20 Histoires de Sexe Aux Sports D Hiver
20 Histoires de Sexe Aux Sports D Hiver
20 Histoires de Sexe Aux Sports D Hiver
histoires de sexe
aux sports d’hiver
La Musardine
On associe toujours le sexe torride à l’été, mais l’hiver, il s’en passe de belles aussi...
Des pistes enneigées aux chalets confortables en passant par la cabine des remontées mécaniques, le local du secouriste, la boîte de nuit locale
ou le resto d’altitude, ça batifole dans tous les coins !
Dans ce nouveau recueil, vous découvrirez votre station de ski préférée telle que vous ne l’aviez encore jamais vue, à travers 20 histoires bien
résolues à vous prouver que les sports d’hiver ne se résument pas au ski et à la fondue savoyarde.
Prêt pour une petite virée sur les sommets du plaisir ?
CHAUD-FROID
Pauline Bonvalet
Maude pratiquait le ski artistique. Elle glissait le plus souvent avec un ski en l’air et une tête de
circonstance, ses bras moulinaient pour maintenir un équilibre précaire. Elle tournait, sautait, atterrissait,
virevoltait, accélérait, explorait les bords de piste, le tout contre son gré. Maude ne tombait presque
jamais, mais elle avait peur souvent. Maude n’aimait pas le ski. Elle était frileuse, elle avait les yeux trop
clairs pour la réverbération du soleil sur la neige, la peau trop pâle pour ne pas brûler, même couverte de
plusieurs couches de crème. Pourtant, Maude y était, au ski. En haut de « Marie-Chantal », une piste
noire, tétanisée. En contrebas, son grand frère Vincent et sa bande de copains l’attendaient, hilares. Face
à Maude, du verglas, des bosses et des têtes de sapin piégés, qui émergeaient de-ci de-là comme pour lui
compliquer la tâche. Les conseils de son père se bousculaient dans son esprit. Ne pas avoir peur de se
mettre face à la pente. Bien s’appuyer sur l’avant des chaussures. Prendre assez de vitesse pour tourner,
et s’aider des bosses. Avoir les jambes élastiques. Elle s’élança. Son ski droit crissa sur la neige dure,
elle planta son bâton, balança son poids sur sa jambe gauche et tourna, se retrouva face à la pente et vira
encore, secondes providentielles de ski parfait. Elle se prit à rêver qu’elle allait la niquer, Marie-
Chantal, se la taper en entier d’une seule traite, Marie-Chantal, et ricana intérieurement de ses analogies
graveleuses.
Elle entendit trop tard l’avertissement : « Maude, attention ! » La voix grave rompit l’illusion.
BAM ! Elle heurta quelque chose, de plein fouet, et dévala la piste, roula le long de la pente et vint
finalement s’éclater sur le flanc d’une grosse bosse. Les skieurs, sur les télésièges qui survolaient Marie-
Chantal, hésitaient à rire. Vue du dessus, la chute était comique : la fille s’était emplafonné un sapin de
plein fouet, avait crié d’une voix stridente avant de dégringoler au rythme de petits couinements plaintifs.
Le bruit de skis entrechoqués et l’impact de son corps contre la bosse étaient franchement inquiétants.
Elle ne bougeait pas, et les skieurs sur les télésièges se penchaient pour regarder la tache jaune de la
combinaison de Maude. Un homme la rejoignit, elle remua un bras, ils se désintéressèrent de la scène.
La voix essoufflée de Théo. « Maude, ça va ? » La vision réconfortante de Théo au travers des cils
de Maude, encombrés de neige. Les yeux bleus de Théo, la bouche préoccupée de Théo, le souffle de
Théo qui se penchait sur elle. Théo. La raison de la présence de Maude dans ces montagnes hostiles.
Agenouillé, il regardait l’angle improbable formé par la cheville de Maude tordue par le ski.
À la naissance de Maude, Théo était déjà le meilleur ami de Vincent et passait beaucoup de temps à
la maison, fuyant ses parents, des vieux cons. Maude grandit avec lui. Longtemps, elle eut deux grands
frères, un de sang qui lui pourrissait la vie dès que possible, et un de cœur qui la « comprenait ».
Lorsqu’elle eut quinze ans, ce grand frère de cœur devint une obsession, un cuisant fantasme. Maude se
souvenait très bien de ce jour particulier. Elle était allongée sur le lit de Vincent lorsque Théo entra,
encore humide de la douche, tenant d’une main une serviette autour de ses hanches. Il demanda du
déodorant. Vincent le lui lança, de l’autre bout de la pièce. Par réflexe, Théo leva les deux bras pour
rattraper l’aérosol… Maude connaissait tout de Théo. Mais pas ça. Elle l’avait vu torse nu à de maintes
reprises, mais n’avait jamais aperçu ce qu’il cachait entre son nombril et ses cuisses. Le bas de son
ventre, les poils sombres et le sexe alors placide. Théo avait un sexe, et ce sexe donnait au reste de son
corps un tout autre relief. Les yeux un instant posés sur cette parcelle inconnue, Maude réalisa les hanches
étroites, les épaules larges, les muscles qui jouaient sous la peau. Théo avait grandi, changé, s’était
transformé. Le petit garçon était loin. Théo avait un sexe, un sexe d’homme, Théo était un homme, et il
était foutrement beau.
— Ta jambe… Tu crois que…
— Non, non, je suis super souple, aide-moi juste à me déchausser, et ça va aller.
Théo se pencha sur Maude et libéra son pied endolori. Elle étouffa un grognement, elle était moulue,
son corps alourdi de courbatures. Théo lui tendit la main et la releva sans effort. Elle s’échoua dans ses
bras, bien décidée à profiter de son « état de choc » pour s’autoriser quelques privautés. La tête dans le
creux de son cou, elle chuchota qu’elle avait eu peur, décidément, elle était nulle en ski, et puis elle
s’était fait un peu mal, quand même, elle avait froid, il y avait plein de neige dans sa combinaison. Les
tremblements qui la secouaient étaient convaincants, et Théo la serra contre lui. Maude était bien, elle
aurait pu passer la journée là, dorlotée. C’était sans compter sur Vincent et le reste de la bande, qui les
rejoignirent. Vincent était moqueur. Thomas et Paul, ses deux autres amis, se contentaient d’un sourire
goguenard, hésitant à chahuter ouvertement Maude, qu’ils ne connaissaient que depuis les douze heures de
trajet jusqu’à la station. Mais lorsque Vincent reconstitua la scène, se roulant dans la neige et poussant de
petits cris de souris, les deux garçons ne purent contenir un éclat de rire. Même Théo sourit franchement.
Vexée, Maude explosa. Elle se rua sur Vincent et balança son poing, tellement au hasard qu’il atteignit
Paul à l’estomac. Furieuse, les yeux brouillés de larmes, elle rechaussa ses skis et s’enfuit. Jamais elle
n’était rentrée si vite au chalet.
Je n’ai pas besoin d’eux. Non, non, je suis bien mieux ici, au chaud. Tiens, je vais me faire couler
un bain. Avec plein de mousse. Hum, c’est un peu chaud, rajouter de l’eau froide, oui, là, c’est mieux.
Théo quand même, pas sympa de se moquer de moi. Ce vilain sourire narquois… Pfff, je suis grillée,
cette fois-ci. Il me voyait comme sa sœur, et maintenant, je suis sa gourdasse de sœur. Hop hop hop,
toute nue, mademoiselle, et plouf ! On ne discute pas ! Oh, mais c’est le caleçon de Théo là, sur le
dessus du linge sale. Et si je… Non, c’est carrément pervers. Personne ne le saura, cela dit. Et au
point où j’en suis, c’est peut-être le seul moyen que j’aurais d’approcher son sexe. Tiens, marrant, ça,
quand je parle des mecs avec qui je couche à mes copines, je dis queue, bite, jamais sexe, la queue de
truc, la bite de machin, le sexe de Théo. J’ose pas dire la queue de Théo. Comme si Théo méritait
mieux. Allez, je l’enfile, ce caleçon, une jambe, deux jambes, tada ! Zut, j’aimerais bien voir ce que ça
donne… Trop petit, ce miroir. Ah ! Mais le miroir du salon ! Vite vite vite. Hum, c’est un peu grand
devant, mais derrière, ça me fait de jolies fesses, ce caleçon. Si je mets ma main comme ça et que je
colle le tissu à ma chatte, ça fait un peu comme si nos sexes se touchaient. Comme si le se… la queue
de Théo se frottait à ma chatte. Ouais, on se frotterait comme ça… Je suis sûre qu’elle est grosse. Je
ne l’ai vue qu’une fois, et toute molle, mais il me semble bien qu’elle descendait bas sur sa cuisse…
Enfin, ça ne veut rien dire. Puis c’était la première fois que j’en voyais une, alors…
Dans le miroir du salon, Maude se contemplait. Nue, à l’exception du boxer de Théo, elle se tournait,
se penchait, observait ses fesses, écartait le tissu et ses doigts s’insinuaient, de plus en plus insistants.
Elle sursauta au claquement de la porte d’entrée.
— Maude, c’est Théo. Je venais voir si tout allait bien… Où es-tu ?
Maude évalua, à gauche, à droite, les possibilités de repli. Il n’y en avait pas.
— Je suis ici, répondit-elle, un bras pudiquement replié sur ses seins. En fait, je voulais prendre un
bain, et j’avais oublié un truc, et du coup, j’ai mis ça pour me couvrir, je me suis dit on sait jamais, tu
vois… Si quelqu’un entre… Enfin bref, mon bain va refroidir, argumenta Maude avant de filer sans
demander son reste.
Elle ignorait que Théo l’observait depuis un petit moment déjà. Rentré sans faire de bruit quelques
minutes auparavant, il resta interdit, à l’orée du salon, troublé par le spectacle. C’était Maude, un peu
ridicule avec ce caleçon trop grand… Mais les fesses, les hanches, les seins mouvants, les plis de la
taille, alors qu’elle se penchait, impudique, c’était Maude aussi. C’était Maude, la petite Maude, et
c’était bandant. Il regarda, tétanisé, la sensualité de Maude. Elle avait les joues rouges, le souffle un peu
court, et des gestes de plus en plus explicites. Il n’avait pas le culot de s’approcher, de la prendre par la
taille et… Il avait claqué la porte.
Maude trempait dans l’eau chaude depuis une demi-heure lorsque Théo frappa.
— Maude, tu vas finir toute fripée si tu restes trop longtemps là-dedans… Ce serait dommage. Tu
veux pas sortir ?
— Non, je suis bien là, ça me détend, j’ai un peu mal partout.
La salle de bains ne fermait pas à clé. Appuyer sur la poignée, entrer et… Théo n’osait pas.
— Justement, je pensais, je pourrais te masser un peu, dit-il dans un souffle. Je t’attends dans ta
chambre.
Il n’écouta pas la réponse.
D’abord, se changer. Théo avait beaucoup trop chaud, avec ce pantalon de ski. L’enlever. Oui, c’était
beaucoup mieux. Rester en caleçon ? Avec le gaule qu’il allait certainement se taper, pas très malin. Mais
mettre quoi, alors ? Pas trop le choix. Bon, en caleçon, avec un tee-shirt quand même. C’était bizarre, de
se poser ce genre de question. C’était fou, l’effet d’une chute de reins, d’une pose lascive. Il n’avait
jamais hésité à se trimbaler presque à poil devant Maude, la petite Maude. Désormais, tout lui semblait
équivoque. Il avait peur, et envie, de la choquer. Petite Maude. La provoquer. Il enfila des affaires
propres et traversa le couloir. Sur le parquet, des traces de pas mouillées, très nettes, puis de moins en
moins, l’eau s’épuisant, jusqu’à la chambre de Maude. Elle était étendue sur le lit, ses cheveux humides
torsadés et ramenés au-dessus des épaules, le dos couvert d’une serviette enfantine où Mickey et Minnie,
debout face à face, le museau en avant, s’embrassaient timidement.
— Tu as mal où ?
— Un peu partout. Je n’ai pas très mal, mais j’ai des courbatures. Et je crois que ma cheville a
dégusté.
— D’accord. Tu me dis, si j’appuie trop fort.
La crème de massage d’un blanc dilué que Théo versa sur le dos de Maude, sans la réchauffer, pour le
plaisir de voir sa peau réagir, se contracter, devenir granuleuse, était obscène. Il se dépêcha de l’étaler. Il
parcourut tout le dos, comme pour lisser la chair de poule, et s’étonna d’obtenir l’effet inverse. Plus il
lissait, plus la peau devenait irrégulière, jusqu’au frisson. Gêné par le lit, trop large pour qu’il en fasse le
tour au gré de l’errance de ses mains, il se mit à califourchon sur Maude. La nuque, les épaules, les
omoplates, les dorsaux… Les muscles se déliaient sous ses doigts, il les sentait rouler, résister un peu,
puis se détendre, plus souples à chaque passage. Sur certains nœuds, il insistait, Maude gémissait,
soufflait, puis se calmait à mesure que la contracture cédait. Arrivé à la lisière de la serviette, il glissa un
pouce, puis le second, dans les petits creux qui, de chaque côté de la colonne vertébrale, annoncent la
proximité des fesses. Il arrima ses autres doigts aux hanches, et entama des mouvements circulaires pour
défaire les tensions. Il voulait voir ses mains sur Maude. Il baissa la serviette, de quelques centimètres
seulement. Ses mains sur Maude, attachées aux hanches, et la pente douce des fesses, plus larges, le début
de la raie si près de ses pouces… En levrette, il l’aurait tenue comme ça, exactement comme ça, la petite
Maude.
— Tu veux que je te masse les jambes ?
Elle acquiesça. À genoux au pied du lit, il tritura ses pieds, plus doux avec la cheville endolorie.
Puis, ses mollets. Pour masser ses cuisses, il devait tendre les bras, c’était inconfortable. Il remonta sur
le lit, écarta les jambes de Maude pour se placer entre elles et continuer à son aise. L’arrière des genoux,
l’extérieur des cuisses jusqu’aux côtés des fesses, puis l’intérieur, et sous la serviette une humidité
chaude, ses doigts aimantés par ce qu’il avait aperçu quelques instants plus tôt, alors qu’il s’occupait de
ses pieds. Il n’osa pas. Il remonta le long du corps de Maude, se pencha sur elle :
— Tu te sens mieux ?
Entre leurs peaux, Mickey et Minnie s’embrassant timidement, et le caleçon distendu. Rien d’assez
épais pour dissimuler à Maude l’érection de Théo, contre sa cuisse. Et Théo le savait. Mais n’osait pas.
Vincent, Thomas et Paul ne rentrèrent qu’à la nuit tombée, passablement éméchés. Bien décidé à
continuer l’apéritif entamé au Planter du bâton, le bar de la station, Vincent s’attela à la préparation d’une
fondue. Le repas fut arrosé. Maude, un peu saoule, était aux anges. Sous la nappe, le genou de Théo se
soudait au sien. À minuit, Vincent, assommé par le vin, monta se coucher, suivi de près par Paul et
Thomas. Théo et Maude se retrouvèrent seuls, un peu idiots autour de la grande table en désordre. Assis
l’un à côté de l’autre, proches sans se toucher, c’était un de ces moments où un presque rien suffit à faire
basculer la situation.
— Il reste de la fondue, murmura Maude, celui de nous deux qui arrive à prendre le plus de fromage
sans perdre son morceau de pain colle un gage à l’autre ?
C’était un de ces moments de tension où le mot anodin prend des accents lubriques, où le jeu enfantin
mène à la débauche. Ils plongèrent leur morceau de pain, tournèrent, levèrent, replongèrent, tournèrent…
Et Théo perdit.
— J’ai gagné ! jubila Maude.
— Hum… Je m’en fiche un peu. Je suis même assez content. Mon gage… J’attends !
Le regard de Théo suintait l’envie, mais il n’osait pas, toujours pas. Maude avait bu. Elle se coucha
sur la table, entre les assiettes sales et l’appareil à fondue, et l’implora :
— Fais-moi du bien, Théo, je t’en prie…
Enfin, la bouche de Théo, sur la sienne, dans son cou et… Il s’arrêta pour la déshabiller,
méthodiquement, de haut en bas, ne lui laissant que ses grosses chaussettes montantes. Nue, parmi les
déchets du repas, il la contempla un instant. Petite Maude. Elle lui avait donné la permission.
— Tu dois avoir chaud… Tes joues sont rouges.
Théo se dirigea vers la fenêtre, récolta sur le rebord une brassée de neige qu’il déposa dans le
saladier vide. D’un geste tendre, il passa sa main glacée sur les joues de Maude. Puis il entreprit de
décorer son corps de jolis tas blancs. D’abord, une moustache. Deux petits monticules, à gauche et à
droite, dans les salières formées par les clavicules. Un petit pâté entre les seins. Ces seins, il les
saupoudra ensuite de flocons qui s’évanouirent avant même de toucher la peau. Au milieu de la poitrine,
le petit pâté commençait à fondre. Théo se pencha sur Maude pour souffler sur l’eau fraîche, s’amusa à la
faire grimper vers les mamelons, sans y parvenir. Maude gémit, se tendit. Théo mit dans sa bouche un peu
de neige et, enfin, aspira entre ses lèvres une des pointes érigées, caressant l’autre de ses doigts. Satisfait
de l’effet produit – les joues de Maude étaient écarlates, son souffle anarchique – il reprit sa décoration
éphémère, érigeant ça et là de petites collines neigeuses. La neige, en fondant, dessinait des arabesques
mouillées qui convergeaient vers le milieu du ventre en un mince filet d’eau, suivant la pente, pour
remplir le nombril qui fut rapidement près de déborder, surplombé d’une bulle d’eau. De nouveau, sa
bouche au ras de la peau de Maude, Théo tenta de canaliser l’eau avec son souffle. La respiration de la
jeune femme lui compliquait la tâche, chaque inspiration déviait dangereusement le cours de ce petit
ruisseau artificiel. En bas du ventre, à l’orée des poils, ne subsistait qu’une grosse goutte, de laquelle il
rapprocha ses lèvres pour souffler avec plus de précision. Précautionneusement, il l’amena jusqu’à la
fente. La goutte disparut, comme aspirée. Du bout de l’index, Théo amena une autre goutte au sommet de
la faille, et la regarda s’évanouir.
— J’ai soif, murmura-t-il.
Il disposa, sur le mont de Vénus, un petit édifice neigeux, l’instant d’après liquéfié. La tête entre les
cuisses de Maude, Théo lapa la neige fondue, salée par la peau transpirante. La source tarit rapidement ;
Théo continua de lécher, mordiller, tordre ce que trouvait sa bouche, les poils, les lèvres, le clitoris.
— J’ai encore soif.
Du saladier, sa main ramena une grosse poignée blanche dont il couvrit l’entrejambe de Maude,
partout, à l’intérieur même, la neige anesthésiant les muqueuses humides quelques instants, brûlant et
rafraîchissant tout à la fois, s’écoulant en un liquide plus épais, salé, glissant, tout de mouille mélangé,
dont Théo ne perdait pas une goutte.
— J’ai froid, Théo, j’ai froid ! gémit Maude.
Tordue, convulsée, elle n’en pouvait plus. Elle le voulait, tout de suite, elle voulait être remplie par
quelque chose de plus réel que cette neige qui fondait, fondait, fondait, frustrante.
— Théo, ta queue…
Elle la sentait, entravée par le jean, contre sa cuisse. D’une main tremblante, elle défit le bouton,
descendit la braguette. Ça y était. Le gland de Théo, à l’entrée de son ventre, brûlant mais glacé. Coup de
reins. Il était dedans. Elle soupira. Il retint un cri. Sa petite Maude. C’était divin. Chaud. Et froid.
SEX MOUNTAIN
Axelle F.
Il n’y a pas à dire. La station de ski, c’est vraiment mon terrain de chasse préféré. Et toutes celles qui
pensent que le bord de mer est le milieu idéal pour s’envoyer en l’air se fourrent le doigt dans la petite
culotte. Rien ne remplace les feux joyeux des pistes. De plus, pour draguer, c’est nettement plus facile. La
plage est bondée de jeunes couples avec enfants, mais la station de ski, elle, regorge de beaux partis
célibataires, qui s’offrent quelques jours de glisse entre potes. On y trouve aussi pas mal d’hommes
d’affaires venus profiter de la montagne pour décompresser ou se refaire une petite santé après les fêtes.
Il suffit juste d’avoir la bonne tenue : fuseau vintage, doudoune griffée, bottes fourrées, chapka de Ruskov.
D’être assez aérodynamique et moulante pour en mettre plein la vue en terrasse. Pas même besoin de
savoir skier. Bronzer de façon prolongée en haut des pistes ou bien traîner dans le spa d’un hôtel-chalet
de luxe, cela suffit pour attirer le potentiel spécimen qui vous enverra aux cimes du plaisir.
C’est d’ailleurs grâce à une petite escapade de ce genre que je me suis extraite d’un homme déprimant
et frustrant pour lequel j’étais devenue transparente. « La montagne ça vous gagne », comme ils disent.
Effectivement. À elle seule, la barre de ce tire-fesses qui frotti-frotte délicieusement entre mes cuisses
m’a conviée aux joies nombreuses de la montagne. Depuis, c’est décidé : tous les hivers, je remets ça. Ce
sera mon petit pèlerinage à moi. Une façon de me remémorer que tant qu’on jouit, c’est qu’on est en vie.
L’an dernier, j’ai choisi une petite station. Je me suis retrouvée tringlée dans le local à skis d’un
chalet trois étoiles par un père de famille qui s’est démené pour me faire jouir pendant que femme et
enfants étaient partis faire de la luge. Une histoire marrante, mais reconnaissons que la Suisse, ça a tout
de même plus de gueule. Alors, toute l’année, j’ai mis de l’argent de côté pour pouvoir réserver dans un
cinq étoiles avec spa et bar de nuit. J’avais envie depuis longtemps de me faire une petite folie des
neiges. Et je suis comblée. La Suisse, c’est magnifique, et je me suis éclatée comme une folle tout
l’après-midi. Neige souple, air pur, soleil giclant au visage : les conditions parfaites. Je crois que je me
suis dégoté là, LE spot qui promet de belles glissades endiablées. Mais il est déjà 17 heures. C’est
l’heure de la dernière descente. Je me tape cette piste noire, puis je file au sauna.
J’arrive en haut. C’est parfait, il n’y a presque plus de skieurs. Allez, j’y vais. Ça descend dru.
J’adore. Premier arrêt contrôlé en bas. Schllasss… jaillissement de poudreuse. C’est bon. Puis une
portion de piste plus tranquille entre les sapins. Chassé-croisé, puis arrêt en haut d’une autre portion plus
abrupte. Je rassemble mes forces, et je me lance franchement. Whooooo. Hop hop hop, je prends les
bosses avec adresse. Cela me fait décoller. C’est le pied ! Voici un tronçon à dévaler tout schuss… Mais
un skieur vient de me dépasser en manquant me bousculer. Je ne peux l’insulter, alors je me lance à sa
poursuite, le rattrape. Le skieur me sourit. La provocation est manifeste. Je lui fais une queue de poisson
pour lui montrer de quel bois je me chauffe. Le vilain me redouble. La course poursuite s’installe. Je ne
le lâche plus. Mais il va plus vite que moi, me dépasse encore, me frôle tellement près que mes fosses
nasales ont le temps d’analyser que les phéromones du Monsieur s’accordent parfaitement aux miennes.
Je suis excitée. Son allure vive et provocatrice me fait de l’effet. Un peu comme quand une Porsche me
dépasse sur l’autoroute. Le ronronnement de ce genre de moteur, ça ne me laisse jamais indifférente sur le
plan vibratoire. Me voici donc à palpiter de la petite culotte en essayant de tenir la course-poursuite.
J’accélère, mais… où est-il ? Je ne le retrouve plus. Aucun doute, je suis seule à foncer entre les sapins.
Misère. Il n’y a qu’un gros calibre pour accoster de cette façon. Ce mec m’a échauffée pour finalement
disparaître. Poussée d’excitation et de rage mêlée. Je termine la piste par un sensationnel dérapage
contrôlé devant les moniteurs de l’ESF. Il y a de beaux garçons parqués là à discuter en attendant leurs
derniers élèves. Je pourrais m’en draguer un… mais non, plus tard. Il faut d‘abord que je me calme. J’ai
envie de me retrouver nue dans les moiteurs mentholées du sauna de l’hôtel. C’est la seule bonne chose à
faire. J’ai encore toute la soirée pour me trouver un mec. J’ai repéré un bar branché sur Internet…
Seule dans la cabine du sauna, complètement détendue par la chaleur au parfum boisé, je transpire,
laisse se dissiper les impressions de ma première journée de ski, les descentes effrénées, l’excitation
provoquée par la course-poursuite avec l’insolent skieur. Je revois l’équipe de moniteurs. J’entends
glisser mes skis sur la neige. Sensations blanches. La montagne m’enivre, me donne des appétits
différents, des fantasmes glacés-brûlants. Je rajoute de l’eau sur les braises. Shhhhh… Dans la cabine la
température augmente, les effluves d’eucalyptus m’alourdissent la tête, me rendent de plus en plus
lascive. Je revois le skieur dans les sapins. Mon sexe crépite de désir. J’ai envie de me caresser, d’ouvrir
les cuisses, de jouer avec ma chatte, de l’entrouvrir, d’y trouver la moiteur. Je suis à température. Je
voudrais qu’un homme entre dans la cabine, puis un deuxième. Qu’ils s’occupent de moi, que l’un me
suce pendant que l’autre me masse les pieds, me lèche le corps, me fasse du bien. Il fait trop chaud dans
cette cabine. Encore quelques minutes… Enfin, je trouve la force de bouger. Une douche glacée me
ramène à la réalité. Je rentre dans ma chambre tout confort, enfile un pantalon en cuir doublé, un joli pull
bien chaud, passe des boucles d’oreilles en strass. Un bon coup de blush, deux pschhitts de parfum au
creux des seins, quelques touches de gloss effet lèvres mouillées. Je suis prête pour aller danser.
— S’il vous plaît… Je vais vous prendre un diamant.
— Très bon choix !
Le jeune serveur me sourit. Il est mignon avec ses beaux yeux bleus et son faux air de Bob Dylan. Le
diamant est un cocktail vodka, Cointreau, jus de citron, glace pilée et liqueur de violette. Une sorte de
cosmopolitan des neiges. Il n’y a qu’au Sirius que l’on peut en déguster. C’est le mignon serveur qui m’a
dit ça pour m’impressionner, peut-être aussi pour me voir entamer une conversation avec lui.
Effectivement, Le Sirius est un repaire de célibataires « bien sous tous rapports » et pleins aux as. Ce bar
est dingue. Lumière noire sauf le comptoir, et les alcôves illuminées de blanc, ce qui rend mes yeux aussi
violets que le diamant. Je crois que ce soir, je vais me débusquer le diable par la queue.
— Garçon, accompagnez ce cocktail d’un peu de caviar. C’est pour moi.
Il me dit ça en me regardant droit dans les yeux. Son regard perçant de mâle dominant fait
immédiatement se dresser mes poils dans mon slip. Fizzz… Un peu comme avec le skieur de cet après-
midi. Le spécimen est comme je les aime : brun, plein d’assurance, un visage qui dénote du caractère, les
traits saillants et les yeux qui sentent le Sexe.
Je réponds :
— J’accepte votre caviar seulement si j’ai le plaisir de vous avoir pour dîner.
Ma réponse lui plaît.
— Ilda. Enchantée.
— Nicolas. Ravi d’avoir pu vous offrir ce caviar avant que quelqu’un d’autre ne le fasse.
Nicolas est strasbourgeois. Fils d’une riche famille d’hôteliers, il possède plusieurs adresses de luxe
en Suisse. Il est à Arosa pour organiser l’ouverture prochaine d’un chalet privé six étoiles sur les
hauteurs de la station. The Lodge. Un petit bijou réservé à une clientèle fortunée. Uniquement accessible
par téléphérique privé. Je reprends une lampée de diamant. Le bonhomme est connu comme le loup
blanc : les serveurs lui font des accolades.
— C’était pas vous cet après-midi sur les pistes ? Je me suis fait poursuivre à skis par un troublant
personnage.
La question l’amuse, mais il répond par la négative. Je n’arrive pas à le croire. Au contact de cet
homme, tout mon corps vibre, exactement de la même façon que pendant la course-poursuite. Je lui
raconte des banalités sur ma vie. Je trie, j’arrange, je mens… De toute façon, il se fout de savoir qui je
suis vraiment. La vérité est souvent ennuyeuse. J’espère qu’il va reprendre le contrôle de la discussion.
Ce qu’il fait. Je me laisse griser par son étonnant palmarès d’investisseur. Peut-être que lui aussi trie,
arrange, ment… Je m’en fous tout autant. Le cocktail et l’iode du caviar commencent à faire leur effet. Je
veux que cet homme me baise.
Nous terminons nos verres. Nicolas propose qu’on s’installe à table pour dîner. Le Sirius sert de
délicieuses pierrades à la viande de taureau, de bison, d’autruche, de kangourou. Le tout arrosé d’un
grand vin. Nicolas parle d’abondance ; ses paroles glissent sur mon corps, me font frissonner, dévalent
entre mes cuisses. Plus il m’en met plein la vue avec son palmarès d’entrepreneur de bonne famille, plus
j’ai chaud. Les braises, le sang de la viande exotique, le bon vin… Tout me chauffe. Je relance la
discussion comme on remet des pièces dans un juke-box. Cet homme comble mon envie d’or et
d’extravagance. Je veux que jamais ne cesse cette petite mélodie du bonheur. Je finis mon dessert le pied
hors de ma botte fourrée à tâter son entrecuisse, en glissant :
— Tu me montres ton chalet ?
Nicolas a saisi ce que j’attendais de lui. Avec sa puissance naturelle, il est le type d’homme à qui rien
ne résiste. Normalement, c’est moi qui tiens les rênes, moi l’instigatrice, moi qui débauche, transforme
les hommes en objets de plaisir. Mais ce Nicolas avec son regard qui déshabille, ses mains épaisses qui
laissent deviner le reste, et son patrimoine généreux, réussit à me faire oublier ma nature première. Ce
soir, j’ai envie de me faire contrôler par cet homme. À la sortie du Sirius, Albert, son cocher personnel,
se présente pour nous conduire où il nous plaira. Je manque éclater de rire, mais me ravise et m’installe
dans la carriole. Nous couvrons nos genoux avec des plaids en fourrure.
— Albert, prenez la route de Sonneberg. Madame va avoir le privilège de se voir ouvrir le
téléphérique privé du chalet rien que pour elle.
De dos, je vois le cocher sourire. La main gantée de Nicolas vient se fondre entre mes cuisses pour
me saisir à travers le cuir. Le claquement du fouet sur les bêtes, les naseaux fumants dans l’air glacé, le
vent qui tourbillonne, les lumières de la ville… l’instant est magique. Je me crois dans un roman russe,
sauf que ce Nicolas est un coquin. Je suis sûre qu’il a organisé la venue d’Albert entre le moment où mon
pied a commencé à solliciter son entrejambe et le moment où il a payé l’addition. Quand il est parti « se
rafraîchir ».
Et maintenant, le voici qui me glisse :
— Très bien… maintenant, tu es sous contrôle.
Sa main vient chercher la mienne pour la plaquer sous son plaid contre son entrejambe. Il bande fort,
son sexe semble énorme. Je caresse. Il se dézippe. Une fois Popol sorti de son emballage, il m’ordonne :
— Enlève ton gant et branle-moi !
Je suis saisie, mais je m’exécute. Son sexe est si épais que je dois sortir ma seconde main de dessous
le plaid pour l’apprivoiser tout à fait. Je redouble de vigueur, mais Nicolas m’interrompt.
— Arrête, poupée, garde tes forces pour la suite.
Nous venons de quitter la ville. Les lumières font place à l’obscurité. Il fait nuit noire, et ça m’excite
encore plus. J’ai encore envie de toucher sa queue, de la prendre en bouche. Mais nous arrivons bientôt
au bas d’une petite route qui monte jusqu’au point de départ du téléphérique. Enfin, le cocher freine ses
bêtes, saute de son siège, vient m’aider à descendre. Une fois à terre, Nicolas me lance :
— Tu sais qu’une montée dans mon téléphérique, ça se mérite, poupée…
Je vois Nicolas faire un clin d’œil au cocher. Celui-ci répond par un autre sourire. J’entrevois
l’affaire.
— Tu sucerais le cocher ? Prouve-moi que tu as très envie d’aller là-haut.
Puis il ajoute :
— Allez, bébé, mets le feu aux poudres !
Je déchante… Ce mec est naze. Trop tard : son imposante bite m’a déjà rendue zinzin. Je ne pense
qu’à l’instant où il va me l’enfiler. J’ai tellement envie de la sentir en moi…
— Salope, tu l’as fait. Tu as sucé mon cocher.
Mon cavalier est satisfait. Il sort un mouchoir en soie de sa poche, me nettoie tendrement le visage
avant de m’embrasser langoureusement, puis de me conduire vers son téléphérique flambant neuf, qui
attend dans la nuit que nous venions l’allumer. Le cocher a fui avec ses bêtes sans demander son reste.
Devant la station de départ, je dois attendre bien sagement. Nicolas disparaît quelques minutes, mais
j’entends bientôt vrombir, et vois tout le bordel s’allumer. C’est comme à la fête foraine, manque plus que
les flonflons. Nicolas ressort des coulisses, pas peu fier de son engin. Ce serait mentir de dire que je ne
suis pas éblouie. Je n’ai jamais vu un téléphérique pareil. En fait, ça ressemble davantage à un manège de
montagnes russes qu’à un téléphérique. Deux voitures-cabines montées sur des rails à crémaillère qui
disparaissaient dans la vallée. Une sorte de space mountain des neiges. Nicolas appuie sur un bouton
pour faire s’ouvrir une des voitures-cabines. Ça sent le véhicule fraîchement déballé. Je m’extasie.
Nicolas actionne de nouveau un bouton sur sa télécommande, et les portes se referment. La cabine
décolle. Je suis attirée vers le siège en cuir. Je m’installe dessus à genoux, de façon à lui présenter mon
cul. Immédiatement, Nicolas me détrousse pour raviver le feu par des petites fessées bien senties, puis
avec sa langue, le voilà qui m’asticote la chatte, ainsi que le trou du cul. J’adore : quand les hommes
osent m’honorer à cet endroit, ça me fait venir vitesse grand V. Me voici à m’entreprendre le clito
pendant que Nicolas me déguste tout à fait l’arrière-train. Je suis partagée entre l’envie de me tordre
comme une chienne et celle de profiter du merveilleux paysage enneigé. Mais je n’ai pas le temps de
décider de la position la plus adéquate que nous arrivons à destination.
Le chalet est fidèle à mes rêves de luxe les plus fous. Intérieur design coloré, immense cheminée, du
bois et partout des matières nobles. Un véritable cocon des neiges avec une vue sur la montagne à couper
le souffle. Nicolas allume le feu dans la cheminée, débouche une bouteille de champagne grand cru, puis
me demande de le suivre dans le jacuzzi qui est une pièce incroyable surplombant la vallée. Pendant que
je profite du champagne et de la vue, Nicolas nous installe, met en route notre bain bouillonnant, allume
des bougies, déclenche une musique sexy, puis me demande d’écarter les jambes. Ce mec est un
incroyable bouffeur de chatte. Il glisse sur mon sexe glabre avec une vitesse et une maîtrise de mon
plaisir tout à fait déconcertantes. J’ai très vite envie de jouir, mais je résiste encore. Mon esprit refaçonne
l’image du skieur de l’après-midi. Je revois la troublante silhouette me poursuivre entre les sapins, et
cette image déclenche un orgasme géant. Je n’ai pas le temps de reprendre souffle. Nicolas me vide la
bouteille de champagne dessus, pour ensuite me lécher intégralement le corps. J’ai envie de le sucer. Je
tente de me baisser pour attraper sa queue, mais le malin comprend ma manœuvre, et se saisit de moi
pour me retourner contre le bord du jacuzzi afin de continuer à me bouffer le cul… cette fois, en ajoutant
de furtives incartades de sa bite à l’orée de ma petite porte. Je gémis ; tout mon cul frémit, ondule de
façon incontrôlable. Allant et venant entre mes deux orifices, Nicolas s’amuse à jouer de ma frustration,
fourre ses doigts dans ma chatte brûlante, crache sur mon trou, me rend si humide que je ne perçois plus
la frontière entre cul et con.
— J’ai l’impression que ma bite te plaît, hein ? Allez, dis-le-moi, salope !
Je tente un timide « oh oui »…
— Plus fort, pouffiasse. Regarde-toi ! Ta mouille me dégouline sur les doigts. Allez, je veux
t’entendre réclamer ma bite.
J’aime ses mots dégueulasses, je veux qu’il continue comme ça, alors je le supplie de me la mettre
bien profond. Son membre énorme, enfin, s’enfonce dans ma chatte. Je n’ai jamais été comblée à ce point.
L’eau de mon sexe fait honteusement « schlok, schlok », ce qui m’excite encore plus. Je crie. Un cri
animal qui vient du ventre. Je voudrais m’enfoncer la tête sous terre ou plutôt sous l’eau tellement ce qui
me ravage est puissant. Je n’en peux plus, je vais jouir une seconde fois, mais mon étalon interrompt à
nouveau ses terribles va-et-vient pour m’amener toute mouillée dans le salon et me contraindre à
m’agenouiller sur la moquette.
— Suce-moi, salope !
La chaleur des flammes brûle mon corps nu. Avec son énorme sexe impossible à avaler, j’ai
l’impression d’être en enfer. Je ne suis sûrement pas la première à me retrouver à poil sur sa luxueuse
moquette 100 % laine, et à tenter de sucer sa grosse bite, juste avant qu’il me la mette… me ramone
devant sa belle cheminée.
— Regarde-moi, poupée. Ton envie que je te démonte, je veux la voir dans tes yeux…
D’affronter ainsi son impitoyable regard de mâle excité, je me crois dans un porno. C’est sale et c’est
bon. Mon excitation devient intenable. Je ne peux m’empêcher de me toucher tout en continuant de me
goinfrer de sa bite. Mais Nicolas ne l’entend pas ainsi. Il veut me finir à la perfection : comme un diable.
D’une main et en levrette. Son sexe épais qui va et vient sans ménagement électrise les parois de ma
chatte. Il y va fort, tire sur mes cheveux, m’assène des fessées.
— Petite pute, tu voulais te faire démonter, ce soir… eh bien, vas-y, prends. Prends-la, ma grosse
bite. Je veux t’entendre, salope… Allez, viens, viens pour ma bite, petite chienne que tu es !
Sous ses mots crus, je m’anéantis dans le plaisir. Ses puissants coups de boutoir finissent par
m’arracher des hurlements dont j’ai encore honte, mais que personne d’autre que lui et moi n’ont pu
entendre, puisque nous étions seuls dans le chalet perdu à 2 143 mètres d’altitude.
LA VÉNUS DE NEIGE
Blanche de Saint-Cyr
Je ne savais pas pourquoi j’avais accepté d’accompagner Gilles et ses amis aux sports d’hiver. Avec
un ventre si gros que je ne voyais plus mes genoux, même une simple balade en raquettes était impossible.
Bien sûr, ils avaient réservé le chalet depuis longtemps, et au début, j’ignorais que la grossesse pouvait
devenir aussi invalidante. Je pensais pratiquer quelques activités douces, peut-être même une piste bleue,
mais c’était de la folie. Une copine infirmière à Grenoble m’avait raconté qu’aux urgences, ils
accueillaient chaque hiver des futures mamans imprudentes, tétanisées par les contractions. La fatigue et
la peur d’un accouchement prématuré avaient eu raison de mon amour du ski. D’ailleurs, il n’existait pas
de vêtements de neige pour femmes enceintes.
Je m’ennuyais à mourir. Toute la journée, je lisais, pendant que Gilles, Éric et Jean-Michel
s’éclataient sur les pistes. Ils ne rentraient même pas pour déjeuner avec moi, le chalet était trop loin de
la station, et pas question pour eux de perdre du temps. Les amis de Gilles… pas des raffinés ! À la fac,
ils avaient éclusé ensemble des hectolitres de bière et préféraient les buffets à volonté aux restaurants
gastronomiques. Le genre blagues potaches et T-shirt de Metallica. Le soir, ils revenaient exténués et
rougeauds, prenaient une douche et déclaraient l’apéro ouvert. Après une heure au jus de tomate, j’avais
des aigreurs d’estomac, et je ne comprenais plus rien à leur humour empâté par l’alcool et la tartiflette au
lait cru. Mon état m’interdisait de partager cela avec eux. Si encore Gilles avait compati un minimum…
mais depuis le début de la grossesse, il avait décidé que je ne risquais plus de le quitter, et il en profitait.
Il sortait tard le soir. Il me parlait mal. Pourquoi étais-je tombée enceinte de ce blaireau ? Néanmoins, je
lui accordais que mon corps était de pire en pire. Le ventre, je m’y étais attendue, mais les cuisses
épaissies et les fesses enflées… J’avais pris deux tailles de soutien-gorge et de culotte aussi. Alors
quand Gilles me traitait de grosse vache boursouflée au moment où je le rejoignais au lit, pouvais-je lui
donner tort ? J’essayais pourtant de rester digne, je continuais à me maquiller et j’avais acheté quelques
robes seyantes, mais malgré mes efforts, je le dégoûtais. Il ne me touchait plus.
En milieu de séjour, alors que je ruminais ma solitude, Éric rentra plus tôt que prévu et je l’accueillis,
étonnée.
— Que se passe-t-il ? Où sont les autres ?
— Je n’en peux plus, dit-il en retirant sa veste. Avec la cuite d’hier, je lutte sur mes skis depuis ce
matin… là, je déclare forfait !
Il se dirigea vers la kitchenette et se servit un grand verre d’eau.
— Tu t’embêtes pas ici, seule toute la journée ?
— Un peu, mais c’est normal, je ne suis capable de rien.
— Tu pourrais faire… je ne sais pas. Un bonhomme de neige ?
J’éclatai de rire, mais déjà Éric me tirait par la main.
— Chiche ! Je vais t’aider.
Il ouvrit la baie vitrée du salon, et je me débattis en riant.
— Attend au moins que j’enfile des bottes !
Pour aller vite, je gardai mon chemisier et ma jupe, mais m’emmitouflai dans une vieille doudoune
verte avec des bandes réfléchissantes, style années quatre-vingt. Elle appartenait à la mère de Gilles.
Éric s’esclaffa et j’entrepris de me justifier.
— J’allais pas acheter un nouvel anorak, juste pour une semaine.
— On a le droit de rire quand même : on dirait Starsky ou Hutch !
Je me détendis.
— Tu aurais pu dire Drôles de dames, ce serait moins vexant.
Éric commença à rouler une grosse boule le long de la pente qui jouxtait le jardin. Incapable de me
pencher, je le regardais faire. L’air frais et le soleil sur mon visage me plaisaient. Au-dessus de nous, le
vent ployait les branches des mélèzes contre le ciel pur. Éric posa une seconde boule, plus petite, sur la
première.
— Reste plus qu’à trouver un nez et des yeux !
Je fouillai les débris végétaux de la rocaille, ramassai des cailloux bleutés, ainsi qu’une paire de
branchettes pour les bras. Je contemplai notre œuvre rebondie quand l’évidence me sauta au visage.
J’étais mortifiée.
— On dirait moi…
— Pas vraiment, dit Éric en souriant. Il manque un élément important !
Entre ses gants, il roula deux nouvelles boules de poudreuse et ajouta des seins au bonhomme. Il
s’appliqua à les façonner pour qu’ils paraissent naturels et j’observais, fascinée, les mains qui
caressaient la poitrine de neige et lui sculptaient une taille avec des gestes lents. Je me sentis rougir, mais
Éric prenait son temps. Sous sa carapace de rustre, je découvrais un garçon sensible, attentionné. Il
modelait un ventre rond, puis des fesses plantureuses. Une Vénus callipyge.
— Là, maintenant c’est toi ! On rentre ?
Je grelottais.
— Je veux bien, je ne suis pas très habillée.
À l’intérieur, je me débarrassai de la doudoune et des bottes, puis offris à Éric de nous préparer du
café. Il accepta et s’installa au salon, avant de tendre la main vers ma lecture en cours, posée sur un
accoudoir.
— Tu lis quoi ?
En me mordant la lèvre, je lui montrai la couverture de mon recueil de nouvelles « Osez 20 histoires
érotiques aux sports d’hiver ». Je ne pensais pas me faire prendre en flag à cette heure précoce.
— Sympa !
Un silence gênant emplit la pièce, souligné par le gargouillis de la cafetière. Éric tentait de garder une
contenance, mais son regard dériva sur le premier bouton de mon chemisier blanc qui était détaché. Je le
refermais avec des gestes gauches.
— Excuse-moi, je me croyais seule, je ne m’attendais pas à ta venue…
— Non, non, non… c’est moi qui… Avec tes nouvelles formes, difficile de faire semblant de rien.
— Disons que j’essaye de rester féminine, fis-je en lissant mon chemisier et ma jupe. Le résultat n’est
pas terrible.
Éric parut surpris.
— Féminine ? Tu es au comble de la féminité ! Comment pourrais-tu être plus féminine ? Une vraie
madone italienne !
Je pouffais de rire.
— N’importe quoi. Je suis difforme !
— Tu t’es pas vue ? Viens avec moi.
Il tendit la main et me traîna jusqu’au grand miroir collé au mur de ma chambre. Il me planta devant et
se posta derrière moi, ses paumes sur mes épaules.
— Regarde-toi, tu es superbe !
Un peu gênée, je baissais les yeux. Éric s’excusa.
— Je ne veux pas te mettre mal à l’aise.
— En réalité, ça me fait plaisir. Gilles ne partage pas ton point de vue. Depuis que je suis enceinte,
il…
— Depuis que tu es enceinte, ta peau est encore plus blanche qu’avant. Une vraie porcelaine, avec tes
longs cheveux noirs et tes yeux myosotis…
Je compris soudain qu’il était amoureux de moi. Depuis combien de temps ? Je n’avais rien remarqué
jusqu’à présent, m’arrêtant aux plaisanteries graveleuses et aux répliques de film débiles qui émaillaient
les conversations de Gilles et ses amis. Cette découverte me troubla. Enhardi par ses compliments, Éric
me serra de plus près ; je sentis son érection contre mes fesses. Le désir m’électrisa par surprise. Mon
ventre se contracta, et dans le miroir, une grimace passa sur mon visage.
— Je ne peux pas rester debout si longtemps, laisse-moi m’asseoir.
Il regarda le lit un instant, puis sembla changer d’avis.
— Ne bouge pas, j’arrive.
Il disparut dans le salon, revint avec un petit fauteuil club qu’il posa devant le miroir. Il m’invita à
m’y installer.
— Je vais te prouver que tu es belle.
Il se posta debout derrière le fauteuil, ouvrit le bouton de mon chemiser, celui que je venais de
rattacher. Je retins ma respiration, mais ne dis pas un mot. Mon silence le poussa à détacher les autres. Il
écarta les pans de mon vêtement. Je contemplai dans le miroir ma poitrine qui débordait du soutien-gorge
trop petit. Ses mains caressèrent mes cheveux, puis il ôta l’élastique qui les nouait en chignon. Je sentis
les mèches se dérouler sur ma peau. Il releva ma jupe sur mes cuisses.
— Regarde-toi. Ouvre légèrement les genoux.
Fascinée, je lui obéis. J’admirai mon ventre blanc, rond et lisse. Il dégrafa ma lingerie et ses mains
firent jaillir mes seins laiteux. Il les soupesa.
— Tu es la version chaude de ma sculpture dans le jardin. Ta peau est si fine, on voit ton réseau de
veines bleues en dessous. La même couleur que tes yeux. Une véritable poupée de neige. Une poupée,
avec des seins énormes.
La tête me tournait. Je fixais, incrédule, les doigts étrangers de cet homme sur mon corps. L’ami de
Gilles. Ce tabou me galvanisait. Éric me fit lever, puis s’assit à ma place, m’installa sur ses genoux,
toujours face au miroir, jambes écartées. Le désir m’inondait. Il posa ses mains en coupe sous mes seins
et les souleva doucement, les faisant paraître plus volumineux encore.
— Appuie ton dos contre moi et quitte cette moue sérieuse. Entrouvre la bouche, laisse-toi aller. Tu
es splendide.
Je m’exécutais, subjuguée par la femme plantureuse et lascive que je voyais dans la glace. Éric
enleva mon chemisier, détacha ma jupe, déroula ma culotte jusqu’à mes pieds. J’étais à présent nue sur
ses genoux, telle une Vénus digne de la plus grande adoration. De source de dégoût, mon corps entre ses
mains devenait temple sacré. Temple à conquérir, temple à profaner. En douceur, il déplaça mes cuisses,
posa chacune de mes jambes sur les accoudoirs. Ma vulve apparut dans le miroir. Il l’encadra de ses
mains.
— Regarde comme elle est bombée, comme ses lèvres sont épaisses.
Il écarta mes nymphes, détailla mon clitoris.
— Admire comme il se dresse, violacé, sous la pulpe de mon index.
Je rougis brutalement, mais gardai les yeux écarquillés pour examiner ce sexe que je connaissais mal.
Il était gonflé de désir et se tendait vers la main qui le caressait. L’entrée de mon vagin s’entrouvrait,
impatiente d’être pénétrée. Éric y enfonça un doigt, puis deux. Je me sentis fondre comme neige au soleil.
La mouille s’écoulait entre mes fesses, tandis qu’il m’investissait. À travers le tissu rêche de son
pantalon, son sexe cherchait le chemin de mon cul. Du mieux que le permettait ma souplesse de femme
enceinte, je me tortillais et frottais de mes fesses le raide appendice. La proximité du membre me rendait
folle. L’envie qu’il s’enfonce en moi me fit gémir. Il me repoussa doucement.
— J’arrive tout de suite.
Il revint une seconde plus tard, un tube de Senophile à la main.
— C’est contre les lèvres gercées, mais ça devrait convenir.
Il se déshabilla, puis se rassit dans le fauteuil club. Je m’agenouillai devant lui ; j’engloutis dans ma
bouche la queue qui me taquinait depuis tout à l’heure.
— Place ton cul face au miroir, que je contemple le réceptacle qui m’attend. Cambre-toi.
Personne ne m’avait jamais parlé comme ça. À quatre pattes, libérée du poids de mon ventre, je
continuais à le sucer et j’ondulais en écartant les fesses. Il commença à gémir, puis il s’est soustrait à mon
étreinte. Il craignait de jouir trop rapidement. Ses bras m’aidèrent à me relever et je m’installai à nouveau
sur ses genoux, face au miroir, jambes posées sur les accoudoirs. Il déboucha le tube de crème s’en
badigeonna le pouce. Je le sentais appuyer contre mon anus, comme pour en tester l’élasticité. Il
procédait par à-coups, laissant à l’orifice le temps de se dilater entre deux pressions douces. Je n’osais
plus regarder mon visage ; je me concentrai sur le spectacle de ma vulve écartelée. Il enduisit son sexe de
lubrifiant.
— Caresse-toi, ordonna-t-il.
Je m’exécutai. Son gland vint se poser contre l’œillet et d’une poussée, il me pénétra. J’eus la
respiration coupée, et mon plaisir monta d’un coup. Je sentais la lente progression de son membre entre
mes fesses. Pour tromper la douleur, je redoublais mes efforts de masturbation. Il s’enfonça jusqu’à la
base, puis m’aida à me caresser en murmurant.
— Regarde-toi encore. Tu es belle, empalée de la sorte. J’adore ta croupe, elle est bouillante. Ton
anus m’aspire comme une bouche humide.
En appui sur les accoudoirs, j’amorçai un mouvement vertical, montant et descendant sur sa queue
dressée dont le diamètre continuait d’augmenter. Mes seins lourds ballottaient en cadence, et l’excitation
irradiait à chaque nouveau coulissement dans mon cul. Après quelques instants, il m’immobilisa, planté
au plus profond, et je l’entendis gémir.
— Dire que j’encule une femme enceinte…
Il plongea plusieurs doigts dans mon sexe grand ouvert, et cette pénétration surprise m’amena à
l’orgasme. Les puissantes secousses le firent jouir à son tour.
Nous restâmes un moment hébétés ; je refermai les cuisses ; il me serra dans ses bras.
Il reprit ses esprits plus vite que moi, se dégagea doucement.
— Si tu me cherches, je suis sous la douche, dit-il avec un clin d’œil.
Il quitta ma chambre et je demeurai groggy sur le fauteuil, gorgée de plaisir. Le bruit de la porte
d’entrée ne me fit même pas sursauter. Les voix de Gilles et Jean-Michel fusèrent depuis la cuisine, puis
mon petit ami s’engouffra dans notre chambre. Il s’esclaffa :
— Qu’est-ce que tu fous à poil devant le miroir ? Tu comptes tes vergetures ? Remballe-moi tout ça,
c’est écœurant, ricana-t-il en quittant la pièce.
Je me levai, saisis mon portable. À travers la fenêtre, j’adressais un sourire à la Vénus de neige
posée dans le jardin, puis pianotai un texto pour Éric.
« Je rentre à Paris. Tu m’accompagnes ? »
NUANCES DE ROSE
J. W. Trent
Tout a commencé à la Foire de Paris, le 5 mai 2013… Un jeu permettait, pour une mise de base
dérisoire de 5 euros, de gagner divers prix. L’idée m’avait tentée… Et youpi ! Après deux essais, j’avais
obtenu un séjour à Estoril, en demi-pension. Sitôt revenue chez moi, j’avais tenté le cœur léger de
réserver, en appelant leur numéro 08.99… En vain ! Il fallait payer un supplément de 150 euros en
période de vacances, et hors saison il n’y avait plus la moindre place. J’avais tenu bon… Après une
bonne heure de négociation polie mais ferme, j’avais obtenu en compensation une réduction sur une
semaine à Thollon-les-Mémises, d’à peine 50 €. L’appel au 08 coûtait 23,45 €. Ce n’était pas folichon,
mais je ne voulais pas abdiquer… J’ai donc accepté, avec le sentiment curieux d’avoir combattu un
fantôme ; j’étais passée au travers de lui et il en profitait pour m’attaquer par-derrière.
En dépit d’un très mauvais début, ce séjour allait bouleverser ma vie…
À défaut de profiter du soleil radieux et des plages portugaises en juillet, me voici donc fin janvier à
la petite station couverte d’un duvet neigeux, dans une enclave blanche et bleue bordée par la Suisse.
L’hiver était doux cette année-là, la neige se tassait assez vite, de sorte qu’à certains endroits, elle avait
pris l’allure d’une pellicule de gel. Je n’avais plus chaussé de skis depuis la fin de l’adolescence, il y a
une bonne douzaine d’années, mais le ski c’est comme le vélo, on n’oublie jamais… Du moins, on
réapprend vite… Si vite que, le deuxième jour, déjà, je m’ennuyais, je rêvais d’espace et de sentiers
vierges. Et puis cette neige trop tassée commençait à m’agacer. Aussi n’ai-je guère hésité longtemps à
m’éloigner. J’ai emprunté un petit chemin entre deux épineux, qui menait au Balcon des Mémises. La
vallée s’étendait devant moi avec ses innombrables rebonds, et je glissais sagement, portée par une
poudreuse fine…
Alors que je dévalais tranquillement la pente, j’ai été attirée par un murmure ponctué de
grognements… Le vent m’empêchait d’entendre clairement, le son me paraissait étrange, et pas vraiment
naturel dans cette partie de la montagne. On aurait dit un cri de douleur, comme si quelqu’un s’était
blessé. Je me suis arrêtée pour tendre l’oreille… Le son semblait venir de derrière une petite cime au
nord-ouest. Il était encore tôt dans l’après-midi, le soleil ricochait avec force sur la neige et me rendait
aveugle. Mais le son se précisait et s’intensifiait. Les râles se rapprochaient. Cette fois-ci, il me semblait
que ce n’étaient plus des cris de douleur, mais de plaisir ! Je n’en croyais pas mes oreilles… Du plaisir,
en cet endroit, par des températures avoisinant le zéro ? J’ai hésité brièvement, puis ma curiosité l’a
emporté… J’ai glissé jusqu’à la pointe de la colline. Le doute n’était plus permis… Les murmures se
prolongeaient à présent de loin en loin comme un écho. J’ai fait les derniers pas, jusqu’à un endroit où
j’avais un point de vue discret. Au large, étincelait jusqu’à l’horizon le bleu léger du lac Léman. La vue
coupait le souffle, le regard portait à des kilomètres, mais c’est un mouvement tout proche qui retenait
mon attention…
Un couple était là en pleine nature, au pied d’un sapin. L’homme tendait son sexe à l’autre personne
qui le gobait tout entier, à genoux dans la neige. Ils étaient habillés d’anoraks molletonnés. Le pantalon du
sucé n’était pas baissé, il avait juste extrait son membre pour le donner à l’autre, qui semblait en raffoler.
L’autre avait une capuche et je ne pouvais distinguer son visage. Le rythme s’accélérait, à présent les
râles tonnaient dans la vallée, et malgré l’éloignement des bâtiments, je me demandais s’ils n’allaient pas
rameuter tout le monde. Moi, je me tenais accroupie, je me sentais étrangère et importune, il ne fallait pas
qu’on me voie. Le sucé grognait comme une bête, tandis que son corps s’arc-boutait tout entier, comme si
l’effort était immense. Puis il s’est passé quelque chose qui m’a perturbée encore plus. L’autre a rabattu
sa capuche, et j’ai vu son visage, et c’était… Incroyable ! Un homme ! Un homme avec une barbe légère
en collier, qui tétait avidement un autre homme ! À cet instant, j’ai éprouvé une gêne assez désagréable,
l’impression de braver un interdit, comme si j’étais une petite fille trop curieuse. Pourtant, je ne pouvais
pas bouger. La scène m’hypnotisait… Je suis restée quelques minutes en suspension, autour de moi ; le
temps semblait figé.
J’étais partagée entre émotion et indignation. Je me sentais exclue d’un spectacle qui m’était imposé,
mais que je finissais par désirer. Je voulais voir malgré moi, et même plus, participer, aimer, contempler
ce sexe de près, le toucher, l’embrasser. D’un autre côté, je me considérais indésirable. Je ne me sentais
pas le droit d’intervenir. Peut-être parce que je croyais d’emblée que ces hommes ne pouvaient pas avoir
d’attirance pour les femmes. J’avais peur de me montrer, alors je suis restée cloîtrée derrière la cime, à
observer ces ébats impromptus. Condamnée à la discrétion, je désirais que ces deux jeunes hommes se
donnent à fond, qu’ils me montrent leur amour encore et encore, qu’ils aillent le plus loin possible dans
leurs fantasmes.
Le râle est arrivé à son paroxysme, il annonçait un dénouement, une apothéose… Le sucé s’est raidi à
l’extrême, et son sexe a lâché des giclées de semence, qui est venue se coller sur les joues de l’autre et
dans sa barbe. L’autre ne semblait aucunement gêné, au contraire, il suçotait intensément, il avalait,
recrachait, les gouttes venaient se perdre dans ses poils… Moi, j’étais bouleversée, j’avais toujours eu
du respect pour les sexualités différentes, mais ce spectacle me gênait… J’en étais la spectatrice obligée,
forcée d’assister dans l’ombre, sans plus. Je me suis redressée pour m’enfuir… Le tissu de ma
combinaison en Gore-Tex a fait une sorte de « sproutch »… Les deux hommes se sont retournés et m’ont
dévisagée. « Oh madame », a crié le suceur, mais je n’entendais guère. La voix saccadée s’échouait au
loin… « Att… ne… part… »
Je suis rentrée tremblante à l’hôtel, me suis engouffrée dans la salle de bains, ai fait couler la douche
partout sur mon corps, de l’eau bien chaude, comme pour laver mes souvenirs, purger cette vision
interdite. Malgré tout, les images se bousculaient, la crème épaisse lâchée violemment sur la barbe de
l’autre… Moi, qui n’aimais pas ça, je me voyais tout à coup à sa place, me délectant d’un sexe juteux.
J’étais déchirée entre des sentiments opposés : la colère… l’envie. Qu’est-ce qui leur prenait à ces
loustics, pourquoi préférer la bouche drue d’un homme aux tendres lèvres d’une femme ? Et pire :
préférer son cul au doux nid féminin… Je leur en voulais de ne pas vouloir de nous, et de le montrer si
ouvertement.
De rage, j’ai empoigné le savon et j’en ai enduit mes mains. Elles sont venues se glisser
mécaniquement entre mes jambes, et sans préavis se sont mises à caresser le bouton d’amour avec
frénésie… Assez vite, elles ont écarté le capuchon pour toucher la chair nue, et j’ai joui en quelques
secondes. Une fois calmée, l’angoisse a reparu. Je me demandais de quoi se plaignaient ces hommes.
Qu’avaient-ils donc contre les femmes ?
Ce souvenir m’a obsédée au cours des heures et des jours qui suivirent. Je refaisais du ski, sur les
pistes le plus souvent, hors piste quelquefois. Je me suis même surprise à repasser à l’endroit de
l’événement. Mes deux petits gays avaient disparu, mais les images demeuraient. Je n’étais pas
mécontente finalement d’avoir assisté à leurs ébats. L’aventure avait réveillé des sentiments en moi,
même s’ils n’étaient pas tous positifs. Depuis longtemps, je m’étais renfermée, le travail était mon seul
refuge…
J’avais cloisonné au fond de moi des masses de besoins et de fantasmes, démons du désir, spectres du
plaisir et gnomes libidineux. Tout avait été jeté dans un grand coffre à double tour, parce que ce n’était
pas le moment, pas la bonne personne. Parce que la sexualité pouvait me consumer. Qu’il fallait batailler
pour l’avenir et la carrière d’abord. J’avais rejeté mille pensées que je trouvais néfastes. Je me croyais
en paix… En réalité, dans le coffre, mes petits diablotins s’excitaient.
D’un coup, la serrure a sauté, et tous les démons en sont sortis pour revenir me hanter. La scène homo
m’a libérée. Je me reprenais à penser au corps d’un homme, à de longues étreintes. J’ai même rêvé que
j’avais un enfant… Tout cela grâce au spectacle de deux hommes… La nature nous joue décidément de
ces tours ! J’aurais voulu un amant d’urgence, mais je n’en trouvais pas. Il n’y avait que des gens affairés,
trimbalant des paires de skis et de gros sacs. Les rares hommes seuls étaient préoccupés par leurs loisirs.
Ils me jetaient de furtifs regards en coin, sans plus.
L’envie devenait si forte qu’un feu ardent incontrôlable me possédait tout entière. La nuit, je me
retournais mille fois, le corps embrasé, le sexe ruisselant. Toujours les images du couple gay qui me
poursuivaient, et ce sexe tendu comme une lance. Le jour, je tentais de trouver un apaisement dans le
sport, je skiais des heures durant, je dévalais à toute vitesse des pentes abruptes, je prenais des risques,
excitée par mon feu sacré. Mais aucune activité physique ne peut apaiser une ardeur sexuelle non
assouvie… La nuit tombée, je rentrais sagement, et aussitôt sous la douche, de furieuses envies me
reprenaient, et je me lavais frénétiquement, jusqu’à l’orgasme.
Peu avant la fin de mon séjour, alors que je dévalais une pente avec une vue magnifique sur le lac
Léman, j’ai aperçu celui dont l’image me poursuivait, et que je redoutais en même temps. Il était sur ma
droite, à un jet de pierre. J’ai failli m’étrangler ; au premier coup d’œil, j’ai reconnu l’autre et sa barbe
en collier. J’ai eu le réflexe de regarder les poils, comme si des gouttes pouvaient s’y trouver encore. Je
revoyais la scène torride ; d’un seul coup, je me retrouvais trois jours en arrière. L’homme avait changé,
il était plus sage, avec un visage ravageur et rayonnant. Il m’a aperçue, et j’ai eu une curieuse réaction :
j’ai tenté de m’enfuir. Mais il skiait bien mieux que moi, qui manquais de pratique. Il slalomait comme un
champion. En quelques instants, il m’a rattrapée… J’étais à la fois angoissée et heureuse. Ma curiosité
allait être soulagée. Je saurais enfin ce que cache cette barbe hirsute, ce visage mystérieux.
Il s’est présenté en deux mots. Après quelques banalités, il s’est excusé platement pour l’autre jour. Il
ne savait pas ce qui leur avait pris, son ami et lui… Un besoin subit, un petit coup de pinard, une
plaisanterie, et les voilà en train de se pomper l’un l’autre au grand jour.
— Moi, c’est Yves, dit-il simplement avec un grand sourire. J’ai vingt-huit ans…
— Appelez-moi Noann… Je suis un peu plus âgée que vous.
— Ce n’est rien pour l’âge… Par contre, le prénom, joli mais pas courant…
— C’est un pseudo.
— Vous aimez vous cacher…
— …
Je ne savais plus que dire. C’était étrange de rencontrer un homme par le mauvais bout, de l’avoir vu
pour la première fois dans une position lubrique, puis de le découvrir sagement, bien après… J’aurais
aimé le connaître, l’interroger sur l’autre jour. Les questions se bousculaient dans mon esprit, mais je
n’osais aborder l’aspect des affinités sexuelles…
— Vous n’avez pas l’air à l’aise, dit-il. Vous ne risquez rien, je ne suis pas méchant.
— Je sais que je ne risque rien, vous êtes gay…
— Oui, je suis très gai !
Nous avons éclaté de rire tous les deux… Pour un homo, il savait amuser les femmes…
— Dites, ai-je osé, vous faites ça souvent ?
— Non. Je préfère les femmes, mais j’aime bien aussi certains jeux avec un homme…
À ces mots, je suis restée sans voix… J’allais de surprise en surprise depuis le début. Voilà
maintenant que ce type n’est pas gay mais bi. Moi, je restais à la fois pensive et excitée. Je me demandais
comment pouvait se comporter au lit un homme aussi ouvert. Et je n’ai pas tardé à l’apprendre. Car le
faux-gay-vrai-gai savait s’y prendre : invitation anodine au bar, deux verres de rosé de Savoie
délicieusement fruité, quelques mots à bâtons rompus avec le plus grand naturel, et me voilà emportée. Il
faut dire que j’étais déjà sur la voie, les démons gigotaient en moi, je ne pouvais plus les contenir…
Alors quand il m’a proposé de monter dans sa chambre, tout a explosé dans ma tête. Anges du désir,
farfadets malicieux, trublions du sexe, et hop ! Tout le monde dehors !
Je ne fus pas déçue. Ce type est un amant hors pair, même avec les femmes. Il avait une façon
d’approcher les points névralgiques, du bout de la langue, et quand il sentait mon désir galoper, il le
laissait fuir en détournant la pression. J’étais au bord du lit et lui à genoux sur la carpette, je lui serrais la
tête entre les jambes quand l’orgasme approchait, il le comprenait et relâchait l’étreinte. De sorte que
nous avons joué de longues minutes à ce jeu de cache-cache. Finalement, il m’a donné un coup de langue
circulaire autour du petit bouton, et dans un cri, je suis partie. Lui avait un sexe de taille normale, mais
plutôt musclé et endurant. Je comprenais à présent pourquoi il avait eu envie de son copain ; sa libido
était ravageuse, et faute de trouver une compagne, car l’endroit ne s’y prêtait guère, il avait dû se rabattre
sur ce qu’il avait. Il n’était peut-être ni gay ni bi, mais tout simplement un hétéro avec une envie
irrésistible. Moi j’adorais… Depuis longtemps, je n’avais plus connu de relation aussi intense, et je
n’avais jamais rencontré un homme aussi doué.
Après cette séance de cunni à rebonds, mon sexe était trempé, il exigeait un homme, un vrai. Une fois
de plus, Yves s’est montré à la hauteur. Il a commencé par venir en moi bien au fond, immobile, tandis
qu’il m’embrassait, et moi, j’avais l’impression de sentir le goût de son ami, et je revoyais dans sa barbe
les restes de son effusion. Les sensations et les souvenirs se mêlaient, tandis qu’en bas, mon corps se
tordait dans le supplice de l’attente.
C’est alors que tout a basculé. Un homme a fait irruption dans la chambre sans frapper à la porte.
Surprise au bord de la jouissance, le corps en sueur, je ne savais plus où me mettre. Cet homme je ne
l’avais pas reconnu… Je hurle :
— Qui êtes-vous ? Sortez !
— Mais, proteste-t-il, c’est ma chambre à moi aussi… Je la partage avec Yves…
— Vous êtes le… l’homme que j’ai vu l’autre jour, avec lui…
— Oui, dit-il, mais ne vous en faites pas, je vous laisse tranquilles.
— Attendez ne partez pas !
Tout se bousculait en moi, envies, fantasmes, souvenirs et curiosité. Je me suis dit que ce type était
mignon, qu’il ne fallait pas qu’il parte, que je voulais savoir, que ce serait bon de les revoir s’enlacer. Je
serais témoin, ou plus. Il était arrivé au bon moment, juste quand je me trouvais au bord de l’extase, et
dans ces cas-là, je peux faire n’importe quoi. N’importe quoi, sauf jouer les vierges effarouchées…
— Venez ! ai-je supplié. Ne me dites pas que vous n’aimez que les hommes ?
— J’aime les deux, avoue-t-il un peu gêné.
— C’est quoi, votre prénom ?
— Daniel…
— Je vous plais ?
Je n’ai pas attendu sa réponse. Je suis allée vers lui, je lui ai pris le bras et l’ai conduit vers le lit. Il
avait un charme fou, un visage de gosse sur des épaules plutôt larges. Un peu de timidité brillait dans son
regard. J’étais au comble de l’excitation. J’ai pris l’initiative :
— Dites, je peux vous demander une faveur, à tous les deux ? Pourriez-vous reprendre où vous en
étiez l’autre jour ?
— Tu veux dire, retourner là-bas avec nos skis et refaire une pipe sous la neige ?
— Non, ce serait trop long ! Ici, tout de suite. Depuis trois jours, je rêve de ça…
Daniel m’a regardée avec son petit air indécis, presque coupable, mais Yves lui n’a pas hésité une
seconde. Moi, je raffolais de ce genre d’homme décomplexé, qui sait prendre les devants sans se poser
de question. Yves est venu se placer face à son ami et l’a fait mettre à genoux. Aussitôt, son sexe s’est
tendu. La bouche d’un homme l’excitait autant que celle d’une femme. Je suis restée silencieuse de l’autre
côté du lit, tandis que ma main se glissait entre mes jambes avec une force irrépressible. J’étais trempée,
et dès que mon index est remonté entre mes lèvres, j’ai senti un plaisir brûlant.
Les deux compères ont vite retrouvé leurs habitudes. En quelques secondes, l’excitation est revenue.
Je crois que ma présence les émoustillait encore plus. Yves me jetait de petits regards en coin, tandis que
Daniel semblait dans un autre monde. Quand le moment de l’orgasme est arrivé, Yves m’a fait signe de
me joindre à eux. Il n’a pas tardé à tout lâcher. Je me suis vue laper ce nectar de mâle, d’abord avec
prudence, du bout de la langue, puis plus franchement. Je n’aurais jamais cru que j’aimerais ça un jour. Il
avait un goût fort, mais légèrement salé, pas désagréable. J’ai pensé que les circonstances pouvaient nous
changer totalement, l’ambiance, les partenaires. Depuis, je dis toujours à mes amies que si elles n’ont
jamais connu le grand orgasme, elles doivent changer de vie d’urgence. Elles ne savent pas ce qu’elles
ratent. Il faut trouver l’homme, le vrai, celui qui libère nos démons.
Cette jouissance n’était qu’un préambule…
— J’ai envie de toi, a lancé Daniel en me regardant.
— Moi aussi, a dit l’autre.
Je n’ai rien répondu. Mon corps parlait pour moi. Mon sexe était trempé, je ruisselais de sueur, dans
mon regard devait briller une lueur fiévreuse.
Je me suis mise en levrette, et le membre de Daniel m’a pénétrée d’un trait, sans aucune résistance. Il
s’est mis à gigoter en moi, de toutes ses forces. Yves, contre toute attente, ne débandait pas. J’ai eu alors
la surprise de le sentir se glisser en moi, lui aussi. Les voilà tous les deux dans mon sexe. Ce jour-là, j’ai
bravé tous les interdits, j’ai fait des choses dont je ne me serais jamais crue capable. Ce qui m’horrifiait
avant m’a fait hurler de joie. Je découvrais un autre univers, une autre dimension, un autre plaisir ! J’étais
toute pleine de ces deux sexes virils, je me sentais en communion parfaite avec mes amants. Cette scène a
été brève, nous étions tous les trois surexcités, et nous n’avons pu retenir notre jouissance. Mais je savais
qu’après une pause, ils seraient de nouveau en forme…
Nous n’avons guère parlé, cette nuit-là, pas plus que le matin. Nous étions unis tous les trois par une
sorte d’hypnose sensuelle, où la parole était vaine. Nos corps s’étaient exprimés, nos sens avaient comblé
le temps, l’espace, l’esprit. Ils avaient tout rempli.
Nous nous sommes quittés presque sans un mot.
Je n’ai les jamais revus. Ils habitaient dans le Midi, nous avions échangé nos numéros de portables,
mais après quelques textos le silence a scellé notre histoire. Et pourtant, je leur suis reconnaissante. C’est
eux qui m’ont libérée, qui ont rouvert le coffre à fantasmes. Ils ont débloqué la porte du plaisir, c’est le
principal. Après, j’ai senti le besoin ardent de continuer le même chemin, d’avoir d’autres sensations,
avec d’autres personnes. Je crois que j’avais besoin de découverte et de renouveau.
Suite à cette nuit, j’ai recommencé à sortir, et après quelques aventures, j’ai rencontré l’homme de ma
vie… La nature, c’est sûr, nous joue de drôles de tours !
GLACE PILÉE
Rita
Je rentre de vacances et je suis épuisée. Je reviens d’une semaine à Chamonix avec ma sœur et ses
enfants. Plus jamais ça. Le studio de 20 m2 pour cinq, la puanteur des chaussettes humides, les
couvertures rêches, l’odeur de raclette qui empeste les couloirs, les cauchemars du petit dernier qui hurle
chaque nuit à 3 heures 38, les sermons de mon aînée à propos de mes flirts alcoolisés, la morve sur les
écharpes, les coquillettes au fromage et le scrabble avec la tisane… L’enfer ! J’ai bien cru que j’allais
m’enfuir avant la fin du séjour. Mais j’ai bien fait de m’abstenir de partir car le final a été plutôt dément.
J’ai pris mon pied comme rarement. Une dernière journée qui a transformé cette semaine pénible en un
souvenir mémorable. Tout a commencé vendredi matin…
Il était 9 heures, j’ai mis du temps à émerger. Ma sœur et ses gamins étaient déjà debout depuis un
moment. Ils parlaient fort, chougnaient, gueulaient, râlaient. Chocapic contre Frosties, c’était la guerre
dès le petit déjeuner. Comme d’habitude, ma sœur – trente-huit ans, divorcée, coincée, frigide – se
laissait submerger par ses trois démons. Après trente minutes à tourner dans mon lit, celui coincé dans le
couloir, entre les chiottes et la porte d’entrée, j’ai fini par balancer ma couette sur le linoléum couleur
abricot fané. J’ai salué l’assemblée sauvage d’un geste large, sans un mot. J’étais vraiment au bout du
rouleau. Nullement tata gâteau, je subissais cette énergie enfantine du matin au soir, et je n’avais aucune
affinité particulière avec mes neveux. Je les trouvais sales, primaires, épuisants. D’ailleurs, ils avaient
très vite saisi mon mépris à leur égard : ils ne me demandaient plus un seul câlin, comprenant que leur
tante n’était pas une sentimentale. Ma sœur ne m’en a pas tenu rigueur ; de ce côté-là, elle est plutôt cool,
elle ne m’oblige pas à jouer un rôle et me laisse être la tata ronchon.
La tête encore froissée, j’ai bu mon bol de café. J’ai pris une douche rapide pour me réveiller, je me
suis brossé les dents, j’ai enfilé mes sous-vêtements et j’ai sauté dans ma combinaison de ski. Vite, fuir
cette meute d’attardés bruyante. Pour faire ma B.A. du jour, j’ai quand même proposé à ma sœur de
déposer les deux grands à l’ESF. Heureusement, elle a décliné mon offre. J’ai récupéré mes skis dans le
local du sous-sol et je suis sortie rejoindre les pentes enneigées.
C’était une journée magnifique. Un soleil blanc piqué sur un ciel d’azur. Réjouie par cette carte
postale bien réelle, je me suis offert un café au pied des pistes. Confortablement installée dans mon
transat, je me suis mise à mater les jeunes hommes qui défilaient. En raison de la chaleur ambiante, la
plupart avaient quitté leur grosse doudoune et ne portaient que leur salopette. Le cul moulé dans leur
Gore-Tex, les pieds enfermés dans leurs grosses chaussures en plastique, les hommes des montagnes se
désarticulaient m’offrant, sans s’en rendre compte, un déhanché très sensuel. Je suis restée peut-être une
heure ainsi à les observer. Par-derrière, par-devant. Imaginant leur queue sous le textile brillant. J’étais
plus excitée que jamais. Cette semaine monacale m’ayant sérieusement perturbée, j’étais dans un état de
frustration qui me rendait affamée. Je sentais qu’entre mes jambes, ça chauffait. Je trouvais dix mille
raisons de me tortiller afin de sentir la couture barrant mon pubis se frotter contre mon clitoris. Me
baisser pour défaire les attaches de mes boots, me retourner pour mieux planter mes bâtons, me redresser
pour appeler le serveur… En moins de cinq minutes, je mouillais.
Pour me remettre de mes émotions, j’ai commandé un vin chaud. Il n’était que 10 heures, mais vu que
c’était mon dernier jour, je me suis autorisé cette fantaisie. Le serveur m’a regardée d’un air complice.
J’ai attrapé son regard malicieux au vol, et je lui ai tout de suite demandé à quelle heure il terminait.
16 heures. Trop tard. Je devais être à l’appartement à 15 heures 30 afin de donner un coup de main à ma
sœur pour les bagages.
— Et ta pause ?
— Dans vingt minutes !
Satisfaite, j’ai siroté mon vin chaud tout en sentant la chaleur du breuvage m’envahir
merveilleusement. Avec l’altitude et mes débordements hormonaux, l’alcool a vite pris possession de ma
personne. Lorsque le gars est revenu, j’étais saoule. Il ne m’a pas fallu trois minutes pour lui demander de
me montrer où se trouvaient les toilettes. Plus coquin qu’il n’en avait l’air, le garçon m’a invitée à le
suivre. Nous avons traversé le restaurant, lui en tenue de serveur, moi en tenue de skieuse avec la combi
et les chaussures rigides. Il m’a fait prendre les escaliers de service, direction les cuisines. Là, il est
passé derrière la chambre froide, et nous avons pris une porte de sortie. Nous nous sommes retrouvés sur
une petite terrasse de bois, barricadée par trois murs de neige de deux mètres. Avec, au-dessus de nous,
une passerelle pour les skieurs. On pouvait entendre leurs carres glisser sur la neige, voir leurs bâtons de
chaque côté, leur bonnet et même leur visage lorsqu’ils s’arrêtaient en se penchant pour admirer le
paysage. Ils étaient là, à un mètre au-dessus de nous.
J’ai tout de suite compris que le jeune garçon avait l’habitude de ce genre de plan et qu’il avait
sûrement beaucoup d’idées derrière la tête. J’étais aux anges, prête à tout pour pimenter un peu mon
séjour accablant. Il devait avoir quinze ans de moins que moi, et ça aussi, ça m’excitait. Je l’ai tout de
suite prévenu pour qu’il s’en donne à cœur joie :
— Je suis docile… ai-je murmuré.
— Tant mieux !
Il m’a observée quelques secondes. Pour évaluer mes formes, imaginer des choses. J’étais liquide.
Ma culotte mouillée, mes jambes flottant dans mes grandes godasses, mes seins palpitants, que je rêvais
de libérer de ma salopette fourrée.
— Vas-y ! me dit-il.
Je suis restée immobile, ne comprenant pas ce qu’il désirait.
— Tu voulais aller aux toilettes. C’est là. Alors, vas-y, pisse !
J’ai été surprise et subjuguée. Quelle autorité, quelle imagination ! Un original, je ne pouvais pas
rêver mieux. Complètement séduite, je me suis exécutée. J’ai pincé le zip qui commençait à m’irriter le
cou et je l’ai fait descendre lentement. Dévoilant mon soutien-gorge en dentelle rouge, mon nombril
brillant et mon string assorti. Oui, je suis toujours parée niveau dessous, jamais de vieilles culottes en
coton, même pour faire de l’équitation. Le mec a eu l’air très satisfait. Il a posé sa main sur la braguette
de son pantalon et a commencé à caresser son sexe déjà gonflé sous le tissu.
— Retourne-toi, a-t-il demandé.
Maladroite dans mes bottes rigides, j’ai obéi. Dos au bonhomme, je me suis déshabillée. La
combinaison baissée jusqu’au mollet, puis le string. Le cul à l’air, je me suis accroupie, offrant mes
fesses écartées au serveur. Je n’avais pas très envie de pisser, alors pour le faire patienter le temps que
ça vienne, j’ai commencé à me tortiller. Tout en passant ma main entre mes cuisses pour caresser ma
vulve humide afin de frotter ma chatte en érection qui n’en pouvait plus d’attendre. La sentant prête à
jouir, ne voulant surtout pas écourter ce moment de luxure, j’ai vite cherché un moyen de me calmer. J’ai
pris une poignée de neige, que j’ai plaquée contre mon sexe brûlant. Quel délice ! Cette glace pour
éteindre mon feu. Ce sorbet laiteux qui s’est mis à fondre, à dégouliner le long de ma fente. Ces gouttes
perlant d’un orifice à l’autre… Avec ses yeux fixés sur ma croupe sulfureuse. Avec ces skieurs juste au-
dessus. Et puis, comme par magie, mon urine chaude se libérant enfin, aspergeant ma peau gelée,
réchauffant ma vulve, s’agrippant à mes poils. Quel pied !
— Lave-toi maintenant, m’ordonna le voyeur.
J’ai pris une nouvelle poignée de neige, l’ai plaquée contre mon sexe pour le purifier.
— Retourne-toi.
Je me suis relevée. Debout, face à lui, appuyée contre une des poutres de la passerelle, avec ma
combinaison et mon string sur mes chaussures de ski, mon soutien-gorge flamboyant, mon bandeau de
laine dans les cheveux, je remuais lascivement, la main sur le sexe.
— Plus fort ! Branle-toi plus fort !
Excitée comme jamais, j’ai fait vibrer mes doigts sur ma chatte. Affolant mon clitoris qui bouillait de
l’intérieur, mais était brimé par le froid extérieur.
— Oui, c’est bien. Regarde comme tu es belle…
Il était fasciné. Ses yeux brillaient. Il a finalement sorti son sexe. Large et fier. J’ai tout de suite été
attirée par son pénis. D’une douceur infinie, et en même temps si puissant. Nous sommes restés face à
face quelques minutes à nous mater en train de nous masturber. Puis il est passé à l’action.
— Assieds-toi sur ce banc.
Ce que j’ai fait. Il s’est approché avec sa queue dressée ; j’ai tout de suite voulu le sucer. Mais le
pervers a refusé. Il a relevé mes pieds, prisonniers de mes bottes et de ma combinaison, m’a fait basculer
sur le côté pour que je repose mon dos sur le bois, puis il a ramené mes genoux contre ma poitrine,
libérant ma croupe et se l’offrant sans réserve. Captive, à sa merci, j’ai senti son regard me pénétrer. J’ai
mouillé de plus belle, laissant le fluide chaud s’emparer de mon cul. Il a pris son temps. Puis de son
index, il est venu à la rencontre de mon foutre. Il l’a laissé glisser entre mes lèvres énormes. Il est ensuite
venu titiller mon clitoris. Je me suis mise à gémir. J’ai même agrippé mes cuisses avec mes mains afin
d’écarter davantage ma fente.
— Dépravée… a-t-il susurré.
Me sentant plus que réceptive, il s’est laissé emporter. Son index a glissé jusqu’à mon vagin pour le
pénétrer profondément. C’était bon. Il le rentrait au maximum, le ressortait entièrement, le léchait,
recommençait. Entre deux va-et-vient, il astiquait mon clitoris du bout de sa langue pointue. Sur le dos,
recroquevillée, les jambes en l’air, je savourais le moment, tout en observant les mouvements des skieurs
plus haut. Dilatée au maximum, je n’ai pas eu besoin de l’inviter à plus d’exploration. De lui-même, il a
joint son majeur à son index, tout en gardant la cadence délicieuse. Puis rapidement, il a convié son
annulaire à l’exploration vaginale. Avec trois doigts dans mon orifice, je jubilais. Sans oublier ses coups
de langue experts. Il m’a astiquée ainsi de longues minutes, laissant sa queue frotter contre sa ceinture.
Puis, sentant que j’étais au bord de la jouissance, il a pris une nouvelle poignée de neige et, sans
ménagement, me l’a collée contre la vulve. J’ai gémi. De plaisir et de douleur. Pour me consoler, il s’est
rapproché de mon visage, m’a offert sa queue. Sans attendre, je l’ai mise dans ma bouche. Je n’ai pas pu
l’enfoncer entièrement. J’étais pourtant volontaire, mais elle était trop grosse. Je recommençais à
mouiller en l’imaginant inspectant mes orifices. Il voyait que sa bite était trop grosse, mais il tentait tout
de même de la rentrer plus profondément. J’ai fait un effort pour être à la hauteur de son envie et de ma
gourmandise, et je suis finalement parvenue à atteindre le bout de sa verge. Il a alors poussé un petit cri
de satisfaction, m’encourageant à m’appliquer encore plus. Toujours dans la même position, je pouvais
sentir l’air frais s’immiscer dans mes plis et replis humides et fiévreux. Ensuite, mon cavalier a fait un
pas en arrière. Ne laissant que le bout de son gland contre mon visage, le faisant glisser sur ma bouche,
mes joues, mon cou, mon menton, pour revenir à ma bouche friande.
— Ne bouge pas, je vais te prendre avec ma queue.
À ces mots, j’ai senti mon entrejambe s’humidifier encore plus. Mon bonhomme a quand même pris le
temps de retourner laper ma chatte avec sa langue, pensant qu’il était nécessaire de stimuler à nouveau
mon minou. Mais au contact de ma vulve trempée, il a vite compris que quelques coups de langue
suffiraient. Le garçon s’est alors relevé pour se placer droit face à mon cul, il a pris sa queue dans sa
main, l’a placée à l’entrée de mon vagin. Là, il a poussé lentement son bassin afin de savourer la
pénétration salvatrice. Je n’ai pu retenir un gémissement. Ce chibre entre mes lèvres, dans mon trou, si
gros, si profond… J’étais en transe. Il a commencé par quelques va-et-vient lents et précis. Très
appliqué. Sortant parfois sa verge pour pouvoir apprécier de l’enfourner à nouveau. Engoncée dans ma
tenue de skieuse, j’étais d’une passivité totale. Ce qui m’animait encore plus. J’avais le souffle court et
me retenais pour ne pas caresser mon clitoris, au risque de jouir prématurément. Mon gentil serveur s’est
emballé, s’est mis à me pilonner. Ses cuisses claquaient contre mes fesses. Mon cul se dilatait tellement
c’était bon. Le rythme était de plus en plus soutenu, le plaisir aussi. C’est à ce moment-là que j’ai entendu
un bruit de porte.
— Viens, a dit mon étalon.
Me sentant inquiète, il s’est dépêché d’ajouter :
— Ne t’inquiète pas. C’est juste une copine qui vient pour te donner du plaisir.
Puis plus rien. Enfin si, tout comme avant, mais avec cette femme que je ne voyais pas, que je ne
sentais pas. Je me suis de nouveau détendue, très vite même, savourant le chibre qui s’engouffrait. Ce
garçon était très doué.
Au bout de cinq minutes, alors que j’avais déjà oublié la demoiselle invisible, j’ai senti quelque
chose entre mes fesses. Tandis que le serveur me pénétrait, la jeune femme titillait mon anus du bout de
son index. J’ai tout de suite essayé de voir qui était cette coquine, mais avec ma position et mon
accoutrement, je n’ai pu entrevoir qu’une chevelure blonde. Peu importait, le plaisir allait être décuplé.
Inconsciemment, j’ai écarté encore plus les jambes pour élargir ma fente et l’encourager à s’occuper de
mon second orifice. Elle prenait son temps et faisait des tours délicats avec le bout de son doigt autour de
ma corolle. Parfois, elle s’arrêtait le temps de cracher délicatement un peu de salive sur mon anus, puis
elle reprenait sa ronde. J’étais au septième ciel. Je sentais mon clitoris percuté à chaque coup de bassin,
mon vagin comblé par la queue conquérante, et mon rectum de plus en plus dilaté par les doigts de fée de
cette poupée. Je devinais les skieurs qui filaient au-dessus de ma tête, et j’avais envie de les appeler. Je
voulais qu’ils s’arrêtent, qu’ils viennent voir la scène de luxure, qu’ils viennent baver, se branler devant
notre orgie. Je voulais des spectateurs en salopette avec de l’écran total blanchissant le bout de leur nez,
avec la marque des lunettes encerclant leur regard vicieux et une énorme érection déchirant leur fuseau
moulant. Mais non, ils ne faisaient que passer.
Alors que mon serveur continuait sa danse effrénée, la demoiselle, réceptive à mon trou dilaté,
commença à l’explorer. Son index a cessé de tourner pour s’introduire très lentement dans mon cul.
Couvert de bave, il est entré comme dans du beurre, augmentant de façon incroyable mon plaisir. Comme
mon garçon entreprenant, la jeune femme était très bonne élève et faisait cela méticuleusement. Toute
cette minutie, c’était jouissif. Je me sentais au bord de l’orgasme, et je me concentrais pour ne pas me
laisser emporter. Mais elle a continué son périple anal, présentant à mon anus un doigt plus gros. Son
majeur s’engouffra lui aussi sans retenue. C’était délicieux, lui dans mon vagin, elle dans mon cul, ma
combinaison et mes chaussures de ski me compressant sur le banc, et au-dessus de moi, tous ces skieurs
innocents…
Ne tenant plus, j’ai fini par exploser dans un orgasme sonore. Mon garçon, toujours attentionné, s’est
alors permis de jouir à son tour, tandis que notre blondinette est repartie comme elle était venue.
Discrètement, sans qu’il me soit donné de voir son visage d’ange.
Je me suis redressée, les jambes tout engourdies, et je me suis rhabillée. Pragmatique, le serveur a
conclu rapidement notre entrevue :
— C’est la fin de ma pause. Salut ! Si tu veux, je finis à seize heures…
16 heures. Ce n’était pas raisonnable. Il y avait l’aspirateur, le seau plein de javel, l’éponge, les
valises, les mômes et ma sœur. Mais dans la balance, la belle queue de mon serveur des neiges pesait
bien plus lourd que ce ménage en famille. Je n’ai pas pu dire non.
Je suis de retour à Paris. Un peu sourd, car ma sœur m’a engueulée tout le trajet du retour. J’ai voulu
lui raconter l’épisode Ta sœurette a baisé dans un café, mais je n’ai pas osé. J’ai préféré lui dire que je
m’étais perdue, c’était moins risqué. Je ne voulais surtout pas qu’elle me répudie : elle part en Corse au
mois de mai, et j’ai très envie de l’accompagner. On ne sait jamais… entre deux parties de Monopoly, je
pourrai peut-être trouver un garçon de plage pour me culbuter dans les calanques.
LE BLANC PURGATOIRE
DES AMOURS DE JEUNESSE
Julie Derussy
Nous n’avions pas vingt ans. Le monde était à nous, et les montagnes aussi. Toute la journée, nous la
passions à skier ensemble. Personne n’allait aussi vite que nous. Nous descendions les pentes à une
vitesse effrénée, tout schuss, sans prendre la peine de ralentir lorsque nous croisions un skieur égaré sur
notre chemin. Nous cherchions les bosses, la poudreuse, la neige qui vous gicle au visage au détour d’un
virage.
En dépit du masque et du gros blouson, il était si beau, lorsqu’il skiait, que j’aurais pu le regarder
toujours. Et c’est ce que je faisais, quelques mètres derrière lui, inscrivant la courbe de mes skis dans ses
traces. Quand nous nous arrêtions pour boire un verre dans le chalet le plus haut, celui où les autres ne
venaient jamais, je buvais mon coca en me perdant dans le ciel de ses yeux.
Un vrai paradis.
Le soir, nous retrouvions le reste du groupe. Ils nous expliquaient comment le cours s’était passé,
vantaient leurs progrès, racontaient en s’esclaffant la dernière chute. Ils nous demandaient, une lueur
d’envie dans les yeux, quelles pistes nous avions explorées. Les bières se vidaient, il fallait préparer le
repas. C’était toujours moi qui coupais les oignons. Ça ne me dérangeait pas, je crois même que j’aimais
ressentir l’invasion sous mes paupières, la larme qui se forme.
Il y avait Camille, Sébastien, Isa, François et moi. Cinq personnes dans un petit appartement, autant
dire que nous étions les uns sur les autres. Comme il n’y avait qu’une seule chambre à lit double, c’était
le couple qui l’avait récoltée. J’avais refusé les lits superposés de la chambre d’enfants, préférant
l’intimité relative du matelas solitaire installé dans le salon.
Vers 22 heures, après quelques parties de tarot, nous étions déjà épuisés et passablement alcoolisés.
Isa, quand elle était éméchée, ne manquait jamais d’aller s’asseoir sur les genoux de François ; elle
l’embrassait dans le cou et murmurait à son oreille des mots qui le faisaient rire. François. Mon François.
Du moins, c’est ainsi que je pensais à lui.
Mais il était bien à elle, la nuit, quand ils se retiraient dans la chambre. Parfois, je les entendais. La
cloison était si fine. C’était une torture et un plaisir conjugués. Au milieu de ses gémissements à elle, je
guettais les soupirs légers de François. Je l’imaginais avec moi, je pouvais presque voir le mouvement de
ses fesses musclées tandis qu’il s’enfonçait en moi. Mes mains allaient et venaient en rythme avec
l’étreinte. Les yeux fermés, les rêves enfiévrés, je retenais mes cris pour ne pas leur faire écho. La
jouissance avait un goût de cendre.
Mais au matin, il était à nouveau tout à moi. Un baiser distrait sur les lèvres de sa copine, et il me
lançait son sourire éclatant, tandis que nous nous dirigions vers le télésiège. Je bénissais chaque jour mes
parents de nous avoir emmenés, mes frères et moi, à la montagne tous les hivers. Grâce à ma maîtrise du
ski, je pouvais suivre mon idole sur les pistes les plus folles. Rien ne nous faisait peur ; c’était un
tourbillon de glisse et de joie. Et de le voir ainsi dévaler les pentes, l’émoi des nuits me revenait : j’avais
envie de lui, envie de lui comme jamais.
Je suppose que c’est cela qui a provoqué la chute. Si je n’avais pas eu les yeux fixés sur son cul
parfait, j’aurais probablement vu la bosse. Ça n’a duré qu’une seconde ; une seconde, et c’était trop tard.
Après un vol plané, j’ai atterri quelques mètres plus loin, le nez dans la neige. Le froid s’est incrusté, un
élan douloureux a traversé mon poignet, et j’ai compris que c’en était fini des escapades avec François.
Il lui a fallu un moment pour me rejoindre. Il était déjà trop bas lorsqu’il a freiné et s’est retourné.
Pour aller plus vite, il a pris le tire-fesses pour redescendre ensuite vers moi. J’étais en train de tenter de
m’asseoir, ce qui n’allait pas sans difficulté : mon ski gauche, encore accroché à mon pied, m’encombrait,
mon poignet était brûlant, et je sentais que je n’étais pas loin de tomber dans les pommes. Heureusement
que je portais un casque – sur son conseil, d’ailleurs. Quand il est arrivé, très pâle, il m’a posé mille
questions, m’a fait bouger les bras, les jambes, et a soupiré de soulagement quand il a vu que seul le
poignet était blessé.
– Ne me refais jamais ça, il a dit, le bleu de ses yeux dans les miens, et, un instant, nos visages ont été
si proches que j’ai cru qu’il allait m’embrasser.
Ça n’a duré qu’une seconde ; il s’est détourné de moi. Il voulait appeler les secours, mais j’ai refusé
obstinément. Ce n’était pas utile, je pouvais très bien m’en sortir. Avec son aide, j’ai rechaussé mes skis,
et nous avons descendu les pentes très doucement, nous qui les dévalions toujours à toute vitesse.
Chez le médecin, le verdict est tombé : une vilaine foulure au poignet. Rien de grave, mais je pouvais
faire une croix sur le ski. J’avais envie de pleurer. Ce n’était ni la douleur, ni le fait d’avoir gâché la fin
de mes vacances. J’avais plutôt de la chance, nous devions partir le surlendemain. Malgré tout, le simple
fait de savoir que cette dernière journée, je la passerai sans lui, sans mon François, me déprimait
profondément.
L’après-midi était bien avancé quand nous avons regagné l’appartement. Les autres, déjà de retour, se
sont exclamés lorsqu’ils ont vu l’attelle autour de mon poignet. Il a fallu tout raconter, encore et encore.
Isa surtout avait le don de m’énerver. Je ne pouvais supporter sa sollicitude. Ce n’était pas de sa faute,
bien sûr. C’est moi qui étais injuste envers elle, j’en avais conscience.
Cette nuit-là, aucun soupir n’est venu de leur chambre. Ils ont dû s’endormir tout de suite. Quant à
moi, les yeux perdus dans le plafond, je laissais mes pensées vagabonder. Quand j’ai enfin basculé dans
un sommeil agité, j’ai rêvé de lui. Nous glissions ensemble sur la pente, au milieu des sapins. La piste
était petite, sinueuse, la neige étincelait au soleil. C’était un endroit féerique. Pour profiter de la beauté
des lieux, nous avons décidé de faire une pause. Il s’est assis près de moi, tout près de moi, et, alors que
j’allais dire quelque chose, il s’est penché et a posé ses lèvres sur les miennes. Ce fut un baiser long et
tendre, un baiser qui m’ouvrait à lui.
Dans mon rêve, nous avons fait l’amour dans la neige. Je savais que ce n’était pas vrai. Si ça avait été
vrai, il y aurait eu le froid, les chaussures de plomb et les fermetures Éclair, tout ce réel qui nous
encombre. Dans mon rêve, il n’y avait que nos corps enfiévrés et la force du désir.
Au réveil, j’étais en feu.
Le lendemain matin, il faisait un temps radieux. Le soleil piquetait la neige de reflets miroitants, le
ciel était d’un bleu sans faille, et je broyais du noir. C’était la journée parfaite pour partir en expédition
avec François.
– Ce ne sera pas pareil, sans toi, il m’a dit.
Il allait skier seul. Pas question pour lui d’accompagner les autres, malgré les demandes réitérées
d’Isa : il voulait profiter de ce dernier jour pour faire encore quelques pistes noires.
Nous avons pris le petit déjeuner tous ensemble, puis, trop vite, ils sont partis en même temps, me
laissant à ma solitude. L’appartement, si petit d’habitude, m’a paru soudain vaste et désert. J’ai lu un
moment, mais ce n’était pas pratique, parce qu’il fallait tenir le livre d’une seule main. Je n’arrivais pas à
tourner les pages. J’ai rapidement abandonné. Comme je ne supportais plus le silence, j’ai allumé le
vieux téléviseur ; les émissions étaient toutes plus bêtes les unes que les autres, mais ça me faisait une
distraction.
Vers midi, j’ai décidé qu’il était temps de manger. Comble du comble, c’était Isa qui m’avait
gentiment préparé un sandwich le matin, avant de partir. Je ne pouvais même pas la détester. La vérité,
c’est que j’aimais François depuis toujours, et que je n’avais jamais osé le lui dire. Encore moins depuis
qu’il était avec elle, évidemment. J’avais bien mérité ce qui m’arrivait.
Dans le frigo, j’ai pris une canette de coca et l’ai posée sur le plan de travail pour l’ouvrir de la main
gauche. La télévision marchait toujours, ce qui explique sûrement que je ne l’aie pas entendu arriver. Une
main s’est posée sur mon épaule ; j’ai sursauté, manquant de renverser le soda.
– Excuse-moi, je voulais voir comment ça allait, je ne voulais pas te faire peur.
Il avait une si belle voix, grave, profonde. La joie s’est répandue en moi, et j’ai fermé les yeux pour
mieux la savourer. Il n’a pas retiré sa main de mon épaule. Au lieu de ça, il a fait un pas vers moi.
– Ça va ? il a murmuré.
Je n’ai pas répondu. Il était si près que je sentais son odeur. J’avais le souffle coupé. Ses mains ont
glissé sur moi, ses lèvres ont effleuré ma nuque. J’ai soupiré, à peine. Dans le coin du séjour, la
télévision braillait toujours.
Alors, tout s’est accéléré, l’espace entre nous a disparu. Il était tout contre moi, son érection contre
mes fesses, et nos bouches se sont trouvées, embrassées, mordues.
– J’ai tellement envie de toi, il a dit, tout contre mes lèvres.
Je le savais. Je l’avais toujours su. D’une main, il a baissé son pantalon, sorti son sexe bandé ; à mon
tour, j’ai déboutonné mon jean, offert mon cul, impudique. S’emparant de la bouteille d’huile d’olive qui
était près de l’évier, il en a répandu sur sa main.
Aujourd’hui encore, l’odeur de l’huile d’olive représente pour moi la quintessence de l’érotisme. Il
me suffit d’en respirer pour que le désir m’envahisse. Ce parfum, c’est un peu ma madeleine, une
réminiscence du plaisir brut de notre seule étreinte.
Ses doigts se sont glissés entre mes fesses, et le plaisir m’a submergée. J’en voulais plus, toujours
plus, et je n’ai pas protesté quand j’ai senti sa bite dure contre mon anus. Oui, qu’il m’embroche,
maintenant, tout de suite. M’appuyant d’une main sur le plan de travail, j’ai tendu mon cul et j’ai crié
quand j’ai senti son gland me pénétrer, me dilater autour de lui. Malgré l’huile, j’avais mal, mais c’était
si bon, si bon de l’avoir enfin en moi. Il a grogné de satisfaction, ses mains se sont crispées sur mes
hanches, et d’un mouvement brusque, il s’est enfoncé au fond de mes fesses. La douleur s’est fichée en
moi comme une flèche ; pourtant, pour rien au monde je n’aurais voulu qu’il s’arrêtât. Et, tandis qu’il me
labourait le cul, tandis que, lentement, la jouissance montait au fond de moi, j’ai imaginé qu’Isa arrivait,
j’ai imaginé qu’elle surgissait soudain et tombait sur cette scène. Elle aurait vu son copain m’enculer.
Elle aurait su qu’il était tout à moi, maintenant, et pour toujours. Cette vision a décuplé mon plaisir ;
l’orgasme a fondu sur mes pensées.
Je n’ai pas de mot pour décrire l’extase que j’ai connue. Ce sont des choses, sûrement, qui n’arrivent
qu’une fois dans une vie. Rien de ce que j’ai expérimenté par la suite ne peut se comparer à cet instant, à
sa violence et sa beauté.
Le prix à payer en fut lourd : ce fut la fin de notre amitié. Je crois bien qu’il m’aimait sincèrement,
mais il n’était pas prêt à l’accepter. Cette après-midi-là, il alla retrouver Isa et les autres, prétextant qu’il
ne voulait pas qu’elle soupçonnât quoi que ce fût.
– Tu ne m’en veux pas, hein ? demanda-t-il.
Non, je ne lui en voulais pas. Je n’ai jamais pu lui en vouloir.
Ironiquement, Isa était radieuse quand ils rentrèrent vers 17 heures : son amoureux l’avait rejointe.
Pendant la soirée, je gardai le silence, m’enfermant dans le désespoir. Sébastien, persuadé que j’avais
mal supporté ma journée de solitude, enchaîna les plaisanteries pour me dérider. Je fis mon possible pour
me joindre aux rires, mais le cœur n’y était pas. Chaque fois que je croisais le regard fuyant de François,
quelque chose se déchirait dans mes entrailles.
Le retour fut une ordalie. Après avoir déposé Sébastien et Camille qui repartaient en train d’Annecy,
nous nous retrouvâmes tous les trois confinés dans ma vieille Renault. François conduisait ; j’étais à
l’arrière. Isa, très joyeuse, ne cessait de lui débiter des tendresses. Lui répondait à peine. J’avais mal
pour elle.
De retour à Lyon, je pris mes distances. Je ne pouvais plus feindre l’amitié. Je ne répondis pas aux
coups de téléphone de François et évitai les soirées où je savais pouvoir croiser le couple. Ce fut
étonnamment facile. Il faut croire que lui non plus ne tenait pas à me revoir.
Quelques mois plus tard, j’appris qu’ils avaient rompu. La nouvelle ne m’étonna pas. Malgré tout, je
décidai de ne pas renouer le contact. Il était trop tard.
La page était tournée.
LA REINE DES NEIGES
Flore Cerise
J’ai trente ans, je suis blonde, et je ne sais pas skier. Et pour clore le bec aux mauvaises langues, non,
ces éléments ne présentent aucun rapport de cause à effet entre eux ! Donc, rien de grave au demeurant,
sauf quand mon boss m’annonce avec un grand sourire :
— Nathalie, j’ai organisé un team building à Ovronnaz !
Au programme, pour renforcer la cohésion de l’équipe et créer un environnement favorable au
travail : jeux de management, formations expérientielles, activités ludiques et sportives, parmi
lesquelles… ski. Gloups ! Pour une fois, attraper la grippe, voire la gastro, ne m’aurait pas dérangée.
Mais non, pas même un minuscule mal de tête. En pleine forme pour les trois heures et demie de route
entassés dans un minibus. Eh oui, le team building commence dès le voyage ! J’ai le vague sentiment
d’être forcée de partir en colo.
Et voilà comment je me retrouve avec mes cinq collègues dans une station alpine suisse plus connue
pour ses bains thermaux que pour ses pistes.
Forcément, je suis la seule à n’avoir jamais fourré mes petons dans ces épouvantables chaussures
aussi voyantes qu’inconfortables. Sans parler de la combinaison multicolore… Bref, que du bonheur. Et
le pompon :
— Nathalie, comme tu ne sais pas skier, tu feras équipe avec Dimitri. Il était moniteur pour enfants
durant ses études.
J’hésite entre tomber à la renverse ou démissionner. Le petit nouveau ! Le petit nouveau que je forme
depuis trois mois, frais émoulu de l’université, va me donner des cours ?! Un, je ne veux pas apprendre ;
deux, je ne veux pas de lui ; trois, je veux rentrer à la maison ! Par miracle, je réussis à sourire. Dimitri,
quant à lui, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, arbore un air dépité. Il rêvait sans doute de pistes
noires.
Bien trop vite à mon goût, me voilà au sommet de la montagne, à fixer les sapins enneigés qui
courbent leurs branches comme pour me saluer. Ave, Caesar, morituri te salutant. Mon cœur cogne dans
ma poitrine, mes oreilles bourdonnent, des points lumineux dansent devant mes yeux.
— Ça va, Nathalie ?
La voix de Dimitri manque me faire sursauter. La pente blanche me nargue. Des mômes hauts comme
trois pommes la dévalent à la queue leu leu, et moi, je la contemple avec le doux espoir qu’elle
disparaisse. Les collègues se sont bien gardés de m’annoncer la couleur – c’est le cas de le dire – : il n’y
a qu’une piste bleue à Ovronnaz. Les autres sont rouges ou noires ! Au moins, Dimitri m’a épargné celles-
ci. Sans doute pour éviter de devoir rapatrier mon cadavre.
— Nathalie ?
Mes jambes tremblent, mon casque me gêne, mes skis glissent – je sais, je sais, c’est l’idée de base !
–, donc non, ça ne va pas. Mais je ne l’avouerai que sous la torture. Comme je ne fais pas confiance à ma
voix, je me contente d’un hochement de tête. Et c’est parti. Dimitri descend en chasse-neige, je le suis. Je
me rappelle ses conseils : pieds rentrés vers l’intérieur, genoux pliés, épaules détendues. Aucun de mes
muscles ne l’est. Aussitôt, mes skis se croisent et c’est la chute. Je finis étalée dans la neige. Tout ça en
même pas cinq minutes.
La journée promet d’être longue. Très longue.
Galant, Dimitri me rejoint.
— Ça va ?
Le mieux du monde, j’adore me vautrer en public ! S’il me pose encore une fois cette question
stupide, j’efface son sourire empli de commisération à coups de bâtons. Qu’ils servent au moins à
quelque chose !
Il me tend la main. Même si je rêve de la repousser, je m’assois sur mon ego et la saisis. Il m’aide à
me redresser. Mes doigts sont toujours prisonniers des siens et, étrangement, je n’ai pas envie de les
lâcher. Peut-être parce que je redoute de reprendre la leçon.
— On continue ? propose-t-il.
Nouveau hochement de tête. À croire que j’ai perdu ma langue bien pendue.
Cette fois, je chute au premier virage. Il remonte aussitôt la pente.
— Vous avez tourné les épaules vers le sommet…
— Je fais ce que je peux, grommelé-je en époussetant les flocons de mes fesses.
Pauvre Dimitri. Le soleil brille, la neige est parfaite, les pistes presque désertes, et il doit se coltiner
la godiche de service.
Sans perdre patience, il m’explique à nouveau comment exercer une pression sur les arêtes internes
de mes skis, afin que celles-ci mordent la neige, ce qui me permettra de contrôler ma vitesse et ma
trajectoire. Mais bien sûr, ce n’est pas la théorie, le problème.
Et on y retourne. Je glisse, je tombe. Je reglisse, je retombe. Dimitri ne se lasse jamais, ne cesse
jamais de sourire. Alors, je m’applique ; je commence à me détendre et à apprécier sa compagnie.
— Je vous propose une pause-café, m’annonce-t-il au sommet de la dernière longue pente qui
surplombe le restaurant.
Fatiguée, j’acquiesce. Il repart en douceur. Élève persévérante, je suis ses traces, jusqu’à ce qu’un
imbécile pressé me coupe la route. J’en perds mon chasse-neige et me retrouve face à la pente, skis
parallèles. Avant d’avoir pu réagir, je suis en train de la dévaler à toute vitesse. Un cri me parvient de
très loin. Je réalise que c’est le mien. Les secondes ralentissent alors que j’accélère. Le paysage se
brouille, le bord de la piste approche. Dans un réflexe, je bascule sur le côté. Mes jambes effectuent un
grand écart qui met ma souplesse à rude épreuve, j’entends un clac et je m’arrête dans un nuage de
poudreuse avec l’impression d’être passée dans un lave-linge. Allongée dans la neige, le cœur cognant
dans la poitrine, je halète comme si je venais de courir un marathon.
— Nathalie, ça va ?
Dimitri est là. Il me couve de ses yeux noisette.
— Je… je crois.
— Je vous ai rapporté votre ski.
— Mon ski ?
Un regard m’apprend qu’il ne m’en reste qu’un. La fixation a dû lâcher durant mes acrobaties.
— Vous êtes sûre que ça va ? reprend-il.
Hébétée, je secoue la tête. Il me déchausse, s’assied à mes côtés, glisse un bras autour de mes
épaules. Vaincue, je m’appuie contre lui. J’ai besoin d’un mâle, d’un vrai, pour m’apaiser. Il sent bon
l’après-rasage, le soleil et le vent. Je me sens bien. Un peu trop bien peut-être. Même si je sais que mon
désir est lié à la peur, ce team building me paraît soudain dangereux.
— Et si on allait boire ce café ? demandé-je brutalement, aiguillonnée par la nécessité de rompre le
contact.
Étonné, il acquiesce et m’aide à me relever. La douleur explose dans mon genou droit. Je hoquette,
retombe dans la neige.
— Ça va ?
Encore ces mots ! J’hésite entre lui hurler dessus ou éclater de rire, puis opte pour la sobriété :
— Mon genou crie grâce…
— Laissez-moi voir.
Sans attendre ma réponse, il enlève ses gants, remonte la jambe de ma combinaison et palpe
l’articulation, la mobilise en douceur. Ses mains habiles me troublent. Si elles s’égaraient plus haut, je…
Sa voix me fait tressaillir :
— Sans doute une légère entorse. Je crois que vous ne skierez plus cette semaine…
En suis-je soulagée ou déçue ? Je déciderai plus tard.
— Vous pensez que je dois voir un médecin ?
— Attendez demain. L’articulation n’est ni chaude ni gonflée. Je vais vous ramener à l’hôtel. Un bon
bain vous aidera peut-être.
En voilà une merveilleuse idée ! À défaut de dévaler des pentes trop raides pour moi, je profiterai
des sources thermales. Il enchaîne, presque gêné :
— Et si vous voulez un jour remonter sur des skis, c’est volontiers que je vous accompagnerai.
Je le dévisage réellement pour la première fois. Traits fins, mais virils. Nez droit, bouche bien
dessinée. Appétissant. Quant à sa silhouette… Puissante, large d’épaules. Pourquoi ne l’ai-je pas
remarqué plus tôt ? Avant que j’aie pu les retenir, les mots jaillissent :
— Venez aux bains avec moi.
Il ne dit pas non.
Par ce magnifique après-midi, le spa immaculé est presque désert. Nous sommes nus sous nos
peignoirs : l’espace bien-être est naturiste, ce qui ne semble pas déranger Dimitri. Team building
jusqu’au bout.
Des effluves de pin et d’eucalyptus chatouillent mes narines. Une dizaine de chaises longues jouxtent
un bassin intérieur. Dehors, un immense jacuzzi surplombe la vallée.
— Par quoi voulez-vous commencer ? me demande-t-il.
— Le hammam…
Galant, il m’offre son bras sur lequel je m’appuie davantage que nécessaire : je n’ai presque plus
mal.
Nous troquons nos peignoirs contre de minuscules serviettes de bain – la mienne me permet de
couvrir tant bien que mal ma poitrine et mes fesses – et entrons dans une pièce saturée de vapeur
odorante. Deux silhouettes se serrent l’une contre l’autre à proximité de la porte. Je l’entraîne au fond de
la salle et m’installe sur la banquette décorée de mosaïques. Le silence règne, à peine troublé par le bruit
des gouttes de condensation qui tombent sur les dalles. Je ferme les yeux et tente de me détendre dans la
chaleur humide qui nous enveloppe. La présence de Dimitri me trouble. Je sens son corps à proximité,
devine ses longs membres proches des miens. Je coule un regard entre mes cils et manque sursauter. Il me
dévore de ses iris noisette. Des gouttelettes de transpiration parsèment son torse. L’une d’elles, plus
téméraire, roule entre ses pectoraux, suit la ligne marquée entre ses abdominaux pour disparaître dans la
serviette.
Son physique est juste… miam ! Seules des heures de musculation peuvent sculpter un tel corps. Mes
doigts rêvent de redessiner ses épaules, puis d’emprunter le chemin tracé par cette gouttelette, toujours
plus bas. Si j’osais… Non ! Je suis sa collègue, sa formatrice. Je tourne et retourne les mots dans ma tête,
et finis par abandonner la partie ainsi que mon code de déontologie.
Il est temps de le remercier pour ses leçons de ski. J’inspire un bon coup, me coule à terre, entre ses
genoux, écarte les pans de sa serviette. Sa virilité dressée me confirme que je ne lui suis pas indifférente.
— Nathalie, que… chuchote-t-il, affolé.
— Chut ! Vous ne voudriez pas que nous soyons découverts ?
Avant qu’il puisse répondre, je me penche et le prends entre mes lèvres. Il ravale son air, ses doigts
se crispent sur le rebord de la banquette. Du bout de la langue, je parcours son gland gonflé, taquine le
frein, puis glisse le long de sa hampe. Il est long, épais, brûlant. Je l’avale, l’engloutis jusqu’à la garde,
puis remonte paresseusement, savourant la peau fine, délicate, fragile presque. Son parfum musqué me
grise. Mes dents l’agacent au passage, avant de le relâcher. Ses doigts s’emmêlent dans mes cheveux, me
supplient avec légèreté de le reprendre. Je cède.
Alors, j’entame un lent va-et-vient avec mes lèvres, mes dents, ma langue. D’une main, je le caresse
au même rythme que ma bouche ; de l’autre, je masse ses testicules en douceur. Il gémit. Le son s’égare
dans le brouillard. Sa respiration s’accélère, ses paumes pèsent sur mon crâne. Il se cambre, halète. Il est
à moi.
Je le relâche, me recule. Sa verge palpite contre son ventre. Il ouvre les yeux, surpris.
— Que…
— Un gentleman ne prend pas son plaisir avant sa partenaire. Retrouvez-moi dans le jacuzzi.
Sans un regard en arrière, je l’abandonne là, frustré, traverse le hammam et sors. Le couple de la
porte a disparu. Je contourne les chaises longues. Un homme et une femme d’un certain âge devisent à mi-
voix, les yeux dans les yeux, en sirotant une tisane ; deux adolescents batifolent dans le bassin intérieur.
Leurs regards appuyés alors que je pousse la porte menant à l’extérieur m’apprennent qu’ils n’ignorent
rien de ce qui s’est passé au cœur de la brume. Les joues en feu, j’abandonne ma serviette sur un transat
et m’enfonce dans l’eau chaude. Aussitôt, des myriades de bulles caressent ma peau sensible. Viendra-t-
il ?
Les secondes s’écoulent. Je fixe la porte, la gorge serrée. Quand elle pivote enfin sur ses gonds et que
la haute silhouette de Dimitri avance d’un pas assuré vers le jacuzzi, je ne peux retenir un soupir de
soulagement. Dressé au bord du bassin, il me toise, tel un dieu grec. Sans hésiter, il se débarrasse de sa
serviette. Un spasme tord mon ventre au spectacle de son membre tendu sur lequel il a pris le temps
d’enfiler un préservatif. Tournant toujours le dos aux baies vitrées, il descend dans l’eau. Je ne le quitte
pas des yeux. Je le veux en moi, maintenant.
Il me rejoint, s’allonge à demi sur un siège incliné. Le son mat des bulles qui éclatent sature
l’atmosphère, nous isole. Ses mains se posent sur ma taille, m’attirent sur lui. Je place mes genoux de part
et d’autre de ses hanches et m’abaisse, le regard planté dans le sien. N’importe qui pourrait nous
surprendre et pourtant nous nous sentons seuls au monde. Son gland effleure ma toison, glisse le long de
mon clitoris, appuie contre mes nymphes et se fraie un chemin dans les chairs moites. Je m’immobilise
pour savourer l’instant, le désir qui me tord le ventre, le besoin d’être remplie.
— Nathalie…
Mon prénom est une douce supplication à laquelle je cède aussitôt. Je m’empale d’un coup sur sa
verge dans un feulement de contentement ; nos bassins se rencontrent. Il étire mes parois, me comble. J’en
veux davantage. Les mains sur ses épaules, j’oscille d’avant en arrière, lentement, pour savourer chaque
sensation, chaque friction qui me caresse de l’intérieur. La tension vibre en moi, s’intensifie, et bientôt,
j’accélère le rythme, tenaillée par une faim intense. Il me dévore du regard, alors que je le chevauche
avec rage ; il s’empare de mes seins, les presse. Le plaisir monte, culmine. Je vacille au bord du gouffre.
Il fait rouler mes tétons durcis entre ses doigts, les pince ; un arc électrique parcourt mon dos, irradie mes
reins. L’orgasme me fauche. J’explose en milliers de fragments.
Ses ongles s’impriment sur mes hanches, alors qu’il s’enfonce plus loin en moi, si loin qu’il tape
contre le fond de mon ventre, envoyant une nouvelle décharge de plaisir qui me transperce. Il jouit dans
un grognement, les traits crispés, terribles, magnifiques.
Épuisée, je m’affaisse contre son torse. Il est toujours en moi, et je n’ai pas envie qu’il se retire. Nous
restons ainsi ce qui me semble une éternité, puis il me soulève de ses mains glissées sous mes fesses et
me dépose avec délicatesse sur le siège voisin. Épaule contre épaule, nous fixons l’azur du ciel.
— Et maintenant ? demande-t-il à mi-voix.
Je roule sur lui, plante mon regard dans le sien. Ma réponse est prête depuis que j’ai quitté le
hammam :
— Maintenant, nous formons une équipe.
C’EST LE PIED !
ChocolatCannelle
Il est près de minuit quand nous arrivons chez moi. Comme convenu, Isabelle a gardé Tom. Je crois
qu’elle s’est assoupie dans le salon, car elle met quelques secondes à réagir. Lorsqu’elle nous voit enfin,
elle sourit, annonce que tout s’est bien passé et qu’elle m’appellera demain. Elle enfile rapidement ses
chaussures, son manteau, prend son sac à main accroché à la patère et sort en faisant un vague au revoir
de la main. Nous reprenons là où nous avons été interrompus. Vincent me mordille l’oreille. Ce n’est pas
désagréable en soi, mais je me demande s’il réussira à garder la juste mesure entre mordillement qui se
veut excitant et morsure douloureuse. Je me reproche aussitôt cette pensée : il faut sans cesse que je gâche
tout. Après tout, Vincent ne s’est pas mal débrouillé jusque-là. Il m’a fait boire suffisamment de vin
(délicieux, ce vin ! Je reconnais audit Vincent la capacité de choisir un bon cru) pour que j’oublie la
médiocrité de notre conversation. Isabelle m’a précédemment dépeint mon rendez-vous du jour comme
« charmant ». Si on le fait taire, il répond en effet au qualificatif.
Trois jours plus tôt, Isabelle m’a annoncé qu’elle m’a déniché un rencard. Comme si j’avais besoin
d’un rencard… Depuis trois mois, aucun homme ne m’a touchée. L’apathie sexuelle n’a pas bonne presse.
Je sais ce que l’on murmure autour de moi. Il me paraît cependant être arrivée à un âge de raison, où la
vie à deux – je veux dire, celle de mon fils et moi – suffit à mon bonheur. J’ai vingt-neuf ans, un garçon
magnifique de six ans, pas de mec. Je suis libre. Bien sûr, je ne peux le nier, la nostalgie m’envahit par
moments, mais je la chasse du revers de la main. Mieux vaut être seule que mal accompagnée. Et jusqu’à
présent, aucun homme ne m’a permis de me sentir spéciale. Bref, les hommes m’ennuient. Surtout au lit.
Du plus loin que je me souvienne, je n’ai jamais ressenti de grand frisson. Certes, quelques mâles ont
pu m’offrir un état de cotonneux bien-être lorsqu’ils m’ont massé le dos, lorsqu’ils m’ont caressé
suffisamment, extérieurement et intérieurement, si je puis dire. Mais jamais je n’ai explosé. Le sexe est
une activité passable. Je m’y suis résignée. Je me doute bien que Vincent ne réussira pas grand-chose non
plus, malgré les verres de pommard que j’ai ingurgités en songeant que cela m’aiderait à trouver la soirée
émoustillante.
Où Isabelle l’a-t-elle dégotté, celui-là ? Service technique de sa boîte, je crois me souvenir. Elle le
trouve charmant, parce qu’il est parvenu à lui débloquer sa messagerie en un tour de main. Ce doit être à
peu près ça, telle que je la connais. Je n’étais pas chaude pour rencontrer l’individu en question. J’ai des
petits rituels, le soir : je m’enfonce dans le canapé avec un bon livre et une tasse fumante de thé vert. Le
samedi, je m’offre aussi un verre de liqueur. Vincent dérange mes habitudes. Je n’ai malheureusement pas
pu refuser. Isabelle s’est donné du mal pour m’obtenir un rendez-vous, et elle a proposé de garder Tom.
Mon fils s’est trouvé enchanté que je sois invitée au restaurant. D’autant plus qu’Isabelle est arrivée avec
un DVD d’Astérix. C’est tout juste s’il ne m’a pas mise à la porte. Il a pris sa petite bouille sérieuse pour
me recommander de m’amuser, mais de ne pas revenir trop tard, parce que les adultes aussi ont besoin de
dormir.
Nous sommes dans le corridor. Vincent me bouscule un peu, il se presse contre moi, m’étreins. Il
s’impatiente. Je n’ai pas fini d’ôter mon manteau. Je quitte mes bottes, les aligne, mais Vincent ne me
laisse pas retarder davantage le moment fatidique… Il fait passer mon pull au-dessus de ma tête.
Dessous, une autre épaisseur. Je m’amuse presque de son dépit. Il ne l’entend pas de cette oreille, palpe
mes seins, dégrafe le soutien-gorge d’un geste, avant de soulever tout ce qui me couvre encore le buste.
Mes seins se dressent. Vincent se jette sur eux, bouche la première. Une caresse des lèvres, la langue qui
s’en mêle, le bout des dents – encore ! Il me tète. C’est tout à fait tolérable. Malgré sa voracité, il réussit
à me soutirer un soupir. Oui, décidément, il est assez surprenant, ce Vincent. La nuit ne sera peut-être pas
aussi assommante que j’ai pu le penser ?
À moitié nue, je titube jusqu’à la chambre et m’affaisse sur le lit. Pas le courage d’enlever les
vêtements restants. Qu’il s’en charge, puisqu’il semble si plein d’énergie ! Il s’affaire déjà sur ma culotte.
Il a même ôté ses propres vêtements sans que je le remarque. Je vois sa peau pâle. Son corps est svelte.
Son torse est dépourvu de poils. Son sexe aussi, curieusement. Je me demande quel effet fera ma touffe
sur sa libido. Son braquemart paraît d’ailleurs bien interrogatif. Il oscille. C’est parce que Vincent ôte ses
chaussettes. Il a raison, rien de pire que les chaussettes en bas des jambes alors que l’homme est nu. C’est
tellement kitsch. Il s’allonge enfin, reprend sa succion de mes seins tout en plaçant un doigt contre les
lèvres de mon sexe. Il frotte ma vulve comme Aladin la lampe. Je murmure « Sésame, ouvre-toi », parce
que je suis un peu saoule, je le reconnais, et que je me demande quand il essaiera d’entrer. Le frottement
s’interrompt, le doigt est dedans. Il va et vient comme un pénis miniature. Je ne me suis pas encore
intéressée à la taille de son grand frère, d’ailleurs. Je glisse une main entre ses cuisses et me saisis de la
bête. J’en fais le tour de mes doigts. Je serre un peu pour évaluer la dureté de l’engin. En somme, la verge
est à l’image du gaillard : dans la norme. La baise le sera aussi, sans doute, parce que je commence à
m’ennuyer. Je regrette d’avoir emmené mon prétendant chez moi. Son petit doigt me gratte la paroi. Il doit
chercher le point G. Il s’applique. Il veut me donner un premier orgasme avant de me pénétrer. J’ai
presque envie de lui expliquer que ce n’est pas la peine, qu’il vaut mieux qu’il fourre directement son
pieu, qu’il s’agite un peu plus, parce que son doigt m’irrite. Je me sens sèche. Vincent semble entendre
ma muette requête (à moins que j’aie parlé à voix haute ?) : de son grand corps blanc, il me plaque sur le
lit, écarte sans ménagement mes cuisses et commence son mouvement de ramonage. C’est régulier,
apaisant comme le pendule d’un hypnotiseur. Il vient, il va, s’insère, s’arrête un court instant au moment
où il touche le fond, repart. Pour l’instant, le mouvement est legato. Il ne le reste pas. Il a besoin de
stimulation plus forte, de gestes plus brusques. Le mécanisme opère alors un staccato endiablé. La
machine s’emballe, l’homme halète, ça vient. C’est toujours ainsi quand l’éjaculation se prépare. Il se
raidit, et c’est la délivrance. L’homme m’écrase de son poids, dans la béatitude imbécile qui survient
après l’orgasme.
Je ne me souviens pas de ce qui est arrivé ensuite. Je me suis endormie. Comme je n’ai pas fermé le
volet de la chambre, je me réveille tôt. On est dimanche, six heures s’affichent sur le radio-réveil, un
chasse-neige circule dans la rue. À côté de moi, ronflant, l’homme dont je ne retrouve plus le prénom. Je
le secoue. Le ronflement s’interrompt, mais il ne se réveille pas. Alors, je lui pince les fesses. Il sursaute,
ouvre les yeux, me sourit tendrement en me disant « bonjour chérie ». Je déteste ça. Je suis prise d’une
bouffée de haine contre son contentement imbécile. Je saute sur mes pieds, attrape ses vêtements, les lui
lance avec un : « Allez, salut ! Tu connais la sortie, je ne te raccompagne pas. » Le mâle a sa fierté, ou
alors il me prend pour une folle. Il ne répond rien. Deux minutes plus tard, la porte d’entrée claque.
Je me souviens, il s’appelle Vincent. Je prends une douche bien chaude qui me remet les idées en
place. Nouvel essai, nouvel échec. Encore un qui ne m’a pas fait décoller. Je pose mon front contre la
vitre et souffle un peu. De mon index, sur la buée, je trace un point d’interrogation. Pourquoi en est-il
ainsi ? Je dois être frigide ou quelque chose comme ça. Le chasse-neige, dans la rue, continue son labeur.
Peine perdue, car des flocons tombent à nouveau. Je décide de me rallonger. Il est trop tôt pour me lever.
C’est le téléphone qui me tire de mon sommeil. Isabelle ! pensé-je aussitôt. Je soupire. Je préfère faire la
morte. Je dirai que j’étais partie. Oui, voilà, j’ai promis à Tom de l’emmener faire de la luge dès que
l’occasion se présentera. Deux semaines durant j’ai repoussé cette sortie, alors que la neige couvre le
Vercors sans discontinuité. Ce sera donc aujourd’hui. On va prendre un solide petit déjeuner, chausser
nos bottes à fourrure, coiffer notre tête d’un ridicule bonnet de laine, et hop ! direction Saint-Nizier ou
Lans. Nous déjeunerons sur place. Quand je lui annonce la nouvelle, Tom trépigne de joie. Je n’aime pas
beaucoup patauger dans la neige et je n’ai pas fait de luge depuis mes dix ans. Heureusement, ma Twingo
est équipée de pneus adaptés, car la route est assez mauvaise. De fins flocons virevoltent encore. Il n’en
faut pas plus pour enthousiasmer Tom. J’ai de la chance d’avoir un petit bonhomme comme lui, toujours
de bonne humeur.
Un fléchage m’invite à me garer sur un parking gratuit proche des aires de jeux. Sur place, on peut
louer des raquettes et marcher sur des pistes aménagées pour les débutants. Je le saurai pour une
prochaine fois. La marche, voilà qui me semble moins dangereux que de se laisser glisser du haut d’une
pente vertigineuse. Car c’est ce qui nous attend, avec la luge que j’ai sortie du coffre, et je m’en effraie.
— Il n’y a pas de petite descente pour enfants ? demandé-je à quelqu’un qui se trouvait là.
Je regarde le badge accolé à son anorak jaune. Olivier, animateur du centre de loisirs, brevet de
secourisme. Le jeune homme baisse les yeux un instant, comme d’autres les lèveraient au ciel, puis me
répond :
— Les enfants raffolent des sensations fortes. Quand on aménage des descentes moins hautes, moins
pentues, ils s’ennuient. Donc non, celle que vous voyez à votre gauche est la plus paisible. Nous
conseillons le port du casque, cependant, pour les plus jeunes.
Olivier m’assène cela le plus tranquillement du monde. Je n’ai que le temps de répondre merci, Tom
me tire déjà vers la piste de luge. Je m’arrête tout de même pour louer un casque et le fixe sur sa tête.
Quelle journée ! Au milieu du chahut, des boules de neige que se lancent des enfants, des cris suraigus de
ceux qui dévalent la pente à toute allure, je me sens mal à l’aise. Quelle idée de venir ici ! J’aurais dû
chercher un talus banal pour notre luge. Quand j’étais petite, je ne me rendais pas sur de telles pistes !
— Une descente, et après, on va déjeuner !
Après le repas, je trouverai bien une occupation moins dangereuse pour distraire Tom. Il y a peut-être
un ciné dans le coin, une piscine à boules ou que sais-je… J’aperçois Mélanie et son fils Kévin, un
camarade de classe de Tom. Je leur fais signe.
— Ah, c’est chouette que vous soyez ici ! On descend ensemble ? Les premiers en bas ont gagné !
Comme je compte freiner autant que possible l’engin infernal, aucune chance d’arriver les premiers !
Je tais bien sûr à Tom la manœuvre de bridage de la luge que j’espère réussir… Nous nous élançons
donc. Malgré moi, je ferme les yeux un court instant. Dire que dans quelques années, mon fils va vouloir
m’entraîner à la fête foraine dans des manèges où l’on tourne sur soi à grande vitesse, où l’on se retrouver
tête à l’envers, et j’en passe. La luge, ce n’est qu’une première étape… Je serre Tom tout contre moi de
mon bras gauche et, de ma main droite, j’essaie de diriger l’engin qui file dans le vent, et freine tant que
je peux avec mes pieds. J’ai peur, mais m’efforce de ne pas le montrer.
Enfin, nous arrivons en bas de la piste, et je pousse un soupir de soulagement. Tom s’écrie que c’était
« trop génial », en écho à Kévin qui souhaite déjà recommencer. Je me lève à mon tour, cherche à
enjamber la luge et sens soudain une douleur vive au pied droit. Plus exactement à la cheville. Je me
rassois. Impossible de poser mon pied, je souffre trop. J’ai dû faire un mauvais mouvement dans ma
tentative de freinage. Mélanie, qui me voit grimacer, me demande ce que j’ai.
— Ma pauvre, attends-moi ici, je vais chercher Olivier !
L’homme que j’ai rencontré précédemment arrive. Il m’aide à me soulever et m’entraîne dans un local
qui sert d’infirmerie. Il me soutient tant et si bien qu’en sautant à cloche-pied, je parviens à entrer dans la
pièce. Mélanie m’a promis de garder mon fils en mon absence. Ils iront manger des frites et un hot-dog.
Pleinement rassurée, je m’assois.
— Voyons de plus près votre cheville ! Mais… je ne me suis pas présenté… Olivier. Je suis
animateur pendant les week-ends d’hiver et pendant les vacances de février. Le reste du temps, je suis
étudiant en médecine. Ici, je m’occupe de tous les petits bobos des enfants… On va dire que c’est une
répétition. Je veux me spécialiser en pédiatrie. Pour en revenir à votre cas : c’est sans doute une cheville
foulée, mais je dois la palper pour être sûr que rien n’est cassé. Détendez-vous. Je vais ôter votre botte.
Olivier s’exécute. Je me retiens de pousser un cri lorsqu’il ôte la botte. Il descend ensuite la
chaussette en laine. Mes orteils sont gelés. Olivier, qui soutient mon pied, les presse contre sa paume
chaude, puis s’intéresse à ma cheville.
— Oui, c’est bien ce que je pensais. Une simple foulure. Vous en serez quitte pour deux jours sans
poser le pied. Il faudra appliquer de la glace.
Tout en me délivrant ce diagnostic, Olivier a repris ses pressions de mes orteils.
— Vous avez bien trop froid. Si je puis me permettre, je vais vous réchauffer ça.
Il n’attend pas ma réponse. Il réchauffe mes orteils un à un et masse la plante de mon pied.
— Le deuxième, s’il vous plaît.
Il défait botte et chaussette, puis s’applique à me réchauffer. Le massage de la voûte plantaire est un
moment délicieux. Il presse les jointures de ses doigts contre des points qui lui paraissent contractés. Je
ressens alors un tel bien-être… Un fourmillement me parcourt des pieds à la tête. Ce chatouillement
s’amplifie aux abords de mon ventre, de mon sexe. Je perçois un ruissellement. Cela coule hors de moi.
Olivier, penché sur son travail, ne remarque rien. Je l’observe attentivement. Il est jeune. Cinq ans de
moins que moi, environ. Sa voix calme, posée, toute sa physionomie, sa stature rassurent. Ses gestes sont
apaisants. Je me sens en confiance avec lui. Et je le désire. C’est monté en moi, comme une évidence. Je
désire cet homme.
Quand Olivier lève les yeux sur moi, je crois qu’il a compris. Je lis cette même envie dans son
regard. Il se penche alors un peu plus vers mes pieds et prend mes orteils en bouche, un à un. Sa langue ne
reste pas inactive. Il me suce, me lèche. C’est surprenant, et terriblement excitant. J’imagine les miracles
qu’il est capable d’accomplir s’il porte ses lèvres sur le bourgeon situé entre mes jambes. Puis je pense à
ce que je peux faire, moi. Alors que c’est une pratique sexuelle à laquelle j’ai jusqu’à présent toujours
refusé de m’astreindre, j’imagine mes propres succions sur sa tige, lorsque je l’aurai entièrement en
bouche.
— Lève-toi, je t’en prie, lui dis-je.
Je suis passée au tutoiement sans calcul. Tout me paraît simple désormais. Olivier se redresse. Il se
tient tout contre moi. Je suis à la bonne hauteur pour descendre sa braguette, pour fouiller sous les replis
de tissu.
— Attends, je vais t’aider. J’ai tellement de couches de vêtements, rit-il. Et puis, je vais donner un
tour de clef à la porte d’entrée. C’est plus prudent !
Il me tutoie, aussi naturellement que je l’ai fait. Il défait bouton, agrafe, descend pantalon et caleçon.
Dessous, la bête, fièrement, se redresse. Je l’admire un court instant. Oh non, celle-ci ne peut pas me
décevoir ! Je l’embouche illico et la suce. Je taquine de la pointe de la langue le méat. Je sens le gland
durcir encore contre mon palais. Olivier grogne de contentement. Il me la faut en moi. J’écarte
instinctivement les cuisses.
— Viens, lui dis-je. Je te veux.
La position n’est pas aisée. Je m’assois tout au bord de la chaise et soulève mes fesses. Olivier en
profite pour tirer sur mes vêtements. Tout vient en même temps. Il dégage une jambe, celle avec le pied
valide. L’autre accueille en boule pantalon, caleçon long et culotte. Inutile de forcer davantage la cheville
qui me fait souffrir. Olivier s’approche, s’arc-boute, se maintient comme il le peut sur l’assise de la
chaise d’un côté et sur son dossier de l’autre et s’enfonce en moi. Il me bourre. C’est ce que je pense en
l’instant. Il me bourre, me remplit, je me sens prise et pleine de lui. C’est une sensation terrible. Ma tête
est euphorique, mon corps exulte. Je perds tout contrôle, si bien que je l’invective : « Plus vite,
encore ! » Je ne me reconnais plus. « Fous-moi-la profond ! » râlé-je. Le pauvre fait ce qu’il peut. Il ne
se tient plus que d’une main pour soutenir de l’autre ma cuisse gauche, afin que mon pied ne pose pas par
terre. Il écarte ma jambe, m’ouvre davantage. Son pieu s’enfonce un peu plus loin en moi. Il m’a exaucée.
C’est alors que tout m’échappe, que mon vagin se contracte, mes yeux se révulsent, et je crie.
Impossible de tenir plus longtemps dans cette position, à cause de ma cheville. Olivier m’aide à me
rhabiller et embrasse délicatement mes lèvres. C’est vrai, nous n’avons rien fait dans le bon ordre. Il m’a
tout d’abord caressé les pieds… songé-je en souriant. Il a des mains magiques. Je ne trouve pas d’autres
explications. Tout s’est décoincé en moi, je sens la chaleur diffuse du plaisir irradier mon sexe. Je sais
que j’en ai encore besoin. J’ai surtout envie que ses merveilleuses mains touchent tout mon corps.
— Tu fais quoi, ce soir ? lui demandé-je.
— Je serai au Festival du film de montagne, me répond-il. Si tu n’es pas trop fatiguée, veux-tu
m’accompagner ? Je peux te trouver une paire de béquilles.
Je pense soudain à Isabelle. Je dois la contacter pour la remercier d’avoir gardé Tom… et lui
demander si elle peut passer à nouveau chez moi, avant que je ne rentre avec Olivier.
TÉLÉCABINE-MOI
Valéry K. Baran
Claire tournait en rond dans sa chambre d’hôtel en se rongeant les ongles jusqu’au sang. Cela faisait
des années qu’elle hantait les stations de sports d’hiver, cherchant à y satisfaire sa passion dévorante
pour la fondue savoyarde. La chaleur, la texture, le goût, tout l’enchantait dans ce mets unique. Mais
c’était la première fois qu’elle était en manque.
Tout avait commencé deux mois plus tôt. Elle avait rencontré Louis lors d’une soirée, et dégusté
l’abondante fondue coulant de son phallus d’élite au gland joliment galbé, bien épais, captivant. Le goût
en était exquis. Louis, doté d’une prostate d’une taille quasi surnaturelle, fournissait en veux-tu en voilà.
Jusque-là, Claire vivait toujours entre deux fondues, dans l’attente d’une fondue. Avec Louis, elle était
satisfaite en permanence, nourrie sous la bite comme un veau sous la mère. Elle était devenue la belle
captive du sperme de Louis. Mais les hommes, c’est connu, sont inconstants, et Louis se lassa de jouer les
vaches à lait. Il l’avait plantée là une semaine auparavant, Claire ne se sentait même plus la force de
sortir draguer un mec bien juteux. Le con tout sec, la bouche asséchée par le désir, affamée du sperme
frais au parfum capiteux du bon, du succulent Louis.
Elle s’enfilait une énième lampée de génépi à quarante degrés pour calmer sa souffrance, lorsqu’on
toqua à la porte. Elle alla ouvrir. Une vieille toute ratatinée accompagnée d’une grande punkette filiforme
aux cheveux teints en vert se tenaient sur le seuil. Elle allait claquer la porte au nez des deux témoins de
Jéhovah, quand la vieille chevrota :
— C’est toi qui cherches partout de la fondue ?
— Ah oui, oui, ça doit être moi, dit Claire.
— On peut entrer ? Je suis vieille, je fatigue.
— Bien sûr, entrez !
La vieille claudiquait pendant que la punkette couverte de piercings en forme d’épingles à nourrice la
soutenait par l’épaule. Claire les installa sur le canapé, préférant ne pas se demander jusque dans quels
endroits improbables les épingles à nourrice pouvaient se promener. Mamie repéra la bouteille de gnôle.
Elle en téta une grande rasade : « Ah, ça va mieux ! »
— Vous pouvez m’aider ? demanda Claire sans tourner autour du pot.
— Je peux vous dire comment trouver Kurtz.
— Kurtz ? C’est une vieille légende, du bidon pour allumer les touristes…
— Non, non, non. Il existe. Mais c’est dangereux, très dangereux. La dernière personne que j’ai
envoyée vers lui, il y a dix ans, n’a jamais reparu.
— Vous n’abuseriez pas du génépi, des fois ? demanda Claire, incrédule.
— Bien sûr que j’abuse du génépi ; à mon âge, il me reste quoi comme plaisirs ? Le génépi, c’est
savoyard et c’est bon. Mais c’est pas pour ça que je sais pas ce que j’dis.
La punkette sortit un dossier rempli de vieux feuillets :
— Regardez, son existence est attestée dès le dix-septième siècle. Ce sont des documents d’époque.
Et régulièrement, il refait surface.
Elle lui montra quantité de vieilles lettres, de coupures de journaux, avec des dessins représentant un
individu au front bas, la large mâchoire ouverte sur deux longues canines. Genre Neandertal. Un
survivant ? Repéré ni par la Nasa ni par GoogleEarth ?
— En admettant, dit Claire, je le trouve comment ?
— Vous montez tout en haut du CS4-22, dit la vieille.
— …
— Le chemin de service 4-22, précisa la punkette. C’est le seul moyen d’y arriver sans équipement
d’alpiniste en cette saison. C’est un chemin assez large pour permettre aux tracteurs d’aller remorquer les
arbres morts. En hiver, il est surtout utilisé par les randonneurs. En haut du chemin, vous arrivez dans le
domaine de Kurtz.
— Pour attirer son attention, vous faites brûler ceci, dit la vieille en lui tendant un morceau de chiffon
noué. C’est plein d’herbes aromatiques, ajouta-t-elle.
Les deux femmes se levèrent d’un coup en abandonnant herbes et dossier.
— Vous oubliez vos papiers, s’écria Claire.
— Gardez-les, dit la vieille. Moi, je serai bientôt morte, ma petite-fille aux cheveux verts n’en a rien
à foutre, ça vous sera plus utile qu’à nous.
— Et surtout, ne quittez jamais le chemin, lança la jeune fille avant de sortir. Jamais quitter le chemin.
Là-dessus, elles disparurent.
Le soleil venait à peine de se lever quand Claire se mit en route. Les journées sont courtes en hiver, il
n’y avait pas de temps à perdre. Elle entendait derrière elle les tire-fesses se mettre en marche, les
premiers skieurs commencer leur journée de forçat de la glisse avant l’arrivée de la foule. Toute l’année,
ils attendaient le métro pour aller s’emmerder au boulot, et les vacances d’hiver pour pouvoir faire la
queue aux tire-fesses. Monde de dingues.
Elle s’avança sur le CS4-22 branché sur Kurtz.
Claire avait pour vêtements une paire de chaussettes de coton recouverte d’une épaisse et haute paire
de chaussettes en laine, des chaussures à crampons pointus, un pantalon et un anorak épais qui lui
donnaient un petit air de poupée trop gonflée. Rien dessous. Il fallait être prête pour Kurtz.
Depuis quelque temps, il n’y avait eu aucune chute de neige. Le sol gelé craquait sous le pied. Le
chemin, aplati par les allées et venues, était lisse et glacé. Claire avançait à pas réguliers, s’aidant de
deux bâtons de ski. Tout était désert. Les sapins immenses ployaient sous leur fardeau blanc, sans bouger.
Tout était immobile, silencieux, mort. C’était hypnotique, elle en oubliait son manque.
Deux abrutis sur un scooter des neiges surgirent, la dépassant en vomissant des vapeurs d’essence.
Claire cracha de dégoût. Connards ! Ils abordèrent le virage suivant sans décélérer et s’envolèrent pour
atterrir dans un grand fracas. Claire dut descendre dans la neige épaisse pour les retrouver. Ils étaient
rentrés dans un gros sapin, qui s’était montré plus fort qu’eux. Le conducteur gisait, mort, vertèbres
fracassées. Son passager était secoué de spasmes, sa cervelle sortant de la boîte crânienne. Claire prit
son portable, pas de signal, forcément à cette hauteur. La forêt retentissait de cris stridents. Un vol de
corbeaux couvrit les deux corps, s’attaquant à leurs yeux, à la cervelle, aux tripes. Deux d’entre eux s’en
prirent à Claire, qui les chassa à grands moulinets. Ils s’en allèrent rejoindre la masse grouillante et noire
de leurs congénères en plein repas funèbre. Claire remonta vers le chemin. Rester sur le chemin. Ne
jamais quitter le chemin.
Elle atteignit le bout vers midi. Le sommet de la Dent du loup était encore loin, mais on ne pouvait
pas monter plus haut sans équipement spécial. Elle s’enfila deux sandwichs et une thermos de café.
Ragaillardie, elle saisit la poche à herbes odorantes – trop fort – et l’écrasa entre ses doigts. Et
merde. Elle rassembla ce qu’elle put en un tout petit tas, approcha son briquet. La flamme dansait sans se
diriger où elle aurait dû ; le vent chassa les herbes séchées ; Claire baissa son pantalon, et de dépit, pissa
son café. Elle se rappela qu’elle n’avait pas pissé depuis son départ. Pendant cinq minutes, elle lâcha un
interminable jet d’urine chaude. Ça faisait un bien fou. Pisser quand on a très envie, c’est un des petits
plaisirs trop méprisés de l’existence. Elle remonta son pantalon tout en se relevant, et elle se retourna sur
elle-même…
Il faisait bien trois mètres de haut, Kurtz. Recouvert d’une toison blanche. Ses pieds
proportionnellement démesurés lui permettaient d’avancer sur la neige sans bruit. Sa bite érigée avait une
taille assez humaine. Une grosse bite, certes. Une belle bite, bien formée, brun foncé et veinée de
vaisseaux bleus. Kurtz avait beau être aussi immense que l’affirmait la légende, la chose qui fascinait
Claire, c’était son sexe. Elle en approcha sa bouche, mais Kurtz la retourna fermement de ses grosses
paluches, lui écarta les jambes, et il l’enfila par-derrière. C’était tout de même un gros engin. Claire était
secouée comme un prunier, frustrée de sa fondue, et pas plus ravie que ça. Kurtz sortit comme il était
entré, sans avoir éjaculé. Sa bite avait entre-temps doublé de volume, à peine mouillée du jus de Claire.
À cette vue, celle-ci prit peur et se précipita hors du chemin, glissant plus que courant entre les
arbres, poursuivie par le monstre. Il l’aurait facilement rattrapée, mais il s’arrêtait tout le temps pour
frotter son gros zob contre des troncs d’arbre en poussant des gémissements à fendre l’âme, faisant voler
en éclats l’écorce des sapins. Son organe commençait à rivaliser en taille avec celle d’une solide
branche. Claire était épouvantée. S’il essayait de la violer avec cette queue monstrueuse, elle éclaterait
en petits bouts. Mais curieusement, il lui laissait toujours un temps d’avance. Puis elle le perdit de vue.
Pas rassurée pour autant, elle se dirigea vers une clairière qui interrompait la descente. Le soleil de midi
aveuglait sur la neige. Elle en avait presque traversé la moitié quand elle entendit à proximité un
meuglement douloureux.
Kurtz se tenait en plein milieu du terre-plein. Avec sa toison blanche, on le distinguait difficilement,
mais les traits de son visage, tordus de chagrin, étaient, eux, bien visibles, ainsi que le tronc de plus d’un
mètre et demi de haut qui sortait de son pubis. Cela devait peser une tonne. Le monstre se tenait penché en
arrière, les mains appuyées sur les reins pour conserver son équilibre.
La peur fit place chez Claire à la fascination. Un tel engin, c’était inouï, jamais vu, magnifique ! Le
Taj Mahal du sexe, la Grande Muraille, au minimum. Et le malheureux devrait le traîner jusqu’à ce qu’il
arrive à lâcher sa semence… beaucoup de semence… Claire se dirigea vers lui, envoûtée. Elle envoya
valser anorak et pantalon, sauta sur le pénis, s’y accrochant des bras et des jambes. C’était chaud. Elle
sentait battre les veines, elle les entendait tellement leur battement était puissant. Kurtz s’arrêta de gémir.
Claire ne pesait rien sur son phallus lourd, gorgé de dizaines de litres de sang. La caresse du petit corps,
si lisse, si doux, faisait encore enfler sa bite. Claire ne savait plus quoi inventer pour qu’il lâche la purée.
Elle cogna son gland de la tête, ça eut l’air de lui plaire. Prise d’une intuition, elle mordit d’un grand
coup le frein tendu comme un gigantesque lien de cuir. Il poussa un grand cri de plaisir. Elle mordit,
mordit et remordit, la bite se mit à s’agiter rythmiquement, de plus en plus fort, la précipitant au sol. Elle
se trouvait juste en dessous. Elle voyait la queue en contre-plongée, s’agiter comme un gratte-ciel pris
dans un tremblement de terre. Le soleil s’éclipsa, et un torrent de foutre lui tomba dessus.
Des litres et des litres de fondue. Elle se roulait dedans avec délice. La chaleur et l’odeur généreuse
excitaient ses nerfs. Ses seins s’embrasaient de plaisir, sa chatte coulait comme une fontaine sur ses
cuisses enflammées. Elle s’enfila un bon grumeau dans la vulve. Elle n’avait jamais rien senti d’aussi
bon. Le foutre la remplissait mieux qu’un amant, étirant ses parois vaginales en s’y moulant. Elle en
frottait son clitoris, qui en réclamait toujours plus. Elle ne savait plus où donner de la jouissance. Elle se
roulait sur elle-même, un orgasme en déclenchant un autre, le sperme continuant à pleuvoir sur sa peau,
lui tenant chaud, l’enivrant de son riche parfum de brioche toute fraîche, de pain grillé, de sauce au vin
rouge, de mille autres senteurs encore.
Kurtz eut un énorme sourire. Il était heureux, il voulait la remercier. Elle était sur le dos. Il étala sa
langue sur ses belles cuisses, si voluptueusement dessinées, remonta sur l’entrejambe, le grand morceau
de barbaque chaude s’insinuant dans tous ses replis, les papilles chatouillant toutes ses terminaisons
nerveuses, énervant encore plus son clito, faisant un détour par son trou du cul, la faisant hurler de délice.
Continuant sur le ventre et les seins, dont il apprécia le galbe en connaisseur. Ces jolis seins, si fermes, si
sensuels, leurs tétons durcis tendus vers lui, réclamant la caresse de cette langue lubrique. Le plaisir
monta encore en Claire, douloureux à force d’être intense. C’était obscène, c’était sublime. Son corps
s’arqua, devint dur comme une pierre, puis retomba, satisfait, heureux après sept longues journées de
privation. Kurtz soufflait sur elle pour la garder au chaud.
Elle savourait le moment, couchée dans la neige, recouverte d’une gangue de salive et de sperme. Le
moment s’étirait, Kurtz la secoua, lui montrant le soleil déclinant. Claire revint à elle. Comment enfiler
ses vêtements sur son corps poisseux ? Kurtz comprit le problème. Il saisit une branche de sapin et
absorba toute la neige bien propre dont elle était recouverte. Il la fit tourner dans sa bouche, la liquéfiant
et la réchauffant, et nettoya Claire d’un puissant jet de Kärcher. Il fallut renouveler l’opération plusieurs
fois tant le foutre était épais sur sa peau. Il s’amusait à la faire courir sous son puissant jet d’eau chaude,
et tous deux riaient comme des gamins.
Finalement, elle prit le chemin du retour. Avant de s’avancer dans la forêt, elle se retourna une
dernière fois. Kurtz lui faisait de grands signes de la main ; elle y répondit en criant : « À bientôt ! À
bientôt ! »
Oui à bientôt, elle espérait.
Il faisait nuit quand elle rejoignit la station. Elle croisa un curé en soutane. Il lui fit l’effet d’une
apparition, comme dans les vieux films, du genre Don Camillo. Voyant son air défait, il lui demanda :
— Vous allez bien, ma fille ?
— Oh oui mon père, je vais bien.
Elle s’éloigna, puis prise d’une impulsion, elle se retourna en s’écriant :
— Vous savez mon père, Dieu existe, je l’ai rencontré aujourd’hui.
— Alléluia.
Oh oui, alléluia. C’est vraiment bon, la fondue savoyarde, surtout après une bonne balade.
SEXTOYS DE MONTAGNE
Romuald Ward
L’idée de partir sans les enfants avait enthousiasmé Pauline : elle s’était imaginé que Jérôme
redeviendrait l’amoureux attentif qu’il était avant la naissance de Lou et d’Hugo. Mais sitôt la
boulangerie fermée, et les enfants confiés à des grands-parents en pâmoison, Jérôme avait demandé à
partir avant les bouchons, sans reconnaître l’aire d’autoroute où ils s’étaient arrêtés lors de leurs
premières vacances ensemble cinq ans plus tôt, ni faire halte devant un petit restaurant sympa, préférant
se garer sur le parking d’un snack. Pauline espérait qu’à l’occasion de ces vacances à deux, son mari
aurait plus d’attentions pour elle, voire des idées coquines… mais dès que les valises furent posées dans
le petit hall, Jérôme alla s’allonger, invoquant la fatigue du trajet.
Pauline se retrouva seule dans le séjour-kitchenette avec les valises pleines. La vieille propriétaire
avait exagéré l’exiguïté du T1 au téléphone. En revanche, c’est elle qui avait choisi la décoration,
contemporaine de la construction de l’immeuble. Des meubles en formica orange ou marron voisinaient
avec des antiquités savoyardes, des rideaux à carreaux rouges et blancs, des images pieuses, des gravures
anciennes, des petits napperons, des décorations en osier. Après s’être pris les pieds dans des tapis
poussiéreux, Pauline soupira en ouvrant les placards de la cuisine : de la porcelaine ébréchée était rangée
entre des pots en plastique colorés vieux de trente ans et des couverts dépareillés. Dans la chambre, le
matelas avait l’air aussi mou que son mari vautré dessus.
La fenêtre du séjour donnait sur un grand balcon orienté au nord, qui dominait des arbres inquiétants.
Pauline se regarda dans la glace de la salle de bains-W.-C. qui faisait également office de séchoir des
tenues de ski : son visage avait perdu de sa fermeté, ses bras ballottaient à la façon de ceux de sa mère,
ses cheveux auraient mérité une station chez le coiffeur. Elle saisit ses seins à pleines paumes, par-
dessous, les remonta de cinq centimètres : deux pamplemousses gonflés jaillissaient. Dans le miroir,
Pauline hésitait : chirurgie esthétique ? Nouveaux soutiens-gorge ?
Jérôme poussa la porte sans frapper.
— Tu peux sortir, steuplait ? dit-il en bâillant, j’ai besoin de pisser…
Ils fêtèrent le début des vacances en allant dîner dans un authentique restaurant savoyard. Ils
mangeaient du fromage fondu avec de la charcuterie, quand Jérôme, qui depuis plusieurs minutes avait
l’air tracassé, reposa sa fourchette.
— Je me disais, tu vois, qu’il faudrait que ça change, à la rentrée. On est depuis trop longtemps dans
la routine.
Pauline se sentit pleine d’espoir ; enfin, il admettait que travailler ensemble toute la journée, lui au
fournil, elle au comptoir, avait tué « la fougue passionnée de leur couple », comme c’était écrit dans les
Harlequin.
— Je vais me remettre à faire des gâteaux, avec des fruits et du chocolat, reprit-il. Si on présente
toujours les mêmes produits en vitrine, viennoiseries et tartes, les gens vont s’ennuyer, ils trouveront
toujours la même chose, tu vois…
Pauline le coupa : elle ne voulait rien savoir de tout ça pendant ses vacances… il pourrait tout de
même s’intéresser à elle… Il bougonna une réponse, puis, s’absorbant dans la contemplation des photos
de bouquetins qui ornaient les murs, il réfléchit aux splendides gâteaux qu’il pourrait préparer.
Pour leur première soirée en tête à tête, sans les enfants, son mari alluma la télé. Pauline lisait un
mauvais roman d’été, avec des plages, une jeune infirmière et un médecin séduisant. Jérôme somnolait,
les jambes sur un pouf, sans lui accorder un regard. Depuis le début de la soirée, elle espérait de
l’imprévu : une panne d’électricité ou de chauffage… elle aurait voulu que la télé diffuse un téléfilm
érotique, que le gratin de crozets ait été saturé de gingembre… mais non, rien ne se produisait…
Déçue, elle s’interrogea de nouveau sur les sept kilos pris en deux ans. Sur les cuisses évidemment,
car debout, assise ou allongée, elle les voyait plus grandes. Mais ailleurs ? C’était imperceptible, diffus,
indétectable. Sa prise de conscience s’était faite avec les vêtements, car eux ne varient pas. Au premier
pantalon trop étroit, avec des bourrelets au-dessus de la ceinture, elle avait accusé la machine à laver.
Ensuite, non. Avec les enfants qu’il fallait aller chercher à l’école, emmener au catéchisme ou à
l’équitation Pauline n’avait même plus le temps de reprendre les séances de gymnastique.
Elle lui proposa d’aller au lit.
En dix ans de relation, dont cinq de mariage, Jérôme n’avait jamais réussi à lui donner d’orgasme ; il
lui donnait parfois du plaisir – pas toujours –, mais jamais, il ne la faisait grimper aux rideaux. Elle
devait insister pour qu’il consente à un cunnilingus ou à de longs câlins préliminaires, ce qu’il faisait sans
entrain.
Pour ce premier soir de dépaysement, il la tenait fermement par les hanches, allongée sur le lit dans la
position du missionnaire, et donnait de féroces coups de reins ; il faisait aller et venir son sexe à toute
vitesse, sans la moindre variation de rythme, d’angle ou de position, et cela durait depuis cinq minutes.
Les seins de Pauline ballottaient tellement qu’ils en devenaient douloureux.
Jérôme finit par jouir bruyamment, ce qui n’était pas le moindre de ses défauts, à l’intérieur de sa
femme. Il se mit alors sur le dos, de son côté du lit, une main sur le sein gauche de Pauline, en reprenant
son souffle.
N’espérant plus qu’il la prenne dans ses bras, sa femme soupira sans un mot en allant au-dessus du
bidet en porcelaine beige et aux robinets d’inox passé. Si au moins, il avait la délicatesse de lui
demander si cela lui avait plu, elle aurait pu lui confier ce qu’elle attendait de lui.
Quand elle fut de retour dans la chambre, tourné de l’autre côté, il ronflait déjà.
Il était encore trop tôt pour que les pistes soient encombrées de touristes. Les époux avaient retrouvé
des réflexes anciens sur les télésièges et sur des pistes faciles. Puis Jérôme insista lourdement pour
prendre un téléski, et s’éloigner de la bruyante compétition des enfants, malgré les protestations de sa
femme.
— En classe de neige, je n’avais jamais réussi à en prendre un, protesta-t-elle au sommet de la pente,
je déteste ça.
Sans l’écouter, Jérôme descendit vers un autre versant du domaine.
— Et puis si je tombe, tu vas faire quoi ? Revenir me chercher ? s’énerva-t-elle à une intersection.
Ce n’est que devant le téléski que Jérôme lui expliqua comment faire, assurant qu’elle y arriverait très
bien. Ils étaient les deux seuls touristes, le vieux saisonnier lisait un journal devant le démarrage.
Après avoir observé son mari, Pauline saisit, à plein gant mais sans assurance, la perche pendante.
Elle la plaça entre ses jambes et attendit. Rien ne se produisit. Puis le perchman passa à côté ; elle sentit
l’odeur de gauloises et de café, mêlée à une autre odeur acide : la sueur.
Il agrippa la perche au niveau des yeux de Pauline, qui aperçut des crevasses et des ongles jaunes, et
la tira brutalement vers le bas ; Pauline sentit la rondelle de plastique quitter son postérieur, puis sa
perche vibrer quand elle fut embrayée sur le câble, et la rondelle lui botta les fesses en la projetant
violemment. Quand ses skis touchèrent à nouveau le sol, Pauline eut le réflexe de se redresser en arrière
pour ne pas tomber. En équilibre sur son seul ski droit, paniquée, elle plaqua le gauche dans la trace si
profonde que la neige lui remontait aux chevilles. Le pisteur reprit sa lecture. Pauline tanguait
dangereusement, tout en serrant la perche de toutes ses forces entre ses cuisses. Devant, son mari lui cria
de s’asseoir en pliant les genoux.
Pauline s’assit vers l’arrière, effrayée, et cria quand la perche ralentit ; celle-ci se colla alors entre
ses jambes en appuyant fortement sur son sexe.
— Voilà, super, tu vois ! hurla Jérôme.
Recroquevillée sur la perche, Pauline ne s’aperçut pas qu’ils entraient dans une sombre forêt ; les
branches évasées des sapins couvraient le ciel, visible seulement à la verticale du fil tracteur. Sur chaque
poteau, celui-ci vibrait alors fortement, lui faisant craindre un déraillement. Pauline était dans tel état
d’inquiétude et de perte de contrôle qu’elle ne s’attendait pas à se sentir soudain apaisée : surprise, elle
réalisa que le montant métallique frottait contre son sexe, à un rythme doux, dicté par le balancement du
câble tracteur, et que la tige grise de six centimètres de diamètre lui avait procuré le plus apaisant des
massages. Devant elle, son mari sifflait sans se retourner, s’amusant à piquer ses bâtons dans la neige.
Cramponnée à la tige, les jointures des doigts blanches dans les moufles, Pauline n’osa plus bouger avant
l’arrivée : le balancement lui chauffait la combinaison ; elle sentait sa culotte de coton blanc devenir
humide. Elle se trémoussa prudemment, craignant de se renverser, et elle réussit à placer la barre entre
ses lèvres ; son clitoris était sollicité à chaque mouvement de la perche. Pauline serrait fort les cuisses et
les fesses. Les oscillations lui donnaient des frissons ; l’air froid et le silence environnant l’excitaient.
Ses tétons durcis pointaient dans la combinaison informe. Elle ferma les yeux, se pinça les lèvres, les
deux mains jointes sur la perche au niveau du visage.
— Bravo, tu y es presque, cria Jérôme en lui souriant, agitant ses bâtons une quarantaine de mètres
devant elle.
Pauline rouvrit les yeux, colla son visage contre ses mains en entrant dans un secteur plus raide et
bosselé, ce qui obligeait le téléski à progresser par à-coups ; chaque secousse la faisait grimper d’un
cran, et elle était obsédée par l’idée de glisser sa main dans sa culotte. Elle se mit à agiter le bassin, puis
elle se contracta quand des spasmes la firent trembler de partout. Elle jouit silencieusement en serrant les
dents… elle se redressa tremblante juste avant l’arrivée.
Au croisement de deux pistes, son mari proposa de partir plus loin, puis s’inquiéta, enfin, du trajet en
téléski.
— Finalement, c’était bon, dit-elle spontanément, mais je préfère quand même prendre les télésièges.
— Ça te dérange si on en reprend ? Je voudrais faire les pistes bleues de ce versant.
Elle fut touchée de son attention. La neige crissa au passage de quelques skieurs. Il poursuivit :
— Sinon, je peux très bien y aller tout seul, ça ne me gêne pas.
Pauline approuva. Il pouvait, en effet, y aller seul. Elle retourna au téléski précédent, où elle fut de
nouveau la seule touriste. Le saisonnier lisait à présent un magazine de foot en se roulant une cigarette. Sa
première expérience l’avait déniaisée. À peine immobilisée sur ses skis, elle saisit la perche d’un geste
ferme, puis s’assit pesamment dessus ; l’impulsion fut rude, mais elle se rétablit aussitôt, d’abord debout
sur les skis, puis accroupie. Elle sourit quand la perche, à nouveau, frotta contre son sexe.
Sur les premières pentes, régulières et lentes, elle bougeait son bassin d’avant en arrière, en pensant à
des choses agréables. « Le serveur du restaurant est trop jeune pour moi », se disait-elle, mais en
fermant les yeux, elle évoqua Ludovic, son visage rond, ses épaules musclées, où elle avait posé sa tête
lors d’un bal des pompiers, en le regardant dans ses yeux marron clair, et si gentil, puis à leur cachette
dans le préau de la primaire ; là, il s’était agenouillé sous sa jupe, et lui avait baissé sa culotte pour la
lécher, à grands coups de langue, lents, progressifs, qui l’avaient excitée…
Pauline se balança sur la perche, jambes serrées, en faisant remonter la tige, la rondelle contre ses
fesses.
Elle se rappelait des doigts qui trituraient son clitoris, puis ses lèvres, pendantes, dégoulinantes,
comme maintenant sur le téléski. Ludovic l’avait léchée en la doigtant. Elle avait été dépucelée l’été
précédent, et se souvenait que les doigts écartaient douloureusement sa chatte. Ludovic lui caressait les
fesses de sa main libre, du bout des doigts, juste un frôlement, tout en la doigtant, le pouce sur son
clitoris.
Pauline colla son visage contre la perche, l’entourant de ses bras. Ses dragonnes lui battaient
doucement les cuisses.
Ludovic lui avait ensuite mordillé le clitoris tout en la touchant, lui faisant gonfler tellement les tétons
qu’elle avait enlevé son chemisier et l’avait jeté à terre ; Ludovic s’était ensuite redressé, une main dans
sa chatte et sa bouche contre la sienne ; c’était comme avec la perche de téléski, elle ne voyait rien, mais
sentait tout.
La pente s’éleva à nouveau entre les sapins. Courbée sur sa perche, Pauline ressemblait à une
sorcière sur son balai entrant dans la sombre forêt pour invoquer un amant disparu ; les mains de Ludovic
lui avaient caressé le dos durant plusieurs minutes avant de la pénétrer. Elle avait alors empoigné ses
bras.
Secouée par la perche, sa chatte était constamment sollicitée. Pauline avait de plus en plus de mal à
suivre la trace au sol ; elle se mit à hoqueter quand la tige de métal fut brusquement halée et secouée à un
pilier. Elle était de nouveau seule sur le téléski.
Pauline ressassait souvent cette scène, la meilleure jouissance de tout l’été passé avec Ludovic. Elle
lui avait défait son pantalon pour sortir son sexe, lourd et large, l’avait embrassé avant de tenter de le
mettre dans sa bouche, mais sa langue ne parvenait plus à tourner autour. Elle fit tellement de va-et-vient
en lui branlant les couilles que le garçon implora de pouvoir enfin la pénétrer.
À l’arrivée du téléski, Pauline était tellement excitée qu’elle tremblait, au bord du malaise ; elle
remonta précipitamment avec ses skis entre les sapins pour rejoindre une neige vierge, dos à la piste
déserte, où elle dégrafa sa combinaison sans se déchausser. Sa culotte était si trempée qu’elle dut la
décoller de sa chatte pour accéder à ses lèvres, qu’elle frotta du plat de la main.
Elle s’aperçut très vite que l’endroit était mal choisi : on entendait un speaker commenter la remise
des chamois de bronze à des gosses qui s’élançaient tour à tour sous les cris hystériques de mères de
famille fières de leur progéniture, de leurs chérubins, chair de leur chair, qui avaient descendu une piste
bleue en moins de quatre minutes sans perdre un bâton en route ou sans toucher un sapin.
Pauline ferma les yeux et se concentra sur son vagin. Ses pieds étaient trop serrés dans ses
chaussures, et ça la déconcentrait, aussi elle les écarta pour se stabiliser. Elle reprit sa masturbation. Son
index lui touchait le clitoris à petits coups, tandis que sa main gauche triturait son sein droit. Le froid
frappait ses fesses ; elle s’accroupit encore, la peau à quelques centimètres du sol. Sa cyprine coulait sur
ses doigts ; elle commençait à trembler sur ses jambes ; une onde de chaleur lui montait du ventre, par
saccades, tandis qu’elle pensait à Ludovic. En lui faisant l’amour sous le préau, il lui avait longuement
pincé les tétons, et Pauline avait crié en jouissant. Son orgasme, le meilleur de sa vie, l’avait anesthésiée.
En se manipulant, elle se rappelait comment elle s’était raccrochée à ses épaules, la tête contre sa joue,
les jambes molles, le sperme de Ludovic lui coulant sur les cuisses.
Le speaker annonça le temps d’un marmot qui n’avait touché qu’une seule porte de slalom, puis le
nom du candidat suivant. En se retournant, elle vit que la piste se trouvait de l’autre côté du rideau
d’arbres.
Ludovic l’avait ensuite prise en levrette, et la fête du village avait couvert ses cris de jouissance.
Pauline inséra plusieurs doigts dans sa chatte, écartant les bords, avant de les enfoncer. En même
temps, elle se remémorait la façon dont il lui avait fait l’amour, ses couilles frappant sa chatte à toute
volée, son sexe allant jusqu’au fond de son vagin au point qu’elle craignait – et souhaitait –, à chaque
coup, qu’il reste coincé en elle. Le souvenir augmentait son émoi. Son poignet devenait douloureux, elle
agitait le doigt entre ses petites lèvres…
Pauline cria une fois… puis deux, d’affilée. Couverte de sueur, elle avait grande envie de continuer à
se masturber, mais son clitoris lui faisait mal. Son index entra à nouveau dans sa chatte enflée, écartant
les replis des muqueuses. De sa main libre, elle se pinçait un téton tout en s’introduisant le majeur ; elle
haleta, se redressa, partit en arrière dans la pente ; elle ne voulait pas tomber fesses nues dans la neige.
Sa main rata de peu le tronc du dernier sapin ; elle dévala la piste en ligne droite jusqu’à une porte de
slalom qu’elle embrassa juste avant le passage d’un garçon. Ce dernier eut tellement peur qu’il tomba à
son tour en la regardant remettre sa culotte.
PRISE RAPIDE
MMK
Méghan avait pris son billet de train aller-retour pour passer une petite semaine en solitaire à
Courchevel. Elle avait entendu parler de cette station de ski très luxueuse où vedettes du monde
artistique, directeurs de multinationales et milliardaires en tout genre se fréquentaient.
Méghan ne venait pas directement de ce monde, mais avait commencé à s’en rapprocher quelques
mois auparavant en s’inscrivant sur un site de rencontres entre jeunes filles jolies et hommes mûrs
friqués. Le deal était bien sûr de céder aux caprices sexuels les plus débridés et inassouvis de la gent
masculine, qui se contentait de rémunérer avec un joli pactole et de très beaux cadeaux la demoiselle qui
était dans leur lit. Méghan ne trouvait rien de choquant dans cet échange de bons procédés et ne réfléchit
pas longtemps avant d’y pianoter son profil. Elle remporta un très vif succès au bout de quelques heures
grâce à sa photo de profil. Il est vrai qu’elle avait eu de la chance niveau physique : 1 mètre 64, cheveux
châtains raides et longs, de magnifiques yeux bleu topaze, une bouche digne des plus grandes suceuses,
des petites taches de rousseur lui donnant un côté enfantin, des seins fermes et droits, un cul totalement
rebondi prêt à recevoir de gros coups de bite, et enfin une jolie paire de jambes fuselées. Elle avait aussi
un atout considérable : elle était très jolie sans maquillage. Elle s’aimait sans fard, et attirait beaucoup de
regards féminins et masculins en déambulant avec son minois au naturel de 28 ans.
Le premier client s’était présenté comme un homme plein de charme, quarantenaire célibataire,
richissime grâce à son statut de PDG d’entreprise dans le textile et offrant à sa possible maîtresse en
devenir tout ce qu’elle souhaiterait, même les cadeaux les plus extravagants. Le deuxième homme avait la
cinquantaine bien engagée et disait offrir dès le premier rendez-vous une parure de diamants du choix de
la jeune fille venant de chez Cartier. Méghan lut qu’en contrepartie l’homme exigeait de sodomiser
furieusement la fille qui le finirait en lui faisant une gorge profonde et avalerait toute sa semence. Ce
fantasme de prime abord dégueulasse fit sourire Meg : une sodo profonde, une pipe et une éjaculation
buccale pour une parure de diams ? Why not ? Elle repensa à la célèbre chanson Diamonds are girl’s
best friends, de Marilyn Monroe qu’elle admirait énormément et se dit que l’actrice américaine avait
bien raison : tout était permis pour en faire l’acquisition !
Méghan repensait à ses débuts, aux deux premiers amants qu’elle avait goûtés le même jour à
quelques heures d’intervalle, et à bien d’autres hommes qui avaient connu sa chatte, son cul, sa bouche, et
avaient été témoins de la souplesse du jeune corps si demandeur de cul. Elle se sentit gênée car, à cause
de ces réminiscences sexuelles, elle se sentait mouillée de l’entrejambe. Le frottement de son string en
dentelle rose pâle sur sa chatte toute moite échauffait ses sens. N’y tenant plus, elle fila aux toilettes pour
décharger. En moins de cinq secondes, elle s’était enfermée, avait déboutonné son jean slim taille 36,
écarté la fine ficelle rose et procédé au fameux rituel qui allait la soulager : jambes bien ouvertes sur la
cuvette, elle écarta ses lèvres avec deux doigts de la main gauche, puis frotta son clitoris avec son index
droit. Elle garda ses yeux ouverts pour mater son spectacle : sa chatte totalement épilée était toute gonflée
par le travail expert de ses trois doigts, et la mouille ne tarda pas à arriver. Quatre petits coups sur la
petite boule en haut du clitoris l’achevèrent et elle eut à peine le temps de se regarder jouir dans le miroir
des toilettes tout en jugulant les gémissements qu’elle avait l’habitude de pousser au moment de la
« petite mort ». Son souffle repris et étant redescendue sur terre au bout de quelques minutes, elle sortit
pour rejoindre sa place, libérée, légère et fière d’elle-même !
Arrivée en milieu d’après-midi au chalet trois étoiles qu’elle avait réservé sur Booking, elle en
apprécia le décor chaleureux et simple : du bois, des objets de décoration installés avec goût, un lit
spacieux et confortable et une… baignoire ! Meg s’adonnait à sa passion première dans de longs bains
chauds et moussants : la lecture ! Elle s’imaginait déjà ce soir, dévorant avec extase le thriller de Lisa
Gardner La Maison d’à côté, livre qu’elle avait commencé il y avait deux jours et qu’elle ne lâchait
plus ! Elle aimait être seule, recherchait très souvent les moments solitaires pour n’être qu’avec elle-
même et appréciait plus que tout la solitude livresque. Mais tout aussi bien, elle aimait sortir, rencontrer
des amants de passage, se faire troncher par tous les trous par plusieurs hommes en même temps et
conserver certaines liaisons avec ceux qui exauçaient tous ses caprices pécuniaires.
Après son petit tour du propriétaire, Méghan décida de sortir pour goûter l’ambiance qui émanait des
somptueuses rues de Courchevel, à proximité du domaine skiable des Trois-Vallées, station proche de sa
résidence. Fraîchement douchée et non maquillée, elle enfila un jean slim bleu foncé, un col roulé de
couleur vieux rose, son bonnet bleu marine en maille qui était fashion depuis plusieurs années, ses après-
skis tout simples et son manteau de ville. Elle quitta sa chambre ainsi, et commença ses pérégrinations
dans la rue principale. Les plus grandes enseignes de luxe haute couture se livraient une guerre
commerciale sans merci, et toutes étaient pleines. Meg pensait déjà à tous ces pigeons qu’elle allait
déplumer et grâce à qui elle s’offrirait le dernier sac Chanel, le nouveau carré Hermès, et un tas de paires
de chaussures à la très célèbre semelle rouge. Elle était d’ailleurs devant cette boutique de souliers
onéreux lorsqu’un séduisant jeune homme, qui semblait avoir entre vingt-cinq et trente ans, l’aborda. Il
avait lui aussi des beaux yeux bleus qui ressortaient sur son bronzage léger, une dentition parfaite d’une
blancheur à concurrencer la neige, des cheveux soyeux et sans gel, et des vêtements chics mais sans trop
en faire : beau et naturel. Le Méghan masculin ! Elle était vraiment contente d’être ce qu’elle était pour
avoir tapé dans l’œil d’un mec si mignon !
Cet homme était un mélange de fierté et de timidité qui excitaient furieusement Meg : elle imagina
déjà sa queue dans sa bouche, sa main le branlant furieusement pour le finir et gober jusqu’à la dernière
goutte son sperme onctueux. En effet, cette dernière pratique était du goût de la jeune femme qui adorait
avaler. Même si certaines bites ne sortaient pas un philtre savoureux, elle prenait tout de même plaisir à
ne rien recracher pour prouver à l’homme son côté salope complète sans limite qu’il avait baisée.
Après avoir bien reluqué Meg, il engagea la conversation.
— Excusez-moi de vous déranger, Madame, mais je vous trouve très belle et charmante. Ce n’est pas
dans mon habitude de faire ce genre de choses, mais je dépasse ma timidité pour vous dire ces mots. Vous
me laissez sans voix…
— Pour commencer vous ne me dérangez pas, je regardais ces escarpins à plate-forme et me
questionnais sur la manière dont ils allaient finir dans ma garde-robe. Voulez-vous me les offrir ?
Méghan avait toujours été très directe, et cette façon de parler pouvait la servir ou la desservir
suivant les hommes à qui elle parlait. Elle s’en fichait complètement car elle gardait l’adage « Un de
perdu, dix de retrouvés » en tête et si son franc-parler rebutait un quidam, elle ne tardait pas à en
rencontrer un qui bandait en l’entendant dire ces paroles sincères et crues.
— Euh… oui… Je ne m’attendais pas à ça pour tout vous dire… mais… cela vous rajoute un petit
charme… pourquoi pas ?
— Génial ! Je pense que comme tout homme qui se respecte, vous allez me demander une
compensation sexuelle en échange ?
— Je n’avais pas non plus réfléchi à ça car vous êtes la première à me proposer ce « contrat ». Je
suis vraiment tombé sur la bonne rue de Courchevel. Vous êtes escort-girl, c’est bien ça ?
— Nous pouvons dire ça comme ça.
Elle commença à raconter dans les grandes lignes son parcours professionnel, l’officiel et l’officieux,
sans tabou, sans rien cacher et sans fioriture.
— Je travaille pour l’Éducation nationale. J’ai été deux années consécutives professeure de français
en collège, et depuis peu, je suis chargée de lire les différents CV qui parviennent aux établissements dont
je m’occupe, de les trier, de proposer les meilleurs candidats et de ranger ceux qui ne correspondent pas
à des offres immédiates du marché. Voilà mon « vrai » métier ! L’autre, comme vous l’avez compris vous-
même, est d’être call-girl indépendante. Je me suis construite toute seule, et mes amants ne s’en sont
jamais plaints.
— Et vous exercez ce deuxième métier depuis longtemps ?
— Huit mois exactement. J’ai sauté le pas aux grandes vacances dernières en m’inscrivant sur un site
spécialisé dans ce genre de rencontres. Mais trêve de bavardages inutiles qui me gèlent les pieds et le
bout des doigts. Vous m’offrez la paire de talons hauts de mes rêves, et ensuite on va chez vous.
— O.K., Madame-Sans-Gêne ! Mon appartement est à deux pas d’ici.
« Appartement » était un faible mot : cheminée, jacuzzi privatif, lit d’au moins quatre places, marbre
de partout, immense bar, salle de bains divine ; bref : le paradis en Savoie ! Méghan était déjà moite, et
tout ce luxe dégoulinant la faisait mouiller abondamment de la chatte. Son amant d’un après-midi se
montra lui aussi dans une transe chaude, sensuelle et sexuelle car il se jeta sur elle, la mit nue en un rien
de temps, fit de même pour lui, et la jeta violemment sur le lit : quelle frénésie et quel amant ce devait
être ! Cette première bousculade mit Méghan dans un état incroyable, son vagin ne demandait qu’à être
pris, retourné, maltraité. La surplombant, il commença à l’embrasser à pleine bouche, une succession de
grosses pelles les excitant encore plus. Il descendit comme un fou sur sa poitrine généreuse en mordillant
ses deux tétons et en les gobant d’un seul coup, ce qui fit gémir langoureusement Méghan, sur le dos, les
yeux fermés, se laissant aller complètement à l’érotique sensation que lui procurait son client. Hors
d’haleine, elle émergea péniblement de ce jouissif moment aux mots de ce dernier :
— À toi maintenant de t’occuper de moi, ma belle. Tu vas te laisser guider par mes bras qui vont
t’amener à faire tout ce que j’aime sexuellement. Tu es là pour m’obéir et assouvir toutes mes envies de
mâle dominant.
Meg pensa à cet instant que le côté timide et poli de ce jeune homme s’était complètement annihilé
pour ne laisser place qu’au mec en dalle de cul hard. À genoux sur le bord du lit, elle regarda furtivement
ses magnifiques Louboutin à ses pieds et se dit que ça en valait bien la peine ! Son amant, assis au bord
du lit, les jambes bien écartées, lui prit les cheveux qu’il enroula autour de sa main et lui plaqua son beau
visage sur sa bite longue, veineuse, large et dure. Meg s’empressa d’ouvrir sa bouche et de gober le
Graal. C’est lui qui contrôlait le rythme, il voulait qu’elle le pompe furieusement à grande lampée, et peu
à peu, les pipes devenaient des gorges profondes qui lui donnaient de petites nausées. Mais, comme toute
bonne chienne, Méghan savait que cela lubrifiait naturellement la queue pour rendre une éventuelle future
sodomie encore meilleure. Elle savourait ces va-et-vient buccaux lorsque le mec lui enleva sa bite.
— Tu suces tellement bien que j’allais te jouir dans la gueule. Avant mon éjaculation, je compte bien
te retourner dans tous les sens et me servir de tes deux autres trous.
— Ohhhhh, putain ce que tu me dis me met dans des états pas possibles. Rentre-moi dedans, j’en peux
plus, je tiens plus…
Elle ne put achever… il l’avait remise sur le dos, les jambes écartées à l’extrême, ses mains lui
enserrant les chevilles. Il la pénétra vigoureusement dans cette position en matant tour à tour ses seins
parfaitement faits, qui bougeaient et sautillaient de droite à gauche, son joli visage avec sa grande bouche
ouverte qui lui avait procuré tant de plaisir juste avant, et sa chatte encore bien étroite, mais largement
ouverte à ce moment-ci et très luisante : il se rendit compte qu’elle mouillait massivement, et qu’elle en
avait partout sur les cuisses. En regardant tout cela à la fois, il était encore au bord de la décharge. Il
arrêta tout car il désirait plus que tout qu’elle sente sa virilité dans les tréfonds de son cul. Comme chez
la plupart des hommes, la sodomie était un de ses fantasmes et il sentait tout son pouvoir masculin en
enculant une femme qui était réduite ainsi à une moins que rien, à un trou rempli de merde. Il la plaqua
d’un geste sûr et rapide à plat ventre contre le lit, la poitrine touchant les draps alors que le ventre et le
fessier étaient en l’air : aucune prise possible pour Méghan, elle était totalement sous l’emprise sexuelle
de son jeune client et cette position exacerbait sa furie pornographique. Avant de lui renter dedans, il
bloqua tout mouvement de sa tête à l’aide d’une de ses mains, ce qui acheva la soumission et l’excitation
de Meg. Elle était réduite à être le jouet, le sextoy, la poupée gonflable de cet homme si expérimenté. Elle
cria dans un mélange de plaisir et de douleur quand il lui enfonça subrepticement son engin dans le cul.
La bile résultant de sa gorge profonde permit au sexe de couler en une fois dans ses fesses, mais elle
avait laissé son plug anal chez elle : la dilatation avait donc été tout de même un peu pénible. Une fois la
douleur passée, une intense sensation parcourut tout son corps sous les soubresauts et les coups de reins
de son mâle en rut. Elle sentait son vit profondément ancré dans son cul largement dilaté. Ne pouvant
faire le moindre mouvement, tout ce qu’elle ressentait était concentré analement. La cheminée crépitait à
quelques centimètres d’elle et commençait sérieusement à lui chauffer le cul. Tout à coup, son partenaire
accéléra le rythme, elle ressentait sa bite cogner contre les parois de son anus, il devenait comme fou en
tapant comme un dégénéré au fin fond de son cul ; cela déclencha les prémisses de l’orgasme pour
Méghan : elle sentit tout d’abord son bas-ventre se contracter, puis une impression de voile frôlant tout
son corps de la plante des pieds jusqu’au sommet de son crâne, et enfin un bien-être acidulé et brûlant lui
étouffant le derrière et le ventre : elle cria comme une salope ne pouvant se contenir pour laisser écouler
cet orgasme anal qui lui faisait tant de bien. La jouissance évanouie, elle fut d’un coup complètement
exsangue, ses forces ayant disparu de son corps. Elle n’était plus que poupée de chiffon inerte quand son
amant se retira de ses fesses, la fit tomber à terre, assise contre le lit, visage tendu vers sa bite toute
veineuse et recouvrit ce dernier de toute sa purée dans un râle masculin très intense et très grave : cette
éjaculation faciale tiède réveilla la libido de Meg ! Elle respira cette odeur de sperme âcre et en goûta
même un peu en passant sa langue sur ses lèvres : un vrai délice ! Cet homme devait aimer l’ananas et en
manger à chaque repas pour avoir une semence aussi sucrée !
Elle se rhabilla rapidement pour quitter le plus vite possible le magnifique chalet. En effet, cette
première virée érotique aux sports d’hiver lui donnait des pulsions nymphomanes. Elle voulait de
nouveau recommencer immédiatement à faire son allumeuse, séduire, coucher et être payée comme il se
devait. Elle sortit de l’appartement en catimini, ses nouveaux talons de quatorze centimètres dans son sac,
laissant son client seul avec ses dix doigts sous la douche.
Un autre type ne tarda pas à faire son apparition : un homme dans la soixantaine. Il sentait bon Le
Mâle de Gauthier, un parfum qui avait toujours fait son effet sur la jeune femme. Il était en revanche assez
laid de partout : un visage vérolé, un ventre dessiné, une taille trop grande. Le seul bon point de cet
homme est qu’il paraissait plein aux as au vu de son maintien et de la qualité de ses vêtements. Cela
rassura Méghan, qui serait partie en courant si l’homme avait été un badaud quelconque ! Après la
discussion formelle sur les modalités du pacte sexuel, ils se retrouvèrent dans une chambre de l’hôtel 5
étoiles du Pralong. Le client dépensait sans compter et se fichait de tout : aucune morale ne l’arrêtait et
Méghan ne mit pas longtemps avant de s’en rendre compte. Il avait invité des amis à lui sans en parler à
la jeune femme. Tous la considérèrent comme une pute obligée de répondre à toutes leurs demandes, sans
aucune restriction ni limite. Méghan commença par leur faire un show de pole dance en talons aiguilles,
micro shorty et topless. Les cinq gars se branlaient et Méghan, en grande professionnelle qu’elle était,
rangeait son dégoût en elle. Ils avaient tous entre soixante et soixante-dix, des petites bites rosées, des
poils partout, des culs tout fripés et plats pour la plupart, et les cinq étaient ventripotents. Bourlinguer à
tous les repas n’aide pas à se maintenir en forme. Le spectacle la rebutait, mais elle avait envie d’une
bonne partie de jambes en l’air, dans les positions les plus sales, goûter de nouvelles sensations avec ce
panel de petits vieux sadiques. Deux hommes s’approchèrent d’elle et la mirent à quatre pattes sur le lit
rond, en levrette. Un des deux pénétra sa chatte mouillée, tandis que l’autre se présenta devant elle : elle
suça sa queue profondément, fit tournoyer sa langue sur le bout du gland, lui lécha toute la longueur de son
petit sexe, lui cracha dessus et le branla rapidement. Aux gémissements qu’il poussait et aux mots salaces
qu’il prononçait, Méghan savait qu’elle le tenait par la peau des couilles et qu’elle était la plus forte dans
cette histoire. Elle aimait vraiment ce qu’elle était en train de faire. Tout en le manualisant, elle prit une
de ses boules en bouche et la fit tournoyer vigoureusement sous sa langue. Elle tira dessus et son client lui
enserra la tête de ses deux mains pour la forcer à ne pas lâcher sa prise. Il exultait de plaisir et finit par
lui lancer quelques gouttes de sperme sur son front. Il n’avait pas tenu très longtemps, celui-là ! Pendant
cette pipe magistrale, l’autre lui tambourinait le vagin. Il aimait voir sa maîtresse soumise, cambrée sous
ses impulsions, la chute de reins et le cul bien mis en valeur sous ses yeux. Il matait aussi son pote en
train de se faire ramoner, et tout cela le mettait dans un état démoniaque. N’en pouvant plus, il s’enroba le
sexe de lubrifiant et l’encula promptement en tenant ses fesses bien écartées : cela lui laissait le champ
pour contempler son œuvre : il était tout bonnement en train de sodomiser une jeune et mignonne nénette !
Son anus était très dilaté, et Meg ne pouvait s’empêcher de gémir ce qui aggravait la furie du senior.
Après trois coups de bite, il sortit son sexe et éjacula sur son joli postérieur en grognant comme
personne : un son grave, enroué et sardonique. Il y étala toute sa semence en insistant sur la raie et en lui
pénétrant de nouveau le fion pour le lui saccager de sperme. Les trois autres n’avaient pu résister et
avaient joui en se branlant. La partie fine était achevée !
Comme les bons comptes font les bons amants, Méghan reçut son argent et fila tout de suite après pour
une séance de shopping en montagne : elle comptait bien tout dépenser pour ne pas qu’on lui vole ses
deux mille euros bien mérités. Dans l’euphorie du moment et fière d’elle-même, elle ne se rendit pas
compte qu’elle parlait toute seule devant les vitrines des boutiques :
« Et dire qu’on raconte qu’aux sports d’hiver, il fait très froid… pfff, c’est n’importe quoi ! C’est
très facile d’avoir chaud au cul par – 10 degrés ! »
CE SOIR, C’EST SOIRÉE DISCO
Aude Alisque
Je déteste les boîtes de nuit, et pourtant, j’y suis, traînée de force par ma meilleure amie. L’odeur de
transpiration mêlée à celle de la fumée qui sort des machines m’étouffe. Le vague souffle sec de la
climatisation arrive à peine à atteindre mon front dégoulinant. Je reste immobile, collée au bar, à boire un
immonde rhum-coca préparé par une saisonnière au look rétro-futuriste, pantalon stretch et haut mauve en
lainage sec, qui laisse apparaître un nombril percé au milieu de son ventre plat. La salope.
Je déteste les boîtes de nuit, et en ce soir de l’hiver 1996, les lumières m’éblouissent : un flash vert,
un flash rose, un flash jaune… Elles viennent m’aveugler pour finir leur course sur les visages flous d’un
tas de chairs sautillantes…
D’un œil paresseux, je scrute l’assistance en m’arrêtant régulièrement sur Florence, mon amie, ma
petite Flo, qui se tortille comme une maniaque sur la piste de danse. Elle a toujours eu le chic pour
s’attirer les regards. Avec son visage de poupon, elle dégage une innocence qui a comme curieux effet de
démultiplier le désir chez les hommes. Elle doit adorer leur donner le rôle du grand méchant loup.
Manipulatrice, je suis sûre qu’elle l’est, et suffisamment pour réussir à m’embarquer dans cette semaine
de ski. Une idée formidable si on fait abstraction de cette attelle qui enserre ma cheville, tordue lors de
ma première et dernière heure sur les pistes.
Alors, ce soir de l’hiver 1996, dans cette horrible boîte de nuit, je suis spectatrice – sur fond
d’eurodance hystérique –, de corps brûlants, qui dansent, sautent, se collent entre eux, s’embrassent puis
se séparent.
La chaleur devient insoutenable, le public est galvanisé par des tubes excités : « Top délire méga
groove… Ce soir, c’est soirée disco… » Comme à son habitude, Flo se tortille, presque dévêtue. On
dirait la danseuse d’un peep-show de fête foraine des années 70. Son corps convulse, un serpent qui
recherche à s’agripper au plafond, les bras en l’air, montrant ainsi la naissance de sa poitrine de chaque
côté de son fin débardeur argenté. Ses mouvements sont agressifs mais sensuels, elle danse pour elle, elle
danse comme si la salle était vide. Elle semble pourtant parfaitement être au courant de l’effet qu’elle
produit. L’assistance masculine n’en perd pas une goutte et quelques hommes se rapprochent sans la faire
sourciller.
Elle se retourne vers l’un d’entre eux. Ça y est, elle devient l’animal que je connais, elle a choisi sa
proie. Cet homme est assez grand, il porte un T-shirt psychédélique, dont je distingue mal les formes. Il
semble étonné de ce soudain intérêt mais s’empresse de se coller à elle, qui lui renvoie un sourire
malicieux. Presque immédiatement, elle se retourne, se retrouve face à un autre homme, puis un autre…
Au-dessus d’eux, les lumières zèbrent la piste, du rose, du bleu, du vert.
Mon verre est vide. Je reprends un rhum-coca et je reviens à mon observation de la scène.
L’homme au T-shirt psychédélique lui lèche l’oreille. Elle me jette un regard impudique que je
n’arrive pas à interpréter, j’ai l’impression qu’elle me nargue. Une goutte de sueur vient quitter mon
visage pour échouer entre mes seins, je me sens moche. Un deuxième homme semble renifler son autre
oreille, il caresse son dos nu. Je le vois lentement descendre ses mains vers ses fesses, puis essayer
d’atteindre l’intérieur de ses cuisses. Elle a l’air d’aimer, elle continue à se frotter à lui. Je perçois une
bosse se former dans le jean du mec, il se contient difficilement… Je suis perdue dans mes pensées, cette
scène me fascine, cette fille est lumineuse, elle peut tout se permettre, j’adore la regarder, je suis une
casserole à côté d’elle, handicapée, inutile, grosse, transpirante. Je me dis que mon rhum-coca est
dégueulasse, mais il a l’avantage d’avoir été bien dosé.
Deux secondes plus tard, je suis par terre.
Le sol est collant, je suis trempée. Je viens de m’asperger de ma mixture en tombant. À mon avis, tout
le monde peut voir ma culotte, la jupe moulante trop courte que Flo m’a prêtée remonte jusqu’à mes
hanches. Je pourrais rester là, allongée, pendant encore plusieurs minutes, le sol est confortable. Au-
dessus de moi, le vide, je ne vois plus les lumières.
D’un coup, je sens une douleur soudaine au flanc droit, un homme vient de buter contre moi, je me
mets à hurler. Ce trentenaire se penche vers moi en s’excusant, je vois sur son visage l’expression d’une
profonde incompréhension. Il me prend par le dos et m’aide à me relever. Quand je croise son regard, je
lui reconnais quelque chose de familier.
— Vous êtes moniteur de ski, non ?
— Oui, et je crois que je vous ai donné un cours il y a quelques jours. Il examine mon entorse… mais
je vois que je ne vais pas vous revoir avant longtemps… c’est dommage.
Je lui souris, je lui explique mon accident idiot dû à des chaussures mal fermées. Nous discutons un
moment. Il est très tactile, et à mesure que ses mains parcourent mes bras et mes épaules, je cherche Flo
du regard, elle a disparu de la piste de danse. Je me sens seule, abandonnée dans les bras de cet homme
charmant au bronzage cuivré que marque la trace de ses lunettes de ski. Ce détail m’amuse.
Auprès de lui, je suis de plus en plus muette. Je pourrais ranger tout ça sous l’excuse d’une timidité
passagère mais la vérité est que je n’ai pas baisé depuis deux ans. Je m’anime pour un rien, le contact de
sa peau me brûle… Je veux m’en remettre à lui, je ne sais plus rien des choses du sexe, je suis à nouveau
vierge, je ne sens plus mon corps, alors que je sens tout mon corps, je suis en pleine confusion. De son
côté, c’est très simple, il a l’air de savoir ce qu’il veut et il a l’air de savoir qu’il me veut.
Quand il rapproche son visage du mien, je vois son regard prendre de la profondeur, mes joues
chauffent, il regarde mes lèvres, m’embrasse. Sa bouche ouverte gobe la mienne, sa langue goûte mon
rouge à lèvres satiné. Le baiser est si profond, si sensuel, si inattendu que je me sens fondre. Je mouille
comme une malade, il ne me faut pas beaucoup de temps : ses gestes m’avaient préparée à sentir cette
excitation. J’ai envie de lui comme jamais. Au-dessus de nous, les spots mitraillent une lumière blanche,
mais je ne vois rien.
Après avoir vautré ma langue à l’intérieur de sa bouche, je le vois se reculer, me regarder avec
attention, soulever mon bras pour m’aider à me lever. Discrètement, il me propose d’aller ailleurs, loin
du bruit. J’accepte en bafouillant. Un frisson me parcourt l’échine, de ma nuque jusqu’à l’intérieur du
bas-ventre, qui se consume. Ses regards sont sans équivoque, les miens non plus.
Je me laisse porter par sa force, par ses mots, la perspective du moment à venir… Il me parle de cette
discothèque, de mes yeux, de la station de ski, de mes lèvres, du temps qu’il fait, de mes seins… Et sans
que je le soupçonne, nous nous retrouvons dehors ; il fait nuit, les étoiles sont masquées par les lumières
du bâtiment, il fait un froid sec qui me pique le nez. Les idées les plus idiotes viennent m’embrouiller
l’esprit ; je pense à mon entorse que je ne sens plus ; je pense à mon anorak que j’ai oublié…
Et le temps de gérer le flot de pensées imbéciles ayant pour seul but de ne pas me faire réaliser ce qui
m’arrive, je réalise ce qui m’arrive. Nous sommes maintenant dans un petit abri protégé de la neige, où
des dizaines de paires de skis tapissent les murs jouxtant la discothèque. J’entends encore le battement
des basses d’un tube techno. Par un mouvement bref, il me plaque contre un mur. Il me renifle le cou, le
lèche, agrippe mes fesses, se colle tout entier contre moi.
Il plonge sa main dans mon décolleté, prend mon sein en pleine paume, en profite pour caresser mes
tétons par de brefs mouvements du pouce. Mon moniteur de ski au bronzage aléatoire est en train de
retirer ma chemise, lentement, en caressant mes épaules, en plongeant son visage dans ma poitrine.
— Tu es belle, tu me fascines, je veux entrer en toi, je veux m’enfoncer au fond de ton ventre si
mignon…
J’hallucine, le seul son qui sort de ma bouche est un lourd soupir d’excitation et de surprise, alors que
mon unique jambe valide se dérobe sous moi.
Guidée par ses gestes, je réponds à chacun d’entre eux. D’un mouvement sec, avec toute sa force, il
me saisit par les hanches pour me rapprocher de lui, nos sexes se touchent, mais nos vêtements les
frustrent.
Sa main se dirige directement, inexorablement vers mon entrejambe, il m’agrippe le pubis, frotte sa
paume contre mes collants, le contact indirect avec mon clitoris est à la limite du supportable, ses
caresses sont d’une force et d’une précision élémentaires.
J’essaie d’agripper mes collants pour les faire descendre. Plus il m’aide à me déshabiller, plus il
s’imprègne de chaque centimètre de mon corps. À ce rythme, je me retrouve vite à moitié dévêtue ; les
seins jaillissant de mon soutien-gorge ; mes collants, ma culotte, bloqués par mon attelle. Je suis presque
nue, mais totalement offerte, à lui, à sa main qui revient à sa place. Au-dessus de nous, le bois est brut
comme lui.
Doucement, son pouce dessine des lignes entre mes grandes lèvres, charnues, engorgées, il s’immisce
lentement dans mon intimité jusqu’à toucher directement mon clitoris gonflé. Un autre doigt s’aventure en
moi. La sensation provoque une décharge si vive que je tressaute. Le moniteur de ski a l’air content, je
sens dans son regard taquin qu’il s’enorgueillit de me faire un tel effet.
Il est animé par une rage indescriptible. Son autre main agrippe mes cheveux, les tire en arrière
brusquement, lui permettant de plonger son visage dans ma nuque, l’embrasser, la lécher… Je ferme les
yeux.
Mon sein droit est déposé dans sa paume, soulevé, caressé. Son autre main plonge dans mon dos,
descend par mes reins pour arriver sur mes fesses, une autre la rejoint… je suis toujours immobilisée par
cette griffe géante, mes seins, ma chatte, mon cul, ma nuque… Quoi ?
Je reprends conscience, c’est impossible, cet homme ne peut pas m’envelopper à ce point. J’ouvre les
yeux et je vois deux, trois, quatre autres mains sur mon corps, et deux nouvelles, vernies d’un bleu
turquoise. Je relève mon visage et je tombe nez à nez avec Flo qui me lance un regard malicieux. Je suis
muette, ma bouche s’entrouvre, mais aucun son ne sort.
Un manège se mettait en place autour de moi depuis quelques instants, Flo était accompagnée des
deux hommes de la piste de danse, et, à l’instant, ils semblent tous s’intéresser à moi, du moins, leurs
regards ne laissent place à aucune ambiguïté.
Elle se rapproche de mon visage, ses mains se posent délicatement sur mes hanches. Mon potentiel
amant a fait un pas de recul comme pour la laisser marquer son territoire. Elle me susurre doucement :
« Dis-moi d’arrêter et j’arrêterai tout. J’ai rêvé longtemps de partager un moment comme ça avec toi,
tu ne te rends pas compte à quel point tu es belle, excitante. Je t’adore… »
Mon trouble est perceptible, je ne peux pas lui répondre, les mots se bousculent et me paralysent, je
ne réalise plus rien et je crois que je m’en fiche. Ce moment est hors du temps et de la réalité. Je me dis
que je suis sans doute dans un univers parallèle, avec elle et ces trois hommes dont l’excitation sexuelle
ne peut plus être cachée, leurs pantalons semblent prêts à exploser.
De ce petit coin abrité, sombre et glacial, se dégage un flot d’odeurs brutes envahissantes. Je ne sens
même plus le froid. La température de mon corps aurait dû descendre vers les 35°C, dans ces conditions,
mais j’ai plutôt l’impression de faire péter le mercure.
Leurs mains parcourent nos corps, nos épaules, nos jambes, mon plâtre, elles réveillent la moindre
parcelle de notre peau et s’aventurent à nouveau vers nos intimités. Le moniteur de ski a rejoint les deux
compagnons de Flo sans faire de manières. Qui pourrait lui en vouloir ?
Je me retrouve à côté d’elle, nous sommes toutes les deux partiellement dénudées, son souffle lourd
est tour à tour remplacé par de petits cris et tremblements, et je m’accorde à ses mouvements de façon
inconsciente pour l’accompagner dans son plaisir.
Après quelques instants, elle se tourne vers moi, se détache de ses prétendants et m’embrasse
fougueusement. D’une langue avide, elle me lèche les lèvres jusqu’à atteindre mes dents. Son baiser,
d’une douceur extrême, fait grandir le trouble en moi.
Sans même y réfléchir, elle me dit dans un soupir : « Lèche-moi ». Ces mots sont accompagnés d’un
regard embrumé, étonné. Elle réalise ce qu’elle vient de me dire.
Mais je ne suis pas choquée, je ne pense plus, je veux tout ce qu’elle veut. Alors, je l’accompagne à
terre, puis me rapproche de son entrejambe nu. Je regarde avec fascination sa toison dorée, j’écarte les
petites lèvres de son sexe avec deux doigts. Je n’ai jamais vu d’autre sexe féminin que le mien, ses chairs
roses s’entrelacent, c’est un spectacle merveilleux, émouvant, déroutant.
Je me rapproche pour lui embrasser le sexe, et ma langue se dirige automatiquement hors de ma
bouche. Je suis avide d’elle, son odeur est envoûtante, je suis droguée. Je parcours chaque repli de son
intimité, réagissant à chacun de ses tremblements, chacun de ses cris. Je ne sais pas ce qu’elle fait de son
côté, peut-être a-t-elle déjà en bouche l’un de ces garçons, leurs queues semblaient trembler lorsqu’ils
ont assisté à notre baiser.
Mais dans mon esprit, ce ne sont plus que des figurants, même celui que j’ai tellement désiré en moi
ne signifie plus rien quand je fusionne avec Flo.
J’aurais dû les voir s’empresser, la queue à la main, de participer aux festivités. Le moniteur de ski
saisit brutalement mes hanches alors que je suis encore en train de savourer avec majesté ce con
grandiose. Je suis à quatre pattes depuis plusieurs minutes et le spectacle de mon cul offert et de ma
chatte humide est une invitation qu’il a su recevoir.
Dans un mouvement sûr et rapide, il me prend. Il est foudroyant, empressé, ses couilles fouettent mes
fesses à chaque mouvement. Sa verge est dure et chaude, elle m’écarte les chairs, avec une puissance
telle que je suis obligée de relever mon visage, abandonnant le beau rose de Flo, nacré d’un mélange de
mouille et de salive.
Nos regards ne se quitteront pas pendant de longues minutes, jusqu’à ce que j’arrive à me rapprocher
à nouveau d’elle pour l’embrasser. Elle ressemble à une reine, au beau milieu de ces admirateurs en rut,
qui se masturbent en la regardant et qui profitent de temps à autre de ses délicates mains et de sa douce
bouche.
Pendant que nos langues reprennent leurs douceurs mutuelles, un homme se rapproche de moi pour me
caresser alors que je subis encore les assauts merveilleux de l’inconnu derrière moi. C’est très
rapidement que je suis secouée par un orgasme violent. Je laisse échapper mon cri dans la bouche de Flo,
lui mordant la lèvre presque automatiquement. Puis, je sens la verge de l’homme derrière moi trembler, il
se tend, lui aussi est pris d’une jouissance fulgurante. Ses convulsions me donnent l’impression qu’il est
en train de décharger l’essence même de l’Univers par sa verge.
Lorsque tout le monde est bien calmé, Flo se met à rire, et moi aussi, la situation est improbable…
nous reprenons nos esprits à temps pour réaliser que nous sommes nues, bien trop pour la température
extérieure.
Il a fallu peu de temps pour que les deux hommes de la discothèque disparaissent. Ils ont sans doute
été invités par l’indifférence de Flo. Ne reste plus que le troisième, mon accompagnateur, qui se
rapproche de moi et me donne les informations pour reprendre contact avec lui le temps de notre séjour
ici.
Je ne sais si je le recontacterai un jour, je ne sais de quoi demain sera fait. Cette fille qui animait
toutes mes fascinations m’a invitée à m’abandonner à elle en même temps qu’elle déposait toute son
intimité entre mes mains. Nous ne serons peut-être jamais plus que deux parfaites amies ayant vécu un
moment parfait dans une discothèque imparfaite des Deux-Alpes.
Je détestais les boîtes de nuit…
MA BITE EN FLOCONS
Julien Ligny
Depuis ce matin, ma bite cogne sous le bureau. Elle veut sortir, se libérer, se dresser. Elle veut ses
deux petits culs du vendredi. Ce soir, c’est festin : un couple de passifs, vingt-cinq à peine et deux
rondelles à se damner. Ils m’ont envoyé leurs photos : j’en bave depuis trois jours. Des fesses parfaites,
deux cambrures à me faire bander une nuit entière et une peau douce et lisse pour bien faire glisser ma
teub dessus. Je les mate en continu plutôt que de bosser. Rien à foutre du taf, des contribuables de
Briançon et de leurs impôts. Je veux niquer. Je veux pilonner et défoncer de la chatte. L’un après l’autre,
ces deux minets, et dans tous les sens. Ma bite bien à fond, et sans pitié. Ils ont voulu vingt centimètres
dans leurs petits culs de putes ? Alors, ils vont encaisser. Il n’y aura pas de retour arrière, pas de « j’en
peux plus, stop, arrête ». Vous avez voulu ma bite ? Et bah, elle est là, dans vos culs de lope, et elle est
pas près d’en sortir. À quatre pattes devant moi ! La chatte humide et frétillante. Tour à tour, toute la nuit,
je vais vous éclater, vous perforer, vous transpercer : un truc que vous oublierez jamais. LE mec ! LA
bite ! Vous en redemanderez vendredi prochain, et le vendredi suivant encore. Aucun autre type vous
niquera aussi bien que moi. Personne ! Vous m’entendez, petites putes à remplir ? Personne. Il y a que moi
et ma teub pour vous dilater le cul et vous la mettre profond. Les autres, c’est des tocards, des petites
bites, des qui durent pas, qui jutent en cinq minutes et font la gueule. Moi, je vais vous prendre le cul à
pleines mains pour bien y fourrer ma teub, je vais vous fourrager la chatte, vous labourer, vous retourner,
vous écarteler. Demain matin, vous aurez le cul en feu, encore dilaté de ma teub, et vous m’appellerez à
genoux pour que je passe de nouveau. Jamais on nous avait baisés comme ça, vous me direz. Jamais !
Vas-y ! Tu nous défigures le trou, tu nous craches à la gueule, tu nous inondes de jus… Tu fais ce que tu
veux, mais putain, tu nous baises ! Tu comprends ? Tu nous baises !
J’en bave déjà et jette un œil à l’horloge du bureau. 17 heures. Enfin ! Je dis à peine au revoir aux
collègues. Rien à foutre de leurs gueules de cons. Ils vont rentrer se caler devant TF1 pendant que j’ai ma
bite en écran large dans la tête. Panoramique, dolby-stéréo et des cris de putes à la chaîne. À peine chez
moi, je me fous à poil et me paluche sur mon canap’. Ma teub se dresse en un quart de seconde : un pieu à
lopes. Et j’en connais deux qui vont s’empaler dessus dans moins d’une heure. Je prends mon portable,
leur envoie un texto : « Toujours OK ? » La réponse arrive dix minutes plus tard : « Désolé, on est un
peu malades. Vendredi prochain ? Bises. »
Bises ? Je hurle dans mon salon. Bises ?! Mais pour qui ils me prennent, ces deux putes ? Rien à
foutre de « bises ». Ce que je veux, c’est deux culs à bourriner. Pas des bises de petits pédés qui se
bécotent et poussent le caddie à Carrouf’ plutôt que de se faire lapider la teuch.
Bises ? Mais on est où ? Je veux pas de bises. Je veux deux bouches à bite sur la mienne ! C’est
quand même pas compliqué. Tu suces, je crache, tu te casses. Et si vous êtes deux, je vous arrose l’un
après l’autre. Pas de jaloux.
Putain de merde, quoi ! J’ai la bite en feu et personne pour me pomper. Faut que je trouve ! J’enfile
mon survêt’, me cale devant l’ordi et malenrut.fr. Quinze messages et une heure plus tard, rien de concret.
J’enrage, je beugle tout seul. Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Personne veut de ma teub ou quoi ? Je
bascule sur chomec.com. Une demi-heure pour pas grand-chose de plus. Je suis prêt à me branler quand
je tombe sur le profil d’un gros maniaque qui me tente bien : teubdeskieur, à Serre-Chevalier. Il a une
bonne tête de bourrin comme moi, et je sature des suceurs à la manque qui préfèrent les cônes à la
vanille. Je lis son profil : « Bon délire entre potes, comparage de teubs et branle, ni pelle ni suce. »
Parfait. Je regarde son mur : que des profils de mecs bien dotés. Encore mieux : « 27 et 28 février :
concours de bites dans mon chalet. » Demain et dimanche ? Waouh, royal ! On sera entre grosses teubs,
à se mater la bite. Ça va me faire du bien.
Je contacte illico le type, et en cinq minutes, je suis inscrit. Ça, c’est une affaire qui roule. Pas de faux
plan. Rendez-vous demain à 9 heures au bas des pistes, histoire de faire un peu connaissance. On n’est
pas des bêtes, quoi. Puis, à 16 heures, direction le chalet et on sort tous le matos. On compare, on jauge,
on tâte. Entre mecs, quoi !
Je me mets au lit sans me branler, pour être certain de gagner demain, et je me réveille la teub comme
sur un podium. À 8 heures et quelque, je suis en voiture. Direction le village de Monêtier-les-Bains. Il y
en a pour trente minutes. Exactement le temps qu’il me faut pour me chauffer la teub. Je la sors de mon
pantalon de combinaison et m’astique à chaque feu rouge. J’ai encore en tête les deux petits branleurs que
j’aurais dû niquer hier, leurs bonnes petites boules de putes, leurs rondelles à me brûler la langue. Je suis
à deux doigts de gicler et range l’équipement dans ma combi en arrivant à la station. Teubdeskieur est
censé m’attendre en bas des pistes, près du chalet-restaurant. Signe distinctif : un anorak rouge, avec
« 22 » écrit dessus. Le nombre de centimètres ! qu’il m’a dit hier. À vérifier. En tout cas, il est déjà là,
avec deux autres mecs de mon âge, trente-cinq, quarante. Je les sens no tabou no pudeur. Le concours
s’annonce chaud.
Teubdeskieur s’appelle en fait Paul, et les deux autres sont en couple.
— Tu connais les pistes ? me demande l’un d’eux.
— Sans problème. Même si je vais plus souvent à l’Aravet.
— C’est vrai : c’est plus cool, là-bas, acquiesce Paul. Plus de choix et plus de rouges. Mais ici, il y a
les thermes. Et on aime se faire un petit sauna après…
Les deux mecs en couple acquiescent en souriant, et on se dirige tous ensemble vers les remontées
mécaniques. Paul me prend à l’écart :
— En fait, ils sont pas excellents en ski, mes potes. Sinon, on serait allés à l’Aravet.
Je le rassure :
— Pas de souci. L’an dernier, aux States, j’ai fait des black diamonds. Mais on va dire que là, je suis
pas venu que pour ça…
Paul me fait un clin d’œil :
— Tu seras pas déçu. C’est des fous de branle. Dès qu’ils peuvent, ils te sortent leur pine et ils…
Paul s’interrompt : on est arrivé au pied des pistes, et la foule des skieurs nous entoure. J’opine du
chef d’un air entendu. Ça va être difficile d’attendre l’heure du goûter pour s’amuser vraiment. Mais je
me laisse porter par les pistes, et comme on a perdu la trace des deux potes de Paul, je reste avec lui. La
matinée est magnifique, le soleil au rendez-vous et la perspective de quatre grosses teubs sorties de leur
combi devant un feu de cheminée me fout une trique de malade. Paul a dû s’en apercevoir, car au bout de
la troisième piste rouge, il me lance :
— Tu sais, on n’est pas obligés d’attendre cet aprèm pour aller au chalet. On peut y faire la pause-
déjeuner…
— Sans les deux autres ?
Il me jette un regard étonné :
— J’y avais pas pensé, mais…
Ma propre proposition me surprend, et je tente de me rattraper :
— On peut faire une présélection tous les deux. Avant la finale à seize heures…
Paul éclate de rire :
— T’es prêt à perdre ?
— Ça dépend des épreuves. Je me défends plutôt bien, je pense.
Le rire de Paul se prolonge, et j’ose pas en demander plus. On rejoint en silence son chalet, un peu à
l’extérieur du village, sur un chemin qui s’enfonce dans la forêt. Aussitôt arrivés, Paul se fout à poil.
— La douche est à gauche après la cuisine, m’indique-t-il. Tu veux en prendre une ?
Je n’arrive pas à répondre, je fixe sa queue, aussi petite qu’épaisse. Certainement pas 22 centimètres.
Je m’approche de lui :
— On le fait où ce concours ?
Il plonge son regard dans le mien, il a des yeux gris magnifiques.
— Dehors.
Un instant, je perds pied :
— Dehors ?
— Bah ouais, t’avais pas compris, ça ?
Je bafouille presque :
— Non… Je crois pas.
Il me défie d’un œil souverain :
— T’as peur de pas bander ?
— Bien sûr que non !
— Alors, à poil, et on y va !
Il est déjà dehors que je n’ai même pas fini d’enlever ma combinaison. De l’autre côté de la porte-
fenêtre, il me fait des grands signes et se fend d’un sourire vicelard. Il est pieds nus, le con, mais sa teub
se dresse déjà. La mienne se noie dans mon boxer.
Je me désape quand même et le rejoins dehors. Malgré le soleil, il pèle à mort. Au lieu d’avoir la bite
en drapeau, j’ai les orteils en carafe. Je peux à peine faire un pas. Paul s’approche de moi, goguenard :
— Un coup de froid ?
Je baisse les yeux vers mon petit bout de queue. Elle a jamais été aussi ridicule. J’essaie de faire
diversion :
— La tienne, par contre…
— Ouais, toujours prête ! Qu’il neige, qu’il vente… Une bête à concours.
Elle n’est pas très longue, mais épaisse et bien dure, avec un gland parfaitement dessiné. Il bande
comme un âne, le Paul. Pas un tremblement, pas un frisson. On pourrait s’asseoir dessus.
Je déglutis et jette un regard à ma queue. Elle s’est encore un peu plus rétractée, il n’en reste
quasiment rien. J’ai honte !
Pour la première fois de ma vie, j’ai honte de ma teub. Elle qui m’a toujours suivie, dans n’importe
quel cul, dans n’importe quelle chatte, voilà qu’elle me lâche. Elle m’abandonne, niquée par la neige et
trois flocons. J’en ai la chair de poule, et sans que je l’ai vu venir, Paul se colle à moi, la bite contre mon
cul :
— T’as besoin qu’on te réchauffe, toi !
Sa teub entre mes fesses m’empêche de répondre. J’arrive à peine à respirer. Il me mordille
l’oreille :
— Je crois qu’on est faits pour s’entendre, tous les deux.
Je voudrais crier que non, pas du tout ! Que c’est moi qui nique, putain. C’est moi qui baise ! Pas
l’inverse. Mais seul un souffle de buée sort de ma bouche et la bite de Paul grossit un peu plus encore.
Elle m’écarte les fesses, se tend contre ma raie, et l’espace d’une seconde, j’en ai terriblement envie.
Elle est tellement chaude, tellement dure, et Paul me tient si fort contre lui. Je commence à bander, tente
de m’y raccrocher :
— On pourrait peut-être reprendre le concours…
J’ai presque bafouillé et je sens que Paul se penche au-dessus de mon épaule pour jauger ma
pathétique érection :
— Trop tard, mec. T’as perdu. T’es fini.
Sa bite glisse le long de ma fente, sue contre mon cul. À moins que ce soit moi qui commence à
mouiller ? Je ne sais plus. Je divague. Tout s’embrouille. Est-ce que je pourrai vraiment avoir envie qu’il
me défonce ? Est-ce bien moi qui veux ça ? Sa petite teub bien épaisse et bien raide dans mon trou ? Je ne
peux même pas réagir : d’un seul geste, il me fout à quatre pattes, mains et genoux dans la neige. Une
seconde, un souffle d’air froid me caresse la rondelle, puis sa langue se colle à mon cul, et une vague de
chaleur me dilate le fion. Il fourrage dans mon trou, ses lèvres m’aspirent, me sucent. Sa langue va et
vient jusqu’à mes couilles, puis fait le tour de mon cul, s’y faufile et s’y glisse. Je ne peux plus rien dire,
je n’arrive même pas à penser. C’est trop bon. Il me bouffe, il me lèche, il m’écarte : il fait ce qu’il veut.
Je n’ai plus envie de décider, de choisir. Oui, me laisser faire, tout lâcher, et si Paul le veut, me faire
déchirer le cul, me prendre sa teub dans toutes les positions. Il peut me faire bouffer la neige, j’obéirai
Mais il me redresse d’un seul mouvement, me colle de nouveau à lui, et de ses mains, resserre mes
cuisses autour de sa pine. J’en tremble. Sa teub cogne contre mes couilles, suinte entre mes jambes. Je
ferme les yeux. Il bout de partout, me lèche le cou, me caresse le torse, le ventre, les fesses. Il n’a plus
besoin de plaquer mes cuisses contre sa queue, je ne la lâche plus. Il va et vient entre mes jambes. À
chaque mouvement, mes couilles en prennent un coup, j’en redemande. Mon cul mouille en même temps
que sa pine, et je la serre plus fort encore. Il va cracher. Sa bite tremble, j’attends ça comme jamais. Il
s’accroche à moi, plante ses dents dans mon épaule, me mord. Je lâche un cri et étouffe sa bite un peu
plus. Il hurle, rugit presque, tressaute contre moi. Un flot de sperme se répand le long de mes couilles, de
mes cuisses. Sa bite en est pleine. Elle glisse encore entre mes jambes. Son jus remonte jusqu’à mon cul,
se mélange à ses poils, aux miens. Ma chatte dégouline de sa jute brûlante, et il descend le long de mon
dos sa langue en feu pour boire à mon trou. Il avale, aspire, m’ouvre de nouveau. Je ruisselle, l’inonde,
mais il en veut chaque goutte. Sa langue est partout et m’arrache un râle de vertige. Je ne tiens plus
debout, la tête me tourne. Sa bouche est insatiable, lèche chaque poil de mon cul, remonte jusqu’à mes
couilles, me pousse un peu… Et je tombe. La tête dans la neige, je n’en peux plus. Mais Paul s’en fout. Je
sens déjà la chaleur de sa bouche contre ma rondelle… quand deux voix me font relever la tête, et celle
de Paul presque en même temps :
— Ah, vous êtes là, les mecs !
Les deux potes de Paul sont devant nous, à se triturer la teub :
— Il vous en reste un peu pour nous ?
Ils commencent à se désaper, et deux énormes queues apparaissent devant moi. Paul n’avait pas menti.
Je me relève, ou plutôt : je titube. Paul me prend par la taille. J’ai de la neige plein le visage, je le
sens. Et je n’ose regarder ma queue. Je n’ai pas bandé, encore moins joui. Elle doit être ridicule. Mes
orteils sont à - 20° et un filet de sperme coule sur mon mollet gauche. Jamais je n’ai eu aussi honte. Sans
un mot, je rentre dans le chalet, récupère mes vêtements et me rhabille. Dans un suprême effort, je
retourne dehors saluer Paul. Il s’étonne :
— Tu ne restes pas ?
D’un sourire chaleureux, les deux autres insistent. Mais non. Je ne reste pas, je descends le petit
chemin et regagne le parking en bas des pistes. Je n’aurais pas supporté de recommencer. Rien que
l’idée… Non vraiment. J’en frissonne, j’ai froid. Je me cale dans ma voiture et branche le chauffage à
fond. Mon portable bipe. C’est l’une des deux petites lopes d’hier : « Je ne suis plus malade, je peux
passer chez toi ? » Je commence à me réchauffer. Ma bite se réveille. Je lui réponds aussitôt : « Oui .»
Ça, je peux.
LA NEIGE ET LE FEU
Clarissa Rivière
Une fois de plus, Julie se maudit d’avoir accepté. Qu’est-ce qu’il lui a pris de partir avec cette
écervelée ! Zoé est la copine idéale pour sortir, boire, faire la fête, mais de là à partir une semaine au ski
ensemble…
Zoé lui avait fait miroiter des vacances de rêve :
— C’est connu, ma belle, rien ne vaut le froid et la neige pour donner le feu aux fesses ! On va
s’éclater ! Et c’est le meilleur moyen pour oublier Marc, je te le promets. Je ne connais pas de meilleur
remède au chagrin d’amour : baiser ! Le plus tôt possible et avec un maximum d’hommes : il n’y a que ça
qui puisse calmer la douleur et te faire tout oublier. Je m’y connais !
Julie en doutait. Zoé changeait de partenaire toutes les semaines, avait-elle vraiment connu une seule
peine de cœur dans sa vie ?
— Mais je ne sais plus skier, la dernière fois, j’avais encore des couettes !
— Justement, j’ai tout prévu, cours particuliers tous les matins. Allez, pour une fois, ne fais pas ta
rabat-joie…
Zoé, son amie de toujours. Si différente pourtant. Aussi délurée et coquine qu’elle-même se montre
romantique et réservée. Enfin, pas toujours. Julie doit reconnaître qu’elles partagent un même goût pour
les jeux de l’amour. Pour le sexe. La seule différence, c’est qu’elle préfère jouer avec un unique
partenaire, son amoureux, quand Zoé préfère les multiplier.
Et maintenant, Julie progresse difficilement, portant ses skis et ses bâtons, engoncée dans de lourds
vêtements d’hiver. Ses chaussures lui broient les orteils, blessent ses chevilles. Elle avance lentement, les
pieds en canard, craignant de perdre l’équilibre dans le sentier pentu qui mène au départ des pistes. Un
flocon chatouille ses narines, et bientôt, ils se ruent par milliers sur son visage. L’horizon s’obscurcit,
c’est à peine si on distingue les remontées mécaniques à travers la purée de pois qui s’installe. Julie
frissonne et rajuste son écharpe.
Zoé, elle, frétille comme un poisson dans l’eau. Elle affiche une joie excessive pour dissiper la
mauvaise humeur de son amie.
— Regarde, il neige ! C’est génial ! Arrête de faire la tête ; on doit retrouver notre moniteur, là, sous
ce panneau.
Julie considère le panneau « Première Étoile », soupire. Demain, elle séchera le cours de ski pour se
réchauffer au spa de l’hôtel. Massages, hammam, sauna, d’après la brochure. Zoé était tellement pressée
de rejoindre les pistes qu’elle ne lui a même pas laissé le temps de visiter les lieux…
Les sombres pensées se volatilisent ; la mauvaise humeur de Julie fond comme neige au soleil. Le
moniteur vient d’apparaître. Il arrive tout schuss et freine devant elles en faisant voler un panache de
neige fraîche. Il dépasse leurs espoirs les plus fous. Un pur cliché, une publicité vivante pour l’École de
ski français et toute sa profession. Déjà, Zoé se redresse, bombe la poitrine sous sa doudoune, lance des
regards assassins en direction du jeune homme. À la place de celui-ci, Julie aurait déjà envie de fuir. Elle
se retient de rire, se mord les lèvres. Le temps semble suspendu quelques instants avant de repartir à toute
allure.
— Bonjour, vous êtes bien Zoé et Julie ? Je suis Pierrick, votre moniteur de ski.
Son accent chantant réjouit Julie. Elle n’en revient pas de leur chance. Ce moniteur semble tout droit
sorti de ses fantasmes. Il est tout simplement beau comme un dieu. Les yeux bleu glacier, un sourire
rayonnant, bronzé, mais pas encore brûlé par le soleil comme certains moniteurs parcheminés. Julie se
sent troublée et se tourne vers son amie. Son fou rire menace d’exploser à nouveau. Zoé en rajoute dans le
style Barbie provocante avec ses poses aguicheuses et ses battements de cils. Pas certain que ses
méthodes de citadine marchent avec cet animal de montagne, farouche et rustique. Julie choisit de jouer la
carte de la spontanéité et de la fraîcheur.
— Mesdemoiselles, vous rêvez ? Quel est votre niveau de ski ?
Les deux amies sursautent, tirées de leurs pensées respectives ; elles bredouillent des histoires de
vacances en famille, de classes de neige.
— O.K., je vois ; on reprend tout à zéro. On va aller sur la piste des débutants, là, pour se mettre en
jambes.
La matinée se déroule comme dans un rêve. Les jeunes filles redoublent d’efforts pour se faire
remarquer et rentrer dans les bonnes grâces du moniteur. Quelles que soient les raisons de leur soudaine
motivation, celle-ci leur permet d’accomplir de réels progrès. Pierrick les félicite, et les deux amies se
trémoussent, le cœur gonflé de joie et de fierté. Comble de félicité, il les invite à la fin de leurs deux
heures de leçon à prendre un café.
— On va faire le point ; je vais vous expliquer le programme de la semaine. Samedi, je vous emmène
sur une piste noire !
Il s’amuse de leurs cris de protestation qui l’émoustillent plus qu’ils ne le dissuadent. En réalité, au-
delà des explications qu’il souhaite leur fournir, il a envie de voir ses deux clientes parisiennes
débarrassées de leurs écharpes, anoraks, bonnets, lunettes… Il devine deux jeunes filles séduisantes.
D’ailleurs, la plus grande, Zoé, ne le sait que trop.
Tous trois s’installent à l’intérieur, près d’un feu de cheminée qui crépite. Julie et Zoé deviennent
méconnaissables à mesure qu’elles se débarrassent de leurs différentes couches de vêtements. Zoé
commence par dérouler son écharpe au ralenti, avec de grands mouvements de tête pour bien montrer ses
longs cheveux blonds. Ils volent en tous sens, enfin libérés du carcan du bonnet. Elle poursuit en ôtant son
anorak, sa polaire en un long effeuillage aussi sensuel que celui d’une stripteaseuse. Elle ne garde qu’un
sous-pull moulant, sous lequel ses seins menus pointent effrontément. Les yeux de Pierrick brillent ; il se
retient de sourire. Sa copine se déshabille plus discrètement et révèle de jolies formes, parfaitement
mises en valeur par son pull ajusté qui ne cache rien. Elle tente de camoufler sa poitrine généreuse en
croisant les bras, mais ne réussit qu’à attirer l’attention de Pierrick. Les deux amies, le feu aux joues,
rient nerveusement, le nez dans leur chocolat chaud. De vraies collégiennes. Mais il en faut plus pour
rebuter Pierrick. La Parisienne en goguette, c’est sa spécialité. Il sait profiter des avantages du métier
quand des occasions se présentent. Il ne va pas se précipiter, cela enlèverait du sel à l’affaire. Il va jouer
sa partie, rester concentré sur la technique des deux débutantes et sur les progrès à réaliser. Il va les tenir
en haleine.
Pierrick se lance dans un long débriefing de leur matinée et leur parle d’« appui amont », d’« appui
aval », de « carres », de « planter de bâton », tout en noircissant la nappe en papier de croquis fiévreux.
Le regard de Zoé reste vague, elle n’écoute qu’un mot sur deux et rêvasse en contemplant le bras musclé
du moniteur. Elle voudrait bien qu’il lui plante son bâton quelque part, bien profond. Pierrick considère
Zoé et soupire. Elle n’a pas deux sous de cervelle, celle-là. Il reporte ses espoirs sur Julie, qui semble
l’écouter attentivement et boire ses paroles. En réalité, si Julie parvient à se donner un air intelligent, elle
n’écoute pas plus que Zoé. Elle se laisse bercer par le timbre de sa voix mâle. Une voix si grave qu’elle
semble résonner dans son ventre, et plus bas aussi, au creux de ses jambes. Pour la première fois depuis
des heures, Julie meurt de chaud. Elle se penche encore sous prétexte de mieux voir le dessin. Elle tente
de capter l’odeur du sportif. Elle ferme les yeux, les narines palpitantes, enivrée par la légère odeur
épicée qu’elle perçoit. Elle se sent devenir humide de désir.
Zoé se dirige vers les toilettes, sans oublier de rouler des fesses. Julie se mord les lèvres. Elle est sur
le point de commettre l’irréparable. Elle va trahir Zoé. Après tout, elle est en plein chagrin d’amour, Zoé
comprendra. Profitant de son absence, Julie confie à son moniteur son envie de progresser plus vite. Elle
réserve une leçon supplémentaire pour elle toute seule, dans l’après-midi. Pierrick se montre ravi de son
zèle, et charmé par son sourire. Julie est sa préférée avec ses courbes si féminines et sa douceur.
L’enthousiasme hystérique de Zoé l’effraie plutôt. Il s’empresse d’acquiescer. En plus, le projet se
justifie : Julie skie moins bien que Zoé. Une ou deux leçons de plus ne peuvent pas lui faire de mal.
Zoé fulmine. Comment Julie a-t-elle pu lui faire un coup pareil ? Quelle garce, malgré ses airs de
sainte-nitouche ! La planter tout l’après-midi pour rester seule avec Pierrick. Mais la jeune fille n’est pas
du genre à se laisser abattre. Il n’y a pas de raison que seule Julie s’éclate ; elle aussi va avoir son cours
particulier, et son moniteur rien qu’à elle cet après-midi. Elle a bien regardé l’affiche avec les photos de
toute l’équipe et a demandé un cours avec Alain. Pas aussi beau que Pierrick peut-être, mais tout aussi
bronzé et musclé. Elle l’attend de pied ferme.
Un moniteur vient à sa rencontre ; Zoé pense d’abord à une erreur. Il a au moins cinquante ans. En le
regardant de plus près, elle doit s’avouer qu’elle le reconnaît. La photo doit dater quand même. Quelle
déception ! Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Zoé décide de jouer le jeu. Elle y gagnera au moins
quelques progrès en ski.
Alain s’amuse. Son jeune collègue l’a mis en garde contre cette cliente à moitié nymphomane. Mais il
n’est pas un homme facile, lui : il ne se laissera pas impressionner par des œillades. D’ailleurs, elle se
tient à carreau, on dirait, et fait profil bas. Ce n’est pas une mauvaise chose.
— Pierrick vous a expliqué le planter de bâton ? O.K., on va voir ce que vous savez faire, on va
prendre ce téléski, là, et descendre la piste des Oursons. Suivez-moi !
Zoé cache sa contrariété et se laisse glisser bravement vers le remonte-pente. Il n’y a personne ; c’est
tout de suite à elle de s’emparer de la barre de fer. Elle ne décolère pas. Comment un tire-fesses subsiste
encore dans cette station huppée ? Normalement, ils ont tous disparu pour laisser la place à des télésièges
flambant neufs, débrayables, qui vous cueillent délicatement par-derrière pour vous emmener en douceur.
Un perchiste, la clope au bec, lui tend une barre avec rudesse. Tout juste s’il ne la lui fourre pas entre les
jambes. C’est parti, dans un bruit de ferraille assourdissant. Un cahot la fait décoller de la piste ; elle
s’agrippe de toutes ses forces, incapable de se détendre. Elle craint de verser sur le côté, de tomber,
stoppant net toute la remontée. La honte absolue. Au bout de quelques secondes, un rythme de croisière
plus tranquille s’installe. Zoé reprend confiance, allant jusqu’à goûter la promenade. Le membre d’acier
glacé repose contre son pubis. Il forme un coude qui pèse au bon endroit, générant une douce chaleur
entre ses jambes. Zoé remue pour mieux le positionner et serre les cuisses. Bientôt, elle se laisse
surprendre, un mini-orgasme la traverse, un autre encore. Ils s’enchaînent sans répit jusqu’à son arrivée.
À peine sa leçon terminée, Zoé se précipite à nouveau vers son cher téléski et refait tout le chemin
vers le paradis, serrant fort la perche entre ses jambes. Elle tient la tige de fer à deux mains, se frotte
contre elle juste au bon endroit. Sans se lasser, elle recommence encore et encore le doux trajet, sous les
regards goguenards du perchiste. Zoé, qui ne peut plus se passer des spasmes de plaisir qui l’attendent
chaque fois, descend la piste de plus en plus vite.
La nuit tombe sur la station. Zoé décide de s’offrir un dernier voyage au septième ciel avant de rentrer
sagement. Elle se prépare, se met en beauté pour l’engin de métal qui lui procure tant de plaisir. Elle
retire son bonnet et laisse la neige se déposer sur ses longs cheveux. Elle ne sent plus le froid ; elle brûle,
au contraire. C’est son dernier rendez-vous avec son amant d’acier ; il sera inoubliable.
Zoé retient un cri de déception. Elle arrive trop tard. Le téléski vient de fermer. Devant son désarroi,
le perchiste la questionne :
— Cela vous pose un problème pour rentrer ? Je peux vous déposer si vous voulez, j’ai un scooter
des neiges.
Il lui désigne une espèce de moto sur skis, et Zoé retrouve le sourire. Certes, le perchman buriné et
ridé comme une vieille pomme ne correspond pas vraiment à son type idéal, mais ses mini-orgasmes l’ont
tellement excitée qu’elle serait prête à suivre le Yeti. Des orgasmes inachevés… qui n’ont pas réussi à la
combler. Elle accepte avec reconnaissance et s’installe derrière l’homme.
— Accrochez-vous, ça va secouer ! Je vous ai observée cet après-midi… vous l’aimez bien mon tire-
fesses hein ? Ça vous dirait de tirer un coup aussi ?
Zoé voudrait s’offusquer d’être traitée ainsi, mais le regard clair de l’homme prouve sa sincérité et
son désir. Un homme fruste, voilà tout, qui ne sait pas parler aux dames ; Zoé ne va pas se formaliser pour
si peu. Elle ne veut pas rester seule. Julie va la soûler avec son moniteur. Elle, elle aura son perchiste.
C’est toujours mieux qu’une barre de fer. Pour toute réponse, elle se presse contre le dos de l’homme,
entoure sa taille de ses mains, s’accroche à ses hanches. Il démarre, il emporte son précieux fardeau le
sourire aux lèvres. Finalement, se retrouver affecté sur cette antiquité n’est pas un si mauvais plan.
Pendant ce temps, Julie affronte un vent glacé qui pique ses yeux, patiente dans les queues
interminables des télésièges, lutte contre la nausée provoquée par leur balancement vertigineux… Mais
rien n’a d’importance. Elle se trouve avec le plus bel homme du monde, et elle le suivrait en enfer. Ce
n’est pas l’intention de Pierrick. Le jeune moniteur a décidé de lui en faire baver pour retarder le moment
fatal : il adore faire languir ses conquêtes. Mais il se trouve pris à son propre piège. Il s’attache plus que
de raison à cette petite Parisienne si courageuse. Julie force son admiration. Cela fait une heure qu’il teste
sa motivation sur des pentes de plus en plus ardues. À chaque remontée de télésiège, il se rapproche
d’elle et apprécie son contact. Ils arrivent toujours trop vite au sommet.
Pierrick décide de passer à l’action à l’issue d’une dernière remontée épaule contre épaule. Il choisit,
cette fois, de l’emmener sur sa piste secrète, une sorte de dead end à l’autre bout de la station. Une
impasse très peu fréquentée, une anomalie dans le plan des pistes emberlificotées. Personne ou presque
ne s’y risque. Comme Pierrick l’espérait, ils ont la piste pour eux seuls. Il demande à Julie de passer
devant pour observer ses virages et se perd dans la contemplation de ses petites fesses ondulant
gracieusement au-dessus de la neige. Son anorak bleu danse devant ses yeux, comme une invitation à
l’amour. Il la rejoint et lui propose de faire une pause goûter sur le côté. Pierrick a de l’expérience.
Aucune fille ne résiste à du chocolat, et Julie ne fait pas exception à la règle.
Ils grignotent les friandises, appuyés l’un contre l’autre. Pierrick frictionne le dos de son élève, il
craint qu’elle prenne froid en restant immobile. Julie le rassure, elle se sent parfaitement bien et lui
adresse un sourire craquant. Pierrick ne résiste plus. Il se penche vers son visage et pose ses lèvres
glacées sur les siennes, en un baiser léger, plus amical qu’amoureux.
— Pour nous donner le courage de repartir !
La sage et timide jeune fille se transforme alors en volcanique jeune femme. Elle ne le laisse pas
s’éloigner, elle le retient, saisit sa nuque, lui rend son baiser – un baiser passionné, cette fois. Sa petite
langue s’enfonce dans sa bouche, s’enroule autour de la sienne, qu’elle ne lâche plus. Pierrick sent son
sexe réagir, réclamer d’autres caresses. Le jeune homme s’emballe, fouille à deux mains sous la
doudoune de Julie, cherchant le contact de sa peau, sans y parvenir. Julie semble inaccessible, protégée
par une armure de vêtements, et plus désirable que jamais. Pierrick devient fou de désir. Il retire son
blouson de ski et le dépose dans la neige. L’anorak fera le plus douillet des lits pour des amants qui ne
peuvent attendre une minute de plus. Pierrick invite Julie à s’y allonger et prend garde que sa tête, ses
reins soient bien posés sur la doublure. Julie est si petite que seules ses jambes reposent dans la neige. Il
se couche doucement sur elle et la réchauffe en soufflant un air brûlant dans son cou. Julie oublie tout, le
froid, la neige, la piste toute proche où des crissements de skis se font parfois entendre. Son moniteur
l’embrasse à nouveau, et son sexe se presse contre le sien. Malgré l’obstacle de leurs pantalons, Julie
sent le pénis dressé la chercher, battre entre ses cuisses. Pierrick ouvre sa braguette et descend le
pantalon de ski de la jeune fille. Dieu merci, elle ne porte pas de combinaison intégrale. Il s’écarte à
peine d’elle pour éviter que le froid mordant s’infiltre entre eux. Leurs sexes entrent en contact, peau
contre peau ; les jeunes gens soupirent de bien-être. C’est chaud, humide, si doux. La verge de Pierrick
durcit encore et s’enfonce lentement entre les petites lèvres humides. Le jeune homme serre fort Julie
contre lui et la pénètre profondément. Il aimerait tellement tenir son corps nu sous le sien, sentir toute sa
peau. Il glisse ses mains glacées sous le pull et fait frissonner son amante. Julie ne peut retenir ses cris.
Le contraste entre les caresses gelées et le feu de son désir la rend folle. Elle se cambre ; Pierrick l’aime
avec fièvre, fouetté par la peur d’être surpris. Julie bouge en cadence, soulève son bassin à sa rencontre ;
elle ne tarde pas à exploser de plaisir.
Les deux amies se retrouvent tard dans la nuit et tombent dans les bras l’une de l’autre, se confondant
en excuses. Tout est oublié. Épuisées, elles décident d’un commun accord d’annuler la leçon du
lendemain pour faire la grasse matinée et profiter du spa.
Après avoir barboté seules dans le jacuzzi, Julie et Zoé rejoignent le hammam tout aussi désert. Tout
le monde doit être en train de skier. Alanguies par l’atmosphère moite de la pièce, elles se racontent leurs
aventures de la veille, de plus en plus émues à mesure qu’elles abordent certains détails. Zoé observe
Julie d’un œil neuf, elle admire ses formes voluptueuses, sa poitrine généreuse. Elle voudrait
emprisonner ses seins dans ses mains. Elle ne les avait encore jamais vus.
— Dieu, que tu es belle, Julie ! Est-ce que tu aimerais un massage ? Je m’y connais, j’ai quelque
talent, tu verras. Étends-toi sur ta serviette et profites-en, laisse-toi faire…
Julie s’allonge, un peu gênée d’exposer ses fesses, mais trop curieuse de goûter au massage proposé.
Son embarras disparaît à l’instant où les mains de Zoé se posent sur son dos. Des mains légères la
caressent délicieusement, bientôt rejointes par une douce bouche qui dépose une pluie de baisers sur son
dos, au creux de ses fesses. Une langue s’insinue et goûte son intimité. Julie, étourdie de chaleur et de
sensations, n’a pas la force de protester. Elle s’abandonne et découvre avec ravissement la douceur de
l’amour entre filles. Douceur des peaux, des baisers, des chairs tendres qui se frottent l’une contre
l’autre, des langues mouillées qui s’attardent dans tous les plis des sexes. Couchées sur le banc de bois,
elles gémissent de plaisir à l’unisson, buvant chacune à la source intime de l’autre.
Malgré tout, la plus délicieuse des langues de fille ne peut remplacer la queue bien dure d’un homme.
Zoé, plus excitée que jamais malgré l’orgasme, glisse une main entre ses cuisses et se retient de se
caresser. Les douces lècheries de Julie viennent de réveiller une furieuse envie de baiser.
ICE DRIVING
Daniel Nguyen
Cinq minutes douche comprise, qu’ils disaient. Tu parles ! Sur cette île de glace, ça glisse, ça gèle et
congèle en bien moins de cinq minutes ! Cet hôtel est taillé dans la glace, piscine comprise. La chambre
est aussi lisse qu’une patinoire olympique, entièrement garnie de peaux de bêtes à poils longs.
Heureusement, nous ne sommes pas allergiques, et George veille sur nous. C’est le majordome qui est
assigné à notre suite, à Ludmilla et moi, Frida. Il est français, en livrée très légère. Il s’occupe
d’entretenir l’âtre, à la sortie de notre sauna privé. Il a l’air motivé, George, alors qu’il est frigorifié, le
pauvre ; motivé et dévoué à notre service, pour nos sévices et caprices de bourgeoises aux velléités de
pilotes automobiles sur glace. Une vodka on the rocks dans chaque main, il nous attend, droit comme un
I ; enfin, pas tout à fait, les fesses nues et rougies par le foyer, les lèvres bleues, les talons collés l’un à
l’autre, les doigts de pieds à quarante-cinq degrés, une serviette pliée en quatre, ornant chacun de ses
avant-bras musclés sans excès. Et nous, deux brûlantes et vaporeuses frêles gazelles essoufflées,
approchant la petite quarantaine, tout juste couvertes d’un semblant de pagne ridiculement fin et
transparent, face à ce mâle bien élevé, au chibre prometteur et chaleureux. Quelle tentation pour ne pas
perdre la moiteur du sauna ! George ! George ! Un papillon bariolé, aux ailes bleues et transparentes
comme la glace, vient se poser sur son gland décalotté, gorgé comme une éponge marine et luisant.
« Allons à la chasse au papillon, Ludmilla! »
Impassible, raide comme un piquet, George regarde fixement le plafond de glace, où se reflètent les
flammes du foyer. Nous le débarrassons des serviettes, que nous posons au sol pour nos genoux douillets.
Le papillon prend son envol et j’embrasse, du bout des lèvres, le gland décalotté et brillant. Ludmilla
tombe en prière, à côté de moi, lape juste pour le goût et prend sa vodka en main. George inspire fort et
caresse la serviette qui entoure mes cheveux. Quel self-control, ce George ! Ça, c’est du service trois-
pièces! Je le mordille en remontant le long de ses tablettes de chocolat, jusqu’à atteindre son torse
imberbe et ses tétons dressés et percés. Ludmilla prend une belle gorgée de sa vodka on the rocks en
bouche et engloutit le champignon, puis la moitié de l’imposant membre, en apnée. J’adore ce bruit
qu’elle fait en le dévorant goulûment. George se concentre sur le papillon, qui virevolte autour de nous, et
finit par se poser sur le bord de mon verre, que notre majordome a toujours en main. Je laisse tomber mon
pagne, frotte ma poitrine contre ses tétons. Toujours raide comme un piquet sous les coups de langue de
Ludmilla, imperturbable, George reste concentré sur son office, tel un garde royal de Buckingham Palace.
Clin d’œil de Ludmilla.
Nous nous comprenons si bien, nous nous connaissons si bien, depuis le temps. Nous allons le faire
craquer, notre George ! Je veux son sirop d’orgeat dans ma vodka, et je l’aurai ! Je partagerai avec
Ludmilla, nous partageons tout depuis toujours ! Je tente un baiser, poussant la tête de ma complice avec
mon bassin plus avant sur le chibre. George se laisse faire sans sourciller. Seul le gémissement de
Ludmilla trahit un afflux de mouille plus important de son méat. Bien, passons à la vitesse supérieure ! Je
m’empare de mon verre. Ses mains libres s’occupent de donner la mesure à Ludmilla. Je me glisse
derrière lui, tout en lacérant son torse bombé comme ses fesses, sans jamais perdre le contact charnel. Je
sens, aux frissons qui parcourent sa peau et à sa respiration devenue moins régulière, qu’il aime beaucoup
mes ongles acérés. Et encore, il n’a pas encore goûté à ma botte secrète ! Ludmilla l’a bien en bouche.
Elle est plus douée que moi pour les gorges profondes, et sa salive, bien plus abondante que la mienne.
J’ai bien compris qu’à défaut d’être eunuque, George a plutôt des tendances homosexuelles. Seuls les
homos s’entretiennent et s’épilent de la sorte, jusqu’à l’anus étoilé, que je commence à humecter de ma
salive. D’une pression de ses doigts sur les miens, Ludmilla m’indique qu’il y est très réceptif. Elle est
parfaite, je récolte ses filets de salive sur les bourses de notre éphèbe pour l’enduire et le préparer
comme il se doit. Vient le moment crucial où mon index l’ouvre doucement. En première réponse, son
œillet s’offre sans ombrage, ses doigts se perdent dans ma chevelure libérée et me plaquent fermement
entre ses fesses. Je ne tarde pas à trouver sa vessie, puis sa prostate en émoi. Ma botte secrète est
irrésistible ! Ludmilla accélère ses va-et-vient jusqu’à sa garde, et nous le sentons monter toutes les deux,
perdre petit à petit sa maîtrise. Sa respiration se mue en gémissements, puis en un long rugissement
guttural juste avant la giclée, la toute première ! Ludmilla se retire, je lui passe mon verre, accentue
encore mon massage prostatique. La récolte est copieuse, et le cocktail délicieux ! Ludmilla me confie
que c’était la petite touche qui manquait à l’original. Nous libérons George de ses obligations pour le
reste de la nuit. Notre voyage a été épuisant, et nous avons en perspective une première journée chargée
pour notre stage de conduite sportive sur glace.
* * *
Ingvar a, certes, pris de l’âge, mais son physique est impressionnant pour un pilote. Un pur produit
viking bien conservé dans sa combinaison moulante. Il n’aurait jamais pu entrer dans une Formule 1.
Nous sommes à l’heure, lui est en avance sur le parking de glace devant les voitures qui nous attendent.
Nous avons bien suivi les instructions et n’avons pris qu’un café léger au petit déjeuner. Au vestiaire, on
nous a habillées de combinaisons ignifugées. Nous n’avons eu le droit de conserver dessous que nos
sous-vêtements, et appréhendons grandement le froid extérieur. C’est George, en livrée impeccable, avec
queue-de-pie, gilet, cravate de soie et chemise blanche, qui nous a préparées chacune notre tour, sans
faire la moindre allusion à son premier service de la veille. Ingvar ne parle qu’anglais ; nous
baragouinons suffisamment la langue pour nous comprendre à peu près lors des présentations. La
gestuelle nous aide beaucoup, et l’atmosphère est très conviviale. Ce molosse a un sourire de tueur avec
ses battoirs de bouvier qu’il agite dans tous les sens.
George est une crème de majordome. Il nous a accompagnées jusqu’au parking extérieur, où tout un
choix de voitures quatre roues motrices et puissantes nous attendent, Ingvar posté devant, bien campé sur
ses longues jambes musclées, une cagoule sur la tête laissant entrevoir ses yeux de glace et sa grande
bouche garnie d’une dentition impeccable. Sur le capot du Porsche Cayenne turbo, il a disposé trois
casques intégraux munis de micros et d’écouteurs. Naturellement, et vu sa corpulence, notre choix se
porte sur ce bolide de deux tonnes et plus de cinq cents chevaux. Sur le paper-board, il a dessiné des
croquis pour nous expliquer la prise de trajectoire, quelques techniques de base, telles que le talon-pointe
ou le bon usage du frein à main non cranté. Il nous invite à prendre place, lui se réservant d’emblée la
place du conducteur. J’opte pour la place du mort, et Ludmilla celle du milieu de la banquette arrière.
Après quelques explications succinctes, dans un anglais que nous ne comprenons qu’à moitié, Ingvar
ouvre la boîte à gants et en sort un grand flacon de gel à base de silicone, que je reconnais tout de suite,
car j’utilise le même. Je souris, et Ludmilla me fait les gros yeux dans le rétroviseur, alors qu’il
badigeonne copieusement le levier de vitesses avec sa paluche de bûcheron. Il me confie le flacon que je
range à sa place, puis il met le contact, baisse sa visière, nous invite à l’imiter et à ajuster solidement nos
ceintures dans nos sièges-baquets. Pour un tour de chauffe, c’est un tour de chauffe ! Chaque virage est
ponctué de nos cris et de gerbes de poussière de glace soulevées par les pneus cloutés. Quand il finit par
freiner dans la dernière ligne droite, il nous demande si nous avons bien compris. J’acquiesce ; Ludmilla
ne souffle mot, toujours en admiration devant les battoirs d’Ingvar, qui m’invite à prendre sa place. En
bon élève, je m’installe, ajuste le siège, le volant gainé de cuir, règle les rétroviseurs extérieurs, enduis
copieusement de lubrifiant le pommeau du levier de vitesses. Dans le rétroviseur, j’observe que Ludmilla
a d’ores et déjà trop chaud. Elle ouvre sa combinaison, dégageant largement sa poitrine généreuse, ce
qu’Ingvar semble apprécier.
Cela paraissait si facile tout à l’heure, quand il était au volant, effectuant des doubles débrayages en
entrée de virage, accélérant tout de suite après, tout en donnant la direction d’une seule main sur le volant,
en regardant loin. À mon premier virage, s’il n’avait tiré sans hésiter sur le frein à main, je nous gratifiais
d’un tout-droit dans une montagne de pneus. À partir de maintenant, il se charge des vitesses, faisant
disparaître le pommeau dans sa main, ce qui est aussi l’occasion de nos premiers effleurements très
sympathiques, lorsque je fais un usage de plus en plus fréquent du fameux frein à main : le gel a pour effet
secondaire de rendre sa peau spécialement douce. À force, lui aussi devient très glissant, délicieusement
glissant. Dans la dernière ligne droite, je hasarde un œil dans le rétroviseur : Ludmilla est devenue
complètement folle ! Prise de bouffées de chaleur, elle s’est défaite de sa combinaison et de ses sous-
vêtements, se pince les tétons allègrement sous l’œil intéressé d’Ingvar, dont le levier de vitesses semble
aussi impressionnant que ses paluches. On pourrait se demander, à juste titre, pourquoi Ludmilla garde
son casque. Quand je commence à freiner progressivement pour stopper notre véhicule, Ingvar écarte ma
main du levier de vitesses et l’entraîne d’autorité sur le sien. Quand finalement le Cayenne s’immobilise,
Ludmilla a trois doigts dans sa vulve, le levier d’Ingvar luit et mouille abondamment sous mes
vigoureuses frictions. Je n’y tiens plus. N’y a-t-il pas de clim dans cette voiture de rallye hors de prix ?
Ingvar relève sa visière et m’aide à me débarrasser de ma combinaison ignifugée. De toute façon, je
suis en feu, et je pense avoir une idée très précise de la manière d’éteindre mon incendie. Notre pilote
lubrifie copieusement leviers de vitesses et frein à main, laisse le moteur tourner. Je voudrais l’embrasser
à pleine bouche, mais avec le casque, je ne peux pas. C’est le comble de la frustration de voir ce chibre
impressionnant sans même pouvoir en déguster le goût ! Je l’aide à mon tour à se libérer de sa
combinaison. Il est déjà en eau, moi qui croyais que les Vikings ne suaient jamais. Il est clair que la clim
est en panne, et je ne m’en plaindrai surtout pas à la direction ! Ludmilla est incapable de venir à mon
secours, tous ses doigts sont déjà pris, entre sa chatte enflée et luisante jusqu’à la naissance de ses fesses,
et ses tétons bandés. Mais pourquoi ne relève-t-elle pas sa visière, alors que je perçois nettement sa
respiration haletante dans mon casque ?
Ingvar me soulève comme une plume, me retourne, et je me retrouve face à ma complice. Il m’installe
sur le levier du Porche Cayenne. Ses battoirs sont si imposants qu’ils enserrent entièrement chacune de
mes fesses. Toute résistance serait vaine, et je n’ai d’ailleurs qu’une unique envie : céder au Viking qui
m’empale la vulve sur le pommeau de cuir. Il m’oblige à entamer un mouvement de balancier, à me
déhancher et passer les vitesses une à une. Il y en a huit sur ce Cayenne ! Le moteur cale : il aurait fallu
débrayer, mais impossible ! Ingvar va me refaire faire un tour de piste ! Ça excite encore plus Ludmilla,
qui se met à japper dans son casque, en me voyant enfilée par le levier de vitesses, ma main serrant
péniblement le pieu presque trop large et glissant du molosse, pour ne pas perdre l’équilibre, et ce frein à
main, si tentant, si près de mon clitoris quand je passe la quatrième ! Je vois bien qu’Ingvar observe
Ludmilla, comme moi, dans le rétroviseur intérieur, en me faisant pencher la tête en avant, pour ne pas lui
boucher la vue. Je savais qu’elle avait les doigts et les poignets fins, mais pas à ce point-là ! Ça m’excite
de la voir engloutir sa main tout entière puis de la ressortir trempée pour me donner ses doigts à lécher
devant Ingvar, qui n’en perd pas une miette. C’est inhumain, je retire mon casque, même si je dois lâcher
quelques instants le levier vigoureux d’Ingvar, qui m’exprime ses remontrances en claquant mes seins de
sa gigantesque main gauche. J’en profite pour lui retirer son casque. Il crie une première fois : Ludmilla a
empoigné sa copieuse tignasse et tire de toutes ses forces, en giclant sur l’accoudoir central et le frein à
main, comme pour m’inviter à ne pas l’oublier. Ingvar se venge sur moi en introduisant son gros, très gros
majeur dans mon anus, qui s’offre à lui malgré la brûlure soudaine. Ça sent le sexe à plein nez dans cette
voiture en panne de clim. D’ailleurs, la buée a envahi toutes les vitres, même la plage arrière.
Seule Ludmilla s’obstine à conserver son casque sur sa tête. Ses cris sont étouffés et de plus en plus
rapprochés. Un bon coup de reins, et je parviens à m’extraire du levier de vitesses qui reste au point
mort. Enfin, mort, façon de parler ! Telle une contorsionniste, je parviens à gober le gland décalotté et
rouge vif de notre maître de stage. Je serais bien tentée de le mordre, tellement il m’abreuve de sa
mouille et me fait saliver par pur réflexe. Mes griffes plantées dans ses pectoraux en acier trempé ne le
font même pas broncher. Ludmilla se cambre, se laisse glisser du bord de son siège baquet, m’exposant
bien sa chatte ruisselante et ses doigts agiles, jusqu’à son anus dilaté et trempé de cyprine. Ingvar sourit
en jetant un œil au rétroviseur et, à sa mine radieuse, je sens venir le coup fourré, comme si une idée
lumineuse avait jailli dans sa boîte crânienne d’Australopithèque. Je sais que je vais le haïr, que je vais
les haïr tous les deux ! Je tente bien de le distraire en m’empalant d’un seul coup, jusqu’au fond du fond
de mon vagin distendu, le serrant de toutes mes forces. Mais impossible de résister à la force brutale de
ses battoirs de caïman. Au contraire, il en profite pour joindre son gros index à son énorme majeur dans
mon œillet pourtant si accueillant. Je vais le haïr ! Je vais les haïr ! « Enfoiré ! »
Je la retiens, ma meilleure amie ! Même pas un petit doigt solidaire pour me venir en aide ! Bien au
contraire ! Elle se lève, s’approche de moi et torture mes tétons ! C’est un délit d’initié ! Ingvar me
soulève et extrait son levier sans difficulté, sans éjaculation non plus, toujours aussi vigoureux. Je vois
mon propre reflet dans la visière du casque de Ludmilla, ma grimace qui s’y dessine, quand Ingvar
impose le point mort à ma rose épanouie, pas si vierge que cela. L’appréhension passée, les vitesses
s’enclenchent une à une. Première, seconde, troisième. Ohhh, la quatrième ! Encore quatre ! J’adore ces
voitures de sport à courts rapports ! Ludmilla me trahit et commence à masturber le frein à main devant
moi, alors qu’Ingvar l’enduit copieusement de gel. Mon reflet ne grimace plus dans le casque de mon
amie. Je happe l’air comme un poisson rouge et me surprends à supplier le champion de m’aider à passer
la huitième. Comme pour m’encourager, dans un accès d’empathie, il me fourre sa langue dans la bouche.
Je ferme les yeux en étouffant un cri. Sa langue aussi est hors-norme.
Ils ne sont pas trop de deux pour me faire pratiquer le dérapage frein à main non cranté, en même
temps que le double débrayage !
— C’est trop ! Ingvar, c’est trop !
Non, ce n’est pas trop. Le bougre le sait bien, il a visiblement une longue pratique de ce genre de
circuit et Ludmilla se révèle un excellent copilote. Ce dérapage n’a pourtant plus rien de contrôlé ! Elle
engloutit tout son pieu dans sa bouche de carpe. Incroyable ! Tel un dragon de Komodo, elle l’avale
jusqu’aux bourses ! Et moi, je prends rapidement goût au double débrayage et au frein à main, sans même
caler une seule fois, trajectoire parfaite en courbe, accélération graduelle et à fond en sortie de virage.
Ingvar apporte quelques ajustements de forme, du bout de l’index sur mon bouton d’or. Ludmilla avale
son trop-plein de vidange sans même un hoquet. À mon tour de gicler, elle me connaît et sait reconnaître
les signes de mon ventre, de mes contractions qui se rapprochent et les sons qui accompagnent ma
montée. Non rassasiée, alors qu’il me maintient en troisième, elle colle sa bouche encore pleine de son
sperme, autour de mes lèvres. Au premier coup de langue sur mon clitoris, j’explose. Ludmilla a
tellement soif depuis tout à l’heure !
* * *
Épuisées par cette première leçon de conduite sportive sur glace, et repues, nous sommes accueillies
par notre cher George, toujours aux petits soins. Il nous prodigue un premier massage de sa facture pour
nous détendre les muscles, tous les muscles. Après un sauna privé bien mérité, il nous abreuve
généreusement de son cocktail maison dont nous raffolons. J’aime de plus en plus les sports d’hiver, et en
particulier, les sports mécaniques de glisse.
* * *
Chaque printemps, cet hôtel éphémère fond et disparaît pour renaître au début de l’hiver suivant.
Ludmilla, quelque peu frustrée et délaissée par notre champion, n’a pas l’intention d’y retourner. J’y ai
réalisé de grands progrès de conduite et n’oublie jamais plus de lubrifier mon levier de vitesses et mon
frein à main, dont j’ai fait retirer les crans, avant de tourner la clé de contact de ma berline allemande,
même en plein été. Parfois, je coupe la climatisation. L’hiver prochain, j’y retournerai seule pour un stage
d’une semaine de perfectionnement, avec ce cher Ingvar en maître de stage. Je me suis toujours demandé
comment ce papillon était arrivé là, et s’il n’avait pas été le produit d’une vision partagée, si notre
dévoué George n’avait pas trafiqué notre sauna privé en y introduisant des vapeurs un peu spéciales.
J’approfondirai la question à mon prochain séjour, en vraie célibataire, cette fois.
Note de l’auteur à l’attention de madame Hortense, épouse malheureuse de feu monsieur le comte du
Mirail, roi du yaourt brassé à la main :
L’hôtel éphémère de glace, qui a inspiré cette histoire, existe réellement et est reconstruit de toutes
pièces, chaque hiver, en Suède. Il accueille ses clients durant cinq mois. Il en existe aussi en Norvège et
au Québec. À ma connaissance, malheureusement, les séjours ne sont pas encore agrémentés de stages de
conduite sur glace ou de curling. Notre dévoué George, fidèle lecteur des « Osez 20 histoires de sexe »
de La Musardine, aura peut-être l’amabilité de leur suggérer cette option, qui pourrait remporter un franc
succès, grâce aux sévices dévoués d’Ingvar, auprès d’une clientèle fortunée toujours plus exigeante, et
soucieuse d’activités de plein air vivifiantes. Néanmoins, l’option trek en motoneige ou chiens de
traineau, qui pourrait s’avérer néfaste pour vos rhumatismes et votre arthrite naissante, vous est fortement
déconseillée. L’auteur est disposé à vous faire une lecture nocturne quotidienne, lors d’un séjour tous
frais payés, à votre charge, voyage aller et retour compris en classe Affaires, en pension complète. Si
vous n’avez pas un attrait prononcé pour la vodka, l’option cocktail maison de George n’est pas requise.
Il sera néanmoins grandement honoré que vous trinquiez à sa santé.
SOIR DE NEIGE
Aline Tosca
Avec le conseil général, c’est super. Y a des gosses qui partent en vacances à la neige une semaine
pour quarante euros tout compris. Et même quand les familles peuvent vraiment pas, y a moyen de
s’arranger. Je le sais, je suis surveillante dans un collège de la banlieue marseillaise. En plus, ma chef,
elle a Vincent à la bonne et il le lui rend bien. C’est le type qui gère notre secteur depuis sa collectivité
territoriale. Bref, cette année, au programme, y a ski, ou multi-activités, ou chiens de traîneaux. Et nous,
on peut inscrire le double de gosses que ce qui est prévu au départ. Parce que ma patronne, elle sort un
sein, et Vincent, il s’incline, non, enfin, il s’érige. Le résultat, c’est qu’on a ce qu’on veut.
L’autre jour, elle vient me voir et elle dit :
— Laetitia, ça vous dirait de bosser pour le CG pendant les vacances de février ?
Je dis chouette, au ski ? Elle dit non, rêvez pas, le ski en Savoie c’est full off, là, c’est Risoul, enfin à
quelques kilomètres. Je dis donc, au ski ? Elle répond mais enfin non, ils ont monté une compagnie de
mushers, c’est chiens de traîneau. Moi, je déchante. Les mushers, personne veut s’y frotter, tu m’étonnes
qu’ils cherchent des accompagnateurs motivés. C’est dommage parce que les huskys, les samoyèdes,
comme chiens, c’est magnifique. Et puis, qui n’a pas rêvé de rencontrer Croc Blanc ? Dans ma tête, y a
des passages de romans de Jack London qui reviennent comme par enchantement. Je me projette dans le
Grand Nord et je prends un chien qui a l’air d’un loup dans mes bras. Ah beh, vous voyez, dit ma chef,
toute joyeuse, ça vous rend pensive… Je dis que non, que je vais pas y aller, que je décline l’offre,
qu’elle sait comme moi que les pilotes de traîneau sont des chiens, des sauvages, que j’imagine pas mais
pas du tout un musher supporter des gamins. Alors, elle arbore un sourire triste, adopte aussi un air
dubitatif et c’est là qu’elle murmure presque :
— Dommage, c’était donnant-donnant. Je pouvais inscrire dix enfants de plus en séjours sportifs si je
trouvais pour dépanner Vincent, quelqu’un, quelqu’un titulaire du Bafa qui accepte de jouer les monitrices
une semaine… Pas de monitrice, pas de chiens de traîneau, pas d’enfants sur ces ateliers-là et on sait tous
à quel point les animaux…
Je coupe court, je m’évite le laïus sur la zoothérapie, je dis OK, c’est bon et j’espère que c’est bien
payé parce que quand même…
— La République et l’École laïque vous le rendront au centuple, Laetitia, n’en doutez pas !
La conversation s’arrête parce que ça sonne, c’est la récré. Je ramasse mon trousseau de clés posé sur
son bureau et je cavale jusqu’aux tables de ping-pong pour anticiper l’arrivée des morveux, euh, des
champions. Pendant que ça quille des balles dans les arbres et sur le parking, pendant que j’officie
comme ramasseur chevronné des Jeux olympiques, je me dis qu’avec un peu de chance, ces abrutis de
mushers vont ajourner eux-mêmes leur partenariat insensé et qu’ils me rendront ce service de porter la
responsabilité de l’annulation des vacances de quelques ados qui s’en remettront.
Le soir même, je suis en rut. J’ai envie de neige et de cul.
La neige en septembre, c’est compliqué, surtout quand on habite au bord de la mer. Le cul, ça l’est
beaucoup moins. Il suffit de sortir un joker et d’appeler un ami. Comme dans « Qui veut gagner des
millions ». Faut juste attendre que ce soit l’heure. Après la muscu, l’apéro et les pâtes et si une autre n’a
pas téléphoné avant moi. Les mecs ici, c’est généreux, toujours prêt à rendre service. Le copain qui
rapplique chez moi n’a pas eu le temps de prendre une douche. Qu’à cela ne tienne, il peut utiliser ma
salle de bains. Il dit OK mais on baise d’abord, je serai quitte d’en prendre une deuxième. Il se fout à
poil sans plus de manière. Il prend ma main et m’attire vers le lit. On va donc baiser classique. Il me dit
de me débarrasser de mes fringues. Je fais ça. Nus, allongés. Quelques secondes passent, c’est un peu
d’immobilité. Après, il fait glisser ma tête dans son bras. Je suis surprise de ce manque d’empressement.
Il goûte le temps ensemble, on dirait. Moi je suis pas là pour ça. Je voudrais baiser. Alors, je prends
l’initiative. Sans me dégager du bras amical, le long de lui, je m’étire et colle ma chatte contre sa cuisse.
Naturellement, sa jambe fait pression, il ne résiste pas à l’appel d’offre. Il est sensible. Son sexe s’érige,
fier comme Artaban. Il bascule sur moi. Un petit missionnaire pour la route. Ça mange pas de pain et ça
fait, faut bien le dire, du bien par où ça passe. Sa queue trouve sans trop chercher l’ouverture entre mes
cuisses. Il me laboure, le bougre, et sa mécanique est bien huilée. Je sens ses couilles rondes et fermes
qui tapent presque contre mes fesses. Il ne m’embrasse pas. Quand même, ça ne me viendrait pas non plus
à l’idée. On est des amis. Faut garder un peu de distance. C’est à peine si ses mains me touchent, me
caressent. Son sexe n’en finit pas de me fouiller, c’est vraiment plaisant, ce sexe qui grossit et mon ami
qui augmente la cadence et jouit fort et se coule en moi. Je n’ai pas eu d’orgasme mais pour rien au
monde je ne regrette.
J’aime vraiment pas la neige. Avec ça, j’ai dû me braquer six heures d’autocar avec des déchaînés
pré-pubères. Maintenant ils déballent leurs affaires dans les dortoirs, ce sont des chambres de six. Pourvu
que l’air de la montagne les fasse dormir la nuit. Je vais voir les chiens. Ils sont attachés à des piquets
plantés dans la neige. Ça jappe, ça couine, ça hurle sans conviction. Y en a un très blanc avec des gros
poils et des yeux de biche cerclés de noir. Une merveille. Les autres sont des huskys aux yeux clairs. On
dirait des chiens en série. Une voix derrière moi dit :
— Vous approchez pas trop, elle est pleine, elle va mettre bas cette nuit.
Je me retourne sur un homme immense, hirsute, aux épaules imposantes. Il ne ressemble à personne,
c’est pas comme ses chiens, sauf un, qui se ressemblent tous. Il me regarde sans complaisance. Il dit qu’il
sait qui je suis, une accompagnatrice. Il dit que les gosses ont intérêt à écouter les consignes demain. Que
les chiens, c’est pas des peluches. Qu’on est pas là pour cajoler.
J’aime pas la neige. Et j’aime pas les mushers. Le ski, ça aurait été différent, parce que c’est grisant,
ça annule les effets du froid. Mais les traîneaux et les mushers, ça fait Père Noël du discount. Pour
preuve, monsieur Aimable leur distribue de la viande gelée qu’ils engloutissent en un rien de temps.
Le lendemain, à notre arrivée, les chiens sont déjà attelés, les cours commencent et je suis surprise
par la douceur et la patience du cocher avec les enfants. Je note qu’il n’est pas armé du fouet légendaire.
Il guide à la voix. Je lui dis mon étonnement. Il me regarde, répond que pour les autres il ne sait pas mais
lui c’est comme ça. Je lui demande comment va la chienne samoyède. Il dit on en parlera plus tard. Il me
demande si je veux conduire. Je décline. Je lui explique que je suis pas faite pour la neige. Et que diriger
me fatigue. On dirait que ma dernière remarque provoque son intérêt. Il dit passez voir les chiots, vers
vingt et une heures, si vous voulez…
J’aime pas la neige. On m’a obligée à trouver une carotte pour faire le nez.
— Laetitia, s’il vous plaît, un bonhomme de neige !
Je peux pas leur niquer les vacances et c’est la tradition. Alors je les aide. On fait un beau
bonhomme. À vingt et une heures, ils sont lavés, nourris, couchés. L’heure de se détendre. Mais où ? C’est
à Tataouine-les-Oies ici. Un vrai désert blanc. Et pas un animateur comestible digne de ce nom. Et puis je
couche pas avec des inconnus. Finalement je vais voir les chiens. La seule distraction de cette auberge
perdue dans la montagne. Y a même pas une luge, j’ai fouillé, faut pas croire. Quand j’arrive près de la
meute, monsieur Cache-ta-joie boit un thé fumant. Les bêtes sont couchées dans le hangar prévu pour
elles, sur des lits de paille, à l’attache. Le musher se balance doucement dans un rocking-chair. Il dit que
le thé lui réchauffe les mains. Me demande s’il m’en prépare un. Je dis non merci. Il se lève. Me dit
suivez-moi, on va voir les petits. Il m’entraîne au fond du hangar. La chienne est couchée sur une couette
épaisse pliée en deux et quatre chiots qui lui ressemblent se sont endormis contre son flanc. Je vais finir
par penser du bien des mushers… Un peu plus loin, un matelas épais et des couvertures. Il capte mon
regard. Je dors là, il dit. Je reste près d’elle. Il voit le rictus sur mon visage qui veut dire que je m’en
fous un peu. J’ai l’impression que ça lui déplaît. Il dit n’oubliez pas que je suis un dresseur, à la base…
Sa dernière phrase va directement dans ma culotte. J’ai envie de lui dire que je suis au taquet, que j’ai
envie de baiser, qu’on se croirait dans une crèche ou dans une arche, que je le vois, grand, trapu, le
visage grave, que sa solidité m’attire, que j’ai envie de son torse sous le manteau, que sa queue, je
voudrais la connaître. Les hommes devinent ce genre de chose, on dirait que c’est écrit sur mon front. Je
détourne mon regard de cet homme et je regarde les chiots. Le musher vient derrière moi, il me frôle. Il
dit si tu es bien gentille avec moi, je t’offre un chiot, tu reviendras dans trois mois et il sera à toi… Qu’il
est nul ! Quand je pense que j’allais le faire pour rien ! Tu parles que j’accepte ! L’homme plus grand,
plus large, plus âgé peut-être entoure ma taille de ses bras. Pour que je n’aie pas froid, il dit. Il
m’entraîne sur le lit, le sien. Il m’allonge sur le ventre. Posé contre moi, il s’appuie pour moitié sur mon
dos. Je sens son souffle, une chaleur troublante, dans mon cou, sur mon oreille, mes cheveux. Peut-il à la
fois montrer tant de douceur quand quelques secondes plus tôt c’était un rustre ? Il passe sa main dans
mes cheveux et ses doigts font comme un peigne. Est-ce de cette manière qu’il amadoue les chiens, plus
loup lui-même que les bêtes, en chef de meute ? Il remonte une couverture épaisse sur nous, il nous
recouvre. Il commence sous cette tente improvisée son propre déshabillage. Il m’indique que je dois,
aussi. Je me défais. Nue sous cet igloo de fortune, lui aussi. Sa bouche vient chercher la peau sous les
cheveux qu’il écarte, trouve le cou. Je m’étire et lui montre que, là, maintenant, tout de suite, il fait ce
qu’il veut. Je vais être bien gentille, comme il dit. Il murmure que l’amour, il sait pas comment font les
autres, que c’est en observant les chiens et les loups qu’il a appris. Moi, depuis que je suis arrivée dans
cette montagne hostile, j’ai froid. Sauf sous la couverture, sauf contre lui. Il attrape ma hanche et colle
mes fesses à lui. Son sexe grossit contre moi, il frétille, même. Le musher me caresse, ses mains sont
chaudes et douces. Ça m’envahit. Entre ses mains, le soir devient facile, j’oublie le bonhomme de neige,
les cris et les traîneaux, les chiens qui jappent, l’agitation des enfants. J’oublie qu’ici on a même pas une
luge, pas la moindre paire de skis, qu’ici, on dirige un traîneau qui glisse chaotiquement sur la poudreuse.
Enfin, les gamins se régalent et c’est bien la première fois qu’on aura un retour positif sur le module
« chiens de traîneau ». Il se couche sur mon dos, totalement, il est sur moi, il a balayé mes cheveux vers
la tête, libérant la nuque. Ses dents emprisonnent ma peau, délicatement puis fermement. Il mordille et
aspire. C’est sûr, je vais avoir le suçon qui tue sa race, tant pis, et puis c’est dessous, ça se verra pas. Et
puis c’est bon, les frissons déchirent ma chair, la parcourent, la traversent. Il passe une main entre nous, il
fait entrer sa bite érigée en moi. Je sais, ma tiédeur, sa volonté. Sa main redevenue libre va empoigner
mes cheveux.
Sa main, redevenue libre, empoigne mes cheveux, tire mon visage en arrière, pendant qu’il me fouille,
me secoue, me tourbillonne, la tête tenue, je vois les chiens. Certains dorment, certains nous regardent.
Certains arrivent à se rapprocher. Deux qui ont l’air de loups, deux qui grisonnent, se flairent et se lèchent
le museau. Le plus grand tire fort et distend son attache. Il chope l’autre par le cou, l’autre pousse un cri,
c’est une chienne, elle obtempère et lui présente sa croupe. Je ne sais pas si c’est dégueulasse ou
légèrement excitant de baiser synchro, comme ça. Le musher tire plus fort ma tignasse, il accentue les
coups de boutoir, je réalise que si je suis au bord de l’orgasme, c’est aussi parce qu’il ne m’a pas
ménagée, pas embrassée, pas offert ce qu’on appelle les préliminaires. Pourtant ça ne me manque pas,
quand il tient mes cheveux, quand il mord mon cou, c’est meilleur que les caresses de filles. Il fait comme
ça lui chante et justement, il faut ça. Sa queue vigoureuse me fait contracter les chairs malgré moi, je
voudrais jouir plus tard, profiter encore, mais c’est impossible. Je décharge. Il accélère encore, il
m’oublie et répand un foutre abondant dans ma chatte, grogne, crie, s’abat contre moi. Après, il se retire,
m’attire contre lui, me place seins contre torse, me caresse et m’accorde un incomparable baiser. Avec la
langue. Et la salive, la bave qui coule.
Finalement il m’a préparé un thé. Je suis habillée et je regarde les chiots. Il dit as-tu choisi, je
réponds oui et je désigne le mien. Il va le chercher, l’observe, dit que c’est un garçon, qu’on va échanger
nos numéros, qu’il me racontera comment il grandit, qu’on va se revoir, que je pourrai passer du temps
avec lui et les chiens, quand je viendrai chercher le chiot, si j’ai envie de rester quelques jours, sans rien
d’autre que la neige, les chiens, lui, moi. Je crois que j’aime bien la neige. Mais j’apporterai des luges. Il
dit comment tu vas l’appeler, tu le sais, est-ce que tu le sais… Bien sûr que je sais.
— Soir de neige.
Il éclate de rire. Il dit que c’est un nom de cheval de course. Je dis oui, c’est vrai, ça pourrait être le
nom d’un trotteur du Prix d’Amérique. J’ajoute que les trotteurs aussi, sont attelés. Maintenant son regard
est tendre. Ce n’est pas encore la joie affirmée, mais son visage s’est éclairé. Je vais partir. Je
reviendrai. Le séjour n’est pas fini. Je gage que mes nuits seront belles, qu’on va baiser sous la peau des
rennes et regarder les étoiles filantes.
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