Cours Methodologie N1 2020

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Université de Toamasina Université Catholique

de Madagascar

COURS DE MÉTHODOLOGIE
DE RECHERCHE EN ANTHROPOLOGIE
ENVIRONNEMENTALE ET EN ÉCOLOGIE

Eugène Régis MANGALAZA Marc RAVELONANTOANDRO


(Université de Toamasina) (Université Catholique de Madagascar)

Année Universitaire
1
(2019-2020)
COURS N°1
I)-Présentation des deux Enseignants-chercheurs en
charge de ce cours

 Monsieur MANGALAZA Eugène Régis est Professeur Titulaire à


l’Université de Toamasina. Il a fait ses études de philosophie (1970-1977) à
l’Université Michel de Montaigne (Bordeaux III). Ce parcours de formation a
débouché sur un diplôme de Doctorat d’Université avec une Thèse intitulée
« Existence et objectivation. Essai sur Nicolas Berdiaeff », sous la direction
du Professeur DUPUY Maurice. Parallèlement à cela, il a suivi une
formation formation en anthropologie sociale (1974 - 1988) à l’université
Victor Segalen (Bordeaux II). Ce deuxième parcours académique a
débouché une thèse intitulée « Les rites funéraires betsimisaraka de
Madagascar : entre rupture et continuité », sous la direction du Professeur
MERIOT Christian. Il est titulaire d’un Doctorat- ès-Lettres soutenue en Juin
1988, à Bordeaux II. Une fois de retour à Madagascar, il a été
successivement Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de
l’Université de Tuléar, Directeur de l’École Normale de philosophie de
l’Université de Tuléar, Recteur de l’Université de Toamasina et Directeur de
l’École Doctorale « La CADDETHIQUE » (Cadre de vie, Ancrage identitaire,
Développement Durable et ÉTHIQUE) de l’Université de Toamasina.

 Père Marc RAVELONANTOANDRO a fait ses études de Philosophie (2002-


2007) à l’Université d’Antananarivo (Madagascar) et est diplômé de
Doctorat de Troisième cycle en Philosophie, avec une Thèse intitulée « Se
raconter. De l’herméneutique de l’homme faillible à l’homo capax selon Paul
Ricœur » (soutenue le 29/06/2007) sous la codirection du Professeur Lala
RARIVOMANANTSOA (Université d’Antananarivo) et du Professeur
Francesco BOTTURI (Université Sacré Cœur de Milan [Italie]). Par la suite,
il a suivi une seconde formation en Anthropologie théologique (2008-2013)
à l’Université Pontificale Teresianum Rome (Italie), ayant débouché sur une
Thèse intitulée « De la conception du « zanaka » pour comprendre le sens
de l’homme : être fils de Die. Une étude de l’Anthropologie théologique »,
sous la direction du Professeur Pombo KIPOY. En 2017, il a eu son diplôme
de l’HDR (l’Habilitation à Diriger des Recherches) après avoir soutenu le
Document de Synthèse intitulé « Regards anthropologiques et théologiques
de l’humain . Du fihavanana à l’imago Dei », à l’Université́ de Toamasina ,
sous la direction du Professeur Eugène Régis MANGALAZA. Depuis 2014
jusqu’à ce jour, il est le Recteur de l’Université Catholique de Madagascar.

2
II)- Présentation du Master II de recherche

1)- Note introductive

Les cours de Méthodologie de Recherche de niveau Master II (1) que nous


vous proposons s’inscrivent dans les principes généraux du Système du LMD (2) auquel
Madagascar a pleinement adhéré depuis 2013, il y a presque huit ans de cela (3).

Dans ce système LMD, le Master II est sanctionné par ce que nous qualifions
de « diplôme-passerelle ». En ayant soutenu son Mémoire de Master II de
recherche et totalisé les 300 « Crédits ECTS » (4), l’étudiant a toutes les possibilités
de soumettre son projet de thèse devant le Conseil scientifique d’une École
doctorale, si tel est son désir. Et si son projet est retenu par l’Équipe d’Accueil de
l’École doctorale de son choix, il pourra enfin signer la Charte de Thèse (5) pour se

(1) Le diplôme du Master II est l’équivalent du Diplôme d’étude Approfondie (DEA) de l’ancien
parcours académique, à Bac+5. Puisque nous sommes dans le système francophone, il faut dire
« Master Deux » au lieu de « Master Two ». Il faut reconnaitre que cet anglicisme est quelque
maladroit.
(2) Abréviation des termes « Licence », « Master » et « Doctorat ». Le sigle LMD fait maintenant
partie du jargon de l’Enseignement Supérieur et désigne les trois « temps forts » de l’ensemble
du parcours académique du système européen. L’objectif affiché est de former des étudiants
scientifiquement solides et professionnellement compétents ayant ainsi acquis une forte capacité
de réflexion critique et éthique pour en faire des citoyens responsables de demain.
Décloisonnement du parcours de formation, veille informative, professionnalisation : tels sont les
trois pôles autour desquels s’articule le système LMD. Il faut savoir que L’Afrique francophone a
basculé dans le Système européen du LMD dès la fin des années 2000, sous la houlette de
l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), mondialisation oblige ! Dans ce sens, en 2008,
la Conférence Internationale des Responsables Universitaires et Institutions Scientifiques
(CRUISEF) a pris l’initiative d’organiser, au Maroc, un Colloque international (avec 180
Responsables universitaires et des Grandes Écoles issus de 25 pays). Une Charte des Masters
a été élaborée à cette occasion, connue sous l’appellation « Charte de Fès » (Cf. Lettre de la
CRUISEF, N°4, 2008, pp.1-5)
(3) Cf. Décret N°2012-831 du 18 Septembre 2012, modifiant certaines dispositions du décret du 15
février 2008 portant réforme du Système de l’Enseignement et de la recherche en vue de la mise
en place du système « Licence, Master, Doctorat » (LMD).
(4) « ECTS », est le sigle issu de l’expression anglo-saxonne « European Crédit Transfer System ».
Il sert à valider les niveaux d’acquisition de connaissance scientifique dans les parcours de
formation académique au sein du système du LMD de l’Union Européenne.
(5) Cf. Arrêté ministériel N° 1610/-2013 portant Charte de Thèse du 05 Juin 2013. Ce texte est
accessible en ligne en cliquant : http://lmd.mesupres.gov.mg/?page=texte (consulté le 29 /03/20).
3
construire intellectuellement et humainement, pendant trois ans, dans un parcours
doctoral de spécialisation scientifique.

Dans cette logique de « Diplôme passerelle », certaines Écoles doctorales


demandent à l’étudiant de faire figurer son projet de Thèse (1) en Annexe de son
Mémoire de Master II de recherche. L’idée est de s’assurer que ce dernier ait assez
de souffle intellectuel pour s’inscrire, l’année suivante, dans le parcours triennal du
doctorat. Ce projet de Thèse doit comporter l’intitulé provisoire du sujet de Thèse, la
formulation de la problématique, une douzaine de mots clés, une esquisse de plan
de rédaction, deux à trois ouvrages des grands auteurs en anthropologie autour
desquels va s’articuler le sujet (2) et, enfin, une esquisse de recherche
bibliographique. Dans cet exercice de recherche bibliographique, il est d’ores et déjà
question de mettre le futur doctorant dans la posture d’un vrai chercheur. Car, en se
spécialisant progressivement, le doctorant doit être toujours en phase avec les
grands débats d’idée qui animent la communauté scientifique de son domaine de
recherche. Mais, parallèlement à cette démarche, il doit consolider et actualiser en
permanence ses connaissances générales. Autrement dit, plus le doctorant s’affine
en devenant de plus en plus pointu dans sa spécialité, plus il doit élargir ses centres
d’intérêt et de compétence. Ce Projet de Thèse ne fait évidemment pas l’objet
d’évaluation au moment de la soutenance du Mémoire de Master II (3)

L’une des caractéristiques du système LMD étant sa flexibilité, il est évident


que certains Établissements d’Enseignement Supérieur qui s’orientent davantage
vers la professionnalisation plutôt que vers la recherche fondamentale n’exigent pas

(1) Car, dans l’esprit du système LMD de recherche, la Thèse de doctorat s’inscrit dans la continuité
du Mémoire de Master II de recherche. Il faut noter qu’à l’UCM, on respecte le choix des
étudiants, car tous les étudiants ne visent pas forcément le parcours doctoral.
(2) Ce sont des ouvrages des pères-fondateurs de l’anthropologie (lire nos cours d’anthropologie
générale en ligne en cliquant : www.anthropomada.com (consulté le 01 / 04 / 2020).
(3) Voici quelques documents en ligne pour mieux vous préparer à cette soutenance : « La
soutenance d’un Mémoire », en cliquant, https://www.scribbr.fr/memoire/la-soutenance-de-votre-
memoire/ (consulté le 01/ 04 /2020) ; « Mémoire: comment réussir sa soutenance? », en
cliquant:https://www.digischool.fr/methodologie/revisions/comment-reussir-sasoutenance-de-
memoire-5286.html (consulté le 01/ 04/ 2020) ; « Conseils pour la soutenance », en cliquant :
https://arlap.hypotheses.org/conseils-pour-la-soutenance (Consulté le 01/ 04/ 2020).
4
ce genre d’engagement intellectuel et formel sous forme d’un projet de thèse au
point de le faire figurer en marge du Mémoire.

L’Université Catholique de Madagascar (UCM) qui est Membre Titulaire de


l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), au même titre que les six
universités malgaches installées dans les six Provinces de Madagascar, a bien
souscrit avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique pour le basculement dans le Système LMD. Elle figure également parmi
les 250 Universités Catholiques qui sont membres de la Fédération Internationale
des Universités Catholiques (FIUC), sise à Paris (1). Dans ce sens, elle entend se
différentier de l’offre des universités d’État au niveau du Master I et du Master II, en
mettant davantage l’accent sur l’ « employabilité ».

La soutenance du Mémoire de Master II de recherche est présidée par un


Professeur de rang magistral. Elle est ouverte au grand public (sauf cas exceptionnel qui
ne relève que des autorités compétentes). Le candidat a une vingtaine à trentaine de
minute pour présenter son travail d’étude au cours desquelles il doit montrer
successivement l’intérêt scientifique de son sujet ainsi que la pertinence du choix de ce
sujet, la problématique qui s’en dégage et qui justifie par la même occasion la
conception d’un plan de rédaction cohérent et rigoureux, permettant ainsi d’aboutir à des
résultats attendus. Au cours de cette prise de parole préliminaire, le candidat est appelé
à faire rapidement part aux Membres du jury (2) des « temps forts » de son parcours de

(1) Pour plus de renseignement sur cette Fédération Internationale de Universités Catholiques
(FIUC), cliquez : http://www.fiuc.org/page-membres_fr.html (consulté le 02 / 04 / 2020).
(2) Le jury est composé de trois Membres dont un Président qui est un Enseignant- chercheur,
obligatoirement de rang magistral mais qui n’est pas nécessairement de la discipline scientifique
du Mémoire à soutenir. Ce dernier peut être un Historien, un Géographe, un Sociologue ou
encore, un Linguiste. Par souci d’objectivité, le Directeur du Mémoire du Master II ne peut pas
présider la soutenance. Il assure plutôt la fonction de rapporteur. Quant au troisième Membre du
jury, il fait fonction d’examinateur et ce, dans une démarche de regard critique. Ce dernier doit
être un Enseignant- chercheur confirmé. Il doit être, au minimum, du grade académique de
Maître de conférences dans la discipline scientifique du Mémoire à soutenir. Le Doyen de la
Faculté est là pour veiller scrupuleusement à la bonne tenue de cette clé de répartition.
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recherche, en mettant l’accent sur les difficultés rencontrées (1) d’une part et, d’autre
part, sur les stratégies retenues pour y faire face. Cette prise de parole préliminaire doit
être bien préparée pour ne pas dépasser le temps imparti. Nous y reviendrons dans les
prochains cours.

2)- Grilles d’évaluation du Mémoire de Master II de recherche

Dans leur évaluation, au moment de la soutenance du Mémoire de Master II,


les Membres du jury s’attacheront à vérifier plus particulièrement jusqu’à quel point
vous êtes réellement en mesure :

 de vous investir en anthropologie de l’environnement ou en


ethnoécologie avec un sujet pertinent et correctement formulé ;

 de bien problématiser votre sujet dans une approche


méthodologique propre à cette discipline ;

 de vous inscrire dans un plan de rédaction cohérent et rigoureux,


permettant d’avoir une réelle lisibilité de l’ensemble de votre
Mémoire ;

 de réunir un corpus riche d’enseignements et ce, grâce à un vrai


travail de terrain au cours duquel l’« observation participante » (2) a
été de mise ;

 d’exploiter intelligemment votre corpus avec à l’appui, des outils


théoriques bien appropriés ;

(1) Des difficultés du point de vue matériel (difficultés pour la documentation, pour les descentes de
terrain, pour le financement,...) ainsi que du point de vue théorique (pour la conception de la
problématique, pour le classement des données de terrain,...).
(2) Cf. JONES Russel, BURNAY Nathalie, SERVAIS Olivier, « L'observation participante » in,
Méthodes de recherche en sciences humaines », De Boeck, Louvain-la-Neuve, 2000 (pp. 45-
74). Article accessible en ligne, en cliquant : https://www.cairn.info/methodes-de-recherche-en-
sciences-humaines--9782804128005-page-45.htm22 (consulté le 02 / 04 / 2020).Lire également
la note de lecture de cet ouvrage faite par Eustache MÊGNIBÔTO, en cliquant :
https://eustachem.ilemi.net/?Notes-de-lecture-Russel-A-Jones#.X8mYO1UzbIU (consulté le 02 /
04 / 2020).
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 de vous documenter correctement, en puisant à des sources
d’information les plus variées (signe de maturité intellectuelle et de
veille informative) et qui se traduit par des notes de bas de page (1)
dignes d’intérêt et dictées par un choix bibliographique pertinent ;

 d’exposer vos propres idées et de conduire rigoureusement « une


bonne analyse scientifique » (2) des données de terrain et ce, dans
un argumentaire clairement conçu ;
 de faire preuve de distanciation et d’ouverture d’esprit par rapport au
sujet mis à l’étude, pour signifier une réelle maturité en matière de
réflexion critique ;

 d’avoir une réelle faculté de synthèse et de prospective à la fois, en


vue de nouvelles pistes de recherche (votre projet de Thèse) ;

 de maîtriser un style rédactionnel vivant, fluide et limpide, traduisant


par là un souci permanent du sens de l’esthétique dans votre travail
de l’écriture ;

 d’exposer oralement, lors de la soutenance, le contenu de votre


Mémoire de Master II de recherche (3), en faisant preuve d’un
véritable sens de l’écoute en même temps que d’une capacité de
réplique raisonnée, ferme et courtoise, face aux interpellations des
Membres du jury ;

 d’avoir de réelles potentialités de s’inscrire en Thèse de doctorat


dans la spécialité. (c’est ce qui explique pourquoi le Mémoire de
Master II doit présenter, en Annexe, son Projet de Thèse. Pour y

(1) Il y a plusieurs manières de présenter les notes de bas de page. Nous y reviendrons.
(2) Cf. PAQUAY Léopolod, CRANAY Marcel, DE KELE Jean-Marie, L’analyse qualitative en
éducation. Des pratiques de recherche aux critères de qualité, De Boeck Supérieur, Louvain-la-
Neuve, 2006.
(3) Un texte dactylographié de 120 à 150 pages (hors Annexes) qui doit être rédigé et présenté
conformément aux normes académiques. Pour en savoir plus, lire : SAVOYE de PUINEUF
Danielle, Annick MIQUEL, Le tapuscrit. Recommandations pour la présentation de travaux en
sciences humaines, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, Paris, 1999 ;
DOPPAGNE Albert, Majuscules, abréviations, symboles et sigles. Pour une toilette parfaite du
texte, Éditions Duculot, Paris / Louvain-la-Neuve, 1991 ; BOUTILLER Sophie, GOGUEL
D’ALLONDAS Alban, Réussir sa thèse ou son mémoire, Éditions Studyarama, Paris, 2002. ;
LANI-BAYLE Martine, Écrire une recherche. Mémoire ou thèse, Lyon, Chronique Sociale, 2002 ;
MANGALAZA Eugène Régis, Concevoir et réaliser son Mémoire de Master I et de Master II en
sciences humaines et sociales L’Harmattan / Éditions Tsipika, Paris / Antananarivo, 2O11.
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arriver, le candidat est invité à être habile dans le triple exercice de
lecture, de réflexion et de rédaction.

Cette liste en douze points est loin d’être exhaustive mais elle a le mérite de
vous permettre de mesurer tout le chemin que vous avez à parcourir pour concevoir
et pour réaliser votre Mémoire de Master II de recherche.

3)- Compétences visées

 capacité de problématisation d’un sujet de recherche, de collecte des


données de terrain et « capacité d’analyse » (1) de ces données, en
vue d’écrire et de présenter dans les temps impartis son Mémoire de
Master II ;

 capacité de s’inscrire et de rayonner au sein d’une équipe


pluridisciplinaire des Départements ministériels, des Organismes Non
Gouvernementaux qui opèrent à Madagascar ou dans d’autres pays sur
toutes les questions liées à l’homme et son milieu (dimensions à la fois
socioculturelles et symboliques) ;

 capacité de mieux comprendre la société dans laquelle on vit, au


travers de ses mœurs et coutumes, de ses innovations, de ses modes
de production, de ses représentations symboliques liés à
l’environnement (2) ;

 .capacité d’être davantage à l’écoute du monde qui vous entoure pour


mieux s’y épanouir dans toutes les dimensions de l’existence.

(1) Cf. VAN CAMPENHOUDT Luc, QUIVY Raymond, Manuel de recherche en sciences sociales,
DUNOD, Paris, 1995 ; BEAUD Stéphane, WEBER Florence, Guide de l’enquête de terrain, La
Découverte, Paris, 1997.
(2) PAN Wei, « Les valeurs fondatrices des sociétés contemporaines » in, Diogène, 2008/1 (N° 221),
pp. 73-99. Texte en ligne, en cliquant : https://www.cairn-int.info/revue-diogene-2008-1-page-
73.htm (consulté le 09 / 04 / 2020) ; SCHNAPPER Dominique, « De la difficulté à comprendre la
société » in, Le Débat, N° 197. Texte en ligne, en cliquant : https://www.cairn-int.info/revue-le-
debat-2017-5-page-114.htm (consulté le 15 / 04 / 2020).
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III)- Les premières phases de conception du Mémoire de
Master II

1)- Le choix du sujet

Pour le choix du sujet de Mémoire de Master II pour votre parcours de


formation en anthropologie de l’environnement et en écologie, il faut
scrupuleusement veiller ce que ce sujet réponde, au moins, à ces trois critères :

a)- Un sujet qui vous intéresse et qui vous interpelle, du moins qui est
susceptible de l’être (si ce n’est pas encore le cas), après un temps de
réflexion et après un certain travail de documentation

Les questions suivantes vous aideront à y voir plus clair :

 Est-ce que le domaine ciblé vous dit-il quelque chose (vous parle
réellement), au point de vouloir y consacrer un moment de votre temps
même si, pour l’heure, vous ne savez pas encore comment vous y
prendre réellement ? Ici, on est dans le domaine de la motivation pour
son sujet ;

 Quel est le (ou quels sont les) lien(s) de ce sujet provisoirement retenu
avec votre principal centre d’intérêt ? Seriez-vous prêt à vous y investir
à fond, tant affectivement qu’intellectuellement au point de vous
identifier avec ce sujet à y penser constamment, à vous vous mobiliser
autour des questions qui, de près ou de loin, semblent toucher ce sujet,
à en parler avec enthousiasme et détermination aux autres étudiants de
votre promotion, avec vos proches et à vos amis,…) ? Ici, vous êtes
dans la phase d’appropriation de votre sujet afin de l’incorporer dans
votre tête. C’est l’étape du « brainstorming ».

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Dans tous les cas de figure, prenez la peine de noter sur une feuille de
papier, pêle-mêle, vos idées en vrac au cours de votre « imagination vagabonde »
(1). L’« imagination vagabonde » n’est pas la douce rêverie d’un esprit au repos.
Au contraire, c’est plutôt le résultat d’un esprit éveillé qui, dans son silence intérieur,
s’est mobilisé pour « traquer » le maximum d’idée, en furetant ça et là. Suite à cela, il
y ale travail de « mise en mots » de ces flots d’image. Ne vous vous contentez
surtout pas de cette « visualisation mentale » qui va se dissiper instantanément tel
un flocon de nuage. C’est pourquoi il faut garder précieusement ces pages
griffonnées à la hâte pour les revisiter plus sereinement par la suite. Car, c’est
souvent à partir de petites étincelles d’idée, apparemment sans importance, que l’on
arrive à faire jaillir tout un flot de pensée lumineuse.

Finalement, la conception d’un Mémoire de Master II de recherche est un


véritable acte de création, à l’image d’une production artistique.

En effet, porté par son inspiration, l’artiste créateur éprouve d’abord des
exaltations, des doutes, des angoisses. Ce sont d’abord des impressions diffuses qui
se cristalliseront peu à peu en rêve, en vision, en pensée intuitive avant de se
solidifier par la suite en une forme aux contours précis et distincts pour aboutir en fin
de course à un projet bien conçu. Tout cela pour dire que c’est d’abord dans la
chaleur intuitive de l’« atelier intérieur» (2) de son moi profond que se réalise cette
métamorphose de l’esprit avant d’être reprise et retravaillée au niveau de l’« atelier
extérieur » (un chevalet, un piano, une guitare, un studio d’enregistrement,...).

(1) Pour en savoir plus sur l’« imagination vagabonde » lire : Gaston BACHELARD, La terre et les
Rêveries de la volonté : essai sur l’imagination des forces, Paris, Éditions Jean Corti, 1948 ;
Maurice MERLEAU-PONTY, L’œil et l’esprit, Gallimard, Paris, 1964 ; Frédéric NIETZSCHE,
Humain, trop humain. Un livre pour les esprits libres, Denoël Gonthier, Paris, 1978 ; Claude LÉVI-
STRAUSS, Regarder, écouter, voir, Seuil, Paris, 1979 ; Arthur DANTO, La transfiguration du
banal. Une philosophie de l’art, Seuil, Paris, 1989 ; Marie-Claire ROPARS- WUILLEUMER, L’idée
d’image, PUF, Paris, 1995 ; Christine BUCI-GLUCKSMANN, La folie du voir. Une esthétique du
virtuel, Galilée, Paris, 2002.
(2) Cf. BROUSTRA Jean (sous la direction de), L’Abécédaire de l'expression. Psychiatrie et activité
créatrice : l’atelier intérieur, Éditions ERES, Toulouse, 2000.
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Ainsi donc, dans l’apprentissage pour la recherche, ce sont les premiers
pas qui vont compter pour la suite. Autrement dit, dès les premiers pas, il faut
déjà s’initier au bon réflexe (1). Inscrit dans la répétitivité de la persévérance,
c’est ce reflexe qui fera « vagabonder » votre imagination sans la moindre
retenue, appuyée en cela par ce que le sociologue Pierre BOURDIEU appelle un
« habitus » (2). Et, de l’«habitus » à l’habitude, il n’y a qu’un pas à franchir.

En effet, par l’apprentissage au sein de la cellule familiale et au sein des


différents groupes sociaux d’appartenance, l’individu construit, consolide et affine
progressivement sa « personnalité de base » (3). C’est donc au cours de cet
apprentissage tout au long de la vie que l’individu développe en lui toute une série de
prédisposition comportementale appelée « réflexe », « spontanéité » ou encore
« habitude » pour lui faciliter la vie. C’est tout cela qui constitue ce qu’on appelle
« culture ». La culture relève à la fois de l’inné et du construit.

(1) Ici, le bon réflexe consiste, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, à : se laisser porter par
son « imagination vagabonde », à essayer rapidement de voir clair dans ces flots d’idée qui se
bousculent dans votre tête pour leur donner consistance et forme. C’est un travail de « capture
d’image mentale » : d’abord, essayez de ficeler ces images avec des séries de mot simple qui vous
passent immédiatement par la tête mais qui vous paraissent assez significatifs pour ne pas perdre le
fil des idées suscitées par le défilé d’image (Il faut reconnaître que ce jeu de capture d’image mentale
n’est pas facile car l’imagination va plus vite que la main qui écrit). et puis, essayez de mettre ces
mots en ordre, en vue de bâtir un discours cohérent.
(2) L’« habitus » est une vieille notion qui remonte à l’Antiquité grecque et qu’ARISTOTE désigne par le
terme « hexis ». qui veut dire « Us et coutumes », « pratiques sociales ». Le sociologue-philosophe
béarnais Pierre BOURDIEU a retravaillé cette même notion, en enrichissant l’« hexis » des Grecs par
l’apport du terme latin « habere » (qui signifie « avoir », « posséder en soi », « partager ensemble »),
Ce concept est central pour Pierre BOURDIEU qui y voit tout un système de dispositions durables
que nous portons en chacun de nous et qui déterminent inconsciemment nos manières de penser et
d’agir. Vu sous cet angle de regard, l’« habitus » est un produit d’une appartenance sociale. C’est une
sorte de « capital socioculturel inné». Mais sous un autre angle de regard, l’habitus relève également
de l’acquis car il se construit dès la petite enfance au sein de la famille et évolue au fur et à mesure de
la mobilité sociale de l’individu. C’est donc l’habitus qui donne la « traçabilité » de notre parcours de
vie Il est au cœur de ce que nous sommes devenus et de ce que nous allons advenir. C’est dans la
mouvance et la viscosité de l’habitus que nous jouons avec la culture, dans sa dimension à la fois
individuelle et collective. C’est là aussi qu’elle joue et se déjoue de nous, jusqu’aux moindres
interstices de notre vie. L’habitus est ce que les Malgaches appellent « diditry » (du verbe,
« mifadiditry »). (3) Cf. Anne-Catherine WAGNER, Les 100 mots de la sociologie, PUF (Collection
« Que sais-je ? »), Paris, 2010.
(3) Cf. Ralph LINTON, Fondements culturels de la personnalité, Dunod, Paris, 1977.
11
Ce sont les anthropologues anglo-saxons (1) qui, les premiers, ont travaillé sur
l’importance de la culture dans la vie individuelle et collective.

Après cette digression sur l’environnement matériel, cognitif et artistique (3)


de la production d’un Mémoire de Master II de recherche, revenons maintenant à
nos propos.

Si après mûre réflexion, le sujet ne vous convient pas du tout (qu’importe le


motif), n’hésitez pas à l’abandonner complètement, pour en choisir un autre. Surtout,
ne perdez pas votre temps. Cette fois-ci, le mieux serait de faire appel à un
Enseignant de vote choix pour lui demander conseil. Mais dans ce cas, sachez que
ce dernier ne fait que vous accompagner pour vous éclairer dans votre choix. La
responsabilité du choix de votre sujet vous revient entièrement. L’enseignant n’est là
que pour vous orienter. Jamais, il ne fera le travail à votre place. Le Mémoire de
Master II est une école d’apprentissage à la prise de responsabilité.

C’est pourquoi, sans vous précipiter outre mesure, il vous faut donc
« ruminer » (mitsakotsako) votre sujet avant la prise définitive de décision. Mais
dans ce travail de maturation, sachez que vous ne devez pas prendre trop de temps
pour arrêter votre choix. Vous ne devez pas vous enfermer dans une valse
d’hésitation stérile. D’une manière ou d’une autre, il faut avoir le courage de « vous
jeter à l’eau ».

b)- Un sujet qui est réellement à votre portée

Ces quelques questions vont beaucoup vous aider dans ce sens :

(1) Dans l’histoire de l’anthropologie, ces anthropologiques anglo-saxons (Franz BOAZ [1858 1942],
Benedict RUTH [1887-1948], Abraham KARDINER [1891-1981), Ralph LINTON [1891-1988],
Margaret MEAD [1901-1978], Gregory BATESTON [1936-1968]) ont fondé et développé une
École de pensée, le « culturalisme ». Ils entendent ainsi tourner le dos à une autre « École de
pensée », l’«évolutionnisme ». Pour en savoir plus lire : Eugène Régis MANGALAZA, Christian
MERIOT, Cours d’Anthropologie Générale, en ligne, en cliquant : www.anthropomada.com
(consulté le 16/04/2020)
12
 Sur le plan matériel, disposez-vous de moyens pour accéder
réellement aux différentes sources de documentation, articles, fond
d’archives, mémoires ou thèses déjà soutenus,…) ? Si pour le moment
vous n’en disposez pas d’information pour traiter ce sujet (ouvrages
personnels, ouvrages disponibles dans divers Centres pensez-vous
avoir le temps d’y remédier ultérieurement ? Pour répondre à ces
questions, sachez que l’Université Catholique de Madagascar (UCM)
possède actuellement une bibliothèque physique et surtout une
bibliothèque en ligne où vous pouvez chercher vos documents
scientifiques, en allant par exemple sur « cairn.info », sur « JSTOR »,...
A côté de cela, l’UCM a encore mis à votre disposition un autre outil de
travail qui est le Centre de Recherche pour le Développement (CRD)

 Sur le plan idéel, est-ce que, d’après votre conviction intime, le sujet
retenu est dans vos aptitudes ? Est-il à votre mesure ? Est-il à votre
portée ? N’est-il pas trop ambitieux et trop large pour être abordé à ce
niveau d’étude ? Ne faut-il pas délimiter votre champ de recherche et
réserver les autres champs pour des travaux ultérieurs (au niveau de la
thèse par exemple) ? Pour ce cas, les conseils des aînés (amis ou
enseignants spécialistes du thème) et la lecture préliminaire des
documents de base seront incontournables et nécessaires

 Sur le plan méthodologique, maintenant que vous avez les ouvrages


nécessaires pour vous ressourcer sur le plan théorique, maintenant que
vous pensez avoir l’élan intellectuel pour prendre l’envol, seriez-vous en
mesure de choisir un, deux et / ou trois ouvrages-clés (en anthropologie
sociale de base, en anthropologie de l’environnement et en écologie)
qui vous serviront de repère pour ne pas vous perdre en chemin ? Ce
choix doit être en parfaite cohérence avec la formulation de votre sujet
et avec votre problématique (même ces deux opérations restent encore
à faire). Ceci pour dire qu’il vous faut tout un travail de réajustement
avant de vous lancer dans l’écriture de votre Mémoire de Master II. Tel
un bon marin, il vous faut bien définir le cap avant de larguer les
amarres pour ne pas se perdre dans l’immensité océane.

Cette étape s’appelle le « triangle logique du sujet pertinent » avec ses trois
pôles à savoir, l’ « idée », les « sources » et la « méthode » (1). Autrement dit, il

(1) Cf. GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1981 ; DANIELE Vinci,
Metodologia générale. Strumenti bibliografici, modelli citazionali et techniche di struttura per le
scienze umanistriche, PFTS University Press, Cagliari, 2013.
13
s’agit de traiter un sujet préféré (que vous aimez), doté des références
documentaires assurées (consultables), où il est possible formuler préalablement
une problématique et un plan de rédaction validé par le Directeur.

c)- Un sujet clairement formulé

Pour vous aider à avoir le maximum de lucidité sur cette partie très délicate
de votre travail, le mieux serait d’essayer d’abord de formuler votre sujet avec trois
ou deux intitulés différents. Il faut les expliciter par la suite par des sous-titres (d’une
ligne au maximum) afin de clarifier votre choix. Ensuite, il vous faut bien réfléchir sur
ces différents sujets et manifester peu à peu votre préférence, avec des arguments
techniques à l’appui (il s’agit de procéder par élimination). Enfin, vous devez choisir.

Ce travail peut prendre deux semaines à un mois. Mais, pas plus. Car à ce
stade, il ne s’agit que d’un titre encore provisoire.

Pour confirmer la pertinence de la formulation de votre sujet, en cas de


doute, il serait préférable d’en parler tout naturellement avec votre Directeur de
Mémoire, même s’il ne s’agit ici que d’un intitulé provisoire. D’ailleurs, on ne donne le
titre définitif du Mémoire que bien longtemps après : une fois le plan de rédaction
établi, une fois l’introduction terminée, une fois la rédaction du premier chapitre
finalisé (1). Tout cela pour dire que le titre du Mémoire n’est définitivement arrêté
qu’après mure réflexion.

Néanmoins, il faut éviter des sujets à sensation, trop à la mode, car il vous
faut un surcroît de travail d’information et de réflexion pour le faire sortir de sa
banalité et pour lui redonner finalement un regain d’intérêt. Ici encore, il faut être ni
trop banal, ni trop original ; il faut être ni trop vaste ni trop étroit. Il vous faut la

(1) Il faut bien noter que le titre ne sera définitif qu’avant l’impression finale et ce, en tant compte de
l’aval du Directeur du Mémoire.
14
posture du « juste milieu » (1). Or, ce « juste milieu » ne peut être que le fruit d’un
travail de réflexion personnelle et bien mûrie.

d)- Un sujet qui intéresse également votre Directeur de Mémoire

La prise de contact avec votre futur Directeur de Mémoire doit être amorcée
dès début du Master I, ou au plus tard avant le départ des grandes vacances
(Semestre 8, du système LMD).

Pour mieux préparer ce rendez-vous très important, voici quelques


pistes de réflexion :

 Existe-t-il des liens entre votre futur sujet de Mémoire de Master II et les
contenus des cours qui ont été dispensés à l’Université Catholique de
Madagascar par votre futur Directeur ?

 De ce que vous savez de ses travaux scientifiques effectués par cet


Enseignant-chercheur, quels sont les liens (de près ou de loin) avec
votre futur sujet de Mémoire ?

L’idée, lors de ce premier contact, est de se draper immédiatement dans la


posture d’un « gagnant-lucide qui a bien préparé son coup » ! Si vous lui proposez
un sujet susceptible de l’intéresser personnellement, avec des arguments techniques
bien ficelés, vous avez déjà mis quelques atouts de votre côté. Pour ce premier
rendez-vous, si vous venez avec un bon « Dossier technique » (2), vous allez

(1) Cf. RAVELONANTOANDRO Marc, Op. cit.


(2) Ce « Dossier Technique de projet de Mémoire de Master II » (cinq à huit pages) doit
contenir les éléments suivants qui sont à présenter impérativement dans cet ordre :
a) la formulation du sujet (à titre encore provisoire) ;
b) la formulation de la problématique (une à trois pages, au maximum) ;
c) une douzaine de mots clés, en cohérence avec l’ordonnancement du plan de rédaction.
d) une esquisse de recherche bibliographique (une vingtaine d’ouvrage théorique et une dizaine
d’article scientifique (sur papier et / ou en ligne).
15
encore doubler vos atouts. Car, sachez que vous n’êtes pas le seul étudiant à
solliciter cet Enseignant chercheur.

e)- Un sujet qui est une modeste contribution, pour faire « bouger les
choses » ; un sujet innovant

Le sujet retenu sera-t-il l’occasion de relancer un débat (d’ordre théorique,


d’ordre pratique ou les deux à la fois) à l’intérieur de votre discipline de formation ?

f)- Un sujet qui s’inscrit à la fois dans un projet académique et extra-


académique

Il est bon de savoir que dans le système LMD, il y a deux types de


diplôme de Master II, à Bac + 5. Vous avez :

 le Master II professionnel qui correspond au DESS (Diplôme d’Études


Supérieures Spécialisées) de l’ancien régime académique malgache. Ce
Diplôme a l’avantage de déboucher directement sur un corps de métier
bien ciblé mais il ne donne pas droit à l’inscription en Thèse de doctorat.
Ici, il faut savoir que, de plus en plus, des passerelles existent (1)

 le Master II de recherche qui correspond au DEA (Diplôme d’Études


Approfondies) de l’ancien temps, et qui ne donne pas droit à
l’inscription en Thèse de doctorat dans la spécialité scientifique retenue.
Ce Diplôme à Bac+5 ne donne aucune garantie pour un premier emploi
dans l’Enseignement Supérieur. Car, il faut aller jusqu’en Thèse de
doctorat pour espérer trouver un poste au sein de ce Ministère. Cette
froide réalité du bassin de l’emploi dans l’Enseignement Supérieur n’est
pas à prendre à la légère. En plus de cela, au sein du Ministère de
l’Enseignement Supérieur de de la Recherche Scientifique, l’évolution

(1) Pour cela, il faut se renseigner officiellement auprès des autorités administratives des Écoles
doctorales agréées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et
suivre à la lettre leurs recommandations. Surtout, évitez les passe-droits qui risquent de vous mettre
en porte à faux dans un avenir proche ou lointain.
16
de carrière est surtout basée sur des critères scientifiques hautement
sélectifs (1). C’est pourquoi le parcours de formation dans l’Institut
Supérieur d’Anthropologie et d’Écologie (ISAE) au sein de l’Université
Catholique de Madagascar (UCM) s’efforce d’orienter l’étudiant vers
des débouchées à la fois académiques et extra-académiques. Ce
double regard est en parfaite cohérence avec l’esprit la Charte de
Thèse (Cf. Arrêté N°12610 / 2 013 du 05 Janvier 2013). L’employabilité
et l’excellence académique étant l’horizon permanent du parcours de
formation doctorale, l’Université Catholique de Madagascar (UCM)
s’inscrit dans cette difficile et exaltante démarche dès le Master II. Dans
ce double regard initié dès le Master II, l’idéal est de trouver un
organisme qui accepte de vous embaucher et de financer une partie de
votre Mémoire de Master II. Après quelques années de bons et loyaux

(1) Avec le Diplôme de Master II de Recherche (à Bac+5) et si vous êtes déjà recruté par le Ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, vous avez, le grade académique de
« Maitre Assistant ». Vous avez le droit de porter une épitoge à deux barrettes. Mais le
recrutement à ce niveau académique se raréfie de plus en plus ces derniers temps. Des milliers de
dossiers traînent actuellement au sein de la Direction des Ressources Humaines (DRH) de ce
Ministère. Après la Thèse de doctorat (à Bac+8), vous avez le grade académique de « Maître de
Conférences », avec le droit de porter une épitoge à trois barrettes. Après un parcours de
formation postdoctoral (à Bac+11 et plus), et après soutenance orale et publique de vos travaux de
recherche, vous avez le grade académique de « Professeur Habilité à Diriger des Recherches »
(plus connu sous le jargon de « Professeur-HDR »), avec le droit de porter une épitoge à quatre
barrettes. A ce niveau de grade académique, vous pouvez diriger des Thèses de doctorat car vous
faites déjà partie de ce qu’on désigne par « Professeur de rang magistral »). Après un parcours
scientifique et professionnel post-HDR (à Bac+ 16 et plus), vous avez la possibilité de présenter un
ensemble de travaux devant une Commission de spécialiste dénommée Commission Nationale des
Universités et de la recherche Scientifique (CNURS). Les membres de la CNURS, toute spécialité
confondue, sont tous des Professeurs Titulaires .Ils se réunissent sur convocation du Ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique. Ils sont souverains dans leur décision Ici, il
n’y a plus de soutenance orale et publique comme pour les autres grades académiques car vous
jouer maintenant dans « la cour des grands ». Ici, il n’y a pas non plus de « Mention » à donner au
candidat, du genre « Mention honorable », « Mention très honorable ». Après avis favorable de la
CNURS, vous êtes nommé par Décret pris en Conseil de Ministre, au grade de « Professeur
Titulaire ». A ce niveau académique, vous avec le droit de diriger des candidats pour le diplôme de
l’HDR qui relève de votre spécialité. Avec votre grade de Professeur Titulaire, une fois admis à la
retraite définitive (70 ans) vous pouvez accéder au titre de « Professeur Émérite ». A ce niveau,
vous n’avez plus de travaux à présenter. Une simple lettre adressée au Ministre de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique, avec l’appui du Collège des airs, suffit. Vous serez élevé
à cette plus haute distinction du parcours professionnel d’un Enseignant-chercheur par Arrêté
ministériel. Ce titre honorifique et à vie, vous permet de participer à différentes manifestations
scientifiques et académiques, si tel est votre désir et si votre santé le permet. Il est bon de savoir tout
cela, dès le Master II. Car, connaître d’avance le chemin à parcourir est la meilleure intelligence
d’arriver à bon port.
17
services, l’idée est de voir cet organisme vous accompagner
financièrement dans votre un parcours de formation doctorale pour
votre rayonnement personnel et pour une plus grande visibilité de votre
organisme employeur.

2)- Le « lanceur de corde » : votre Directeur de Mémoire

Disons-le tout de suite : l’étudiant est le véritable promoteur de son Mémoire


de Master II. Dans cette posture, il doit donc assumer l’entière responsabilité de
« l’issue heureuse » de son projet de recherche.
Le Directeur du Mémoire n’a que l’obligation d’assistance et non de résultat.
Cette assistance ne peut se faire qu’à la demande de l’intéressé. Il appartient donc à
l’étudiant de formuler clairement sa requête par des demandes de rendez-vous
auprès de son futur Directeur de Mémoire.

La métaphore de la corde est assez parlante pour vous faire sentir du doigt
votre situation au regard de votre Directeur de Mémoire. Dans cette image
métaphorique de la corde, imaginons une personne qui se débat dans l’eau car elle
ne sait pas bien nager. Il faut pourtant qu’elle remonte sur la terre ferme, sinon elle
risque de se noyer. Dans ce contexte, le Directeur de Mémoire joue le rôle de
« lanceur de corde » en direction de l’étudiant afin que ce dernier puisse se hisser
lentement sur la terre ferme. Mais si habile et si déterminé que soit le « lanceur de
corde », si solide et si fiable que soit la corde, si l’étudiant n’a pas la force physique
et l’intelligence nécessaires pour s’emparer de cette corde ainsi lancée, ce dernier ne
parviendra jamais à saisir cette opportunité qui lui est généreusement offerte.

Nous avons choisi cette image métaphorique quelque peu inhabituelle pour
dire que l’envie de réussir, en donnant le meilleur et le maximum de soi-même, est
l’une des portes de la réussite. Car, on ne jouit de rien sans rien payer en retour. Le
Master II en Sciences humaines et sociales est aussi une véritable « École de la
vie ».

18
IV- Confection de vos propres « outils idéels »

Afin de nourrir votre « imagination vagabonde » dans l’élaboration de votre


Mémoire de Master II, il faut certains auteurs de base. Il faut lire en prenant des
notes car, au fil des pages, on risque d’oublier certaines idées qui sont essentielles
pour la formulation de votre sujet ou de votre problématique, pour l’organisation de
votre plan de travail ou encore, pour l’enchaînement de certains de vos chapitres.

Par la lecture, non seulement vous allez donner des ailes à votre
« imagination vagabonde » mais également aiguiser progressivement votre faculté
à « mettre en mots » les différentes captures de « imagination vagabonde » qui
déborde maintenant de vitalité. Bien conduite, la lecture des grands auteurs est
donc là pour stimuler votre esprit et pour mettre en ordre vos idées.

Et ce n’est qu’en opérant de la sorte que vous allez acquérir peu à peu le
souffle intellectuel requis pour effectuer le saut qualitatif de « imagination
vagabonde » à l’« imagination imaginant » (1). Autrement dit, en vous faisant
accompagner par ces auteurs de base, avec un balbutiement de sujet en main, avec
une murmure de problématique dans la tête, vous voilà en train de « fabriquer »
progressivement ce que nous appelons vos « outils idéels ». Car, n’oubliez pas que
le Master II de recherche Sciences humaines et sociales est un travail scientifique
qui est focalisé sur une spécialité bien précise mais qui fait en même temps
référence à une culture générale très solide.

Dans ce sens, nous vous proposons, pour ce premier cours, quelques


ouvrages et articles sur la thématique de l’environnement, en tenant compte de la

(1) De « l’imagination vagabonde » à « l’imagination imaginant » : cela signifie que la recherche est
un processus qui se fait étape par étape. Au début les idées sont encore quelques peu
évanescentes, floues, vagues et l’esprit tâtonne. Mais plus on avance, par le travail de lecture, de
réflexion et de l’écriture, avec l’aide du Directeur du Mémoire et en tenant compte des moments
de conversation et partage scientifique avec les amis et les condisciples, on arrive finalement à
bien déterminer les différentes formulations (titre, problématique et plan) de son objet de
recherche. Oui, on finit par déterminer un sujet pertinent, innovant et d’actualité.
19
complexité et de la « multidimensionnalité» des questions liées à l’homme et la
nature.

Certains de ces ouvrages et articles vous sont particulièrement


recommandés avec nos brefs commentaires qui sont en note de bas de page.

1)- Ouvrages sur papier (avec parfois des extraits et commentaires succincts
en ligne)

AUBERT Sigrid, Gestion patrimoniale et viabilité. Des politiques forestières à


Madagascar. Vers le droit à l’environnement (Thèse de doctorat,
Université Paris I, Panthéon- Sorbonne), Paris, 1999 (1).

CHABOUD Christian, FROGER Géraldine, MERAL Philippe (dir.), Madagascar face


aux enjeux du développement durable, Karthala, Paris, 2007.

(1) Cette Thèse d’AUBERT Sigrid sur les politiques forestières malgaches dépasse largement son
cadre juridique. Car à Madagascar, la question environnementale ne se règle pas uniquement
par un outil juridique dicté d’en haut sans tenir compte des logiques paysannes, issues des
terroirs. S’il est vrai que Madagascar figure parmi les premiers pays du monde à avoir une vraie
politique environnementale basée sur la conservation des espaces forestiers, il n’en demeure pas
moins vrai que la politique coloniale qui consistait à exclure ces logiques paysannes a été un
échec : la déforestation était loin d’être éradiquée. A partir de l’indépendance et, sous l’impulsion
de la communauté internationale, Madagascar s’est donné progressivement une politique
environnementale plus soucieuse de l’unité duelle « homme-nature », en liant systématiquement
la question environnementale et la biodiversité à la question foncière et le développement
socioéconomique. C’est pour dire que pour Madagascar qui est un véritable « sanctuaire de la
nature » tant sur le plan floristique due faunistique, la question environnementale est une
« histoire au futur » qui reste encore à écrire. Dans cette écriture collective, comment concilier
politique de conservation et politique de développement ancré sur le terroir et soucieuse des
ressentis des communautés villageoises ? Ce questionnement qui est l’un des volets de la
mondialisation nous renvoie à Victor HUGO qui avait déjà prédit que l’unité duelle « homme-
nature » sera le grand défi des siècles à venir. Voici ce qu’il a écrit à ce sujet : « Il fallait civiliser
l’homme du côté de l’homme. La tâche est avancée déjà et fait des progrès chaque jour. Mais il
faut civiliser l’homme du côté de la nature. Là, tout est à refaire ». Pour .prolonger le débat, lire :
BERTRAND Alain, RABESAHALA-HORNING Nadia, MONTAGNE Pierre, « Gestion
communautaire ou préservation des ressources : histoire inachevée d’une évolution majeure
environnementale à Madagascar » in, VERTIGO (La Revue électronique en Sciences de
l’environnement, N°3 (Volume 9), Paris, Décembre 2009. Cet article collectif est disponible en
ligne dans toute son intégralité, en cliquant https://journals.openedition.org/vertigo/9231?lang=pt
(consulté le 20 / 04 / 2020).

20
BARLAUT Robert, Écologie générale. Structure et fonctionnement de la biosphère,
Masson, Paris, 1995.

BERTRAND François, Planification et développement durable : vers de nouvelles


pratiques d'aménagement régional ? L'exemple de deux Régions
françaises, Nord-Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées, Thèse de doctorat en
aménagement de l’Espace et urbanisme, Université de Tours, 2004.

BERQUE Augustin, La raison du paysage : de la Chine antique aux environnements


de la synthèse, Éditions Hazan, Paris, 1995 (1).

BERQUE Augustin, Econoumène. Introduction à l’étude des milieux humains,


Éditions Belin, Paris, 2000 (2).

CAUQUELIN Anne, L’invention du paysage, Plon, Paris, 2000.

CONDOMINAS Georges, Nous avons mangé la forêt de la pierre-génie Gôo,


Mercure de France, Paris, 1957.

(1) Lire l’excellent compte-rendu de cet ouvrage d’Augustin BERQUE par CASTAN Charlotte in,
Revue de Géographie Alpine, N° 84-1,Paris,1996(pp.7’-75),en cliquant:
https://www.persee.fr/doc/rga_0035 1121_1996_num_84_1_3851_t1_0074_0000_3 et par
DUMARCAY Jacques in, Bulletin de l’École française de l’Extrême-Orient, N° 82, Paris, 1995
(pp.447-448), en cliquant : https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_1995_num_82_1_2353
(consultés le 21/ 04/ 2020)
(2) Augustin BERQUE est à la fois géographe et philosophe. Ce double parcours académique lui a
permis de revisiter les coins et recoins du dualisme cartésien qui, à propos de l’humain, oppose
le corps à l’esprit, la connaissance sensitive à la connaissance rationnelle. Avec la sensibilité
d’un géographe, Augustin BERQUE a très vite compris que c’est appauvrir l’humain que de
l’isoler de son lieu naturel. Il rejoint en cela le philosophe naturaliste Jean Jacques ROUSSEAU
qui a eu cette lumineuse inspiration de dire : « Je ne puis méditer qu’en marchant et ma tête ne
va qu’avec mes pieds ». Et, Augustin BERQUE d’affirmer à son que toute étude
environnementale digne d’intérêt doit prendre toujours en compte tous éléments qui le
composent qui vont du monde minéral au monde humain, en passant par le monde végétal et le
monde animal. Fin connaisseur de l’Antiquité grecque, il a donc puisé chez les Grecs le concept-
clé autour duquel va s’articuler toute sa pensée. C’est le concept d’écoumène» (du grec
« oekoumène » qui veut dire « milieu humain », « lieu habité ») et qu’il a longuement développé
dans son ouvrage, « Econoumène-Introduction à l’étude des milieux humains ». [Pour un rapide
tour d’horizon de cet ouvrage, Mona CHOLLET, « Econoumène et médiance d’Augustin
BERQUE, Penser par monts et vaux », Revue Périphéries, Paris, Juin, 2001 (en ligne,
http://www.peripheries.net/article184.htm [consulté le 22/04/2020]); Emmanuel FABRE
« Econoumène- Introduction à l’étude des milieux humains », Revue européenne de géographie,
Paris, Février 2001 (en ligne, https://journals.openedition.org/cybergeo/960 [ consulté le 22/ 04/
2020 ]). La contemplation du paysage occupe une place importante dans la réflexion d’Augustin
BERQUE (pour en savoir plus, lire Eugène Régis MANGALAZA, « Réflexion philosophique sur le
paysage », article intégralement en ligne, en cliquant : www.anthropomada.com (consulté le 22/
04/ 2020).
21
DAJOZ Roger, Précis d’écologie, DUNOD, Paris, 2006.

DAGOGNET François (dir.), Mort du paysage ? Philosophie et esthétique du


paysage, Éditions Champ Vallon, Paris, 1982.

DESCOLA Philippe, Par-delà nature et culture, Gallimard, Paris, 2015.

DONNADIEU Pierre, Campagnes urbaines, Paris, Actes Sud, 1998.

DUMAS Robert, Traité de l’arbre. Essai d’une philosophie occidentale, Éditions Actes
du Sud, Arles, 2002.

HURAND Bérangère, LARRÈRE Catherine (dir.), Y a-t-il du sacré dans la nature ?


Editions de la Sorbonne, Paris, 2014.

IMPELLUSO Lucia, La nature et ses symboles, Éditions. Hazan, Paris, 2004.

GHORRA-GOBIN Cynthia (sous la direction de), Dictionnaire des mondialisations,


Armand Colin, Paris, 2006 ;

GHORRA-GOBIN Cynthia (sous la direction de), Dictionnaire critique de la


mondialisation, Armand Colin, Paris, 2012 (1).

GRATELOUP Christian, Le monde de nos tasses. Trois siècles de petit-déjeuner,


Armand Colin, Paris, 2017.

LEVY-BRUHL Lucien, L’âme primitive, Paris, 1927 (2).

MALINOWSKI Bronislaw, Les jardins de corail, La Découverte, Paris, 2002.

(1) Ces deux ouvrages qui ont été publiés sous la direction d’un même auteur (avec six ans
d’intervalle) montrent que la mondialisation s’inscrit effectivement sous le signe de la mouvance
et, surtout, sous le signe de l’accélération de cette mouvance, à l’échelle planétaire.
(2) Cet ouvrage de base est accessible en ligne, grâce aux travaux du Professeur Jean-Marie
TREMBLAY et de ses collaborateurs qui sont tous des bénévoles. Pour y accéder,
cliquez :http://classiques.uqac.ca/classiques/levy_bruhl/ame_primitive/ame_primitive.html
(consulté le 23/04/2020) Pour une consultation rapide, lisez plus particulièrement le chapitre III
« Force mystique présente dans les rochers et les pierres » et le chapitre IV « Plantes et arbres,
ressources des forces mystiques » de l’Introduction. Vous y verrez que pour Lucien LEVY-
BRUHL, les « primitifs » ont une vision holistique de l’univers car pour eux, les éléments visibles
et invisibles de cet univers s’appellent, s’interpellent et se répondent dans un tout harmonieux.
Pour en savoir plus, consultez également en ligne : MANGALAZA Eugène Régis, WALZER
Nicolas, « Cours d’anthropologie de la religion » (les cours N°1 et N°2) ; MANGALAZA Eugène
Régis, RABEDIMY Jean François, « Cours d’anthropologie du sikidy » (les cours N°1, N°3 et
N°4) en cliquant : www.anthropomada.com (consulté le 25/ 04/ 2020).
22
NOVALIS, Les disciples à Saïs, Gallimard, Paris, 1980 (1).

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’alimentation et L’AGRICULTURE,


La gestion inclusive des forêts d’Afrique Centrale. Passer de la
participation au partage des pouvoirs, FAO-CIFOR, 2016 (2).

POIROT-DELPECH, RAINEAU Laurence (dir.), Pour une socio-anthropologie de


l’environnement, L’Harmattan, Paris, 2012.

RAHARINIRINA-DOUGUET Vahinala Baomiavotse, Valorisation économique de la


biodiversité par les contrats de bioprospection et la filière des huiles
essentielles : le cas de Madagascar (Thèse de doctorat), Université
Versailles Saint-Quentin, Paris, 2006.

SCHAMANA Simon, Le paysage et la mémoire, Seuil, Paris, 1999.

SMOUTS Marie –Claude, .Le développement durable. Le terme du débat, Armand


Colin, Paris, 2008.

WOLTON Dominique, L’autre mondialisation, Flammarion, Paris, 2003.

SUEUR Jean Pierre, Changer la ville. Pour une nouvelle politique d’urbanité, Odile
Jacob, Paris, 1999.

TIBARGHIEN Gilles, Nature, art et paysage, Éditions Actes du Sud, Arles, 2001.

TIRONI Giordano, Paysage, lieu du temps, Presses Universitaires de Valenciennes,


Aulnoy-de-Valenciennes, 2016.

YAMADA Fumi, La gestion des déchets ménagers d’Antananarivo. La haute ville et


les bas quartiers, L’Harmattan, Paris, 2001.

(1) De son vrai nom Friedrich Von HARDENBERG, (1772-1881), NOVALIS est une grande figure de
la littérature allemande. Décédé à l’âge de 29 ans seulement, il a pourtant laissé des textes d’une
profondeur joviale et d’une sensibilité spirituelle inégalée sur le paysage. Pour lui, la profondeur
symbolique d’un paysage ne se dévoile qu’à celui qui sait le contempler. Car le paysage est un
chiffre qui renferme le secret de notre humaine condition et qui nous appartient de décoder à
chaque contemplation, dans une démarche initiatique. Voici ce qu’il a écrit à ce sujet : « Plus que
l’homme le plus spirituel et le plus plein de vie, la nature émerveille par ses profonds détours, par
ses divinations et ses divagations, par ses grandes idées et ses bizarreries (…) ; et si parfois elle
ne semble le royaume que d’un mécanisme aveugle, un regard plus pénétrant y aperçoit au
contraire une mystérieuse sympathie avec le cœur humain »
(2) Cet ouvrage collectif sur les stratégies de gestion des forêts en Afrique et à Madagascar a vu la
participation de nombreux scientifiques malgaches dont le Professeur RAMAMONJISOA Bruno
Salomon de l’École doctorale de l’Université d’Antananarivo), ANDRIAMANANKASINARIHAJA
Stefano Raharijaona et RABEMANAJARA ZO Hasina de l’École Supérieure des Sciences
Agronomiques (ESSA) et RAKOTOARISETRA FANJA Nirina de l’Université d’Antananarivo. Le
texte est accessible en ligne, en cliquant, http://www.fao.org/3/a-c0222f.pdf (consulté le 25 / 04
/2020).
23
ZIEGLER Jean, Le droit à l’alimentation, Mille et une nuits, Paris, 2003 (1).

2)- Articles en ligne

BADRE Michel, « Évaluation environnementale et préservation de la biodiversité »


in, Revue juridique de l’environnement, Hors série, Paris, 2011 (pp. 79-86).
Cet article est intégralement accessible en ligne, en cliquant :
https://www.persee.fr/doc/rjenv_0397-0299_2011_hos_36_1_5609 (consulté
le 24 /04 / 2020).

BERTINA Ludovic, “Le Catholicisme et la question environnementale en France: Les


raisons culturelles d’un retard” in Revue Française d'histoire des idées
politiques (N° 44), Paris, 2016 (pp. 127–155). Cliquez :
www.jstor.org/stable/90000032 ou https://www.cairn.info/revue-francaise-
d-histoire-des-idees-politiques-2016-2-page-127.htm (consulté le 26 / 04 /
2020).

CARRIERE-BUCHSENSCHUTZ, Stéphanie. “L'urgence d'une confirmation par la


science du rôle écologique du Corridor forestier de Fianarantsoa” in,
Revue Études Rurales, N° 178, Paris, 2006 (pp. 181–196). Cliquez :
https://www.jstor.org/stable/20122552?seq=1(consulté le 27 / 04 :/ 2020).

CHANIAL Philippe, « La nature donne-t-elle pour de bon ? L'éthique de la Terre vue


du don » in, Revue du MAUSS, (N° 42), Paris, Février 2013, (pp. 83-96).
Cliquez : https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2013-2-page-83.htm
(consulté le 28 / 07/ 2020).

(1) Ce sociologue suisse s’est d’abord fait remarqué par ses études anthropologiques (Cf. Les
vivants et la mort, Seuil Paris, 1975). Mais très vite, ses travaux de recherche l’ont conduit aux
questionnements sur les multinationales de l’agroalimentaire dans le monde. Dans son ouvrage
Le droit à l’alimentation, voici ce qu’on peut lire au fil des pages : « Sur notre planète Terre,
déclare-t-il, 100.000 de personnes meurent chaque jour de faim ou de ses conséquences
immédiates et 826 millions d’êtres sont gravement sous-alimentés de façon chronique. Or, la
planète regorge de richesse, les ressources alimentaires pourraient nourrir 12 milliards d’êtres
humains, soit deux fois plus la population mondiale. L’actuel ordre du monde n’est pas seulement
meurtrier, il est absurde ». Dans un autre livre intitulé, Lesbos, la honte de l’Europe (Seuil, Paris,
2020) il est encore plus percutant sur cette question, en pointant du doigt le FMI, l’OMC. Jean
ZIEGLER revendique une agriculture à l’échelle humaine où les plantes vivrières ont leur place..
Étant pour un temps Rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation. Il a été pour beaucoup
pour la rédaction définitive et pour l’adoption du « Droit à l’alimentation » par l’Assemblé
Générale. Voici un passage de ce texte onusien : « Le droit à l’alimentation est le droit d’voir un
accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d’achats alimentaires, à une
nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux
traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur , et qui assure une vie psychique,
physique, individuelle et collective, libre d’angoisse, satisfaisante et digne ». Les travaux du
sociologue Jean ZIEGLER ont fait école. Marie-Monique ROBIN, Les moissons du futur ;
comment l’agroécologie peut nourrir le monde, La Découverte, Paris, 2012 ; Pierre RABHI,
L’agroécologie. Une éthique de vie, Paris, 2016
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Cliquer : https://www.jstor.org/stable/43658017?seq=1 (consulté le 29 / 04/
2020).

V)- Le plan de travail

1)-Une chaîne d’opération bien huilée : le plan de travail

Le plan de travail a pour fonction de donner une programmation des


« temps forts » de votre chantier. Aussi, ne faut- il pas confondre plan de travail (qui
relève de l’ordonnancement des actions) et plan de rédaction (qui se plutôt focalise
sur l’ordonnancement des idées et sur le cheminement de votre pensée) (1).

A l’image de la traversée pour un navire, la conduite d’un Master II nécessite


tout un enchaînement d’action (un mode opératoire) avant que les amarres ne soient
larguées et le départ donné. Un bon capitaine de navire ne quitte jamais le quai sans
fixer son cap (destination, itinéraire, vitesse de croisière, arrivée à destination). Mises
à part quelques petites décisions correctives, jamais d’écart dans les modes
opératoires prédéfinis pour que le navire arrive à bon port.

Anticiper, identifier, ordonnancer, évaluer, recadrer sont autant d’action qu’un


bon capitaine de navire doit savoir maîtriser pour mettre au point son plan de
traversée. Il en est de même pour la confection du plan de travail d’un bon Mémoire
de Master II de recherche.

(1) Cf. BEAUD Michel, L’art de la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de master, une
thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l’ère du net. La Découverte, Paris, 2006.
27
Car, il est possible que votre sujet de Master II de recherche soit très original
et habilement formulé, que votre souffle intellectuel soit au rendez-vous, que votre
Directeur de Mémoire soit fortement intéressé par votre projet de recherche, mais
avec une certaine opacité organisationnelle, il y aura certainement des flottements
dans la réalisation vos travaux d’étude et de recherche. De tels flottements ne
peuvent que gêner votre Directeur de recherche. Car, sans une réelle visibilité du
déroulé de vos actions les plus significatives, il n’aura pas les meilleurs outils pour
vous aider à rester dans la bonne allure et à ne pas s’attarder en chemin.

2)- Un exemple de plan de travail de Master II, étalé sur six


mois

L’année universitaire étant de neuf mois, vous avez six mois pleins (au
moins) pour confectionner votre Mémoire de Master II. Nous vous proposons donc
un plan de travail qui s’étale sur ces six mois, en opéreant par séquence :

 une première séquence avec les différentes tâches à faire (choix et


formulation du sujet, plan de travail, revue de la littérature,
formulation de la problématique, plan de rédaction, récolte de
données de terrain, rendez-vous avec le Directeur de Mémoire, ...) ;

 une seconde séquence dédiée au travail d’écriture (phases


préparatoires, Introduction, Première Partie, rendez-vous avec le
Directeur de Mémoire, ...) ;

 une troisième séquence toujours dédiée au travail d’écriture


(deuxième et troisième Parties, recherches bibliographiques, rapides
descentes de terrain pour complément des données, rendez-vous
avec le Directeur de Mémoire, ...) ;

 une quatrième séquence consacrée au travail de finalisation du


Mémoire (lecture personnelle et relecture par une tierce-personne de
l’ensemble du Mémoire, rendez-vous avec le Directeur de Mémoire,
reliure, dépôt du Mémoire auprès de l’Administration, préparation à la
soutenance orale et publique,...).

28
Il ne faut pas prendre à la légère cette quatrième séquence de votre plan de
travail car, c’est à partir de la finalisation du travail d’écriture (troisième séquence)
que doit démarrer cette préparation à la soutenance orale et publique de votre
Mémoire de Master II de recherche.

Lors de cette prestation orale et publique, vingt à trente minutes vous seront
accordées pour mettre en lumière la pertinence de votre sujet avec la problématique
qui le sous-tend ainsi que les différents enjeux qu’il soulève dans les débats d’idée
qui passionnent actuellement la communauté scientifique dans votre domaine de
recherche. Autrement dit, vous devez d’abord situer techniquement votre sujet afin
de montrer la pertinence scientifique de son choix. Ce n’est que pour plus tard que
vous vous efforceriez, en prenant votre temps, de démontrer dans l’ordre :

 la justesse du cheminement de votre pensée (plan de rédaction)


 la cohérence de l’ordonnancement de vos idées (déroulé du plan)
 la fécondité de votre recherche (conclusion et perspectives).

Il vous faut donc produire un texte percutant. Ce texte doit être « travaillé »
bien à l’avance. Une fois le texte correctement rédigé, exercez-vous à le lire et à le
relire à haute et intelligible voix, si possible, devant une oreille très sensible aux
intonations de la voix et au débit de la parole. Car le premier contact est physique et
il est souvent déterminant. Ce premier contact n’est pas seulement visuel, mais il est
également auditif. Vous comprenez dans ce sens, pourquoi le Président du jury vous
commence par vous donner la parole à l’ouverture de la soutenance avant de
l’accorder aux Membres du jury. Et à la fin de la soutenance, quand les Membres du
jury ont fini d’intervenir, il arrive souvent au Président d’accorder encore une fois la
parole au candidat.

29
FIGURE I- LES DIFFÉRENTES SÉQUENCES DE L’ÉLABORATION DU MÉMOIRE

PÉRIODE D’EXÉCUTION
Mois Mois Mois
Mois 1 Mois 2 Mois 3
Domaines 4 5 6
Phases séquentielles
d’action 1 2 1 2 1
1° 2° 1° 2° 1° 2° 2°
° ° ° ° °
1
Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q
Premier débroussaillage
(tour de la question, intérêt
et pertinence du sujet ; X
A) Conception du recherche d’information
sujet et dans tous les sens pour un
préparatifs de maximum d’information)
rédaction
Titre(s) provisoire(s) avec X
a)- choix notes de quelques lignes

du sujet
Début de recherche
X X
bibliographique avec
quelques fiches de lecture,
en phase de démarrage

X
b) Élaboration du Première esquisse de
problématique
sujet et du Plan de
travail Esquisse de Plan de travail X X
et esquisse de Plan de
rédaction

Demande de rendez-vous
avec le Directeur de X X
c)- Différents Mémoire pour lui soumettre
officiellement votre Projet
contacts avec le
de recherche
Directeur de
Mémoire Mise au point des dossiers
techniques pour le premier X X
rendez-vous avec le
Directeur
validation du sujet.

(1) Q = Quinzaine de « jour-travaillé »


30
PÉRIODE D’EXÉCUTION
Mois Mois Mois
Mois 1 Mois 2 Mois 3
Domaines 4 5 6
Phases séquentielles
d’action 1 2 1 2 1
1° 2° 1° 2° 1° 2° 2°
° ° ° ° °
1
Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

Premier rendez-vous avec


X X
le Directeur du Mémoire
pour validation de
l’ensemble du projet
d) Élaboration
Ajustement du Plan de
définitive du plan X X X
travail avec toutes les
de travail actions à mener du début
jusqu’à la fin du projet

Travail intensif d’étude pour X


la formulation définitive de
la problématique

X
Création de fichier d’idée

e) Problématique X X
Création de fichier de fiche
et élaboration du de terrain
plan de rédaction
X
Problématique définitive

Plan de rédaction définitive X

X X X X X X X X X
Recherche bibliographique

Préparatifs d’ordre matériel


et technique pour le travail X
de collecte des données de
terrain
f)- Recherche de
données de terrain Descente sur terrain
(collecte des données de
terrain dans une démarche X X X X
« d’observation
participante »)

Exploitation progressive X X X X X
B) Rédaction des données de terrain

X X X X X X X

31
PÉRIODE D’EXÉCUTION
Mois Mois Mois
Mois 1 Mois 2 Mois 3
Domaines 4 5 6
Phases séquentielles
d’action 1 2 1 2 1
1° 2° 1° 2° 1° 2° 2°
° ° ° ° °
1
Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q
Finalisation la rédaction de
l’introduction en plus de la X
rédaction d’un chapitre

Demande d’un second X X


rendez-vous avec le
Directeur de Mémoire

Finalisation de la rédaction X X X
de la Première partie du
Mémoire

Finalisation de la rédaction
d’un chapitre de la X X

Deuxième partie du
Mémoire

Finalisation de la rédaction X X
de la Troisième partie du
mémoire et de la conclusion
Finalisation de la recherche
bibliographique et choix X
bibliographique

X
Dernière relecture du
Mémoire

Dernier rendez-vous avec


C)- Préparations X
le Directeur de Mémoire
de la soutenance pour une mise au point final
avant sa soutenance

X
Correction finale et dernier
« toilettage » du texte

X
Tirage et remise des quatre
exemplaires du Mémoire

32
V- La Problématique

1)- S’armer d’un mode opératoire bien précis pour


élaborer sa problématique

ll ne faut pas confondre problème et problématique.

De nombreux étudiants n’arrivent malheureusement pas à discerner la


différence entre ces deux termes.

Qu’est-ce qu’une problématique, et comment faut-il s’y prendre pour la


construire ?

La problématique s’élabore progressivement, étape par étape. La


description concise, claire et adéquate d’un problème que l’on va résoudre tout au
long du Mémoire (1). Il y a six grandes étapes à suivre :

 d’abord, un premier « travail de capture d’image et d’idée» qui


consiste tout simplement à recueillir, avec la plus grande ouverture
d’esprit, tout ce que vous dit votre sujet. Pour cela, il faut
« convoquer », sans le moindre état d’âme, ce que vous avez retenu de
vos cours, de vos lectures, de vos expériences de vie qui se rapportent
de près ou de loin au sujet retenu. Il faut mobiliser tout ce que vous
avez amassé jusqu’ici dans votre vie, en puisant dans ce que le
sociologue Pierre BOURDIEU appelle « champ social » (2) ;

(1) Cf. SALVADOR Juan. « Méthodologie de la recherche en sociologie didactique du projet de


recherche » in, Bulletin de Méthodologie Sociologique (N° 47), Paris, 1995, (pp. 78–98). Cliquez :
www.jstor.org/stable/24359917 (consulté le 30 / 04 / 2020).
(2) Ce sont les sociologues des années 50 qui ont forgé le concept de « champ » pour rendre
compte de l’étendue des domaines d’activité que couvre les sciences sociales, de toute la
richesse symbolique qu’elles embrassent ou encore, de l’homogénéité comme de l’hétérogénéité
des populations qu’elles touchent et mobilisent. Ferdinand TÖNNIES a été l’une des pionniers de
cette École de pensée (Lire, TÖNNIES Ferdinand, Communauté et société, Paris, PUF, 1944).
Pierre BOURDIEU a repris le flambeau en l’affinant pour en faire ultérieurement un réel outil
d’analyse de la société d’une manière générale. Pour s’informer davantage sur cet apport du
sociologue-philosophe Pierre BOURDIEU, lire, Frédéric LEBARON, Brigitte LE ROUX (dir.), La
méthodologie de Pierre Bourdieu en action. Espace culturel, espace sociale et analyse des
données, DUNOD, Paris, 2015. ? Une présentation de cet ouvrage est en ligne :
https://www.cairn.info/la-methodologie-de-pierre-bourdieu-en-action--9782100703845.htm
33
 puis, un « travail de mise en mots » de toutes ces différentes images
et idées, en essayant d’éliminer celles qui vous paraissent finalement
trop éloignées de votre sujet ;

 ensuite, un « travail de recherche de lien » entre ces mots jetés pêle-


mêle sur le papier au fur et à mesure de leur venue au bout de vos
lèvres et de vos doigts (l’objectif est de les regrouper afin de dégager,
déjà, une certaine lisibilité) ;

 et puis, un « travail de recherche de cohérence des liens » en vue


d’un discours cohérent et qui a du sens par rapport à votre sujet ;

 et puis encore, un « travail de synthèse » qui consiste à dégager en


une idée centrale tout ce que vous avez imaginé, pensé, griffonné,
groupé, classé, lié, ordonnancé ; cette idée centrale est à « mûrir »
intellectuellement, en la « ruminant » pour quelques semaines dans
toutes vos postures corporelles (debout, assis, couché,...) ; elle ne doit
pas vous quitter, comme l’ombre l’est à l’objet ;

 et enfin, un « travail d’écriture » à partir de cette réflexion intérieure et


progressive et qui peut vous prendre quelques jours, pour un texte
d’une à deux pages où le cheminement de votre pensée se laisse
entrevoir dès la première lecture.

34
FIGURE II- POUR MIEUX VISUALISER LE MODE OPÉRATOIRE DANS
L’ÉLABORATION DE LA PROBLÉMATIQUE

(1)- Capture d’image et d’idée autour du sujet («imagination vagabonde »)

(2 )- Brassage des images, des idées et travail de mise en mots

(3) -Tri et organisation des mots et travail de mise en idée

(4) - Mise en lien des idées et travail de recherche de cohérence

(5) - Mûrissement des idées et travail de synthèse (idée principale)

(6) - Articulation rigoureuse de l’idée principale et travail de rédaction

PROBLÉMATIQUE

2)- La problématique : outil idéel incontournable pour un Master II


de recherche

L’image métaphorique d’un son sol nourricier fécond sur lequel pousse un
grand arbre (votre Mémoire de Master II) avec son tronc aux multiples branches qui
à résister aux caprices du vent (votre plan de rédaction) vous aidera certainement à

35
mieux comprendre toute l’importance de la problématique dans l’économie générale
de votre Mémoire.

La problématique est dans cette métaphore, le sol nourricier qui irrigue en


permanence ce grand arbre qu’est votre Master II. Ce sol nourricier se présente sous
le signe de la discrétion. En effet, riche des matières nutritives, ce sol nourricier ne
se laisse jamais capter du premier regard dans sa fécondité. Il ne laisse pas tout
transparaitre à la surface. Mais du premier regard, les connaisseurs savent
l’apprécier à sa juste valeur. C’est la raison pour laquelle on n’affiche pas avec
ostentation la problématique (avec un sous-titre bien mis en avant à l’intérieur de
l’introduction), comme on le voit dans beaucoup de Mémoire de Master Il de
recherche en Sciences Humaines et Sociales.

La finesse d’esprit repose sur une certaine forme de discrétion, dans le non-
dit du dit, avec ses codes de décryptage. Dans le cas qui nous intéresse ici, il
appartient aux regards connaisseurs (les Membres du jury) de scruter et d’apprécier
toute la force génésique de ce sol nourricier (la problématique) dans son dévoilement
toujours voilé et cela, dès la première page de l’introduction jusqu’à la dernière ligne
de la conclusion de votre Mémoire de Master II. Ces regards connaisseurs sauront
apprécier la fécondité de ce sol nourricier par la force de vie de la graine
ensemencée en se métamorphosée d’abord en plantule, puis, en jeune plant,
ensuite, en arbuste pour devenir un grand arbre dans toute sa beauté. Nos ancêtres
qui vivaient en parfaite symbiose avec leur environnement forestier ne disaient-ils
pas que : « Raha ny hazo vanon-kolakana, satria ny tany naniriany no tsara »
(traduction littérale, « Si un jeune plant a fini par devenir une pirogue, c’est parce que
son sol nourricier est fécond ») ?

Décidément, le monde végétal est riche d’enseignement dans les différentes


dimensions existentielles de notre vie, à condition d’être à son écoute. La « sagesse

36
de l’arbre » est une source d’inspiration féconde pour nous les humains, nous
rappelle à ce sujet le théologien orthodoxe Olivier CLÉMENT (1).

3)- Un exemple à l’appui pour l’enchaînement des actions


dans la conception et dans la formulation d’une
problématique

Nous vous montrons ici un exemple d’enchaînement d’action dans


l’élaboration d’une problématique pour un Master II en anthropologie de
l’environnement.

a)- Formulation du sujet qui va nous servir d’exemple :

« Paysage, patrimoine et développement durable. Cas de la Commune rurale


d’Andriambilàny dans le District d’Ambatolampy »

(1) Cf. Olivier CLÉMENT (1921-2009), un théologien orthodoxe, était profondément sensible au
rapport de l’homme avec la nature. C’est ainsi qu’il avait dénoncé de toutes ses forces la
mainmise de l’esprit scientifique qui prétend tout comprendre et qui nie par la même occasion
toute réalité que la raison n’arrive pas à saisir par elle-même. Le monde végétal, soutient-il à ce
sujet, ne réduit pas à ce que les sciences nous en disent. En effet, soutient cet historien et
théologien, le monde végétal est plus riche et plus mystérieux que cela ; ce monde végétal nous
parle et nous interpelle sans cesse. Parlant de nos sociétés consuméristes de la postmodernité
et qui se caractérise, entre autre, par la recherche effrénée du profit, le Père Olivier CLÉMENT
n’a de cesse de nous mettre en garde contre notre surdité pour ce qui est du langage du monde
végétal. Ce constat amer, il a tenu à le consigner dans un de ses ouvrages. Voici ce qu’il nous dit
à ce sujet : « On a massacré des arbres sous prétexte qu’ils ne servaient à rien. Et l’on s’aperçoit
aujourd’hui que sans les arbres, la terre n’est plus féconde. Ce temps a besoin d’hommes qui
soient comme des arbres, lourds d’une paix silencieuse qui s’enracine à la fois en pleine terre et
en plein ciel » (Cf. Olivier CLÉMENT, Questions sur l’homme, Stock, Paris, 1972). Les voix
d’Olivier CLÉMENT sont loin de s’éteindre dans le silence de la mort et de l’oubli. Cette fois-ci, un
jeune théologien catholique très attaché à son terroir landais (dans le sud de la France) a tenu à
faire écho au théologie orthodoxe. En témoigne cette Thèse de doctorat en Sciences ecclésiales
du Père Olivier PEYRON qu’il a soutenue à l’Institut Pontifical Oriental de Rome. Cette brillante
thèse, le doctorant Olivier PEYRON, l’a intitulée « Mystères de l’homme selon Olivier Clément ».
Reconnu par ses pairs, Olivier PEYRON enseigne actuellement à l’Université catholique de Lyon.
Entre temps, il a publié sa thèse de doctorat. (Cf. Olivier PEYRON, Mystères de l’homme selon
Olivier Clément, Éditions Salvator, Paris, 2014). Voilà un théologien orthodoxe revisité par un
théologien catholique dans une démarche de rencontre à la fois spirituelle et fraternelle. Quelle
belle leçon d’œcuménisme ! Et surtout, quelle belle leçon du « bien-vivre avec la nature ». La
biodiversité tant faunistique que floristique trouve ici, avec ces deux religieux, toute la place
qu’elle mérite.
37
b)- Capture de flots d’image et ruissellement d’idée autour du sujet

« Chaînes de montagne dénudée avec des vallées très encaissées » ;


« rizières confinées au fond des vallées bien entretenues comme des jardins » ;
« des pistes à charrettes serpentant sur les flancs de colline mais pour aller où ? » ;
« des tombeaux en pierre taillée, surmontés d’une croix et drapés dans le silence de
la mort « ; « quelques zébus au loin qui bougent » ; « de petites maisons à un étage,
en toit de chaume et aux murs épousant la couleur du sol latéritique » ; « de petits
champs de manioc et de maïs » ; « des enfants qui reviennent de l’école, à pied et
en groupe » ; « un petit espace du hameau appelé « kianjamaitso » avec un drapeau
vert et un drapeau malgache hissés côte à côte » ; « une bande de canard barbotant
joyeusement dans les rizières déjà moissonnées ; le clocher de l’église qui s’élance
haut dans le ciel » ; « des enclos creusés à même le sol derrière les maisons pour
servir de parc à bœufs » ; « un taxi-brousse qui débarque ses passagers sur la place
du village ; le portable au village ».

c)-Brassage des images, des idées et, travail de « mise en mots » (1) de tout
ce bric-à-brac

« Paysage rural » ; « paysage urbain » ; « monde traditionnel et les us et


coutumes » ; « travail de la terre » ; « ruralité ; agroécologie » ; « paysage comme
étendue géographique » ; « nature-paysage » ; « paysage comme lieu féerique et
enchanteur » ; « patrimoine et transmission intergénérationnelle » ; « rapports aînés
/ cadets » ; « patrimoine culturel immatériel » ; « paysage et idée de beauté, de
couleur, de détente et tonalité vitale » ; « tourisme local et développement
participatif » ; « guide touristique » ; « sécurité des personnes et des biens en milieu
rural » ; « pouvoir politique local » ; « magie et travail de la terre » ; « vivants et
morts » ; « École et éducation familiale » ; « patrimoine et inégalité sociale » ;

(1) Nous avons affaire ici aux premières séquences d’un réel travail de conceptualisation qui va
permettre à la pensée réflexive de prendre son envol. Il y sera question de « ficeler avec des
mots judicieusement sélectionnés » les images et idées qui ont été capturées ça et là, en jouant
sur leur relation (rapprochement, coïncidence, convergence, similitude, analogie, opposition,
complémentarité,...).

38
« patrimoine et nourriture » ; « l’Église avec son clocher qui domine le village » ;
« santé communautaire » ; « les élus et le pouvoir au quotidien » ; « terroir et
affirmation identitaire », « le bien-vivre ensemble » ; « cohabitation solidaire ».

d)- Tri et organisation des mots et tra ail de mise en ordre des idées

o autour du paysage :

 « paysage comme lieu d’appartenance à un même flux vital issu


d’ancêtre commun (terre ancestrale » ; « village natal » ; « ancêtre
commun – taranaka – terroir » ; « nuages flottants et crêtes des
montagnes rocheuses » ; « ciel azuré et vallées profondes » ;
« nuages pourpres et jeu de couleur des pentes de colline » ;
« paysage comme lieu d’appartenance à un même espace vital » ;
« vastes étendues de terre et esprits errants » ; « villages des morts
faisant partie du paysage des vivants » ; « les maisons familiales en
terre rouge avec leur « kianjamaitso » ; « lieu public de partage
d’information, de concertation et de prise de décision pour l’intérêt
collectif : le « kianjamaitso » ; « politique de proximité et
développement en partage ».

 « paysage de plus en plus défiguré par l’homme et qui est à protéger


(faune, flore, espèces endémiques) » ; « paysage rural / paysage
urbain » ; « paysage forestier » ; « paysage de montagne » ;
« politique de reboisement et controverses autour de cette politique » ;
« paysage comme lieu de mémoire » ; « paysage géographique et
paysage humain » ; « les enjeux politiques du paysage ».

o autour du patrimoine

 « patrimoine comme héritage reçu et à transmettre » ; « élargissement


de la notion du patrimoine » ; « patrimoine comme possibilité de cumul
des richesses à travers les générations qui se succèdent » ;
« les grandes fortunes » ; « patrimoine et inégalité sociale » ;

 « patrimoine comme œuvre d’art » ; « les danses traditionnelles » ;


« les contes et légendes » ; « les proverbes » ; « les instruments de
musique » ; « les manières de table » ; « le parler du terroir,

39
patrimoine culturel visible et patrimoine culturel invisible » ; « conflits
sociaux et manières de les résoudre, les « fady ».

o autour des notions de développement durable et de


développement local :

 « existe-t-il un modèle fiable de développement et au nom de quels


critères ? développement durable et gestion participative » ;
« développement et cadre de vie ; développement humain et qualité
de vie » ; « développement durable et affirmation identitaire » ; « entre
le global et le local ; pauvreté et corruption » ; « éthique des
affaires » ; « éthique politique » ; « fraude électorale ».

 « développement durable et décentralisation des responsabilités » ;


« développement local et autorités territoriales » ; « développement
durable et éducation » ; « sécurité des personnes et de leurs biens » ;
«le dina ou contrat social ».

e)-Mise en lien des idées et travail de recherche de cohérence autour de


deux axes :

o paysage naturel et paysage culturel :

 Premier axe de recherche

« Toute étendue géographique travaillée, aménagée, domestiquée


par la main de l’homme ou, du moins, parcourue par son regard ;
« Avec le travail de l’homme et du temps, le paysage devient
patrimoine » ; « A la fois naturel et culturel, le paysage ne constitue-t-
il pas un lieu des traditions et d’affirmation identitaire, tant sur le plan
individuel que collectif ? ».

 Second axe de recherche

« En défigurant son paysage naturel ne risque-t-on pas de se


délester peu à peu de son patrimoine culturel et de fragiliser ainsi
son cadre de vie ? ».

o ruralité et politique de proximité


40
« Les savoirs d’expérience menés par les élus de la Commune
d’Andriambilàny (à 45 minutes de la capitale sur la Route Nationale
n° 7, vers Fianarantsoa et Tuléar), qui consistent à sensibiliser et à
mobiliser les différentes classes d’âge pour une vie communautaire
ancrée sur la ruralité et sur un développement humain en partage,
pourront-ils servir de passerelle (à construire et, surtout, à consolider
ensemble ) entre tradition et modernité ? Le cas de la Commune
rurale d’Andriambilàny peut-il faire école pour toutes les communes
rurales de Madagascar et ce, dans une démarche de politique de
proximité? ».

f)- Mûrissement des idées glanées çà et là et travail de synthèse (idées


principales autour desquelles va s’articuler autour de votre Mémoire
de Master II)

o au cours de la période de mûrissement

 cette période d’une à deux semaines doit être mise à profit pour
revisiter les cours et les articles en anthropologie sociale et qui sont
« postés » sur la toile. L’accès est gratuit. Cliquez :
www.anthropomada.com

 il faut penser également mettre à profit, dans une ambiance de détente,


cette période pour enrichir ces deux axes de réflexion par différentes
lectures d’ouvrages et d’articles de base en anthropologie et en
écologie, par l’écoute des émissions télévisées, radiophoniques, par
des consultations de site Internet ;

 les résultats de tout ce travail de mûrissement ou tes ces réflexions


doivent faire l’objet de notes succinctes pour ne pas les oublier ;

 l’objectif est de forger peu à peu vos outils théoriques et conceptuels


pour ficeler vos idées, nourrir vos pensées, renforcer vos facultés de
synthèse et aiguiser votre esprit critique.

41
o A l’issue de cette période de mûrissement, nous allons formuler la
problématique en une seule idée principale :

« Pour la Commune rurale d’Andriambilany, il existe un lien entre


paysage, patrimoine et développement durable. Ce lien est loin d’être
conjoncturel parce qu’il est au cœur de l’économique et du social ».

g)-formulation de la problématique de notre sujet (une formulation encore à titre


provisoire)

« Le développement ne se réduit pas à la seule dimension de la


croissance économique mais renvoie également à la dimension humaine.
C’est pourquoi la qualité de cadre de vie est devenue maintenant l’un des
critères de pertinence pour faire aboutir et pérenniser tout projet de
développement qui entend s’inscrire au cœur d’un groupe social donné.

L’on sait par ailleurs que le paysage (au sens large du terme)
est devenu un enjeu majeur dans l’amélioration du cadre de vie, au point
de voir se mobiliser autour de cette question, non seulement les grandes
instances internationales comme la Banque Mondiale, mais également les
autorités territoriales telle que la Commune rurale d’Andriambilàny. Ici, le
paysage humain se conjugue au quotidien avec le paysage géographique.
Ici, les maisons en terre battue et au toit de chaume est en parfaite
harmonie avec la couleur rouge des Hautes Terres malgaches. Nature et
culture sont en dialogue permanent que des oreilles averties arrivent
encore à entendre et apprécier. Dans ce dialogue permanent entre visible
et invisible, l’anthropologie est l’un des lieux d’écoute pour mieux
participer à ce « transdialogue » humano-cosmique.

A la lumière de l’étude monographique de cette Commune rurale


d’Andriambilàny, dans quelle mesure la trilogie « paysage » /
« patrimoine » / « développement durable et en partage », une fois
portée par une volonté politique du terroir, peut-elle contribuer à
redynamiser le devoir de mémoire et d’affirmation identitaire ? »
42
4)- Deuxième exemple de formulation d’une problématique

Pour ce deuxième exemple, nous avons choisi un sujet de philosophie


générale. Derrière ce sujet, se lit en filigrane toute la théorie d’ÉPICURE et de ses
disciples. Les Épicuriens disent-ils pas en effet qu’ « il n’y a pas de plaisirs faux mais
il n’y a que de faux plaisirs » ? Une telle affirmation ne peut que nous inciter à la
méditation (1).

Par souci d’économie de temps, nous ne reproduisons pas ici les six étapes
pour la confection de la problématique. Nous allons directement à sa formulation.
Cette opération est la plus difficile faire. Or, de la qualité de cette formulation dépend
tout le reste du travail. Nous y reviendrons d’ici peu.

o Formulation sujet

« Le désir comme questionnement philosophique »

o Formulation de la problématique de ce sujet

« S’interroger sur le désir, n’est-ce pas la meilleure façon d’accéder


de plein pied au cœur même du questionnement philosophique, dans la
mesure où l’homme est cet être du désir qui aspire toujours à devenir
autrement que ce qu’il est advenu ?

Or, le désir semble s’inscrire sur fond de « présence- absence ».


Car on ne désire que ce que l’on ne possède pas encore mais qui fait
pourtant partie du paysage du possible.

(1) Pour en savoir plus, lire : GIASSI Laurent, Le désir, PUF (Collection « Que sais-je » ?), Paris,
2019 et cliquer : https://www.cairn.info/le-desir--9782715400269-page-63.htm (consulté le 30 / 04
/ 2020); GRIMALDI Nicolas, Le désir et le temps (Problèmes et controverses), Jean Vrin, Paris,
2002 ; GIRAUD Thierry, Le Désir-temps ; Essai sur le temps suspendu, L’Harmattan, Paris, 2013.
43
Et quand l’ordre de nos désirs coïncide enfin avec l’ordre de la
réalité, c’est que nous ne sommes plus sous l’emprise de cette « présence-
absence ». Alors, c’est la joie et dans le cas contraire, la déception. Et voilà
que nous sommes ballotés de désir en désir. Décidément, la réflexion sur le
désir est inséparable sur la réflexion sur le temps et donc, sur notre humaine
condition.

En tout cas, l’on se demande si notre tonalité vitale ne se mesure-t-


elle pas aussi bien à l’aune de notre « faculté désirant ».

Le peu que l’on puisse dire à ce sujet, c’est que le désir implique
tout un ensemble d’attitude mentale et de comportement intelligent (l’éveil
des sens, le flair, la combativité, la vigilance, la débrouillardise, la
roublardise, l’habileté, l’anticipation, le courage, la persévérance).

44
Bref, une fois déclenché, le désir convoque immédiatement toute notre
imagination créatrice (1).

Car le désir, dans son ambivalence et dans son caractère


multiforme, ne porte pas seulement sur l’objet désiré dans sa matérialité
brute, mais il concerne également le sujet désirant qui se veut lui-même
désirable.

Être désiré vous donne de la considération et vous conforte dans


votre statut social. Plus vous êtes désiré, plus votre « surface sociale »
s’élargit et plus on vous envie. Et plus on vous admire et on vous accorde e

(1) Cf. Bernard MANDEVILLE, La Fable des abeilles ou les fripons devenus honnêtes gens, Éditions
Aux dépens de la Compagnie, Londres, 1714. Dans cet ouvrage, MANDEVILLE soutient que
c’est en voulant devenir vertueuses que les abeilles d’une ruche avaient fini par être
définitivement privées de leur désir d’être désirables, de leur roublardise, de leur aptitude à la
concurrence, de leur sens du plaisir ou encore, de leur goût du luxe. Reléguées à ce stade,
conclut-il, elles ne peuvent que se contenter du nivellement par le bas et du ronronnement du
quotidien. Plus d’émulation pour le travail, plus de course à la différence ! Car, toutes veulent la
même chose, vidées qu’elles sont de l’aiguillon du désir. Réduites à cet état, ces abeilles sont à
l’image des « derniers des hommes » dans le Zarathoustra de NIETZSCHE. La ruche a fini par
se vider de ses abeilles à cause de l’appauvrissement généralisé. Privée des passions (l’instinct
de domination, élan narcissique, désir de gloire et de jouissance, la jalousie, l’angoisse,...), la
société humaine serait-elle assez vivante et combative pour résister au démantèlement du
temps ? Il faut savoir que Bernard MANDEVILLE (1670-1733) rejoint Thomas HOBBES (1588-
1676), pour ce qui est de la nature humaine. Mais de ce constat commun, les deux penseurs ne
proposent pas un même projet de société. Pour HOBBES, parce que l’« homme n’est qu’un loup
pour l’homme » il n’y a que la force coercitive qui peut obliger ce dernier à rester sur le chemin de
la vertu. HOBBES a donc proposé un projet de société qui repose sur le paradigme de la force
pour assurer l’intérêt général. MANDEVILLE, reconnait, lui aussi, que l’homme est par nature
qu’un « fripon » ne valant pas plus qu’un loup. Alors, il faut le laisser œuvrer conformément à sa
nature. Voici ce qu’il nous dit à ce sujet : « Les vices particuliers contribuaient à la félicité
publique (…). Le vice produisant la ruse et que la ruse se joignant à l’industrie, (…), la ruche
abonda de toutes les commodités de la vie ». Visionnaire des temps modernes, MANDEVILLE
n’a pas manqué d’inspirer les théoriciens du libéralisme économique (en commençant par Adam
SMITH) ainsi que les partisans de la démocratie libérale (avec Alexis de TOCQUEVILLE). Ce
libéralisme économique est de plus en plus critiqué ces derniers temps et surtout, là où l’on ne
s’y attendait pas, le monde des soins. En témoigne cet excellent ouvrage de DECROP
Geneviève qu’il a intitulé, Au commencement était le soin. Pour une autre modernité,
L’Harmattan, Paris, 2020. Pour une rapide compréhension de La Fable des abeilles de Bernard
MANDEVILLE, lire l’article d’Hervé MAUROY, « La Fable des abeilles de Bernard Mandeville »
in, Revue européenne des sciences sociales, (N° 49), Paris, 2011. Cet article est accessible en
ligne dans son intégralité, en cliquant : http : // journals.openedition.org/ress/843 (consulté le
28/04/2020) Des extraits de La Fable des abeilles de Bernard MANDEVILLE sont disponibles en
ligne, en cliquant : a)- https://www.philolog.fr/la-fable-des-abeilles-bernard-mandeville-1705-1714/
b)-https://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2011/01/La-fable-des-abeilles.pdf (consultés
le 28/ 04/ 2020)
45
l’intérêt, plus vous vous sentez comblé de joie car vous savez que vous êtes
devenu un référent, un « miroir social ».

La désirabilité est donc au cœur de l’humain. Au fond, qui d’entre-


nous ne désire pas être plus désirable que d’autres, même s’il se complaît à
se cacher pudiquement sous le masque de l’humilité ?

Vu sous cet angle de regard, l’on se demande si l’affirmation de nos


désirs peut se faire autrement qu’en convoquant la ruse, le mensonge ou
encore, la violence. Dans ce cas, comment gérer nos affirmations identitaires
sur fond de de narcissisme et de désirabilité ? Pour quelle pédagogie du
désir ?

Depuis l’antiquité grecque, l’histoire de la philosophie a été traversée


par cette pédagogie du désir. Pour les Épicuriens par exemple, faute d’être
éternel, il est néanmoins possible à l’homme de ne pas se laisser piéger par
les rets du filet des désirs. Il lui suffit, soutiennent-ils, de « ne pas laisser
vagabonder inutilement ses désirs dans un passé qui n’est plus ou dans un
avenir qui n’est pas encore pour ne s’attacher qu’au désir de l’instant ». Pour
les Stoïciens, à l’inverse, au lieu de chercher à faire plier le réel à l’ordre de
ses désirs, l’homme a tout intérêt à s’ajuster à l’ordre du monde, « en
désirant que les choses arrivent non pas comme il l’aurait désiré mais tout
simplement. La désirabilité est donc au cœur de l’humain . Au fond, qui
d’entre-nous ne désire pas être plus désirable que d’autres, La réflexion sur
le désir est occasion pour relancer le débat sur nos sociétés d’aujourd’hui et
sur les questions éthiques ». Vivre en société, n’est-ce pas apprendre à
conjuguer nos désirs ? Pour quelle pédagogie du désir ?

46
5)- Troisième exemple de formulation d’une problématique
o Formulation du sujet

« La personne »

o Formulation de la problématique

« La réflexion sur la personne est centrale en philosophie, notamment


en éthique, dans la mesure où elle renvoie à la signification de notre existence
et du sens de notre présence au monde.

Qu’est-ce qui fait d’une personne, la personne ? Quels regards


philosophiques faut-il avoir entre « personnalité », « personnage » et
« personne » ? En quoi l’unicité de la personne, de chaque personne, participe-
t-elle de l’universalité de ce concept (1), au point de faire dire à KANT, que
« chaque fois qu’une personne est torturée, c’est l’humanité tout entière qui doit
se sentir concernée » ? L’homme en tant que personne l’est-il uniquement par
sa réalité corporelle et donc, par sa simple présence biologique au monde ?
Dans ce cas, l’animal n’a-t-il pas, lui aussi, à revendiquer son droit d’accéder de
plein pied au rang d’une personne ? A quel stade de son évolution fœtale
l’embryon pourrait-il être considéré comme étant une personne à part entière,
d’une part et, d’autre part, à quel état cadavérique le corps du défunt cesserait-
il, à l’inverse, d’être considéré comme étant également une personne ?
L’homme n’est-il pas cette union à la fois intime et mystérieuse du corps et de
l’âme, du visible et de l’invisible, du fini et l’infini ? Il y a l’unicité de chaque

(1) Pour mieux cerner cette notion de « concept » qui a traversé toute l’histoire de la philosophie,
lire : Claude PANACCIO, Qu’est-ce qu’un concept ? , Jean Vrin, Paris, 2011 ; Jocelyn BENOIST,
Concepts : une introduction à la philosophie, Flammarion, Paris, 2013. Du point de vue de la
recherche idéelle, la « conceptualisation » qui est une démarche mentale (que cette dernière
relève de la perception sensitive, déductive ou intuitive) est ce qui donne à la pensée toute sa
vitalité. Elle permet à cette pensée en mouvement, dans ses activités cognitives, de « voir
clair » en elle-même pour ne ne pas se perdre ainsi dans la nébulosité du ressenti. Lire à ce
sujet, Marie-Fabienne FORTIN, Johanne GAGNON, Fondements et étapes du processus de la
recherche : méthode quantitative et qualitative, Éditions CHENELIERE, Paris, 2015.
47
visage. Mais derrière chaque visage, du plus laid au plus beau, ne doit-on pas y
lire tout simplement l’humain ? La méditation sur la personne conduit au cœur
de l’existence.

Et l’on se demande alors, si l’aliénation de l’homme, de tout homme, ne


commence pas par l’aliénation de ce dernier par son corps (1). Se sacrifier pour
une cause, pour son pays, n’est-ce pas accepter de faire don de tout son être,
jusqu’à son corps ? Et faire don d’une partie de son corps (une goutte de sa
sueur, un flacon de son sang, l’un de ses deux reins,...) et ce, dans un élan
d’amour de l’autre entant que personne, n’est-ce pas rencontrer l’autre (même
dans l’anonymat) en tant que personne dans un rapport d’un « Je » à un
« Tu » ? En tout cas, par le préjudice porté au corps, on finit certainement par
porter atteinte à la personne de l’autre. Car il y a une dignité du corps,
inséparable de celle de la personne.

Dans ce sens, le droit à la sépulture, comme le droit de disposer


librement de son corps, même au-delà de la mort, n’est-il pas le plus
élémentaire de tous les droits humains ? Or, il n’y a pas de droit sans
obligation. Prendre soin de son corps et persévérer ainsi dans son être est un
devoir pour toute personne digne de ce nom. D’ailleurs, n’est-ce pas par
l’éducation corporelle, dès la petite enfance, que commence l’éducation de
l’homme en tant que personne ? C’est par le corps que commence l’éducation

(1) Avec le courant phénomelogique (Edmund HUSSERL, Martin HEIDEGGER, Eugen FINK,
Maurice MERLEAU-PONTY, Alfred SCHÜLTZ, Albert PIETTE, ...) et le courant personnaliste
(Jacques MARITAIN, Emmanuel MOUNIER, Gabriel Marcel, Martin BUBER, Nicolas
BERDIAEV,...) la dichotomie « corps / esprit » a été complètement battue en brèche.
Parallèlement à ces deux courants de pensée, NIETZSCHE a vigoureusement remis en question
les bases fondamentales de cette « dualité exclusive » pour une « dualité inclusive » en
s’attaquant à la philosophie platonicienne. Il entend briser ainsi toutes ces anciennes tables de
valeur héritées du platonisme et de la pensée médiévale « en philosophant à coups de marteau »
(pour reprendre ici une expression qui lui tient beaucoup à cœur). Pour lui, le « corps » est une
donnée incontournable de la personne humaine. La convergence de toutes ces différentes écoles
de pensée a fait de la thématique du corps un lieu de débat très ouvert et qui est loin de perdre
de son intérêt. Pour en savoir plus, lire : Gilles BOËTSCH, Christian HERVE, Jacques
ROZENBERG (sous la direction de), Corps normalisé, corps stigmatisé, corps racialisé, Éditions
De Boeck Supérieur, Louvain, 2007 ; Gilles VIEILLE MARCHISET, La conversion des corps :
bouger pour être sain, L’Harmattan, Paris, 2019
48
de l’homme entant que personne, une éducation qui va jusqu’à sa dimension
sociale, éthique et spirituelle.

L’homme étant un être social, la réflexion sur la personne conduit


nécessairement au projet de société. D’où cette question qui ne cesse
d’interpeller la philosophie : quelle(s) voie(s) prendre pour défendre et pour
protéger toute forme commune de la personne sans pour autant nier la
personnalité de chaque citoyen, afin de permettre à ce dernier d’affirmer
librement son identité dans cet élan collectif ?

6)- Quatrième et dernier exemple de formulation d’une


problématique

o Formulation su sujet

« Le girofle, une plante-phare de la cote-est de Madagascar :


pour quelle anthropologie du développement ? » (1)

o Formulation de la problématique

« Depuis la colonisation, la filière girofle est centrale sur la côte


orientale malgache. La fluctuation des cours mondiaux et les aléas climatiques
conditionnent non seulement toute l’économie de cette partie de l’île mais elle
influe également sur le comportement au quotidien de la population. Quand
l’abondance du clou et de l’essence du girofle se conjugue positivement avec le

(1) Pour mieux aborder ce sujet, lire : John THOMSON, Ian SCOONES, La reconnaissance du savoir
des paysans, Karthala, Paris, 1999 ; Thomas BIERSCHENK, Jean-Pierre CHAUVEAU (sous la
direction de), Les courtiers en développement. Les villages africains en quête de projet, Karthala,
Paris, 2000 (Un compte rendu de cet ouvrage par Claude FREUD est disponible en ligne,
https://journals.openedition.org/etudesafricaines/1496, [consulté le 06 /06/ 2020] ) ; Claude
FREUD, Retour aux fondamentaux in, Cahiers d’Études africaines (N°202-203), Paris, 2011,
pp.353-367), texte intégralement disponible en ligne, en cliquant :
https://journals.openedition.org/etudesafricaines/16676 (consulté le 06 /06/ 2020); Olivier
RECHAUCHERE, Thierry DORE, Philippe SCHMIDELY (sous la direction de), Les clés des
champs. L’agriculture en question, Éditions Quae, 2008 ; Jean-Claude DEVEZE, Défis africains,
Karthala, Paris , 2008 ; Émile COUDEL, Hubert de VAUTOUR, Guy FAURE et al, Concevoir les
futurs de l’agriculture et de l’alimentation, Éditons Quae, 2913 ;
49
tarif à l’export, jeunes et vieux, hommes et femmes sont pris par l’envie de tout
désirer, de tout avoir, de tout amasser, envie qui se traduit par la consommation
débridée des produits manufacturés. Le paysage social se trouve totalement
bouleversé, le temps d’une récolte. Le phénomène « matelas éponge » est très
significatif à ce sujet. Dans ce sens, le passage du coucher par terre au
coucher sur un lit à matelas éponge (souvent, dans une couverture à l’effigie
d’une belle actrice des téléfilms brésiliens) est une grille de lecture pour
décoder la mutation sociale au quotidien et pour comprendre également les
schèmes de pensée des paysans betsimisaraka qui sous-tendent leur ouverture
à la modernité et aux innovations technologiques. Et quand la récolte du girofle
et le prix à l’export ne sont plus au rendez-vous, la côte orientale malgache est
plongée dans une sorte d’engourdissement économique. Cela se traduit par le
ralentissement des « affaires » que l’on désigne par cette expression malgacho-
anglais « tsisy business ». Chose curieuse, le « tsisy business » n’engendre
pas ici la déprime, tant sur le plan individuel que collectif. Dans les villages, on
accueille cette « désertification économique » avec dignité, dans une sorte de
« sobriété heureuse ». Où les communautés villageoises de cette côte-orientale
malgache puisent-elles leur tonalité vitale pour rayonner tout naturellement
dans cette « sobriété heureuse » ?

Face aux aléas de la vie, il est très intéressant de noter que les
paysans de cette côte orientale s’efforcent de puiser leur tonalité vitale dans
leur écosystème. Car pour eux, la vie humaine n’est qu’un maillon de cette
longue chaîne de la vie cosmique. L’évolution dans les pratiques sociales et les
innovations technologies ne doivent jamais nous faire oublier notre
appartenance à cette chaîne de vie à l’échelle cosmique.

L’économie, même mondialisée et globalisée, ne doit pas être


déconnectée de son sol nourricier qu’est la nature où vie et mort, où humide et
sec, où lumière et obscurité s’opposent et se réconcilient. La récolte et la vente
du girofle n’échappent donc pas à ce jeu de l’opposition et de complémentarité.
Aussi, ne faut-il pas s’émouvoir outre mesure en cas de mévente de ce

50
« produit phare ». En cas de mévente, les paysans betsimisaraka s’efforcent
tout naturellement de « domestiquer leur désir » en se contentant du minimum
vital, en attendant des jours meilleurs » (1).

7)- Les quatre questions-clefs pour évaluer votre


problématique

Pour savoir si votre problématique est bien conçue et correctement


formulée elle doit répondre, dans l’ordre, à ces quatre questions :

 Quelle est l’idée centrale de votre discours ?

 En quoi cette idée centrale est scientifiquement pertinente dans le


contexte actuel qui est propre à votre domaine de recherche ?

 Comment allez-vous planifier le mouvement de votre pensée pour


arriver à vos conclusions ?

 Quelles éventuelles pistes de réflexion ces conclusions pourraient-


elles vous conduire si vous avez plus de temps pour approfondir le
sujet qui a été mis à l’étude ?

(1) Cette posture de l’entre-deux qui est le propre de l’humain a été minutieusement étudiée par
l’anthropologue et socioéconomiste Albert PIETTE où il s’investissait pour « observer, décrire et
analyser la microcontinuité de l’’être humain vivant les instants et les situations suivant les
diverses modalités de présence-absence et passivité-activité». (Cf. Albert PIETTE, Anthropologie
existentiale, Pétra, Paris, 2009). Pour bien saisir l’apport de cet ouvrage dans l’histoire de
l’anthropologie, nous vous conseillons le compte-rendu de Delphine MORALDO « Albert PIETTE,
anthropologie existentiale » in, Open Edition Journals, 2010 (article en ligne dans son intégralité :
http://journals.openedition.org/lectures/921 (consulté le 06 / 06/ 2020) ainsi que l’analyse-critique
du même ouvrage par Daniel VIDAL qui est intégralement disponible en ligne dans les Archives
de Sciences Sociales des religions N° 152, en cliquant :

https://journals.openedition.org/assr/22077 (consulté le 06 / 06/ 2020). Dans le même ordre


d’idée, lire également : Thomas GIRAUD, Le temps suspendu, L’Harmattan, Paris, 2013 ; Serge
PAUGMAN (sous la direction de), L’intégration inégale. Force, fragilité et rupture des liens, Paris,
PUF, 2014 ; Alexandre GAEFEN, Sandra LAURIER (sous la direction de), Le pouvoir des liens
faibles, CNRS, Paris, 2020 ; Mark HUNYADI, La tyrannie des modes de vie. Sur le paradoxe de
notre temps, Éditions Le bord de l’eau, Lomond, 2020 ; Mark HUNYADI, Au début est la
confiance, Éditions Le bord de l’eau, Lomond, 2020.
51
La problématique est donc « cette idée centrale » qui a été construite pas à
pas, avant d’’être formulée en un texte dense, écrit dans un style limpide.

Véritable travail de construction, la problématique est cette ébauche de


démonstration et de raisonnement qui va traverser les Parties et Chapitres de votre
travail, depuis l’introduction jusqu’à la conclusion. Elle est le résultat d’un effort de
réflexion et d’analyse. C’est donc un ensemble construit et bien pensé à partir d’un
sujet clairement formulé. La problématique est finalement la charpente théorique de
votre Mémoire de Master II de recherche. .

8)- La problématique, à l’aune des analogies

« Pilier central », « charpente théorique », « axe médian », « fondation »


« colonne vertébrale », autant de mots et groupes de mot très imagés et riches en
métaphorique pour vous faire toucher du doigt toute la place de la problématique
dans la production d’un Mémoire de Master II de recherche.

Ce n’est qu’à la lumière de la problématique l’ordonnancement que les


grandes lignes de votre Mémoire (Plan de rédaction, Recherche bibliographique,
Documentation, travail de rédaction) vont pouvoir débuter réellement. Ici, la
problématique joue le rôle d’axe médian autour duquel tout s’articule.

Pour vous montrer toute l’importance d’avoir une problématique bien


conçue et bien formulée, nous allons opérer par analogie : la problématique est à
votre corps de devoir ce que la colonne vertébrale est au corps humain.

FIGURE III- ANALOGIE PROBLÉMATIQUE / COLONNE VERTÉBRALE

Colonne vertébrale ____ Problématique

_______________ _______________

Corps humain Corps du texte de votre Master II


52
En effet, c’est la colonne vertébrale qui permet au corps humain de se
maintenir aussi bien dans sa verticalité que dans son horizontalité. Elle longe tout le
tronc, de la nuque au bassin, jouant ainsi le rôle d’axe médian où viennent s’articuler
les différents démembrements du corps humain.

De la même manière, la problématique est l’ossature qui permet aux


différentes argumentations de votre texte d’avoir sa pertinence, sa cohérence, sa
rigueur et, surtout, son unité. Elle se lit en filigrane dans les différentes parties de
votre Mémoire, en assure leur lien et leur cohérence.

VI)- Indication de lecture pour renforcer votre capacité en


Méthodologie de recherche es humaines en
sciences humaines et sociales

1)- OUVRAGES

BEAUD `Stéphane et Florence Weber, Guide de l’enquête de terrain, La Découverte,


Paris, 1997.

BEITONE Alain, DOLLO Christine, GERVASON Jacques et al., Sciences sociales.


Éditions Dalloz-Sirey, Paris, 2012..

DOPPAGNE Albert, Majuscules, abréviations, symboles et sigles. Pour une toilette


parfaite du texte, Éditions Duculot, Louvain-la-Neuve, 1991

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