Petit Guide Du Rechargement
Petit Guide Du Rechargement
Petit Guide Du Rechargement
Pourquoi recharger ?
Tout d'abord, il faut savoir qu'acheter des munitions peut se révéler onéreux, et réutiliser certains
composants fait faire des économies. Recharger, c'est aussi un plaisir, cela permet de créer une munition
adaptée à chaque tireur, chaque environnement ainsi que chaque arme, et surtout de posséder une
munition extrêmement fiable et pouvant atteindre une précision inégalable avec des cartouches du
commerce (dites manufacturées).
Cependant, cela demande un investissement de temps
considérable et ne s'improvise pas : il y a des règles
strictes à respecter à la lettre. Une cartouche reste une
cartouche et un incident de tir est vite arrivé si l'on
vient à faire n'importe quoi.
Une fois notre munition percutée, il ne nous reste plus que la douille et l'amorce,
la poudre ayant brulé et l'ogive s'étant écrasée là où le tireur l'a envoyée. La
douille est elle réutilisable, ce qui n'est pas le cas de l'amorce (puisqu'elle a été
percutée et ne peut donc plus fonctionner). Voici une amorce percutée :
Amorce percutée
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Une fois le premier outil vissé sur la presse et réglé (je ne détaillerai pas les réglages), il faut
impérativement lubrifier la douille pour ne pas qu'elle reste coincée dans l'outil, sauf en cas d'utilisation
d'outils spéciaux en carbure de tungstène qui ne nécessitent pas de lubrifier les étuis.
On cale maintenant la douille sur le support de douille, on actionne le levier, et la douille est emmenée
dans le premier outil : l'outil de désamorçage et de reformage de la douille (ou recalibrage).
La pointe dépassant de l'outil à recalibrer va pousser sur l'amorce afin de l'extraire de la fouille, et la
forme de l'outil va redonner à l'étui sa forme initiale.
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L'étape suivante consiste à nettoyer les douilles afin d'enlever la graisse utilisée au cours du recalibrage
et de les rendre plus propres. Il existe deux solutions : les bac à ultrasons, qui présentent l'avantage de
nettoyer les logements d'amorces, et les tumblers. Le bac à ultrasons, comme son nom l'indique, nettoie
les étuis en les faisant vibrer, grâce aux ultrasons, dans une cuve de solution. Le tumbler, quand à lui,
utilise également les vibrations, mais ceci pour faire bouger des petits graviers abrasifs (appelé le
"media"), ce qui a l'avantage de polir les étuis en plus de les nettoyer. Chaque solution a donc ses
avantages, mais également ses inconvénients : il faut sécher les douilles après leur sortie du bac à
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ultrasons, et il faut enlever le média de chaque douille après nettoyage au tumbler. Ces deux engins
produisent des nuisances sonores : un son très aigüe pour les ultrasons et un bruit sourd pour le tumbler.
Il est cependant possible de faire cohabiter ces deux appareils : on nettoie la graisse et les résidus de
poudre à l'intérieur de l'étui grâce au bac à ultrasons, puis on polit les cartouches dans le tumbler.
Bac à ultrasons
Pour arriver à ce résultat, j'ai passé cette douille dans le bac à ultrasons à 70-80° pendant 25 minutes
environ, le tout baignant dans un mélange d'eau et de produit de nettoyage à base d'ammoniac (ou alors
eau + ammoniac directement, mais attention à utiliser cette solution en milieu aéré et en prenant ses
précautions ! Vos poumons vous remercieront). Après avoir été séché au sèche-cheveux, l'étui a passé 3h
dans le tumbler avec du media Lyman, ainsi qu'un peu de Polish. Pour finir, la douille est essuyée avec
un chiffon, et là voilà brillante. J'avoue que je ne nettoie pas toutes mes douilles de cette façon, mais
quel plaisir d'avoir des "munitions miroir" de temps en temps !
Lors du tir, il arrive que les douilles se déforment en longueur (en particulier dans les armes d'épaule) et
gagnent ainsi quelques mm. Il faut donc les raccourcir grâce au trimmer afin de faire retrouver aux étuis
leur taille d'origine. On fixe la douille dans le trimmer, et enlève de la matière grâce à l'embout aiguisé
en tournant la poignée jusqu'à obtenir la taille voulue. Je ne détaillerai pas le réglage du trimmer,
d'autant plus qu'il existe un grand nombre de systèmes différents se réglant de différentes manières.
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Il faut maintenant placer une amorce neuve dans le logement d'amorce de chaque douille. C'est une étape
très simple : on fixe la douille nettoyée, recalibrée et éventuellement trimmée sur l'amorceur, on remplit
la réserve de cet amorceur puis on presse la poignée. La douille est maintenant amorcée, prête à passer à
l'étape suivante.
Dans le cas de l'utilisation d'ogives à fond plat et pour les calibres d'armes de poing, il est nécessaire
d'utiliser un outil supplémentaire : l'évaseur. Comme son nom l'indique, l'outil évase le collet de la
douille, et ceci simplement afin de faciliter la pose de l'ogive et sa tenue sur le collet avant de l'enfoncer.
Cet outil est constitué d'un mandrin, du diamètre de la douille, qui vient s'insérer dans la douille, et qui
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s'élargit à la base. En emmenant ce mandrin dans la douille, on évase donc la partie supérieure. Je ne
détaillerai pas le réglage de cet outil.
Nos douilles sont maintenant propres, amorcées et, si nécessaire, évasées. Nous arrivons à l'étape
cruciale du chargement en poudre.
Il faut savoir qu'il existe une grande variété de poudres présentant des caractéristiques différentes,
comme leur forme (billes, sphères, paillettes, etc...), leur "rapidité" (vitesse à laquelle est consumée une
poudre) ou encore leur masse volumique. Les marques les plus utilisées en France sont SNPE (Société
Nationale des Poudres et Explosifs), Vihtavuori ou encore Hodgdon. Chaque poudre est destinée à une
utilisation précise et on ne peut donc pas utiliser n'importe quelle poudre pour n'importe quel calibre.
Différentes poudres
Il est indispensable de se référer aux tables de chargement fournies par les fabricants et de choisir le type
de poudre et la dose les mieux adaptés au calibre et à la cartouche voulue. En fonction du poids, de la
forme et de la taille de l'ogive utilisée, le type de poudre et la dose peuvent donc changer. Il faut suivre
strictement les charges indiquées et ne JAMAIS mettre une charge qui semblerait correcte. RIEN N'EST
LAISSÉ AU HASARD ! UNE ERREUR PEUT PROVOQUER UN INCIDENT, VOIRE MÊME UN
ACCIDENT DE TIR ET AVOIR DE GRAVES CONSÉQUENCES !
Vous pouvez par la suite reporter ces valeurs dans un tableau plus simple, et présentant uniquement les
valeurs dont vous avez besoin, comme par exemple mes tables de rechargement au format excel,
calculant en plus les divers coûts du rechargement de ainsi que la rentabilité de vos cartouches
rechargées.
Maintenant que nous connaissons le type de poudre et la charge correspondants à l'ogive choisie et au
calibre que nous utilisons, il faut verser de cette poudre dans la doseuse, puis régler la régler afin pour
qu'elle délivre la charge exacte nécessaire et ceci de façon extrêmement régulière (je ne détaillerai pas
non plus les réglages, de plus ils diffèrent d'une doseuse à une autre). CHAQUE CHARGE DOIT ÊTRE
PESÉE SUR UNE BALANCE DE PRÉCISION AVANT D'ÊTRE INSÉRÉE DANS LA DOUILLE :
UNE ERREUR NE PEUT PAS ÊTRE TOLERÉE CONNAISSANT LA POTENTIELLE
DANGEROSITÉ D'UNE CHARGE INADAPTÉE (que ce soit une surcharge ou une sous-charge, qui
sont aussi dangereuses l'une que l'autre).
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Remplissage de la doseuse
Vérification de la charge
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Chargement de la douille
Notre douille approche maintenant du stade de cartouche, il ne lui manque plus qu'une ogive.
Il faut maintenant fixer le second outil (ou troisième dans le cas de l'utilisation d'un évaseur) sur la
presse, le régler (je ne donnerai pas de détails non plus) pour qu'il enfonce l'ogive à la bonne profondeur
et qu'il sertisse plus ou moins le collet sur l'ogive. Attention, l'enfoncement de l'ogive est un paramètre
très important lors du rechargement, il faut respecter les mesures indiquées dans les tables de
chargement (au même titre que le sertissage) : en effet, modifier l'enfoncement de l'ogive va transformer
le volume de la cartouche, et ainsi la combustion et la montée en pression seront différentes. Ensuite, on
pose la douille sur le support de la presse, on actionne le levier et, après avoir vérifié la taille totale de la
cartouche et l'enfoncement de l'amorce, la cartouche est prête à être tirée !
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...prête à être tirée, sauf en cas d'utilisation d'une arme d'épaule semi-automatique. En effet le mécanisme
de ce type d'armes peut, si la cartouche n'est pas ou trop peu sertie, littéralement "éjecter" l'ogive (qui va
se coincer dans le canon) lors du chambrage sous l'effet de l'inertie. L'étape du sertissage est donc
indispensable en cas d'utilisation d'une arme d'épaule semi-auto (ou automatique, mais en France les
"full auto" sont prohibés). Il s'agit d'un dernier outil, qui se fixe également sur la presse, et qui, lorsqu'on
enclenche le levier, appuie fortement sur le collet, et ainsi l'ogive est suffisamment sertie.
Un espace de travail propre et organisé est recommandé. Cela permet d'éviter d'être distrait et de
travailler dans de meilleures conditions afin d'éviter au maximum les erreurs, mais aussi d'être plus
productif.
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J'espère que ce guide aura pu vous faire découvrir le rechargement ou vous y donner goût.
N'oubliez pas qu'il est très préférable d'avoir une personne expérimentée dans le rechargement à vos
côtés pour vos premières cartouches.
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rechargement
Comme l’amateur débutant peut le constater, les marques d’outils sont nombreuses!
Néanmoins il existe une compatibilité totale entre ces jeux d’outils et les différentes presses
disponibles sur le marché à partir du moment ou ceux-ci sont filetés. Le rechargeur a donc le
choix entre plusieurs systèmes et niveaux de qualité dont la valeur n’est pas forcément
représentée par le prix.
Mixer les outils n’est donc pas un problème : ici un jeu RCBS
avec évaseur HORNADY (cal. 45 ACP)
Direction l’atelier…
Avant toute tentative d’ajustement il vaut mieux essayer de comprendre sa destination réelle.
Ce type de matrice ne concerne essentiellement les douilles droites mais parfois aussi celles à
collet rétreint dès lors que l’on fait usage de projectiles
de plomb.
Cet outil assure en fait deux fonctions distinctes. Il va servir en premier lieu à enfoncer le
projectile selon une valeur définie puis à effectuer, ou non, un sertissage. Contrairement à ce
que pourrait penser le tireur / rechargeur débutant, nous allons procéder à ces réglages dans
l’ordre inverse de leur énumération.
Nous commencerons donc par le sertissage. Là encore, nous allons poser sur le shell holder
un étui recalibré et NON évasé (2). Après avoir positionné le bélier de la presse en position
haute, la matrice est vissée jusqu’au contact des lèvres de l’étui. A ce stade les opérations
suivantes changent selon que nous voulons appliquer un sertissage ou non à notre cartouche.
Dans le cas d’une munition non sertie (généralement destinée aux semi-automatiques
chambrant sur la lèvre de l’étui), nous allons dévisser la matrice d’un quart de tour et la
bloquer à l’aide de son contre-écrou. Nous pourrons ensuite passer aux opérations de
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positionnement du projectile.
Après avoir remplacé notre étui par un autre déjà évasé, il suffit maintenant d’y déposer l’un
de nos projectiles puis d’amener le bélier de la presse en position haute. Le mandrin poussoir
est alors vissé jusqu’au contact de la tête de la balle avant abaissement du bélier. Nous
procèderons alors par petites touches successives jusqu’à trouver la valeur d’enfoncement et
la longueur de cartouche désirée. Le poussoir est ensuite bloqué en place s’il dispose d’un
dispositif idoine.
Passons maintenant aux variantes des matrices pour étuis à collet rétreint.
Si à la base, les réglages sont similaires à ceux précédemment évoqués, nous observerons
une variante sur le premier outil. Bien qu’il soit également destiné au désamorçage et au
recalibrage, la forme de l’étui permet au rechargeur d’effectuer un recalibrage partiel
seulement. C’est très bien, mais à quoi ça sert diront les courageux qui suivent jusqu’à
maintenant. Et bien c’est tout simple : lorsque la cartouche est tirée dans une chambre de
carabine, la pression fait fretter l’étui qui assure alors une étanchéité parfaite garantissant
une poussée régulière des gaz. Dans le même temps, le laiton s’est adapté aux dimensions
propres de la chambre. Le recalibrage partiel permet donc au rechargeur de conserver ces
cotes acquises par le feu et la munition ainsi rechargée s’adaptera au plus près aux
dimensions de la chambre. Dès lors, la poussée des gaz de combustion sera utilisée pour
pousser le projectile seulement, la conformation à la chambre étant déjà acquise.
L’avantage ? C’est tout simplement que le résultat en cible s’en ressent positivement. Bien
sur, les armes équipées d’un canon de match aux cotes minimum peuvent s’affranchir de
cette considération technique mais dans tous les cas, cela ne peut pas faire de mal.
Donc, deux options sont possibles avec un outillage standard, le calibrage intégral et partiel.
La différence s’effectue à l’enfoncement de notre première matrice. Pour obtenir un calibrage
intégral, nous l’amènerons au contact du shell holder (en position haute bien entendu) avant
de procéder au blocage du contre écrou. Dans le cas d’un calibrage partiel, nous laisserons un
espace d’environ 1,5mm entre le shell holder et la base de l’outil. C’est tout ? Oui et ça
marche en plus. Mais attention ! La munition obtenue sera celle de la carabine dans laquelle
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elle aura été tirée à la base. Si l’interchangeabilité est un critère important pour vous, passez
au calibrage intégral. Et d’ailleurs quels sont les intérêts de ce dernier ? Et bien lorsque l’on
utilise des armes à répétition (levier de sous garde) ou semi automatiques dans lesquelles la
munition subit un transport brutal, le calibrage intégral est la règle sous peine de devoir
endurer des défauts d’alimentation.
C’est la question logique en la matière et la réponse l’est tout autant. Les fabricants
considèrent en fait que le projectile chemisé ne nécessite aucun évasement des lèvres de
l’étui puisque le diamètre du collet a été modifié lors du passage dans le premier outil. En
effet, lors de sa montée dans la matrice, le collet est rétreint avant d’être remis au bon
diamètre par la bague de recalibrage, elle même montée sur l’aiguille de désamorçage.
Tout cela est très bien, mais rien n’empêche le tir de balles de plomb allié. Dans ce cas, les
fabricants peuvent fournir la matrice manquante en surplus du jeu d’outils standard. A ce
sujet, nous formulerons les mêmes remarques que pour les plongeurs expandeurs du second
outil du jeu destiné aux étuis droits.
Alors…
Et alors c’est tout ! Vous n’êtes par encore partis à l’atelier pour recharger ? Vous verrez la
pratique rechargement n’est pas plus difficile qu’autre chose et vous apportera bien des
satisfactions dont la plus importante et celle qui en s’instaurant entre votre arme et vous
deviendra inestimable : la régularité qui amène à la confiance.
(1) – Les étuis neufs aussi (et même surtout) sont à recalibrer avant une première
utilisation : ils ont été brinqueballés dans tous les sens et leurs diamètres sont irréguliers.
Dans le meilleur des cas la négligence de cette étape vous donnera une précision erratique.
Dans le pire, la pression va refouler le laiton et les gaz vont refluer sur l’arrière… là ou se
trouve le tireur.
(2) – Cette opération est également faisable avec une cartouche manufacturée dont on veut
dupliquer les valeurs de sertissage puis, d’enfoncement.