Cheval Indien
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Du même auteur
Cheval Indien
roman
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Pour ma femme, Debra Powell,
qui me permet de baigner
dans sa lumière et de devenir plus.
Je viens dans la paix des choses sauvages
qui ne taxent pas leur existence de pensées
tristes. Je viens dans la présence de l’eau immobile.
Et je sens au-dessus de moi les étoiles nyctalopes,
j’attends leur lumière. Un moment
je me repose dans la grâce du monde, et suis libre.
Wendell Berry, The Peace of Wild Things
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pour vendre les baies. Quand ils sont revenus, ils étaient
avec l’homme blanc dans des bouteilles brunes. « Les
esprits », disait Naomi. Les mauvais esprits. À cause de
ces esprits, les adultes avaient de drôles de mouvements
saccadés, et leurs mots s’emmêlaient. Je m’endormais au
milieu de rires maléfiques. Parfois, ma mère bondissait
sur ses pieds et dansait autour du feu, et elle projetait sur
les peaux de la tente les ombres d’un squelette. Je serrais
ma tunique contre ma gorge et j’attendais le sommeil, là
où mon frère avait dormi.
Les nuits claires, la vieille femme et moi avions
l’habitude de nous asseoir sur des rochers au bord de
la rivière. Les étoiles tournaient comme des toupies au-
dessus de nos têtes et les loups s’interpellaient. Naomi
me racontait des histoires des temps anciens. Me par-
lait de mon grand-père et des remèdes qu’il transpor-
tait. De bons remèdes. Des remèdes ojibwés. La rivière,
scintillant sous la lune du Nord, serpentait. Dans son
clapotis, j’entendais parfois des bribes de chansons dans
la langue des Ojibwés. Des chants d’honneur qui s’éle-
vaient au-dessus de la souffrance causée par l’absence de
mon frère. La voix me soutenait, comme la main ferme
et chaude de Naomi sur ma frêle épaule.
Enfermé dans un centre de désintoxication, Saul Cheval Indien
touche le fond et il semble qu’il n’y ait plus qu’une seule issue
à son existence. Plongé en pleine introspection, cet Ojibwé,
d’origine Anishinabeg du Nord ontarien, se remémore à la
fois les horreurs vécues dans les pensionnats autochtones et
sa passion pour le hockey, sport dans lequel il excelle. Saul,
confronté aux dures réalités du Canada des années 1960-
1970, a été victime de racisme et a subi les effets dévastateurs
de l’aliénation et du déracinement culturels qui ont frappé
plusieurs communautés des Premières Nations. Avec empa-
thie et perspicacité, Richard Wagamese brosse le portrait
d’un homme broyé par son destin et, plus largement, d’une
génération d’autochtones victimes de leur époque et du
déclin de leur culture.
« U N E Œ U V R E D ’A R T I N O U B L I A B L E »
— National Post
« D E S PAG E S D E P U R E G R ÂC E »
— Winnipeg Free Press
« À L A FO I S C H O Q UA N T E T H O R S
D E L’ O R D I N A I R E , P R É C I E U X E T V R A I »
— Globe & Mail