Introduction Generale
Introduction Generale
Introduction Generale
I) Définitions
I-1) Métallogénie et gîtologie
I-2) Notion de gisement (ou gîte) minéral
I-2-1) Définition économique
I-2-2) Définition géochimique
I-3) Minerai et paragenèse minérale
I-3-1) Minerai
I-3-2) Paragenèse minérale
1
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
I) Définitions
1) Métallogénie
La métallogénie a pour but de (i) décrire les gîtes minéraux et les formations géologiques environnantes, (ii)
comprendre les mécanismes de formation de ces gîtes (processus géologiques et physico-chimiques qui ont régi
l’accumulation du minerai), (iii) rechercher des conclusions génétiques et enfin (iv) fournir à l'explorateur minier
des guides de prospection. Le terme de gîtologie en désigne la partie descriptive.
La métallogénie cherche à proposer des scenarios de mise en place des gisements miniers « reconstitution
de l’histoire de genèse des gisements miniers», c'est-à-dire chercher la source et les conditions de transport et
du dépôt.
Pour cela, on devra d’abord décrire le corps minéralisé (mophologie, relation avec l’encaissant, texture,
structures, minéralogie, …) puis son environnement géologique (cartographie, pétrographie … des roches
supportrs), ensuite on détermine l’âge de la minéralisation par rapport à l’encaissant et à l’évolution géologique,
puis d’une manière absolue (chronomètres isotopiques).
Les conditions de transport et de dépôt pourront être approchées par :
- l’étude des inclusions fluides,
- l’étude des équilibres minéralogiques des minéralisations et des altérations,
- la géothermométrie isotopique,
Quant à la recherche de la source on fait appel à :
- la géochimie des éléments en trace,
- la pétrologie et la géochimie isotopique.
L’élaboration d’une synthèse pourra s’effectuer au sein d’un modèle descriptif ou d’un modèle génétique.
Un gisement est donc le fruit de la conjugaison de plusieurs facteurs métallogéniques qui agissent en même
temps ou plus ou moins successivement. Certains de ces facteurs restent déterminants et peuvent servir de
guides de prospection « métallotectes ».
Par définition une métallotecte désigne « tout objet et phénomène géologique relatif à la lithologie, à la
structure, à la géochimie etc.… qui semble favoriser l’édification d’une accumulation minéral » (Lafitte et al.,
1965).
De ce qui précède, il apparait que l’étude métallogénique d’un gîte minéral fait appel aux diverses disciplines
géologiques. A titre d’exemple, un gisement encaissé dans des formations sédimentaires implique l’examen de la
couche minéralisée et de sa position dans l’échelle des temps (étude stratigraphique et sédimentologique). Par
ailleurs, l’évolution pétrogénétique des formations encaissantes ; diagenèse, métamorphisme, granitisation,
altération sont autant d’étapes susceptibles de déterminer ou de modifier le mode de présentation des
concentrations minérales.
2
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
exploitable et perd sa qualité de gisement. On en déduit aisément les taux de concentration (Clarke de
concentration) que doivent présenter les accumulations minérales pour être exploitables avec profit et être
considérées comme des gisements. Ce facteur de concentration correspond au taux d'enrichissement en un
élément chimique, c'est à dire au rapport entre sa teneur moyenne d'exploitation et son clarke.
Pour obtenir une teneur en fer exploitable, il suffit que son clarke soit multiplié par 6 (Fig.1). Ce facteur de
concentration étant peu élevé, ce qui permet d’envisager que des teneurs en fer exploitables se rencontreront
fréquemment dans la nature. En revanche, dans le cas de l’étain par exemple, le clarke de concentration étant de
250, on peut prévoir que des concentrations stannifères exploitables ne se rencontreront qu’exceptionnellement.
Métal Al Fe Mn Cr Cu Ni Zn Sn Pb U
Clarke % 8,13 5 0,1 0,02 0,007 0,008 0,013 0,004 0,0016 0,0002
Teneur limite d'exploitabilité % 30 30 35 30 1 1,5 4 1 4 0,1
Taux de concentration 4 6 350 1500 140 175 300 250 2500 500
Tab. (1) : Clarkes et teneurs limites d'exploitation (exprimés en % pondérale) et taux de concentration.
De ces considérations, il apparaît que, mis à part Al et Fe, les gisements de métaux apparaissent comme de
véritables anomalies géochimiques de l'écorce terrestre. Il est facile de confirmer cette proposition en rappelant
la composition chimique de la croûte (Tab. 2 et 3). De ces tableaux, on constate que 99 % du poids de l’écorce
terrestre sont constitués par les 8 premiers éléments de la liste. Le 1 % restant contient tous les métaux de base
(Cu, Pb, Zn...), précieux, terres rares etc.
Si l'on considère les proportions volumétriques des éléments (Tab. 3), on constate que plus de 90 % de l'écorce
terrestre est occupée par des ions oxygène.
Tab. (2) : Composition chimique moyenne de la croûte continentale terrestre d’après les données disponibles pour la croûte
continentale (Taylor et Mc Lennan, 1995 ; Rudnick et Fountain, 1995 ; Plank et Langmuir, 1998). De O à Mg les quantités sont
exprimées en pourcentage du poids, de C à Lu en ppm et de Cd à Os en ppb.
Le caractère exceptionnel des gisements minéraux est corroboré, de manière qualitative, par la minéralogie.
Lorsqu’on se réfère aux statistiques des espèces minérales (on connaît aujourd'hui plus de 3000 espèces
minérales) :
3
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
- 50 espèces participent à la composition des roches et, parmi elles, seules 29 peuvent être considérées
comme fréquentes (quartz, feldspaths, péridots, pyroxènes…) ;
- 200 espèces sont cataloguées comme économiques, c’est à dire comme fréquemment exploitées (galène,
sphalérite, béryl, topaze…) ;
- toutes les autres espèces, proviennent des gisements minéraux où elles ne constituent le plus souvent que
des raretés minéralogiques.
La concentration d’un élément dans un certain volume rocheux entraîne, généralement, l’apparition de
minéraux où l’élément concentré est un constituant majeur. Il n'en est pas toujours ainsi, et certains métaux ne
s'expriment pratiquement jamais sous une forme minéralogique où ils joueraient le rôle de constituant majeur :
indium, rubidium, gallium, hafnium, rhénium ... Ces éléments interviennent en faible proportion dans la
constitution d'espèces ou un autre élément métallique, qu'ils remplacent le plus souvent, joue ce rôle de
constituant majeur (Zn pour In et Ga ; K pour Rb ; Zr pour Hf ; Mo pour Re ...)
Les gisements de ces métaux mineurs s'identifient, la plupart du temps, aux gisements des métaux qu’ils
substituent ; les premiers sont récupérés sous la forme de sous-produits de la métallurgie des seconds.
Pour qu’un minéral (ou une association de minéraux) soit considéré comme un minerai, il faut que certaines
conditions soient réalisées : la teneur en élément (métal) doit être suffisante et il doit exister un mode d’extraction
industriel du métal.
Il existe des minerais métalliques et des minerais non métalliques (=substances minérales au sens strict) :
Minerais métalliques
- Métaux ferreux : Fe, Mn, Cr Métallurgique, Mo, Ni, Co, W, V, etc.
- Métaux non ferreux :
Métaux de base : Cu, Pb, Zn, Sn, etc.
Métaux légers : Al, Mg, Ti, etc. ;
Métaux précieux : Au, Ag, Pt, etc. ;
Métaux rares : Ra, Be, etc. ;
Métaux radio-actifs : U, Th…,
Substances non métalliques
4
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
4) Texture et structure
- la texture est utilisée pour décrire les relations spatiales entre des populations minérales (entre deux ou
plusieurs minéraux ou minerais). L’étude des textures relève donc de l’observation directe à l’échelle de
l’échantillon, voir de l’affleurement.
- la structure désigne les particularités d’un cristal sans tenir compte de ses relations spatiales avec ses voisins.
La structure d’un minéral est définie donc par sa morphologie externe (forme et dimension) et interne (macles,
lacunes de croissance, inclusions….). D’une manière générale, les structures ne peuvent être étudiées qu’à l’aide
d’instruments physiques (loupe, microscope…).
Exemples de textures (Fig.1)
- Texture massive : les minéraux sont répartie d’une manière homogène dans l’ensemble du corps minéralisé ;
Pyrite massive
- Texture rubanée : les minéraux sont disposés en bandes généralement parallèles depuis les bords de la
roche encaissante jusqu’au centre du corps minéralisé ;
5
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
- Texture concentrique : les minéraux s’organisent en zones concentriques autour d’un noyau (enclave)
emprunté à la roche encaissante « oolithique » ;
Oolithes ferrugineuses
- Texture bréchique : des fragments anguleux de la roche encaissante sont cimentés par la minéralisation ;
- Texture collomorphe : constituée par des dépôts en couches concentriques très fines, convexes vers la
surface libre.
6
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
Exemples de structures
- Structure zonée : modification de la composition chimique d’un minéral du cœur vers la périphérie, qui se
traduit souvent par un changement de coloration ;
Arsénopyrite zonée et affectée de fractures colmatées par de la galène. Le tout est recoupé par des fractures remplies de
quartz.
- Structure d’exsolution : un minéral, en cristaux très petits, est englobé dans un autre minéral en grande
plage ;
7
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
Filon de quartz à oligiste encaissé dans les tufs du Groupe de Ouarzazate (Anti-Atlas central)
Le remplissage du filon (le volume occupé par le filon) est la caisse filonienne constituée par le minerai
proprement dit et la gangue (stérile).
En métallogénie, la terminologie des formes des filons est calquée généralement sur la terminologie utilisée en
tectonique : filons en échelon, en queue de cheval, en chapelets, en relais ...
Les filons étroits sont désignés par le terme de "veines ou veinules". Un réseau de veinules irrégulières est un
stockwerk (Fig.4).
8
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
D'une manière générale, la minéralisation utile ou atteignant le seuil de teneur requis pour une exploitation
payante, n'occupe qu'une partie de la caisse filonienne ; alternance de parties enrichies et de parties diluées en
composant utile (Fig.5). Les parties enrichies sont appelées les colonnes minéralisées.
Fig.(5) : Exemple de colonnes minéralisées. A- variation du remplissage filonien. B- variation de l’épaisseur de la caisse
filonienne.
9
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
Fig.(6) : A- Lentille de sulfures dans des pélites noires. B- Amas de bauxite en remplissage de poches dans des calcaires
karstifiés. C- Amas de chromite dans des roches ultra-basiques.
10
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
Lorsque le minerai est massif, il peut occuper la totalité de la roche support et apparaître ainsi comme une
véritable strate de nature particulière au sein d'une séquence de dépôt. C’est le cas de certains gîtes comme
ceux de phosphate, de soufre, de manganèse, de potasse…. Le minerai peut également être disséminé à
l'intérieur de son enveloppe et en concordance avec celle-ci, c’est le cas des gîtes stratiformes sensu stricto :
comme dans les gisements stratiformes de plomb-zinc ou le minerai cimente des éléments détritiques.
Fig. (8b) : A- lits d'oxydes de manganèse. B- Chromites disséminées dans des péridotites. C- Sulfure de Pb (galène)
cimentant des débris détritiques.
11
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
12
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
2- Classification de SCHNEIDERHOHN
- Dépôts magmatiques
- Dépôts pneumatolytiques
• filons pegmatitiques
• filons pneumatolitiques
• gisements pneumatolitiques de contact
- Dépôts hydrothermaux
- Dépôts exhalatifs
3- Classification de RAGUIN
Gisements exogènes
- Gîtes sédimentaires
• détritiques (ex : placers)
• chimiques (ex : gypse)
• biochimique (ex : phosphates)
- Gîtes d’altération
• résiduels (ex : bauxites)
• de cimentation (ex : partie exploitable des porphyres cuprifères)
• de substitution (ex : amas de blende, galène… dans des roches sédimentaires)
Gisements endogènes
- gisements hydrothermaux
• filoniens hypothermaux (ex : filon à pyrrhotite, nickel, cobalt)
• filoniens mésotermaux (ex : filon à pyrite, blende, galène, chalcopyrite « PBGC »)
• filoniens épithermaux (ex : filon à mercure)
4- Classification de ROUTHIER
Routhier (1963) propose une classification basée sur la notion de « type de gisement ». Cette notion se
rapproche de celle d’espèce pour les végétaux et les animaux.
Les caractères retenus dans la définition des types de gisements sont :
13
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
Un type de gisement est donc constitué par un ensemble de caractères géologiques, minéralogiques,
géochimiques communs à plusieurs gisements qui appartiennent au type. Notons qu’un même type de gisement
peut présenter des concentrations de métaux différents : par exemple, les imprégnations métallifères dans les
sédiments gréseux dites encore gisements de Red-Beds (cf. gisements sédimentaires) peuvent présenter des
minéralisations en Cu, Zn, Pb, U, V, SO 4 Ba, F 2 Ca…Les Red-Beds cuprifères, plombifères… ne constituent donc
pas autant de types identifiés de gisement mais bien des variantes d’un même type.
14
Univ. Ibn Zohr, Fac. Sci. Agadir. Dép. Géol. Md. Métallogénie (STU5) -2014/2015- ABIA E. H.
Dans ce qui suit, nous adoptons une classification basée en premier lieu sur l'association génétique du
gisement avec un processus magmatique, sédimentaire ou avec un phénomène d’altération. À l'intérieur de
chaque grande affiliation on envisage la contribution des différents mécanismes de concentration pour distinguer
entre les différents types.
15