Résumé Du Séminaire

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Professeur Justin MAFUTA LAMIKA

RESUME DU SEMINAIRE
D’EPISTEMOLOGIE
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1. Objectif général :
L’objectif premier de ce séminaire est de présenter les bases de l’épistémologie,
comprise comme la théorie de la connaissance scientifique, et plus particulièrement
l’épistémologie des sciences empiriques, c’est-à-dire celles qui décrivent le monde en
se basant sur des données sensibles fournies par l’expérience.

Objectifs spécifiques :
A la fin de ce Séminaire, l’étudiant doit être capable de :
- Définir l’Epistémologie et les concepts connexes
- Connaître et maîtriser les éléments d’épistémologie
- Définir la science
- Donner la classification des sciences
- Parler librement du progrès scientifique.

2. Plan du séminaire

0. INTRODUCTION

I. GENERALITES SUR L’EPISTEMOLOGIE


1. Appellations diverses

1. Epistémologie
2. Critique
3. Critériologie
4. Gnoséologie
5. Logique majeure
2. La philosophie de Gaston Bachelard

1. L’obstacle épistémologique
2. La psychanalyse de la raison
3. L’acte épistémologique
4. Le nouveau rationalisme

II. QU’EST-CE QUE LA SCIENCE ?

2.1.Définitions de la science et critères de scientificité


2.2.L’opposition rationalisme-relativisme
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2.3.Classifications des sciences


2.4.La science comme phénomène social

III. ELEMENTS CONSTITUTIFS D’UNE SCIENCE EMPIRIQUE

3.1. Faits, lois, principes, modèles et théories


3.2. Approches globales de la science et des théories
3.3. Définir un objet

IV. LA QUESTION DU PROGRES SCIENTIFIQUE

4.1. Contraintes sur l’acceptation des théories


4.2. Conception du progrès scientifique
4.3. La dynamique des sciences : continuité ou révolutions ?
4.4. Falsification, progrès et évolution des théories scientifiques
4.5. Le progrès scientifique est-il inéluctable ?

V. CONCLUSION

3. Résumé du séminaire :

La formation scientifique passe par l’apprentissage d’un certain nombre de savoirs


et de savoir-faire relatifs aux disciplines considérées. Au-delà de l’acquisition de ces
connaissances, il est souhaitable que le scientifique, au cours de sa formation, reçoive
les moyens de développer une analyse critique sur la nature de ce qu’il apprend. Il ne
s’agit pas ici de statuer sur la véracité ou l’intérêt du contenu des cours dispensés, mais
de comprendre ce qu’est la science et de voir en quoi cette forme de connaissance du
monde qui nous environne est particulière.

L’objectif premier de ce séminaire est de présenter les bases de l’épistémologie,


comprise comme la théorie de la connaissance scientifique, et plus particulièrement
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l’épistémologie des sciences empiriques, c’est-à-dire celles qui décrivent le monde en


se basant sur des données sensibles fournies par l’expérience.

L’Epistémologie désigne la philosophie des sciences, mais avec un sens plus


précis. Ce n’est pas proprement l’étude des méthodes scientifiques, qui est l’objet de la
Méthodologie et fait partie de la Logique. Ce n’est pas non plus une synthèse ou une
anticipation conjecturale des lois scientifiques. C’est essentiellement l’étude critique des
principes, des hypothèses et des résultats des diverses sciences, destinée à déterminer
leur origine logique, leur valeur et leur portée objective.

Nous devons donc distinguer l’épistémologie de la théorie de la connaissance, bien


qu’elle en soit l’introduction et l’auxiliaire indispensable, en ce qu’elle étudie la
connaissance en détail et a posteriori, dans la diversité des sciences et des objets plutôt
que dans l’unité de l’esprit.

On a caractérisé l’épistémologie comme discours sur la science, c’est-à-dire


comme une sorte de discours second dans lequel le discours premier de la science
trouverait à se réfléchir. Le statut du discours épistémologique comme double est dès
lors ambigu : discours systématique qui trouverait dans la philosophie ses principes et
dans la science son objet, et resterait partagé entre ces deux formes du discours rationnel.

Ce cours constitue une initiation aux thèmes principaux de l’épistémologie.


Rappelons qu’on peut diviser la recherche scientifique en deux grands domaines : les
sciences empiriques et celles qui ne les sont pas. Les premières tentent d’explorer, de
décrire, d’expliquer et de prévoir les événements du monde dans lequel nous vivons.
Leurs énoncés doivent donc être confrontés à l’expérience, et on ne les accepte que s’ils
sont confirmés par une évidence empirique. Celle-ci est obtenue de bien des manières :
par expérimentation, par observation systématique, par entretien ou par enquête, par des
tests psychologiques ou cliniques, par l’examen attentif de documents, d’inscriptions,
etc. Cette dépendance à l’égard des faits distingue les sciences empiriques de celles qui
ne les sont pas, dont on démontre les propositions sans qu’il soit nécessaire d’invoquer
l’expérience.
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On divise souvent à leur tour les sciences empiriques en sciences de la nature et en


sciences sociales. On met sous la rubrique « sciences de la nature » la physique, la
chimie, la biologie et les disciplines adjacentes ; dans les « sciences sociales », on inclut
la sociologie, la science politique, l’ethnologie, l’économie, l’histoire et les disciplines
qui leur sont liées.

Cette séparation a pour but de faciliter l’examen du vaste domaine que constitue
l’épistémologie. On n’entend pas trancher ainsi la question de savoir si cette division est
fondée, c’est-à-dire si les sciences de la nature diffèrent fondamentalement des sciences
sociales par leur objet, leurs buts, leurs méthodes ou leurs présupposés. Ce débat
dépasse les limites de notre séminaire.

Le grand prestige dont jouit aujourd’hui la science est sans doute imputable dans
une large mesure au succès impressionnant et à l’extension rapide de ses applications.
Bien des secteurs des sciences expérimentales fournissent une base à des technologies.
Ces dernières donnent aux résultats de la recherche scientifique une utilité pratique,
alimentent souvent à leur tour la recherche fondamentale en faits, en problèmes et en
instruments d’investigations nouveaux.

Outre qu’elle aide l’homme à se rendre maître de son environnement, la science


correspond à un besoin qui, pour être désintéressé, n’en est pas moins profond et tenace :
le désir d’acquérir une connaissance toujours plus vaste et une compréhension toujours
plus profonde du monde dans lequel il se trouve.

La formation scientifique passe par l’apprentissage d’un certain nombre de savoirs


et de savoir-faire relatifs aux disciplines considérées. Au-delà de l’acquisition de ces
connaissances, il est souhaitable que le scientifique, au cours de sa formation, reçoive
les moyens de développer une analyse critique sur la nature de ce qu’il apprend. Il ne
s’agit ici de statuer sur la véracité ou l’intérêt du contenu des cours dispensés, mais de
comprendre ce qu’est la science et de voir en quoi cette forme de connaissance du monde
qui nous environne est particulière.

L’objectif premier de ce séminaire est de présenter les bases de l’épistémologie,


comprise comme la théorie de la connaissance scientifique, et plus particulièrement
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l’épistémologie des sciences empiriques, c’est-à-dire celles qui décrivent le monde en


se basant sur des données sensibles fournies par l’expérience.

L’Epistémologie désigne la philosophie des sciences, mais avec un sens plus


précis. Ce n’est pas proprement l’étude des méthodes scientifiques, qui est l’objet de la
Méthodologie et fait partie de la Logique. Ce n’est pas non plus une synthèse ou une
anticipation conjecturale des lois scientifiques. C’est essentiellement l’étude critique des
principes, des hypothèses et des résultats des diverses sciences, destinée à déterminer
leur origine logique, leur valeur et leur portée objective.

Nous devons donc distinguer l’épistémologie de la théorie de la connaissance, bien


qu’elle en soit l’introduction et l’auxiliaire indispensable, en ce qu’elle étudie la
connaissance en détail et a posteriori, dans la diversité des sciences et des objets plutôt
que dans l’unité de l’esprit.

On a caractérisé l’épistémologie comme discours sur la science, c’est-à-dire


comme une sorte de discours second dans lequel le discours premier de la science
trouverait à se réfléchir. Le statut du discours épistémologique comme double est dès
lors ambigu : discours systématique qui trouverait dans la philosophie ses principes et
dans la science son objet, et resterait partagé entre ces deux formes du discours rationnel.

Ce cours constitue une initiation aux thèmes principaux de l’épistémologie.


Rappelons qu’on peut diviser a recherche scientifique en deux grands domaines : les
sciences empiriques et celles qui ne le sont pas. Les premières tentent d’explorer, de
décrire, d’expliquer et de prévoir les événements du monde dans lequel nous vivons.
Leurs énoncés doivent donc être confrontés à l’expérience, et on ne les accepte que s’ils
sont confirmés par une évidence empirique. Celle-ci est obtenue de bien des manières :
par expérimentation par observation systématique, par entretien ou par enquête, par des
tests psychologiques ou cliniques, par l’examen attentif de documents, d’inscriptions,
etc. Cette dépendance à l’égard des faits distingue les sciences empiriques de celles qui
e le sont pas, dont on démontre les propositions sans qu’il soit nécessaire d’invoquer
l’expérience.
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On divise souvent à leur tour les sciences empiriques en sciences de la nature et en


sciences sociales. On met sous la rubrique « sciences de la nature » la physique, la
chimie, la biologie et les disciplines adjacentes ; dans les « sciences sociales », on inclut
la sociologie, la science politique, l’ethnologie, l’économie, l’histoire et les disciplines
qui leur sont liées.

Cette séparation a pour but de faciliter l’examen du vase domaine que constitue
l’épistémologie. On n’entend pas trancher ainsi la question de savoir si cette division est
fondée, c’est-à-dire si les sciences de la nature diffèrent fondamentalement des sciences
sociales par leur objet, leurs buts, leurs méthodes ou leurs présupposés. Ce débat
dépasse les limites de notre cours.

Le grand prestige dont jouit aujourd’hui la science est sans doute imputable dans
une large mesure au succès impressionnant et à l’extension rapide de ses applications.
Bien des secteurs des sciences expérimentales fournissent une base à des technologies.
Ces dernières donnent aux résultats de la recherche scientifique une utilité pratique,
alimentent souvent à leur tour la recherche fondamentale en faits, en problèmes et en
instruments d’investigations nouveaux.

Outre qu’elle aide l’homme à se rendre maître de son environnement, la science


correspond à un besoin qui, pour être désintéressé, n’en est pas moins profond et tenace :
le désir d’acquérir une connaissance toujours plus vaste et une compréhension toujours
plus profonde du monde dans lequel il se trouve.

Dans le premier chapitre, nous avons parcouru les généralités sur l’Epistémologie.
Nous avons analysé sa définition étymologiquement. Le terme « épistémologie » tire
son origine de deux mots grecs : « épistémè » et « logos » qui signifient respectivement
connaissance et science ou discours. Ainsi, l’épistémologie veut dire « la science de
la connaissance ». Emmanuel Kant (1724-1804) propose trois questions
philosophiques :

- Que puis-je connaître ?


- Que dois-je faire ?
- Que m’est-il permis d’espérer ?
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L’épistémologie s’occupe de la première question, la morale de la deuxième et la


métaphysique de la troisième.

Nous avons parcouru certains concepts qui lui sont proches, comme : critique,
critériologie, gnoséologie et la logique majeure.

Le second point de ce chapitre aborde la philosophie de G. Bachelard. Il y a deux


versants dans l’œuvre de Bachelard : le versant scientifique et le versant poétique, et
lui-même a souvent insisté pour qu’on ne les mélange pas. Pour G. Bachelard le temps
est conscience d’une solitude, l’instant est tragique, puisqu’il ne peut renaître qu’à
condition de mourir. Il faut avoir du courage, c’est-à-dire lutter contre la solitude, avoir
accès aux hommes et aux choses. Pour cela deux moyens s’offrent à nous.

D’une part la science et la technique s’efforcent de vaincre la solitude, de créer une


continuité, une société. D’autre part, la poésie et l’imagination nous délivrent des
servitudes de l’histoire et des références de la mémoire pour découvrir hommes et
choses. L’homme est à la fois raison et imagination. Il y aura donc deux philosophies
chez Bachelard : une philosophie de la raison et une philosophie de l’imagination.

Du versant scientifique de l’œuvre de Bachelard, on doit retenir avant tout que la


science n’est pas représentation, mais acte. Il faut pourchasser la notion de spectacle.
Cette idée est antiscientifique. Ce n’est pas en contemplant, mais en construisant, en
créant que l’esprit arrive au vrai. C’est par rectifications continues, par critiques
perpétuelles, par polémique que la raison découvre et fait la vérité.

La science crée ses objets propres par destruction des objets de la perception
commune. Et c’est parce qu’elle est action que la science est efficace : il faut passer par
son détour pour agir sur le monde. Ainsi la technique issue de la science est-elle bien
différente des routines qui la précèdent. Le progrès des sciences est fait de ruptures : le
nouvel esprit scientifique s’oppose à l’esprit scientifique au sens commun.

Le deuxième chapitre cherche à répondre à la question : Qu’est-ce que la science ?

Deux démarches sont possibles pour définir ce qu’est « une science. » La première
est une démarche normative, qui consiste à édicter a priori une norme de scientificité,
c’est-à-dire de donner les critères qui permettent de statuer sur le caractère scientifique
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d’une discipline. Cette approche tend à concevoir les différentes disciplines scientifiques
comme des cas particuliers d’une Science idéale, qui n’est jamais incarnée dans sa
totalité.

La seconde démarche est descriptive : elle consiste à analyser les différentes


disciplines reconnues comme scientifiques, et à en dégager a posteriori les points
communs, qui seront ensuite pris comme des critères de scientificité.

Le mot science apparaît en 1080 dans la Chanson de Roland. Il est dérivé du latin
classique « scientia », qui signifie connaissance, et plus particulièrement connaissance
scientifique, rationnelle, qui prend très tôt le même sens que le terme grec épistémè.

Existe-t-il des critères de scientificité qui soient universels et qui soient valables à
toutes les époques du développement des sciences ? Ce point fait l’objet d’un débat.

Pour les partisans de l’école rationaliste, la réponse est positive. On trouve ici une
démarche strictement normative. Pour un épistémologue rationaliste « radical », une
définition de la science doit pouvoir être formulée sous la forme d’un critère universel
radical. Ce critère de scientificité est applicable à toutes les disciplines, et cela à tous les
stades de leur développement historique. La thèse rationaliste a été défendue par Imre
Lakatos qui écrit que « le problème central en philosophie des sciences est celui d’établir
des conditions universelles déterminant qu’une théorie est scientifique. »

A l’inverse, les défenseurs de relativisme soutiennent qu’il n’existe pas de critère


de scientificité universel. Les critères définitoires sont variables d’une discipline à
l’autre, et peuvent évoluer au cours du temps et varier d’une communauté humaine à
l’autre. Dans cette perspective, les facteurs psychologiques, sociaux, philosophiques ou
religieux acquièrent une grande importance, qu’ils n’ont pas dans la perspective
rationaliste. Dans sa version la plus radicale, le relativisme ne reconnaît pas l’existence
d’un corpus global de connaissances que l’on peut appeler « science », mais seulement
l’existence de plusieurs domaines séparés que l’on peut qualifier individuellement de
science.

Voici quelques critères courants de classification

 Sciences formelles et sciences empiriques


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Cette distinction est centrale puisqu’il est principalement dédié à la présentation


de l’épistémologie des sciences empiriques. Les sciences empiriques sont les sciences
qui font appel à l’expérience sensible, c’est-à-dire aux perceptions que nous avons du
monde par nos cinq sens, pour bâtir leurs théories. L’objet des sciences empiriques est
donc supposé ne pas être une pure création de l’esprit humain et, d’une manière ou d’une
autre, être lié à une réalité extérieure. Parmi les sciences empiriques, on compte :
mécanique, physique, chimie, biologie, sociologie, économie, etc.

Les sciences formelles se distinguent des sciences empiriques en ce sens qu’elles


ne se réfèrent pas à notre perception du monde extérieur. Ces sciences font donc
abstraction du contenu pour se focaliser sur la forme. Par exemple, lorsqu’un
mathématicien définit l’addition dans le cadre de l’arithmétique, il ne spécifie pas ce qui
est additionné (des choux, des carottes,…), il définit un cadre formel pour cette
opération, qui pourra ensuite être utilisé pour chaque cas particulier. Le principal
exemple de science formelle est donné par les mathématiques.

La première différence entre ces deux types de sciences est une différence
concernant la nature de l’objet : objet matériel pour les sciences empiriques, objet
conceptuel pour les sciences formelles.

La seconde différence est une différence de méthode de construction de la


connaissance : les sciences formelles ne se basent que sur la méthode dite hypothético-
déductive, alors que les sciences empiriques ont de plus recours à la méthode
expérimentale pour vérifier leurs énoncés.

 Sciences de la nature et sciences humaines et sociales

Ces sciences sont toutes des sciences empiriques. Les sciences de la nature
(mécanique, physique, chimie, biologie, …) ont pour objet le fonctionnement interne de
la nature. Les sciences humaines et sociales (économie, sociologie, psychologie,…)
étudient le comportement humain et les structures sociales, c’est-à-dire ce qui est
spécifiquement humain.

 Sciences dures et sciences molles


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Ce critère, souvent retenu par le grand public, est un critère très flou souvent
associé à un jugement de valeur : les sciences les plus dures seraient les plus
« scientifiques », es plus sérieux, les plus rigoureuses. Les sciences dites dures sont les
sciences formelles et les sciences de la nature, les sciences molles étant les sciences
humaines et sociales.

La science est un fait humain collectif qui nécessite la communication, et donc


la traduction de ces objets (concepts, lois, énoncés) au moyen d’un langage. C’est
l’emploi d’un langage qui permet à la science de découper ses objets, de les
individualiser. En ce sens, on peut dire que sans le langage, il n’y aurait pas de science,
si on se réfère au sens communément admis de ce mot. Cette mise en forme des théories
scientifiques incite à se pencher sur les différences que l’on peut faire entre les différents
types d’énoncés qui les expriment.

Le troisième chapitre présente les éléments constitutifs d’une science empirique.

Les faits sont les données immédiatement accessibles par l’observation. On


distingue parfois deux types de faits : le fait brut, et le fait scientifique. Le fait brut est
l’observation non analysée : la chute d’une pomme, le mouvement de la lune sont des
faits bruts. Le fait scientifique est que tous les corps chutent sous l’effet de l’attraction
terrestre, c’est ce que montrent tous les faits bruts relatifs à ce sujet.

Le sens du terme loi, tel qu’il est employé dans le cadre de sciences empiriques,
est très différent. On emploie parfois le terme de loi naturelle ou loi de la nature. Une
loi scientifique est l’expression mathématisée d’une corrélation répétable, d’un
comportement constant ou d’une fréquence statistique observée parmi un ensemble de
faits. Elle est déduite d’un certain nombre d’observations et généralise celles-ci, en en
retenant le caractère stable. Il est donc inexact de dire que les faits sont régis par des
lois : il faut dire que les faits comportent des lois. A la différence du sens juridique
usuel, la loi scientifique est constative et non normative.

Les lois scientifiques partagent toutes la même structure logique, et peuvent


s’énoncer sous la forme : « Quel que soit x, si x est A, alors, x est B ».
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Les faits permettent de dégager des lois. Pour obtenir un cadre de réflexion qui
permette de synthétiser ces lois, de les regrouper et de trouver une certaine unité entre
elles, on utilise des modèles. Un modèle peut être défini comme « un cadre représentatif,
idéalisé et ouvert, reconnu approximatif et schématique mais jugé fécond par rapport à
un but donné : prévoir, agir sur la nature, la connaître mieux, etc. »

Une théorie est un système cohérent qui coordonne, relie et unifie des lois, des
hypothèses, des principes et des modèles, les uns apparaissant comme complémentaires
des autres. Elle est plus générale que les modèles qu’elle utilise. Une théorie peut utiliser
un ou plusieurs modèles, et replace ceux-ci dans un contexte conceptuel plus général. Il
est à noter qu’un modèle peut être employé par des théories différentes.

La notion de paradigme constitue l’une des clefs de l’épistémologie de Thomas


Kuhn (La structure des révolutions scientifiques, 1962). L’idée générale peut se
résumer de la manière suivante : l’histoire des sciences est constituée d’une suite de
conceptions opposées de la nature, toutes compatibles avec les faits, mais
incommensurables (incompatibles) entre elles. En somme, les vérités se succèdent
et se substituent les unes aux autres, et le progrès scientifique n’est absolument pas
cumulatif, comme l’imagine le sens commun.

La notion de paradigme permet de bien comprendre cette représentation


paradoxale : chaque grande innovation théorique implique un changement de modèle
(de paradigme) à l’occasion d’une crise parfois déchirante. La nouvelle représentation
du réel ne s’ajoute pas aux précédentes, mais s’y substitue.

Le quatrième chapitre aborde la question du progrès scientifique.

« Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons
ainsi davantage et plus loin qu’eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre
taille plus haute, mais parce qu’ils nous portent en l’air et nous élèvent de toute leur
hauteur gigantesque. » Cette phrase, attribuée à Bernard de Charte, un des maîtres de
la scolastique au XIIème siècle, exprime la continuité de l’activité intellectuelle et donne
une vision cumulative de l’évolution du savoir. Cette même image est reprise des siècles
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plus tard par Isaac Newton dans une lettre à Robert Hooke datant de 1676 : « si j’ai pu
voir aussi loin, c’est parce que j’étais juché sur les épaules de géants. »

L’idée de « progrès de la science », ou plutôt celle qu’il existe un progrès


scientifique continu depuis plusieurs siècles est profondément ancrée dans le grand
public. Elle est généralement associée à l’évolution technologique, particulièrement
frappante depuis la seconde moitié du XXème siècle.

Mais qu’est-ce que le progrès scientifique ? Que la science change, c’est une
évidence : la physique et la mécanique d’aujourd’hui sont différentes de celles connues
au temps de Newton. Les bases empiriques ont été considérablement accrues, tant en
volume qu’en précision des données, les théories et les modèles ont considérablement
évolué et de très nombreuses nouvelles disciplines sont apparues.

Cette évolution des sciences empiriques, mais les sciences formelles ont-elles aussi
connu des développements spectaculaires, appelle de nombreuses questions, comme
celles-ci :

 Y a-t-il progrès scientifique, au sens où les sciences modernes sont supérieures


à celles des siècles passés ? Quel est donc le sens exact du terme progrès
lorsqu’il s’agit des sciences ?
 Comment les sciences évoluent-elles ? De manière continue, ou au contraire
subissent-elles des grandes ruptures, des révolutions scientifiques ?
 Quels sont les facteurs qui déterminent cette évolution ? Le développement
scientifique est-il influencé par des facteurs extérieurs à la science comme des
contraintes sociales ou sociologiques, économiques, religieuses, politiques ou
philosophiques ?

Gaston Bachelard (1884-1963) a beaucoup travaillé sur le problème du progrès de


la connaissance. Il a développé une philosophie originale, communément appelée « la
philosophe du non ». Cette appellation fait référence à l’idée de Bachelard selon laquelle
« deux hommes, s’ils veulent s’entendre vraiment, ont dû d’abord se contredire. La
vérité est fille de la discussion, non pas fille de la sympathie. »
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L’évolution scientifique se fait donc par rupture avec les théories admises
antérieurement. On connaît contre une connaissance antérieure. Bachelard identifie les
facteurs qui vont à l’encontre de l’évolution scientifique, c’est-à-dire ceux qui retardent
ou bloquent le développement de nouvelles théories : ce sont les obstacles
épistémologiques.

Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on


arrive bientôt à cette conviction que c’est en termes d’obstacles qu’il faut poser le
problème de la connaissance scientifique. Et il ne s’agit pas de considérer des obstacles
externes comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d’incriminer la
faiblesse des sens et de l’esprit humain : c’est dans l’acte même de connaître,
intimement, qu’apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des
troubles. C’est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression,
c’est là que nous décèlerons des causes d’inertie que nous appellerons des obstacles
épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque
part des ombres. Elle n’est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont
toujours récurrentes. Le réel n’est jamais « ce qu’on pourrait croire », mais il est toujours
ce qu’on aurait dû penser. La pensée empirique est claire après coup, quand l’appareil
des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d’erreurs, on trouve la vérité en
un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure,
en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l’esprit même
fait obstacle à la spiritualisation.

L’idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans
des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse.
Mais devant le mystère du réel, l’âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors
impossible de faire d’un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel,
ce qu’on croit savoir offusque ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la culture
scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses
préjugés. Accéder à la science, c’est spirituellement, rajeunir, c’est accepter une
mutation brusque qui doit contredire un passé.
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Le mot progrès inclut bien la notion de changement, d’évolution. Mais il fait plus
que cela, car il introduit également l’idée d’une amélioration. Pour définir le progrès, il
faut donc indiquer ce qui a été amélioré.

Il y a deux grandes manières d’analyser le progrès scientifique.

1. La conception téléologique du progrès

Une première manière de penser le progrès est de voir celui-ci dirigé vers une fin
dernière, prédéterminée et ayant une existence en soi. C’est la conception téléologique,
ou encore finaliste. Le concept de téléologie implique que c’est la fin dernière qui
conditionne les étapes intermédiaires et qui rend nécessaire le progrès en le déterminant.
Le progrès est donc guidé par sa fin.

Pour les réalistes convergents, cette fin est la théorie ultime, celle qui reflète
parfaitement la réalité extérieure autonome. Pour les antiréalistes, la fin est la théorie
unique déterminée par l’objet d’étude et la méthode scientifique. Quelle que soit l’école
de pensée considérée (réaliste ou antiréaliste), le progrès est pensé comme cumulatif et
continu. Il obéit à des nécessités internes dictées par la théorie ultime, qui ne sont pas
des facteurs contingents et sont absolument déterminants. Le progrès n’aurait donc pas
pu être autre que ce qu’il est.

La principale objection opposée à l’interprétation finaliste est bien sûr celle que
le passé ne peut pas être déterminé par le futur et que cette vision résulte d’une mise en
perspective par l’historien des sciences. Ceci lui est rendu possible car il connaît le
présent et le passé, alors que les scientifiques ne connaissent pas le devenir de leur
discipline.

2. La conception évolutionniste du progrès

A la conception téléologique s’oppose la conception évolutionniste du progrès


scientifique. Il s’agit là de l’emploi du paradigme de la sélection naturelle proposée par
Charles Darwin (1809-1882). Selon cette thèse, ce sont les théories victorieuses qui sont
retenues.
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Le progrès est donc aveugle, en ce sens qu’il n’est pas orienté d’avance. Il ne
progresse pas vers un but unique. L’idée d’une concurrence entre différentes théories
disponibles au même moment permet de concevoir le progrès comme non nécessaire et
non continu. L’idée de sélection introduit un facteur contingent : elle se fait en présence
de contraintes externes au champ scientifique. Les théories survivantes ne sont donc pas
forcément les théories optimales en termes de vérité et d’efficacité, mais celles qui
satisfont un ensemble plus globale de contraintes, dont l’efficacité ou la vérité font
partie.

Les potentialités offertes par une théorie seront-elles forcément exploitées ? Une
réponse positive à cette question conduit à dire que le progrès scientifique est
inéluctable.

La réponse à cette question est bien sur conditionnée par les prémisses
philosophiques que l’on admet. Pour un externaliste radical, la réponse est négative,
puisque la science est entièrement gouvernée par des facteurs sociaux et psychologiques.
Il en est de même pour un individualiste radical, pour qui la science n’existe pas en
dehors des croyances des individus. Mais notons que la réponse d’un internaliste « pur »
n’est pas nécessairement positive.

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