Les Soles de Maroc

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CHAPITRE III

LES SOLS DU MAROC

P. BILLAUX et E BRYSSINE
J
I. Hiwtorique de la pédologie marocaine
I1 est possible de diviser l’histoire des recherches péddogi-
ques au Maroc en plusieurs étapes.
- 1. Avant 1914, à proprement parler, il n’y avait pas d’étu-
des systématiques des sols marocains. Toutefois, plusieurs person-
nalités scientifiques qui passaient au Maroc à cette époque, s’in-
téressèrent, soit comme géographes, soit comme géologues, soit
comme agronomes, aux terres du pays qu’ils visitaient. Parmi
ces auteurs nous pouvons citer T. FISCHER, A. BRIVES,L. GENTIL,
P. LEMOINE,MOREAU, H. BREUIL,J. DANTIN-CEREDA. Certains de
leurs travaux, notamment ceux d’A. BRIVESou de L. GENTIL,
présentent encore de l’intérêt de nos jours.
- 2. C’est de l’année 1914 que date le début des recherches
sur les sols effectuées au Maroc, avec la fondation du Laboratoire
Officiel de Chimie -de Casablanca. Dès sa création, ce laboratoire
procédait à de nombreuses analyses de terres suivant les métho-
des dites << agrologiques >>> ce qui permit aux chimistes qui y
travaillaient (L. CHAUVEAU,J. VALIN)de présenter, en 1934, au Con-
grès de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences
(A.F.A.S.), une première esquisse de la carte << agrologique >>, du
Maroc à très petite échelle, basée sur la composition granulo-
métrique des terres.
60 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

De son côté, le Centre de Recherches Agronomiques de


Rabat entreprenait, sous l’impulsion d’E. MIÈGE et avec le
concours des inspecteurs régionaux d’agriculture, l’établisse-
ment des cartes << écologiques D. Ces cartes manuscrites, à dif-
férentes échelles (1/200 000-1/500 000) utilisaient les noms ver-
naculaires des sols de différentes régions agricoles.
Parallèlement à cette activité officielle des services pu-
blics, des chercheurs, soit résidant au Maroc, soit venus de
l’extérieur, continuaient à s’intéresser aux sols du pays. Mais,
contrairement à leurs prédécesseurs, ils essayèrent d’appliquer
les méthodes modernes de la pédologie? science ‘qui avait déjà
pris en Europe une certaine importance. Parmi les missionnaires,
nous pouvons citer les noms de Mlle V. MALYCHEFF, du Professeur
H. OUDINet de E.H. DELVILLAR.Ce dernier a présenté en 1934 la
première carte gbnérale des sols du Maroc.
De leur côté, les chercheurs travaillant au Maroc et appar-
tenant à diverses disciplines s’intéressèrent aussi aux problèmes
de pédologie. On peut citer A. MERCIER,G. CARLE, G. TROCHAIN,
J. BOURCART, L. EMBERGER, M. ZABORSKI. Ces deux derniers soni
les auteurs du premier travail à caractère vraiment pédologique,
traitant de la << transformation des grès de Rabat en sol climati-
que >>
Devant l’intérêt que suscitaient ces travaux, P. BOUDY
et E. MIÈGE ont tenté de constituer, en 1937, une << Association
Marocaine pour 1’Etude des Sols >> (A M E S) qui connut un
succès rapide et qui groupait avant la guerre (1939) plus de
150 membres (géologues, ingénieurs, chimistes, agronomes, agri-
cult eurs...)
- 3. A partir de 1936, le Centre de Recherches Agronomiques
de Rabat s’organisa pour entreprendre l’étude des sols, suivant
les méthodes de la pédologie et recruta un pédologue (G. BRYS-
SINE). L’intérêt se portait surtout vers la reconnaissance des
sols des périmètres d’irrigation? dont l’équipement débutait vers
cette époque, comme la région de Sidi Slimane, dans le Gharb
et la plaine des Beni Amir, dans le Tadla. On procéda surtout
à la description des profils et à l’analyse des échantillons en vue
de caractériser les types de sol.
Parallèlement, des recherches stationnaires furent entrepri-
ses, soit dans des cases lysimétriques, pour dtudier le régime
LES SOLS DU MAROC 61

hydrique de différents sols du Maroc, soit dans des buses, pour


établir l’effet des eaux salées sur les sols du Tadla. Dans ce but,
un laboratoire d’étude des sols a été créé au Centre de Recher-.
ches Agronomiques de Rabat en août 1939.
A la même époque, E.H. DE? VILLARs’installa au Maroc pour
continuer ses travaux sur les sols de ce pays et, en particulier,
sur les sols des deux grands périmètres cités plus haut. En
1936, il présenta au Congrès d’Oxford une note sur la classifica-
tion des sols.
La guerre de 1939-1944 mit un frein à toutes ces activités.
Toutefois, malgré les difficultés matérielles, les prospections
ainsi que des études au laboratoire continuèrent. Dès 1942 la
reconnaissance des sols du futur périmètre irrigable des Douk-
kala a été entamée (G, GRILLOTet G. BRYSSINE).
A la fin des hostilités, la prospection des sols fut reprise
sur une échelle plus vaste. En effet, la mise en valeur du pays,
la création de nombreux et importants périmètres irrigables,
l’accroissement nécessaire de la production agricole, la moder-
nisation du paysannat marocain, tout cela demandait que les
sols soient prkalablement reconnus et étudiks.
ALI cours des années 1945-51, la Section d’Etude des Sols
(ex-Laboratoire d’Etudes des Sols) du Centre de Recherches
Agronomiques de Rabat, a prospecté, sous la direction de G. GRIL-
LOT, les sols de la plaine des Triffa dans le Maroc oriental
(G. BRYSSINE),le périmètre irrigable du Tadla (G. BRYSSINE
et R. JAMINET),les périmètres des Doukkala (G. BRYSSINEet
R. JAMINET)et d’El Kelaâ des Sraghna (G. BRYSSINE),ainsi que
le Haouz de Marrakech (G. BRYSSINE et R.JAMINET) et le périmètre
de l’Oued Massa au S du Souss. L’étude du régime hydrique des
sols fut poursuivie (G. GRILLOTet G. BRYSSINE).
A l’Institut Scientifique Chérifien, E.H. DEL VILLARréalisa
un important travail cartographique, non encore publié.
Fin 1946, le C.N.R.S. détacha auprès du Centre de Recherches
AgroEomiques le Professeur W. CAVALLAR en vue d’établir la
carte des sols du Maroc au 1/200000. Pendant son séjour W. CA-
VALLAR réalisa une carte générale à l’échelle du 1/1500,000 et
une maquette de la carte de la région de Rabat au 1/200 000.
Vers la même époque (1946-1951), différents services de l’Ad-
ministration, autres que le Centre de Recherches Agronomiques,
62 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

procédèrent de leur côté à des études de sols. Tels sont le Pay-


sannat, pour lequel G. GAUCHER travailla dans la rsgion des
Triffa et plus tard dans le Tadla, la Division de la Mise en Valeur
et du Génie Rural (DMVGR), les Travaux Publics. Ils confièrent
ces études à des organismes privés, tels que la Société Générale
de Travaux d’Irrigation au Maroc (SOGETIM) : travaux de
S. TOUJANdans le Tadla, de J. SOLDINIdans le Gharb et plus
tard dans le Souss et dans le Périmètre de l’oued Massa.
En 1949, l’ancienne Association Marocaine pour l’étude des
sols devient la <c Section de Pédologie >> de la Société des
Sciences Naturelles du Maroc, sous la présidence de G. GRILLOT
d’abord et de G. BRYSSINEensuite. De 1950 à 1959, elle a fait
paraître 14 tomes de ses travaux.
-- 4. A partir de 1950 les travaux de Pédologie s’intensifient
au Maroc. Ils changent en même temps de caractère : les études
de reconnaissance font place à des prospections systématiques
plus détaillées. Le rôle des organismes privés, comme la SOGE-
TIM, le Groupement Technique pour l’Aménagement des Terres
(G.T.A.T.), et d’autres à qui les services publics confient les
travaux de prospection, est assez important. D’une part, ils
procèdent aux études directes de différents pQim6tres et
d’autre part, ils détachent leurs ingénieurs auprès des serviccs
intéressés (au Centre de Recherches Agronomiques, notamment).
Ainsi, à cette époque, le Centre de Recherches Agronomiques
continue sa reconnaissance des sols de différentes régions du
Maroc : Rif et Pré-Rif par J.P. GILBERTet H. QUAIXde la SOGE-
TIM, Gharb par P.DIVOUXdu même organisme. En outre, il passe
AUX études plus détaillées de certaines régions : périmètre de
Taroudant (R. JAMINET), zone c6tière maraîchère (P. ROEDERER),
plaines de Taddert et de Guercif (P. LANGLE et J. WILBERTde
la SOGETIM), périmètre des Doukkala (A. FEODOROFF et J. WIL-
BERT),Tadla (M. TAHJRI,A. ALAOUI,H. MAOUI).
A la même période, une collaboration plus étroite entre les
pédologues et les agropédologues a vu le jour, et, sous l’impulsion
de G. BRYSSINE, W. HUTTER, J. MAES,C. MICHELet J. DECROUX, une
nouvelle orientation a été donnée à l’étude des techniques cul-
turales, avec comme base les données pédologiques. En outre,
des recherches sur les propriétés physiques des sols ont été
entreprises (G. BRYSSINE) .
LES SOLS DU MAROC 63

A la Station de Recherches Forestières les travaux de G. ~ r ,


BEAUCORPS d’abord, puis, à partir de 1959, ceux de B. LEPOUTRE
(de 1’ORSTOM) sur la régénération de la Cédraie et de la
Subéraie, contribuent à la connaissance des sols sous forêt et,
en particulier, mettent en relief l’importance du régime hydrique
pour la croissance et la reproduction des essences forestières.
Diverses administrations (Division de la Mise en Valeur et
du Génie Rural, Travaux Publics, Eaux et Forêts) font égale-
ment faire des études d’agronomie générale ou d’agropédologie,
en vue de l’irrigation ou de la conservation des sols. Ces étudrs
sont généralement confiées à la SOGETIM ; elles se situent dam
les régions suivantes :

B. HEUSCH,M. ICOLE)
Tadla (D. VELLUTIMI, ;
Saïs (S. TOUJAN);
Moyenne Moulouya (cartes écologiques : A. PUJOS);
Haouz de Marrakech (M. ENIKEFF,E. COHEN,F. NASSE);
Souss (J.C. RENON,F. NASSE);
Tétouan (D. VELIJJTINI,J. GASC);
;
Settat (M. QUENOT)
+ Moyen-Atlas (A. PUJOS,B. HEUSCH)
;
Rif (A. PUJOS);
;
Doukkala (A. PUJOS,M QUEKOT)
Gharb (J.C. LEROY);
;
Triffa (B. HEUSCH)
Bassin des cueds Dadès et Draâ (M: ENIKEFF,B. PLOUY
et
J. GASC).

Citons aussi les travaux sur le Souss (M.k CUENOT)


et sur la
région de Meknès (R. LAGARDE).
Des études pédologiques sont faites aussi dans le cadre de
l’étahlissement de cartes phyto-écologiques ; ces cartes sont éta-
blies par des chercheurs du C.N.R.S. (France) détachés auprès
de certains services de l’agriculture: Division de la Mise e11
. C

64 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Valeur et du Génie RLzrai d’abord, Institut National de la Rc-


cherche Agrononique ensuite. Dans ce cadre, se placent les
travaux de T. IONESCO, avec I. PERSOGLIO,
sur les Doukkala et
la z m e côtière atlantique.

En 1954, la Division de la Mise en Valeur et du Génie


Rura! signe une convention avec l’Office de la Recherche Scien-
tifique et Technique Outre-Mer de Paris (ORSTOM) pour l’étucie
des sols de plusieurs secteurs irrigables. Un nombre important
de cartographies pédologiques est alors réalisé, sous la direction
de G. AUBERT.Ces études, à échelle moyenne (du 1/100000 a u
1/20 000) sont situées dans trois régions :
PH. MAHLER,J.L.
Basse Moulouya (A. CHEVRON-VILLETTE,
A. RUELLAN)
GEOFFROY, ;
PH. MAHLER,J. CONCARET,
Haouz de Marrakech ( S . TOUJAN,
E. BEN DRISS) ;
S . TOUJAN)
Doukkala (A. CHEVRON-VILLETTE,

- 5. En 1961, l’Office National des Irrigations (ONI) ‘nov.-


vellement créé prend en charge l’étude systématique des pos-
sibilités de mise en valeur par irrigation. Les études pédologi-
, ques sont alors faites dans le cadre de Missions d’études géné-
rales qui groupent des spécialistes de diverses disciplines : hydro-
géologie, hydrologie, pédologie, agronomie, sociologie, éccnomie,
génie civil, et qui préparent des avant-projets d’aménagement
intéressant la plupart des régions naturelles irrigables du Maroc.
L’ON1 confie ses études de sol à une mission pédologique
de I’ORSTOM. De nombreux travaux de cartographie des sols
à échelle variée (du 1/100 O00 au 1/5 000) sont alors faits, soit
directement par les pédologues de l’ORSTOM, soit sous leur
contrôle, par diverses sociétés privées. En même temps que la
cartographie pédologique ces travaux sont orientés vers la
réalisation de cartes d’aptitude à l’irrigation ou aux diverses
cultures. Ces études intéressent les régions suivantes :
Basse Moulouya (A. RUELLAN, C. MASSONIde 1’ORSTOM;
J.F. VIEUXTEMPSde la SCET ; J. GASC,J. HUBSCHMAN
et collab. de
la SOGETIM) ;
Haouz de Marrakech (G. PALLIX,
J. PHILLIP,
P. BRUGUIEPE
de la SCET) ;
LES SOLS DU MAROC 65

Doukkala (J.L. GEOFFROYde I’ORSTOM; H. MELONIde .la


Sté ELECTRO-CONSULT; J. BOURALY et J. PRUNIER
de la
SCET; E. BENDRISS et A. ADNANE);
B. HEUSCH,
Tadla (D. VELLUTINI, J.C. RENONde la SOGETIM ;
P. BILLAUX de I’ORSTOM ; J.H. BOUMANS
et C. MASSONI et collab.
de la Sté GRONTMIJ; C. STORK) ;
Bassin du Loukkos (P. DESSUS,G. HERMANT,
P. BRUGUIERES
de la SCET) ;
R. RADANOVIC,
Tafilalt (O. JOVANOVIC, B. STEFANOFIC
de la Sté
ENERGOPROJEKT) ;
&rière-pays de Tanger (G. MIGNONIde la Sté ITALCON-
SULT).
A la suite des cartographies pédologiques, le Centre d’Ex-
périmentation du Génie Rural, repris par l’ONI, étend ses acti-
vités l’étude en stations expérimentales du dessalage et de la
désalcalisation et au contrôle de l’évolution des sols irrigués.
Citons en particulier les études faites dans le Zebra (A. RUEL-
LAN).
Enfin, d’importantes études pédologiques ont été réalisées
dans le cadre des Missions d’études générales confiées à la
F.A.O.
- Mission DERRO dans le Rif Occidental, dans l e cadre de
l’Office National de la Modernisation Rurale (P. AVRIL).
- Projet du Sebou, dans le cadre de I’ONI, puis du Minis-
tère de l’Agriculture, avec ea particulier deux zones focales ;
le Gharb (J. EHRWEIN,B. HEUSCH,G. PALLIX, P. DESSUS)et la
région de Fes-Meknes (D. COELUS,P. DESSUS).
- 6. A l’initiative de N. EL GHORFI, la Sous-Direction de
la Recherche Agronomique, devenue par la suite l’Institut Na-
tional de la Recherche Agronomique, a entrepris de nouveau
en 1958 l’établissement de la carte générale des sols A l’échelle
du 1/200 000. Ce travail a débuté par la prospection pédologique
systématique de diff érentes régions naturelles du Maroc atlan-
tique
Rif (J. WILBERT),Pré-Rif (G. PAJOTet M. ICOLE),
R.WATTEEUW,
Région de Meknes-Fes (G. MISSANTE, G. PAJOT),
. ,

66 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Mamora (H. FARAJ),


Rkgion de Rabat et plateau central (R. WATTEEUW),
Chaouïa et Doukkala (J. WILBERT) ,
Plateau des phosphates (M. ICOLE),
Tadla et Bahir,a (G. MISSANTE),
Souss (R. WATTEEUW) .
Ces travarix sont en cours d’exécution.
Au cours de la dernière décade on voit apparaître les pre-
miers travaux sur la microbiologie des sols au Maroc (Mme
I. BRYSSINE,A. SASSON).
Enfin, en 1962, un laboratoire de minéralogie des sols est
organisé à l’INRA et commence, en collaboration avec le labo-
ratoire de physique du Service d’Etudes des Gîtes Minéraux
l’étude minkalogique des argiles (U. SCHOEN, C. HESS).

II. La classification d w sols


Les premiers chercheurs (géographes, géologues, agronomes)
qui visitèrent le Maroc à la fin du siècle dernier, et au début de
ce siècle, ont utilisé les noms vernaculaires des fellahs ‘marocains
pour désigner les sols du pays. Tels sont les noms de tirs (sol
lourd argileux, de couleur foncée), hamri (sol rouge, génkrale-
ment argileux), r’mel (sable), harch ou harroucha (sol cail-
louteux), dess ou dehs (alluvions), faid (alluvions limoneuses
des Doukkala) , merzag (sol sableux à concrétions ferrugineu-
ses), etc... On rencontre ces appellations dans les travaux de
A. BRIVES,L. GENTIL,et autres.
Ces noms ont été utilisés aussi par les agriculteurs euro-
péens qui se sont installés dans le pays et par les agronomes
des services officiels. Les légendes des << cartes écologiques >>,
établies en 1935/36, sont basées sur ces appellations. Sous l’im-
pulsion de E. MIÈGE alors Directeur du Ceptre de Recherches
Agronomiques de Rabat, G. BRYSSINEa entrepris des travaux
pour rechercher la correspondance entre ces noms vernaculaires
et les termes des classifications génétiques ou c agrologiques >>,
mais la guerre a arrêté ces recherches.
Dès la création, du Laboratoire Officiel de Chimie Agricole
et Industrielle de Casablanca, les chimistes de ce laboratoire
ont essayé de classer les terres analysées suivant leur compo-
sition élémentaire. Cette classification < agrologique >> a été

I
LES SOLS DU MAROC 67

largement employée par les agronomes, officiels ou privés, dans


Ieurs rapports. Elle a été utilisée par J. VALINdans sa <( Carte
des sols du Maroc >>.
De son côté, E. HUGUET DEL VILLAR(1951), a proposé une
classification dont la nomenclature voulait être d’utilisation uni-
verselle. L’auteur distinguait d’abord deux grand types de sol :
type homocyclique <( à métabolisme simple li6 à un chimisme
déterminé >) et type e hétérocyclique à métabolisme variable >>.
(J.P. DUPONT1951).
Le premier type est divisé en cycles (sial ferrique, calcaire
et sodique) et en secteurs (oxyhumique, siallitique, sialloferrique
et allitique dans le cycle sialferrique ; salin et alcalin, dans le
cycle sodique).
Les caractères chimiques du deuxième type (hétérocyclique)
étant mixtes et variables, il faut avoir recours au régime
hydrique et à la localisation des processus dans le profil pour
pouvoir individualiser les sols et les réunir en groupes.
H. DEL VILLARa beaucoup insisté sur l’importance du régi-
me hydrique du sol : régime aéropédique (plus ou moins oxygk-
né, oÙ l’eau et l’humidité se partagent les interstices du sol)
et régime hydropédique (oÙ << le milieu pédogénique est l’eau >>).
I1 divisait les processus de formation du sol en processus épipé-
diques, dus aux facteurs de surface, et hypopédiques d’origine
profonde.
Les éléments suivants entraient dans sa classification ;

le s t a d e, ou moment dans l’évolution (prématuré, inÛr


et posthume) ;
la p h a s e (naturelle ou agricole) ;
la nature de l ’ h u m u s , et les h o r i z o n s du profil dvec
leurs caractères aEalytiques.
La classification de E. HUGUETDEL VILLARétait essentiel-
lement génétique et donnait une large place à la nature et à
l’origine des facteurs de pédogénèse. A ce titre, elle garde
encore un grand intérêt.
Pendant son séjour au Maroc, W. CAVALLAR a appliqué direc-
tement, pour ses travaux, les principes et les noms de la clas-
sification gknktique russe (W. CAVALLAR,1950).
,.

68 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

La position de G. BRVSSINEen matière de classification est


beaucoup plus nuancée. I1 reconnaît qu’il est difficile de faire
entrer les sols de la zone méditerranéenne dans les cadres des
classifications actuelles. Ils font partie d’un ou de plusieurs
types spéciaux de formatjon, d’ailleurs encore mal définis, des
différents c sols rouges méditerranéens >> (G. BRYSSINE,1954).
En attendant de pouvoir préciser ces types de formation, il
leur donne provisoirement, soit des dénominations classiques,
en se rappelant qu’ils appartiennent à la <( série des sols rou-
ges >> d’après l’énergie climatique de transformation des roches
(G. BRYSSINE, 1949), soit des noms vernaculaires, en prhcisant
leurs caractères pédologiques.
Comme base de classification il proposa les facteurs de la
pédogénèse, en distinguant, d’abord les sols de p 6 cl o g 6 n è s e
i n t e r n e et les sols de p é d o g é n è s e e x t e r n e , c’est-
à-dire d’apport ou d’érosion (G. BRYSSINE,1956). Les facteurs
de la pédogénèse sont divis& en 2 groupes : facteurs princi-
paux (climat, végétation, régime hydrique), facteurs secondaires
(roche-mère, relief, eaux souterraines, âge, action de l’homme).
A partir de 1950 surtout, et, en partie, sous l’influence des
géographes et géologues qui étudiaient le Quaternaire, la plu-
part des pédologues du Maroc ont cherché à utiliser systé-
matiquement, pour leurs cartographies, les données et les métho-
des de la géomorphlogie. On a ainsi mis en évidence les relations
qui existent entre, d’une part, les types de sol, d’autre part, les
formes du relief et l’âge des sédiments, en particulier dans les
plaines alluviales. Les notions de sols fossiles, de paléopédo-
génèse, d’optimum climatique ancien pour la formation de
certains types de sol (G. GAUCHER, 1948)’ ont pris une grande
importance pour l’interprétation des observations de terrain
(A. PUJOS,1957). La classification des sols a été elle-même
marquée par ces idées nouvelles, et dans certaines cartes les
sols étaient classés d’après l’âge quaternaire de leur roche-
mère.
Aujourd’hui, les idées sur les climats anciens du Quaternaire
et sur les pédogénèses fossiles qui leur correspondraient sont
un peu différentes, plus nuancées (voir Chapitre I de la 1“
partie) *, mais les pédologues du Maroc ont gardé l’habitude

* Voir également G. BEAUDET,


G. MAURER,A. RUELLAN,
1966,
LES SOLS DU MAROC 69

d’étudier un sol en essayant de le placer dans son contexte


géomorphologique et quaternaire, avec les héritages pédogé-
nétiques que cela implique.
Depuis plusieurs années, les pédologues de l’ORSTOM, tra-
vaillant au Maroc, oiit utilisé, de leur côté, la classification de
G. ATJBERTet PH. DUCHAUFOUR, en suivant ses améliorations
successives (G. AUBERTet PH. DUCHAUFOUR, 1956; G. AUBERT,
1965). En 1962, elle a été également adoptée par l’INRA comme
base de travail de la cartographie des sols. Cette classification
est fondée sur les conditions et processus d’évolution des sols
qui se traduisent par une morphologie particulière. On peut
donc dire qu’elle est morpho-génétique.
Elle range les sols clans une série d’unités, qui, en passant
du niveau général au niveau particulier, sont les classes, sous-
classes, groupes, sous-groupes, faciès, familles, séries, types,
phases.
La différenciation des c I a s s e s et s o u s - c 1a s s e s
tient compte des conditions d’évolution des sols et repose sur
les caractères suivants : degré d’évolution, développement du
profil, modes d’altération des minéraux, libération des sesquioxy-
des, types et répartition de la matière organique, phénomènes
fondamentaux tels que hydromorphie et halomojphie.
Les conditions du pédoclimat sont exprimées au niveau des
sous-classes.
I

Les g T oiu p e s sont définis par les processus d’évolution.


Les s o u s - g r o u p e s, par l’intensité du processus ou l’ap-
parition d’un ou plusieurs processus secondaires.
Les f a c i è s concernent (parfois) des stades d’évolution
ou des types intermédiaires.
Les f a m i 1 1 e s font intervenir les caractères phtrographi-
ques du matériau originel ou de la roche-mère.
Les s k T i e s, à l’intérieur d’une famille, groupent les sols
qui ont UT?profil semblable en ce qui concerne la succession, la
constitution et l’épaisseur relative des horizons. La série est
généralement liée à la situation du sol dans le relief et dans le
paysage. C’est l’unité de base pour la cartographie des sols et
elle est fondamentale pour l’utilisation agronomique.
I

?O P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Les unités inférieures sont : le t y p e , qui indique des


variations (généralement de texture) à l’intérieur d’une série ;
la p h a s e qui marque, à l’intérieur d’un type, des phéno-
mènes transitoires ou de peu d’importance provoqués, par
exemple, par la culture, la végétation naturelle, l’krosion.
La classification américaine enfin (U.S.D.A., 1960) bien qu’el-
le ne soit pas employée pour les travaux de cartographie des
sols, est connue de plusieurs pédologues du Maroc ; sa termi-
nologie est parfois utilisée, parallèlement à celle de la classifi-
cation francaise.

III. Les facteum dIepédogénèse


.,
Au Maroc, pays méditerranéen, les facteurs que l’on peut
rendre responsables de la formation des sols, sont les mêmes
que partout dans le monde : le climat, la végétation, la roche-
mère, le relief, l’érosion, l’homme. Cependant, et c’est là cer-
tainement une des originalités des régions méditerranéennes,
la hiérarchie de ces facteurs et l’importance de leurs rôles dans
la formation des sols ne sont pas les mêmes que dans les
pays tempérés ou tropicaux, et si, dans ces derniers, le climat
et la végétation sont souvent les facteurs principaux, c’est
aux roches et au relief que reviennent, au Maroc, les rôles prin-
cipaux dans la formation des sols.

A. Les roches
L’influence des roches sur les types de sol est très grande ;
leur nature et leurs faciès sont très variés et contribuent en
tout premier lieu à expliquer la grande diversité des sols du
. Maroc.
Les roches sont de tous types; parmi les plus importantes
on peut citer : les roches cristallines précambriennes, les schis-
tes variés du Primaire, les calcaires de toutes natures’ et les
dolomies surtout du Secondaire et du Tertiaire, les mar-
nes à montmorillonite du Crétacé et du Miocène, les argiles
et marnes salifères gypseuses du Permo-Trias, du Crétac6 el;
du Miocène, les grès rouges du Permo-Trias, les basaltes du
Primaire et du Quaternaire, les alluvions quaternaires des plaines
et plateaux, Les phénomènes tectoniques qui les ant affectées,
. z

LES SOLS DU MAROC 71

particulièrement au cours de l’orogénèse alpine, et les phéno-


mènes d’érosion qui ont suivi, font apparaître des séries de
strates variées, qui se succèdent parfois sur de très courtes
distances et auxquelles correspondent des sols de types diff é-
rents (G. CHOUBERT, 1950-1959).
Parmi toutes ces roches cependant, les roches calcaires sont
les plus importantes, non seulement par les surfaces qu’elles
couvrent (sans doute près des 3/4 du Maroc), mais aussi par
leur relief, car elles forment l’ossature de la plus grande partie
‘des chaînes montagneuses, et aussi parce qu’elles ont contribué
à la. formation de la plupart des alluvions qui occupent les
plaines et plateaux du Maroc.
I

Les roches en place, clans un climat méditerranéen dont


l’énergie de transformation est assez faible (G. BRYSSINE,1949),
ont une influence déterminante sur le type de pédogénèse par
leur composition chimique, leur dureté, leur résistance à l’éro-
sion, leur perméabilité.
Les roches alluviales et colluviales meubles par leur tex-
ture, leur tene~ii: en calcaire, leur composition minéralogique,
leur âge dans le Quaternaire, déterminent en grande partie,
la répartition des différents sols isohumiques, des vertisols de
plaine, des sols peu évolués d’apport.

B. L e rekief I

Le relief est, avec les types de roches, un des facteurs


qui a. la plus forte influence sur les variations et la répartition
des sols du Maroc.
Le Maroc a un relief très compartimenté, fragmenté, non
seulement par son ossature montagneuse générale, mais égale-
ment à une échelle plus petite. Les plaines et les plateaux sont
sillonnés de lignes de flexure ou de faille. Les glacis et les
terrasses quaternaires des vallées sont souvent délimités net-
tement par de véritables petites falaises. Les oueds, sauf dans
les plaines littorales, entaillent prof ondément leurs alluvions.
Sur presque tous les plateaux, qu’ils soient situés dans les
régions atlantiques, orientales ou présahariennes, on trouve -le
nombreuses petites cuvettes fermées (daya) d’origines diverses :
karst, reste de réseau hydrographique, effondrement sur d’an-
ciennes poches de gypse.
72 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Tous ces reliefs, à échelles diverses, ont une influence SLX


la formation des sols. Le relief général agit surtout par l’in-
term6diaire du climat, fonction de l’altitude, et de l’érosion,
fonction de la pente ; il répartit également les alluvions qui
formeront les roches-meres des sols de plaine. A l’écadie d’une
vallée, l’exposition du versant peut modifier suffisamment le
climat local pour changer les conditions de végétation et les
phénomènes d’éaosion: les versants exposés au S et au SE
sont plus secs, moins couverts de végétation, plus érodés. A
une échelle plus petite, dans les plaines, un changement de
pente modifie les conditions de circulation interne de l’eau :
!e calcaire se déposera plus facilement en bordure d’un léger
thalweg. Les dépressions fermées, les ondulations, même de
très faible amplitude, changent totalement le pédoclimat, pri-
voquant des phénomènes d’hydromorphie, des salures.

C. Le climat
L’action du climat méditerranéen n’est prépondérante que
dans des cas extrêmes : régions présahariennes oÙ l’ablation
et les apports éoliens marquent fortement le paysage, hau!e
montagne oÙ la gélifraction est générale, régions de montagnes
humides même, oÙ les sols évolués climaciques ont des carac-
tères convergents quelles que soient les roches. Ceci cependant
n’intéresse, au Maroc, que de faibles surfaces. Dans la plus
grande partie du pays, l’effet du climat est subordonné au relief,
aux types de roches, à la végétation, à l’action de l’homme,
et il est souvent difficile d’établir une répartition des sols en
fonction des macroclimats.
Le climat actuel, outre son caractère xirothermique, est
marqué par une forte variabilité interannuelle de la pluviosité
(dans la proportion de 1 à 4), par une concentration annuelle
des pluies pendant quelques mois et, pendant cette période
pluvieuse, par une répartition surtout discontinue des précipi-
tations sous forme d’averses. I1 est vraisemblable que ce climat
(au moins le mésoclimat et le microclimat) a été aridifié, dans
beaucoup de régions du Maroc, par les défrichements intensifs
dus à l’homme et parfois très récents. Ce caractère contrasté,
avec des alternances de forte humidité et de grande sbcheresse,
est à l’origine de la plupart des actions climatiques actuelles,
pédologiques ou morphologiques.
LES SOLS DU MAROC 73

Un tel climat crée des conditions favorables à un engor-


gement temporaire par l’eau, engorgement dont on voit la mar-
que dans de nombreux types de sols : sols rouges, sols isohu-
miques, sols bruns calcaires, sols bruns tempérés ou inéditer-
ranéens. Cet engorgement peut s’effectuer dans les régions
subarides, lorsqu’une topographie de plaine ou de dépression
le permet; ainsi se forment des sols hydromorphes sur les
bas plateaux de la Meseta côtière. Même dans les régions très
sèches, arides OLI sahariennes, les pointes de pluviométrie peu-
vent occasionnellement réactiver et conserver des pédogénèses
de ce type, formées anciennement sous un climat plus favorable.
L’influence du climat sur l’érosion est très forte. Dans les
régions arides et semi-arides la végétation est rarement très
dense et elle a tendance à s’éclaircir pendant les années les
plus sèches. D’autre part, ,la couverture de plantes annuelles est
presque inexistante à la fin de la saison sèche dans les zones
labourées ou fortement pâturées. Les premières pluies d’automne
tombent sur des sols sans défense et produisent des érosions
intenses. Les pointes de pluviosité peuvent, par ailleurs, mettre
en action certains types d’érosion, comme les solifluxions, dans
des régions oÙ, en année normale, l’érosion est produite par le
ruissellement.
Sauf dans les régions subhumides ou humides, ou dans le
cas de roches-m6res particulièrement perméables, un climat de
ce type ne produit pas de lessivage important des ’ substances
solubles, d’une part, parce qu.e le sol n’est pas mouillé sur
une grande épaisseur, et d’autre part, à cause des remontées
de solutions qui se produisent pendant les périodes sèches, même
en hiver ; il y a donc généralement tendance à une accumulation
dans le profil, en particulier pour le calcaire et pour les sels.
Sur un sol laissé à nu ou mal couvert par les plantes, les
fortes chaleurs d’été et d’automne favorisent la destruction
rapide de la matière organique. A cette période chaude et
sèche, il faxt attribuer également la tendance à la rubéfaction
qui marque plusieurs types de sol.
D. L’âge des s o b et les climats anciens
Dans beaucoup de cas, les sols montrent des profils dont
les forts caractères d’évolution (rubéfaction, encroûtement très
épais) ne paraissent pas compatibles avec les conditions clima-
. ,
I’ ,

74 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

tiques actuelles. On connaît en effet,’ et on a pu mesurer dans


certains cas, la lenteur ou la faiblesse de l’activité actuelle du
climat. Ainsi, dans les régions semi-arides et en zones ancien-
nement défrichées (plaine du Zebra) la pénétration de l’eau
est souvent trop peu profonde pour être la cause des encroûte-
ments calcaires que l’on observe.
On se trouve alors devant un dilemne; ou bien le climat
actuel n’est plus suffisant pour expliquer les sols que l’on voit,
et il faut supposer clue ces derniers se sont formés sous des
climats anciens plus actifs, plus humides, que l’on attribue aux
périodes du Quaternaire, ou bien c’est une question de durée et
on est amené à admettre une pédogénèse extrêmement longue
avec des phénomènes lents, à effets cumulatifs, ayant pu se
produire sous un climat analogue à celui que l’on constate
actuellement. Suivant les régions, l’yne ou l’autre hypothèse
est valable. En région aride, il est évident que certains phéno-
mènes comme les encroiitements, les croûtes, certaines rubé-
factions non lithochromes, ne sont pas le rksultat d’un climat
du type actuel. Par contre, dans certaines régions semi-arides
et sub-humides, les pédogénèses peuvent être produites par le
climat actuel à condition de faire intervenir le facteur temps.
En tous ca.s, ce qu’on peut affirmer, c’est que les pédogénèses
climaciques du Maroc (sols rouges méditerranéens, sols isohu-
:niques,
- . croûtes calcaires), sans être forcément toutes fossiles,
sont certainement très anciennes, c’est-à-dire que leur évolution
a commencé depuis très longtemps, généralement depuis plu-
sieurs dizaines de milliers d’années.
Par ailleurs, même s’il y a eu des changements climatiques
au Quaternaire, il semble que les climats anciens sont toujours
restés du type méditerranéen.

E. L a végétation
La végétation climacique, en équilibre avec le climat actuel,
n’existe plus qu’en de rares régions : montagnes, zones arides
ou subdésertiques. Ailleurs, elle a 6th complètement modifiée
par l’action de l’homme ; en particulier, les végétations de forêt,
matorral, erme, steppe des plaines et plateaux arides à subhu-
mides ne subsistent plus que par places et sont généralement
dégradées ou détruites (T. IONESCO, 1964). Les sols gardent donc,
dans leurs caractères morphologiques, la trace de l’action d’une
LES SOLS DU MAROC 75

végétation ancienne complètement diff &rente de celle que l’on


voit aujourd’hui, végétation qui pouvait exister encore il y a
quelques dizaines d’années. I1 est donc souvent difficile de voir
clairement quelle a été l’influence de la végétation sur la pédo-
génèse des sols du Maroc. Le rôle des systèmes radiculaires et
de la matière organique résiduelle, dans la formation des sols
isohumiques subtropicaux en particulier, est mal défini.
Sauf dans les trop rares régions oÙ subsiste une forêt ou
un matorral, la végétation a un caractère de fugacité, lié au
climat. Pendant plusieurs, mois, du début de l’été au milieu de
l’automne, les plantes annuelles desséchées protègent mal le sol,
ce qui permet à l’érosion de se manifester avec force.
F. L’action de l’homme
L’action de l’homme, ancienne ou récente, est visible pres-
que partout, se traduisant souvent par une dégradation érosive
des sols, et modifiant parfois les conditions de pédogénèse.
L’érosion est augmentée ou provoquée par diverses activités
humaines, en particulier :
-- les exploitations abusives des forêts, allant jusqu’à leur
disparition complète dans un climat méditerranéen qui, par
lui-même, est peu favorable à leur régénération spontanée ;
- les défrichements et mises en culture qui s’étendPnt de
plus en plus sur des pentes fortes;
- le surpâturage qui, non seulement dégrade et éclaircit
la végétation mais provoque, en outre, soit un tassement du
sol qui diminue l’infiltration de l’eau de pluie et favorise le
ruissellement, soit, surtout sur les jachères, une pulvérisation
des couches superficielles du sol, qui permet l’ablation éolienne
de particules fines.
Depuis quelques dizaines d’années toutefois, des travaux
importants ont été réalisés, surtout par les services forestiers,
pour la défense et la restauration des sols par des banquettes
en courbes de niveau et pour la replantation et la régénération
des forêts.I

La culture motoriske, spécialement le labour par disques,


tasse le sol en profondeur, diminue l’infiltration et provoque
un élargissement et une compaction de la structure superficielle.
76 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

La mise en culture après défrichement entraîne une baisse de


la teneur en matière organique.
Les labours, les scarifiages profonds faits dans le but d’extir-
per les croûtes, provoquent fréquemment une recalcasisation
des horizons supérieurs.
La culture irriguée peut avoir des effets favorables, en
particulier une certaine remontée du taux de matière organi-
q u e ; mais, si elle est mal conduite, elle contribue encore à
dégrader le sol, soit par un lessivage des éléments fertilisants,
soit par une compaction suivie d’un début d’hydromorphie, soit
par une salure lorsque le niveau de la nappe phréatique n’est
pas contrôlé par un drainage suffisant ou lorsqu’une eau salée
est utilisée avec de mauvaises méthodes d’irrigation.
Dans certaines régions, par exemple le Gharb, des travaux
importants d’assainissement changent les conditions pédoclima-
tiques et des sols formés en milieu très humide évoluent main-
tenant dans des conditions plus sèches.

G. L’érosion par l’eau


Ce sujet a déjà été traité en détail dans le chapitre I de
la Ire partie. L’érosion par l’eau résulte des conditions de climat,
de végétation et de relief, parfois du type de roches. Elle est
aggravée par le déséquilibre que l’homme introduit dans le
milieu naturel. Elle affecte à des degrés divers, et saus des
formes variées de ruissellement et de solifluxion, la plupart des
régions du Maroc à relief un tant soit peu accentué (G. BEAUDET
et aZ., 1964).
Dans les cas les moins graves, il se produit un départ des
particules fines (argiles, limon, matière organique) de l’horizon
superficiel du sol, qui devient plus sableux.
A un degré plus avancé, il se forme des sols peu évolués
d’érosion, des lithosols et régosols. Sur les pentes s’organisent
des chaînes et séquences de sols ; sur les piedmonts et dans les
vallées, des recouvremerds de sols, des superpositions de dépôts
prolongent ceux qui ont été légués par les diverses époques
du Quaternaire.
D’énormes surfaces sont ainsi stérilisées ou en voie de
l’être, en particulier dans les régions à roches peu résistantes :
LES SOLS DU MAROC 77

Rif, Prérif, Haut Atlas, Plateau central, etc. Beaucoup de terres,


cultivées sur des pentes même faibles, sans techniques de pro-
tection, voient leur fertilité diminuer au fur et à mesure que
leur horizon superficiel s’amincit.

IV. Les principaux types de sols du Maroc et leur répartition


Les pédogénèses qui ont formé et forment encore les sols
du Maroc, et dont les facteurs viennent d’être rappelés, sont
multiples et souvent complexes. On passera maintenant en revue
l e s types de sols qu’elles produisent, en commengant par les plus
fréquents et les plus importants dans ce pays: les sols isohu-
miques méditerranéens ou subtropicaux, les sols rouges médi-
terranéens, les sols calcomagnésimorphes, les vertisols, les sols
hydromorphes, les sols bruns à mull, les sols halomorphes. En
y ajoutant les sols d’érosion, les sols peu évolués d’apport et
les sols des régions désertiques, on aura fait le point des con-
naissances actuelles sur la question.
Les noms scientifiques de sols qui seront utilisés dans les
paragraphes suivants sont ceux de la classification de G. AUBERT
(1965).

A. Les sols isohumiques


I1 s’agit, au Maroc, de sols isohumiques des régions médi-
terranéennes ou subtropicales (sous-classe 3 ) , à complexe adsor-
bant saturé et évoluant sous un pédoclimat frais en saison plu-
vieuse.
Ces sols sont caractéristiques des plaines, piedmonts et pla-
teaux du Maroc atlantique (à l’exception de sa bordure côtiè-
re) et oriental, au climat méditerrakiken subaride ou aride
(250-500 mm de pluie), dont on peut dire qu’elles constituent
les sols zonaux; ils s’étendent même, mais de façon plus spo-
radique, aux plaines et plateaux du domaine présaharien.
Ils sont formés essentiellement sur des alluvions ou collu-
vions du Quaternaire, ancien, moyen ou récent, à l’exclusion
toutefois des dépôts du Rharbien récent ou subactuel. De ce
fait, en de nombreux endroits, les sols isohumiques ont des
profils complexes, montrant des superpositions de roches-mères
et des pédogénèses surimposées ou superposées.
78 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Les sols de la sous-classe isohumique subtropicale ont en


commun un faisceau de caractères qui les séparent nettement
des autres sols du Maroc, bien que chacun de ces caractères,
pris isolément, puisse se retrouver dans d’autres types de sol.
Ce sont : une argilisation (teneur en argile plus forte, quelle
qu’en soit l’origine) en profondeur ; une faible rubéfaction ; un
profil organique isohumique, c’est-à-dire une matière organique
pénétrant profondément le sol en décroissant lentement et régu-
lièrement, ; une’ faible teneur en matière organique, ne dépassant
que rarement 3 % en surface; un profil calcaire comportant
normalement une décalcarisation en surf ace et une accumulation
en profondeur ; une individualisation du calcaire en profondeur
sous forme de concrétions de divers types.
Parmi ces caractères, les deux derniers, concernant le profil
calcaire et l’individualisation du calcaire en profondeur, sont
les plus apparents au point de vue morphologique.
On distingue deux groupes parmi ces sols, les sols châtains
et les sols bruns, qui, typiquement, se différencient de la facon
suivante :
L e s s o I s c h Ei t a i n,s isohumiques subtropicaux sont
plus argileux, plus rubéfiés; ils sont totalement dkcalcarisés en
surface ; leur structure est prismatique en profondeur ; leur
accumulation de calcaire par rapport à la roche-mère est impor-
tante.
L e s s o I s b r u n s isohumiques subtropicaux restent sou-
vent calcaires en surface et sont moins rubéfiés ; leur structure
est polyédrique en profondeur ; leur accumulation de calcaire
est généralement moins forte.
Ces deux groupes sont eux-mêmes subdivisés en plusieurs
sous-groupes suivant l’intensité de développement du sol, ou en
tenant compte de caractères annexes :
sols modaux, dans lesquels l’individualisation du calcaire se fait
sous forme d‘amas, granules et nodules ;
sols peu développés, oÙ l’accumulation et l’individualisation du cal-
caire sont faibles ;
SOIS vertiqucs, dont la structure devient. grossiere et compacte ;
sols encroûtés, dans lesquels le calcaire s’individualise sous forme
de croûte à. la partie supérieure d’un horizon fortement calcaire;
LES SOLS DU MAROC 79

sols hydromorphes à taches et concrétions ferrugineuses ; on les


trouve surtout chez les sols châtains; ils sont liés à une position topographi-
que basse et, parfois à un ensablement superficiel (région des Doukkala) ;
sols salés et alcalisés, fréquents surtout chez les sols bruns et plus
souvent en profondeur que dans l’ensemble du profil.
Un troisième groupe, celui des Siérozem subtropicaux a
été parfois reconnu et cartographié au Maroc. I1 comprend
des sols, situés dans les régions à climat méditerranéen aride,
dont les caractères d’évolution sont peu marqués ; en particulier,
le gradient du calcaire est très faible. La tendance actuelle
est de ne plus utiliser ce groupe et de ranger ces sols, soit
parmi les sols bruns peu développés, soit parmi les sols peu
évolués subdésertiques dont il est généralement difficile de les
distinguer.
Les caractères morphologiques et analytiques des sols iso-
humiques du Maroc ont été décrits dans de nombreux rapports
et depuis longtemps on a cherché à les définir avec précision
(G. BRYSSINE,1954). Leur étude a été favorisée par le fait qu’ils
constituent la majeure partie des sols irrigables.
Les sols isohumiques encroûtés et d’une façon plus générale
les croûtes et encroûtements calcaires, qui paraissent liés surtout
à ce type de pédogénèse, ont une importance très grande. Ils
posent de nombreux problèmes, aussi bien sur le plan scienti-
fique en ce qui concerne la genèse des croûtes, que sur le
plafi pratique pour leur utilisation agronomique et leur amé-
lioration. De nombreuses études leur ont été consacrées au
Maroc pzr des géographes, des géologues ou des pédologues
(M. GIGOUT,1960 ; G. GAUCHER, 1948 ; J. WILBERT,1962 ; G. BEAU-
DET, G. MAURER, A. RUELLAN,’ 1966).

Une mise au point sur les caractères, les facteurs et pro-


cessus de formation et la classification des sols isohumiques et
des croûtes a été récemment faite par A. RUELLAN (1966). Parmi
les conclusions et hypothèses indiquées par cet auteur, certaines
seront résumées ici très brièvement.
I1 y a un certain parallélisme général entre le degré d’évo-
lution des sols isohumiques et le climat actuel; les sols châ-
tains et les sols bruns peu calcaires sont plus fréquents, en
moyenne, dans les rkgions plus humides; plus on va vers les
régions arides, plus fréquemment les sols bruns sont calcaires
et peu développés.
80 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Dans une même zone climatique, cependant, on trouve côte


à côte les divers types de sols isohumiques. Leur répartition
est alors étroitement liée aux caractères des roches-mères allu-
viales et colluviales, en particulier à leur teneur en argile et
en calcaire. Les sols châtains se forment ainsi de prsfirence
sur les dépôts argileux peu ou pas calcaires. Ces caractères
des alluvions sont liés, évidemment, aux caractères des sols
ou des roches tendres des zones montagneuses situées en amont,
sols ou roches qui orrt été érodés et transportés dans les plairiez.
En particulier, les sols châtains se forment fréquemment SUI’
des sols rouges transportés, et leur rubifaction est alors un
caractère hérité.
I1 y a parallélisme entre le degré de développement des
sols isohumiques et l’âge des alluvions. Ceci est valable pour
tous les caractères de ces sols cités précédemment, sauf pour le
profil isohumique qui peut se développer sur des alluvions
récentes. Ce parallélisme du développement et de l’âge est très
caractéristique pour les phénomènes d’accumulation et d’indivi-
dualisation du calcaire : dans une région donnée, le faciès des
accumulations de calcaire est en bonne relation avec l’âge des
dépôts du Quaternaire.
Les sols isohumiques évolués sont des sols anciens formés
en climat méditerranéen semi-aride, sous une végétation clima-
cique dont on sait maintenant qu’elle était surtout une forêt
nu un matorral. Cette végétation peut expliquer, par son sys-
tème radiculaire profond, la répartition en profondeur de la
matière organique; par contre, la faible teneur en matière
organique que l’on constate actuellement dans l’horizon super-
Scie1 du sol serait un caractère de dégradation, dû au défri-
chement assez récent et à la ‘kylture qui ont affecté l’horizon
superficiel organique existant sous forêt. Le système radiculaire
est aussi, par l’assèchement local qu’il provoque, un des facteurs
de l’accumulation du calcaire.
Ces sols anciens ne sont pas forcément fossiles. Certains de
leurs caractères le sont, en particulier les croûtes calcaires q d ,
sauf dans des cas spéciaux, ne semblent pas s’être formées
postérieurement au Tensiftien ; mais dans les régions à climat
actuel subaride ces sols peuvent continuer leur évolution, à
condition que subsiste la végétation climacique, ou une végé-
tation de remplacement assurant un phdoclimat analogue.
LES SOLS DU MAROC 81

Pour expliquer les accumulations de calcaire, le lessivage


vertical est souvent insuffisant et, hors la présence d’une nappe
phréatique battante, il faut supposer l’existence d’un apport
latéral de calcaire par une circulation interne d’eau provenant
des régions situées en amont. Ceci est nécessaire en particulier
lorsque les sols sont form& sur une alluvion peu ou pas calcaire.
Bien que la comparaison ne soit pas valable de façon absolue
puisque les conditions de roche-mère et de topographie sont
différentes, on peut cependant considérer la pédogénèse isohu-
I

mique, en climat méditerranéen, comme un type d’évolution


intermédiaire entre la pédogénèse des sols rouges et bruns
méditerranéens et celle des sols peu évolués subdésertiques. Ceci
est particulièrement net en ce qui concerne la dynamique du
calcaire, les sols rouges méditerranéens étant caractérisés par
un départ total du calcaire, les sols isohumiques, par une con-
servation partielle ou par un apport de calcaire, les sols, peu
kvolués subdésertiques, par une quasi absence des mouvements
de calcaire.

B. Les sols rouges e t b r u n s m é d i t e r r a n é e n s


Les sols à sesquioxydes fortement individualisés, de la sous-
classe des sols rouges et bruns méditerranéens, sont largement
répandus au Maroc sous des climats actuels très variés, allant
du mgditerranéen arid-e au méditerranéen humide.
Ils sont caractérisés par une formation en milieu calcaire ou
calcique, par une individualisation forte des oxydes de fer avec
rubéfactior,, par une décalcarisation généralement totale, mais
avec un complexe d’échange restant presque saturé. Leur struc-
ture est polyédrique fine avec souvent une surstructure prisma-
tique en profondeur.
Contrairement aux sols isohumiques ce sont, avant tout,
des sols formés sur des roches en place. On les trouve en majorité
dans les rsgions montagneuses, sous une végétation climacique
forestière.
Ils ne sont typiques que lorsque la forêt existe encore, mon-
trant alors dans leur profil un horizon organique bien diffé-
rencié. Lorsque la forêt est dégradée, ils sont érodés et ne
subsistent que par taches, associés à des lithosols, A des sols
I .

82 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

rendziniformes, à des sols peu évoiués de pente qui conservent


une couleur rouge.
Ces sols, généralement situés dans des régions à pente forte
et non cultivées, ont été assez peu étudiés au Maroc. Ils se
forment sur une gamme de roches variées: calcaire dur, grès
dunaire à ciment calcaire, schiste calcaire, schiste, basalte et
andésite, grès et sable siliceux ferrugineux, granite.
Les zones les plus étendues et les plus homogènes de
s o l r o u g e m é d i t e r r a n é e n s u r c a l c a i r e sont si-
tuées dans les régions montagneuses du Maroc, sur calcaire ou
dolomie surtout jurassiques ; ce sont le Causse moyen-atlasique,
le Moyen Atlas plissé, le versant atlantique du Haut Atlas
calcaire dans sa moitié occidentale, la dorsale calcaire du Rif,
la chaîne des Beni Snassen. Le climat dans ces régions est
méditerranéen humide ou subhumide, parfois semi-aride ; la
pluviosité peut atteindre 3 500 nini dans le Rif, elle ne descend
pas en dessous de 450 mix dans les Beni Snassen et le Moyen
Atlas.
Une autre zone assez homogène de sol rouge se trouve sur
les bandes de grès calcaire dunaire (Sahel) qui bordent le lit-
toral atlantique depuis l’embouchure de l’oued Loukkos au N
(climat subhumide, 500-700 mm de pluie), jusqu’à l’embouchure
de l’Oum er Rbia au S (climat semi-aride, 350-500 mm).
Dans ces diverses régions les sols appartiennent généra-
lement au groupe des s o l s r l o u g e s m é d i t e r r a n é e n s
1e s a i v é s, à teneur en argile augmentant en profondeur ; en
outre, ils sont parfois encroûtés, présentant au-dessus de la
roche-mère un horizon à concrétions calcaires. Dans le Moyen
Atlas les sols rouges sont souvent associés à des s o 1 s b r u n s
m é d i t e r r a n é e n s qui en différent par leur très faible
rubéfaction.
Dans les régions les moins sèches de 1’Anti Atlas, au climat
semi-aride ou aride (250 à 500 mm de pluie), on trouve des
restes de sol rouge méditerranéen très érodé sur les calcaires
Géorgiens (Cambrien).
Les s o l s r o u g e s m é d i t e r r a n é e n s s u r s c h i s t e
non calcaire sont également des sols de montagne. On les trouve
dans le Ri$, le Plateau Central, les entailles d’oueds de la
LES SOLS DU MAROC 83

Meseta côtière, sous un climat semi-aride à subhumide (500-


1 O00 mm de pluie). Ils y sont associés à des sols bruns apparte-
nant soit à la classe des sols à mull des régioiis tempérées, soit
à celle des sols à sesquioxydes. Ils sont généralement érodés.
Il existe également de nombreux restes de sol rouge sur
schiste dans des massifs montagneux au climat actuel surtout
aride, entièrement déboisés et fortement érodés : chaîne des
Jbilet, massif des Rehamna, o ù la pluviosité est de 250-400 min.
Des sols rouges et bruns méditerranéens
s u r b a s a 1t e quaternaire existent dans le Causse moyen-
atlasique (600-1 100 mm) et dans le Saïs (500-600 mm de pluie) ;
il en est de même sur les andésites des massifs volcaniques
miocènes de la côte‘ méditerranéenne : Jbel Sebt (400-700 mm).
Des sols rouges lessivés se forment sur les cc sables fauves x
siliceux-f errugineux du Villafranchien qui affleurent sur le
plateau de Meknes (500-600 mm de pluie).
Sur des granites, dans 1’Anti Atlas et dans le Plateau cen-
tral, on a reconnu des phénomènes de rubéfaction, sinon de
véritables sols rouges méditerranéens.
Enfin, il existe dans les régions présahariennes des dunes
rubéfiées dont la couleur n’est peut-être pas uniquement litho-
chrome.
On voit, d’après les pluviométries qui ont été citées, que ces
sols se trouvent actuellement au Maroc sous des conditions
de pédoclimat très diverses. La question de l’ancienneté ou de
la formation actuelle des sols rouges n’est pas résolue. I1 est
vraisemblable que ceux des régions arides sont fossiles. I1 faut
cependant nuancer les hypothèses suivant la nature de la roche-
mère: il est possible que sur une roche-mère à faible teneur
en calcaire (grès, schiste) ou très perméable (sable) la formation
des sols rouges puisse se faire sous un climat assez aride.
En dehors des sols rouges en place, on trouve dans les
plaines et plateaux intérieurs des surfaces importante.; de sols
rubéfiés qui se sont formés sur des dépôts du Quaternaire,
généralement soltaniens, amiriens et villafranchiens, et peut-être
aussi sur des dépôts plus anciens (Pontien). Dans la plupart
des cas, il semble bien qu’il s’agit d’une rubéfaction héritée,
la roche-mère étant un dépôt lithochrome, c’est-à-dire prove-
84 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

nant de I’érosion et du transport d’un sol rouge de montagne


OLI d’une roche meuble rouge. Cependant, lorsque ce dépôt
recouvre un calcaire dur lapiazé il est possible que ce dernier
ait participé aussi à la formation du sol.
La pédogénèse qui a affecté ces dépôts de plaine se rapproche
généralement plus du type isohumique que du type rubéfiant.
De tels sols, appelés N Hamri D, existent dans la plupart
des plaines intérieures, sous un climat actuel semi-aride (Saïs,
Basse-Moulouya, Doukkala) ou même aride (Tadla, plateau des
phosphates, Haouz de Marrakech : 300-400 mm de pluie). Ils
sont tous cultivés. Leurs caractères étant intermédiaires entre
ceux des sols isohumiques et ceux des sols à sesquioxydes, ils
ont été classés, suivant les auteurs, soit en sols rouges médi-
I terranéens à caractères isohumiques, soit en sols châtains isohu-
L
miques sur roche-mère rouge.

C. Les sols calcomagnés,imorphes


Les sols calcomagnésimorphes sont essentiellement formés
sur des roches calcaires ou dolomitiques en place, à pente plus
OLI moins forte, ou sur des dépôts de pente recouvrant ces
mêmes roches.
On ne range pas dans cette classe les sols formés sur des
alluvions calcaires : suivant leur degré d’évolution ils font par-
tie soit des sols peu évolués d’apport, soit des sols isohumiques.
Les sols calcomagnésimorphes se caractérisent, en effet, par une
décalcarisation partielle relativement à la roche-mère, ce qui
les différencie des sols peu évolués, et par l’absence d’accumu-
lation et d’individualisation du calcaire, ce qui les différencie
des sols isohumiques.
Ceci suppose d’une part, une attaque de la roche-mère
dans un milieu pédoclimatique suffisamment humide provoquant
lm départ de calcaire, d’autre part, le maintien d’un certain taux
de calcaire dans le sol. Sur une roche calcaire tendre, à pente
plus ou moins forte, ces conditions sont réalisées sous n’importe
quel climat; en climat humide, la pente favorise !.’érosion lente
de l’horizon superficiel et la mise à jour progressive des cou-
ches profondes plus calcaires; en climat plus aride, la décal-
carisation est faible et peu profonde. Sur un calcaire dur, de
tels sols ne se forment pas lorsque la pluviosité et la végétation
i.
4 .

LES SOLS DU MAROC ‘85

permettent la pédogénèse des sols rouges méditerranéens ; ils


se forment, par contre, d’une part lorsque la pluviosité est
faible, d’autre part, lorsque la dégradation de la végétation,
en région humide, provoque une érosion qui permet la formation
de dépôts de pente calcaires assez stables pour qu’une pédogk-
nèse s’y produise.
En fait, on trouve des sols calcomagnésimorphes, au Maroc,
pratiquement partout où il y a des roches calcaires en place,
c’est-à-dire dans la plus grande partie du pays. Les seules
régions du Maroc oÙ il n’y ait pas de calcaires sur de vastes
surfsces sont : le Plateau Central, une partie de la Meseta
côtière, une partie du Rif (schistes), le Haut Atlas occidental
(roches cristallines acides et schistes), une partie de 1’Anti-
Atlas (roches cristallines acides, roches volcaniques, schistes,
quartzite) , les R,ehamna et les Jbilet (schistes).
Dans les régions à calcaire dur, les sols calco-magnésimor-
phes sont rares lorsque les conditions de climat et de végétation
permettent la formation des sols rouges ; c’est le cas par exem-
ple du Causse moyen atlasique. Ils sont au contraire Ïréquents
et associés à des lithosols et à des sols peu évolués de pente
lorsque la végétation est dégradée, c’est le cas par exemple
du Rif et du Haut Atlas calcaire sur son versant méridional.
Dans les régions à calcaire tendre, ils sont dominants, asso-
ciés à des sols peu dvolués d’érosion. à des régosols et, lorsque
la roche et le climat le permettent, à des vertisols.
Parmi les sols de la sous-classe rendziniforme (sous-
classe l), le groupe des r e n d z i n e s v r a i e s , à structure
grumeleuse ou grenue, est peu représenté au Maroc. Ces
sols n’existent que sporadiquement lorsqu’une végétation na-
turelle de forêt ou de matorral est conservée, fournissant
de la matière organique en quantité suffisante. On a ainsi
reconnu, par exemple, des rendzines grises typiques sur
des calcaires crayeux sénoniens de la bordure S du Haut Atlas,
sous une steppe arborde d’arganiers. La formation des rendzines
est également favorisée par certaines roches-mères, comme les
marnes sableuses sahéliennes. Par ailleurs, lorsqu’un sol sur
calcaire dur est peu épais, cela se traduit généralement par
une teneur en matière organique assez forte qui permet la
formation d’une structure de rendzine.
86 P. BILLAUX E T G. BRYSSINE

Un cas particulier est celui des r e n d z i n e s d o 1 o -


m i t i q u e s qui se dbveloppent, dans le Moyen Atlas, sur des
dolomies à faciès sableux et sous une vkgétation forestière.
Le groupe des rendzines à horizons est beaucoup plus
répandu, avec surtout des s ‘o 1s b r u n s c a 1 c a i r e s à strut-
ture polykdrique dès la surface ou prismatique en profondeur.
Sur les marnes tortoniennes ces sols ont souvent des carac-
tères vertiques. Un type particulier de formation est celui des
sols bruns calcaires sur croûbe calcaire, qui se développent soit
dans l’horizon supérieur d’un sol brun isohumique encroûté, soit
aux dépens de la croûte elle-même.
On a cartographié par ailleurs des s o 1s b r u n s c a 1 c i -
q u e s , dont l’origine est mal élucidée. I1 s’agit de sols non
calcaires mais à complexe adsorbant saturé, à structure de
rendzine, de couleur noirâtre, formés sur des grès dunaires
siliceux à ciment calcaire. On les trouve surtout dans le Sahel
de la côte atlantique. en association avec des sols rouges médi-
terranéens.
Les sols de la sous-classe à accumulation gypseuse (sous-
classe 2) sont très rares au Maroc. On a cartographié des
s o l s 5 e n c r o û t e m e n t g y p s e u x dans le Maroc orien-
tal, sur les terrasses de l’oued Za.

D. Les vertisols
Les vertisols ou << tirs )> couvrent des surfaces importantes
dans le Maroc atlantique, c’est-à-dire dans un triangle limité
au N par la crête dorsale du Rif, à l’E et au S par le Moyen
Atlas et le Haut Atlas, à 1’W par l’Océan Atlantique. On en trouve
également, mais en surfaces beaucoup plus limitées, sur la
bordure de la Méditerranée.
Dans le Maroc atlantique, leur importance va en diminuant
du littoral à l’intérieur du pays. Les bas plateaux littoraux
(Doukkala, Chaouïa, Zaër) , les plaines côtières (Gharb et vallées
adjacentes) et les collines du NW du Maroc en portent de
vastes étendues. Les plateaux et plaines intérieures de Fes-
Meknes, du Tadla et du Haouz n’en ont plus que des taches
de faible superficie, qui sont généralement localisées au pied-
mont des chaînes atlasiques ou dans d’étroites vallées. Seule,
LES SOLS uLJ MAROC 87

fait exception l’auréole des collines prérifaines, sur lesquelles


les tirs sont fréquents, vers l’E, jusqu’à la longitude de -Taza.
Les tirs du Maroc ont fait depuis longtemps l’objet de
nombreuses études concernant leurs caractères physiques par-
ticuliers, les facteurs et processus de leur pédogénèse, leurs
qualités et défauts agricoles. Récemment, des études et mises
1965 ; J WIL-
au point importantes ont été publiées (G. BRYSSINE,
BERT, 1965 ; c. HESS et u. SCHOEN, 1964).

Les caractères physiques et analytiques des vertisols sont


trop connus pour qu’il soit nécessaire de les décrire ici. Ils
sont d’ailleurs ktudiés en détail à propos de certains profils
présentés dans la région de Fes et dans le Gharb. (Troisième
partie, chap. IV et VI). On en distingue plusieurs types, d’après
le degré ,de développement de leurs caractères vertiques et
d’après leur position topographique et leur roche-mère.

1. Les vertisols topo-lithomorphes (sous-classe 1)


Formés en zones planes ou déprimées sur des alluvions
contenant de l’argile montmorillonitique, ils ont presque tou-
jours, au Maroc, une structure large dès la surface. On y dis-
tingue, au niveau du sous-groupe :
- des sols modaux, qui comprennent des t i r s n o i r s et
des t i r s g r i s , dont la différence parait provenir de l’âge
de la roche-mère, les tirs gris se formant sur des alluvions
plus récentes ;
- des sols à caractères vertiques moyennement développés,
ou s o 1s t i r s i f i é s , dans lesquels on a parfois différencié,
à côté de sols ayant une couleur gris-foncé typique, des t i r s
r o u g e s et des t i r s b r u n s ; il existe aussi des sols tir-
sifiés sur croûte calcaire, à profil généralement peu épais; ces
différenciations proviennent de caractères de la roche-mère ou
du substratum: la couleur rouge par exemple est un caractère
hérité, attribuable soit à une pédogénèse ancienne à laquelle
s’est surimposée la pédogénèse vertique, soit à un dépôt litlio-
chrome.
- des vertisols hydromorphes, à taches et concrétions fer-
rugineuses, formés dans des zones marécageuses en voie d’as-
séchement : t i r s d e m e r j a .
88 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Tous ces types de vertisols se trouvent dans les plaines


et plateaux du littoral ou de l’intérieur qui ont été cités précé-
demment. Ils y sont frhquemment associés à d’autres sols avec
lesquels ils forment des séquences liées à la topographie. Ainsi,
dans la plaine du Gharb, depuis le bourrelet alluvial qui borde
les oueds et jusqu’à la zone déprimée de l’interfluve, la suc-
cession des sols est régulièrement la suivante : sol peu évolué
d’apport modal, puis vertique, vertisol modal, vertisol hydro-
morphe. Sur les alluvions anciennes des bas plateaux littoraux
et des plaines intérieures les vertisols passent latéralement A
des sols châtains isohumiques modaux ou vertiques, et parfois
à des sols hydromorphes à taches et concrétions ferrugineuses.
- 2. L e s v e r t i s o l s l i t h o m o r p h e s se sont formis
sur des pentes et généralement aux dépens de roches en place
ou de colluvions de piedmont. On les appelle au Maroc tirs
de coteau >>.
On les trouve surtout sur des marnes riches en Montmoril-
lonite du Tortonien (Miocène marin) et du Cr6tacé supérieur
et ils sont localisés essentiellement dans les collines du Pré-Rif,
formant LUI vaste croissant depuis Taza jusqu’à Tanger.
On trouve aussi des tirs de coteau sur les basaltes ou dolé-
rites du Permo-Trias (Moyen Atlas, bordures du Plateau Cen-
tral), et sur des basaltes quaternaires (région de Nador).
Les tirs de coteau sur marne sont en général moyennement
développés. Les flancs des collines prérifaines, depuis le sommet
jusqu’à la vallée, portent généralement une séquence de sols
peu évolués d’érosion, sols bruns calcaires, vertisols lithomor-
phes moyennement développés, vertisols topo-lithomorphes mo-
daux.
La formation des tirs est liée, d’une part, à la présence
de roches-mères favorables, c’est-à-dire possédant ou pouvant
produire de l’argile gonflante en milieu calcique, d’autre part,
à la possibilité d’un apport d’eau suffisant pour produire un
engorgement temporaire (C. HESS et U. SCHOEN, 1964).
La localisation générale des tirs dans les régions relative-
ment arrosées du Maroc (Maroc atlantique, bordure méditerra-
néenne) fait penser à une relation simple avec la pluviométrie
actuelle.
LES SOLS DU MAROC 89

En réalité, cependant, les climats actuels sous lesquels on


trouve ces sols, en présence de roches-mères favorables, sont
très variés, allant du climat méditerranéen subhumide au cli-
mat méditerranéen aride, en passant par le semi-aride (CH.
SAUVAGE, 1963). On peut donc se demander dans certains cas,
si les tirs évoluent encore actuellement ou s’ils sont fossiles.
La réponse doit être nuancée et J. WILBERT(19163), donne pour
le Maroc atlantique les conclusions provisoires suivantes :
Les tirs de coteau, qui se trouvent au Maroc dans des
.
régions à pluviosité supérieure à 400-450 mm, avec des maxima
de 800-900 mm, peuvent se former actuellement. Leur formation
est toutefois limitée en altitude par l’abaissement de tempéra-
ture; il semble, en effet, que lorsque la tempkrature, minimale
moyenne du mois le plus froid est inférieure 4”C, la tirsifica-
tion ne se produise plus.
Les tirs de plaine se trouvent dans des régions à pluviosité
plus variée, allant surtout ’de 350 à 1600 mm, avec des extrêmes
de 250 à 800 mm. Au-dessous de 400 mm la tirsification paraît
être un caractère hérité, qui se conserve ou se dégrade suivant
les conditions locales, parmi lesquelles interviennent, notamment,
la topographie et l’humidité de l’ajr.

E. Les sols hydromorphes


Les sols hydromorphes existent partout, au Maroc, lorsque
les conditions locales de topographie le permettent, mais ils
ne sont largement représentés que dans le Maroc atlantique,
où ils sont surtout localisés sur les bas plateaux littoraux de
la Meseta côtière, sur le pourtour de la plaine du Gharb, et
dans le Plateau Central.
D a w la Meseta côtière, le sol hydromorphe le plus carac-
téristique, qui couvre des surfaces importantes sur les bas pla-
teaux des Zaër, des Zemmour, des Doukkala et de la Chaouïa,
est un s o l h y d r o m o r p h e m i n é r a l à p s e u d o g l e y
de p r o f o n d e u r , à taches et concrétions ferrugineuses, ap-
pelé localement Merzag. Ce sol, non calcaire et légèrement
acide, montre, typiquement, un horizon supérieur sableux, un ho-
rizon inférieur argileux et une zone intermédiaire contenant une
forte proportion de pisolithes ferrugineux (G. BRYSSINE, 1954).
L’origine de ces sols est complexe ; la forte différence de texture
entre les deux horizons a été expliquée, soit par un lessivage
4

90 P. EILLAUX ET G. ERYSSINE

de l’horizon supérieur (J. WILBERT,1962), soit psr un apport


sableux qui aurait recouvert un dépôt argileux.
Sur l e pourtour d e s . daya, ou petites dépressions tem-
porairement inondées qui sont fréquentes sur ces mêmes pla-
teaux littoraux, il se forme des s o 1s h y d r o m o r p h e s
minéraux à carapace ferrugineuse..
I1 peut sembler curieux de trouver des sols hydromorphes
sous un climat méditerranéen semi-aride comme celui de %a
Meseta côtière, avec des pluviosités de 300 à 500 mm. Plusieurs
facteurs concourent à leur formation : un substratum peu per-
méable, de schiste ou d’argile ; un mauvais écoulement de l’eau
sur ces plateaux où la circulation superficielle est presque endo-
réique; la concentration des pluies en quelques mois propre
au climat méditerranéen et qui permet la formation d’une nappe
perchée temporaire au-dessus de l’horizon argileux ou du substra-
tum imperméable ; enfin, la forte humidité relative de l’air dans
les régions littorales.
Sur le pourtour du Gharb, des sols hydromorphes de type
analogue, appelés Narch, forment une auréole qui suit le
contact entre les sables villafranchiens de bordure et les alluvions
argileuses de la plaine. Sur le plateau de Meknes on ‘en trouve
également quelques taches, liées aux affleurements de sable fauve
villafranchien.
Dans le Plateau Central, sous un climat sub-humide ou senii-
aride, des sols hydromorphes minéraux à taches et concrétions
ferrugineuses se forment fréquemment aux dépens des schistes
primaires non calcaires, sur les colluvions de piedmont et même
sur les pentes. Ils sont associés à des sols bruns à mull, eux-
mêmes plus ou moins hydromorphes.
Un type particulier de s o l s h y d r o m o r p h e s s u r
a l l u v i o n s f o r t e m e n t c a l c a i r e s se développe enfin
dans de petites vallées mal drainées (Saïs, Tadla). Ces sols
sont moyennement ou peu organiques. Bien qu’engorgés d’eau
par une nappe phréatique haute, temporaire ou permanente, ils
ne présentent que de très faibles caractères d’hydromorphie,
dont le plus net est une couleur grise très claire. Ces sols, qui
ne couvrent que de petites surfaces, sont cependant intéressants
car ils posent le problème de l’hydromorphie en milieu très
calcaire.
LES SOLS DU MAROC 91

En dehors de ces sols de la classe hydromorphe, des phé-


nomènes d’hydromorphie moins accentuée affectent fréquemment
les sols de certaines régions littorales : vertisols et sols peu
évolués d’apport du Gharb et de la vallée du Loukkos, sols
lessivés de la Mamora. Par ailleurs, dans l’ensemble du Maroc,
jusqu’au Sahara? une certaine hydromorphie peut se développer
dans tous les sols de plaines ou plateaux; ce phénomène est
toujours la conséquence d’une topographie déprimée, d’une tex-
ture argileuse ou d’un substratum impermkable.

F . L e s sols à mull ou sols brunifie‘s


On rapproche des sols brunifiés des pays tempérés :E, à pédo-
climat frais au moins pendant la saison pluvieuse, toute une
série de sols formés en régions montagneuses sur des roches-
mères non calcaires : en particulier, grès rouge du Permo-Trias
dans le Haut Atlas occidental, grès et schistes secondaires dans
le Rif, schiste primaire dans le Haut Atlas occidental, le Pla-
teau Central et la Meseta côtière, grès et inollasses tertiaires
dans le Prérif..
Ces sols se développent dans des régions à climat méditerra-
néen humide ou sub-humide, parfois semi-aride et sous une
végétation forestière. Comme les sols rouges méditerranéens, ils
ne présentent de profils typiques que lorsque la forêt subsiste ;
lorsqu’elle est dégradée, les fortes pentes favorisent une érosion
rapide et on ne trouve plus que des sols de pente peu évolués
et des régosols ou lithosols. Comme les sols rouges de montagne
d’ailleurs, ces sols ont été très peu étudiés au Maroc.
Ils couvrent des surfaces importantes, surtout dans le Rif
et la bordure N du Prérif (900-1 O00 mm de pluie), le Plateau
Central (500-700 mm) et le Haut Atlas (500-800 mm).
On y a distingué des s o l s b r u n s a c i d e s , des sols
b r u n s m o d a u x à pH proche de la neutralité, d e s s o l s
b r u n s lessivés et plus rarement des s o 1 s 1 e s s i v é s
modaux.

* Sol non calcaire à complexe adsorbant plus ou moins désaturé, à humus


Portement évolué, 5 faible individualisation des sesquioxydes de fer et
d’alumine qui restent liés au complexe argilo-humique.
92 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

Dans le Plateau Central, ils sont fréquemment hydromor-


phes en profondeur, zvec des taches et concrétions ferrugineuses,
ou associés à des sols hydromorphes sur schiste.
Dans les entailles d’oueds de la meseta côtière, ils sont
associés à des sols rouges méditerranéens sur schiste. Dans cer-
tains cas, il est possible que ces sols soient plus proches des
sols bruns méditerranéens que des sols bruns des régions tem-
pérées.
En dehors des zones montagneuses, on trouve aussi,
dans le N-W du Maroc, à climat subhumide, des sols lessivés
hydromorphes en profondeur sur les terrasses alluviales ancien-
nes qui bordent les oueds (affluents de l’oued Ouergha, oued
Loukkos et affluents, oued Hachef, oued Mharnar, etc.).
On a raproché, par ailleurs, des sols l e s s i v é s , les
sols formés sur les sables et cailloutis villafranchiens qui s’éten-
dent entre Rabat et Larache sur la bordure atlantique du
Maroc. Ces sols, à acidit6 assez forte (pH inférieur à 6)’ se
développent sous forêt de Chênes-lièges, en particulier dans la
Mamora, avec une pluviosité de 500 à 700 mm.
Aucun auteur à ce jour n’a encore observé et d6crit au
Maroc des phénomènes nets de podzolisation.

G. Les sols halomorphes

Bien que les phéEoinènes de salure et d’alcalisation * soient


assez fréquents dans les pla.ines intérieures et côtières du Maroc
(atlantique, oriental, ou présaharien), les vrais sols halomorphes,
c’est-&-dire présentant des caractères morphologiques bien dé-
veloppés, j 7 sont rares.
Les zones de sols halomorphes les plus importantes, dont
la surface reste cependant faible, se trouvent dans les régions
5. climat méditerranéen saharien ou aride. Elles correspondent
h des zones déprimées ou à des bassins mal drainés, situés sur
le trajet d’oueds à écoulement endoréique. La salure du sol
est provoquée par la remontée capillaire et la forte évaporation
d’une nappe phréatique salée peu profonde. Le sel apporté par

* Teneur élevée en sodium échangeable.


LES SOLS DU MAROC 93

les oueds ou par la nappe circulante provient généralement de


roches tendres salées et gypseuses, situées en amont dans la
pone montagneuse des bassins-versants. I1 se forme dans ce
cas, des s o l s f o r t e m e n t s a l i n s , à e n c r o û t e m e n t
s u p e r f i c i e l (Bekh-bakh) ou à h o r i z o n s u p e r -
f i c i e 1 E r i a b 1 e. Ces sols sont hydromorphes en profondeur
et leur complexe adsorbant renferme une forte proportion de
sodium. Ils sont en outre souvent gypseux.
Les sols de ce type ont été surtout observés dans le Tafilalt
et, plus au S, dans le bassin de l’oued Daoura (J. MARGAT,
1960 ; F. JOLY, 1962 ; R. RADANOVIC et al., 1963). I1 en existe
aussi dans la vallée de l’oued Draâ, dans la dépression du Sedd
el Mejnoun au NE de Marrakech et sur les Hauts-Plateaux d u
Maroc oriental.
D’autres sols halomorphes se forment dans les basses plai-
nes littorales et d’estuaires. Sur les côtes atlantiques et médi-
terranéennes ils sont la conséquence d’une infiltration de l’eau
de mer, qui remonte dans les oueds sous l’action de la marée
On trouve ainsi des s o l s f o r t e m e n t s a l é s e t a l c a l i -
s é s , à structure massive, dans les basses vallées des oueds
Mellah, Bou Regreg, Loukkos, Mharhar et tout le long de la
côte méditerranéenne.
En dehors des sols salés typiques, les phénomènes de salure
qui se surajoutent A une autre pédogénèse sont fréquents dans
les plaines alluviales au climat semi-aride, aride ou saharien.
I1 s’agit généralement d’une salure due à une nappe phréatique
peu profonde; ce phénomène a été parfois aggravé ou même
produit par l’homme, dans les régions irriguées. Dans ce cas,
à la remontée de la nappe phréatique s’ajoute une salure super-
ficielle provoquée par l’évaporation de l’eau d’irrigation. De
telles salures, accompagnées d’alcalisation sodique, affectent no-
tamment : des sols peu évolués d’apport ou subdésertiques dans
le Tafilalt, dans les vallées du Guir et du Draâ ; des sols
isohumiques dans le Haouz de Marrakech, la Basse Moulouya,
le Tadla; des vertisols, des sols peu évolués d’apport et des
sols isohumiques dans le Gharb ; des sols peu évolués d’apport
dans les vallées du Sebou, de la Moulouya, du Tensift et de leurs
affluents.
Enfin, en l’absence de nappe phréatique et d’irrigation, la
salure et l’alcalisation de certains sols de plaine, en particulier
94 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

des sols isohumiques, peut être due à leur roche-mère. Ceci a


été reconnu surtout dans les plaines et plateaux du Maroc
- oriental, oÙ les limons du Villafranchien et du Quaternaire
sont souvent salés et gypseux, avec une alcalisation à la fois
sodique et magnésienne, cette dernière étant liée à la présence
de carbonate de magnésium (A. RUELLAN, 1964).

H. Les sols minéraux bruts et les sobs peu évolués


1. Les sols d’origine climatique
a. L e s s o l s d e h a u t e m o n t a g n e : on les trouve
au-dessus de 3 O00 m dans le Haut Atlas, au-dessus de 2 500 m
dans le Moyen Atlas. Sur les sommets à relief mou, enneigés
pendant plusieurs mois, on a observé, dans les zones déprimées,
des sols (polygohaux et réticulés ainsi que des rankers analogues
à des sols de prairie alpine (B. HEUSCH,communication orale).
Ces derniers sols sont, suivant la roche-mère, soit calciques, soit
acides.
b. L e s ’ s o l s d e s r é g i o n s s u b d é s e r t i q u e s : ces
sols, OLI dépóts, sont pratiquement limités au S et au SE du
Maroc, dans le domaine présaharien, c’est-à-dire dans la région
comprise entre les bordures de 1’Anti Atlas et du Haut Atlas
oriental et les frontières S et E du pays. La pluviosité y est
del’ordre de 50 à 150 mm par an. Cette région a été peu
étudiée, sauf dans le SE marocain (F. JOLY, 1962; R. RADANOVIC
et O YOVANOVIC, 1963).
t

- Les foimations de désert : les ergs ou grands massifs


de dunes à localisation fixe, phnétrent peu au Maroc (erg Chebbi
de Taouz) ; ils restent localidés à la frontière sud-orientale,
oì1 on trouve la bordure N de la grande zone d’accumulation
dunaire du JP&saharien. Plus fréquentes sont les dunes basses
mobiles, bakhixne OLI sif, isolées ou groupées en champs;
elles remontent jusqu’au pied du Haut Atlas dans le Tafilalt et
le bassin de l’Oued Guir. Les reg, ou surfaces planes COLI-
vertes d’une couche de cailloux à patine désertique, couvrent
de grandes surfaces. On distingue : des r e g d ’ a b l a t i o n
é o l i e n n e (et aussi de ruissellement en nappe lors des rares
pluies) sur les glacis qui bordent les nombreuses crêtes mon-
tagneuses ; ces reg se développent souvent sur ,des sols kvolues
LES SOLS DU MAROC 95

qui datent du Quaternaire moyen et ancien, sols souvent for-


tement encroûtés et qui sont à rapprocher des sols isohumiques ;
des r e g d e d é s a g r é g a t i o n s u r p l a c e sur les
grands plateaux rocheux des Hamada; des r e g a l l u v i a u x
ou épandages de cailloutis. On peut ajouter à cette liste les
formations pierreuses de versants des montagnes subdésertiques,
héritage d’un passé plus humide et plus froid, qui n’évoluent
pratiquement pas actuellement : éboulis, << régolites x de frag-
mentation sur place.
- Les sols p e u évolués subdésertiques : dans le S et le SE
marocain, ces sols sont localisés surtout dans d’étroites bandes
qui bordent le lit majeur ,des oueds. Ils se sont formés sur les
terrasses alluviales et les épandages de glacis du Quaternaire
récent, Soltano-rharbien, et plus rarement du Tensiftien. Les
sols de terrasses, profonds, de texture variée, sont kolisEs en
surface, portant soit des microdunes (nebka) formées au
pied des iouffes de végétation, soit des voiles stibleux ; ils
sont fréquemment salés, soit par remontée à partir d’une nappe
phréatique, soit par irrigation ; dans certains cas ils montrent
des traces d’hydromorphie en profondeur, peut-être fossiles ; Cer-
tains de ces sols, irrigués depuis plusieurs siècles, ont des
caractères de sol brun isohumique subtropical, en particulier
des amas et granules calcaires. Sur les épandages de glacis,
les sols sont généralement caillouteux ou graveleux, et couverts
par un reg de déflation éolienne.
Presque toute l’agriculture des régions présahariennes est
concentrée sur ces sols, qui sont irrigués soit à partir des nappes
phréatiques, par pompage ou par des rhettara, soit par les
eaux de crue des oueds.

2. Les sols non climatiques


a. L e s s o l s d ’ é r o s i o n : I1 s’agit du produit de
l’érosion par l’eau dans les régions en pente. Hors le cas de la
solifluxion, le facteur normal de cette érosion est le ruissel-
lement Sous toutes ses formes qui est lui-même le résultat d’un
couvert végktal insuffisant. La faible densité du couvert végétal
peut avoir des causes naturelles, climatiques, dans les régions
arides ou froides. Le plus souvent, cependant, c’est l’intervention
de l’homme qui a provoqué ou accru l’éclaircissement de la
végétation, allant jusqu’à sa destruction complète.
96 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

L’ancienneth de l’érosion, son degré, son intensité actuelle


et ses types, soTt variables suivant les multiples facteurs qui
entrent en jeu’.(;Soir chapitre I de la Ire partie et, dans ce
chapitre, les pafagraphes sur les facteurs de pédogénèse). On
peut toutefois dire que ia majorité des régions en pente en sont
atteintes : montagnes, collines, glacis de piedmont, flancs de
vallées, plateaux à pentes faibles. Des études sur ces questions
si importantes pour le Maroc ont été réalisées en diverses
régions par des géographes, des forestiers, des botanistes, des
pédologues, des agronomes, mais les données sont encore frag-
mentaires.
- Les sols p e u bvolués d’érosion : ce nom regroupe des
sols de pente en partie érodés et en partie transportés. En
effet, dans un phénomène d’&”on progressive, active mais
modérée, les départs, les transports et les apports de matériaux
sur la pente sont toujours liés, voisins, parfois simultan& en
un même point. I1 peut s’agir de sols amincis, décapés en surface
par un ruissellement diffus ou une solifluxion pelliculaire, qui
enlèvent chaque année une partie des horizons superficiels
évolués. I1 peut s’agir aussi de sols rajeunis, par un apport de
matériaux qui se substituent, se mélangent ou se superposent
à leur horizon superficiel.
- Les lithosols constituent le terme ultime de l’érosion
sur une roche dure; la roche affleure sur une grande partie
de la surface et il ne reste que quelques taches de sol disconti-
nues. On utilise généralement le nom de sol squelettique dans
le cas oÙ la roche dure reste en majeure partie couverte par
un sol très mince, souvent caillouteux. Les lithosols et sols
squelettiques couvrent des surfaces importantes, en association
avec des sols peu évolués d’brosion : sur des calcaires durs
dans le Rif, le Haut Atlas oriental, les bordures du Moyen
Atlas, 1’Anti Atlas, les plateaux des phosphates et des Gantour,
les Hauts Plateaux du Maroc oriental (oh ils se trouvent sur
des croûtes calcaires moulouyennes) ; sur des quartzites ou des
grès dans le Rif, le Plateau Central, les Rehamna, 1’Anti Atlas ;
sur des roches éruptives acides dans le Haut Atlas occidental,
1’Anti Atlas.
- Les régosols sont constitués de roches tendres ou faci-
lement; fragmentées, décapées par l’érosion. Contrairement aux
lithosols, sur lesquels l’érosion est pratiquement arrêtée, les
LES SOLS DU MAROC 97

régosols sont eux-mêmes attaqués : le ruissellement concentré


en ravines y découpe des paysages de <( bad lands D. Contraire-
ment aussi aux lithosols, il est possible à une végétation de s’y
réinstaller. Les régosols couvrent rarement des surfaces conti-
nues importantes, sauf dans le Rif. On les trouve associés à
des sols peu évolués d’érosion et aux sols évolués climaciques,
sur les principaux types de roches suivants: sur les marnes et
calcaires tendres du Tortonien et du Sénonien, dans l’auréole
des collines prérifaines et dans les bordures N et S du Haut
Atlas, sur les schistes, schistes calcaires et marnes schisteuses
(Flysch) dans le Rif et le Prérif ; sur des schistes primaires dans
le Plateau Central, dans les entailles d’oueds de la Meseta
côtière: dabs la bordure méditerranéenne du Rif, dans les mas.
sifs des Rehamiia et des Jbilet, dans 1’Anti Atlas ; sur les
formations rouges meubles et les dolérites du Permo-Trias,
dans le Haut Atlas occidental, dans la haute vallée de l’Oum er
Rbia et de ses affluents, dans la bordure N du Plateau Cen-
tral.
b. L e s s o l s d ’ a p p o r t f l u v i a t i l e : Ces sols
qui ne couvrent pas de très grandes surfaces au Maroc,
sont importants pour l’agriculture à cause de leur profondeur
et de la proximité de l’eau des oueds, qui permet de les irriguer
facilement.
- Les sols minéraux bruts, correspondant à des zones oÙ
l’alluvionnement se poursuit actuellement, sont peu importants.
Les basses terrasses jnoiidables du lit majeur de certains oueds
sont parfois cultivées malgré la texture grossière de leurs
sédiments. Les zones inondables de la plaine du Gharb reçoivent,
lors de.fortes crues de l’oued Sebou, des couches de limon
d’épaisszpr variable (quelques cm à quelques dm exception-
nellement). Un type original de sol minéral brut d’apport est
constitué par le Q limon des palmeraies B du SE marocain,
apporté par les eaux de crue des oueds avec lesquelles les
fellahs irriguent leurs champs; dans la plaine du Tafilalt, on a
calculé que l’épaisseur du sol ainsi formé atteint 0,5 à 1 mètre
par siècle. Les limons de palmeraie prennent rapidement, sous
l’influence des cultures, des caractères de faible évolution (struc-
cure, salure, matière organique).
- Les SOZS peu kvoluks se trouvent principalement sur les
terrasses non inondables du Rharbien ancien et récent qui bor-
98 P. BILLAUX ET G. BRYSSINE

dent les oueds. Dans les régions arides, les sols sur dépôts sol-
taniens sont également peu évolués. Dans la plaine du Gharb,
ils se forment sur les bourrelets alluviaux un peu surélevés
qui encadrent les lits du Sebou et de ses affluents. Ces sols ont
des textures variées ; on voit souvent dans leur profil des super-
positions de sédiments. Ils sont le plus souvent calcaires. Les
zones les plus importantes de sols peu évolués d’apport fluviatile
sont les’ suivantes : la plaine du Gharb, les vallées de l’oued
Sebou’ et de ses affluents, la vallée de l’oued Loukkos o Ù les
sols (dess) sont calcaires, limoneux “ ou argileux, parfois ver-
tiques ou hydromorphes, parfois salés ; les vallées des oueds
Fahrer et Bouchane, dans les Doukkala, oÙ les sols sont limo-
neux et non &aires (fnid) ; la plaine du Souss: aux sols
limoneux et calcaires ; la vallée de la Moulouya et les Hauts
Plateaux de l’oriental, aux sols calcaires.

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