Prevention Et Depistage Des Cancers

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La prévention et le dépistage sont les armes les plus puissantes contre le cancer

PREVENTION ET DEPISTAGE DES CANCERS

Dr ZONGO Nayi
Ancien interne des Hôpitaux
Chirurgien-cancérologue
Assistant en oncologie chirurgicale
[email protected]

OBJECTIFS
- Définir : dépistage, prévention primaire, prévention secondaire, population a risque
- Quels sont les buts du dépistage
- Quels sont les buts de la prévention
- Décrire la technique de dépistage dans le cancer du côlon, du sein, du col utérin et en
préciser l’intérêt
- Citer 06 exemples de population à risque en indiquant le cancer pour lequel ces
populations sont exposées.
- Quels sont les rôles du dépistage et de la prévention dans les populations à risque.
- Citer 4 lésions précancéreuses.

PLAN
Introduction
I) PREVENTION
1. Définition
2. Buts
3. Moyens et méthodes
4. Evaluation
I) DEPISTAGE
1) Définition
2) Les buts
3) Moyens de dépistage
4) Evaluation
5) Applications
II) GROUPE DE POPULATION A HAUT RISQUE
1) Définition
2) Intérêt
III) LES ETATS PRECANCEREUX
Conclusion

ZONGO Nayi, chirurgien Cancérologue, 2017


La prévention et le dépistage sont les armes les plus puissantes contre le cancer

I) Prévention
1) Définition
En cancérologie, on distingue deux modes de prévention :
 La prévention secondaire consiste à détecter et à traiter les lésions précancéreuses. Elle
est dans ce cas associée au diagnostic précoce des cancers.
 La prévention primaire vise à l’élimination de facteurs oncogènes connus.
 Prévention tertiaire : prise en charge des cancers confirmés

2) Buts
Diminuer l’action des cancers, (action sur la morbidité), en évitant que se constituent les
conditions favorables à l’éclosion et au développement de la maladie cancéreuse.

3) Moyens et méthodes
C’est la suppression des facteurs de risque, c’est-à-dire des facteurs liés à la maladie
 Elle suppose la connaissance des facteurs de risque que l’on regroupe en plusieurs
catégories :
 Professionnelle et pollution respiratoire et digestive (moins de 5% des cancers)
 L’alcool et le tabac, responsables à eux deux près de 50% des maladies cancéreuses.
 Les facteurs alimentaires (corps gras, hypercalorie)
 Les facteurs infectieux
 Les facteurs génétiques et constitutionnels
 La possibilité de contrôler ces facteurs
 A l’échelon collectif : amiante, goudron, irradiation
 A l’échelon individuel : alcool, tabac, ultraviolet
 Ces facteurs étant très souvent associés à de populations dites à haut risque

4) Evaluation
Une campagne de prévention doit être évaluée en ce qui concerne :
 Son cout :
En règle peu élevé, représenté par les moyens d’information.
 Sa faisabilité
Si elle est grande dans les cancers professionnels où l’exposition peut être contrôlée à
l’échelon collectif, individuel, elle se heurte à des habitudes sociales (tabac et alcool).
 son efficacité et son résultat.
Il dépend essentiellement de sa faisabilité et du taux de participation qui est souvent
bas.

II) Dépistage
1) Définition
Le dépistage est la mise en évidence des lésions cancéreuses asymptomatiques.
Il correspond au diagnostic précoce de certains cancers.

2) Les buts
 Diminuer la mortalité de certains cancers à long terme,
 Augmenter le nombre de guérison jusqu’à l’éradication théorique de la maladie.
 Cela suppose la réalité de deux hypothèses :
 L’existence d’une phase de latence de la maladie suffisamment longue entre le
passage d’une forme localisée à une forme diffuse mais :

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 Une forme diffuse ne passe pas toujours par un stade localisé


 Et une localisée ne devient pas toujours diffuse
 La phase de latence entre l’exposition aux risques et les signes cliniques de cancers est
de durée variable selon le facteur carcinogène.
 La plus grande efficacité du traitement de la maladie à un stade localisé
asymptomatique mais :
 Si cette note est généralement admise par l’observation des courbes de survies ;
 Il existe un biais dit « d’avance au diagnostic » : le gain de survie apparent ne peut être
que la traduction du diagnostic précoce.

3) Moyens de dépistage
Ils sont représentés par les examens à visé diagnostique dont on apprécie :
 La sensibilité
 Un examen peu sensible laisse échapper des maladies
 La répétition annuelle par exemple permet de rattraper des lésions ayant échappé au
premier examen.
 La spécificité
 Un examen peu spécifique sera très souvent positif alors qu’il n’existe aucune lésion
(risque de traitement inutile et couteux).

4) Evaluation
Une compagnie de dépistage doit être évaluée en ce qui concerne :
 Son coût : tant financier qu’en personnel humain ou en dépense de temps
nécessaire à sa réalisation : les campagnes de dépistage sont souvent très
couteuses.
 Sa faisabilité : dépend essentiellement de :
 La spécificité et de la sensibilité des tests diagnostiques utilisés,
 L’histoire naturelle du cancer (existe ou non une phase de latence longue)
 Son résultat et son efficacité qui sont appréciés
 A court terme : par une modification de la distribution par stade avec augmentation
des formes localisées quand le dépistage est efficace ; de même la survie des cas
dépistés doit être meilleure à celle des cas diagnostiqués.
 A long terme : par l’étude des courbes de survie, un dépistage efficace entrainerait une
baisse de mortalité.

5) Applications
 Dépistage du cancer du sein
 La technique
Le dépistage du cancer du sein repose essentiellement sur trois types d’examen :
 L’autopalpation :
 Méthode simple, non couteuse, efficace
 Mais se heurte à des réticences féminines par la crainte de crainte découvrir une
maladie.
 Elle doit être contrôlée une fois par un examen médical.
NB : l’autopalpation n’est pas un bon examen de dépistage à elle seule. Les lésions de petite
taille dans des seins denses, volumineux peuvent passer inaperçues. Il est donc nécessaire de
l’accompagner par d’autres moyens de dépistage.

 L’examen clinique :

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La prévention et le dépistage sont les armes les plus puissantes contre le cancer

 Dépiste des tumeurs de plus d’un cm de diamètre


 Il doit être annuel chez les femmes de plus de 35 ans
 La mammographie de dépistage systématique
Elle est indiquée à partir de 50 ans en Europe jusqu’au 74 ans. Cependant la survenue précoce
des cancers du sein dans nos contrées justifierait un début plutôt qui reste à déterminer : 45
ans ?
 Peut mettre en évidence des lésions infra-clinique (inf. à 5mm)
 Doit comporter deux incidences au minimum : face, oblique externe
 Le mammographe doit être numérisée, bien entretenu
 Doit être confrontée à l’avis d’un expert en mammographie si les deux lectures ne sont
pas concordantes
 Doit être répétée tous les trois ans, peut être rapprochée chez les femmes à haut risque.
 Il fait suspecter la maladie et nécessite une biopsie et examen histologique
 IRM : elle permet de détecter des lésions passées inaperçue à la mammographie.
Elle est cependant de plus en plus utilisée dans certains pays à titre individuel
surtout chez les femmes à haut risque.

 Résultats
 La médecine du travail, l’examen annuel des travailleurs, est un bon cadre de
dépistage du cancer du sein
 L’examen clinique et la mammographie sont complémentaires
 Ces campagnes sons conteuses et non réalisables sur une grande échelle.
 Dépistage du cancer du col
 Technique
- Le dépistage repose sur la pratique des frottis cervico-vaginaux
- De réalisation sous speculum
- Mais de lecture cytologique plus délicate, distinguant selon la classification de
papanicolaou
- Classe1 : Frottis normal
- Classe 2 : Frottis inflammatoire
- Classe 3 : Cytologie douteuse
- Classe 4 : Présence de cellules cancéreuse
- Classe 5 : Présence de très nombreuses cellules cancéreuse
Classification CIN
- Les frottis positifs doivent être complétés par des biopsies qui permettent de
distinguer :
 Des dysplasies des carcinomes in situ
 Des cancers invasifs, asymptomatiques à des stades précoces.

 Résultats
- De nombreuses campagnes permettent de retenir :
 Un bénéfice certain pour les femmes examinées
 Une baisse de la mortalité
 Une diminution des stades avancé II et III et au profil des stades localisés.
 Un traitement moins long, moins couteux et moins agressif
 Une diminution de la morbidité (c’est un examen non toujours accepté par les
femmes)

 Dépistage des cancers du côlon et du rectum

ZONGO Nayi, chirurgien Cancérologue, 2017


La prévention et le dépistage sont les armes les plus puissantes contre le cancer

 Technique
- Les cancers du côlon et du rectum peuvent bénéficier :
 D’un dépistage par la mise en évidence de lésions asymptomatique
 D’une prévention secondaire par la découverte de lésions précancéreuses
(polupeœdémateuse, tumeurs villeuses) susceptibles de dégénérer.
- La mise en évidence de ces lésions peut être effectuée
 L’hémocult
Il s’agit d’un papier réactif qui recherche la présence de sang dans les selles 3 jours de
suite
 la rectoscopie et ou la rectosigmoidoscopie :
Elle permet d’explorer les 50 derniers centimètres du tube digestif où siège 70% des
lésions cancéreuses. Elle complète l’homoncule à la recherche de la lésion responsable
à chaque fois qu’elle est positive.
 Le lavement baryte en double contraste et la coloscopie n’ont pas leur place dans le
dépistage de masse, mais sont réservés à la surveillance des populations à haut risque
(recto-colite hémorragique, polype familiale), à rechercher une lésion devant une
hemocult positive.

 Résultats
- Bonne acceptabilité de l’hémocult
- Réticente à la recto-sigmodoscopie
- Faible sensibilité de l’hémocult
- La possibilité d’un traitement simple et radicale (exérèse sous colonoscopie).

III) GROUPE DE POPULATION A HAUT RISQUE


1) Définition
Un groupe de population à haut risque est un ensemble d’individus présentant un ou plusieurs
facteurs liés à la naissance ou au développement du cancer.

2) Intérêt
- Certains facteurs de risque peuvent être contrôlés de façon individuelle ou collective
- Ces populations doivent bénéficier des campagnes de prévention et de dépistage afin
de diminuer l’incidence des cancers.
- La prévention primaire peut se faire par des campagnes d’information (campagne de
lutte contre le tabac, croix bleu) ; par des mesures de protection sur le plan
professionnel (port de masque, réduction du temps d’exposition
- Le dépistage dans ces populations peut bénéficier d’examen plus couteux, plus pénible
mais souvent plus sensibles (colonoscopie annuelle dans la polypose familiale par
exemple)
Trois exemples de groupe de population à risque :
- Cancer broncho-pulmonaire : exposition à l’amiante et le tabagisme
- Cancer du sein : plus de 50 ans ; mutation BRCA1, 2…..
- Cancer du col : multiparité, infection HPV, dysplasie, infection herpétique
- Cancer du côlon : rectocolite hémorragique, polypose familiale ; Lynch1, 2
- Cancer de l’œsophage : intoxication alcoolo-tabagique.

IV) LES ETATS PRECANCEREUX


1- Définition
Ce sont des désordres tissulaires prédisposant à plus ou moins longue échéance à l’apparition
d’un cancer invasif.

ZONGO Nayi, chirurgien Cancérologue, 2017


La prévention et le dépistage sont les armes les plus puissantes contre le cancer

Ces lésions peuvent être bénignes ou porteuses de signe de malignité au niveau cellulaire
(cancer in situ).

2- Classification
On distingue :
 Les lésions précancéreuses
- Ce sont surtout les dysplasies (légère, moyenne et sévère) et le carcinome in situ
(carcinome lobulaire in situ du sein)
- C’est également la leucoplasie buccale ;
- La dyskératose cutanée (maladie de Bowen)

 Les tumeurs susceptibles de dégénérer


- Au niveau de la peau : cicatrice de brulure, leucoplasie, radiodermite, nævus plan
soumis à des traumatismes
- Au niveau colon et du rectum : (polype œdémateux, tumeur villeuses, rectocolite
hémorragique) ;
- Au niveau de la vessie : les papillomes
- Au niveau du testicule : les dysembryomes (tératomes et ectopie).

3- Intérêt
- Ces lésions peuvent bénéficier des campagnes de prévention et de dépistage ;
- La prévention et le dépistage des lésions précancéreuses dans les populations à risque
sont rentables ;
- Le traitement de ces lésions précancéreuses est souvent simple et efficace ; même au
niveau individuel.

Conclusion
Le dépistage et la prévention sont les véritables moyens de lutte contre le cancer. Ils
permettent de réduire l’incidence et d’améliorer le pronostic.
Malheureusement, ces méthodes ne sont pas à la portée de toutes les populations même dans
le cadre des cancers les fréquents comme celui du sein et du col utérin.

ZONGO Nayi, chirurgien Cancérologue, 2017

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