Cours Methodologie N1 2020
Cours Methodologie N1 2020
Cours Methodologie N1 2020
de Madagascar
COURS DE MÉTHODOLOGIE
DE RECHERCHE EN ANTHROPOLOGIE
ENVIRONNEMENTALE ET EN ÉCOLOGIE
Année Universitaire
1
(2019-2020)
COURS N°1
I)-Présentation des deux Enseignants-chercheurs en
charge de ce cours
2
II)- Présentation du Master II de recherche
Dans ce système LMD, le Master II est sanctionné par ce que nous qualifions
de « diplôme-passerelle ». En ayant soutenu son Mémoire de Master II de
recherche et totalisé les 300 « Crédits ECTS » (4), l’étudiant a toutes les possibilités
de soumettre son projet de thèse devant le Conseil scientifique d’une École
doctorale, si tel est son désir. Et si son projet est retenu par l’Équipe d’Accueil de
l’École doctorale de son choix, il pourra enfin signer la Charte de Thèse (5) pour se
(1) Le diplôme du Master II est l’équivalent du Diplôme d’étude Approfondie (DEA) de l’ancien
parcours académique, à Bac+5. Puisque nous sommes dans le système francophone, il faut dire
« Master Deux » au lieu de « Master Two ». Il faut reconnaitre que cet anglicisme est quelque
maladroit.
(2) Abréviation des termes « Licence », « Master » et « Doctorat ». Le sigle LMD fait maintenant
partie du jargon de l’Enseignement Supérieur et désigne les trois « temps forts » de l’ensemble
du parcours académique du système européen. L’objectif affiché est de former des étudiants
scientifiquement solides et professionnellement compétents ayant ainsi acquis une forte capacité
de réflexion critique et éthique pour en faire des citoyens responsables de demain.
Décloisonnement du parcours de formation, veille informative, professionnalisation : tels sont les
trois pôles autour desquels s’articule le système LMD. Il faut savoir que L’Afrique francophone a
basculé dans le Système européen du LMD dès la fin des années 2000, sous la houlette de
l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), mondialisation oblige ! Dans ce sens, en 2008,
la Conférence Internationale des Responsables Universitaires et Institutions Scientifiques
(CRUISEF) a pris l’initiative d’organiser, au Maroc, un Colloque international (avec 180
Responsables universitaires et des Grandes Écoles issus de 25 pays). Une Charte des Masters
a été élaborée à cette occasion, connue sous l’appellation « Charte de Fès » (Cf. Lettre de la
CRUISEF, N°4, 2008, pp.1-5)
(3) Cf. Décret N°2012-831 du 18 Septembre 2012, modifiant certaines dispositions du décret du 15
février 2008 portant réforme du Système de l’Enseignement et de la recherche en vue de la mise
en place du système « Licence, Master, Doctorat » (LMD).
(4) « ECTS », est le sigle issu de l’expression anglo-saxonne « European Crédit Transfer System ».
Il sert à valider les niveaux d’acquisition de connaissance scientifique dans les parcours de
formation académique au sein du système du LMD de l’Union Européenne.
(5) Cf. Arrêté ministériel N° 1610/-2013 portant Charte de Thèse du 05 Juin 2013. Ce texte est
accessible en ligne en cliquant : http://lmd.mesupres.gov.mg/?page=texte (consulté le 29 /03/20).
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construire intellectuellement et humainement, pendant trois ans, dans un parcours
doctoral de spécialisation scientifique.
(1) Car, dans l’esprit du système LMD de recherche, la Thèse de doctorat s’inscrit dans la continuité
du Mémoire de Master II de recherche. Il faut noter qu’à l’UCM, on respecte le choix des
étudiants, car tous les étudiants ne visent pas forcément le parcours doctoral.
(2) Ce sont des ouvrages des pères-fondateurs de l’anthropologie (lire nos cours d’anthropologie
générale en ligne en cliquant : www.anthropomada.com (consulté le 01 / 04 / 2020).
(3) Voici quelques documents en ligne pour mieux vous préparer à cette soutenance : « La
soutenance d’un Mémoire », en cliquant, https://www.scribbr.fr/memoire/la-soutenance-de-votre-
memoire/ (consulté le 01/ 04 /2020) ; « Mémoire: comment réussir sa soutenance? », en
cliquant:https://www.digischool.fr/methodologie/revisions/comment-reussir-sasoutenance-de-
memoire-5286.html (consulté le 01/ 04/ 2020) ; « Conseils pour la soutenance », en cliquant :
https://arlap.hypotheses.org/conseils-pour-la-soutenance (Consulté le 01/ 04/ 2020).
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ce genre d’engagement intellectuel et formel sous forme d’un projet de thèse au
point de le faire figurer en marge du Mémoire.
(1) Pour plus de renseignement sur cette Fédération Internationale de Universités Catholiques
(FIUC), cliquez : http://www.fiuc.org/page-membres_fr.html (consulté le 02 / 04 / 2020).
(2) Le jury est composé de trois Membres dont un Président qui est un Enseignant- chercheur,
obligatoirement de rang magistral mais qui n’est pas nécessairement de la discipline scientifique
du Mémoire à soutenir. Ce dernier peut être un Historien, un Géographe, un Sociologue ou
encore, un Linguiste. Par souci d’objectivité, le Directeur du Mémoire du Master II ne peut pas
présider la soutenance. Il assure plutôt la fonction de rapporteur. Quant au troisième Membre du
jury, il fait fonction d’examinateur et ce, dans une démarche de regard critique. Ce dernier doit
être un Enseignant- chercheur confirmé. Il doit être, au minimum, du grade académique de
Maître de conférences dans la discipline scientifique du Mémoire à soutenir. Le Doyen de la
Faculté est là pour veiller scrupuleusement à la bonne tenue de cette clé de répartition.
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recherche, en mettant l’accent sur les difficultés rencontrées (1) d’une part et, d’autre
part, sur les stratégies retenues pour y faire face. Cette prise de parole préliminaire doit
être bien préparée pour ne pas dépasser le temps imparti. Nous y reviendrons dans les
prochains cours.
(1) Des difficultés du point de vue matériel (difficultés pour la documentation, pour les descentes de
terrain, pour le financement,...) ainsi que du point de vue théorique (pour la conception de la
problématique, pour le classement des données de terrain,...).
(2) Cf. JONES Russel, BURNAY Nathalie, SERVAIS Olivier, « L'observation participante » in,
Méthodes de recherche en sciences humaines », De Boeck, Louvain-la-Neuve, 2000 (pp. 45-
74). Article accessible en ligne, en cliquant : https://www.cairn.info/methodes-de-recherche-en-
sciences-humaines--9782804128005-page-45.htm22 (consulté le 02 / 04 / 2020).Lire également
la note de lecture de cet ouvrage faite par Eustache MÊGNIBÔTO, en cliquant :
https://eustachem.ilemi.net/?Notes-de-lecture-Russel-A-Jones#.X8mYO1UzbIU (consulté le 02 /
04 / 2020).
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de vous documenter correctement, en puisant à des sources
d’information les plus variées (signe de maturité intellectuelle et de
veille informative) et qui se traduit par des notes de bas de page (1)
dignes d’intérêt et dictées par un choix bibliographique pertinent ;
(1) Il y a plusieurs manières de présenter les notes de bas de page. Nous y reviendrons.
(2) Cf. PAQUAY Léopolod, CRANAY Marcel, DE KELE Jean-Marie, L’analyse qualitative en
éducation. Des pratiques de recherche aux critères de qualité, De Boeck Supérieur, Louvain-la-
Neuve, 2006.
(3) Un texte dactylographié de 120 à 150 pages (hors Annexes) qui doit être rédigé et présenté
conformément aux normes académiques. Pour en savoir plus, lire : SAVOYE de PUINEUF
Danielle, Annick MIQUEL, Le tapuscrit. Recommandations pour la présentation de travaux en
sciences humaines, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, Paris, 1999 ;
DOPPAGNE Albert, Majuscules, abréviations, symboles et sigles. Pour une toilette parfaite du
texte, Éditions Duculot, Paris / Louvain-la-Neuve, 1991 ; BOUTILLER Sophie, GOGUEL
D’ALLONDAS Alban, Réussir sa thèse ou son mémoire, Éditions Studyarama, Paris, 2002. ;
LANI-BAYLE Martine, Écrire une recherche. Mémoire ou thèse, Lyon, Chronique Sociale, 2002 ;
MANGALAZA Eugène Régis, Concevoir et réaliser son Mémoire de Master I et de Master II en
sciences humaines et sociales L’Harmattan / Éditions Tsipika, Paris / Antananarivo, 2O11.
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arriver, le candidat est invité à être habile dans le triple exercice de
lecture, de réflexion et de rédaction.
Cette liste en douze points est loin d’être exhaustive mais elle a le mérite de
vous permettre de mesurer tout le chemin que vous avez à parcourir pour concevoir
et pour réaliser votre Mémoire de Master II de recherche.
(1) Cf. VAN CAMPENHOUDT Luc, QUIVY Raymond, Manuel de recherche en sciences sociales,
DUNOD, Paris, 1995 ; BEAUD Stéphane, WEBER Florence, Guide de l’enquête de terrain, La
Découverte, Paris, 1997.
(2) PAN Wei, « Les valeurs fondatrices des sociétés contemporaines » in, Diogène, 2008/1 (N° 221),
pp. 73-99. Texte en ligne, en cliquant : https://www.cairn-int.info/revue-diogene-2008-1-page-
73.htm (consulté le 09 / 04 / 2020) ; SCHNAPPER Dominique, « De la difficulté à comprendre la
société » in, Le Débat, N° 197. Texte en ligne, en cliquant : https://www.cairn-int.info/revue-le-
debat-2017-5-page-114.htm (consulté le 15 / 04 / 2020).
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III)- Les premières phases de conception du Mémoire de
Master II
a)- Un sujet qui vous intéresse et qui vous interpelle, du moins qui est
susceptible de l’être (si ce n’est pas encore le cas), après un temps de
réflexion et après un certain travail de documentation
Est-ce que le domaine ciblé vous dit-il quelque chose (vous parle
réellement), au point de vouloir y consacrer un moment de votre temps
même si, pour l’heure, vous ne savez pas encore comment vous y
prendre réellement ? Ici, on est dans le domaine de la motivation pour
son sujet ;
Quel est le (ou quels sont les) lien(s) de ce sujet provisoirement retenu
avec votre principal centre d’intérêt ? Seriez-vous prêt à vous y investir
à fond, tant affectivement qu’intellectuellement au point de vous
identifier avec ce sujet à y penser constamment, à vous vous mobiliser
autour des questions qui, de près ou de loin, semblent toucher ce sujet,
à en parler avec enthousiasme et détermination aux autres étudiants de
votre promotion, avec vos proches et à vos amis,…) ? Ici, vous êtes
dans la phase d’appropriation de votre sujet afin de l’incorporer dans
votre tête. C’est l’étape du « brainstorming ».
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Dans tous les cas de figure, prenez la peine de noter sur une feuille de
papier, pêle-mêle, vos idées en vrac au cours de votre « imagination vagabonde »
(1). L’« imagination vagabonde » n’est pas la douce rêverie d’un esprit au repos.
Au contraire, c’est plutôt le résultat d’un esprit éveillé qui, dans son silence intérieur,
s’est mobilisé pour « traquer » le maximum d’idée, en furetant ça et là. Suite à cela, il
y ale travail de « mise en mots » de ces flots d’image. Ne vous vous contentez
surtout pas de cette « visualisation mentale » qui va se dissiper instantanément tel
un flocon de nuage. C’est pourquoi il faut garder précieusement ces pages
griffonnées à la hâte pour les revisiter plus sereinement par la suite. Car, c’est
souvent à partir de petites étincelles d’idée, apparemment sans importance, que l’on
arrive à faire jaillir tout un flot de pensée lumineuse.
En effet, porté par son inspiration, l’artiste créateur éprouve d’abord des
exaltations, des doutes, des angoisses. Ce sont d’abord des impressions diffuses qui
se cristalliseront peu à peu en rêve, en vision, en pensée intuitive avant de se
solidifier par la suite en une forme aux contours précis et distincts pour aboutir en fin
de course à un projet bien conçu. Tout cela pour dire que c’est d’abord dans la
chaleur intuitive de l’« atelier intérieur» (2) de son moi profond que se réalise cette
métamorphose de l’esprit avant d’être reprise et retravaillée au niveau de l’« atelier
extérieur » (un chevalet, un piano, une guitare, un studio d’enregistrement,...).
(1) Pour en savoir plus sur l’« imagination vagabonde » lire : Gaston BACHELARD, La terre et les
Rêveries de la volonté : essai sur l’imagination des forces, Paris, Éditions Jean Corti, 1948 ;
Maurice MERLEAU-PONTY, L’œil et l’esprit, Gallimard, Paris, 1964 ; Frédéric NIETZSCHE,
Humain, trop humain. Un livre pour les esprits libres, Denoël Gonthier, Paris, 1978 ; Claude LÉVI-
STRAUSS, Regarder, écouter, voir, Seuil, Paris, 1979 ; Arthur DANTO, La transfiguration du
banal. Une philosophie de l’art, Seuil, Paris, 1989 ; Marie-Claire ROPARS- WUILLEUMER, L’idée
d’image, PUF, Paris, 1995 ; Christine BUCI-GLUCKSMANN, La folie du voir. Une esthétique du
virtuel, Galilée, Paris, 2002.
(2) Cf. BROUSTRA Jean (sous la direction de), L’Abécédaire de l'expression. Psychiatrie et activité
créatrice : l’atelier intérieur, Éditions ERES, Toulouse, 2000.
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Ainsi donc, dans l’apprentissage pour la recherche, ce sont les premiers
pas qui vont compter pour la suite. Autrement dit, dès les premiers pas, il faut
déjà s’initier au bon réflexe (1). Inscrit dans la répétitivité de la persévérance,
c’est ce reflexe qui fera « vagabonder » votre imagination sans la moindre
retenue, appuyée en cela par ce que le sociologue Pierre BOURDIEU appelle un
« habitus » (2). Et, de l’«habitus » à l’habitude, il n’y a qu’un pas à franchir.
(1) Ici, le bon réflexe consiste, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, à : se laisser porter par
son « imagination vagabonde », à essayer rapidement de voir clair dans ces flots d’idée qui se
bousculent dans votre tête pour leur donner consistance et forme. C’est un travail de « capture
d’image mentale » : d’abord, essayez de ficeler ces images avec des séries de mot simple qui vous
passent immédiatement par la tête mais qui vous paraissent assez significatifs pour ne pas perdre le
fil des idées suscitées par le défilé d’image (Il faut reconnaître que ce jeu de capture d’image mentale
n’est pas facile car l’imagination va plus vite que la main qui écrit). et puis, essayez de mettre ces
mots en ordre, en vue de bâtir un discours cohérent.
(2) L’« habitus » est une vieille notion qui remonte à l’Antiquité grecque et qu’ARISTOTE désigne par le
terme « hexis ». qui veut dire « Us et coutumes », « pratiques sociales ». Le sociologue-philosophe
béarnais Pierre BOURDIEU a retravaillé cette même notion, en enrichissant l’« hexis » des Grecs par
l’apport du terme latin « habere » (qui signifie « avoir », « posséder en soi », « partager ensemble »),
Ce concept est central pour Pierre BOURDIEU qui y voit tout un système de dispositions durables
que nous portons en chacun de nous et qui déterminent inconsciemment nos manières de penser et
d’agir. Vu sous cet angle de regard, l’« habitus » est un produit d’une appartenance sociale. C’est une
sorte de « capital socioculturel inné». Mais sous un autre angle de regard, l’habitus relève également
de l’acquis car il se construit dès la petite enfance au sein de la famille et évolue au fur et à mesure de
la mobilité sociale de l’individu. C’est donc l’habitus qui donne la « traçabilité » de notre parcours de
vie Il est au cœur de ce que nous sommes devenus et de ce que nous allons advenir. C’est dans la
mouvance et la viscosité de l’habitus que nous jouons avec la culture, dans sa dimension à la fois
individuelle et collective. C’est là aussi qu’elle joue et se déjoue de nous, jusqu’aux moindres
interstices de notre vie. L’habitus est ce que les Malgaches appellent « diditry » (du verbe,
« mifadiditry »). (3) Cf. Anne-Catherine WAGNER, Les 100 mots de la sociologie, PUF (Collection
« Que sais-je ? »), Paris, 2010.
(3) Cf. Ralph LINTON, Fondements culturels de la personnalité, Dunod, Paris, 1977.
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Ce sont les anthropologues anglo-saxons (1) qui, les premiers, ont travaillé sur
l’importance de la culture dans la vie individuelle et collective.
C’est pourquoi, sans vous précipiter outre mesure, il vous faut donc
« ruminer » (mitsakotsako) votre sujet avant la prise définitive de décision. Mais
dans ce travail de maturation, sachez que vous ne devez pas prendre trop de temps
pour arrêter votre choix. Vous ne devez pas vous enfermer dans une valse
d’hésitation stérile. D’une manière ou d’une autre, il faut avoir le courage de « vous
jeter à l’eau ».
(1) Dans l’histoire de l’anthropologie, ces anthropologiques anglo-saxons (Franz BOAZ [1858 1942],
Benedict RUTH [1887-1948], Abraham KARDINER [1891-1981), Ralph LINTON [1891-1988],
Margaret MEAD [1901-1978], Gregory BATESTON [1936-1968]) ont fondé et développé une
École de pensée, le « culturalisme ». Ils entendent ainsi tourner le dos à une autre « École de
pensée », l’«évolutionnisme ». Pour en savoir plus lire : Eugène Régis MANGALAZA, Christian
MERIOT, Cours d’Anthropologie Générale, en ligne, en cliquant : www.anthropomada.com
(consulté le 16/04/2020)
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Sur le plan matériel, disposez-vous de moyens pour accéder
réellement aux différentes sources de documentation, articles, fond
d’archives, mémoires ou thèses déjà soutenus,…) ? Si pour le moment
vous n’en disposez pas d’information pour traiter ce sujet (ouvrages
personnels, ouvrages disponibles dans divers Centres pensez-vous
avoir le temps d’y remédier ultérieurement ? Pour répondre à ces
questions, sachez que l’Université Catholique de Madagascar (UCM)
possède actuellement une bibliothèque physique et surtout une
bibliothèque en ligne où vous pouvez chercher vos documents
scientifiques, en allant par exemple sur « cairn.info », sur « JSTOR »,...
A côté de cela, l’UCM a encore mis à votre disposition un autre outil de
travail qui est le Centre de Recherche pour le Développement (CRD)
Sur le plan idéel, est-ce que, d’après votre conviction intime, le sujet
retenu est dans vos aptitudes ? Est-il à votre mesure ? Est-il à votre
portée ? N’est-il pas trop ambitieux et trop large pour être abordé à ce
niveau d’étude ? Ne faut-il pas délimiter votre champ de recherche et
réserver les autres champs pour des travaux ultérieurs (au niveau de la
thèse par exemple) ? Pour ce cas, les conseils des aînés (amis ou
enseignants spécialistes du thème) et la lecture préliminaire des
documents de base seront incontournables et nécessaires
Cette étape s’appelle le « triangle logique du sujet pertinent » avec ses trois
pôles à savoir, l’ « idée », les « sources » et la « méthode » (1). Autrement dit, il
(1) Cf. GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1981 ; DANIELE Vinci,
Metodologia générale. Strumenti bibliografici, modelli citazionali et techniche di struttura per le
scienze umanistriche, PFTS University Press, Cagliari, 2013.
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s’agit de traiter un sujet préféré (que vous aimez), doté des références
documentaires assurées (consultables), où il est possible formuler préalablement
une problématique et un plan de rédaction validé par le Directeur.
Pour vous aider à avoir le maximum de lucidité sur cette partie très délicate
de votre travail, le mieux serait d’essayer d’abord de formuler votre sujet avec trois
ou deux intitulés différents. Il faut les expliciter par la suite par des sous-titres (d’une
ligne au maximum) afin de clarifier votre choix. Ensuite, il vous faut bien réfléchir sur
ces différents sujets et manifester peu à peu votre préférence, avec des arguments
techniques à l’appui (il s’agit de procéder par élimination). Enfin, vous devez choisir.
Ce travail peut prendre deux semaines à un mois. Mais, pas plus. Car à ce
stade, il ne s’agit que d’un titre encore provisoire.
Néanmoins, il faut éviter des sujets à sensation, trop à la mode, car il vous
faut un surcroît de travail d’information et de réflexion pour le faire sortir de sa
banalité et pour lui redonner finalement un regain d’intérêt. Ici encore, il faut être ni
trop banal, ni trop original ; il faut être ni trop vaste ni trop étroit. Il vous faut la
(1) Il faut bien noter que le titre ne sera définitif qu’avant l’impression finale et ce, en tant compte de
l’aval du Directeur du Mémoire.
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posture du « juste milieu » (1). Or, ce « juste milieu » ne peut être que le fruit d’un
travail de réflexion personnelle et bien mûrie.
La prise de contact avec votre futur Directeur de Mémoire doit être amorcée
dès début du Master I, ou au plus tard avant le départ des grandes vacances
(Semestre 8, du système LMD).
Existe-t-il des liens entre votre futur sujet de Mémoire de Master II et les
contenus des cours qui ont été dispensés à l’Université Catholique de
Madagascar par votre futur Directeur ?
e)- Un sujet qui est une modeste contribution, pour faire « bouger les
choses » ; un sujet innovant
(1) Pour cela, il faut se renseigner officiellement auprès des autorités administratives des Écoles
doctorales agréées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et
suivre à la lettre leurs recommandations. Surtout, évitez les passe-droits qui risquent de vous mettre
en porte à faux dans un avenir proche ou lointain.
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de carrière est surtout basée sur des critères scientifiques hautement
sélectifs (1). C’est pourquoi le parcours de formation dans l’Institut
Supérieur d’Anthropologie et d’Écologie (ISAE) au sein de l’Université
Catholique de Madagascar (UCM) s’efforce d’orienter l’étudiant vers
des débouchées à la fois académiques et extra-académiques. Ce
double regard est en parfaite cohérence avec l’esprit la Charte de
Thèse (Cf. Arrêté N°12610 / 2 013 du 05 Janvier 2013). L’employabilité
et l’excellence académique étant l’horizon permanent du parcours de
formation doctorale, l’Université Catholique de Madagascar (UCM)
s’inscrit dans cette difficile et exaltante démarche dès le Master II. Dans
ce double regard initié dès le Master II, l’idéal est de trouver un
organisme qui accepte de vous embaucher et de financer une partie de
votre Mémoire de Master II. Après quelques années de bons et loyaux
(1) Avec le Diplôme de Master II de Recherche (à Bac+5) et si vous êtes déjà recruté par le Ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, vous avez, le grade académique de
« Maitre Assistant ». Vous avez le droit de porter une épitoge à deux barrettes. Mais le
recrutement à ce niveau académique se raréfie de plus en plus ces derniers temps. Des milliers de
dossiers traînent actuellement au sein de la Direction des Ressources Humaines (DRH) de ce
Ministère. Après la Thèse de doctorat (à Bac+8), vous avez le grade académique de « Maître de
Conférences », avec le droit de porter une épitoge à trois barrettes. Après un parcours de
formation postdoctoral (à Bac+11 et plus), et après soutenance orale et publique de vos travaux de
recherche, vous avez le grade académique de « Professeur Habilité à Diriger des Recherches »
(plus connu sous le jargon de « Professeur-HDR »), avec le droit de porter une épitoge à quatre
barrettes. A ce niveau de grade académique, vous pouvez diriger des Thèses de doctorat car vous
faites déjà partie de ce qu’on désigne par « Professeur de rang magistral »). Après un parcours
scientifique et professionnel post-HDR (à Bac+ 16 et plus), vous avez la possibilité de présenter un
ensemble de travaux devant une Commission de spécialiste dénommée Commission Nationale des
Universités et de la recherche Scientifique (CNURS). Les membres de la CNURS, toute spécialité
confondue, sont tous des Professeurs Titulaires .Ils se réunissent sur convocation du Ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique. Ils sont souverains dans leur décision Ici, il
n’y a plus de soutenance orale et publique comme pour les autres grades académiques car vous
jouer maintenant dans « la cour des grands ». Ici, il n’y a pas non plus de « Mention » à donner au
candidat, du genre « Mention honorable », « Mention très honorable ». Après avis favorable de la
CNURS, vous êtes nommé par Décret pris en Conseil de Ministre, au grade de « Professeur
Titulaire ». A ce niveau académique, vous avec le droit de diriger des candidats pour le diplôme de
l’HDR qui relève de votre spécialité. Avec votre grade de Professeur Titulaire, une fois admis à la
retraite définitive (70 ans) vous pouvez accéder au titre de « Professeur Émérite ». A ce niveau,
vous n’avez plus de travaux à présenter. Une simple lettre adressée au Ministre de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique, avec l’appui du Collège des airs, suffit. Vous serez élevé
à cette plus haute distinction du parcours professionnel d’un Enseignant-chercheur par Arrêté
ministériel. Ce titre honorifique et à vie, vous permet de participer à différentes manifestations
scientifiques et académiques, si tel est votre désir et si votre santé le permet. Il est bon de savoir tout
cela, dès le Master II. Car, connaître d’avance le chemin à parcourir est la meilleure intelligence
d’arriver à bon port.
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services, l’idée est de voir cet organisme vous accompagner
financièrement dans votre un parcours de formation doctorale pour
votre rayonnement personnel et pour une plus grande visibilité de votre
organisme employeur.
La métaphore de la corde est assez parlante pour vous faire sentir du doigt
votre situation au regard de votre Directeur de Mémoire. Dans cette image
métaphorique de la corde, imaginons une personne qui se débat dans l’eau car elle
ne sait pas bien nager. Il faut pourtant qu’elle remonte sur la terre ferme, sinon elle
risque de se noyer. Dans ce contexte, le Directeur de Mémoire joue le rôle de
« lanceur de corde » en direction de l’étudiant afin que ce dernier puisse se hisser
lentement sur la terre ferme. Mais si habile et si déterminé que soit le « lanceur de
corde », si solide et si fiable que soit la corde, si l’étudiant n’a pas la force physique
et l’intelligence nécessaires pour s’emparer de cette corde ainsi lancée, ce dernier ne
parviendra jamais à saisir cette opportunité qui lui est généreusement offerte.
Nous avons choisi cette image métaphorique quelque peu inhabituelle pour
dire que l’envie de réussir, en donnant le meilleur et le maximum de soi-même, est
l’une des portes de la réussite. Car, on ne jouit de rien sans rien payer en retour. Le
Master II en Sciences humaines et sociales est aussi une véritable « École de la
vie ».
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IV- Confection de vos propres « outils idéels »
Par la lecture, non seulement vous allez donner des ailes à votre
« imagination vagabonde » mais également aiguiser progressivement votre faculté
à « mettre en mots » les différentes captures de « imagination vagabonde » qui
déborde maintenant de vitalité. Bien conduite, la lecture des grands auteurs est
donc là pour stimuler votre esprit et pour mettre en ordre vos idées.
Et ce n’est qu’en opérant de la sorte que vous allez acquérir peu à peu le
souffle intellectuel requis pour effectuer le saut qualitatif de « imagination
vagabonde » à l’« imagination imaginant » (1). Autrement dit, en vous faisant
accompagner par ces auteurs de base, avec un balbutiement de sujet en main, avec
une murmure de problématique dans la tête, vous voilà en train de « fabriquer »
progressivement ce que nous appelons vos « outils idéels ». Car, n’oubliez pas que
le Master II de recherche Sciences humaines et sociales est un travail scientifique
qui est focalisé sur une spécialité bien précise mais qui fait en même temps
référence à une culture générale très solide.
(1) De « l’imagination vagabonde » à « l’imagination imaginant » : cela signifie que la recherche est
un processus qui se fait étape par étape. Au début les idées sont encore quelques peu
évanescentes, floues, vagues et l’esprit tâtonne. Mais plus on avance, par le travail de lecture, de
réflexion et de l’écriture, avec l’aide du Directeur du Mémoire et en tenant compte des moments
de conversation et partage scientifique avec les amis et les condisciples, on arrive finalement à
bien déterminer les différentes formulations (titre, problématique et plan) de son objet de
recherche. Oui, on finit par déterminer un sujet pertinent, innovant et d’actualité.
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complexité et de la « multidimensionnalité» des questions liées à l’homme et la
nature.
1)- Ouvrages sur papier (avec parfois des extraits et commentaires succincts
en ligne)
(1) Cette Thèse d’AUBERT Sigrid sur les politiques forestières malgaches dépasse largement son
cadre juridique. Car à Madagascar, la question environnementale ne se règle pas uniquement
par un outil juridique dicté d’en haut sans tenir compte des logiques paysannes, issues des
terroirs. S’il est vrai que Madagascar figure parmi les premiers pays du monde à avoir une vraie
politique environnementale basée sur la conservation des espaces forestiers, il n’en demeure pas
moins vrai que la politique coloniale qui consistait à exclure ces logiques paysannes a été un
échec : la déforestation était loin d’être éradiquée. A partir de l’indépendance et, sous l’impulsion
de la communauté internationale, Madagascar s’est donné progressivement une politique
environnementale plus soucieuse de l’unité duelle « homme-nature », en liant systématiquement
la question environnementale et la biodiversité à la question foncière et le développement
socioéconomique. C’est pour dire que pour Madagascar qui est un véritable « sanctuaire de la
nature » tant sur le plan floristique due faunistique, la question environnementale est une
« histoire au futur » qui reste encore à écrire. Dans cette écriture collective, comment concilier
politique de conservation et politique de développement ancré sur le terroir et soucieuse des
ressentis des communautés villageoises ? Ce questionnement qui est l’un des volets de la
mondialisation nous renvoie à Victor HUGO qui avait déjà prédit que l’unité duelle « homme-
nature » sera le grand défi des siècles à venir. Voici ce qu’il a écrit à ce sujet : « Il fallait civiliser
l’homme du côté de l’homme. La tâche est avancée déjà et fait des progrès chaque jour. Mais il
faut civiliser l’homme du côté de la nature. Là, tout est à refaire ». Pour .prolonger le débat, lire :
BERTRAND Alain, RABESAHALA-HORNING Nadia, MONTAGNE Pierre, « Gestion
communautaire ou préservation des ressources : histoire inachevée d’une évolution majeure
environnementale à Madagascar » in, VERTIGO (La Revue électronique en Sciences de
l’environnement, N°3 (Volume 9), Paris, Décembre 2009. Cet article collectif est disponible en
ligne dans toute son intégralité, en cliquant https://journals.openedition.org/vertigo/9231?lang=pt
(consulté le 20 / 04 / 2020).
20
BARLAUT Robert, Écologie générale. Structure et fonctionnement de la biosphère,
Masson, Paris, 1995.
(1) Lire l’excellent compte-rendu de cet ouvrage d’Augustin BERQUE par CASTAN Charlotte in,
Revue de Géographie Alpine, N° 84-1,Paris,1996(pp.7’-75),en cliquant:
https://www.persee.fr/doc/rga_0035 1121_1996_num_84_1_3851_t1_0074_0000_3 et par
DUMARCAY Jacques in, Bulletin de l’École française de l’Extrême-Orient, N° 82, Paris, 1995
(pp.447-448), en cliquant : https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1995_num_82_1_2353
(consultés le 21/ 04/ 2020)
(2) Augustin BERQUE est à la fois géographe et philosophe. Ce double parcours académique lui a
permis de revisiter les coins et recoins du dualisme cartésien qui, à propos de l’humain, oppose
le corps à l’esprit, la connaissance sensitive à la connaissance rationnelle. Avec la sensibilité
d’un géographe, Augustin BERQUE a très vite compris que c’est appauvrir l’humain que de
l’isoler de son lieu naturel. Il rejoint en cela le philosophe naturaliste Jean Jacques ROUSSEAU
qui a eu cette lumineuse inspiration de dire : « Je ne puis méditer qu’en marchant et ma tête ne
va qu’avec mes pieds ». Et, Augustin BERQUE d’affirmer à son que toute étude
environnementale digne d’intérêt doit prendre toujours en compte tous éléments qui le
composent qui vont du monde minéral au monde humain, en passant par le monde végétal et le
monde animal. Fin connaisseur de l’Antiquité grecque, il a donc puisé chez les Grecs le concept-
clé autour duquel va s’articuler toute sa pensée. C’est le concept d’écoumène» (du grec
« oekoumène » qui veut dire « milieu humain », « lieu habité ») et qu’il a longuement développé
dans son ouvrage, « Econoumène-Introduction à l’étude des milieux humains ». [Pour un rapide
tour d’horizon de cet ouvrage, Mona CHOLLET, « Econoumène et médiance d’Augustin
BERQUE, Penser par monts et vaux », Revue Périphéries, Paris, Juin, 2001 (en ligne,
http://www.peripheries.net/article184.htm [consulté le 22/04/2020]); Emmanuel FABRE
« Econoumène- Introduction à l’étude des milieux humains », Revue européenne de géographie,
Paris, Février 2001 (en ligne, https://journals.openedition.org/cybergeo/960 [ consulté le 22/ 04/
2020 ]). La contemplation du paysage occupe une place importante dans la réflexion d’Augustin
BERQUE (pour en savoir plus, lire Eugène Régis MANGALAZA, « Réflexion philosophique sur le
paysage », article intégralement en ligne, en cliquant : www.anthropomada.com (consulté le 22/
04/ 2020).
21
DAJOZ Roger, Précis d’écologie, DUNOD, Paris, 2006.
DUMAS Robert, Traité de l’arbre. Essai d’une philosophie occidentale, Éditions Actes
du Sud, Arles, 2002.
(1) Ces deux ouvrages qui ont été publiés sous la direction d’un même auteur (avec six ans
d’intervalle) montrent que la mondialisation s’inscrit effectivement sous le signe de la mouvance
et, surtout, sous le signe de l’accélération de cette mouvance, à l’échelle planétaire.
(2) Cet ouvrage de base est accessible en ligne, grâce aux travaux du Professeur Jean-Marie
TREMBLAY et de ses collaborateurs qui sont tous des bénévoles. Pour y accéder,
cliquez :http://classiques.uqac.ca/classiques/levy_bruhl/ame_primitive/ame_primitive.html
(consulté le 23/04/2020) Pour une consultation rapide, lisez plus particulièrement le chapitre III
« Force mystique présente dans les rochers et les pierres » et le chapitre IV « Plantes et arbres,
ressources des forces mystiques » de l’Introduction. Vous y verrez que pour Lucien LEVY-
BRUHL, les « primitifs » ont une vision holistique de l’univers car pour eux, les éléments visibles
et invisibles de cet univers s’appellent, s’interpellent et se répondent dans un tout harmonieux.
Pour en savoir plus, consultez également en ligne : MANGALAZA Eugène Régis, WALZER
Nicolas, « Cours d’anthropologie de la religion » (les cours N°1 et N°2) ; MANGALAZA Eugène
Régis, RABEDIMY Jean François, « Cours d’anthropologie du sikidy » (les cours N°1, N°3 et
N°4) en cliquant : www.anthropomada.com (consulté le 25/ 04/ 2020).
22
NOVALIS, Les disciples à Saïs, Gallimard, Paris, 1980 (1).
SUEUR Jean Pierre, Changer la ville. Pour une nouvelle politique d’urbanité, Odile
Jacob, Paris, 1999.
TIBARGHIEN Gilles, Nature, art et paysage, Éditions Actes du Sud, Arles, 2001.
(1) De son vrai nom Friedrich Von HARDENBERG, (1772-1881), NOVALIS est une grande figure de
la littérature allemande. Décédé à l’âge de 29 ans seulement, il a pourtant laissé des textes d’une
profondeur joviale et d’une sensibilité spirituelle inégalée sur le paysage. Pour lui, la profondeur
symbolique d’un paysage ne se dévoile qu’à celui qui sait le contempler. Car le paysage est un
chiffre qui renferme le secret de notre humaine condition et qui nous appartient de décoder à
chaque contemplation, dans une démarche initiatique. Voici ce qu’il a écrit à ce sujet : « Plus que
l’homme le plus spirituel et le plus plein de vie, la nature émerveille par ses profonds détours, par
ses divinations et ses divagations, par ses grandes idées et ses bizarreries (…) ; et si parfois elle
ne semble le royaume que d’un mécanisme aveugle, un regard plus pénétrant y aperçoit au
contraire une mystérieuse sympathie avec le cœur humain »
(2) Cet ouvrage collectif sur les stratégies de gestion des forêts en Afrique et à Madagascar a vu la
participation de nombreux scientifiques malgaches dont le Professeur RAMAMONJISOA Bruno
Salomon de l’École doctorale de l’Université d’Antananarivo), ANDRIAMANANKASINARIHAJA
Stefano Raharijaona et RABEMANAJARA ZO Hasina de l’École Supérieure des Sciences
Agronomiques (ESSA) et RAKOTOARISETRA FANJA Nirina de l’Université d’Antananarivo. Le
texte est accessible en ligne, en cliquant, http://www.fao.org/3/a-c0222f.pdf (consulté le 25 / 04
/2020).
23
ZIEGLER Jean, Le droit à l’alimentation, Mille et une nuits, Paris, 2003 (1).
(1) Ce sociologue suisse s’est d’abord fait remarqué par ses études anthropologiques (Cf. Les
vivants et la mort, Seuil Paris, 1975). Mais très vite, ses travaux de recherche l’ont conduit aux
questionnements sur les multinationales de l’agroalimentaire dans le monde. Dans son ouvrage
Le droit à l’alimentation, voici ce qu’on peut lire au fil des pages : « Sur notre planète Terre,
déclare-t-il, 100.000 de personnes meurent chaque jour de faim ou de ses conséquences
immédiates et 826 millions d’êtres sont gravement sous-alimentés de façon chronique. Or, la
planète regorge de richesse, les ressources alimentaires pourraient nourrir 12 milliards d’êtres
humains, soit deux fois plus la population mondiale. L’actuel ordre du monde n’est pas seulement
meurtrier, il est absurde ». Dans un autre livre intitulé, Lesbos, la honte de l’Europe (Seuil, Paris,
2020) il est encore plus percutant sur cette question, en pointant du doigt le FMI, l’OMC. Jean
ZIEGLER revendique une agriculture à l’échelle humaine où les plantes vivrières ont leur place..
Étant pour un temps Rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation. Il a été pour beaucoup
pour la rédaction définitive et pour l’adoption du « Droit à l’alimentation » par l’Assemblé
Générale. Voici un passage de ce texte onusien : « Le droit à l’alimentation est le droit d’voir un
accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d’achats alimentaires, à une
nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux
traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur , et qui assure une vie psychique,
physique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne ». Les travaux du
sociologue Jean ZIEGLER ont fait école. Marie-Monique ROBIN, Les moissons du futur ;
comment l’agroécologie peut nourrir le monde, La Découverte, Paris, 2012 ; Pierre RABHI,
L’agroécologie. Une éthique de vie, Paris, 2016
24
DELEAGE Elsa, « La reconnaissance d’« une écologie intégrale » par l’Église
catholique ou la négation de l’idéologie écologiste française » in, Revue
Société, Droit et Religion, (Numéro 6), Paris, Janvier 2016. Cliquez :
https://www.cairn.info/revue-societe-droit-et-religion-2016-1-page-299.htm
(consulté le 27 / 04 / 2020).
25
MANGALAZA Eugène Régis, « Pour une approche philosophique du paysage »,
article en ligne, en cliquant : www. anthropomada.com (consulté le 27 / 04/
2020).
NAVARRE Marcel, « Vivre en ville » in, Revue Sciences Humaines. Sauver la terre
(Les enjeux sociaux de l’environnement, Paris, Février- Mars 2020).
Cliquant : scienceshumaines.com//vivre-en-ville_fr_41913.html (consulté le
27 / 04/ 2020)
ROCHE-PIERRE Alain, « L’accès à l’eau potable pour tous : une utopie ? » in,
Revue Sciences Humaines. Sauver la terre (Les enjeux sociaux de
l’environnement), Paris, (Juillet-Août 2005). Cliquez : https://www.sciences
humaines.com/l-acces-a-l-eau-pour-tous-une-utopie_fr_13870.html
(consulté le 27/ 04 /2020).
PIAN Christian, « Laudato Si’ : La proposition d’une éthique écologique intégrale » in,
Revue d'éthique et de théologie morale, (N° 288), Paris, Janvier 2016 (pp.
33-52).Cet article est disponible dans son intégralité, en cliquant :
https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2016-1-page-
33.htm (consulté le 27 / 04/ 2020).
WEBER Jacques, « Les pauvres ne sont pas coupables » in, Revue Sciences
Humaines. Sauver la terre (Les enjeux sociaux de l’environnement), Paris,
26
(Juillet-Août 2005) en cliquant : scienceshumaines.com/environnnement-
les-pauvrs-ne-sont-pas coupables-_fr_13882.html (consulté le 27 / 04 /
2020).
(1) Cf. BEAUD Michel, L’art de la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de master, une
thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l’ère du net. La Découverte, Paris, 2006.
27
Car, il est possible que votre sujet de Master II de recherche soit très original
et habilement formulé, que votre souffle intellectuel soit au rendez-vous, que votre
Directeur de Mémoire soit fortement intéressé par votre projet de recherche, mais
avec une certaine opacité organisationnelle, il y aura certainement des flottements
dans la réalisation vos travaux d’étude et de recherche. De tels flottements ne
peuvent que gêner votre Directeur de recherche. Car, sans une réelle visibilité du
déroulé de vos actions les plus significatives, il n’aura pas les meilleurs outils pour
vous aider à rester dans la bonne allure et à ne pas s’attarder en chemin.
L’année universitaire étant de neuf mois, vous avez six mois pleins (au
moins) pour confectionner votre Mémoire de Master II. Nous vous proposons donc
un plan de travail qui s’étale sur ces six mois, en opéreant par séquence :
28
Il ne faut pas prendre à la légère cette quatrième séquence de votre plan de
travail car, c’est à partir de la finalisation du travail d’écriture (troisième séquence)
que doit démarrer cette préparation à la soutenance orale et publique de votre
Mémoire de Master II de recherche.
Lors de cette prestation orale et publique, vingt à trente minutes vous seront
accordées pour mettre en lumière la pertinence de votre sujet avec la problématique
qui le sous-tend ainsi que les différents enjeux qu’il soulève dans les débats d’idée
qui passionnent actuellement la communauté scientifique dans votre domaine de
recherche. Autrement dit, vous devez d’abord situer techniquement votre sujet afin
de montrer la pertinence scientifique de son choix. Ce n’est que pour plus tard que
vous vous efforceriez, en prenant votre temps, de démontrer dans l’ordre :
Il vous faut donc produire un texte percutant. Ce texte doit être « travaillé »
bien à l’avance. Une fois le texte correctement rédigé, exercez-vous à le lire et à le
relire à haute et intelligible voix, si possible, devant une oreille très sensible aux
intonations de la voix et au débit de la parole. Car le premier contact est physique et
il est souvent déterminant. Ce premier contact n’est pas seulement visuel, mais il est
également auditif. Vous comprenez dans ce sens, pourquoi le Président du jury vous
commence par vous donner la parole à l’ouverture de la soutenance avant de
l’accorder aux Membres du jury. Et à la fin de la soutenance, quand les Membres du
jury ont fini d’intervenir, il arrive souvent au Président d’accorder encore une fois la
parole au candidat.
29
FIGURE I- LES DIFFÉRENTES SÉQUENCES DE L’ÉLABORATION DU MÉMOIRE
PÉRIODE D’EXÉCUTION
Mois Mois Mois
Mois 1 Mois 2 Mois 3
Domaines 4 5 6
Phases séquentielles
d’action 1 2 1 2 1
1° 2° 1° 2° 1° 2° 2°
° ° ° ° °
1
Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q
Premier débroussaillage
(tour de la question, intérêt
et pertinence du sujet ; X
A) Conception du recherche d’information
sujet et dans tous les sens pour un
préparatifs de maximum d’information)
rédaction
Titre(s) provisoire(s) avec X
a)- choix notes de quelques lignes
du sujet
Début de recherche
X X
bibliographique avec
quelques fiches de lecture,
en phase de démarrage
X
b) Élaboration du Première esquisse de
problématique
sujet et du Plan de
travail Esquisse de Plan de travail X X
et esquisse de Plan de
rédaction
Demande de rendez-vous
avec le Directeur de X X
c)- Différents Mémoire pour lui soumettre
officiellement votre Projet
contacts avec le
de recherche
Directeur de
Mémoire Mise au point des dossiers
techniques pour le premier X X
rendez-vous avec le
Directeur
validation du sujet.
X
Création de fichier d’idée
e) Problématique X X
Création de fichier de fiche
et élaboration du de terrain
plan de rédaction
X
Problématique définitive
X X X X X X X X X
Recherche bibliographique
Exploitation progressive X X X X X
B) Rédaction des données de terrain
X X X X X X X
31
PÉRIODE D’EXÉCUTION
Mois Mois Mois
Mois 1 Mois 2 Mois 3
Domaines 4 5 6
Phases séquentielles
d’action 1 2 1 2 1
1° 2° 1° 2° 1° 2° 2°
° ° ° ° °
1
Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q
Finalisation la rédaction de
l’introduction en plus de la X
rédaction d’un chapitre
Finalisation de la rédaction X X X
de la Première partie du
Mémoire
Finalisation de la rédaction
d’un chapitre de la X X
Deuxième partie du
Mémoire
Finalisation de la rédaction X X
de la Troisième partie du
mémoire et de la conclusion
Finalisation de la recherche
bibliographique et choix X
bibliographique
X
Dernière relecture du
Mémoire
X
Correction finale et dernier
« toilettage » du texte
X
Tirage et remise des quatre
exemplaires du Mémoire
32
V- La Problématique
34
FIGURE II- POUR MIEUX VISUALISER LE MODE OPÉRATOIRE DANS
L’ÉLABORATION DE LA PROBLÉMATIQUE
PROBLÉMATIQUE
L’image métaphorique d’un son sol nourricier fécond sur lequel pousse un
grand arbre (votre Mémoire de Master II) avec son tronc aux multiples branches qui
à résister aux caprices du vent (votre plan de rédaction) vous aidera certainement à
35
mieux comprendre toute l’importance de la problématique dans l’économie générale
de votre Mémoire.
La finesse d’esprit repose sur une certaine forme de discrétion, dans le non-
dit du dit, avec ses codes de décryptage. Dans le cas qui nous intéresse ici, il
appartient aux regards connaisseurs (les Membres du jury) de scruter et d’apprécier
toute la force génésique de ce sol nourricier (la problématique) dans son dévoilement
toujours voilé et cela, dès la première page de l’introduction jusqu’à la dernière ligne
de la conclusion de votre Mémoire de Master II. Ces regards connaisseurs sauront
apprécier la fécondité de ce sol nourricier par la force de vie de la graine
ensemencée en se métamorphosée d’abord en plantule, puis, en jeune plant,
ensuite, en arbuste pour devenir un grand arbre dans toute sa beauté. Nos ancêtres
qui vivaient en parfaite symbiose avec leur environnement forestier ne disaient-ils
pas que : « Raha ny hazo vanon-kolakana, satria ny tany naniriany no tsara »
(traduction littérale, « Si un jeune plant a fini par devenir une pirogue, c’est parce que
son sol nourricier est fécond ») ?
36
de l’arbre » est une source d’inspiration féconde pour nous les humains, nous
rappelle à ce sujet le théologien orthodoxe Olivier CLÉMENT (1).
(1) Cf. Olivier CLÉMENT (1921-2009), un théologien orthodoxe, était profondément sensible au
rapport de l’homme avec la nature. C’est ainsi qu’il avait dénoncé de toutes ses forces la
mainmise de l’esprit scientifique qui prétend tout comprendre et qui nie par la même occasion
toute réalité que la raison n’arrive pas à saisir par elle-même. Le monde végétal, soutient-il à ce
sujet, ne réduit pas à ce que les sciences nous en disent. En effet, soutient cet historien et
théologien, le monde végétal est plus riche et plus mystérieux que cela ; ce monde végétal nous
parle et nous interpelle sans cesse. Parlant de nos sociétés consuméristes de la postmodernité
et qui se caractérise, entre autre, par la recherche effrénée du profit, le Père Olivier CLÉMENT
n’a de cesse de nous mettre en garde contre notre surdité pour ce qui est du langage du monde
végétal. Ce constat amer, il a tenu à le consigner dans un de ses ouvrages. Voici ce qu’il nous dit
à ce sujet : « On a massacré des arbres sous prétexte qu’ils ne servaient à rien. Et l’on s’aperçoit
aujourd’hui que sans les arbres, la terre n’est plus féconde. Ce temps a besoin d’hommes qui
soient comme des arbres, lourds d’une paix silencieuse qui s’enracine à la fois en pleine terre et
en plein ciel » (Cf. Olivier CLÉMENT, Questions sur l’homme, Stock, Paris, 1972). Les voix
d’Olivier CLÉMENT sont loin de s’éteindre dans le silence de la mort et de l’oubli. Cette fois-ci, un
jeune théologien catholique très attaché à son terroir landais (dans le sud de la France) a tenu à
faire écho au théologie orthodoxe. En témoigne cette Thèse de doctorat en Sciences ecclésiales
du Père Olivier PEYRON qu’il a soutenue à l’Institut Pontifical Oriental de Rome. Cette brillante
thèse, le doctorant Olivier PEYRON, l’a intitulée « Mystères de l’homme selon Olivier Clément ».
Reconnu par ses pairs, Olivier PEYRON enseigne actuellement à l’Université catholique de Lyon.
Entre temps, il a publié sa thèse de doctorat. (Cf. Olivier PEYRON, Mystères de l’homme selon
Olivier Clément, Éditions Salvator, Paris, 2014). Voilà un théologien orthodoxe revisité par un
théologien catholique dans une démarche de rencontre à la fois spirituelle et fraternelle. Quelle
belle leçon d’œcuménisme ! Et surtout, quelle belle leçon du « bien-vivre avec la nature ». La
biodiversité tant faunistique que floristique trouve ici, avec ces deux religieux, toute la place
qu’elle mérite.
37
b)- Capture de flots d’image et ruissellement d’idée autour du sujet
c)-Brassage des images, des idées et, travail de « mise en mots » (1) de tout
ce bric-à-brac
(1) Nous avons affaire ici aux premières séquences d’un réel travail de conceptualisation qui va
permettre à la pensée réflexive de prendre son envol. Il y sera question de « ficeler avec des
mots judicieusement sélectionnés » les images et idées qui ont été capturées ça et là, en jouant
sur leur relation (rapprochement, coïncidence, convergence, similitude, analogie, opposition,
complémentarité,...).
38
« patrimoine et nourriture » ; « l’Église avec son clocher qui domine le village » ;
« santé communautaire » ; « les élus et le pouvoir au quotidien » ; « terroir et
affirmation identitaire », « le bien-vivre ensemble » ; « cohabitation solidaire ».
d)- Tri et organisation des mots et tra ail de mise en ordre des idées
o autour du paysage :
o autour du patrimoine
39
patrimoine culturel visible et patrimoine culturel invisible » ; « conflits
sociaux et manières de les résoudre, les « fady ».
cette période d’une à deux semaines doit être mise à profit pour
revisiter les cours et les articles en anthropologie sociale et qui sont
« postés » sur la toile. L’accès est gratuit. Cliquez :
www.anthropomada.com
41
o A l’issue de cette période de mûrissement, nous allons formuler la
problématique en une seule idée principale :
L’on sait par ailleurs que le paysage (au sens large du terme)
est devenu un enjeu majeur dans l’amélioration du cadre de vie, au point
de voir se mobiliser autour de cette question, non seulement les grandes
instances internationales comme la Banque Mondiale, mais également les
autorités territoriales telle que la Commune rurale d’Andriambilàny. Ici, le
paysage humain se conjugue au quotidien avec le paysage géographique.
Ici, les maisons en terre battue et au toit de chaume est en parfaite
harmonie avec la couleur rouge des Hautes Terres malgaches. Nature et
culture sont en dialogue permanent que des oreilles averties arrivent
encore à entendre et apprécier. Dans ce dialogue permanent entre visible
et invisible, l’anthropologie est l’un des lieux d’écoute pour mieux
participer à ce « transdialogue » humano-cosmique.
Par souci d’économie de temps, nous ne reproduisons pas ici les six étapes
pour la confection de la problématique. Nous allons directement à sa formulation.
Cette opération est la plus difficile faire. Or, de la qualité de cette formulation dépend
tout le reste du travail. Nous y reviendrons d’ici peu.
o Formulation sujet
(1) Pour en savoir plus, lire : GIASSI Laurent, Le désir, PUF (Collection « Que sais-je » ?), Paris,
2019 et cliquer : https://www.cairn.info/le-desir--9782715400269-page-63.htm (consulté le 30 / 04
/ 2020); GRIMALDI Nicolas, Le désir et le temps (Problèmes et controverses), Jean Vrin, Paris,
2002 ; GIRAUD Thierry, Le Désir-temps ; Essai sur le temps suspendu, L’Harmattan, Paris, 2013.
43
Et quand l’ordre de nos désirs coïncide enfin avec l’ordre de la
réalité, c’est que nous ne sommes plus sous l’emprise de cette « présence-
absence ». Alors, c’est la joie et dans le cas contraire, la déception. Et voilà
que nous sommes ballotés de désir en désir. Décidément, la réflexion sur le
désir est inséparable sur la réflexion sur le temps et donc, sur notre humaine
condition.
Le peu que l’on puisse dire à ce sujet, c’est que le désir implique
tout un ensemble d’attitude mentale et de comportement intelligent (l’éveil
des sens, le flair, la combativité, la vigilance, la débrouillardise, la
roublardise, l’habileté, l’anticipation, le courage, la persévérance).
44
Bref, une fois déclenché, le désir convoque immédiatement toute notre
imagination créatrice (1).
(1) Cf. Bernard MANDEVILLE, La Fable des abeilles ou les fripons devenus honnêtes gens, Éditions
Aux dépens de la Compagnie, Londres, 1714. Dans cet ouvrage, MANDEVILLE soutient que
c’est en voulant devenir vertueuses que les abeilles d’une ruche avaient fini par être
définitivement privées de leur désir d’être désirables, de leur roublardise, de leur aptitude à la
concurrence, de leur sens du plaisir ou encore, de leur goût du luxe. Reléguées à ce stade,
conclut-il, elles ne peuvent que se contenter du nivellement par le bas et du ronronnement du
quotidien. Plus d’émulation pour le travail, plus de course à la différence ! Car, toutes veulent la
même chose, vidées qu’elles sont de l’aiguillon du désir. Réduites à cet état, ces abeilles sont à
l’image des « derniers des hommes » dans le Zarathoustra de NIETZSCHE. La ruche a fini par
se vider de ses abeilles à cause de l’appauvrissement généralisé. Privée des passions (l’instinct
de domination, élan narcissique, désir de gloire et de jouissance, la jalousie, l’angoisse,...), la
société humaine serait-elle assez vivante et combative pour résister au démantèlement du
temps ? Il faut savoir que Bernard MANDEVILLE (1670-1733) rejoint Thomas HOBBES (1588-
1676), pour ce qui est de la nature humaine. Mais de ce constat commun, les deux penseurs ne
proposent pas un même projet de société. Pour HOBBES, parce que l’« homme n’est qu’un loup
pour l’homme » il n’y a que la force coercitive qui peut obliger ce dernier à rester sur le chemin de
la vertu. HOBBES a donc proposé un projet de société qui repose sur le paradigme de la force
pour assurer l’intérêt général. MANDEVILLE, reconnait, lui aussi, que l’homme est par nature
qu’un « fripon » ne valant pas plus qu’un loup. Alors, il faut le laisser œuvrer conformément à sa
nature. Voici ce qu’il nous dit à ce sujet : « Les vices particuliers contribuaient à la félicité
publique (…). Le vice produisant la ruse et que la ruse se joignant à l’industrie, (…), la ruche
abonda de toutes les commodités de la vie ». Visionnaire des temps modernes, MANDEVILLE
n’a pas manqué d’inspirer les théoriciens du libéralisme économique (en commençant par Adam
SMITH) ainsi que les partisans de la démocratie libérale (avec Alexis de TOCQUEVILLE). Ce
libéralisme économique est de plus en plus critiqué ces derniers temps et surtout, là où l’on ne
s’y attendait pas, le monde des soins. En témoigne cet excellent ouvrage de DECROP
Geneviève qu’il a intitulé, Au commencement était le soin. Pour une autre modernité,
L’Harmattan, Paris, 2020. Pour une rapide compréhension de La Fable des abeilles de Bernard
MANDEVILLE, lire l’article d’Hervé MAUROY, « La Fable des abeilles de Bernard Mandeville »
in, Revue européenne des sciences sociales, (N° 49), Paris, 2011. Cet article est accessible en
ligne dans son intégralité, en cliquant : http : // journals.openedition.org/ress/843 (consulté le
28/04/2020) Des extraits de La Fable des abeilles de Bernard MANDEVILLE sont disponibles en
ligne, en cliquant : a)- https://www.philolog.fr/la-fable-des-abeilles-bernard-mandeville-1705-1714/
b)-https://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2011/01/La-fable-des-abeilles.pdf (consultés
le 28/ 04/ 2020)
45
l’intérêt, plus vous vous sentez comblé de joie car vous savez que vous êtes
devenu un référent, un « miroir social ».
46
5)- Troisième exemple de formulation d’une problématique
o Formulation du sujet
« La personne »
o Formulation de la problématique
(1) Pour mieux cerner cette notion de « concept » qui a traversé toute l’histoire de la philosophie,
lire : Claude PANACCIO, Qu’est-ce qu’un concept ? , Jean Vrin, Paris, 2011 ; Jocelyn BENOIST,
Concepts : une introduction à la philosophie, Flammarion, Paris, 2013. Du point de vue de la
recherche idéelle, la « conceptualisation » qui est une démarche mentale (que cette dernière
relève de la perception sensitive, déductive ou intuitive) est ce qui donne à la pensée toute sa
vitalité. Elle permet à cette pensée en mouvement, dans ses activités cognitives, de « voir
clair » en elle-même pour ne ne pas se perdre ainsi dans la nébulosité du ressenti. Lire à ce
sujet, Marie-Fabienne FORTIN, Johanne GAGNON, Fondements et étapes du processus de la
recherche : méthode quantitative et qualitative, Éditions CHENELIERE, Paris, 2015.
47
visage. Mais derrière chaque visage, du plus laid au plus beau, ne doit-on pas y
lire tout simplement l’humain ? La méditation sur la personne conduit au cœur
de l’existence.
(1) Avec le courant phénomelogique (Edmund HUSSERL, Martin HEIDEGGER, Eugen FINK,
Maurice MERLEAU-PONTY, Alfred SCHÜLTZ, Albert PIETTE, ...) et le courant personnaliste
(Jacques MARITAIN, Emmanuel MOUNIER, Gabriel Marcel, Martin BUBER, Nicolas
BERDIAEV,...) la dichotomie « corps / esprit » a été complètement battue en brèche.
Parallèlement à ces deux courants de pensée, NIETZSCHE a vigoureusement remis en question
les bases fondamentales de cette « dualité exclusive » pour une « dualité inclusive » en
s’attaquant à la philosophie platonicienne. Il entend briser ainsi toutes ces anciennes tables de
valeur héritées du platonisme et de la pensée médiévale « en philosophant à coups de marteau »
(pour reprendre ici une expression qui lui tient beaucoup à cœur). Pour lui, le « corps » est une
donnée incontournable de la personne humaine. La convergence de toutes ces différentes écoles
de pensée a fait de la thématique du corps un lieu de débat très ouvert et qui est loin de perdre
de son intérêt. Pour en savoir plus, lire : Gilles BOËTSCH, Christian HERVE, Jacques
ROZENBERG (sous la direction de), Corps normalisé, corps stigmatisé, corps racialisé, Éditions
De Boeck Supérieur, Louvain, 2007 ; Gilles VIEILLE MARCHISET, La conversion des corps :
bouger pour être sain, L’Harmattan, Paris, 2019
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de l’homme entant que personne, une éducation qui va jusqu’à sa dimension
sociale, éthique et spirituelle.
o Formulation su sujet
o Formulation de la problématique
(1) Pour mieux aborder ce sujet, lire : John THOMSON, Ian SCOONES, La reconnaissance du savoir
des paysans, Karthala, Paris, 1999 ; Thomas BIERSCHENK, Jean-Pierre CHAUVEAU (sous la
direction de), Les courtiers en développement. Les villages africains en quête de projet, Karthala,
Paris, 2000 (Un compte rendu de cet ouvrage par Claude FREUD est disponible en ligne,
https://journals.openedition.org/etudesafricaines/1496, [consulté le 06 /06/ 2020] ) ; Claude
FREUD, Retour aux fondamentaux in, Cahiers d’Études africaines (N°202-203), Paris, 2011,
pp.353-367), texte intégralement disponible en ligne, en cliquant :
https://journals.openedition.org/etudesafricaines/16676 (consulté le 06 /06/ 2020); Olivier
RECHAUCHERE, Thierry DORE, Philippe SCHMIDELY (sous la direction de), Les clés des
champs. L’agriculture en question, Éditions Quae, 2008 ; Jean-Claude DEVEZE, Défis africains,
Karthala, Paris , 2008 ; Émile COUDEL, Hubert de VAUTOUR, Guy FAURE et al, Concevoir les
futurs de l’agriculture et de l’alimentation, Éditons Quae, 2913 ;
49
tarif à l’export, jeunes et vieux, hommes et femmes sont pris par l’envie de tout
désirer, de tout avoir, de tout amasser, envie qui se traduit par la consommation
débridée des produits manufacturés. Le paysage social se trouve totalement
bouleversé, le temps d’une récolte. Le phénomène « matelas éponge » est très
significatif à ce sujet. Dans ce sens, le passage du coucher par terre au
coucher sur un lit à matelas éponge (souvent, dans une couverture à l’effigie
d’une belle actrice des téléfilms brésiliens) est une grille de lecture pour
décoder la mutation sociale au quotidien et pour comprendre également les
schèmes de pensée des paysans betsimisaraka qui sous-tendent leur ouverture
à la modernité et aux innovations technologiques. Et quand la récolte du girofle
et le prix à l’export ne sont plus au rendez-vous, la côte orientale malgache est
plongée dans une sorte d’engourdissement économique. Cela se traduit par le
ralentissement des « affaires » que l’on désigne par cette expression malgacho-
anglais « tsisy business ». Chose curieuse, le « tsisy business » n’engendre
pas ici la déprime, tant sur le plan individuel que collectif. Dans les villages, on
accueille cette « désertification économique » avec dignité, dans une sorte de
« sobriété heureuse ». Où les communautés villageoises de cette côte-orientale
malgache puisent-elles leur tonalité vitale pour rayonner tout naturellement
dans cette « sobriété heureuse » ?
Face aux aléas de la vie, il est très intéressant de noter que les
paysans de cette côte orientale s’efforcent de puiser leur tonalité vitale dans
leur écosystème. Car pour eux, la vie humaine n’est qu’un maillon de cette
longue chaîne de la vie cosmique. L’évolution dans les pratiques sociales et les
innovations technologies ne doivent jamais nous faire oublier notre
appartenance à cette chaîne de vie à l’échelle cosmique.
50
« produit phare ». En cas de mévente, les paysans betsimisaraka s’efforcent
tout naturellement de « domestiquer leur désir » en se contentant du minimum
vital, en attendant des jours meilleurs » (1).
(1) Cette posture de l’entre-deux qui est le propre de l’humain a été minutieusement étudiée par
l’anthropologue et socioéconomiste Albert PIETTE où il s’investissait pour « observer, décrire et
analyser la microcontinuité de l’’être humain vivant les instants et les situations suivant les
diverses modalités de présence-absence et passivité-activité». (Cf. Albert PIETTE, Anthropologie
existentiale, Pétra, Paris, 2009). Pour bien saisir l’apport de cet ouvrage dans l’histoire de
l’anthropologie, nous vous conseillons le compte-rendu de Delphine MORALDO « Albert PIETTE,
anthropologie existentiale » in, Open Edition Journals, 2010 (article en ligne dans son intégralité :
http://journals.openedition.org/lectures/921 (consulté le 06 / 06/ 2020) ainsi que l’analyse-critique
du même ouvrage par Daniel VIDAL qui est intégralement disponible en ligne dans les Archives
de Sciences Sociales des religions N° 152, en cliquant :
_______________ _______________
1)- OUVRAGES
53
MANGALAZA Eugène Régis, Concevoir et réaliser son Mémoire de Master I et de
Master II en sciences humaines et sociales, L’Harmattan / Éditions
Tsipika, Paris- Antananarivo, 2O11
.
2)- Articles
55