Dechets Et Covid

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

Introduction

La situation actuelle que nous vivons en raison du Covid-19 est exceptionnelle sous divers
aspects et constituera inévitablement un tournant majeur dans l'histoire de l'humanité, non
seulement en raison de sa gravité sanitaire mais aussi de ses effets sur l’environnement.

Placé sous état d’urgence sanitaire, le Maroc a dû mettre en place une série de mesures
proactives et préventives afin de faire face au Coronavirus.

Ce dernier provoque une augmentation significative de la production et la consommation de


fournitures médicales et d’équipements de protection, ce qui entraîne une hausse
croissance de déchets (souvent à usage unique et contenant des ressources précieuses
comme les plastiques, le coton, les métaux…) qui pourraient être infectés par le virus et qui
doivent être gérer d’une manière spéciale et éliminés en toute sécurité afin d’éviter la
propagation du virus.
Les calculs ont démontré que, chaque jour, au moins 4 tonnes de masques contaminés sont
générées par des personnes infectées par le Covid-19. Ainsi, Selon des études un masque
chirurgical met 450 ans à se dégrader.
Ces masques jetables et difficilement recyclables, sont conçus en polypropylène un matériau
plastique non-biodégradable, et issu d’une ressource non renouvelable qu’est le pétrole, ils
finissent dans la nature.
Dans certains pays où la crise de la pandémie a connu une grande ampleur, les responsables
ont dû également construire de nouvelles usines et déployer des installations mobiles de
traitement des déchets COVID-19. De plus, la réglementation et les recommandations de
l’OMS imposent aux autorités et aux professionnels de mettre en place une solution
économique, durable et à moindre risque de contamination.

La gestion de ces déchets, en respectant les aspects environnementaux tout en prenant les
mesures préventives nécessaires pour contenir la propagation du virus ainsi que la
protection de la santé humaine, constitue en effet un grand défi.

Dans quelle mesure le Maroc a pu relever ce défi ? Et dans quelles catégories peut-on
classifier ce genre de déchets liés au Covid-19 ?
Afin de répondre à ces problématiques, nous allons tout d’abord voir la caractérisation
juridique des déchets liés au Covid-19 (I) et en deuxième lieu nous allons relater les mesures
prises pour faire face à ces déchets, efficacités et lacunes (II).

I. Caractérisation juridique des déchets liés au COVID-19

Le traitement des déchets au Maroc est régi par un cadre juridique qui définit les différents
types de déchets, précise le niveau de leur prise en charge et spécifie leur mode de gestion
en couvrant toute la chaîne de la collecte jusqu’à l’élimination en passant par le traitement
et la valorisation.

Nous pouvons distinguer deux types de déchets résultant du Corona :


1. Les déchets médicaux et pharmaceutiques

Le Maroc a parfaitement adhéré aux efforts de lutte contre les déchets médicaux et
pharmaceutiques et œuvre à leur gestion de la manière la plus appropriée, en adoptant un
important arsenal juridique, notamment la loi 28-00 relative à la gestion des déchets, le
décret relatif à la gestion des déchets dangereux, outre la charte nationale de
l’environnement et du développement durable.

Parmi ces textes, on distingue le Décret n° 2-09-139 qui est consacré entièrement aux
déchets médicaux et pharmaceutiques et fixe pratiquement l’ensemble des modalités de
gestion de ces déchets.

D’abord, ce type de déchet a été définit par loi n°28-00 comme :

« tout déchet issu des activités de diagnostic, de suivi et de traitement préventif, palliatif ou
curatif dans les domaines de la médecine humaine ou vétérinaire et tous les déchets
résultant des activités des hôpitaux publics, des cliniques, des établissements de la
recherche scientifique, des laboratoires d'analyses opérant dans ces domaines et de tous
établissements similaires. ».

Les déchets médicaux et pharmaceutiques liés au Coronavirus, faisant objet de notre sujet,
s’inscrivent dans la catégorie 1-a qui regroupe les déchets comportant un risque d'infection
du fait qu'ils contiennent des micro-organismes viables ou des toxines susceptibles de causer
la maladie chez l'homme ou chez d'autres organismes vivants.
Ce type de déchets générés, au sein des hôpitaux, par les patients du Covid-19 est considéré
comme des déchets à risque infectieux.

Des mesures exceptionnelles ont été adoptées par plusieurs ministères dont le Ministère de
la Santé et en collaboration avec les directions régionales pour éviter de transformer les
déchets médicaux pharmaceutiques en source de contamination au COVID-19, puisqu’ils
peuvent être eux-mêmes des vecteurs de pathologies, ou favoriser leur survenue ou leur
persistance.

La réglementation marocaine impose que ces déchets soient triés et traités dans des
installations agréées. La collecte et le transport des déchets pharmaceutiques et médicaux
sont soumis à une autorisation de l’administration. L’objectif de ce traitement est d’éliminer
le risque microbiologique afin de rendre ces déchets inertes et sans danger pour
l’environnement.  

2) Déchets ménagers et assimilés


Sont considérés comme déchets ménagers tout déchet issu des activités des ménages, quant
aux déchets assimilés aux déchets ménagers ce sont ceux qui ont des compositions et des
caractéristiques similaires aux déchets ménagers et ils sont régies par les dispositions de la
loi 28-00 qui les définit, les classifie et institue des obligations concernant leur gestion et leur
élimination.
Le traitement et l'élimination inadéquate de ces déchets présentent des risques sanitaires
certains, soit par transmission secondaire du virus en raison de l'exposition directe ou
indirecte aux déchets soit à travers la contamination de l’environnement. De ce fait, ils
doivent être stockés séparément des autres flux de déchets ménagers et traités en tant que
déchets infectieux.

Font également parti des déchets ménagers et assimilés tous les équipements de protection
individuels utilisés à l’extérieur des hôpitaux, à savoir les bavettes, les visières, les
mouchoirs, les flaquant de gel antiseptiques ou encore les produits désinfectants.
Il faut ainsi signaler que la nature et la méthode de traitement de ces déchets ne sont pas les
mêmes si le produit est utilisé :

-En milieu hospitalier ; dont leur gestion est très encadrée et basée sur des procédures
rigoureuses.

-Ou par un particulier ; dont leur gestion est similaire à celle des déchets ménagers ordinaire,
sans qu’ils fassent l’objet d’un tri, ce qui pourraient donc infecter les autres déchets et
présenter par conséquent un immense risque de contamination.
Aujourd'hui en temps du corona, les autorités sont désormais dans l'obligation de faire face
aux déchets générés par ces produits mais à l'extérieur des hôpitaux, et qui pourraient
représenter le même risque.

Cependant, nous constatons une absence d’une actualisation législative dans la lumière de la
situation issue de la pandémie ou du moins un plan de gestion spécifique aux déchets
ménagers liés au Covid-19.
II- Les mesures prises face aux déchets liés au Covid-19, efficacités et lacunes
1)La gestion des déchets liés au Covid-19 :
Les mesures prises par le Maroc
Le Maroc, à l’instar d’autre pays, a dû mettre en place un ensemble de mesures pour
s’adapter à la nouvelle situation causées par le Coronavirus.

♦ Tri et emballage :
 
La première étape de la procédure de gestion des DMP est le tri. Au niveau des unités
d’isolement, les déchets assimilés aux déchets ménagers sont considérés comme des
déchets à risque infectieux, précise le ministère de la Santé.

Tous les déchets ménagers et ceux à risque infectieux doivent être conditionnés dans le
même container menu d'un sac rouge.

L’emballage des DMP : représente la deuxième étape de ce processus. Le code couleur mis
en place par le ministère à cette étape est le suivant :
- Les conteneurs de couleur jaune sont utilisés pour les objets piquants, coupants et
tranchants et sont à usage unique ;
- Les sacs rouges sont utilisés pour tous les autres déchets ;
- Des containers, de couleurs différentes des autres DMP (rouge ou bleu) et étiquetés,
doivent être mis en place dans les autres services afin de les différencier des conteneurs des
déchets infectieux émanant des salles d’isolement.

♦ Pré-collecte des déchets en interne :


 
Il s'agit de la troisième étape de la procédure de gestion des déchets médicaux. La personne
chargée de la pré-collecte doit être dotée d'un habillement convenable, sécurisé et
sécurisant : veste, pantalon, charlotte, bavette (masque), gants, lunettes, bottes et d’une sur-
blouse jetable.

♦ Stockage des déchets :


 
Selon la note du ministère de la Santé, les containers des DMP doivent être stockés dans le
local dédié à cet effet et répondant aux normes de sécurité et d’hygiène requises. Ce local
doit être obligatoirement verrouillé et non accessible aux personnes non autorisées.
Egalement, il doit être nettoyé et désinfecté après chaque utilisation.  
Par ailleurs, le transport des déchets d'isolement dans le lieu de traitement (5e étape du
processus) doit se faire par un véhicule préalablement désinfecté autorisé par le ministère
de la Santé.

2. Défaillances et recommandations :

Certains dysfonctionnements du circuit de gestion ont été mis en exergue notamment à


cause de :
 
♦ Dans le contexte marocain, et en cette période de pandémie COVID-19, la
logistique de gestion des DMP ne figurait pas dans les préoccupations majeures des
autorités et des professionnels de santé. Seule la procédure, formalisée par la
Direction des Hôpitaux et des Soins Ambulatoires relevant du Ministère de la Santé, a
été mise en place.
Nous avons pu constater un vide réglementaire en matière de gestion des déchets liés au
covid-19 particulièrement et aux crises généralement, en adoptant un ensemble de
mesures anticipatives et préventives.
♦ L’absence d’une instance de décision unique en charge des arbitrages et de
l’affectation des ressources après identification des besoins et dont le rôle serait de
piloter, activer et mobiliser les ressources humaines et matérielles en cas de situation
de crise.
Cette cellule serait aussi chargée de la coordination de cycles de formation au profit du
personnel de santé sur la gestion des déchets médicaux pharmaceutiques en situation de
crise sanitaire.
♦ Déficit en matière de recensement des ressources disponibles en hommes et en
matériel au plan national,
♦ L’absence de coordination de ces ressources au plan national,
Nous pouvons, également, adopter quelques comportements visant à améliorer la gestion
de ces déchets :

♦ Innover et reconcevoir les produits ménagers pour améliorer la durabilité, la


réutilisabilité et la recyclabilité tout en garantissant une utilisation sûre.
♦ Placer des corbeilles au sein de chaque quartier dédiées spécialement aux déchets
médicaux et pharmaceutiques, particulièrement ceux à risque infectieux.
♦ L’instauration de systèmes rigoureux de tri
♦ Favoriser l’utilisation des masques réutilisables au lieu de ceux à usage unique.
♦ Améliorer l’information sur la durabilité des produits ménagers, sur la manière de
les utiliser de manière rationnelle, de prolonger leur durée de vie et de gérer leur
phase d’élimination.
♦ Veiller à ce que les produits réutilisables à domicile soient utilisés avec des mesures
d’assainissement appropriées.
Organiser des activités de sensibilisation pour encourager des modes de vie plus durables.
Conclusion

Pour se prémunir du risque du Covid-19, des milliards de bavettes et d’autres équipements


de protection à usage unique sont utilisées quotidiennement, mais l’impact néfaste sur
l’environnement est encore sous-estimé.  La protection des vies humaines prime, mais
l’existence de l’être humain dépend d’un environnement sain.

Le bref répit accordé à la planète par le confinement (d’où la baisse du taux des déchets
générés par les restaurants, le domaine touristique ainsi que l’arrêt partiel de quelques
activités commerciales et industrielles …) est rompu par cette nouvelle forme de pollution
qui menace autant la biodiversité, déjà en danger, que les êtres humains.

De nombreux efforts ont été déployés pour endiguer la propagation du Coronavirus, mais les
efforts consentis dans le domaine de la gestion des déchets résultant de cette épidémie
demeurent insuffisants.

Vous aimerez peut-être aussi