérieur représentent la production


faite par des acteurs résidents à l’extérieur du territoire économique national.

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Précisément, il s’agit des revenus reçus par ces acteurs, en particulier les revenus
du capital (intérêts, dividendes, plus-value), les revenus de propriété (loyer d’un
appartement par exemple) et de salaire (pour le cas des travailleurs frontaliers). Ces
revenus ne sont pas pris en considération lors du calcul du PIB, il convient donc les
ajouter pour calculer le PNB.
- les revenus des facteurs versés à l’extérieur représentent la production des acteurs
non-résidents à l’intérieur du territoire économique national. Il s’agit des revenus
versés à ces acteurs, en particulier les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-
value), les revenus de propriété, et de salaire. Ces revenus ne sont pas encaissés par
des acteurs résidents, il convient alors de les déduire du PIB pour calculer le PNB.

Section 2 : la mesure du coût de la vie.


Pour mesurer le coût de la vie on utilise le taux d’inflation. L’inflation est définie
par la hausse du niveau général des prix. Pour parler d’une inflation, il faut que les
prix de tout un panier de biens et services connaissent une augmentation et non pas
uniquement le prix d’un seul bien. On parle donc d’inflation lorsqu’il y a
augmentations du coût de la vie des individus d’un pays.
1) Les causes de l’inflation.
Les causes de l’inflation sont liées aux types d’inflation :
L’inflation par la monnaie : l’inflation est le résultat de la création excessive de la
monnaie
L’inflation par la demande : la hausse des prix provient d’un déséquilibre entre
l'offre de biens, qui est insuffisante, par rapport à la demande des consommateurs
Les causes de l’inflation
L'inflation par les coûts : Elle se traduit par une répercussion sur les prix de vente
d'une augmentation du prix des matières premières, des salaires ou des autres

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coûts auxquels les entreprises doivent faire face.

2) Inflation, déflation et désinflation


Il ne faut pas confondre les trois termes : inflation, déflation et désinflation.
L’inflation est la hausse des prix (taux d’inflation positif). La déflation est la
baisse des prix (c’est le cas d’un taux d’inflation négatif). Alors que le la
désinflation désigne la baisse du taux d'inflation (si par exemple, on a enregistré un
taux d’inflation de 2% en 2016 et un taux d’inflation de 1% en 2017, alors ici on
est en présence d’un phénomène de désinflation)
3) Le calcul du taux d’inflation
Le taux d’inflation traduit l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC).

IPCt – IPC t-1


Taux d’inflation = X 100
IPCt-1

a) L’indice des prix à la consommation


L’IPC mesure le prix d’un panier donné de biens et services à une année courante
par rapport au prix du même panier en une année de base. Pour calculer l’IPC on
utilise les prix et les quantités d’un panier de biens et services de consommation.
L’IPC synthétise les prix de tous ces biens en une seule mesure du niveau général
des prix. L’IPC est calculé en utilisant la formule de l’indice de Laspeyres :

Ʃ ( Pt x Qbase )
IPC = x 100
Ʃ ( Pbase x Qbase )

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Cette formule est utilisée pour calculer l’indice de prix à la consommation. Elle se
base sur un panier constant de biens de consommation uniquement. Un taux
d’inflation, calculé, à partir de l’IPC constitue donc le bon indicateur pour refléter
l’évolution du coût de la vie (chez le consommateur).

b) Le déflateur du PIB

Pour refléter l’évolution du niveau général des prix (pour les biens et services de
consommation et de production, on utilise généralement de déflateur du PIB. Ce
dernier est aussi un indice de prix constitué à partir de l’indice de Paasche comme
suit :
Ʃ ( Pt x Qt )
Déflateur PIB = x 100
Ʃ ( Pbase x Qt )
A la différence de l’IPC, qui s’appuie uniquement sur les biens et services de
consommation, le déflateur du PIB est calculé sur la base de tous les biens et
services produits à l’intérieur d’une économie.

Section 3 : La mesure du chômage.


Le chômage représente une situation de sous-emploi du facteur travail. Il est
mesuré par le taux du chômage. Ce dernier traduit la part de la population active
sans emploi.
Nombre de personnes sans emploi
Taux du chômage = x 100
Population active

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La population active occupée au sens du BIT ( le bureau international du travail)


se définit comme l'ensemble des personnes en âge ( 16 ans au Maroc) de travailler
qui sont disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi (population
active occupée) ou qu'elles soient au chômage. On comprend que les personnes ne
cherchant pas d'emploi, comme les personnes au foyer, les étudiants, ne font pas
partie de la population active.
Selon cette définition, les chômeurs sont les personnes sans travail, en recherche
d'emploi et disponibles à court terme.

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Chapitre I : l’équilibre macroéconomique chez les classiques.

Ce premier chapitre décrit le modèle macroéconomique classique. Il s’agit de


présenter le fonctionnement de l’économie dans sa globalité tel il est décrit par les
auteurs de l’école classique. Le modèle macroéconomique classique est construit
sur la base des hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : La rationalité des agents économiques.
Un agent économique est dit rationnel, lorsque il est capable d'effectuer
les meilleurs choix qui se présentent à lui compte tenu des contraintes (budgétaires,
techniques…) auxquelles il fait face.

Hypothèse 2 : L’économie fonctionne en concurrence pure et parfaite.


La concurrence est dite pure et parfaite lorsque les prix sont fixés par les conditions
du marché. Les agents économique sont assimilés à des atomes ; un grand nombre
de demandeurs face à un grand nombre de demandeurs. L’information sur les prix,
les quantités et les qualités est parfaite ; tout le monde à la même information.
Hypothèse 3 : Les prix (et compris le salaire) sont flexibles
En cas déséquilibre entre l’offre et la demande, les classiques imaginent une baisse
ou une augmentation des prix pour réajuster les quantités offertes et demandée pour
revenir à l’équilibre.
Hypothèse 4 : L’Etat ne doit pas intervenir dans l’économie.
Pour les classiques, les marchés s’autorégulent notamment par la flexibilité des
prix, l’intervention de la puissance publique n’est pas recommandée.

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Section 1 : le marché du travail


1) Les éléments du marché du travail
a) L’offre du travail
L’offre du travail est le fait des salariés. Elle est une fonction croissante du salaire
réel. Elle s’écrit ainsi :
T = T (w/p), Avec :
T : quantité de travail offerte. T’ > 0 (fonction croissante)
W : taux de salaire nominal.
p : niveau général des prix mesuré par l’indice des prix à la consommation ou
le déflateur du PIB.
w/p : mesure donc le taux du salaire réel.
L’offre du travail est une fonction croissante du taux de salaire réel ; plus ce
dernier est élevé plus les ménages sont prédisposés à travailler. Par contre lorsque
les salaires sont faibles, les ménages préfèrent le loisir.

b) La demande du travail

La demande du travail émane des entreprises. Elle est une fonction décroissante du
taux de salaire réel. Elle s’écrit ainsi :

E = E (w/p ) , avec E : quantité du travail demandée. E’< 0

2) L’équilibre sur le marché du travail


L’équilibre sur le marché du travail implique que l’offre du travail égalise la
demande du travail. Soit :
T=E

Cet équilibre permet de déterminer le niveau de l’emploi (noté E) ainsi qu’un


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salaire réel d’équilibre (salaire du plein emploi). Pour les classiques l’équilibre est
toujours réalisé; c’est-à-dire il existe un salaire réel (w /p) d’équilibre permettant
d’employer toute la population active de l’économie (pas de chômage). À ce
salaire, tout chômage, s’il existe, ne peut être que volontaire. Parce que les
chômeurs ne souhaitent pas travailler avec le salaire fixé par l’équilibre.
Le niveau de l’emploi fixé sur le marché du travail permet de déterminer le volume
de la production et PIB réel et l’équilibre sur le marché des biens et services.

Section 2 : le marché des biens et services.


Le niveau d’emploi (E) fixé par les conditions du marché du travail permet de fixer
un niveau de production (Y). Il est naturel que plus le niveau d’emploi est
important plus le niveau de production l’est aussi.

Ainsi on peut noter la fonction de production macroéconomique (Y) s’écrit ainsi :


Y = F (E) avec dY/dE > 0 .

Le volume de la production déterminée par le niveau de l’emploi permet de réaliser


l’équilibre sur le marché des biens et services puisque la production (offre globale)
crée sa propre demande. Ce postulat est connu par la loi des débouchés de J.B. Say.
Selon cette loi chaque offre crée sa propre demande à travers certains mécanismes
qui s’illustrent ainsi :

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D’après la loi des débouchés de Jean Baptiste Say :


- L’offre globale (production) permet de générer une distribution des revenus
qui sont soit consommés ou épargnés.
- L’épargne se transformant en investissement, elle constitue aussi une
demande. Il y a donc forcément égalité entre l’offre et la demande.
- Toute production supplémentaire générera un flux de revenu de même valeur
qui reviendra aux producteurs sous forme de demande.

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Selon cette loi, les crises de surproduction sont impossibles et le marché des biens
et services est toujours en équilibre.

Section 3 : Le marché de la monnaie


1) Définition de la monnaie.
On définit la monnaie comme le stock d’actifs facilement mobilisables pour
effectuer des transactions. Elle est composée généralement des billets de banques,
des pièces métalliques et des dépôts à vue dans les banques qui sont utilisables
immédiatement par chèques. La monnaie se limite donc à ce qui est vraiment
liquide, et ne demande pas de délai pour servir dans les transactions. Dans la
théorie classique, les acteurs économiques détiennent de la monnaie pour le seul
motif de transaction.
2) La théorie quantitative de la monnaie et l’équilibre sur le marché de la
monnaie.
Le marché de la monnaie est le lieu théorique où se rencontrent l’offre et la
demande de la monnaie. L’offre de monnaie est fixée par l’Etat à travers la banque
centrale. La demande de monnaie est faite par les agents économique dans
l’objectif de réaliser des transactions.
L’équilibre sur le marché de la monnaie est analysé par la théorie quantitative de la
monnaie (TQM). La TQM est développée par Irving Fisher en 1911. Elle est
fondée sur la relation de causalité entre la quantité de monnaie en circulation et
le niveau général des prix.
la TQM postule que : M.V = P. Y Avec :
- M : la quantité de la monnaie en circulation (offre de monnaie) : c’est la masse
monétaire, c’est-à-dire l’ensemble des moyens de paiement à la disposition des
agents économiques.
- V : vitesse de transaction de la monnaie : reflète le nombre de fois qu’un moyen

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de paiement est utilisé au cours d’une année pour effectuer des achats et des ventes
de biens et services.
- P : niveau générale des prix mesuré par l’indice des prix à la consommation ou le
déflateur du PIB.
- Y : volume de transaction, qui désigne le PIB réel.
La TQM suppose que V et Y sont constants à court terme et que M est exogène.
D’après la TQM, on constate que :
P = V/Y. M
Le niveau général des prix dépend donc uniquement de la masse monétaire M
(puisque V et Y sont constants à court terme). Autrement dit, il existe une relation
proportionnelle entre les prix et la masse monétaire ; Si par exemple M, les prix
doublent aussi.
On peut donc conclure que l’excès de l’offre de monnaie (masse monétaire) a pour
seul effet une augmentation du niveau général des prix. La monnaie n’pas d’impact
sur les autres variables réelles de l’économie.
C’est pour ceci que les classiques considèrent la monnaie comme un voile et qu’en
réalité les produits ne s'échangent finalement que contre des produits. Ainsi,
la sphère réelle de l'économie serait séparée de la sphère monétaire. La monnaie
n'aurait aucun effet sur le niveau de production d'une économie (dichotomie
classique).

Section 4 : le marché du capital


Sur le marché du capital, offre provient des ménages. C’est l’épargne des ménages
(S). L’épargne est une fonction croissante du taux d’intérêt. En effet, les classiques
précisent que les individus n’accumulent une épargne que si elle leur offre un
rendement. L’épargne désirée est une fonction croissante du taux d’intérêt.

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S = S (i) avec dS/di > 0


Où S : épargne et i : taux d’intérêt.
La demande du capital qui émane des entreprises sert à financer l’investissement.
La demande du capital est donc égale à l’investissement. Ce dernier est une
fonction décroissante du taux d’intérêt.
I = I (i) avec dI / di < 0
L’équilibre sur le marché du capital est donc donné par l’égalité entre l’offre et la
demande du capital soit l'égalité entre l’épargne et l’investissement :
S=I
Selon les classiques, cet équilibre est automatique, puisque la flexibilité du taux
d’intérêt permet une autorégulation du marché comme suit :
- Si par exemple l’épargne est supérieure à l’investissement, ceci provoquera
une baisse du taux d’intérêt. Cette dernière conduira à la baisse de l’épargne
et à l’augmentation de l’investissement jusqu’à leur égalité.
- Si l’investissement et supérieur à l’épargne, ceci conduira à une
augmentation du taux d’intérêt. Cette augmentation provoquera
l’augmentation de l’épargne et la baisse de l’investissement jusqu’à leur
égalité.

Conclusion

Dans le modèle macroéconomique classique, l’économie tend naturellement vers le


plein emploi. Tous les marchés sont équilibre grâce à l’hypothèse de la flexibilité
des prix (y compris le taux d’intérêt et le salaire) et aux mécanismes décrits par la
loi des débouchés.
Dans ces conditions, l’intervention de l’Etat dans l’activité économique n’est pas

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requise, le marché étant efficace en termes de régulation.


Ceci a été critiqué par J M Keynes qui a développé un modèle macroéconomique
en réaction à l’école classique. Un modèle dans lequel il considère l’économie en
situation de sous-emploi qui nécessite une intervention de l’Etat.

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Chapitre II : l’équilibre macroéconomique dans le modèle


Keynésien.

L’analyse Keynésienne constitue un bouleversement dans la théorie économique.


En plein crise économique, en 1936, Keynes publia « théorie de l’intérêt de
l’emploi et de la monnaie ». L’ouvrage dans lequel l’économiste britannique a
critiqué l’économie du marché défendue par l’école classique. Pour Keynes le plein
emploi est l’affaire de l’Etat. Ce dernier doit intervenir moyennement son budget
pour encourager l’activité économique et stimuler l’emploi. Ce chapitre est
structuré en trois sections. La première sera consacrée à une « économie fermée
sans secteur public ». La deuxième traitera « une économie fermée avec secteur
public). Et enfin on verra en dans la troisième section le cas d’une « économie
ouverte »

Section 1 : le modèle Keynésien simplifié


1) Objet, hypothèses et variables du modèle Keynésien simplifié.
L’objet du modèle Keynésien simplifié est de présenter les conditions d’équilibre
dans une économie fermée sans pouvoirs publics dans l’objectif de déterminer le
niveau du revenu national d’équilibre.
Le modèle est construit sur la base des hypothèses suivantes :
- Hypothèse 1 : L'économie est composée de deux types d'agents : les entreprises et
les ménages.
- Hypothèse 2 : Les entreprises sont les seules à produire et à investir, les ménages
sont les seuls à consommer et à épargner.
- Hypothèse 3 : Les entreprises redistribuent tout leur revenu aux ménages sous
forme de salaires et de revenus de la propriété (profit et rente).

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Le modèle Keynésien simplifié est fondé trois variables ou fonctions économiques


qui sont :

- La fonction de consommation;

- La fonction d’épargne ;

- La fonction d’investissement.
2) La fonction de consommation Keynésienne.
Dans le modèle keynésien, la fonction consommation est une relation de
comportement. Elle relie le niveau de la consommation globale au revenu
disponible des ménages lorsque les autres facteurs restent constants. À ce titre la
consommation dépend positivement du revenu des ménages.

a) Formulation mathématique
Pour Keynes, la fonction de consommation est fonction qui dépend du revenu. On
peut donc écrire : C = f (Yd)
Où C : Consommation
Yd : revenu disponible des ménages
Si on suppose que cette fonction est linéaire, alors elle prend la forme suivante :
C = C0 + b Yd avec 1> b >0

C0 correspond à la consommation incompressible, c’est-à-dire la consommation


minimale quel que soit le montant du revenu, même s’il est nul.

b) La propension moyenne à consommer (PMC)


La propension moyenne à consommer (PMC) mesure la fraction (la part) du
revenu destinée à la consommation.

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PMC = C/Y
= (C0 + b Y) / Y
= C0/Y + b
On constate que la PMC diminue lorsque le revenu augmente.
NB : ici on a met le revenu disponible (Yd) est identique au revenu national Y,
puisque l’Etat n’existe pas:
Yd = Y – T = Y (puisque : T = 0)

c) La propension marginale à consommer (pmc)


La propension marginale à consommer (pmc) mesure le rapport de la variation de
la consommation à la variation du revenu. Autrement dit, elle représente
l’augmentation de la consommation suite à une augmentation d’une seule unité du
revenu. La pmc est calculée ainsi :
pmc = ∆ C / ∆ Y
= dC/dY = b (en cas de variations infinitésimales)
On constate que pmc est constante. En plus elle est toujours comprise en 0 et 1

d) La loi psychologique fondamentale de Keynes.


Keynes fait reposer sa fonction de consommation sur ce qu’i appelle la « loi
psychologique fondamentale ». Cette loi est le résultat de deux constats :

- Le consommateur accroit sa consommation avec l’augmentation du revenu, mais


non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. C’est pour cela
0 < pmc <1.

- À mesure que le revenu augmente, une proportion de plus en plus importante est
consacrée à l’épargne. On a donc PMC décroit lorsque le revenu s’accroit.
Selon donc cette loi, la psychologie de la personne est un freine à la consommation.
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Avec l’augmentation de son revenu, l’individu augmente sa consommation, mais


au-delà d’un certain seuil il oriente une partie de son revenu vers l’épargne au
détriment de la consommation.

e) L’élasticité revenu de la consommation (ℇR)


L’élasticité revenu de la consommation correspond au rapport du taux de variation
de la consommation au taux de variation du revenu.

∆C/C dC/C dC Y pmc


ℇR = = = x =
∆ Y /Y dY/Y dY C PMC

L’élasticité revenu de consommation permet de vérifier les trois lois d’Engel :

- ℇR < 1 pour les biens alimentaires.

- ℇR = 1 pour les biens de consommation courante.

- ℇR > 1 pour les biens de luxe.

f) Représentation graphique :
Graphiquement la consommation correspond à une droite reliant le revenu et la
consommation. Le revenu étant présenté sur l’axe des abscisses et la consommation
sur l’axe des ordonnées.

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Le degré d’inclination de la droite de consommation dépend de la valeur de la


pente b (pmc). Plus b est proche de 1, plus la droite de consommation est inclinée (
elle se rapproche de l’axe des ordonnées). Plus b est proche de 0 plus la droite de
consommation est parallèle avec l’axe des abscisses.

3) La fonction d’épargne
L’épargne (S) correspond à la partie du revenu qui n’est pas consommée. Donc on
peut dériver directement la fonction d’épargne de celle de consommation.
S =Y–C
= Y - (C0 – bY)
= (1-b) Y – C0
a) La propension moyenne à épargner (PME):
La PME représente la part du revenu consacrée à l’épargne. Elle est calculée

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comme suit :
S Y-C
PME = = = 1 - C/Y = 1- PMC
Y Y

On constate que PMC + PME = 1 ; la PME est le complémentaire à 1 de la PMC

b) La propension marginale à épargner (pme) :


Elle représente le rapport de la variation de l’épargne à la variation du revenu.
Autrement dit, elle représente l’augmentation de l’épargne due à une augmentation
d’une seule unité du revenu. La pme est calculée ainsi :

pme = dS/dY = 1-b = 1- pmc

On constate que pmc + pme = 1 ; pme est le complémentaire à 1 de la pmc

c) Représentation graphique de la fonction d’épargne.


Pour construire la courbe d’épargne, il faut tracer la première bissectrice. Cette
dernière faisant un angle de 45° par rapport à chaque axe, correspond à tous les
points pour lesquels la consommation est égale au revenu (C = Y).

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

La droite d’épargne est construite à partir de la courbe de consommation.


Graphiquement, l’épargne correspond à la distance verticale entre la courbe de
consommation et la première bissectrice. A gauche du point A, la consommation est
supérieure au revenu, l’épargne est alors négative (désépargne). Au point A, la
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

courbe de consommation coupe la première bissectrice (C = Y) l’épargne est alors


nulle. Enfin à droite du point A, la consommation est inférieure au revenu et la
différence représente une épargne positive.
Le point A est appelé « seuil de rupture », c’est le point au-delà duquel l’épargne
devient positive.
4) L’analyse postkeynésienne de la fonction de consommation
La théorie keynésienne a donné naissance à des travaux de vérification statistiques
par l’américain Kuznets. Ces travaux ont conduit à des approfondissements
théoriques, ce qui a enrichie considérablement la fonction de consommation
Keynésienne. Kuznets a montré que, entre 1919-1929 aux Etats-Unis, la PMC ne
varie pas avec le temps (la loi psychologique de Keynes n’est plus vérifiée). La
fonction de consommation de Keynes a été ainsi enrichie par la théorie du revenu
permanent de M .FRIEDMAN, la théorie du patrimoine de J. TOBIN et la théorie
de revenu relatif de DUESENBERRY.
a) La théorie du revenu permanent de M .FRIEDMAN
M.FRIEDMAN estime que les dépenses de consommation d’une période ne sont
pas liées au seul revenu de ladite période, mais à un revenu moyen de plusieurs
périodes passées et futures. FRIEDMAN introduit donc ce qu’il appelle le «
revenu permanent : Yp » qui est une moyenne des revenus passés et des revenus
anticipés par les agents.
La consommation permanente (Cp) de l’agent, est une proportion constante de son
revenu permanent
Cp = k *Yp ( k est pmc qui est constante )

b) La théorie du patrimoine de J. TOBIN


Le néo-keynésien J TOBIN considère que chaque agent économique dispose d’un

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

patrimoine qui constitue sa richesse. Ce patrimoine est composé d’actifs physiques


(immobiliers, mobilier …), financiers (actions, obligations…), et d’actifs
monétaires (monnaie liquide). L’agent économique peut financer sa consommation
par la vente d’une partie de son patrimoine.
La consommation est donc fonction non seulement du revenu, mais aussi de la
propension à consommer le patrimoine.
Ct = b .Yt + d .At
Avec : A est le montant des actifs détenus en t ;
d est la propension marginale à consommer ces actifs.
c) La théorie de revenu relatif de DUESENBERRY
Cette théorie est fondée sur deux éléments ; l’effet de cliquet et l’effet de
démonstration (ou effet de Veblen).
L’effet de cliquet : DUESENBERRY pense que la consommation présente dépend
également des revenus du passé et, notamment, du niveau le plus élevé de revenu
atteint dans le passé. Il justifie ceci par le fait qu’en période de récession, les
consommateurs essayent de maintenir le niveau de vie qu’ils ont habituellement,
même si le revenu baisse.
L’effet de démonstration : DUESENBERRY pense que les agents sont
conditionnés par le niveau de vie du groupe social auquel ils appartiennent. Ils
subissent un effet de démonstration (ou effet de Veblen). DUESENBERRY constate
qu’une famille noire ayant un revenu annuel de 8 000 dollars épargnait davantage
qu’une famille blanche percevant le même revenu. Il explique ceci par le fait que :
- une famille noire de revenu de 8000 dollars se situait au sommet de l’échelle
des revenus de son groupe social.
- par contre une famille blanche du même revenu se classait à un niveau bas de
l’échelle des revenus de son groupe social.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

- par conséquent les familles noires avaient un comportement de riches (elles


épargnaient davantage) alors que les familles blanches avaient le sentiment d’être
moins aisées et épargnaient moins.

5) La fonction d’investissement
a) Définition de l’investissement
L’investissement consiste à transformer des encaisses monétaires en actifs
physiques productifs (machines, usine, bâtiments …). Il peut prendre plusieurs
formes :
- Investissement en stocks : ce sont les stocks prévus par les entreprises pour faire
face aux fluctuations des matières premières et des ventes ;
- Investissement en logement : effectué par les ménages pour leur besoin
d’habitation.
- Investissement en capital : ce sont les achats d’équipements de production neufs
par les entreprises.
Dans le modèle keynésien, on se limite à l’étude du troisième type d’investissement
(achat d’équipements neufs par les entreprises). A ce titre, l’investissement
corresponde à la formation du capital.

b) Déterminant de l’investissement
Pour Keynes, l'investissement dépend de la comparaison entre l'efficacité marginale
r de l'investissement et le taux d'intérêt pratiqué sur le marché des capitaux i. Si
l’efficacité marginale de l’investissement est supérieure au taux d’intérêt ( r > i) , la
décision de réaliser l'investissement est justifiée. Il peut être financé soit à partir de
fonds dont dispose l'entreprise, soit à partir d'emprunt dont le coût est inférieur au
taux de rendement de l'investissement (efficacité marginale du capital).

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Ce raisonnement est aussi valable si l’entrepreneur dispose des fonds propres pour
financer son investissement. Dans ce cas si r < i, l’entrepreneur aura intérêt à faire
un placement sur le marché avec un taux d’intérêt i au lieu d’investir avec un taux
de rendement r.
Du point de vue macroéconomique, l’investissement est une fonction décroissant
du taux d’intérêt i.
I = f(i) avec f’(i) < 0
c) Le principe d’accélération
L’accélérateur exprime le lien entre le revenu national et l’investissement via la
demande de biens de consommation. A ce titre, l’accélérateur désigne l’effet exercé
par la modification du revenu national sur le niveau d’investissement dans une
économie. L’investissement concerné ici est provoqué par la variation du revenu, il
est appelé investissement induit (investissement endogène).
Le mécanise de l’accélérateur d’investissement est le suivant :
- La hausse du revenu provoque une augmentation de la demande des biens de
consommation.
- Pour satisfaire cette demande, les entreprises vont accroitre leur production.
- L’augmentation de la production nécessite d’investir davantage, cela suppose
qu’il n’existe pas d’équipement inemployé ou sous-employé dans l’économie.
On note la formule l’accélérateur comme suite :
In = a ∆ Y
Avec In : le volume d’investissement net d’une année (∆ K)
a : le coefficient d’accélération
a = In / ∆ Y = ∆ K / ∆ Y
a est en général supérieur à 1, ce qui signifie que la variation de l’investissement
(la variation du stock) est plus importante que la variation du revenu national .

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

6) L’équilibre Macroéconomique Keynésien


a) Définition
En économie l’équilibre désigne une situation caractérisée par l'égalité entre les
volumes d'offre et de demande sur les marchés économiques.
Dans la théorie Keynésienne, l’équilibre économique globale est caractérisé par
l’égalité des revenus distribués par les entreprises (le revenu national ou le revenu
global) avec les dépenses globales (dépense de consommation et d’investissement)
Keynes souligne que cet équilibre n’est pas automatiquement établi, en raison des
fuites et des injections dans le circuit économique.
Une fuite est la partie du revenu que les consommateurs ne consomment pas. En
d’autre c’est l’épargne. Cette dernière n’est pas remise en circulation et donc elle
n’est pas récupérée par les entreprises.
Une injection est tout revenu injecté dans le circuit économique indépendamment
de l’activité économique qui se développe à l’intérieur de ce circuit. Dans notre cas,
l’injection correspond à l’investissement autonome réalisé par les entreprises
indépendamment du revenu qu’ils distribuent. L’équilibre est ainsi établi, lorsque
les fuites sont compensées par les injections. C’est-à-dire il y a égalité entre
épargne des ménages et investissement autonome des entreprises. C’est la condition
d’équilibre sur le marché des biens et services.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

b) Démonstration mathématique
Mathématiquement, on peut démonter la condition d’équilibre ainsi :
Puisque l’équilibre est réalisé lorsque : Revenu global = dépense globale
Or le revenu globale (Y) est soit consommé (C) soit épargné (S). De même la
dépense globale (D) est constituée de la consommation (dépense des ménages) et
l’investissement autonome (dépense des entreprises) .
Donc on peut écrire :
Y =C+S et D = C + I0
À l’équilibre on a : Y = D
Donc : C+S = C + I0
Ainsi la condition d’équilibre est c’
I0 est-à-dire
=S égalité entre fuite et injection.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

c) Représentation graphique de l’équilibre.

La figue (a) montre que l’équilibre a lieu au point E, c’est-à-dire lorsque le revenu
est YE. Le point E correspond à l’intersection entre la courbe de demande globale

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

(C + I0) et la première bissectrice. L’équilibre est donc donné par l’égalité entre le
revenu national et la demande globale.

La figue (b) montre qu’a l’équilibre correspondant au revenu YE, l’investissement


autonome est égale à l’épargne ( I0 = S ).

d) La nature de l’équilibre.
L’équilibre que nous venons de déterminer concerne le revenu global et la dépense
globale. C’est un équilibre qui ne prend en considération que le seul marché des
biens et services Il ne concerne pas les autres marchées notamment celui de
l’emploi. C’est donc un équilibre qui peut correspondre à une situation de sous-
emploi, de plein-emploi ou de sur-emploi.
L‘un des apports de Keynes est d’avoir conçu la possibilité d’un équilibre de sous-
emploi pendant la dépression des années trente.

7) Le multiplicateur d’investissement
Le multiplicateur d’investissement mesure l’effet exercé par la variation de
l’investissement sur le revenu global. Il est égal au rapport entre la variation du
revenu national et la variation de l’investissement.
a) Démonstration par un exemple
Pour comprendre le mécanisme du multiplicateur, on donne l’exemple suivant :
Dans une économie fermée sans pouvoirs publics, la consommation se fait suivant
une pmc de 0,8. On considère un investissement additionnel de ∆I = 10 mille qui
augmente la dépense globale. Ce montant va se répartir entre les agents
économiques sous forme de revenus salariaux, de revenus du capital et de revenus
de propriété, qui vont alimenter davantage la dépense globale. Les premiers
bénéficiaires du montant initial vont consommer 8 mille (10 000 x 0,8). Ceux qui
reçoivent ce second montant vont consommer 6,4 mille (8 mille x 0,8).
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Les effets de ∆I sur ∆Y sont résumés sur le tableau suivant :

Période ∆I t ∆Ct ∆Yt

0 10 000 0 10 000 = 10 000 x 1

1 0 8 000 8 000 = 10 000 x 0.8

2 0 6400 6400 = 10 000 x 0,82

3 0 5120 5120 = 10 000x 0,83

n 0 10000 x 0,8n 10000 x 0,8n

total 10000 10000 (1+ 0.8+0,8 2 +0,83 .. .0,8n)

(1+ 0.8+0,8 2 +0,83 ... 0,8n) est une suite géométrique de raison 0,8.
Mathématiquement la somme des termes : 1+ 0.8+0,8 2 +0,83 ... 0,8n est égale à
1/ (1-0,8) = 5
Donc on constate que lorsque l’investissement augmente de ∆I le revenu global
augmente de 5 x ∆I
Ainsi le multiplicateur d’investissement est égale à 1/1-b
Avec b = pmc
b) Démonstration mathématique
On peut démonter autrement que le multiplicateur est égale à 1/1-b.
Partons de la situation déjà définie par :
Y=C+I0
On suppose qu’une perturbation intervient sous l’effet d’un investissement
additionnel de ∆I, cela entraine une variation du revenu de ∆Y et de la
consommation de ∆C pour parvenir à une nouvelle situation d’équilibre.
Donc la nouvelle situation d’équilibre sera déterminée ainsi :
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Y + ∆Y = C + ∆ C + I 0 + ∆I
Avec ∆Y = ∆ C + ∆I et donc ∆I = ∆Y - ∆ C
D’autre part on rappelle que le multiplicateur (k) d’investissement est égal au
rapport entre la variation du revenu national et la variation de l’investissement.

K = ∆Y / ∆I = ∆Y / (∆Y - ∆C)
En divisant le dénominateur par ∆Y, on trouve que :
1 1 1
K= = =
1- ∆C/ ∆Y 1-b pme

On constate que k > 1 (car pme < 1). On conclut que la variation de
l’investissement entraine une variation plus importante du revenu national : c’est le
mécanisme du multiplicateur. Plus la valeur de b est grande plus le multiplicateur
est grand.
c) Démonstration graphique.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Exemple :
Soit une économie dont la fonction de consommation est la suivante : C = 100 +
0,6 Y
Question : calculez l’effet exercé par un investissement additionnel de 10 millions
sur le revenu ?
Réponse :
Le multiplicateur d’investissement est de :
K = 1 / 1-b = 1/1-06 = 2,5
Donc on conclut que l’augmentation de l’investissement de 10 millions va
engendrer un accroissement du revenu national de 10 million x 2,5 = 25 millions

Section II : L’introduction de l’Etat dans le modèle.


L’introduction de l’Etat signifie l’existence de la politique budgétaire. On raisonne
donc dans le cadre d’une économie fermé avec secteur public.
La politique budgétaire de l’Etat comporte deux volets : les dépenses et les recettes.
Ainsi le budget de L’Etat peut être soit déficitaire (lorsque les recettes sont
inférieurs aux dépenses), soit excédentaire (recettes > dépenses), soit équilibré
(recettes = dépenses).
1) L’équilibre macroéconomique de sous-emploi.
Selon Keynes, l’équilibre déterminé dans la section précédente correspond à un
équilibre de sous-emploi : c’est-à-dire un équilibre qui coexiste avec un taux du
chômage élevé.
Donc le revenu d’équilibre YE est un revenu de sous-emploi, pour lequel
l’économie n’emploie pas toute la population active. En ce sens il existe un revenu
plus élevé YF qui permet d’employer toute la population active. Y F correspond
ainsi au revenu de plein emploi.
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Pour parvenir à un équilibre de plein-emploi, il faut que le revenu passe à YF. Ceci
implique d’augmenter la dépense globale (la demande globale). On appelle écart
déflationniste la différence entre le niveau de la demande globale de sous-emploi (
DE) et celui de la demande du plein emploi(DF) (voir la représentation graphique de
l’équilibre de sous-emploi). Keynes recommande à l‘Etat d’intervenir pour éliminer
l’écart déflationniste et conduire l’économie vers le plein emploi.
Cette intervention a pour objectif d’augmenter la demande globale en engageant
des dépenses publiques.
2) L’introduction des dépenses publiques.
Lorsqu’on tient compte de la présence de l’Etat, la dépense globale sera augmentée
de G0.
On peut donc écrire que la demande globale (dépense globale DG) est la somme de
la consommation des ménages, de l’investissement autonome des entreprises et de
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

la dépense de l’Etat G0.


Donc DG = C + I0 + G0

Pour financer les dépenses publiques, L’Etat doit avoir des ressources qui sont
généralement des recettes fiscales (c’est-à-dire des impôts, notés T). Les impôts
sont prélevés sur les revenus distribués dans l’économie.
On peut donc écrire que : Yd = Y – T (1)
Or le revenu disponible (Yd) est soit consommé soit épargné :
On peut alors écrire : Yd = C + S (2)
De (1) et (2) on conclut que Y – T = C+ S
Et donc le revenu national se présente ainsi :
Y = C+S+T

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Le revenu national est en partie consommé, en partie épargné et le reste est versé à
l’Etat sous forme d’impôt.
Lorsque l’on tient compte de la présence de l’Etat, l’équilibre sera déterminé par
l’égalité entre le revenu national et la dépense globale :
Y=D
C + S + T = C + I 0 + G0
S + T = I0 + G0
Fuites = Injections
On retrouve la condition d’équilibre selon laquelle il y’a égalité entre les fuites et
les injections. L’impôt est une fuite au même titre que l’épargne, puisque il
représente une partie du revenu qui sort du circuit. Alors que les dépenses
publiques sont injections comme l’investissement autonome, puisque ce sont des
flux qui entrent dans le circuit économique (voir circuit ci-après)

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Une fois l’équilibre est déterminé, voyons maintenant comment le revenu national
est affecté suite à un changement de la politique budgétaire de l’Etat ?

3) L’impact du budget de l’Etat sur le niveau de l’activité économique.


L’impact du budget sur l’activité économique sera analysé comme suit :

- L’effet de la variation de la dépense publique sur le revenu national.


- L’effet de la variation des recettes publiques sur le revenu national.
- L’effet du budget équilibré sur le revenu national.
a) L’impact de la variation des dépenses sur le revenu
Selon Keynes, les dépenses publiques exercent un effet multiplicateur sur le revenu
national, ce qui permet à l’économie de passer au revenu du plein emploi. On
appelle « le multiplicateur budgétaire : k » l’effet exercé par la variation des
dépenses budgétaires (G) sur le revenu national.
Lorsque les dépenses publiques augmentent de ∆G, le revenu national augmente de
∆Y avec : ∆Y = K ∆G
Alors on peut noter K = ∆Y/ ∆G
Pour démonter la valeur de K, on part d’une situation d’équilibre donnée par
comme suit :
Y=D
Y = C + I 0 + G0
Y = C0 + bYd + I0 + G0
Y = C0 + b ( Y- T) + I0 + G0
Y - bY = C0 - bT + I0 + G0
Y ( 1-b) = C0 - bT + I0 + G0
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Y = 1/1-b (C0 - bT + I0 + G0)


Or K = ∆Y/ ∆G = dY/ dG
Alors K = 1/ 1-b
Donc le multiplicateur budgétaire est égal au multiplicateur d’investissement. Une
augmentation des dépenses publique d’une seule unité monétaire implique
l’augmentation du revenu national de 1/ 1-b unité monétaire. Le multiplicateur
budgétaire est toujours supérieur à 1. Les dépenses de l’Etat exercent alors un effet
multiplicateur du l’activité économique.

b) L’effet de la variation des recettes publiques


On cherche à déterminer l’impact de l’augmentation des impôts sur le revenu
national. Une variation de l’impôt de ∆T provoque une variation du revenu de ∆Y.
Avec ∆Y = K ∆T, K représente le multiplicateur fiscal.
On constate que : K = ∆Y /∆T
K = dY/ dT
K = - b / 1-b (puisque Y = 1/1-b (C0 - bT + I0 + G0)
Le multiplicateur fiscal est inférieur à 0, ainsi :
- lorsque les impôts augmentent de ∆T, le revenu national diminue de ∆Y =
b/1-b x ∆T
- lorsque les impôts baissent de ∆T, le revenu national augmente de ∆Y = -b/1-b x
∆T
On note que le multiplicateur fiscal (-b/1-b) est inférieur au multiplicateur
budgétaire 1/1-b (puisque b<1), ceci s’explique par le fait l’augmentation des
dépenses publiques impacte le revenu national alors que la baisse des impôts
touche uniquement le revenu disponible.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

c) L’effet du budget équilibré


L’effet du budget équilibré appelé aussi effet Haavelmo indique l’impact d’une
augmentation simultanée et égale des dépenses publiques et des recettes fiscales sur
le revenu national. C’est donc l’effet du budget de l’Etat sur le revenu national
lorsque : ∆G = ∆T
L’effet global de ∆G et ∆T sur le revenu national correspond à la somme des deux
effets (celui des impôts et celui des dépenses publiques) :
Donc on peut écrire : ∆Y = 1/1-b x ∆G + (-b)/1-b x ∆T
Or ∆G = ∆T donc ∆Y = 1-b/1-b x ∆G
C’est-à-dire ∆Y = 1 x ∆G
1-b/1-b représente le multiplicateur du budget équilibré, il est égale à 1.
On constate que lorsque l’on augmente identiquement les dépenses publiques et les
recettes fiscales, le revenu national s’accroit d’un montant égal à l’accroissement
du budget. Le budget équilibré n’exerce pas donc un effet de neutralité sur le
niveau d’activité. Ceci s’explique par le fait que le multiplicateur budgétaire est
toujours supérieur au multiplicateur fiscal.
Exemple
Dans une économie où la pmc = 0,8. L’Etat décide d’augmenter la dépense
publique de 6 000 et d’augmenter aussi les impôts de 6000
L’effet de cette décision sur le revenu sera ainsi :
∆Y = (1/1-0,8 ) x 6000 + (- 0,8 / 1-0,8 ) x 6000
= 30000 + (-24000) = 6000

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Section III : Introduction des échanges extérieur


Lorsqu’on parle des échanges extérieurs, on raisonne dans le cadre d’une économie
ouverte.
Dans une économie ouverte, il y’a des produits et des services qui sont vendus à
l’étranger (les exportations : X) et d’autres qui sont achetés de l’étranger (les
importations : M).
1) L’équilibre en économie ouverte.
Dans une économie ouverte, l’offre globale est constituée de la production du pays
(ou revenu national) plus les importations.
Offre globale = Y + M

La demande globale (ou dépense globale) est composée de la demande interne plus
la demande émanant de l’étranger, c’est-à-dire les exportations.
Demande globale = D + X.
DG = C+ I0 + G0 + X
Ainsi l’équilibre sur le marché des biens et services sera conditionné par l’égalité
entre l’offre globale et la demande globale :
Offre globale = Demande globale
Y+M = D+X
C+S+T+M = C + I 0 + G0 + X
S+T+M = I0 + G0 + X
Fuites = Injections
On retrouve donc la condition d’équilibre caractérisée par l’égalité entre les fuites
et les injections.
Les importations, comme l’épargne et les impôts, constituent des fuites du circuit.

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

En ce sens, elles intéressent les produits étrangers et donnent naissance à des flux
monétaires qui quittent le territoire national.
Les exportations se traduisent par une entrée d’argent qui constitue une injection
dans le circuit au même titre que les investissements autonomes et les dépenses
publiques.

Une fois l’équilibre est déterminé, voyons maintenant comment les exportations
impactent le niveau d’activité économique ?

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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

2) L’impact de la variation des exportations sur le revenu national.


On s’intéresse à l’effet d’une variation du volume des exportations sur le revenu
national. L’effet des exportations sur le revenu décrit le mécanisme du
multiplicateur d’exportation.

Le multiplicateur d’exportation est le rapport entre la variation du revenu national


et la variation des exportations. On démontre que le multiplicateur d’exportation
est égal à 1/1-b.

A l’équilibre on’a : Y +M = C + I0 + G0 + X
Y = C0+ b (Y-T) + I0 + G0 + X – M
Y- bY = C0 - bT + I0 + G0 + X – M
Y = 1/1-b [C0 - bT + I0 + G0 + X – M ]
Or K = ∆Y/ ∆X = dY/dX = 1/1-b
Ainsi le multiplicateur d’exportation est égal au multiplicateur d’investissement et
par conséquent, les exportations exercent le même effet sur le niveau d’activité
économique et d’emploi que l’investissement.
Précision : les importations sont dans la réalité fonction du revenu national comme
suite : M = f ( Y) = M0 + m Y avec 0 < m< 1
A l’équilibre :
Y + M0 + m Y = C0+ b( Y-T) + I0 + G0 + X
Y + m Y - bY = C0 – bT + I0 + G0 + X - M0
Y ( 1- b + m ) = C0 – bT + I0 + G0 + X - M0
Y = 1/(1-b+m) [C0 – bT + I0 + G0 + X - M0 ]
Donc K= dY/dX = 1 / (1-b+m)
Dans ce cas le multiplicateur d’exportation est 1/(1-b+m), il est inférieur au cas
précédant. Cela s’explique par le fait que les importations constituent des fuites qui
font diminuer l’effet multiplicateur des exportations.
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Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

Chapitre III : le modèle IS- LM

Jusqu’à présent, nous avons étudié l’équilibre macroéconomique sans prendre en


compte la monnaie. Or l’analyse keynésienne est une analyse globale qui intègre le
marché des biens et services, le marché de l’emploi et le marché de la monnaie.
Contrairement aux classiques qui considèrent que la monnaie est neutre (elle
n’affecte nullement la sphère réelle de l’économie à savoir la consommation,
l’investissement et l’emploi), Keynes avance que la monnaie agit sur le
comportement des agents économiques et ainsi peut être utilisée pour encourager
l’activité économique.

Section 1 : Généralités sur la monnaie.

1) Définition de la monnaie.
La monnaie est le stock d’actifs facilement mobilisables pour effectuer des
transactions. Elle est composée généralement des billets de banques, des pièces
métalliques et des dépôts à vue dans les banques qui sont utilisables
immédiatement par chèques.
La monnaie se limite donc à ce qui est vraiment liquide, et ne demande pas de délai
pour servir dans les transactions.

2) Les fonctions de la monnaie.


On reconnaît généralement à la monnaie trois fonctions essentielles :
a) La monnaie : Moyen de réserve de valeur
La monnaie permet le transfert du pouvoir d’achat du présent vers le future.
Exemple : si une personne travaille aujourd’hui et gagne 100 DHS, il peut garder
48
Macroéconomie /S2 Pr : O. AKHSAS AU : 2017-2018

cet argent pour le dépenser demain, la semaine prochaine ou le mois prochain.


b) La monnaie : instrument de compte
La monnaie permet de donner une mesure de la valeur des biens. On dit par
exemple que le bien « stylo » peut être échangé contre 10 DHS. La valeur du stylo
est alors 10 dhs.
c) La monnaie comme moyen de règlement de transaction
La monnaie est utilisée pour acheter des biens et services. Ainsi en entrant dans un
magasin, nous savons que le vendeur acceptera notre argent en échange des
produits qu’il vend.
3) Les motifs de préférence à la liquidité.
La monnaie est demandée pour sa liquidité, c’est-à-dire son aptitude à être
échangée à n’importe quel moment contre n’importe quels biens. Keynes distingue
trois motifs essentiels qui poussent les agents économiques à détenir de la monnaie
liquide. C’est ce qu’il appelle les motifs préférence à la liquidité

a) Motif de transaction :
Il s’agit de la demande de monnaie pour effectuer des achats quotidiens. Cette
demande de monnaie est fonction croissante du revenu.
b) Motif de précaution :
Il s’agit de la demande de monnaie pour faire face à des dépenses imprévues :
maladie, accident et tout autre risque de la vie. Cette demande de monnaie est aussi
fonction du revenu.
On peut donc noter L1 : la demande de monnaie pour motif et pour motif de
transaction et de précaution.
L1 = L1(Y) avec L’1 > 0
c) Motif de spéculation :
C’est la demande de la monnaie à des fins de spéculation en bourse. La spéculation
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consiste à acheter des actifs réels ou financiers lorsque leurs prix sont bas et à les
revendre lorsque leurs prix ont augmenté.
Les encaisses de spéculation sont détenues dans une quantité importante lorsque le
prix des titres sont chers. Par contre les encaisses de spéculation se réduisent
lorsque les prix des titres baissent
Il existe une relation négative entre le taux d’intérêt et le prix des titres financiers :
lorsque le taux d’intérêt augmente le prix ( = cours ) des titres baisse .
Keynes souligne ainsi qu’il existe une relation inverse entre le taux d’intérêt et la
demande de la monnaie pour motif de spéculation.
La demande de monnaie pour motif de spéculation est notée L2 avec :
L2 = L2 (i) avec L’2 < 0.
4) Le marché de la monnaie.
a) La demande de monnaie.
La demande de monnaie L est égale à la somme de L1 (demande pour motif de
transaction et de précaution) et L2 (demande de monnaie pour motif de
spéculation).
donc : L = L1 (Y) + L2 (i)
En somme, la demande de monnaie est une fonction décroissante du taux d’intérêt.
Aussi le taux d’intérêt est inversement relié à la quantité de monnaie disponible (si
la quantité de monnaie diminue le taux d’intérêt augmente) .
b) L’offre de la monnaie
L’offre de monnaie est notée M. Elle est considérée exogène : elle est fixée par
banque centrale.
L’équilibre sur le marché de la monnaie est conditionné par l’égalité entre la
demande de monnaie et l’offre de monnaie (voir représentation graphique).

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On rappelle que le système économique comporte deux sphères : la sphère réelle et


la sphère monétaire. L’équilibre macroéconomique global s’applique à tout le
système économique dans ses deux sphères.
La théorie keynésienne montre que la jonction entre les deux sphères se fait à
travers le taux d’intérêt. L’équilibre sur le marché des biens et services conduit à la
courbe IS et l’équilibre sur le marché de la monnaie conduit à la courbe LM.

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Section 2 : la courbe IS et la courbe LM


1) La courbe IS.
a) Définition
La courbe IS matérialise l’ensemble des points d’équilibre sur le marché des biens
et services, c’est-à-dire toutes les combinaisons du taux d’intérêt i et du revenu Y
pour lesquels, la condition d’équilibre sur le marché des biens et services est
vérifiée (il y a une égalité entre l’investissement et l’épargne (I=S)).
b) Construction de la courbe IS
On suppose qu’à l’équilibre Y = C + I + G0
Avec I = I0 + di ; d<0
On constate que la dépense globale (C + I + G0) est négativement liée au taux
d’intérêt i. En Effet si le taux d’intérêt augmente l’investissement baisse et de ce
fait la demande globale aussi.
Précision : Ici la demande globale est constituée de la consommation de
l’investissement et de la dépense publique. Ce sont les composantes de la demande
dans une économie fermée avec pouvoirs publics qui constitue l’objet du modèle
IS-LM. L’économie ouverte n’est pas étudiée par ce modèle.

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Pour un taux d’intérêt i1, on a sur le graphique (a) le point d’équilibre E1


correspondant à une demande D1, un taux d’intérêt i1 et un revenu Y1. Le point se
retrouve sur le graphique (b) reliant le taux d’intérêt au revenu et donne le premier
point de la courbe IS.
Avec un taux d’intérêt i2 < i1 la demande globale augmente et se déplace vers le
haut : D2 (i2). Il en est de même pour le revenu qui passe à Y 2. Le nouveau point
d’équilibre devient E2 que l’on trouve sur le graphique (b) et qui constitue le
deuxième point de la courbe IS. En répétant cette opération pour tous les points
d’équilibre, on obtient la courbe IS.

c) Interprétation de la courbe IS :
La courbe IS est décroissante. Lorsque par exemple le taux d’intérêt diminue,
l’investissement augmente et l’équilibre se trouve rompu (parce que la demande
globale a changé). Pour parvenir à une nouvelle situation d’équilibre, il faut que le
revenu global augmente de façon à générer une épargne égale à l’investissement.
Sur le marché des biens et services, il existe une relation décroissante entre le
revenu et le taux d’intérêt, d’où l’allure décroissante de la courbe IS.

2) La courbe LM
a) Définition
La courbe LM matérialise l’ensemble des points d’équilibre sur le marché de la
monnaie, c’est-à-dire toutes les combinaisons du taux d’intérêt et du revenu pour
lesquels l’offre de monnaie (M) est égale à la demande de monnaie(L).
b) Construction de la courbe LM :

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A partir d’une situation d’équilibre E1 correspondant à un revenu Y1, un taux


d’intérêt i et à la demande de monnaie L1. On suppose une augmentation du revenu
qui passe à Y2. Il en résulte une augmentation de la demande de monnaie qui passe
à L2 et une hausse du taux d’intérêt qui passe à i1, ce qui donne lieu à un nouveau
point d’équilibre E2. Les deux points d’équilibre se retrouvent sur le graphique (b)
comme deux points de la courbe LM reliant le taux d’intérêt au revenu. En répétant
cette opération pour tous les points d’équilibre, on obtient la courbe LM.

c) Interprétation de la courbe LM :
La courbe LM est croissante. Plus le taux d’intérêt est faible, plus les encaisses de
spéculation sont importants (L2 est élevée). Il faut donc que le revenu national
baisse pour générer une diminution de L1. La diminution de L1 compense
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l’augmentation de L2 pour parvenir à la situation d’équilibre : L = M

Section 3 : L’équilibre synthétique.


L’équilibre synthétique correspond à l’équilibre simultané sur le marché des biens
et services et sur le marché de la monnaie.
Graphiquement, il correspond au point d’intersection entre la courbe IS et LM
superposées sur le même graphique.
À l’équilibre synthétique la demande de biens et services est égale à la production
réalisée et en même temps la demande de monnaie est égale à l’offre de monnaie.

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Références bibliographiques
Bernier. B et Simon. Y (2007), Initiation à la macroéconomie, Dunod, Paris.
El Abdaimi M,(1994), Economie politique, Imprimerie Najah EL jadida, édition
2001.
Mankiw GN. (2010) , Macroéconomie, De boeck, édition 2010.
Trachen A. (1993), Economie politique, Afrique Orient, édition 2012.

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Exercices.
EXERCICE 1
Soit la fonction de consommation : C = 10 + 0,5 Y
1) Que signifie 10
2) Si Y= 100 , calculez PMC et PME , interprétez .
3) Calculez pmc et pme et interprétez.
4) Calculez ER.
5) Déterminez la fonction d’épargne.
6) Représentez graphiquement les fonctions de consommation et d’épargne.
EXERCICE 2
Soit une économie fermée sans secteur public. La fonction de consommation est :
C = 100 + 0.8 Y. où Y est le revenu national. On suppose que l’investissement est
exogène est égale à 50.
1) Dans la fonction de consommation C = 100 + 0.8 Y, donnez la signification de
100.
2) Déterminez la fonction d’épargne.
3) Déterminez le niveau du revenu d’équilibre.
4) Si les entreprises décident d’augmenter leur investissement à 100, quel sera
l’effet sur le revenu d’équilibre ?
EXERCICE 3
Soit une économie fermée avec secteur public dont les données sont ainsi (chiffre
en millions) :
pmc = 0.5
Consommation incompressible = 10
Dépenses publiques autonomes = 15
Recettes fiscales = 8
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Investissement autonome = 10
On note que le revenu devant conduire cette économie vers le plein emploi est de
100 millions.
1) Déterminez la fonction consommation de cette économie
2) Déterminer la fonction de demande globale.
3) Calculez le niveau du revenu d’équilibre et montrez qu’il s’agit d’un équilibre
de sous-emploi.
Pour parvenir au plein emploi, l’Etat décide d’augmenter les dépenses publiques.
On suppose que ces dépenses soient financées par un emprunt public.
4) Déterminez le montant de dépenses à engager pour atteindre l’objectif du plein
emploi.
EXERCICE 4
Soit une économie fermée caractérisée par les fonctions suivantes :
C = 0.8 Y + 100 (consommation)
I = 150 – 600 i (investissement)
L1 = 0.2 Y (demande de monnaie pour motif transactions et précaution)
L2 = 50 – 400 i (demande de monnaie pour motif de spéculation)
M= 200 (masse monétaire)
1) Ecrire les relations d’équilibre sur le marché des biens et services et celui de la
monnaie.
2) Calculez le revenu d’équilibre et le taux d’intérêt d’équilibre.
On fait intervenir l’Etat pour pratiquer une politique de relance par une dépense
publique de 10. On suppose que cette dépense est financée entièrement par un
prélèvement fiscal.
3) Déterminez l’impact de cette décision sur l’activité économique. En déduire le
revenu et le taux d’intérêt du nouvel équilibre.

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